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1
M Mécanique en référentiel non galiléen
Notations
−−→ −−→ −→
• Un référentiel R O dont un point fixe et une base cartésienne sont (O,e x,O ,e y,O ,ez,O )
−−→ −→ −→
• Un référentiel R A dont un point fixe et une base cartésienne sont (A,e x,A ,e y,A ,ez,A )
−−→ −→ −→
L’ensemble des éléments de (A,e x,A ,e y,A ,ez,A ) ne sont a priori pas fixes dans R O . Cela revient à dire que sur
la figure ci-dessous, A et les vecteurs de la base de R A peuvent se déplacer et tourner par rapport à R O .
y M,O
x M,A
M•
−−→
e x,A
−→
e y,A
y M,A
A
−→
−−→ ez,A
e y,O
z M,A
−−→
e x,O
−→ O
ez,O x M,O
z M,O
Figure 1 – Coordonnées cartésiennes de M dans R O (x M,O , y M,O , z M,O ) et dans R A (x M,A , y M,A , z M,A ).
2
Mécanique en référentiel non galiléen
Problématique
La problématique est la suivante : soit M un point matériel. Comment lier la vitesse du point M exprimée
−−→ −→ −→
dans R A (avec la base B A = (e x,A , e y,A , ez,A )) à la vitesse du point M exprimée dans R O (avec la base B O =
−−→ −−→ −→
(e x,O , e y,O , ez,O )) ?
Exprimons chacune des deux vitesses de M:
−→ −→ −→ −→
−
→ dOM dOA dAM −→ dAM
• v (M)R O = = + = v (A)R O +
dt dt dt dt
RO RO RO RO
−→
−
→ dAM
• v (M)R A =
dt
RA
Pour être capable de répondre à la question posée, il est nécessaire de savoir relier la dérivée d’un même
−→
vecteur (ici AM ) dans deux référentiels distincts.
Gardons les notations précédentes pour les deux référentiels et leurs bases cartésiennes associées.
−→ −→
−
→ dV dV
Soit un vecteur V : on cherche le lien entre et .
dt dt
RA RO
−
→ −
→ −−→ −→ −→
Exprimons les composantes de V dans la base de R A : V = VAx e x,A + VAy e y,A + VAz ez,A .
Dérivons ce vecteur dans R O , on obtient alors, en projetant dans la base de R A :
−
→ −−→ −→ −→
dV dVAx −−→ dVAy −→ dVAz −→ de x,A de y,A dez,A
= e x,A + e y,A + ez,A + VAx + VAy + VAz
dt dt dt dt dt dt dt
RO RO RO RO
−
→ −−→ −→ −→
On reconnaît dans les trois premiers termes la dérivée du vecteur V dans R A (où e x,A ,e y,A et ez,A sont fixes)
:
−→ −
→ −−→ −→ −→
dV dV de x,A de y,A dez,A
= + VAx + VAy + VAz (1)
dt dt dt dt dt
RO RA RO RO RO
Il nous reste donc à évaluer les dérivées des vecteurs unitaires de la base de R A dans R O . On peut écrire ces
−→
dei,A −→
dérivées dans la base R A : en notant ai, j = · e j,A (avec (i, j) ∈ {x, y, z}2 ) :
dt
RO
−−→
de x,A −−→ −→ −→
= a x,x e x,A + a x, y e y,A + a x,z ez,A
dt
RO
−→
de y,A −−→ −→ −→
= a y,x e x,A + a y, y e y,A + a y,z ez,A
dt
RO
−→
dez,A −−→ −→ −→
= az,x e x,A + az, y e y,A + az,z ez,A
dt
RO
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Mécanique en référentiel non galiléen
−→ −→
Vecteurs Les vecteurs de la base sont unitaires, ainsi, ∀i ∈ {x, y, z}, ei,A · ei,A = 1. En dérivant, on obtient :
unitaires.
−→
dei,A −→
∀i ∈ {x, y, z}, 2 · ei,A = 0 =⇒ ∀i ∈ {x, y, z}, ai,i = 0
dt
RO
−→ −→
Vecteurs Les vecteurs de la base sont orthogonaux, ainsi, ∀(i, j) ∈ {x, y, z}2 /i 6= j, ei,A · e j,A = 0. En dérivant, on obtient,
orthogonaux. ∀(i, j) ∈ {x, y, z} /i 6= j :
2
−→ −→
dei,A −→ −→ de j,A
· e j,A + ei,A · = 0 =⇒ ai, j = −a j,i
dt dt
RO RO
Remarque, d’un point de vue matriciel, cela revient à dire que la matrice (ai, j ) est antisymétrique.
−−→
de x,A −→ −→
= r e y,A − q ez,A
dt
RO
−→
de y,A −−→ −→
= −r e x,A + p ez,A
dt
RO
−→
dez,A −−→ −→
= q e x,A − p e y,A
dt
RO
−
→ −−→ −→ −→
Vecteur Si on pose Ω = p e x,A + q e y,A + r ez,A , on peut réécrire :
instantané de
rotation.
−−→
de x,A −
→ −−→ −→ −→
= Ω ∧ e x,A = r e y,A − q ez,A
dt
RO
−→
de y,A −
→ −→ −−→ −→
= Ω ∧ e y,A = −r e x,A + p ez,A
dt
RO
−→
dez,A −
→ −→ −−→ −→
= Ω ∧ ez,A = q e x,A − p ez,A
dt
RO
−
→ −
→
dV dV −→ −−→ −→ −→ −→ −→
= + VAx Ω ∧ e x,A + VAy Ω ∧ e y,A + VAz Ω ∧ ez,A
dt dt
RO RA
−
→ −−→
où Ω est appelé le vecteur instantané de rotation de R A par rapport à R O (noté souvent ΩA/O ). Sa di-
mension physique est l’inverse d’un temps, il s’exprime en rad.s−1 .
