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http://www.cosmovisions.com/$Dionysos.htm
Aperçu Les mythes Aspects du culte (I) Aspects du culte (II) Les représentations
https://books.google.ro/books?id=Cm8C0bIh00QC&pg=PR6&lpg=PR6&dq=Dionysos+et+s
es+masques&source=bl&ots=KJsrGE-
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Dionysos est un des grands dieux de la Grèce, de l'Orient hellénique et de l'Italie. Son nom le plus
ancien est Dionysos (Diwnusos) que lui donnent Homère et Hésiode; la forme éolique est Zonnusos,
la forme attique Dionusos; on trouve aussi Deunusos et Deonusos. Le sens généralement donné à ce
nom est celui de dieu de Nysa, la localité mythique où l'on place sa naissance et son séjour. Les
Romains, lorsqu'ils adoptèrent le culte de Dionysos, l'appelèrent Bacchus, nom que les Grecs lui
donnaient aussi mais seulement depuis le Ve siècle, car il ne paraît qu'à partir d'Hérodote et des
poètes tragiques; ce nom de Bacchus paraît être la forme thracedu nom phrygien Bagaios, le même
que Sabazius, grand dieu de l'Asie Mineure assimilé à Dionysos. Les Grecs adoptèrent ce nom de
Bacchus (Bakcos) mais lui donnèrent la forme Bakceos ou Bakceios; Lenormant l'expliquait en
disant que
« A cause de la nature même du culte dionysiaque et de ses fêtes ils attachèrent ensuite au nom de
Bacchus une idée d'inspiration divine et de fureur orgiastique, ainsi que de purification, qui a donné
naissance au verbe bakceuein et à l'emploi du mot bakcos dans le sens d'inspiré, saisi de transport
bacchique. De là la substitution à Bacchus, pour le nom du dieu, des formes Baccheus, Baccheius qui
ont revêtu l'aspect de dérivés de bakceuein.-»
Quoiqu'il en soit de ces étymologies, le nom de Dionysos est le plus ancien et resta le plus usité en
Grèce; celui de Bacchus, employé à partir du Ve siècle, prévalut en Italie.
L'origine ou plutôt l'introduction relativement récente du culte et des légendes de Dionysos dans la
religion et la mythologie des Grecs est un fait capital de leur histoire religieuse. Dionysos est en effet
avec Déméter et plus encore qu'elle, la seule divinité hellénique autour de laquelle on ait tenté de
constituer une religion complète et sinon exclusive, du moins absorbant et subordonnant les autres
personnages divins, une religion avec son culte, ses prêtres, ses mythes, sa philosophie mystique.
Quand on passe de l'Olympe homérique au culte dionysiaque, on est à moitié chemin du
christianisme. L'extrême intérêt des études relatives à Dionysos tient encore à ce que le culte et la
mythologie de ce jeune dieu renferment une foule d'éléments orientaux et à ce que nous pouvons
encore discerner quelques-uns des types divins que l'un a fusionnés en un seul. Sabazius, lacchos,
Zagreus, Liber, ne sont pas complètement identifiés avec Dionysos, bien qu'il ne soit guère possible
de leur restituer une physionomie propre. Sans entreprendre ici un travail complet sur la mythologie
dionysiaque et sans vouloir formuler de conclusions sur les points en litige, nous nous bornerons à
analyser les principaux faits, suivant d'assez près l'ordre adopté par Lenormant. Les problèmes
relatifs à l'origine et au développement de ce culte sont parmi les moins solubles de la mythologie
grecque.
Dans les poèmes homériques (L'Iliade, L'Odyssée), Dionysos ne joue presque aucun rôle; son culte
n'est nullement développé; tandis que plus tard il sera essentiellement le dieu du vin, ici, bien que
l'usage du vin soit universel, il n'est jamais qualifié d'inventeur du vin, ni de dieu de la vigne; lorsque
Ulysse expose l'origine de celle-ci, il la fait remonter au héros Maron et à Apollon. C'est Hésiode qui
le premier rattache Maron à Dionysos, dont il fait son grand-père; dans les Travaux et les Jours (v.
