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L'innovation par retrait

Reconfiguration des collectifs sociotechniques et de la nature


dans le développement de techniques culturales sans labour

Frédéric Goulet

Thèse en Sociologie, 26 novembre 2008, Université P. Mendès France, Grenoble

Jury
Dominique Vinck, (Univ. Mendès France, Grenoble), directeur de thèse
Michel Grossetti (CNRS-LISST, Univ. Toulouse le Mirail), Jacques Rémy (INRA-SAE²/Mona), rapporteurs
Bertrand Hervieu (CNRS/ENGREF/CIHEAM, Paris)
Yuna Chiffoleau (INRA-SAD/LESCA, Montpellier)
Jérome Mousset (ADEME, Angers), membre invité

Résumé
La remise en cause d’un modèle moderniste et productiviste en agriculture, bâti sur le
développement des sciences et des techniques, se traduit par l’éclosion de formes originales de
pratiques et de collectifs. Nous interrogeons ici les processus sociotechniques qui accompagnent
ces transformations, à partir du développement en France de techniques sans labour et d’une
agriculture de conservation, en tant "qu’innovation par retrait" basée sur la suppression d’un
artefact et des actions qui lui sont associées (la charrue et le labour), au profit d’objets de la
nature sensés les supplanter (le sol, son activité biologique). Cette recherche montre tout
d’abord que cette "actancialisation" de la nature ne se traduit pas dans l’activité des praticiens
par une simple transformation du "rapport" de ces derniers à la nature. Les objets de la nature
sont en effet engagés au sein de différents collectifs et régimes d’action, et participent d’une
évolution des cadres de socialisation des praticiens et de leurs identités. L’analyse révèle
également que le retrait d’objets et de pratiques techniques va de pair avec la construction de
collectifs originaux où agriculteurs, acteurs de la recherche et du développement agricole mais
aussi firmes privées, s’associent sur un mode renouvelé. Ce retrait traduit surtout pour les
acteurs, en quête de sens et de nouvelles pratiques, une volonté de se dissocier au travers
d’objets et de pratiques dont ils soulignent le caractère symbolique, de catégories prédéfinies
d’acteurs et de modes d’organisation qu’ils assimilent au modèle moderniste et à ses échecs.
Ainsi l’innovation par retrait révèle les tensions professionnelles et épistémiques qui prennent
forme dans les rangs des agriculteurs et des acteurs de la recherche agronomique, et les
recompositions sous formes de segments ou de communautés qui s’y opèrent. Elle rend compte
également de la façon dont des acteurs du secteur privé, les firmes de l’agrofourniture, se
dégagent de ces tensions et deviennent des acteurs essentiels des processus d’innovation. Nous
montrons en particulier comment ils se font les porte-parole, au travers notamment de
stratégies d’encastrement, d’une innovation qui viendrait de la base, et comment la mise en
avant d’objets de la nature contribue à rendre invisible d’autres artefacts ainsi que les
controverses ou dynamiques marchandes auxquelles ils sont associés.

Mots-clés : innovation par retrait, non-labour, agriculture de conservation, France, collectifs,


objets, nature, technique, profession, identité, firmes

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Abstract

Innovation by withdrawal: reconfiguration of sociotechnical collectives and nature in


the development of no-tillage techniques

The modernist and productivist model of development in agriculture was built on the expansion
of science and technologies. Challenging it implies the emergence of original forms of practices
and of collectives. We question in this research the sociotechnical processes which accompany
these transformations, based on the development of no-tillage and conservation agriculture as a
case of "innovation by withdrawal". The latter is based on the suppression of an artifact and of
actions associated with it (the plough and tillage), to the benefit of natural objects which may
substitute them (the soil and its biological activity). Our results shows that this "actancialisation"
of nature does not simply translate into a transformed relationship of practitioners with nature.
Natural objects are engaged within various collectives and regimes of action, and therefore take
part in an evolution of the frameworks of socialization of practitioners and their identities. Our
analysis also shows that withdrawing objects and technical practices goes together with
constructing original collectives in which farmers, agricultural research and development actors
but also private sector firms associate with each other in a renewed manner. This withdrawal
corresponds moreover, for actors searching for meaning and new practices through objects and
practices with a symbolic character, to a willingness to dissociate themselves from predefined
categories of actors and modes of organization which they associate with the modernist model
and its failures. Thus innovation by withdrawal reveals professional and epistemic tensions that
take place among farmers and actors of agronomic research, and the corresponding
recompositions in the form of segments or communities. It also explains how private input
providers free themselves from these tensions and become essential actors of the innovation
processes. In particular, we show how they become, through "embeddin" strategies, the
spokesmen of a supposedly bottom-up innovation, and how putting to the forefront natural
objects contributes to making invisible other artifacts, controversies or business dynamics to
which they are associated.

Key-words : innovation by withdrawal, no-tillage, conservation agriculture, France, collectives,


objects, nature, technique, profession, identity, firms

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