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Bonne Gouvernance

entre la situation actuelle et les dispositions


de la nouvelle Constitution de 2011

Juin 2011
www.icpc.ma
BONNE GOUVERNANCE

ENTRE LA SITUATION ACTUELLE ET LES DISPOSITIONS DE


LA NOUVELLE CONSTITUTION DE 2011

Juin 2011
Table des matières

I- Diagnostic et évaluation de la situation de la gouvernance au Maroc

1. Définition et piliers de la bonne gouvernance........................................................... 5

2. Déséquilibres de la gouvernance au Maroc............................................................. 5

3. Evaluation des efforts pour améliorer la gouvernance.............................................. 8

4. Principales orientations pour améliorer la gouvernance............................................ 9

II- Bases constitutionnelles des règles de bonne gouvernance (Nouvelle

Constitution de 2011)

1. Séparation, équilibre et coopération des pouvoirs.........................................11

2. Consécration constitutionnelle de l’Etat de droit............................................12

3. Faire de la Justice un pouvoir indépendant au service de la protection des droits

et du respect des lois.......................................................................................13

4. Responsabilisation et reddition de compte....................................................14

5. Démocratie, citoyenneté et participation.......................................................16

6. Moralisation et bonne gouvernance.............................................................17

7. Gouvernance territoriale..............................................................................17
1 D
 IAGNOSTIC ET ÉVALUATION DE LA SITUATION DE LA GOUVERNANCE AU
MAROC

La mondialisation offre de nouvelles possibilités pour tous les pays de bénéficier de manière
efficace de la libéralisation des échanges, des investissements, des flux de capitaux et
des mutations techniques, afin de s’engager dans la dynamique d’intégration économique
mondiale. Cependant, elle soumet la majorité des pays en développement (y compris le
Maroc), à des contraintes et défis principalement dus à des lacunes manifestes au niveau
de la gouvernance qui les empêchent de profiter pleinement et de façon égale de ses
opportunités.

1. DEFINITION ET PILIERS DE LA BONNE GOUVERNANCE

Il existe une corrélation étroite entre la • L ’Intégrité comme système de règles et de


gouvernance et le développement, ainsi valeurs encadrant la responsabilité de
qu’un consensus international sur la nécessité sauvegarde des ressources et biens publics
d’améliorer le niveau global de la gouvernance et garantir leur utilisation efficiente ;
comme fin ultime et principal moyen pour un
• La transparence, essentielle pour garantir
développement durable.
l’accès public aux informations exactes et à
Il convient tout d’abord de se référer à la jour avec possibilité de diffusion ;
définition de la bonne gouvernance proposée
par les Nations Unies qui en résume les • L’intégrabilité comme engagement collectif
composantes et les principaux aspects, comme pour assurer une large participation de
« une approche participative de gouvernement l’ensemble des acteurs de la société dans
et de gestion des affaires publiques, basée la préparation et la mise en œuvre des
sur la mobilisation des acteurs politiques, politiques publiques ;
économiques et sociaux, du secteur public ou
• La responsabilisation et la reddition des
privé ainsi que la société civile, dans le but
comptes afin de garantir une gestion
de garantir le bien-être durable de tous les
optimale des ressources matérielles et
citoyens ».
humaines et de lier les réalisations aux
Il est à signaler que la bonne gouvernance est objectifs tracés.
basée sur quatre piliers :

2. Déséquilibres de la gouvernance au Maroc

Plusieurs insuffisances et dysfonctionnements • l’absence de responsabilisation et de reddition


entachent la gouvernance au Maroc et ce à des comptes de la part des gestionnaires des
tous les niveaux susmentionnés, notamment : affaires publiques ;
• l’absence de participation et d’intégration • les défaillances marquant le système
de l’ensemble des composants de la société judiciaire ;
et des espaces territoriaux dans la voie du • la corruption comme l’une des manifestations
développement ; de la mauvaise gouvernance.