614), il appelle le vin « don de Dionysos ». Dans l'Iliade il est question de l'hostilité du roi thrace
Lycurgue, l'ennemi des dieux, pour Dionysos encore enfant, et l'épithète appliquée au nourrisson
divin montre que dès les temps homériques le culte de Dionysos avait son caractère orgiaque. On
voit aussi que la Thrace peut être regardée comme le berceau de ce culte et des mythes dionysiaques.
Enfin Nysa est nommée comme en étant le centre et en quelque sorte le berceau du dieu.
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Dionysos.
« Une tradition indienne dit que le Soma a été reçu dans la cuisse d'lndra; et la même fable était
racontée par les Grecs sur Dionysos. Le dieu védique est surnommé Giri-Schthâh, c.-à-d. celui qui se
tient dans les montagnes, et ce surnom répond tout à fait à celui d'Oreios donné à Dionysos. La
génération miraculeuse du dieu de Nysa, arraché par son divin père au sein de sa mère foudroyée, est
aussi une idée puisée à la source indienne. Le Soma, autrement dit la libation personnifiée, naît du
manthanam, c.-à-d. de la production du feu divin. Il est tiré de la flamme du sacrifice et ensuite
transporté dans les cieux par les invocations des prêtres. Cette double naissance a valu à la divinité
védique le surnom de Dwidjanman (né deux fois ou né sous deux formes) qui correspond exactement
à ceux de Dithyrambe, Dimétor, que sa double naissance avait valus à Dionysos. »
On constate enfin que le côté mystique du dieu védique et du dieu grec sont comparables. Dionysos,
en Crèted'abord, a le caractère de divinité infernale de mâle Agni-Soma se confond avec Varuna, le
Soleil de nuit, et devient un dieu des morts. Soma, dans les Védas, subit une passion, meurt et
ressuscite plus puissant, car c'est en broyant la plante qu'on extrait le jus sacré et vivifiant. On
retrouve une idée analogue dans la légende thébaine.
Ainsi présenté, le rapprochement paraît saisissant, mais il est comme souvent l'étaient ceux de la
mythologie comparée à ses balbutiements : discutable et paradoxal. Nous venons de constater que
Dionysos n'est pas primitivement le dieu du vin, que, dans Homère, qui arme le caractère et
l'importance de la libation faite aux dieux avec le jus de la vigne, il n'est pas question de Dionysos à
ce propos, fait d'autant plus grave que Soma a le caractère de dieu médiateur et que d'autre part
Homère parle des orgies dionysiaques, lesquelles ne sont donc pas motivées à l'origine parce que
Dionysos était dieu de la vigne; de fait, presque tout ce qui est relatif à ces orgies est parfaitement
indépendant de cet attribut et pourrait être exposé sans qu'il fût même parlé du vin. Ainsi tombe
l'ingénieux parallèle entre le dieu grec et le dieu védique, parallèle déjà fait par les anciens Grecs,
lesquels, après l'expédition d'Alexandre, crurent reconnaître leur dieu dans le Bacchus indien et firent
de celui-ci le prototype.
Les auteurs anciens sont d'accord pour dire que le berceau de la religion dionysiaque fut la Thrace;
mais que faut-il entendre par cette expression géographique? Otfried Muller a fait remarquer
(Orchom. und die Minyer, pp. 372 et suiv.) qu'il y a lieu de distinguer la Thrace historique des bords
de l'Hellespont, du mont Pangée et du mont Haemus, de la Thrace mythique où se déroulent les
légendes de Lycurgue et d'Orphée. La Thrace mythique s'étendait depuis les vallons de l'Olympe et
la Piérie jusqu'aux pentes de l'Hélicon et aux confins de l'Attique. La Grèce centrale était occupée par
des immigrants venus du Nord, de Thessalie ou de plus loin qui apportèrent et localisèrent leurs
légendes au pied du Parnasse et de l'Hélicon, en Phocide et en Béotie. Ces Thraces, qui furent
incontestablement les premiers adorateurs de Dionysos, sont-ils les mêmes que ceux qui habitaient
cinq et dix siècles plus tard la Thrace historique? Celle-ci est-elle le point de départ des légendes
dionysiaques? Problème difficile à résoudre. Nous savons par Hérodote que Dionysos était avec Arès
et Artémis-Kotytto un dieu national des Thraces; que les Satres indomptés avaient un oracle de
Dionysos dans leurs montagnes; que les Besses lui étaient particulièrement dévoués; que ces oracles
où le dieu s'exprimait par la bouche d'une femme, comme à Delphes, pourraient bien avoir été le
modèle suivi par l'oracle pythien; Dionysos est souvent qualifie de prophète des Thraces; Alexandre,
Octave viendront le consulter dans ses bois sacrés. II semble donc que ce soit là que doive être
cherchée l'origine de sa religion; ce serait le dieu national des Thraces apporté par eux dans la Grèce
centrale où sa religion fusionna avec celle des dieux olympiens et des dieux chtoniens. Les
adversaires de cette opinion répliquent que l'identification entre la Thrace mythique et la Thrace
historique est injustifiée; que le Dionysos des Besses et des Odryses est en réalité un autre dieu,
Sabazius, que les colons grecs de la côte de la mer Egée et de l'Hellespont assimilèrent à leur
Dionysos lorsqu'ils firent la confusion entre la Thrace légendaire et celle dont ils occupaient les
débouchés. Nous ne prendrons pas parti dans ce débat, et, sans vouloir trancher la question d'origine,
nous exposerons l'histoire de la religion dionysiaque à partir de son premier centre grec, la Béotie,
jusqu'au moment ait elle fut apportée ou rapportée en Thrace.