Regardons comment déterminer dans le cas général ce vecteur instantané de rotation sur trois exemples
géométriques (translation, rotation autour d’un axe fixe et rotation quelconque).
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Mécanique en référentiel non galiléen
−−→ − →
Ceci revient à dire que ΩA/O = 0 si les référentiels sont en translation.
−−→
e x,A
Commençons par le cas simple où les référentiels sont
en rotation l’un par rapport à l’autre autour d’un axe
(fixe en direction, mais pouvant se translater). Prenons −→ −−→
−→ −→ e y,A e y,O
ici ez,A = ez,O le vecteur donnant la direction fixe de cet θ
axe.
−−→
Le schéma est alors celui-ci-contre. e x,O
On retrouve les notations d’une base cylindrique (ici, −→
ez,O O
−−→ −→ −→
e x,A , e y,A , ez,A ) par rapport à une base cartésienne
−−→ −−→ −→
(e x,O ,e y,O ,ez,O ). −→
ez,A
−−→ −→ −→
Notamment, dans le référentiel où (e x,A , e y,A , ez,A ) est cylindrique, donc dans R O , on a :
−−→ −→
de x,A dθ −→ de y,A dθ −−→
= e y,A et =− e x,A
dt dt dt dt
RO RO
−
→ dθ −→ dθ −→
Ω A/O = ez,A = ez,O est le vecteur instantané de rotation de R A par rapport à R O
dt dt
−
→
Ainsi, pour un vecteur V quelconque :
−
→ −
→
dV dV dθ −→ − →
= + ez,A ∧ V (4)
dt dt dt
RO RA
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Mécanique en référentiel non galiléen
Description On peut justifier la nécessité des trois rotations pour passer d’une B.O.N.D. à une autre :
de la
démarche
−→ −
→ −→ −→
• Via une première rotation autour de ez,O , on cherche à placer e y 1 dans le plan formé par ez,O et ez,A (cela
−
→ −→ −→
revient à placer e x 1 orthogonalement au plan formé par les vecteurs ez,O et ez,A )
−→ − → −→ − →
• Lors de la seconde rotation on fait tourner ez,O = ez 1 en ez,A = ez 2 .
−
→
• Enfin, la troisième rotation autour de ez 2 permet d’obtenir les deux autres vecteurs de la base B A .
−
→
ey 1
−−→ −
→
e y,O ex 1
−→
Première On a une rotation autour de ez,O (appelée précession), à la vitesse
rotation : −
→ −−→ ψ
angulaire ψ̇. Le lien entre les dérivées de V est donné par (4) : e x,O
R O donne R1 −→
−
→ −→ ez,O O
dV dV −
→ −
→ −
→ −→
= + Ω 1/O ∧ V avec Ω 1/O = ψ̇ez,O
dt dt
RO R1
−
→
ez 1
−→
ez,A
−
→
ey 1
−
→
ey 2 θ
−
→
−
→ ex 1
Seconde On a une rotation autour de e x 1 (appelée nutation) à la vitesse an-
rotation : R1 −
→ −
→
gulaire θ̇ . Là encore, le lien entre les dérivées de V est donné par ex 2
donne R2 (4):
−→ −
→
dV dV −
→ −→ −
→ −
→
= + Ω 2/1 ∧ V avec Ω 2/1 = θ̇ e x 1
dt dt −
→
R1 R2
ez 1
−
→
ez 2
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Mécanique en référentiel non galiléen
−−→
e x,A
−
→
ex 2
−
→ φ
ey 2
−
→ −→ −→
Dernière On a une rotation autour de ez 2 = ez,A (appelée giration) à la e y,A
rotation : R2 vitesse angulaire φ̇. Toujours par (4):
donne R A −
→ −→
dV dV −
→ −
→ −
→ −→
= + Ω A/2 ∧ V avec Ω A/2 = φ̇ ez 2
dt dt
R2 RA
−→ − →
ez,A ez 2
Remarque : on utilise ici une combinaison d’angles dite “angles d’EULER”, mais il existe d’autres combinaisons de
rotation qui fonctionnent très bien (angles dits de CARDAN).
Une animation permet de se rendre compte de ces trois rotations :
−
→
Vecteur Si on cherche à relier la dérivée de V dans R O à celle dans R A :
instantané de
rotation:
−
→ −
→
dV dV −
→ −
→
= + Ω 1/O ∧ V
dt dt
RO R1
−
→
dV −
→ −→ − → −→
= + Ω 2/1 ∧ V + Ω 1/O ∧ V
dt
R2
−
→
dV −
→ −
→ − → → −
− →
= + Ω A/2 ∧ V + Ω 2/1 + Ω 1/O ∧ V
dt
RA
Et donc :
−
→ −
→
dV dV −
→ −→
= + Ω A/O ∧ V
dt dt
RO RA
−
→ −→ −
→ −→
Avec Ω A/O = ψ̇ez,O + θ̇ e x 1 + φ̇ ez 2
−
→
Ω A/O dépend a priori du temps (à travers les dérivées angulaires et les vecteurs des bases) et est le vecteur
instantané de rotation de R A par rapport à R O .
