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.
'1.\

LA CHASTE ADOLESCENCE

LIBRAlRIE ALPHONSIENIllE
. SA INTE-ANI-lE-DE-BEAUP RF.
 Mgr TIHAMER TOTH
Professeur à "Université de Budapest

Du même auteur et dans la même collection: A la Jeunesse Catholique

Le caractère du jeune homme. LA CHASTE

L'éducation du jeune homme.

Dans la belle nature de Dieu. ,ADOLESCENCE

TRADUIT DU HONGROIS
par l'abbé Marcel GRANDCLAUDON
licencié ès-lettres

QUATR.I~ME ~DITION R.EVUE ET AUGMENT~e

ËDITIONS SALVATOR
MULHOUSE (Haut-Rhin)
 AVANT-PROPOS

MON FILS!

Près de mon bureau viennent souvent s'asseoir de

i-vIHIL OBSTAT : jeunes étudiants.
A peine l'année scolaire commencée, commencent
E. DER'UME, can., /ibr. cens. aussi pour moi les visites de jeunes gens. Les nouveaux
frappent timidement à la porte, les anciens, les con-
naissances, frappent avec joie et hardiesse. -
Ils s'asseoient près de mon bureau et dans le calme
IMPRIMATUR et le reGueilIement de ma chambre s'ouvre le précieux
royaume fermé par mille serrures d'une âme de jeune
homme. Lorsqu'ils raconterit leurs ennuis, bien petits
-Tt>Nraci. die :15 Fe"'. 1937.
(mais qu'ils aperçoivent avec un abattement infini),
J. LECOUVET, vic. gm. lorsqu'ils se lamentent sur leurs mille petites difficultés
(mais qu'ils prennent terriblement au sérieux), lorsqu'ils
mettent à nu leur jeune âme avec ses grandes tempêtes,
ses profonds problèmes et que les yeux grands ouverts
ils disent avec élan: donnez-moi un conseil, que dois-je
faire? c'est dans ces moments inspirés <J.ue j'ai appris
à connaître que l'âme du jeune homme est un immense
Imprimé et publié en conformité d'une licence
décernée par le Commissaire des brevets sous le champ de diamants spirituels qui renferme la promesse
régime 'de l'Arrêté exceptionnel sur les brevets, d'un développement futur illimité et po ur nous, les
les dessins de fabrique, le droit d'auteur et les
marques de cO~lmerce (1939). G, F . M. adultes, c'est non seulement un saint devoir, mais aussi
un grand honneur de contribuer à ce développement.
Imprimé au Canada Printed in Canada
" Celui qui ne s'occupe pas de la jeunesse ne soupçonne
 AVANT-PROPOS
. pas à combien de questions, de combats, de faux pas
et - certainement aussi de naufrages définitifs - est
exposé le développement de vos âmes, jeunes gens,
ni combien dans les tempêtes du printemps de la vie,
la barque de votre âme a besoin d'une main robuste
pour gouverner dans la bonne direction.
Lorsque j'ai voulu fortifier ceux qui sont en pleine
lutte, apaiser les orages de leur âme, les soulager de
mes conseils dans leurs doutes, les retirer de la fange
d'une main ferme, il m'a semblé que non seulement
un jeune étudiant était assis près de moi, mais que
des miIIiers de jeunes gens à l'âme attachante, ~ux yeux
pénétran·ts, étaient dans tout notre pays aux prises
avec les mêmes graves questions et peut-être ne savaient
où trouver réponse, consolation, conseil, éclaircissement
et ainsi abandonnés à eux-mêmes étaient obligés de
soutenir une lutte difficile à l'âge critique de
l'adolescence.
Telles sont les idées qui ont donné le jour à cette
série d'ouvrages" A LA JEUNESSE CATHOLIQUE (1).
Je sais bien que la parole imprimée n'a pas la puis-
sance de la parole vivante, mais peut-être ne sera-t-il
pas inutile de réunir partiellement en quelques livres
les pensées que j'ai coutume d'exposer à mes élèves.
Je ne sais pas comment tu t'appelles. Je ne sais
pas dans quelle école tu vas : au collège, à l'école
primaire supérieure, à l'école industrielle, à l'école
de commerce, à l'école normale ou peut-être ,1
l'Université. Je ne sais de toi qu'une seule chose.
C'est que tu es 1111 jeune étudiant, qui portes dans
(1) On~.égalcment paru d" cette série, Le Chrisl et la Jeun esse.
- . La Re Igl&11 el la JCII11CSS{· . - Le Came/ère dll
SOIS Sobre. -- Fumeras-tu.
AVANT-PROPOS 7
ton âme le sort futur de la nation, qui ~ préoccupé
par de graves problème~ auxquels nous avons le très
saint devoir de donner des réponses sérieuses. Car
il n'y a rien de plus noble en cette vie que d'ouvrir
la source de la vérité éternelle aux âmes assoiffées.
F onder des royaumes ne peut pas être un plus grand
mérite devant l'humanité, bâtir des églises ne peut pas
être plus agréable devant Dieu que préserver de la
ruine par ses conseils une seule âme de jeune homme,
le principal espoir des états, le « temple vivant », de
Dieu.
Chaque lettre de ce livre a été écrite par amour de
ton âme et la persuasion que remplir d'un sublime
idéal une jeune âme renferme en soi une valeur éter-
nelle. Cet amour mérite que tu réfléchisses sérieu-
sement sur ce que tu pourras lire dans ce livre. Et
la plus grande récompense de mes efforts serait que
ces lignes aient pu remettre ou maintenir sur le bon
chemin ne fût-ce qu'une âme d'adolescent.
l)
L'AUTEUR.
•
Jeulle Homme _
 PREFACE

DE LA QUATORZIÈME EDITION HONGROISE

Ce livre a attemt en 'six semaines sa seconde édition

et deux mois plus tard sa troisième édition. Succès
extraordinaire pour un ouvrage pédagogique. Marque
du goût de notre jeunesse pour les livres sérieux
d'éducation.
La première édition a été reçue dans tout le pays
avec le plus grand enthousiasme. Le ministre de l'Ins-
truction publique l'a recommandé à l'attention des
Établissements secondaires. La Fédération des Scouts
hongrois l'a recommandé comme lecture scoute. Le
comité des Lectures pour la jeunesse en a recommandé
l'achat aux bibliothèques scolaires. Il a été traduit
en plusieurs langues européennes (1) et même L'Œuvre
de l'éducation des aveugles de la capitale l'a fait trans-
crire en partie en caractères Braille.
Mais l'auteur a trouvé sa plus grande joie dans les
nombreuses lettres de remerciement qu'il a reçues
de jeunes lecteurs inconnus de tout notre pays.
« Que le Bon Dieu vous bénisse, Monseigneur.
autant de fois, écrit un jeune homme à l'auteur, qu'il

(1) Le présent volume a été traduit en allemand, anglais.

italien, espagnol. néerlandais. slovaque. polonais, lithuanien.
slovène et croate.
JO PRÉFACE
y a-de lettres dans votre livre: non, autant de fois que
votre livre a fait pousser de soupirs dans le cœur de
la jeunesse. C'est le souhait affectueux d'un jeune
homme qui regrette seulement que votre ouvrage ne
soit pas venu dix ans plus tôt entre ses mains. »
Aujourd'hui que sur le terrain économique, politique
et moral le monde entier est ébranlé et menacé de
ruine, la ·renaissance de la société ne pourra venir que
<le la discipline morale et d'une vie idéale et pure.
Et maintenant j'adresse ce livre en quatorzième
édition à notre jeunesse hongroise, non pas tant pour
éveiller des soupirs dans son cœur que pour faire grandir
<lans son âme éprise d'idéal le désir d'une vie pure eti
bien trempée.
L'AUTEUR.
• ,de jeune homme débordante de vie, de sounr~, de
LES DEUX LACS
Lorsque j'étais jeune étudiant j'allais souvent me
'promener au bord d'un lac dans la montagne .. L~s
rayons du soleil dansaient joy~use.ment sur s~n mlro~r
,cristaliin. Son onde pure laissait apercevOir la VIC
-frétillante des êtres qui peuplaient son fond de gravier.
De gais petits poissons nageaient çà et là, pouvant
à peine contenir leur joie au contact des chauds rayons
.du soleil.
Sur la rive, les myosotis aux yeux bleus rêvaient
-ct les nénuphars montaient gravement la garde avec
leurs feuilles en lames de sabre. A la surface de l'eau
les saules s'inclinaient avec dignité et d'un air méditatif
jouissaient du ci.el souriant et sans ~ua?e qu~ s~ reflétait
' .à la surface. Un souffle d'air fraiS circulait a t,ravers
les branches et les roseaux baissaient la tête à son pas-
:sage. L'étang de la montagne était comme u~e âme
bonheur, comme un œil d'enfant grand ouvert, bnllant
:comme une étoile.
Dernièrement, après de longues années, mon chemin
:m'a ramené jusque-là.
C'est avec épouvante que j'ai vu ce qu'était devenu
:mon cher lac. Un bourbier fangeux d'un jaune verdâtre.
~Son eau était trouble et sale. Ce qu'il renfermait on ne
Je voyait pas à cause des herbes, mais l' ~ir pestil~nti:l
'Alui ~; 'c n dégageait trahissait la pournture qUI s y
 J2
LA CHASTE ADOLESCENCE

trouvait, De la vas ' 1 LA

d ' e montait e croassement endormi
es grenoutlles aux yeux à fleur de tAt ' d
' e e, quan un
voya?eur passait, des reptiles hideux sautaient é ou-
vantes dans les herbes, et l'eau f't'd p
CHASTE ADOLESCEN-CE
O' el ~
u ,sont les nénuphars Qui montaient fièrementhl
gard e r
1 Où sont disparus les saules de la rive qui balançaient
eur~ couro~nes de feuillage?
?u .es; disparu le ciel bleu qui souriait, qui se réRé-
chIssalt a la surface de l'eau? CHAPITRE PREMIER
Tout, tout est disparu. C'est en vain que les roseaux
I
Pouss~nt Sur la rive, ils s'inclinent lâchement devan't
e m0111dre vent Ce n'
, 1 . . est partout que pourriture et
LES PLANS DU CRÉATEUR
d eso atlOn .
.Et lm. ondcœur ~'est serré: était-ce donc là le beau lac
• Et Dieu créa l'homme à son
• image; il l'a créé à l'image de
cnsta l111 e ma Jeunesse? • Dieu : il les a créés homme et
• femme. Et Dieu les bénit et il
• leur dit: Croissez, multipliez-vous
.. ,..
,.. •
•
et remplissez la terre .• (GENÈSE l,
27-28.)
Les yeux des J'eun .
. es gens ~ont aussI beaux que les
myosotIs et leur âme est Depuis des milliers d'années la terre poursuivait sa
d 1. comme un beau lac cristallin
e a montagne. route autour du soleil. Au dedans d'elle bouillonnait
Hélas! combien plus tard d ' d encore la lave brûlante; avec des craquements épou-
f angeux! eVlennent es maral's
vantables elle brisait la croûte extérieure durcie, mais
le refroidissement progressait sans cesse .. , A la surface
\ du globe verdoyait déjà la forêt vierge, Le printemps
fleurissait avec un aspect éblouissant; les oiseaux chan-
C'est pour q'le to A •
taient gaîment sur l'aile des vents. C'était partout
.' l ' allie reste toujours pure COJllllle le
Il
la vie, la force, l'énergie, l'activité ... Seulement il
~/lsta, mon fils, que .l'ai. écrit ce lim·e. Car garder SOft
ame pure et parvemr am si à l'âoe d" . , 1 manquait encore quelque chose.
plus beIle tache de la v ic.
A 0 nomme, c est a Quelque chose ou plutôt quelqu'un.
,Il n'y avait personne pour écouter le chant du rossi-
--- -- -G- - _ gnol. Il n'y avait personne pour respirer le parf\!m
 LA CHASTE ADOLESCENCE
des fleurs. Il n'y avait personne pour savourer les fruits.
Il manquait ['être intelligent et conscient qui absorberait
toute
. cette. beauté immense dans une âme avide' ~
qUI ne seraIt pas seulement une pièce du grand méca-
nisme de la nature, mais qui se porterait consciemment
vers tous ces chants d'oiseaux, ces murmures de
ruisseaux, le parfum des fleurs, le chuchottement
des forêts, la dignité sévère des massifs neigeux, le
bourdonnement des abeilles, et qui élèverait avec
amour vers le Créateur de toutes choses sur les ailes
de la reconnaissance une âme enivrée des beautés de
la nature.
Le premier homme et la première femme.
C'est alors que Dieu créa le premier couple humain.
Un homme et une femme. L'homme et la femme
~ont ~eux êtres complets en eux-mêmes et cependant
Ils dOIvent se compléter l'un l'autre. Dans les deux
sexes le Créateur a réalisé ensemble complètement
l'idée d' « homme ». Chaque sexe a son caractère parti-
culier, mais l'homme et la femme en se complétant
mutuellement donnent l'idée complète d' « homme ».
La marque caractéristique de l'homme c'est le
travail créateur qui réclame du courage et de l'activité.
Sa volonté est forte, son caractère ferme, persévérant
dans ses résolutions. Il est rempli de joie, quand il
peut braver victorieusement d'un front dur comme le
granit les mille orages du combat de la vie.
La femme serait écrasée par la lutte continuelle
pour la vie. Le terrain le meilleur pour elle c'est
le doux nid de la famille, où avec un amour inépuiiable
LES PLANS DU CRÉATEUR
et un dévouement incessant elle soigne son foyer.
ses enfants et déride d'un sourire les traits sévères de
son époux rentrant d'un travail pénible. Sa force
créatrice n'est pas aussi élevée que celle de l'homme.
mais sa patience et sa persévérance sont plus grandes .
.Dieu a réalisé pour l'humanité le plus bel idéal en
créant deux sexès. Il a fondé le charme inépuisable
de la vie familiale, l'amour de l'époux et des enfants
et même en partie l'amour du pays sur la différence
des sexes.
Il faut donc dans le monde l'homme et ljl femme.
Il faut la force de l'homme à côté de la tendresse
de la femme. Il faut l'énergie ardente de l'homme à
côté de l'amour, de la beauté et de la sensibilité plus~
. /'
profonde de la femme. Les deux sexes sont msépa-'
rablement faits l'un pour l'autre. C'est pourquoi le
Créateur a placé la première femme à côté du premier
homme et c'est pourquoi Il a fondé dès le commen·
cement de l'humanité la première famille.
Les plans du Créateur.
Mais en créant les deux sexes, Dieu avait encore
des desseins plus profonds et plus saints. Avec l'union
des deux sexes Il a donné aussi aux hommes une force
créatn'ce. Il v.oulait qu'ils eussent part à son œuvre
créatrice et qu'ils remplissent par une génération
nouvelle le vide que la mort creuse parmi les hommes.
Ce fut le plan infiniment sublime et mystérieux du
créateur en fondant, le mariage. Suivant l'intention
de Dieu il nous faut regarder le jeune homme et la
jeune fille dans la plénitude de leur intégrité et de leur
 LA CHASTE ADOLESCENCE
force comme une incorporation de l'idée créatrice divine.
Vous avez tous appris au catéchisme que Dieu a créé
Lui-même directement les deux premiers êtres humains,
Adam et Ève. Mais tôt ou tard chaque enfant se pose
la grande question: Qui donc a créé les autres hommes?
Dieu ne lea a pas créés directement, comme les pre-
miers hommes, comment sont-ils venus sur la terre'?
Et comment suis-je venu moi-même sur terre? Et
,enfin comment viennent au monde les petits enfants?
Certainement c'est une question extrêmement grave.
Et chaque enfant tôt ou tard est agité du désir de
savoir. Je préfère te répondre plutôt que de te
laisser questionner les autres.
, Sois donc attentif, mon .cher enfant. Tu sais
certainement fort bien que les savants répartissent
]'ensemble des créatures de l'univers en deux grandes
classes: les êtres organiques et:les êtres inorganiques.
Dieu n'a pas seulement créé ~ les êtres appartenant
.à la première classe (les plantes, les animaux et
l'homme)" mais Il les a pourvus d'une partie de sa
propre force créatrice, si bien que ces êtres, grâce à
,cette force génératrice, peuvent donner la vie à de
petits êtres vivants semblables à eux. La plante produit
une nouvelle plante, l'aniIl!al met au jour son petit
·e t l'homme donne naissance à de petits enfants.
Aux êtres inorganiques (le soleil, les étoiles, les
minéraux, les montagnes, la mer, etc.) Dieu n'a pas
donné la force créatrice. Pourquoi? Parce qu'ils ne
périssent pas aussi facilement que les êtres vivants
·et qu'ainsi ils n'ont pas besoin d'appeller à l'existence
nes petits à leur place. Mais cela est nécessaire
pour les êtres organiques. ' Le .poisson et l'oiseau, (
.l'arbre et la plante, l'animal et l'homme ,vieillissent,
LES PLANS DU CRÉATEUR 17
périssent, cessent d'exister - et cela par millions année
par année. Mais si cela durait continuellement ainsi
et qu'il n'yen eût pas de nouveaux à leur place, rapi-
dement la vie cesserait sur la terre. C'est vrai, Dieu
aurait pu à la place de chaque être vivant disparu en
créer Lui-même directement un nouveau. Mais sa
sainte, et mystérieuse volonté a réalisé une chose encore
plus grandiose : à chaque être vivant Il a donné la
force de pouvoir donner lui-~ême la vie à d'autres
mais d'une manière si mystérieuse que jusqu'à présen~
les hommes les plus savants du monde n'ont pas réussi
à en pénétrer les secrets.
As-tu déjà vu, mon enfant, pendant l'hiver
sur l'arbre endormi le bourgeon à peine visible?
Chaque bourgeon est le nid d'une pousse nouvelle,
d'u~e fleur nouvelle, d'un nouveau fruit, d'un nouveau
petIt arbre. Les bourgeons n'attendent que la caresse
d'un rayon du soleil printanier pour se mettre à s'ouvrir
à grossir, à fleurir; les fleurs attendent la visite de~
insectes de mai ou d'un vent léger, que lesàiles
du vent, les pattes des abeilles apporteqt le pollen
mâle et le sèment sur le pistil d'une fleur femelle.
Lorsque le pollen a atteint le pistil lès deux fleurs à
cet instant sont unies pour ainsi dire par un amour
réciproque. Le pistil fécondé commence à croître
à grandir. II devient de plus en plus grand, de plu~
en plus développé, jusqu'à ce que finalement - après
quelques semaines ou une paire de mois - ,arrivé à
maturité, tombe devant nos pieds un fruit milr et dans
le fruit une semence nouvelle, germe d'un nouvel
arbre, d'une nouvelle vie. C'est ainsi que le Créateur
prend soin que la nature se renouvelle continuellement
elle-même.
Cha8te AdolsllOlD08.
18 LA CHASTE ADOLESCENCE
La source de la vie.
C'est de même qu'Il veut veiller aussi au renouvel-
lement, à la conservation ' de l'humanité. Il a donné
à l'homme une force créatrice : force mystérieuse,
à proprement parler faculté réellement divine en
vertu de laquelle il peut mettre au monde une
vie nouvelle, un homme nouveau. Il a placé dans
l'homme une force créatrice, une semence vitale, dans
la femme un petit germe humain, afin que de la réunion
des deux surgisse un nouvel être vivant, un nouvel
homme. Cette force génératrice, cette semence de
'lie èt ce germe sommeillent pendant des années dans
l'enfant sans que celui~ci en ait conscience, comme
les bourgeons des arbres pendant le froid de l'hiver.
Mais le printemps de la vie arrive, quand l'enfant
devient un jeune homme, quand la petite fille deviem
une jeune fille; le rayon de soleil souriant et vivifiant
se met à briller, le jeune homme s'enflamme d'amour
pour la jeune fille, il la prend pour épouse et dans le
sanctuaire de la vie conjugale véritablement unis
l'un à l'autre, ils unissent leurs deux âmes et leurs
deux corps. Et cette union corporelle, cet amour qui
unit les époux non seulement les remplissent tous deux
d'allégresse, mais font agir le germe qui sommeillait
'jusqu'alors dans la femme, à cet instant le petit
germe humain a commencé à vivre, le petit bourgeon
humain a commencé à grossir, à croître, à se
développer et après neuf mois il est assez fort
pour tomber comme un fruit de la coquille, se séparer
de l'arbre nourricier maternel et nous disons .:. ~un
LES PLANS DU CRÉATEUR 19
nouvel homme est venu au monde. Un notrirel
enfant, un nouveau petit homme qui n'est ni le père
ni la mère en petit, mais qui réunit son père et sa
mère; un troisième être humain dont la vie cependant
est déterminée déjà en bien des points à l'ava~ce
par le genre de vie antérieur du père et de la mère,
par la vie antérieure honnête ou pécheresse. Mais
aussi n'y a-t-il pas plus grand amour au monde que
celui des parents pour leurs enfants qui au sens le plus
exact du mot sont issus de leur chair et de leur sang.
La mère et le fils.
Écoute cette conversation pleine d'abandon entre
un petit garcon et une mère de famille raisonnable
qui aime mieux répondre elle-même franchement
aux questions de son enfant plutôt que de le laisser
demander des explications à des camarades douteux.
« Chère maman, demandait à sa mère un petit
collégien, comment est-ce que j'étais petit, lorsque
j'étais encore tout petit.
Lorsque tu étais tout petit? Oh! tu étais comme
un point. Plus petit qu'une tête d'épingle. On n"aurait
pu te voir qu'avec un verre grossissant.
Mon Dieu! dit l'enfant. Mais alors n'importe qui
aurait pu m'écraser 1
Certainement, répondit la mère. Tout être vivant
est au commencement un tout petit point, un petit
germe, une petite semence, qu'il faut cacher, comme la
semence sous la terre, afin qu'elle soit protégée,
lorsqu'elle commence à se développer. Et vois-tu,
le bon Dieu a pris soin de toi afin que tu n'éprouves
20 LA CHASTE ADOLESCENCE
.aucun dommage, tant que tu ttais si petit. Et dans mon '
corps, sous mon cœur, Il a fait une petite place pour
toi. Un nid bien chaud, bien doux, bien protégé, pour
que tu puisses y pousser et grandir en sécurité.
Et je pouvais m'y nourrir, maman? Et respirer?
Je faisais tout cela à ta place. A ce moment-là je
mangeais davantage, pour être. plus forte et te faire
profiter de ma force. Ce que je mangeais se transformait
en sang et le sang coulait en toi et te nourrissait.
Maman, est-ce que tu savais que j'étais là dans cette
cachette.
Si je le savais? Oh 1 mon petit enfant, comme je le
savais. Parfois tu remuais et chaque fois je me mettais
à causer ~vec toi. Bonjour, mon petit. Est-ce que tu '
es réveillé? Et ta maman veillait sur toi et pensait à
toi. Grandis et fortifie-toi afin que tu aies bientôt assez
de force, que tu sortes de ta cachette et que je puisse
t'apercevoir avec grande joie.
Et maintenant tu me regardes avec de grands yeux
comme si jusqu'à présent tu ne savais rien de tout cela.
Tu le savais pourtant, seulement tu ne le comprenais
pas encore. Tu sais bien que chaque jour nous récitons
ensemble dans le « Je vous salue, Marie» : « . .. et Jésus
le fruit de vos entrailles est béni ». Tu vois? De même
que la pomme est le fruit du pommier, de même le
petit enfant est le fruit de sa maman. Mais le petit
enfant a plus de valeur que la pomme et ·c'est pourquoi
le bon Dieu a voulu prendre beaucoup mieux soin de
lui. C'est pourquoi il reste si longtemps caché dans une
chaude et douce cachette, sous le cœur de sa maman.
Et combien de temps y suis-je resté, ma chère
.maman?
Mais tu le sais bien. Quand est-ce le jc;>ur de l'Annon-
LES PLANS DU CRÉATEUR 2.1
ciation, cette fête où l'ange salua la Vierge Marie et
lui annonça qu'eUe aurait un fils? Le 25 mars n'est-ce
pas. Et quand célèbre-t-on la naissance du petit
Jésus? Le 25 décembre. Quel est l'intervalle entre
ces deux jours? Neuf mois. Tu sais aussi quel est le
jour de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie.
Le 8 décembre. Et le jour de sa naissance? Le 8 sep-
tembre. L'intervalle entre ces deux jours est encore
de neuf mois. Eh bienl jusqu'à présent tu avais entendU
parler de tout cela, mais tu n'y faisais pas attention
et je ne t'en parlais pas, tant que tu 'n'étais pas devenu
un grand garçon. Maintenant tu le sais, mais, mon cher
enfant, n'en parle pas aux autres enfants. Les grandes
personnes non plus n'ont pas le droit d'en parler sans
motif. Pourquoi? Parce que c'est une chose très sainte
et sublime et si on ne fait pas attention aux choses
belles et saintes, elles sont vite souillées.
Et pendant ces neuf mois j'ai prié beaucoup, car,
je voulais que tu devinsses un enfant bien pieux et
aimant Dieu. J'étais toujours de bonne huméur et
souriante, car je voulais que tu fusses de même.
Lorsque tu fus assez fort, un jour la porte ferm,ée
s'ouvrit et tu en sortis, tu étais né. Certainement cela
me causa d'atroces douleurs, mais qutimporte 1 Car
dès. que tu parus au jour, tu poussas de grands cris,
tu pleuras, tu te débattis, on te placa dans mes bras
.et ~ t'ai serré contre moi, j'ai pleuré moi ,aussi, mais
de joie et je t'ai embrassé et je t'ai embrassé, 'et main-
tenant tu sais, mon enfant, pourquoi je t'aime tant.
Oui, maman, et je sais pourquoi moi aussi j'aime
rilieul!: ma maman que n'importe qui au monde -
dit l'enfant et avec des larmes de reconnaissance dans
les yeux il embrassa sa mère ».
 22
LA CHASTE ADOLESCENCE
Sainte gravité.
Il ~e nous faut que réfléchir un peu pour qu'une
emotlOn et une admiration ,immenses s'emparent de
nos âmes devant la pensée grandiose de Dieu. Qu'il est
sublime le plan divin, de ne pas vouloir créer spécia-
lement l'homme dans un état de développement
complet comme Adam et Èv~. En effet comme le monde
entier serait tout autre, étranger, froid, désert, s'il
n'en était pas ainsi! Il ne pourrait être question de
famille, car la famille est constituée par le père, la
mère et les enfants. Nous n'aurions alors ni père nt
mère ni frères ni sœurs ni parents. Chacun serait
tout seul au monde. Alors personne n'aimerait son
\prochain, personne ne saurait à qui faire partager ses
joies, à qui confier ses peines.
Il n'y aurait pas de petits enfants dans le monde.
Il me vient aussi cette idée singulière : chacun serait
grave, adulte, oncle barbu ou tante agÉe et la maison ne
retentirait pas des jeux et des rires argentins des enfants.
Il n'y aurait pas d'enfants et elles seraient inconnues
l'in30uciance et la joie des années d'enfance.
Vois comme il est inexprimable l'amour de Pieu
dans la manière qu'Il a ch?isie d'assurer la perpétuité
de l'humanité. Il n'a créé directement que les deux
premiers hommes, un homme et une femme; et à ces
deux-là, et par eux à tous les autres, Il a communiqué
une part de sa force créatrice, SI bien qu'ils donnent
eux-mêmes aux autres hommes la vie du corps.
, Comme il est merveilleux, comme il est saint, comme
tl est noble le plan du Créateur. Comme elle est infiniment
LE~ PLANS DU CR~AT~U R 23
digne de vénération Sa volonté qui dans l'œuvre de
renaissance continuelle de l'humanité - œuvre réel-
lement créatrice - a laissé une part aux hommes.
Mais en même temps quelcomm~ndement sévère
ct strictement obligatoire que l'organe corporel dont,
;\\ec une sage prévoyance, il a pourvu l'homme soit
employé uniquement dans le but saint qu'Il a prescrit
(que par un amour mutuel de l'homme et de la femme
un nouvel homme vienne au monde) et seulement
dans le cadre qu'Il a établi des le commencement,
l'homme et la femme étant unis dans un mariage
indissoluble.
Dans toute la nature la force plus noble, la plus,
sainte est la puissance de donner la vie. L'homme
possède 'avec la nature la puissance de donner la vie
à de nouveaux petits êtres humains, mais de même
que l'âme humaine s'élève à une hauteur à perte de
vue au-dessus de tout autre être créé, de même il faut
considérer cette faculté créatrice avec la plus délicate
observation des lois morales, en la transportant de la
sphère matérielle dans le monde spirituel. Nous renon-
cerions à notre plus beau privilège, « notre nature
raisonnable » s'il y avait en nous une seule manifesta-
tion de notre vie physique par laquelle nous ne nous
distinguerions pas et ne nous élèverions pas tout à
fait au-dessus de l'activité entièrement animale.
Donc, mon fils, ne pense toujours qu'avec la plus
sainte gravité à cet organe, n'écoute jamais une con-
versation à double sens à ce sujet, n'en parle pas toi-
même, ne le regarde pas, ne le touche pas et garde-
toi toujours pur. Tes poumons~ ton cerveau, ton
cœur, tu ne peux pas les toucher (quand tu
pourrais y arriver); de même tu n'as pas le droit
 LA CHASTE ADOLESCENCE
par jeu, par légèreté de toucher ou d'exciter cet organe.
En effet le plan du Créateur est que jusqu'au mariage
chacun garde sans exception dans une pureté sans
tache son corps et son âme : et si pour un but plus
élevé - par exemple le prêtre catholique pour le salut
des âmes ou un grand savant dans l'intérêt de son
œuvre scientifique - quelqu'un ne se marie pas qu'il
vive ainsi dans la pureté jusqu'à la mort.
Dieu ne permet donc l'union physique des deux
sexes .que sous la forme légale fixée par Lui, l'union
indissoluble conclue pour la vie et seulement de manière
que puisse en résulter la naissance des enfants. Qui-
conque en ce monde utilise cet organe corporel de
n'impoite quelle autre manière (soit seul soit avec
d'autres) par sensualité et jouissance pèche gravement
contre lui-même, contre la société, la nature humaine
elle-même et la sainte volonté du Créateur..
Quelques jeunes gens peuvent se demander : com-
ment est-il possible que la vie se1Cuelle soit une cho~e
bonne et sainte dans le mariage et que par contre la
même chose en dehors du ,mariage soit mauvaise et un
grand péché? Comment est-ce possible? - raison-
nent-ils. Ou bien c'est toujours un péché ou bien ce
n'en est jamais un.
1 Mais on peut facilement trouver la réponse. Oui,
Dieu Il créé les organe sexuels, l'instinct sexuel et la
vie sexuelle; donc cet instinct est saint et son exercice
n'est pas mauvais (ce que Dieu a créé ne peut pas être,
mauvais), mais il est mauvais l'homme qui -en fait
usage dans des circonstances où Dieu ne le permet pas.
Or il est plus clair que le soleil que suivant la volonté
de- Dieu c'est seulement dans le mariage qu'on
,a le droit de faire usage de. l'instiI.lct sexuel et, mêm~
LES PLANS DU CRÉATEUR
dans le mariage, seulement de manière que des enfants
puissent voir le jour.
Pourquoi Dieu en a-t-Il disposé ainsi? - pourrait-on
encore demander. Pourquoi? Nous pourrions répondre:
Dieu est le Maître absolu; Il ne doit à personne compte
de ses lois. Celui qui a construit une machine sait le
mieux ce qui lui est nécessaire pour bien fonctionner
et ne pas s'abîmer; Dieu a conçu et créé t'homme et
Il sait le mieux comment l'humanité doit vivre pour
ne pas péril
Mais si nous réfléchissons un peu, notre raison nous
montrera que la vie sexuelle peut se manifester
seulement dans le mariage sans dégrader l'homme et
sans le diminuer à ses propres yeux. Ce n'est que dans
le mariage que la vie sexuelle est « sainte », car c'est
là seulement que n'éprouve aucun dommage la partie-
la plus noble de l'homme, l'ârrie. Ce n'est que dans le
mariage que l'instinct sexuel ne devient pas une pure
recherche de la jouissance, mais un épanouissement de
nouveaux germes humains, la mise au jour de nouveaux
enfants dont l'éducation ne peut être assur~e que dans
le mariage indissoluble. En définitive l'état et la société
ne pourraient pas subsister si Dieu n'avait pas lié l'usage
de la vi'e sexuelle exclusivement au mariage indissoluble.
Celui qui satisfait son instinct sexuel en dehors du
mariage, soit en touchant son propre corps pour exciter
en soi-même des jouissances impures, soit en ayant des 1.
relations avec une femme avant de se l'être associée comme
épouse devant l'autel pour toute la vie, est le bourreau
de son honneur et de son bonheur pour soi-même et
pour les autres.
26 LA CHASTE ADOLESCENCE
Le péché d'impureté.
Et pourtant ... et pourtant.. Il Y a à peine un don
de Dieu dont l'homme n'ait pas abus~ avec p!us ~'ingra:\
titude et de méchanceté; avec une tnstesse mfime nous
pouvons dire que l'humanité n'a peut-être )an:ais
détourné un seul plan divin autant de sa destmatlOn
originelle que le respect de la pureté d'âme, les véritables
relations réciproques de l'homme et de la femme.
L'éveil d'une nouvelle vie va partout de palr
avec une grande joie. Vois seulement au printemps,
au renouveau de la nature, comme le rossignol chante,
comme le vent chuchote, comme l'abeille bourdonne,
comme le ruisseau murmure, comme tout se réjouit de
la vie nouvelle. Le commerce sexuel de l'homme et de
la femme d'où doit naître une vie nouvelle, le Créateur
l'a uni au plaisir, pour que l'homme prenne sur lui
les nombreux sacrifices qui vont de pair avec l'édu-
cation des enfants.
Le plan divin est là devant nous parfaitement clair.:
l'union d'un homme et d'une femme dans une Vie
conjugale indissoluble dans le but d'assurer à l'humanité
de nouveaux successeurs. En revanche le théâtre, le '
cinéma, les tableaux, les photographies, les romans,
les articles de journaux, les livres, des milliers et des
dizaines de milliers de faux prophètes annoncent à la
société que l'homme et la femme ont le droit, même
avant le mariage, même à un âge insuffisamment avancé
et sans fonder plus tard une famille, soit seuls soit avec
d'autres, de se procurer ces plaisirs du corps que
suivant la plan du Créateur ils ne devraient connaître
que dans le sanctuaire de la vie famtliale.
LES PLAN& DU CRÉATEUR 27
Mon fils, tu ne peux pas passer comme un sourd
<levant ces accents séducteurs.
Dès que ton corps, à l'âge de trelze-quatorzeàns,
<:!eviendra plus fort et se développera, de Jour en Jour
tu sentiras davantage combien de manifestations de
notre vle sociale actuelle sont souillées par cette con-
-ception lmmorale. Dans les rues, au théâtre, dans les
livres, dans la société de tes camarades, partout tu
rencontrera le mépris attnstant des plans du Créateur,
sans cesse la tentatlOn dresse contre tOI le mons-
trueux dragon de l'impureté, de l'impureté de l'âme.
De tels livres te tomberont dans les mams, on te
conduira dans de pareils théâtres, on t'introdUira
-en pareilles sociétés. Et même - j'écns ces lignes
le cœur serré - combien d'enfants, dès leur Jeune âge,
peut-être déjà.à l'école primaire ont été initiés à ces
choses par des camarades corrompus, à ces choses dont
l'idée n'aurait dû vemr en eux que quelques années
plus tard. Un grand nombre tombe ainsi victime des
séductions de leurs compagnons. De tels camarades
s'approcheront de tOI, pour te parler avec une bouche
impure de l'éveil des Jouissances du corps, de l'origme
de la vie, de la naissance de l' enfant, cama~ades
qui sont déjà corrompus par une plaie hideuse de notre
époque, plaie qui dégrade par le honteux moyen de
l'in<:onduite les plans sublimes du Créateur.
Le saint mystère.
Mais tu vois déjà, mon -fils, combien ces infortunés
sont à plaindre. Car s'ils connaissaient le saint devoir,
 LA -CHASTE ADOLESCENCE
la noble tâche que Dieu a attachée à cet instinct humain~
ils n'en parleraient pas avec une grossièreté aussi
effrontée.
Juge toi-même, mon fils, quelle vulgaire façon de
penser, quelle dégradation de l'âme il faut pour débiter
et déverser des plaisanteries ordurières sUr un des
plus saints et des plus nobles privilèges dont le Créateur
a voulu revêtir l'homme.
« Ne savez-vous pas que VOu& êtes le Temple du Saint-
Esprit qui habite en vous? )) dit la sainte Écriture
(10 Corinthiens, VI, 19). Dans un temple chaque place
est sainte, dans notre corps tout aussi est saint, car
il vient de Dieu. Mais dans chaque temple il y a une
partie qui est spécialement sainte : le tabernacle où
le Seigneur Lui-même habite dans le Très Saint
Sacrement et dont on ne doit s'approcher qu'en
inclinant la tête, en s'agenouillant avec un profond
respect; dans le corps humain allssi il y a un endroit
particulièrement secret - ce n'est pas le cœur, ce
n'est pas le cerveau - mais l'organe où habite une
parcelle de la force créatriCe du Tout-Puissant et
auquel on ne doit penser qu'avec le plus grand respect.
Plus tu penseras avec le respect convenable à la
sainte force créatrice qui s'éveille en toi entre qua-
torze et seize ans, plus tu prendras clairement con-
science que dans. ton corps, suiv;mt l'admirable
volonté de Dieu; sommeillent la vie, le bonheur, et
l'avenir de toute une génération, moins tu t'en
moqueras, moins tu en souriras et même t:u n'en
parleras pas du tout.
En effet la naissance de la vie est dans la nature
entière un secret. Secret saint et impressionnant. Là
où commence une nouvelle vie, II? Dieu Créateur jette
,LES PLANS DU CREATEUR 29
toujours un voile. Le papillon se cache dans un cocon,
lorsqu'il change de forme, personne ne le voit. Et qui
a jamais vu la semence germer? Personne. Profon-
-dément cachée dans le sein de la terre, elle surgit à
une nouvelle vie. Qui a jamais vu le cristal de l'amé-
thyste bleue et du rubis rouge-feu se former dans le
silence absolu des profondeurs mystérieuses des
rochers? Personne. Le commencement, la naissance,
l'origine de la vie sont partout mystérieusement cachés.
L'homme recherche vainement le commencement de
la vie; le plus grand savant finalement s'aperçoit qu'il
est arrivé devant le seuil d'un sanctuaire fermé. Encore
un pas et - c'est Dieu qui se dresse devant lui.
Et voilà que tes camarades parlent de ce sublime secret
·avec une langue impure et cet instinct destiné à assurer
la conservation de la race humaine, et qui est peut-êtire
la pensée la plus sainte, la plus noble du Cré~t'e~i'~,
-devient ptJur eux un sujet de jeu frivole, de jàt'i~~ai\'E~
,et de plaisanteries malpropres l ' .- .
Mais tu sais déjà maintenant quelle hallte' , 'inission
te réserve l'avenir, Tu sais qu'un jour " -:::' s'i "selo'ri
les plans divins tu te maries - tu appelleras à
]a vie des germes humains et' tu baiseras sur le
front la Belle au bois dormant, Tu sens j'immense
responsabilité qui pèse sur tes épaules et réclame
,que jusqu'à ce saint moment tu gardes les forces
,de ton corps dans une pureté totale et que tu ne
,gaspilles pas les forces de ton organisme. Tu sais
que satisfaire tes instincts en dehors du mariage
,équivaut à profaner en toi la dignité humaine. Tu
:sais que dans tout jeune homme et dans toute jeune
:fille sont cachés un père et une mère mais celui qui ne
.11 eut pas vivre chaste avant le mariage. ne pourra pas
3° LA CHASTE ADOLESCENCE
LES PLANS DU CRÉATEUR '31
non plus demeurer fidèle et honnête pendant le mariage ..
malades, aveugles de naissance, idiots, paralytiques,
Le sort de générations entières dépend de la manièrt>
criminels, fous, maudissent les péchés de jeunesse.
dont tu pourras être un jour avec une pureté totak
les excès de leurs parents.
parmi les ouvriers du Créateur.
, Ta bonne volonté présente, tes saines idées vont
Les racines de l'arbre sont cachées dans la silen-
être, malheureusement, mises à l'épreuve par les
cieuse profondeur du sol et elles envoient dans le tronc:
mille tentations de ta jeunesse et du monde.
et dans la cime la force vivifiante qui le développe;.
Livres, gravures, pièces de théâtre, films, annonces,
si nous sortons les racines à la lumière du soleil,.
cartes illustrées, feuilles humoristiques, chansons,
l'arbre séchera. L'âge viril, le développement de l'ins-·
comédies, vitrines des libraires, articles de journaux,
tinct sexuel doivent se produire dans un silence aussi
etc. se précipiteront sur toi par milliers et te
mystérieux, dans une sainte réserve, sans regards ni
crieront aux oreilles « ne sois pas une sainte nitouche ))' ,
pensées curieux. Aussi tu ne parleras jamais par·
« ne sois pas un arriéré, avec la mentalité du moyen
curiosité de ces choses-là avec tes camarades, car ce
âge )), « ne sois pas un enfant)l, n'attends pas jusqu'au
que la sagesse divine tient caché devant nous,Ia curiosité
'\ mariage ou bien ne sois pas fidèle dans le mariage,
humaine ne doit pas le produire à la lumière du jour ..
. mais procure-toi les jouissances du corps, les plaisirs
Aussi estimeras-tu l'organe de la génération trop,
des sens, autant et partout où c'est possible. Dans le
noble pour que tu le profanes par ta jouissance:
monde entier actuel si bouleversé tu entendras san~
personnelle contrairement aux desseins du Créateur.
cesse répéter que l'amour et la jouissance sont le but
En effet dans tes jeunes années non seulement tu, unique de la vie. .
bâtis ou tu détruis dans ton propre corps et dans.
Et tu es là la tête étourdie au milieu de ce bruit
ton âme, mais aussi pour les générations futures. Tu de foire.
n'écouteras pas la séduction, même si elle vient sous.
Tu ne sais que faire, à quoi t'attacher, quelle
le masque de la littérature ou de l'art; car tu sais. conduite tenir.
bien : malheur à ces voyageurs que le feu follet.
, Tu arrives à la croisée des chemins où va se
détourne de la route vers le marais fangeux : ils dis-
décider ton sort, le sort de toute ta vie. Et pour
paraîssent irrémédiablement dans la boue.
toi se pose la question, l'importante question qui
Le développement de cette semence vitale qui.
attend une réponse pressante: Où dois-je me diriger?
maintenant ne .fait que mûrir en toi peut s'orienter
dans une bonne ou une mauvaise direction, suivant.
ta conduite et ta manière de vivre dans tes jeunes.
années, de sorte que tu seras une bénédiction ou une:
malédiction pour ta future famille. N'oublie pas
•
qu'une troupe innombrable d'enfants névropathes,.

