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Chapitre 3
BARRES TENDUES
1. INTRODUCTION
Les éléments tendus se rencontrent fréquemment dans les charpentes
métalliques sous forme de barres principales dans les structures en treillis (pylônes,
fermes …), de barres de contreventement dans les palées triangulées et
d’éléments secondaires tels les suspentes, tirants et liernes.
Les sections transversales d’un élément tendu sont soumises à une seule
sollicitation : un effort normal de traction. Toutes les fibres longitudinales sont donc
soumises à une même contrainte qui n’est limitée que par la résistance du
matériau : les éléments tendus sont souvent élancés et de section constante ; la
forme de la section n’ayant que peu d’influence sur la résistance de ces éléments.
Théoriquement, parmi tous les éléments structuraux d’une ossature métallique,
les éléments tendus sont les plus performants et les plus simples à concevoir et à
dimensionner.
Mais en pratique, la réalité est quelque peu différente. Un élément tendu est
nécessairement mis en charge par l’intermédiaire d’assemblages disposés à ses
extrémités. Ceci entraîne que :
- aux extrémités, la résultante des contraintes peut ne pas agir au centre de
gravité de la section ;
- en cas d’assemblage boulonné (couramment utilisé), les parois de l’élément
tendu comportent des trous destinés à recevoir les boulons.
Il importe donc de se préoccuper de divers effets susceptibles d’affecter la
résistance d’un élément tendu : excentricités des efforts transmis, contraintes
résiduelles, concentrations de contraintes au bord des trous de boulons et
réduction de la section résistante aux extrémités de l’élément.
Il est toujours avantageux de concevoir les assemblages aux extrémités des
éléments tendus de manière à éviter les excentrements des efforts appliqués ou,
à défaut, de les réduire autant que possible. Si l’effort de traction est le résultat
d’actions de nature statique, les excentrements modérés aux extrémités et la
flexion qu’ils produisent, peuvent généralement être négligés. Par contre, sous des
actions cycliques, les excentrements accroissent l’amplitude de la variation des
contraintes et affectent donc la résistance en fatigue ; ils ne pourront dès lors être
négligés. De manière similaire, lorsque les contraintes de flexion produites par les
excentrements sont importantes en regard des contraintes de traction uniforme,
l’élément sera considéré et vérifié comme un élément tendu et fléchi (flexion
composée).
Un élément tendu sollicité statiquement est peu sensible aux contraintes
résiduelles. La ductilité des aciers de construction permet une uniformisation des
contraintes à l’état limite ultime de résistance.
Pour ce qui est de l’influence des concentrations de contraintes, elle est
examinée dans le paragraphe 3 et la réduction de la section résistante est
traitée au paragraphe 4 ci après.
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2. TYPES DE SECTIONS UTILISEES
Tout type de section peut convenir pour réaliser un élément tendu. En pratique, on
rencontre le plus fréquemment :
- Les sections simples telles que les cornières L, tés T et fers en U laminés
- Les sections composées de cornières jumelées ou de doubles U
- Les sections en I ou en H laminées ou de sections ouvertes ou fermées
reconstituées par soudage
- Les sections tubulaires à section carrée, rectangulaire ou circulaire
- Les sections pleines (ronds, carrés, plats).
Le câble est un élément structural qui ne peut être sollicité qu’en traction parce qu’il
a une raideur flexionnelle faible, considérée comme négligeable.
Les câbles porteurs des ponts suspendus, les haubans des ponts et mâts
haubanés, sont soumis à des charges axiales et à des charges transversales. Ils
ont un comportement non linéaire et leur sollicitation ne peut être déterminée que
par référence à la configuration déformée. Ce mode de comportement doit retenir
une attention particulière. L’étude des câbles ne fait partie du présent cours.
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boulonné, la présence des trous nécessaires à la mise en place des boulons aura
deux effets majeurs. Le premier est la réduction de l’aire de la section, ce qui
implique l’introduction du concept de section nette Anet qui vise à prendre en
compte les effets de cet affaiblissement local. Le second effet réside dans
l’accroissement des contraintes au voisinage immédiat du bord des trous. Ces
concentrations de contraintes ne sont normalement pas préoccupantes pour les
aciers ductiles puisqu’il peut y avoir redistribution plastique; dans certaines
conditions, elles peuvent néanmoins initier une ruine par fatigue (dans le cas d’un
chargement cyclique) ou une rupture brutale. A titre indicatif, le facteur de
concentration de contrainte k, rapport entre la contrainte maximale et la contrainte
moyenne dans la section nette, varie de 2 à 3 dans un plat troué ; il dépend du
rapport entre le rayon du trou et la largeur du plat.
Dans les structures de bâtiments à étages courants, les actions sont pratiquement
de nature statiques. Il s’ensuit que ni la fatigue, ni la rupture brutale ne constituent
des problèmes préoccupants pour l’ingénieur.
