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FORMES TECHNIQUES L'EMPREINTE COMME GESTE Faire une empreinte : produire une marque par la pression un corps sur une surlace. On emploie le verbe empreindre pour dire que l'on obtient une forme par pression sur ou dans quelque chose. On dit aussi « empreindre de quelque chose » (par exemple « un visage empreint de gravté »). Une conn: tation fréquente de lempreinte ~ par diférence avec la trace, eutéte, mais il faudeay revenir plus en detail ~ est que son résultat perdure, que son geste donne lieu A une «marque durable». Quoi qu'il en soit, 'empreinte suppose un support ou substrat, un geste qui Fatteint (en général un geste de pres sion, au moins un contact), et un résultat mécanique qui est lune argue, en cteux ou en relic. I sagit done d'un dispostif technique complet Rudimentaize dira-t-on. Lorsqu’on veut parler historique ‘ment des rapports entre art et technique, on essaie plutot de Souliener ce qui, dans Part d'une époque, « épond » ~ en général homologiquement~ aux inventions techniques de cette Pogue : aussi patlera-on & coup stir, s'apissant du toureant fnttele xs et le xx" siete, du développement du machinisme Su bien de Vinvention dela photographie®, Que la sculpture troderne utilise 'électrcié, les robots ou holographic, cela Si gomprend aisément’. Mais lempreinte ? Trop rudimen Fg, {oP immémoriale, trop anachronigue, Elle n'est pas une invention =F son» ise per dans la nit ds temp, siyaneme pas a etre cherchée comme telle =, mais & tout rks une fecbugu, extémenent primitive one fed ant datstes de Vige electrique ou électronique se ‘one contencés de recueliepa rottage la texture duh lan FAR. 1992.1, 6 2 Ch P Emel iS be desclonpce SG sonpencn ng 28 LLIEMPREINTE COMME PARADIGNE cher, de jouer comme des gosses 4 In décalomanie, de onsccncicasement lasser empreinte de let corps dane tere le plate ou Te cent, applique leurs dogs tachés a sens asuel de ees mts sompboligue e corporelle doot parla Marea! Mauss empreine pou re simple facie 3obteni, elle pet Evoguant de son ete ls probes dorgine, de difusn{ un eu dete cl fst pes ridimenate pour sane, Ca ou de convergence de cersins«miliox techniques», Andelf tena pleinementet Ramen Oc Fenene de lage Leroi Gourhan lt ass demontr a compenite~et quer ped dam iia recprogue de seine, de geo es aus es paradoxes ~ de ce rapport entre la ecbnique sf marque snou vecrons qu parr de ces lesen douny de temp Pir gue de pare de technique «primtive prof eurenchunement aces Tempine denen so eles pot de Femprime ee son usage da Fart modern, dal fondamenslementopcravare mican, avec Leroi Goushan, pater de swoitence (connas ff Memes Ton we conver qlee fabvigue ren (aa Siti Tasage warburgien du pot?) ou de setae lech f senson on deasoc le mack epee one ene fue Liempreine ex une rchnigue de longue dure: aim ne «abigue» pas pout stant pcan) Fempeeme reece, Firite d'aujoortnas continue spontanémens, comme aute ff dint produ bin quelque chan (eas mien ele ci ne fos, de pede Ie extemal son corps te aim dat forme du pen etl nce Pee picck-cntantquiobjesuentantqucvccices emprente ff st comme posreetas etsst as fen pour cata Pourquoi cele? Pourquoi une elle persistance «anthropome fl Peut constater quil est rarement soutenu par une axiomatic trique » ? Ten est probablement de 'empreinte comme de jute tie de principes valant comme wértés capables. de grands « sércotypes techniques » dont parle Leroi-Gourbaogl fonder la pratigue sur une connaissance kegece, de fle couteau, le marteau, la corde, le pitge, l'inhumation, laf Vempreinte est doué d'une extraordinaire fécondité hewris. Girconeison ~ bre, tous ces obs ou posits techniques “te Les arses isnt souvent qk ont eco ce sete qui ont pratiquement jamais eu a se perfectionner par unl @mpreinte lorsque leur manque Fidée, 'axiome de depart. changement structuel). Sa pleine efficacité existe dese depa tre une empreinte, C'est alors émettre une byporhose tecbnt On, pour mieux le ize : Son ouverture 4 la complete 246, Pour voir ce que cela donne, rout simplement, Le réultat contenue, déja en ceuvre, dans son disposi’ de départ. C@f ft are ni en surprises, ni en attentes dépasées, ni en gu’Emst Cassrer a pu nommer une fondamentale «forme df Horizons qui souvrent dun coup. fags, Now la rommerons klan gee rigGSts valeur beurstique de Vempreinte~ cette valeur d'expé settation ouverte~mesemble fondamentae, comme me smn . di fondamentale la différence qui Toppose 3 une pensée de ape axiomatique Ce est pas un hasardsile mot « emprcinte» Lemprent, un geste rudimentaire? Cenainement pat Ml appari mas de ae tua le mot«empreinte» Ton entend par « rudimentaire» ce que lalangue laine teal a dans Vadjecif rudis : brut, grossier, inculte, mon travail TOUS ne aie comes ron TMM 96.372 piceetpahie oa uma SRE, TS 2 eet me dent ee Gg Se EE Ne lee Pee meena ire 32 [VEMPREINTE COMME PARADIGME, dictionnaires de philosophie ". Et pourtant, Phistoire de la phi losophie est pleine d'expérimentations théoriques oi le pars. dligme de lempreinte a pu jouer un re capital. Mais, généra- Jement parlant—ct en attendant le tournant que représente sans ddoute le Wunderblockfreudien '-, Tempreinte demeurait une simple métaphore intrumentale, waccédant jamais au statut de concept fondateur. Souvenons-nous comment, chez Platon, la fechné (celle des sophistes, par exemple) s oppose en tous points iL épistém® (celle de Socrate, par exemple) ". Lorsque Bache- lard oppose '« ordre prouvé » de la speculation scientifique a 1'« ordre trouve » des expétiences non axiomatisées, il perpétue rigoureusement la traditionnelle hiérarchie platonicienne dela connaissance et de la technique ® (On ne peut tien comprendre i une technique done & un art = sion ne cherche pas a dégager quelque chose de sa dimension anthropologique. L'empreinte, a ce ttre, procéde Figoureusement, tant par ses procedures que par ses applica tions, de cette «science du coneret » dont Lévi-Strauss patle dans le premier chapitre de La Pensée sauvage”. Pourquoi cela ? Parce que faite une empreinte, c'est toujours produire tun tissu de relations matéreles qui donnent liew a tn objet coneret (par exemple une image estampée), mais qui engagent aussi rout un ensemble de relations absraites, mythes, fantas- ‘mes, connaissances, te. C'est en quoi lempreinte est la fos ‘Processus et paradigyye elle éunie en elle es deux. sens du mot experience, le sens physique d'un protocole expérimental et le sens gnoséologique d'une apprchension du monde (que cette apprehension soit aussi une mythologie n’enleve rien, comme ledit Lévi-Strauss, a son efficacité, a sa egitimitg, a son emprise sur la réalite*), 15_En Tnngue frangase, le mot «empreinte» sapparsit i dans A. Lalande, 936, pain, dans 8" Neoun, 1990, Poe Lentce ‘cmprcne» appa pus une ae fy em 1970 e199 tae es Sapposts exacts Bult spall NIRS aston pale “sence 4 metre n rapport, pobablement, ele cares imparse de in technique, dont pale B Seger, 1994 p11 16. 8 Fea 1985, p19 18 1. CE Schaerer. 1930, passin LP. Vernan, 1957,» 4464 18. G. Bachelr, 1938, pb 1d 57, p99 er crud aH Gil, BIB. pide, 19, © Les Sirus, 1962, p. 347. 20: Hids p.. [FORMES TECHNIQUES. 