(CHAPITRE II
OU IRAI-JE?
• Soyez maître d e votre volonté
esclave d e votre conscience . J
(MARIE VO N EB NER-EsCHENBACH). ,
• Il se trompe celui qui croit
qu'cn se montrant faible dans sa .
j eunesse il pourra avoir un carac-
tère plus ferme arrivé à l'âge
d'homme. »
(J OSEPH ~OTV(9) .
Tu connais Thistoire d'Hercule, le plus grand
héros du monde légendaire grec? Il était l'idéal per-
sonnifié de la force virile et du courage. Son ennemi
voulut le faire périr dès le berceau : il plaça deux
serpents à côté de lui, mais l'enfant robuste étouffa
les serpents. Sa vie est remplie des plus beaux exploits.
Il tua l'hydre de Lerne, il dompta le taureau de Crète,
il vainquit les Amazones, il nettoya les écuries d'Augias,
il ravit la pomme d'or ejes Hespérides ... Et pourtant
ce héros fabuleux n'échappa pas à l'épreuve que -
c'est la vérité - aucun homme ne peut éviter :.
lui aussi arriva un jour à la croisée des chemins où
irrévocablement, il faut prendre une décision capitale:
,où irai-je, quel chemin suivrai-je? r
ou IRAi-JE? 33
A la croisée des cher.nins.
Cet épisode se passa dans sa jeunesse, lorsque
d'enfant il commençait à devenir jeune homme. Un
jour qu'il était tout seul, plongé en lui-même, deux
femmes se présentèrent tout à coup devant lui. L'une
se mit à lui parler ainsi: ; ,
Je vois, Hercule, que tu te demandes quelle route
tu dois suivre dans ta vie. Si tu me choisis pour com-
pagne, je te conduirai sur une route agréable où durant J
toute ton existence tu ne trouveras que du plaisir et :
pas de peine. Tu n'auras d'autre soin que de savoir ce '
que tu mangeras et boiras et comment tu donneras :
satisfaction à tes sens .. . Si tu m'appartiens, tu auras '
toutes les joies sans travail et sans peine ... '
' Alors Hercule l'interrompit l'· ,
Femme, quel est ton nom?
Mes amis m'appellent « Bonheur » - répondit la
femme - , mes ennemis me nomment « Vice ».
Entre-temps l'autre femme s'était approchée.
Moi, je ne veux pas te tromper --.:. dit-elle. Je t'affirme
que les dieux ne donnent ni grandeur ni bien sans
travail et sans peine. Si tu me suis, certainement tu 1
auras beaucoup à travailler. Si tu veux que toute la \
Grèce te loue à cause de tes exploits, efforce-toi de faire ,
du bien à toute la Grèce. Si tu veux que ton champ '
porte des fruits abondants, travaille ton champ. Si
tu. veux devenir un,. guerrier célèbre,apprencls cette
SCIence auprès d'hommes capables. Si''tu veux devenir
robuste, habitue ton corps à obéir à la raison, àsup-
porter le travail pénible et la peine•••
Chaste AdoJescence.
34 LA CHASTE ADOLESCENCE
Le Vice l'interrompit :
J As-tu entendu, Hercule, sur quel chemin pénible
cette femme veut te conduire? Et comme moi je te
mène facilement au bonheur.
Misérable! - s'écria la Vertu. Quel bonheur peux-tu
donner? Peut-il y avoir un bonheur plus misérable
que le tien, car tu ne fais rien pour l'acquérir. Tu
manges avant d'avoir faim, tu bois avant d'avoir soif.
En été tu soupires après la: glace et la neige. Tu désires
le sommeil, non pas parce que tu as beaucoup travaillé,
mais parce que tu n'as rien fait. Tu pousses à l'amour
tes partisans, avant que la nature le réclame et tu
souilles la nature par l'abus des deux sexes. Tes fidèles
sont habitués à faire des choses honteuses pendant
la nuit, et à dormir une bonne partie du jour. Bien
\ que tu soies immortelle, les dieux t'ont exclue de leur
milieu et les hommes de bien te méprisent. Tes jeunes
amis ruinent leurs corps et les plus âgés perdent leur'
âme. Dans leur jeunesse, ils se sont vautrés dans les
jouissances jusqu'au dégoût et maintenant dans un
âge avancé ils se traînent en soupirant. Ils ont honte
de leurs actions passées et maintenant la fatigue de
leur vie gâchée pèse sur leurs épaules. Moi au con-
traire j'habite avec les dieux et au milieu des hommes
les meilleurs. Sans moi rien de ' noble ne se produit
dans le monde. Les dieux et les hommes m'honorent.
Les artistes m'aiment comme leur auxiliaire, les pères
de famille comme gardienne de leur foyer. Pour ceux
qui me suivent, la nourriture et la boisson sont chose
agréable, car ils n'en font usage que quand ils en ont
.besoin. Le sommeil leur est plus doux qu'aux pares-
seux et ils nc lui sacrifient pas un seul de leurs devoirs.
Leurs amis l es estiment et leur patrie les honore.
OU IRAI-JE 35
quand finalement leur dernier moment est arrivé, ils
ne descendent pas dans les ténèbres de l'oubli, mais
leur souvenir continue à vivre grorieusement sur les
lèvres des génér,tions à venir. Hercule, fils d'illustres
parents, si tu agis ainsi, tu parviendras à une gloire
éternelle ...
...
• olt
Voilà comme j'ai lu l'histoire d'Hercule rchez un
vIeil écrivain grec, Xénophon, au troisième' livre de
l'ouvrage intitulé « De Cyri expeditione». Et maintenant
je l'ai écrite pour toi, mon fils, car un jour toi aussi
tu arriveras certainement à la croisée des chemins
lorsque' .tu prendras conscience de cette constatatio~
impérissable de la Sainte ' Écriture : La chair a des
désir~ con~r~res à ceux de l'âme )) (Galates V, 17) _
et tOI aUSSI 11 te faudra faire ton choix.
Fais bien attention!
De l'enfance à l'adolescence.
Depuis ta quatorzième ou seizième année _
peut-être déjà plus tôt - tu sens en toi-même des
choses nouvelles, extraordinaires. Ton corps et ton
âme commencent à se transformer, à fermenter;
de nouvelles idées, de nouvelles pensées, de nouveaux
e~o~s, des désirs non encore ressentis auparavant
s ével~l:nt a~ dedans de toi. Tu es comme le jus
de ralSln qw se met à. fermenter pour devenir un
 LA CHASTE ADOLESCENCE
vin généreux. La période de transition se lève pour
toi : l'enfant inconscient devient le jeune homme
qui prend conscience de lui-même.
Cette importante transformation est accompagnée
de telles manifestations qu'elle ébranle et met en mou-
vement les plus petites parties de ton être. Je dirais
presque que l'enfant condamné à disparaître lutte
au-dedans de toi avec le jeune homme en train de
naître. De même qu'au printemps la force vitale se
met en mouvement dans les branches endormies des
arbres et que la sève nouvelle fait s'épanouir les bour-
geons, de même bouillonne au-dedans de toi le sang
ardent du printemps de la vie, il bat dans tes veines,
bouleverse tes désirs et tes pensées.
Et toi?
A demi déconcerté, troublé et mcertain tu con-
temples dans ton âme le tourbillon de sensations
nouvelles, tu te sens presque étranger à toi-même,
devant ton ancien moi. Comme les oiseaux migrateurs,
aux premiers rayons du soleil d'automne, une véritable
fièvre et l'inquiétude s'emparent de toi.
Dis-moi. n'est-ce pas ainsi?
Ton organisme se développe.
,N ale pas peur, cela va de pair avec le développement
,.. Tout d'abord ton corps grandit. Tes membres
s'allongent. Assurément tu as parfois une allure
un peu comique. Tu ne sais plus que faire de tes
grands bras - à moins que tu ne mettes tes mains
dans tes poches. Comme ton premier pantalon,
n'est-ce pas, devient vite trop court? Les VaC!\nces
OU IRAI-JE?
37
te' voient grandir de dix centimètres, en deux ou
trois ans tu atteins une taille démesurée. Tu ne
èours plus si vite que les petits, mais tu ne peux
pas non plus marcher aussi aisément que les grands. '
Tes poumons se dilatent, tes os deviennent plus forts,
ta poitrine s'élargit. Les premiers traits virils et graves
se dessinent sur ton visage d'enfant. Ta belle voix
de sop~ano disparaît. Et lorsque personne ne te voit,
tu essaies devant une glace si tu peux déjà tourner
ta moustache qui commence à pousser.
Dis-moi, n'est-ce pas ainsi?
~out cel~ ','fl0ntre que tu es au printemps de
la VIe. Or le prmtemps est un temps infiniment précieux:
il décide de toute la moisson de l'année. Apres un prin-
temps malheureux l'été n'a pas de fr?f-it et l'automne est
affreux.,
?r ce ?'est pas seulement tori extérieur qui change,
malS aussI au dedans de toi se développent des organes
plus nobles. Ton cœur, tes poumons, ton cerveau,
tout ton système nerveux se développent aussi par
un travail intérieur, pour devenir un instrument
approprié à ton organisme qui a grandi. ,
Ce passage de l'enfance à l'adolescence est une
véritable tempête,'" une révolution. Parfois tu as des
maux de têtes, des vertiges, des saignements de nez;
et. ,t.on cœur se met à battre de manière effrayante.
de ta nature. Avec une nourriture convenable du
~ommeil, des délassements tu pourras soigner ta s~rtté.
~~ Mais fais bien attention que cette époque, « l'tige
mgrat » est l'époque la plus importante de toute ta
vie terrestre.