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Mécanique en référentiel non galiléen
−→
−
→ −→ dAM
v (M)R O = v (A)R O +
dt
RO
−→
−→ dAM −
→ −→
= v (A)R O + + Ω A/O ∧ AM
dt
RA
−→ −→ −
→ −→
= v (A)R O + v (M)R A + Ω A/O ∧ AM
−
→ −→ −
→ −→
où v e (M)A/O = v (A)R O + Ω A/O ∧ AM est appelée vitesse d’entraînement de M dans R A par rapport à
RO .
On propose d’interpréter le résultat précédent en introduisant le concept de point coïncident au point M dans
RA .
Définition: Le point matériel M est mobile dans R A . À un instant t, ce point matériel M se situe en un point géométrique
P de l’espace. On imagine alors un nouveau système ponctuel M∗t , placé en P à l’instant t qui serait fixe dans
le référentiel R A . Ce point matériel M∗t est appelé point coïncident à M à l’instant t dans R A .
En effet, chacun des points coïncidents à M a été construit comme immobile dans le référentiel R A .
Dans le référentiel R O , on aura :
−
→ ∗ −→ −→ −
→ −−→
v (Mt )R O = v (M∗t )R A + v (A)R O + Ω A/O ∧ AM∗t
−→ −
→
Or, v (M∗t )R A = 0 , et de plus, M∗t et M sont au même endroit à l’instant t
−
→ ∗ −→ −
→ −→ − →
v (Mt )R O = v (A)R O + Ω A/O ∧ AM = v e (M)A/O
Cela revient à considérer que la vitesse de M dans R O s’écrit comme une somme simple : la vitesse de son
point coïncident dans R O ajoutée à la vitesse de M dans le référentiel “mobile” R A .
−
→ −→ −→
v (M)R O = v (M)R A + v (M∗t )R O (6)
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Mécanique en référentiel non galiléen
Exercice d’application
On définit R 0 le référentiel lié à un manège, en rotation à la vitesse angulaire ω (pas forcément con-
−
→
stante) autour d’un axe ∆ dirigé par e∆ dans le référentiel terrestre R T .
−→ −
→ −
→
Une balle modélisée par un point matériel M a des coordonnées (x, y, z) telles que OM = x 0 e x 0 + y 0 e y 0 +
−
→ −
→ −
→ −
→ −
→
z 0 e∆ et donc une vitesse v 0 = ẋ 0 e x 0 + ẏ 0 e y 0 + ż 0 e∆ dans le référentiel du manège.
−
→
e∆
M
•
−
→
e y0
O
−
→
ey
−
→ −
→
ex ex0
(2) En justifiant, exprimer le vecteur instantané de rotation du référentiel R’ par rapport au référen-
−
→
tiel R T , que l’on notera Ω .
(3) Exprimer alors la vitesse de M dans le référentiel R T en utilisant la relation (5). On exprimera
le résultat dans la base cartésienne du référentiel du manège.
(5) En déduire que la vitesse de M dans le référentiel R T peut s’écrire sous la forme :
−
→ −
→ −→
v (M)R T = v 0 + HMω eθ
−
→
où on explicitera sur un schéma la direction et le sens du vecteur unitaire eθ .
(6) Retrouver alors grâce à des projections adéquates l’expression retrouvée en question (3).
Il ne sera en fait pas souvent nécessaire d’expliciter l’expression de la vitesse dans une unique base.
Savoir retrouver l’expression de la question (5) et s’en tenir là est en revanche important.
Image : Manège traditionnel de Canet-Plage, commune de Canet-en-Roussillon par Alno. Licence : CC BY-SA
3.0
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Mécanique en référentiel non galiléen
Reprenons les notations précédentes et intéressons-nous maintenant au lien entre les accélérations du point
M dans R A et dans R O .
dt
RA
Utilisation de Pour dériver dans R O les différents vecteurs, on utilise le lien entre les dérivées dans deux référentiels.
l’équation (2)
−
→ −
→
d v (M)R A d v (M)R A
−−→ − →
= + ΩA/O ∧ v (M)R A
dt dt
RO RA
−→ −−→ − →
= a (M)R A + ΩA/O ∧ v (M)R A
−→ −→ !
−−→ dAM −−→ dAM −−→ −→
ΩA/O ∧ = ΩA/O ∧ + ΩA/O ∧ AM
dt dt
RO RA
−−→ − → −−→ −−→ −→
= ΩA/O ∧ v (M)R A + ΩA/O ∧ ΩA/O ∧ AM
Pour ce terme, il n’est donc pas nécessaire de préciser dans quel référentiel on procède à la dérivée.
Ainsi, on obtient :
−−→
−
→ −→ −−→ − → −→ −−→ −−→ −→ dΩA/O −→
a (M)R O = a (M)R A + 2ΩA/O ∧ v (M)R A + a (A)R O + ΩA/O ∧ ΩA/O ∧ AM + ∧ AM
dt
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Mécanique en référentiel non galiléen
Point Réutilisons le formalisme du point coïncident à M à l’instant t, que nous noterons encore M∗t . Exprimons son
coïncident accélération dans R O , sachant que sa vitesse est nulle dans R A .
On obtient alors :
−−→
−→ ∗ −
→ −−→ − → − → −−→ −−→ −−→∗ dΩA/O −−→∗
a (Mt )R O = 0 + 2ΩA/O ∧ 0 + a (A)R O + ΩA/O ∧ ΩA/O ∧ AMt + ∧ AMt
dt
−−→
−
→ −−→ −−→ −→ dΩA/O −→
= a (A)R O + ΩA/O ∧ ΩA/O ∧ AM + ∧ AM
dt
la position de M et de M∗t étant la même à l’instant t.
Accélération On appelle accélération d’entraînement dans R A par rapport à R O l’accélération du point coïncident à M à
d’entraînement l’instant t dans le référentiel R O .