6 Instance Centrale de Prévention de la Corruption


En ce qui concerne la responsabilisation gouvernance, il a été confirmé à travers des
et la reddition des comptes, le Maroc s’est enquêtes et des investigations sur le terrain
inscrit, au cours de la dernière décennie, comme un sujet de préoccupation car, d’une
dans un processus de modernisation de son part, il affecte l’ensemble des secteurs de la
arsenal juridique et de renforcement de son gestion publique, et d’autre part, il se renforce
cadre institutionnel, à travers la création de particulièrement par les manifestations des
différentes institutions mais dont les fonctions décisions unilatérales et de l’abus du pouvoir.
et les mécanismes d’action restent à compléter,
Dans ce contexte, le Maroc occupe la 85ème
notamment, ceux relatif aux instances
place en 2010 selon l’indice de perception de
judiciaires et organes de contrôle, de médiation,
la corruption parmi 178 pays avec un score
de coordination, de suivi et d’évaluation.
de 3,4 sur 10, le mettant ainsi dans le dixième
A cet effet, il est à noter un manque de rang parmi les dix-neuf pays du Moyen-Orient
complémentarité et de cohérence des efforts des et de l’Afrique du Nord.
différents organes de contrôle, dans la mesure
Concernant les causes de ce phénomène,
où les instances d’inspection et de contrôle
plusieurs chercheurs les résument dans le
financier opèrent de façon isolée des autres
monopole du pouvoir discrétionnaire en
organes de contrôle, ce qui limite l’efficacité de
l’absence de la responsabilisation, de l’intégrité
leurs efforts dans la lutte contre la corruption.
et de la transparence,
En ce qui concerne les déséquilibres liés au Quant aux différents indicateurs internationaux
système judiciaire la majorité des études de sur le développement humain, le climat des
diagnostic ont été unanimes sur les limites de affaires, la compétitivité et la gouvernance, ils
l’indépendance des juges, le faible niveau ont identifié, pour le cas du Maroc, un certain
d’intégrité dans le secteur de la justice, le nombre d’obstacles dont la faiblesse de la
cloisonnement de la gestion de l’activité responsabilisation, le manque de protection des
judiciaire et les limites de la compétence, de dénonciateurs, l’inefficacité des lois, le faible
la performance et de l’efficacité du système accès des citoyens à l’information, le manque de
judiciaire. l’efficacité de la force de loi ainsi que la lenteur
Pour ce qui est du phénomène de la corruption et la complexité des procédures administratives.
comme l’une des manifestations de la mauvaise

3. Evaluation des efforts pour améliorer la gouvernance

Si le Maroc a pris l’initiative d’engager marchés régionaux ou internationaux et donc


des réformes visant à promouvoir la bonne d’augmenter son rythme de développement.
gouvernance, l’efficacité des efforts consentis
En ce qui concerne la gestion publique,
n’a cependant pas pu être confirmée, dans
malgré tous ses acquis en la matière, plusieurs
la mesure où des écarts persistent entre, d’un
dysfonctionnements ont été soulignés à savoir :
coté, la législation et les dispositions prises et,
une gestion des ressources humaines avec des
de l’autre coté, la pratique et les résultats réels
insuffisances en matière de gestion de carrière ;
à différents niveaux.
une gestion des marchés publics, caractérisée
Au niveau de l’amélioration de l’environnement par un pouvoir discrétionnaire quasi absolu du
des affaires, même si les efforts fournis maître d’ouvrage ; une gestion déléguée des
ont permis d’attirer les capitaux et les services publics qui manque de critères objectifs
investissements étrangers, ils n’ont pas permis définissant les secteurs productifs susceptibles
encore au Maroc d’améliorer significativement d’être cédés dans ce cadre et ne s’étend pas
sa compétitivité pour gagner des parts dans les pour inclure la tarification des services.

7
Au niveau de la gestion de l’information, son à l’information, en plus de l’utilisation limitée
cadre législatif et administratif est encore à ses des nouvelles technologies pour sa diffusion.
débuts, en l’absence d’une loi relative à l’accès

