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Revue de l’Institut de Développement Economique (RIDEC)

Fondements de la balance des paiements au Burundi

Dr. Ferdinand BARARUZUNZA∗

Résumé

Les politiques économiques axées sur la demande intérieure ne pourraient générer des
résultats tangibles si les instruments y relatifs ne sont pas accompagnés par d’autres mesures
soit de renforcement soit de stérilisation, à plus forte raison les politiques de la balance des
paiements centrées sur la balance des paiements.

Dès lors, partant des résultats d’estimation de l’équation du commerce extérieur, il est aisé
de visualiser les principales variables de commande pour une meilleure politique
commerciale. Il s’agirait de la production intérieure qui est en même temps la variable
fondamentale de l’absorption, et des termes de l’échange. Plus profondément, l’augmentation
et la diversification de la production constituent le support du commerce international, en
rendant possible l’appropriation des avantages comparatifs qui peuvent être générés par les
échanges internationaux.

Naturellement, la politique de relance de la production intérieure exportable exige au


préalable l’autosuffisance en biens et services dont les ménages ont besoin. De ce fait,
l’augmentation de la production serait avant tout axée sur les instruments de la production
vivrière en premier lieu, et de la production des excédents exportables en second lieu.

S’agissant de la faisabilité d’une telle proposition, il est possible de stimuler la production, à


court terme, par le biais des investissements directement productifs et capables de permettre
la lutte contre le chômage, de façon conjoncturelle, c’est-à-dire au travers des activités
génératrice de revenus et d’emplois courts sous forme de petits contrats à durée déterminée.

A moyen et long terme, la politique de la croissance économique poursuivrait avec des


réformes structurelles visant à transformer l’appareil productif national et à l’adapter aux
besoins contemporains en production et en consommation.
Cela passerait inévitablement par (1) de gros investissements directement productifs ou
indirectement nécessaires en tant que support de la production, au travers des entreprises


Dr Ferdinand BARARUZUNZA est Chercheur professionnel à l’Institut de Développement
Economique chargé du volet « Macroéconomie ». E-mail : fbararuzunza@idecburundi.org
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productrices de biens marchands et (2) l’amélioration des conditions de la production qu’on


résume souvent en termes de climat des affaires.

Les termes de l’échange constituent le deuxième instrument fort de la politique commerciale


extérieure. En tant que rapport entre le niveau des prix à l’exportation et le niveau des prix à
l’importation, ils sont la deuxième ligne des stratégies commerciales gagnantes. Leur
amélioration passerait par une série de négociations commerciales mais aussi de marketing
international dans le sens de mieux valoriser les produits domestiques exportables.

Mots clés : Balance commerciale, Exportation, Importation, Taux de change, termes de


l’échange

Classification JEL: F13, F14, F31, F32, F41,


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Introduction

La balance des paiements est articulée en trois grandes composantes à savoir (1) la balance
courante, (2) la balance des opérations financières et (3) la variation des réserves officielles de
change. La première composante comprend la balance commerciale qui, au sens large renvoie
aux exportations et aux importations de biens et services, et la balance des revenus courants.

Quant à la balance des opérations financières, elle est dominée par les mouvements de
capitaux de long terme généralement connus sous le vocable des investissements directs
étrangers, et les mouvements de court terme assimilés aux placements de portefeuille.

La variation des réserves officielles de change n’est rien d’autre que le solde de la balance des
paiements qui, une fois positif, signifie l’augmentation des créances sur le reste du monde, et
s’il est négatif, veut dire l’augmentation des engagements envers le reste du monde.

De ce fait, les fondements de la balance commerciale au Burundi constituent les axes


prioritaires de redynamisation des échanges avec le reste du monde. Ainsi, après avoir
présenté les facteurs qui influencent les exportations et les importations (Section I), ainsi que
les déterminants des mouvements de capitaux (Section II), nous passons aux tests
d’avantages comparatifs des divers instruments en faveur du commerce extérieur (Section
III).

Section I. Déterminants de la balance commerciale

De façon générale, l’on peut grouper les principaux déterminants de la balance commerciale
en trois catégories : le revenu domestique ou étranger, le taux de change réel et les termes de
l’échange.

