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ŒUVRE
H.G. Wells 4 e • 3e ÉE
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La Machine
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à explorer le temps
TEXTE INTÉGRAL
Herbert George Wells
La Machine
à explorer le temps
Traduit de l’anglais par
Henry-David Davray
Après-texte
Pour comprendre
Étape 1 Dans la quatrième dimension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Anticipation et science-fiction
Étape 2 Le prisonnier de l’an 802701 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Le point de vue du narrateur
Étape 3 Éloïs & Morlocks . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Utopie et dystopie
Étape 4 Au cœur des ténèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Le voyage dans le temps
Étape 5 C’était demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Rédiger un texte argumentatif
Étape 6 L’éternel retour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
questions Lire – Écrire – Chercher – Oral
à savoir Du réel au virtuel : les enjeux
de la fiction
Groupements de textes
Voyageurs du temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Chroniques du futur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Information/Documentation
Bibliographie, s’informer au CDI, filmographie,
sites Internet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
La Machine à explorer le temps 9
Chapitre 1
Initiation
– Est-ce que ce n’est pas là entrer en matière avec une bien grosse
question ? demanda Filby, raisonneur à la chevelure rousse.
20 – Je n’ai pas l’intention de vous demander d’accepter quoi que ce
soit sans argument raisonnable. Vous admettrez bientôt tout ce que je
veux de vous. Vous savez, n’est-ce pas, qu’une ligne mathématique, une
ligne de dimension nulle, n’a pas d’existence réelle. On vous a ensei-
gné cela ? De même pour un plan mathématique. Ces choses sont de
25 simples abstractions1.
– Parfait, dit le Psychologue.
– De même, un cube, n’ayant que longueur, largeur et épaisseur,
peut-il avoir une existence réelle ?
– Ici, j’objecte, dit Filby ; certes, un corps solide existe. Toutes
30 choses réelles…
– C’est ce que croient la plupart des gens. Mais attendez un peu.
Est-ce qu’il peut exister un cube instantané ?
– Je n’y suis pas, dit Filby.
– Est-ce qu’un cube peut avoir une existence réelle sans durer pen-
35 dant un espace de temps quelconque ? »
Filby devint pensif.
« Manifestement, continua l’Explorateur du Temps, tout corps réel
doit s’étendre dans quatre directions. Il doit avoir Longueur, Largeur,
Épaisseur, et… Durée. Mais par une infirmité naturelle de la chair,
40 que je vous expliquerai dans un moment, nous inclinons à négliger
ce fait. Il y a en réalité quatre dimensions : trois que nous appelons
les trois plans de l’Espace, et une quatrième : le Temps. On tend
cependant à établir une distinction factice2 entre les trois premières
1. Nerveux.
12 Herbert George Wells
savez comment sur une surface plane qui n’a que deux dimensions on
peut représenter la figure d’un solide à trois dimensions. À partir de là ils
soutiennent que, en partant d’images à trois dimensions, ils pourraient
en représenter une à quatre s’il leur était possible d’en dominer la pers-
75 pective. Vous comprenez ?
– Je pense que oui », murmura le Provincial, et fronçant les sourcils
il se perdit dans des réflexions secrètes, ses lèvres s’agitant comme celles
de quelqu’un qui répète des versets1 magiques.
« Oui, je crois que j’y suis, maintenant, dit-il au bout d’un moment,
80 et sa figure s’éclaira un instant.
– Bien ! Je n’ai pas de raison de vous cacher que depuis un certain
temps je me suis occupé de cette géométrie des Quatre Dimensions.
J’ai obtenu quelques résultats curieux. Par exemple, voici une série de
portraits de la même personne, à huit ans, à quinze ans, à dix-sept ans,
85 un autre à vingt-trois ans, et ainsi de suite. Ils sont évidemment les
sections, pour ainsi dire, les représentations sous trois dimensions d’un
être à quatre dimensions qui est fixe et inaltérable2.
« Les hommes de science, continua l’Explorateur du Temps après
nous avoir laissé le loisir d’assimiler ses derniers mots, savent parfaite-
90 ment que le Temps n’est qu’une sorte d’Espace. Voici un diagramme
scientifique bien connu : cette ligne, que suit mon doigt, indique les
mouvements du baromètre3. Hier il est monté jusqu’ici, hier soir il est
descendu jusque-là, puis ce matin il s’élève de nouveau et doucement il
arrive jusqu’ici. À coup sûr, le mercure n’a tracé cette ligne dans aucune
95 des dimensions de l’Espace généralement reconnues ; il est cependant
certain que cette ligne a été tracée, et nous devons donc en conclure
qu’elle fut tracée au long de la dimension du Temps.
