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Revue "Repères et Perspectives Economiques"

03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

Sommaire
Impact des chocs monétaires et de taux de change sur l’économie
marocaine : une approche svarx
Ouchchikh Rachid………………………………………………………………1
Impact du recrutement et du roulement du personnel sur la performance
financière de l’entreprise : cas des régies de distribution au Maroc
Kouskous Adil et Nia Hafida....................................................................................…...29
L’attitude du redevable de la zakat à l’égard de son institutionnalisation au
Maroc : analyse par catégories socio-professionnelles
Attak El houssain…………………………………….…………………………46
Les pratiques de marketing au niveau des coopératives : cas de la province de
Ouarzazate
Cherradi Laila et El Kharraz Ouail……………………………………………..60
L’impact de l’information comptable et financière sur la prise de décision :
cas d’un échantillon d’entreprises en Algérie
Chabi Tayeb et Kennouche Samia………………………………………………75
La gouvernance des Technologies de l’Information : un dispositif de contrôle
du système d’information éducatif
Zahi Jamal et Belhaj Aadil……………………………………………………….94
Analyse de l'état du management des compétences dans le secteur public
marocain : cas de l’Administration Centrale du Ministère de l’Education
Nationale
Driss Harrizi et Larbi Elhoudani ………………………………………....……110

‫صناديق الثروة السيادية كمصدر لإلنفاق الحكومي مع االشارة لحالة الجزائر‬


821..........................................................................................‫بالل بوجمعة ووافــي ناجــم‬
Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

Impact des chocs monétaires et de taux de change sur


l’économie marocaine : une approche svarx

Ouchchikh Rachid, Université Caddi Ayyad, Marrakech, Maroc

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Ouchchikh, R. « Impact des chocs monétaires et de taux de change sur l’économie
marocaine : une approche svarx », Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne],
03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

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Résumé
La mise en place d’une politique monétaire appropriée dépend, entre autres, de la
compréhension de l’impact des chocs monétaires et de taux de change sur l’économie.
En considérant les contraintes externes à cette politique, nous proposons un modèle
vectoriel autorégressif structurel avec variables exogènes (SVARX) afin d’examiner
l’incidence de ces chocs sur la production et les prix au Maroc. Les résultats des
estimations montrent qu’un choc monétaire restrictif entraîne une contraction transitoire
de la production, une baisse persistante des prix, un effet de liquidité significatif et une
appréciation du taux de change. Par ailleurs, un choc positif du taux de change produit
une baisse de faible ampleur des prix, une contraction de la masse monétaire et une
hausse du taux d’intérêt. Finalement, l’impact du choc de taux de change sur la
production réel est insignifiant.
Mots clés : Transmission de la politique monétaire, VARX structure, Maroc.

Classification JEL : E52, E58, E31, E23

Abstract
Understanding the effect of monetary policy and exchange rate shocks is a key for
central bankers to conduct monetary policy effectively. Taking into consideration the
external constraints on monetary policy, we estimate a structural vector autoregressive
model with exogenous variables (SVARX) to look at the effects of a positive monetary
policy and exchange rate shocks on real output and prices. The analysis highlight that a
positive monetary policy shock produce a transitory contraction in output, a persistent
decrease in prices, a significant liquidity effect and an appreciation of exchange rate.
Furthermore, the analysis provides evidence that a positive exchange rate shock generate
a short fall in prices, a contraction in monetary aggregate and an increase in interest rate.
Nevertheless, the exchange rate shock has an insignificant effect on real output.
Keywords: Monetary Transmission Mechanisms, Structural VARX, Morocco.

JEL classification : E52, E58, E31, E23

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Introduction
La politique monétaire, qui désigne un ensemble d’interventions de la Banque centrale
sur la monnaie en circulation dans l’économie, a reçu une grande attention au sein la
littérature économique et plus spécifiquement son rôle et ses incidences. L’effet réel de
la politique monétaire découle de la présence de la rigidité et de l’ajustement lent des
prix (Rotemberg, 1982 ; Calvo, 1983 ; Blanchard et Kiyotaki, 1987) et de l’information
incomplète sur laquelle sont fondés les décisions des agents privés (Phelps, 1970 ;
Lucas, 1972). Le rôle actif de la politique monétaire dans les fluctuations économiques
semble donc incontestable.

La compréhension de la transmission des chocs monétaires et de taux de change à la


production et à l’inflation est capitale pour la conduite d’une stratégie monétaire réussie.
En effet, la connaissance de l’effet de ces chocs est utile pour quatre raisons principales.
Premièrement, elle va permettre à la Banque centrale d’améliorer l’efficacité de ses
actions en favorisant le choix d’instruments et de cibles intermédiaires appropriés, du
timing de son intervention, de la grandeur avec laquelle elle peut modifier ses
instruments pour atteindre les objectifs escomptés, d’améliorer sa compréhension des
liens existants entre le secteur financier et le secteur réel et de déterminer les principales
contraintes s’opposant à la banque centrale lors de la prise de décisions. Deuxièmement,
comprendre comment la politique monétaire affecte l’économie est important pour
évaluer son orientation à un moment donné. Troisièmement, elle permettrait à la Banque
centrale de mieux anticiper les effets de sa politique afin d’identifier d’éventuelles
sources de pressions inflationnistes susceptibles d’influencer la stabilité des prix et d’y
réagir de manière préventive (étant donné les délais de transmission). Quatrièmement,
la compréhension de la répercussion des variations du taux de change sur la dynamique
des prix domestiques est d’un grand intérêt pour le décideur de politique monétaire dans
la mesure où elle lui permet d’anticiper l’évolution de l’inflation et de mieux définir les
réactions de politique monétaire à entreprendre afin de préserver son objectif de stabilité
des prix. Ceci justifie le foisonnement des travaux théoriques et empiriques

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appréhendant les effets de ces chocs sur les variables macroéconomiques telles que les
prix et la production1.

Les cadres opérationnel, stratégique, financier et institutionnel de la politique monétaire


marocaine ont connu des mutations profondes. Nous évoquons, à titres d’exemples, la
libéralisation du secteur financier, la libéralisation progressive des mouvements de
capitaux, la dynamisation de la Bourse, la révision des statuts de Bank Al-Maghrib
(BAM), l’abandon de la stratégie de ciblage monétaire au profit d’une stratégie
multicritère, le réaménagement du panier de devises d’ancrage du Dirham et la
flexibilisation graduelle du taux de change et la préparation des conditions de transition
vers un régime monétaire basé sur le ciblage de l’inflation. Ces réformes sont à même
de changer la nature des liens entre les variables financières et réelles, en particulier les
incidences du taux de change et de la politique monétaire sur la production et les prix.
Dans ce cadre, une estimation plus précise des effets de la politique monétaire et du taux
de change permettrait d’évaluer le canal du taux d’intérêt et le degré de transmission des
chocs de taux de change aux prix (pass through). Car, le fonctionnement du canal du
taux d’intérêt est le principal pilier pour une stratégie de ciblage de l’inflation, alors que
la connaissance du degré du pass through du taux de change permettrait d’apprécier
l’impact de la flexibilité du taux de change sur la stabilité des prix assignée à la Banque
centrale. Ainsi, ce papier se donne pour objectif d’évaluer empiriquement les effets des
chocs monétaires et de taux de change sur la production et les prix au Maroc. A cette
fin, nous avons développé et estimé un modèle VAR structurel.

Introduite par Sims (1980), la méthodologie des modèles VAR s’avère plus adaptée à
l’étude de la transmission des chocs. Généralement établie à partir d’un nombre réduit
de variables, elle se révèle singulièrement appropriée à l’analyse des chocs monétaires
(Christiano et al., 1998). En particulier, leur version structurelle est plus utilisée dans
l’analyse de la transmission de la politique monétaire2 (Mojon et Peersman, 2003, p 56).

1
Voir Ouchchikh (2014) pour une revue de littérature détaillée.
2
Cette approche a inspiré plusieurs travaux s’intéressant à l’estimation des effets et des canaux
de transmission de la politique monétaire comme, par exemple, Eichenbaum, 1992; Taylor,
1995; Bernanke et Gertler, 1995; Leeper et al., 1998; Christiano et al., 1999, Barran et al., 1995;
Coudert et Mojon, 1995; Peersman et Smets, 2001; Morsink et Bayoumi, 2001; Ganev et al.,
2002; Angeloni et al., 2003; Disyatat et Vongsinsirikul, 2003, Elbourne, 2008; Ouchchikh,
2014, 2017).

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Elle est une approche flexible en donnant plus de liberté aux données et en imposant au
même temps une structure théorique aux estimations au moment de l’identification des
chocs structurels. En outre, leur flexibilité permet de se concentrer sur des questions
récurrentes constituant le centre d’intérêt des autorités monétaires, telles que les effets
du changement de l’orientation de la politique monétaire sur les variables
macroéconomiques clés sous différents scénarios.

Par ailleurs, la conduite de la politique monétaire dans une petite économie ouverte avec
régime de change fixe, comme le Maroc, diffère de celle des pays développés ayant un
régime de change flexible. En effet, sous un régime de change fixe crédible, la Banque
centrale devrait prêter une grande attention à la stabilisation du taux de change autour
de sa cible. Dans ce cadre, l’implémentation de la politique monétaire devrait se
concentrer sur les variations du taux de change et sur l’orientation de la politique
monétaire des pays ancres. Par ailleurs, l’ouverture de l’économie nationale lui fait subir
des perturbations de son environnement extérieur, comme le choc de demande étrangère.
Les effets de ce choc sont plus prononcés car les exportations marocaines sont
concentrées sur l’Union Européenne.

En retenant ces spécificités, nous développons un modèle SVARX afin d’analyser les
effets des chocs monétaires et de taux de change au Maroc. La fonction de réaction de
la Banque centrale y est spécifiée en imposant des restrictions d’identification de court
terme. Nous estimons un modèle de type AB introduit par Amisano et Giannini (1997).

A notre connaissance, il n’existe pas de travaux empiriques examinant l’effet des chocs
de politique monétaire et de taux de change sur l’économie marocaine au moyen d’une
approche SVARX qui retient les contraintes externes imposées à cette politique. Cette
étude vise à combler en partie ce vide. Le reste de ce travail se structure de la manière
suivante : la première section expose une brève revue de littérature, la seconde présente
les données et le modèle SVARX estimé. La troisième section expose et commente les
résultats obtenus.

1. Brève revue de littérature

La question théorique et empirique fondamentale de l’économie monétaire s’articule


autour de la compréhension des effets réels de la monnaie, de la politique monétaire et

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du taux de change. Dans cette veine, les économistes se sont particulièrement intéressés
à l’examen de la validité des intuitions théoriques et à l’analyse de l’impact réel des
chocs monétaires au cours des cycles économiques. La littérature économique parvient
à un consensus voulant que la politique monétaire exerce des incidences réelles à court
terme alors qu’elle est neutre à long terme. L’impact palpable à court terme de celle-ci
peut s’expliquer par deux types d’imperfections. Le premier est lié à la rigidité, à
l’ajustement lent et à la coordination des prix suite aux modifications de la politique
monétaire (Rotemberg, 1982 ; Calvo, 1983 ; Blanchard et Kiyotaki, 1987). Le second
type concerne l’information incomplète sur laquelle s’appuient les décisions des agents
privés. Dans cette veine, Phelps (1970) et Lucas (1972) ont montré que les effets réels
de la politique monétaire peuvent découler d’une information imparfaite sur les prix
dans différents marchés. A long terme, ces effets disparaissent car les agents privés
disposent de l’information nécessaire. Toutefois, la nouvelle macroéconomie ouverte
reconnait que la politique monétaire peut avoir des incidences réelles même à long
terme. Cette intuition théorique est largement confortée par les turbulences financières
de 2007 déclenchées à l’origine par une politique monétaire américaine expansionniste
pendant une longue durée.
Par ailleurs, avec l’internationalisation croissante des économies et l’adoption des
régimes de change plus flexibles, le taux de change s’est vu attribué un rôle important
dans les modèles macroéconomiques à économie ouverte (Obstfeld et Rogoff, 1995).
En effet, les fluctuations du taux de change ont des répercussions importantes sur les
performances économiques et impliquent un coût économique important pour la société.
C’est essentiellement la spécialisation dans les exportations et leur concentration en
termes de produits et de marchés, la dépendance vis-à-vis des importations et
l’endettement extérieur important qui expliquent l’effet des fluctuations du taux de
change sur les performances économiques. Une variation importante du taux de change
peut, par exemple, être source de pressions inflationnistes, de perte de compétitivité,
d’aggravation de l’endettement extérieur, de fuite des capitaux, de déséquilibres de la
balance des paiements,…..etc. Par ailleurs, vu que la stabilité des prix est l’objectif final
de la banque centrale, la compréhension de la répercussion des variations du taux de
change sur la dynamique des prix domestiques est d’un grand intérêt pour le décideur

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de politique monétaire. Elle permettrait d’anticiper l’évolution de l’inflation et de mieux
définir les réactions des autorités monétaires.
Connaître donc le rôle de la politique monétaire et du taux de change dans les
fluctuations économiques est déterminant pour une conduite efficace des politiques
monétaire et de change. Ceci a donné naissance à une littérature empirique foisonnante
aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Depuis
les travaux pionniers de Bernanke et Blinder (1992) et Sims (1992), la méthodologie
VAR a été largement utilisée dans la littérature empirique pour analyser les effets des
chocs monétaires et de taux de change. Parmi cette littérature, nous recensons les travaux
de Sims (1992), Eichenbaum (1992) et Taylor (1995), Peersman et Smets (2001),
McCarthy et Peach (2002), Smets et Wouters (2002) et Angeloni et al. (2003). Ceux-ci
se réfèrent tantôt aux agrégats monétaires tantôt aux taux d’intérêt de court terme pour
représenter la politique monétaire. Ils concluent qu’un choc monétaire positif entraine
une baisse transitoire de la production. L’effet sur les prix est paradoxal aux intuitions
théoriques (price puzzle) dans Sims (1992) et Eichenbaum (1992), alors qu’il se traduit
par une baisse plus persistante des prix dans les autres travaux. L’incidence des chocs
monétaires dans l’ensemble de ces études est véhiculée essentiellement par la courroie
du taux d’intérêt.
En se basant sur la présence de l’asymétrie de l’information, les travaux comme ceux de
Bernanke et Blinder (1992), Kashyap et al. (1993), Bernanke et Gertler (1995), Oliner
et Rudebusch (1995), Suzuki (2003), Al-Mashat (2003), Holtemöller (2004), Hülsewig
et al., (2006), Calza et al., (2006), Disyatat et Vongsinsirikul (2003), Aleem (2010),
Pagan et Catão (2010), Mello et Pisu (2010) ont dévoilé un effet réel des chocs
monétaires qui passe par l’offre de crédit bancaire. Une autre ligne de recherche
confirme l’effet réel des chocs monétaires qui transite par les canaux des prix des actifs
financiers3 et des actifs immobiliers4.
Les chocs monétaires sont aussi sensés affecter l’économie via le taux de change. Dans
cette veine les résultats des travaux de Sims (1992), Eichenbaum et Evans (1995),

3
Voir entre autres Thorbecke, 1997 ; Lastrapes, 1998 ; Bernanke et Kuttner, 2005 ; Neri, 2004 ;
Bjornland et Leteimo, 2009 ; Sousa, 2010
4
Voir aussi Iacoviello, 2000 ; Ahearne et al., 2005; Elbourne, 2008; Carstensen et al., 2009;
Sousa, 2010; Iacoviello et Neri, 2010.

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Cushman et Zha (1997), Kim et Roubini (2000), Mojon et Peersman (2003), Disyatat et
Vongsinsirikul (2003), Al-Mashat et Billmeier (2007), Bjørnland (2008) montrent
qu’une politique monétaire restrictive se solde par une appréciation du taux de change.
Finalement, une autre ligne de littérature empirique s’intéresse au pass through du taux
de change sur les prix domestiques. Cette transmission s’effectue via le segment des
biens échangeables dans l’indice des prix à la consommation qui se répercute, en
dernière analyse, sur l’inflation. Cependant, il convient de noter que l’effet du taux de
change sur les prix domestiques via les prix des importations n’intervient que si les prix
de celles-ci sont fixés en monnaie de l’exportateur (Producer Currency Pricing).
Plusieurs travaux se sont intéressés à l’étude du pass through du taux de change en
raison de son importance capitale en termes de conduite de politique monétaire. Ceux-
ci soulignent une répercussion importante des variations du taux de change sur les prix
domestiques. Cependant, la tendance récente des résultats empiriques pointe vers un
pass through décroissant (Goldfajn et Werlang, 2000 ; Campa et Goldberg, 2005 ;
Burstein et al., 2007; Mihaljek et Klau, 2008; 2010; Ben Cheikh et Rault, 2015) en raison
des ancrages nominaux solides adoptés par les banques centrales, qui ont créé un
environnement de faible inflation (Taylor, 2000; Frankel et al., 2005).
A la lumière de cette brève revue de littérature, il nous semble judicieux de mieux
quantifier les répercussions réelles des chocs monétaires et de taux de change sur
l’économie marocaine. Cette question s’avère être purement d’ordre empirique dans
chaque contexte en raison de l’impossibilité d’inférer des conclusions claires de la
littérature théorique et empirique. Une évaluation plus précise des effets de ces chocs
permettrait d’éclaircir la prise de décision en matière de politique monétaire et de
change. Les données et la méthodologie empirique du travail seront présentées la section
suivante.

2. Données et méthode d’estimation

Le Maroc est une petite économie ouverte à régime de change fixe par rapport à un
panier dont la composition est fixée actuellement à 60% et à 40% respectivement pour
l’euro et le dollar. Ces pondérations sont censées refléter la structure du commerce
extérieur et l’ancrage de l’économie nationale à la zone euro. Le Maroc préserve, de ce
fait, des spécificités économiques différentes de celles des pays développés qu’il fallait

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prendre en considération dans la modélisation. De ce point de vue, nous pensons que la
politique monétaire nationale est contrainte par les politiques monétaires étrangères
notamment celle de la Banque Centrale Européenne et de la Réserve Fédérale
Américaine. Par conséquent, BAM, lors de l’implémentation de sa politique, devrait
tenir compte aussi bien des variables domestiques qu’étrangères. Car la considération
de ces dernières permet d’améliorer la compréhension de la transmission des effets de
la politique monétaire national (Ouchchikh, 2017). Par ailleurs, le Maroc dispose d’un
système financier en développement et d’une dette dont 68.8% est libellé en euro et
18.9% en dollar en 2014. Ainsi, lorsque le taux de change fluctue librement, le risque
de défaut serait exacerbé. Similairement, le commerce extérieur, les transferts des
marocains résidants à l’étranger, les recettes touristiques et les investissements directs
étrangers sont essentiellement en euro et en dollar. En conséquence, les fluctuations du
taux de change pourraient affecter considérablement ces sources de devise pour
l’économie nationale.

Etant donné les contraintes externes imposées à la politique monétaire nationale, nous
supposons que le comportement de l’économie pourrait être décrit par le modèle VAR
structurel suivant : Yt  A( L )Yt 1  B( L ) X t  C* Dt   t (1)

Avec Yt est le vecteur des variables endogènes et Xt est le vecteur des variables exogènes.
𝜀𝑡 est le vecteur des chocs structurels, Dt regroupe les termes déterministes à savoir la
constante et la tendance dans notre cas.

Nous nous somme inspiré des travaux de Kim et Roubini (2000) et Elbourne et Haan
(2006). Suivant ces auteurs, le vecteur des variables endogènes inclut le 𝑃𝐼𝐵 réel
(𝑃𝐼𝐵𝑅 ), l’indice des prix à la consommation (IPC), l’agrégat monétaire M2 en termes
réel, le taux de change nominal effectif (TCNE) et le taux du marché monétaire (TMM) :

𝑌𝑡′ = [𝑃𝐼𝐵𝑅𝑡 , 𝐼𝑃𝐶𝑡 , 𝑀2𝑡 , 𝑇𝐶𝑁𝐸𝑡 , 𝑇𝑀𝑀𝑡 ]′

L’introduction du 𝑃𝐼𝐵 réel va nous permettre d’apprécier la contribution des chocs


monétaires et de taux de change à la variabilité de l’activité économique. Le choix de
l’indice des prix à la consommation peut s’expliquer par le fait que ce dernier est une
variable macroéconomique clef mesurant la stabilité économique. Leur introduction
servirait à apprécier la contribution des chocs monétaires et du taux de change aux

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fluctuations des prix au Maroc. Les variables 𝑃𝐼𝐵𝑅 et l’IPC représentent l’activité
économique domestique et caractérisent le marché des biens. Elles sont aussi
considérées comme des objectifs finaux de la politique monétaire.

L’agrégat monétaire M2 est introduit pour capturer le rôle de la monnaie dans la mise
en place de la stratégie de politique monétaire, car il constitue la variable d’ancrage
intermédiaire de celle-ci. Pratiquement, il va nous permettre d’isoler les chocs de
demande de monnaie de ceux de l’offre de monnaie. Le taux de change nominal effectif
est retenu dans nos estimations pour saisir son rôle dans la transmission de la politique
monétaire et pour évaluer les effets des chocs de taux de change sur la production réelle
et les prix. Le choix du taux de change effectif, au lieu du taux de change bilatéral,
permettrait de capter l’ensemble des effets réels transitant par le commerce extérieur.
Finalement, le TMM est retenu pour mesurer l’orientation de la politique monétaire. Par
ailleurs, cette variable générerait à partir de l’équation correspondante du modèle SVAR
un choc politique monétaire dont nous allons apprécier les effets réels sur la production
et les prix.

Toutefois, et contrairement à Kim et Roubini (2000) et Elbourne et Haan (2006), nous


n’avons pas inclut le prix mondial du pétrole étant donné que le prix de cette matière est
lissé par les autorités marocaines au cours de la période considérée par cette étude. Par
conséquent, ses fluctuations n’affecteraient pas de manière significative les prix
domestiques via la courroie des couts de production. En contrepartie, nous pensons que
le Maroc subit des chocs de demande externes provenant essentiellement de la zone
Euro, qu’est sa principale partenaire commerciale. Ainsi, pour contrôler l’impact des
fluctuations de la demande étrangère sur l’économie Marocaine, nous introduisons dans
notre modèle l’indice de la production industrielle de la zone euro IPIZE.

Par ailleurs, nos estimations retiennent le taux d’intérêt Euribor à trois mois afin de
capturer l’impact de la politique monétaire étrangère sur la politique monétaire
nationale. Car en plus du contrôle du taux de change ciblé, la politique monétaire
marocaine se focalise aussi sur les mouvements du taux d’intérêt du pays ancre. Et vue
le poids important de l’euro dans le panier de devises d’ancrage du Dirham et la structure
de nos échanges commerciaux, il nous semble judicieux de retenir le taux d’intérêt de
court terme de la zone euro pour représenter la politique monétaire externe.

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Ces variables sont considérées comme exogènes et seront inclus dans le vecteur :

𝑋𝑡′ = [𝐼𝑃𝐼𝑍𝐸𝑡 , 𝐸𝑢𝑟𝑖𝑏𝑜𝑟𝑡 ]′ .

En effet, dans plusieurs études empiriques telles que Cushman et Zha, (1997), Amisano
et al. (1997), Kim et Roubini (2000), Dungey et Pagan (2000), Elbourne (2008),
Bjørnland et Jacobsen (2010) et Afrin (2017), les variables externes sont introduites
comme étant endogènes et de manière à être affectées avec retard par les variables
domestiques. Toutefois, pour beaucoup de pays comme le Maroc, qui est une petite
économie ouverte, les variables domestiques n’ont aucun effet sur les variables externes,
ce qui rendrait les modèles VAR estimés de cette manière mal spécifiés. Ainsi, en
introduisant les variables externes dans le vecteur des variables exogènes, nous
supposons que ces dernières ont un effet sur les variables endogènes sans qu’elles soient
affectées par ces dernières. La fonction de réaction de la Banque centrale inclut donc à
la fois les variables domestiques et externes. De ce point de vue, nous estimons qu’un
modèle SVARX est appropriée pour étudier l’impact des chocs monétaires et de taux de
change sur l’économie marocaine. La représentation SVARX permet de tenir compte de
la simultanéité d’une part, entre les variables réelles et les variables monétaires et d’autre
part, entre les variables endogènes et les variables exogènes. En outre, elle permet
d’estimer moins de paramètres et, par conséquent, dégage un degré de liberté élevé.

Les données utilisées proviennent de la base de données du Fonds Monétaire


International et des sites officiels de Bank Al-Maghrib et de la Banque Centrale
Européenne. Elles sont en fréquence trimestrielle et s’étalent sur une période allant de
1998Q1 à 2015Q4. A l’exception des taux d’intérêt, toutes les variables sont exprimées
en logarithme. Par ailleurs, les variables 𝐼𝑃𝐶, M2, IPIZE sont ajustées des variations
saisonnières à l’aide du programme TRAMO et SEATS5.

Pour examiner l’ordre d’intégration des variables, nous avons entrepris le test de racine
unitaire ADF ‘Augmented Dickey Fuller’ (tableau 1). Les résultats de ce dernier ne
rejettent pas l’hypothèse nulle de présence de racine unitaire pour l’ensemble des

5
TRAMO (Time Series Regression with Autoregressive Moving Average (ARIMA) Noise,
Missing Observations, and Outliers) et SEATS (Signal Extraction in ARIMA Time Series).

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variables en niveau alors qu’elle est rejetée en première différence. Toutes les variables
sont donc intégrées d’ordre 1.
Tableau 1 : Résultats du test ADF
Variables Test Ordre d’intégration
PIBR -3.284914 (ct) (1)
∆PIBR -13.20872* (c) (0) I(1)
IPC -2.306736 (ct) (0)
∆IPC -9.054344* (c) (0) I(1)
M2 -2.777852 (c) (0)
∆M2 -8.553784* (c) (0) I(1)
TCEN -2.506581 (c) (1)
∆TCEN -5.935197* (0) I(1)
TMM -2.595053 (c) (0)
∆TMM -8.393909* (0) I(1)
Δ indique la différence première de chaque série. L’hypothèse nulle stipule que la série en question
dispose d’une racine unitaire. * signale le rejet de l’hypothèse nulle au seuil de signification de 1%. Le
chiffre entre () indique le retard optimal sélectionné à l’aide du critère SIC. Le retard maximal est fixé
à 4, (ct) indique le modèle avec constante et tendance, (c) désigne le modèle avec constante et finalement
si rien n’est indiqué, le modèle est sans tendance ni constante. Il est à noter aussi que les variables
exogènes (IPIZE et EURIBOR) sont I(1).

Ensuite, vu que ces séries sont stationnaires en première différence, se pose alors la
question de leurs propriétés de cointégration. A cet effet, le test de cointégration de
Johansen est mené sur le système de variables. Le tableau 2 récapitule les résultats au
seuil de 5% des tests de la trace et de la valeur propre maximale. Ces derniers indiquent
qu’il existe deux relations de cointégration entre les variables.

Tableau 2 : Sélection du nombre de retards selon les différents critères d’information


Nombre de LR FPE AIC SC HQ
retards
0 NA 1.09e-12 -13.35698 -13.19888 -13.29404
1 816.0571 9.32e-18 -25.02703 -24.07842* -24.64939*
2 41.54946 9.54e-18 -25.01373 -23.27461 -24.32138
3 35.37047 1.04e-17 -24.95090 -22.42127 -23.94385
4 44.79207* 9.11e-18* -25.13473* -21.81459 -23.81297
5 22.12983 1.23e-17 -24.92137 -20.81072 -23.28491
Les critères sont LR : sequential modified LR test statistic; FPE: Final Prediction Error; AIC: Akaike
Information Criterion; SC: Schwarz Information Criterion; HQ: Hannan-Quinn information criterion.
* Indique le retard optimal sélectionné par chaque critère.

12 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 3 : Nombre de relations de cointégration
Nombre de Valeur Test de la trace Test de la valeur propre
relations de propre maximale
cointégration Statistique Valeur critique Statistique Valeur critique à
à 5% 5%
Aucune 0.640938 136.4887 69.81889 73.74681 33.87687
Au plus 1 0.426327 62.74190 47.85613 40.01008 27.58434
Au plus 2* 0.181392 22.73182 29.79707 14.41080 21.13162
Au plus 3 0.084762 8.321019 15.49471 6.377111 14.26460
Au plus 4 0.026638 1.943908 3.841466 1.943908 3.841466

En définitive, la caractérisation des propriétés statistiques des séries montre qu’elles sont
intégrées d’ordre 1 et cointégrées, ce qui nous conduit, similairement à Sims (1992) ;
Cushman et Zha (1997), Amisano et al. (1997), Bernanke et Mihov (1998), Kim et
Roubini (2000), Dungey et Pagan (2000) Elbourne (2008), Ouchchikh (2014, 2017) à
appuyer notre analyse des effets des chocs monétaires et de taux de change sur un
modèle SVAR-X estimés en niveau. Ce choix est motivé par trois raisons majeurs.
D’abord, la méthode des moindres carrés ordinaires fournit encore une estimation
consistante des paramètres du modèle bien que les variables sont I(1) (Hamilton 1994,
p.652). Ensuite, vu que l’objet des modèles SVAR est d’analyser les co-mouvements
présents dans les données, la différentiation des données en vue leur stationnarisation
pourrait enlever une information pertinente présente dans les données. Enfin, parce ce
que ce qui importe pour la robustesse des résultats du modèle SVAR est la stationnarité
du système de variables (Lütkepohl, 2005). De ce fait, nous procéderons, à la suite des
estimations aux tests de stabilité pour vérifier la solidité des résultats.
Le point de départ d’une analyse structurelle est la forme réduite du modèle SVAR.
D’après Breitung et al. (2004), les résidus de la forme réduite sont liés à ceux de la forme
structurelle ainsi : A t  B t ou t  A1B t (2)
Ce qui implique les restrictions suivantes :
 u
 A1BB' A1 ' (3)

Si on pose n le nombre de variables du modèle, nous avons n(n + 1) paramètres à


estimer, tandis qu’il n’y a que (n + 1)/2 dans  . L’identification du modèle structurel
nécessite alors l’imposition de (n + 1)/2 restrictions supplémentaires sur la matrice A.
La normalisation de la diagonale de A à l’unité fournit n(n -1) restrictions, ce qui laisse
n(n - 1)/2 paramètres de la matrice A à estimer. Dans notre cas, nous avons n = 5, il faut

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 13


donc imposer n(n - 1)/2 = 10 restrictions sur les corrélations contemporaines afin de
pouvoir identifier les cinq chocs structurels. En outre, la matrice B est diagonale.

Pour identifier les chocs structurels, nous poursuivons le schéma d’identification ci-
dessous :

A t  B t

0   
AS
1 0 0 0 0  uY  b11 0 0 0
a  AD 
 21 1 0 0 0  u IPC  0 b11 0 0 0   
a 31 a 32 1 0 a 35  u M   0 0 b11 0 0    DM 
(4)
     
a 41 a 42 a 43 1 a 42  uTCEN  0 0 0 b11 0   TCEN 
0  
 0 a 53 a 54 1  uTI  0 0 0 0 b11   PM 
 

Un préalable nécessaire avant l’examen des relations entre les sept variables au moyen
d’une analyse impulsionnelle, consiste à spécifier le schéma d’identification des chocs
structurels. En vue de cela, nous adoptons la méthode de factorisation non-récursive
introduite par Bernanke (1986), Blanchard et Watson (1986) et Sims (1986). Les chocs
structurels seront ainsi identifiés à l’aide des restrictions de court terme en raison de leur
pertinence à identifier les chocs (Christiano et al., 2005).

Nous avons imposé 10 restrictions d’exclusion, ce qui permet la just-identification du

modèle. Le comportement des variables endogènes est expliqué par cinq chocs
structurels à savoir le choc d’offre agrégée (ɛAS), le choc de demande agrégée (ɛAD), le
choc de demande de monnaie (ɛMD), le choc du taux de change (ɛTCEN) et le choc de
politique monétaire (ɛPM).

Les deux premières lignes de la matrice A synthétisent les conditions d’équilibre sur le
marché des biens. En opérant une distinction entre les variables réelles (production et
prix) et les variables monétaires (masse monétaire, taux de change, taux d’intérêt), les
zéros de ces deux lignes montrent la présence d’un ajustement lent des variables réelles
aux variables monétaires. Autrement dit, la sphère réelle n’est affectée qu’avec un
décalage d’une période par les chocs des variables monétaires6. La troisième ligne

6
Cette hypothèse, proposée par Bernanke et Mihov (1995), est largement admise dans la
littérature empirique. Le modèle d’équilibre général dynamique et stochastique (DSGE) de

14 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


indique la demande de monnaie de court terme qui dépend de façon contemporaine de
la production, des prix et du taux d’intérêt. La quatrième ligne suppose que le taux de
change réagit immédiatement aux différents chocs sur les variables du modèle, étant
donné qu’il est une variable financière qui intègre l’ensemble de l’information
disponible. La cinquième ligne montre une fonction de réaction de la Banque centrale
où celle-ci réagit immédiatement à la masse monétaire et au taux de change. Ceci est
conforme avec le cadre opérationnel de la politique monétaire nationale dans le sens où
l’évolution de ces deux variables fait l’objet d’un suivi étroit de la part des autorités
monétaires. Ainsi, l’absence de la production dans la fonction de réaction de BAM peut
se justifier par les délais d’information et de transmission, qui sont longs, et aussi par le
cadre institutionnel de la politique monétaire marocaine.

S’agissant du nombre de retards à inclure dans le modèle, les critères d’information LR,
FPE, AIC, SC et HQ sélectionnent 1 et 4 (tableau 2 en annexe). Toutefois, étant donné
le nombre d’observation qui est relativement petit (72 observations) et dans le souci de
préserver un système stable et exempt d’autocorrélation, nous avons opté pour un
décalage de 3. Par ailleurs, avant d’entamer notre analyse au moyen des fonctions de
réponse et des décompositions de variances, nous procédons aux tests de solidité du
modèle estimé. Dans cette veine, plusieurs statistiques de tests ont été calculées afin
d’apprécier la qualité de l’estimation multivariée. Pour le diagnostic des résidus, le
tableau 4 résume les résultats des tests d’autocorrélation des résidus de Breusch Godfrey
(LM(h)), de normalité de Jarque-Bera (JB(k)), de l’hétéroscédasticité univariée (ARCH-
LM(q)) et multivariée (MARCH-LM(q)).

