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DU 14 AU 20 JANVIER 2019
anousparis.fr
Artistes plurielles
CRÉER
© Goledzinowski
www.104.fr
édito 03
Je peux
continuer dans
cette voie –
Triptyque N° 7,
1991, du collectif
BP, cibachrome
couleurs sous
plexiglas,
à voir dans
l’exposition
Mobile/Immobile
aux Archives
nationales
du 16 janvier
au 24 avril
(lire p. 6).
© Musée de
La Roche-sur-Yon
A NOUS PARIS
sommaire 05
SAMEDI 19/01
LUNDI MARDI MER- Percus
contemporaines
14/01 15/01 CREDI Après le triomphe de
Burning Bright d’Hugues
sporty © Jean Picon
resto 16/01 Dufourt en 2017, les
“Percus” collaborent
L’Usine en gare © Pierre Lucet Penato expo © Jurgen Nefzger cette fois avec Pierre
Pour sa troisième adresse parisienne, Ibrik Kitchen Jodlowski pour
le club décroche un site exceptionnel Et de deux! Après le coffee shop Vous avez dit mobile ? Ghostland, le territoire
gare Saint-Lazare. Un espace au Ibrik, place au restaurant. En Les Archives nationales présentent des ombres, partition
style industriel ouvert sur des l’occurrence, un vaste une pièce- l’exposition Mobile/Immobile. Soit étrange et troublante
arcades du XIXe offrant le nec plus cuisine-comptoir où apprécier des en collaboration avec le Forum vies pour voix, électronique
ultra de l’outillage sportif. Tapis de assiettes bonhommes des Balkans, mobiles, une réflexion sur la notion et percussions, dans
course à l’infini, cage de cross-fit XXL, au dîner surtout, voire au-delà, au de mobilité, d’hier à demain, le tout le cadre du week-end
studio de yoga sur la ville, sauna et déjeuner cette fois. Ou comment accompagné du regard d’artistes “Fais-moi peur !” de la
hammam. Après l’effort, le réconfort mitonner goulash, mezze et schnitzel contemporains, Ai Weiwei en tête._ Philharmonie.
au bar à shakers protéinés, au salon dans un seul et même endroit. Jusqu’au 29 avril. 60, rue des Francs- À 20 h 30 à la Philharmonie
de relaxation en mezzanine ou sur Méritant._ Bourgeois, 3e. Du lundi au vendredi de de Paris (Le Studio),
la table connectée à l’entrée._ 9, rue de Mulhouse, 2e. M° Sentier. 10 h à 17 h 30, le week-end à partir de 221, avenue Jean-Jaurès,
1, cour du Havre, 9e. Tous les jours, Du mardi au samedi de midi à minuit, 14 h. Entrée : 8 €. Et aussi du lundi au 19e. M° Porte de Pantin.
de 6 h 30 à 22 h en semaine, de 10 h à 18 h le dimanche de midi à 18 h. samedi de 9 h à 16 h 45, 59, rue Guynemer, Tél. : 01 44 84 44 84.
le week-end. Tél. : 01 84 79 40 40. Tél. : 01 70 69 42 50. Pierrefitte-sur-Seine (93). Entrée libre. Pl. : 18 €.
