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Vous m’avez sollicité afin de savoir s’il serait possible, dans le cadre d’une campagne de communication
initiée par la FIDH en France, d’utiliser des extraits de films ou de séries connus dans une vidéo sans
autorisation de la part des auteurs, notamment au regard de l’exception prévue par le code de la
propriété intellectuelle (ci-après « CPI ») sur les reproductions à but pédagogique (article L. 122-5 du CPI).
Il est nécessaire d’évoquer dans un premier temps la loi qui sera applicable en cas de litige (1), puis de se
concentrer sur le régime de protection du droit d’auteur en droit français (2).
(1) Sur la législation protégeant les droits d’auteur des extraits de films et séries
En premier lieu, il convient de souligner qu’une telle situation présente un caractère international,
puisqu’il s’agirait d’utiliser des extraits de série ou de films vraisemblablement produits et protégés aux
Etats-Unis, pour l’édition d’une vidéo en France.
L’article 5-2 de cette convention prévoit que la loi applicable est la loi de l’Etat où la protection est
réclamée. Il s’agit de la loi où ont eu lieu les potentielles atteintes aux droits d’auteur. Lorsque le contenu
est diffusé sur Internet. Plusieurs lois sont applicables car l’atteinte peut avoir lieu sur différents
territoires.
La jurisprudence précise que dans cette hypothèse, la loi de l’Etat où est situé le fait générateur de la
supposée atteinte aux droits d’auteurs (en l’occurrence, la loi française) serait applicable dans le but
d’obtenir l’indemnisation de l’entier préjudice, tandis que la loi du lieu de diffusion est applicable pour
percevoir l’indemnisation du préjudice du fait de la diffusion dans cet Etat en particulier1.
Ainsi, dans votre cas d’espèce, si les sociétés de production américaines demandent une indemnisation en
raison du préjudice subi aux Etats-Unis du fait de la diffusion de la vidéo, la loi américaine serait
applicable ; l’indemnisation ne pourrait cependant couvrir que le préjudice subi du fait de la diffusion de
la vidéo aux Etats-Unis.
Dès lors, si votre campagne de communication est diffusée sur internet, plusieurs lois sont susceptibles
d’être appliquées. Il est indispensable de nous indiquer votre mode de communication afin de pouvoir
avancer plus avant sur la détermination du public visé et des territoires sur lesquels l’indemnisation
d’un éventuel préjudice des auteurs pourrait être réclamée (cf. Annexe 1 sur « Le parcours de
l’utilisateur d’un contenu », Etape 1 : « Je détermine les utilisations que je souhaite faire du contenu »).
1 Cass. civ. 1ère, 5 mars 2002, n° 99-20.755 : « Mais attendu qu'aux termes de l'article 5.2° de la convention d'Union de
Berne, l'étendue de la protection ainsi que les moyens de recours garantis à l'auteur pour sauvegarder ses droits se règlent
exclusivement d'après la législation du pays où la protection est réclamée ; que la cour d'appel a exactement considéré que
cette loi désigne non pas celle du pays d'origine ou celle du juge saisi mais celle du ou des Etats sur le territoire desquels se
sont produits les agissements délictueux ; qu'il en résulte qu'en présence de la pluralité des lieux de commission de ceux-ci,
la loi française, en tant que loi du " lieu du préjudice ", n'a pas vocation exclusive à régir l'ensemble du litige en l'absence
d'un rattachement plus étroit, non démontré, avec la France […] »
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Dossier : FIDH - Conseils droits d'auteur – D19077
En droit français, le droit d’auteur est une composante du droit de la propriété littéraire et artistique et
est protégé aux articles L. 111-1 et suivants du CPI. Ces droits d’auteur protègent d’une part, les droits
patrimoniaux des titulaires, c’est-à-dire leur droit de reproduction et de représentation, et, d’autre part,
les droits moraux, soit leurs droits de paternité et au respect de l’intégrité de l’œuvre.
A titre liminaire, la reproduction d’extraits de films et de séries peut porter atteinte au droit moral de
l’auteur, prévu à l’article L. 121-1 du CPI, notamment au regard du droit à l’intégrité de l’œuvre. Ainsi, il a
été jugé que lorsque la publication d’extraits d’un ouvrage déforme la « pensée générale du créateur », il y
a atteinte au droit moral (Cour d’appel de Paris, 10 octobre 1957 : Gaz. Pal. 1958.).
S’agissant de l’obligation d’autorisation de diffusion afin de ne pas porter atteinte aux droits patrimoniaux
des auteurs, les développements qui suivent reprennent le principe d’une autorisation (2.1) et les
exceptions limitatives à ce principe (2.2).