Tableau 4 : Tests de diagnostic des résidus


Tests LM(1) LM(3) MARCH-LM(1)
Tests statistiques 33.15712 20.55418 714.7489
p-value (χ (2)) 0.1272 0.7172 0.1402
u1 u2 u3 u4 u5
ARCH-LM(3) 2.9586 3.7495 1.8976 1.0861 7.1095
p-value (χ (2)) 0.3981 0.2898 0.5939 0.7804 0.0685
Test de normalité 10.5016 1.8129 4.1853 2.2297 4.7313
JB
p-values 0.0052 0.4039 0.1234 0.3280 0.1000

Sims et Zha (2006) considère les inerties de la production et des prix de ce type. D’ailleurs, les
rigidités nominales sont habituelles dans les modèles DSGE.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 15


LM(h): Test de Breusch Godfrey de l’autocorrélation des résidus; JB:Test de normalité de Jarque-Bera;
ARCH-LM(q): Test de l’hétéroscédasticité univariée; MARCH-LM(q): Test de l’hétéroscédasticité
multivariée.

Globalement, ces tests ne montrent aucun signe de mauvaise spécification du modèle. Il


est également question de voir si le modèle estimé est stable, surtout en présence des
variables non stationnaires. La figure 1 ci-dessous illustre les tests de stabilité du modèle
SVAR-X. Nous constatons que tous les inverses des racines du polynôme caractéristique
autorégressif exhibent des modules inférieurs à un et se situent à l’intérieur du cercle
unité. De sa part, le test de Chow montre que toutes les p-values sont supérieures à 5%.
Par conséquent, ces tests ne montrent aucun signe d’instabilité.

Figure 1 : Tests de stabilité du modèle


Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial
1.5

1.0

0.5

0.0

-0.5

-1.0

-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

De plus, la figure 2 révèle que fonctions de réponse, convergent vers leur niveau
d’équilibre de long terme et, par conséquent, aucune trajectoire explosive pour les
variables.

A l’issue de ces tests, nous concluons que le modèle estimé est une représentation
convenable aux données utilisées.

3. Analyse des résultats

Le modèle est estimé par la méthode du maximum de vraisemblance en utilisant


l’algorithme d’Amisano et Giannini (1997). Pour chaque point estimateur, des
intervalles de confiance au seuil de signification de 95%, basés sur la procédure du
bootstrap de Hall, sont calculés. Avec un nombre de réplications fixé à 500, ces
intervalles identifient l’incertitude associée aux points estimateurs. Cette analyse sera
menée au moyen des fonctions de réponses et des décompositions de variances. La

16 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


méthode des fonctions d’impulsion permet d’évaluer l’effet du choc d’une variable du
système à une période t sur l’ensemble des variables sur un horizon t + s. La
décomposition de la variance permet d’évaluer l’importance relative de chaque choc
dans l’explication de la variance de chaque variable.

3.1. Fonctions de réponse

La figure 2 présente les résultats qui sont encadrés par un intervalle de confiance
équivalent à 5% (courbes en pointillés) et s’étalant sur un horizon temporel de six ans.
Chaque colonne correspond aux effets d’un choc sur les différentes variables, alors que
chaque ligne traduit les effets des différents chocs sur une même variable. Les colonnes
4 et 5 retiendront plus particulièrement notre attention du fait qu’elles permettent
d’étudier les effets des chocs monétaires et de taux de change sur l’économie nationale.

3.1.1. Impact du choc monétaire

Nous étudierons ici l’impact d’un choc monétaire restrictif, approximativement, de


l’ordre de 24 points de base sur l’ensemble des variables endogènes (cinquième colonne
de la figure 2 ci-après). Nous soulignions, tout d’abord, que toutes les réactions à un
resserrement de la politique monétaire sont en ligne avec les prédictions de la théorie
économique. En effet, la production réelle affiche une réaction à la baisse pour atteindre
un minimum significatif de -0.45% au premier trimestre, avant d’amorcer une
convergence rapide vers son niveau d’équilibre de long terme. Cette réaction cadre avec
l’hypothèse de la neutralité de la politique monétaire à long terme.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 17


Figure 2 : Fonctions de réponse

S’agissant des prix, ils montrent une baisse durable mais qui n’est pas significative qu’à
partir du septième trimestre. Ils atteignent le pic au huitième trimestre avec -0.07%,
avant de converger lentement vers leur niveau antérieur. Cette réponse est cohérente
avec celle décrite dans le cadre IS-LM/ monétariste, c’est-à-dire une chute significative
et persistante du niveau des prix. Ainsi, la politique monétaire peut contrôler le niveau
des prix par l’intermédiaire du canal du taux d’intérêt. Tout au plus, nous remarquons
un effet de liquidité significatif, c’est-à-dire une baisse de l’agrégat monétaire suite à un
choc de politique monétaire. Le point d’impact maximal frôle 0.83% au cinquième
trimestre. En continuant l’analyse de l’effet du choc monétaire, nous soulignons une
appréciation intuitive du taux de change. Toutefois, celle-ci n’est significative qu’à
partir du neuvième trimestre et atteint un pic de 0.08% au dixième trimestre avant de
gagner lentement son niveau d’équilibre.

3.1.2. Impact du choc de taux de change

La colonne 4 de la figure 2 permet de mettre en évidence l’impact d’une appréciation


inattendue du taux de change de l’ordre de +0,52%. Nous remarquons d’abord une

18 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


réaction insignifiante du PIB réel suite à une appréciation du taux de change. En
revanche, les prix enregistrent une réaction négative conforme aux attentes. Celle-ci est
significative pendant le troisième et le quatrième trimestre. L’impact maximal est de -
0.11% et intervient au troisième trimestre ; avec un impact cumulé significatif de -0.26%
atteint le sixième trimestre. Cette sensibilité des prix aux variations du taux de change
indique la présence d’un pass through significatif du taux de change sur les prix
domestiques, qui peut s’expliquer par l’ouverture de l’économie nationale et par sa
dépendance des importations. Ce résultat révèle que la politique monétaire peut affecter
de manière indirecte l’économie via la courroie du taux de change. Néanmoins, ce pass
through est faible en raison peut être de la crédibilité de la politique monétaire et d’une
faible inflation au cours de la période étudiée. Ce résultat est un argument en faveur de
la poursuite d’une politique de flexibilité graduelle du taux de change du fait qu’elle ne
compromis pas l’objectif de stabilité des prix assigné à BAM.
A propos de la réaction de l’agrégat 𝑀2, il affiche une contraction intuitive qui est
significative au cours du deux premier trimestres. Un pic à -0.46% est atteint au
troisième trimestre puis converge lentement vers son niveau antérieur. Finalement,
l’appréciation du taux de change engendre une hausse significative et immédiate du taux
d’intérêt. L’impact maximal de cette réaction (+0.11%) se manifeste immédiatement,
puis cesse d’être significatif à partir du troisième trimestre. Cette réponse contre-
intuitive n’est pas surprenante dans le cadre d’un régime de taux de change fixe, étant
donné que la hausse du taux d’intérêt suit souvent l’appréciation du taux de change afin
de stériliser l’effet expansif des interventions de la Banque centrale sur le marché des
changes.

3.2. Décomposition de variance

L’identification des chocs est l’un des problèmes délicats qui se pose pour les modèles
VAR. La décomposition de variance permet de le résoudre en identifiant au sein des
variations des variables endogènes les parts respectives des chocs affectant le modèle
VAR sur différents horizons. Autrement dit, elle indique l’importance relative de chacun
des chocs subis par les variables du système.

Les résultats des décompositions de variances sont présentés dans le tableau 5 ci-après
à un horizon de six ans. Ils montrent que le choc d’offre joue un rôle dominant dans

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 19


l’explication de la variance du PIB réel avec une part de 69% au bout de six ans. Le choc
monétaire constitue la deuxième source des fluctuations de la production suivie par le
choc de demande de monnaie avec des contributions respectives de 14% et 11% de la
variance après six ans. La part des chocs de taux de change et de demande agrégée est
négligeable.

Tableau 5 : Décomposition de la variance


Décomposition de la variance de
Décomposition de la variance du PIBR
l’IPC
Horizon ε AS
εAD
εDM
εTCEN
ε PM
εAS
εAD
εDM εTCEN εPM
1 1.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.04 0.96 0.00 0.00 0.00
6 0.79 0.03 0.06 0.03 0.09 0.09 0.72 0.08 0.07 0.04
12 0.76 0.03 0.08 0.03 0.10 0.10 0.63 0.13 0.07 0.07
18 0.72 0.03 0.10 0.03 0.12 0.10 0.57 0.16 0.06 0.12
24 0.69 0.03 0.11 0.03 0.14 0.09 0.54 0.17 0.06 0.15
Décomposition de la variance du
Décomposition de la variance de M2
TCEN
Horizon εAS εAD εDM εTCEN εPM εAS εAD εDM εTCEN εPM
1 0.03 0.36 0.56 0.01 0.04 0.11 0.16 0.01 0.62 0.11
6 0.09 0.17 0.38 0.06 0.30 0.18 0.24 0.06 0.44 0.07
12 0.05 0.12 0.38 0.04 0.40 0.18 0.23 0.08 0.43 0.08
18 0.05 0.10 0.36 0.04 0.45 0.17 0.23 0.09 0.41 0.10
24 0.04 0.09 0.35 0.04 0.47 0.17 0.22 0.09 0.40 0.12
Décomposition de la variance du TMM
Horizon εAS εAD εDM εTCEN εPM
1 0.02 0.01 0.03 0.15 0.80
6 0.11 0.01 0.07 0.09 0.73
12 0.16 0.03 0.07 0.08 0.66
18 0.17 0.04 0.08 0.08 0.63
24 0.17 0.04 0.10 0.08 0.62
En ce qui concerne la décomposition de variance des prix, nous soulignons un impact
dominant du choc de demande. Sa contribution relative est de 54% après six ans suivie
par les chocs de demande de monnaie et de politique monétaire, avec des parts
respectives de l’ordre de 17% et 15% au bout de six ans. Le choc d’offre vient en
quatrième position, avec une part maximale de 10% après trois ans alors que le choc de
taux de change représente seulement 7% au sixième trimestre.

La décomposition de la variance de l’agrégat M2 révèle le rôle prédominant des chocs


de demande de monnaie, de politique monétaire et de demande agrégée. Entre le premier
et le vingt-quatrième trimestre, la contribution du choc de demande de monnaie a baissé

20 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


de 56% à 35%, celle du choc de politique monétaire a augmenté de 4% à 47% alors que
celle du choc d’offre agrégée a baissé de 36% à 9%. Les contributions des chocs d’offre
agrégée et du taux de change sont insignifiantes.

Par ailleurs, nous relevons que la variance du taux de change est essentiellement
attribuée à ces propres chocs qui représentent 40% de la variance totale après six ans.
Le choc de demande agrégée vient en deuxième lieu avec une contribution maximale de
24% le sixième trimestre. Le choc d’offre agrégée constitue la troisième source de
fluctuations du taux de change en expliquant 18% de sa variance après six trimestres.
Les chocs monétaires et de demande de monnaie représentent respectivement 12% et
9% de la variance du taux de change après six ans.

Finalement, le choc de politique monétaire est la principale source de fluctuations du


taux d’intérêt, avec une part qui varie entre 80% le premier trimestre et 62% après six
ans. Le choc d’offre explique 17% de la variance au bout de quatre ans. Il vient en
troisième position le choc de taux de change avec une part de 15% dès le premier
trimestre. Le choc de demande de monnaie a une contribution maximale de l’ordre de
10% contre seulement 4% pour le choc de demande agrégée après six ans.

Si nous considérons les variables monétaires comme étant des instruments d’absorption
des chocs réels (chocs d’offre et de demande agrégés), nous pouvons identifier leur
capacité relative à répondre à ces chocs. Nous soulignions à première vue le rôle
important de la demande de monnaie dans l’amortissement des chocs de demande
agrégée (36% de la variance au premier trimestre). Par ailleurs, nous mentionnons que
le taux de change vient en deuxième position en ce qui concerne l’amortissement des
chocs de demande agrégée, car ces derniers expliquent 24% de la variance du taux de
change après six trimestres. Finalement, nous relevons une capacité d’absorption non
négligeable des chocs d’offre par le taux de change et le taux de d’intérêt, car en effet,
le choc d’offre agrégée explique 18% de la variance du taux de change au sixième
trimestre et 17% de la variance du taux d’intérêt après cinq ans.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 21


Conclusion
Dans cette étude, nous avons analysé l’impact des chocs monétaires et de taux de change
sur la production et les prix. En considérant les contraintes externes à la politique
monétaire et les spécificités du régime monétaire national, nous avons estimé un modèle
VARX structurel composé de deux vecteurs l’un pour les variables endogènes et l’autre
pour les variables exogènes. Généralement, les résultats obtenus montrent que la
réaction des variables macroéconomiques cadre avec les intuitions de la théorie
économique et avec les résultats de la littérature empirique7.

En effet, nous relevons que le choc monétaire produit une baisse transitoire du PIB réel
et une chute persistante des prix. Ce dernier résultat montre le rôle actif du canal du taux
d’intérêt dans la transmission des impulsions monétaires. C’est un argument pertinent
pour une éventuelle transition de Bank Al-Maghrib vers une stratégie de ciblage de
l’inflation. Car en effet, le fonctionnement de ce canal permet à la Banque centrale de
comprendre comment, dans quelle ampleur et dans combien de temps le taux d’intérêt
affecte l’inflation. Par ailleurs, nous relevons la présence d’un effet de liquidité
significatif. En même temps, le choc monétaire génère une appréciation significative du
taux de change.

En ce qui concerne l’impact du choc de taux de change, nous enregistrons une réaction
non significative de la production réelle. En revanche, les prix affichent une réponse
négative conforme aux attentes. Celle-ci traduit la présence d’un pass through
significatif du taux de change sur les prix domestiques quoique de faible ampleur, ce qui
plaide pour un effet indirect du taux d’intérêt sur les prix qui passe par le taux de change.
Ce résultat est un argument en faveur de la poursuite de la politique de flexibilisation
graduelle du taux de change du fait qu’elle ne compromis pas l’objectif de stabilité des
prix de BAM. L’appréciation du taux de change provoque également une contraction de
la masse monétaire. Toutefois, en réponse au choc de taux de change, le taux d’intérêt
affiche une hausse contre-intuitive qui est tout à fait concevable dans le cadre d’un
régime de change fixe.

7
Voir Ouchchikh (2014) pour une revue de littérature empirique détaillée.

22 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Les variables financières sont aussi analysées dans une optique d’amortissement des
chocs réels. Les conclusions de l’analyse révèlent un rôle important de la demande de
monnaie et du taux de change dans l’absorption des chocs de demande agrégée, et un
rôle non négligeable du taux de change et du taux d’intérêt dans l’amortissement des
chocs d’offre agrégée.

Au demeurant, si le présent travail arrive à évaluer les effets des chocs monétaires et de
taux de change sur la production et les prix, nous ignorons encore comment s’opèrent
ces effets. Autrement dit, quelles sont les composantes de la demande qui véhiculent les
incidences de ces chocs. Par conséquent, une attention particulière devrait être accordée
aux réactions des composantes de la demande, telles que l’investissement, la
consommation, les importations et les exportations, aux chocs monétaires et de taux de
change dans une éventuelle extension future de ce travail. Enfin, il convient d’évaluer
également l’impact des composantes anticipées de la politique monétaire et du taux de
change, car ce travail s’est intéressé uniquement aux effets des composantes non
anticipées (chocs) de ces deux variables.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 23


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Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

Impact du recrutement et du roulement du personnel sur la


performance financière de l’entreprise : cas des régies de
distribution au Maroc

Kouskous Adil, Université Hassan II, Casablanca, Maroc


Nia Hafida, Université Hassan II, Casablanca, Maroc

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Kouskous, A et Nia, H. « Impact du recrutement et du roulement du personnel sur
la performance financière de l’entreprise : cas des régies de distribution au Maroc»,
Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en
ligne le 28 juin 2018.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 29


Résumé
Cet article a pour but d’étudier la relation entre le recrutement et le roulement du personnel
avec la performance financière des organismes. De type empirique, cette étude utilise des
données provenant de 12 établissements publics faisant partie du secteur énergétique au Maroc
pour une période de douze ans, allant de 2005 à 2016. Les différents travaux théoriques
soutiennent que le recrutement et le roulement dans les organisations agissent sur la
performance des entreprises.
Nos résultats ont pu démontrer que le départ du personnel influence négativement la
performance financière des 12 organismes de l’étude, et que par contre le recrutement est
corrélé positivement à la performance de ces entités.
Mots clés : roulement du personnel, recrutement, performance financière, gestion des
ressources humaines.
Classification JEL: M12, M51
Abstract
This paper aims to study the relationship between recruitment and turnover with the financial
performance of organizations. Empirical, this study uses data from 12 public institutions in the
energy sector for a period of 12 years, ranging from 2005 to 2016. The various theoretical works
argue that recruitment and turnover in organizations affect corporate performance.
Our results were able to show that the departure of the staff negatively influences the financial
performance of the 12 study institutions, and that, on the other hand, recruitment is positively
correlated with the performance of these entities.
Keywords: Turnover, recruitment, financial performance, human resources management.
‫ملخص‬
‫ وتستخدم هذه الدراسة معطيات‬.‫تهدف هذه المقالة إلى دراسة العالقة بين تعيين ورحيل المستخدمين مع األداء المالي للهيئات‬
‫ تؤكد‬.2082 ‫ حتى عام‬2002 ‫ سنة من‬82 ‫ مدة الدراسة هي‬،‫ مؤسسة عمومية تشتغل ضمن قطاع الطاقة بالمغرب‬82
‫ وقد مكنت نتائج دراستنا من‬.‫النظريات الدراسية المختلفة تأثير التوظيف ورحيل المستخدمين على األداء المالي للشركات‬
‫ أظهرت أن تعيين‬،‫ ومن ناحية أخرى‬،‫اثبات أن مغادرة المستخدمين لمؤسسات الدراسة تؤثر سلبًا على أدائها المالي من ناحية‬
.‫مستخدمين جدد من شأنه أن يؤثر باإليجاب على األداء المالي لهاته الهيئات‬
.‫ إدارة الموارد البشرية‬،‫ األداء المالي‬،‫ التوظيف‬،‫ رحيل المستخدمين‬:‫الكلمات المفتاح‬

30 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


1. Introduction

La compétitivité accrue dans la plupart des secteurs de l’économie a forcé les entreprises
à reconsidérer la place du personnel dans leur organisme. Actuellement, la gestion des
ressources humaines (GRH) représente l’outil idéal qui permet à l’organisme de se
démarquer de ses concurrents (E. Becker et al. 1998). Pour augmenter leur performance
et améliorer leur position concurrentielle les entreprises ont l’obligation de changer leurs
méthodes traditionnelles de gestion des ressources humaines en développant de
nouvelles pratiques de GRH utiles et efficaces qui permettront d’attirer et de conserver
dans l’entreprise une main-d’œuvre performante et compétente (Delery et Doty, 1996;
Jackson et al., 1998).

De ce fait, plusieurs études se sont intéressées à la GRH et plusieurs d’entre elles ont
cherché le lien causal entre les pratiques de GRH et la performance des entités.
Conséquemment, un nombre grandissant de chercheurs se sont intéressés à la GRH. Et
différentes études ont cherché à établir une relation entre les pratiques de GRH et la
performance des entreprises. Dans le modèle de contrôle de Arthur (1994) ou le modèle
administratif de Youndt et al. (1996) ou encore le modèle technique de Huselid et al.
(1998), le personnel est considéré comme un coût à minimiser. Par contre, dans d’autres
modèles, le personnel est perçu comme un investissement favorisant la création de
valeur, ce qui pousse à inciter au « développement » du personnel. Ce modèle de GRH
est qualifié de « commitment » (Arthur, 1994), « Human-Capital-Enhancing » (Youndt
et al., 1996) ou « stratégique » (Huselid et al., 1997).

À ce propos, le recrutement est perçu comme un enjeu central pour l’entreprise, c’est un
élément phare de la fonction RH. Il permet d’accroitre l’effectif disponible et permettent
d’envisager un renouvellement des compétences. Il s’est aussi considéré comme un
investissement pour l’entreprise. Par contre le roulement des employés qui est associé
pour certains auteurs (Staw, 1980; Mobley, 1982; Cascio, 1984) aux départs de la main-
d’œuvre est néfaste pour l’entreprise à cause de ces coûts importants.

Dans ce cas, notre problématique de recherche est la suivant : quels sont les effets du
recrutement et du roulement du personnel sur la performance financière des Régie de
Distribution au Maroc ? L’objectif de l’étude est d’analyser l’impact du recrutement et

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 31


du départ du personnel sur la performance financière d’un échantillon d’établissements
publics marocains agissant dans le secteur des énergies. A cet objectif principal, se
greffe un sous objectif celui de voir si l’embauche des cadres ou au contraire le départ
des cadres a un effet sur ladite performance, sachant que, ces dernières années,
l’administration marocaine a connu un resserrement du budget des postes crées contre
des programmes de départs volontaires.

2. Revue de la littérature

Plusieurs théories ont eu un intérêt à l’égard de la gestion des RH. Chaque théorie a
développé des arguments justifiant qu’à chaque fois qu’une pratique de GRH est mise
en place, elle exerce un impact positif sur la performance de l’entreprise (Pfeffer, 1996;
Delery et Doty, 1996). Comme le recrutement et le départ du personnel font partie de
GRH, ces derniers ont un impact sur ladite performance.

2.1. Les approches de la GRH

Selon la théorie des ressources stratégiques, les ressources de l’entreprise (capitaux


financiers, le matériel et le personnel), pour constituer un avantage concurrentiel,
doivent être génératrices de valeur, rares et difficilement imitables ou substituables
(Barney, 1991; Pfeffer, 1996). Dans leurs travaux, Barney et Wright (1998) précisent
que l’entreprise doit avoir la capacité d’organiser ses ressources (y compris le personnel)
et les compétences de façon à avoir un avantage concurrentiel.

Par contre dans une approche financière, les pratiques de la GRH sont reconnues comme
une dimension stratégique de l’entreprise. Ces dernières peuvent être analysées comme
de multiples stratégies assurant une coordination optimale des individus et permettant à
l’entreprise de contrôler son risque d’affaires et d’obtenir le rendement attendu de ses
actifs (Arcimoles, 1995; Lepak et Snell, 1999).

L’approche économique de la GRH s’appuie sur des arguments provenant de la théorie


du capital humain, de la théorie des coûts de transaction et de la théorie d’agence :

 Selon la théorie du capital humain, les connaissances, les habiletés et surtout les
compétences détenues par les individus constituent un moyen privilégié d’accroître

32 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


la valeur du capital humain et, par conséquent, d’augmenter l’efficacité
organisationnelle (Wright et McMahan, 1992; Youndt et al., 1996).
 L’approche économique se réfère aussi à la théorie des coûts de transaction. Selon
Williamson (1981), mettre en place un système administratif pour encadrer les
transactions à l’interne ne garantit pas l’efficience de ces transactions. Il est aussi
essentiel d’examiner les caractéristiques du capital humain nécessaire à la réalisation
des transactions et veiller à façonner la relation d’emploi en conséquence.
 Selon les adeptes de la théorie d’agence (Jensen et Meckling, 1976), les différentes
pratiques de GRH permettent de réduire les risques d’agence.
Certains auteurs, qui ont favorisé l’approche psychologique de la GRH, ont affirmé que
la motivation et la satisfaction des employés sont des facteurs pouvant agir sur leur
comportement et par suite, peuvent avoir une influence sur la productivité et la
rentabilité des entreprises (Schuster et al., 1997; Huselid et al., 1997).

2.2. Le recrutement comme levier de performance des organisations

Le recrutement est une fonction vitale de la GRH pour tout type d'organisation. Il se
rapporte au processus d'attraction et de sélection des candidats pour l'emploi. La qualité
des RH de l'entreprise dépend fortement de l'efficacité de cette fonction. Donc, le
recrutement est considéré comme une opération de croissance et de développement de
la société, c’est aussi un investissement à long terme.

Selon Gamage (2014), il existe une relation positive et significative entre le recrutement
et la performance (sociale, financière…) d'une entreprise. De même, Lee et al. (2010)
ont découvert une association positive entre le recrutement et la performance des
entreprises. Les mêmes résultats, concernant la relation positive entre performance et
recrutement, ont été confirmés par Katou et Budhwar (2006) et Wright et al. (2005).
D'autres études comme celles de Syed et Jama (2012) ont également montré que la mise
en œuvre d'un processus efficace de recrutement est positivement liée au rendement
organisationnel. Par contre, pour Gamage (2014) recruter et sélectionner les mauvais
candidats qui ne sont pas compétents ont un coût négatif énorme que les entreprises ne
peuvent pas se permettre.

De ce faite, notre première hypothèse est la suivante :

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 33


H1 : le recrutement affecte positivement la performance financière des entités.

2.3. Le roulement du personnel et la performance des organisations

Considéré comme une pratique de la GRH, le roulement de la main-d’œuvre est


généralement apparenté aux départs des employés (Larose, 2003). Différentes études
empiriques ont étudié directement ou indirectement l’impact du roulement sur la
performance organisationnelle.

Les coûts liés au roulement du personnel sont les principales conséquences


organisationnelles. À ce titre, plusieurs auteurs se sont intéressés aux différents coûts
directs et indirects découlant du départ d’un employé dans une entreprise (Staw, 1980;
Mobley, 1982; Cascio, 1984). D’une façon générale le départ du personnel engendre des
coûts pour les entreprises, mais peut aussi engendrer des bénéfices. Selon Mobley
(1982), si la performance du nouvel employé est supérieure à celle de l’ancien, on
obtient aussi un résultat nettement positif. Selon Staw (1980), le roulement du personnel
peut entraîner des conséquences positives telles que la diminution des conflits
récurrents, l’augmentation de la mobilité interne, du moral des employés, de
l’innovation et de l’adaptation pour l’organisation. C’est un moyen favorable de créer
les opportunités de mobilité ou de promotion en interne, ce qui peut augmenter le lien
d’attachement du personnel à l’organisme.

Dans ce sens, il est clair que les indicateurs de performance (rentabilité, productivité,
rendement…) sont influencés par le roulement du personnel que ça soit dans le sens
positif ou dans le sens négatif. A ce propos, Glebbeek et Bax (2004) ont testé l’hypothèse
à l’effet que le roulement des employés et la performance organisationnelle
entretiendraient une relation ayant la forme d’un U inversé ; c’est-à-dire qu’un niveau
de roulement excessivement élevé ou excessivement bas serait nuisible à la performance
organisationnelle.

Dans ce cas, notre deuxième hypothèse est comme suite :

H2 : le départ du personnel a un impact négatif sur la performance financière des


organismes.

34 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


3. Méthodologie de recherche

L’objectif de cet article est de mesurer l’impact du recrutement et du départ du personnel


sur la performance financière de l’organisme et ce grâce à un portefeuille de 12
Etablissements Publics (EP) agissant dans le secteur d’énergie au Maroc pour une
période de douze ans, allant de 2005 à 2016. Dans la mesure où nous disposons
d’observations individuelles espacées régulièrement dans le temps, nous proposons de
mener des tests empiriques à l’aide de méthodes de régression multivariées de données
de panel.

3.1. Sélection des données de la population étudiée, définition des variables

Pour répondre à nos hypothèses (H1 et H2), il est question dans un premier temps de
présenter la population étudiée, et dans un second temps, définir les variables de la
recherche.

3.1.1. Procédure de collecte des données de la population étudiée

Pour tester la plausibilité de nos hypothèses, notre base d’analyse pour le benchmarking
retenue dans cette étude est constituée par 12 EP (RADEEC, RADEEF, RADEEJ,
RADEEL, RADEEM, RADEEMA, RADEEO, RADEES, RADEET, RADEETA, RAK
et RAMSA) agissant dans le secteur énergétique8. Les données financières collectées
sont recueillies via les états financiers et les données concernant le recrutement et le
roulement du personnel sont collectées à partir du bilan social de ces entités.9

3.1.2. Définition des variables

Le paragraphe suivant présentera les variables dépendantes, les variables indépendantes


et les variables de contrôle.

3.1.2.1. Les variables à expliquer

En général, deux types de mesure de la performance sont pris en compte par les
chercheurs, à savoir : la performance boursière mesurée par le Marketto-Book et la

8
Classification sectorielle sur la base du rapport sur les Etablissements et Entreprises Publics
joignant les Projets de Lois de Finances du Maroc.
9
Ministère des Finances (MEF), Direction des Entreprises publiques et de la Privatisation
(DEPP).

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 35


performance financière mesurée par le Return On Assets (ROA) et le Return On Equity
(ROE). Dans notre cas, le Market-to-Book, qui permet de mesurer la valeur de
l’entreprise sur le marché, ne peut être utilisé vu que les établissements publics de
l’étude ne sont pas cotés en bourse. Ainsi, l’étude se limitera aux variables ROA et ROE.

Plusieurs auteurs ont utilisé les mesures ROA pour évaluer la performance financière
des entreprises. Cette mesure a été utilisée par un nombre très important d’auteurs
comme, Eisenberg et al. (1998), Daines (2004), Adams et Santos (2006). La
performance financière des entreprises est mesurée par le rapport entre le résultat net et
le total des actifs.

Par contre, le ROE (Return on Equity) représente la rentabilité des capitaux propres et
exprime la capacité des capitaux investis à dégager un certain niveau de bénéfices nets.
Cette mesure de performance a été utilisée par Lehman et Weigrand (2000), Brown et
Caylor (2004), Bouri et Bouaziz (2007).

3.1.2.2. Les variables explicatives

Nos variables se présentent comme suit :

 Effectifs (effectif) : présente le nombre de salariés permanents travaillant au sein de


l’organisme sous contrat de travail pour l’année civile ;
 Cadres (cadre) : nombre de cadres travaillant dans l’organisme pour une année
civile ;
 Recrutements (recrutement) : nombre de candidats recrutés en une année civile ;
 Recrutements des cadres (recr_cadre) : c’est le nombre de cadres recrutés dans une
année ;
 Départs du personnel (depart) : c’est le nombre de travailleurs qui ont quitté
l’établissement pour des raisons différents : départs volontaires, départs à la retraite
ou autres sortes de départ (démission, licenciement…) ;
 Départs des cadres (dep_cadre) : le nombre de cadres qui ont quitté l’entreprise par
les voies susmentionnées.

36 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


3.1.2.3. Les variables de contrôles

A l’instar de Ball et Shivakumar (2005), Wang (2006) et Mard et Marsat (2009), pour
expliquer l’impact du recrutement sur la performance financière, nous avons intégré des
variables de contrôle. Il s’agit de la taille de l’entreprise (taille) qui est mesurée par le
logarithme népérien du total actif. L’autre variable de contrôle considérée par notre
modèle est l'âge de l'entreprise (âge). Cette dernière est le logarithme népérien du
nombre d'années depuis la date de création de l'entreprise (Ortiz, 2009).

3.2. Présentation du modèle et tests économétriques préliminaires

Le traitement des données de notre panel est fait à l’aide du logiciel EVEIWS. Pour
tester la plausibilité de nos hypothèses, l’estimation est faite en utilisant les méthodes
de régression multivariées de données de panel. Et afin de tester la robustesse de notre
modèle, un certain nombre d’hypothèses (autocorrélation des erreurs, homoscédasticité
et absence de multicolinéarité) doivent être validées pour donner les meilleurs
estimateurs impartiaux.

3.2.1. Test de HSIAO

La phase de test de spécification revient à déterminer si le processus générateur de


données peut être considéré comme homogène ou si au contraire il apparaît totalement
hétérogène, auquel cas l’utilisation des techniques de panel ne peut se justifier (Hurlin
2000). Donc, pour s’assurer du bienfondé de la structure de panel, il convient d’adopter
une procédure de tests d’homogénéité présentée par Hsiao (1986) qui se résume au
tableau suivant :

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 37


Tableau 1: Estimation du modèle10

Tests F-stat P-value Modèle approprié


Test ROA 1.671 0.043<0.05 Si 𝐻01 vrai : Modèle de panel de Pooled
1 ROE 1.729 0.033<0.05 Si 𝐻01 rejetée : on passe au test (2)
ROA 1.394 0.135>0.05 Si 𝐻03 est acceptée on passe au test (3)
Test
Si 𝐻03 est rejetée la structure du panel est
2 ROE 1.594 0.061>0.05
rejetée
Test ROA 3.024 0.001<0.05
Modèle de panel à effet individuel
3 ROE 1.975 0.036<0.05

Source : Elaboré par les auteurs, estimations basées sur des données d'étude, Eviews

La plus-value du F de Ficher pour le deuxième test des deux variables (ROA et ROE)
est supérieure à 0.05, ce qui permet de conclure que le modèle de panel approprié pour
tester nos hypothèses est un modèle à effets individuels.

Afin de tester la spécification des effets individuels en panel, on a utilisé le test de


spécification d’Hausman (1978). Ce dernier sert à distinguer les effets fixes et aléatoires
(Prinz 2010). Le tableau suivant retrace les résultats dudit test :

Tableau 2 : Résultats du test de Hausman11

Modèles Chi-Sq. Statistic Chi-Sq. d.f. Prob.


ROA 15.073 8 0.05
ROE 17.493 8 0.0254

Source Elaboré par les auteurs, estimations basées sur des données d'étude, Eviews

D’après le test de Hausman, la plus-value (0.0254 et 0.05) pour nos deux modèles est
inférieure ou égal à 0.05. On peut conclure que l’estimateur Within est le plus
convenable à l’estimation des deux modèles, tant qu’il considère les effets individuels

10
Si la plus-value est supérieure à 0.05 l’hypothèse nulle est acceptée et si la plus-value est
inférieure à 0.05 l’hypothèse nulle est refusée.
11
L’hypothèse H0 (Plus-value > 0.05) : l’estimateur des moindres carrés génératrices est un
estimateur BLUE (modèle à effet aléatoire). L’hypothèse alternative H1 (plus-value < 0.05) :
estimateur Within (modèle à effet fixe).

38 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


fixes. Et dans ce cas, les équations du modèle de panel à effet fixe pour les deux modèles
peuvent s’écrire comme suite :

Modèle 1 : 𝑅𝑂𝐴𝑖𝑡 = 𝛽1𝑖 + 𝛽2 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓𝑖𝑡 + 𝛽3 𝑟𝑒𝑐𝑟𝑢𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑖𝑡 + 𝛽4 𝑑𝑒𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑡 + 𝛽5 𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒𝑠 +


𝛽6 𝑟𝑒𝑐𝑟_𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒𝑖𝑡 + 𝛽7 𝑑𝑒𝑝_𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒_𝑖𝑡 + 𝛽8 𝑎𝑔𝑒 + 𝛽9 𝑡𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 + 𝜀𝑡𝑖

Modèle 2 : 𝑅𝑂𝐸𝑖𝑡 = 𝛼1𝑖 + 𝛼2 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓𝑖𝑡 + 𝛼3 𝑟𝑒𝑐𝑟𝑢𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑖𝑡 + 𝛼4 𝑑𝑒𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑡 + 𝛼5 𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒𝑠 +


𝛼6 𝑟𝑒𝑐𝑟_𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒𝑖𝑡 + 𝛼7 𝑑𝑒𝑝_𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒_𝑖𝑡 + 𝛼8 𝑎𝑔𝑒 + 𝛼9 𝑡𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 + 𝜏𝑡𝑖

Avec 𝑖 = 1, 2, … , 12 ; 𝑡 = 2005, … , 2016

3.2.2. Test de multicolinéarité

Pour tester l’existence de la multicolinéarité entre les variables, nous calculons le facteur
variance inflation factor (VIF) pour nos deux variables indépendantes (ROE et ROA).
Les résultats ROE et ROA des différentes variables sont présentés dans le tableau 3.
Pour certains auteurs, Un facteur VIF inférieur à 5% ou 10%, permet de conclure qu’il
y a absence de multicolinéarité entre les variables.

