Vœu déposé par le groupe Europe Écologie les Verts
et présenté en assemblée plénière des 21 et 22 octobre 2010
Menace sur la recherche en éducation ; disparition programmée de l’Institut
National de la Recherche Pédagogique
Exposé des motifs
L’institut National de Recherche Pédagogique est un établissement public national placé sous la tutelle des ministères chargés de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il développe et favorise la recherche en éducation et porte une mission d’appui au pilotage national et académique de l’enseignement scolaire par le transfert des résultats de la recherche. Le siège et une partie importante du dispositif de l’INRP sont localisés à Lyon depuis 2003 ; l'Institut est membre associé du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur « Université de Lyon ». Cet institut joue un rôle de médiation entre la recherche scientifique en éducation et l’ensemble des acteurs du dispositif éducatif, particulièrement pour la formation des formateurs, mais aussi pour les personnels d’encadrement et les décideurs. Il éclaire la conception et la diffusion des pratiques didactiques et pédagogiques. De plus, l’INRP a une mission fondamentale de transfert des résultats de la recherche en éducation vers l’ensemble des partenaires de la communauté éducative, quels que soient leurs statuts, investissements, emplois et affectations mais aussi tous les personnels d’encadrement, afin de nourrir la réflexion et l’action pédagogique et pour la formation des formateurs. Cette mission est rendue possible grâce aux activités de service et d’appui scientifique et méthodologique que développe l’INRP, ainsi qu’ à la participation active de nombreux enseignants, professeurs des écoles, collèges et lycées, « enseignants associés » collaborant à différents projets de recherche et apportant leur indispensable expertise de terrain. Cette mission bénéficie également de l’apport d’enseignants (secondaire et supérieur) « détachés » pour une période déterminée et sur projets spécifiques, en fonction de leur expertise. De nombreuses ressources scientifiques, pédagogiques et didactiques sont produites par l’INRP et accessibles à l’ensemble de la communauté des enseignants et des chercheurs, au plan national et international. Il n’est pour autant pas niable que des améliorations restent à apporter au fonctionnement de cet institut. La décision qui se dessine va cependant au-delà des propositions élaborées par le directeur, nommé à ce poste pour penser les modalités d’une articulation fructueuse de l’INRP à l’ENS. A aucun moment, dans le rapport qu’il a remis aux tutelles, il n’a proposé que l’INRP perde sa personnalité juridique (or c’est cela qui est présenté comme central dans la décision ministérielle prise sans concertation). Les personnels de l’INRP ne sont pas a priori défavorables à une articulation avec l’ENS à condition qu’elle conserve à l’Institut sa personnalité juridique et son autonomie comptable, qu’elle ne se traduise pas, également, par un plan social (le risque en est imminent). Ils critiquent la méthode utilisée jusqu’à présent, ne laissant place à aucune concertation. Cette absence de concertation a d’ailleurs conduit 10 sur 12 des membres du Conseil scientifique, français et étrangers, de l’établissement (nommés par le ministre) à présenter leur démission. Vœu
Le Conseil régional, au regard de son investissement en matière d’enseignement
(secondaire et supérieur), d’apprentissage et de formation tout au long de la vie demande à l’État et en particulier aux ministres de l’Éducation nationale d’une part, de la recherche et de l’enseignement supérieur d’autre part, de renoncer à intégrer l’INRP à l’École normale supérieure dans les conditions actuelles lui faisant perdre sa personnalité juridique et son autonomie financière. Cette intégration aboutirait à une dissolution des travaux des chercheuses et des chercheurs dans l’ensemble des travaux, certes importants et nécessaires, des laboratoires des ENS, en leur faisant perdre, à court terme, leur spécificité. Elle ferait aussi courir le risque avéré de se priver des connaissances et savoir faire de l’ensemble des nombreux enseignants associés à l’Institut qui en font une véritable spécificité. Au final, une intégration de l’INRP dans l’ENS aux conditions actuelles conduirait à un réel appauvrissement de la recherche en éducation et rendrait la tâche des éducateurs, des enseignants, des formateurs et des décideurs responsables, encore plus difficile qu’elle ne l’est. La Région Rhône Alpes qui a pu bénéficier pleinement des activités de service fondées sur l’expertise scientifique de l’Institut, souhaite pouvoir continuer à utiliser tout à la fois :
• l’appui à la formation des formateurs avec, en particulier, l’organisation de
séminaires; • la veille scientifique et technologique, • les revues et ouvrages, avec en particulier la librairie en ligne ; • la mise à disposition des richesses bibliographiques et muséographiques de sa bibliothèque, à Lyon, • les résultats des journées d’études, séminaires, colloques et des forums.