En d’autres termes, dans un élément à section constante comportant un trou, les
fibres longitudinales voisines du trou vont se plastifier les premières dans la section
affaiblie. La plastification se développe ensuite transversalement dans cette section
jusqu’à ce que cette dernière soit complètement plastifiée et se trouve ainsi
soumise à une distribution uniforme des contraintes (Figure -2). A ce stade, la
contrainte dans toute section courante de l’élément est inférieure à la limite
d’élasticité du matériau. L’élément a tendance alors à s’allonger sous charge
constante mais cet allongement reste limité car les déformations plastiques sont
localisées dans la seule section affaiblie localement par le trou. Dès que la
déformation d’écrouissage y est atteinte, l’acier de l’élément se raffermit, ce qui
permet à la charge de croître de nouveau et aux contraintes uniformes de gagner
en intensité, tant dans la section courante que dans la section affaiblie. La charge
finit par atteindre une valeur telle que la contrainte devient égale soit à la limite
d’élasticité dans la section courante, soit à la limite de rupture en traction dans la
section affaiblie.
Figure -2 Evolution des contraintes dans la section d’un élément avec trou.
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On notera que la plastification de la section courante est de nature ductile tandis
que la rupture de la section affaiblie est plus fragile. Il semblerait donc justifié
d’assimiler la charge ultime théorique d’une membrure tendue idéale soit à la
charge de plastification (Ab fy) de la section brute d’aire Ab, soit à la charge de
rupture (Anet fu) de la section nette d’aire Anet, selon celle qui est la plus faible. En
procédant de la sorte, il est implicitement admis que l’état limite ultime de l’élément
soit décrit en termes de déformation ; ce principe, moyennant la prise en compte
de valeurs appropriées des facteurs partiels de sécurité, est la base de vérification
des éléments tendus selon les règlements techniques des charpentes en acier.
On peut s’interroger quant à l’effet, sur la résistance d’une membrure tendue, des
contraintes résiduelles inévitables associées au mode de fabrication. Ces
contraintes sont auto équilibrée ; elles n’affectent donc pas la résistance ultime de
l’élément tendu puisqu’il n’y a aucun problème d’instabilité. Si le chargement est
quasi-statique, les effets des concentrations de contraintes et des contraintes
résiduelles peuvent normalement être ignorés ; il s’agit d’être beaucoup plus
circonspect si la fatigue est un risque potentiel, donc si les charges sont de nature
cyclique.
s : espacement des centres des deux trous qui bordent l’intervalle considéré,
mesuré parallèlement à l’axe de l’élément ;
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p : espacement des centres de ces deux mêmes trous, mesuré
perpendiculairement à l’axe de l’élément ;
t : épaisseur de l’élément troué.
La section nette à considérer est donc la plus faible des aires nettes correspondant
aux différentes lignes de rupture étudiées.
La méthode des s² t/4p décrite ci-dessus, appelée aussi méthode de Cochrane,
est destinée à corriger le fait que les parties de la coupe qui ne sont pas
perpendiculaires à l’axe de la barre ne se trouvent pas en état de traction pure.
Pour une cornière, une section en U ou tout autre élément comportant des trous
dans plus d’un plan, l’espacement p est mesuré le long de la ligne moyenne dans
l’épaisseur du matériau (Figure -4).
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5 ASSEMBLAGES EXCENTRES
Si les pièces assemblées ne se trouvent pas dans un même plan, il y a un
excentrement de l’effort de traction. C’est le cas lorsque, par exemple, deux plats
sont assemblés par superposition (Figure -5).
Les éléments présumées tendus sont alors soumis en outre à des moments
fléchissants. Pour autant que ces excentrements restent faibles, les effets
parasites de flexion peuvent normalement être négligés lorsque la mise en charge
est quasi-statique.
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Des cornières fixées à une tôle de gousset par une seule de leurs ailes sont
fréquemment utilisées comme diagonales tendues de poutres en treillis ou comme
suspentes. On peut observer qu’en raison de l’excentrement de la charge
appliquée, la mise en traction d’une telle cornière a pour effet de déformer les
goussets de manière à permettre à la ligne d’action de se rapprocher du centre de
gravité de la cornière (Figure -8). Ceci permet de justifier que la pénalisation de la
section nette ne soit pas aussi importante qu’on pourrait le craindre.
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Pour une cornière à ailes inégales assemblée par son aile la plus petite, la section
nette à prendre en compte est prise égale à l’aire de section nette d’une cornière
équivalente à ailes égales dont la dimension d’aile est égale à celle de l’aile la plus
petite (figure .10). Par contre, lorsque la cornière est assemblée par son aile la plus
grande, il n’y a pas lieu de lui substituer une cornière équivalente plus petite.
Figure -11 Cornière à ailes égales ou à ailes inégales mais attachée par la
plus grande des ailes
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- Cornière à ailes inégales, attachée par la plus petite des ailes (Figure -12) :
Aeff = Ared
où Ared est l’aire de la section transversale brute d’une cornière équivalente
à ailes égales dont la dimension d’aile est égale à celle de l’aile la plus petite.
Figure -12 Cornière à ailes inégales, attachée par la plus petite des ailes
où
Npl. Rd = Ab. fy / M0
Nu.Rd = 0.9 Anet. fu / M2
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