3 Si fae une empreine next en général ren autre que stricler» une relation entre un corps et un substrate fiat rendre au riolage la hate valeur athropologique et spostologigue ul occupeprecsément dans le texte de LE Strauss. Toutes les earactéitiques que eeu econnal au Ive rene dane eat de Fempre ep Cipe non erientéd «ga peut toujours servir® Fouvertute a stromemen nln ah cng uence de from r; mais nus lo poeseié de esl bilan ex Improwe le catacre « hétrocte» des matérau et des operons; rai an fe se gun seul geste soit «ape 8 txdeuter un grand nombre de thes diversies Ex qu'on te ay rompe toujours pes: exte heurique nest ex Hea “primitive » ou « rudientate», Lev-Straus instant — A propor, notamment, des perc les plus archalgues ~ pout femme ce «sence di eonte!» une «competence technique tre pousée* | Ls demprene—gusgu owen i gu mata de fare oie aa action dex poetics ~ 1a ps inti ign le ale oreo ate dine prodcon objet: ilest avant tout Tesponence dune relation le rapport ‘emergence dine forme hun sobstrat «emprint Sa tande owertie heurstque eompone en fait le coroiie ‘Tne ompureté procedural lige la eoncomitane, dans toute mpreloe, da sand ede ls techniques Tube et tecbne Thistire de Tart ancien est pine des drunes et des resis "ugigues qu engendreent leurs renconttes De ces recon tee, Tempreince se fait un principe, @ abou au no pen Cipe suivant: on ne sat jamas examen ce que ola vs donner. a orme, dana le procersus tempreine, fest jamais go Teusemene présisble s lle ext toujours problematiue, intend, iatabl,onvere “AW TRE,p. 26.27 Soe Sapte Sev Ray aN opt ee 34 [VEMPREINTE COMME PARADIGME Tels sont, dira-t-on volonters, les pouvoirs, mais ausi les limites, de lempreinte, Dans un sens empreinte est opératorre, ddans un autte elle reste indéterminge. Elle ne forme sans doute jamais elle seule ce qu'on pourrait nommer une « procédure complite», autosuffsante, autorégularice. La fonction da hhasard mais aussi, et non sans rapport, la fonction du sujet* tendent a Vindéterminer (mais auss ala surdéterminer). Est-ce dire quelle risque d'y perdre sa coherence de disposiiftech- nique ? Pas du tout. GilbereSimondon a bien montré comment le veritable perfectionnement d'un objet technique n'était pas du tout fonction de son degré d'automation ~ sorte de perfec: tion inteme de la machine -, mais, au contrite, de st marge dindétermination : de sa capacié 3 demeurer « ouvert” » Dans le cas de Tempeeinte, cette marge d'indétermination est partout elle est dans le substat, dont les moindres modifica tions de texture peuvent transformer completement le résultats | elle est dans le geste de pression, son degré de force, on angle incidence, et. ; elle est dans incapacité ose trouve 'artiste, Aun moment, de maitrser le processus. La prise de forme, comme l'exptime Simondon, échappe 4 Topérateur parce ‘qu'elle est un phénoméne invisible, interne au « systeme » tech nique en quoi consiste, dans Vexemple qu'il donne, le contact du moule et de la maticre coup top exteieur la prise de forme, qui seule et technique en elleméme. Il faudrait pouvoir enter dans le movle avec Tangle, se fare ala fois moule et atl, vite et restentir leur operation commune pour pouvoir penser la prise de forme en tllesméme. Car le tavaleue éabore deux demi-chaines tech niques qui preparent Fopération technique: il prepare argc, li rend plastique et sans promeat, sins bulles, et prepare corsatement le mule: mats ore eee ‘moule de bos, et rend la matiee ployable,informable puis, ime ae ne moult pre mal Cet se constitué par le moule et Iargle presse gui est le condition de la prise de forme; cest angle gui prend forme selon le ‘moule, non Touvrier qui lui donne ferme. UThomme qui tn vaille prépare la médiation, mais il ne Paccomplit pas est ls miédiation quis accompli delle méme apres que les conditions BEET haan, 1968, 9 33.02 25. G.Simandan, 968, p 1011 & 134.147 FORMES TECHNIQUES, 3 ont esas bien qu "homme sits rs de ete ‘operation, ine la connait pa son corps la pouste a accom pli lui permet de s accompli, mais a représentation de Tope ation technique n'apparat pas dans le tava, C'est Pessenie {Gui mangue, fe centre acif de Topération technique qui reste slg" Aline cette belle description phénoménologique du mou lag, Ton est tenté de cre que Pempreinte en general possede une capacité paticuligre 2 imposer la fonetion dune sore Srnconscont technique”: « ga traaille » dans le movle pre paré par Fatste et dans le contact de ce moule avec Vari, tals ce travail, cate production, cette formation, demeurent incense conscience ~ et me la representation ~ de cell qui croit pourant maitrser tout le processus. Ce que Simondon met en rei, ic ce «centre actif de Fopératon technique qui reste voile», comme il dit -, pourrait parager avec la notion dinconscient une autre caactéristique, qu est ie-« montage» particulier d'clément catastrophiques et dle ments stracturaux, deuce et dlautomaton™ Ce «mon: tage », Simondon ie nomme « systeme » ou « schéme opéra- toire™ ». Les anthropologues et les préhistoriens, 3 a suite Andeé Lerei-Gourhan, le nomment quant i eux chafne ope La notion de chaine opératoire ne vise pas seulement rendre compte de activité technique sous langle d'une syner- aie complexe qui met en relation un grand nombre de facteurs les qualités physiques er chimiques des matériaux, les condi tions de leur extraction et de leur manipulation, la fabrication des outils ad bac, la division du cravail et la notion d’« atelier», TBE, p. 24s 27. CelsdpatefenceTincongcient optique » dont paths Waler caja ce un ate dps tsb = a camera qu selon ‘fas Li inte (J. comme a psehanalfse &ineonscientpulsonnel» (Benji, 1936, p. 163), Une grande question theorige eons, 8 sivae dane quel sen i faut interpreter ce «comme. Rabatemest Dosible ow are principe? Deux epiions Yor ivergentesexprimées a, RE. Krauss, 1993, pusim, et par P- Lacoste, 199, psn 25. Gh. [Lact 1964, 9. 35-62 25. G.Simendo, 1963, pas. 36 [UEMPREINTE COMME PARADIGNE, les accidents spécifiques i telle réalisat procédés et leurs transformations, et Extrémement pré ieuse par sa rigueur méthodologique, sa précsion et sa capa cité i nous surprendre ~ notamment lorsque nous découvrons, rice & une «science des matériaux» qui se développe aujourd hui, que le pigment préhiscorique présente dg les caractéristiques completes, et complexes, que nous cravions lui connaitre depuis Van Eyck : pigment, charge neutreassurant la cohesion, done le pouvoir couvrant, et méme fut, cette hnuile découverte en plusieurs sites par les prchistoriens a tion de che apace se su an pont thoi ee cial: d'une par, elle nous fait aceéder ala complexite technique «objets souvent considérés comme rudimentaires parce qu'il. sont extrémement anciens ; autre part, elle nous lait accéder une sorte d'archéologe, non seulement de la technique, mais de Vhoministion elle-méme, Lorsque Leroi-Gourhan, au début de son volume sur La Mémoire et les Rythmes, introduit la notion de chaine opéra | | toire, c'est dans le contexte strictement anthropologigue dune enguéte sur le processus <’hominisation par le biais de la némote techie. La caine oper sige ie time dynamique d'une synerpie entre matize, oui, geste, mémoire ct Langage ~ pas moins. Car cest rout cela qu'il faut ensemble pour gu’existe comme telle une espace qui soit « humaine " » Pas dhhumanité sans technique, pas de technique sans mé- moire, pas de mémoire sans langage, pas d’outil sans geste, pas dle geste sans un rapport du corps & la matigre. L’empreinte ‘nommant, on s'en doute, Pune possible de ces « chaines opé SiT'empreinte n'est dane pas « rudimentaire » au sens oi je Vai dit plus haut, ele n’en est pas moins originaire aux yeux du paléontologue ou de Panthropologue. Ne considétait-on pas Taustralopithéque comme infrachumain ? La découverte | de ses outils et celle de ses empreintes Vauront tout & coup 30. GE J.P. Mohen, 1988, p. 7.9, 1d, 1950, past, I. Exim, 1990, 1g, 182229. M. Menu e P. Wale, 1989, 347336 fd. 1992, 1s 200 Si ene, 1954, 170177. C.F &t Re Simonet, 1986" p63 77 Whi, 1996, p29 38 BLCE M. Meu et P. Waller, 196%, p. 348. IM. Nicoi eB. Waker. 