I.1. Effet du revenu du reste du monde et du revenu domestique

Les exportations de biens et services dépendent positivement du revenu du reste du monde.


Lorsque le revenu étranger s’accroît, la demande pour les produits domestiques a tendance à
augmenter, toutes choses égales par ailleurs. Cela conduit ainsi à un accroissement des
exportations domestiques. Symétriquement, l’accroissement du revenu domestique implique
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une augmentation des importations (qui sont les exportations du reste du monde). Cette
relation est notamment confirmée dans le cas des « grandes économies », suite à leurs
interdépendances externes [Béraud (1999), Krugman et Obstfeld (2001)]. Dans l’hypothèse
de « petit pays », le revenu du reste du monde peut aussi influencer de manière significative
les importations, par le canal des aides ou des dons.

En termes de politiques commerciales, la seule variable que les autorités d’un pays
peuvent contrôler est le revenu domestique. Il est impossible ou difficilement envisageable
d’agir sur le revenu du reste du monde dans le sens de l’augmenter en vue d’inciter les
ménagers étrangers à consommer davantage de produits domestiques. Ce faisant, nous
retenons que le solde de la balance commerciale dépend négativement du revenu domestique
par le canal de l’augmentation des importations. Toutefois, il semble que dans les pays en
développement fortement dépendant de l’aide extérieure, les importations ne cessent
d’augmenter même en situation de stagnation économique. Au Burundi, les importations
augmentent régulièrement, depuis l’an 2000, alors que le PIB réel suit une progression en
dents de scie entre 2000 et 2007. Depuis l’an 2007, le taux de croissance tend à se stabiliser
autour de 3% (graphique 1).

Graphique1. Evolution du taux de croissance du PIB réel

6,0

5,0

4,0

3,0

2,0

1,0

0,0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008(e) 2009(p) 2010(p)
-1,0

-2,0

Cela montre bien que la demande en biens importés par les Burundais dépend de façon
hautement significative des ressources extérieures, à savoir principalement les aides et les
dons, mais aussi la dette extérieure. Ces ressources interviennent, non seulement dans la
fonction de consommation nationale (effet direct), mais aussi dans la détermination du taux
de change qui à son tour influence la balance commerciale (effet indirect).
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I.2. Effet du taux de change réel

Le taux de change réel mesure approximativement la compétitivité des produits domestiques.


Il se définit comme le rapport entre le niveau général des prix domestiques et le niveau
général des prix étrangers. Les deux niveaux de prix peuvent être exprimés en monnaie
étrangère ou en monnaie domestique.

Si nous posons que les prix domestiques et étrangers sont exprimés en monnaie étrangères,
ep
alors le taux de change réel est donné par la relation : q = avec e= taux de change
p*
nominal coté au certain (nombre d’unités de devises par unité monétaire domestique), p =
niveau général des prix domestiques et p* = niveau général des prix étrangers.

En revanche, si les prix domestiques et étrangers sont exprimés en monnaie nationale, alors
p
l’équation du taux de change réel devient : q= avec p= niveau des prix domestiques,
ep *
p* = niveau des prix étrangers et e= taux de change nominal coté à l’incertain (nombre
d’unités monétaires domestiques par unité de devise). Dans la suite de nos analyses, c’est la
cotation à l’incertain que nous privilégions.

Le taux de change réel est l’un des indicateurs de la compétitivité des produits nationaux. Il
compare le prix d’un même panier de biens et services dans la Nation et à l’étranger. C’est
donc une mesure du pouvoir d’achat relatif de la monnaie nationale par rapport à une monnaie
étrangère. Il est souvent préféré au taux de change nominal qui ne donne aucune indication
sur le pouvoir d’achat relatif de la monnaie domestique.