−−→
−
→ −→ −−→ −−→ −→ dΩA/O −→
a e (M)A/O = a (A)R O + ΩA/O ∧ ΩA/O ∧ AM + ∧ AM
dt
Accélération de Coriolis
Il reste alors un terme supplémentaire dans le lien entre les expressions des accélérations de M dans R O et
dans R A .
−
→ −−→ − →
a c (M)A/O = 2ΩA/O ∧ v (M)R A
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Mécanique en référentiel non galiléen
Interprétation Dans le cas d’une particule de fluide se déplaçant d’est en ouest dans le référentiel terrestre, son accélération
et origine comportera un terme orthogonal à cette direction dans le référentiel géocentrique. Cette accélération sera
perçue dans le référentiel terrestre comme provenant de l’action d’une “pseudo-force” dite force d’inertie de
Coriolis.
Le nom de CORIOLIS vient de l’ingénieur français GASPARD -GUSTAVE DE CORIOLIS qui publia pour la pre-
mière fois une formulation mathématique de cette accélération. Ce n’est cependant pas à une application aux
phénomènes météorologiques que s’intéresse Coriolis mais davantage aux applications aux machines tour-
nantes et notamment les roues hydrauliques. Le texte commenté de son “Mémoire sur le principe des forces
vives dans les mouvements relatifs des machines” est disponible à cette adresse.
Bilan
On peut lier les accélérations de M dans deux référentiels en décomposant les termes de la façon suivante :
−
→ −→ −→ −→
a (M)R O = a (M)R A + a e (M)A/O + a c (M)A/O (7)
où
−
→
• a e (M)A/O est l’accélération d’entraînement, soit l’accélération du point coïncident à M dans R O .
−
→ −−→ − → −−→
• a c (M)A/O = 2ΩA/O ∧ v (M)R A est l’accélération de Coriolis, en notant ΩA/O le vecteur instantané de
rotation de R A par rapport à R O .
Exercice d’application
On reprend les notations de l’exercice 1 pour étudier le mouvement d’un point M (un enfant par exem-
−→
ple) dans un manège. On note ω la vitesse angulaire de rotation du manège autour de (O,e∆ ).
On se propose d’étudier les différents termes liant l’accélération de M dans R 0 (référentiel du manège)
et dans R T (référentiel terrestre).
−
→
e∆
M
•
−
→
O e y0
−
→
ey
−
→
−
→ ex0
ex
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Mécanique en référentiel non galiléen
3 Forces d’inertie
On considère dans cette partie que le référentiel R O est un référentiel galiléen. Alors, R A ne l’est pas forcément
(c’est seulement si R A est en translation rectiligne uniforme que ce sera le cas).
Les théorèmes de mécaniques ne sont donc plus applicables en l’état dans R A : la variation des grandeurs
cinématiques dans R A (qté de mouvement, moment cinétique,...) n’est plus égale directement aux grandeurs
dynamiques associées (résultante des actions, résultante des moments,...).
Le but de cette partie est d’écrire ces théorèmes dans R O , puis d’utiliser la composition des accélérations vue
dans la partie précédente pour interpréter les termes supplémentaires obtenus dans les bilans mécaniques.
On travaillera uniquement avec un point matériel M, de masse (inertielle) m dans cette étude. Pour simplifier,
on considèrera que la masse m est constante
Si R O est un référentiel galiléen, alors, on peut appliquer les différents théorèmes mécaniques :
−→
Principe Soit F tot la résultante des forces (extérieures) exercées sur M, alors :
fondamental
de la
−
→
dynamique d m v (M)R O −
→ −→
= m a (M)R O = F tot (8)
dt
RO
−−−−→
Théorème du Soit M O,tot la résultante des moments (extérieures) exercées sur M par rapport à O, alors
moment
cinétique par
−→
dσO (M)R O
rapport à O −−−−→
= M O,tot (9)
dt
RO
−→
où σO (M)R O est le moment cinétique de M par rapport à O dans R O .
Théorème de Soit P ext,R O la somme des puissances reçues par M de la part des actions extérieures dans R O
la puissance
cinétique
dE c,R O
= P ext,R0 (10)
dt RO
Travaillons dans R A désormais. Les actions mécaniques sont indépendantes du référentiel : la norme de la
−→
résultante, sa direction et son sens sont inchangées, c’est toujours F tot .
Comme R A n’est pas galiléen :
−
→ −→
m a (M)R A 6= F tot
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Mécanique en référentiel non galiléen
−→ −→
Utilisation de Pour retrouver le lien entre a (M)R A et F tot , utilisons le P.F.D. dans R O (8) et la composition des accélérations
la (7) :
composition
des
accélérations −→ −→
m a (M)R O = F tot
−
→ −→ −→ −→
m a (M)R A + a e (M)A/O + a c (M)A/O = F tot
−
→ −→ −
→ −
→
m a (M)R A = F tot − m a e (M)A/O − m a c (M)A/O
Interprétation Pour un observateur dans le référentiel R A , tout se passe comme si les lois de NEWTON s’appliquaient à
condition de rajouter deux vecteurs forces supplémentaires qui permettent d’expliquer le mouvement perçu.
Ces deux pseudo-forces ou encore forces d’inertie sont :
−→ −
→
• La force d’inertie d’entraînement : F i,e = −m a e (M)A/O
−→ −
→
• La force d’inertie de CORIOLIS : F i,c = −m a c (M)A/O
Ces vecteurs forces ne sont pas des modélisations d’une action mécanique : aucun système extérieur
n’exerce ces actions. Ce sont des objets mathématiques permettant de corriger le P.F.D. dans le cas où le
référentiel d’étude n’est pas galiléen.