1991p. 929.034, 320A LeroiGaushan, 15a, p. 936 Pope, J. Cle, FORMES TECHNIQUES 7 rapproché de notre propre humanité. Par un mouvement teeiprogue, le comportement technique, Ii, aura reculé dans [a phslogenése jusqu’a a notion de « tendance technique» Leroi. Goushan insisit sur les supports consttutionnels et fonctionnels ~neurologigues, en partculet ~ qu lem pule sarmment Toutil au langage, ia main au visage, le geste ala parole”. Dans ce développement philogénétique, la technique done appante& Leroi Gourhan comme une fondamentale «particulate zoologique de homme » lige as développement ela ain ~ cest-avdire aux consequences dela sation vert tale chez Taustralopitheque ~ plus que de Pintelligence elle Qui sufise ici de rappeler les pages magnifies que Leroi-Gourhan consaere a oucher, la prébension ~ob ain face se combinent en une « gesticulation technique » pt mordiale -, et a ce «moyen émentaire action sur ls Iatigre» que repésente, aurea de la prehension la perus sion". Toutes ces pages peuvent ere lies comme le chapitce inaugural d'une anebropologie di contact ob Temprente, on ne sien étonnera pas top, intervient en bonne place Ox plurdt en deux « bonnes places» bien différentes (mais cet fart et justement ce qui Rous intézesse ic): a premiere est tiolene, lorsque Leroi Goushan insiste sur le réle veritable ment fondateue de ces « actes violents qui impriment tla matte une forme utile" », La seconde ext eration, lors Guue sont abordées les « techniques de fabrication», oi le Moulage appara au titre de technique sur les « slides semi plasiques Ente violce aur la mate eration des formes: cet tout le probleme de Is dimension esthétique qui se pose ici . Paradoxe philosophique : les accidents naturels deviennent la substance méme de Pactivité graphique fu. plasigue, qui intéyre ~ souvent par une modification Infime, oa par une simple accentuation ~laressemblance aper ‘tee reasemblance construite™ i “Tous les prchistoriens ont été frappés par cette capaci , lige au monde dela chasse on découvee alors des empreintes 4 quis remarquablement imitées (fg. 6). Les «pistes» sont ssi explicites dans ces gravures que les symboles vulvaires ¥ sont possibles ~ sien nempéchant que les deux lectures dient coincidé, dés le départ, dans ces images tr nom _ Nous voici au eceur d'un nouveau probléme théorique, qui slobserve dans la trés longue durée, de la préhistoire jusqu’at ‘art contemporain : c'est le rapport les jeux subsils ~ entre “mpreinte fate et Vempreinte imitée. Les archéologues n'ont as été surpris de trouver, dans es cavernes magdaléniennes, is griffades d'ours sur les parois: ils ont été plus surprs d’en FN Gasteret, 1930, p, 110516, A Ler Goushan £963. 105-107. B. et. Dela, 193, p62 48 LDEMPREINTE: COMME PARADIGME 6 Gravure de Laussel (Dordogne), épogue aurinacienne ou grave Senne: image vue ou empreintedequide? découvrie de fausses, ealisées par les humains en gravures ov en tracés digitaux "On comprend alors que 'empreinte, dés |a préhistoire, est autant un morif qu'un processus: certaines ponctuations, certains signes qualifies autrefois d« abstraits » ct done dincompréhensibles, ont été depuis regroupés sous Tespéce d'un corpus d'empreintes imitées, qui se retzouvent ddans att mobilier aussi bien que dans I'set parietal (ji. 7). Lexemple australien donne a ce double jeu de Pempreinte: réaisme et de Vempreinteschématisme une consistance indis- sociable. Les aborigines sont, comme tous les peuples da desert et comme tous les chasseurs, d'extraordinaires pisteuts , si Ton peut dre, i ose conjuguent Ia reproduction sexuelle et Vins ftution géndalogique. Ressembler, est d'abord ressembler ses parents, et organisation symbole d'une socgcé se doit Lanalogie wee la reproduction sexuelle deve sce, puisqus on processus suppose Pemmbrasement foi par presion, volre par pénéraon, da subetrar par Tobjec oui teat sy imprimers et poisque ie eésltet net pas franesernt, Come dans le ce do ri, tala «act» tulement en tant que corps produt_ par Topération de Fempreinte On pourrait ere qua ln ference de lation Bguruve, qu hirachise er chasterentsEpare la « copie» optique de son « modelem la reprodecion par empreinte, cl ft du result obtena une « copie» qu est Penfat charel, title, ce nom le relletarenue de son «modele», ou plat de sa forme parent. Que cere forme soit convexe ~ vote plague somos dant bien des oot ce nous wrens lv se Toye du sev, dont les pus anclens exemples, moyen orien tans remontent au quatieme millénaite avant Jess-Christ (Que cee forme sit concave nous face los parler de La mtrce nous dtl lew oe forme ~ ot se congue — la resemblance En elle ge perennise Autrefols des anctres et Surg le Maingnant de enfant quot En el, ineittion de images trouve un modele ~ un fantasme ~ deformation ‘aturlle, dembryogentse, Ce model est out en meme temps Pilots, cme ot me nlc cng los ce que emprein peut connoter, en tant que paradigne dns Tota du discours Il nous apprend surtont, ct c'est ft tne premise surprite, ex que le mot «forme» eat die Questce qune Jone? Pour ne pat top fémit devant la stave pilosophige de cette question trop subitement pos ‘epondons wee le Jou eymologque gue nous permet langue fringe: est une fourme. Cecile un fromage ~ un for mae sion préfre*.On se tompe a vouloir rédut ation 7 Chaba epost qj me eae cule pu ds animes de re Legentie Dut cl ate i apne a ne 2 mie opener CEP Lapse Why Soa pan enprene Si Sndnt Gane 9. S38 10. FA Bese? St, p.30D. Calon, 197, psn SCAG iba idee 54 LLENPREINTE COMME PARADIGME de forme & une seule chose métaphysique, une idée plato cdenne dénorant la matise da logos su le monde mater Les artisans ~ les fromagers avec leurs fourmes, mas aussi es cordonniers avec leurs formes a chausure, es chapels avee leurs hauts-de forme, les charcutiers avec leurs fromages de sete, sans compte les confiseus, les patisivs, les cartes les imprimeurs ~ ont leur propre définiton de le forme, ui est plus technigue et, peur, plus rigureuse ; pour eux, la Forme est un patton, un moue, une matrice. Quelgue chose «que nous appellerions spontanément une forme en Regi, le tontreJorme du resulta sire, Ou encore cette chose capable dle donner forme & quelque chose autre, par exemple une matiee patewse venve s empreindre, per pression & froid, par cuiszon ou par coagulation, La langue, comme cest sow tent le cas, a tendance A glisser du processus au résltat, du point de départ (le moule, ou forme négativel au point dat {55 age. Tome foe Mat nos te ers pu isoler les termes les uns des autres, faute de quoi ces le Ss. téme tout enter qui-deviendra incomprehensible: Or, Tem rein ex bien ce syatéme : forme et contreforme runes et ttn meme disposi opérarolre de mocphogentse Ce nest pas un hasard sf TAntquite mediterrangenne promu le processus, mystérieux mais artisanalement mattis, Seca de lit ceded mage «cme mode Fembryogenése, mais aussi comme image de la création di monde, voire de la relation entre Time at le corps’. Ce nest pas un hasard non pls ia survvance de ce mode observe dans la longue durée, dArisore et de Gallen (La Genération ‘es animana, le livre Sur a semence) & Clément @’Alexandi, des Byzantine & Hildeparde de Bingen, et d Albert le Grand faux croyances populares de Tépogue moderne. Dans tous des cas, est une ceraine maniére dempreinte qu, entre for mes et contre-formes, commande secréement la transmission des ressemblances ‘lle assure done le len gencalogique, $ CET. Pca, 1975, p, 5:17 1, 1985, p- 93-125, es comple sit lafeérare médslee plllnophiqu de cc odd, TCL. Needham, 1998p. 88.87 N. Belmont, 198, p. 13-28, C, Gin burg, 1976 p 91-103 8. Che 1979, p. STE Novae que cee eons sur formation naturel de enfant Son souvent ler meears sibs post Inpradioe cutee de eur donators a passance Cl Ges, 6k pos FORMIES GENEALOGIQUES 3 singe lic apni ecg de oer oe 4 pase nro carts beer fares erates nat de mare Taree Ce aan tee ee oe Fanet seh ten ncn fo institution géndalogique ot en Occident semble dominer laformule petemac imago sibsteniae, «Venage dela obuance dda pire!» ~ n'est pas seulement, loin sen faut flair