Lorsque la monnaie nationale s’apprécie (diminution de e), les produits domestiques


deviennent plus chers pour les acheteurs étrangers. Il en résulte une perte de compétitivité qui
handicape les exportations domestiques [Venet, Raffinot (2003)], tout en favorisant l’entrée
de produits importés. L’effet net est donné par le théorème des élasticités critiques connu
encore sous le nom de Condition Marshall-Lerner [Bahmani-Oskooee, Mohsen, Niroomand,
Farhang (1998)].
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Pour le cas du Burundi, le taux de change de la monnaie nationale est en train de se stabiliser
autour de 1200 FBU par US$ (graphique 2), grâce notamment à la libéralisation financière en
général, et du marché de devises en particulier, ce qui permet d’éliminer substantiellement
certains comportements spéculatifs.

Graphique 2. Evolution du taux de change nominal

1400

1200

1000

800

600

400

200

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008(e) 2009(p) 2010(p)

En ce qui concerne la deuxième variable instrumentale qu’est le niveau des prix, le taux
d’inflation a varié en dents de scie au cours de la période 2000-2009. Les projections sur 2010
et 2011 laissent comprendre que le phénomène inflationniste pourrait diminuer jusqu’à
atteindre la cible de la Communauté de l’Afrique de l’Est qui est de 5% (graphique 3).

Graphique 3. Evolution du taux d’inflation

30

25

20

15

10

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008(e) 2009(p) 2010(p)
-5
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Un tel taux d’inflation serait atteint sous un certain nombre d’hypothèses comme la maîtrise
de la masse salariale, l’accroissement de la production, à plus forte raison la production
vivrière, l’entrée de capitaux étrangers qui complétée par l’augmentation des aides au
développement réduirait le taux de change, etc...

Pour l’instant, les politiques de taux de change et de lutte contre l’inflation n’ont pas encore
permis d’améliorer la balance commerciale dont le solde reste hautement négatif, soit près de
20% du produit intérieur brut. Autrement dit, les fondamentaux qui aideraient à stabiliser le
niveau des prix à la cible souhaitable ne sont pas encore réalisés. L’ouverture au sens de
Balassa (1965) se fait en faveur du reste du monde, car le Burundi semble occuper, dans le
commerce international, plus le statut de marché d’écoulement. Et si la valeur des
exportations est de loin inférieure à celle des importations, c’est aussi à cause des termes de
l’échange international.

I.3. Impacts des termes de l’échange et des fluctuations de l’économie mondiale

Le solde de la balance commerciale est également déterminé par les termes de l’échange qui
se résume ici par le rapport entre les prix à l’exportation (au numérateur) et les prix à
l’importation (au dénominateur). En effet,

D’une part, les pays en développement y compris le Burundi exportent des matières
premières à fable valeur ajoutée et partant pour des prix relativement bas par rapport aux prix
des biens manufacturés et à plus grande valeur ajoutée, importés des pays industrialisés. De
même, chaque fois que les caractéristiques de l’économie mondiale se dégradent, c’est
toujours les prix des matières premières qui commencent par chuter. Ce fut le cas des prix des
matières premières d’origine agricole comme le thé et le café lors de la crise financière qui
s’est déclenchée en 2007.

D’autre part, les conditions de l’échange sont initialement inégales, du fait de l’inégale
évaluation des exportations et des importations. Dans cette ligne d’idées, rappelons que les
exportations des pays en développement vers les pays développés sont évaluées FOB (sans
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frais d’assurance et de transport), alors que les biens importés sont évalués CAF (coût,
assurance et transport).

Plus particulièrement, les pays enclavés souffre remarquablement de sa situation


d’enclavement qui entraîne des coûts énormes de transport jusque aux (ou à partir des)
divers ports d’embarquement. De ce fait, les prix à l’exportation sont doublement sous
évalués alors que ceux à l’importation sont surévalués relativement par rapport aux premiers.
On devrait donc s’attendre à ce que les termes de l’échange soient inférieurs à l’unité ou
à 100%.

Cependant, pour le Burundi, un résultat paradoxal se dégage selon lequel les prix à
l’exportation sont toujours supérieurs aux prix des biens importés, en témoigne le graphique
4 ci-après.