Exemple 1. Prenons le cas du manège étudié précédemment. Un enfant est immobile par rapport au manège à une distance
−
→
R de l’axe de rotation (O, e∆ ), le manège tournant à vitesse angulaire ω (pas forcément constante) autour de
cet axe. Comment s’écrit le P.F.D. dans le référentiel du manège, non galiléen ?
−−→
• Résultante des actions extérieures : F ext .
Cette résultante comporte le poids, l’action du manège sur l’enfant, l’action de l’air sur l’enfant.
• Forces d’inerties :
Rq : Si le plateau tourne à vitesse angulaire constante Ω, on retrouve la “force centrifuge” qui n’est
−→ −
→
autre que la force d’inertie d’entraînement F i,e = mRΩ2 e r , radiale, qui fuit le centre.
– La vitesse de l’enfant est nulle dans le référentiel du manège : il n’y a pas d’accélération de CORIOLIS,
donc pas de force d’inertie de CORIOLIS.
On obtient alors :
−
→ −→ −−→ −→ −→
m a (M)R manege = 0 = F ext + mRω2 e r − mRω̇ eθ
Cette expression s’obtient également en étudiant directement le mouvement de M dans R O (mouvement cir-
culaire) et en appliquant le P.F.D.
Exemple 2. Que se passe-t-il si l’enfant se déplace dans le référentiel du manège ? Imaginons que celui-ci se déplace sur
−
→
la surface du plateau a une vitesse constante v1 non nulle dans le référentiel du manège.
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Mécanique en référentiel non galiléen
• Les forces extérieures peuvent avoir changé (déplacement différent de l’enfant par rapport au plateau,
−−→
par rapport à l’air), mais on notera toujours leur expression F ext .
• Forces d’inerties :
– La vitesse de l’enfant n’est plus nulle dans le référentiel du manège : il n’y a une accélération de
−→ −
→ − →
CORIOLIS : a c = 2ωe∆ ∧ v1 .
−→ −→ − → −
→ −
→
La force d’inertie de CORIOLIS est donc : F i,c = −2mωe∆ ∧ v1 = 2m v1 ∧ ωe∆ .
−→ −→− → −→
Rq : Cette force est dirigée orthogonalement à la vitesse v1 , dans le plan du plateau. ( v1 ,e∆ , F i,c )
forme un trièdre direct, ce qui fait que cette force va toujours être dirigée vers la droite de l’enfant
−
→
lorsqu’il avance selon v1 .
−
→ −→ −−→ −→ −→ −→ −
→
m a (M)R manege = 0 = F ext + mrω2 e r − mr ω̇ eθ + 2m v1 ∧ ωe∆
Bilan Lors de l’étude dans un référentiel non galiléen, le P.F.D. se réécrit de la façon suivante :
−
→ −→ −→ −→
m a (G)R A = F tot + F i,e + F i,c (11)
−→ −→ −→
où F tot est la résultante des actions mécaniques extérieures au système, F i,e et F i,c respectivement les
forces d’inertie d’entraînement et de CORIOLIS du centre de gravité du système (auquel on attribuerait
toute la masse du système).
Remarque Le terme de force d’inertie est liée au fait que le principe d’inertie ne s’applique que dans les référentiels
sémantique galiléens. Pour tenir compte des effets inertiels (en l’absence d’actions extérieures, le mouvement sera rec-
tiligne uniforme dans un référentiel galiléen) on ajoute ces “pseudo-forces” dans le bilan de quantité de mou-
vement.
−→ −→ −→
Si F tot = − F i,e + F i,c , alors on aura un mouvement rectiligne uniforme dans le référentiel non galiléen de
l’étude. Ces “pseudo-forces” permettent donc de conserver le principe d’inertie, autrement dit, de tenir compte
de l’inertie du système qui ne s’exploite correctement que dans un référentiel galiléen.
−→
dσA (M)R A
−−−−→
6= M A,tot
dt
RA
15/24
Mécanique en référentiel non galiléen
Moment Reprenons le raisonnement qui nous a permis de passer du P.F.D. au T.M.C. mais en utilisant ici l’équation 11
cinétique de au lieu de 8.
M dans R A
−→
−→
−→ d mAM ∧ v (M)R A
dσA (M)R A
=
dt dt
RA
RA
−→
dAM −
→ −→ −→
=m ∧ v (M)R A + mAM ∧ a (M)R A
dt
RA
| {z }
−→
= 0 (A fixe dans R A )
−→ −→ −→ −→
= AM ∧ F tot + F i,e + F i,c
T.M.C. On obtient alors le théorème du moment cinétique pour un point matériel par rapport à un point A néces-
sairement fixe dans R A :
−→
dσA (M)R A
−−−−→ −−→ −→ −−→ −→
= M A,tot + M A ( F i,e ) + M A ( F i,c ) (12)
dt
RA
On retrouve donc la même expression que dans un référentiel galiléen, à condition de tenir compte des
“pseudo-forces” d’inertie d’entraînement et d’inertie de CORIOLIS.