de nas sance et dembryogentse, La généalogie se defini ptt un (dans Fart de la fugue) Scontze-preuve » (en gravure) ob « contrepartie». Ih n'y @ pas ue histoire de art tout le moins ~ et 8 tout moment ~ yen ail dewx ensemble, formant débat de Pune avec Fautre, Convulsion de une dans Tautre, partie contre contrepartie ee tressages subtls ou en mélées violentes... La partie se joue surtout au grand jour, et la contepartic se jou partout aux marges ou dans les interstices + dans les ombres ou dans les contre jours, dans une visbilté trop offusquse ou trop crue, moins apte an discernement, moins sible. L'empreinte est la contrepartie nécessire de imitation, comme le contact ~ le ‘aptich dont paelait Alois Ricgl~ est la contrepartie nécessaire de toute dimension optique ®. Tele est notre hypothése « dia lectique ». Eproavons-la sur quelques exemples, que nous shoisirons d'abord pour Jeur position stratésique dans his toire de Tart ~ nous devons done quitter sa préhistoire ~, et ‘esuite pour leu familiarté supposée dans le cadre du mode _énéral de Vimage imitation, Essayons, par ces quelques exem: ples, de faire fever un peu, si jose dire, Panachronisme ct ange de Pempreit 7 ; emir exemple, premier « point de capiton » dans le tissu de Thistoire de lar ce sera le moment meme of surit, pour toute notre mémoire occidentale, Vidée dune histoire de fart. Tae surgie, paradoxalement, de eete Historre naturelle rite par Pline Ancien au premier sgele de notre re (épitre dé atoite a Fempereur Vespasien date de Yan 77). A seulement line Je debut du live XXXV ~ oft litéralement commence histoire de Cart pictusal~, on demeure frappé de voir, préc ment mises en plac, les lignes de partage que j évoquais plus ut: otigine (anachronique) et histoire (orientée), empreinte 15 CEME Merlau-Pooty, 1964p. 17: «faut ous habituer 3 penser as visible ext ale danse angi out ive ache prs et ‘Slelaue mane 4 la sbi. e gully 2 empictement enambenent, ton Stent stele ouch ete touchant, mus asa care e tangle ‘ele ql ext inet en i, comme, ivercnent.urméme next Pas 'un cant de sist, nest par sae cabtence vale. Pungue Te ‘Béme conps voit et touche, wable tangible appartennent au meme ‘sade 7 woe sin a quel part dans espace tate» (cen ena p 12.2081 CE. cele He Maldive, 19H, p. 187-299. a [UEMPREINTE COMME PARADIGME (cactle) et imitation (optique), image (instance juridique de transmission généalogique) et art (instance humaniste de per ‘mutation shétorique)...Pline, on va le constater plus en détal, satura donc énonce des le départ le jeu entier dela partie et de |a contrepartie. L’humanisme néo-vasatien, lui, aura choisi de ne retenir que la partie, clle gui, au grand jour, ¢ voull nous {aire oublier Panachronisme derrigre le « progres des arts» et Vempreinte derrire Vessence optique, ou spéculaire, de imi tation. Pline se montre fort ambigu sur la question des « débuts » ita) de Yr pital, Dune, econat ee question comme « incertaine » et prétend méme l'exclure du dévelop- pement de son ouvrage™ Diun autre coe, i satache 2°) répondre quand méme, accusant par exemple la « vaine pré tention » (uana praedicatione) des Egypriens, qui se donnent pour les immémoriaux « inventeurs » dela peinture, et rendant cette invention aux Grees de Sicyone ou de Corinthe”, I décrit alors la progression logigue d'un art qui aurait « au debut » (primam talem) consisté a « trace, grit & des lignes, Je contour d'une ombre humaine » (umbra hominis ines ct cumducta), puis « employer les couleurs une a une » (singuls coloribus et monochromaton dictam), et ainsi de suite, dans un ‘ordre de complexification croissante of se développerat his toriquement le compétence mimétique des artistes" Mais la veritable ambiguité réside, me semble-til, dans la situation méme, dans la situation fextuelle, de ces « debuts» de Vat pictural : nous les lisons en effet au quinzitme pare raphe du livre XXXV. Comme si ces « debuts » étaient pas au fond, un vrai début dans la problématique de Pline.. Quel {ques éditions modemes se sont pour ainst dite laissées piéger Par une telle ambiguté, jusqu’a supprimer purement et sim plement les quatorze paragraphes qui précédent, dans le texte plinien, Vexpression De picturae inttis®. Ces quatoree pre- 'miers paragraphes ne parleraientils done de rien qui concernat 19, Pine XXXV, 15.42 «La qution des dbuts de a pene est incertne et rene pas dans fe pan de cet ouvrage » (De purse Ins incerta nec ati oper guaciet (eaton moe 20, fd. Cee opinion ea édemment la transrpn cune sou srecave de Bine Hd, 5p. 22. Cost an die Sls, 1896, pas FORMES GENEALOGIQUES, 6 ‘art de la peinture ? De quoi parles-on lorqu’on parle de ce (at satel abuse Pout de Fert? Lon nepal, jects, devin d’autre que de Vorigine. C'est dire de quel fue chose qui ext avant tout début, cet woant fat] ~on va le Gonstiter~ dordze anthropologique ou structural, et non pas Gordie chronologique ou teeologique (ainsi Ferigine, sclon Pine, sea romaine, et non pas arecque ou éxyptienne). Or, cee «avant de Thistoire» ext remarguablement aboedé par Piine en des termes que Pon oserat presque qualifier de di lectiques ls €noncent en effet un développement destnal qui ne doit son existence qu'a Ia violence d'un confit toujours reconduit; ils énoncent autre part que ce confit Iut.méme ne doit son existence qu’ la violence et au «travail prodigieus du négati'» (expression, on le sat, ext de Hegel). Bef, ils fondent notre premiere histoire de Part occidentale en énon Gant une w ve qui porte Ia mort et se maintient dans la mort (Ce « teal du nggatif» s'apprchende ds les tout premiers paragraphes du live XXXV. Ee le leceur modeme, prevent Aula alae 4 un moment fondateue deVhistote de ar, sera probablemene décu en constatant que les choses ne sont pas abordées par Pline dans les termes ot la tradition classique sborde en général les problemes «artistiques». Premier &t0%- "ement: Pine naboede pas son « histoire de la peinture » en termes de representation, mais selon un ordre des maieres, Aucun éloge dela rmx, aucune division des arts en genres ov en périodes, mais une arde division des matieres cores- pondant a Vordre des livres XXXII a XXXVI. Quant au mot Pctara, i m’apparait-méme pas au premier paragraphe, Pline Fevendiquant son veritable «sujet > (hatera) comme étant ‘elu des w terres» (erae), lorsque elles-ci sont susceptibles ‘etrearisanement cseces, modelées ou colorants (telandt Jigendigue ae tinged) ™ ach sl acpodey de ce gue Pansy eat cu lvoir epérer sous Tespece d'un « concept de 'ancienne théo- fe de Fart; nous vote en tou cs fort loin de cette haute lutiicton de idea qui, ente rhétorique et philosophic, ait «ensce avoir fourn Iekément de rlécence pour toute pensée BG WE. Hegel, 1807, 1 p29 24, Plne Ancien, SOR, 3 p36. a LUEMPREINTE COMME PARADIGME de Fart ancien ®. Pline va pourtant bien nous parler ders et de pictura, mais il le fait Fabord en des termes strictement , au sens of nous Pentendons aujourd hu, ait jus- ‘ementflorssante dans tout Empire romain ? Les fresques de Pompei, les « portraits de momics » du Fayoum, ne sont que survivans d'un art qui fut intensément pratiqué sous les yeux mémes de Pline T'Ancien. Plutét que de souligner ' Gtrangeté » inexplicable de cette phrase”, il vaut mieux, aturllement, former notre propre préjugé'& l'égard de ces ux mots si faussement simples, si faussement évidents, que Sent dmaginurm prctura fat dane pense, unre Pine usu bout dans st ‘olonté de stuc les mots, en cette partie de Histoire naturelle, un niveau d'origine qui les fraitrégresser vers une signif cation nouvelle, une signification « digne » que la laura, jus "ement, aura fait oublier dans esprit des Romains imprégnés culture antstique, Cesticdire de culture grecque, voire ‘asatgue ». Admettons donc ce paradoxe qu'éerivant ima ‘mum