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Blocs auriculoventriculaires
P. Djiane, J.-C. Deharo
Le retard ou l’absence de transmission d’un ou des influx des oreillettes aux ventricules définit le bloc
auriculoventriculaire. Un bloc fonctionnel physiologique protège les ventricules des rythmes auriculaires
rapides. Les blocs organiques sont soit transitoires liés à une cause aiguë régressive, soit chroniques et ils
se divisent alors en blocs permanent ou paroxystique dont le diagnostic est plus difficile. Les blocs sont
classés en trois catégories selon que la conduction auriculoventriculaire est retardée, interrompue de
façon intermittente, ou totalement. La localisation des blocs, bien précisée par l’enregistrement
endocavitaire du potentiel du faisceau de His, peut être suggérée sur l’électrocardiogramme de surface.
Les causes des blocs chroniques sont variées et les récents progrès en génétique ont permis de réelles
avancées dans la connaissance du mécanisme de certaines étiologies. La stimulation cardiaque définitive
reste toujours le seul traitement efficace des blocs chroniques lorsqu’ils sont mal tolérés ou à haut risque
de bradycardie sévère. Elle a radicalement transformé le pronostic en supprimant la menace de mort
subite, et en améliorant la qualité de vie des patients grâce à des stimulateurs dotés d’algorithmes de plus
en plus performants qui permettent de respecter ou de mimer la physiologie. Les complications ne sont
pas rares et leur gravité justifie l’application de procédures opératoires rigoureuses et une surveillance
attentive qui sera, dans les années à venir, facilitée par la télécardiologie.
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Cardiologie 1
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suggestif. L’enregistrement endocavitaire du potentiel hissien a activations suivantes. Ce phénomène, dans le sens antérograde,
permis d’éclaircir les aspects topographiques. Les étiologies des régit la réponse ventriculaire en fibrillation auriculaire et est
blocs auriculoventriculaires sont variées, soit aiguës et le plus responsable d’un ralentissement paradoxal des ventricules en
souvent réversibles, soit chroniques pouvant faire discuter cas de trouble conductif nodal. Lorsqu’il se produit dans le sens
l’implantation d’un stimulateur cardiaque si le bloc auriculo- rétrograde, il explique le ralentissement ou le blocage de la
ventriculaire est symptomatique ou s’il comporte un risque conduction dans le nœud auriculoventriculaire après une
élevé de pronostic péjoratif dont l’appréciation repose essentiel- extrasystole ventriculaire.
lement sur le degré et le siège de l’anomalie. La stimulation La conduction dans le nœud auriculoventriculaire est très
cardiaque a radicalement transformé le pronostic du bloc fortement influencée par le système nerveux autonome car
auriculoventriculaire en supprimant la menace de mort subite, d’abondantes terminaisons nerveuses cholinergiques et adréner-
et plus récemment en améliorant la qualité de vie des patients giques sont présentes à ce niveau. Le système parasympathique
grâce aux nouveaux stimulateurs qui permettent une approche la ralentit, à l’inverse, le système sympathique exerce un effet
quasi physiologique. accélérateur.
La transmission de l’influx peut être également ralentie ou
bloquée par certains médicaments (digitaliques, bêtabloquants,
■ Données de bases anticalciques bradycardisants) et par l’ischémie en cas d’occlu-
sion de la coronaire droite en amont de la naissance de l’artère
du nœud auriculoventriculaire.
Conduction auriculoventriculaire normale
et pathologique (Tableau 1) Dans le système His-Purkinje (SHP)
Le faisceau de His fait directement suite à la zone NH du
Dans le nœud auriculoventriculaire
nœud auriculoventriculaire et donne naissance à une branche
Le nœud auriculoventriculaire est situé sur le plancher de droite et une branche gauche qui elle-même se divise classique-
l’oreillette droite dans le triangle de Koch délimité en arrière par ment en deux hémibranches, l’une antérieure et l’autre posté-
l’ostium du sinus coronaire, en haut par le tendon de Todaro et rieure. Dans ce système trifasciculaire, la branche droite et
en bas par la valve septale de la tricuspide. Il a une structure de l’hémibranche antérieure sont fragiles car longues et grêles alors
type multicouche divisée en trois régions : une région haute que l’hémibranche postérieure est robuste car courte et épaisse.
juxta-auriculaire (zone AN), une région centronodale compacte Ses branches se ramifient dans le myocarde ventriculaire pour
(zone N) et une région basse juxtahissienne (zone NH). La former le réseau de Purkinje.
conduction dans cette structure est considérablement ralentie Le SHP est le siège d’une conduction beaucoup plus rapide
(0,1 m/s), elle se fait dans les zones AN et NH selon le mode (2 m/s) qui s’effectue à travers des fibres dont la dépolarisation
« tout ou rien » alors que dans la zone N elle est décrémentielle. dépend des canaux sodiques rapides et qui réagissent à une
Ce type de conduction se produit chaque fois qu’un potentiel stimulation selon la loi du « tout ou rien ». Cependant,
d’action normal rencontre une zone de conduction ralentie. lorsqu’elles sont lésées, les fibres du SHP deviennent calcicodé-
Dans cette situation, le stimulus propagé, dont l’amplitude et la pendantes et sont le siège d’une conduction décrémentielle. Le
vitesse de dépolarisation diminuent progressivement, perd peu blocage de l’influx s’effectue alors selon le mode Wenckebach,
à peu sa capacité à dépolariser les tissus qu’il rencontre, jusqu’à mais avec un incrément le plus souvent trop faible pour être
se trouver bloqué. Cette conduction décrémentielle s’exprime décelable.
physiologiquement par le phénomène de Wenckebach que l’on C’est dans le SHP que s’observent le plus fréquemment les
observe lorsqu’on stimule l’oreillette à une fréquence supérieure blocs paradoxaux bradycardie-dépendants ou blocs en phase 4.