Obtention du
T.P.C. −→ −→ −→
−
→ −→ −→
m a (M)R A · v (M)R A = F tot + F i,e + F i,c · v (M)R A
−
→
d v (M)R A
−→ −→ −→
−→ −→
m · v (M)R A = F tot + F i,e + F i,c · v (M)R A
dt
RA
−
→ −
→
m d v (M)R A · v (M)R A −→ −→ −→
−→
= F tot + F i,e + F i,c · v (M)R A
2 dt
RA
dE c,R A
−→ −→
= P ext,R A + P ( F i,e ) + P ( F i,c ) (13)
dt RA
−→ −→
où P ( F i,e ) et P ( F i,c ) sont respectivement les “puissances” fournies par les forces d’inertie d’entraînement et
−→ −→ −→ −→ −→ − →
de CORIOLIS, définies par P ( F i,e ) = F i,e · v (M)R A et P ( F i,c ) = F i,c · v (M)R A .
−→ −−→
−→
−→
Travail de la Cependant : P ( F i,c ) = −2m ΩA/O ∧ v (M)R A · v (M)R A = 0.
force d’inertie
de Coriolis La force d’inertie de CORIOLIS ne travaille pas dans R A car elle est orthogonale à la vitesse dans R A .
16/24
Mécanique en référentiel non galiléen
dE c,R A
−→
= P ext,R A + P ( F i,e ) (14)
dt RA
REMARQUE : pour un solide, il faut réfléchir aux points d’application de la force d’inertie d’entraînement. Il est
tout de suite plus délicat de raisonner en terme de puissance à l’échelle macroscopique sur le solide si il est
−→
suffisamment étendu pour dire que F i,e est différent sur chaque point du solide.
17/24
Mécanique en référentiel non galiléen
Exemple d’application
Une barre en forme de L métallique OAB tourne à vitesse angulaire constante ω dans le plan horizontal
autour de l’axe vertical (Oz) dans le référentiel terrestre (supposé galiléen). Un ressort de raideur k et
de longueur à vide l0 est fixé en A au dispositif et à son extrémité est attaché un anneau de masse m
qui coulisse sans frottement sur la partie rectiligne AB.
On désigne par l eq la longueur du ressort à l’équilibre dans le référentiel tournant.
A
−
→ (k, l0 )
g
⊗
d
−
→ • M (m)
ez
O
B
18/24
Mécanique en référentiel non galiléen
Notations
−−→
eTerre
−
→
e y (nord) M−
→
ez
−
→
e x (est)
−→ P
e y0
−→
e x0
λ
O
φ
−
→
−→ eB
ez0
−
→
eA
Vecteur Pour expliciter le vecteur instantané de rotation, on peut passer par une base intermédiaire :
instantané de
rotation −→− → −−→ −→ − → − → −−→
• On passe de ( eA , eB ,eTerre ) à ( ez 0 , e x 0 , e y 0 ) par rotation de φ autour de eTerre
−→ − → − → −→− →− → −
→ − →
• Puis, on passe de ( ez 0 , e x 0, e y 0) à( ez , e x , e y ) par rotation d’angle −λ autour de e x = e x 0 .
−
→ dφ −−→ dλ − →
Le vecteur instantané de rotation de R T par rapport à R G est donc Ω = eTerre − ex .
dt dt
dφ 2π
Cependant, λ est constant et = , donc, on a le vecteur instantané de rotation qui se simplifie en :
dt T
−
→ 2π −−→
Ω = eTerre (15)
T
2
Période de rotation sidérale : temps au bout duquel la planète retrouve la même orientation par rapport aux étoiles environnantes.
A ne pas confondre avec la période de rotation synodique, qui serait pour la Terre le temps au bout duquel la Terre retrouve la même
orientation par rapport au Soleil (soit la durée du jour terrestre, c’est-à-dire : 24h en moyenne)
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Mécanique en référentiel non galiléen
−−→
Vecteur Dans le référentiel géocentrique, P a un mouvement circulaire uniforme de rayon R cos λ autour de (O,eTerre ).
accélération Son accélération est donnée par
2
de P dans R G −
→ 2π − →
a (P)R G = −R cos λ ez 0
T
Accélération d’entraînement.
Calcul direct L’accélération d’entraînement peut se calculer directement à partir du vecteur instantané de rotation :
−→
−
→ − → → −
− → −→ d Ω −→
ae = a (P)R G + Ω ∧ Ω ∧ PM + ∧ PM
dt
−
→
−−→ dΩ −→
Ici, eTerre est fixe, donc = 0 . Le premier terme ayant été calculé précédemment, il reste le terme central:
dt
−
→ − → −→ 2π −−→ 2π −−→
−
→ −
→ −→
Ω ∧ Ω ∧ PM = eTerre ∧ eTerre ∧ (x e x + y e y + z ez )
T T
−
→ −
→ −
→ −−→ −→ − → −−→ −→
Projetons e y et ez pour terminer l’étude : e y = cos λeTerre − sin λ ez 0 , ez = sin λeTerre + cos λ ez 0 .
−−→ − → −
→
Avec eTerre ∧ ez 0 = e x , on obtient :
2
−
→ −→ −→ 2π −−→ − → −
→ −→
Ω ∧ Ω ∧ PM = eTerre ∧ −x ez 0 − y sin λ e x + z cos λ e x
T
2
2π −
→ −→
= −x e x + ( y sin λ − z cos λ) ez 0
T
Regroupons le tout :
2 2
−
→ 2π − → 2π −
→ −→
ae = −R cos λ ez 0 + −x e x + ( y sin λ − z cos λ) ez 0
T T
2
2π −
→ −→
= −x e x + ( y sin λ − (z + R) cos λ) ez 0
T
Approximations En général |z| R = 6,4 · 103 km pour les études faites au voisinage de la Terre, ainsi (z + R) cos λ ≈ R cos λ.
−
→ R
Comparons les deux termes devant ez 0 : | y sin λ| R cos λ si | y|
tan |λ|
Pour |λ| < 80◦ , cela revient à y 1 · 103 km, ce qui sera en général le cas. L’approximation sera donc vraie
partout sauf exactement aux pôles.