4. Principales orientations pour améliorer la gouvernance

À cet égard, le Maroc doit donner la priorité Septimo: lutte contre la corruption, selon une
à l’amélioration de la gouvernance et la approche globale et participative qui intègre
consolidation des fondements de l’intégrité, des mesures préventives, contraignantes et
de la transparence et de la responsabilisation éducatives, impliquant tous les acteurs du
conformément à des orientations principales, secteur public et privé et la société civile,
notamment : visant la consolidation d’un système national
d’intégrité afin de promouvoir les valeurs de
Primo : renouvellement des approches de
transparence et de responsabilisation et de
planification comme moyen efficace pour la
reddition des comptes, que ce soit dans la
bonne gouvernance par la promotion d’une
gestion publique ou privée.
culture de responsabilisation, l’évaluation des
programmes et des projets, la mise en œuvre Sur la base de ces orientations, l’Instance
de mécanismes de veille stratégique et la Central de Prévention de la Corruption (ICPC)
connaissance approfondie de la société ; avait présenté aux autorités publiques, dans
son rapport annuel de 2009, un ensemble
Secundo : rationalisation et interactivité du
de propositions et de recommandations
système de prise de décision, en orientant
réorganisées dans le cadre d’une plate-
les efforts vers plus de transparence pour les
forme recommandations prioritaires, dont
acteurs politiques, économiques et sociaux ;
notamment :
Tertio : mise en place d’une administration
• L a préparation d’une loi garantissant l’accès
citoyenne moderne , se caractérisant par
inconditionnel à l’information, modifiant
des structures administratives stables, par
l’article 18 du Statut général de la fonction
la valorisation des ressources humaines, la
publique relatif du secret professionnel,
coordination et l’intégration des politiques
publiques et la rationalisation de la gestion • L’accélération
 de la mise en œuvre du
publique ; programme e-administration (administration
électronique),
Quarto: promouvoir l’intégrité, l’indépendance
et l’efficacité du système judiciaire, • L’introduction
 d’une législation et des textes
d’application pour prévenir les conflits
Quinto : donner un nouveau souffle à la
d’intérêts,
politique de décentralisation, comme principal
domaine pour étendre la portée de la pratique • La
 limitation du pouvoir discrétionnaire de
démocratique, favoriser l’organisation de la la maîtrise d’ouvrage et la définition d’un
politique de proximité et la participation de la mécanisme indépendant pour traiter les
population et à surmonter la complexité et la plaintes et les griefs en relation avec les
lenteur des procédures de prise de décision ; marchés publics,

Sexto : moralisation globale de l’environnement • L ’activation des mécanismes de dénonciation


des affaires, en renforçant les mécanismes pour les citoyens,
nécessaires pour garantir la concurrence et • L ’adoption d’un système moderne et
assurer la liberté des marchés et la prévention approprié pour la gestion des ressources
de toutes les pratiques illégales ; humaines,

8 Instance Centrale de Prévention de la Corruption


En ce qui concerne le renforcement du système corruption, l’Instance recommande l’adoption
judiciaire et la promotion de son rôle dans la de plusieurs mesures qui concernent en
lutte contre la corruption, l’Instance propose la particulier :
mise en œuvre de 22 dispositions classées en 6 • L ’amélioration de l’efficacité du contrôle
principales propositions à savoir : politique et la promotion du pouvoir du
• L e renforcement de l’indépendance de la Parlement d’employer les mécanismes de
magistrature, contrôle mis à sa disposition,

• L a promotion de l’intégrité dans le secteur • L a redéfinition des responsabilités des


de la justice, institutions de contrôle financier et
administratif,
• L e renforcement de la transparence de
l’activité judiciaire, •La promotion du rôle des tribunaux financiers
et la dynamisation de leur contrôle,
• L ’accroissement de la compétence du système
judiciaire, • L e renforcement de la coordination et le
développement de voies de partenariat et
• L a garantie de l’efficacité du système
de coopération entre toutes les institutions
judiciaire,
de contrôle, de responsabilisation et les
• L ’adoption d’un système judiciaire spécialisé pouvoirs judicaires,
dans la lutte contre la corruption.
•La réadaptation du cadre juridique et
Afin de renforcer la coordination entre les institutionnel de l’Instance Centrale de
mécanismes institutionnels de lutte contre la Prévention de la Corruption.

2 B
 ASES CONSTITUTIONNELLES DES RÈGLES DE BONNE GOUVERNANCE
(NOUVELLE CONSTITUTION DE 2011)1

Selon la nouvelle Constitution de 2011, le Maroc est une monarchie constitutionnelle,


démocratique, parlementaire, et sociale, fondée sur la séparation, l’équilibre et la
collaboration des pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative, et les
principes de bonne gouvernance et de la corrélation entre la responsabilité et la reddition
des comptes, en mettant l’accent sur le fait que l’organisation territoriale du royaume est
décentralisée basée sur la régionalisation avancée2.