Naissance de Dionysos. Dionysos bondit de la cuisse de Zeus et est recueilli par Hermès.
Bas-relief antique. Musée du Vatican (Rome).
Dionysos rend visite à plusieurs mortels; au roi de Phrygie, Midas, qui lui
accorde la liberté de Silène, et à qui il donne la faculté de changer en or
tout ce qu'il touche; au roi de Laconie , Dion, dont il aime la fille Karya; à
Oeneus, roi d'Etolie, à qui il donne la vigne et dont il prend la femme
Althaea; à l'Athénien Icarios, père d'Erigone, à qui il donne le vin, présent
fatal, car les bergers ivres égorgent leur maître; la fille, Erigone, cherche le
cadavre de son père avec sa chienne Moera; elle le trouve sur l'Hymette
et se pend; Dionysos transforme Icarios, Erigone et Moera en
constellations (Arcturus ( Le Bouvier), la Vierge, Sirius ( Le Grand Chien);
Erigone personnifie la vigne; l'étoile de Sirius, le chien céleste, paraît au
moment de la maturité du raisin.
La fable des amours du dieu avec Ariane est également très connue; elle
était localisée dans les îles, surtout à Naxos et en Crète ; on en
trouvera l'exposé au mot Ariane. La fille de Minos, blonde amante
délaissée de Thésée, semble une déesse lunaire; elle préside à la fertilité
du sol et on admet que son abandon par Thésée et son amour avec
Dionysos symbolisent les alternatives de stérilité et de fécondité, de l'hiver
et de l'été. Elles sont figurées par deux séries de fêtes : la fête joyeuse
des Theodaisia, qui se célèbre au printemps (en Crète, à Naxos, à
Rhodes , en Libye ), et la fête de deuil qui a lieu en hiver (à Naxos, à
Chypre ). En Attique , Ariane est associée à Dionysos dans la fête
des Oschophoria; de même à Alexandrie, à Tarse, etc. De cette union
naissent trois fils : Oenopion ( = le buveur de vin), Evanthès ( = le
fleurissant); Staphylos ( = la grappe) ou Icarios, héros éponyme de l'île
d'Icarie, ou Maron, Thoas, roi de Lemnos, ou encore, d'après
les Athéniens, Céramos, personnifiant la poterie où l'on conserve le vin.
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que Bacchus était venu chez eux restaurer Ammon ( L'Oasis d'Ammon )
expulsé par les Titans et faire la guerre à Gigon, roi d'Ethiopie ; on le
conduit en Italie , où le roi, Falernus, l'accueille amicalement ; il est
vainqueur, chez les Tyrrhéniens, du géant Alpos, fils de la Terre, fait la
conquête de l'Espagne , l'Ibérie occidentale. (A.-M. B.).