LA CHASTE ADOLESCENCE
Mais hélas! combien y en a-t-il qui dans leur incon-
cience gâchent irrémédiablement cette période si
importante de leur existence!
Lorsqu'Avril est au-dedans de toi.
Ton état d'âme sera aussi très variable, capricieux,
facilement égoïste, entêté, irritable, ne reconnaissant
aucune autorité, te mettant au -dessus de tout, recher-
chant les honneurs et la considération. Ces change-
ments ont leur place dans ton état d'humeur. C'est
réellement avril qui arrive en toi : le matin le soleil
sourit avec une gaieté féerique et une demi-heure
plus tard tu es trempé jusqu'aux os dans la rue et
lorsque tu es rentré fort mécontent à la maison, le
soleil se remet à briller. Tu tombes aussi sous
l'emprise d'impressions passagères. Tantôt tu es d'un
enthousiasme qui te transporte jusqu'au ciel, tantôt
un sentiment d'amertume et de déception te rejette
à terre; mais tu n'en sais pas toi-même la raison nt
le pourquoi. Un désir de voyager s'empare de toi.
Tu soupires après les aventures, la gloire, tu veu\
faire de grandes choses (parfois des jeunes gens
s'enfuient de la maison). C'est dans ces mois, dans
ces années que ton âme est vraiment enrhumée. Le
moindre courant d'air lui fait du mal et tu attrapes
une inflammation. Non pas des bronches, mais de
1 l'âme. Une grosse fièvre s'empare de toi: tu murmures,
tu es mécontent, aigri. Tu entres en sueur : tu dis
des bêtises, cette grosse fièvre t'empêche presque de
parler - convenablement, tu par1es grossièrement,
OU IRAI-JE? 39
en haussant les épaules, avec arrogance. En particulier
un grave désir s'empare parfois de la jeunesse : si
seulement j'étais déjà un homme! Que ne donnerais- .
je pas pour être seulement plus âgé de quatre ou cinq
ans! Mais si tu n'es pas encore un homme, tu veux
du moins le paraître. Et - chose merveilleuse - ce
n'est pas leurs vertus et leurs bonnes actions, mais les
choses extérieures de la vie des grandes personnes que
tu imites: leurs vêtements, leur allure, leur coiffure, :
. leurs conversations, et évidemment on fume et on
; boit comme elles. .
Celui qui ne comprend pas cette période rit de toi .
par manque de tact et se moque de toi, et de ta i
gaucherie. Peut-être ta mère elle-même ne te Jj
comprend-elle pas. Auparavant tu étais si obéissant 1
et elle ne saisit pas pourquoi maintenant tu lui
réponds, pourquoi tu es susceptible. Les petits
te craignent, les grands sont fâchés après toi et tout
cela t'aigrit. ,.
En effet tu es un mystère pour toi-même et l
il faudrait non pas te mépriser, mais t'aider. '
Oh! qu'il est heureux celui qui à cette époque trouve ·
un guide sage et mûr auquel il peut confier en toute
assurance chacune de ses difficultés! Oh! comme
il est malheureux, celui qui avec ses doutes et ses
problèmes angoissants, se tourne vers les explications
cruelles de camarades corrompus.
Idées nouvelles, désirs inconnus.'
Mais tu sens, tu découvres encore autre chose
en toi-même. Dans ton âme - qui jusqu'alors ·
 CHASTE. ADOLESCENCE
peut-être était une âme d'enfant claire, harmonieuse,
gaie, insouciante - se prodüisent des changements
non moins importants. Un trouble étrange l'envahit,
comme si un nuage informe s'étendait sur ton
âme. Des pensées, des désirs surgissent de profondeurs
inconnues dont jusqu'à présent tu n'as pas la moindre
idée et qui maintenant que pour la première fois tu
les rencontres, te troublent réellement. Avec anxiété
tu songes à tes dispositions tranquilles et calmes d'il
y a une paire d'années à peine et dans le trouble de ces
nouvelles pensées surgit ce pressentiment terrible en
toi: qu'est-ce que cela, suis-je moralement corrompu?
Mais il n'en est pas ainsi. Je peux te rassurer :
actuellement encore tu n'as aucun motif de t'effrayer.
Cependant j'aimerais à te faire une recomman-
dation. A savoir que tout ton avenir, toute ta vie
morale dépendront de la manière dont tu auras
passé çes années, cette période que l'on appelle « l'âge
ingrat ». C'est maintenant que l'on se rend compte
si l'âme qui est seule appelée à commander en toi
peut être la maîtresse de tes bas instincts, si tu
seras un chevalier aux nobles sentiments et à l'esp rit
élevé ou bien le misérable esclave d'habitudes péche-
resses. Ce que j'ai écrit dans les pages qui suivent
est destiné aux jeunes gens qui sont arrivés à ce degré
de développement physique, à cet ({ âge ingrat» sans
avoir' subi la moindre influence nocive du dehors.
. Hélas! il Y ~n a tant qui ont été mis au courant de
ces choses par des camarades corrompus, alors que le
développement de l'organisme et l'ordre de la nature
ne devraient être révélés à leur esprit que maintenant,
si bien qu'ils ont passé par cette crise plus rapidement,
mais non sans dommage.
OU lRAr-JE?
Une force nouvelle commence à se faire sentir en
toi, dont jusqu'à présent tu ne sais pas qu'elle
était en toi : c'est ce que l'on appelle « l'instinct
sexuel ».
Il est merveilleux le magnifique plan de Dieu. Le
petit enfant vient au monde impuissant et c'est seu-
lement peu à peu, lentement qu'il acquiert les capacités
dont il.a besoin par la suite dans l'eristence. D'abord
il n'a pas de dents, mais elles ne lui sont pas nécessaires.
Mais après la première année il lui faut pour manger
pouvoir déjà mâcher et il lui pousse une ou deux
dents. Peu à peu viennent d'autres dents, autant
qu'elles sont nécessaires à cette époque. Le's germes
de toutes les dents se trouvent sans donte déjà au
moment de la naissance, mais ils attendaient patiem-
ment sous la gencive qu'arrivât le moment où ils
seraient nécessaires.
L'instinct sexuel de même sommeille tranquillement
chez le j~une homme, jusqu'à la quatorzième ou quin-
zième année. Jusqu'alors il ne savait. même pas qu'il
existât (à ~oins que des camarades corrompus ne lui
en eussent parlé en plaisantant). Mais c'est précisément
à cette époque que cette force commence à s'éveiller
et à' inquiéter les jeunes gens consciencieux. Cette
maturité dure environ de la quatorzième ou quinzième
année jusqu'à la vingt-cinquième année, elle est à
son maximum entre quinze et dix-huit ans .
Mais quelle est cette nouvelle chose que tu com-
mences maintenant à ressentir ...
De plus en plus tu constates ce fait (que tu
avais toujours constaté jusqu'alors, mais qui ne
t'avait pas autant impressionné) que l'humanité se
compose de deux sexes.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Le sexe masculin et le sexe féminin.
Tu l'avais bien vu jusqu'ici, mais tu ne t'en
souciais pas. beaucoup. Tu ne t'occupais des fillettes
peut-être que pour leur tirer les nattes en jouant et
t'amuser beaucoup lorsqu'elles se mettaient à crier
avec épouvante.
Mais maintenant tu ne le ferais plus pour rien
:au monde. Lorsque tu joues ou parles en compagnie
de jeunes filles, quelque chose de particulier, une gêne
que tu n'avais pas éprouvée jusqu'alors, une ardeur
et un plaisir s'emparent de toi. Tu t'efforces de
paraître devant elles d'autant plus beau, plus intelligent,
tu leur parles de tes qualités vraies ou imaginaires, de
tes capacités et loin de les tirer par les cheveux, -
Dieu m'en garde - , tu leur offres au contraire
généreusement « tes services chevaleresques ) et si
tu peux ramasser avec force courbettes un gant tombé
par terre, tu nages dans une joie sans limite.
Le premier amour.
Et lorsque tu es à la maison au milieu de tes
livres - car tu es en troisième ou en seconde -
une certaine force de volonté t'est nécessaire pour
apprendre la leçon du lendemain. Tu étudies com-
ment il faut élever au carré et comment il faut extraire
une racine carrée ... mais' ... voilà .. .que tout d'un coup
la racine carrée devient des yeux, des oreilles, une
bouche et - tu ne sais pas toi-même comment -
une jolie jeune fille.
Maintenant, tu prends la grammaire hongroise.
ou IRAI-JE? 43
Tu étudies la leçon de prosodie du lendemain,
peut-être serait-il bon d'essayer si je pourrais réaliser
en pratique les règles apprises. Tu mordilles l'extré-
mité de ton crayon, les strophes passent l'une après
l'autre sur le papier et en un tour de main voici tes
'premiers vers, - des vers d'amour. Le professeur de
'prosodie trouverait peut-être que ce (( chef-d'œuvre ')
est une survivance de l'âge de pierre, les rimes, le
rythme sont cahoteux comme une voiture sur une route
{empier~ée mais tu es persuadé que tes vers surpassent
les poésies de Petüfi et de Tempa réunis.
Et ce n'est encore que le commencement.
Petit à petit tu prends conscience que ces pensées
·ct des pensées semblables occupent ton esprit et t'en-
vahissent de plus en plus. Il te faut l'avouer: tu es
amoureux. Et ta conscience délicate commence à
's'inquiéter et tu ne peux pas te rendre compte toi-
même de ce que tu deviens. Une moisson mystérieuse
·commence à lever en toi dont la semence jusqu'à
présent sommeillait dans les profondeurs de ton âme,
's ans que tu en aies conscience et que tes yeux d'enfant
sans expérience regardent peut-être avec épouvante :
est-ce du froment ou hien de la nielle?
Ce développement {ait partie du plan divin.
Encore une fois, mon fils, jusqu'à présent il n'y a
pas de mal. Tout cela est chose naturelle, qui arrivera
donc à chacun tôt ou tard. Et même --- pour parler
t out à fait c1airement-·- ces émotions et ces sensa-
t ions sex uelles se produisent en loi par lei v olonté de Dieu.
 44 LA CHASTE ADOLESCENCE
ou IRAI-JE? 45
Rappelle-toi seulement ce que je t'ai dit dans le
chapitre premier du « plan du Créateur », suivant
lequel la vocation de la plupart des hommes est de Pur jusqu'à l'autel, fidèle jusqu'à la tombe.
veiller à la propagation de l'espèce humaine. Tu as lu
avec quelle merveilleuse et sainte sagesse Dieu a réglé
Conformément à la très sainte et immuable volonté
la continuation de l'humanité. C'est sa sainte volonté
de Dieu, tu ne peux satisfaire ces instincts qui com-
que l'amour mutuel du jeune homme et de la jeune
mencent maintenant à se manifester en toi pour la
fille les réunisse dans le sanctuaire de la vie familiale
première fois et qui ensuite deviendront de plus en plus
et que par le fruit de l'union de deux corps et de l'amour
forts que dans le man"age, c'est-à-dir~ dans l'institution
' de deux âmes l'humanité s'accroisse continuellement
que le créateur a destinée à la conservation de l'espèce
de nouveaux enfants qui remplacent ceux que la mort
humaine. Mais n'est-ce pas, tu es encore loin du
fait disparaître de la terre. Ces sensations nouvelles
mariage. Mais jusqu'à quel point?
surgissent donc en toi conformément aux lois de la
C'est donc ton plus saint devoir de conservèr ces
nature, or les lois de la nature sont saintes et le restent
désirs et ces intincts dans leur pureté et leur intégrité
tant que l'homme ne les souille pas d'une main pécheresse.
jusqu'au jour où tu conduiras ta blanche fiancée
Notre âme est sainte, si elle vit conformément aux lois
devant l'autel du Seigneur. Avant ton man"age tu n'as
de Dieu et notre corps aussi est saint, cette demeure
jamais le droit de donner satisfaction à ces instincts,
si belle préparée pour potre âme.
sous aucun prétexte, ni seul ni avec d'autres. Tout
Voilà donc mon fils, le plan du Créateur. C'est en
homme qui n'est pas marié commet un péché grave,
"conformité avec sa volonté qu'il arrive que dans le
si , volontairement et sciemment, il s'adonne à des
jeune homme grandissant s'éveillent l'intérêt, le désir
pensées, des sentiménts, des actions qui ont rapport
pour les jeunes filles, parmi lesquelles tu rencontreras un
à ce que l'on appelle la « vie sexuelle ».
jour une compagne pour la vie. L'amour, c'est-à-dire
Sois donc sur tes gardes et ne donne jamais lieu
l'attraction mutuelle de deux sexes - à temps et à.
volontairement, à de ces pensées, regards, paroles,
lieu - non seulement n'est pas un péché, mais au
actions. Mais si au cours du développement de ton
contraire est un des pl}ls beaux dons de Dieu.
organisme il te vient à l'imagination de telles pensées,
Mais l'amour est ~n même temps aussi une fosse
alors - dès que tu t'en rends compte - chasse-les par
ténébreuse.
d'autres pensées et n'oublie pas que, tant que tu
n'auras pas prêtéserment avec ta fiancée devant l'autel,
tu n'as pas le droit de t'abandonner à ces sensations.
Si tu agis ainsi, tu es sur le bon chemin. Il est de la
plus grande importance que tu n'oublies pas cette
vérité.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Le grand danger réside particulièrement en ces,
années dans ton imagination. A cet âge tout jeune
homme est plus ou moins rêveur. Mais prends garde
de tomber dans le malheur de tant de jeunes gens qui
pendant des semaines, des mois, rêvent à tout autre
.chose qu'à leurs leçons, vivent des romans entiers
dans leur imagination et se forgent un avenir fantas-
.tique, tout en né'gligeant leurs devoirs et leurs travaux
et restent en arrière dans tous les domaines. Donc
attention que les rêveries sentimentales ne paralysent
; pas ton âme.
Je répète ce que j'ai dit. Ces désirs nouveaux, ces
rêves, ces instincts s'éveillent dans chaque adolescent,
sans exception. Cet instinct sexuel que tu sens en toi
est saint, car il est une participation mystérieuse à la
: '. force créatrice de Dieu. Son apparition ne doit donc
i; pas t'inquiéter. Ces signes indiquent que tu coinmmces
à devenir un homme et que suivant les desseins de Dieu
se rassemblent les forces qui te préparent à ton rôle
futur de père de famille. Plus cette sensation se mani-
feste tard en toi, mieux cela vaut. Les enfants maladifs
et nerveux subissent très tôt cette crise (dès douze ou
treize ans), ceux qui sont bien portants plus tard
(vers' seize et dix-sept ans). Réjouis-toi donc, si tu
es 'enC9re un « enfant )) plus tu pourras te développer
tranquillement. Les fruits précoces sont. sans valeur. ('
Tu as pu en faire déjà toi-même l'expérience. Tu vas
dans un jardin; lé pommier est chargé de fruits. Ils
ne sont pas encore .mûrs, mais ici et là il Y a quelques
pommes rouges. Tu en prends une avec joie, car elle
est s~ belle. Tu mords dedans et tu la jettes; elle est
véreuse et mauvaise. Songe au proverbe il faut ,...du
temps aux bonnes choses.
OU IRAr- JE? 47
Mais lorsque ton développement physique arrive
à son terme, alors c'est un devoir sacré pour toi de ':
ne pas éveiller cet instinct par des lectures sensuelles,. \
des conversations, des regards, des pensées, des actions, ,
mais en vue ,du combat que tu dois livrer contre lui, '
puise de la force dans cette conviction que selon les
plans de Dieu une sainte tâche t'attend un jour.
Dans le danger, dans la tempête .
Voilà, mon fils, que ta croissance t'amène aussi à
la croisée des chemins. Le Vice et la Vertu apparaissent
devant toi, comme devant Hercule et t'invitent à suivre
leur route. Le Vice se tient devant toi, enchanteur,
et t'offre àhpleines mains les plaisirs sensuels.
Tes instincts dont j'ai parlé plus haut veulent
au cours des années (surtout dans tes années d'uni-
versité) te commander de manière de plus en plus
tyrannique.
De même que les cris continuels des hyènes et des,
chacals altérés de ,sang font trembler les caravanes
du Sahara dans le silence de la nuit, ;de même les
attaques de l'instinct sensuel te poursuivront jusqu'au
bout de tes années de jeunesse. Le plaisir se montre
dev~nt toi sous un vêtement attrayant, la jouissance
que te promet la satisfaction immédiate de tes instincts
sexuels. Continuellement des tentations t'inviteront
à abandonner le chemin de la pureté morale; c'est
comme un démon déchaîné en toi qui demande,
promet, raille, excite : va .donc, va parmi les plaisirn
'que promettent les désirs sensuels.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
OU IRAI-JE? 49
tater que tes désirs qui s'éveillent à l'époque de ta
Et dans cette terrible tempête c'est à peine si tu
croissance n'ont pas droit à être satisfaits, car ils ne
remarqueras le noble visage de la Vertu, c'est à peine
sont actuellement que les signes avant-courèurs de
si tu entendras sa voix au milieu des exigences des
l'œuvre créatrice à laquelle Dieu t'a destiné pour
sens : Mon fils, ne te fie pas au Vice. Garde ton âme
[' avenir? Veux-tu protéger le jardin fleuri de ton âme
pure. Ne pèche pas contre la pureté de ton âme même
contre les ravages de la gelée de mai? Veux-tu d'une
par une seule pensée. Conserve ton corps et ton âme
main robuste maintenir en laisse tes instincts corporels?
intacts selon le commandement de Dieu, conserve-les
Veux-tu mettre de l'ordre dans tes pensées? Veux-tu te
pour ta fiancée f~ture. Crois-moi, c'est seulement ainsi
tenir ferme comme un roc et non pas courir après une
que tu seras un jour un homme honnête, énergique
lueur trompeuse? Veux-tu enchaîner les bas instincts de
·et heureux. .
ta nature à la noble raison humaine, lorsque brûle dans
Mais la tempête continue à faire rage. Surtout entre
tes veines le feu dévorànt des passions? Mon fils, mon
dix-huit et vingt-quatre ans. Et toi, mon jils" il faut
cher fils, veux-tu rester pur durant ta jeunesse? l
.que tu restes avec une âme intrépide, sans chanceler, au
Il y en a - hélas! il y en a beaucoup - qui ne font
milieu des vagues écumantes. Pendant des années il te
pas attention. Qui s'avancent sans prendre garde sur
faudra supporter vaillamment la lutte contre les pas-
la pente de l'immoralité. Mais malheur à celui qui
sions, ces années sont des années de guerre qui réel- ~
avance ·sur cette pente ... Malheur à celui dont l'âme
lement « comptent double ». Double, parce que ton
en fleur est saisie par le gel d'une nuit de mai 1
caractère devient façonné de façon définitive. C'est main- ,
tenant que se règle la destinée de toute ta vie. Comme
·de grands coups de marteau résonnent ces paroles du
païen Ovide : « Nulla reparahilis arte laesa pudicitia
est : deperit illa sem el » (Ovide Her. V, 103, 104), la
pureté l)De fois blessée ne peut pas être remise en état,
elle ne meurt qu'une fois. Malheur à toi si tu tombes
urie fois, tu t'enfonceras de plus en plus" bas. Seul
•
devient un homme de caractère celui qui dans sa jeu-
nesse a su tenir en laisse ses passions. Autant il est
facile de tomber, autant il est difficile de revenir en
arrière. Actuellement tu ne fait que lutter encore, -
'il n'y a pas de mal. Fais attention de n'être pas obligé
un jour de pleurer les joies de l'innocence de ,'ton
âme perdue.
Mon fils, veux-tu demeurer ferme? As-tu pu cons- ,