Tableau 3 : valeur VIF pour le test de multicolinéarité

Valeur VIF
Variables
ROA ROE
effectif 1.58767 1.58767
recrutement 2.075623 2.075623
depart 1.552913 1.552913
cadres 2.441396 2.441396
recr_cadre 1.600357 1.600357
dep_cadre 1.693523 1.693523
age 9.356551 9.356551
taille 6.132317 6.132317

Source : Elaboré par les auteurs, estimations basées sur des données d'étude, Eviews

Le facteur VIF des variables est inférieur à 10% et même que la plupart des variables
ont un facteur VIF inférieur à 5% ce qui permet de conclure qu’il y a absence de
multicolinéarité entre les variables.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 39


3.2.3. Test d’hétéroscédasticité

Le test de white (1980), permet de détecter l’hétéroscédasticité, est fondé sur une
relation significative entre le carré du résidu et une ou plusieurs variables explicatives.
Pour nous deux modèles (ROA et ROE) le F de Fisher est de 1.24 et 1.60 avec des plus-
values respectivement égales 0.236 et 0.064 supérieures à 5%. Ce qui nous amène à dire
que les deux modèles sont homoscédastiques.

3.2.4. Test d’autocorrélation

Le test de Durbin et Watson12 (1951) permet de détecter la présence d’autocorrélation.


La présence de l’autocorrélation biaise toute la procédure inférentielle (tests
d’hypothèses, intervalles de confiances, etc.). Nos deux modèles ont un coefficient de
Durbin-Watson 1.494 et 1.466, largement inférieur à 2, donc on est en présence
d’autocorrélation des résidus. Pour corriger l’autocorrélation on a ajouté à notre
spécification le terme correspondant du processus qui détermine la génération des
erreurs AR(1) et AR(2). Après cet ajustement, le coefficient de Durbin-Watson est
corrigé pour avoir une note de 2.2 et 2.27 pour nos deux modèles d’estimation et donc
on peut confirmer l’absence d’autocorrélation.

4. Résultats et discussion

L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact du recrutement et du départ du


personnel sur la performance de l’organisme. Sur la base d’une méthode économétrique
des données de panel sur un portefeuille d’établissements publics agissant dans le
secteur énergétique, nous avons obtenu des résultats qui se présentent comme suit :

12
La statistique Durbin et Watson est comprise entre zéro et quatre. L’hypothèse nulle
d’absence d’autocorrélation des erreurs est acceptée lorsque la valeur de cette statistique est
proche de 2.

40 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 4 : Résultats des estimations

Modèles Variable dépendante ROA Variable dépendante ROE


Coefficient t-Statistic Coefficient t-Statistic
Variables
(Std. Error) (Prob.) (Std. Error) (Prob.)
-0.000314 -2.835778 -0.000807 -2.859350
Effectif
(0.225263) (0.0053) (0.000282) (0.0050)
0.000934 2.520344 0.002736 2.901061
Recrutement
(0.000371) (0.0130) (0.000943) (0.0044)
-0.000618 -1.678204 -0.001743 -1.859969
Depart
(0.000368) (0.0958) (0.000937) (0.0653)
-0.000266 -1.064983 -0.000577 -0.907374
Cadres
(0.000250) (0.2890) (0.000636) (0.3660)
0.000182 0.156330 0.000199 0.067285
recr_cadre
(0.001163) (0.8760) (0.002961) (0.9465)
0.000118 0.111347 0.001187 0.438660
dep_cadre
(0.001063) (0.9115) (0.002705) (0.6617)
-0.005074 -2.203251 -0.014071 -2.400572
Age
(0.002303) (0.0294) (0.005862) (0.0179)
0.085051 1.793096 0.211526 1.752003
Taille
(0.047432) (0.0754) (0.120734) (0.0822)
𝑹𝟐 0.238236 0.192182
F-statistic 2.041058 1.552623
Prob(F-statistic) 0.010637 0.079255
Source : Elaboré par les auteurs, estimations basées sur des données d'étude, Eviews

L’examen des résultats relatifs aux variables explicatives conduit aux commentaires
suivants :

Nos deux modèles ont obtenu des 𝑅2 de respectivement 0.238 et 0.192. Ce qui veut dire
de nos variables explicatives expliquent respectivement nos variables à expliquées de
24% et 19%. Par la suite, la plus-value du F de Fisher des deux modèles est de
respectivement 0.01 et 0.07 ce qui veut dire que nos deux modèles sont respectivement
significatifs à 1% et 10%.

D’une façon générale la hausse de l’effectif agit négativement sur la performance


financière des établissements, et d’après nos résultats quand l’organisme augmente
l’effectif par une personne la rentabilité des capitaux investis (ROA) et la rentabilité des
capitaux propres (ROE) diminuent respectivement de 0.03% et 0.08%.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 41


La variable recrutement présente des résultats très significatifs avec une plus-value
inférieure à 1%. Il est à remarquer que l’accroissement du recrutement d’un poste permet
de hausser la performance en ROA et ROE de respectivement 0.09% et 0.03%. Par
contre, la variable départ du personnel (significatif à un degré de 10% de la plus-value)
permet de conclure que le départ d’un agent de l’organisme fait perdre respectivement
0.06% et 0.02% de rentabilité des capitaux investis et de rentabilité des capitaux propres.

La taille et l’âge des établissements, qui sont des variables de contrôles, agissent sur la
performance des entités de notre étude. On remarque bien que les entités à taille
importante ont une bonne performance financière. Par contre l’ancienneté de
l’établissement donne une contreperformance financière.

Nos trois autres variables explicatives (cadres, recrutement des cadres et départ des
cadres) ne sont pas significatives dans les deux modèles.

En conclusion, les deux hypothèses H1 et H2 ont pu être vérifiées pour notre échantillon
d’établissements publics appartenant au secteur énergétique au Maroc.

5. Conclusion

Nous avons pu voir, dans la littérature, différents travaux qui expliquent la relation entre
la performance financière des entreprises avec le recrutement et roulement du personnel.
Au vu des résultats sur un échantillon de 12 établissements publics du secteur
énergétique, l'étude a démontré l’effet positif du recrutement sur la performance
financière. De même, elle a pu vérifier une influence négative du départ du personnel
sur ladite performance. Ces constats ont pu confirmer nos hypothèses.

Toute recherche comporte ses limites et le présent article n’échappe pas à cette règle. Le
modèle de l’étude a un caractère un peu simpliste, en ce sens qu’il ignore les différentes
variables qui pourraient interagir avec les variables dépendantes. Aussi, le modèle
n’intègre pas des variables qualitatives pour mesurer la qualité des recrutements et des
personnes recrutées. Notre modèle s’est centré pour les variables à expliquer sur la
performance financière, les autres performances (sociales, organisationnelles…) ne sont
pas traitées par le modèle.

42 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


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Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 45


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

L’attitude du redevable de la zakat à l’égard de son


institutionnalisation au Maroc : analyse par catégories
socio-professionnelles

Attak El houssain, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc

Édition électronique

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Attak, E. «L’attitude du redevable de la zakat à l’égard de son institutionnalisation au
Maroc : analyse par catégories socio-professionnelles », Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

46 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Résumé

La zakat occupe une place centrale dans le système économique islamique. Malgré son
rôle socio-économique potentiel, en matière de l’éradication de la pauvreté, de la
promotion du développement économique et de la répartition de la richesse d’une
société, le Maroc n’est pas doté d’une institution dédiée à la zakat.
Toutefois, tout projet d’institutionnalisation est tributaire de l’attitude des redevables de
la zakat à l’égard d’une telle institution.
Cet article a pour objectif d’analyser cette attitude et d’identifier les facteurs susceptibles
de l’influencer.
En nous basant sur une enquête menée auprès des professionnels potentiellement
redevables de la zakat, les répondants sont favorables à la création de cet organisme,
leur attitude est influencée par trois facteurs à la fois culturel, social et fiscal.

Mots clés : Zakat, Institutionnalisation, Muzakki, Attitude


Classification JEL: I30, O23

Abstract
Zakat occupies a central place in the Islamic economic system. Despite its socio-
economic role, in terms of the eradication of poverty, the promotion of economic
development and distribution of the wealth of a society, Morocco does not have an
institution dedicated to zakat.
Any project of institutionalization of zakat is dependent on the attitude of muzzaki
towards such an institution.
This article aims to analyze this attitude and to identify the factors likely to influence it.
Based on a survey of professionals who are potentially indebted to zakat, respondents
are in favor of the creation of this organization, their attitude is influenced by three
factors worship, social and tax-related.
Key words: Zakat, Institutionalization, Muzzaki, Attitude

‫ملخص‬
‫ من‬،‫وعلى الرغم من د ورها االجتماعي واالقتصادي‬. ‫تحتل الزكاة مكانة مركزية في النظام االقتصادي اإلسالمي‬
‫ فإن المغرب ليس لديه مؤسسة‬،‫ وتعزيز التنمية االقتصادية وتوزيع الثروة داخل المجتمع‬،‫حيث القضاء على الفقر‬
.‫زكوية‬
. ‫لكن أي مشروع إلضفاء الطابع المؤسسي على الزكاة يعتمد بالخصوص على موقف المزكي تجاه هاته المؤسسة‬
‫ ويتأثر‬،‫ يفضل المستجيبون إنشاء هاته المؤسسة‬،‫واستناداً إلى دراسة استقصائية لمهنيين خاضعين محتملين للزكاة‬
.‫ االجتماعي والضريبي‬،‫موقفهم بثالثة عوامل منها التعبدي‬

‫ موقف المزكي‬،‫ المزكي‬،‫ المؤسسة الزكوية‬،‫ الزكاة‬:‫الكلمات المفتاح‬

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 47


Introduction

La zakat occupe une place centrale dans le système économique islamique. De


nombreux travaux académiques ont été consacrés à l’étude du rôle socio-économique
de la zakat en matière de l’éradication de la pauvreté, de la promotion du développement
économique et de la répartition de la richesse au sein d’une société tels les travaux menés
par Bessais (1997), Kettani (1997), Iqbal (1985), Abdellaoui et Mehiriq (2011),
Boudjelal (2012 et 2013), Salhi (2012), Ben Mansour et Bezzaouyaa (2013) ,
Boudellala et Bouklikha (2015).

Toutefois, pour Al Qaradawi (1999, p.747) et Powel (2002, p.81), l’absence d’un cadre
institutionnel ne permet pas à la zakat d’assurer pleinement ce rôle. Sa collecte et sa
distribution doivent dépasser une forme de charité individuelle, et prendre une
dimension institutionnelle par la création d’un organisme chargé de cette mission.

A la différence de plusieurs pays musulmans tels que l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le


Liban, le Koweït, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan, la Malaisie, l’Indonésie, le Qatar,
les Emirats Arables Unies, etc. le Maroc n’est pas doté d’une institution chargée de cette
mission. Se privant ainsi d’un instrument ayant pour finalité de corriger plusieurs
inégalités économiques et sociales.

Loin également de toute prétention que la zakat est le remède miracle à tous les maux
socio-économiques endémiques dont souffre le Maroc. Mais la renonciation des
autorités marocaines à sa perception sous forme institutionnelle, fait de la zakat un
simple acte de bienfaisance purement individuel et volontaire , dont l’impact sur les
sphères économique et sociale, aussi bien à l’échelle locale que nationale, reste faible
voire marginal.

La réussite de tout projet d’institutionnalisation de la zakat au Maroc est tributaire de


deux facteurs, une volonté claire des autorités publiques pour amorcer ce chantier et
surtout une adhésion collective de la population, plus particulièrement des muzzaki13 à
cette forme de collecte et de distribution de la zakat.

Dans cet article, nous nous intéressons précisément à ce dernier facteur en tentant de
traiter la problématique suivante :

Quelle sera l’attitude adoptée par le muzzaki marocain à l’égard d’une


institutionnalisation de la collecte et de la distribution de la zakat : entre adhésion ou
désapprobation ?

13
Personnes qui paient la zakat.

48 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Cette problématique est traitée selon un positionnement épistémologique positiviste
basé sur une étude quantitative. Les données collectées via un questionnaire, ont fait
l’objet d’un traitement statistique descriptif par le logiciel SPSS (version 20).

L’objectif de cet article est d’apporter un éclairage sur la façon dont le muzzaki marocain
appréhende la création d’une institution zakataire. Et d’identifier ensuite, les facteurs
facilitant ou inhibant son adhésion à la création d’une telle institution. Cette
identification pourrait être utile dans la planification ou l'élaboration de stratégies pour
instaurer un cadre institutionnel de collecte de la zakat au Maroc.

Cet article est structuré de la manière suivante, la première section est consacrée à une
revue de littérature relative aux facteurs susceptibles d’influencer l’attitude des muzakki
marocain à l’égard de cette institutionnalisation. Nous présentons dans la deuxième
section les résultats d’une enquête menée auprès de professionnels potentiellement
redevables de la zakat. Et nous analysons, dans la dernière section, ces différents
résultats et nous exposons les principales recommandations de l’étude qui pourraient
favoriser l’ébauche d’une institution zakataire au Maroc.

1. Revue de littérature

Avant d’aborder les fondements théoriques relatifs aux différents facteurs susceptibles
d’influencer l’attitude des muzakki, nous présentons brièvement la zakat et ses concepts
de base.

1.1. Concepts de base de la Zakat


La zakat est l’un des cinq piliers de l’islam dont l’importance est soulignée dans
plusieurs versets du Coran et hadiths du prophète (BSDL14).

Kettani (1997, p. 187) la définit comme étant un prélèvement sur toutes les richesses
productives ou susceptibles de l’être destinée spécifiquement aux huit catégories
sociales dans le besoin.

Mais pour qu’un bien soit passible de la zakat, un certain nombre de conditions doivent
être remplies, résumées par Feddad (1997, p.21) comme suit :

- la propriété absolue du bien et l’indemnité de tout endettement affectant le Nissab


(seuil de soumission) ;
- la croissance réelle et potentielle ;
- l’atteinte du Nissab après satisfaction des besoins fondamentaux ;
- l’annualité ou accomplissement du Hawl (Année lunaire complète) à l’exception
des céréales, fruits, légumes et métaux extraits.

14
Bénédiction et Salut de Dieu sur Lui

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 49


A la différence des autres piliers de l’islam, la zakat conjugue deux dimensions, une
spirituelle entre le musulman et son créateur par l’accomplissement de cette obligation
religieuse. Et une autre financière entre les muzzaki et les bénéficiaires faisant de la
zakat leurs droits pécuniaires dans la richesse du muzzaki : « Prélève de leurs biens une
Ṣadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis » Coran (9 ; 60).

1.2. Attitude des muzzaki et institution zakataire

Plusieurs facteurs peuvent influencer l’attitude des muzzaki pour verser la zakat à des
institutions zakataires, pour Bakar et Rashid (2002, p.81) et Muda et al. (2009, p.9), les
deux facteurs majeurs influençant cette attitude sont les facteurs religieux et social.
Selon ces auteurs, les muzzaki malaisiens s’acquittent de la zakat et la versent au fonds
zakataire car elle est considérée à la fois comme une obligation sociale envers la société
et une obligation religieuse dictée par le Coran et les hadiths du prophète.

Pour Sanep et al. (2006, p.194), le principal facteur qui conditionne le versement de la
zakat à cette institution est l’efficacité dans sa gestion. En effet, ces auteurs ont constaté
qu’en dépit de l’existence d’une institution zakataire en Malaisie, certains muzzaki
continuent à la verser directement aux bénéficiaires par manque de confiance dans cette
institution. Ainsi une gestion efficace et transparente de ces organismes consolide la
confiance des muzzaki vis-à-vis de l’institution et les encourage à la verser à ce fonds.

Pour Zamery, cité par Muda et al. (2009, p.3), le facteur organisationnel influence
considérablement l’attitude du muzzaki. Zamery a constaté que la privatisation de la
collecte de la zakat dans certains Etats de la Malaisie s’est traduite par une augmentation
des recettes zakataires.

Hamid et Mohd Ali et al. , cités par Ahmad et al. (2011, p.102), font du niveau de
connaissances de la zakat, un autre facteur qui influe également sur cette attitude. Ces
auteurs ont constaté que la méconnaissance totale ou partielle des principes zakataires,
est à l’origine, d’une confusion entre le versement de la zakat et le paiement des impôts
et certaines muzzaki considèrent que le paiement des impôts les exempte de la zakat.

2. Présentation de l’enquête

Pour répondre à notre problématique et sur la base des différentes études relatives à la
zakat, une enquête a été menée de mars à juin 2017. Vu que notre objectif est d’étudier
l’attitude du muzzaki marocain à l’égard d’une institutionnalisation de la zakat, nous
avons choisi des répondants qui sont potentiellement passibles de la zakat en
l’occurrence la catégorie professionnelle constituée par les médecins et les pharmaciens.

Nous avons administré 500 questionnaires, dont seulement 303 sont utilisés dans cette
recherche pour un taux de réponse de 60%. Les questionnaires non exploités ont été
écartés en raison de données incomplètes ou de défaut de réponse du répondant après
deux rappels.

50 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Le questionnaire est subdivisé en cinq sections :
- la première section est relative aux variables socio-démographiques telles le sexe,
l’âge, la profession et les revenus professionnels annuels ;
- la seconde section permet d’évaluer le niveau de connaissances sur la zakat et
comme elle est appréhendée par les muzzaki ;
- la troisième section vise à identifier l’attitude des muzzaki à l’égard de la création
d’un organisme chargé de la collecte et de la distribution de la zakat ;
- la quatrième section analyse comment les muzzaki perçoivent la relation entre
l’institutionnalisation zakat et leurs impositions ;
- la dernière section vise à déterminer les freins à l’institutionnalisation de la
collecte la zakat au Maroc.

La variable clé de notre enquête en l’occurrence l’identification de l’attitude des


muzzaki à l’égard de l’institutionnalisation de la zakat au Maroc a été mesurée sur une
échelle de Likert allant de 1 à 5, avec 1 = Totalement en désaccord et 5= totalement en
accord.

3. Résultats

Les résultats de notre enquête sont relatifs aux caractéristiques socio-démographiques


de notre échantillon, le niveau de connaissances de la zakat des répondants, l’attitude du
muzzaki à l’égard de la création d’une institution zakataire, la perception de la relation
entre cette institutionnalisation et l’imposition des muzzaki et en dernier lieu les
différents freins à l’institutionnalisation de la collecte la zakat au Maroc.

3.1. Caractéristiques socio-démographiques de l’échantillon

Les informations démographiques obtenues auprès des répondants concernent le sexe,


l'âge, la profession, et le revenu professionnel annuel net. Ces informations sont jugées
nécessaires pour cette étude afin de déterminer comment les variables démographiques
peuvent affecter l’attitude des muzzaki à l’égard de la création d’un organisme chargé
de la zakat.

L’échantillon de cette enquête est composé de 304 répondants dont 57% d’hommes et
43% de femmes, 60% sont des médecins et 40% des pharmaciens. Plus de la moitié des
répondants (51.5%) réalisent un revenu professionnel annuel compris entre 50.001Dhs
et 80.000 dirhams.
Le tableau 1 fournit les détails complets du profil des répondants.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 51


Tableau 1 : Variables socio-démographiques de l’échantillon
Pourcentage
Variables Fréquences
valide
Sexe du répondant (N = 302)
Homme 172 57
Femme 130 43
Age (N = 301)
Moins de 30 ans 39 13
30 à 40 ans 121 40
41 à 50 ans 84 28
51 à 60 ans 51 17
Plus de 60 ans 6 2
Profession (N=302)
Médecin 182 60
Pharmacien 120 40
Revenu professionnel annuel
(en dhs) (N = 293)
30 000 à 50 000 55 18.8
50 001 à 60 000 79 26.9
60 001 à 80 000 72 24.6
80 001 à 180 000 37 12.6
Au-delà de 180 000 50 17.1
Source : élaboré par l’auteur

3.2. Niveau de connaissances de la zakat

Presque 65 % de l’effectif de l’échantillon considèrent que leurs connaissances des


principes de la zakat sont moyennes à faibles et 9% estiment qu’ils ignorent
complètement ces principes. Les différents résultats sont exposés dans le tableau 2.
Tableau 2 : Niveau de connaissances de la zakat
Variables Fréquences Pourcentage valide
Connaissances sur la zakat (N = 303)
Aucunes 28 9,2
Faibles 46 15,2
Moyennes 149 49,2
Excellentes 80 26,4
Source : élaboré par l’auteur

3.3. Appréhension de l’acte de la zakat


Pour la majorité des répondants la zakat est à la fois une obligation religieuse (84,7%),
et un acte de solidarité (80,3%). Ci-après le détail des réponses tableau 3.

52 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 3 : Appréhension de l’acte de la zakat
Pourcentage NSP15 Pourcentage
Variables (1) (2) (4) (5)
valide (1+2) (3) valide (4+5)
16
Solidarité 3 4.3 7.3 12.3 35 45.3 80.3
Bienfaisance 4.3 5 9.3 16.1 36.1 38.5 74.6
Obligation
3.7 2.3 6 9.3 21.7 63 84.7
religieuse
Source : élaboré par l’auteur

3.4. Institutionnalisation de la zakat


Presque la moitié de l’échantillon (47,4%) est favorable à la création d’un organisme
chargé de la collecte et de la distribution de la zakat. Alors que 38,4% des répondants
sont défavorables. Le tableau 4 présente les différents résultats.
Tableau 4 : Institutionnalisation de la zakat
Pourcentage NSP Pourcentage
Variables (1) (2) (4) (5)
valide (1+2) (3) valide (4+5)
17
Organisme
15.7 22.7 38.4 14.3 34.7 12.7 47.4
de la Zakat
Source : élaboré par l’auteur

3.5. Institutionnalisation de la zakat et imposition des muzzaki

Parmi les répondants favorables à la création d’un organisme zakataire, presque la


moitié (48,2%) pense que l’institutionnalisation de la collecte la zakat n’augmentera pas
la pression fiscale au Maroc. Alors que pour 31,9% des répondants la création d’un
organisme zakataire accentuera cette pression.

Presque 48% des répondants veulent que le montant de zakat soit déductible de l’impôt
sur le revenu. Alors que 40,2% d’entre eux, ne sont pas favorables à cette déduction. Le
tableau 5 reprend ces différents résultats.

15
NSP : ne se prononce pas
16
Les variables Solidarité, Bienfaisance et obligation religieuse sont mesurées sur une échelle
Likert allant de 1 à 5, avec 1 = Totalement en désaccord et 5= totalement en accord
17
La variables est mesurée sur une échelle Likert allant de 1 à 5, avec 1 = Totalement en
désaccord et 5= totalement en accord

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 53


Tableau 5 : Zakat et imposition du muzzaki

Pourcentag
Pourcentage NSP
Variables (1) (2) (4) (5) e valide
valide (1+2) (3)
(4+5)
Pression
20.2 21.5 41.7 22.5 24.2 11.6 35.8
fiscale
Déductib-
30.3 16.4 46.7 18.1 25.3 9.9 35.2
ilité18
Source : élaboré par l’auteur

3.6. Freins à l’institutionnalisation de la zakat

Parmi les différents freins à l’institutionnalisation de la zakat, le facteur fiscal est


identifié, auprès des répondants, comme étant un élément déterminant, ainsi pour
presque 55% des répondants l’importante charge fiscale subie actuellement est le
premier frein et pour 54% des répondants, ils considèrent que le paiement de l’impôt les
exonère de la zakat.

Les résultats relatifs à ces différents freins sont exposés dans le tableau 5.

18
Les deux variables sont mesurées sur une échelle Likert allant de 1 à 5, avec 1 = Totalement
en désaccord et 5= totalement en accord

54 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 5 : Freins à l’institutionnalisation de la zakat

Variables Fréquences Pourcentage valide


Charges fiscales élevées
Oui 165 54.3
Non 139 45.7
Exonération de la zakat
Oui 162 53.3
Non 142 46.7
Sphère individuelle
Oui 110 36.2
Non 194 63.8
Versement direct
Oui 153 50.3
Non 151 49.7
Mauvaise gouvernance
Oui 140 46.1
Non 164 53.9
Manque de confiance dans
l’institution
Oui 128 42.1
Non 176 57.9
Source : élaboré par l’auteur

4. Discussion

Presque la moitié de l’échantillon est favorable à la création d’un organisme chargé de


la collecte de la zakat au Maroc. Cette adhésion des répondants à l’institutionnalisation
de la zakat, peut être expliquée en premier lieu par deux facteurs :

- le facteur religieux car pour 85% des répondants la zakat est une obligation
religieuse ;
- le facteur social car pour 81% des répondants, la zakat est un acte de solidarité
envers les personnes démunies, et il ne s’agit pas uniquement d’un acte de charité
et de bienfaisance.

Même si la zakat est un prélèvement sur leurs revenus, les répondants estiment que la
création d’un tel organisme n’augmentera pas la pression fiscale à condition que son
montant soit déductible de l’impôt.

Pour les répondants, l’institutionnalisation de la zakat peut être confrontée à plusieurs


freins en particulier le frein fiscal. Ils estiment que les prélèvements fiscaux sont déjà

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 55


trop élevés au Maroc19 et considèrent que le paiement des impôts les exonère du
versement de la zakat : ‘l’effet substitutif de l’impôt’.

Malgré la création d’un organisme zakataire, certains répondants préfèrent verser


directement la zakat aux bénéficiaires car, ils pensent, que cette institution sera mal
gérée.

Nous pouvons ainsi résumer les différents résultats de l’enquête comme suit :

- les répondants sont favorables à ce que la zakat passe d’une dimension


individuelle à une gestion institutionnelle, car elle est à la fois une obligation
religieuse et un acte de solidarité ;
- l’adhésion des muzzaki à cette institution est tributaire d’une modération du taux
d’imposition sur le revenu et d’une bonne gouvernance de cette institution ;
- les connaissances sur la zakat en termes de taux, d’assiette zakataire, de principes,
influent sur son versement car certains répondants considèrent que le paiement
des impôts les exonère de la zakat.

5. Conclusion
En nous basant sur une enquête menée auprès d’un échantillon de professionnels
potentiellement éligibles à la zakat, cette étude s’est posée comme objectif d’identifier
l’attitude des muzzaki marocain à l’égard de l’institutionnalisation de la zakat, et
d’identifier les facteurs qui influent sur cette attitude.

Les répondants sont favorables à la création d’un organisme zakataire pour passer d’une
distribution informelle de la zakat à une gestion institutionnelle.

Cette attitude du muzzaki est influencée par trois facteurs majeurs :

- en premier lieu le facteur personnel car le versement zakat est à la fois un acte
cultuel et de solidarité social ;
- en second lieu le facteur organisationnel ainsi une bonne gouvernance de cette
institution consolidera la confiance des muzzaki à son égard et l’encouragera à
lui verser leurs zakats ;
- en dernier lieu le facteur fiscal, dans ce sens une baisse des taux d’imposition
et/ou la mise en place d’un mécanisme optionnel de déduction de la zakat des
revenus imposables s’impose, pour éviter toute éventuelle pression
fiscale supplémentaire.

L’attitude des muzzaki est tributaire également d’une politique de sensibilisation en


matière de la zakat et ses princes de base pour pouvoir les aider à s’en acquitter
correctement.

Le Maroc a le taux de l’IR le plus élevé au Moyen orient et en Afrique du nord selon le rapport
19

de FMI de 2015 relatif à la fiscalité équitable au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

56 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Cependant cet article présente un certain nombre de limites surtout la nature de
l’échantillon, son élargissement à d’autres catégories professionnelles pourrait
consolider les résultats de l’étude.

Il serait également souhaitable d’étudier cette attitude auprès de personnes qui versent
effectivement la zakat au lieu de redevables potentiels.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 57


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Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 59


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

Les pratiques de marketing au niveau des coopératives : cas


de la province de Ouarzazate

Cherradi Laila, FP – Ouarzazate, Maroc


El Kharraz Ouail, Université Abdelmalek Essaadi, Maroc

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Cherradi, L et El Kharraz, O. « Les pratiques de marketing au niveau des
coopératives : cas de la province de Ouarzazate», Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

60 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Résumé

Dans un contexte globalisé, marqué par la quête d'innovation et de croissance, les


coopératives se voient dans la nécessité de fixer des points de repères de survie et de
pérennité pour tenter de maîtriser leur devenir. Le marketing, longtemps considéré
comme un avantage concurrentiel et un outil maximisant les profits des entreprises
commerciales, peut être appliqué à la gestion des coopératives pour combler ces
nécessités.

L’objectif de ce papier est d’étudier les pratiques marketing, utilisés par les coopératives
de la province de Ouarzazate afin de diagnostiquer les défaillances, les avantages et les
besoins, dans un but de concevoir une représentation fidèle de la réalité ce qui pourra
ensuite développer leurs activités et les aider à créer de la valeur ajoutée.

Mots clés : Coopérative, Développement, Marketing

Classification JEL : P13, R11, M31.

Abstract
In a globalized context marked by the quest for innovation and growth, cooperatives see
themselves in the need to set benchmarks survival and sustainability to try to control
their future. Marketing, long considered a competitive advantage and a tool for
maximizing the profits of commercial enterprises can be applied to the management of
cooperatives to meet these needs.

The purpose of this paper is to study the marketing practices used by the cooperatives
of the province of Ouarzazate to diagnose the failures, the advantages and the needs, in
order to conceive a faithful representation of the reality which will then be able to
develop their activities and help them create added value.

Key-worlds: Cooperative, Development, Marketing

‫ملخص‬
‫ تصبح التعاونيات في حاجة إلى معايير البقاء واالستدامة لمحاولة‬،‫في سياق معولم يتميّز بالسعي إلى االبتكار والنمو‬
‫ يمكن‬،‫ الذي منح الشركات التجارية ولمدة طويلة ميزة تنافسية وحقق لها أرباحا‬،‫ إن التسويق‬.‫السيطرة على مستقبلها‬
.‫تطبيقه من طرف التعاونيات لمواجهة هذه التحديات‬
‫إن الغرض من هذه المقالة هو دراسة تطبيق مبادئ التسويق من طرف تعاونيات إقليم ورززات وذلك بهدف البحث‬
‫ ووضع تصور صحيح للواقع من أجل تطوير نشاطها ومساعدتها على‬،‫ مكامن القوة واالحتياجات‬،‫عن االختالالت‬
.‫توليد قيمة مضافة‬
.‫ التسويق‬،‫ التنمية‬،‫ التعاونيات‬:‫الكلمات المفتاح‬

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 61


Introduction

Il faut reconnaître d’abord, que l’une des principales composantes de l’économie sociale
telle qu’elle apparaît aujourd’hui est constituée de coopératives. Celles-ci permettent
d’organiser des activités génératrices d’emploi, les solidifier, mutualiser les forces et
créer une dynamique locale en institutionnalisant des activités économiques qui
existaient auparavant de façon atomisée, sans visibilité et souvent sans efficacité (Gillot,
2017). De plus, la dualité de leur structure fait des coopératives des entreprises
spécifiques qui cherchent à entreprendre un projet économique tout en le mettant au
service de l’homme.

Ainsi et pour les organisations de l’économie sociale et solidaire, dont la coopérative


fait partie, une condition fondamentale doit être respectée, à savoir la conciliation entre
les objectifs économiques (performance globale), les objectifs sociaux (situation
socioéconomique de l’adhérent : formation, éducation, satisfaction et bien-être) et la
participation au développement humain durable local et national (Boisvert, 1981 ; Côté,
2005).

Par ailleurs et dans un contexte globalisé, marqué par la quête systématique d'innovation
et de croissance, les coopératives rencontrent aussi la nécessité de déterminer des points
de repères pour survivre et perdurer. Le marketing, longtemps considéré comme l’outil
conduisant à un avantage concurrentiel et à une maximisation de profits pour les
entreprises commerciales, peut être appliqué aux coopératives pour renforcer leurs
positionnements.

L’objectif de ce papier est d’étudier de près les pratiques de marketing utilisées par les
coopératives de la province de Ouarzazate afin de diagnostiquer les défaillances, faire
ressortir les avantages et les besoins, dans un but de concevoir une représentation fidèle
de la réalité ce qui permettra ensuite de développer un marketing social adapté et capable
d’aider les coopératives à servir au mieux leur clientèle.

Pour répondre à cette problématique, nous avons opté pour une démarche quantitative à
caractère exploratoire, basée sur des entretiens directs réalisés avec les responsables des
coopératives étudiées.

1. Le champ théorique de l’étude

1.1. Les coopératives : une composante de l’économie sociale et solidaire

L’économie sociale et solidaire est le troisième pilier d’une économie qui se vaut
équilibrée et inclusive aux côtés du secteur public et du secteur privé. Elle se définit
comme étant la branche de l’économie regroupant les organisations privées (entreprises,
coopératives, associations, mutuelles ou fondations) qui cherchent à concilier activité
économique et équité sociale (Lacroix et Slitine, 2016).

62 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Le début des coopératives a été conçu à partir d’une communauté de travailleurs
partageant le pouvoir de l’entreprise, en principe, comme une alternative à l’économie
capitaliste du début du XIXe siècle (Draperi, 2012). En effet, selon la définition donnée
par l’alliance coopérative internationale, une coopérative est «une association autonome
de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins
économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété
est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement.» (Tchami, 2004).