pictura Pline emploie le mot pictura en deca de toute 35 Tia, 99 Srlasimamiqn de imap en nea cf R Dae 4c) Ceca ex commenti eS. Fer, 16, p78, I-A Chae Pine Pancen, SOON» D 68 [LUMPREINTE COMME PARADIGME histoire de la peinture, et smago en deg de tout gente artist que. Admettons qu’en ce contexte précis la rencontre de pie laura et 'imago n'est que la rencontre dune matiore naturelle (la terre colorante, le pigment) et d'un rte, d'un eulte symbo. lique qu'il ne faut pas appeler « portrait» (Porenit, ni méme Bildnis), mais bien « image » (Bila), tant sa spécificte anthro. ppologique et juridique impose d’en respecter la forme litérale. Quelle est cexte spécificité ? Pline la livre tres exactement at Paragraphe 6, qui peut érre lu tout entier (notamment dans le choix trés concerté de sa chute} comme une stricte déinition de Vimaginun pictura «Il en allaitauteement chez nos ancétzs (alter pad mao res): dans les atriums on exponait am genre effigies, dest nes 2 Gre contemplées + nom pas des statues dues 3 des arcstes angers (no signa estemnrsmn arificum) oi sles bron 285 ou des marbres, mas des maagues moult en cite (expres era ulus), qui Gaientrangés chacun dans une niche * 00 ‘avait ainsi des images (imopnes) pour fate corte an ‘onvois de famille et toujours, quand il mourait quckqun, présente la foule entere de ses patents dispasus et le branches de Terre gencalogique coursient en tots sens, avee leurs ramifications linéaire, jusqu't ces images pines (ime ines pitas)» Avant méme de songer 4 commenter anthrapalogiquement cou juridiquement ce cule romain de Vimuge ~ cute privé d'une image de homme, et non culte public des images divines“ il faut ici prendre acte des seuls théoriques mis en place dans le texte plinien, et mis en place au moment méme oit pres forme un discours que l'on doit reconnaitre comme la matrice denotre propre histoire oecilentale de art. Entsele« Imaginul ‘quidem pictura.1in totum exoleuit » du quatrieme paragraphe et le « De picturae initiis» du quingi¢me paragraphe, Pline Ancien instaure une scission, un clivage fondamental entre deux ordres de temporalité(Torigine t Mhistoire), deux ordees 30, Pine FAncen, XXXV, 6, p. 38 Geaduction modi 41, La bibliggaphi sur cule romain des tages ext conse Samatons, parm ures references E- Courbnad 1900, pr 89415. Hi Meyer et K Schneider 1916, col. 1097-1104 4°N. Zadoks enepis Jing, 1952, pusin. A Bosthius 142. p 226.285 Fier, 1948 pavm Brome, 1953-1994 p. 163-171 Dresap, 1980p 1.129 C8 La 56,1985. 261-289. F Dupont, 1987, 1-12 FORMES GENFALOGIQUES 6 15, Moule en plitr de masguefanérsire, provenant<'EJem. Epoque imple romaine. Tunis Muse du Burda, 16, Mase neared enfant- Ep epublcaine (7), Rome, Muses 4s Vato Te? de socialite tle cute tla cukure), deux ordres de processus ‘Vemprsinte dans la eire et Timitation par le marbre), voire deux ondres dessenialité (image et Tecuvre dar) des objets ‘uel. I nous oblige parla meme, ft-ce pat ls vos @une Postale crispee sur la dignitas de son identte romaine ~ cela ac réaction explcte eaves la lnxuria des productions esthé tigues de Mage néronien ~, a reconnaitre dans Mhistoicit ty lstigue des auvres d'are un arvgte plan anachronique, org fir, ui fait de toute image, y comps artistique, une entté clive. ourbillonnaire, daleeique, porteuse dun « prodiieux “wall du nega» ‘c perdons pas de vue la condition de possiblté technique & Processuele d'un tel « tava du négatl» + il agit bien Sirs dela proigiewsereproduetblité que permetten les tech Rises dempreinte justement grice au trou! dv negate ls comzreforme, dela matric. Le plus préicux, cans etige ‘alae Cat pute feng humeme, def mesire M permedat de nouveau tirages en cire qu'une jeune épot SS. sit juridguement admise 8 porter dans Tatum de a 70 [LEMPREINTE COMME PARADIGNE future demeure* (fig. 15-16). Il y a ici connivence partite entre les exigences symboliques - cette sorte de’ loi de Vempreinte, garante d'une juste transmission de la ressem blance ~ et les possbilités techniques inscrites au départ dans le geste de Vempreinte Remarguons enfin que Pa uve dart a Pépoque de st reproductibilté technique » n'est autre que l'eeuvre d'art tout court, lceuvre d'art depuis qu'existe une histoire de Mart. A strictement parler, cette ére n'est en rien « moderne ». Dés Pline Ancien, la reproductiblité technique de Vimage aura mis en ceuvre une ambivalence gui pése, au fond, sur toute pensée de lempreinte. D'un c6xé, en effet, lempreinte fonde Vawobentcité de l'image : Vadhérence physique faisent partie clu processus, lempreinte serait ~ Dline n'est pas le seul le dire ~ une technique de « légitimité » pour Ia ressemblance, Ici, la reproduction est bien ‘ransmission, ne méme matrice formant, pour de nouvelles générations dhumains, de nouvel les genérations d'images. Mais, d'un autre c6té, l'empreinte ppermet la fiction, la teicheri, le montage, la confusion possible dds referents: aussi Pline fustigeil violemment lnauhenti «ité des portrait ola ressemblance est « ilégitime », par exem ple lorsque des patticiens romains font exécuter des copies de statues grecques et les montent sur des bustes dans leur atsium, cn, guise dimagines qui, ne sont ~ comble d'llégitimité ~ Pine Paneien, RXV, 43, 933 R [LEMPREINTE COMME PARADIGME 17. Coin-mavice poor feapper la monnaie, ut siee, Métal, Sain Germain-en-Laye, Musée des Aatiuits nationals, 18. Bourse de cue selge du grand scau de a Vile de Cologne et dv sceau du chapitee eahédal, i" sgl, Calogne, Kéisches. Stade César prend une tout autre signification : la frappe — la pro- cédure d'empreinte~ la fois centralise et dissemiine le poswotr dde César. Su mattice est Rome, sa transmission s'étend a tout Empire romain. Parce que irappée, c'est-i-dire dupliquée ~et ‘non pas copige ou imitée, ce gui la supposerait teansformée, alfadie, détournée en un produit de fsux-monnayeurs ~, a ‘monnaie transmet Igtimement, en plus de sa valeur d'échange, en plus de la ressemblance authentique du dictator, Fautorité unique de celui dont elle diffuse l'image (fg. 17) Nous touchons la au ceur dus paradoxe de lempreinte «une par, le contact (ou la frappe) garantit en elle le pouvoir de lwnigue ;d'autre part, la génération (ou l'émission) garantit en elle que ce pouvoir est capable de se reproduire indefin ‘ment ~ du moins tant qu’existe une mazrce ~ et surtout de ne pas se perdre, de ne pas se dissiper dans la dissemination qu'll autorise, Voila peurétre ce que Walter Benjamin n'a pas so voir dans son fameus texte sut la reproductbilté des images que V'élément du contact demeure une garantie duniité (ig. 19) este économie, on le sat, Frazer la nommait magie cont sieuse, magie dont Veffcacitéreleve de cette Tot inconseicne = que Freud n'aura pas désavouée ~ slon laquelle « des che 565 qui ont &€ une fois eunies, ct sont ensuite spaces, resent néanmoins, malgré éoignement, unis par un len de sumpule puscant qu toute gn ft # Tune aloe zalement Taucre’ ». La magie comtagieuse ou « syenpahi que» de Frazet, ditelle se voir reformulée dans tn eadte théorique plus fonetionnel, n'est pas sans pertinence pheno. énologique quant aux pouvois de Tempreinge + elle rent en effet fe contac la dissemination. On découvre dileas, dans Vénorme matériel ethnogeaphigue réuni par Frazet uantté de fits relatifs cette magic des empreinte. Simple pers «La superstition suivant lal en blsant des emprenes de pa, om bles également es pied qui ont forme ces a sues ext presque universelle Les ndignes du suet del Aus tale eroten qu'on pest rend un homme boteus en plagat dans Femprente de ss pas des Glats de quarts, de vere de ‘farbon de bois, ou desomagts, On atsbue li méme cause tux douleurs chumatismales. Danse Sauvage, une form! ommane de sree const prendre de ln terre sot lnguele un ennem avait pose le ped tala transporter dant unendrot sere; on a madi sclennelmen, Co] Dats lenord de Arig ons sere partes dela maie des emprem tes dans des bus pis bens, Une femme gut asi ffanacher son mart ou som amant prend dela tee dans Fampreme ded da de Thonn it in Guns ses cheveuy ten fat pager auele Porte sur la peut (C1'Che len Slaves méridionaun, une june file eave Ge tere cans les empreinte asees par lx pas de sn bien am, cllcen remplit an por fleur, ot ele plant un souc, eur au passe pour ne jamais fer. {] Autefos, eu Dancmat, rot trate repost sur la meme notion de len symputhigue ene Tinivide "et Tempreine de ses pas; chacune ds. parti ontracuntesaspereat de son sang les traces des par de Taute, engage de lite.) Les chasseurs rent part de TTC Frazer, 1890-195, 1, p13 FORMES AURATIQUES. 