CHAPITRE III
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI
Integritas morum jUfJenenI
esse decorum.
« La pureté des mœurs est ta
source de l, beauté d" jeune
homme"
Un jour tu te trouveras aussi à la .croisée:des chemins.
Fais attention, mon fils, ne prends pas le sentier
attrayant. Celui qui s'engage sur la pente peu.t diffi-
cilement s'arrêter. Envisage seulement le sort de ce
malheureux jeune homme qui s'est engagé sur la
route glissante de la légèreté des mœurs.
En lui comme en tout homme se sont éveillés un
jour les nouveaux instincts et les nouveaux désirs
dont il a été question dans le chapitre précédent. En
lui aussi s'est éveillée une curiosité indéfinissable
relative au mystère de l'origine de la vie, le désir de
satisfaire ses instincts naissants et il veut d'autant plus
entrer en relations avec ceux qui pourraient lui raconter
bien des choses sur ce sujet.
Lis seulement le cas d'un jeune étudiant.
Il avait peut-être quatorze ou quinze ans, lorsqu'il
alla un jour au cinéma. On y donnait un drame d'amour
stupide; dans une boîte de nuit des hommes et des
GELÉE D'UNE NUIT DE· MAI
. femmes s'amusent, les hommes se vautrent dans les
plaisirs, les femmes sont à peine vêtues, on danse, on
sable le champagne ... dans l'âme du malheureux jeune
homme s'agitent des sentiments jusqu'alors inconnus,
des désirs, des pensées et c'est comme si en même temps
au-dedans de lui s'écroulait quelque chose de grand.
Qu'est-ce qui ·tombait? Qui le sait? Une forteresse
, tout un monde s'est écroulé en lui.
Dis donc: si nous essayions \aussi? - lui dit main-
fade tenant à l'oreille son ·voisin, un grand jeune homme
au~ yeux enflammés.
« Oui 1 JJ crie quelque chose en lui. « Non 1 JJ crie
aussitôt une autre voix au-dedans de lui. Encore un
« oui JJ, encore un « non )J. Mais il n'a rien répondu.
Il ne fait que regarder, regarder les yeux fixés sur la
toile la scène excitante. Son visage devient rouge, le
sang bouillonne dans ses veines, mais lorsque finalement
il est sorti dans la rue et que l'air frais le frappe au
visage, une tristesse sans nom envahit tout d'un coup
son âme : Je viens de faire un péché mortel JJ.
Il rentra à la maison. Il voulut étudier la leçon du
lendemain. Ce fut en vain. Son esprit ne saisissait
rien, son âme était troublée. « Je vais trouver mon con-
fesseur )J. Et il ne retrouve le calme que lorsque les
douces paroles de son père spirituel ont apaisé son
âme inquiète : Dorénavant, soyez plus prudent, mon
enfant.
Je le promets, je ne le ferai plus.
\ Malhèureusement une paire de mois plus tard il
alla au théâtre ..Le titre était si inoffensif : « Le réveil
du printemps JJ. Qui eût pu soupçonner que·dans cette
pièce des jeunes gens et des jeunes filles allaient étaler
sur ta scène des choses honteuses. s'iis avaient fait
 52 LA CHASTE ADOLESCENCE
cela dans la rue la police les aurait immédiatement
arrêtés . .Et on représentait cela pour de l'argent. Il
n'est plus maître deJui. Les yeux lui sortent presque
de la tête, tant il regarde la scène. Son cœur bat très
fort. En· revenant à la maison des pensées impures
traversent son esprit C'est seulement lorsqu'il veut
se mettre au lit et commence sa prière du soir comme
d'habitude qu'il·est saisi d'inquiétude: « J'ai encore ,
fàit un péché ». Toute la nuit 'il ne peut ·pas dormir.
Son âme pleure amèrement. «. Demain j'irai me con-
fesser », enfin il s'assoupit avec cette résolution vers
le matin ...
Mais lorsqu'il s'est réveillé, il ne veut plus y aller.
Et même il essaye de se rassurer. « Enfin. je suis déjà
en seconde. Il faut bien que je sache cela. Je ne suis
plus un enfant. En particulier je 'ne m'intéresse à tout
cela qu'au point de' vue scientifique »,
Quelques semaines plus tard un camarade de « pre-
mière » le tire à part pendant dix minutes dans le couloir
et lui glisse dans la main une petite brochure: « Tiens,
voilà du nanan;' c'est plein de photos artistiques )l.
n attend avec peine la fin de la classe. Il court à la
maison et dévore des yeux ces photos « artistiques ».
Dans le calme du soir sa conscience lui parle encore
de temps à autre, mais sa voix est déjà de plus ~n plus
faible, sa protestiù:ion est de plus en plus impuissante
et finalement elle se tâit .un jour. C'est le calme dans
. l'âme dujeùne homme ... Le calme moitel du tombeau .. ~
: ·.Mais c'est précisément ce qu'il souhaitait; ii voulait
que personne ne lui barrât la route, il voulait vivre sa vie.
Et le 'jeune homme « vivait sa vie »...
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI 53
Sur la pente.
Il a déjà tant entendu, lu, vu et fait. Peu à peu, ii
est devenu un jeune homme « à la page ll. Dans les
premiers mois il s'est contenté de poésies amoureuses
qu'il a composées avec une persévérance inlassable.
D'abord il n'a rimaillé qu'à ses moments libres sur un
nouveau « soleil » qui était deven~ sa « pâle lune »;
mais peu à peu il n'a plus rêvé que d' (~Elle » et même
eveiIlé il rêve encore d'Elle. Quand il aurait dû étudier,
il se creuse fa tête pour trouver des rimes ou bien il
songe à sa promenade du soir sur le boulevard où
les jeunes filles seront folles de son pantalon à la
dernière mode et de ses manchettes blanches comme
bn~~ ,
En fait notre étudiant est continuellement sur le
boulevard. Chaque après-midi on peut le voir faire
Félégant (tout au moins il le croit) avec ses bottines
.vernies, ses gants, sa pochette de soie au veston,
bref un cavalier accompli. A côté de lui, le prince de
Galles n'est plus qu'un rustre. Quand son professeur
passe près de lui il ne peut s'imaginer d'où provient ce
nuage parfumé qui envahit la. rue. Comment aUl~si
pourrait-il devÎ1,1er que son élève, qui en classe ne peut
jamais répondre, est devenu ce rêveur au clair de lune, ce
petit maitre amoureux et soupirant. « Comme je .suis
chic 1 » pense-t-il de lui~njême. Et il ne pense pas
qu'un arbre pourri brille aussi dans l'obscurité. ,« Je
vais filire des conquêtes » pense . le . jeune hOmme)
~ polichinelle )j.soupirent les pa$sants sérieux. « Comme
je suis élégant! II pensë-t.-i1 .~ lui-même, « voyêZ donc
54 LA CHASTE ADOLESCENCE
le beau masque », disent les grandes personnes. Quelle
chance qu'on n'ait pas encore trouvé un instrument
pour pouvoir lire dans l'âme humaine. Aïe 1 aïe.
Savez-vous ce qu'on y verrait alors? Ohl « Belle
tête, mais de cervelle point •.
Avec les copains.
C'est ainsi qu'il déambule dans les rues avec des
camarades qui lui ressemblent et leur « conversation
édifiante » va son train. Malheur à cette jeune fille
que le hasard amène devant la petite troupe! Déjà
de loin ils la percent de leurs regards indiscrets et
avides; lorsqu'elle passe à côté d'eux, ils' font à haute
voix une réflexion sur elle et ils rient de leur trait
d'esprit, jusqu'à ce qu'ils rencontrent une nouvelle
victime.
Entre-temps l'un d'eux raconte que le bouquiniste
a reçu des nouveautés alléchantes; le groupe pousse
la porte et demande avidement après les « fa~eux
bouquins ». « Vous pouvez nous les donner, patron,
car nous ne sommes plus des enfants ». Avec l'argent
qu'ils ont subtilisé dans la commode de leur mère
ils paient ces ordures, ensuite ils se rendent dans un
cabaret des faubourgs. Là ils sont tranquilles, les
professeurs n'y viennent pas. « Garcon, deux bou-
tentes de bière! »
Ils sortent des cigarettes prises dans les poches de
leurs pères, et se mettent à lire les brochures obscènes
qu'ils viennent d'acheter et tout en trinquant ils
entament une çonversation « distinguée », émaillée
d'anecdotes graveleuses. Des porcs font rarement
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI 55
jaillir autant de boue en se vautrant dans la fange
que ces jeunes gens n'en remuent en une demi-heure
avec leur langue. Et lorsqu'ils ont vid,é leur stock de
plaisanteries à double sens et qu'ils ont dépensé
en boisson tout l'argent pris en cachette, ils rentrent
enfin à la maison, parfois même en titubant.
Voilà une scène fréquente chez les galopins. D'autres
jeunes gens tombent sur une autre route; il y en a qui
tombent d'eux-mêmes dans le péché qu'au début ils
regardaient comme un jeu innocent. Mais la plupart
cependant s'enfoncent dans le chemin du vice sur les
conseils et les séductions de camarades déjà corrompus.
La crise.
Mais le soir le sommeil ne vient pas fermer les yeux
de notre pauvre jeune homme. Ce qui l'inquiète à
présent ce n'est pas sa composition hongroise du len-
demain qui n'est pas encore seulement ébauchée. Fina-
lement avec un petit mensonge l'affaire sera bientôt
expliquée. Mais c'est la conversation de l'après-midi,ce
qu'il a entendu dire, par ses camarades sur les plaisirs
que l'on peut éveiller en · soi-même, qui fermentent
dans son imagination et chassent de lui le repos.
Son cerveau est traversé par des pensées dont l'évo;
cation lui aurait fait horreur il y a une paire d'années:
Son cœur commence à battre bien fort, son sang
bouillonne et entre en ébullition. Il voudrait savoir si
]a jouissance est vraiment aussi grande quand l'homme
se sert de son organe génésiaque. Le désir brûle en lui
« je suis seul, personne ne me voit» d'essayer la chose;
 LA CHASTE ADOLESCENCE
il a commis sur son propre corps une action honteuse
qu'il sait bien être un péché contre Dieu, contre son propre
honneur et contre la dignité humaine, mais qui s'inquiete
du péché maintenant que l'instinct exerce son empire;
cet instinct qui pendant tout cet après-midi a été
enflammé par les conversations, les lectures et t'es
chansons ...
La ruine du temple.
Le premier péché solitaire vient d'être commis.
Le malheureux jeune homme s'est jeté lui-même dans
la fange, - il s'est sali lui-même. Toute la «jouissance Il
a duré peut-être une demi-minute. La première
brèche s'est ouverte dans la muraille ... Elle commence
à détremper en ce jeune corps la force, l'ardeur au
travail et l'enthousiasme. La conscience endormie
pousse immédiatement un grand cri. La voilà réveillée.
Elle adresse d'amers reproches aujeune homme, la chose
aussitôt faite. En un instant il se rappelle, comme un
éclair, son âme jusqu'alors si pure et maintenant après
la première ch'lte, son imagination épouvantée lui fait
aperq:voir tant de beaux rêves 'anéantis.
C'est ainsi que Napoléon a dû contempler les bras
croisés Moscou en flammes dans la plaine russe couverte
de neige. C'est ainsi qu'a pleuré Jérémie, le prophète,
sur les ruines de la capitale juive et du Temple. Si à
un· enterrement nous pleurons sur un corps, parce
que l'âme l'a quitté, combien plus devrions-nous
pleurer sur une âme que Dieu a abandonnée! Ah! si
seulement il versait des larmes, des larmes de sang, ce
jeune homme, sur la ruine dll temple de son âme! Car
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI 57
mille églises sont sans valeur en comparaison du temple'
vivant de Dieu: une âme pure d'adolescent. C'est à cela
que' pensait saint Paul, lorsqu'il écrivait aux Corin-
thiens : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple
de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Si
quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dièu le détruira.,
Car le temple de Dieu est saint et c'est ce que vous,
êtes vous-mêmes » (10 Corinthiens III, '16-17),
1 Mais ces réflexions ne durent qu'une paire de jours.
Bientôt il se 'retrouve dans son ancienne compagnie.
Il apprend de nouveaux événements. Il entend de
nouvelles choses, il rit de nouvelles plaisanteries, au
bout d'une semaine il est retombé dans le péché de
l'autre jour et la semaine suivante encore et ensuite
de plus en plus souvent: sa conscience se défend encore
un peu, comme un tison qui va s,'éteindre, comme
un gibier pris au piège, mais ensuite elle s'épuise
.. .elle se tait. Tu ne m'écoutes pas, pourquoi
parlerais-je? -
Pauvre, pauvre jeune homme!. .. L'immense énergie
de tes jeunes années, la force de ta volonté sont là
brisées dans la poussière. Tandis que tu bois le miel
à plein verre, tu ne t'aperçois pas quel poison tu bois
au fond de ce verre. Ah! si à quinze ans tu voyais les
larmes amères que les suites maudites du péché te
feront verser à vingt ans! Ah! si à quinze ans tu voyais
la lourde lave qui va brûler après le péché ton cœur
jusqu'à présent frais et rouge! Ah! si à quinze ans tu
voyais à quel avilissement une paire d'années plus tard
le péché a réduit ton âme pure comme la neige! Ah!
si tu voyais comme tu diras un jour: « Quel malheur
pour moi! ))
Quand aux échecs tu as fait une faute, tu retires,
 LA CHASTE ADOLESCENCE
ta pièce en disant « cela ne compte pas »; mais les
erreurs morales ne peuvent jamais être considérées comme
.non avenues.
Jeunesse en haillons.
Ensuite le caractère! Bravoure, grandeur d'âme,
amour de la patrie, respect des parents, noble fierté,
,courtoisie, héroïsme et toutes les autres beautés de
l'âme humaine, cèdent la place en un tel jeune homme,
cèdent ia place à une indifférence blasée dans l'âme
d'un tel adolescent. Peut-on voir quelque chose de '
plus triste qu'un jeune arbre - qui devrait être en
pleine floraison - sans boutons, sans feuillage, le
tronc tristement courbé, les branches traînant à terre.
Ainsi en est-il de l'adolescent qui a perdu son inno-
cence sous l'orage des passions déchaînées. L'arbre
le plus robuste perd ses feuilles, ses branches se des-
sèchent, si nous lui faisons une blessure au tronc
ét que la sève s'en échappe. Le péché secret produit
les mêmes ravages en celui 'qui en est devenu l'esclave.
La pureté de l'âme est semblable à la rosée matinale
qui brille comme des diamants sur les pétales des
fleurs qui s'éveillent. C'est une simple goutte d'eau
qui scintille si féeriquement; mais si un jour quelqu'un
par mégarde touche au calice de la fleur, tous les
. ,océans du monde ne peuvent la remplacer.
Tu as déjà entendu parler, mon fils, de cette femme
merveilleusement belle de l'antiquité, Pandore, qui
avait donné à son mari comme dot une magnifique
boîte en or. Mais quand il eut ouvert la boîte d'or,
la misère, la douleur, la maladie se répandirent sur
GELÉE n'UNE NUIT DE MAI 59
toute la te, re. Mon fils, les jouissances charnelles défen-
,dues sont semblables à des coffrets en or - du, dehors.
Mais malheur aux jeunes gens qui ouvrent étour-
,diment la boîte de Pandore!
Tu crois peut-être que - tout au moins au prix
,de la paix de son âme - ce jeune homme est du moins
heureux? Pas du tout. Alors il ne se tournerait pas
vers de nouveaux plaisirs. Son corps à qui il a permis
<léjà plusieurs fois des jouissances défendues devient
,d'une exigence insupportable. Il n'est jamais satisfait,
même s'il lui accorde jouissance sur jouissance, même
.s'il lui sacrifie entièrement son âme. Oui, la fin d'une
vie de jouissance c'est que l'âme devient pour ainsi
,dire chair: égoïste, insensible, impitoyable. L'âme est
.sombre, abattue, yide; mais dans son corps les forces
démoniaques déchaînées font rage, se pourchassent
les unes les autres. QueUe profonde déchéance pour
l'homme! l'animal ne se livre pas à l'immoralité, mais
.seul l'homme créé à l'image de Dieu, doué de raison
,et d'une volonté libre.
Celui' qui a pris sans y faire attention seulement
une goutte du poison des jouissances interdites devient '
comme le rat qlli a mangé un appât empoisonné; un
feu épouvantable brûle au dedans de loi, dans son
,désespoir il court de' côté et d'autre pour trouver de
l'eau; il boit, il avale tout ce qu'il trouve sur son chemin,
mais - hélas! - le feu ne s'éteint pas, tant que l'animal
,empoisonné ne s'écroule pas. C'est un pareil feu
dévorant qu'a allumé en lui-même le jeune homme
par ses actes coupables. « La jouissance amuse, mais
,sa fin fait mal )). Le plaisir, la jouissance jouent avec
toi, mais leur fin, c'est la ruine, la misère.
 60 LA CHASTE ADOLESCENCE
Sur le chemin de la perdition.,
Lorsque l'adolescent ~st arrivé jusque-là, il veut
connaître encore plus à fond le mystère de la nature
humaine. A présent il voudrait déjà savoir tout ce qui
concerne la vie sexuelle, l'origine de la vie humaine.
Lui, l' « élève des classes supérieures » est déjà assez:
mûr pour fouiller le monde entier. Pour fouiller les
, choses que la sainte volonté du Créateur a cachées dans
les profondeurs du sanctuaire familial. Il veut ' dès
maintenant, avant le mariage, savoir et pratiquer ces
choses. Ses camarades sont déjà initiés. Avec joie ils
conduisent le malheureux jeune homme dans les antres
du péché, dans ces maisons où des filles encore plus
déchues qu'eux l'initient aux secrets qu'il veut con-
naître. Et souvent même il n'a pas besoin de camarades.
Car dans certaines rues de la capitale un jeune homme
ne peut pas circuler le soir, sans que le plus misérable
rebut de l'humanité, les filles tombées, ne l'abordent.
renveloppent et ne l'attirent dans l'effroyable abîme ...
Le spectacle des ruines est partout déprimant.
Il est triste de vo,ir les ruines que la rafale des combats
a èausées dans une magnifique église. Mais il est
mille fois plus triste, quand cet acte de vandalisme
se produit dans le temple d'une jeune âme où brillait,
il y a encore peu de temps, l'autel de marbre blanc de
l'amour de Dieu et où brûlait la sainte flamme de
l'enthousiasme pour l'idéal.
Mais à présent il n'y a plus de secrets pour lui. A
présent, il a tout entendu, tout vu, tout goûté, tout
essayé. A pré$ent. est-il ,heureux?
\
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI 61
Uu bien ne l'est-il pas? Pourquoi cette funèbre tris-
tesse dans ses yeux? Quelle est cette ombre lugubre
,qui assombrit ses traits? 'Pourquoi ses regards évitent-
ils les regards des gens honnêtes? Pourquoi ses études
:sont-elles de plus en plus négligées? Où vagabonde
son esprit pendant la classe? Quel serpent enserre de1
.ses replis cette jeune âme pour l'étouffer? Pourquoi
:sesent-il comme un etrariger aU milieu de ses condis-
ciples candides? i>ourquoi ne trouve-t~il plus de plaisir
.à leurs jeux? Est-ce qu'il ne sait pas « tout? »
Oui, il sait tout et c'est pour cela qu'il n'est pas
heureux. Car il sait que le bonheur qu'il .a cherché
au prix de son innocence, de son caractère, de son
honneur, il l'a cherché en vain. Il l'a cherché là où !
il n'est pas. Quand nous approchons de notre oreille
une coquille marine, il en sort le bruit magnifique
de la mer, son ancienne patrie; de même aux heures de
'Solitude de ce jeune homme résonnent les nobles
efforts, désirs, souffrances d'une âme torturée. Lorsque
le visage en feu et le cœur battant bien fort il cherchait
'avidement le papillon multicolore q'un bonheur
imaginaire, le papillon s'envolait plus loin et il ne
.restait plus dans les mains de l'infortuné jeune homme
que la poussière grise d'une aile de papillon sans valeur.
Mais le papillon a emporté avec lui le repos, l'avenir,
le bonheur de l'âme de l'adolescent. Et qu'est-il resté
à la place de l'heureux paradis antérieur? Un vide
béant, un vide sans espérance, sans joie, sans éclat,
glacial et noir ... Avec un frôlement de fantôme des
,corneilles croassent dans c~tte âme d'adolescent où
devrait retentir le chant mélodieux du rossignol.
Charles IV, roi de Hongrie, lorsqu'il gisait sur son
lit de mort dans llîle de Madère, fit cette prière pour
62 LA CHASTE ADOLESCENCE
ses sept enfants: « Seigneur, ôtez-leur plutôt la vie.
s'ils doivent vous offenser par un péché mortel ».
Blanche de Castille, reine de France, disait un jour
à son fils le futur saint Louis : « Mon enfant, je vous'
aime plus que moi-même. Vous êtes ma seule conso-
lation sur la terre; vous êtes l'espoir du royaume et.
pourtant - j'aimerais mieux vous voir mort que
d:apprendre de vous que vous avez commis volon-
tairement un péché mortel ».
Plutôt dans la tombe qu'être en état de péché mortel!'
Ah! comme elles seraient amères les larmes des parents,
anxieux, comme le cœur aimant d'une mère serait
déchiré sous le poids de la douleur, comme l'âme d'un
père serait étranglée par une muette douleur, s'ils,
voyaient le péché de leur enfant, s'ils connaissaient la.
chute de leur malheureux fils!
Et toi, fils cruel, pourquoi n'épargnes-tu pas à tes'
parents qui ont tant travaillé pour toi cette souffrance
de l'âme?
Léonidas, un des premiers martyrs chrétiens,
embrassait avec vénération la poitrine de son jeune
fils endormi, Origène, car il savait que dans ce cœur
pur habitait l'Éternel. Et toi, malheureux, tu traînes
dans la boue ton âme jadis blanche comme la neige
et odoriférante comme un parterre de fleurs au .prtn-,
temps, le plus beau temple de Dieu.
Cependant ce n'est encore que la première partie
de la pente. Nous ne sommes pas encore au fond de:
l'abîme.
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI
La loi de la pManteur.,
Il Y a une loi de physique suivant laquelle un corps
qui tombe ne se précipite avec une vitesse égale vers
la terre, mais é'est avec une vitesse accélérée de seconde
en seconde qu'il tombe au fond où l'attire une force
mY$térieuse.
La loi de la pesanteur n'existe pas seulement p.our
la nature matérielle, mais aussi pour la vie de l'âme.
Au fond de chaque âme sont cachées d'effroyàbles
forces démoniaques, qui, une fois qu'elles se sont
rendues maîtresses pour notre malheur, entraînent ,
l'âme avec une force de plus en plus irrésistible dans,
les sombres profondeurs du péché. Une seule légèreté,
la première chute - et la loi de la pesanteur commence
à se réaliser.
Partout où passe avec ses ·terribles compagnons le
péché d'impureté, le sol se dessèche sous ses pieds,
les jeunes têtes qui jusqu'alors se tenaient bien droites
s'inclinent, les dos altiers s'affaissent, le rose du visage
pâlit, le caractère s'affaiblit. Il n'y a plus qu'un feuiI-·
lage desséché là où devraient être des fleurs souriantes~
il n'y a plus que poussière là où elles devraient s'épanouir
dans la fraîcheur.
Mon fils, des -ehiens affamés, des chacals assoiffés.
de sang sont cachés au fond de la nature humaine
déchue. Ne donne pas à manger à ces chacals - ils,
ont soif de sang, de ton sang frais et jeune. Ne détache
pas la chaîne de ces chiens grondants, ils te mordraient
et souilleraient la pureté de ton âme.
 1

LA CHASTE ADOLESCENCE GELtE D'UNE NUIT DE MAI 65

« Quelque péché, écrit saint Paul, qu'un homme
commette, ce péché est hors du corps; mais celui qui
se livre à l'impureté pèche contre son propre corps »
(Jo. Corit}thiens VI, 18).
qui donnaient le frisson... Pas une âme qui pût les
aider. Et -l'abîme les entraîna, dans son fond.
. ... ...

Dans (es marais de Mazurie. Songe, mon fils, à ce qu'il advient d'un jeune homme
qui met le pied sur l~ marais fangeux de l'impureté
Pendant', la grande guerre l'armée russe subit une et s'enfonce dans les profondeurs de l'abîme.
terrible défaite dans les marais de Mazurie. Le général
allemand, Hindenbourg, qui connaissait comme sa
poche les plus petites parties de cette région maré-
cageuse fit méthodiquement reculer les troupes russes
vers les lacs. Dès que le front russe vacilla et
commença à se disloquer, les Allemands se jetèrent
sur les Russes avec un élan impétueux. Les Russes
n'eurent pas le temps de réfléchir, ils durent précipiter
leur màrche. Devant eux les marais infranchissables,
derrière eux les Allemands qui les poursuivaient.
Mais la poursuite ne dura pas longtemps.
•
L'armée poursuivante s'arrêta tout à coup.
Comme si l'armée allemande avait pris racine,
toute la troupe s'arrêta devant le spect,acle épouvantable
qui s'étalait devant elle. Les Russes qùi avaient perdu
la tête en s'enfuyant se précipitèrent sur ce sol
verdoyant qui semblait la terre ferme; mais sous l'herbe
verte se cachait un marais sans fond et les troupes
allemandes lancées à leur poursuite virent, clouées au
sol d'épouvante, les Russes disparaître dans une mort
effroyable : les pieds, les jambes, le corps. Puis les
mains surgirent; des visages décomposés par la terreur ...
des hurlements épouvantables ... des appels au secours
 A:- FOND DE L'ABlME

ruine ton système ner:veux, salit et affaiblit ton carac-

tère, - de tout cela tu n'entends rien, tout cela
t'est caché. De même que, au cinéma, nos yeux
~'attachent au film qui passe sur l'écran et qu'à cet
CHAPITRE IV mstant nous ne voyons plus rien autour de nous, de
même le désir des jouissances sensuelles aveugle ce
AU FOND DE L'ABIME jeune homme et il ne pense plus à rien, il ne songe
plus à rien, il suit aveuglément.
Il descend la pente ...
~ Qu'on n'entende même pas Mais malheur à celui qui descend la pente 1
• dire qu'il y ait parmi vous de
• fornication, d'impureté de quel-
« que sorte.. ainsi qu'il conv.ient·
« à des saints. Point de paroles
c déshonnêtes, ni de bouffonneries
c ni de plaisanteries grossières, tou- Le chêne brisé.
e tes choses qui sont malséantes. »
(Saint PAUL, tpître aux tphé-
" siens V, 3 et 4). Il n'y a pas au monde de .plaisir; de jouissance plus
u La part des impudiques est éphimères que les fruits de l'impureté; mais il n'yen
• dans l'étang ardent de feu et de a ~as non plus de plus chers, car l'homme les paye au
c souffre .•
Saint JEAN, Apocalypse XXI, 8). pnx de son corps et de son âme. Sans la moindre exa-
gération je veux décrire devant toi en toute vérité le
triste sort de ce jeune homme. Peut-être ce tableau
11 n'y a pas d'adolescent aux oreilles duquel ne
te paraîtra-t;.il incroyable. Tu penseras qu'il est exagéré;
retentissent tôt ou tard les chants séducteurs ou les
un seul péché, le péché d'impureté ne peut pourtant
paroles exigeantes des désirs sensuels. Sa sàine raison,
pas avoir de si lourdes conséquences; une misère
son âme honnête, son çœur pur, son idéalisme, tout
si incommensurable ne peut pourtant pas résulter
cela le protège, le défend contre la chute; sa consciencè
d'un seul péché! Mon fils, ce que j'écris ici n'es.t même
- comme une c1qche d'alarme - ne cesse de crier
pas un tableau complet de la ruine immense et de la
dans sa poitrine: « Ne.le fiis pas, ne le fais pas! )
ruine physique et morale que l'impureté amène souvent
et cependant voilà que se fait entendre devant lui le
sur toute une vie humaine, même sur la vie de géné-
:chant de sirène captivant, ensorcelant, enchanteur des
rations entières en rançon de quelques instants de
sens et les désü's sensuels aveuglent la pauvre âme plaisirs sensuels. .
qui lutte avec la joie momentanée des Jouissances qui
Je ne prétends pas que le péché solitaire amène la ruine
,s'offrent. ·Ce qui arrive après cet instant, où tu. t'Cs
de l'organisme physique. Mais quel que soit l'âge de
~nfo~cé, ce que ,t u as perdu, ce qui t'attend, ce qui '
 68
~ .,
'LA CHASTE ADOLESCENCE
'l'esclave de ce péché, le système nerveux est ébranlé et
plus il est jeune et plus fortement il tombe sous le
.triste joùg du péché, plus rapidement est ruinée sa
force physique.,
,En, tOut cas la ruine de l'âme est absolument sûre. Mime
,chez le jeune htmtme à l'Organisme physique le piUS'
, robuste l'âme souffre indiciblement sous l'effet du péché.
Mon fils, ne te laisse pas abuser par l'apparence robuste
:ete telp"écheur. Son visage peut rester rOse, sa force ne
paraît pas diminuée; mais la vigueur de son esprit est
'pertainement amoindrie, sa mémoire est affaiblie,
ses facultés mtellectuelles sont réduites. L'esprit
gémit. sous cet amas de ruines et l'âme appelée à régner
languit sous le joug misérable des passions. Ce péché
est ,trompeur et traître. Avec un sourire rusé il te
promet ciel et terre - tant que tu ne l'as pas commis;
1et .il te dépouille du plus saint joyau de ton âme en te
',laissant 'dans les tortures du désespoir - lorsque tu
t'es abaissé à devenir son, esclave.
Et ce qui est peut-être le pl~s triste de tout, c'est
que ce péché est tr~s difficile à guérir. Celui qui l'a
, commis un certain temps voit son âme devenir si
, insensible à toute influence morale que les paroles
suppliantes d'un .père aimant ou celles pleines d'au-
torité d'un prêtre glissent sans effet sur lui. La volonté
de ce jeune homme est annihilée. Dès le matin il perd
"un temps précieux avant de se ,décider à sortir du lit.
Quand il se' met au travail, il réfléchit longuement s'il
veut commencer, Tout en bâillant il feuillette tantôt un
livre, tantô,t u~ autre,inais il n'étudie pas, il est inca-
, pable de' prendre 'ùne résolution 'sérieuse. Parfois il
soupire avec' franchise :« Ah! .si c'était ainsi! il Il
voud_tai~~ie~être autreme!lt~ ~!s'~,ne fait rien ,pour
AU FOND DE L'ABIME
cela. Il est comme un soldat sur une image ; il brandit
toujours son épée pour frapper, mais il ne frappe
jamais. Parfois, après quelque événement plus grand
dans son âme, il s'émeut' subitement ;« Maintenant
je vais me reprendre. Dorénavant tout va changer lI.
Et puis rien ne change; la fusée est lancée et après
l'obscurité est plus grande. Ce jeune htmtme ne peut
être sauvé, parce que lui-même ne 'Veut plus être sauvé.
« Rien qu'une fois? ».
Dans le chapitre précédent tu as vu le jeune homme
sur la 'VoÎe du premier péché. Il se peut que seule la
curiosité l'ait 'poussé pour la première fois sur cette
pente. L'i1liJ~iôn trolllpeuse : « Je le ,ferai une fois )1,
rien qu'une fois pour en faire l'expérience. Il ne sait
( pas que le premier péché est le plus difficile; le suivant
arrive plus aisément et 'finalement le chariot descend
irrésistiblement la pente.
Pourtant ne crois pas que si les tentation,s sont très
violentes et t'assiègent presque victorieusement" tu
doives finalement le,ur céder pour qu·elles te laissent
tranquille. Il'y a des jeunes gens qui 'croient s'affranchir
de la tentation, s'ils commettent le péébé. Quelle
terrible illusion! Le premietpéché a'impureté remplit
l~ur imagination d'images, obscènes qui pénètrent dans
leur mémoire ave~ tant de forée et provoquent si vite
de nouveau au. péché qu'i! ne peut plus 'être question
de travailler à présent. Le malheureux jeune homme
comprend' seulement à présent que les chacals affamés
qui surgissaient au dedans' de lui avant le péché étaient