Il s’agit, donc, d’un modèle d’entreprise qui fondent une identité originale porteuse de
développement sociétal. Tout d’abord, elle a un fort caractère « réciprocitaire », car crée
par des usagers pour faire face à un manque d’offre dans le but de satisfaire les besoins
de l’homme au sein de la société. Puis, elle revitalise des formes d’échanges mises à
l’écart dans l’économie de marché actuelle, c’est-à-dire « l’économie non-marchande et
non-monétaire », afin de trouver un nouvel équilibre entre ces différents types
d’économie (Laville, 2007). Ensuite, c’est parce qu’elle repose sur un savoir-faire, des
modes de fonctionnement et des valeurs (Cf. Figure1) dont la mise en œuvre se fait dans
le respect de quelques principes (adhésion libre et volontaire, autonomie et indépendance,
etc.).
Figure 1. Les valeurs coopératives

Responsabilité des membres de la coopérative Solidarité entre les membres et envers la communauté

Transparence : une pratique éthique à Pérennité : au service des générations


l’égard de ses membres et de la présentes et futures
communauté Les valeurs
coopérative Service et produits fournit dans l’intérêt de
Démocratie : les dirigeants sont élus l’ensemble de ses membres pour satisfaire
démocratiquement par et parmi les s leurs besoins économiques et sociaux
membres

Proximité : contribuer au développement régional et à l’ancrage local

Source : Coop FR, 2010

1.2. Les coopératives : Rôle primordial dans le développement socio-


économique du pays

Au dire de Ghazali et Diebold (1993) « le système coopératif est profondément


humaniste, l’ensemble des valeurs qui le constituent reflètent une constante valorisation
de l’humain, qui est mis au centre de ses constructions sociales et économiques.».

Au fil du temps, la coopération est qualifiée de «fille de la nécessité», car elle répond à
la pression de besoins fortement ressentis par des populations plutôt défavorisées ou en
difficulté (Desroche, 1976).

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 63


De plus, les coopératives favorisent l’autonomisation des populations et selon Juan
Somavia, directeur général du Bureau international du travail, « en permettant aux
catégories même les plus pauvres de prendre part au progrès économique ; elles créent
des possibilités d’emploi pour les personnes possédant des compétences mais ayant peu,
voire pas du tout de capital ; et elles assurent une protection en organisant une entraide
communautaire.» (Draperi, 2003).

1.3. Les coopératives : une entreprise commerciale spécifique

L’entreprise de type coopératif est une entreprise commerciale qui se distingue par son
objet, sa propriété, le principe de vote adopté, sa gestion et ses actions. Le tableau ci-
dessous synthétise les principales différences entre une entreprise capitaliste et une
coopérative :
Tableau 1. Différences entre les entreprises coopératives et les entreprises capitalistes
Entreprise coopérative Entreprise capitaliste
Objet Optimiser les bénéfices pour les membres Maximiser les profits
usagers
Propriété Conférée aux membres Conférée au capital
Propriétair Membres usagers Investisseurs de capital
es
Vote Va du principe « un membre, une voix » Le nombre de voix dépend du nombre
au vote en proportion des transactions avec de parts sociales détenues
la coopérative ou de l’utilisation des
services faite par chaque membre
Gestion La direction est responsable devant les La direction est responsable devant les
membres investisseurs
Actions Choix entre l’actionnariat ou pas. En cas Valeur changeante des actions et pas de
d’actionnariat, la valeur est constante et le limite aux parts possédées
nombre de parts limité
Source : Koopmans, 2006

Par ailleurs, toute entreprise de type coopératif pourrait plus facilement se développer
économiquement et socialement, en se servant directement des techniques marketing.»
(Asencios Ovalle, 1991).
1.4. Le marketing des coopératives

L’organisation coopérative possède certains aspects qui rendent l’application du


marketing très spécifique : il consiste en un ensemble d’activités par lesquelles un
produit est destiné à la satisfaction des besoins matériels, psychologiques et sociaux des
membres constituant la société à l’intérieur de laquelle la coopérative évolue (Boisvert,
1976). Dans cette perspective, l’objectif du marketing est de répondre aux besoins
collectifs de ses membres à la fois propriétaires et usagers de services (ou/et de produits)
fournis par celle-ci. Cette double qualité implique sur le plan politique un modèle de
gouvernance participatif de la coopérative. (Gachet et Gonin, 2014)

64 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Par ailleurs et pour s’adapter aux spécificités des coopératives, le marketing doit être
conçu comme une technique de gestion et non comme une philosophie d’entreprise
(Desmarais, 1976).

Ainsi et dans les coopératives ayant réussis leur ancrage communautaire de base, le
développement de l’esprit marketing émane de sa connaissance de l'environnement, sa
primauté du client et sa responsabilité, et non pas de la volonté de s'emparer du marché
ou de l'attrait du lucre (Desmarais, 1976).

Pour sa politique de prix, les coopératives doivent arbitrer entre deux rôles
contradictoires : maximiser à court terme l’avantage coopératif perçu par ses membres
et, assurer le développement futur en dégageant des excédents (CSMO-ESAC, 2001).
De plus, le juste prix implique, aux coopératives, implicitement les principes du
commerce équitable qui s’ajoute aux autres outils de promotion et commercialisation en
marketing classique (Décaillot, 2011).

A souligner aussi, qu’il existe deux dimensions contradictoires de communication au


niveau des coopératives : une communication fonctionnelle qui cherche à susciter un
changement dans la manière de penser ou le comportement d’autrui (Dacheux, 1994) et
une communication relationnelle, basée sur la participation et la conscientisation
(Carion, 2010).

Reste à signaler ici, que la démarche marketing envisagée par les coopératives doit
répondre, à notre avis, à quatre principales questions (Cf. Figure2).
Figure 2. Modèle schématique de la démarche marketing

Comment y aller ?
Où sommes nous ? Où allons nous ? ˗Produit : comment Comment pérenniser
• Étude du public et de • Définir des objectifs nos résultats ?
améliorer mon produit ?
l'environnement précis • Contrôle et
˗Place : où trouver mon
• Analyser et définir la évaluation
stratégie consommateur ?
(segmentation, ˗Prix : quel est le bon prix
ciblage, pour mon produit ?
positionnement)
˗Promotion : comment
mieux communiquer avec
mon groupe cible ?

Source : inspiré de Kotler, 2008 et Mertens S., 2010

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 65


2. Problématique et méthodologie de recherche

Nous essayerons d’abord de positionner notre analyse empirique. Ensuite, nous


présenterons la problématique de recherche et enfin, nous traiterons de la méthodologie
poursuivie pour la réalisation de l’étude empirique en question.

2.1. Positionnement épistémologique

Dans le cadre de notre étude de la thématique, nous utiliserons une double optique : (i)
un volet qui a pour objet d’expliquer la réalité tout en élaborant une représentation de
celle-ci ; (ii) un volet "prescriptif" visant à améliorer les pratiques de gestion et offrir
aux praticiens des moyens d'action.

2.2. Problématique de recherche

Notre problématique s’articule autour de la question principale « les pratiques de


marketing au niveau des coopératives de la province de Ouarzazate : état des lieux et
conditions de développement ». Il s’agit, de dégager les signes distinctifs de la démarche
marketing des coopératives (les conditions d’application), pour ensuite proposer des
recommandations pour une stratégie marketing adaptée à ces organisations. Il s’agit
essentiellement de trouver des réponses concluantes aux questions suivantes :

- Quelle est la place de la fonction marketing dans la structure organisationnelle


des coopératives ?

- Existe-t-il une démarche marketing et comment elle est pratiquée par ces
coopératives ?

- Est-ce que le marketing peut servir le développement de leurs activités et créer


de la valeur ajoutée ?

2.3. Méthodologie de recherche

Dans l’optique de répondre à notre problématique, nous avons mené, dans un premier
temps, une recherche exploratoire afin de dresser une liste actualisée des coopératives
dans la province de Ouarzazate.

Afin de diagnostiquer en interne les particularités du marketing pratiqué, nous avons


opté au choix du questionnaire comme moyen d’étude. Et ce, en utilisant une approche
quantitative à travers des entretiens directs.

Pour les entretiens, ils furent fondés sur la demande de toute information
complémentaire ou d’éclaircissement de certaines réponses au questionnaire.

Le questionnaire comportait 25 questions ouvertes et fermées touchant surtout les


éléments de la démarche marketing (segmentation, ciblage, positionnement, marketing

66 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


mix, évaluation) ainsi que l’impact de certains facteurs sur le marketing des coopératives
étudiées.

3. Résultats et recommandations de développement

Sur le plan empirique, nous allons présenter d’abord les coopératives étudiées au niveau
de la province de Ouarzazate. Ensuite, nous exposerons les résultats de l’étude réalisée
au cours de l’année 2017 et enfin nous proposerons un ensemble de recommandations
de développement.

3.1. Présentation des coopératives de l’étude

Notre premier défi dans l’étude, était d’avoir une liste actualisée des coopératives de la
province. Un travail de recherche a été réalisé à ce niveau entre la municipalité, le terrain
et sur internet (annuaire professionnel, repères au niveau de la presse, les réseaux
sociaux, etc.).

Un deuxième obstacle provenait de la réticence ou le refus de tout contact avec nous


(crainte de la divulgation des secrets internes aux concurrents). Ceci a nécessite du
temps pour relancer à plusieurs reprises l’enquête afin de les convaincre de l’importance
de l’étude sur l’amélioration de leurs performances.

Pour toutes ces raisons, notre étude s’est concentrée sur seize coopératives (voir
annexe).

3.2. Résultats de l’étude

Les résultats de l’enquête concernent les axes relatifs aux pratiques d’analyse et de
segmentation du marché, politiques de distribution, politiques de prix, politiques de
produit et politiques de communication.
3.2.1 Pour l’analyse du marché

Concernant le point relatif à l’étude du marché, on constate ce qui suit :


- Sur les 38% des coopératives déclarant la réalisation une analyse de marché,
l’étude a montré qu’elles utilisent de simples enquêtes par questionnaires et
qu’elles s’adressent aux délégations ministérielles ouvrant dans leurs domaines
d’activités.
- De plus, 50% ne réalisant pas l’étude pour différentes raisons : leurs petites
tailles, absence de qualification, manque de moyens, mauvaise connaissance des
sources de données, manque du temps. Le reste des coopératives (12%) refusent
de s’exprimer.
Pour comprendre les clients :
- 50% des coopératives réalisent l’étude via l’analyse qualitative (entretiens en
face à face ou focus-group).

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 67


- 12% tirent leurs résultats des analyses quantitatives (enquêtes sur
questionnaire), alors que 25% combinent entre les deux types d’analyses.
Quant aux facteurs qui influencent le nombre d’acheteurs, l’enquête indique l‘influence
des facteurs présentés ci-dessous par ordre d’importance :

- Prix de produit et points de ventes disponibles,


- Les heures d’ouverture,
- L’emplacement et les actions de commercialisation entreprises,
- Vitesse du service, choix et connaissance des cibles,
- Réputation du chef et les produits complémentaires
- L’état du tourisme à la province.
3.2.2 Pour la segmentation du marché

Les résultats relatifs à l’analyse de cet élément se présentent comme suit :

- 38% des coopératives étudiées disposent d’un service marketing tandis que, 62%
justifient l’absence du service par leurs tailles (dont 20% rattachent le marketing
à un autre service).
- La moitié des coopératives étudiées déclarent avoir effectué la segmentation afin
de cibler leurs clientèles et les critères de segmentation utilisés sont : type d'achat
normale ou spéciale (22%), catégorie socioprofessionnelle et revenu (18%), style
de vie (14%), avantages recherchés du produit (11%), zone géographique (11%),
fréquence d’achat (11%), comportement de la clientèle (8%) et enfin les critères
sociodémographiques avec 5%.
3.2.3 Pour la politique de distribution

Pour les circuits de vente : les coopératives préfèrent, par ordre d’importance, la vente
directe, par téléphone, par site web et à travers des salons professionnels. De plus, la
quasi-totalité des coopératives participent à des foires régionales, nationales et
internationales.

Par ailleurs, 46% des coopératives utilisent une politique de distribution exclusive tandis
que, le reste est partagé entre une politique sélective et intensive.

Pour le développement de partenariats, les résultats montrent que 69% des coopératives
ne recourent pas à des alliances pour différentes raisons.

3.2.4 Pour la politique de prix

Concernant la politique du prix, les résultats de l’étude sont les suivants :

- Le prix des produits est fixé à partir du coût de la production et/ou le prix pratiqué
par les concurrents (c’est le cas des coopératives agricoles). Pour les coopératives
artisanales c’est en fonction des prix des matières premières ainsi que du temps

68 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


de la fabrication. Pour d’autres coopératives, le prix de vente des produits dépend
du prix de la main d’œuvre et des matières premières (la production des tapis).
- Les facteurs qui influencent sur le prix de vente des coopératives sont
respectivement : prix et approvisionnement des matières premières, concurrents,
pouvoir d’achat du consommateur, frais du transport, main-d’œuvre et les
difficultés géographiques de la région.
3.2.5 Pour la politique de produit

L’enquête a révélé que sur l’ensemble des coopératives étudiées, trois seulement ont
obtenues une reconnaissance de la qualité de leurs produits.

Par ailleurs, les problèmes rencontrés par les produits sont nombreux : segment de
marché trop petit (20%), évolution des attentes des consommateurs et réaction rapide
des concurrents (18% chacun), problèmes de distributeurs (15%), coûts de production
trop élevés (12%), capacités de production insuffisantes (9%), mauvaise politique de
lancement (6%) et potentiel de vente surestimé (2%).

Pour l’image de la coopérative, l’étude a montré qu’elle est fondée à hauteur de 48% sur
la qualité du produit, suivi par la fidélité des clients (35%), la culture du ouïe (14%) et
sur la santé financière de l'établissement (3%).

Le périmètre de distribution du produit est essentiellement local (48%), puis national


(35%) et enfin international (17%).

Certaines coopératives étudiées ont exprimées des besoins en termes de motivation et


de soutien des instances publiques en termes de développement de leurs entreprises,
d’amélioration du produit et de publicité pour se différencier sur le marché.

3.2.6. Pour la politique de distribution

A ce niveau, il faut souligner tout d’abord que 60% des coopératives ne disposent pas
d’un service de communication (manque de moyens humains et financiers), et que pour
30% de la communication est rattachée à un autre service et que pour les 10% restant,
la communication est une affaire propre des artisans.

Par ailleurs, les vecteurs de communications choisies sont : la communication


événementielle (31%), la promotion de vente et la publicité avec 28% chacune et en
dernière lieu le marketing direct avec 13%.

Pour la promotion des ventes, on trouve respectivement les techniques suivantes : offre
de réductions, cadeaux et offre de produits (dégustation pour l’huile d’olive par
exemple). De plus, les moyens les plus sollicités au niveau de la communication
événementielle sont les relations publiques, les salons et les foires. Enfin, pour la
publicité, les coopératives privilégient une combinaison de l’outil internet et
d’affichage, avec un faible recours à la presse et à la radio.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 69


Reste à signaler ici, que la quasi-totalité des coopératives interviewées disposent d’un
site web ou d’un compte facebook. Toutefois, l’architecture de l’ensemble des sites
consultés révèle une grande faiblesse (photos sans valorisation des produits, manque de
présentation active de la coopérative, vidéos qui ne fonctionne plus, etc.).

3.3. Recommandations de développement

Pour une meilleure application du marketing au niveau des coopératives de la province,


quelques recommandations peuvent être avancées à ce niveau :

- Les actions du marketing mix doivent être fondées sur un prix logique, un produit
authentique et de qualité, une communication réaliste et une distribution de
proximité.
- Assurer la traçabilité de la matière première, valoriser le côté bio du produit avec
plus de transparence sur le procédé de fabrication.
- Réduire la sensibilité du segment au prix de leur produit par l’innovation
(nouveau produit, amélioration des produits existants, etc.).
- Assurer l’accessibilité globale du produit pour le client en identifiant les bons
intermédiaires, la bonne équipe de vente et un meilleur merchandising.
- La création d’un site web performant permettant de se renseigner sur la
coopérative, sur les produits proposés, sur les prix avec une présence actif sur
tous les réseaux sociaux.
- Permettre aux coopératives l’obtention de certifications rassurant le
consommateur des produits solidaires, assortit d’un processus de contrôle de
qualité.
- L’ouverture des institutions de formation supérieures de proximités aux besoins
des coopératives.
- Développer des outils de financement et de valorisation des coopératives.
- La création d’un marché solidaire pour soutenir les coopératives, à l’instar de
celui situé à Casablanca (crée par la Fondation Mohammed V).

Conclusion

La coopérative est une réponse aux besoins des consommateurs en termes de


transparence quant à la qualité des produits et des services. Sa finalité est l’amélioration
des conditions matérielles et morales des classes populaires touchées par les effets
négatifs de l’extension de l’économie marchande et capitaliste (Fauquet, 1965).

Dans une démarche essentielle de professionnalisme et de compétences, l’appui


marketing pour la coopérative est une nécessité afin de soutenir et pérenniser les
structures de celle-ci, intégrer les petits producteurs dans le marché, combattre la
pauvreté et l’exclusion.

Notre étude a montré que pour booster l’activité des coopératives et trouver une place
sur un marché saturer de tromperies sur les produits et les services, il est indispensable
de réfléchir marketing. Ce dernier, constitue souvent un terrain inconnu pour nos

70 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


coopératives, ce qui entraîne la non utilisation d'un fort potentiel à ce niveau. S’ajoute,
une grande confusion entre celui-ci et la vente qui n'intervient qu'après le stade du
marketing.

Ainsi et avant de se lancer dans la commercialisation d’une offre, une compréhension


du marché s’impose afin de s’assurer qu’elle répond à un besoin. Ceci permet à la
coopérative d’identifier le marché potentiel et les concurrents, de structurer son offre et
de faire des prévisions de son chiffre d’affaires.

Il faut reconnaitre aussi, que les efforts et la volonté de réussir pour nos coopératives ne
manquent pas mais restent insuffisantes. A cet effet, un ensemble d’actions doivent être
envisagées :

- Faire connaitre la coopérative et les produits fabriqués au grand public,


- Construire un juste prix afin de délivrer un message de transparence tant désirée
par la clientèle,
- Valoriser la traçabilité sur la qualité du produit et son originalité,
- Un meilleur choix des modalités de circuits de distribution et des vecteurs de
communication adaptés.
Reste à signaler, que l’étude menée ne constitue qu’une première étape pour la
compréhension de la place et du rôle joué par le marketing dans les coopératives de cette
province et que d’autres études devraient être menées dans ce domaine au niveau de la
région Dâar Tafilat ou entre les régions. Ce qui permettrait la réalisation de
comparaisons et faciliterait, ensuite, le développement du marketing social au niveau de
toutes les coopératives marocaines.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 71


Bibliographie

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(date de consultation : 30 mars 2018). Développer une coopérative logique de gestion
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72 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


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Universitaires de France (PUF), 128 p.
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Travailleurs ». Organisation Internationale du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse,
131 pages.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 73


Annexe
Tableau 2. Fiche technique des coopératives étudiées

Date de
Nom de la coopérative Activité
création
Coopérative Agricole Vente d’huile d’olive et la
1 1971
Huilière El Hassania trituration des olives
Coopérative Agricole Transformation de roses :
2 Soffi pour Production et 2011 extraction, produits dérivés
Distribution de Rose cosmétiques
Coopérative artisanale Produits d’artisanat (bijoux,
3 2014
de femmes (Beija) tissages,…)
Coopérative Agricole Production et vente du lait
4 1979
laitière Tametkalte et dérivés
Coopérative
Production et
5 Ouaouzguiti des tapis 1938
Commercialisation des tapis
traditionnels
Coopérative Féminine pour
6 Coopérative Corosa 2008 l’élevage de chèvres et la
fabrication du fromage
Coopérative artisanale
7 2017 Tissage et broderie
Tahrouyte
8 Coopérative Toumour 2009 Dattes Oasis Tamayousste
Coopérative Agricole Al Arbres fruitiers (olivier,
9 1999
Morabitine palmier)
Coopérative du nouveau Fromage et élevage de
10 2000
testament chèvres
Coopérative
11 professionnelle Ghade 2017 Couture, broderie, nasij
Elmacherik
Coopérative
Artisanat et fabrication de
12 professionnelle 2017
bijoux
Amhaoul
Coopérative féminine du
13 1992 Broderies, tapis
Grand Atlas « Agouim »
Coopérative Al Kasabah
Tapis
14 de tissage des tapis et 1988
hanbels
Coopérative Argan Extraction d’huile d’Argan
15 2009
Tabounte et produits de femmes
Coopérative Attahadi
Bijouterie, menuiserie
16 Multi Fonctions pour les 2012
artistique, tissage
Personnes Handicapées

74 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

L’impact de l’information comptable et financière sur la


prise de décision : cas d’un échantillon d’entreprises en
Algérie.

Chabi Tayeb, Université A. MIRA de Bejaia, Algérie


Kennouche Samia, Université A.MIRA de Bejaia, Algérie

Édition électronique

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Chabi, T et Kennouche, S. « L’impact de l’information comptable et financière sur la
prise de décision : cas d’un échantillon d’entreprises en Algérie», Revue "Repères et
Perspectives Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 75


Résumé
L’objectif de la présente recherche empirique est d’analyser l’impact des informations
comptables et financières sur la prise de décision suivant le modèle Mactor : Méthode
Acteur, Objectif Rapport de force. Nous avons effectué une étude de terrains à travers
un questionnaire sur la formulation du modèle ainsi que l’évaluation des relations entre
les acteurs. Ensuite, nous avons évalué les rapports de force des acteurs sur la prise de
décision.
Nous avons analysé les résultats du modèle sur plusieurs paramètres, à savoir les
positions entre les acteurs, ensuite les positions des acteurs sur l’objectif traduit par les
rapports de force.

Mots clés : Impact, acteurs, rapport de force, Mactor.

Classification JEL : C9, D8, M41, P17


Abstract
The objective of this empirical research is to analyze the impact of accounting and
financial information on the decision-making case of a sample of companies following
the Mactor model: Actor method, Objective Power ratio. We did a studythrough a
surveyon the formulation of the model as well as the evaluation of the relations between
the actors. Then, we evaluated the reports of actors on decision-making.
We analyzed the results of the model on several parameters, namely the positions
between the actors, then the positions of the actors on the objective which translates by
the balance of power.
Keywords: Impact, actors, balance of power, Mactor.
‫ملخص‬
‫الهدف من هذا البحث التجريبي هو تحليل تأثير المعلومات المحاسبية والمالية على عملية اتخاذ القرار وفقا لنموذج‬
‫ بعد‬.‫ أجرينا دراسة ميدانية من خالل استبيان حول صياغة النموذج وكذلك تقييم العالقات بين الفاعلين‬. Mactor
.‫ قمنا بتقييم ميزان القوى بين الجهات الفاعلة في عملية صنع القرار‬،‫ذلك‬
‫ ثم مواقف الجهات الفاعلة بشأن‬،‫ وهي المواقف بين الجهات الفاعلة‬،‫قمنا بتحليل نتائج النموذج على عدة معايير‬
.‫الهدف الذي يترجم بميزان القوة‬
.Mactor ،‫ توازن القوى‬،‫ الجهات الفاعلة‬،‫ التأثير‬:‫الكلمات المفتاح‬

76 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Introduction

L’information a pour objet d’apporter un ensemble de descriptions, des faits quantitatifs


et explicatifs favorisant un diagnostic plus clair de la situation et permettant de prendre
des décisions avec moins de risques. Selon Sauviat (2002), l’information est considérée
comme l’élément clé de l’économie mondiale. C’est ici qu’intervient le rôle du système
d’information comptable, même si la comptabilité était considérée auparavant comme
une technique ésotérique, affaire des professionnels et enjeux de la fiscalité. On
reconnaît aujourd’hui qu’elle est au cœur de la gestion des entreprises, un outil
stratégique de pilotage et d’évolution et d’aide à la décision (Brigitte et al., 2010). Elle
a aussi pour objet de fournir des informations sur les relations de l’entreprise avec
l’extérieur (Bizingre et al., 2013).

Le système d’information comptable dans les entreprises a été perçu pendant longtemps
comme un simple modèle réduit à la production des documents de synthèse. Toutefois,
ces documents sont limités au calcul des résultats de l’exercice et d’impôts. Partageant
souvent cette perception, les chercheurs en comptabilité s’intéressent assez peu à
l’analyse et à l’usage de l’information comptable pour la prise de décision. Il nous
semble, en effet que bon nombre d’entreprises algériennes s’éloignent largement des
principes modernes de management en leur permettant d’organiser au mieux le
processus de la prise de décision, en exploitant l’information comptable. Ce manque
d’intérêt provient, peut-être, partiellement des préjugés selon lesquels les entreprises
produisent des données aux autorités fiscales. Pourtant, des études empiriques ont
permis de réfuter ce préjugé (Lavigne et Josée, 2002).

L’usage de l’information comptable est essentiel et particulièrement important dans


plusieurs types de décisions : la fixation du prix de vente, l’évaluation de la marge de
profits, l’évaluation de l’efficacité du système de production, etc (Abbasi, 2014). Pour
ces raisons et d’autres, les entreprises doivent se doter de systèmes informatiques
(Legrenzi et al., 2013). L’intégration des systèmes informatiques est une des
caractéristiques majeures de l’évolution actuelle des systèmes d’information de
l’entreprise. Le système d’information comptable est au cœur de cette mutation : il
devient une pièce maîtresse du système d’information de l’entreprise en assurant un rôle

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 77


fédérateur et en garantissant la cohérence des informations de gestion à usage aussi bien
interne qu’externe pour servir de base à la décision (Giraud et al., 2005).

De ce fait, nous avons posé la question problématique suivante : « quelle est la


contribution de l’usage de l’information comptable et financière dans la prise de
décision dans les entreprises ? ».

L’objectif de notre contribution est de montrer l’importance de l’usage de l’information


comptable et financière dans la prise de décision au sein des entreprises.

Pour ce faire, nous allons appliquer la méthode «Mactor : Méthode Acteur, Objectif
Rapport de force ». (Godet, 1990, P2). Ce nouveau modèle nous permet d’identifier
facilement les influences et l’usage utile de l’information issue du système
d’information comptable des entreprises étudiées. Dans une vision systémique, une
variable n'existe que par son tissu relationnel et informationnel avec les autres variables
(Roy, 1985, p87). Aussi, l'analyse structurelle s'attache-t-elle à mettre en relation les
variables dans un tableau à double entrées (relations directes) (Godet et al., 1995).

La méthode «Mactor Prospective» a été conçue par Michel Godet, l'utilisateur de cette
méthode pourra se référer à son manuel de prospective stratégique «L’art et la méthode"
Tome II – Editions Dunod 2001. Cette technique nous permet également de faire
apparaître les supports d’informations comptables essentiels à l'évolution du processus
décisionnel et les supports d’informations caractérisant le système étudié (supports
externes autant qu'internes).

Hypothèses

L’étude de la contribution du système d’information sur la prise de décision des


entreprises de production pose plusieurs défis. A première vue, on pourrait postuler que
l’usage de l’information comptable est essentiel et particulièrement important dans
plusieurs types de décisions : la fixation du prix de vente, l’évaluation de la marge de
profits...etc. A la deuxième vision, Le système d’information comptable est une pièce
maîtresse du système d’information de l’entreprise en assurant un rôle fédérateur et en
garantissant la cohérence des informations de gestion à usage aussi bien interne
qu’externe pour servir de base à la décision

78 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Méthodologie et échantillon consulté

L’échantillonnage est une phase importante de la recherche. En effet, dans notre enquête
nous avons opté pour l’échantillonnage probabiliste qui est un échantillon consistant de
telle façon que tout élément qui y retenu possède autant de chances que n’importe quel
autre élément de la population mère d’y figurer.
La réalisation de notre étude portant sur «L’impact de l’information comptable et
financière sur la prise de décision », nécessite une enquête par échantillonnage au niveau
de la population cible (population mère) qui représente toutes les grandes entreprises de
production dans plusieurs secteurs d’activité de la wilaya de Béjaia en Algérie
Notre échantillon représente 30 entreprises de la population mère qui se compose de 194
entreprises de production. Cela nous conduit à déduire que notre échantillon est
représentatif. Nous avons réalisé notre enquête durant l’année 2015 pour une durée de
trois mois.
Pour mener à bien cette étude et répondre aux questions posées dans la problématique,
nous avons retenu les caractéristiques suivantes dans l’entreprise enquêtée :
- Structure de l’entreprise : que l’entreprise soit structurée pour vérifier
l’existence d’une activité informationnelle.
- Activité de l’entreprise (qu’elle possède une activité de production avec
un cycle d’exploitation).
- L’utilisation des techniques de la gestion des ressources humaines.
- La taille de l’entreprise : (elle doit être grande ou moyenne)
Pour vérifier nos hypothèses, nous avons confectionné un questionnaire suivant la
méthode « Mactor ». Le remplissage du questionnaire se fait par ordre qualitatif suivant
l’échelle : « 0 » s'il n'existe pas de relation entre la pratique i et j, « 1 » = faible relation,
« 2 » = relation moyenne et « 3 » pour une forte relation. Nous avons adressé ce
questionnaire à une trentaine d’entreprise de production.

Pour appliquer la méthode « Mactor » dans cette étude empirique, il faut procéder aux
étapes suivantes :

- Formulation du système à étudier ;


- Résolution du système par la méthode « Mactor » ;

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 79


- Interpretation des résultats.
- Faire apparaître les supports d’informations comptables essentiels à l'évolution
du processus décisionnel et les supports d’informations caractérisant le système
étudié (supports externes autant qu'internes).
1. Formulation du système à étudier
Selon les résultats de notre enquête sur l’usage stratégique des informations comptables
pour la prise des décisions dans plus de 80% des entreprises consultées, les réponses
confirment les relations stratégiques informationnelles des supports d’informations
comptables à la prise de la décision. Nous avons recensés à travers ces résultats, un
ensemble de supports d’informations caractérisant le système étudié (supports externes
autant qu'internes) :

 Les variables internes de notre modèle représentent la prise de décisions dans les
entreprises étudiées. Ce sont des objectifs d’ordre stratégique, administratif et
opérationnel. D’après les résultats de notre étude nous avons retenu pour les objectifs
les décisions suivantes :
- Décisions stratégiques (D/Stra)
- Décisions tactiques (D/tac)
- Décisions opérationnelles (D/opéra).
 Les variables externes représentent les supports d’information comptable pour la
prise de la décision dans les entreprises enquêtées,elles sont considérées comme des
acteurs dans le modèle « Mactor ». Selon les données de notre enquête, nous avons
retenu pour les acteurs les informations et les supports d’informations ci-dessous :
 Information du tableau des dettes (In.TD) ;
 Information du tableau des frais de gestion (In.TFG)
 Information de compte de résultats(In.TCR)
 Information du tableau patrimonial (In.TP)
 Information du tableau des investissements(In.TINV)
 Information du tableau des amortissements(In.TA) ;
 Information de la balance générale (In.BG)
 Information du tableau des créances(In.TCrea)
 Information stock des matières premières (In.MPre)

80 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


 Information sur consommation des stocks matières premières (In.CSMP) ;
 Information du tableau des fonds propres (In.TFP)
 Information sur le stock des produits finis(In.StPf)
 Information du tableau historique clients /fournisseurs (In.TH.C/F)
 Information du tableau de coût de revient (In.TC)
 Information du tableau des renseignements divers (T Ren)
 Informations sur les ventes et prestations (In.V/Pre)
 Information du tableau des provisions (In.TPrO)
 Information sur la situation de la trésorerie(In.Tréso) ;
 Information sur cession des investissements (In.CesInv).
Les réponses aux questionnaires destinés aux entreprises étudiées, nous permettent
d’établir la matrice d’influence directe (MID) illustrée dans le tableau n°1 ci-dessous.

Tableau n°1 : Matrice des influences directes


In.TD
InTFG

In TCR
InTP

InTINV
In TA
In BG

InTCrea
IN MPre
In CSMP
In TFP
In St Pf
In THC/ F
In TC

InTRen
In V/ Pre
In TPro
In Tréso
In Ces Inv
MID

In.TD 0 2 0 4 3 0 4 0 0 0 3 0 4 0 4 0 3 4 2
InTFG 2 0 4 0 0 3 1 3 1 1 3 4 1 3 4 3 2 2 2
In TCR 2 3 0 0 2 3 0 3 3 3 2 4 4 4 3 3 0 3 3
InTP 4 0 0 0 4 4 3 2 2 2 3 4 2 0 4 0 2 4 3
InTINV 3 0 2 3 0 4 4 0 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 3
In TA 0 4 3 1 4 0 0 0 0 0 4 3 2 4 3 4 2 2 0
In BG 4 2 2 3 2 0 0 0 0 0 3 0 0 0 4 2 3 0 4
InTCrea 2 2 3 4 0 0 4 0 3 3 4 3 3 4 4 3 4 3 2
IN MPre 4 3 3 2 0 0 2 3 0 3 0 3 3 3 4 3 4 0 2
In CSMP 4 3 3 2 0 0 2 3 3 0 0 3 3 3 4 3 4 4 2
In TFP 3 0 0 3 3 0 4 3 2 2 0 2 2 1 3 0 3 3 3
© LIPSOR-EPITA-MACTOR

In St Pf 2 3 3 0 0 0 0 3 3 3 0 0 4 4 4 3 4 2 0
In THC/ F 3 4 3 3 0 0 3 3 4 4 0 4 0 1 4 3 4 3 0
In TC 2 3 3 0 0 0 0 4 0 4 0 3 2 0 4 4 2 4 1
InTRen 4 3 0 4 4 3 3 4 0 0 3 0 3 3 0 3 3 3 3
In V/ Pre 2 3 4 0 0 0 0 4 3 3 3 3 3 4 3 0 3 4 2
In TPro 2 0 0 2 2 0 2 2 0 0 2 2 3 0 0 3 0 2 2
In Tréso 3 0 0 3 3 0 4 3 3 0 3 3 3 0 4 3 3 0 3
In Ces Inv 3 2 0 2 4 4 3 3 0 0 0 0 0 0 4 0 3 3 0

Source : établi par les auteurs à partir des données de l’enquête.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 81


Les influences sont notées de 0 à 4 suivant l'importance de la remise en cause possible
par l'acteur : 0 : Pas d'influence 1 : Processus opératoires 2 : Projets 3 : Missions 4 :
Existence
On observe dans la matrice ci-dessus que les informations du tableau des frais de gestion
(in.TFG) influencent sur la majorité des supports d’information comptable. Une
influence directe importante sur le tableau des investissements (In.TINV), tableau des
fonds propres (In.TFP) et tableau des provisions (In.TProv). L’intensité de cette
influence est égale à (3) ce qui signifie que les informations du tableau des frais de
gestion peuvent mettre en cause l’accomplissement des missions des supports
d’information précédent. Le tableau des frais de gestion précèdent a une influence très
importante, elle est égale à (4), ce qui explique la remise en cause de l’existence des
supports d’information suivants : Tableau de la trésorerie, tableau des renseignements
divers. Les influences sont notées (de 0 à 4) suivant l’importance de la remise en cause
possible par un support d’information.

Les réponses aux questionnaires destinés aux entreprises étudiées nous permettent
d’établir la matrice acteurs /objectifs (2MAO), illustrée dans le tableau ci-dessous.