« La reproduction consiste dans la fixation matérielle de l'œuvre par tous procédés qui permettent
de la communiquer au public d'une manière indirecte.
Elle peut s'effectuer notamment par imprimerie, dessin, gravure, photographie, moulage et tout
procédé des arts graphiques et plastiques, enregistrement mécanique, cinématographique ou
magnétique. »
Le LamyExpert, Droit des médias et de la communication, conclut donc :
« Il convient de retenir que toute numérisation faite sans droit constitue une reproduction illicite
au sens de l’article L. 122-3 précité et en conséquence un acte de contrefaçon ; les sanctions
attachées à la contrefaçon étant prévues par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété intellectuelle ».
La première affaire ayant consacré ce principe visait la numérisation d’une œuvre de Jacques Brel par les
élèves d’une grande école. Les défendeurs avaient été condamnés pour contrefaçon au motif que :
« Toute reproduction par numérisation d’œuvres musicales protégées par les droits d’auteurs
susceptibles d’être mis à la disposition de personnes connectées au réseau Internet doit être
autorisée expressément par les titulaires ou cessionnaires de droits. »2
Par ailleurs, l’autorisation peut aussi être matérialisée par le fait que l’auteur a placé l’œuvre sous licence
libre, puisqu’il s’agit d’une autorisation donnée par avance pour le monde entier. Dans un Cahier pratique
élaboré par le Ministère de l’économie3, il est précisé que « cette autorisation doit être écrite (notamment
2 Tribunal de grande instance de Paris, Ordonnance de référé du 14 août 1996. Accessible à l’adresse suivante :
https://www.legalis.net/jurisprudences/tribunal-de-grande-instance-de-paris-ordonnance-de-refere-du-14-aout-1996/
3 Cahier pratique, « Droit d’auteur, droit à l’image : les étapes essentielles pour utiliser un contenu », accessible à l’adresse
suivante :
https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/apie/propriete_intellectuelle/publications/utiliser_contenu_
etapes_essentielles.pdf
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pour des raisons de preuve) et comporter tous les éléments permettant de s’assurer que le titulaire des
droits a accepté les utilisations qui seront faites (types, modalités, durée, territoire) ».
Ainsi, en principe, toute reproduction sans le consentement de l’auteur est sanctionnée et peut être
qualifiée de contrefaçon. Toutefois, dans certains cas limitativement énumérés par l’article L. 122-5 du
CPI, l’autorisation de l’auteur pour la divulgation de son œuvre n’est pas impérative.
Ces exceptions sont d’interprétation stricte et la doctrine a coutume de parler du test « en trois étapes »
réalisé par le juge pour obtenir le bénéfice de l’exception au principe d’autorisation.
Vous évoquez l’exception d’œuvre à vocation pédagogique prévue au 3°, e), de l’article L. 122-5 du CPI.
En premier lieu, il est à noter que dans l’extrait de communication que vous nous avez transmis, il
apparaît la mention du titre du film et de l’année, sans plus de précision.
Cet extrait ne respecte donc pas la réserve supplémentaire du 3° qui nécessite « que soient indiqués
clairement le nom de l’auteur et la source ».
Par conséquent, vous ne pouvez vraisemblablement pas bénéficier de cette exception prévue à l’article
L. 122-5, 3°, e) du CPI.
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Toutefois, s’agissant de l’exigence de brièveté, la question s’est posée de savoir si celle-ci pouvait être
satisfaite dans le domaine des arts plastiques et graphiques. En effet, l’exception de courtes citations est
très rarement retenue en matière d’extraits de films ou de séries.
Par prudence, l’utilisateur doit considérer que tout contenu est potentiellement soumis au droit d’auteur
et donc que son utilisation doit être autorisée.
Toutefois, nous attirons votre attention sur le fait que les conditions de mise en œuvre de ces exceptions
sont d’interprétation stricte et qu’une analyse juridique au cas par cas est nécessaire. Cette analyse devra
être renouvelée pour un audit approfondi, avant la diffusion du contenu.
En tout état de cause, à ce stade de l’analyse, il ressort qu’il serait préférable de solliciter une
autorisation auprès des auteurs des extraits d’œuvres citées afin de pouvoir les utiliser légalement dans
le cadre de la campagne de communication prévue.
Par ailleurs, indépendamment de la question du droit d’auteur, il est utile de rappeler que l’utilisateur
d’extraits de films ou de série doit être vigilant lorsqu’apparaissent sur le contenu utilisé des personnes
ou des biens, afin de respecter le droit à l’image.
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Annexe 1
Source :
https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/apie/propriete_intellectuelle/publications/
utiliser_contenu_etapes_essentielles.pdf
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