LA CHASTE ADOLESCENCE
néanmoins enchaînés, tandis que le premier péché
les a lâchés et a encouragé leurs exigences effrontées.
Les petits lionceaux ne sont pas dangereux, tant qu'ils
n'ont pas vu de sang; mais si un jour ils goûtent la
chair fraîche, eest fini. Ils deviennent des fauves
altérés de sang.
« Rien qu'une fois, pour que tu saches! » dit la
tentation avant le péché. Mais si tu lui obéis, elle
ajoute: « Maintenant que tu as commencé, peu importe
combien de fois tu le fais ».
Sois donc fort dès le premier instant, car « il se
trompe celui qui croit que s'il s'est montré lâche dans
sa jeunesse, il pourra devenir à l'âge d'homme un
caractère trempé ».
Le remède arrive trop tard, si tu gémis déjà dans
l'esclavage d'une longue habitude.
Qui peut dire quand commence l'automne? Tout
d'abord quelques feuilles tombent des arbres, puis les
branches sont dénudées et voilà que tout d'un coup
un vent d'hiver siffle à travers les arbres de la forêt.
C'est ainsi que nous avançons dans le péché, presque
sans y prendre garde, allant d'un petit à un plus
grand. MalheUr à celui qui joue avec le péché solitaire
ou les relations sexuelles et veut faire « rien qu'une
fois » ce qui n'est permis que dans le mariage! Hélas!
combien de jeunes gens à l'âme brisée ont promis-en -
pleurant qu'ils voyaient à quelle destinée ils alll1-ient
et que dorénavant ils voulaient concentrer toutes leurs
forces et ne plus commettre ce péché 1 Leur promesse
était sincère; mais une fois laissés à eux-mêmes et la
tentation surgie de no~veau, leur volonté est si faible
qu'ils retombent pour ainsi dire sans résistance, sans
retour.
AU FOND DE L'ABlME 71
Le premier faux pas.
Comment le malheureux jeune homme en est-il
arrivé là? Il n'a pas été assez fort au premier moment.
Il ne savait pas que la vie de l'homme est comme le
jeu d'échecs où tout faux pas se venge tôt ou tard.
Peu à peu ses conversations obscènes, ses lectures et ses
actions deviennent de plus en plus fréquentes, presque
une habitude quotidienne. Il ne pense plus sérieusement
à essayer de s'en affranchir) son âme n'est plus inquiète.
- et même avouons-le - s'il le voulait réellement.
il lui faudrait une force de volonté gigantesque pour
pouvoir secouer la ser'liitude des sens qui exercent sur
lui une véritable tyrannie. L'habitude devient un tyran
si terrible que lorsque, sur l'ordre du docteur) il
voudrait s'affranchir du péché solitaire, il lui faudr3Ît
en quelque sorte se lier les mains, car l'habitude
l'amène presque inconsciemment au péèhé. Plus il
cède au péché, plus il devient exigeant; la répétition
fréquente devient une habitude, et l'habitude un besoin. f
Le péché est entré une première fois par hasard comme
un voyageur -chez lui pendant la nuit; ensuite il est
devenu un visiteur; maintenant c'est lui le maître du
logis. La légende grecque raconte qu'Antée, lorsqu'il
luttait avec Hercule, retrouvait de nouvelles forces,
chaque fois que son pied touchait la terre. La passion
pécheresse devient aussi d'autant plus forte contre
nous que notre âme touche plus fréquemment la
boue ,e t la fange. Et le malheureux jeune homme,
~orsqt,l'il voudrait se débarrasser de ce fardeau terrible,
se débat impuissant sous le poids de cette malédiction.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
D'après la mythologie grecque, Prométhée déroba
le feu de l'Olympe et en punition les dieux l'attachèrent
sur un rocher du Caucase. Chaque jour un aigle
venait lui dévorer le foie. Le lendemain le foie avait
repoussé, n'lais l'aigle revenait ... C'est l'image effrayante
du jeurie homme qui a allumé en lui-même le feu de
l'impureté; ses actes l'ont enchaîné au rocher de la
vie du péché et la « jouissance » pècheresse déchire
chaque jour sa pauvre âme. Plus il accomplit fréquem- ,
ment cette action, plus la passion rugit irrésistiblement
en lui: encore, encore. Ce jeune homme devient comme
un tonneau sans fond; constamment on y verse de
l'eau et il n'est jamais plein. Le péché devient réel-
lement un besoin vital, comme la nicotine, l'alcool,
l'opium deviennent des besoins pour celui qui en fait
usage.
Terrible situation : le péché, ut: besoin vital!
Les explorateurs de l' Mrique du Sud parlent d'une
curieuse espèce de serpents qui par un simple regard
fascinent les oiseaux. Ce serpent regarde simplement
sa victime et le malheureux oiseau saute quelque temps
de branche en branche, mais c'est en vain, il ne peut
hélas 1 résister, il lui faut sans cesse regarder les yeux
du serpent, quelque chose l'attire, l'hypnotise, les
yeux magiques du serpent ont capté sa volonté et il lui
faut se rapprocher du reptile ... de plus en plus près,
jusqu'à ce que d'un coup rapide il s'élance et engloutisse
sa proie.
Voilà l'image frappante de l'âme qui se débat une
fois tombée dans les griffes de l'impureté.
Pourtant le malheureux n'a peut-être commencé
que par légèreté ou par ignorance. Chez bien des
jeunes gens ce n'était pas d'abord un péché voulu.
i\U FOND DE L'ABIME J ,73
En se tenant à cheval sur une ,perche ou en grimpant
sur un arbre, il a senti poùr la première fois un plaisir
sensuel et il a cru que c'était seulement un jeu agréable.
Et quand il a su que c'était un péché contre nature, il
était déjà trop tard; il ne pouvait plus se libérer de
cette triste habitude poursuivie depuis des . années.
Un autre a appris peut-être encore tout petit par un
camarade déjà vicieux comment il pouvait se procurer
cette «jouissance ». Il a sans doute senti immédiatement
que ce que son camarade lui a appris n'est pas en ordre,
que c'est un péché, car il ne le ferait jamais, à la vue
de son père ou de sa mère. La nature elle-même lui
a insinué que c'est un péché et qu'il faut le dissimuler.
Et il préférerait se couper les mains plutôt que de,
laisser voir à sa mère, à ses frères et sœurs la mauvaise
habitude qu'il a contractée. "
Tu as déjà entendu parler n'est-ce pas de plantes
insectivores. L'insecte sans méfiance vient se poser sur
leurs feuilles velues, mais dès cet instant il est pris et
la feuille se referme avidement. Lorsque quelques ',i
jours après elle se rouvre, du malheureux insecte il ne
reste qu'un triste débris: la plante a sucé toute sa force,
toute sa, vie ...
De même le péché d'impureté suce la force d'âme'
du jeune homme qui sans méfiance s'est Jeté dans ses
griffes.
C'est pourquoi des changements si visibles appa-
raissent dans son caractère et sa conduite, même souvent
dans sa santé physique, qu'il lui est impossible - bien
qu'il le veuille - de les cacher aux autres. Car l'aigle ne
peut plus voler aussi bien, quand il a trempé ses ailes
dans la boue.
74 LA CHASTE ADOLESCENCE
Descensus averni.
Par ses actions impures le jeune homme a irrémé.
diablement diminué ses forces physiques et intellec-
tuelles. Forces que dans ses années de jeunesse il
devrait employer pour assurer le bonheur de son avenir.
Ses maîtres, ses camarades, ses parents voient en lui
ce grand changement, comment en une année ou deux
ce jeune homme si vivant, si vigoureux, si intelligent
a changé à son désavantage. Ils le voient et s'en
étonnent.
Ils s'étonnent que lui qui était jusqu'alors un bon,
peut-être un excellent élève, décline lentement mais
continuellement. Lui qui était autrefois parmi les
premiers, maintenant dans les classes supérieures ne
rapporte plus de bonnes notes à la maison. Sans doute
il se tient tranquille en classe, mais celui qui le regarde
dans les yeux voit bien que sa pensée voltige au loin.
P endant la leçon ses yeux sont perdus dans le vague.
Il tire des plans de divertissements pour l'après-midi.
S'il est interrogé, il rougit subitement et sursaute.
On voit qu'il lui faut ramener de loin ses idées. Le
moindre travail intellectuel le fait transpirer.
Ensuite il devient plus tiède dans ses relations avec
ses bons camarades de jadis. Il répond durement à leurs
plaisanteries les plus innocentes. Il n'a qu'un ou deux
confidents; ceux qui lui ressemblent. Mais avec,ceux-ci
à chaque récréation et sur le chemin de l'école à la
maison il tire des plans en grand mystère. Si par hasard
un « qui n'est pas au courant» se mêle à leur groupe,
ils lui font si mauvais visage qu'il les quitte rapidement.
AU FOND DE L'ABIME 7S
Quoi que dise le professeur, il n'y trouve ph,ls d'in-
térêt. Quand il le voudrait, il ne pourrait plus réfléchir
assez de temps à un sujet. Le directeur qui le connaît
et l'aime depuis des années constate avec étonnement
qu'il surprend fréquemment en flagrant délit de
mensonge cet élève jadis si franc. Hélas! celui dont
l'âme est écrasée par un gros péché ne se soucie plus
des petits. Son regard ne se trouble plus, son visage
ne rougit plus, lorsqu'il mentI Il sent bien lui-même
combien est malpropre sa vie intime; c'est pourquoi
il ment, il ment sans cesse, pour que devant les gens
il puisse du moins garder les apparences d'une vie
honnête. Il ment constamment à ses camarades et à
ses maîtres, tout comme à ses parents à là maison.
En effet la franchise est la fille de la pureté d'âme et
le mensonge est le frère de l'impureté.
Mais avec la franchise disparaissent en même ,temps
les autres vertus de la jeunesse : la servÎ<lbilité, la
candeur, la reconnaissance, l'attachement, l'enthou-
siasme pour le beau et le bien. En effet la pierre de
touche de la fermeté morale est précisément la pureté de
me. Sans elle l'âme va à sa perte. Que vaut une pomme
vermeille, si un ver la ronge à l'intérieur? Que vaut
un cercueil doré rempli de pourriture? Tout le carac-
tère du jeune homme devient grossier, sa finesse d'autre-
fois disparaît, comme le parfum de la rose aux feuilles !
brisées par des doigts grossiers.
Il végète sans, but ni volonté.
Près 'de Rome s'étendaient de vastes marécages
jusque ces temps derniers. Leurs émanations empoi~
sonnaient l'air de toute la contrée et rendaient malades
les habitants. Ces hommes au teint de cire et aux
regards mélancoliques travaillaient avec indifférence
 LA CHASTE ADOLESCÈNCE
au-dessus de ces eaux fangeuses; et lorsqu'lm étranger
leur demandait amicalement: Come sta? (Comment:
allez-vous?) - dans toute l'Italie on répondrait,: Si
Vive (nous vivons), dans-cette triste région on répondait:
Si muore (nous mourons).
Si muore, si muore! poutraient dire d'eux~mêmes bien
des jeunes gens.
Mais c'est naturel. Les chênes n~ poussent pas .
sous les tunnels et les roses n'éclosent pas dans des
caves obscures. Tout au plus y apparaissent quelqueS.
plantes rab9ugries qui languissent au milieu d'insectes
hideux. « Celui dqnt l'âme est captive - écrit le <;~)1li~~ ,
Étienne Széchenyidans un chàpitre de son «joumalll'--'.
ne voit pas fleurir en lui les vertus morales et chacun'
de ses pas laisse l'empreinte d'un plaisir insipide ».
C'est pourquoi le visage jadis rieur de l'enfant s'assom-
brit. De là les rides de ce jeune froJ)t. Ah t qu~lle tristesse
de voir commencer à pâlir le délicieux arc~en,-ciel.
Ensuite il n~est plus aussi délicat à l'égard de la
pr9priété. Évidemment pour acheter les revues légères,
pour aller au "théâtre (ou au cinéma, surtout quand
l'affiche porte : « jeunes gens au-dessous de seize ans
non admis ») il faut de l'argent et sa mère se plaint
sans cesse qu'aujourd'hui les domestiques sont voleurs"
chaque semaine on vole dans les tiroirs.
De tels jeunes gens ne peuvent naturellement plus.
trouver de plaisir dans l'étude et les travaux sérieux~
ils so11t incapables de recevoir de nouvelles impressions,
intellectuelles (donc d'étudier sérieusement, de faire
. des progrès). Leur sensibilité s'émousse, s'aff~blit~
; bientôt fait place à la dureté. Ils sont tout près du,
désespoir. Ils ne connàissent plus ~a joie quepro(!U~ê
le travail. Leur 'activité est brisée, ils ne peuve:ntplulJ,
AU FOND DE L'ABIME 77
concentrer leurs idées sur un but et n'avancent dans
aucune carrière. Leur imagination est exclusivement
occupée de représentations obscènes. Ils n'ont plus \
d'intérêt pour autre chose. Leur énergie est paralysée . .~
Leur volonté n'est plus qu'une marionnette. Ils devien- '
nent des jeunes gens lâches, menteurs, hypocrites,
sournois, sans caractère. Partout où ils passent, on sent
derrière eux une gêne. Sur les murs, dans les livres,
dans les W. C., dans les cabines de bain, partout ils
laissent des dessins obscènes. Ils sont d'une insup-
portable nervosité et leur cerveau est traversé d'idées
insensées.
Il ne peut en être autrement. Dites à un feu ardent
de ne pas brûler; - il ne le peut pas. Dites à une mer
impétueuse d'être unie comme un miroir; - elle ne
Je peut pas. Le voleur prend aux autres; mais l'impudique
se vole à lui-même: ses trésors les plus précieux, il se
dépouille de sa force d'âme. « Descensus Averni... »
Il est sur la route de l'enfer ...
Les élèves (c au courant ».
Mais lorsque le caractère est entièrement ruiné et
que les bonnes qualités ont disparu les unes après les
autres, arrivent la débâcle morale totale, et même
l'incrédulité.
Si la chose n'était pas si grave et si funeste. on
aurait envie de sourire, en entendant des gamins se
moquer· et parler avec des haussements d'épaule de
la morale, de la religion, de Dieu ou bien des choses
devant lC$~tlcl[e$ les meilleurs ct les plus émitlents repré-
 LA CHASTE ADOLE&CENCE
sentants de ['humanité se sont toujours inclinés avec le
pltlS grand· respect. Chez les élèves des lycées cela ne
suscite plus d'étonnement, si tel ou tel de leurs cama·
rades proclame ouvértement que le professeur ne lui
« en impose » plus, qu'il est « au courant », qu'il Cl a
appris bien des choses », qu'il n'y a ni ciel ni damnation
ni Pieu ni âme immortelle.
Que .peuvent donc être « ces choses ~ qu'a apprises
cet adolescent devenu incrédule et que ne connaissent
pa,~ les représentants les plus illustres des sciences
naturelles et des ~utres sciences? Car, n'est-ce pas.
les chefs intellectuels de l'humanité ont aussi étudié
et appris quelque chose.
Je me souviens de l'épitaphe que l'illustre inventeur
Franklin a composée pour lui-même. La traduction
en diminue un peu la grarideur. mais dans ces quelques
lignes se trouve une pensée sublime.
Ci-gît, nourriture des vers,
Le corps de Benjamin Franklin.
Comme la couverture d'un liwe
Dpnt on arracha les pages.
Mais ce liwe, il l'espère,
Ne s.era pas perdu éternellement.
Mais revu et corrigé,
En édition nouvelle et plus belle,
Il reparaîtra un jour.
Cëlui qui attend inébranlablement après sa mort
ùne vie nouvelle, plus b~lle, .n~est pas un incrédule,
n'est-il pas vrai.
Et puis, un Képler, un Newton, un Boyle, un Linné,
un Herschel, un Leverrier,. un Fresnel, un Fraunhofer,
un . Foucault; . un Faraday, up Lavoisier, lIn Liebig,
AU FOND DE L'ABIME 79
un Pascal, un Ampère, un Galvani, un Volta, un Pas-
teur, etc. (dont tu as rencontré les noms illustres au
cours de tes études secondaires) n'en savent-ils pas
peut-être autant que tes camarades de seconde?
Comment ces hommes, tous des savants d'une renom-
mée mondiale, étaient-ils des croyants à la foi robuste,
et même pour quelques uns de fervents catholiques,
tandis que ton camarade aurait été amené par la science
à l'incrédulité?
Comment Pasteur, par exemple, - pour n'en citer
qu'un - pouvait-il dire un jour: « C'est pa.rce que
j'ai beaucoup étudié que j'ai la foi d'un paysan breton;
et si j'avais étudié davantage, j'aurais la foi de la
paysanne bretonne »?
Non, n'est-ce pas, ce n'est pas la science qui a con-
duit ton camarade à l'incrédulité. Quelle science .peut-il
bien y avoir dans une tête de quinze ans?
Mais je sais bien qu'il y a de grands savants qui
se sont déclarés incroyants. Je ne le nie pas; il y en
a en effet. Mais je suis curieux d'une chose. Je suis
curieux du jour du jugement dernier qui ôtera le voile
de nos pensées les plus cachées. Comme nous serons
stupéfaits de reconnaître tant d'esclaves du péché qui,
durant leur vie, soutenaient qu'ils ne pouvaient faire
concorder les « résultats de la science» avec les ensei-
gnements de la foi et .que pour cette raison ~eulement
ils étaient devenus incroyants. Non, mon fils, la science
elle-même n'est jamais dangereuse, - seuls ceux qui
l'enseignent peuvent l'être. La science sérieuse mène ;
toujours à Dieu; mais le cœur corrompu en éloigne. "
Elles sont si vraies ces paroles de la Sainte Écriture :
« L'homme naturel ne reçoit pas les choses de
l'Esprit de Dieu» (1 Corinthiens II, 14)'
 :80 t.A CHASTE ADOLESCENCE
Pourquoi (c il n'y a pas de Dieu »?
C'est la corruption du cœur qui a mené ton camarade
à l'incrédulité. Cette contradiction continuelle qu'il
trouve entre la foi et sa propre vie, le remords perpétuel
qu'il ressent dans son âme, l'angoisse incessante à
,cette pensée: s'il y a un Dieu, s'Il me demande compte
un jour de mes actes, de mes pensées. Malheur à moi!
Comme il serait bon qu'il n'y ait pas de Dieu: .. Peut-
être n'yen a-t-il pas ... Oui, il n'yen a pas ... il n'y a
pas de Dieu.
Je peux dire en toute certitude que si les lois morales
graves et austères découlaient non pas de la religion,
-mais de l'algèbre ou de la physique, personne au monde
ne serait incro.yant, par contre il y en aurait quelques
uns pour douter des principes de l'algèbre et de la
physique, au nom du « progrès )).
Que l'incrédulité soit la résultante de la déchéance
; morale, c'est une constatation prouvée par le fait que
, l'incroyance va de pair avec les années de jeunesse,
avec l'âge des passions et qu'elle disparaît avec ces
dernières. Le petit enfant n'est pas incroyant; il se
sent même si heureux avec Dieu. Le vieillard n'est
guère ,incroyant, la religion et la foi sont sa seule
espérance. Mais entre-temps c'est l'époque orageuse
des passions, à laquelle convient bien cette affirmation
de Pascal : (( Le cœur a des raisons que la raison ne
<:onnaît pas )J. Oui, le cœur corrompu peut être
incroyant, la raison éclairée ne l'est jamais. Personne
ne devient athée, seul celui qui a des raisons pour qu'il
n'y ait pas de Dieu.
Le jeune homme C)ui cl l'âge de son développement
AU FOND DE L'ABIME
physique sait conserver la pureté de son âme, demeure
aussi exempt de doutes contre la foi. Mais par contre
j'avoue que celui qui mène une vie impure n'a plus
de goût pour la prière, trouve gênantes les pratiques '
religieuses, puis la religion dans son ensemble, fina-
lement perd la foi. Infailliblement il doit perdre la foi.
La ruine morale qui se produit au-dedans de lui, sa vie
dépravée, il s'efforce de les justifier à l'aide de maximes
philosophiques, de livres, de sophismes, de théories
scientifiques; il cherche dans les livres par la suite
une justificafon théorique de son athéisme, qu'en
face du Dieu saint qui demande à chacun de nous
la sainteté il pratique déjà depuis longtemps par une
vie de péché,
La vie pure n'est pas seulement une conséquence,
mais aussi une condition de la foi. Pour que la raison
ne devienne pas païenne, il est nécessaire que le cœur
ne le soit pas déjà auparavant. (( Gardez votre âme en
état de désirer l'existence de Dieu et vous ne douterez
pas de son existence )J (Rousseau).
As-tu entendu cè'que l'on dit de l'autruche? Quand
elle est poursuivie, elle cache sa tête dans le sable et
comme elle ne voit pas son ennemi, elle croit qu'il
n'existe pas. Je ne sais si ces jeunes (( incroyants)) ne
cachent pas leur tête devant Dieu : ils n~ voient pas
Dieu, ils ne veulent pas Le voir; mais cela ne-veut pas
dire qu'en fait il n'y a pas de Dieu. Combien de jeunes
gens ne se contraignent-ils pas réellement à l'incroyance,
uniquement pour ne pas être obligés de changer de vie?
~~urquoi"le pécheu~. ne veut-il pas penser à, Dieu?
y-drce qu Il sent qu Il a contracté de grosses ' dettes
,envers Dieu; chacun évite anxieusement la maIson de
l'on créancier.
Chaste Arlo!es<:ence.
 82 LA CHASTE .A.DOLESCE:\CE
Par contre le jeune homme à l'âme pure comme un
lys manifeste une foi ardente, parce qu'il repose sur
la poitrine du Seigneur Jésus. Un grand connaisseur
de l'humanité, La Bntyère, a écrit (Caractères 16) :
« Je voudrais voir un homme sobre, modéré, chaste,
_équitable, prononcer qu'il rry a point de Dieu; il
parlerait du moins sans intérêt: mais cet homme ne se
trouve point ».
Pour combien de jeunes gens s'est renouvelé litté-
ralement ce que le célèbre écrivain, François Coppée,
a écrit, après sa conversion, dans la préface de son livre
-« La bonne souffrance» : « Je fus éle\"é chrétiennement
et, après ma première communion, j'ai accompli mes
devoirs religieux, pendant plusieurs années, avec une
naïve ferveur. Ce furent, je le dis franchement, la
crise de l'adolescence ct la honte de certains aveux
qui me firent renoncer à mes habitudes de piété. Bien
des hommes qui sont dans cc cas conviendraient, s'ils
étaient sincères, que ce qui les éloigna d'abord de la
religion, ce fut la règle sévère qu'elle impose à tous, au
point de vue des sens, et qu'ils n'ont demandé que plus
tard . à la raison ct à la science ~es arguments méta-
physiqu~s qui leur permettent de ne plus se gêner ».
« Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, c~r ils
verront Dieu )) a dit Notre-Seigneur. Et ceux qui ont
le cœur corrompu? Ils ne verront du monde que les
jouissances sensuelles, la pourriture, les saletés, les
débauches, les batailles.
« Messieurs, disait l'illustre écrivain, Chateaubn"and.
dans une société cultivée, mettez la main sur le cœur
et dites-moi sur votre honneur, n'auriez··vous pas le
courage de croire, si vous aviez le courage de vivre
ch:lstes? . .
AU FOND DE L'ABIME
Chaque fois que j'entends parler d'un jeune.incroyant,
de son «jugement éclairé )), je suis obligé de me rappeler
ce mot de saint Augustin: Nemo incredulus, nisi impurus.
Au jeune homme incroyant je puis donner en toute
tranquillité ce conseil de Pascal : « Si vous voulez être
convaincus des vérités éternelles, ne multipliez pas
les preuves, mais extirpez vos passions. « Rompez avec
le péché - et demain vous aurez une foi robuste.
Est-ce la joie? Est-ce le bonheur?
Et maintenant es-tu au moins heureux, mon pauvre
ami? Tu l'as payé bien cher, mais tu as acquis le bonheur.
Dis-moi, est-ce vrai? Dis-moi la vérité, es-tu heureux?
Tu réponds: « Oui. Tout au moins j'ai vu quelque
chose de la vie )),
Doucement, mon fils, doucement. Non, je ne le crois
pas. Tu te leurres toi-même. Tu n'es pas franc envers
toi-même. Car si tu es heureux, pourquoi à certaines
heures un ennui inexprimable envahit-il ton âme?
Des heur~ où tu ne peux trouver de plaisir en rien,
absolument en rien. En rien en ce monde. Pourquoi
es-tu si souvent assis devant tes livres, avec des' yeux
perd\.1s dans le vide? Des doutes n'atteignent-ils pas
ton cœur? Tu passes sur ton front tout pâle une main
lasse et tremblante: Tu voulais mener « joyeuse vie »;
pourquoi es-tu maintenant si triste? Qu'est-ce que
ce vide béant dans ton âme, cette tête ' tristement
-penchée, cette sécheresse inconsolable? Qu'est-ce que
ce s~glot à fendre le cœur qui ressemble au pleur
d'un oiseau. Du cher petit oiseau qui s'appelle fi. vie