2 2
−
→ 2π − → 2π −
→
On a alors dans cette approximation : ae = −R cos λ ez 0 − x ex
T T
−
→ −→
Comparons maintenant les deux composantes de ae . On peut négliger le terme suivant e x si |x| R cos λ, soit
|x| 1 · 103 km, ce qui sera largement le cas.
Ainsi, pour des mouvements au voisinage du point P (à moins de 10 km du point P), loin des pôles, on peut
à moins de 1% d’erreur sur l’accélération dire que :
2
−
→ 2π −→ −→
ae = −R cos λ ez 0 = a (P)RG (16)
T
Dans les études mécaniques usuelles, l’accélération d’entraînement du système peut être considérée
comme étant l’accélération d’entraînement d’un point du sol lorsqu’on tient compte du caractère non
galiléen du référentiel terrestre.
20/24
Mécanique en référentiel non galiléen
Point Cette étude revient à dire que le point coïncident à M a à peu près le même mouvement que le point P dans
coïncident RG . Il suffira donc de connaître le mouvement du sol pour conclure.
Accélération de Coriolis.
−
→
Si le point M a une vitesse v dans le référentiel terrestre, on peut déterminer sans souci l’expression de
l’accélération de CORIOLIS :
2π −−→ −
−
→ →
ac = 2 eTerre ∧ v
T
2π −−→
−→ −→ −
→
=2 eTerre ∧ ẋ e x + ẏ e y + ż ez
T
4π
−→ −
→
=− ẋ ez 0 + [ ẏ sin λ − ż cos λ] e x
T
−
→ 4π − → −
→
ac = − ẋ ez 0 + [ ẏ sin λ − ż cos λ] e x (17)
T
Équilibre Soit une masse ponctuelle M attachée au bout d’un fil idéal, l’autre extrémité du fil étant fixe dans le référentiel
d’une masse terrestre.
suspendue à On note P la position de l’attache fixe dans le référentiel terrestre.
un fil
À l’équilibre, quelle est la direction du fil ?
Faisons un bilan des forces :
−
→ mM −→
• Poids : P = −G 3 OM
R
−→
−
→ PM
• Tension du fil : T = −T
−→
PM
• Forces d’inertie :
−→ −→ 4π2 −
→
– Entraînement : F i,e = −m ae = −mR cos λ 2 ez 0
T
– Coriolis : aucune quand la masse est immobile dans le référentiel terrestre.
−
→ − → −→ − → −
→ mM −→ 4π2 −
→
0 = P + F i,e + T ⇔ T = G 3 OM + mR cos λ 2 ez 0
R T
−→
Ainsi, la direction du fil n’est pas colinéaire à OM , elle est légèrement déviée vers le Nord dans l’hémisphère
Nord, et vers le Sud dans l’hémisphère Sud.
Vecteur Le vecteur accélération de pesanteur tient compte de cet effet inertiel lié à la rotation de la Terre et est défini
accélération −
→ −→
−→ P + F i,e −→ G M −→ 4π2 −→
de pesanteur ici par g = . Ainsi, g = − 3 OM − R cos λ 2 ez 0
m R T
−→ G M −→ 4π2 −→
P étant voisin de M, on peut réécrire : g = − 3 OP − R cos λ 2 ez 0
R T
21/24
Mécanique en référentiel non galiléen
π
La correction par rapport à la seule action gravitationnelle est nulle aux pôles (λ = ), et est la plus importante
2
au niveau de l’équateur.
−→
4π2 −
−
→ OP −→ GM →
Si P est au niveau de l’équateur , ez 0 = , et g = − − R 2 ez 0
R R2 T
La correction par rapport à la seule action gravitationnelle est alors d’environ 0,3% :
4π2
R
∆g 2 4π2 R3
= T = = 0,3 %
g grav GM G MT2
R2
Dans le référentiel terrestre, on définira comme poids d’un système le vecteur force résultant de la
somme de l’attraction gravitationnelle de la Terre sur ce système et de la force d’inertie d’entraînement.
On ne distinguera donc désormais plus les deux.
Le caractère non galiléen du référentiel terrestre peut être mis en évidence par une expérience de chute libre.
On considère une balle de masse m lâchée depuis une hauteur z = H par rapport au sol, sans vitesse initiale
dans le référentiel terrestre (position initiale x = 0, y = 0). On garde les notations précédentes, mais on pose
2π
ω= pour faciliter les calculs.
T
Correction Dans le cas où on considère le référentiel comme galiléen, la balle est sensée tomber à la verticale du lieu où
par Coriolis elle a été lâchée, c’est-à-dire en x = 0, y = 0, z = 0. Le temps d’une chute libre, la correction liée à la force
d’inertie de Coriolis est négligeable : on cherche ici à la prendre en compte. On propose deux méthodes de
résolution, qui se basent sur le même principe : étudier les corrections apportées par Coriolis au mouvement
de la balle.
• Forces d’inertie
−
→ −→ −
→ −→ −→ −→ −
→
m a (M)RT = −mg ez − maC = −mg ez + 2mω ẋ cos λ ez − sin λ e y + [ ẏ sin λ − ż cos λ] e x
−→− →− →
Ce qui amène au système d’équation, une fois projeté sur ( e x , e y , ez ) :
ẍ = 2ω [ ẏ sin λ − ż cos λ]
ÿ = −2ωẋ sin λ (18)
z̈ = −g + 2ωẋ cos λ
Ce système couplé d’équations peut se résoudre analytiquement, mais les résultats bruts sont peu exploitables.