à 120/min chez l’adulte, désignant sous le nom de point de Ils surviennent à l’occasion d’une diastole longue lorsque la
Wenckebach la fréquence pour laquelle ce phénomène apparaît. dépolarisation diastolique physiologique (phase 4 du potentiel
Lors des arythmies atriales, le nœud auriculoventriculaire joue d’action) ramène le potentiel de membrane à des valeurs moins
un rôle de filtre vis-à-vis des impulsions en provenance des négatives empêchant la conduction de l’influx.
oreillettes pour éviter des fréquences ventriculaires trop élevées. Sur des fibres partiellement dépolarisées, après un potentiel
Dans cette situation on peut observer un phénomène particulier d’action, le potentiel transmenbranaire atteint pendant quel-
appelé « Wenckebach alterne » [1] qui se caractérise par deux ques centièmes de seconde un niveau de polarisation plus
niveaux de bloc, l’un de type Wenckebach classique dans la négatif, ce qui a pour conséquence d’améliorer de façon très
zone N et l’autre de type 2/1 soit dans la zone AN soit dans la fugace la conduction ; cette très courte période située sur l’ECG
zone NH. de surface au voisinage du sommet de l’onde T est appelée
Une conduction auriculoventriculaire normale suppose que, phase supernormale.
après une dépolarisation relativement homogène des zones AN La conduction dans le SHP est peu influencée par le système
et N, un front uni d’ondes d’activation aborde la région NH, où nerveux autonome.
les fibres regroupées vont donner naissance au tronc du faisceau La transmission de l’influx peut être ralentie ou interrompue
de His. À l’inverse, une conduction inhomogène au sein de la en cas d’ischémie liée à l’occlusion proximale de l’artère
portion N, favorisée par la structure plexiforme de cette région, interventriculaire antérieure, d’une hyperkaliémie importante
entraîne une fragmentation de l’onde d’activation ; il en résulte (> 6,5 mEq/l) ou d’une intoxication par les antiarythmiques de
une excitation désorganisée de la zone NH responsable d’un classes Ia et Ic lorsque les concentrations sériques sont très
trouble de conduction auriculoventriculaire. élevées ou lorsque les fibres sont préalablement lésées.
Le nœud auriculoventriculaire peut être le siège d’une Du fait de cette faible sensibilité aux facteurs extrinsèques, le
conduction cachée à partir d’influx d’origine antérograde ou SHP est plus souvent le siège de blocs auriculoventriculaires
rétrograde qui, en le pénétrant plus ou moins profondément, chroniques dégénératifs que de blocs auriculoventriculaires
modifient ses périodes réfractaires et perturbent le passage des transitoires.
Tableau 1.
Caractéristiques de la conduction dans le tissu nodal.
Type de conduction Vitesse de conduction Influence du système nerveux autonome
Nœud auriculoventriculaire Zone AN et NH : tout ou rien 0,1 m/s Sympathique : accélération
Zone N : décrémentielle Parasympathique : ralentissement
Faisceau de His Tout ou rien 2 m/s Peu d’effet
Ventricules Tout ou rien 1 à 5 m/s Peu d’effet
2 Cardiologie
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Tableau 2.
Caractéristiques du rythme de suppléance en cas de bloc auriculoventriculaire du troisième degré.
Siège Fréquence QRS Stabilité
Bloc nodal Hissien haut 50/min Fins le plus souvent Oui
Bloc intrahissien Hissien bas 50/min Fins le plus souvent Non
Bloc infrahissien Ventricules 30/min Larges Non
Cardiologie 3
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degré ou complet
Ils se traduisent par une dissociation complète entre les ondes Tableau 4.
P et les complexes QRS ; on observe ainsi deux rythmes indé- Localisation des blocs auriculoventriculaires 2/1.
pendants de fréquence différente, l’un atrial représenté habi-
tuellement par les ondes P sinusales, l’autre ventriculaire plus Siège
lent et dont les QRS sont fins ou larges selon que le foyer Largeur des QRS Fins Nodal ou intrahissien
d’échappement est situé au-dessus ou au-dessous de la bifurca- Larges Nodal ou sous-nodal
tion du faisceau de His. Il est quelquefois possible, grâce au
phénomène de conduction en phase supernormale, d’observer Intervalle PR des ondes P < 0,16 s Sous-nodal
conduites > 0,30 s Nodal
sur un fond de dissociation auriculoventriculaire complète une
capture ventriculaire par certaines ondes P situées près du Effet de l’atropine ou de Amélioration Nodal
sommet de l’onde T du QRS précédent, on parle alors de bloc l’effort sur la conduction Aggravation Sous-nodal
auriculoventriculaire de haut degré.