Tableau n° 2 : Matrice acteurs/objectifs


DStr
D/tac

D/opéra

2 M AO

In.TD 3 2 0
InTFG 0 4 3
In TCR 4 3 1
InTP 3 2 0
InTINV 3 4 1
In TA 3 4 1
In BG 3 2 4
InTCrea 4 3 1
IN MPre 4 3 2
In CSMP 4 3 2
In TFP 3 0 0
© LIPSOR-EPITA-MACTOR

In St Pf 3 2 1
In THC/ F 4 3 0
In TC 3 4 2
InTRen 3 2 0
In V/ Pre 4 3 1
In TPro 4 2 0
In Tréso 3 4 2
In Ces Inv 3 4 1

Source : les résultats donnés par le logiciel Mactor

82 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


0 : l'objectif est peu conséquent.
1 : L'objectif met en cause les processus opératoires (gestion, etc. ...) de l'acteur / est indispensable à ses processus opératoires.
2 : L'objectif met en cause la réussite des projets de l'acteur / est indispensable à ses projets.
3 : L'objectif met en cause l'accomplissement des missions de l'acteur / est indispensable à ses
Missions.
4 : L'objectif met en cause l'acteur dans son existence / est indispensable à son existence.

On constate dans le tableau n°2 ci-dessus que l’utilisation des informations comptables
sur la consommation des matières premières (In. CSMP) est très importante pour la
prise des décisions tactique (D/tac), stratégique et opérationnelle. Ces informations
mettent en cause l’existence de l’objectif stratégique, l’accomplissement des missions
des directions des fonctions et la réussite du projet opérationnel des entreprises
enquêtées.

2. Résolution du modèle par la méthode « Mactor »


La méthode « Mactor » nous permet de visualiser les résultats de notre étude sur
l’utilisation stratégique des informations comptables pour la prise de décision sous
forme des matrices suivantes :

- Matrice des influences directes (MID) (GODET, 2001, P205)


- Matrice acteurs objectifs
- Graphe distance nette entres acteurs et objectifs
- Histogrammes et tableaux des rapports de force de l’acteur tenant compte de son
maximum d’influences et de dépendances directes et indirectes
- Maximum matrice d’influences et dépendances indirectes (MMIDI)
- Tableaux et histogrammes des positions des informations comptables sur les
décisions stratégique, tactique et opérationnelle des entreprises étudiées.
3. Interprétation des résultats
Pour mieux expliquer les résultats de ce modèle, nous allons séparer l’interprétation en
deux aspects : Le premier explique les relations entre les supports d’informations
comptables ; le deuxième élément montre les positions à valeurs pondérées des supports
d’informations comptables sur les objectifs. Pour cet aspect nous avons choisi les
positions d’ordre (3), des acteurs sur l’objectif.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 83


3.1. Analyse des positions entre les supports d’informations
Le modèle « Mactor » nous permet de représenter les mobilisations entre des acteurs sur
le maximum d’influence et de dépendances indirectes, la matrice et le graphe des
distances nettes ainsi que l’histogramme des rapports de forces.

Tableau n°3 : Max Matrice des influences et dépendances indirectes.


In.TD

InTFG

In TCR

InTP

InTINV

In TA

In BG

InTCrea

IN MPre

In CSMP

In TFP

In St Pf

In THC/ F

In TC

InTRen

In V/ Pre

In TPro

In Tréso

In Ces Inv

IMAXi
MMIDI

In.TD 0 4 3 4 4 4 4 4 4 4 3 4 4 3 4 3 4 4 4 68
InTFG 4 0 4 4 4 3 3 4 3 3 3 4 4 4 4 3 4 3 3 64
In TCR 3 4 0 3 3 3 3 4 4 4 3 4 4 4 4 4 4 4 3 65
InTP 4 4 3 0 4 4 4 4 3 3 4 4 4 4 4 4 4 4 3 68
InTINV 4 4 3 4 0 4 4 4 2 2 4 3 3 4 4 4 3 3 4 63
In TA 3 4 4 3 4 0 4 4 3 4 4 4 3 4 4 4 3 4 3 66
In BG 4 3 2 4 4 4 0 4 2 2 3 3 4 3 4 3 3 4 4 60
InTCrea 4 3 3 4 4 4 4 0 3 4 4 4 3 4 4 4 4 4 4 68
IN MPre 4 3 3 4 4 3 4 4 0 3 3 3 4 3 4 3 4 4 3 63
In CSMP 4 3 3 4 4 3 4 4 3 0 3 3 4 3 4 3 4 4 3 63
In TFP 4 3 3 3 3 3 4 3 3 3 0 3 3 3 4 3 3 3 4 58
In St Pf 4 4 3 4 4 3 3 4 4 4 3 0 4 4 4 4 4 4 3 67

© LIPSOR-EPITA-MACTOR
In THC/ F 4 4 4 4 4 3 3 4 4 4 3 4 0 4 4 3 4 4 3 67
In TC 4 3 4 4 4 3 4 4 3 4 4 3 3 0 4 4 4 4 3 66
InTRen 4 3 3 4 4 4 4 4 3 3 4 4 4 4 0 3 4 4 3 66
In V/ Pre 3 3 4 4 3 3 4 4 3 4 4 4 4 4 4 0 4 4 3 66
In TPro 3 3 3 3 2 2 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 0 3 2 51
In Tréso 4 3 3 4 4 3 4 4 3 3 3 3 3 3 4 3 3 0 4 61
In Ces Inv 4 4 3 4 4 4 4 4 3 3 4 3 3 4 4 4 3 3 0 65
DMAXi 68 62 58 68 67 60 67 70 56 60 62 63 64 65 71 62 66 67 59 1215

Source : les résultats donnés par le logiciel Mactor


Les valeurs représentent les max. d'influences directes et indirectes des acteurs entre
eux :
Plus le chiffre est important plus l'influence de l'acteur sur l'autre acteur est importante.
Le tableau ci-dessus montre le maximum d’influence et de dépendance entre les
supports d’information. Toutefois, chacun des supports d’information suivants : tableau
des dettes, tableau patrimonial et tableau des créances ont le maximum d’influences
(In.Max =68) dans le système. L’usage de leurs influences est dicté par deux causes
seulement : pour mission et pour son existence. D’autre part, le tableau de
renseignements divers à le maximum de dépendances (D.Max = 7l). Alors que, son

84 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


maximum d’influences (I.Max=66). De ce fait, le tableau de renseignements divers
exerce moins d’influences qu’il n’en reçoit des supports d’informations comptables.
Pour pouvoir examiner, si un support d’information exerce plus ou moins d’influence
qu'il n'en reçoit, il s’agit d’observer les résultats indiqués dans le tableau ci-dessous.

Tableau n° 4 : Balance nette des influences entre les supports d’information


In.TD

InTFG

In TCR

InTP

InTINV

In TA

In BG

InTCrea

IN MPre

In CSMP

In TFP

In St Pf

In THC/ F

In TC

InTRen

In V/ Pre

In TPro

In Tréso

In Ces Inv

Somme
BN

In.TD -16 -25 -8 -3 -12 1 -22 -22 -28 -13 -10 -19 -21 -6 -16 2 -14 1 -231
InTFG 16 -11 -1 2 -10 8 -1 -13 -12 4 0 3 2 13 -1 16 9 10 34
In TCR 25 11 7 7 -7 18 11 -1 0 8 12 10 10 23 11 25 16 14 200
InTP 8 1 -7 9 -2 14 -4 -8 -14 -5 4 3 -1 8 1 15 -2 4 24
InTINV 3 -2 -7 -9 -2 -4 -6 -7 -10 1 2 -1 0 2 -2 9 0 -2 -35
In TA 12 10 7 2 2 3 16 4 6 11 18 12 12 15 17 17 16 7 187
In BG -1 -8 -18 -14 4 -3 -11 -15 -19 -11 -5 -6 -11 -7 -14 2 -8 1 -144
InTCrea 22 1 -11 4 6 -16 11 -8 -10 2 1 3 -6 17 -4 23 10 18 63
IN MPre 22 13 1 8 7 -4 15 8 0 7 6 8 4 21 8 19 16 16 175
In CSMP 28 12 0 14 10 -6 19 10 0 12 7 13 6 25 10 24 17 22 223
In TFP 13 -4 -8 5 -1 -11 11 -2 -7 -12 2 -2 -8 1 3 15 1 2 -2

© LIPSOR-EPITA-MACTOR
In St Pf 10 0 -12 -4 -2 -18 5 -1 -6 -7 -2 0 1 3 1 13 6 6 -7
In THC/F 19 -3 -10 -3 1 -12 6 -3 -8 -13 2 0 -2 14 -2 21 4 10 21
In TC 21 -2 -10 1 0 -12 11 6 -4 -6 8 -1 2 15 0 20 15 10 74
InTRen 6 -13 -23 -8 -2 -15 7 -17 -21 -25 -1 -3 -14 -15 -12 12 -3 2 -145
In V/Pre 16 1 -11 -1 2 -17 14 4 -8 -10 -3 -1 2 0 12 20 11 5 36
In TPro -2 -16 -25 -15 -9 -17 -2 -23 -19 -24 -15 -13 -21 -20 -12 -20 -15 -6 -274
In Tréso 14 -9 -16 2 0 -16 8 -10 -16 -17 -1 -6 -4 -15 3 -11 15 9 -70
In Ces Inv -1 -10 -14 -4 2 -7 -1 -18 -16 -22 -2 -6 -10 -10 -2 -5 6 -9 -129

Source : les résultats donnés par le logiciel Mactor

Ces valeurs sont des entiers relatifs :


Le signe (+) indique que l'acteur exerce plus d'influence qu'il n'en reçoit.
Le signe (-) indique que l'acteur exerce moins d'influence qu'il n'en reçoit.

On remarque dans le tableau ci-dessus que l’information relative aux dettes exerce
moins d’influence qu’elle ne reçoit (-231) sur les supports d’informations comptables à
l’exception des supports d’information suivants : la balance générale et le tableau des
cessions des investissements.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 85


L’influence minimale enregistrée est égale à (-28) et concerne la consommation des
matières premières, ce qui explique que, les dettes contractées par ces entreprises sont
en grande partie des dettes à long terme.
On note également que l’information sur la consommation des matières premières
exerce plus d’influence qu’elle ne reçoit, elle est égale à (223) au total. Donc,
l’approvisionnement en matières premières joue un rôle primordial au sein des
entreprises étudiées. La contribution de ce type d’information se situe au niveau cycle
d’exploitation. Elle exerce particulièrement plus d’influence sur le tableau des dettes
(taux d’influence égale à 28). De ce fait, la qualité de la matière première et son
exploitation influencent directement sur les équipements de production et les dettes
d’investissements contractées. Toutefois, ces influences sont déterminées en fonction
de l’usage de l’information exploitée pour la conception d’un support d’information
comptable. Dans le but d’approfondir cette analyse, le graphe suivant montre les
distances nettes entre les supports d’informations (acteurs).
Pour mieux comprendre les relations entre les niveaux décisionnels des entreprises
consultées, le graphe ci-dessous montre les liaisons de pouvoir de décision et l’échange
d’information à travers les distances nettes entre les objectifs ci-dessous.

Tableau n°5 : La matrice des rapports de forces


Qi

In.T D 1,1
InT FG 1,0
In T CR 1,1
InT P 1,1
InT INV 1,0
In T A 1,1
In BG 0,9
InT Crea 1,0
IN MPre 1,0
In CSMP 1,0
In T FP 0,9
© LIPSOR-EPITA-MACTOR

In St Pf 1,1
In T HC/ F 1,1
In T C 1,0
InT Ren 1,0
In V/ Pre 1,1
In T Pro 0,7
In T réso 0,9
In Ces Inv 1,1

Source : les résultats donnés par le logiciel Mactor

86 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Qi* est le rapport de force de l'acteur i tenant compte de son max. d'influences et de
dépendances directes et indirectes et de sa rétroaction.
D’après les résultats du tableau ci-dessus, les supports d’informations issus des systèmes
d’informations comptables des entreprises étudiées ont, en grande partie, des rapports
de force consistants à l’usage stratégique de l’information comptable. De ce fait,
l’appréciation de la pertinence de l’information comptable est justifiée par les rapports
de force indiqués ci-dessus.
3.2. Analyse des positions des supports d’informations (acteurs) sur les objectifs
Ce deuxième aspect d’analyse consiste à visualiser les résultats relatifs à la position des
supports d’informations (acteurs) sur les objectifs. Pour mieux expliquer l’impact
stratégique de l’information sur les objectifs, nous allons étudier les positions pondérées
des acteurs d’ordre (3).

Le tableau suivant représente les taux de mobilisations et d’oppositions des supports


d’informations sur les trois objectifs : stratégique, tactique et opérationnelle.

Tableau n°6 : Matrice acteurs et objectifs d’ordre 3


DStr

D/tac

D/opéra

3M AO Mobilisation
In.TD 1,6 1,1 0,0 2,7
InTFG 0,0 4,2 3,2 7,4
In TCR 5,9 4,4 1,5 11,8
InTP 3,1 2,1 0,0 5,2
InTINV 2,0 2,7 0,7 5,4
In TA 3,6 4,8 1,2 9,7
In BG 1,7 1,1 2,3 5,2
InTCrea 5,2 3,9 1,3 10,5
IN MPre 5,4 4,1 2,7 12,3
In CSMP 6,1 4,6 3,0 13,7
In TFP 2,9 0,0 0,0 2,9
In St Pf 2,9 2,0 1,0 5,9
In THC/ F 4,6 3,4 0,0 8,0
In TC 3,1 4,2 2,1 9,4
© LIPSOR-EPITA-MACTOR

InTRen 2,7 1,8 0,0 4,6


In V/ Pre 4,7 3,5 1,2 9,3
In TPro 1,8 0,9 0,0 2,7
In Tréso 2,9 3,8 1,9 8,6
In Ces Inv 1,9 2,5 0,6 5,0
Nombre d'accords 62,3 55,2 22,7
Nombre de désaccords 0,0 0,0 0,0
Degré de mobilisation 62,3 55,2 22,7

Source : les résultats donnés par le logiciel Mactor

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 87


Les valeurs positives représentent la mobilisation des acteurs sur les objectifs.
Les valeurs négatives représentent le taux d'opposition.
On remarque dans le tableau ci-dessus que les valeurs sont toutes positives. Donc,
l’information comptable influence positivement sur les objectifs. Toutefois, les
informations sur la consommation des matières premières représentent le taux de
mobilisation le plus élevé (13.7) sur les objectifs, soit respectivement : (6.1) sur
l’objectif stratégique, (4.6) sur l’objectif tactique (3) sur l’objectif opérationnel. De ce
fait, cette information a beaucoup de mobilisation sur l’objectif stratégique dans les
entreprises enquêtées. La mobilisation des informations sur les fonds propres est
centralisée sur l’objectif stratégique, ce qui explique l’usage confidentiel de ce type
d’information dans les entreprises consultées. Conformément aux résultats du tableau
ci-dessous, une forte mobilisation de (62.3) des informations comptables sur l’objectif
stratégique, une mobilisation moyenne de (55.2) sur l’objectif tactique et une
mobilisation faible sur l’objectif opérationnel (22.7). Donc, l’information issue des
systèmes d’information comptable est fortement utilisée pour la prise des décisions
stratégiques.
Pour mieux observer la mobilisation des informations comptables sur les trois objectifs
(stratégique, tactique et opérationnel), l’histogramme ci-dessous montre à travers les
trois bandes la mobilisation des informations pour chaque objectif.

Graphe n° 1

Source : le graphe donné par le logiciel Mactor

88 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Le plan des correspondances des acteurs et des objectifs ci-dessous, présente le
regroupement des supports d’informations comptables autour des objectifs.

Graphe n°2

Source : le graphe donné par le logiciel Mactor


On observe dans le graphe ci-dessus qu’un nombre important des supports
d’informations comptables sont regroupés autour des deux objectifs : stratégique et
tactique, ce qui n’est pas le cas pour l’objectif opérationnel. De ce fait, l’information
comptable joue un rôle considérable dans la prise des décisions stratégiques dans les
entreprises enquêtées. D’après les directions de ces entreprises, l’information comptable
est diffusée aux directions des filiales, elle est consolidée avec les autres entreprises au
niveau de la direction des groupes et exploitée ensuite pour la prise de décision au niveau
de « S.G.P » sociétés de gestion des participations.

Après avoir étudié les influences, les rapports de force entre les supports d’informations
comptables et la consistance de leurs ambivalences, on arrive dans cette étape à étudier
les poids des informations sur les décisions : opérationnelles, tactiques et stratégiques,
à travers les trois balances ci-dessous, des positions par objectif values et pondérées par
les rapports de force.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 89


Graphe n° 3

Source : le graphe donné par le logiciel Mactor.


Graphe n°4

Source : le graphe donné par le logiciel Mactor.

90 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Graphe n°5

Source : le graphe donné par le logiciel Mactor.


D’après la méthode « Mactor », sous le signe (-) sont positionnés les acteurs opposés à
l’objectif (en tenant compte des rapports de force) ; sous le signe (+) sont positionnés
les acteurs favorables à l’objectif (en tenant compte des rapports de force). On constate
dans les graphes (n°5, n°6 et n°7) ci-dessus, que les supports d’informations comptables
sont tous sous le signe (+), cela signifie que ces supports d’informations ont une
mobilisation et un impact favorable sur les objectifs (décision stratégique, décision
tactique et décision opérationnelle).

Conclusion

Nous avons montré à travers les résultats du modèle « Mactor : acteur, objectif et rapport
de force », sur le plan des correspondances (acteur/objectif), qu’un nombre important
des supports d’informations comptables sont regroupés autour de deux objectifs :
stratégique et tactique, ce qui n’est pas le cas pour l’objectif opérationnel. De ce fait,
l’information comptable joue un rôle considérable dans la prise des décisions

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 91


stratégiques dans les entreprises enquêtées. D’après les directions de ces entreprises,
l’information comptable est diffusée aux directions de groupe pour la consolider avec
les autres entreprises et filiales de même groupe d’entreprises. La consolidation est
exploitée ensuite à la prise de décision au niveau des sociétés de gestion des
participations « S.G.P ».

Les indicateurs d’ambivalences dans le modèle Mactor permettent de voir que les
supports d’informations comptables n'ont pas de position ambivalente, ce qui confirme
la consistance de l’information comptable à l’usage stratégique. Donc, la qualité de
l’information comptable produite par les entreprises étudiées affiche un degré important
de pertinence sur la prise de décision. De ce fait, les données comptables procurées par
les systèmes d’informations comptables des entreprises étudiées ont un rôle décisif sur
la prise de décision en management.

Ce modèle, nous a permis de montrer que les informations, issues des systèmes
d’information comptables, permettent d’une part d’avoir une idée sur la situation
patrimoniale d’une entreprise (ensemble de ses avoirs et de ses dettes), sur sa capacité
à dégager un profit (compte de résultat), d’autres part de calculer les coûts de
production (comptabilité analytique) et de fournir une idée des marges de manœuvre
futures (analyse financière).

Cette étude nous a permis de montrer que l’évolution et la complexité croissante de


l’entreprise face à des besoins d’information sans cesse croissants, rend sa gestion de
plus en plus difficile à assurer. En effet, ses dirigeants doivent fournir des efforts
continuels pour améliorer la qualité de l’information et créer de nouvelles méthodes de
management, afin de permettre à l’entreprise de mieux s’adapter au changement qui
s’opère dans son environnement et d’assurer sa survie.

92 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Bibliographie

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Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 93


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

La gouvernance des Technologies de l’Information : un


dispositif de contrôle du système d’information éducatif

Zahi Jamal, Université Hassan 1er, Settat, Maroc


Belhaj Aadil, Université Hassan 1er, Settat, Maroc

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Zahi, J et Belhaj, A. « La gouvernance des Technologies de l’Information : un
dispositif de contrôle du système d’information éducatif », Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

94 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Résumé
Pendant les dernières années, les Technologies de l’Information (TI) et les Systèmes
d’Information (SI) ont occupé une place cruciale dans la gestion du secteur éducatif
marocain. Cependant, le contrôle de ces technologies revêt une importance dans le
maintien du bon fonctionnement du Système d’Information Éducatif (SIE). L’étude
documentaire menée dans cet article met en lumière l’importance prioritaire de la mise
en place d’un cadre de gouvernance des technologies de l’information en se basant sur
le référentiel de bonnes pratiques Cobit. Cette décision permettra de contrôler et de
maîtriser les insuffisances et les défaillances dont souffre le SIE pour jouer pleinement
son rôle stratégique dans la gestion et dans la planification.
Mots-clés : gouvernance des TI, système d’information éducatif, cobit, contrôle.
Classification JEL: G39, I29
Abstract
In recent years, Information Technology (IT) and Information Systems (IS) have played
a crucial role in the management of the Moroccan education sector. However, the control
of these technologies is important in maintaining the proper functioning of the Education
Information System (EIS). The documentary study conducted in this article highlights
the priority importance of setting up an information technology governance framework
based on the Cobit’s best practices. This decision will help to control and restrain the
shortcomings and failures of the EIS to fully play its strategic role in management and
planning.
Keywords: IT governance, educational information system, Cobit, control.
JEL classification : G39, I29
‫ملخص‬
‫ فمراقبة هذه‬.‫ دورا حاسما في إدارة وتسيير قطاع التعليم المغربي‬،‫لعبت تكنولوجيا المعلومات في السنوات األخيرة‬
‫ وتسلط دراسة التقارير والوثائق‬.‫التكنولوجيات لها أهمية قصوى في الحفاظ على حسن سير نظام المعلومات التعليمي‬
‫ وفق‬،‫ الضوء على ضرورة وأهمية وضع إطار متقن لحكامة تكنولوجيا المعلومات‬،‫التي أجريت في هذا المقال‬
‫ فهذا القرار سيساعد على التحكم في أوجه القصور والمشاكل الذي يتخبط فيه نظام المعلومات‬.'‫منهجية 'كوبيت‬
.‫ بغية االضطالع بدوره االستراتيجي في اإلدارة والتخطيط‬،‫التعليمي‬
.‫ رقابة‬،‫ كوبيت‬،‫ نظام المعلومات التعليمي‬،‫ حكامة تكنولوجيا المعلومات‬:‫الكلمات المفتاح‬

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 95


1. Introduction
Pendant les dernières années, les technologies de l’information (TI) et les systèmes
d’information (SI) ont occupé une place très importante dans la gestion du secteur
éducatif marocain. En effet, le ministère de l’éducation nationale a réalisé un ensemble
important de solutions informatiques. En outre, il a mobilisé des investissements en
matière de technologies et infrastructures informatiques tout au long de plusieurs
programmes de réformes successives20. Une situation qui pousse les chercheurs et les
professionnels à s’interroger sur la contribution de ces investissements non seulement à
la création de la valeur mais aussi à l’amélioration de la qualité du système d’information
éducatif.
L’analyse de l’apport de la mise en place d’un cadre de gouvernance des TI met en
lumière l’importance et la valeur d’une telle décision du Top management sur le contrôle
et l’audit du système d’information et des activités informatiques.

Dans cette perspective, la problématique que l’on se pose dans cet article est la suivante :
en quoi la gouvernance des TI peut-elle contribuer au contrôle du système d’information
éducatif (SIE) ?

Pour apporter des éléments de réponse à cette question de recherche, nous présentons
dans un premier temps une revue de littérature rappelant les origines et les définitions
données au concept de la gouvernance des TI. Nous présentons également le référentiel
de gouvernance COBIT, ainsi que les éléments facilitant la mise en œuvre de la
gouvernance des TI. Puis, dans un deuxième temps nous présentons une étude
documentaire pour s’arrêter sur les insuffisances que reconnaît le système d’information
éducatif marocain. Finalement, nous exposerons en quoi l’implémentation de la
gouvernance des TI pourra apporter comme réponses à la question du contrôle du SIE
et comment aidera à l’amélioration de sa qualité.

20
Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. 2016. Charte de
gouvernance des systèmes d’information. Maroc. 19P.

96 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


2. Revue de littérature
2.1. Origines de la gouvernance des TI
Dans les années 90, plusieurs pays ont adopté un cadre de gouvernance d’entreprise. Le
Royaume-Uni en 1992 grâce au rapport de la commission Cadbury ‘report of the
committee on the financial aspects of corporate governance’, le canada en 1994 suite à
la publication de ‘guidelines of improved corporate governance’. Dans la même année,
les États-Unis a publié ‘the principles of corporate governance’.
Quelques années plus tard, un nombre important d’entreprises ont introduit les
mécanismes d’une gouvernance d’entreprise efficace, tant que d’autres négligent la mise
en place d’aucune unité pour s’assurer du contrôle effectif relatif à la gouvernance
d’entreprise. Plus que ça, le mot gouvernance avait un effet de mode. Puisque plusieurs
cabinets d’audits et de conseils recommandent son utilisation dans leur communication
institutionnelle (Georgel, 2005). Cette politique était fructueuse jusqu’à l’avènement du
premier scandale financier de la compagnie américaine Enron, spécialisée dans les
énergies. Le scandale dérive du fait que les responsables dirigeants ont réussi à masquer
les déficits en gonflant artificiellement les profits de l’entreprise. De plus, les dirigeants
ont mis une intense pression sur les auditeurs pour négliger cette situation dans les
rapports financiers présentés aux hautes instances (conseil d’administration).

Cette situation a généré des effets négatifs. La perte de confiance des investisseurs
envers tout le système financier était le plus flagrant de ces effets. Face à ce constat, et
dont l’objectif de redonner de la confiance aux investisseurs et actionnaires (cette
confiance échappée suite à la succession des scandales financiers : Tyco, Worldcom,
etc.), les sénateurs américains Paul Sarbanes et Michael G. Oxley ont rédigé une loi qui
porte leur nom (SARBANES-OXLEY) ou (SOX), promulguée par le congrès américain
en juillet 2002. La loi SOX se veut pour renforcer la transparence des comptes, garantir
l’exactitude des rapports financiers, contrôler l’application des règles de la corporate
governance, responsabiliser les dirigeants et instaurer des processus d’alerte.

Conscients de l’extraterritorialité de la loi SOX, plusieurs pays ont créé leurs propres
lois pour protéger à leur tour les investisseurs : la loi de la sécurité financière (France
2003), J-SOX (la version japonaise de la loi SOX 2006).

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 97


Dans cette orientation, les entreprises ordonnent des audits financiers dans leurs
directions informatiques. Cette volonté s’explique par le fait que les projets
informatiques peuvent échapper au contrôle des organisations. Par ailleurs, les résultats
ont dévoilé des chiffres très pénibles à comprendre : le coût global des infrastructures
informatiques représente entre 10 et 40% des coûts de fonctionnement des entreprises
(Georgel, 2005). Les résultats révèlent également la sous-performance des systèmes
d’information.

Pour faire face à ce constat accablant, et dont l’objectif d’améliorer l’efficacité et le


rendement des services informatiques, des mesures de supervision et de contrôle ont été
mis en place. C’est l’avènement de la gouvernance informatique, communément
reconnu par la gouvernance des technologies de l’information ou encore l’IT
gouvernance.

2.2. Définitions de la gouvernance des TI


Les recherches académiques et professionnelles ont avancé une multitude de définitions
de la gouvernance des TI (Webb et al., 2006). Actuellement il n’y a aucun consentement
comment peut-on définir de manière exacte la gouvernance des TI (Rouyet-ruiz, 2008).
En effet, une définition unique et commune de ce concept se révèle difficile à formuler
(Brown et Grant, 2005).
L’institut de gouvernance des technologies de l’information (ITGI21, 2001) a défini la
gouvernance des TI comme la responsabilité du conseil d’administration et de la
direction générale. Elle fait partie intégrante de la gouvernance d’entreprise, et se
compose de structures et processus organisationnels qui supportent et prolongent les
stratégies et les objectifs de l’organisation.

De son coté, Van Grembergen (2002) a considéré que la gouvernance des TI est la
capacité organisationnelle exercée par le conseil d’administration et la direction
générale pour contrôler la formulation et la mise en œuvre de la stratégie liée au TI et
s’assurer ainsi de la fusion du business/TI.

21
Information Technology Governance Institute

98 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Pour Karoc-kakabadse et Kakabadse (2001), la gouvernance des TI correspond à un
ensemble de structures et de processus pour s’assurer que les technologies de
l’information supportent et maximisent les objectifs des activités et la stratégie de
l’organisation, et délivrent un service qui apporte de la valeur en réduisant les risques.

Dans leur article ‘IT governace : theory and practice’, Wessels et Van Loggerenberg
(2006) indiquent que la gouvernance des TI est un référentiel des technologies de
l’information orienté processus dont l’objectif est d’offrir une valeur TI maximale, afin
d’améliorer la stratégie de l’organisation tout en équilibrant les risques.

La multitude de définitions apportées par les chercheurs, nous permet de ressortir des
éléments de convergence. D’une part, des chercheurs ont révélé que l’objectif derrière
la mise en place d’un cadre de gouvernance des TI est l’alignement des technologies de
l’information sur la stratégie globale permettant ainsi à l’entreprise une création de
valeur (Van Grembergen, 2002 ; Webb et al., 2006 ; Patel, 2002). D’autre part, les
définitions montrent que la mise en place de la gouvernance des TI est la responsabilité
du conseil d’administration et du management exécutif. En effet, elle se positionne au
niveau Top management, c’est pourquoi les groupes ayant des filiales doivent
l’organiser au sein de leur holding (Georgel, 2005).

Par ailleurs, la notion de la valeur TI est fondamentale. Du fait que la mise en place de
la gouvernance des TI est considérée comme étant une solution de valorisation des
investissements en infrastructure TI et leur contribution à la performance de
l’organisation. Quant au risque TI, son élimination pure et simple est un vieux rêve
inaccessible (Georgel, 2005). La gouvernance des TI cherche par ailleurs à réduire,
équilibrer et ramener le risque à une situation maîtrisable.

2.3. Éléments de la gouvernance des TI

De nombreux auteurs ont tenté d’apporter une réponse à la question de l’implémentation


de la gouvernance des technologies de l’information (De Haes et Van Grembergen,
2005 ; Peterson, 2004 ; Weill et Woodham, 2002). Pour ces auteurs, la gouvernance des
TI peut être déployée en utilisant un mélange et un mariage de processus, de structures
et de mécanismes relationnels.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 99


Van Grembergen s’est basé sur les travaux de Peterson pour donner quelques exemples
de processus, de structures, et de mécanismes relationnels :

Figure 1 : structures, processus et mécanismes relationnels de la gouvernance des TI

Structures : rôles et responsabilités, organisation de la structure informatique, Direction des


systèmes d’information, comité de stratégie TI, Comités de pilotage TI
Processus : planification stratégique des systèmes d'information, IT balanced scorecard,
économie de l'information, niveaux de services SLA, COBIT et ITIL, modèles de maturité
en matière d'harmonisation et de gouvernance des TI
Mécanismes relationnels : participation active et collaboration entre les parties prenantes
principales, récompenses et incitations du partenariat, formation transversale et rotation
métier/TI.
Source: Peterson, R. 2003. « Information strategies and tactics for information technology
governance, in Strategies for information technology governance » livre édité par Van
Grembergen W., Idea Group Publishing.

Les structures comprennent la manière avec laquelle la fonction TI est organisée, les
rôles et les responsabilités assignées, ainsi que le positionnement du comité de prise de
décision.

Les processus font référence à la planification stratégique des systèmes d’information et


la mesure de performance à travers l’IT Balanced scorecard (tableau de bord prospectif
des technologies de l’information).

Les mécanismes relationnels jouent un rôle très important pour parvenir à une
gouvernance des TI efficace (De Haes et Van Grembergen, 2004). Ils contiennent la
participation des principaux stakeholders, la collaboration entre les métiers et les
personnels TI, la rotation des responsabilités et la formation continue.

2.4. Cobit : référentiel de la gouvernance des TI

Cobit est un référentiel développé et publié par l’ISACA22et l’ITGI, il fournit un cadre
de référence pour assurer le contrôle et l’audit des processus TI. D’ailleurs, Cobit

22
Information Systems Audit and Control Association

100 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


connait régulièrement des mises à jour en se basant sur des retours d’expérience
(Georgel, 2005).

Aujourd’hui, Cobit est à sa version 5. Cependant, les professionnels recommandent de


continuer à se former à la version 4.1. En effet, c’est la version la plus complète, la plus
déployée et elle intègre plus d’éléments et plus de détails pour la mise en œuvre d’une
gouvernance des TI efficace.

Pour être efficace, l’organisation, aujourd’hui, dépend de ses ressources informatiques


(informations, applications, infrastructures, et personnels). C’est la raison pour laquelle
l’activité informatique doit être continuellement contrôlée et auditée. Par ailleurs, Cobit
offre un ensemble de moyens pour garantir aux processus métiers des informations
répandant à leur attente en établissant un ensemble d’exigences opérationnelles
permettant de déterminer la pertinence des informations fournies. Ce sont les critères de
contrôle de l’information : efficacité, efficience, confidentialité, intégrité, disponibilité,
conformité et fiabilité.

Pour bien contrôler ses activités, Cobit propose 34 processus TI regroupés dans quatre
domaines :

- Planifier et organiser (Planning and Organization) : ce domaine contient 10


processus, il s’inscrit dans la démarche stratégique de la gouvernance des TI.
- Acquérir et implémenter (Acquisition and Implementation) : constitué de 7
processus allant de l’identification et l’acquisition des solutions informatiques à
leur implémentation
- Délivrer et supporter (Delivery and Support) : ce domaine de 13 processus vise à
s’assurer de l’efficacité des solutions et systèmes technologiques mis en œuvre.
- Surveiller et évaluer (Monitoring) : constitué de 4 processus couvrant la
dimension de la surveillance et de contrôle. Ce domaine permet de s’assurer de
la performance et de l’adéquation des solutions mises en place avec les objectifs
stratégiques de l’organisation.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 101


Figure 2 : Cadre de référence général de COBIT

OBJECTIFS METIERS

COBIT OBJECTIFS DE GOUVERNANCE

PO1 Définir un plan informatique stratégique


PO2 Définir l’architecture de l’information
SE1 Surveiller et évaluer la performance des
PO3 Déterminer l’orientation technologique
SI
PO4 Définir les processus, l’organisation et les
SE2 Surveiller et évaluer le contrôle interne
relations de travail
SE3 S’assurer de la conformité aux
PO5 Gérer les investissements informatiques
obligations externes
PO6 Faire connaître les buts et les orientations
SE4 Mettre en place une gouvernance des SI
du management
PO7 Gérer les ressources humaines de
l’informatique
PO8 Gérer la qualité
PO9 Évaluer et gérer les risques
CRITERES PO10 Gérer les projets
D’INFORMATION
Efficacité PLANIFIER ET
SURVEILLER ET
Efficience ORGANISER
EVALUER
Confidentialité
Intégrité
Disponibilité
Conformité
Fiabilité
DELIVRER ET
SUPPORTER ACQUERIR ET
IMPLEMENTER

DS1 Définir et gérer les niveaux de services RESSOURCES


DS2 Gérer les services tiers INFORMATIQUES
DS3 Gérer la performance et la capacité
DS4 Assurer un service continu Application AI1 Trouver des solutions informatiques
DS5 Assurer la sécurité des systèmes AI2 Acquérir des applications et en assurer la
Informations
DS6 Identifier et imputer les coûts maintenance
DS7 Instruire et former les utilisateurs
Infrastructures
AI3 Acquérir une infrastructure technique et
DS8 Gérer le service d’assistance client et les Personnes en assurer la maintenance
incidents AI4 Faciliter le fonctionnement et l’utilisation
DS9 Gérer la configuration AI5 Acquérir des ressources informatiques
DS10 Gérer les problèmes AI6 Gérer les changements
DS11 Gérer les données AI7 Installer et valider les solutions et les
DS12 Gérer l’environnement physique modifications
DS13 Gérer l’exploitation
Source : AFAI, IT Governance Institue, Cobit 4.1, 2007. P : 26

Cobit s’intéresse à cinq domaines stratégiques. Ainsi, il montre des préoccupations de


la direction générale (Moisand et al., 2009) à savoir : l’alignement stratégique, l’apport
de la valeur, la gestion des risques, la gestion de ressources et la mesure de la
performance.