Graphique 4. Evolution des termes de l’échange au Burundi


Termes de l'échange (en %

250

200

150
age)

100

50

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
années

Termes de l'échange

Ce graphique montre que le rapport entre les prix à l’exportation et ceux à l’importation est
supérieur à 100 %, en tendant vers 200 % en l’an 2010. Cela qui veut dire qu’en moyenne, les
prix à l’exportation sont les plus élevés en dépit des attentes susmentionnées. Deux
explications de ce phénomène sont possibles.
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Premièrement, la gamme des produits importés est très large, si bien que la plupart d’articles
sont de première nécessité et sont de plus en plus bon marché, surtout avec l’entrée du
Burundi dans l’Union Douanière et le Marché Commun de l’Afrique de l’Est. Ainsi, au fur et
à mesure que les importations sont gonflées par des articles moins coûteux, le prix moyen à
l’importation diminue.

Deuxièmement, si l’on analyse la structure des importation par types de produits, nous
constatons qu’elles sont dominées par les biens de production et les biens d’équipement qui
sont exonérés ou faiblement taxés, ce qui contribue une fois de plus à amortir le prix moyen à
l’importation, jusqu’à avoir des termes de l’échange proches de 200 %.

Section II. La balance des opérations financières

La balance des opérations financières peut se réduire à deux types de flux à savoir les
mouvements des capitaux de court terme et ceux à moyen et long terme. Nous posons dans la
suite de nos analyses que les mouvements des capitaux de court terme signifient les
placements en portefeuille et ceux de moyen et long terme sont les investissements directs
étrangers.

II.1. Détermination des flux de capitaux de court terme

Les flux de capitaux de court terme relèvent d’une pure logique spéculative [Jégourel (2002)].
Ils dépendent essentiellement de trois variables que sont (1) le taux de change nominal, (2) le
différentiel entre les taux d’intérêt domestique et étranger, ainsi que (3) la prime de risque
associé aux placements en question.

En effet, lorsque la parité des taux d’intérêt n’est pas couverte, les mouvement internationaux
de capitaux sont exclusivement déterminés par les la comparaison des rendement attendus des
placements domestiques et des placements étrangers. De ce fait, en situation de hausse de la
rémunération des titres étrangers, les capitaux domestiques ont tendance à sortir du pays et,
inversement, lorsque dans un pays les titres domestiques sont mieux rémunérés, les capitaux
ont tendance à entrer dans ce pays.
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Ainsi, pour une variation anticipée donnée du taux de change nominal, les flux de
capitaux privés de court terme seraient déterminés par la différence entre le taux d’intérêt des
titres domestiques et les taux d’intérêt des titres étrangers.

Cependant, le principe de la parité des taux d’intérêt s’appuie sur l’hypothèse de la neutralité
des opérateurs vis-à-vis du risque. Si l’investisseur éprouve de l’aversion au risque, il va
privilégier la diversification de son portefeuille d’actifs au travers des placements réalisés à la
fois dans son propre pays et à l’étranger. Dans son propre pays pour minimiser le risque, en
dépit de la faiblesse de la rémunération des titres domestiques, et à l’extérieur du pays pour
maximiser le rendement d’une partie de ses actifs.

Un tel comportement anti-risque peut expliquer pourquoi un écart de rémunération peut


subsister entre les actifs domestiques et les actifs étrangers. Il nul besoin d’invoquer
l’imperfection de la mobilité internationale des capitaux qui admet l’existence éventuelle des
obstacles réglementaires, tarifaires ou non tarifaires qui pourraient entraver la libre circulation
des capitaux en question.

De même, l’écart entre les deux rendements peut s’expliquer par la présence d’une prime de
risque, qui reflèterait le caractère plus risqué des placements dans un pays par rapport à un
autre.

Le Burundi est l’un des pays en sortie de guerre civile où le risque est relativement plus élevé.
Néanmoins, depuis l’an 2003, plus précisément avec l’avancement des négociations entre le
Gouvernement et le parti CNDD-FDD qui représentait la plus grande armée rebelle, le risque
a commencé à baisser et les indicateurs financiers ont commencé à s’améliorer.
En conséquence, la liquidité des banques commerciale a commencé à se relever, et le taux de
rémunération des dépôts a commencé à baisser régulièrement, pour se situer en dessous de 10
% en 2009 (graphique 5).