On propose deux méthodes (où les calculs sont volontairement abrégés) :
22/24
Mécanique en référentiel non galiléen
• l’une consistant à résoudre explicitement l’équation, puis à faire un développement limité des résultats
obtenus.
• l’autre consiste à utiliser la technique des perturbations : utiliser le résultat sans Coriolis, puis l’injecter
dans le système d’équations différentielles couplés avec Coriolis afin d’obtenir la correction à l’ordre
supérieur, et ainsi de suite...
Résolution Si on intègre les deux dernières équations du système 18 entre t = 0 et un instant quelconque, on obtient :
explicite
ẏ = −2ωx sin λ
ż = −g t + 2ωx cos λ
g cos λ 1
x = − sin(2ωt) + t
2ω 2ω
1
g
y = cos λ sin λ (1 − cos(2ωt)) − t 2
(20)
2 2ω2
g sin 2
λ g cos2 λ
z = H −
t2 + [1 − cos(2ωt)]
2 4ω2
L’idée est désormais de considérer l’échelle de temps de la chute libre. si l’on note t chute l’instant où la balle
touche le sol, alors les équations précédentes sont valables tant que t ∈ [0; t chute ].
On suppose que t chute T ≈ 24 h. Alors, on se propose de faire un développement limité des expressions
précédentes au voisinage de t = 0 (on notera o(t n ) pour o (t n ))
t→0
λ 3
gω cos λ 3
g cos 2ω 8ω
x = − t+ t + t + o(t ) =
3 3
t + o(t 3 )
2ω 2ω 6ω 3
4ω2 2 16ω4 ω2 g sin(2λ) 4
g
y = cos λ sin λ t − t 4
+ o(t 4
) − t 2
= − t + o(t 4 ) (21)
2 4ω2 2× 4! × ω 2 12
g sin2 λ 2 g cos2 λ 4ω2 2 g t2
z = H − t + + ) = + o(t 2 )
2
t o(t H −
2 4ω2 2 2
On retrouve bien à l’ordre 2 l’équation habituelle de la chute libre sans les perturbations.
v
t 2H
Dans ces conditions, on peut trouver le temps de chute t chute = , ce qui permet d’estimer les coordonnées
g
x chute , y chute du point d’impact, différente de zéro à cause du caractère non galiléen du référentiel terrestre :
v
gω cos λ 3 2ω cos λ t 2H 3 ω2 g sin(2λ) 4 ω2 H 2 sin(2λ)
u
x chute ≈ t chute = ; y chute ≈ − t chute = −
3 3 g 12 3g
Résolution On peut commencer par éliminer l’influence de la force d’inertie de Coriolis et travailler avec ce que nous
perturbative donnerait la chute libre, c’est-à-dire une solution non perturbée (x 0 (t), y0 (t), z0 (t))
Le système d’équation est alors le suivant et donne les lois horaires :
x =0
x¨0 = 0 0
y0 = 0
y¨0 = 0 =⇒ 2 (22)
z¨ = −g
0 z = H − g t
Conditions initiales
0
2
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Mécanique en référentiel non galiléen
On se propose d’injecter ce résultat approximé (x 0 (t), y0 (t), z0 (t)) dans l’équation initiale. On trouve la pre-
mière forme perturbée :
x¨1 = 2ω [ y˙0 sin λ − z˙0 cos λ] = 2ωg t cos λ
y¨1 = −2ω x˙0 sin λ = 0 (23)
z¨ = −g + 2ω x˙ cos λ = −g
1 0
ωg cos λ 3
x1 = t
3
y1 = 0 (24)
2
z = −g t
1
2
On retrouve la déviation selon x(t). En répétant l’opération une nouvelle fois, on obtiendrait celle selon y.
Interprétation On remarque que, ∀λ ∈ [−90◦; 90◦], x chute > 0. Cela signifie qu’une balle laissée en chute libre va toujours
des résultats être déviée vers l’est légèrement dans le référentiel terrestre.
Application numérique : pour une chute de H = 100 m et λ = 45◦ (à Paris), on trouve x chute = 15 mm : la
déviation peut être mesurée. Il faut cependant être dans des conditions d’une chute libre (peu de frottements
avec l’air), et avoir une grande distance de chute (ici 100m). Cette expérience fut menée en 1833,par FERDI-
NAND R EICH , professeur de physique à l’université de Frieberg (50◦ Nord), dans le royaume de Saxe. Dans un
puits de 158 m de profondeur, il observe une déviation de 28 mm, en accord avec la prédiction.
Une explication “avec les mains” peut se faire en raisonnant dans le référentiel géocentrique :
Initialement, dans le référentiel géocentrique, la balle lâchée possède une vitesse initiale en direction de l’est:
en effet, elle tourne à la vitesse angulaire de rotation de la Terre. Sa vitesse initiale est en norme, plus impor-
tante que celle d’un point au niveau du sol. Le projectile va donc tomber plus loin que le point du sol, d’où la
déviation vers l’est observée.
Une déviation est aussi observée selon l’axe Nord-Sud : elle est dirigée vers le Sud dans l’hémisphère Nord
(sin(2λ) > 0) et dirigée vers le Nord dans l’hémisphère Sud. Elle tend à dévier vers l’équateur le projectile.
La déviation pour une chute de H = 100 m et λ = 45◦ (à Paris) conduit à une déviation y chute = −0,15 µm.
Cette déviation sera souvent négligée et est difficilement perceptible.
Bilan En résumé :
Dans le référentiel terrestre, tout corps lâché sans vitesse initiale est dévié vers l’est.
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