6 aime pique supersceose dans le denn immobile le fber Tous cet fats sont inerpétés par Frazer en termes de lien on, micux, demprite. La rat méconynique ~ de Tem reine a ped ee du pied a Vindivida tout enter ~vise, dans Ehneun des exemple donne, a table quelque chose comme tne contrainte, une loi da contact. Gesa dei «pale dans les mimes teres, expliquant cette magie de Temprite par Hanpste fonamenale quan peso spree do ou (attement dt par Tangolse de cstation, et soutant aux fue rcensés pa Frazer tout un materiel emprunte a folklore hongos, ql connasat fort bien 4 semble qui y ai, ge au pied e& aux emprcntes, une uanité dangoise otscpassant la normale ™ E-) Chez les Kakadus, une ceaine forme de magie malcgue cst aseiée 3 Ls boue qu stace au ple de Pindgene marehant dan un narals Chomme gui empare de cette boue Tenveloppe dans te écorce et Fenaure de ele Arve au camp, une fs dali ex toe 3 fat sche, la peste de fagon a former ne ite, pa i place dans un erou gull ccus a base cane fourmile. Bev peu le pied dela victim cout declogues urs endrontpartout Les ores tomberot cts mane et IS pies portant} Dan e Mecklembovrg, are de Trent du ps es waste dans un linge et ace dans ls cheminge pour ec fumes: Pendane quelle sche, la vctime dpe on son ped se aan, Dilferentes mehodes sont ben connues de sores hongroise. Une sores pitti es “Empreinte ue femme enceinte ain qu’ellemeurecn donnant ‘misance son enfant Ou bien es sores events enpre {dans un puts et forcen sine! fur vcime eter dan le Isler focerce ese mayer Mais Vempreinte, je lai dit, est au moins ambivalente et stalecrigue, agon de dire qu'elle est polyvalente. De méme que 8 TdT p. 133.135. Fear cite aus (p. 135-137) ds sources occ ‘kale Diggin Laérce,Jambligue, Clana! cP Alerandrc 2. Se a nation Gemprise, ef. Dorey. 198), p 117-39. P. és, 98) p65. F, Gantheret, 1981, p 103-116, 10, Une comparason smposerat it avec texte de Georges Bataille, ulgomenteantemporain, sure Le gees onell» Cl G. Disk Huberman, 195,933.67 er 15-181 «tl, S- Rabel, 195059. 8688. Sula magiesympathique comme magic bien chibad ps TE 76 LCEMPRERYTE COMME PARADIGNE le contact #y aticule avec la possibilité Pune diséminaton, de mime enprentecmpie va pas ts son conta que Ton poursit nommer Iempeinte ear Lemprcinte, en fe, nous oblige i penser dun méme mouvement Femprise Ue contact avec le substrat, ob se forme Tempreinte) e ear Ul Sistance dave subatat,o se presonteFempreint) La rae dca de rome fe mC sl palit Diadore de’ Sicle, Tempreine du pred d'Héace Ascrite par Hérodoe les «empreintes mervlleuss» di fo Kore européen, toutes manieten en, Teale ce. Joubl aspect. Laur pouvoir, er magi ennentpréiément cet apace gules ont dinposer quelque chose de ore da len, de Temprise et du contact, sors méme qu'elles ne pre Mais Cex ainsi que les deux, semble iment se preset au humaine tsces de peds du Buddha ou marques lasses pat le Christ lors deson Ascension, dans es deux ese pouyol Se Tempreinte se decline comme la onjagnson subtle dus proche et don litain, Cane conugason porte un fon ple: lamorionchréenne de « Sante Face» qui mous donner fccés~ apres Timago paiemne des Romans ~ un nowved paradigme dela «ressemblance par contact» Comment, d'un die, site ~ rer —le pore? Le caiet des charges dune elle eoreprise dans le Cadre spec que di Admirable formulation, gui permet — sion sait la déplier— de comprendre une prancle part de Vefficacité ville pour laquelle des objets comme la Véronique ou le saint suaite semblent avoir été inventés tout expres. Mais si 'aura explique bien quelque chose de la Véronique ou du saint suaite, ee proguement, la Véronique et le saint suaite, ex tant gu objets Paradigmaciques, permertent et méme exigent dentichit It notion benjaminienne ~ c"estidire de la citiquer, de T'inflé chit. Er cela, sur deux points principaux Ie premier est, une fois de plus, Téquation trop vite ablie entre reproductibilté technique et perte de 'aura (n'oublions pas que le saint susie, 8 la fin du x06 siécle, retrouve son aura cultuelle, perdue depuis longtemps, grice au miracle... dun négatif photogrs phique*) ; le second est la séparation que Benjamin proposait cde maintenit entre trace et aura. Contre cette apposition conceptuelle trop peu dialectisée, les grandes reliques chré- tiennes de la ressemblance divine ~ mais d’auttes objets tout aussi bien, nous aurons a le constater parla suite ~ posent Ia ‘question méme d'une aurativation de la trace, ce que le voc bulaire médiéval énonee précisément en termes de trace (ver tigiu), de face (facies) ot de price (gratia) ‘Unique apparition d'un lointain, si proche que cette appa ition puisse étre + cette caractéristique de Taura se verilie pleinement, et tous les niveaux ~ narra leurgique, icono- Be GG Did-Huberman, 1992, p. 103-123. 24, W Benjamin, 1936, 148. Ch. alement i, 1927-190, p 464 La phrase allemande labeen supers fe qution de sovot Gu Drothe dng Faura Te leis fut meme, ot Bien ton sppuon, BCG. Fae, 1933, pasion 26, ME, epith 92IN0 pes Trace ot, La race Tappastion dune proximit,quelgus finan que puss te ce gui? Taine: Caura ext Pappaction lintuny selgoe proche ue puss rece gal Ferogue. Avec la ace, nowy nose enparon dela chose = Fura, cea le qui se rend maine de ow FORMES AURATIQUES a 2. Anonyme lien, Ovenvon de a Véronique, vers 1475. Xylopraphie ‘mate des Mirubiis Urbis Romac. Vatican, Bisodheque apestalique trapbique ~ dexistence des Saintes Faces chrcnnes. Au ‘vseay narration constate que toutes les legends anciennes dela Sante Face sont des recs 0 cst dstance gu legitae ta puissance du contact, a du iacle over a Te portrait. entpreinge qu'il apse da Mandytion out dela Veronique, & hague fois Fempreine da visupe chrstigue appara ~et ne aust son destinsaie ~ quia terme dine framlatio, ube Sprewe dela distance Au niveau lturgigue, ete dalectigue du proche etd ln tain Sobserve avec pls de rigueur td radical encore: elle Snyanise fe conditions memes de Testension. Remarguons gue Hans Belting a bien analysés dans un contexte pourtant fi moderne >, celui dela Renaissance ”-D'autre par, ‘até de image exige une prise en compte de sa presentation, Sestacdire une mise en scéne du temps préent comme art de Ja memoire. Pour les hommes du Moyen Age, en effet, le prtsent ext igure: il eteessence commemorative. Ce qui ne eat pas dire orienté vers le seul passé, puisque Dart de la mmémoite~ Albert le Grand, au xi siecle, Fa clarement théo- ‘sé ~ conceme aussi le futur. Ains, le present reminiscent 1neprend sens que dans une expectative,vemps du vu et temps dela promesse, od se déploie naturllement Ie fantasme lie aux pouvoirs de Pempreine: celui d'un contact reouvé avec Herigine ISS pa L, Kee, 1996 (pte domaine za) par. Wall, "986 our le domaine occidental. 