Effet de la compression Aggravation Nodal
En cas de fibrillation auriculaire, l’existence d’un rythme
sinocarotidienne sur la
ventriculaire parfaitement régulier et lent est le signe formel
conduction
d’un bloc auriculoventriculaire complet.
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V V V V
A A V A
A
H H H1 H2 H
H
A B C D
Figure 1. Étude de la conduction auriculoventriculaire par enregistrement du potentiel hissien.
A. Conduction normale : intervalle AH de 60 à 120 ms ; intervalle HV de 35 à 55 ms.
B. Bloc suprahissien du premier degré : intervalle AH > 120 ms ; intervalle HV normal.
C. Bloc intrahissien du premier degré : intervalle AH normal. À gauche : dédoublement du potentiel : potentiel H1 enregistré en amont de la zone de bloc ;
potentiel H2 enregistré en aval de la zone de bloc. À droite : intervalle HV > 55 ms avec QRS fins sur l’ECG de surface.
D. Bloc infrahissien du premier degré : intervalle AH normal ; intervalle HV > 55 ms avec QRS larges sur l’ECG de surface.
Blocs suprahissiens
Figure 3. Bloc intrahissien du deuxième degré de type Mobitz I lors
En cas de bloc auriculoventriculaire du premier degré, d’une stimulation auriculaire à une fréquence de 77/min. On note, sur la
l’intervalle AH dépasse 120 ms (Fig. 1B). Le bloc du deuxième dérivation hissienne (auriculoventriculaire [AV]), un allongement progres-
degré type I se reconnaît par l’allongement progressif de l’espace sif de l’intervalle entre les composantes H1 et H2 jusqu’à aboutir au
AH avant la survenue d’une onde A bloquée non suivie d’un blocage de la quatrième onde A en aval de la composante H1.
potentiel hissien. Dans le bloc complet le potentiel hissien,
absent derrière les ondes A, est enregistré devant les ondes V des
complexes d’échappement avec un espace HV normal.
type I de siège intrahissien qui se traduit par un allongement
Blocs intrahissiens progressif de l’intervalle H1H2 avant la survenue d’un auriculo-
gramme bloqué qui est suivi par un potentiel H1 (Fig. 3).
En cas de bloc du premier degré le potentiel hissien est En cas de bloc auriculoventriculaire complet, il y a rupture de
déformé avec une durée dépassant 30 ms ou plus typiquement la conduction entre le potentiel H1 qui reste lié aux auriculo-
dédoublé en deux composantes, l’une proximale H1, et l’autre grammes et le potentiel H2 qui précède les ventriculogrammes.
distale H2, qui restent toujours liées avec un espace d’au moins
20 ms (Fig. 1C). Lorsque les QRS sont fins, un allongement de
Blocs auriculoventriculaires infrahissiens
l’espace HV au delà de 55 ms permet d’affirmer la localisation
tronculaire du bloc (Fig. 1C). Lorsqu’il s’agit d’un bloc du premier degré, on note un
En cas de bloc auriculoventriculaire du deuxième degré de allongement de l’espace HV au-delà de 55 ms (Fig. 1D) qui
type II ou 2/1, les ondes A bloquées de façon intermittente sont s’accompagne rarement d’une prolongation du PR sur l’ECG de
toutes suivies d’un potentiel H1 (Fig. 2) ; cela suffit à faire le surface. Dans les blocs de degrés supérieurs, les auriculogrammes
diagnostic de bloc intrahissien si les QRS sont fins. Si les QRS bloqués sont toujours suivis d’un potentiel hissien. En cas de
sont larges, ce diagnostic ne peut être affirmé qu’à condition de bloc auriculoventriculaire de type II de Mobitz ou 2/1, les
retrouver un dédoublement du potentiel hissien lorsque les ventriculogrammes conduits peuvent être précédés d’un espace
auriculogrammes sont conduits. Dans de rares cas on peut HV normal ou allongé. Lorsque le bloc auriculoventriculaire est
observer un bloc auriculoventriculaire du deuxième degré de complet, on ne retrouve jamais de potentiel hissien devant les
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■ Pièges du diagnostic
électrocardiographique
Sur l’électrocardiogramme de surface [7]
“ Point fort
Figure 4. Extrasystole hissienne cachée. Sur l’ECG de surface, après un
Pièges pour le diagnostic électrocardiographique premier complexe conduit avec une morphologie de bloc de branche
des blocs auriculoventriculaires gauche complet, l’onde P sinusale suivante est bloquée. Sur la dérivation
• Les faux blocs auriculoventriculaires du 1er degré : hissienne (auriculoventriculaire [AV]), on note l’existence d’une extrasys-
tole hissienne (H’), invisible sur l’ECG de surface, et responsable du
C allongement de PR par trouble conductif intra-
blocage de la deuxième onde sinusale par conduction rétrograde cachée
auriculaire ; dans le nœud auriculoventriculaire.
C allongement de PR du à l’existence d’une double
voie nodale.
• Les faux aspects de rythme jonctionnel ou de PR court Dans les blocs auriculoventriculaires du deuxième degré de
en cas de bloc auriculoventriculaire du 1er degré avec PR type 2/1 lorsque l’auriculogramme bloqué est masqué par la
très long, lorsque l’onde P est masquée dans l’onde T repolarisation ventriculaire précédente, le diagnostic de brady-
précédente ou à l’extrême est située devant le cardie sinusale peut être porté à tort.