Dans ces fêtes, comme dans celles de Phrygie, résonnent les flûtes, les
cymbales et les sonnettes. Elles ont lieu de nuit, ce qui les différencie
profondément de celles des dieux Olympiens; les Ménades ou les
Thyiades les éclairent de leurs torches. Un des actes les plus sauvages
qu'on y accomplissait était de déchirer des animaux sauvages pour en
manger la chair crue; en Crète, c'est un taureau que l'on se partage ainsi;
dans les mystères-orphiques se conserva cette coutume de l'omophagie (
= consommation rituelle de viande crue). Dans plusieurs cas il apparaît
que l'immolation de l'animal rachète un sacrifice humain qui fut la coutume
primitive. Au temps de la guerre médique , trois prisonniers perses
furent ainsi déchirés en l'honneur de Dionysos Omestès. Dans les
légendes des Praetides, des Minyades, on voit les femmes furieuses
déchirer des hommes. A Chios on a conservé le souvenir du
cannibalisme; il est avéré que l'omophagie en est un dernier reste. C'est
par une idée du même genre que les Ménades se vêtent de peaux
d'animaux; les femmes à l'époque historique prennent des peaux
de chèvres. La bassara, qui fait partie de leur costume hiératique et d'où
vient le nom de Bassareus donné au dieu lydien, celui de Bassarides
donné aux femmes, est une longue tunique peut-être ornée de peaux de
renards. On se couronne de lierre. Les fêtes orgiaques sont annuelles.
Le cortège de Dionysos. Silène ouvre la marche, couche ivre sur son char; derrière lui, un
choeur dansant de ménades et de satyres; enfin, sur un char traîné par des Centaures,
Dionysos. (Bas-relief de sarcophage. Musée national de Naples).
Les rapports de Dionysos avec les autres divinités helléniques sont assez
complexes. Nous avons dit comment l'antagonisme fondamental entre son
culte et celui d'Apollon finit par une association étroite à Delphes, d'où elle
se généralisa dans toute la Grèce . Nous avons signalé les rapports
avec Poseidon. Dans un grand nombre de lieux Dionysos est associé
à Aphrodite dans les sacrifices, probablement afin de réunir les deux
divinités de la génération. Eros est annexé au cortège de Dionysos et on
lui donne des attributs bacchiques : une grappe de raisin, un vase de vin,
pour monture un lion ou un Centaure. Dionysos est également associé
aux Charites et aux Heures. En revanche l'inimitié que lui
témoignait Héradans la légende se traduit dans le culte. A Athènes et
dans les villes qui subirent son influence, Dionysos et Athéna sont liés
d'une amitié solide; la déesse l'a protégé dans son enfance; dans les fêtes
dionysiaques, en lui fait une large place. Dionysos, considéré comme
un héros et conquérant mythique, a été rapproché d'Héraclès; il est
comme lui fils d'une mortelle et s'est par ses exploits élevé à la condition
divine; plus tard on les associe dans les banquets lorsque les auteurs
comiques ont fait du fils d'Alcmène un joyeux buveur. Il a déjà été question
de la combinaison des cultes de Dionysos et de Déméter et de
l'assimilation du dieu avec Hadès. (A.-M. B.).
Il nous faut maintenant parler des fêtes dionysiaques qui tiennent une si
grande place dans cette religion. Nous en avons déjà énuméré un grand
nombre; nous avons indiqué le caractère des orgies nocturnes de Thrace
, du Parnasse et du Cithéron ; nous avons dit la part qui revient au dieu
dans les Mystères (V. ce mot et Eleusis). Nous parlerons seulement ici
des fêtes de l'Attique , qui sont les mieux connues et les plus
intéressantes. Celles des campagnes ont été décrites
par Aristophane (Acharn., v. 201, 240 et suiv.); on promenait le phallus au
chant de l'hymne phallique et on sacrifiait une chèvre au dieu. La fête,
où l'on buvait du vin, en prenait le nom de . Au mois de Gamélion,
se célébrait la fête des Lénées, dont nous savons peu de chose; c'était
une fête ionienne, sous caractère orgiaque, semble-t-il, probablement une
répétition urbaine des Dionysies rurales.