Graphique 5. Evolution des taux d’intérêt annuels moyens des banques commerciales
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16
14
12
10
Taux

8
6
4
2
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Années

Taux moyens créditeurs des banques commerciales

II.2. Les mouvements de capitaux privés de moyen et long terme

Contrairement aux capitaux de court terme qui sont généralement volatils et gouvernés par la
spéculation, les mouvements de capitaux privés de moyen et long terme sont difficilement
réversibles, relèvent d’une logique d’investissement et sont commandés par les
comportements stratégiques des firmes. C’est dans cette optique que se réalisent les
investissements directs étrangers (IDE) pour quatre raisons majeures :

a. Il peut être difficile pour une entreprise d’exporter ses produits en raison notamment des
coûts de transport trop élevés des barrières à l’entrée, tarifaires (taxe sur les importations) ou
non tarifaires (quotas d’importation). De même, il se peut que les consommateurs aient une
forte préférence pour les produits nationaux. Dans ces deux cas de figures, la stratégie de
l’investissement direct étranger consiste pour une entreprise de s’implanter directement sur le
marché étranger recherche. Toutefois, cette stratégie de remplacement des exportations par les
IDE n’est pas toujours gagnante, surtout quand l’entreprise dispose de fortes économies
d’échelle dans le pays d’origine.

b. Une entreprise peut aussi souhaiter internaliser certaines étapes de son activité. Si par
exemple sa production dépend de façon cruciale de son approvisionnement en matières
premières, il peut être intéressant de prendre le contrôle du fournisseur en s’implantant dans le
pays ciblé pour les matières premières en question. L’on parle alors d’intégration verticale.
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c. Une firme peut également souhaiter diversifier son activité et, dans cette perspective,
acquérir des entreprises étrangères qui lui paraissent particulièrement utiles et profitables. Il
s’agit alors de la volonté d’intégration horizontale.

d. Enfin, une entreprise peut chercher à profiter d’un coût de production plus avantageux,
notamment en externalisant certains coûts par le biais de la sous-traitance internationale ou de
la délocalisation de certaines activités vers les pays où les conditions de la production sont les
moins chères.

II.3. Equilibre comptable, équilibre économique de la balance des paiements et


interprétation des réserves officielles de change

Les réserves de change désignent les moyens de paiements internationaux et constituent une
fraction de l’actif de la banque centrale. Leur variation dépend en définitive de la santé de la
balance commerciale et de la balance des capitaux. Plus les soldes de ces deux comptes sont
positifs, plus les réserves officielles de change augmentent. Si nous posons que BC est le
solde de la balance commerciale, BK le solde de la balance des capitaux, et ∆R le niveau des
réserves de change, l’équilibre comptable est réalisé lorsque : BC + BK = ∆R, ce qui veut
dire que le solde de la balance globale est égale aux variations des réserves officielles de
change. Mais au sens économique, la balance des paiements est en équilibre lorsque la
variation des réserves officielles de change est nulle : BC + BK = 0.

Une fois définie cette notion d’équilibre de la balance des paiements, la question qui se pose
est de savoir si ce sont les transactions courantes qui déterminent le plus la balance des
paiements (lecture par le haut de la balance) au sens de Hume (1752) et de Knight et
Scacciavillani (1998) ou si c’est plutôt les flux de capitaux qui expliquent le plus le solde
extérieur d’un pays (lecture par le bas de la balance) compte tenu des modèles de Polak
(1957 & 1997), de Parent (1996), et du FMI (1999).

Si l’on analyse les composantes de la balance des paiements, le graphique 6 suivant donne de
plus amples informations sur la lecture de la balance des paiements qu’il faudrait faire pour le
cas du Burundi.
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Graphique 6. Composantes de la Balance des paiements en millions de FBU

200000

100000
so ld es d es co m p tes

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
-100000

-200000

-300000

-400000

-500000
Années

Solde des transactions courantes Solde des opétations financières Solde global

Ce graphique semble suggérer un certain nombre de leçons. D’une part, le solde des
opérations courantes est toujours négatif et s’est gravement amplifié en 2009 pour se relever
en 2010 et se fixer entre moins 150 et 200 milliards de BIF. D’autre part, le solde des
opérations en capital est toujours positif. Il est supérieur à 100 milliards de BIF entre 2007 et
2009, et depuis, il reste fixé à près de 90 milliards de BIF.