– Mais, dit le Docteur en regardant fixement brûler la houille1, si
le Temps n’est réellement qu’une quatrième dimension de l’Espace,
100 pourquoi l’a-t-on considéré et le considère-t-on encore comme diffé-
rent ? Et pourquoi ne pouvons-nous pas nous mouvoir çà et là dans le
Temps, comme nous nous mouvons çà et là dans les autres dimensions
de l’Espace ? »
L’Explorateur du Temps sourit :
105 « Êtes-vous bien sûr que nous pouvons nous mouvoir librement
dans l’Espace ? Nous pouvons aller à gauche et à droite, en avant et en
arrière, assez librement, et on l’a toujours fait. J’admets que nous nous
mouvons librement dans deux dimensions. Mais que direz-vous des
mouvements de haut en bas et de bas en haut ? Il semble qu’alors la
110 gravitation2 nous limite singulièrement.
– Pas précisément, dit le Docteur, il y a les ballons.
– Mais avant les ballons, et si l’on excepte les bonds spasmodiques
et les inégalités de surface, l’homme est tout à fait incapable du mou-
vement vertical.
115 – Toutefois, il peut se mouvoir quelque peu de haut en bas et de
bas en haut.
– Plus facilement, beaucoup plus facilement de haut en bas que de
bas en haut.
– Et vous ne pouvez nullement vous mouvoir dans le Temps ; il
120 vous est impossible de vous éloigner du moment présent.
Après-texte
POUR COMPRENDRE
Étapes 1 à 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Questions sur l’œuvre et notions à connaître
GROUPEMENTS DE TEXTES
Voyageurs du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Chroniques du futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
INFORMATION/DOCUMENTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
134 DANS LA QUATRIÈME DIMENSION
Lire Écrire
1 Chapitres 1-3 : qu’apprenons-nous 11 Page 24, ligne 62, « Notre ami
à propos du narrateur, du lieu et de était dans un état surprenant. » : à
Pour comprendre
Pour comprendre
Oral 19 Écrire un roman d’anticipation ou
18 Lancez un débat sur la notion réaliser un film de science-fiction,
de voyage dans le temps : quelles n’est-ce pas prendre le risque d’être
seraient les choses à observer ou à rapidement démodé ? Argumentez
tenter de modifier si vous arriviez à « pour » ou « contre » cette idée.
ANTICIPATION ET SCIENCE-FICTION
À SAVOIR
Déjà présent dans les anciens mythes (fin des temps, mondes
étranges, créatures artificielles ou villes extraordinaires), le récit
d’anticipation naît réellement après le xviie siècle. Cyrano de Bergerac
(Histoire comique des États et Empires de la Lune), Voltaire (Micromégas),
ou Louis-Sébastien Mercier (L’An 2440) imaginent alors des conceptions poli-
tiques plus ou moins empreintes de futurisme... et de pessimisme !
Faisant suite au Frankenstein de Mary Shelley (1818), Jules Verne et
Herbert George Wells, nouveaux pionniers du genre, imagineront à leur
tour de nouvelles « merveilles » technologiques : citons le Nautilus de
Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), contrôlé par l’énigmatique Nemo,
ou les créatures nées des manipulations génétiques douteuses d’un scien-
tifique dans L’Île du Docteur Moreau (1896).
En pleine expansion au xxe siècle, le « merveilleux scientifique » devient
« science-fiction » dans les années 1950, et « SF » dès 1970. Aux États-Unis
comme en Europe, les revues consacrées (Weird Tales, Amazing Stories)
précèdent l’extraordinaire succès des magazines pulps (Buck Rogers), bandes
dessinées (Flash Gordon, Superman, Tintin, Blake et Mortimer, Valérian) et
films (du Voyage dans la Lune de Méliès en 1902 à 2001 : l’odyssée de l’espace
par Kubrick en 1968). Les collections dédiées à la SF (Fleuve Noir Anticipation,
Présence du futur) finissent de populariser Isaac Asimov, Fredric Brown, Ray
Bradbury, Richard Matheson, Pierre Boulle ou Philip K. Dick.
De nos jours divisée en de nombreux sous-genres (space opera, steam-
punk, cyberpunk, etc.), la SF est extrêmement populaire dans le cinéma à
effets spéciaux et les jeux vidéo. Elle inspire de nouveaux rêves d’explora-
tion spatiale : vers l’infini et au-delà !
Classiques Contemporains