Sur la base de cette référence, une lecture attentive des différentes dispositions de la nouvelle
Constitution permet d’appréhender clairement la problématique de la bonne gouvernance
au sens large, ce qui confirme que les fondements constitutionnels des règles de la bonne
gouvernance englobent plusieurs aspects qui peuvent être synthétisés dans les axes suivants :

1. Séparation, équilibre et coopération des pouvoirs

La nouvelle Constitution a abordé la question citoyenne, des dispositions renvoyant à deux


de la séparation des pouvoirs comme base du principaux aspects :
système de gouvernance en clarifiant le statut
et les prérogatives des différentes institutions
constitutionnelles puisqu’elle inclut, en plus de la 1
Dahir n°1.11.91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet
2011) portant promulgation du texte de la Constitution
confirmation constitutionnelle d’une monarchie 2
Article 1.

9
a. E
 mergence démocratique du pouvoir de l’administration publique, dans des
exécutif du Gouvernement dont le Roi conditions visant à atteindre l’égalité des
nomme le Chef, émanent du parti politique chances, le mérite, la compétence et la
arrivé en tête lors des élections de la transparence.
Chambre des Représentants, et ses membres b. Un
 pouvoir parlementaire à larges
sur proposition de celui-ci. Ce gouvernement prérogatives dont la mesure où la nouvelle
est investi après avoir obtenu la confiance Constitution consacre le bicamérisme du
de la Chambre des Représentants exprimé système parlementaire qui avantage la
par le vote par majorité absolue en faveur Chambre des représentants, exerçant un
du programme gouvernemental. pouvoir de contrôle sur le gouvernement,
Dans ce contexte, le Chef du Gouvernement en plus d’une seconde Chambre avec un
exerce un pouvoir réglementaire total et nombre réduit à caractère territoriale et à
complet et nomme aux emplois civils dans représentation syndicale et professionnelle.
les administrations publiques et aux hautes Sur cette base, le Parlement exerce le pouvoir
fonctions des établissements et entreprises législatif, vote les lois, contrôle l’action
publics, en plus de sa présidence du du gouvernement et évalue les politiques
Conseil de gouvernement, qui délibère publiques, sachant que le périmètre législatif
des questions précises, notamment la de la nouvelle Constitution a été élargi pour
nomination de certains haut fonctionnaires passer de 30 à plus de 60 domaines.

2. Consécration constitutionnelle de l’Etat de droit

Afin de consacrer l’Etat de droit, la nouvelle de toutes les personnes et les autorités publiques
Constitution confirme le choix de construire à s’y conformer avec l’engagement de ces
un Etat démocratique régi par la loi et le droit dernières à fournir les conditions adéquates
et fondé sur la participation, le pluralisme, la de la mise œuvre de la liberté et l’égalité des
bonne gouvernance, la solidarité, la sécurité, citoyens, leur participation à la vie publique
la liberté, l’égalité des chances et les droits et et considérer la constitutionnalisation et la
devoirs citoyens3. diffusion des règles juridiques comme principes
Dans ce contexte, l’accent a été mis sur le contraignants4.
principe d’égalité devant la loi et l’engagement

3. Faire de la Justice un pouvoir indépendant au service de la protection


des droits et du respect des lois
Le texte de la Constitution sanctionne toute Aussi, il a été procédé à la criminalisation au
personne qui tente d’influencer le juge de niveau des dispositions constitutionnelles, toute
manière illicite. De plus, les magistrats du siège ingérence de l’autorité ou de l’argent ou toute
ne sont astreints qu’à la seule application du autre forme d’influence dans les affaires du
droit. Les décisions de justice sont rendues sur pouvoir judiciaire conformément aux exigences
le seul fondement de l’application impartiale de la Convention des Nations Unies de lutte
de la loi. Les magistrats du parquet sont tenus contre la corruption dans ce cadre et en réponse
à l’application du droit et doivent se conformer aux recommandations de l’Instance Central de
aux instructions écrites émanant de l’autorité Prévention de la Corruption, soulignées dans
hiérarchique. son rapport annuel de 20095.
Dans le même contexte, pour confirmer la
séparation des pouvoirs, le Conseil Supérieur
3
Paragraphe 1 du préambule.
4
Article 6. 5
Articles 107 à 111