84. LA . CHASTE ADOLESCENCE
pure » et qui, tan~ qu'il n'avait pas été chassé du nie\,:
bien chaud de ton âme, répandait par son doux bal)ll~:
lage la joie sur ta vie. Tu vois bien à certains moments·
que « dans ton passé il n~y a pas de joie ni d'espérançe
dans ton avenir ». Pourquoi en est-il ainsi? Paree que
d'une main l'impureté donne une jouissance d'urt
instant, mais de l'autre nous ravit en échange une ch()se
mille fois plus précieuse.
Et qu'est devenue ton énergie? Ton activité qui te
glissait à l'oreille: « Sois libre? Eh bien! te voilà libre,
affranchi des lois du Créateur, mais esclave de tes
passions. Vois-tu comme tes camarades savent rire
joyeusement! Si tu pouvais une bonne fois ' être franc
envers toi-même! Si tu reconnaissais avec franchise
qu'en cherchant la joie sur des chemins interdits, au lieu
i . tle la joie tu as bu dans ton aveuglement tout le fiel des
1 enfers.
L'arbre ronflé nar Ce -Ve,..
, Ce n'est là encore que le premier châtiment 'du
péché d'impureté. La ruine de l'âme qui frappe tout
pécheur, sans exception. Ce châtiment affreux, la « maladie
Vi du manque de caractère.» aucun pécheur ne l'évite.
Mais il peut arriver qu'un autre châtiment frappe le
péché: la punition physlque. « Le salaire du péché,
c'est la mort )) (Romains VI, 23); la mort de l'âme'
toujours, celle du corps aussi parfois. Il y a des jeulles.
gens dont la forte constitution défend leur santé contre
le péché; mais il y en a également qui, après des années,
• en souffrent dans leur corps.
As-tu déjà entendu la légende de l'Atlantide;
AU FOND DE L'ABIME
contment engloutI par les flots? On dit que, lorsque
l'eau est claire, on peut voir au fond de la mer où est
disparu ce vaste continent. Des to~rs, des coupoles,
des maisons étranges effrayent le navigateur qui
passe au-dessus, et son cœur frissonne en voyant surgir
amsi de l'abîme la mystérieuse beauté d'un monde
englouti.
Dans la vie de combien de jeunes gens cette triste
légende n'est-elle pas une terrible réalité? Combien
de jeunes gens, à l'espérance brisée, pleurent la beauté ·
de leur âme irrémédiablement perdue, engloutie dans
les abîmes du péché.
Je t'ai déjà dit, mon fils, que le péché d'impureté
est un véritable attentat contre les plans du Créateur.
Il dérange ses pla~s. Celui qui commet ce péché, brave
les lois de la nature. Mais celd ne peut se faire impuné-
ment. Il n'est pas possible de transgresser impunément
les lois de la nature.
Cela nous est fréquemment attesté par les consé-
quences physiques qui résultent habituellement d'une
vie d'impureté. Tout péché porte atteinte à notre
dignité d'homme, mais celui-là peut aussi ruiner notre
santé physique. Voilà un péché qui trouve son châtiment
en ce monde et ce châtiment est épouvantable. La justice
humaine n'atteint pas ce péché, mais la nature est
plus sévère que les juges de cette terre. C'est pourquoi
les hommes ont été engloutis par le déluge; c'est pour-
quoi les habitants de Sodome ont été dévorés par le
feu; et c'est pourquoi une foule de jeunes gens d'au- .
jourd'hui sont punis d'une peine plus terrible que
l'eau et le feu: la déchéance physique dès la jeunesse.
Mon fils, si tu sens parfois que la tentation est trop
violente, s'il te semble que !es considérations morales
 86 LA CHASTE ADOLESCENCE
restent impuissantes devant la tempête furieuse des
pa~si?n~, souviens-toi, je t'en prie, de ce que je voudrais
VOlr ecnre en lettres de feu dans ta mémoire: la uature
se venge terriblement de celui qui par une vie impure met
en ~ért:llapul'eté,de la l'.ace lzlllTlaill~. La vie impure peut
affaIblIr la sante physlqu,e, la rul11er, et parfois con-
?uire à une fin misérable, mener au tombeau en pleine
Je~nesse, entre vingt-quatre et vingt-six ans.
Châtiments physiques.
,Celui qui. a~aisse les dessins de Dieu au rang de
regles des JouIssances physiques le paye fort cher.
'ru es maintenant plein de confiance en tes jeunes forces.
Maintenant tu bois aveuglément à la coupe des plaisirs
et tu ne penses pas que bientôt - peut-être dans
quelques mois - tu arriveras au fond, à la lie amère
et écœurante. Cela ne te fait rien? Crois-tu que tu
peux faire gratis de grandes dépenses? Bientôt tu
regarderas avec effroi, lorsque la nature te présentera
~a note. Car c'e~t un fait médicalement certain qùe les
Jeunes gens qm se marient trop tôt (à vingt ans par
exemple) et satisfont ainsi leurs instincts dans le
mariage - donc de manière permise - meurent ordi-
nairement de bonne heure, ainsi que leurs enfants.
L'organisme a en effet besoin pour son complet déve-
.Joppement de la sève que le jeune homme a usée
'<l:rns son mariage prématuré.. . muscles sont paralysés, qui sont sans cesse fatigués,
,it'.Plus.~m .organismè est délicat, compliqué et déve-
lopp,é, plus la .nature a besoin de temps pour le cons-
·trUJrC; le corps humain, cet organisme merveilleusement
AU liOND DE L'ABIME
délicat, a besoin de plus de vingt ans pour son parfait
développement.' Pendant plus de vingt ans, la nature
travaille jour et nuit en silence à ce chef-d'œuvre;
et le plus important c'est que l'organe qui doit servir
à perpétuer l'humatiité 'puisse se développer sans trouble,
paisiblement.
Si Un jeune homme coupait chaque semaine un
petit morceau de ses poumons, dis-moi, qu'arriverait-il
de lui dans un an ou deux? Pense donc, mon fils, à
l'effet désastreux produit sur l'organisme, quand un
jeune homme excite, martyrise l'organe qui devrait
se développer dans le plus grand calme et un repos
absolu, et qu'à l'âge de quatorze-seize ans il gaspille
les jeunes forces que la nature rassemblait en lui pour
vingt-quatre ou vingt-cinq ans en vue du mariage.
Songe que la sève gaspillée dans une vie pécheresse
était nécessaire à la nourriture de la moelle épinière
et des nerfs; songe que l'excitation violente enflammée
par le péché dans le jeune organisme et l'état convulsif
dans lequel se trouvent les nerfs après le péché exercent
une répercussion préjudiciable à tout le système
nerveux, et alors tu comprends pourquoi on voit si
souvent aujourd'hui des jeunes gens au teint pâle,
aux joues creuses, aux yeux vitreux, aux regards
fuyants, aux mains tremblantes, au dos courbé, des
jeunes gens dont le regard a perdu sa fraîcheur, signe
extérieur de l'âme candide, sur le visage desquels on
trouve à peine un trait viril, bien que la rougeur de la
jeunesse en soit disparue; des jeunes gens dont les
dont le système nerveux est entièrement ruiné et qui
sont. menacés de folie.
.lls portent sur eux-mêmes la marque publique de leur
88 LA CHASTE ADOLESCENCE
tmpureté secrète. « C'est justice sur la terre que les esprits
deviennent des visages )) a dit Gœthe et jamais parole~
ne sont plus vraies qu'à propos des forces destructrices
de l'acte impur.
Rien n'amène autant à la phtisie l'organisme, que ce
péché. Comme une sangsue insatiable, il ôte du cœur
la bonne humeur, il arrache du visage les roses de la
jeunesse, il éteint la flamme dans les yeux.
En effet cette perte de matière, gaspillée par le
pécheur, cause dans l'organisme un affaiblissement
équivalant à la perte de vingt fois autant de sang; cette
matière est réellement la force vitale elle-même, qui
- d'après la science médicale - est absolument néces-
saire pour le développement interne et externe de
l'organisme, la souplesse des muscles, la force des QS,
l'éclat des yeux, l'acuité et la faculté de concevoir
de la raison. Voilà pourquoi ces jeunes gens demeurent
peu à peu en arrière dans tout; tout comme se ralentit
la marche d'une locomotive dont le chauffeur jette le
charbon sur le bord de la voie et non pas dans la
chaudière.
D'après les dernières constatations médicales, l'état de
l'âme peut influer ·sur celui du corps. Une nouvelle
méthode thérapeutique, la psychothérapie, tente préci-
sément sur cette base la guérison de l'organisme. Il
est maintenant évident que l'humeur constamment
chagrine de ces malheureux jeunes gens réagit aussi
sur leur système nerveux.
La tension continuelle des nerfs et le gaspillage
pendant des années de la force vitale ne peuvent pas
rester sans lourdes conséquences. Pendant un certain
temps, l'organisme tâche de remplacer la matière
~t:rdue, mais peu à peu ce remplacement ne se fait
AU FOND DE L'ABIME
plus qu'aux dépens de l'orgamsme. En effet aucune
fonction de notre organisme ne réagit autant sur le
système nerveux que le fonctionnement des organes.
sexuels.
Pourriture vivante.
La fréquentation impure des filles perdues entraîne
des maladies extrêmement graves. Mon fils, ~a plume
tremble dans ma main, en les décrivant, car il me faut
te parler de la tragédie finale de tant de jeunes vies,
peut-être n'en as-tu pas encore entendu parler, mais,
je suis obligé d'en faire mention, pour que tu voies
où peut te conduire un seul acte imprudent. Pour que
tu ne sois pas - comme des milliers déjà - obligé
de maudire l'instant où tu es allé chercher une jouis-
.sance pécheresse, dans l'antre du vice, au milieu de
filles perdues.
Sais-tu, mon fils, que par les relations sexuelles
avec ces filles perdues tu peux contracter une maladie -
et une seule occasion suffit - qui durant des années
exercera ses ravages dans ton corps, qui sera i1lCUrable'
toute ta vie, qui réellement infectera ton sang et - si un
jour tu fondes un foyer - passera comme un héritage
maudit à ton épouse, à tes enfants, à tes petits-enfants,
à toute ta descendance. Ils la contracteront et maudiront
la mémoire de leur père dont les débauches de
jeunesse leur ont laissé un si triste héritage.'
Et sais-tu, mon fils, comment ce mal se répand parmi
les hommes ? Celui qui pèche avec une de ces femmes
perdues est, d'après les constatations médicales, presque
sûr de contracte! l'une ou l'autre variété des maladie~
 LA CHASTE ADOLESCENCE
vénériennes. Sais-tu que la société honnête actuelle
terrifiée cherche le moyen de se protéger contre la
·contagion et a déjà songé à faire examiner médica:
lement les habitants du pays et à marquer ceux qUl
sont atteints de cette maladie, pour protéger les hommes
.honnêtes et leur donner cet avertissement : fuyez ceux
qui sont marqués de ce signe! Il y a trois sortes de m~ladies
vénériennes. Et sais-tu qu'une de ces maladIes, la
syphilis, fait à elle seule plus de victimes parmi les
hommes que la peste, le choléra et la fièvre jaune tous
,ensemble. Pourtant, n'est-ce pas, avec quel effroi ne
pensons-nous pas à la peste et au chol~ra 1
Celui qui a précisément cette maladIe abrège sa VIe
·d'au moins dix ans, selon les statistiques des compagnies
·d'assurances sur la vie, même s'il se guérit.
La syphilis - arrivée à son troisième stade ~
couvre le corps d'ulcères, donne la fièvre, endolont
les os, ir"ite les muscles, provoque d'atroces migraines,
cause des maladies de peau, des paupières, des
muqueuses, des intestins; on se sent las, on voudrait
dormir et pourtant on est torturé par l'insomnie.
Les maladies les plus diverses jouent véritablement
:avec toi, tu n'as plus la moindre force de résistance.
Si le mal continue à progresser, le palais est perforé
par les ulcères, souvent l'os nasal pourrit et le visage
du malade ressemble à un spectre affreux. Les os
:aussi s'amollissent.
Le mal empire, lorsque le cœur fàiblit et que les
artères sont prises; si la maladie attaque l'aorte, elle
ne peut plus résister à la pression du sang, elle gonfle
jusqu'à ce que finalement elle se rompe., E~ le pauv~e
malade cherche secours de tous les côtes, Il voudraIt
guérir. Il semble même fréquemment qu'il soit parf~i-
AU FOND DE L'ABIME
tement délivre de son mal. Le médecin aussi le croIt.'
Et tout à coup - plusieurs' années après - alors qu'il
ne songe plus peut-être à--sa maladie d'autrefoi$~
dIe reprend de nouveau avec une violence incroyable;,
çar les bacilles qui se trouvent dans l'organisme qü't·
repris une vie nouvelle. Consomption dorsale, folie,
paralysie, cécité arrivent ensuite. Il .est .impossible do
parler d'une guérison sûre et complète de. cette maladie.
Et l'homme qui dans sa jeunesse autorisa,it peut-ctrç·'
les plus belles espérances, périt misérablement, c<,?m!Uc
un rebut de l'humanité et de sa famille.,
. Je ne veux pas parler davantage des souffrances.
atroces qui accompagnent la consomption dorsale
ni du progrès hallucinant que fait ,chaque jour la
paralysie jusqu'à ce que finalement surdenne la folie.
Ah! si seulement chaque adolescent voyait lui-tnème
<Cette terrible tragédie, avant de vouloir pour la 'première
fois « se procurer cette jouissance ))! Une « jouissance II
de quelques instants en échange de la consomption dorsale
ct de la folie ... Vraiment, ce n'est pas une bonne affaire.
Et ne crois pas que j'exagère et que je veux seufement
te faire peur. Ne dis pas que si cette maladie avait des
effets aussi pernicieux, on devrait entendre dire plus
souvent que tel ou tel est mort. Car il est tout natu~cl
que celui qui souffre de ce malle cache à tout. le monde.
Mais cette maladie emporte ses victimes souvent·
sous un tout autre nom; seuls les médecihs sont témoins
de cette terrible tragédie qui se dé:oule parmi les
hommes; seuls ils peuvent dire combien de tubercu-
loses, de maladies de foie, d'artério-scléroses, de
maladie du cerveau et des os ont eu réellement la
syphilis pour cause.
- Les vieilles légendes grecques parlent d'un monstre
 LA CHASTE ADOLESCENCE
à la tête de taureau et au corps d'homme que le rOl
Minos tenait enfermé dans un labyrinthe de l'île de
Crète et auquel on jetait chaque semaine en nourriture
sept jeunes gens et sept jeunes filles d'Athènes. Ce
n'est qu'une légende. Mais tous le,s ravages causés
par ce monstre fabuleux ne sont rien à côté des ruines
provoquées par le péché d'impureté parmI la jeunesse
actuelle.
Un médecin français, un des plus grands spécialistes
en maladies vénériennes, disait; «Que celui qui ne craint
pas Dieu craigne la syphilis n, et que la syphilis soit vrai-
ment un fléau, ils le savent les malheureux qui l'ont
contractée, ils le savent encore mieux les médecins
qui dans des centaines de cas et près de centaines de
malades ont vu les tristes et déplorables suites de la
syphilis.
Nous connaissons des cas où la syphilis héréditaire
est demeurée comme endormie pendant 30 à 40 ans,
puis s'est révélée sous forme de consomption dorsale
ou de paralysie.
Certainement tu as déjà entendu le nom d'un des
plus illustres peintres du monde, lionard de Vinci.
Certainement tu as déjà vu une reproduction d'un
de ses tableaux les plus renommés, «la dernière Cène)).
Mais probablement tu n'as pas entendu parler de
l'événement affreux qui se rattache à cette peinture.
L'artiste se préoccupait de trouver un modèle pour
peindre le sublime visage de Notre Seigneur, lorsque
à sa grande joie dans une église il remarqua, parmi
les chantres, un jeune homme d'une merveilleuse
beauté. Pietro Bandinelli - c'était le nom du jeune
homme - accepta joyeusement de servir de modèle
pour la figure du Christ. Les semaines et les mois
AU FOND DE L'ABlME 93'
passèrent, deux ans s'étaient déjà écoulés et Lé~nar<l
'parcourait les rues de mauvaise humeur, car il ne
trouvait pas de modèle convenable pour Judas. Il
~herchait quelqu'un sur la figure de qui on put lire
'la scélératesse sous laquelle on représente d'habitude
Juda~. Finalement il trouva un jeune homme dont la
figure prématurément vieillie révélait la ruine de l'âme.
Mais lorsque cet homme fut mis en présence de « La
dernière Cène» et que l'artiste COmmenca à peindre le
visage de Judas, il se mit à pleurer de toute son âme.
L'étranger n'était autre que Pietro Bandinelli; il 's'était
livré à une vie de débauche et en deux années d~ cette
,existence pécheresse" son visage de Christ avait fait
place aux traits de Judas. Et s'il ne s'était agi que
d'un changement physique! Mais il s'agissait aussi
de son âme!
Ah! si. les tombes silencieuses des czmetiêres pouvaient
parler! Ces pierres muettes sous lesquelles lepécM d'im-
pureté a enfermé prématurément tant de jeunes vies qUi
promettaient de si belles espérances.
Ferme un instant ce livre, mon fils et songe, en
priant, aux paroles éternellement vraies de la Sainte.
Écriture : « Si quelqu'un détruit le temple de Dieu,
Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, 'ët
c'est ce que vous êtes vous-mêmes! (10 Corinthiens III, 17).
Terrible responsabiUté.
Si encore tu ne perdais que toi 1Mais de même qu'un
seul plaisir défendu suffit pour que'.le bacille de cette
terrible maladie s'introduise en toi, de même des
94 LA CHASTE ADOLESCENCE
milliers de dangers menacent également les membres.
de ton entourage, en tant qu'eux, les innocents, reçoi-
vent de toi, le coupable, les germes de cette maladie
contagieuse. En mettant ta main contaminée sur la
poignée d'une porte, ou peut-être en serrant la main.
de ton meilleur ami, en mettant ton crayon dans ta.
bouche et qu'un àutre l'ait après entre les mains, le
coiffeur en coupant tes cheveux ou en te rasant, s'il a
auparavant touché un syphilitique, ta cuiller, ton.
ver~e, ta brosse à dents, ton essuie-main, tout cela
peut transmettre la maladie. Perpétuellement tu es un
danger redoutable pour ton prochain innocent avec:
lequel l'existence te met en relations.
Chez un collégien de quinze ans la syphilis perfora
le palais et ronga les chairs entre la cavité bu<:cale et
le nez. Pourtant le malheureux était pur, seulement
pendant les vacances il avait bu dans un verre dont
s'étaient servis des maçons qui étaient atteints de ce
mal.
S'il y avait encore en toi un soupçon d'honnêteté,.
tu devrais repousser ta mère et lui crier : Maman,
écarte-toi et ne m'embrasse pas, j'ai l'enfer au-dedans.
de moi. « Et lorsque peut-être après ton baccalauréat
tu rentres à la maison et que ta mère tout heureuse
te serre dans ses bras, en l'embrassant tu donnes à ta
mère chérie le bacille de cette honteuse maladie. Et ce
qui rend la chose encore plus dangereuse, c'est qu'au
début la maladie passe inaperçue; on ne ressent aucune
douleur, ce n'est souvent que par hasard que .l'on
s'aperçoit que quelque chose ne va p~s. Sens-tu la
responsabiliti qui pèse sur ton âme? Ah! la maudite et
mi~érable première nuit pécheresse!
AU fOND DE L'ABIME
-Tes pauvres enfants!
Et SI tu oses avec pareille maladie fonder une;
famille! Le rouge ne te monte-t-il pas au visage,
en pensant qu'avec cette triste maladie tu t'attaches
pour toujours une jeune fille innocente? Une jeune fille
qui durant toute sa jeunesse songeait avec une sainte
pudeur à son futur chevalier, à l'âme blanche, à l'époux
idéal, au caractère viril. Et toi, épave humaine, suppôt
d'enfer, tu t'attaches pour toujours par le mariage
cette innocente jeune fille et tu la contamines pour
toute sa vie, e1ie dont l'âme pure aurait mérité un
jeune homme pareillement pur.
La vie nous en présente des cas épouvantables. Il
y a des jeunes filles à l'âme délicate et pure qui con-
tractent quelques semaines après leur mariage cette
hideuse maladie et pendant des années, des dizain~s
d'années, souffrent et dépérissent, traînant la plus
belle période de leur vie dans la maladie qu'elles ont
prise auprès de leur époux qui a vécu dans le péché
avant le mariage.
Et bientôt tu as des enfants. Pauvres créatures
innocentes, si seulement elles n'étaient jamais nées!
Au second ou au troisième mois de leur existence,.
apparaissent déjà les symptômes de la syphilis héré-
ditaire et pour la plupart ils meurent à six mois. Ou
bien, s'ils restent en vie, les conséquences de la maladie
se manifestent plus tard entre la dixième et la vingtième
année, ils seront maigres, faibles, avec les yeux malades
et leurs enfants aussi recueilleront ce triste héritage et
la sanglante malédiction de ta vie Pécheresse pèsera encore
sur tes petits-enja1tfs.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Une autre maladie vénérienne, la blennorragie, entre
autres conséquences maudites, prive une foule d'hom-
.mes du plus grand trésor, la vue. Si son bacille, le
gonocoque, entre dans l'œil, une forte inflammation
s'y déclare et bientôt après l'individu est aveugle
.(blennorrhoea neonatorum). Dans l'institut des aveugles
l~e Munich, 73,8 % des cas proviennent d'une infection
blennorragique. Je connais une famille où le premier
enfant devint aveugle bientôt après sa naissance.
Lorsqu'un second enfant naquit, il devint aussi aveugle
,d u jour au lendeinain. Le troisième également. Les
parents au désespoir ignoraient ce qui pouvait bien
en être la' cause. Mais quand le père - qui avait oublié
ses péchés de jeunesse - se rendit compte qu'il avait
la blennorragie, il fut frappé de folie à la pensée que
ses péchés de jeunesse avaient privé pour toujours ses
trois enfants de la clarté du soleil du bon Dieù
Assez souvent j'ai visité l'institut des aveugles
Joseph Nador à Budapest, dans la rue Saint-Étienne;
mais chaque fois que je me suis promené au milieu
.des deux cents enfants aveugles qui cherchent à tâtons
leu~ 'Chemin avec leurs prunelles brûlées et vides,
je pense toujours avec effroi : Mon Dieu! La plus
grande partie de ces malheureux enfants ne serait pas
aveugle, si leurs parents avaient mené une vie pure
pendant leur jeunesse 1
La foule horrible des habitants des asiles d'aliénés,
d'enfants idiots, chétifs, estropiés donne la triste
<:ertitude des ravages causés par les péchés d'une jeu-
nesse tombée dans l'antre du vice.
Et toute cette immense misère, cette détresse d'une
multitude de familles, cette destruction du bonheur
. familial, à came· peut-être d'un rapport sexuel interdit!
AU FOND DE L'ABIME 97
Mon fils, un plaisir physique d'un instant vaut-.i,l un
tel prix? Comme il avait raison le païen Démosthène
de répondre à l'invitation séductrice d'une fille perdue:
C(Tanti paenitere non emo ». Non, je n'achète pas un
chagrin aussi énorme pour un plaisir d'un instant.
_ Il est littéralement vrai que les péchés du père
passent à ses enfants jusqu'à la troisième et même la
quatrième génération .. Mais en revanche, celui qui a
conservé pur son sang, celui qui pa~ une vie chaste
avant son mariage a évité toute contagion laisse par
cela seul à ses enfants un héritage plus grand que s'il
leur léguait des millions. « Lorsque mon fils me regarde
de ses yeux clairs - m'écrit un père de famille -
lorsque mon cœur se remplit de joie à la vue de son
corps robuste et de sa souplesse, lorsque se déversent
sur moi sa grâce et sa fraîcheur enfantines, alors je ne
regrette pas un instant · d'avoir lutté pendant des
années, car je sais que ce n'était pas seulement pour
mon propre avantage, mais aussi pour la génération
suivante que j'ai fait ce qui était digne de mes peines
et de mes sueurs »•
Espérances brisées_
Un matin je contemplais la Tisza; un flot d'eau
fangeuse coulait le long de ses rives. D'où vient cette
masse de boue? - me demandai-je. Il n'avait pas plu
chez nous ni nulle part dans la région depuis plusieurs
jours. Ce fut seulement le lendemain que je lus dans
le journal que bien loin de nous, à la source de la Tisza
avait eu lieu un violent orage et le fleuve roulait avec
lui la boue et la vase qu'il avait trouvées bien loin
là-bas, « dans sa jeunesse », alors. qu'il n'était encore
Chaste Adolescence.,
 LA CHASTE ADOLESCENCE
qu'un petit ruisselet insignifiant. Et il n'avait servi de
rien que dans son éours moyen et inférieur il n'e\it
reçu aucune boue nouvelle. Et il n'avait pas pu retrouver
sa pureté, malgré les eaux claires de ses affluents.
Mon fils, voilà une image infiniment grave de la vie
sbuilléepar le péché dans les années de jeunesse et don~
l'hommem\ir ne peut plus effacer la tache. Je t'en
prie, gardes-en le souvenir; il est beaucoup plus facile
de conserver son âme pure que de laver pour la rendre
blanche comme la neige une vie jadis souillée.
Depuis que les premières éditions de mon livre
se sont répandues chez les étudiants dans tout le pays,
la poste n'a pas cessé d'apporter à mon adresse des
lettres de mes jeunes lecteurs. Après lecture de cer-
taInes d'entre elles, elles me sont presque tombées des
. mains et je n'ai eu que la force de regarder le Christ
qui ,est là sur ma table de travail :
« Seigneur Jésus, venez au secours de ces pauvres
âmes au désespoir 1 » , lis m'accueillera peut-être aussi, tout indigne que je
QueUes misère.,1 Quel~es luttes 1 QueUes tragédies 1
Que d'espérances bri~ées! Et la plupart pleurent leur
premier faux pas. Les premiers mois où ils ont appris
à connaître le peché et où il n'y avait personne auprès
d'eux pour les retenir sur la pente.
Voici sans changement quelques-unes de ces lettres,
j'ai seulement supprimé les noms de leurs auteurs.
Fasse le Ciel, mon fils, que tu ne soies jamais obligé d'en
écrire de pareilles.
MONSEIGNEUR,
Je ne sais par où co~mencer. Une force irrésistible
me pousse à écrire. Monseigneur, écoutez-mOl. Je
AU FOND DEL' ABIME 99
vais peut-être m'expliquer un peu longuement mais
si vous tp'écoutez, vous rendrez le bonheur et
l'espoir à une âme brisée.
J'étais l'espoir de ma mère qui est veuve. Lorsque
je quittai la maison, il y a deux ans, elle m'embrassa
et demanda au bon Dieu de me prendre sous sa protec-
tion. Et le bon Dieu est venu à mon secours. Il y a
trois ans mes flotes étaien. excellentes. Et cette année?
Mon Dieu, j'ai échoué dans trois matières"Et pourquoi?
Je ' suis tombé au 'pouvoir d'un péché, d'une malé-
diction dont je ne sais comment dire le nom si ' triste.
1 J'en suis devenu l'esclave. Il s'est emparé de mes
forces, de tout mon être. Pendant les vacances de Noël,
j'ai vu chez un ami - que le bon Dieu le bénisse -
votre livre, « La Chaste Adolescence ». Je l'ai lu .
Monseigneur, qu'ai-je ressenti? Mon âme était en
effervescence. Et sous l'influence de ce livre j'ai pris
une sainte résolution. Cette troupe à la blancheur de
sois, parmi ses membres. Et j'en ai eu la force; nous
sommes déjà en avril et je n'ai plus péché une seule
fois, depuis que j'ai eu votre livre en main et je l'ai
encore aujourd'hui.
.) Nous avons ici une vie bien triste. Beaucoup de
jeunes gens scrutent les plus profonds mystères de la
J nature. Plusieurs ont déjà lu votre livre et nous avons
pris cette sainte résolution; non, non, jamais 1
Monse:gneur, écrivez moi. Ma lettre est dé COl: sue,
mais men état d'âme est pareil. Écrivez même
se Jlement quelques mots. Vous ferez le bonheur
d'une âme.
100 LA CHASTE' ADOLESCENCE
La lettre suivante est d'un ancien élève qui av~it
oublié mes leçons :
MONSEIGNEUR,
Au-dehors le vent du Nord siffle dans les branches
dénudées, au-dedans le feu pétille, et moi les yeux
fiévreux je fouille dans mon passé. Je recherche ma
bonne humeur d'autrefois, je recherche mon ancien
. timbre de voix, l'image souriante de mes camarades,
je recherche le printemps fleuri de ma vie.
Comme cela est loin! Depuis, des taches grises
et sales sont venues ternir le bleu d'azur, de ma vie,
mon visage flétri a vieilli prématurement, ma voix
cristalline s'est brisée et hélas! les blanches fleurs du
printemps sont tombées dans la boue.
J'aime à m'arracher quelquefois à cette grande
désolation qui m'étouffe presque avec ses bras glacés
et à marcher dans les prés fleuris du passé. C'est
comm<? si c'était hier... Et je me sens déjà vieux,
bien vieux à vingt-deux ans.
. De~ mon coffret de lettres je sens sortir comme un
souffle du temps passé. Comme les fragments en cou-
leur d'un kaléidoscope défilent devant moi en une
fantastique variété mes rêves et mes projets d'avenir,
maintenant tous disparus. Le vent du ~ord a passé
depuis sur lé champ ensemencé de ma jeunesse et a
tout emporté.
, Une lettre de. vous, Monseignefir, s'y trouve. Et
c'est cette lettre qui me fait prendre la plume. Je ne
puis résister au désir de vous écrire quelque chose
au sujet de mon immense détresse. Si seulement je
l'avais fait plus tôt t Mais je n'osais pas dévoiler à
'AU FOND DE L'AnIME 101
autrui les souillures de mon âme. Pourtant je savais
bien que vous me montreriez avec amour la route qui
conduit à une vie nouvelle. Mais je n'en avais plus la
force. De plus en plus je m'étais mis à maudire les
hommes, l'air, la lumière. J'allais comme quelqu'un
qui voyant des fleurs dans un marécage s'avance pour
les cueillir et peu à peu se sent enfoncer lentement
dans l'abîme.
Ah! si quelqu'un m'avait saisi d'une main ferme et
m'avait conduit à la piscine de Siloé, afin que j'aperçoive
la route qui mène au bonheur! Mais non, il n'y avait
personne. Toute ma vie je suis resté seul. Il est vrai
que dans mon orgueil insensé je n'ai demandp. l'aide
de personne; je voulais m'affranchir moi-même. Je
voulais, hélas! que de fois j'ai voulu! Mais la fumée du
sacrifice de ma volonté n'est jamais arrivée jusqu'au
ciel. Quelque obstacle la rejetait toujours dans la boue.
Avec la confiance d'un ancien élève je me tourne
vers vous, Monseigneur, pour vous demander conseil!
Je ne vous demande que quelques lignes, mais ces
quelques lignes - je le crois - me donneront une
force nouvelle, comme un verre d'eau fraîche à un
voyageur altéré.
Voici une troisième lettre :
MONSEIGNEUR,
Je ne sais comment exprimer mes sentiments après
avoir lu l'ouvrage intitulé « La Chaste Adolescence Il
et réfléchi sur ce qui y est dit. Bien .plus, j'ose écrire
cette lettre d'une écriture agitée. Pouvoir parler!
 102 LA CHASTE ADOLESCENCE
Quel bonheur 1 Un livre qui mène au repentir et à la
conversion. Vous savez, n'est-ce pas, ce que je veux
dire par là ?... « Ah 1 combien de jeunes gens ont san-
_ gloté désespérément dans le silenç:e de la nuit, parce
que personne ne les avait avertis des suites terribles
de ce péché ... » Oh 1 comme c'est vrai! Moi aussi j'ai
souffert. Je gémissais sous le joug de cette funeste
habitude qu'un malheureux m'avait apprise.
Ah! Monseigneur, donnez un conseil à un pauvre
jeune homme qui depuis longtemps cherchait' le chemin
du salut et l'a trouvé grâce à votre livre!
J'ai honte, Monseigneur, moi qui jadis apprenai5,
travaillais si bien, d'avoir pu pour un plaisir d'un
instant abandonner ma belle tâche.:. Mais là où là
passion fait rage, la raison se tait, n'est-ce pas,
Monseigneur ?
Dans l'espérance d'ùne réponse, etc ...
Encore une autre lettre :
MON CHER PÈRE SPIRITU,EL,
Ma chambre _retentit encore de mes sanglots; les
pages de votre livre béni sont encore mouillées de
mes larmes, ma plume refuse encore d'obéir à mes
doigts, je respire encore avec peine, maintenant que
j'essaie de tracer ces quelques lignes, mais si vous les
en ju!!,p.z dignes, lisez-les... écoutez-moi.
Ah! mon Père, comment dirai-je, il y a 'cinq ans
qu'il y a eu dans ma vie un instant maudit. La corde
mélodieuse de mon violon s'est rompue. Le chêne
élancé qui promettait tant dé choses s'est brisé au
AU FOND DE L'ABlME 1°3
milieu. L'obscurité a envahi le ciel de ma vie. Ah 1
si seulement cette obscurité avait été totale! Ah! si
seulement le chêne avait été cassé en deux tronçons,
peut-être n'y aurait.:il pas eu autant d'amertume,
autant de larmes. Mais ce ne sont que de continuels
craquements. Depuis si longtemps... voir le ciel de
ma vie s'assombrir!
Mais, le plus triste, c'est que je savais ce que c'est
que le péché. Je savais qu'il y a quelqu'un qui pouvait
me secourir, que Notre-Seigneur Jésus-Christ m'offrait
le salut. Mais hélas! je n'ai pas pu le saisir, pourtant
il n'y a pas eu une seule chute qui ne m'ait aussitôt
inquiété, à la première déjà je disais : c'est- « la der-
nière ». Mais hélas! hélas! je n'ai pas eu la force.
Ah! mon -Père! Mon Père spirituel! Ne dédaignez
pas, si je vous donne ce nom, celui à qui vous avez
déjà jeté maintes fois la ceinture de sauvetage et
qui, perdu en apparence, se débat dans un gouffre
épôuvantable.
Ma plaie brûlante s'adoucit déjà à la pensée que j'ai
pu en faire l'aveu en quelques mots hachés (ce que je
n'avais encore fait à personne jusqu'ici).
Depuis que j'ai commis cet épouvantable péché,
à l'instant même, je n'ai plus pu être franc envers
personne ... j'ai évité la société des honnêtes gens,
je ne me sentais pas à l'aise avec; dans mes études, je
n'avançais ·pour ainsi dire pas d'un pas; je n'étais
content de rien, ma vie n'était plüs qu'une lutte ter-
rible, si je ne me suis pas pendu, si je n'ai pas mis le
point final, c'est parce que bien loin, dans ma chère
Transylvanie, une mère aimante prie les mains jointes
chaque jour le bon Dieu de bénir son fils, de le guider
dans le .bon chemin (ah! si elle savait 1), mais il est bon
 LA CHASTE ADOLESCENCE
qu'elle ne le sache pas, son cœur pourrait se fendre,
alors que je lui écds que je vais bien ..
Je suis devenu scout, dans l'espoir de me tirer
d'affaire, mais non, je ne me sentais pas à mon aise
au milieu de ces figures encore rayonnantes. Je n'osais
pas rentrer au foyer paternel... je ne me sentais bien
nulle part et maintenant, maintenant loin de mon pays,
de mon cher pays, je me prosterne devant Dieu et je
balbutie avee reconnaissance les louanges de son saint
nom, parce que par l'entremise de votre main et de
votre plume Il veut me sauver. Car vous daignez
m'écrire: il y a un retour .. ce n'est pas encore le fond
de l'abîme ... ~ujourd'hui encore je puis commencer
une ({ vie nouvelle )J, si je veux. Ah! mon Père, autrement
je n'aurais pas la force, seulement je mets ma main
tremblante dans votre main et avec confiance je vous
regarde dans les yeux en murmurant: avec l'aide de
Dieu je veux ... je veux .. de nouveau, si j'en suis encore
digne, me mettre au dernier rang dans la troupe à
. la blancheur du lys... Seigneur Jésus, aidez-moi, je
veux être chaste.
Je ne veux pas continuer Cependant encore une
lettre. C'est un jeune homme qui écrit àun camarade
qui avait conseillé à ce pauvre jeune homme tombé
dans le péché de s'adresser à moi, SI je pouvais lui
venir en aide. Voici la réponse consternante :
MON CHER AMI,
Je sais que tu m'as attendu et je ne suis pas vehU.
Ne m'en veux pas, si peut-être je t'ai fait attendre,
AU FOND DE L'ABIME
car moi-même je rte me rends plus compte de mon état
d'âme, tous mes sentiments sont émoussés.
Je ne suis pas venu, parce que j'ai renoncé défini-
tivement à me convertir et je confie les suites ultérieures
à la loi naturelle de l'oubli. Je peux déjà facilement
compter mes jours, je ne puis plus tout au moins
compter sur une amélioration même spirituelle. Je
vois que c'est déjà la damnation éternelle qui commence
sur la terre, car il faut que je sois prêt à la mort non
seulement du corps, mais aussi de l'f!me. Je voudrais
me repentir, mais je n'ai plus la force ni la foi. Pendant
deux mois j'ai gravi le calvaire de la souffrance, mais
je n'ai pu me convertir . . ~_
J'ai montré un petit changement dans ma vie spiri-
tuelle, mais c'était seulement par crainte. A présent
le monde m'est complètement indifférent et j'attends,
la chute du rideau.
Ne t'inquiète plus de moi, s~ul Dieu peut me venIr
en aide,
Ton ami (si tu me tiens encore pour te)
Quelques mois après le jeun:e homme était mort.
Suicides d'étudiants.
: Voici devant toi une magnifique vocatiôn - écroulée
dans la poussière; un aigle créé pour voler dans les
hauteurs - se débat dans un marais lés ailes brisées;
un caractère viril - brisé en deux morceaux; une
\jeune vie - écroulée, brisée. Voilà un adolescent qui
dans sa jeune imagination rêvait peut-être de sauver
le monde, maintenant en train de se débattre dans
106 LA CHASTE ADOLESCENCE
les chaînes de l'esclavage, dans une misère incurable.
Cette âme qui autrefois brûlait d'idéal où bouillon-
naient tant de plans d'avenir, - est maintenant courbée,
lasse et désespérée, sous le poids d'une malédiction,
parce qu'elle n'a pas préservé des gelées de mai
les tendres bourgeons d'un printemps plein d'espérance.
Il s'y ajoute les reproches qui surgissent tôt ou tard
de la conscience, la crainte des conséquences physiques
et morales de ses actions et l'on comprend dès ' lors
que la mélancolie et le désespoir planent comme des
oiseaux noirs sur cette âme. Et ce pauvre jeune homme,
brisé de corps et d'âme, a à peine vécu encore dix-huit
ou vingt ans ... Ah! c'est déjà ici-bas sur la terre que
se réalise ce que la Sainte Écriture dit à proprement
parler uniquement des châtiments de l'autre monde:
« La part des impudiques sera dans l'étang ardent de
feu et de soun"re )) (Apocalypse XXI, 8).
Il y a des jeunes gens qui, lorsqu'ils subissent les
tristes conséquences de leur maudite habitude, ont
déjà gaspillé leur force de volonté au point que leurs
bonnes résolutions les plus fortes sont emportées tout
comme un bout de papier par l'ouragan de leur habitude
pécheresse. Lorsque, après chaque résolution, le péché
est commis · de nouveau, une amertume sans nOm
s'empare de leur âme, véritablement ils méttraient
en 'pièces ce qui leur ~ombe sous la main, - mais c'est
en vain, en vaio, ils ne peuvent pas s'affranchir.
Lis cette lettre effrayante qu'un étudiant écrit à un
de ses camarades :
« ... Dans ma grande tristesse tu as toujours été
aimable envers moi et tu ,t'étonnes que je sois incon-
solable. Mais tu ne connais pas la phase la 'plus terrible
qui est en moi. J'ai voulu quelquefois t'en parler,
AU FOND DE L'ABIME 1°7
mais l'aveu n'est pas arrivé jusqu'à mes lèvres. Mais
à présent écoute-moi et - méprise-moi. Mon Dieu,
comment dois-je l'écrire! Tandis que chacun me
,comblait d'éloges et m'entourait d'affection, je me
s ouillais en secret par l'habitude d'un péché infâme.
C'est là, vois-tu, ma maladie. La plus sombre mélan-
,colie me torture, je supporterais comme expiation
toutes les souffrances physiques, mais le bouleversement
de mon âme, voilà le plus épouvantable. Je ne peux
même plus penser. Le travail scientifique est un martyre,
mes idées errent à l'aventure, mon imagination divague
-et je suis torturé par des images affreuses qui ne me
laissent pas de repos, bien que je crie, je gémisse, je
m'insurge contre clles.Où suis-je tombé! Certainement
tu me diras de prier, je le ferais volontiers, mais je ne
peux pas. On ne peut plus me secourir. Bien des fois
déjà j'ai fixé le jour, l'heure et le lieu où je me ferai
sauter la cervelle; mais alors apparaît dev;mt mon
âme l'image de mes parents. Mes chers parents, mes
frères et sœurs ne se doutent pas à quel indigne ils
( mt donné leur amour. Vais-je les jeter dans ce chagrin
indicible de voir leur fils se suicider? C'est ce qui
me retient. Viens me voir au plus tôt - non, ne viens
pas, je ne le mérite pas. Prie pour moi, que Dieu ait
pitié de moi, s'il y a encore de la pitié pour moi ... ))
Tu as déjà lu , n'est-ce pas, qu'ici et là des jeunes
gens de seize à dix-huit ans se sont suicidés « par
dégoût de la vie ))? A seize ans, dégoûtés de la vie!
Songe un peu à cela! Un jeune homme qui en vérité
connaît à peine quelque chose de la vie et qu'attendent
seulement maintenant les graves devoirs di gnes d'un
homme - dégoûté de la vie! L'explication de la plupart
des suicides des jeunes gens, c'est la chute morale.
108 LA CHASTE ADOLESCEKCE AU FOND DE L'ABIME