07
Textes : Paul Albertini, Jérôme Berger, Carine Chenaux, Alexis Chenu, Alain Cochard, Stéphane Koechlin
ce WEEK-END
SAMEDI 19/01 ET
DIMANCHE 20/01
La nature
JEUDI JEUDI JEUDI
à livre ouvert
En plus de la 3e édition
17/01 17/01 17/01
de la Nuit de la lecture célébra- musique parcours
(samedi soir), on ne
manquera pas d’aller
tion © Blandine Sanchis/Orchestre Lamoureux Jazz lady
© D. Face
Décors parisiens
Installation de Masters of Linen
© Manuel Braun
voir ce qui se passe Berlioz en fête Le salle de l’Auditorium, désormais Paris Déco Off, le « rendez-vous des
du côté du musée de la Marqué par le 150e anniversaire de haut lieu du jazz, ne pouvait rater éditeurs et créateurs de la décoration
Chasse et de la nature. la disparition d’Hector Berlioz, 2019 Mélanie de Biasio, la merveilleuse internationale » fête ses dix ans
La Fondation François fera largement honneur à ce flûtiste et chanteuse de Charleroi. en réunissant pas moins de
Sommer y présente son musicien. Le concert de l’orchestre Son univers taciturne et hivernal 100 showrooms parisiens. Autant
salon “Lire la nature”. Lamoureux réunit deux de ses plus nous a cueillis il y a quelques années, d’adresses de la rive droite et
Un grand bol d’air avec fameuses partitions : la Symphonie en 2013, avec No Deal, où elle de la rive gauche qui accueillent les
débats, prix littéraire, fantastique et le cycle de mélodies tissait une musique liturgique et lente, visiteurs avec des vitrines festives,
projections, lectures Les Nuits d’été (par la mezzo hypnotique. Son dernier, Lilies, des présentations de leurs collections
contées et même Albane Carrère). Irrésistible bain de contient beaucoup de ces profondes et des rencontres et, en prime,
un espace thématique romantisme musical en perspective, mélodies dont elle a le secret qu’elle des installations dans la ville._
dédié aux abeilles. sous la baguette de Benjamin Lévy._ développe joliment sur scène._ Jusqu’au 21 janvier. Showrooms ouverts de
De 10 h à 19 h. 60-62, rue À 20 h au Théâtre des Champs-Élysées, À 20 h 30 à la Seine musicale, île Seguin, 9 h 30 à 19 h 30. Nocturne le samedi jusqu’à
des Archives, 3e, M° 15, avenue Montaigne, 8e, M° Alma- Boulogne-Billancourt (92), M° Pont de 23 h. 30 navettes gratuites. Plan et
Rambuteau. Entrée libre. Marceau. Pl. : 5-45 €. Tél. : 01 49 52 50 50. Sèvres. Pl. : 31-45 €. Tél. : 01 74 34 54 00. invitations sur www.paris-deco-off.com
MIRCEA CANTOR
VANATORUL DE IMAGINI
CHASSEUR D’IMAGES
Artistes plurielles
Entre art contemporain et musique, cirque et performance, rap et comédie, elles
ont décidé de ne pas choisir. Laetitia Dosch, Irène Drésel, Aloïse Sauvage, Regina
Demina et les autres sont de la famille des “artistes polymorphes”. Et la tendance,
plutôt féminine, semble se confirmer…
Texte : Olivier Boucreux
P
Paris 11e, un soir d’octobre. En marge de la
FIAC, la toute jeune Biennale de Paname
expose gratuitement une quinzaine d’artistes
contemporains. Il y a la queue à l’entrée de
l’Atelier : une jeunesse queer, mode, décalée,
curieuse, vivante. De l’intérieur, un brouha-
ha se fait entendre, mélange de discussions
parisiennes pas toujours philosophiques, de
rires excessifs et de musique électro. Une voix
sort de la mêlée et se fait une place au milieu
du chaos organisé. Micro en main, Regina
Demina, jeune artiste “punk” et conceptuelle,
ne se contente pas d’exposer ici ses œuvres
poético-macabres, elle chante sur de la techno
devant une installation à la fois morbide et
satinée.
A NOUS PARIS
09
dans l’air
Louis-Gabriel Nouchi,
meilleur espoir masculin
Un an après avoir présenté sa marque LGN, le jeune créateur parisien défile
le 16 janvier pendant la Fashion Week masculine. Un sportswear raffiné
et parfois grunge, toujours fait dans les belles matières, et fortement inspiré
par la littérature et la culture japonaise.
Propos recueillis par Alexis Chenu
A NOUS PARIS
quartier style de ville
12
Concept-store
L
TheNextDoor.
© SDP Les abords du célèbre canal ne finissent pas
de se réinventer. Loin de perdre de sa
superbe, le quartier accueille des concepts
toujours plus innovants et désirables.
Montgolfière
Suer ensemble
Rue Yves Toudic, l’ancien immeuble du XIXe,
qui abrita vers 1850 une usine de vraies mon-
tgolfières, se transformait en club de sport en
septembre dernier. L’endroit, connu des gens
de la mode (s’y déroulaient notamment les
salons Man/Woman) et doté d’une superbe
verrière, revendique un esprit social club
depuis ses débuts, soit le mix sport et culture,
Club de sport et l’idée d’échange. Derrière le porche, le club
La Montgolfière. ouvre ainsi sur un grand espace de coworking
© La Montgolfière
en rez-de-chaussée, tient le comptoir cuisine
saine de Season au déjeuner, fait tourner les
expos, et propose des parties de billard à
l’heure de l’apéro, cocktails servis à la carte du
bar. Au programme des cours, du sérieux mais
qui ne prend pas la tête (on aime bien les
A NOUS PARIS
13
style de ville
et aussi…
La Cantine bretonne
Planquée en contre-haut du canal, cette nouvelle crêperie posée dans
un cadre de bistrot moderne, déroule les crêpes et galettes tradition-
nelles, toutes fraîchement garnies, ajoute quelques plats régionaux
– poêlée de champignons, cassolettes de la mer et fondue de poireaux,
moules… – et une spécialité en dessert : la Kouignette de la maison
Larnicol, une pâtisserie bretonne pur beurre à avaler autour de glace
au caramel ou pistache._
22 bis, rue de l’Ourcq, 19e. Tous les jours de 8 h à 1 h.