102 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


2.5. Contribution de la gouvernance des TI au contrôle du SI et à la
performance

L’abondance des technologies de l’information au sein des organisations pousse les


dirigeants à recourir à la gouvernance des TI. Cette dernière se présente comme un
véritable dispositif de contrôle et de création de valeur.

La problématique de l’évaluation et du contrôle des SI a été le centre d’intérêt et la


préoccupation principale de plusieurs chercheurs (Reix, 2004). Elle représente à elle
seule 25 % des recherches en SI (Desq et al., 2003).

Selon Bounfour et Epinette (2006), « la gouvernance des TI constituait une merveilleuse


opportunité pour préciser les règles de fonctionnement et les modalités de contrôle,
mettant en lumière la contribution des SI à la création de valeur : le cheval de bataille
des directions des SI ».

L’objectif principal derrière le contrôle d’un SI est de minimiser, voire éliminer ses
dysfonctionnements et consolider sa performance. En effet, un SI est considéré contrôlé
et performant lorsqu’il permet à l’organisation de bien exercer son métier (Missaoui,
2009).

Dans cette perspective, plusieurs recherches ont montré l’impact positif de la


gouvernance des TI sur la performance de l’entreprise (Weill et Ross, 2004). D’ailleurs,
Tanriverdi (2006) confirme que la gouvernance des TI à travers ses différentes
dimensions impacte positivement la performance. De plus, Csaszar et Clemons (2006)
affirment, eux aussi, que l’influence positive de la gouvernance des TI sur la
performance de l’entreprise est incontestable.

Par ailleurs, dans une analyse basée sur l’approche fondée sur les ressources (Ressource
Based View, RBV), Melville et al. (2004) ont montré que la création de la valeur se fait
par l’amélioration des processus métiers de l’organisation, et dépend de plusieurs
facteurs tels que les ressources organisationnelles. D’un autre côté, Milne et Bowles
(2009), dans leur article « How IT Governance Drives Improved Performance », ont
conclu que les organisations qui se dotent d’un bon niveau de maturité en matière de
gouvernance des TI réalisent un bon niveau de performance.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 103


3. Méthodologie
Dans cet article, nous cherchons à apporter des éléments de réponse à la question de la
contribution de la gouvernance des TI au contrôle du système d’information éducatif
(SIE). Pour ce faire, nous avons mené une recherche documentaire pour faire ressortir
les dysfonctionnements et les insuffisances dont souffre ce système. Cette analyse
documentaire a concerné les rapports, bilans, articles de presse, et forums des utilisateurs
du système d’information.
L’objectif ultime est d’examiner son état de santé et de montrer comment la mise en
œuvre de la gouvernance des technologies de l’information permet de pallier ces
anomalies et permet la maîtrise du SIE pour jouer pleinement son rôle stratégique dans
la gestion et dans la planification.

4. Analyse et discussion des résultats


4.1. Résultats
Le tableau ci-après résume les résultats de l’analyse des documents pertinents (rapports,
bilans, articles de presse, etc.) relevant les problèmes et les dysfonctionnements du
système d’information éducatif.
Tableau n° 1 : Dysfonctionnements et insuffisances du SIE
Source Dysfonctionnements et Anomalies
*le système d'information du ministère ne
permet pas une répartition de ressources entre
Conseil Supérieur de l'Enseignement les cycles d'enseignement
Rapport Annuel 2008 *le SI ne permet pas de renseigner sur les
dépenses effectives dans les différents
programmes d'action
Conseil supérieur de l’éducation, de la *le système d’information n’est pas intégré et
formation et de la recherche scientifiques ne permet pas de piloter la réforme dans des
Gouvernance du Système d’Éducation et de conditions normales en facilitant une
Formation au Maroc remontée de données fiables
Mars 2015 *le SI ne contribue pas à la planification
*Absence d’un système d’information
intégré et fiable
*le système d’information éducatif présente
Cour des comptes toujours des anomalies
Conditions de préparation et de gestion de la *le SIE ne permet pas de générer, au moment
rentrée scolaire 2016/2017 opportun, les informations fiables et
exhaustives relatives au suivi du système
éducatif de manière générale et à la
planification

104 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


*les solutions informatiques ne sont pas
intégrées. Elles ne permettent pas une
remontée de données actualisées, cohérentes
et fiables facilitant le pilotage du système
éducatif
*le SI ne s'ouvre pas ou ne fonctionne pas
correctement
*la connexion au serveur est difficile, voire
impossible dans certaines régions
*surcharge des serveurs par la connexion
Médias23
simultanée
*tentatives d’intrusions au système
d’information
*falsification d’une des pages du SI éducatif
*piratage du compte administrateur du SI
* Bugs
Forums des utilisateurs du SIE24 * Difficultés d’accès
* Problème d’incompatibilité

4.2. Analyse et discussion


L’analyse documentaire a permis de déceler les dysfonctionnements et les insuffisances
que reconnaît le système d’information éducatif. En effet, nous avons repéré une
panoplie de problèmes entravant son bon fonctionnement. L’évaluation des rapports du
conseil supérieur de l’enseignement a montré des insuffisances en matière de
contribution à la planification stratégique. En outre, le SIE ne permet pas une répartition
de ressources entre les cycles d'enseignement, ni d’apporter des renseignements sur les
dépenses effectives dans les différents programmes d’action. De son côté, la cour des
comptes rapporte également une non-intégration des solutions informatiques. Cela
empêche une remontée de données actualisées, cohérentes et fiables facilitant le pilotage

23
www.libe.ma; www.le360.ma; www.medias24.com
24
Voir sites et groupes de partage et de discussion sur les réseaux sociaux :
Bentaleb, H. (date de consultation : 30 décembre 2017). Un Massar en panne : Le système informatique de
gestion scolaire est loin de faire l’unanimité. [En ligne].
URL : https://www.libe.ma/Un-Massar-en-panne-Le-systeme-informatique-de-gestion-scolaire-est-loin-de-faire-
l-unanimite_a82881.html
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Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 105


du système éducatif. Quant aux médias25et utilisateurs du SIE, ils ont exprimé leur
mécontentement sur l’état du système d’information qui a prouvé son inefficacité (bugs
répétitifs, difficultés d’accès, piratage des comptes, etc.). Face à cette situation
préoccupante, la gouvernance des TI se présente comme un outil stratégique permettant
au SIE de devenir plus agile et plus efficace.
L’ISACA a développé le référentiel Cobit en se basant sur une longue expérience de ses
membres et sur les retours d’expériences de ses adhérents. En revanche, l’adoption d’un
cadre de contrôle aide les gestionnaires à mesurer et à surveiller la performance et
l’efficacité des TI/SI (webb et al., 2006). De plus, adopter une gouvernance des TI en
implémentant le référentiel de bonnes pratiques Cobit permettra au ministère de
l’éducation de bénéficier d’un ensemble d’avantages en matière d’alignement
stratégique, contrôle des systèmes, réduction de temps d’exécution, amélioration de la
qualité de services, maîtrise des incidents, etc.

Le choix d’un référentiel tel que Cobit n’est pas arbitraire. Car, pour supporter la
gouvernance des TI, Cobit présente un ensemble d’indicateurs afin de contrôler le
système d’information et les technologies de l’information (Rouyet-ruiz, 2008). Par
ailleurs, grâce à son guide de management, Cobit se dispose d’un ensemble d’indicateurs
clés de performance lui permettant d’évaluer et de mesurer la performance et la qualité
des processus. Ces indicateurs déterminent le pourcentage de réalisation des objectifs
des processus préalablement fixés par l’organisation. Ainsi que des indicateurs clés
d’objectifs, afin de mesurer si les objectifs de la fonction TI et les objectifs des activités
ont été bien accomplis (Rouyet-ruiz, 2008).

Selon Moisand et al. (2009) Cobit est un cadre fédérateur, étant donné qu’il peut
facilement se coupler avec d’autres référentiels du marché tel que Val IT pour la
performance des investissements informatiques, ITIL pour la gestion des services, ISO
27000 pour la gestion de la sécurité de l’information, et CMMI pour le management des
études.

En se référant à des investigations traitant les imperfections du SIE :


25

www.libe.ma; www.le360.ma; www.medias24.com

106 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tout cela fait de Cobit un référentiel orienté processus. En d’autres termes, il présente
un arsenal de processus couvrant toutes les activités TI servant au contrôle et à la
sécurité. Néanmoins, certaines interrogations doivent être garanties par le ministère de
l’éducation, telle que la définition des rôles et responsabilités, la communication entre
les différentes parties prenantes, la conduite du changement nécessaire pour faire face à
différentes réticences, ainsi que d’autres mécanismes relationnels garantissant
l’alignement de l’activité TI sur la stratégie globale du ministère.

Finalement, la mise en place d’un cadre de gouvernance des TI permet d’atténuer le


problème d’intégration du système d’information. En effet, le partage de données sera
maîtrisé par un ensemble de critères de contrôle pour veiller à ce que les informations
fournies soient efficientes et cohérentes (Reix et al., 2011). En outre, ce cadre permettra
de réduire l’hétérogénéité technologique par la mise en place des processus d’acquisition
et d’implantation des solutions technologiques.

5. Conclusion
Aujourd’hui, les systèmes d’information occupent une place indispensable dans la
gestion du secteur éducatif marocain. Or, un manque d’agilité et une inefficacité d’un
tel outil aura des répercussions fatales sur le bon fonctionnement des activités.
Dans une première partie de ce travail, nous avons réalisé une revue de littérature traitant
les origines de la gouvernance des TI, ses définitions ainsi que les éléments permettant
son implémentation pragmatique. Cette partie nous a permis également de présenter le
référentiel de bonnes pratiques Cobit, ainsi qu’une synthèse des travaux portant sur la
contribution de la gouvernance des TI au contrôle des SI et à la performance des
organisations.

Dans une deuxième partie, nous avons procédé à une étude documentaire. Cette dernière
a été l’occasion de repérer un ensemble de défaillances et d’insuffisances dont souffre
le système d’information éducatif marocain. Nous avons essayé de clarifier comment la
mise en place d’une gouvernance des technologies de l’information permettra non
seulement des gains en matière de contrôle et de performance du SIE, mais également,
de rationaliser les activités et les pratiques informatiques.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 107


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Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 109


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

Analyse de l'état du management des compétences dans le


secteur public marocain : cas de l’Administration Centrale
du Ministère de l’Education Nationale

Driss Harrizi, Université Hassan 1er, Settat, Maroc


Larbi Elhoudani, Cope, Rabat, Maroc

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 06 juillet 2018

Référence électronique
Harrizi, D et Elhoudani, L. «Analyse de l'état du management des compétences dans
le secteur public marocain : cas de l’administration centrale du ministère de
l’éducation nationale», Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne], 03 / 1er
semestre 2018, mis en ligne le 06 juillet 2018.

110 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Résumé
Etant convaincu que la performance du système éducatif est étroitement liée à la manière
de gérer le capital humain, la problématique de cet article porte sur le diagnostic de l’état
le management des compétences dans l’Administration Centrale du Ministère de
l’Education Nationale au Maroc.
Cet article s’est fondé sur la problématique suivante : quel état actuel des pratiques de
management des compétences dans cette administration ? Pour répondre à cette question
principale, nous avons mené une étude empirique auprès des directions centrales du
Ministère de l’Education Nationale.

Mots clés

Management des compétences - Gestion des Ressources Humaines -Education et


formation - Administration publique - Maroc

Classification JEL: I21

Abstract

Being convinced that the performance of the education system is closely linked to the
way of managing the human capital, the problematic of this paper concerns the diagnosis
of the state the management of competences in the Central Administration of the
Ministry of National Education in Morocco.
This paper was based on the following problem: what is the current state of skills
management practices in this administration? To answer this main question, we
conducted an empirical study at the central directorates of the Ministry of National
Education.

Keywords

Skills Management - Human Resources Management - Education and Training - Public


Administration - Morocco
‫ملخص‬

‫ تمحورت إشكالية‬،‫بناء على قناعة مفادها أن أداء منظومة التعليم ترتبط بقوة بطريقة تدبير الرأسمال البشري لديها‬
.‫هذه الدراسة حول تشخيص وضعية تدبير الكفايات باإلدارة المركزية لوزارة التربية الوطنية بالمغرب‬
‫ ما هي وضعية ممارسات تدبير الكفايات باإلدارة المركزية لوزارة التربية‬:‫قامت هذه الدراسة على اإلشكالية التالية‬
‫ شكل االستبيان أداتها‬،‫الوطنية؟ لإلجابة على هذا السؤال الجوهري اعتمدنا على دراسة ميدانية بالمديريات المركزية‬
.‫األساسية لتجميع المعطيات حول موضوع الدراسة‬

‫الكلمات المفتاح‬

.‫تدبير الكفايات – تدبير الموارد البشرية – التعليم والتكوين – اإلدارة العمومية – المغرب‬

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 111


Introduction
L’Administration Centrale du Ministère de l’Education Nationale (ACMEN) du Maroc
n’échappe pas à la nécessité d’une mise à niveau à bien des égards. La qualité du service
éducatif posait depuis longtemps un vrai problème et la réforme est incapable de franchir
les portes des écoles. La responsabilité des services administratifs centraux est sans
équivoque. Le développement des compétences de leur personnel n’est pas hors
question. Si l’offre de la formation continue (FC) ne suit que tardivement et à un rythme
trop lent, l’évolution des exigences adressées à l’ACMEN, comment peut-on assurer la
qualité des processus du pilotage de l’éducation depuis le centre ?!
La responsabilité de l’ACMEN est à poser sans réticence. Il est légitime de s’interroger
sur les interventions des services centraux au niveau local : y a –t-il une coordination
efficace entre elles ? Sont-elles cohérentes et intégrées ? Sont-elles gérées
efficacement ? Les directions possèdent-elles la compétence institutionnelle requise ?…
La mise à niveau de l’ACMEN est à recommander, car les nouvelles exigences
l’édictent. Dans le contexte de la décentralisation et de la régionalisation, se pose la
question des nouvelles attributions de l’ACMEN. Le pilotage stratégique d’ensemble
est un état auquel on doit tendre par un apprentissage organisationnel. Celui-ci passe par
l’apprentissage individuel. C’est dans ce cadre que s’inscrit la nécessité d’enraciner des
pratiques modernes de Management des Compétences (MC) au niveau des services de
l’ACMEN.
Quel l’état actuel des pratiques du Management des compétences à l’administration
centrale du MEN ? Cette question avait encadré notre étude basée sur une recherche
empirique dont le questionnaire constitue l’élément principal. Notre longue expérience
au sein du MEN constitue aussi une source de connaissances qui ont enrichi cette étude.
1. Management des compétences et outils de développement des compétences
1.1. Concept de compétence
Concept clé, la compétence est un terme polysémique 26. L’espace de l’article est étroit
pour traiter les différents sens donnés à ce concept. Il est, pourtant, important de
présenter quelques définitions utiles à notre étude. Selon (Boterf, 1997), la compétence
est « un savoir agir en situation professionnel »27. Bellier (1999) synthétise les
caractéristiques de la compétence : 1. Elle permet d’agir ; 2. Elle est contextuelle ; 3.
Elle se caractérise par des « capacités intégrées » et « structurées » (Bezsonoff, 2000. p.
26). Il est devenu certain que les méthodes classiques de formation sont inappropriées
aux exigences de formation des compétences. Celles-ci permettent d’acquérir des
savoirs ou des savoir-faire et non des compétences. Plus les activités de formation sont
contextualisés, proches aux milieux de travail, reproductrices des caractéristiques des
situations de travail, répétitives et pratiquées immédiatement dans les lieux de travail,
plus il y a probabilité croissante de construire les compétences voulues. Dans ce cadre,
on peut dire que « L’apprentissage deviendra (…) un aspect essentiel de la notion de

26
Les auteurs ayant écrit sur la notion de la compétence insistaient sur ce caractère. Celle-ci est
présente dans plusieurs domaines : éducation, économie, gestion, psychologie…
27
In Dennery, M. (1999) qui fait une synthèse du concept de compétence. Dans ce cadre, il a
présenté la définition de Boterf.

112 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


travail bien fait…l’apprentissage fait aujourd’hui partie du travail lui‐
même…L’apprentissage, l’apprentissage continu, l’apprentissage organisationnel ainsi
que l’organisation apprenante elle‐même sont tous des concepts essentiels à la capacité
productive des organisations» (A. F. P. C, 2016).
En bref, la FC n’est plus capable de faire face aux questions de développement des
compétences. L’émergence du Management des compétences répond donc à ce défi.
1.2. Management des compétences
Le management des compétences (dorénavant MC) et autres concepts comme
management des savoirs, organisation qualifiante, etc. « mettent l’accent sur les
ressources internes de l’entreprise et font de cette dernière un lieu de production de
connaissance.» (Cazal et Dietrich, 2003). L’accumulation des compétences et des
connaissances dans l’administration publique laisse à désirer. Si le MC est-il vraiment
une résolution managériale, comment devrait-on l’opérationnaliser ? Une telle question
concernant l’approche à adopter afin d’appliquer le concept de MC est fondamental. La
littérature inhérente au management des compétences est diffuse et manque d’un modèle
unique. Les réflexions et les pratiques abondent dans ce sens et entrainent la création
d’outils et de techniques de gestion des compétences.
Se pose dans ce cadre la question de l’approche adoptée dans cet article. Brièvement,
l’idée principale consiste à articuler le système de GRH opérationnelle autour du
management des compétences. L’effort théorique sera de concevoir les façons de
concrétiser le management des compétences dans les mesures de GRH au niveau
opérationnel. Toutes les sous fonctions de GRH peuvent être revus de façon à traduire
la logique du management des compétences. Certaines sous-fonctions de GRH sont
appropriées à l’application du MC (recrutement, organisation du travail, description des
postes, communication, formation). Il y a, en outre, des pratiques spécifiques liées à ce
concept (partages des acquis, supervision).
1.3. Management des compétences : une affaire de qui ?
Le Management opérationnel des compétences (MOC) est à substituer à la conception
classique de la gestion de la formation. Il est certainement évident que le développement
se fait dans la continuation. L’apparition de concepts visant la modernisation de
l’organisation s’effectue en relation avec les éléments du contexte organisationnel. La
gestion des compétences «s’inscrit dans une doctrine managériale qui vise à impliquer
davantage les salariés dans un projet d’entreprise. Elle sollicite des qualités de
coopération et d’adaptation dans le travail qui, si elles ne sont pas nouvelles, prennent
une importance nouvelle. L’enjeu est de stimuler l’engagement personnel du salarié afin
de mieux répondre aux exigences de la performance collective. » (Monchatre, 2003).
C’est au niveau fonctionnel que la gestion des compétences est profondément
appropriée. La gestion des compétences est liée à l’unité fonctionnelle chargée des RH
tandis que le MC est l’affaire de l’encadrement opérationnel.
A partir du moment où le développement des compétences échappe au pouvoir de la
formation au sens classique du terme, le rôle de l’encadrement fait face au-devant à la
scène. En effet, l’identification des besoins en compétences, le suivi de développement
des compétences, la constatation des phénomènes d’amortissement des savoirs,
l’institution des bases de données, l’organisation de travail selon la logique de

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 113


l’organisation apprenante, etc. sont tous des devoirs et activités dont l’efficacité dépend
de l’engagement des managers de proximité. Selon Monchatre (2003), le MC est
l’affaire de l’encadrement.
2. Gestion des Ressources Humaines axée sur le Management des Compétences
2.1 Recrutement et intégration
Il est intéressant de commencer par dire que le management des compétences débute
dès l’annonce des besoins en RH. En effet, tout le processus de recrutement et de
sélection est concerné par cette approche. A ce niveau, celle-ci se base sur les principes
suivants :
- Le principe de la continuité : à la transition du milieu scolaire/universitaire au
milieu professionnel correspond traditionnellement une rupture entre
l’apprentissage et le travail. Les pratiques traditionnelles de gestion du personnel
consacrent cette réalité. Le MC implique une continuation de l’apprentissage de
l’école à l’entreprise sans interruption. Celle-ci s’effectue à partir du recrutement
et de l’intégration.
- le principe du renforcement : Le stage et les activités d’intégration visent, selon
le MC, le renforcement des compétences des RH. Ceci édicte de concevoir les
méthodes de formation appropriées à l’acquisition des compétences requises.
- le principe de l’orientation : Depuis le stage la vision devient clair pour l’employé
recruté afin de réfléchir à sa carrière.
Le MC s’exprime explicitement dans trois étapes :
1) Lors de la sélection et du recrutement ;
2) Durant le stage ;
3) Au terme du stage.
Selon le MC, le critère relatif à la capacité d’apprentissage pèse lourdement dans la
sélection des RH. Qu’il soit interne ou externe, le recrutement basé sur ce critère est en
congruence avec la logique du MC. Les activités du stage bien conçues en fonction de
cette logique devraient favoriser la consolidation de cette capacité. La mise en place du
bilan des compétences et des besoins en formation à la fin du stage inaugure la deuxième
mi-temps de l’éducation et de la formation. Les six items de l’axe Recrutement interroge
la réalité de l’ACMEN sous l’angle du MC tel qu’il est conçu ci-dessus. Dans notre
étude de l’ACMEN, six (06) critères seront utilisés pour apprécier ces différents aspects
du MC.
2.2 Organisation du travail
Tout poste de travail est en principe un lieu de formation. Parlier (1999) parle de la
valorisation des effets formateurs des situations de travail.. Les apprentissages diffèrent
en termes de types de savoirs, de leur richesse et de leur profondeur ; La conception du
poste de travail taylorienne appauvrit l’apprentissage. Les nouvelles conceptions
l’enrichissent. Le MC a pour objectif principal le développement des compétences. En
matière d’organisation du travail se pose la question des méthodes voulant faire des
postes de travail des lieux d’apprentissage par excellence. A la conception du poste de
travail selon les modèles renouvelés de gestion et d’organisation s’ajoute les

114 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


implications du MC pour modeler les postes de travail de façon à les rendre formateurs.
On peut identifier quatre caractéristiques au moins qui spécifient ce poste : 1. La
multitude et la diversité des tâches et des situations auxquelles fait face les
fonctionnaires ; 2. L’insertion du poste dans un collectif dynamique dont la conséquence
principale est le travail d’équipe ; 3. L’organisation de façon régulière d’activités de
partage des expériences ; 4. Autogestion collective des travaux favorisant l’implication
des fonctionnaires.
Cavalier Stéphane écrit : «l'autonomie et l'enrichissement des tâches permettent un
développement des compétences. Ces principes donnent la possibilité aux agents
d'effectuer des tâches qui devaient être accomplies par des personnes ayant une
qualification supérieure» (Cavalier, 1995, p.69). L’étude de l’organisation du travail à
l’ACMEN s’est faite à travers treize (13) critères.
2.3. Description des postes
La description des emplois/postes selon la conception du MC doit impliquer le respect
d’un certain nombre de principes donnés. Lors de la formulation des fiches de postes on
engage les RH à ces travaux de façon à les participer à la définition des besoins en
formation. La participation des fonctionnaires aux opérations de description des postes
est de nature à les engager aux processus d’apprentissage. En outre, dans la fiche de
définition du poste on trouve les exigences inhérentes au savoir exprimées en termes de
compétences. Il faut également signaler que l’on doit insister explicitement sur la
capacité d’apprendre. La régularité de la mise en place des fiches de description des
postes permet d’obtenir un outil de management important pour suivre l’évolution des
acquis des compétences. Qu’en est-il de ces pratiques dans l’ACMEN ? Sept (7) critères
sont utilisés pour les apprécier.
2.4 Communication et information
Le poste de travail est passé d’un poste isolé à un poste de communication dans toutes
les directions dans le modèle renouvelé de GRH. La communication unilatérale ne
favorise qu’un apprentissage lent et réduit. La communication multidirectionnelle est
plus formatrice et elle l’est dans la mesure où sa conception est effectuée selon les
impératifs du MC. Toute communication n’est pas nécessairement instructive. La
volonté, la conscience, l’art de l’enrichir, le degré de la pédagogie utilisée conditionnent
la qualité formatrice de la communication. Les informations diffusées peuvent avoir un
caractère formateur ou non. L’adoption du MC doit impliquer une structure et un
enrichissement des informations diffusées de façon intelligente. L’évaluation de cet axe
est effectuée à travers neuf (9) critères.
2.5. Formation
La formation constitue le pivot autour duquel le MC s’articule. Certes, le cadre du MC
dépasse celui de la formation continue. Celui-ci véhicule l’idée de la FC comme mesure
qui intervient là où il y a besoin. Le MC est un outil de management inséré dans le
système de gestion et d’organisation. Le management des compétences favorise le
renforcement de la FC quantitativement et qualitativement. Les différentes méthodes de
formation sont interpelées afin de favoriser le développement des compétences.
L’individualisation de la gestion de la FC est un choix amplement recommandé par le
MC. Held et Riss (1998, p.5) écrivent : « Le développement des compétences : Dans la

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 115


mesure où les compétences sont une capacité à l’action, c’est par l’expérimentation que
l’acquisition des compétences sera la plus efficace. Ceci sera valable pour tout déficit
dans les savoir-faire ou les savoir-être. Les solutions de développement privilégieront
donc dans la mesure du possible la conduite de projets, l’élargissement des
responsabilités actuelles, l’apprentissage par l’exemple et la pratique. Le coaching joue
à cet égard un rôle essentiel : celui de créer les conditions favorables à l’apprentissage
et d’accompagner l’individu pour l’aider à devenir autonome dans la réalisation des
tâches confiées…». Notre questionnaire comporte treize (13) critères sur lesquels serait
évaluée la formation à l’ACMEN.
2.6. Modes de partage des acquis en savoirs, habiletés et compétences
De nouvelles méthodes et techniques visant le développement des compétences sont
insérées dans le système de gestion de l’organisation. Le partage des expériences,
l’étude des expériences, la connectivité aux institutions de formation, l’ouverture sur
l’environnement externe, etc. sont monnaies courantes dans les organisations modernes
qui apprennent rapidement. Huit (08) critères permettent d’évaluer ces activités.
Dans ce cadre, il est intéressant d’évoquer les circonstances professionnalisantes 28 qui
peuvent jouer un rôle névralgique dans le système de MC.
Tableau 1 : les circonstances professionnalisantes selon Dietrich et al.

A l’initiative de l’entreprise A l’initiative du salarié


Détachement sur un autre emploi dans le Lecture de revues professionnelles ;
cadre d’une mission ; Participation à une association de
Appui d’un tuteur ou d’un coach ; professionnels ;
Travail avec des experts, dans la Enseignement ou formation interne ou
perspective d’un transfert de savoir- externe ;
faire ; Rédaction d’un article ;
Participation à un colloque, un congrès, Rédaction et la soutenance d’un
une série de conférences ; mémoire professionnel ;
Encadrement d’un stagiaire ;
Animation d’un groupe de travail
thématique
Visites d’entreprises, par exemple dans la
perspective d’une analyse comparative
des pratiques ;
Participation à un voyage d’études ;
Réalisation d’un audit ou d’un
diagnostic ;
Tutorat d’un jeune embauché ;
Source : Held, D. et Riss, J-M. (1998).

28
On trouve dans l’ouvrage de Dietrich, A., Gilbert, P.et Pigeyre, F. (2010) une étude
profonde et intéressante du modèle du MC.

116 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


2.7. Mode de supervision et de leadership
Le mode de supervision adopté par le chef immédiat impacte le rythme d’apprentissage
des fonctionnaires. La supervision autoritaire s’est reculée au profit de la supervision
humaniste avec l’école des relations humaines. Dans la mouvance des théories de
l’apprentissage organisationnel la supervision éducative s’impose. C’est dans cet ordre
d’idées que s’inscrit la définition de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes
conjugaux et familiaux du Québec « OTSTCFQ » de la supervision : « la supervision
est un processus de réflexion interactif, continu et formel entre un superviseur et un
supervisé portant sur l’analyse de la pratique de ce dernier…elle vise l’intégration des
valeurs de la profession et l’approfondissement de connaissances et de compétences
liées à celle-ci…contribue au développement professionnel…» (OTSTCFQ, 2017). Le
chef pédagogue est le nouveau profil demandé fortement dans les organisations
apprenantes. Six (06) critères sont utilisés pour apprécier cet axe.
2.8. Management des compétences
La fonction MC est devenue une affaire du chef immédiat et non une fonction
centralisée. Leurs pratiques se complètent certainement. La mise en place de base de
données sur les besoins en compétences des fonctionnaires, le suivi de leur évolution, la
conception de plans de formation spécifiques, l’organisation de rencontres d’évaluation
des acquis, etc. sont des activités et des techniques qui relèvent du MC. Dans l’ACMEN
il est intéressant de savoir dans quelle mesure les managers sont conscients de ce
concept. Des questions directes sur quelques aspects du MC permettent de compléter
l’image sur son application dans l’ACMEN. Le MC est évalué sur dix (10) critères.
3. État des lieux du MC au sein du Ministère de l’Education Nationale
3.1. Méthode de recherche
Le diagnostic de l’état du mangement opérationnel des compétences dans l’ACMEN
s’est effectué, durant la période 2016-2017, par le biais d’un sondage semi directif
questionnant les responsables au niveau central du MEN à travers huit (08) rubriques
dont chacune est apprécié à partir d’un certain nombre de questions (critères). Ce
questionnaire est réparti comme suit :

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 117


Tableau 2 : Structure du questionnaire
Rubriques Nombres de questions
Recrutement et intégration 6
Organisation du travail 13
Description des emplois dans le service 7
Communication et l’information dans le service 9
Formation 13
Modes de partage des acquis en savoirs, habiletés et 8
compétences dans l’administration
Mode de supervision et de leadership 6
Management des compétences 10
Total 72
Source : données de l’enquête.
Notre recherche empirique se fixe donc comme objectif le diagnostic de la situation du
management opérationnel des compétences dans l’administration centrale du système
éducatif, ainsi elle a permis de décrire l’état de cette discipline. En répondant à la
question principale suivante : Quel est l’état actuel des pratiques du Management des
compétences à l’administration centrale du MEN ? Dans quelle mesure notre
Administration évolue dans le bon sens ? Notre recherche se terminera par un ensemble
de recommandations visant l’amélioration des pratiques du Management des
compétences à l’ACMEN.
3.2. Résultats descriptifs
Les principaux résultats descriptifs de notre enquête se répartissent par rubriques, mais
dans un premier lieu nous nous forcerons à donner quelques statistiques quantitatives
sur notre enquête comme le profil des répondants, le taux de réponse et l’effectif des
ressources Humaines par entités administratives.
Figure 1 : Taux de réponse de l’enquête
100 95
90
80
67
70
60 55
50 Existants
40 Enquêtés
28 26 29
30
20
10
0
Divisions Services Total

Source : données de l’enquête


Donc le taux de réponse de notre enquête est de l’ordre de 58%, répartis entre 93% pour
les chefs de division et 43% pour les chefs de service. Ce taux de réponse est jugé
suffisant et satisfaisant.

118 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 3 : Profil des répondants selon le grade

Source : données de l’enquête (sortie logiciel Sphinx)


Force est de constater que le grade des responsables de l’administration centrale du
MEN le plus fréquent est celui des administrateurs (54.5%) suivi des ingénieurs (20%).
A noter aussi que le corps des administrateurs n’est pas un corps homogènes, il est très
hétérogène en termes de formation mais surtout de diplôme. Ainsi on peut trouver un
administrateur avec un diplôme de doctorat alors qu’un autre administrateur avec un
niveau baccalauréat. Cette hétérogénéité ne constitue pas à notre sens une richesse mais
une contrainte en termes de management des compétences.
Nous avons repartis les effectifs des fonctionnaires sous supervision selon six (06)
classes comme mentionné dans le tableau ci-après.
Tableau 4 : Répartition des Effectifs des fonctionnaires sous supervision

Source : données de l’enquête (sortie logiciel Sphinx)


Une bonne partie (63.6%) des divisions et services sont constitués de moins de dix (10)
fonctionnaires. Malgré cette tendance, il faut signaler que le nombre des fonctionnaires
sous supervision est bien dispersé, il est très variable selon les services et les divisions.
Nous n’avons trouvé aucune explication de la part du service central dans la répartition
des effectifs selon les structures administratives.
Tableau5 : Indicateurs statistiques relatif à la répartition des fonctionnaires
Minimum Maximum Moyenne arithmétique Ecart-type
1 74 9.27 11.60
Source : données de l’enquête.
Les clés de répartition des effectifs entre entités administratives au sein du service
central du MEN ne sont pas identifiés ni connus.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 119


3.2.1Recrutement et intégration
Le recrutement et l’intégration sont mesurés par six critères. Permettent-ils de donner
une image claire sur les pratiques de MC dans ces processus ? Parmi ces six critères
deux sont spécifiques et traduisent le choix du MC par L’ACMEN. Les autres sont
classiques et ne reflètent pas ce choix. Après le stage on n’établit pas de bilan des besoins
en formation : 41,8% affirment cette absence et10,9% seulement attestent qu’ils
l’établissent. 18,2% seulement reconnaissent qu’ils mettent en place un programme de
développement des habiletés au profit du nouveau fonctionnaire.
Tableau 6 : la mise en place de programme de développement des habiletés au profit
du nouveau fonctionnaire

Source : données de l’enquête (sortie logiciel Sphinx).


Tableau 7 : l’établissement d’un bilan des besoins en formation au terme du stage

Source : données de l’enquête (sortie logiciel Sphinx).