La balle qui sort de l'arme du jeune suicidé met une

• ••
triste fin à une vie manquée.

Écoute ce cas qui s'est passé dernièrement. Un

jeune homme était l'unique soutien et le gagne-pain Le jeune chêne qui s'élançait vers le ciel .~ brisé
d'une pauvre veuve. C'était un jeune homme sérieux au milieu; l'arc-en-ciel qui s'étendait bien haut dans
et de caractère. Le prestige de sa gravité morale écartait le ciel - tombé dans la boue; la beauté d'un avenir
les fréquentes sollicitations de ses camarades, lorsqu'ils plein d'espérances - voilée pour toujours ...
cherchaient à l'entraîner dans un antre du vice. Les Maintenant nous sommes au fond de l'abîme.
exhortations qe l'aumônier et les paroles du Dieu Triste sort, triste fin.
vivant étaient son bouclier. Mais ses compagnons ne
le laissaient pas tranquille. C'est tout naturel: celui qui
est dans le péché est sans cesse poussé par sa mauvaise
conscience à entraîner dans la fange celui qui est encore
innocent. A chaque instant ses camarades le sollici-
taient ... le raillaient ... l'encourageaient ... finalement il
céda. Cela ne dura pas longtemps et la sombre maladie
marqua de son horrible empreinte l'âme et le corps
jadis pleins de forces de ce jeune homme. Il ne put
supporter longtemps ce fardeau épouvantable et s'ôta •
la vie. Près de son cadavre se trouvait ce billet - seul
héritage laissé à sa pauvre mère : - (( Maman, par-
donne-moi et prie pour moi ».

Les gens plaignirent ce malheureux, mais tu saiS.

qu'il fut lUi-même la cause de sa ruine: il voulut cueillir
des roses défendues et à la place le lierre hideux de
l'enfer enlaça son âme d'une étreinte mortelle. IL
s'était insurgé audacieusement contre les lois que le
Créateur a écrites Lui-même dans l'âme humaine et
contre lesquelles personne ne peut s'insurger impunément;
contre le commandement du Crfateur : Luxurieux point
ne seras ...