10 Instance Centrale de Prévention de la Corruption


de la Magistrature a été remplacé par le Ministre de la Justice. La composition de ce
Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire en Conseil a été renforcée par l’augmentation du
qualité d’institution constitutionnelle, jouissant nombre de majistrat élus et par l’intégration
de l’autonomie administrative et financière, de personnalités et d’institutions œuvrant en
présidée par le Roi et dont la fonction de faveur de la protection des droits de l’Homme
Président-délégué est confiée au Premier- et l’indépendance de la justice6.
président de la Cour de Cassation au lieu du

4. Responsabilisation et reddition de compte7

En ce qui concerne la responsabilisation et émises par l’ICPC dans son rapport annuel
la reddition de comptes en tant que pierre de 2009.
angulaire de la bonne gouvernance, il convient
•B
 ilan d’étape de l’action gouvernementale :
de noter que la nouvelle Constitution a consacré
à son initiative ou à la demande du tiers des
la règle de corrélation entre l’exercice des
membres de la Chambre des Représentants
responsabilités et fonctions publiques à la
ou de la majorité des membres de la Chambre
reddition de comptes8.
des Conseillers, le Chef du Gouvernement
Dans cette perspective, le texte de la présente devant le Parlement un bilan
Constitution renforce le contrôle parlementaire, d’étape de l’action de son gouvernement.
dont les mécanismes ont été modifiés, puisque Une séance annuelle est réservée par le
les conditions du quorum nécessaire ont été Parlement à sa discussion et à son évaluation.
assouplies, notamment à travers :
•A
 udition des responsables publiques : les
•M
 otion de censure : La Chambre des commissions parlementaires d’enquête
Représentants peut mettre en cause la dans chacune des deux Chambres peuvent
responsabilité du gouvernement par le demander à auditionner les responsables
vote d’une motion de censure. Celle- des administrations et des établissements et
ci n’est recevable que si elle est signée entreprises publics, en présence des ministres
par le cinquième au moins des membres de tutelle.
composant la Chambre (au lieu d’un quart
•O
 pposition parlementaire : la Constitution
dans la Constitution de 1996). Le vote de
garantit à l’opposition parlementaire un
censure (par la majorité absolue) entraîne la
statut lui conférant des droits à même de lui
démission collective du gouvernement.
permettre de s’acquitter convenablement
•C
 ommissions parlementaires d’enquête : la de ses missions afférentes au travail
nouvelle Constitution permet, à la demande parlementaire et à la vie politique dans la
du tiers des membres des deux chambres mesure où elle est une composante essentielle
du parlement (au lieu de la majorité dans les deux Chambres exerçant un pouvoir
dans le texte de 1996), la constitution législatif et de contrôle.
de commissions d’enquête formées pour
Et afin de généraliser le principe de la
recueillir les éléments d’information sur
responsabilisation à tous les citoyens et la
des faits déterminés ou sur la gestion des
levée des exceptions, la nouvelle Constitution
services, entreprises et établissements
supprime la Cour suprême qui jugeait les
publics, et soumettre leurs conclusions à la
ministres. Les membres du gouvernement,
Chambre concernée. Une séance publique
comme l’ensemble des citoyens, sont ainsi
est réservée par la Chambre concernée à
pénalement responsables devant les juridictions
la discussion des rapports des commissions
d’enquête à l’issue des recommandations 6
Articles 113 à 115
7
Article 10 et articles 101 à 106
8
Article 1

11
du Royaume pour les crimes et délits commis la base constitutionnelle de la Cour des
dans l’exercice de leurs fonctions 9. Comptes qui la définit comme l’institution
Dans le même contexte, l’immunité supérieure de contrôle des finances publiques
parlementaire est limitée à l’expression du Royaume. Son indépendance est garantie
d’une opinion ou à l’occasion d’un vote émis par la Constitution. La Cour des Comptes a pour
dans l’exercice de leur fonction. Ainsi, les mission la protection des principes et valeurs
parlementaires peuvent être poursuivis ou de bonne gouvernance, de transparence
jugés pour les crimes et délits de droit commun et de reddition des comptes de l’Etat et des
à l’instar de tous les citoyens selon les règles de organismes publics.
la procédure pénale en vigueur 10.
D’autre part, la nouvelle Constitution renforce