Un bloc auriculoventriculaire du deuxième degré de type II
ventriculogramme précédent.
peut être simulé par la survenue d’extrasystoles hissiennes ne
• Les faux Mobitz II : dépolarisant ni le ventricule ni l’oreillette, donc invisibles sur
C de l’hypertonie vagale ; l’ECG de surface mais responsables, par un phénomène de
C dus à une extrasystolie hissienne cachée. conduction rétrograde cachée, du blocage inopiné d’une onde
• Les faux aspects de bradycardie sinusale dans les blocs P sinusale [10, 11]. Cette éventualité doit être soupçonnée lorsque
auriculoventriculaires 2/1 où l’onde P bloquée est existent sur un long tracé des extrasystoles jonctionnelles
masquée dans l’onde T précédente. conduites alternant avec des ondes P bloquées ; la confirmation
• Les faux aspects de bloc auriculoventriculaire 2/1 en cas est obtenue par l’enregistrement de l’activité électrique du
de dissociation complète avec un rythme d’échappement faisceau de His (Fig. 4). Ces extrasystoles hissiennes cachées sont
deux fois moins rapide que le rythme sinusal. rares et révèlent le plus souvent une lésion organique
tronculaire.
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Dans certains blocs intrahissiens, seule l’une des deux auriculaire ; il s’agit d’un bloc en phase 3. On lui oppose le bloc
composantes du potentiel hissien est enregistrée. S’il s’agit de la en phase 4 ou bloc paradoxal qui est bradycardie-dépendant et
seconde H2, l’aspect est celui d’un AH long faisant croire à tort qui survient à la suite d’une pause postextrasystolique ou
à un bloc nodal ; c’est le cas lorsque la lésion tronculaire est poststimulative au cours d’une exploration électrophysiologique
proximale située à la jonction avec le nœud auriculo- ou enfin lors d’un massage sinocarotidien. Il a été attribué à une
ventriculaire. diminution du potentiel diastolique minimal (hypo-
polarisation). Ces blocs paradoxaux correspondent à des lésions
sévères du SHP.
■ Manifestations cliniques
Le bloc auriculoventriculaire est souvent asymptomatique et Diagnostic
découvert à l’occasion d’un examen clinique mettant en
Il se pose chez un patient présentant une symptomatologie le
évidence une bradycardie ou d’un ECG systématique. Dans
plus souvent à type de syncopes ou de lipothymies. Les mani-
d’autres cas, l’attention est attirée par des signes d’appel.
festations d’effort (asthénie, dyspnée, angor), fréquentes dans la
localisation tronculaire, peuvent égarer le diagnostic étiologique
Accidents d’Adams-Stokes qui sera apporté par l’épreuve d’effort. Dans les autres cas le
L’accident typique est la syncope brève, à l’emporte-pièce, à diagnostic repose sur les données de l’ECG de surface, sur les
début brutal, avec chute et souvent blessure craniofaciale résultats de l’enregistrement Holter et surtout de l’exploration
lorsqu’elle surprend le sujet en position debout, résolution électrophysiologique [13].
musculaire complète, révulsion des globes oculaires, pâleur, sans
pouls perceptible. La reprise de la conscience se fait intégrale- Apport de l’électrocardiogramme de surface
ment, dès la reprise d’une activité ventriculaire, avec une
Un tracé normal n’élimine pas un bloc auriculoventriculaire
rapidité qui dépend de la durée de l’arrêt circulatoire. Le plus
paroxystique mais ne se rencontre que dans 5 % des cas ; il
souvent la terminaison est rapide en 10 à 15 secondes ; dans
s’agit toujours d’un bloc intrahissien.
quelques cas la syncope dépasse 20 secondes et s’accompagne
Un allongement de PR accompagné de QRS fins n’a aucune
alors de troubles respiratoires, de mouvements convulsifs,
valeur prédictive pour le diagnostic de bloc auriculoventriculaire
d’incontinence sphinctérienne et de mydriase. Exceptionnelle-
paroxystique syncopal car il témoigne dans l’immense majorité
ment lorsque l’anoxie cérébrale est plus longue, un coma plus
des cas d’un trouble conductif nodal bénin.
ou moins profond est observé, soit après une crise unique et
Les troubles de conduction intraventriculaire ont une valeur
longue, soit dans l’intervalle d’un état de mal syncopal avec une
variable selon leur nature. On ne reconnaît une valeur formelle
très grande bradycardie intercritique.
qu’aux rares blocs alternants : bloc droit/bloc gauche ou bloc
Les faux vertiges, les lipothymies ou un état d’obnubilation
droit permanent associé à un hémibloc tantôt antérieur et
transitoire sont des équivalents mineurs.
tantôt postérieur qui témoignent de façon certaine d’une
Ces manifestations neurologiques s’observent plus particuliè-
atteinte trifasciculaire. Le bloc droit avec hémibloc postérieur
rement dans les blocs auriculoventriculaires paroxystiques.
possède une valeur quasi décisive. On accorde une valeur plus
Le risque d’arrêt circulatoire irréversible fait planer sur tout
faible au bloc droit avec hémibloc antérieur ou au bloc gauche,
malade non appareillé par un stimulateur cardiaque le spectre
une valeur quasi nulle au bloc droit et aux hémiblocs isolés.
de la mort subite.