L’établissement d’un bilan des besoins en formation au profit du nouveau fonctionnaire
ainsi qu’un programme de développement de ses habiletés font défaut. En plus l’aptitude
à l’apprentissage et au développement continu n’est pas prise en charge lors du
recrutement. Pour conclure cette rubrique, nous notons que la notion du Management
de compétences n’est pas présente comme objectif ou même comme moyens dans les
tous les procédures de recrutement et d’intégration.
3.2.2. Organisation du travail
Six (06) critères parmi treize (13) permettent de savoir dans quelle mesure l’ACMEN
accorde un intérêt aux pratiques de MC liées à l’organisation du travail.

120 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 8 : récapitulation des réponses de la rubrique Organisation du travail
Les données sont en Non Incorrect Parfois Correct Je ne
pourcentage (%) réponse sais pas
On adopte le mode du
travail d'équipes 1,8 5,5 27,3 63,6 1,8
On adopte des modes
d'organisation du travail
1,8 7,3 21,8 69,1 0,0
différents au niveau du
service
On opte pour la Gestion par
0,0 9,1 21,8 69,1 0,0
projet le cas échéant
On procède à la
polyvalence afin de 1.8 29.1 45.5 23.6 0
favoriser l'apprentissage
Activités d’échange entre
1,8 14,5 38,2 45,5 0,0
les fonctionnaires
On organise le travail de
façon à permettre au
7,3 18,2 30,9 43,6 0,0
fonctionnaire d'apprendre
continuellement
Source : données de l’enquête.
D’une manière assez sommaire, nous constatons que les pratiques de Management des
compétences ne sont pas prises en charge lors de l’organisation du travail. En d’autres
termes l’organisation du travail ne favorise pas le Management des compétences. Ainsi
l’organisation du travail n’apparait pas donc comme un ensemble de mesures et de
décisions cohérentes au service de la stratégie. Cela se manifeste par des actions
segmentées et parfois opposées.
3.2.3. Description des emplois
Quatre (04) parmi sept (07) concerne directement le MC. Que disent les données sur
cette approche au niveau du recrutement ?

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 121


Tableau 9 : récapitulation des réponses de la rubrique description des emplois
Les données sont en Non Incorrect Parfois Correct Je ne sais
pourcentage (%) réponse pas
on décrit les postes de 9,1 30,9 32,7 27,3 0,0
façon à rendre
l'apprentissage une
exigence fondamentale
On définit les objectifs 9,1 43,6 29,1 14,5 3,6
d'apprentissage dans la
fiche de description du
poste
le fonctionnaire participe à 14,5 47,3 25,5 9,1 3,6
la définition des objectifs
d'apprentissage dans la
FDP
On définit les compétences 10,9 40,0 25,5 16,4 7,3
requises dans la fiche de
description des emplois
Source : données de l’enquête.
La description des emplois est l’une des principales rubriques où la mesure des pratiques
de management des compétences prend de l’ampleur. L’analyse montre toutes les
dimensions de la description des emplois relatives au management des compétences ne
sont pas mise en œuvre.
La description des emplois dans la réalité ne favorise pas une mise en place d’une
démarche de management des compétences, c’est plus une entrave ou une contrainte de
plus et qui s’ajoute aux deux autres déjà citées.
3.2.4. Communication et information
Quatre (04) parmi neuf (09) mesure directement l’application du MC au niveau de la
communication et de l’information. Est-ce que les managers de l’ACMEN utilisent-ils
la communication et l’information en vue de manager et de développer les compétences
des fonctionnaires ? La réponse à cette question est à trouver à travers les données
suivantes :

122 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 10 : récapitulation des réponses de la rubrique communication et information
Les données sont en Non Incorre Parfois Correct Je ne
pourcentage (%) réponse ct sais pas
Il y’a un échange fluide des 00.00 9,1 41,8 47,3 1,8
informations entre les
services
le fonctionnaire 00.00 1,8 34,5 61,8 1,9
communique directement
avec tous les fonctionnaires
pour faire son travail
A travers la communication 3,6 14,5 36,4 43,7 1,8
on veille à encadrer et à
former
On organise des 3,6 10,9 41,9 43,6 0,0
communications pour
assurer l'échange des
expériences
Source : données de l’enquête.
D’après les chiffres dans le tableau la situation de la communication interne est
satisfaisante. S’agit-il d’une évolution positive de la communication dans l’ACMEN ?
Il est certainement vrai que l’évolution est à ressentir mais son rythme est lent. Il se peut
que certaines contraintes imposent aux responsables d’accepter la communication dans
des directions multiples afin d’assurer le bon déroulement des affaires administratives.
3.2.5. Formation et stage
L’application du MC à la formation sera appréciée à partir de onze (11) critères parmi
treize (13).

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 123


Tableau 11 : récapitulation des réponses de la rubrique formation et stage
Les données sont en pourcentage (%)

Je ne sais
Incorrect
réponse

Correct
Parfois
Non

pas
le fonctionnaire apprend en pratiquant 5,5 7,3 16,4 70,9 0,0
spontanément le travail
on organise des rencontres de partage des 5,5 30,9 38,2 25,5 0,0
expériences et des expertises
il existe des plans de formation pour 5,5 65,5 27,3 1,8 0,0
chaque fonctionnaire
les fonctionnaires participent à des équipes 7,3 29,1 29,1 32,7 1,8
de résolution des problèmes
l'animateur veille à assurer un 7,3 20,0 29,1 38,2 5,5
apprentissage efficace dans ces équipes
on adopte le mode de tutorat pour former 9,1 25,5 23,6 40,0 1,8
les fonctionnaires
la formation s'inscrit dans le cadre du 14,5 56,4 20,0 5,5 3,6
management des compétences
il existe une base de données sur les 9,1 72,7 9,1 5,5 3,6
besoins en formation de chaque
fonctionnaire
on communique les besoins en formation à 9,1 54,5 23,6 5,5 7,3
la DRH
on diversifie les modes de formation au 10,9 56,4 18,2 9,1 5,5
profit des fonctionnaires
Source : données de l’enquête.
A l’encontre de la rubrique « communication », à partir des chiffres concernant la
formation on voit bien que la situation laisse à désirer. L’absence d’un système de FC
est derrière le manque de pratiques modernes de gestion de cette activité. Ce retard au
niveau de la FC ne favorise pas la promotion du MC.
3.2.6. Modes de partage des connaissances
Quatre (04) critères seront présentés pour se constituer une idée sur l’utilisation des
modes de partage des connaissances.

124 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Tableau 12 : récapitulation des réponses de la rubrique modes de partage des connaissances
Les données sont en Non Incorrect Parfois Correct Je ne sais
pourcentage (%) réponse pas
on organise des rencontres 7,3 30,9 41,8 20,0 0,0
de partage des expériences
entre les fonctionnaires
on organise des rencontres 5,5 30,9 47,3 16,4 0,0
avec les experts/talents
on encourage les 9,1 23,6 45,5 20,0 1,8
fonctionnaires à faire des
études et des recherches
on organise des réunions 9,1 30,9 38,2 21,8 0,0
pour étudier les expériences
antérieures
Source : données de l’enquête.
Pour ces quatre critères, on voit bien que dans l’échelle des réponses « incorrect » et
« parfois » accaparent un total des pourcentages important. La réponse « correct » qui
atteste des pratiques de MC ne dépasse pas une moyenne de 20%. Ces chiffres montrent
que ces pratiques spécifiques relevant du MC ne sont pas exercées de façon
systématique.
3.2.7. Mode de supervision et de leadership
Quelques pourcentages permettent de donner une idée claire sur la situation du mode de
supervision pratiqué par les managers de l’ACMEN. 32,7% considèrent que la formation
ne relève pas de leur responsabilité. 10,9% voient que la supervision n’est pas basée sur
le MC. A ce chiffre s’ajoute 45,5% qui déclarent qu’ils la pratiquent parfois.
Tableau 13 : récapitulation des réponses de la rubrique Mode de supervision et de leadership
Les données sont en Non Incorrect Parfois Correct Je ne sais
pourcentage (%) réponse pas
on pratique la 9,1 10,9 45,5 32,7 1,8
supervision visant le
développement des
compétences
tout travail est encadré 12,7 12,7 25,5 49,1 0,0
avant d'être exécuté
la formation est l'affaire 10,9 29,1 18,2 32,7 9,1
du service chargé de la
gestion de la formation
Source : données de l’enquête.
3.2.8. Gestion des compétences
Toutes les questions du dernier axe se rapportent directement au MC. Quelques chiffres
suffisent pour avoir une idée claire sur l’état du MC dans l’ACMEN. En effet, il ’y a
unanimité en ce qui concerne le besoin en formation supplémentaire des fonctionnaires :
80%. Un nombre important de managers voient que la formation des fonctionnaires est
une responsabilité du manager direct. 45,5% apprécient le rôle des habiletés dans la

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 125


performance des fonctionnaires.60% disent qu’il n’existe pas de bilan des compétences
de chaque fonctionnaire.
Pour ce qui concerne l’évaluation régulière des fonctionnaires, 49,1% déclarent son
inexistence et pour 38,2%, elle est parfois pratiquée. 78, 2% révèlent que l’on n’établit
pas de plan de développement pour les fonctionnaires. S’ajoute à ce pourcentage14,5%
pour lequel, on ne l’élabore pas souvent. 1,8% uniquement voient que l’on organise des
rencontres régulières pour évaluer le plan de développement des compétences. Quant à
la coordination avec la Direction des Ressources Humaines, 69,1% déclarent que l’on
n’envoie pas le plan global de développement des compétences à cette direction.
Conclusion
L’analyse des pratiques de Management des compétences au sein l’Administration
centrale du MEN a fait révéler quelques bonnes pratiques, mais en même temps, elle
met le doigt sur de nombreuses défaillances qui devront constituer des points
d’amélioration dans l’objectif de la mise en place d’un management de compétences au
sein de l’administration centrale du MEN.
Un grand effort de formation mais surtout de sensibilisation des dirigeants centraux du
MEN à l’égard de management des compétences et notamment de ses retombées
positives tant pour le système d’éducation et de formation que sur les pratiques
quotidiennes de ses Ressources Humaines.
En plus de la sensibilisation, un système de reconnaissance des compétences devra voir
le jour, pour constituer le cadre réglementaire formel d’incitation et de valorisation des
compétences et leur management.
Conscient que le management de compétences constitue l’un des piliers et prérequis à
l’instauration d’un système de qualité au sein du système marocain d’éducation et de
formation, nous partageons la conviction de la nécessité d’une vision intégrée des grands
chantiers visant ce système. Nous escomptons étendre l’étude aux autres paliers
administratifs à savoir, le niveau régional, provincial et local. Ce n’est qu’après
l’extension de cette étude que nous arriverons à avoir une évaluation globale et
exhaustive sur les pratiques de Management des compétences au sein l’Administration
du MEN.

126 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


Bibliographie

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Cazal, D. et Dietrich, A., 2003, Compétences et savoirs : entre grh et stratégie ?, Les Cahiers
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Parlier,M. 1999. « Stratégie de formation et de développement des compétences dans
l’entreprise ». Editions d’Organisation. France
Vernadat, F. 1999. « Techniques de modélisation en entreprise : applications aux
processus opérationnels », Economica, France.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 127


Revue "Repères et Perspectives Economiques"
03 / 1er semestre 2018

Numéro varia

‫صناديق الثروة السيادية كمصدر لإلنفاق الحكومي مع االشارة لحالة‬


‫الجزائر‬

‫ الجزائر‬،‫ جــامعة أحمد دراية بأدرار‬،‫بالل بوجمعة‬


‫ الجزائر‬،‫ جــامعة أحمد دراية بأدرار‬،‫وافــي ناجــم‬

ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018

Référence électronique
Boudjemaa, B et Ouafi, N. « Les fonds souverains comme source de dépenses
publiques : Référence au cas de l'Algérie » (en arabe), Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], 03 / 1er semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.

128 Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018


‫ملخص‬

‫يهدف هذا البحث إلى إبراز الدور الذي تلعبه صناديق الثروة السيادية في توفير التمويل الالزم لمجابهة التزايد في اإلنفاق‬
‫ مع اإلشارة لواقع صندوق ضبط الموارد الجزائري في تمويل اإلنفاق الحكومي في‬،‫الحكومي كمصادر تمويلية غير تقليدية‬
.‫ظل تراجع رصيده‬
‫وخلصت الدراسة إل ى أن هذا الصندوق كان هامش أمان لجأت إليه الحكومة في تغطية عجز الخزينة والتسديد المسبق‬
‫ وأزمة انخفاض أسعار البترول الحالية‬،‫أن عدم استثمار أموال الصندوق في السوق المالي من جهة‬
ّ ‫ إال‬،‫للمديونية الخارجية‬
‫ وهذا ما دفع الحكومة الجزائرية إلى اتخاذ جملة من‬.‫من جهة أخرى ساهم في تراجع رصيد الصندوق إلى مستوى جد متدني‬
.‫اإلجراءات بغية تمويل برامج اإلنفاق الحكومي‬
.‫ أسعار البترول‬،‫ اإلنفاق الحكومي‬،‫ صندوق ضبط الموارد الجزائري‬،‫ صناديق الثروة السيادية‬:‫الكلمات المفتاح‬

Abstract
This paper aims at highlighting the role played by sovereign wealth funds in providing the
necessary funding to counter the increase in government spending as non-traditional sources of
funding, while noting the reality of the Algerian Resource Control Fund in financing
government spending in light of its declining availability.
The study concluded that this fund was a margin of safety used by the government to cover the
deficit of the treasury and the prepayment of external indebtedness. However, the non-
investment of funds in the financial market on the one hand and the current oil price crisis on
the other contributed to the decline of the fund balance to a very low level, which prompted the
Algerian government to take a number of measures to finance government spending programs.
Keywords: Sovereign Wealth Funds, Algerian Resource Adjustment Fund, Government
Spending, Oil Prices.

Résumé
Cet article souligne le rôle joué par les fonds souverains, en tant que sources de financement
non traditionnelles, pour faire face à l'augmentation des dépenses publiques, tout en présentant
la réalité du Fonds Algérien de Régulation des Recettes dans le financement des dépenses
publiques dans une situation de décroissance de ses disponibilités.
L'étude a conclu que ce fonds constituait une marge de sécurité utilisée par le gouvernement
pour couvrir le déficit de la trésorerie et le remboursement anticipé de l'endettement extérieur.
Cependant, le non-investissement des fonds sur le marché financier d'une part, et la crise
actuelle des prix du pétrole d'autre part, ont contribué à la baisse du solde du fonds à un niveau
très bas. Cela a conduit le gouvernement algérien à prendre un certain nombre de mesures pour
financer les programmes de dépenses publiques.

Mots clés : Fonds souverains, Fonds algérien de régulation des recettes, dépenses publiques,
Prix du pétrole

JEL : G28

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 129


‫مقدمة‬
‫لقد أدى االرتفاع المتزايد في أسعار المحروقات إلى لجوء العديد من الدول إلى إنشاء صناديق سيادية‬
‫تستثمر فيها الفوائض المالية الناتجة عن ارتفاع أسعار المحروقات‪ ،‬والجزائر كغيرها من الدول قامت في‬
‫سنة ‪ 0222‬بإنشاء صندوق ضبط الموارد كصندوق سيادي يحوي الفوائض المالية المتأتية عن حاصل‬
‫إيرادات الجباية البترولية‪ ،‬التي تفوق تلك المقيدة في الموازنة العامة للدولة وعند سعر مرجعي بلغ ‪ 91‬دوالر‬
‫للبرميل خالل الفترة ‪ ،0222-0222‬وبلغ ‪ 72‬دوالر للبرميل للفترة ‪ ،0292-0222‬وبلغ ‪ 22‬دوالر للبرميل‬
‫للفترة ‪.0291-0292‬‬
‫ونظ ار للجهود المبذولة في سبيل تطوير االقتصاد الوطني من خالل إطالق برامج اإلنعاش االقتصادي منذ‬
‫سنة ‪ ،0222‬والزيادات التي حصلت في األجور منذ سنة ‪ ،0222‬إضافة إلى تراجع أسعار البترول منذ‬
‫جوان ‪ ،0292‬تزايد حجم النفقات العمومية‪ ،‬األمر الذي أنجر عنه عجز الموازنة العامة‪ ،‬ولم تساهم الموارد‬
‫الداخلية في تغطية هذا العجز‪ ،‬ومن تم اختارت الحكومة الجزائرية اللجوء الى صندوق الموارد لمجابهة‬
‫وعليه يأتي هذا البحث لمعالجة االشكالية التالية‪:‬‬
‫ما هو دور صندوق ضبط الموارد في تمويل اإلنفاق الحكومي بالجزائر‪ ،‬وما هي اإلجراءات المتخذة في‬
‫ظل تراجع أرصدته خالل الفترة ‪0292-0292‬؟‬
‫لإلجابة على اإلشكالية المطروحة‪ ،‬اعتمدنا المنهج الوصفي التحليلي لتشخيص دور صندوق ضبط الموارد‬
‫في تمويل اإلنفاق الحكومي واإلجراءات الحكومية المتخذة في ظل تراجع رصيده‪ ،‬أما من حيث مصادر‬
‫الدراسة تمثلت أساسا في المعطيات المتحصل عليها من الديوان الوطني لإلحصائيات‪ ،‬ومذكرة مشروع‬
‫قانون المالية لسنة ‪.0292‬‬
‫وتهدف هذه الدراسة إلى البحث في أحد أهم مصادر التمويل المستحدثة لإلنفاق الحكومي‪ ،‬أال وهي صناديق‬
‫الثروة السيادية‪ ،‬من خالل إبراز أهمية صندوق ضبط الموارد الجزائري في تمويل اإلنفاق الحكومي وتبيان‬
‫اإلجراءات الحكومية المتخذة في ظل تراجع رصيده‪.‬‬
‫ونعالج إشكالية هذه الدراسة من خالل الخطة التالية‪:‬‬
‫‪ .9‬التأصيل النظري لصناديق الثروة السيادية‬
‫‪ .0‬ماهية صندوق ضبط الموارد الجزائري وأهميته‬
‫‪ .7‬صندوق ضبط الموارد كمصدر لتمويل اإلنفاق الحكومي في الجزائر‬
‫‪ .1‬التأصيل النظري لصناديق الثروة السيادية‬
‫‪ 1.1‬ظهور صناديق الثروة السيادية‬
‫تتفق معظم األبحاث والدراسات على أن ظاهرة الصناديق السيادية ليست بالظاهرة الجديدة‪ ،‬حيث يعتقد‬
‫البعض أن أول صندوق سيادي ظهر في فرنسا عام ‪9292‬م المعروف بـ ‪Caisse des Dépôts et‬‬
‫‪( Consignations‬جعفري‪ .)0292 ،‬وتعتبر دولة الكويت أول من أنشأ صندوق سيادي في العالم والمسمى‬

‫‪130‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫مجلس االستثمار الكويتي سنة ‪ ،9127‬وفي عام ‪ 9120‬تم إنشاء الهيئة العامة لالستثمار بموجب القانون‬
‫رقم ‪ 22‬باعتبارها هيئة حكومية مستقلة مسئولة عن إدارة األصول المالية للدولة (هيئة االستثمار‬
‫الكويتية‪ )0292،‬ليتوالى بعد ذلك في السبعينيات وما بعدها ظهور صناديق أخرى‪ .‬ففي سنة ‪ 9122‬قامت‬
‫سنغافورة بإنشاء صندوق سيادي يدعى "تيماسك" وذلك من فائض ميزانها التجاري‪ ،‬كما أن بعض الدول‬
‫المتقدمة أو مقاطعات منها كانت من األوائل التي أنشأتها كمقاطعة أالسكا األمريكية بإنشائها صندوق‬
‫سيادي يسمى "صندوق أالسكا الدائم" ومقاطعة البرتا صندوق "‪ "AHSTF‬سنة ‪ 9122‬وذلك من عوائد النفط‬
‫(بوجمعة‪.)0292 ،‬‬
‫‪ 1.1‬مفهوم صناديق الثروة السيادية‬
‫ال يوجد تعريف موحد لمفهوم صناديق الثروة السيادية إال أن جل التعريفات تتداخل فيما بينها ومن هذه‬
‫التعريفات نجد‪:‬‬
‫تعريف صندوق النقد الدولي الذي يعرفها على أنها "صناديق أو ترتيبات لالستثمار ذات غرض خاص‬
‫تملكها الحكومة العامة‪ ،‬وتنشأ الحكومة العامة صناديق الثروة السيادية ألغراض اقتصادية كلية‪ ،‬وهي‬
‫صناديق تتولى االحتفاظ باألصول أو تتولى توظيفها أو إدارتها لتحقيق أهداف مالية‪ ،‬مستخدمة في ذلك‬
‫استراتيجيات استثمارية تتضمن االستثمار في األصول المالية األجنبية‪ ،‬وتنشأ صناديق الثروة السيادية في‬
‫العادة على فوائض ميزان المدفوعات‪ ،‬أو عمليات النقد األجنبي الرسمية‪ ،‬أو عوائد الخصخصة‪ ،‬أو فوائض‬
‫المالية العامة‪ ،‬أو اإليرادات المحققة من الصادرات السلعية‪ ،‬أو كل هذه الموارد مجتمعة" (قدي‪.)0221 ،‬‬
‫كما تعرفها منظمة التعاون االقتصادي والتنمية على أنها" وسائط استثمار مملوكة للحكومة يتم تمويلها من‬
‫موجودات الصرف األجنبي‪( ".‬المنيف‪ ،)0221 ،‬أما و ازرة الخزانة األمريكية فتصفها بأنها‪":‬وسائط استثمار‬
‫دار بشكل مستقل عن االحتياطات الرسمية‬
‫مملوكة للحكومة يتم تمويلها من موجودات الصرف األجنبي تُ ُ‬
‫للسلطات النقدية" (‪.)Agomes, 2008‬‬
‫وتعتبر صناديق الثروة السيادية بمثابة صناديق من األصول التي تملكها وتديرها بشكل مباشر أو غير‬
‫مباشر الحكومات لتحقيق األهداف الوطنية‪ .‬قد يتم تمويلها من احتياطيات النقد األجنبي؛ بيع الموارد‬
‫الناضبة مثل النفط؛ أو من مختلف الضرائب واإليرادات األخرى" (‪.)Blundell et al., 2008‬‬
‫ومن خالل هذه التعاريف نستنتج أن صناديق الثروة السيادية تتميز بما يلي‪:‬‬
‫‪ -‬تعدد وتنوع مصادر تمويل الصناديق السيادية؛‬
‫‪ -‬يعود تسيير وملكية الصناديق السيادية إلى الحكومة؛‬
‫‪ -‬يمكن استثمار أموال الصناديق السيادية في السوق المالي؛‬
‫‪ -‬الغرض منها تحقيق أهداف اقتصادية كلية‪.‬‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪131‬‬


‫‪ 1.1‬أنواع صناديق الثروة السيادية‬
‫تتعدد صناديق الثروة السيادية وفقا لمعايير مختلفة (بوفليح‪ 2010 ،‬أ)‪ .‬فوفق مجال عمل الصندوق‪ ،‬تنقسم‬
‫إلى‬
‫‪ -‬صناديق سيادية محلية يرتكز نشاطها داخل البلد المنشأ لها‪ ،‬مثل صندوق ضبط الموارد الجزائري‪.‬‬
‫‪ -‬صناديق سيادية دولية إذ يمتد نشاطها إلى خارج البلد‪ ،‬مثل هيئة أبو ظبي لالستثمار وصندوق‬
‫النفط النرويجي‪.‬‬
‫أما وفق موارد الصندوق‪ ،‬فتنقسم إلى‪:‬‬
‫‪ -‬صناديق ممولة عن طريق عوائد المواد األولية‪ :‬أي أن مواردها تأتي من تصدير المواد األولية‬
‫عادة النفط والغاز‪ ،‬وذلك بالفرق ما بين سعر هذه المواد في السوق العالمية والسعر المرجعي إلعداد‬
‫الموازنة العامة‪.‬‬
‫‪ -‬صناديق غير ممولة عن طريق عوائد المواد األولية‪ :‬تتمثل مواردها أساسا في فائض الميزان‬
‫التجاري واحتياطات الصرف‪ ،‬مع العلم أن هذا النوع موجود في الدول غير النفطية‪ ،‬على غرار‬
‫سنغافورة والصين‪.‬‬
‫‪ -‬صناديق ممولة بفوائض الخصخصة‪ :‬دخلت الكثير من الدول في برامج واسعة لخصخصة‬
‫القطاع العمومي أدت إلى حصولها على عوائد مالية ضخمة‪ ،‬استخدمتها في تمويل صناديق‬
‫الثروة السيادية‪.‬‬
‫‪ -‬صناديق ممولة بفائض الميزانية‪ :‬تلجأ بعض الحكومات مباشرة لما تحقق فائضا في الميزانية‬
‫العامة للدولة إلى تحويل هذا الفائض الستثماره في األصول المالية قصد تحقيق عوائد من جهة‪،‬‬
‫ولتوجيه المعطيات االقتصادية من جهة ثانية‪ .‬وعند تحقيق هذه الفوائض وارتفاع مستواها يتم اللجوء‬
‫إلى تكوين الصناديق السيادية قصد استثمارها وتنميتها بشكل أفضل (سليماني‪.)0292 ،‬‬
‫‪ .1‬ماهية صندوق ضبط الموارد الجزائري وأهميته‬
‫‪ 1.1‬مفهوم صندوق ضبط الموارد الجزائري‬
‫تم إنشاء صندوق ضبط الموارد بموجب قانون المالية التكميلي رقم ‪ 20-0222‬المؤرخ في ‪ 02‬جوان‬
‫‪ ،0222‬وذلك بمقتضى المادة ‪ 92‬منه التي تنص على أن‪ " :‬يفتح في كتابات الخزينة حساب تخصيص‬
‫خاص رقم ‪ 720-927‬بعنوان صندوق ضبط الموارد‪".‬‬
‫فصندوق ضبط الموارد هو من الحسابات الخاصة للخزينة وهي حسابات ال تظهر في الميزانية العامة‬
‫للدولة‪ ،‬كما أنها ال تخضع لرقابة البرلمان‪ ،‬وتحتوي على أرصدة مالية قابلة للتحويل من سنة إلى أخرى‬
‫وهي مكملة لألنشطة المالية للميزانية العامة للدولة‪ .‬ويعد وزير المالية اآلمر الرئيسي لحساب التخصيص‬
‫الخاص بصندوق ضبط الموارد‪.‬‬

‫‪132‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫وقد سجلت الجزائر فوائض مالية معتبرة في سنة ‪ 0222‬ناتجة عن االرتفاع القياسي ألسعار النفط في‬
‫األسواق العالمية‪ ،‬إذ حقق رصيد الموازنة العامة للدولة فائض قدر بـ ‪ 222‬مليار دينار جزائري نتيجة‬
‫الرتفاع إيرادات الجباية البترولية إلى ‪ 9097.0‬مليار دينار (‪.)IMF, 2005‬‬
‫‪ 1.1‬أهمية صندوق ضبط الموارد الجزائري‪:‬‬
‫يستمد صندوق ضبط الموارد أهميته من كونه يعتبر أداة رئيسية وفعالة للسياسة المالية للحكومة خاصة من‬
‫خالل توفير الموارد الموجه لإلنفاق الحكومي‪ ،‬ويمكن إيضاح أهميته كذلك من خالل (زغيب وحليمي‪،‬‬
‫‪:)2008‬‬
‫‪ -‬مساهمة الموارد المالية للصندوق في التقليل من مديونية الدولة؛‬
‫‪ -‬ضبط مداخيل البترول وتوجيهها في مسار يخدم مصلحة االقتصاد الوطني؛‬
‫‪ -‬تغطية العجز في الميزانية العامة واالنتقال من حالة العجز إلى حالة التوازن والفائض؛‬
‫‪ -‬يمكن أن يأخذ الصندوق أدوار مزدوجة حسب أهدافه‪ ،‬فإما أن يهتم بمعالجة المشكالت المتعلقة‬
‫بتقلب اإليرادات النفطية وسوء تقديرها‪ ،‬وهنا يمثل صندوق ضبط أو تثبيت‪ ،‬كما يمكن أن يستخدم‬
‫في ادخار جزء من إيرادات النفط لألجيال المقبلة وهنا يسمى صندوق ادخار‪.‬‬
‫موارد صندوق ضبط الموارد الجزائري ونفقاته‬ ‫‪1.1‬‬
‫تتمثل موارد الصندوق في فوائض القيم الجبائية الناتجة عن مستوى أعلى ألسعار المحروقات على تلك‬
‫المتوقعة ضمن قانون المالية؛ وكل اإليرادات األخرى المتعلقة بسير الصندوق‪ .‬أما نفقاته‪ ،‬فتهم ضبط نفقات‬
‫‪29‬‬
‫وتوازن الميزانية المحددة عن طريق قانون المالية السنوي؛ وتخفيض الدين العمومي‪.‬‬
‫وتجدر اإلشارة إلى أنه تمت تعديالت على القانون رقم ‪ 20-0222‬المنظم لعمل صندوق ضبط الموارد‬
‫الجزائري من خالل صدور بعض القوانين والمراسيم والتعليمات المنظمة والمسيرة لعمل الصندوق تمثلت‬
‫في‪:‬‬
‫‪ -‬القرار رقم ‪ 900‬بتاريخ ‪ 0220/22/92‬الصادر عن وزير المالية والذي يحدد اإليرادات والنفقات‬
‫المحسومة من حساب التخصيص الخاص ‪.720-927‬‬
‫‪ -‬تعليمة رقم ‪ 92‬بتاريخ ‪ 0220/22/92‬الصادرة عن المدير العام للخزينة المحددة لشروط التطبيق‬
‫المحاسبي للمرسوم التنفيذي ‪ 22-20‬وكيفية تسيير صندوق ضبط الموارد‪.‬‬
‫‪ -‬قانون المالية لسنة ‪ ،0222‬حيث تضمن نص المادة ‪ 22‬من القانون ‪ 00-27‬المؤرخ في‬
‫‪ 0227/90/02‬تعديل للمادة ‪ 92‬من قانون المالية لسنة ‪ ،0222‬حيث تم إضافة تسبيقات بنك الجزائر‬
‫الموجهة للتسيير النشط للمديونية الخارجية في جانب اإليرادات‪ ،‬ويعود ذلك إلى تحسن الوضع المالي‬
‫لبنك الجزائر نتيجة ارتفاع احتياطاته من النقد األجنبي حيث بلغت سنة ‪ 0222‬حوالي ‪ 922‬مليار دوالر‬
‫(سعد اهلل‪.)0290 ،‬‬

‫‪ 29‬المادة ‪ 92‬من قانون المالية التكميلي لسنة ‪ ،0222‬الجريدة الرسمية الجزائرية‪.0222 ،‬‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪133‬‬


‫‪ -‬األمر رقم ‪ 22-22‬المؤرخ في ‪ 0222/22/92‬المتضمن قانون المالية التكميلي لسنة ‪ 0222‬والذي‬
‫عدل في جانب النفقات إذ نص على «تمويل عجز الخزينة دون أن يقل رصيد الصندوق عن ‪222‬‬
‫مليار دينار»‪.30‬‬
‫‪ -‬القانون رقم ‪ 92-92‬المؤرخ في ‪ 0292/90/02‬المتضمن قانون المالية لسنة ‪ 0292‬المادة ‪909‬‬
‫منه التي ألغت الرصيد األدنى للصندوق المقدر بـ ‪ 222‬مليار دينار‪ ،‬وهذا يعني إمكانية نفاذ رصيد‬
‫الصندوق بالكامل‪.‬‬
‫‪ 2.1‬تطور رصيد صندوق ضبط الموارد الجزائري‬
‫لمعرفة التطورات التي عرفها رصيد صندوق ضبط الموارد نستعرض الجدول التالي‪:‬‬
‫الجدول رقم ‪ :11‬تطور رصيد صندوق ضبط الموارد بالجزائر خالل ‪( 1112-1111‬مليار دج)‬
‫الرصيد بعد‬ ‫الرصيد قبل‬ ‫الفائض‬ ‫الجباية‬ ‫الرصيد في الجباية‬ ‫سعر‬ ‫السنة‬
‫االقتطاع‬ ‫االقتطاع‬ ‫البترولية‬ ‫البترولية‬ ‫نهاية‬ ‫البترول‬
‫المحصلة‬ ‫المقيدة في‬ ‫السنة‬
‫الميزانية‬ ‫السابقة‬
‫‪070.9‬‬ ‫‪227.0‬‬ ‫‪227.0‬‬ ‫‪9927.0‬‬ ‫‪202‬‬ ‫‪2‬‬ ‫‪02.22‬‬ ‫‪0222‬‬
‫‪9220.2‬‬ ‫‪0212.2‬‬ ‫‪9722.2‬‬ ‫‪0022.2‬‬ ‫‪211‬‬ ‫‪209.2‬‬ ‫‪72.22‬‬ ‫‪0222‬‬
‫‪0179‬‬ ‫‪7222.2‬‬ ‫‪9212‬‬ ‫‪0292‬‬ ‫‪192‬‬ ‫‪9220.2‬‬ ‫‪22.22‬‬ ‫‪0222‬‬
‫‪7092.2‬‬ ‫‪2221.1‬‬ ‫‪9272.2‬‬ ‫‪0299.2‬‬ ‫‪127‬‬ ‫‪0179‬‬ ‫‪29.22‬‬ ‫‪0222‬‬
‫‪2022.9‬‬ ‫‪2227.2‬‬ ‫‪0022.0‬‬ ‫‪2227.2‬‬ ‫‪9292.2‬‬ ‫‪7092.2‬‬ ‫‪12.22‬‬ ‫‪0222‬‬
‫‪2792.2‬‬ ‫‪2222.2‬‬ ‫‪222.2‬‬ ‫‪0702.2‬‬ ‫‪9102‬‬ ‫‪2022.9‬‬ ‫‪29.22‬‬ ‫‪0221‬‬
‫‪2220.2‬‬ ‫‪2272.2‬‬ ‫‪9792.7‬‬ ‫‪0202‬‬ ‫‪9229.2‬‬ ‫‪2792.2‬‬ ‫‪22.22‬‬ ‫‪0292‬‬
‫‪2729.2‬‬ ‫‪2927.0‬‬ ‫‪0722.7‬‬ ‫‪7201.2‬‬ ‫‪9201.2‬‬ ‫‪2220.2‬‬ ‫‪922.22‬‬ ‫‪0299‬‬
‫‪2277.2‬‬ ‫‪2192‬‬ ‫‪0272.7‬‬ ‫‪2222.7‬‬ ‫‪9291‬‬ ‫‪2729.2‬‬ ‫‪921.22‬‬ ‫‪0290‬‬
‫‪2227.2‬‬ ‫‪2212.1‬‬ ‫‪0220.0‬‬ ‫‪7222.9‬‬ ‫‪9292.1‬‬ ‫‪2277.2‬‬ ‫‪922.22‬‬ ‫‪0297‬‬
‫‪2222.9‬‬ ‫‪2727.2‬‬ ‫‪9292.7‬‬ ‫‪7722.9‬‬ ‫‪9222.2‬‬ ‫‪2227.2‬‬ ‫‪12.01‬‬ ‫‪0292‬‬
‫‪0220.0‬‬ ‫‪2122.2‬‬ ‫‪222.2‬‬ ‫‪0027.2‬‬ ‫‪9200.1‬‬ ‫‪2222.9‬‬ ‫‪20.29‬‬ ‫‪0292‬‬
‫المصدر‪ :‬من إعداد الباحثين بناء على مذكرة عرض مشروع قانون المالية لسنة ‪.0292‬‬
‫من خالل الجدول رقم ‪ ،29‬نالحظ أن رصيد الصندوق قبل االقتطاع في تزايد مستمر منذ سنة ‪ 0222‬تبعا‬
‫الرتفاع أسعار البترول‪ ،‬حيث بلغ أول رصيد للصندوق ‪ 227.0‬مليار دينار سنة ‪ ،0222‬ليرتفع إلى أكبر‬
‫مستوى له في سنة ‪ 0290‬حين بلغ سعر البترول ‪ 921.22‬دوالر‪ ،‬ثم يعود إلى مستوى ‪ 2122.2‬مليار‬
‫دينار في سنة ‪ 0292‬متأث ار بانخفاض األسعار التي تراجعت منذ جوان ‪ 0292‬لتصل إلى ‪ 20.29‬دوالر‬
‫سنة ‪.0292‬‬