Caoua
Nouveau coffee-shop à l’angle du quai de Jemmapes et de la rue de la
Grange-aux-Belles, Caoua ouvre toute la journée, sert le breakfast aux
œufs Bénédicte, l’avocado toast et l’egg sandwich saumon au déjeuner,
du jus pressé à la demande, du bon café ou du chaï latte, dans une
Les cookies de la boulangerie Sain. © Tristan Olphe-Galliard / Big Bouffe
ambiance baignée de bon et doux reggae (Groundation entre autres).
Sain, la boulangerie la relation au boulanger comme au temps de Au rez-de-chaussée, pause sur la rue à dragouiller et dévisager les
Esprit de campagne mes grands-parents », explique Antony. Sa passants, à l’étage salle végétalisée avec vue plongeante sur le canal._
Le boulanger Anthony Courteille a une obses- spécialité : le Saint-Martin, un pain au levain, 98, quai de Jemmapes, 10e. Du mardi au vendredi de 8 h 30 à 19 h 30,
sion avec Martin. Il a longtemps habité rue pétri à la main, dont la pâte fermente quasi samedi et dimanche de 10 h à 19 h 30, lundi de 10 h à 18 h.
Saint-Martin. L’oncle qui lui a mis la main à la 24 heures, à base de farines de blé anciennes,
pâte s’appelait Martin. Son chef mentor s’ap- de petit-épeautre et de châtaigne et devenu la Maison Bourgeon l’épicerie
pelle Guy Martin. Et sa première boulangerie star de la maison. À l’ardoise, d’autres pains Maison de thé aux origines, Maison Bourgeon fait parler il y a dix
se trouve à quelques mètres du canal Saint- de cuisinier qu’Anthony accorde au piment ans en lançant des thés gourmands mêlant fleurs, fruits et saveurs.
Martin. Une évidence donc. Boulanger et doux fumé, au topinambour et à l’estragon, au L’idée de deux frères, Sébastien et Jean-Charles, rejoints par leur
cuisinier de formation, passé par les cases curcuma mélangé à la bergamote, aux herbes sœur Marie, les trois proposant dans leur première adresse parisienne
palace, le garçon, tout juste 40 ans, a long- ou même au miso. Les viennoiseries se l’intégralité de leur collection de thés (nos préférés : amande et
temps tenu son restaurant, Matières A, avant mangent comme des gâteaux (recommandé, miel, datte et vanille, frozen yogurt ou encore chocolat). En boutique,
de décider de le transformer en boulangerie. le chausson aux pommes ou le biscuit Addict une ligne plus traditionnelle pour les puristes, les chocolats des
Une adresse pas vraiment traditionnelle, qui porte bien son nom) et, dès mars, les pre- français et du cidre artisanal._
posant le pétrin juste sous les yeux du client miers sandwichs pourront s’acheter. 3, rue de la Grange-aux-Belles, 10e. Du mardi au vendredi de 10 h à 14 h
et ouvrant sur une partie de l’atelier. « Une 15, rue Marie-et-Louise, 10e. Tél. : 07 61 23 49 44. Du et de 15 h à 19 h 30, le samedi de 11 h à 19 h 30, le dimanche de 11 h à 18 h.
façon d’être au plus proche du métier, de vivre mardi au samedi, de 7 h 30 à 15 h et de 16 h 30 à 20 h.