L’association d’un allongement de l’espace PR à un bloc de
branche ne suffit pas toujours pour affirmer le diagnostic
Manifestations d’insuffisance cardiaque d’atteinte bi- ou trifasciculaire. Car, comme le démontre
Elles surviennent surtout chez les patients porteurs d’une l’enregistrement du potentiel hissien, cet allongement corres-
cardiopathie avec dysfonction ventriculaire gauche. Elles sont pond le plus souvent à un trouble de conduction nodal quand
plus fréquentes dans les blocs auriculoventriculaires chroniques il accompagne un bloc droit isolé ou associé à un hémibloc
avec bradycardie permanente, mais l’on peut également les antérieur ; il est plus fréquemment dû à une atteinte infrahis-
rencontrer dans les blocs auriculoventriculaires du premier degré sienne en cas de bloc gauche ou de bloc droit avec hémibloc
avec un intervalle PR très long plaçant l’onde P dans la repola- postérieur.
risation du QRS précédent. La notion d’évolutivité du trouble conductif au cours des
années précédentes est également à prendre en considération,
Manifestations d’effort une aggravation progressive et récente est très fortement en
faveur d’un bloc auriculoventriculaire paroxystique.
Certains blocs auriculoventriculaires « fréquence-dépendants »,
habituellement de siège intra- ou infrahissien, sont absents au Apport des enregistrements de longue durée
repos et se démasquent préférentiellement à l’effort par une
dyspnée, des lipothymies, des douleurs angineuses ou plus Le caractère aléatoire et imprévisible d’un éventuel bloc
souvent une « blockpnée ». L’épreuve d’effort est alors très utile paroxystique réduit considérablement l’intérêt de ce moyen de
pour le diagnostic [12]. diagnostic [14] . La survenue d’un bloc auriculoventriculaire
exclusivement enregistré en période nocturne, à la faveur d’une
Détérioration des fonctions cognitives hypertonie vagale, n’a aucune valeur diagnostique ; en revan-
che, le blocage asymptomatique d’une onde P sur le mode
Essentiellement rencontrée chez le sujet âgé, elle est accom- Mobitz II est très en faveur du diagnostic à condition que ce
pagnée dans certains cas par des états lacunaires chez des blocage ne soit pas précédé d’un ralentissement du rythme
patients devenus progressivement grabataires. Cette détériora- sinusal (pseudo Mobitz II de l’hypervagotonie).
tion est en réalité moins liée à la bradycardie qu’à un état
encéphalique déjà très altéré, de telle sorte que les possibilités Apport de l’exploration électrophysiologique
d’amélioration après l’implantation d’un stimulateur définitif
sont très faibles. L’exploration électrophysiologique est indiquée chaque fois
qu’une autre cause de perte de connaissance a pu être éliminée
chez des patients avec un bloc bifasciculaire à l’ECG. Elle ne
■ Bloc auriculoventriculaire doit pas se limiter à l’enregistrement du potentiel hissien, il est
nécessaire d’étudier aussi la fonction sinusale et de chercher à
paroxystique déclencher des tachycardies supraventriculaires et ventriculaires.
Les anomalies les plus évocatrices en faveur d’un bloc auriculo-
Mécanisme ventriculaire paroxystique sont :
Ce bloc peut apparaître lors d’une accélération de la fré- • un allongement de l’espace HV au-delà de 70 ms, le diagnos-
quence cardiaque spontanée ou provoquée par stimulation tic est d’autant plus probable que cet espace est plus long ;
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cas chez des sujets âgés de plus de 65 ans. Deux maladies une mutation du gène LMNA [63, 64]. Il est exceptionnel dans
dégénératives sont responsables de troubles conductifs auriculo- les formes hypertrophiques.
ventriculaires.
• La maladie de Lenègre [52] prédomine chez l’homme ; le Localisations cardiaques de maladies systémiques
processus sclérodégénératif atteint le plus souvent unique- L’atteinte du tissu conductif auriculoventriculaire peut être due
ment la partie moyenne ou distale des branches sans lésions à des dépôts amyloïdes, ferriques et plus exceptionnellement
du myocarde adjacent. L’évolution du processus est lente et tophacés ou oxaliques. Une infiltration septale peut s’observer
le bloc auriculoventriculaire complet est précédé pendant des également au cours des leucémies ou de la maladie de Hodgkin.
années par des témoins électriques de lésions latentes locali- Des cas de blocs auriculoventriculaires ont été observés dans la
sées aux branches. Des formes familiales ont été rapportées ; sarcoïdose compliquée de localisation myocardique (23 à 30 %
elles sont liées à une anomalie située sur le chromosome des cas), avec envahissement des voies de conduction par du tissu
19 en 19q13 avec une transmission sur le mode autosomique granulomateux, et dans la maladie de Fabry [65, 66].
dominant [53]. Plus récemment a été isolée comme responsa- Un trouble conductif auriculoventriculaire peut survenir au
ble du syndrome clinique une mutation dans le gène du cours du lupus érythémateux disséminé, de la dermatomyosite,
canal sodique SCN5A situé sur le chromosome 3 [54, 55]. de la sclérodermie, de la spondylarthrite ankylosante, de la
• La maladie de Lev [56] est la cause la plus fréquente de bloc polyarthrite rhumatoïde, de la polychondrite atrophiante.