‫‪ 30‬الجريدة الرسمية الجزائرية‪0222 ،‬‬

‫‪134‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫كما نالحظ تزايد رصيد الصندوق حتى بعد االقتطاع الموجه لتغطية العجز في الموازنة العامة‪ ،‬تسديد‬
‫تسبيقات بنك الجزائر وتسديد الدين العام‪ ،‬حيث ارتفعت من ‪ 070.9‬مليار دينار سنة ‪ 0222‬إلى ‪2277.2‬‬
‫مليار سنة ‪ 0290‬كأكبر رصيد للصندوق ثم يتراجع إلى مستوى ‪ 0220.0‬مليار دينار سنة ‪ 0292‬عند‬
‫تراجع أسعار البترول‪.‬‬
‫ومن أهم استنتاجات تحليل الجدول رقم ‪ ،29‬أنه كلما ارتفعت أسعار البترول في السوق العالمية على مستوى‬
‫السعر المرجعي إلعداد الموازنة العامة في الجزائر خالل الفترة ‪ ،0292-0222‬أدى ذلك إلى ارتفاع رصيد‬
‫صندوق ضبط الموارد من جهة‪ ،‬ومن جهة أخرى أدى إلى تقليص العجز في الموازنة العامة باعتبار أن‬
‫النسبة الكبيرة من إيرادات الموازنة العامة تعتمد على الجباية البترولية‪.‬‬
‫‪ .1‬صندوق ضبط الموارد كمصدر لتمويل اإلنفاق الحكومي في الجزائر‬
‫نتناول انجازات صندوق ضبط الموارد في تمويل اإلنفاق الحكومي بالجزائر من خالل دوره في تسوية وضبط‬
‫عجز الميزانية العامة للدولة‪ ،‬ودوره في تسوية عجز الخزينة‪ ،‬وكذا الدور المهم الذي لعبه في تقليص‬
‫المديونية العامة‪ .‬كما نتناول اإلجراءات المتخذة في ظل تراجع موارد الصندوق‪.‬‬
‫‪ 1.1‬دور صندوق ضبط الموارد في تمويل اإلنفاق الحكومي بالجزائر‬
‫لصندوق ضبط الموارد دور في تمويل اإلنفاق الحكومي‪ ،‬ويظهر ذلك من خالل ما يلي‪:‬‬
‫‪ 1.1.1‬صندوق ضبط الموارد والميزانية العامة‬
‫تعتبر الميزانية العامة للدولة من أهم أدوات السياسة المالية التي تستخدمها الدولة في تحقيق التوازن‬
‫واالستقرار االقتصادي‪ ،‬وضمان تحقيق االستقرار يكون من خالل التحكم في حجم اإلنفاق العام واإليرادات‬
‫العامة واعادة توزيع الدخل والثروات من خالل السياسة الضريبية واإلنفاق (درواسي‪ ،)2006 ،‬إن عجز‬
‫الموازنة هو عبارة عن حدوث فجوة بين اإليرادات المتوقعة والنفقات المتوقعة للدولة‪ ،‬ويأخذ عجز الموازنة‬
‫شكلين؛ أحدهما يكون ناتج عن ضعف الجهاز اإلنتاجي للدولة وعدم قدرة اإليرادات العامة على تغطية‬
‫التزايد في النفقات العمومية‪ ،‬والذي يصيب عادة الدول النامية منها الجزائر‪ ،‬أما الشكل الثاني للعجز فيكون‬
‫ناتجا عن إتباع إحدى السياسات االقتصادية التي تخلق هذا العجز في الميزانية العامة‪ ،‬وهذا ما يظهر في‬
‫االقتصاديات المتطورة (فطيمة‪.)2012 ،‬‬
‫وتعتمد الجزائر بشكل كبير في إعداد الموازنة العامة على موارد الجباية المتأتية من صادرات البترول‪ ،‬حيث‬
‫بلغت نسبة الجباية البترولية من اإليرادات العامة للدولة ‪ %22.90‬كمتوسط خالل الفترة (‪)0222-9112‬‬
‫أن هذه النسبة سجلت أكبر قيمة في سنة ‪ 0222‬لتصل إلى ‪( %22.22‬بوفليح‪0292 ،‬‬
‫وتجدر اإلشارة إلى ّ‬
‫ب)‪ ،‬وهو ما سمح بإطالق برامج اإلنعاش االقتصادي في الجزائر سنة ‪.0229‬‬
‫ونظ ار ألن أسعار النفط غير ثابتة وغير مستقرة قد يضع الموازنة العامة في حالة العجز‪ ،‬األمر الذي يتطلب‬
‫التدخل بكل األساليب المتاحة لتغطية عجز الميزانية‪ ،‬إما بتقليص اإلنفاق العام أو البحث عن طرق بديلة‬
‫لتمويل العجز في اإلنفاق الجاري‪ .‬كما أن خفض اإلنفاق الرأسمالي قد يعني التخلي عن المشروعات‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪135‬‬


‫االستثمارية المنتجة والقادرة على توليد موارد إضافية‪ ،‬األمر الذي كان سيساهم في زيادة الناتج المحلي‬
‫اإلجمالي (سعد اهلل‪.)0290 ،‬‬
‫ومع أزمة تراجع أسعار النفط منذ جويلية ‪ 0292‬أدى ذلك إلى تراجع إيرادات الجباية البترولية المقيدة في‬
‫الموازنة العامة لجزائر‪ ،‬حيث تراجعت من ‪ %22.92‬عام ‪ 0292‬إلى ‪ %72.22‬عام ‪ ،0292‬ثم إلى‬
‫‪ %77.27‬عام ‪ ( 0292‬و ازرة المالية الجزائرية‪ ،)0292 ،‬وقد تسبب هذا التراجع في إيرادات الجباية‬
‫البترولية في عجز الميزانية العامة للدولة خالل السنوات األخيرة (‪ )0292-0292-0292‬رغم ارتفاع‬
‫الموارد العادية الناتج عن الزيادة في حاصل الضرائب المباشرة والتي لها عالقة بمراجعة الضريبة على‬
‫أرباح الشركات بموجب قانون المالية التكميلي لسنة ‪ ،0292‬والتحصيل االستثنائي من طرف الخزينة‬
‫العمومية ‪ ،‬للمبالغ المستحقة للدولة‪ ،‬إثر إبرام عقد اقتناء ‪ %29‬من رأس مال شركة أوراسكوم تيليكوم الجزائر‬
‫(‪ )OTA‬بمبلغ قدره ‪ 922.2‬مليار دينار (و ازرة المالية الجزائرية‪ ،)0292 ،‬كما أن اإلنفاق العام شهد تزايد‬
‫مستمر منذ سنة ‪ 0229‬نتيجة لمباشرة برامج اإلنعاش والزيادات التي حصلت في سلم األجور بين سنة‬
‫‪ 0222‬و‪ ،0299‬واطالق برامج التشغيل العمومي‪.‬‬
‫ولذلك لجأت الجزائر إلى حل آخر لتغطية عجز الموازنة من خالل االقتطاع من رصيد صندوق ضبط‬
‫الموارد‪ ،‬رغم أن هذا الحل غير متاح دائما ففي حالة استمرار تراجع أسعار البترول واستمرار تغطية عجز‬
‫الموازنة من رصيد صندوق ضبط الموارد وعجز الموارد العادية على ضمان التمويل الالزم للموازنة سيؤدي‬
‫إلى عدم قدرة صندوق ضبط الموارد على تغطية عجز الموازنة‪ ،‬ومن المتوقع أن ينفذ رصيد الصندوق تماما‬
‫خالل سنة ‪ 0292‬في حالة بقاء األسعار دون ‪ 22‬دوالر للبرميل السعر المرجعي إلعداد المي ازنية العامة‪.‬‬
‫ومن هذا نستنتج‪ ،‬أن صندوق ضبط الموارد الجزائري ال يعتبر صندوق سيادي كتلك الصناديق الرائدة في‬
‫العالم‪ ،‬وانما هو فقط وسيلة في يد الحكومة لتمويل النفقات العمومية وتغطية عدم قدرتها في تدبير الموارد‬
‫الالزمة لتمويل التنمية الوطنية‪.‬‬
‫‪ 1.1.1‬صندوق ضبط الموارد وعجز الخزينة‬
‫انطالقا من التعديل الذي مس الصندوق سنة ‪ 0222‬والذي أضاف تمويل الصندوق لعجز الخزينة‪ ،‬فقد‬
‫كان له دور كبير في تغطية عجز الخزينة الناتج عن عمليات الخزينة‪ ،‬والجدول التالي يبين ذلك‪.‬‬

‫‪136‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫الجدول رقم ‪ :11‬تغطية صندوق ضبط الموارد لعجز الخزينة (مليار دينار)‬
‫‪%‬‬ ‫‪1112‬‬ ‫‪%‬‬ ‫‪2015‬‬ ‫‪%‬‬ ‫‪2014‬‬ ‫‪%‬‬ ‫‪2013‬‬ ‫‪%‬‬ ‫‪2012‬‬ ‫السنة والنسبة‬
‫‪64,19 0920.0‬‬ ‫‪58,2 2122.2 40,2 2727.2 27,7‬‬ ‫‪2212.1 28,83‬‬ ‫رصيد الصندوق ‪2192‬‬
‫‪- -2 485‬‬ ‫‪- -3 172‬‬ ‫‪- -3 185‬‬ ‫‪-‬‬ ‫‪-2 205‬‬ ‫‪- -3 246‬‬ ‫عجز الخزينة‬
‫‪-‬‬ ‫‪2 484‬‬ ‫‪-‬‬ ‫‪3 171‬‬ ‫‪-‬‬ ‫‪3 185‬‬ ‫‪-‬‬ ‫‪2 205‬‬ ‫‪-‬‬ ‫‪3 245‬‬ ‫تمويل العجز‬
‫تمويل صندوق‬
‫‪55,9‬‬ ‫‪1 388‬‬ ‫‪91,0‬‬ ‫‪2 886 93,1‬‬ ‫‪2 965 96,7‬‬ ‫‪2 132‬‬ ‫‪70,4‬‬ ‫‪2 283‬‬
‫ضبط الموارد‬
‫‪44,1‬‬ ‫‪1 097‬‬ ‫‪9,0‬‬ ‫‪285‬‬ ‫‪6,9‬‬ ‫‪220‬‬ ‫‪3,3‬‬ ‫‪73‬‬ ‫‪29,6‬‬ ‫‪962‬‬ ‫تمويالت أخرى‬
‫المصدر‪ :‬من إعداد الباحثين بناء على معطيات و ازرة المالية على الموقع‪:‬‬
‫‪http://www.mf.gov.dz/article/48/Zoom-sur-les-Chiffres-r/143/Solde-global-du-‬‬
‫‪r%C3%A9sor.html‬‬

‫من خالل الجدول نالحظ أن صندوق ضبط الموارد كان له أثر فعال في تغطية عجز الخزينة مقارنة‬
‫بالتمويالت األخرى‪ ،‬والتي تتمثل في التمويل البنكي وغير البنكي والتمويل الخارجي‪ .‬ففي سنة ‪0290‬‬
‫ساهم صندوق ضبط الموارد في تغطية عجز الخزينة بـ ‪ %22.2‬في حين أن التمويالت األخرى ساهمت‬
‫بـ ‪ %01.2‬في تغطية العجز‪ ،‬وفي سنة ‪ 0297‬ارتفعت نسبة مساهمة الصندوق في تغطية عجز الخزينة‬
‫إلى أعلى مستوى لها بـنسبة ‪ %12.2‬كنتيجة لتراجع التمويالت األخرى في تقليص عجز الخزينة التي‬
‫لم تمثل إال ‪ %7.7‬فقط من تغطية العجز في الخزينة‪ ،‬ثم في سنة ‪ 0292‬انخفضت قليال مساهمة‬
‫الصندوق في تغطية العجز مقارنة مع سنة ‪ 0297‬حيث بلغت نسبة المساهمة في تغطية العجز ‪%17.9‬‬
‫نتيجة لالرتفاع الطفيف الذي عرفته التمويالت األخرى في تغطية عجز الخزينة والذي بلغ ‪ ، %2.1‬أما‬
‫سنة ‪ 0292‬فقد سجلت هي األخرى تراجع طفيف في مساهمة صندوق ضبط الموارد في تغطية عجز‬
‫الخزينة مقارنة بسنة ‪.0297‬‬
‫ومن أهم استنتاجات تحليل الجدول رقم ‪ ،20‬أن تراجع مساهمة صندوق ضبط الموارد في تغطية عجز‬
‫الخزينة لسنة ‪ 0292‬يعزى إلى أمرين‪:‬‬
‫‪ -‬تراجع رصيد صندوق ضبط الموارد كنتيجة النخفاض أسعار البترول واقتطاعات السنوات السابقة‪.‬‬
‫‪ -‬ارتفاع التمويالت األخرى المساهمة في تغطية عجز الخزينة حيث وصلت إلى نسبة ‪ %22.9‬من‬
‫مبلغ تغطية عجز الخزينة‪.‬‬
‫‪ 1.1.1‬صندوق ضبط الموارد وتسديد المديونية الخارجية‬
‫قد تلجأ الحكومات إلى االقتراض الخارجي في حالة عدم كفاية الموارد الداخلية على تغطية اإلنفاق العام‪،‬‬
‫والجزائر كغيرها من الدول لجأت إلى المديونية الخارجية من أجل تغطية احتياجاتها التمويلية‪ ،‬ومن أهم‬
‫أسباب الديون الخارجية في الجزائر نجد‪ ،‬عدم التحكم في سياسة االقتراض ووضع حدود قصوى لها في‬
‫ظل شروط االقراض المفروضة؛ عالوة على ضعف مردودية االستثمارات التي وجهت لها القروض‪ ،‬كما‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪137‬‬


‫أن انخفاض صادرات الجزائر من النفط بسب انهيار أسعار النفط‪ ،‬شكل عجز على مستوى ميزان‬
‫المدفوعات‪.‬‬
‫وبفضل زيادة مداخيل النفط في بداية األلفية الثالثة‪ ،‬اتخذت السلطات في الجزائر قرار يقضي بالتسديد المسبق‬
‫للديون الخارجية مما ساهم انخفاض الديون سنة ‪ 0222‬التي بلغت أقصاها خالل الفترة ‪ 0292-0222‬بـ‬
‫‪ 00.29‬مليار دوالر‪ ،‬ووصلت إلى أدنى مستوى لها خالل نفس الفترة إلى ‪ 0.2‬مليار دوالر في سنة ‪،0221‬‬
‫وبقيت في تذبذب في مستوى ‪ 2.29‬و‪ 2.02‬مليار دوالر بين ‪ 0220‬و‪ ،0292‬ونرى أن قرار الدفع المسبق‬
‫للديون الخارجية بالجزائر أخذ لالعتبارات التالية‪:‬‬
‫‪َّ -‬‬
‫أن المديونية الخارجية أثقلت كاهل الدولة وأذعنت سيادتها وأجبرتها للخضوع لوصفات المؤسسات الدولية‬
‫خالل الثمانينيات والتسعينيات‪ ،‬رغم أن هذه الوصفات ساعدت في تحسين بعض المؤشرات االقتصادية‪،‬‬
‫لكن في المقابل ساهمت في ارتفاع نسبة البطالة وتدهور مستوى المعيشة‪.‬‬
‫‪ -‬إن الدفع المسبق للديون الخارجية خفف من األزمة المالية الحالية التي تعرفها الجزائر منذ ‪،0292‬‬
‫وجنبها عدم الوفاء بااللتزامات المالية اتجاه الدائنين‪.‬‬
‫‪ 1.1‬اإلجراءات الحكومية المتخذة في ظل تراجع موارد صندوق ضبط الموارد خالل الفترة ‪-1112‬‬
‫‪.1112‬‬
‫يعتبر تراجع أسعار النفط من السلبيات التي تؤثر على صندوق ضبط الموارد الجزائري‪ ،‬نظ اًر لعدم توظيف‬
‫األموال المحصلّة في األسواق المالية واألصول الحقيقية كالتجربة النرويجية‪ ،‬التي تُعتبر رائدة في مجال‬
‫إدارة الصناديق السيادية وتعد من أكثر التجارب نجاحاً‪ ،‬ومن بين الدول التي استعملت هذه الصناديق حسب‬
‫خبراء صندوق النقد الدولي (‪.)Delacour, 2009, P :193‬‬
‫قبل الحديث عن اإلجراءات الحكومية المتخذة إزاء تراجع أسعار النفط لمجابهة انخفاض رصيد صندوق‬
‫ضبط الموارد الجزائري‪ ،‬نقول إن هذا األخير لم يستطيع تدبير االرصدة المالية الي تحصل عليها باعتباره‬
‫لم يحقق االستدامة في تحقيق أهدافه‪ ،‬مما يعني أنه يعاني من سلبيات في تسيره مقارنة مع التجربة النروجية‬
‫مجال إدارة الصناديق السيادية‪ ،‬نوضحها باختصار في الجدول رقم ‪ 27‬التالي‪:‬‬

‫‪138‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫الجدول رقم ‪ :11‬مقارنة بين صندوق ضبط الموارد الجزائري وصندوق التقاعد الحكومي النرويجي‬
‫صندوق التقاعد الحكومي النرويجي‬ ‫صندوق ضبط الموارد الجزائري‬ ‫المعيار‬
‫سنة ‪9112‬‬ ‫سنة ‪0222‬‬ ‫التأسيس‬
‫الفائض الناتج عن ارتفاع أسعار البترول‬ ‫الفائض الناتج عن ارتفاع أسعار البترول‬ ‫التمويل األساسي‬
‫خاضع‬ ‫غير خاضع‬ ‫رقابة البرلمان‬
‫و ازرة المالية‬ ‫و ازرة المالية‬ ‫الوصاية‬
‫بنك إدارة االستثمارات النرويجي‬ ‫غير موجودة‬ ‫هيئة التسيير‬
‫استثمار الموارد المالية في السوق المالي‬ ‫ال يقوم باستثمار الموارد المالية‬ ‫استثمار األموال‬
‫من العوائد المتوقعة‬ ‫من رصيد الصندوق مباشرة‬ ‫تمويل اإلنفاق العام‬
‫موارد متنوعة‬ ‫موارد غير متنوعة‬ ‫تنوع الموارد‬
‫يخضع لمعايير الشفافية‬ ‫ال يخضع لمعايير الشفافية‬ ‫الشفافية‬
‫المصدر‪ :‬من إعداد الباحثين باالعتماد على (بوجمعة وحدادي‪ )0292 ،‬و (بوفليح‪.)0290 ،‬‬
‫ومما ُيستنتج من الجدول أعاله محدودية التجربة في الجزائر بالمقارنة مع تجربة النرويج‪ ،‬ويمكن أن‬
‫يستفيد صندوق ضبط الموارد الجزائري من التجربة النروجية‪ ،‬السيما من حيث‪:‬‬
‫‪ -‬ضرورة استثمار األصول المالية المكتسبة في حالة الفائض الناتج عن ارتفاع أسعار البترول في‬
‫القيم المنقولة عبر أسواق المالية العالمية لتحقيق أكبر العوائد الممكنة؛‬
‫‪ -‬إخضاع الصندوق إلى رقابة كيفية تسييره لتقييم فعاليته في تحقيق أهدافه المسطرة؛‬
‫‪ -‬نشر تقارير سواء كانت دورية أو فصلية لتحقيق المساءلة والشفافية؛‬
‫‪ -‬تحقيق أكبر عائد ممكن بالنظر لتنوع المحافظ المالية التي يمكن للحكومة استثمارها‪ ،‬وتجنب‬
‫انخفاض قيمة أصول الصندوق في حالة االحتفاظ بها على شكل سيولة نقدية‪.‬‬
‫ونظ ار لالنخفاض الحاد في رصيد صندوق ضبط الموارد الجزائري منذ جوان ‪ 0292‬في ظل تراجع أسعار‬
‫البترول في األسواق العالمية‪ ،‬اتخذت الحكومة الجزائرية جملة من اإلجراءات للتقليل من آثار األزمة على‬
‫االقتصاد الوطني وعلى موارد الصندوق تمثلت في‪:‬‬
‫‪ 1.1.1‬اللجوء لالقتراض من البنك اإلفريقي للتنمية‬
‫لجوء الجزائر مجدداً إلى االستدانة الخارجية بعد التسديد المسبق لديونها‪ ،‬يطرح اشكالية الخلل الهيكلي في‬
‫االقتصادي الوطني باالعتماد على الريع النفطي‪ ،‬ومن تم ينبغي على ال تعتمد الجزائر على الحلول الظرفية‬
‫ميسرة كون الجزائر‬
‫وانما البحث عن تنويع المداخيل‪ ،‬إال أن االستفادة من تمويل من البنك االفريقي بشروط ّ‬
‫عضو مساهم في رأس مال البنك االفريقي‪ ،‬أفضل من االستدانة من مؤسسات بريتون وودز‪ ،‬وليس هي‬
‫الحل المناسب دوما‪.‬‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪139‬‬


‫وافق البنك اإلفريقي للتنمية على طلب الحكومة الجزائرية عام ‪ 0292‬بمنح قرض بقيمة ‪ 122‬مليون دوالر‬
‫لدعم الميزانية‪ ،‬ودعم الجزائر في جهودها اإلصالحية إلنعاش االقتصاد بعد تراجع مداخيل الجزائر بسبب‬
‫انخفاض أسعار النفط (‪.(BAD, 0292‬‬
‫‪ 1.1.1‬اللجوء للقرض السندي في سنة ‪1112‬‬
‫أصدرت الخزينة العامة الجزائرية القرض السندي في سنة ‪ .0292‬في شكل سندات إسمية أو سندات‬
‫لحاملها حسب اختيار المكتتب لمدة ‪ 7‬سنوات و‪ 2‬سنوات بقيمة ‪ 22222‬دج لكل سند‪ ،‬وتكون نسبة الفائدة‬
‫على هذه سندات ‪ %2‬سنويا لمدة ‪ 7‬سنوات و‪ 2.22‬سنويا لمدة ‪ 2‬سنوات‪ ،‬بحيث يتم دفع الفوائد الناجمة‬
‫عن هذه السندات سنويا في تاريخ يوافق تاريخ االكتتاب وتكون معفاة من الضرائب‪.‬‬
‫وتم إصدار القرض السندي لسنة ‪ 0292‬من طرف الخزينة العامة‪ ،‬تكون هذه السندات قابلة لتداول الحر‬
‫ويمكن شرائها والتنازل عنها لألشخاص الطبيعيين أو المعنويين إما عن طريق صفقة مباشرة أو بالتظهير‬
‫أو عن طريق وسطاء مختصين‪ ،‬كما يمكن رهنها لقرض مصرفي‪( .‬و ازرة المالية الجزائرية‪)0292 ،‬‬
‫مكنت أولى عمليات القرض السندي التي تمت منذ إطالقها في شهر أفريل ‪ ،0292‬وبتجنيد للمؤسسات‬
‫والهيئات‪ ،‬من تحصيل حوالي ‪ 029‬مليار دينار؛ أي ما يعادل ‪ 0.02‬مليار دوالر‪ ،‬حيث قررت السلطات‬
‫العمومية اعتماد هذه الوسيلة كآلية لتمويل المشاريع واالستثمارات تفاديا للجوء اآللي لالستدانة‪( .‬صواليلي‪،‬‬
‫‪)0292‬‬
‫‪ 1.1.1‬إجراءات على مستوى المالية العامة‬
‫قامت الحكومة منذ سنة ‪ 0292‬بإصالحات على مستوى المالية العامة لمواجهة انخفاض الموارد‪ ،‬والحد‬
‫من الزيادة في اإلنفاق الحكومي تمثلت أساسا في (و ازرة المالية الجزائرية‪:)0292 ،‬‬
‫‪ -‬تسقيف اإلنفاق الحكومي عند مستوى معين بشقيه (نفقات التسيير ونفقات التجهيز)‪ ،‬إال أن هذا‬
‫آثار سلبية في جانبه المتعلق بنفقات التجهيز على مستوى مؤسسات االنجاز التي‬
‫اإلجراء خلف ا‬
‫وصل بعضها إلى حد اإلفالس نتيجة لعدم تحصلها على مستحقاتها المالية؛‬
‫‪ -‬ترشيد اإلنفاق الحكومي والتحكم في حجمه من خالل تجميد التوظيف في قطاع الوظيفة العمومية‬
‫بالنسبة لميزانية التسيير وتجميد بعض المشاريع العمومية والغاء بعضها اآلخر؛‬
‫‪ 2.1.1‬اللجوء إلى االستدانة الداخلية بدل الخارجية (بنك الجزائر)‬
‫قررت الحكومة في سبتمبر ‪ 0292‬اللجوء إلى بنك الجزائر من أجل تمويل العجز المسجل في الخزينة‬
‫العمومية وتسديد المستحقات المالية لصالح المؤسسات الوطنية مثل سونلغاز وسونطراك‪ ،‬وذلك من خالل‬
‫إيداعها مشروع قانون يعدل قانون النقد والقرض من أجل الترخيص لبنك الجزائر باقتناء مباشر للسندات‬
‫التي ستصدرها الخزينة‪ ،‬وسيكون هذا التمويل محدود المدة أقصاه خمس سنوات‪.31‬‬

‫‪ 31‬خطاب الوزير األول ‪ .0292‬عرض مخطط الحكومة‪ ،‬ديوان الوزير األول‪ ،‬الجزائر‪.‬‬

‫‪140‬‬ ‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬


‫خاتمة‬
‫تبين لنا من خالل هذا البحث أن صناديق الثروة السيادية تنشأ من أجل إدارة الفوائض المالية واللجوء إليها‬
‫عند الحاجة‪ ،‬والجزائر قامت بإنشاء صندوق ضبط الموارد في سنة ‪ ،0222‬ووضعت فيه الفوائض المالية‬
‫الناتجة عن ارتفاع أسعار البترول‪.‬‬
‫وتوصلت هذه الدراسة إلى نتيجة أن صندوق ضبط الموارد كان له دور في تمويل اإلنفاق الحكومي وذلك‬
‫عن طريق تغطية العجز المسجل في الميزانية العامة للدولة الناتج عن الزيادة في اإلنفاق الحكومي‬
‫بالخصوص‪ ،‬إال أن مشكلة الصندوق تكمن في عدم قدرته على استغالل االرصدة المالية التي تحصل‬
‫عليها في تحقيق االستدامة في التمويل والقضاء على التبعية للريع النفطي‪ .‬وفي ظل تراجع أرصدة الصندوق‬
‫اتخذت الجزائر حلول ظرفية لمجابة هذا الوضع‪ ،‬من خالل ترشيد اإلنفاق الحكومي بالخصوص‪.‬‬
‫ومن بين نتائج الدراسة نذكر ما يلي‪:‬‬
‫‪ -‬لم يرق صندوق ضبط الموارد الجزائري إلى درجة الصناديق السيادية العالمية‪ ،‬وهذا نظر لعدم‬
‫استثمار موارده في السوق المالية‪.‬‬
‫‪ -‬صندوق ضبط الموارد ال يستقل بهيئة تقف على إدارته وتقدم تقارير دورية عن وضعيته‪ ،‬وانما‬
‫يخضع لسلطة وزير المالية فقط‪.‬‬
‫‪ -‬أن صندوق ضبط الموارد كان له دور في االستقرار االقتصادي للجزائر ودعم البرامج التنموية التي‬
‫باشرتها الجزائر مطلع األلفية‪.‬‬
‫‪ -‬ساهم صندوق ضبط الموارد بشكل كبير في الدفع المسبق للمديونية الخارجية للجزائر‪.‬‬
‫‪ -‬سجل رصيد صندوق ضبط الموارد تراجع كبير خاصة خالل الفترة ‪ ،0292-0292‬حيث بلغ‬
‫رصيده في سنة ‪ 0292‬مستوى ‪ 922‬مليار دينار فقط‪.‬‬
‫وتوصي الدراسة بضرورة االستفادة من التجربة النرويجية من أجل توفير بيئة مالئمة الستثمار موارد‬
‫الصندوق في األصول المالية واعتماده كمصدر متجدد للموارد‪.‬‬

‫‪Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018‬‬ ‫‪141‬‬


‫قائمة المصادر والمراجع‬

‫الجريدة الرسمية الجزائرية‪ .0222.‬العدد ‪ ،22‬األمر ‪ ،22-22‬المادة ‪.02‬‬


‫بوجمعة بالل وحدادي عبد الغاني‪ .0292.‬مكانة الصناديق السيادية في الصناعة المالية (مع اإلشارة‬
‫لبعض التجارب)‪ ،‬مجلة التكامل االقتصادي‪ ،‬العدد ‪ ،22‬جامعة أدرار‪-‬الجزائر‪.‬‬
‫بوفليح نبيل‪ .0292.‬دور صناديق الثروة السيادية في معالجة األزمة المالية واالقتصادية العالمية‪ ،‬مجلة‬
‫البحوث االقتصادية العربية‪ ،‬العدد‪.21 ،‬‬
‫بوفليح نبيل‪ .0292.‬فعالية صناديق الثروة السيادية لتسيير مداخيل النفط في الدول العربية‪ ،‬األكاديمية‬
‫للدراسات االجتماعية واإلنسانية‪ ،‬العدد ‪.22‬‬
‫بوفليح نبيل‪ .0290.‬دور الذكاء االقتصادي في تحسين أداء صناديق الثروة السيادية "صندوق الثروة‬
‫السيادي النرويجي نموذجا"‪ ،‬الملتقى الدولي السادس حول الذكاء االقتصادي والتنافسية المستدامة في‬
‫منظمات األعمال الحديثة ‪2-2‬نوفمبر‪ ،0290‬جامعة حسيبة بن بوعلي "الشلف"‪-‬الجزائر‬
‫بلقاسم زايري‪ .0222.‬إدارة احتياطي الصرف وتمويل التنمية‪ ،‬مجلة بحوث اقتصادية عربية‪ ،‬العدد ‪.29‬‬
‫جعفري هني محمد‪ .0292.‬صناديق الثروة السيادية من منظور إسالمي‪ ،‬مجلة اقتصاديات شمال إفريقيا‪،‬‬
‫العدد ‪ ،97‬جامعة الشلف‪-‬الجزائر‬
‫داود سعد اهلل‪ .0290 .‬أثر تقلب أسعار النفط على السياسة المالية في الجزائر للفترة ‪،0292-0222‬‬
‫مذكرة ماجستير‪ ،‬جامعة الجزائر ‪.27‬‬
‫هاجر يحي‪ .0292.‬سياسات ترشيد دور الصناديق السيادية‪ :‬حالة صندوق ضبط الموارد بالجزائر‪ ،‬جامعة‬
‫سطيف‪.‬‬
‫و ازرة المالية الجزائرية‪ .0292.‬مذكرة عرض مشروع قانون المالية لسنة ‪ 0292‬وتقديرات ‪.0291-0292‬‬
‫مديرية المالية الجزائرية‪.‬‬
‫و ازرة المالية الجزائرية‪ .0292.‬قرار رقم‪ 09‬المتعلق بالكيفيات والشروط التي تصدر وفقه الخزينة العامة‪،‬‬
‫سندات القرض الوطني للنمو االقتصادي‪ ،‬مديرية المالية الجزائرية‪ .‬مؤرخ في ‪ 91‬جمادى‬
‫الثانية‪.9272،‬‬
‫زغيب شهرزاد‪ ،‬حليمي حليمة‪ .0222.‬االقتصاد الجزائري بين واقع االرتباط وحتمية الزوال‪ ،‬مجلة دراسات‬
‫اقتصادية‪ ،‬العدد ‪ ،99‬الجزائر‪.‬‬
‫حفيظ صواليلي‪ .0292.‬القـ ــرض السن ــدي‪ .‬مالمـح الفشــل‪ ،‬متوفر على الرابط التالي‪ :‬القـ ــرض‪-‬السن ــدي‪-‬‬
‫مالمـح‪-‬الفشــل‪www.elkhabar.com/press/article/108241/‬‬
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‫العربي‪ ،‬بيروت‪.‬‬

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،0222-9112 ‫ الساسة المالية ودورها في تحقيق التوازن االقتصادي حالة الجزائر‬.0222.‫مسعود درواسي‬
.‫ جامعة الجزائر‬،‫أطروحة دكتوراه‬
‫ دور صناديق الثروة السيادية في ترشيد اإليرادات النفطية العربية مع اإلشارة‬.0292.‫سليماني عبد الكريم‬
.‫الجزائر‬-‫ جامعة بسكرة‬،‫ مذكرة ماجيستير في العلوم االقتصادية‬،‫إلى حالة ابو ظبي‬
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.‫الجزائر‬-‫ جامعة الشلف‬،‫العدد السادس‬
.‫ متوفر على الموقع‬.0292.‫هيئة االستثمار الكويتية‬
http://www.kia.gov.kw/ar/Pages/Abuotkia.aspx

Adrian Blundell, Yu-Wei Hu and Juan Yermo.2008. Sovereign Wealth and


Pension Fund Issues, OECD working papers on insurance and private
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https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2005/cr0551.pdf
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Banque Africaine de développement. 2016. programme d’appui à la compétitivité
industrielle et énergétique. Octobre 2016.

Revue Repères et Perspectives Economiques, N°3, Semestre 1, 2018 143

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