7 * " “0 EH ig p96 8 CEG: Dat abcman 8p 98148 TFORMES ANACHRONIQUES L'EMPREINTE COMME SURVIVANCE, A clui qui temte ne seraitce que desquisser une histoire c Fempreinte, la Renaissance pose un redoutable probleme appreciation : la contribution humaniste au paragon de Tempecinte nestle pas tout a fois decisive (done tes pos tive) et devalorisante (dnc tes native)? D'un eat, en ee, les techniques clempreinge ont 2a Renaissance, connu uh développement extraordinaire : pensons seulement & a df sion de la gravure, au ralfinement des médailes de Pianeta a la mse au point des nouvelles procédures pour le moulage le report, Faprandissement et la sctalité en seulprure = saps compier, bien sir, la revolution de Timprimerie. Maisy um es textes oll se sont formules les princpes cme dle Testhéique: humanist, ces textes Insert au lectest Tétrange impression du non-dit, vite de la censure. Comme sila mise en place de nos idées « modernes» sur Parc avait et Bou conteparte la meen place une sorte de phobi d ‘Que signifi, en effet, Passomption humaniste des ars visuel en tant quai liber opposes aux arts mcconsyres > sinon cette revendication d'une activité autant que posible libése de adcrence dla mutine > Tone Vesthétgue tes ach snes tales XV cle, o fone notre seme moderne des « beat-arts'», pourrait étre resume coname tne revendication non seulement inellectuelle, mais core imelletae, Boson ce vrtale mye fondater de ressemblance humaniste que constitue le rit propage 2 Filippo Villani, mais dont la version « definitive ne trouve dans les Vies de Vasati~ du portrait sur le vf de Dante pat Gioto, «son contemporain et amt tr Intime’ » 1 Penjeu er T CLP O. Kesler, 1981,» 163.227 2. Gas, 1990-388 1 08, FORMES ANACHONIQUES 93 fait clairement de placer le peintre ~jusque Ii simple artisan aligné aux views modéles techniques du savorrfaire et aux txigences du commanditaire ~ a la hauteur d'un grand poste, Cestidire celle d'un authentique savoir inellecwuel double Fume liberé et d'une « souveraineré » artistiques Leenjew éait aussi de formuler une théorie de imitation La «Vie de Giotto » écrite par Vasari commence, on s'en souvient, avee le précepte universel d's imiter toujours. la nature». Injonction apparemment fort vague, si ce n'est hanale, en eéalité fort precise, axée qu'elle état sur le concept spécifigue du divegno : concept stratéyique pour lhumanisme, concept génétique des «beaus-arts» — «le pire», disait Vasari, des trois arts msjcurs, peinture, sculpture et architec ture. Concept, enfin, pensé tout entier comme « procédant de Vinellect » (procedendo dalfinelleteo)*. Avec lui et autour de Jui un systéme s'est mis en place, sorte d'axiomatique de V's ton ances eu rad ase uo cont « nature > st «antiquité » — qui ne va pas, dalleurs, sans quelques tours de passe-passe philosophiques Il est remazquable, en tout fs, de voir Vasari mettre en place un vocabulaire qui aura Ia vie dure, un vocabulaire trivialement idéaliste ~ vaguement Platoicien ~ oi il n’est plus question dgprimer ume matiore 1° une forme-sceat, comme eft parlé un aristorélicien, mais esprimer une idée’ par une forme-dessein, un disegno. Le ssc technique n'est plus premier : il se retrouve en fin de Parcours, simple instrument d'un processus apparemmenttrés lntellectuel qui va de Ile au disegro-dessein('inwention ati tique), et de ceui-ci au direguo-dessin, a savoir, dans les termes memes de Vasari, idea comme telle espressa con fe mani" Ce renversement théorique emporte tout avec lui: condi tionne, dans le panigone —le débat académique sur les dignités ‘espectives dela peintute et dela sculpture —, le primat optique 44 pictural dans Pesthétique et dans Thistoire de Part, qui aura Persistéjusgu's Clement Greenberg et au-dela, Chez Vasa Pe Toublions pas, c'est Giotto, et non Pisano, qui « ressuscite » "art antique du Buon disegno. Chez Léonard de Vinci, c'est la Peinture, et non la sculprure, qui peut prétendre au starut de aT p. to, Le £6. Bil Haberman, 19904, p94:108, Vasa 1330-1368 fp 9130. 5 4 _LEMPREINTE COMME PARADIGNE cose mentale. Du coup, la production théoviue, 3 commence par Fabondane Patan des RV et SV ieee veal Eusiveat les savois optique tla picturaté a dona OE savoir fate mate: notamment dae le domaine de seilpure, Méme lorsque Pomponits Gautics,prendta plume pour Sar ce qu demeure Tonique tat humaine Ge sculpare aur ide lasere de coe toute la ecusnes ds Temprente le moulge a fonts rfp den nommer ies pacens (als ne mentent pas le nom Cars ». etl Ce suaifane cere pari du el puta easenil dat ibe dt , enversement fourd de conséquenes, don, Avec Ia notion humanist dation, aves I speciiatéacquipe ds domaine ariniqne le sca, invention pa Vater une hte Spéctioue dear ~ sec I pimaute san parte des cons Eravonsopigues dans le jyement des eave, eee ut ‘Fn notion shirorigue da sleet aa fond, out la ton de restomblance sui bacule ese div en dew: Ne nos onnons pa elle ait inlement based dé de Quan ten lero que dca de Phin. Ele sere desormai fae de regoleet de licen, de permutations rhceoriguc ver ‘on je pense spontancnen a Porat nen Doro Neptune par Bromano, qe Pine Ancien et conde comme tne ref sbominabe une « permutation wilgtime de ae semblance) Brel le rgme humanist de imitation aura consacé, et le jeu conan bbe ed atte At encore che Vasa coil pr Cesare Rip en 1993 une sorte de rt" lement du parade de Pempreine, comme 8 genes csthtigue, dorms vt pas gue fe de ce fw tbr pelogigue contacto dela date ol se Forde pe pct dun objersbtems par emprcnte, Dans femme moe Seren theorgu, tole mite en place pat Vasu = tmodernise avant la lee ~ predate sore de retoue ene Faron, un esa temps rnc, i de Fimmemora ’emprete ne ust lus a « pare™ dans Thistoire de Tart seulement sa muctte ct obscu® sccoutreparie Th; Siow, 1904, p. 2163257. CEG. Di uherman, 19966 ORES ANACHRONIQUES 95 (Or, pour dre muette et obscure —c’est--dire le plus souvent privée d'archives écrites -, la «contrepartic » jouée par Pempreinte dans V'art de la Renaissance n’en fut pas moins considerable, et méme fondatrce. Il faudrait, pour étayer vrai ment cette hypothése, développer en détail le contse-motif de thague raison invoquée parla tradition humaniste pour just fer emergence dun at « moderne a Xs en aie Ce n'est pas ic le lien pour une telle demonstration, mais on ppeut tout aur moins en résumer quelques grandes lignes de force, avant d’en donner un exemple conere. La premigee 'observe dans le retour — Ia survivance ~ de la satire a travers la revendication, maniague chez Vasari, de la forme comprise comme idée. Dans le domaine des ats visuels, on ne désintique pas la matitre de la forme, le processus dy slat, le tangible du visible, Vasari a voulu nous fare eroire due la Renaissance était, au XIV" sidele, née « miraculeuse mient» ~ c'est son propre terme ~ par opération optique et picturale du « porttac sur le vif» de Dante par Giotto, son ‘ami tres intime » pure légende, depuis longtemps réfutée ‘mais dont on n'a sans doute pas toujours saisi la haute valeur sttatégique dans le cadre méme de Vinvention discursive vasa ier litegdne i tello, Le groupe des Quatre Saints, le buste-reliquaire de Saint Fee Kpend, cf EEL Gombrich, 1979, p. 471-483. Sur cee ler tatigue» of G. Did Huberman, 1994p. 389-05 summent Nh Seidel 1973, p U7 352. FC: Cla, 1953 si "Sarre dea sculere dane Te ame spe EM Dron, 19, pa 268 E Banat, 1th, rp. 1138 96 _VEMPREINTE COMME PARADIGNE 26. Sehéen dlaschniqe de moulae sure vif pcos par Cenine Gemini Libr dette, chaps caaxo0 AA ct ec éalisés avant les fresques de la chapelle Brancaci® ©n compen, en les voyane, que les problemes de realise, ex méme de perspective, ne vont pas sins une certaine exper entation tactile, ue le tele schtcciato de Donatello ~ eek surbaisé,comime érasé— met en enue de fagon extéme En fait, ewélisme sculptural, des les années 1420-1430 8 Florence, ne va pas sans Fensemble des chines opéaoies aqui le rendent expérimentale: on pense a amen dis Seu» Gintama Alber drt dans son cute De strug, 1 Te proocole des mesures permet un report mevaniqne & pecs des dimensions