intrahissien chez le sujet âgé, particulièrement de sexe
féminin. Les lésions qui siègent au niveau de la bifurcation Maladies neuromusculaires [67]
du His et de la partie toute initiale de la branche gauche sont • La maladie de Steinert [68-70] : dans cette affection autosomi-
la conséquence de l’extension au système de conduction de que dominante à pénétrance variable, les blocs auriculoven-
fibrose et de calcifications affectant le squelette fibreux du triculaires ne sont pas rares, allant du simple allongement de
cœur et la crête du septum interventriculaire. PR au bloc complet qui pourrait être responsable de mort
Les lésions dégénératives touchant le nœud auriculoventricu- subite par asystole prolongée.
laire sont moins fréquentes ; elles sont souvent associées • Le syndrome de Kearns-Sayres [71] : dû à une délétion de
à une dysfonction sinusale et à des arythmies supra- l’ADN mitochondrial, il associe une ophtalmoplégie externe
ventriculaires. progressive, une rétinite pigmentaire et des troubles conduc-
tifs auriculoventriculaires sous-nodaux qui justifient, même
Hypertonie vagale s’ils sont asymptomatiques, l’implantation préventive d’un
stimulateur cardiaque.
Le bloc auriculoventriculaire vagal est purement fonctionnel ; • Les autres maladies neuromusculaires : les blocs auriculoven-
il siège toujours au niveau du nœud auriculoventriculaire. triculaires font partie des complications cardiaques de la
L’hypertonie vagale aiguë est une des composantes physiopa- dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss [72], de l’atrophie
thologiques de la syncope vasovagale ; dans les formes cardio- musculaire péronière de Charcot-Marie-Tooth, de la dystro-
inhibitrices, elle peut induire une asystole plus ou moins phie musculaire des ceintures d’Erb, de la dystrophie muscu-
prolongée par bloc auriculoventriculaire [57]. Cette réaction laire facio-scapulo-humérale de Déjerine-Landouzy et plus
cardiodépressive peut s’observer, chez des sujets prédisposés, lors rarement de la maladie de Becker.
d’un test d’inclinaison ou à la phase de récupération d’une
épreuve d’effort. Tumeurs cardiaques
L’hypertonie vagale peut aussi être chronique, notamment Le mésothéliome, tumeur bénigne localisée au nœud auricu-
chez les sportifs soumis à un entraînement intensif ; elle est loventriculaire et les sarcomes primitifs se développant dans la
responsable d’un bloc du premier ou du deuxième degré de type partie haute du septum sont des causes très rares de bloc
I présent dans 9 % des cas sur un ECG systématique [58]. Ces auriculoventriculaire. Au cours du syndrome de l’immunodéfi-
blocs asymptomatiques qui disparaissent à l’effort doivent être cience acquise (sida), la localisation septale de lymphomes
considérés comme physiologiques au même titre que ceux malins peut être responsable de troubles de la conduction
observés en période nocturne chez des sujets jeunes [59, 60]. auriculoventriculaire.
Des blocs auriculoventriculaires syncopaux d’origine réflexe
peuvent survenir dans le syndrome du sinus carotidien, lors de
violentes quintes de toux ou lors de la déglutition chez des ■ Traitement
patients porteurs d’anomalies œsophagiennes fonctionnelles ou
La stimulation cardiaque définitive est actuellement le seul
organiques.
traitement efficace des blocs auriculoventriculaires chroniques
Les blocs auriculoventriculaires transitoires de divers degrés lorsqu’ils sont mal tolérés ou à haut risque de bradycardie
enregistrés au cours de crises d’épilepsie temporales gauches sévère. Le traitement médicamenteux par l’isoprénaline ou
seraient dus à une stimulation intense du système parasympa- l’atropine administrées par voie intraveineuse et la stimulation
thique et pourraient expliquer certaines morts subites de cardiaque temporaire endocavitaire, épicardique ou transcutanée
l’épileptique par une asystole prolongée [61]. Dans le syndrome sont indiqués en cas de bloc auriculoventriculaire que l’on
d’apnée du sommeil, des blocs auriculoventriculaires nocturnes espère régressif et en cas de bloc auriculoventriculaire chronique
ont été rapportés [62] avec cependant une fréquence bien mal toléré avant l’implantation d’un stimulateur intracorporel.
moindre que les pauses sinusales ; l’hypertonie vagale secon-
daire à l’hypoxie induite par les apnées en serait la cause.