‘ AO IZAKAYA
La gastronomie japonaise sous un nouveau jour. Aux fourneaux de cette nouvelle adresse,
le chef Yasuo Nanaumi interprète les grands classiques de la cuisine japonaise, mais ne
s’interdit pas non plus des ponts avec la cuisine française. C’est le soir que les lieux se révèlent,
avec le respect de la tradition japonaise de l’«omakase», laissant au chef le soin d’imaginer
le menu de ses clients à travers une cuisine mêlant saveurs françaises et japonaises via 6
plats (3 entrées, 2 plats, 1 dessert). Déclinaisons de thon et légumes marinés, foie gras, sésame
et sauce Kabocha, crevettes tempura parfumées à la betterave rouge, canette et sa sauce
miso… Ao, version moderne des traditionnels Izakayas (bars où les japonais se rendent après
le travail) propose également, chaque soir, une carte de tapas japonaises chaudes et froides,
à l’image du carpaccio de saumon parfumé au yuzu, le filet de bœuf (Metzger), tataki
mi-cuit et sa sauce aigre douce vinaigrée, l’escalope de foie gras à la plancha sur riz de sushi,
sauce teriyaki ou encore l’aubergine grillée au miso doux. Des créations goûteuses aux saveurs
originales à déguster dans un écrin signé de l’architecte Kunihiko Takano, faisant la part belle
au bois ainsi qu’au bleu indigo à l’étage. Bento box au déjeuner de 29 à 32 €, formules au
déjeuner de 20 à 28 €. Au dîner, comptez environ 40 €. Raphaëlle Benoit
z 12, rue Caumartin. Paris 9ème. Métro Have-Caumartin, Opéra, Madeleine
z 01.42.65.31.53. www.aoizakaya.com
food chef tacotac style de ville
15
Votre drogue ?
Le mezcal, mais modérément. C’est la
meilleure carte postale du Mexique. On ferme
les yeux et on se laisse transporter dans le
terroir, au cœur de la personnalité de l’artisan.
Plus de 370 variétés sont proposées chez
Botanero, avec des cocktails préparés par le
barman Nicolas Cruz Mermy.
live audiovisuel
Madben part en live
au Badaboum
Surfant sur le succès de son premier album
Fréquence(s), paru l’an passé, le DJ et produc-
teur français Madben passe un nouveau cap
en présentant son premier “live audiovisuel”,
avec la complicité de DaFF et VÏSÜ pour la
scénographie. Madben devrait faire défiler
quelques titres de son album, qui compre-
Optez pour nait des collaborations avec Laurent Garnier,
Manu le Malin ou encore Rebeka Warrior de
le fifty-fiftisme * Sexy Sushi, et peut-être ses tout derniers mor-
*Technique du 50/50. ceaux, sortis sur son maxi “The Ceremony”,
paru sur Ellum, le label de la star de la techno
Maceo Plex, avec lequel il a partagé l’affiche
© Jacob Khrist
au T7 en novembre dernier. En première par-
tie, on retrouvera un live de Butch, l’un des Jeudi 17 janvier de 20 h à 23 h au Badaboum, 2 bis,
membres éminents de l’équipe du festival rue des Taillandiers, 11e, M° Ledru-Rollin/Voltaire.
Astropolis._S.B. Entrée : 11 €.
15 JANVIER ▶ 17 FÉVRIER 2019
LA DAMA
BOBA
OU CELLE QU’ON
TROUVAIT IDIOTE
FELIX LOPE DE VEGA
JUSTINE HEYNEMANN
COMÉDIE RUSÉE
A NOUS PARIS
17
Textes : Smaël Bouaici, Édouard Rostand style de ville
groove
ème
Fuzati revisite les 70’s italiennes
Fuzati, le rappeur masqué créateur du Klub des Loosers, est aussi un avide collectionneur de
3 Œil SCORPÈN
E
disques. Installé à la Petite Halle depuis quelques mois avec ses soirées Le Très Jazz Club et Le SPECTACLE DE MAGIE
Très Groove Club (du nom de ses deux labels de réédition), il reçoit chaque mois des acteurs de
la musique pour des sessions de mix thématiques. Après le rappeur Rocé, l’équipe de la web-
radio Mellotron ou le producteur/saxophoniste Étienne Jaumet, le journaliste et figure médiatique
Olivier Cachin fera équipe avec Fuzati ce mercredi pour une soirée spéciale BO et library music
italiennes qu’on annonce « très groove et très seventies »._S.B.
DU 15 AU 26 JANVIER, 18H30
© Dorian D’Amore
M
Le Très Groove Club, mercredi 16 janvier de 20 h à 1 h à la Petite Halle, 211, avenue Jean-Jaurès, 19e,
M° Porte de Pantin. Entrée libre.
A NOUS PARIS
livre affaires culturelles
18
V
Votre roman traite des années 90.
Comment avez-vous eu l’idée d’évoquer
une période historique aussi proche ?