Un des plus grands mérites des fêtes dionysiaques et celui qui est de
beaucoup le plus remarquable pour la postérité est la naissance du
drame. Le chant usuel dans le culte de Dionysos est le dithyrambe
chanté par un chanteur et un choeur; par des transformations
successives le dithyrambe finit par devenir la tragédie. Nous n'avons à
nous occuper ici que d'une seule question, celle des rapports entre le
dithyrambe et l'orgie bacchique. Otfried Muller admet que l'enthousiasme
des acteurs est à l'origine une participation passionnée aux phénomènes
de la vie naturelle, symbolisés par la passion, la mort et la résurrection du
dieu, dont les acteurs de la fête croyaient éprouver tour à tour les
sentiments, le combat, la souffrance, le triomphe. Ceci est très douteux;
car dans les légendes de passion de Dionysos, il n'est jamais question
des satyres, lesquels sont censés être les acteurs du dithyrambe; le nom
même de tragédie y fait allusion. Il vaut mieux croire avec Voigt que les
acteurs de la fête, déguisés en satyres, personnifient ces démons ou
esprits de la nature agreste qu'il s'agit de conjurer. C'est lorsque le déclin
de la foi et les progrès de l'analyse empêchent le fidèle de s'absorber dans
son personnage divin au point de se confondre avec lui, lorsque apparaît
évidente la dualité de l'acteur et du personnage, lorsqu'on admire surtout
le savoir-faire et l'ingéniosité de celui-ci, la manière dont il joue son rôle,
que le jeu dramatique naît de l'extase dionysiaque. Ses progrès ultérieurs
appartiennent à l'histoire de la littérature.
Dionysos en Italie.
Il nous faut revenir maintenant à la forme italienne de la religion
dionysiaque qui diffère suffisamment de la forme grecque pour être
étudiée isolément. Elle y avait pris une importance telle
que Sophocle appelle Dionysos le dieu qui règne sur l'Italie . Dans les
cités de la Grande-Grèce , le culte de Dionysos avait eu un rapide
développement; il s'était agrégé de nouvelles légendes. Ce qu'il a de
particulier c'est qu'il fut apporté par des gens imbus des idées
éleusiniennes et adeptes de la religion mystique où se combinaient les
cultes de Déméter et de Dionysos. On contait que les deux divinités
s'étaient disputé la Campanie; on attribuait au dieu l'implantation de la
vigne en Italie, reliant son séjour dans la péninsule à la série de ses
conquêtes. Dans toute l'Italie méridionale, Apulie, Lucanie , Campanie ,
prospèrent les mystères bacchiques qui de là passèrent en Etrurie et
à Rome.
Symboles et attributs.
Dionysos a eu une collection de symboles très variés empruntés aux trois
règnes de la nature. Nous les énumérerons ici brièvement. En premier
lieu, il faut citer le taureau, type de puissance et de force génératrice; il
sert de monture au dieu qui souvent revêt sa forme; à Elis , à Lerne on
l'évoque ainsi. C'est très souvent un taureau ou un boeuf qu'on lui sacrifie,
particulièrement dans l'Omophagie; à Ténédos on immole
un veau nouveau-né. Mais l'animal le plus souvent choisi pour les
sacrifices à Dionysos est le bouc ou la chèvre que Pan et Silène lui offrent.
Au chevreau on substitue le faon dont la dépouille (nebris) lui sert de
vêtement. Les Ménades déchirent vivants des chevreaux et des faons
dans les Triétéries béotiennes ; la statue de Scopas popularisa cette
action; sa Ménade porte dans ses mains un lambeau de la bête qu'elle
vient de déchirer. Le porc ou le sanglier était encore une des victimes
préférées du dieu. L'Asie lui est consacré et lui sert de monture à
l'occasion, même dans la Gigantomachie; il est surtout la monture
de Silène; l'âne et le mulet sont des animaux phalliques, et comme tels
consacrés à Dionysos. On lui attribue encore (en Thrace ) le cheval; le
chien qui figure dans la légende d'Erigone; le lièvre, le dauphin. Dieu du
miel, il est le protecteur des abeilles. En Asie Mineure, il a emprunté au
Bassareus lydien le lion qui devient un de ses animaux favoris; de même
les autres grands félins à peau tachetée, panthères, tigres, lynx, etc. La
panthère est représentée plus fréquemment que tout autre.
Le serpent appartient au culte de Dionysos mystique comme symbole des
divinités chtoniennes; il joue un rôle dans les orgies.