Nomenclature des modes de stimulation
Les différents modes de stimulation sont classés selon un
Autres étiologies code international qui permet de comprendre immédiatement
le fonctionnement global d’un stimulateur. Ce code utilise trois
Cardiopathies chroniques ou quatre lettres :
• Valvulopathies aortiques : les voies de conduction auriculo- • la première lettre désigne le site de stimulation : A (atrium)
ventriculaire sont lésées dans la partie haute du septum par pour l’oreillette ; V pour le ventricule ; D pour les deux
des mouvements de tiraillement et de torsion, par pénétra- cavités, O si aucune des cavités n’est stimulée et S (single)
tion de spicules calcaires en cas de sténose aortique calcifiée pour l’oreillette ou le ventricule ;
ou par les microtraumatismes dus au jet régurgitant d’une • la deuxième lettre indique le site de détection selon le même
insuffisance aortique importante. Des blocs auriculoventricu- code ;
laires de tous degrés ont été décrits, mais il s’agit le plus • la troisième lettre précise le mode de fonctionnement :
souvent d’un simple allongement de l’espace PR. C I pour inhibé ; l’appareil de type monochambre ne stimule
• Myocardiopathies : le bloc auriculoventriculaire complet est qu’en l’absence de détection d’une activité spontanée
rare dans les variétés dilatées ; il a été rapporté des cas liés à ventriculaire (mode VVI) ou auriculaire (mode AAI) ;
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C T pour déclenché (triggered) ; l’appareil envoie une stimula- Nouveaux sites de stimulation
tion sur un événement détecté ; c’est un mode utilisé
uniquement en temporaire lors d’un test de détection Du fait de son accès facile, l’apex du ventricule droit s’est
auriculaire ou ventriculaire ; imposé au fil du temps comme site de référence pour position-
C D pour les deux ; l’appareil de type double chambre est ner les sondes de stimulation. Cependant, dès la fin des années
inhibé par une activité spontanée détectée pendant la 1980, certains se sont interrogés sur les effets hémodynamiques
phase d’écoute dans l’oreillette et le ventricule mais est néfastes d’une stimulation ventriculaire droite apicale et, en
aussi capable d’assurer une synchronisation auriculoventri- 1991, Rosenqvist [74] avait montré les différences de débit
culaire en déclenchant une stimulation ventriculaire si cardiaque et de fraction d’éjection ventriculaire gauche entre les
aucun ventriculogramme spontané n’est survenu à la fin modes AAI, DDD et VVI. Le mode VVI donne les pires résultats,
du délai auriculoventriculaire programmé. Ce type de le mode AAI le meilleur et le mode DDD se situe entre les deux.
fonctionnement caractérise les modes DDD et VDD. Quelques années plus tard, ces résultats ont été confirmés par
• Une quatrième lettre R est ajoutée aux trois précédentes de grandes études multicentriques [75, 76]. Il faut cependant
(mode AAIR, VVIR, DDDR) pour signaler que le stimulateur souligner qu’une proportion non négligeable de patients ne
est à fréquence asservie, ce qui lui confère la possibilité de développe pas d’altération de la fonction ventriculaire ; un
s’accélérer à l’effort à partir d’informations recueillies par un asynchronisme interventriculaire préalable permettrait de
ou deux capteurs incorporés dans l’appareil. Actuellement, les prévoir une aggravation hémodynamique au long cours [77].
systèmes les plus utilisés sont l’asservissement à l’activité Profitant des progrès récents dans le domaine des systèmes de
musculaire ou aux mouvements du patient, à la ventilation fixation active des sondes, des sites alternatifs empêchant ou
minute et à la contractilité myocardique. minimisant ces effets délétères ont donc été recherchés ; les
études s’intéressant à ce sujet portent sur un petit nombre de
patients avec souvent des résultats contradictoires [78] . La
Progrès techniques stimulation dans la chambre de chasse du ventricule droit n’a
pas donné de meilleurs résultats hémodynamiques [79] . La
Ils ont été considérables depuis le début de la stimulation ; ils
stimulation directe du faisceau de His, qui ne peut être proposée
ont surtout porté sur les stimulateurs qui sont devenus de plus
en plus élaborés et automatisés grâce à de nombreuses fonctions qu’aux patients présentant un trouble conductif suprahissien,
et algorithmes parmi lesquels, sans vouloir être exhaustif, on est très séduisante en théorie mais difficilement applicable en
cite les suivants. pratique [80]. La stimulation septale droite « moyenne anté-
rieure » à mi-distance entre l’apex et l’infundibulum semble
assurer au long cours le meilleur maintien de la fonction
Fonction de repli
ventriculaire gauche [81] . Aussi, dans l’état actuel de nos
La fonction de repli provoque, en cas d’arythmie atriale, la connaissances et en attendant des preuves plus solides, il
commutation automatique d’un mode DDD en un mode sans semblerait logique de préférer ce site chez les patients insuffi-
synchronisation auriculoventriculaire (VVI ou DDI) ; sants cardiaques en classe fonctionnelle I ou II, surtout s’il
existe un asynchronisme interventriculaire. Pour les stades New
Mesure automatique du seuil de stimulation York Heart Association (NYHA) III ou IV, il semble qu’une
stimulation biventriculaire doive d’emblée être proposée.
Appelée selon les marques « autocapture » ou « autoseuil » ;
elle permet de contrôler ce paramètre à intervalles réguliers avec
ajustement de l’énergie juste au-dessus de la valeur mesurée. Indications de la stimulation cardiaque
Cette fonction, intéressante en termes de sécurité pour le
patient et d’économie d’énergie, n’était disponible à l’origine
définitive
que sur le canal ventriculaire ; elle est actuellement aussi L’American College of Cardiology et l’American Heart Asso-
incorporée sur le canal atrial de certains appareils ; ciation ont réactualisé en 2002 [82] leurs recommandations
publiées en 1998. Ces recommandations qui constituent
Fonction de « préservation de la conduction actuellement la référence dans le domaine de la stimulation
auriculoventriculaire spontanée » cardiaque définitive reposent sur l’expérience acquise depuis
plus de 40 ans et non sur les résultats d’études randomisées
Elle caractérise deux nouveaux modes : le mode AAISafeR ou
irréalisables sur le plan éthique car il n’existe actuellement pas
le mode minimal ventricular pacing (MVP). Elle vise à réduire au
d’autres alternatives efficaces à la stimulation cardiaque pour
maximum l’incidence de la stimulation ventriculaire droite
apicale inutile qui provoque ou aggrave une désynchronisation traiter les blocs auriculoventriculaires chroniques mal tolérés ou
interventriculaire et consomme de l’énergie. Cette fonction est à haut risque de bradycardie sévère.