d'un corps dans um bloe de elise Mais le report n'ese qu'une empreinterationnellement meilie ‘ee quand Allert mesure les volumes, c'est, entre utes choses, pour adjindre le savoir au savoir faire; quand il dit aque li sculpture est «plus facile que la peinture » extent, sues choses, parce qu'une empreine ext bien pls facile 8 séaliser qu'un trace perspectt I éat, je eros, rattonnelloment dllict, pout les humanists da XV see, de fonder en hore TIO CEA, Parone 1967, p. 2.36. Avery, 1970, p 11 EB" ster De dan. 189 7 [FORMES ANACHRONIQUES 7 Yrsage rout mécanique de empreinte. Mais il était pratique- ‘ment impossible de renoncer & cet usage, dans la mesure ot Syrolfratent sans difficultes les conditions tactles d'aces @ wn rialvme plastique jamais atteint depuis Vat romain ‘Cat ainsi que Cennino Cennini ~ moins engagé dans la revendication « bale » de Fart, mais lu et amplement utilisé tout au long de la Renaissance ~n’hésitait pasa consacre les neuf deeniers chapitres de son Libro dellarte aux techniques empreince, depuis le moulage d'un sceau ou d'une piece de monnaie avec de la «pate de eendre » jusqu'au moulage d'un visage vivant avee du « plitre de Bologne ou de Voltera = » Ug, 26). Ces ainsi que Lorenzo Ghiberti utilise empreinte our faire ctculer et collecionner les formes antiques, a commencer par les monnaies ". Car avant d'imiter Vantique, ifallait bien !étudieren tant que tel, et pour cela le transmetere tel quel Ex pour cela te dupliguer, en faire des reports parti fement exacts, ce que permettaient aisément les techniques Cex oubliee que Donna pratiguemene pre. Sh ged ot exes, gues modem ae pera ravi sane doute pas Inte syste pour ee fren, capable qui fa de produie le comble a ede grea le orbits crue de a Magee comme ell Se Fe agréable» tle cons gacicux du David de brome), Cit cubler surtout, gue Donte est ceranement a Qt emo, Finnovateurprinpal en tare de procsas des pr se clitn Caov ed Tetmoige comme technique tatler et omne mise ep ple hu-méme ‘ure pan ela texture d'un drape «ermpreinté» comme cel la Judith En second lieu, Pheuristique de l'empreinte désoriente I'bis- tire. Elle nous fait comprendre, selon une nouvelle « ligne de force», que Ton ne désntigue pas Thistoie de la mémoite, © que Vasari a tenté ~ et idéologiquement réussi — en reven: 108 [CEMPREINTE COMME PARADIGM diguant une histoire de Pare modemo capable de rpée Tantzo suri base un oubli pur et simple ou patce se dni forced du vecchio Moyen Age". Lovique Donat dans sa Jedi, proctde au montage stupéfiane de moray hautementialneret de moreaux directement prélees it Jn texture des choses, lorsgu'l soci ibrement classicame atVantca et ronarégoshigue il ne fat ten alee uc re trode le « nud» de lr moire dans la ligne cone ment onente de histoire des ses. Ce faisant i ous bin jer tog ls bleox de tongs. nous penn le pei ‘anachronism, nous enseignant un pe mieux ee Gu ME once ve dir 7 Te voile de la Judi regard bien sir du c6té du drape hellnisiqu,conime le Bare de Nicolo da Ursno, cette efile, regarded cote “mugo romaine ences temps fo Ghiber er Niccolo Nicol aaien hi ensemble livre XOKKV de Pine voire du ct des terres eutes és «ques. Mas 'atnade « antigusante » nest past dogmatgue Alege lit experiments, ces re rome onerévement les chaines opcatitesCvoquees pr les sources sng cpr Kagel fu compe empreine Vou pourguoi Donatello ne caint pas, poe parvenir sc, fs ‘chumanistes>, de s'adreser au" sivoir fare, médicoal de Tempreine: wala pourquoi lit Cennin: de us pres et apprendre les screts de Tempreinte aupses des flimagat floentins, cx sisans «fabriateurs dinages» (cext-dte dTeliges votives) table depuis des génczations dans la Vi Sei Servi gut mene a sanctunie tari de la Sanit ‘Annona. Le texte de Cennin, qu date du x" sel ros il reo “fo crn eee cle — ae fuvivance medcbale des pratique tele que le masque mor tuaire™ Fo tou tt de cause, Donatello ata invents seule Cure « fenassante» en choisisant utiliser a ive votive, ‘voit faire des arisans, a pljchromic des vieillesseulpturss de devotion, la tere cute des objets « populaires» Tele est bien la w moderitém, dans un sens ul west a Vas, 1980-1568, Vp, 190, ot. CE A, Petrus 179, p. 2 53. CEG. Marzoni, 1925, passim, 34 CE les opinions divergent de J. Pobl, 1938, parsin. R. Gis 1960,» 305308 Gander 193, ps F723 FORMES ANACHRONIQUES: 109 ase ni greenbergien, de cette composition temporelle lle Jocide par anachronisnes audacieus, Cat dite par mon Ege de erences hisorgueséventclemenecontairtres ‘mais dont la mise en relation dialectique - dans une conflagra- for aA recone fe Namen pa farmer une configration ingle, bouleversante parce que nop inscrite dans les axiomes de Gan humaniste a Pare”. ‘Vain pourquo Iheurique de empreine fit pur orien tere dour -méme Vol pourgue nous et iftee AE sioir de quel avoir lle proctde exactement.Parce quelle es un savoirfsve polyeslent, une survivance technique, une Chale opertoire aus simple qu effiace, Fempreine overse Ketempe et lex champs discus: cea is flee ~ son statut toujours minoré —, mais aussi sa force d'adaptation, sa fondanentale dace On pourrait, a ce titre, envisager d'aller un pea plus loin ane Panolsky dans Thypothese du délitonnementepitémt ate propre ila Renaissance Ea formulane idee dupe «syn these eae arts Mea tats mécanigs », Paolsky cher Chat sins doute & produie une version « iconclatice» du décloisonnement en question ®. Mais il faut voir aussi la conteparie dune tele xe eles Wheto ‘cs fortations composites ses contradictions inapalses npr ernie op iy ta ce dee, deni asta gutisge. Son spect immédit ec matciel objet art ‘aa ar tenue Veer dey aos lus do seo; son aspect immeémoral et religieux d'bjet anthropo Josie aura tenue a ar des musées d'art et des academies, Putas ele ar amas quit la scene =e eu te Tate Herde artistes Le sculeus« réalster> del seconde mot 4ié du xv* sidele, tel Guido Mazzoni, ne cesseront pas de l'uti- Tier jogu'a Texteéme de ses posits expresves "les artes expésimentaturs» du 8 sce, tl Bernard Palsy, oun ihe rs «ica te Fame ence ailerons Wen Caste) const an Bij muchrnne fc damon cot ob ner eso Pri df Care Fane Regi dg cic fll Se Boll CR Mo mass 3 Pai, 1993969, p. 18.34 Gua a pl 110 LEMPREINTE COMME PARADIGNE 34, B Palsy, Moulage de des mbes, x0 cle, Pe. Pari, Mose de a Ville de Pars Mince Camavlet 35. C Susi, Anat de a jambe i da Xe sie Cie plyevone. Fence, Museo del Spel en feront un principe épistémologique autane que stlistque® Ge 39) Crest ainsi que lempreinte traverse ~etsubtepticement bot Jeverse = les champs discursfs et les savoirs techniques, Sans doute les cesaolttaditionnels de Florence ontls un jou cessé delsre 'empreinte des visages de donateurspiewx, pu «que la rligion du concile de Trente ne voulat plus de ce gea= ex-voto ”. Mais ils ont continue d'exercer leur savoit fait en se déplagant de la religion i art ct de T'art a la seience assistant les sculpreurs dans le moulage et la fonte de les modéles; puis retournant a leur domsine fondamental de 35, GEE, Kes, 1926, 137-208. B. Duly ev al, 1987, p. 38:60 B. Palsy, 1363, poston. LAN, Arico, 199% met 39. CLG Maroon 1933p. 3435) FORMES ANACHRONIQUES. an compétence ~ je veux dite Panatomie ~ en eréan, a Florence mma ibe, la premise grande éeole de « ceoplastic = médicale" Gig 33) ‘Aucdela du strict domaine anatomique, c'est, je erois, toute 4a «signature du monde , toute Tw ccrture’ des choses » = pour reprendre deux expressions chéres a Michel Fou caul* ~ que Vempreinte aura investies de sa capacite dente siowement matériel direct Pas de 2oologie moderne sans la technique de naturalsation, qui, pour une. part, rend. sa source dans les moulages de Ieeards ess de Tatler de Ghi bert, continués au xVF sigele par Riccio, Palssy et bien

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