Nicolas Mathieu : Je voulais traiter de la
disparition de la classe ouvrière. Mon père
venait d’une famille modeste de dix enfants. À
quatorze ans, il travaillait dans des chaudron-
héroïsais. Je voulais leur ressembler. Je me
rendais à la bibliothèque municipale. Je créais
des petits journaux. J’inventais des histoires
en regardant les bandes-annonces des films.
J’habitais une petite ville, Golbey, près d’Épinal,
et nous n’allions pas beaucoup au cinéma.
Mes parents avaient toujours autre chose à
Pour décrire ces vies cabossées du
milieu ouvrier, vous avez l’art des
formules. Vous parlez d’un défunt dont la
vie tient sur une feuille A4. Vous évoquez
un garçon qui sent un peu la frite,
mais sa copine l’aime bien quand même.
Dérisoire et tendre.
neries, il a été électricien sur des chantiers, il faire que de m’y emmener. Je me souviens C’est ma façon de voir le monde. J’aime bien
a fait le montage et l’entretien des ascenseurs d’un hiver triste quand le film Les Goonies l’ironie tendre. D’ailleurs, les gens qui me
Otis. J’ai assisté à des fermetures d’usines. est sorti. Je crevais de désir de voir ce film, connaissent disent identifier le ton de ma voix
Pourquoi ne pas écrire sur le temps qui et comme je ne pouvais pas y aller, j’avais en me lisant. La question du style n’est pas
passe? La conjonction d’un monde finissant fantasmé l’histoire à partir des bribes de la une chose simple. Je travaille beaucoup pour
et des vies qui débutent m’intéressait. J’avais bande-annonce. donner à mon écriture un côté accessible,
l’âge des personnages à cette époque. Les transparent, vif et très articulé. Il faut susciter
souvenirs étaient présents en moi. Cette évo- Vous êtes à l’origine un écrivain des sensations chez le lecteur. Et puis, comme
cation est arrivée par petites touches, sans de polar… un miracle, quelque chose qui n’est pas maîtri-
que j’y pense réellement moi-même. L’un des Mon premier grand amour reste Sherlock sable, de l’ordre de l’identité, un certain naturel
sujets du roman est le racisme, mais je n’en Holmes. À treize ans, j’avais lu toutes ses arrive à se dégager. L’écriture de ce livre m’a
parle pas, et pourtant ce thème est présent, de enquêtes. Ce personnage ambivalent qui pris deux ans et demi. Je me suis interrompu
manière flottante. exerce son intelligence et son pouvoir sur le pour travailler sur la série tirée de mon premier
monde me fascinait. C’est vers 25 ou 26 ans roman. Puis j’ai repris Leurs Enfants après eux
Comment avez-vous découvert la que j’ai découvert le roman noir, Ed McBain, et j’ai tout refait.
littérature ? Raymond Chandler et Dashiell Hammett. Mais
Mon père ne lisait pratiquement pas, sauf quel- mon influence principale reste Jean-Patrick Vous n’oubliez rien, des chaussures
quefois pendant les vacances, ma mère un Manchette. Il avait théorisé le truc, voyant dans Kickers au pot de Nesquik…
peu plus. Mais ils voulaient que je devienne le roman noir le moyen d’écrire des livres Je n’ai pas énuméré une liste d’objets ou de
lecteur, d’autant que les professeurs me trou- populaires et en contrebande de la littérature. marques à placer. Quand un détail arrivait,
vaient bon en français. Ils m’avaient abonné Quand j’ai envoyé mon premier livre, Aux je vérifiais qu’il n’était pas anachronique. Je
à des revues, comme Je bouquine, où figu- animaux la guerre, à une dizaine d’éditeurs, je viens de la tradition du roman noir, du petit fait
raient des portraits d’écrivains. Je me souviens pensais plutôt à Rivages, spécialiste du polar, vrai, quelle radio on écoute, quelle voiture on
d’articles sur Jules Verne, Rimbaud. Je les mais c’est Actes Sud qui m’a répondu. conduit, quelle marque de cigarettes on fume.