particulièrement intéressante en cas de bloc auriculoventricu- Les décisions concernant l’implantation d’un stimulateur
laire paroxystique certain ou fortement suspecté. cardiaque sont basées sur la symptomatologie directement en
relation avec la bradycardie : syncopes, lipothymies, asthénie,
Fonctions diagnostiques intolérance à l’effort, signes d’insuffisance cardiaque. Chez les
patients asymptomatiques, il est pris en compte le risque
• La lecture des mémoires implantées permet de visualiser des d’asystole prolongée qui caractérise les blocs sous-nodaux.
courbes de fréquence pour vérifier le besoin ou la qualité Ces recommandations sont divisées en trois classes :
d’un asservissement et de détecter l’existence de tachycardies • la classe 1 regroupe les cas où il existe une preuve et/ou un
dont le diagnostic est facilité par la présence de marqueurs et accord général pour dire que la stimulation est bénéfique,
l’enregistrement d’électrogrammes endocavitaires (EGM) utile et efficace ;
auriculaires et ventriculaires pendant l’arythmie et quelques • la classe 2 regroupe les cas où il existe une divergence
secondes avant. d’opinion sur l’utilité de la stimulation avec deux sous-
• La télécardiologie disponible sur certains stimulateurs assure classes :
une surveillance à distance en transmettant des informations
C 2a où le poids des preuves est plutôt en faveur de l’implan-
du stimulateur à une borne GSM placée au domicile du
tation ;
patient puis, par le réseau, à un centre de réception qui les
renvoie au médecin sous forme de fax ou de message inter- C 2b où le poids des preuves est insuffisant pour avoir une
net [73]. Ce type de suivi permet le diagnostic rapide des opinion ;
dysfonctions ; il ne dispense pas des contrôles réguliers au • la classe 3 regroupe les cas où il existe une preuve et/ou un
centre mais permet de les espacer ; il est particulièrement accord général pour dire que la stimulation n’est ni utile ni
utile pour la surveillance des stimulateurs en fin de vie. efficace.
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Blocs auriculoventriculaires ¶ 11-032-A-10
Bloc auriculoventriculaire
Paroxystique Permanent ou
fréquent
Sans Avec
désynchronisation désynchronisation
de contraction de contraction
Figure 5. Arbre décisionnel. Choix du mode de stimulation. AV : auriculoventriculaire. VG : ventricule gauche ; BiV : biventriculaire.
blocs auriculoventriculaires documentés et symptomatiques [7] Motté G, Dinanian S, Sebag C. Classification et pièges des blocs
n’ont pas beaucoup évolué ces dernières années, on a récem- auriculo-ventriculaires. Arch Mal Cœur 1997;90(supplI):47-55.
ment enregistré, grâce aux progrès en génétique, de réelles [8] Nakagawa S, Koiwaya Y, Tanaka K. Vagally mediated paroxysmal
avancées dans la connaissance du mécanisme de certaines atrioventricular block presenting as «Mobitz type II » block. Pacing
étiologies. Il a été ainsi établi que certains blocs auriculoventri- Clin Electrophysiol 1988;11:471-4.
culaires dégénératifs étaient une maladie génétique que l’on [9] El-Sherif N, Aranda N, Befeler B, Lazzara R. Atypical Wenckebach
pourra, dans les années à venir, vraisemblablement dépister et periodicity simulating Mobitz II AV block. Br Heart J 1978;40:
traiter préventivement. Dans le domaine du diagnostic du bloc 1376-83.
auriculoventriculaire paroxystique, il faut insister sur l’intérêt du [10] Grolleau R, Puech P, Latour H, Cabasson J, Robin JM, Baissus C, et al.
moniteur ECG implantable qui, dans les cas douteux, permet Les dépolarisations hissiennes ectopiques non propagées. Arch Mal
d’enregistrer un tracé percritique. Cœur 1972;65:1069-80.
Néanmoins, en dépit des progrès des techniques d’implanta- [11] Rosen KM, Rahimtoola SH, Gunnar RM. Pseudo AV block secondary
tion et de la technologie des stimulateurs, les complications de to premature non propagated His bundle depolarizations: documenta-
la stimulation cardiaque définitive restent fréquentes. Leur tion by his bundle electrocardiography. Circulation 1970;42:367-73.
.
gravité justifie l’application de procédures opératoires rigoureu- [12] Paillard F, Mabo P, Benslimane A, Ritter P, Druelles P, Ollitrault J, et al.
Les blocs auriculo-ventriculaires démasqués à l’épreuve d’effort. Ann
ses et une surveillance attentive qui pourra bénéficier de la
Cardiol Angeiol (Paris) 1990;39:55-60.
télécardiologie.
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