Avec ces deux tendances, il devient difficile d’adopter une seule lecture de la balance des
paiements burundais, car le solde global semble dépendre des deux composantes. Il est alors
préférable de faire recours en même temps aux instruments de la balance commerciale dans le
sens de promouvoir les exportations et de maîtriser les importations et aux instruments
monétaires en vue de l’attraction des investissements directs étrangers et des capitaux en
portefeuille.

Section III. Test de force comparative des instruments de la politique de la balance des
paiements au Burundi

III.1. spécification du modèle


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Dans les sections précédentes, nous venons de mettre en exergue les principaux déterminants
de la balance des paiements. Néanmoins tous les déterminants susmentionnés ne sont pas
susceptibles d’être modifiés en vue de corriger les déséquilibres extérieurs. De ce fait, dans
cette section nous retenons les déterminants mesurables et qui sont sous le contrôle des
décideurs, et que nous qualifions d’instruments de la politique de la balance des paiements. Il
s’agit (1) des exportations des importations regroupées dans le solde commercial noté SOCO,
(2) du produit intérieur non exporté (PIBNE) pour éviter le double comptage des transactions
commerciales, (3) du taux de change nominal (TCN), (4) des termes de l’échange (TE), (5)
du taux d’intérêt créditeur (TIC), et (6) des réserves officielles de change (ROC). La forme
fonctionnelle du modèle à estimer est alors :

Nous empruntons la méthodologie de Hendry et Davidson, où la variable dépendante en


différence ∆ SCO, dépend non seulement des variables explicatives en différence à savoir ∆
PIBNE, ∆ TCN, ∆ TE, ∆ TIC, ∆ ROC, mais aussi des écarts entre la variable dépendante
retardée et chaque variable explicative retardée.

Le test de stationnarité des variables suggère que toutes les variables sont stationnaire

En supposant que le nombre de retards est égal à l’unité, il s’agirait de:

1. [SCO (-1) – PIBNE (-1)]


2. [SCO (-1) – TCN (-1)]
3. [SCO(-1) – TE(-1)]
4. [SCO(-1) – TIC(-1)]
5. [SCO(-1) – ROC(-1)]

L’équation à estimer, avec des variables en logarithmes, est alors de la forme linéaire
suivante:

log SCO = a0 + a1 log PIBNE + a2 log TCN + a3 log TE + a4 log TIC + a5 log ROC
(equation 2)
- a6 [log SCO (-1) – log PIBNE (-1)] - a7 [log SCO (-1) – log TCN (-1)] - a8 [log SCO(-1) –
log TE(-1)] - a9 [log SCO(-1) – TIC(-1)] - a10[log SCO(-1) – log ROC(-1)]
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Signification des termes de rappel :

[SCO (-1) – PIBNE (-1)] : si le solde commercial a varié moins vite que le produit intérieur
non exportable à la période précédente, le terme de rappel accélère le solde commercial de la
période présente et inversement

[SCO (-1) – TCN (-1)]: si le solde commercial a varié moins vite que le taux de change
nominal à la période précédente, le terme de rappel accélère le solde commercial de la période
présente et inversement

[SCO(-1) – TE(-1)] : si le solde commercial a varié moins vite que les termes de l’échange à
la période précédente, le terme de rappel accélère le solde commercial de la période présente
et inversement

[SCO(-1) – TIC(-1)] : si le solde commercial a varié moins vite que le taux d’intérêt créditeur
à la période précédente, le terme de rappel accélère le solde commercial de la période présente
et inversement

[SCO (-1) – ROC(-1)] : si le solde commercial a varié moins vite que les réserves officielles
de change à la période précédente, le terme de rappel accélère le solde commercial de la
période présente et inversement

Les coefficients a6, a7, a8, a9 et a10 désignent les vitesses de rappel à l’équilibre.