A NOUS PARIS
e affaires culturelles
19
A NOUS PARIS
scène Textes : Myriem Hajoui affaires culturelles
21
Pourquoi avez-vous eu envie d’interpréter ce rôle de pneumologue Vous retrouver au Festival des Arcs peut rappeler Possessions,
aguerri en proie au doute le jour où sa mère est hospitalisée ? où vous jouiez le tueur de la famille Flactif. On repense au film et on
Jérémie Renier : J’ai lu le scénario que j’ai trouvé très beau, malgré la dureté se dit : il va m’embarquer dans un chalet et…
du sujet. Je trouvais qu’il en émanait une sorte de lumière, cela m’a touché. Et … il va m’assassiner (rires). Non. Mais c’est toujours particulier, la montagne,
j’ai appris que c’était d’une certaine manière ce que le réalisateur avait vécu. c’est comme tourner à la mer ou dans le désert. Quand le décor est aussi fort,
Le choix d’un film, ça se fait en plusieurs temps. Qu’est-ce qui se passe dans aussi puissant, c’est très immersif, tout en étant un peu épuisant quelquefois,
notre propre vie? D’où on vient? Qu’est-ce qu’on a joué avant? Et ça tombait tellement ça prend le pas sur vous.
bien. Je trouvais la relation entre ce fils et cette mère très belle. Je n’ai pas perdu
mes parents, mais voilà, me projeter, me dire que c’était quelque chose que je Quelle importance le cinéma européen a-t-il pour vous ?
pouvais vivre, ça m’a énormément touché. J’adore! J’adore pouvoir découvrir des metteurs en scène qui viennent de pays
où le cinéma est plus difficile à monter. Il y a une forme d’accessibilité au cinéma
Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle ? de tous pays qui est à la fois riche et excitante, et qui en même temps peut faire
Un des frères du réalisateur est justement pneumologue et a en partie inspiré peur, tellement il y a de choix.
l’histoire. J’ai pu le suivre à l’hôpital. J’ai eu l’opportunité d’observer les méde-
cins, de sentir cette tension. Ça reste quelque chose de très simple parce qu’ils Quel genre de spectateur êtes-vous ?
prennent une certaine distance pour ne pas être pris à la gorge par l’émotion. Très éclectique. J’aime énormément de choses. Je suis très curieux. Je peux
Et même, ils peuvent être froids, parce qu’ils se protègent de la mort. aller voir des films qui au départ ne m’intéressaient pas du tout pour voir si
vraiment ça vaut le coup. J’aime être
embarqué, être touché, j’aime quand
un film me procure une émotion, me
raconte quelque chose que je ne
A NOUS PARIS
23
affaires culturelles
L’instinct
de la matière
28 septembre 2018
10 février 2019
© Pyramide Films
De quoi rêvez-vous maintenant ? New York, mon fils était très fier d’ailleurs, on
De plein de choses. J’aime me diversifier. m’a confondu avec Conor McGregor, le mec
J’aime le cinéma, mais j’aime aussi l’écriture, de MMA (mixed martial arts, ndlr).
ouvrir des portes que je n’ai jamais encore
ouvertes. Je me rends compte que plus j’en Pour terminer, quelles sont vos bonnes
ouvre, plus c’est exaltant. résolutions pour 2019 ?
D’être heureux. C’est con, mais c’est bien de
Êtes-vous tenté par une carrière se le rappeler._ 100 bis rue d’Assas 75006 Paris
hollywoodienne ? www.zadkine.paris.fr
Ça doit être marrant, mais si je ne faisais que
ça, je me ferais chier. De la même manière, si je #zadkine
ne faisais que les films des frères Dardenne, ça
finirait par m’emmerder. La diversité et essayer
d’autres univers, c’est vraiment ça qui me plaît. L’Ordre des médecins, de David Roux,
avec Jérémie Renier, Marthe Keller et Ossip Zadkine, Le Fauve, Musée de Grenoble, photo Ville
de Grenoble/Jean-Luc Lacroix © ADAGP, 2018/Musée Zadkine
Est-ce qu’on vous a déjà confondu avec Zita Hanrot. Drame. Sortie le 23 janvier.
quelqu’un dans la rue ?
Bien sûr! Guillaume Canet, Benoît Magimel, Les Arcs Film Festival, à retrouver mi-
des gens de ma génération. Ah si, ça c’était à décembre 2019. www.lesarcs-filmfest.com
expo Texte : Jeanne Gaudin affaires culturelles
24
Femme
prend Rodin pour modèle de ses œuvres,
l’imposante et charismatique barbe de Poséi-
don dont il l’affuble, aux francs mouvements
Transmission / Transgression. La nouvelle exposition du sculpteur au de vagues, dit quelque chose de son éternelle
musée Bourdelle, situé au cœur du quartier Montparnasse, repos, 1905-1908, admiration (Buste de Rodin, 1910).