5. Démocratie, citoyenneté et participation

Les élections libres, sincères et transparentes membre de l’une des deux Chambres qui
constituent le fondement de la légitimité de renonce à son appartenance politique au nom
la représentation démocratique. Les pouvoirs de laquelle il s’est porté candidat aux élections
publics sont ainsi tenus d’observer la stricte ou le groupe ou groupement parlementaire
neutralité vis-à-vis des candidats et la non- auquel il appartient, est déchu de son mandat.
discrimination entre eux. La loi définit les règles Ceci contribuera à la promotion de la pratique
garantissant l’accès équitable aux médias politique et donnera un sens au vote 13.
publics et le plein exercice des libertés et droits Et pour renforcer la démocratie participative
fondamentaux liés aux campagnes électorales parallèlement à la démocratie représentative,
et aux opérations de vote. Les autorités en la Constitution garantit la contribution des
charge de l’organisation des élections veillent associations de la société civile à l’élaboration,
à l’application de ces règles. La loi définit les la mise en œuvre et l’évaluation des décisions
conditions et les modalités de l’observation et des projets des institutions élues et des
indépendante et neutre des élections de même pouvoirs publics conformément aux conditions
que les sanctions résultant de la violation et modalités fixées par la loi 14.
des dispositions relatives à l’intégrité et la
Les pouvoirs publics œuvrent à la création
transparence des élections 11.
d’instances de concertation, en vue d’associer
Pour confirmer le rôle central des partis les différents acteurs sociaux à l’élaboration,
politiques dans l’exercice de la démocratie, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques
le texte de la Constitution identifie leurs publiques, tout en permettant aux citoyens de
responsabilités, les fondements de leur présenter des pétitions aux pouvoirs publics
constitution ainsi que l’évolution de leur cadre dans le cadre d’une loi organique déterminant
législatif en loi organique déterminant les bases les conditions et les modalités d’exercice de ce
de leurs activités, les critères d’octroi du soutien droit15.
financier de l’Etat, ainsi que les modalités
de contrôle de leur financement. Les partis
politiques ne peuvent ainsi être suspendus ou
dissous par les pouvoirs publics qu’en vertu
d’une décision de justice 12.
9
Article 94.
10
Article 64.
Pour ce qui est de la moralisation de 11
Article 11.
la vie politique, la nouvelle constitution 12
Articles 7 à 9.
tranche définitivement sur la question de la
13
Article 61.
14
Article 12.
transhumance puisqu’elle stipule que tout 15
Articles 13, 14 et 15

12 Instance Centrale de Prévention de la Corruption


6. Moralisation et bonne gouvernance

Pour la première fois, un chapitre entier a • T oute personne, élue ou désignée,


été consacré à la bonne gouvernance16, où exerçant une charge publique doit établir,
plusieurs principes fondamentaux ont été ainsi conformément aux modalités fixées par
constitutionnalisés à savoir : la loi, une déclaration écrite des biens
et actifs détenus par elle, directement ou
• L es services publics sont organisés sur la base
indirectement, dès la prise de fonctions, en
de l’égal accès des citoyennes et citoyens, de
cours d’activité et à la cessation de celle-ci.
la couverture équitable du territoire national
et de la continuité des prestations. • L es instances en charge de la bonne
• Ils sont soumis aux normes de qualité, de gouvernance sont indépendantes. Elles
transparence, de reddition des comptes et de bénéficient de l’appui des organes de
responsabilité, et sont régis par les principes l’Etat. La loi pourra, si nécessaire, créer
et valeurs démocratiques consacrés par la d’autres instances de régulation et de bonne
Constitution. gouvernance.
• Leurs agents exercent leurs fonctions À la lumière de ces principes, la nouvelle
selon les principes de respect de la loi, de Constitution a tenu à constitutionnaliser les
neutralité, de transparence, de probité, et institutions et instances de protection des
d’intérêt général. Ils assurent le suivi des droits et libertés, de la bonne gouvernance,
observations, propositions et doléances des du développement humain et durable et de
citoyens. la démocratie participative, notamment, le
• Ils rendent compte de la gestion des deniers Conseil National des Droits de l’Homme, le
publics conformément à la législation en Médiateur, le Conseil de la Communauté
vigueur et sont soumis, à cet égard, aux Marocaine à l’Etranger, l’autorité chargée
obligations de contrôle et d’évaluation. de la parité et de la lutte contre toutes
•U
 ne charte des services publics fixe formes de discrimination, Haute Autorité de la
l’ensemble des règles de bonne Communication Audiovisuelle, le Conseil de la
gouvernance relatives au fonctionnement Concurrence et l’Instance nationale de Probité
des administrations publiques, des régions et de Lutte contre la Corruption.
et des autres collectivités territoriales et
des organismes publics.