III.2. Résultats de l’estimation et leurs implications

Variable dépendante: LOG (SCO)

Variables explicatives Coefficient Ecart-type t-Statistic Prob.

C 7.586196 15.65541 0.484573 0.6485


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LOG(PIBNE) = a1 -2.117595 1.980678 -1.069126 0.0439


LOG(TCN) = a2 4.478870 2.199989 2.035861 0.0974
LOG(TE) = a3 1.124589 5.897859 0.190677 0.1235
TIC = a4 -0.219690 0.170469 -1.288734 0.2539
LOG(ROC) = a5 0.234359 0.323858 0.723649 0.5017

LOG(SCO(-1))-LOG(PIBNE(-1))= a6 -0.263021 1.773958 -0.148268 0.0542


LOG(SCO(-1))-LOG(TCN(-1)) = a7 0.323246 1.881260 0.171824 0.8703
LOG(SCO(-1))-LOG(TE(-1)) = a8 -0.542253 12.452141 -0.043546 0.0834
LOG(SCO(-1))-TIC(-1) = a9 0.067897 0.191356 0.354818 0.7372
LOG(SCO(-1))-LOG(ROC(-1)) = a10 -0.229146 0.360538 -0.635566 0.5530
Cœfficient de détermination 0.948826
Statistique de Durbin-Watson 2.829865 Prob(F-statistic) 0.007652

Le coefficient associé au taux de croissance du produit intérieur est négatif, ce qui veut dire
que la croissance intérieure influence positivement la balance commercial au travers surtout
de la maîtrise des importations et dans une certaine mesure la croissance des exportations.

Il en est de même pour les termes de l’échange dont le coefficient est aussi négatif, puisque
l’amélioration des termes commerciaux provoque la baisse du déficit commercial. Toutefois,
cette influence est statistiquement négligeable, si l’on s’en tient à la probabilité d’erreur qui
est située à plus de 5%.

Les termes de rappels relatifs aux deux variables explicatives susmentionnées ont aussi des
coefficients négatifs. De ce fait, un écart entre le taux de croissance du déficit commercial de
l’année précédente d’une part, et d’autre part, les taux de croissance du PIB et des termes de
l’échange constatés à la période précédente, accélère la diminution du déficit en question.
Pour les autres variables, les coefficients sont positifs, ce qui implique que les changements
opérés au niveau du taux de change, du taux d’intérêt créditeur et des réserves officielles de
change viennent augmenter le déficit commercial, même si lesdits impacts sont
statistiquement moins significatifs.

III.3. Conclusion et grandes lignes de politiques commerciales au Burundi

Partant de ces résultats, il est alors aisé de visualiser les principales variables de commande
pour une meilleure politique commerciale. Il s’agirait de la production intérieure et des termes
de l’échange. Plus profondément, l’augmentation et la diversification de la production
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Revue de l’Institut de Développement Economique (RIDEC)

constituent le support du commerce international, en rendant possible l’appropriation des


avantages comparatifs qui peuvent être générés par les échanges internationaux.

Les termes de l’échange, en tant que rapport entre le niveau des prix à l’exportation et le
niveau des prix à l’importation, sont la deuxième ligne des stratégies commerciales gagnantes.
Leur amélioration passerait par une série de négociations commerciales mais aussi de
marketing international dans le sens de mieux valoriser les produits domestiques exportables.

Par ailleurs, l’intégration du Burundi dans la Communauté de l’Afrique de l’Est peut


s’inscrire dans les objectifs de réduction des coûts de transaction qui peuvent améliorer les
prix à l’exportation par rapport aux prix à l’importation. De même, une telle intégration
régionale pourrait contribuer au renforcement du climat des affaires, ce qui, en conséquence,
aiderait à attirer davantage les investissements étrangers générateurs de biens à plus grande
valeur ajoutée industrielle.
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Revue de l’Institut de Développement Economique (RIDEC)

Références bibliographiques

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