Nous possédons une ample collection de vases à figures noires ou est représenté
Dionysos. Il est généralement habillé d'un double vêtement, longue tunique à
manches courtes et manteau; celui-ci voile parfois la face, ne laissant voir qu'une
main, laquelle tient un attribut; au manteau (himation) est quelquefois substituée la
chlamyde. Même agissant, monté sur son char, sur un taureau, combattant
les géants, Dionysos conserve son double vêtement. Comme cavalier il porte de
préférence la chlamyde; il est rare qu'il soit plus légèrement habillé, même lorsqu'il
repose sous un lierre en compagnie d'une femme ou d'un échanson. Ses cheveux
et sa barbe sont très longs; derrière l'oreille tombe une longue boucle; Les attributs
usités sont la couronne de lierre, la corne à boire, ou le canthare, à l'autre main un
pampre. On lui met aussi aux mains un sceptre; le thyrse ne paraît pas encore; le
dieu ne porte pas la nebris (peau de faon) qu'il laisse à ses Ménades.
Les animauxfigurés auprès de lui sont le bouc, le taureau, le mulet;
la panthère commence à paraître, c'est le premier attribut qui soit évidemment
d'origine étrangère. Le dieu est d'ordinaire debout dans une attitude paisible, la tête
légèrement inclinée; on le voit également assis, chevauchant ses bêtes ou
un Satyre, montant en char, étendu sur un lit. Les groupes mythiques représentent
la Gigantomachie, l'aventure avec les pirates tyrrhéniens; le retour d'Héphaistos;
Dionysos, et Sémélé; Dionysos et Ariane.
Les vases à figures rouges de style archaïque nous présentent des types plus
beaux que les précédents, mais du même genre. L'habillement du dieu est le même
que celui qui a été décrit, le dieu combattant est représenté en costume guerrier; la
peau de panthère, l'orne fréquemment il ne porte pas encore la peau de faon dont
se parent ses Bacchantes. Sa chevelure descend sur sa nuque, généralement sans
être tressée; elle est un des traits personnels de la physionomie du dieu. Celui-ci
est encore presque complètement drapé. Son principal attribut est le pampre; le
thyrse apparaît dans les mains de personnes du thiase, plutôt que dans celles de
Dionysos; il est couvert d'un lierre touffu; le canthare remplace la corne à boire; la
couronne de lierre prévaut sur celle de feuilles de vigne ; la bandelette ceint le
front. Le dieu est presque toujours debout, dans l'attitude de l'action, au milieu de
son thiase et de ses bêtes. Les mythes représentés sont la Gigantomachie, le
retour d'Héphaïstos, l'union avec Ariane.
Les Hermès dionysiaques barbus sont très nombreux, mais souvent d'attribution
contestée; on sait que cette forme écourtée de représentation a été appliquée à
tous les dieux; c'est surtout par les attributs qu'on les distingue, et dans notre cas
par la couronne de lierre. On n'a pas d'Hermès dionysiaque ithyphallique d'une
authenticité certaine.
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Les divers types du Dionysos juvénile comportent une grande variété dans le
costume et dans les attitudes : il est nu; vêtu seulement d'une peau de bête (nebris
ou pardal), seulement d'une chlamyde; des deux; seulement d'un manteau; d'une
petite tunique attachée à la ceinture, avec des bottines; d'un double vêtement,
tunique et manteau, ou chlamyde. On le figure debout, seul, ou appuyé sur
un arbreou un compagnon, en variant les poses des bras et des jambes; assis sur
un trône, étendu sur un lit ou sur une bête de somme. Souvent un compagnon le
tient par la taille ou embrasse ses hanches.
Les principaux mythes dionysiaques représentés par l'art sont les suivants :
Dionysos ramène Héphaistos (type barbu) ; le dieu au milieu des pirates
tyrrhéniens; Dionysos chez un mortel (type barbu); la lutte contre les géants (barbu,
puis juvénile); le dieu attaqué par Lycurgue; le massacre de Penthée; la chasse des
filles de Proetus; le triomphe de Dionysos sur les Indiens; Dionysos et sa
mère Sémélé; Dionysos et Ariane; Dionysos et Coré; Dionysos et les Heures. Nous
ne parlons pas des nombreuses représentations relatives au culte mystique et dont
le symbolisme et même le sujet nous échappent souvent. Le dieu est encore figuré
sous la forme d'un taureau, ou avec des cornes, avec une tête de lion, avec
des ailes, etc. (A.-M. B.).