7. Gouvernance territoriale

Pour la nouvelle Constitution, l’organisation solidarité. Elle assure la participation des


territoriale du Royaume est décentralisée basée populations concernées à la gestion de leurs
sur la régionalisation avancée 17. affaires et favorise leur contribution au
Dans cette perspective et afin de promouvoir développement humain intégré et durable.
la gouvernance territoriale, la Constitution Il convient de souligner que les régions et les
considère les collectivités territoriales comme autres collectivités territoriales participent à la
des personnes morales de droit public mise en œuvre de la politique générale de l’Etat
qui gèrent démocratiquement leurs affaires et à l’élaboration des politiques territoriales à
à travers des Conseils élus au suffrage travers leurs représentants à la Chambre des
universel direct. L’organisation territoriale Conseillers.
du Royaume repose sur les principes de 16
Chapitre 12 : articles 154 à 167
libre administration, de coopération et de 17
Articles 135 à 146

13
De même, sur la base du principe de Dans ce cadre, une loi organique sera
subsidiarité, les collectivités territoriales ont élaborée fixant notamment les conditions
des compétences propres, des compétences de gestion démocratique des affaires, les
partagées avec l’Etat et celles qui leur sont conditions d’exécution des délibérations et
transférables par ce dernier. Les régions et les des décisions des Conseils régionaux, les
autres collectivités territoriales disposent, dans conditions d’exercice du droit de pétition,
leurs domaines de compétence respectifs et les compétences propres, les compétences
dans leur ressort territorial, d’un pouvoir partagées avec l’Etat et celles qui leurs
réglementaire pour l’exercice de leurs sont transférables au profit des régions et des
attributions. autres collectivités territoriales, le régime
financier, l’origine des ressources financières
Pour combler le déficit dans les domaines du
et les règles de gouvernance relatives au bon
développement humain, d’infrastructures et
fonctionnement de la libre administration, au
d’équipements, il est créé, pour une période
contrôle de la gestion des fonds et programmes,
déterminée, au profit des régions, un fonds
à l’évaluation des actions et à la reddition des
de mise à niveau sociale. Il est également créé,
comptes.
en outre, un fonds de solidarité interrégionale
visant une répartition équitable des ressources,
en vue de réduire les disparités entre les
régions.

Globalement, la Constitution réserve un rôle


prééminent aux Régions dans l’élaboration et
le suivi des programmes de développement
régionaux et des schémas régionaux
d’aménagement des territoires, sous l’impulsion
du président du Conseil régional, par rapport
aux autres collectivités, dans le respect des
compétences propres de ces dernières.

La Constitution n’a pas manqué de définir


clairement le rôle les walis de régions et les
gouverneurs de provinces et préfectures qui
représentent le pouvoir central et assurent au
nom du gouvernement ce qui suit :

• Ils veillent à l’application des lois, mettent


en œuvre les règlements et les décisions
gouvernementales et exercent le contrôle
administratif ;

• Ils assistent les présidents des collectivités


territoriales et notamment les présidents
des Conseils régionaux dans la mise en
Œuvre des plans et des programmes de
développement ;

• Ils coordonnent les activités des services


déconcentrés de l’administration centrale et
veillent à leur bon fonctionnement.

14 Instance Centrale de Prévention de la Corruption

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