sculpture en
fait l’effet d’un imposant aigle à deux têtes. Son titre double bronze d’Antoine
Armée de bronze
Bourdelle. © Photo
annonce d’emblée la complexe richesse de la relation Eric Emo / Musée
Bourdelle / Roger-Viollet L’exposition semble tout entière habitée de la
maître-élève, entre accompagnement, émulation conformiste bonté du sculpteur, et la visite se déroule sous
et contradictions. La Femme de son regard bienveillant. Du circuit proposé
Venise V, 1956, transpire l’essence de son art et la sincérité de
sculpture en sa démarche d’enseignant. Grâce aux nom-
bronze d’Alberto
Giacometti. breuses photographies exposées, on croise
© Succession Alberto les visages de ceux qui peuplent alors les ate-
Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris + liers de Montparnasse. Quelle effervescence,
Adagp, Paris)
quelle vie habitent ces images! Bourdelle aime
Madeleine prendre la pose, entouré de ses élèves, dans
Charnaux - les rangs desquels on salue une présence
tête au chignon, féminine marquée. De certaines apprenties il
yeux fermés,
1917, buste en fait ses modèles et réalise ainsi trois bustes à
bronze doré l’implacable présence, que l’on découvre de
d’Antoine front, formant une dérisoire mais néanmoins
Bourdelle. © Photo inébranlable armée de bronze. Il y a d’abord La
Eric Emo / Musée
Bourdelle / Roger-Viollet Roumaine - Fanny Moscovici (1927) à l’impé-
Quelque 165 œuvres, sculptures, photogra- et élèves lui apparaissent comme semblables
phies, dessins et archives, mettent à l’honneur en cela qu’ils sont des chercheurs, au service
l’activité professorale du sculpteur Antoine d’une même force supérieure : il leur faut oser,
Bourdelle. Ce dernier incarne, dans le Paris dès lors, entremêler leurs pas.
du début du XXe siècle, une figure majeure En son cœur, l’exposition explore plus avant
de l’enseignement des arts. En 40 ans, il la dualité des rapports qui se nouent entre
accueillera près de 500 élèves au sein de l’artiste reconnu et ses praticiens qui œuvrent
ses ateliers de Montparnasse, impasse du dans l’ombre. De la sage fidélité au rejet violent,
Maine et à la Grande Chaumière. Si les cours les ressorts de cette relation ambiguë nous
qu’il dispense alors sont réputés pour leur entraînent au centre des processus de créa-
atmosphère chaleureuse, c’est que Bourdelle tion. Et d’applaudir alors les saines ambitions
s’épanouit dans son rôle de pédagogue, aux artistiques de tel élève inspiré qui l’incitent, et
intonations souvent lyriques. Son apprentis- c’est tant mieux, à trouver l’audace de s’ex-
sage se veut résolument anticonformiste et traire de son rôle subalterne de disciple pour
éclectique. On fait ainsi la connaissance de oser affirmer des choix artistiques personnels
Bourdelle l’enseignant, navigant de sa citation et développer ainsi son propre langage. D’ail-
la plus pompeuse – « Je suis comme Socrate. leurs, Bourdelle doit lui-même s’affranchir de
Je vous accouche de votre âme » – à la plus ses premiers maîtres, Alexandre Falguière,
humble – « Je ne suis pas un professeur, mais Jules Dalou et Auguste Rodin, sans pour
un artiste qui travaille avec vous ». Bourdelle autant enterrer l’estime qu’il leur porte. Dans
affirme d’ailleurs avec conviction que maîtres ses jeunes esquisses en terre, vives et enle-
e affaires culturelles
25
rieux port de tête, avec son visage antique l’abîme de son visage. On se hâte alors de
au regard qui creuse. À ses côtés apparaît la rallier l’apparent calme des œuvres de Gia-
beauté solaire de La Chilienne - Henriette Petit cometti. En la hiératique et longiligne Femme
(1921), au front soucieux et à l’exubérante che- de Venise V (1956), on rencontre d’abord
velure de Méduse. Arrive enfin l’énigmatique une figure droite et digne, qui se tient face au
Madeleine Charnaux – tête au chignon, yeux vent avec une détermination implacable. Si
fermés (1917), dont on retiendra longtemps la les massacres du XXe siècle semblent inscrits
courbure du cou accentuée par la coiffure, et dans son corps, c’est que la terre, heurtée,
l’esquisse d’un sourire de Joconde. porte les stigmates du travail, de la lutte de
Au détour d’une cimaise, on découvre en Bour- l’artiste avec la matière. Et de cette figure des-
delle une personnalité rieuse: dans ses dessins séchée, sans identité, évocation suffocante
bédéiques, il se représente s’activant au travail, d’une souffrance commune à toute l’humanité,
armé de multiples bras aux mouvements agités émanent à la fois une douloureuse fragilité
(Les Travaux du théâtre des Champs-Élysées, et une force inouïe. Plus loin, d’une stèle, fin
caricatures, 1913-1914). Au passage, on salue bouclier de plâtre, Giacometti fait une femme
la présence de plusieurs modules explicatifs abstraite (Femme plate V, 1929) : les quelques
ponctuant l’exposition pour rappeler différents imperceptibles ondulations qu’il communique
procédés : le modelage en terre, le moulage à la matière viennent dire l’anatomie féminine,
en plâtre, ou encore la taille de la pierre par la les plis de la chair, dans un très subtil jeu de
méthode de la mise aux points. formes concaves et convexes. Un travail si
délicat… « De la neige gardant les empreintes
Créatures hybrides d’un oiseau », dira Cocteau.
C’est enfin sur l’invocation de deux grands Il faut que chacun trouve à « chanter son
sculpteurs de notre temps, élèves de Bour- propre chant ». Nul doute que ces deux
delle dans leurs jeunes années, que se clôt anciens élèves de Bourdelle, à l’incroyable
notre circuit : Alberto Giacometti et Germaine production et à l’éminente carrière, auront su
Richier. Vers les créatures hybrides de cette adopter ce précepte du maître._
dernière, mi-animaux mi-hommes, on avance
d’un pas hésitant. Et pour cause… Insérée dans Transmission/Transgression, Maîtres et élèves :
un réseau de fils, la noire silhouette anguleuse Rodin, Bourdelle, Giacometti, Richier... Jusqu’au
du Griffu (1952) éveille un frisson arachnéen 3 février au musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bour-
qui vient rapidement glacer l’échine ; tandis delle, 15e, M° Montparnasse-Bienvenüe, Falguière.
que le Berger des Landes (1951), juché sur Tous les jours sauf lundi de 10 h à 18 h. Entrée : 8 €.
ses échasses, semble crier à la mort depuis www.bourdelle.paris.fr
sons Textes : Carine Chenaux, Alain Cochard, Stéphane Koechlin affaires culturelles
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ciné-concert
Nosferatu – Murnau
Nous vous parlions récemment de l’engouement pour les ciné-concerts qui déferlent sur les salles Les amateurs de découvertes musicales ne manqueront pas
de spectacle. Une mode qui permet de remettre dans le circuit des films muets ou du début du ce minifestival gratuit qui, pendant trois soirs, présentera les
parlant qui, sans ces séances, ne seraient plus vus ou exploités. On a ainsi pu apprécier en 2016 dix finalistes du Prix Société Ricard Live Music 2019. Avec
à la Philharmonie Dracula de Tod Browning (1931) avec aux manettes le compositeur Philip Glass. entre autres, le duo Dampa, adoubé par Vitalic (et repéré via
2019 commence avec une projection de Nosferatu, de 1922, chef d’œuvre de Murnau, l’un des une synchro pour le spot d’un parfum Yves Saint Laurent),
grands cinéastes de l’expressionnisme allemand. Et c’est le pianiste Jean-François Zygel qui s’y le rappeur parisien Mikano ou encore la planante Margaux
colle. Il a concocté une palette sonore que l’on imagine sombre, rappelant le romantisme noir alle- Simone, le choix devrait s’avérer difficile pour le jury de pros et
mand. Il sera aux claviers, entouré de musiciens singuliers comme le saxophoniste Philippe Geiss, le public qui auront à choisir le lauréat de l’année dans ce vivier
le percussionniste Joël Grare ou Thomas Bloch, aux ondes Martenot et au Cristal Baschet (un orgue de jeunes talents._C.C.
de cristal avec des cordes qui vibrent), pour tisser l’ambiance gothique. Poétique et angoissant._S.K.
Du 15 au 19 janvier à 19 h au Café de la danse, 5, passage Louis-Philippe,
« Fais-moi peur » le 20 janvier à 16 h 30 à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, 19e, M° Porte de 11e.Entrée libre sur invitation (une place par personne et par jour),
Pantin. Tél. : 01 44 84 44 84. Places : 20-25 €. à réserver sur www.societericardlivemusic.com
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© Tim Walker
GRAYSON PERRY
E X P O S I T I O N 19 OCTOBRE - 3 FÉVRIER 2019
11 QUAI DE CONTI, 75006 PA R I S - M O N N A I E D E PA R I S. F R