CHAPITRE V
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON
A SEPT TtTES
Mon fils, regarde-moi que je puisse lire dans tès
yeux. Bien ... Tu vois, c'est ce que j'attendais. Un
ferme courage brille dans tes yeux. Ton cœur bat de
graves et saintes résolutions. Tes lèvres muettes trem-
blent sous le poids de lourdes décisions. Ton regard
enflammé et ton cœur brûlant me confient, à la place
: de tes lèvres muettes, les saintes résolutions conçues
. maintenant au fond de ton âme : « Eh bien 1 si Dieu
le veut; je n'en arriverai pas là. Si le monde s'écroulait.
si la terre vacillait sous mes pieds, si les étoiles tom-
baient sur moi. jusque-là non 1 Non! non! jamais!...
Malo mori quam foedari. J'aime mieux mourir que me
souiller 1 »
Bien, mon fils, c'est ce que j'attendais de toi. C'est
pourquoi je redis : regarde-moi. Tu ne veux pas aller
jusque-là? Tu ne veux pas .tomber prématurément
comme un fruit véreux de l'arbre de l'humanité? Tu
ne vëùx pas écraser avec des souliers ferrés le jardin
fleuri de ton âme? Tu ne veux pas fuir, le regard (
hésitant, les yeux interrogateurs de ta mère et de ta
sœur? Tu ne veux pas devenir le triste éleveur des
bacilles qui détruisent la vie? Tu ne veux pas devenir
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT T~TES 111
une menace perpétuelle d'infection pour ton prochain
sain de corps et d'âme? Tu ne veux pas traîner à tra-
vers la vie ton jeune corps- ruiné par une honteuse
débauche? Tu ne veux pas t'abaisser jusqu'à devenir
une loque, un chiffon? Tu ne veux pas perdre ta santé,
ton caractère, ton honneur? Non, c'est ce que tu ne veux
pas! Je le lis dans tes yeux.
Mon cher fils, ne crains pas. Si en toi la volonté est
aussi forte que ta sainte résolution de maintenant -
tu n'iras pas jusque-là. '
Retour possible.
Mais peut-être est-ce autre chose que je lis dans
tes yeux. J'y vois une ombre - de la tristesse, de la
douleur. J'y vois un souvenir, - effrayant, déprimant.
Le souvenir maudit d'un péché commis dans l'igno-
rance et la puissance de l'habitude du péché te retien-
nent par des milliers de liens. Une tristesse sans nom
pleure dans ton âme; ah! pourquoi n'ai-je pas lu ce
livre, il y a deux ou trois ans? Je vois tout cela, je
vois ta lutte désespérée, je vois tes hésitations, je vois
ton abattement, ton abdication, ta tristesse.
Grâce au chapitre précédent, une nouvelle lumière
a brillé dans ton ' âme qui t'a peut-être fait souvenir
que déjà dans ton enfance, peut-être à l'école primaire,
en compagnie de mauvais camarades, tu as fait quelque
chose dont tu ne devinais pas alors la malice et dont
la laideur apparaît seulement maintenant devant toi.
Peut-être que surgit brusquement dans ton cerveau
cette décourageante pensée : Alors il y a longtemps
que je 5ui:s perdu! Alors il y a longtemps que le temple
112 LA CHASTE ADOLESCENCE
1
<le mon âme est tombé en ruines t... Non, mon cher
fils, il ne faut pas perdre courage. On n'est responsable .
<le ses actes qu'autant qu'on avait conscience de leur
malice à l'époque où ils ont été commis. Seul le Tout-
Puissant sait si les faux-pas de ton enfance peuvent
être, et dans quelle mesure, regardés comme des
péchés. Mais à présent ne te lamente pas sur tes chutes
inconscientes d'autrefois, mais prépare-toi à une vie
nouvelle idéale. Ne te tourmente pas sur ce qui s'est
passé jusqu'ici, mais réjouis-toi de la vie pure qui va
.suivre. Tu n'es pas un adolescent tombé définitivement
et le temple de ton âme n'est pas définitivement ruiné.
Seulement ne prononce pas le mot qui apparaît presque
sur tes lèvres: Non je ne le permets pas.
Un tel mot n'existe pas. Du moins il n'existe pas
pour un jeune homme. Ne prononce jamais ce mot
terrible « trop tard », « il est trop tard pour moi ". Je sais
ce que tu entends par là, mais ce n'est pas vrai, il n'est
pas trop tard. Tu es un peu en retard, raison de plus
de te hâter.
Tu connais la parabole qe Notre-Seigneur sur l'En-
fant prodigue? On y parle d'un père de famille dont
le plus jeune fils réclama sa part d'héritage, quitta
la maison, gaspilla son argent, .fut forcé par la faim
de devenir porcher, en vint jusqu'à envier la nour-
riture de ses bêtes ... et alors dans la détresse de son
immense abaissement passa dans son cerveau une
·dernière espérance: « Je me lèverai. J'irai vers mon
père, peut-être aura-t-il pitié de moi ll. .
Et tu vois, le père lâchement abandonné le reçut
,dans ses bras, pressant sur son cœur l'enfant prodigue
,de retour.
Il fallut à l'enfant prodigue pour cette démarche
LA LUn:~ CONTRE LÉ DRACQN A SEPT TtrE$. HJ
une volonté ferme, une résolution inébranlable. En
effe~ I~ bourbier le retenait, les herbes du marécage
le tJralent, le gardaient~ la puissance de l'habitude
pe~t comme un poids énorme; mais il s'est dégagé
de ce marais infect, il s'est redressé (mais qui sait
après combien d'efforts) et avec une résolution inê...
branlable, avec une persévérance inlassable, appuyé
sur l'espérance d'un avenir plus pur, il se mit en
marche vers la maison - vers la maison paternelle.
Dans tout homme - même le plus déchu - brûle
encore une faible étincelle de bien, mais seul s'en
rend compte celui qui l'aime et a confiance en iui.
Mon fils, qùelles que soient tes chutes, si souvent que
tu aies déchiré ton âme, quand la place de l'ancien
temple serait un amas de ruines, je te demanderai
d'abord: aie confiance en toi 1 Une confiance inébran-
lable! Que cette parole du philosophe Sénèque fOltifie
ta confiance: « Pars sànitatis velle sanari fuit )l, celui
qui veut guérir est déjà en partie guéri. --
Encouragement à la lutte.
Laisse-moi adresser quelques mots d'encouragement
à ceux à qui mon livre - malheureusement _ est
parvenu trop tard, qui, enfants irréfléchis ou séduits
par des
, camarades pervertis, sont devenus faibles , sont
tombes, peut-être même souvent, mais maintenant-
veulent enfin se relever et veulent soutenir victorieu-
sement la lutte d'une vie pure.
Ceux qui ont succombé souvent voient combien
il est difficile de renoncer à un péché d'habitude.
Chute .A.dolesoencQ.
 II4, LA CHASTE ADOLESCENCE
Ils luttent ·parfois pendant des années avec un courage
héroïque et cependant ils retombent continuellement.
Je voudrais encourager ces héroïques lutteurs.
Mon fils, si tu succombes de temps en temps, ce
n'est pas un péché de plus, comme jadis. Notre-Sei-
gneur sait qu'à présent tu ne le voulais plus (comme
jadis tu le voulais) que c'est seulement une ancienne
et triste habitude qui décide là et dont de toutes tes
forces, de toute ta volonté et de toute la résolution
de ton âme tu voudrais te débarrasser. Ne crains pas,
ne t'exaspère pas, parce que tu retombes. Seulement
continue à lutter courageusement, seulement hâte
la victoire ,finale après laquelle il n'y aura plus une
seule rechute.
Je connais moi-m&me bién des jeunes gens, dans
les classes supérieures des collèges et à l'université,
auxquels dans leur jeune âge des camarades vicieux
ont enseigné le péché. Les malheureux au début
croyaient que ce n'était qu'un jeu innocent et lorsqu'ils
ont eu une claire connaissance de l'horreur de leurs
actes, la puissance immense de l'habitude s'était déjà
étendue sur eux. Mais qu'importe! Ils se sont lancés
dans cette lutte difficile. Ils ont combattu longtemps.
Ils sont retombés. Et maintenant, à quinze, dix-huit
ou vingt ans, après une lutte héroïque sans doute,
mais après une victoire tdomphale, ils mènent une vic
/ pure, pour réparer ce qu'ils ont fait dans leur ignorance
d'enfants. Et quelle joie inconcevable transporte cette
âme convertie! « Je ne donnerais pas un jour de ma vie
présente pour tout mon passé )), - m'écrit un jeune
homme aptès sa conversion. Celui qui revient à temps
au lys immaculé, à la pureté de vie, ne doit pas craindre
les conséquences nuisibles de son incontinence :' un
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TETES II ç
~rganisme jeune se remet d'autant plus vite de ces
. effets nocifs que la conversion a lieu plus tôt. « Un
acte irréfléchi suffit à ruiner définitivement notre
bonheur, - écrit dans son journal le comte Étienne
Széchenyi. Mais il ajoute aussitôt en guise d'encou-
ragement : « Un homme ne tombe jamais si bas qu'il
ne puisse jamais plus s'améliorer. Tout pécheur peut
se relever )).
L'aigle délivré.
J'ai lu quelque part une fable émouvante à propos
d'un aigle. Étant encore petit, il tomba entre les mains
d'un méchant gamin qui lui mit une chaînette à la
patte et l'attacha à un roc. Que de coups d'ailes, que
d'efforts, que de tentatives de la part du pauvre
oiseau pour se délivrer, mais en vain! A la fin il se
lassa de cette lutte désespérée qui durait depuis un
an et le sentiment de son affreuse captivité s'empara
totalement de lui. Un jour un anneau de sa chaîne se
brisa, mais le pauvre aigle ne s'en rendit pas compte.
Il resta encore durant des semaines sans bouger, les
yeux clos : devant lui le vaste ciel, dans son cœur le
désir ardent de la liberté, dans ses ailes la force -
mais en vain, car il n'en savait rien. Ah! s'il avait
fait seulement un pas en avant! Si à présent il avait
fait une seule tentative. S'il avait donné seulement
un coup d'aile!
Vois-tu, mon fils, je C!'ois fermement que si jusqu'ici
tu as été aussi un fils de roi enchaîné au péché, lorsque
tu auras achevé ce livre, les mailles de ta chaîne d'escla-
vage se détacheront.
116 LA CHASTE ADOLESCE?'\CE
Mais maintenant en avant! A moi les hauteurs de
la pureté!
Puis-je me corriger, moi aussi? - Oui.
Est-ce que je veux me corriger? - Oh! oui.
Alors je commence!
Quand? Plus tard? Non, pas plus tard! Aujourd'hui
même!
As-tu entendu parler de ce héros grec, Achille,
que sa mère, dans sa crainte, avait habillé en fille et
fait élever au milieu de jeunes filles, pour qu'il ne
soit pas obligé d'aller à la guerre. Mais quand Ulysse
fit retentir la trompette guerrière devant le palais et
que les véritables jeunes filles s'enfuirent épouvantées,
la nature virile intrépide apparut dans Achille et il
prit les armes. Tu vois, mon fils, lorsque tes instincts
sensuels t'attaqueront encore, ne fuis pas lâchemen t
devant eux, ne te rends pas à eux, mais regarde-lest
virilement, hardiment clans les yeux et engage avec
eux le combat. Même si depuis longtemps tu te débats
entre les tentacules de la sensualité pécheresse, frappe
d'un poing énergique en disant : Ce n'est pas 'i.:raÎ.
Il n'est pas trop tard. Je me tive, je retozmle à la maison ...
à la vie pure, à la jeunesse chaste, à lin avenir plus beall,
plein de promesses. _ triompheras, si tu ne te décourages pas, si tu as au-
Tu sais bien, et je puis le dire d'avance, que si tu
es depuis assez longtemps esclave de cc péché, ta
délivrance sera difficile, très difficile peut-être. Que de
fois le désespoir pèsera sur ton âme, quand tu remar-
queras avec amertume que ton désir de te corriger
et que tes résolutiOns sorties du fond de ton âme sont
constamment sans effet! C'est presque avec désespoir
que tu seras désemparé entre ton désir du bien et
l'habitude qui pèse sur toi avec une force gigante,squc.
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 117
c ~
IJe suis tombé de nouveau, pourtant j'ai promis combien
de fois que cela n'arriverait jamais plus ...
1 j Dans . les dernières dizaines d'années des hommes
courageux se sont de plus en plus voués à l'exploration
du pôle nord ou du pôle sud et au prix de privations
surhumaines ils ont traversé des étendues incom-
mensurables de neiges et de glaces et ~ aucun n'a
atteint le but. Et toujours de nouveaux explorateurs
se mettent en route. Pourtant quand le but serait
atteint, quelle utilité en résulterait-il pour l'humanité?
:A peine autre chose que la sensation d'avoir posé le
i pied là où personne n'était encore allé. Et pour une '
1 sensation si insignifiante on ne craint pas d'affronter
1maintes fois la mort. Alors as-tu le droit dans cette
: lutte perpétuelle contre les sens de perdre courage, ;
1dans cette lutte que tu mènes non pas pour la conquête
:d'un pôle nord couvert de neige, mais celle de la paix
'de l'âme, la conquête d'une vit: pure, blanche comme
la neige?
Oui, mon fils, une lutte pénible t'attend, mais je le '
répète: Ne perds pas courage. Si tu veux, tu peux
redêvenir pur. Toutes les puissances de l'enfer ne
peuvent t'amener au péché, si tu ne le veux pas, et tu
'dedans de toi le désir de vaincre et l'énergie qui sur-
monte tout. Réussis seulement à passer sans péché
'quelques semaines, un ou deux mois. Alors ta cause est
gagnée. Car tu es convaincu que tu as encore une
volonté et que tu peux prendre de nouveau des réso-
Jûtions solides comme l'acier.
'5 Mon cher fils, si ton âme est encore intacte, remercie ,
à' genoux le Créat~ur et garde d'une âme forte ton
précieux trésor; mais si _ t.u _:~éjà__to~bé, mon filsl je
 LA CHASTE ADOLESCENCE
' t'en supplie les mains jointes, engage la lutte contre le
dragon à sept têtes de l'impureté. C'est de toi que dépen-
dent pareillement l'avenir de notre chère patrie et le
salut de ton âme. Je ne puis, n'est-ce pas, te dire de
plus grandes chose~
Pour:Tavenir de notre patrie.
Tu es, mon fils, un enfant fidèle de ta patrie, fier de
ta race. Cela me plaît. Mais sais-tu que la jeunesse qui
rejette la pureté de son âme commet une honteuse
trahison envers l'avenir de sa patrie? Sais-tu que la
:force vitale future de notre race dépend pour une
.bonne part du choix que notre jeunesse actuelle fera
entre une vie rénovée ,et la glissade sur la pente de
l'impureté dans cette chute inévitable où les propa-
gandistes (ennemis d~ notre peuple) d'images, de
publications, de livres immoraux veulent entraîner
dans un but bien défini la jeunesse hongroise entamé,
dans son intégrité physique et morale? Réellement un
travail souterrain s'opère dans la société tout entière,
dans les théâtres, les cinémas, les livres et les journaux
,contre la pureté de vie de la race hongroise et ceux qui
entreprennent ces machinations savent bien que si un
. jour ils arrivent à corrompre moralement - et ce qui
va de pair - physiquement la race hongroise, ils
pourront sans résistance partager entre de nouveaux
habitants notre pays. La jeunesse actuelle est l'avenir
:de notre pays.
, « C'est une constatation quotidienne que les enfants
et les petits-enfants des riches qui n'ont eu en héritage
que .1a fortune et non pas une ' vie morale se ruinent
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 119
en peu de temps. Il en est de mëme pou; des peuples Il
entiers dont la ruine, à cause de leur immoralité gran- f
dissante, ne peut être enrayée par aucune mesure f
légale» (Hilty). -- 1
Lis seulement ce que 'l'acite écrit sur la tombe de
l'orgueilleux peuple romain qui · jadis avait conquis
tout le monde connu: Lis seulemènt cornaient sur cette,
tombe où leur genre immoral de vie a jeté les Romains,
retentit victorieusement l'éloge de la vie pure des
Germains païens : . ." '
« Saepta pudicitia agunt, nullis spectaculorum
inlecebris, nullis conviviorum irritationibus corruptae ... ,
Paucissima in tam numerosa gente adulteria, quorum
poe na praesens et maritis permissa, abscisis crinibus
nudatam coram propinquis expellit domo maritus
ac per omnem vicum verbere agit; publicatae enim
pudicitiae nulla venia; non forma, non aetate, non
opibus maritum invenerit. Nemo enim illic vitia ridet,
nec corrumpere et corrumpi saeculum vocatur ».
(Tacite, Germania XIX). « La femme y vit sous la
protection de mœurs pures et n'y est pas corrompue
par des spectacles excitants ou des repas voluptueux., . .
L'adultère est très rare chez ce peuple, le châtiment '
en est réservé à l'époux qui l'applique immédiatement: . j
en présence de ses proches la femme coupabl~ est
.
chassée de sa maison, après avoir eu les cheveux'
coupés et avoir été dépouillée de ses vêtements, elle
est ensuite conduite à coups de fouets à travers le
'
village; celle qui a perdu sa virginité n'est pas pardonnée;
ni la beauté ni la jeunesse ni la fortune ne peuvent lui
procurer un époux. En effet personne ne rit de ces
crimes, et l'on n'appelle pas esprit du siècle corrompre
et se laisser corrompre ».
 120 LA CHASTE ADOLESCENCE
On peut · à peine croire que. iès Germains'- païens
aient été soumis à une aussi austère conception morale.
Mais en tout cas, il convient que nous, chr~tiens,
peuple civilisé, nous rougissions de honte en v,!yant
parmi noUs un~ si grande immoralité, à côté d'une si
noble façon de penser d'un écrivain païen.
~ r. Mon fils, si tu aimes notre patrie, si tu t't'nquiètes
Il! du sort futur de notre nation, aie en estime le
~ sang pur qui coule au-dedans de toi, ta jeunesse'
i immaculée et ne prends pas en maintes prOductions
d'auteurs ni chrétiens ni hongrois (bien qu'ils écrivent
en hongrois), ces ouvrages immoraux qui visent à
l'affaiblissement de la race hongroise. « La base et la
1 pierre aJ,lgulaire de tout pays en sont le~ bonnes mœurs;
!~ lorsqu'elles disparurent, Rome tomba et 'fut réduitè
ff en esclavage ». Sur l'autel du patriotisme seul est
agréable le sacrifice des braves qui se sont vaincus
eux-mêmes. " .,
Satan passait un jour en revue ses troupes -ai-je
lu dans ~ne poésie. Chac\ln vantait sa puissance. Lés.
démons de la colère, de l'envie, de l'ivrognerie,. du'
jeu et autres mauvais esprits se disputaient la première
'! place dans l'art de nuire à l'humanité. Finalement
, 'Satan décerna la première place au démon de l'iIPpu-
.~. reté en disant: « C'est lui qui a l'épée la plus tranchante
l.
.' et le poison le plus mortel, car il a le pouvoir de ruiner
fi des nations entières ».
-- Faut-il donc que tu ,sois triste ?Pas du tout: Cèlui
qui est dans son printemps doit avoir l'âme' pl~ne :d~
Il fraîcheur. Je veux qll.e dans ton cœur impatient batte
I~ l'énergie de la grande vocation qui t'attend. jeyet.nc
Il que tu deviennes un homme. Je regarde toujours avec
respect vets la jeunesse. « Res sancta 'puer Il. Tu te'
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 12 r
trouvez devant de grands devoirs, - c'est pourquoi je'
t'estime. Mais de graves dangers tourbillonnent devant
toi - c'est pourquoi je crains pour toi. çette
estime et cette crainte me suggèrent ensemble cette
pensée : Mon fils, respecte la flamme di'v·ine qui brûle
en tOl : ton âmr:. La formation de ton âme est une
tâche plus grande que n'importe quel art, car les artistes
' ne travaillent qu'avec un pinceau, des couleurs, ' un ,
. ciseau, et toi avec une âme vivante. '
Pour l' 'ltégrité du lis.,
Jeune homme, sois dOliC ficr et il/trépide! A tout péché,.
à toute bassesse réponds : Ad majora natus SUin. Ne
supporte pas davantage que la jeunesse hongroise vive
dans le péché à l'âge de quinze ans, qu'elle soit vieillie
à dix-huit ans ct paralysée à vingt et un ans. Car s'il
en était ainsi, le drapeau hongrois serait déshonoré.
Je veux qu'on puisse dire de vous tous: vous êtes
pleins d'espérances, de fraîcheur, votre vie n'est pas
brisée. Vous êtes poussés à un travail créateur par
l' « inexhausta pubertas )) (Tacite), la force virile non
gaspillée. Vos muscles sont encore élastiques, votre
front encore lisse, l'éclat de vos yeux encore étincelant;
, la Hongrie repose sur vous ses yeux baignés de larmes.
~ Apprenez à être appliqués au travail, enthousiastes
: pour la vertu et patients dans la lutte. Le sort de la
\ Hongrie dépend de vous - et nous n'avons qu'une
iHongrie. ,
Au-de~sus des lois de l'esthétique il y a les lois de 1\
la morale. Tout ce qui favorise la force morale de \
 122 LA CHASTE ADOLESCENCE:
l'homme est un acte patriotique; tout ce qui l'attaque
est une infâme trahison. Le sixième commandement
est un bouclier pour les forces d'une nation. Pour nous
aussi se vérifie ce que Salvien a dit de l'empire romain:
Ses ennemis n'ont pas pu le vaincre, seul le péché l'a
pu. Nous avons perdu beaucoup de sang pendant la
guerre; mais l'empoisonnement du sang est cent fois
pire. Au festin de Balthazar à Babylone, où l'on pro-
fanait les choses saintes, une écriture terrifiante apparut.
Cette main aujourd'hui encore écrit l'histoire du monde.
Lis seulement avec quelle sainte gravité le Guide
des Scouts hongrois commente le dixième commande-
ment de la loi scoute «( Le scout est pur de corps et
d'âme ») : « La pureté du sang est la base de la force
et de la grandeur d'une nation. L'impureté souille
: dans l'homme l'image de Dieu, ruine le ,corps, salit
l'imagination, émousse la mémoire, tue le caractère
et pourrit la nation. Avec un saint amour-propre garde
la pureté de ton âme. Que rien d'impur ne t'en impose:
si brillant qu'en soit l'extérieur, il cache à l'intérieur '
saleté et pourriture. Évite avec mépris la société des
gens corrompus, les conversations malpropres ou à
double sens, les livres, les représentations, bref tout
ce qui mène à l'impureté. Recherche ce qui donne la
force, la sobrié-té, un travail sérieux, des distractions
convenables, un renoncement viril, une amitié réelle :
tout cela est une aide efficace ».
Mes fils, aujourd'hui la Hongrie, c'est 'lJOUS. La Hon -
grie n'est pas une carte géographique, la Hongrie
n'est pas une montagne, une plaine. La semence de
l'avenir hongrois bat dans votre sang, s'élève vers la vie,
devient réellement vivante ou bien va à la ruine à
côté de vos jeunes forces gaspillées. L'intégrité de
, LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT, TÊTES 123
la Hongrie ne sera regagnçe que par une jeunesse qui
:saura être forte et combattre pour la beautè de son
âme, pour l'intégrité du lis.
Le glaive flamboyant de la nature.
La nature peut se venger terriblement avec un
glaive de feu. Déjà Tacite indiquait comme la source
la plus puissante de la force germaine l' « inexhausta
.pubertas » la jeunesse intacte. Le salut et le bonheur de
toute la génération future dépendent du fait que l'homme
,e t la f emme se tiendront désormais réciproquement en
,plus sainte estime ou bien continueront à descendre la
pente effrayante où une littérature et une opinion ni hon-
,groises ni chrétiennes entraînent le peuple hongrois, surto,u t
la classe intellectuelle hongroise. _
Mon fils, ne vois"tu pas qu'aujourd'hui la patrie
hongroise si éprouvée a besoin de tous ses fils, de
toutes les forces physiques et morales de chacun de
oses fils? L'amiral anglais, Nelson, donna , avant le
-combat de Trafalgar cet ordre du jour à la flotte :
,« England expects every man to do his duty ». (L'Angle-
terre attend de chacun de ses fils qu'il fasse son devoir).
La malheureuse patrie hongroise peut donc attendre
.de chacun de ses fils qu'il garde sa jeune âme dans
la pureté, ses jeunes forces dans leur intégrité. Le feu
sacré, gage de l'existence de Rome, était confié à la
'g arde des Vestales; mais notre pauvre patrie attend
de la flamme qui brûle dans ton âme pure des milliers
d'années nouvelles.
Il faudrait que chaque adolescent devint un arbre
;aux fruits abondants; mais ont-ils des fruits les arhrp~
 12 4 LA CHASTE ADOLESCENCE
où il n'y a pas de fleurs? .. l(eventr au combat le corp~
blessé est un sacrifice devant Dieu et un mérite devant
notre patrie; mais être ruiné moralement et physiquement
par une vie impure est un Péché infâme contre Dieu et notre
patrie.
« Il faut que la jeunesse qui aime sa patrie et est douée
d'intelligence - écrit le Dr. Louis Nékam, professeur
de médecine à l'université de Budapest - pense ainsi:
1, J' emplOleral
' . toutes mes f orees à devemr . un membre
utile physiquement et intellectuellement à la société.
Pour pouvoir y arriver et ne pas devenir prématurément
1}n dégénéré, à l'époque de ma croissance je pratiquerai
une continence totale et j'endurcirai mon corps, je forti • .
fierai ma volonté, je multiplierai mes connaissances. ;
Ensuite je m'efforcenii, si je suis appelé à fonder un '
foyer, d'élever des citoyens courageux et utiles à notre
patrie et je pourrai mener avec ma famille une vie ·saine
et heureuse Il. !f.
~ Sais-tu, mon fils, ce que veut dire cette maxime :
« Un étudiant n'est rien et il peut tout? » Cela veut
dire que toi, mon fils, tu es l'avenir de la patrie; toi .
qui lis ce livre; toi qui actuellement n'es qu'un i
étudiant, mais qui demain seras un guide de la 1
nation; toi qui par ton activité bonne ou mauvaise 1
t sèmes et moissonnes le bonheur ou le malheur. Tu es :
présentement le germe de la lIongrie future et tu seras '
le héros ou le fossoyeur du nouvel avenir hongrois.
Pour le bonheur de ton âme. '
De tristes .expériences ont appris à l'humanité que
les plans du Créateur sont encore les meilleures. '
LA LUTTE CO!'<TRE LE DRAGO:-< :\ SEPT TÊTES 125
11 Qu'importe à Dieu que tu sois juste - dit la Sainte
Écriture - que gagne-t-il, si tu es intègre dans tes
voies? » (Job XXII, 3)' Certainement rien. Que tu
observes ou non le sixième commandement, Dieu,
mon fils, n'cn tire ni profit ni dommage. Ses desseins
éternels seront néanmoins réalisés. Même sans toi.
Même contre toi. Mais par contre il est pOlir toi d'une l
~xtrême importance que tu vives selon ses lois , car ta viel,!
sur cette terre et ta vie future en dépendent. Le sort de ;
ton âme, le développement harmonieux de ta vie à)'
l'avenir dépendent de la lutte que tu mèneras contre ,
le dragon de l'impureté . .En effet qui peut attendre \
.une maturité sérieuse d'un jeune homme qui a passé
'Sa jeunesse dans le péché? « Qui 710n assuescit 'l:irtuti,
dum juvenescit, a vitiis ncscit desciscere, quando senescit )l.
Je te connais bien, mon fils. Tu as pour idéal le
,caractère viril; tu veu;.,: devenir un véritable chevalier,
un homme « complet ». Mais c'est précisément pourquoi
je te demande de bien considérer que pour arriver à
un caractère parfaitement viril il faut une forte volonté,
une force de volonté qui soit capable de toujours sou-
mettre nos bas instincts à h meilleure partie de notre
nature, nos facultés intellectuelles. Tu sais que l'instinct
sexuel se manifeste vite, même bien avant le mariage
mais ce n'est pas pour que tu le satisfasses. II n'a pas le
droit de l'exiger.
Si tu veux atteindre un jour ce caractère viril qui
:aujourd'hui n'est encore en toi qu'une image idéale,
remarque bien qu'il faudra le mériter par un pénible
travail. C'est pour ce très beau mot d'ordre: « être un
homme de caractère» qu'il te faut travailler. Le caractère
n'est pas un cadeau de fête déposé tout prêt sur la table,
mais un joyau créé par un travail volontaire.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Quand tu gravis une haute montagne, tu ~s en sueur,.
avant d'atteindre la cime. Plus est élevé le but auquel
on aspire, plus il faut d'efforts pour l'atteindre. Mais
un jeune homme ne peut se proposer un but plus,
élevé que la formation d'un caractère sans tache.
Pour atteindre cet idéal il te faut engager une lutte·
à la vie et à la mort.
A la vie à la mort!'
C'est une lutte àla vie ou à la mort. La grave question
qui se pose à chaque adolescent est celle-ci : Permet-
tras-tu que ton corps conduise ton âme à la mort ou
bien que ton âme dompte ton corps? Permettras-tu
que tes bas instincts te poussent à la ruine comme un
navire sans gouvernail ou bien d'une main vigoureuse
et maîtresse d'elle-même saisiras-tu le gouvernail et
conduiras-tu ton navire au milieu des chants séducteurs,
des sirènes? Ou bien ton âme réussira à conduire saine
et sauve ta jeunesse au milieu des mille écueils des:
violentes tentations et alors par-delà èette vie austère:
de ta jeunesse une sublime vocation t'attendra; ou
bien tu feras naufrage dans les bonnes mœurs sur la
mer orageuse de la jeunesse et alors tu traîneras avec:
toi toute ta vie les suites funestes d'une adolescence
gaspillée.
Mais du reste j'ai tort de te poser ces questions_
En effet, maintenant que je te regarde dans les yeux,_
j'y vois la résolution sérieuse, la force de volonté qui,
promet la victoire. J'entends pour ainsi dire ta réponse;
Je suis résolu à accepter cette lutte ardente. Seulement
je voudrais connaître les armes avec lesquelles je
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES I27
soutiendrai victorieusement ce combat qui décidera
du sort de mes jeunes années.
C'est bien, mon fils, c'est ce que j'aime en toi. Dans
le chapitre suivant tu pourras en lire davantage à ce
sujet. Seulement je voudrais encore insister sur ce point:
ne perds pas courage, si après des milliers d'épreuves
tu sens que le combat est toujours aussi pénible et
que malgré des milliers de victoires il te faut toujours
soutenir une lutte violente.
Remarque bien qu'un dragen à sept têtes, au sens :
littéral du mot, assaille la pureté de ton âme et tant
qu'un sang plein de jeunesse coulera dans tes veines,
tu ne pourras pas le faire disparaître. Quand tu lùi
coupes une tête, une autre pousse à la place. Si aujour-
d'hui tu as remporté la victoire, tu ne sais pas de quel
côté tu seras attaqué demain. Entre seize et vingt-
quatre ans tu seras presque sans trêve à la bataille. "
Plus tard la tentation sera moins fréquente, mais elle
ne cessera jamais entièrement et lorsque le sérieux de
l'âge mûr aura refroidi l'ardeur de ton sang, il te
fa1,ldra encore te tenir sur tes gardes pour conserver
ton précieux trésor. Mais aie toujours devant toi cette
sainte conviction qu'au plaisir d'un instant que procure
le péché, il est mille fois préférable de posséder, en
remportant la victoire sur le mal, l'estime de soi-même
et la paix de sa conscience.
Souviens-toi des trois jeunes ' gens que le roi de
Babylone avait fait jeter dans la fournaise à cause de
leur fidélité à leur religion. Un feu d'enfer brCilait
autour d'eux, et ces jeunes héros allaient et venaient
sans aucun dommage au milieu de cette mer de flammes
et un hymne de victoire sortait de leurs lèvres. Songe
 LA CHASTE ADOLESCENCE
toujours à la victoire, lorsquè le feu des tentations .
·chamelles flambe dans tes veines.
Tu te plains d'être obligé de livrer tant de comoats
pour la pureté de ton âme? Mais, ne vois-tu pas que
la vie entière, autour de nous, n'est qu'une lutte perpé-
tuelle? Ce qui ne lutte pas, ce qui veut demeurer
tranquille, ce qui ne bouge pas, se rouille, moisit et
disparaît. Si nous combatton& pour chaque chose,
trouverons-nous excessif de lutter pour la pureté de
notre âme? - parce que bien des généreuses résolutions ont fait
Fortifie-toI toujours à la pensee que sans doute tu
-auras des tentations durant toute ta vie, mais que per-
sonne ne peut te contraindre à rendre les armes, si tu ne
,le veux pas toi-même.
Reprends des forces dans cette conviction que la
lutte n'est jamais désespérée. Si ton âme est encore
intacte et pure, tu peux en conserver la pureté, mais,
il est vrai, ce ne sera pas sans combat; si déjà tu as dû
verser des larmes sur de graves écarts, et même si tu
es tombé dans la boue - il est vrai que tu auras
besoin de tendre toute ta force de volonté - tu pourras
redresser victorieusement la tête et redonner une vie
nouvelle à ton âme humiliée, mais purifiée.
! Combattre contre soi-même est la plus Pénible des lutteJ,
~ mais triompher de soi-même est la plus glorieuse des
1 victoires.
Résiste!
Tes (( camarades » remarqueront vite ton ferme
propos, engloutis peut-être depuis déjà longtemps
<lans. la fange, ils ne pensent même plus à en sortir.
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 129
Ils s'apercevront que tes conceptions morales com-.
mencent à être différentes des leurs; que tu veux
rompre avec ta manière dé vivre d'autrefois, que tu ne
veux plus te vautrer avec eux dans 'la boue. Ils s'en '
apercevront vite et - maintenant va commencer contre I!
toi la ~lus forte offe~sive. Ils te fero?t une véritable /
chasse a courre. Ils t msulteront, te rallIeront, te pour- .]
suivront pas à pas.
Vois-tu, si je t'en parle avec plus de détails, c'est
naufrage sur ce point, lorsque le jeune homme s'est
vu exposé au feu de la raillerie et que le respect humain
l'a emporté en lui sur les meilleures résolutions.
(( Je ne savais pas que tu étais aussi bigot, que tu
étais aussi froussard» - te dira un railleur. « Regarde,
quel petit enfant! Il n'a encore jamais essayé d'être
un homme. Bon, que celui qui a peur ne vienne pas
avec nous ». - « Quoi? Moi un bigot, un bébé, un.
fro~ssard! - le sang bouillonne dans tes veines. J'y
• • • l; '
valS, mOI aussI ».
Ah! combien de bonnes résolutions · ont été ainsi
brisées! Combien de jeunes gens sont tombés pOur la
première fois dans les bras · d1,l péché, uniquement
parce que « des camarades » les y avaient poussés!.
Mais la seconde, la troisième ,. fois ils n'avaient plus
besoin d'être encouragés.
Le danger e,st particulièrement grave, quand les
conditions de l'existence t'obligent à habiter avec des
camarades dont la moralité est inférieure à tes nobles
inspirations (par exemple dans les internats, à l~
caserne). Car être bon au milieu des bons, cela va encore.
Mais rester propre au milieu de la bOlle, être un lis dam J'
un' marais - Ü faut pour cela avoir un caractèrebim
 LA CHASTE ADOLESCENCE
13°
trempé et une volonté virile. Et bien des jeunes gens -
' qui pourtant avaient su avec un héroïsme admirable
'conserver leur pureté physique et morale durant toutes
, leurs années de collège - sont tombés dans le péché
à l'occasion du banquet d'adieu, à l'époque du service
; militaire ou bien à leur arrivée à l'université, devant
. les railleries de leurs camarades. En effet ils ne voul~ient
pas passer pour des « froussards » devant les autres.
Pourtant... pourtant. Si tu réfléchissais seulement
un instant : où est le véritable courage et où est la
vraie lâcheté?
Qui est le lâche?
-' Donc, tu es un lâche, tu es un poltron! Soit, soit!
C'est bien, je suig un lâche. Je suis un niais, un petit
garçon, un hypocrite - mais tu ne me feras pas perdre
la tête. Songe seulement où il faut le plus de couragel
et de volonté: pour résister inébranlablement au plus
violent des instincts, à l'instinct sexuel ou bien r our
s'incliner de tous côtés comme un roseau sous le
soufRe des désirs les plus bas? Quel est le meilleur
cavalier: celui qui d'une main de fer c~nduit son
cheval là où il veut ou bien celui qui se laisse mener par
les fantaisies de sa monture et finalement tombe dans
la boue du fossé? Or tu sais bien qu'une vie
impure est plus fangeuse que le fossé ' de la route.
On te fera ce reproche ':. quel poltron tu es de « ne
pas oser cela! » Est-ce que je suis vraiment un enfant?
En effet, virilité veut dire maîtrise de soi et volonté forte.
Et par contre n'est-il pas un faible celui dont l'âme
est le jouet des instincts charnels qui la ballottent de
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES . nI
côté et d'autre comme la fumée d'un vapeur sur l'océan.
Sois un homme et non pas - une marionnette.
Qui .en imposera davantage même aux grandes pcr-
spnnes que le jeune homme bien trempé qui ne se laisse
pas effrayer par les railleries et les moqueries de ses
camarades et qui avec une volonté inébran/Ç1ble suit le
chemin qu'il a choisi après mûre réflexioJ/? Devant un
tel adolescent je me découvre et je lui applique ce
magnifique éloge de la Sainte Écriture : « Feeit enim
mirabilia in vita sua ». (Ecclésiastique XXI, 9) ' «( car
il a fait des merveilles dans sa vie », lorsque d'un geste
. intrépide il a écarté de lui la tentation d'un camarade
corrompu.
Et quand tous mes camarades tomberaient dans
ce péché, - moi pas, et même rien qu'à callse de cela.
Mon âme souffre quand je vois des jeunes gens se
laisser conduire, comme des moutons, au péché par de
grands parleurs. Pourtant tout imiter - c'est le privi-
lè.ge des singes; seul est un jeune homme de caractère i
celui qui est assez courageux pour nager contre le .
courant. Change de chemise fréquemment, mais de carac- '.
tère - jamais!
Et pourquoi laisserais-tu tes nobles idées subir
l'influence de pareils jeunes gens? Quelle est leur
valeur morale? Zéro.
. Ne te rappelles-tu pas comment dans une fable les
animaux se moquaient de l'homme, parce qu'il marche
la tête haute et non pas penché vers le sol, comme eux?
Car pour eux c'est une chose ridicule que quelqu'un
. marche droit. Et n'as-tu pas entendu dire qu'à l'asile
. des aliénés les malades crient derrière le médecin?
: Et crois-tu que le médecin s'en préoccupe? Ne crois
\donc pas que tu es un lâche, parce que tù fuis les plaisirs
 ~ . ..
132 LA CHASTE ADOLESCENCI!
· des débauches? Est-elle lâche l'humanité, lorsqu'elle'
! redoute et fuit les bacilles du choléra? Est-il un
l brave ton camarade qui, s'il aperçoit une flaque d'eau
· sale et corrompue, se met à y tremper « courageusement »
· sa langue et ses yeux? Lis seulement ce que disait un
philosophe païen : « Si tu fais une chose dont tu es
1
i fermement persuadé qu'il faut la faire, ne crains pas
de la faire ouvertement, même si la foule pense autre-
1ment à son sujet. Si tu fais mal, alors aie honte de tes
actes; mais si tu fais bien, pourquoi crains-tu ceux qui
\ te blâment injustement? II (Épictète).
Dis-moi, quel est le plu$ facile: résister avec fermeti'
· de caractère aux attaques aveugles de l'instinct ou
,bien leur céder? Mais l'esprit et le corps livrent préci-
sément leur plus dur combat sur le terrain de la moralité.
;Celui qui y est resté victorieux, seul pèut dire de lui-
\même qu'il a véritablement' un caractère viril. Malheu-
r reusement une partie de la jeunesse ne peut pas
rmarcher sur ses propres jambes; elle ne pense jamais
i à la direction de sa vie et comme des feuilles mortes
l elle est emportée par le tourbillon des opinions de
camarades corrompus.
. , ,Un jour, Alexandre le Grand dit à Diogène
! « Je suis le maître du monde »,
: Le philosophe cynique lui répondit ';
' « Voire, tu es l'esclave ,de mes esclaves, car moi
je suis le maître de toutes les passions dont tu es
l'esclave ll.
' Eh bien! moi je ne veux pas hurler avec les loups.
:Moi je ne veux pas nager avec le courant. Moi, je ne
veux pas être un homme. quelconque. Je suis né pour de:
Iplus gra.ndes choses . ., ' ..... . .....
1... _ ... .--. ., - -. . . -
J
LA. ~UTTE CONTRE. LE DRAGON A SEPT ThES 133
Laisse-les!
.11' peut se 'faire qu'il ne te reste pas d'autre alter-.
:native que de briser définitivement avec tes anciens
camarades. Dans quelques occasions il suffit que tu ,
n'aies pas souri à leurs plaisanteries et traits d'esprit. {
l Si « spirituelle » que soit leur conversation, ton visage
1impassible et froid leur fera comprendre que tes con- f,
. victions te font regarder un tas de fumier comme un il
; tas de fumier, quand bien même il serait aspergé de
parfums et que tu n'as aucune envie d'y fouiller.
Parfois tu' peux dire ouverterrient à ton ami qu'il blesse
tes convictions morales et que pour toi tu regardes
comme une honte que ton ami veuille parler avec toi
de pareilles choses. Car c'est réellement une offense
à ton égard, qu'il suppose que tu prennes plaisir à de
tels propos. Le comte Étienne Széchenyi, nOIr pas à
propos d'une conversion malpropre, mais à propos d'une
légère incorrection s'exprimait ainsi: « C'est une fai-
blesse, un défaut inévitable pour un mortel, mais à
parler ainsi on est sur la pente de la ruine la plus pro-
fonde». Alexandre le Grand, à l'époque où il accomplit
ses plus beaux exploits, était un modèle de pureté
d'âme. Pendant sa campagne d'Asie quelqu'un lui
écrivit dans une lettre des mots à double sens, le jeune
prince s'écria avec indignation: « Quelle chose honteuse
peut-il savoir de moi, pour oser m'écrire pareillement? »
Tu regarderas comme une insulte en pleine face que
quelqu'un veuille tenir pareils propos devant toi.
Seulement affirme courageusement que cette conver-
sation blesse ta délicatesse et tes convictions. En effet
 134 LA CHASTE ADOLESCENCE
le domaine de l'esprit est si étendu et il offre tant de
sujets de conversation et tu es disposé à parler de
n'importe quoi, sauf d'une chose, d'une seule chose
que tu exclus de tes conversations.
S'il n'écoute pas ton sérieux avertissement, alors
considère qu'un prince vêtu de blanc des pieds à la
tête n'a rien à faire au milieu dé valets qui portent
du fumier et si ancienne que soit l'amitié qui t'attache
à lui, romps avec lui.
Songe à ces paroles sévères de Notre-Seigneur :
« Si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-le loin
de toi; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avec
i un seul œil, que d'être jeté, avec deux y'eux, dans la
.: géhenne du feu II (Saint Matthieu XVIII, 9). Si ton
1 ami te scandalise, laisse-le, car il vaut mieux pour toi
, arriver seul au bonheur éternel, que d'être damné
éternellement avec lui. Je sais, cela -te fera de la peine.
Mais considère que celui qui n'estime pas assez tes
convictions les plus saintes et tes idées les plus nobles
pour ne pas les insulter sans cesse avec sa bouche
impure n'est pas digne que ''tu l'appelles « ton ami ".
Upeut être ton « conpagnon », mais non pas ton ami,
comme les membres d'une bande de voleurs ne sont
pas des amis les uns pour les autres, mais seulement
des compagnons.
) ttre homme veut dire tenir enchaîné l'animal féroce
qui est en nous. ttre jeune homme veut dire faire briller
dans ses yeux la joie aveuglante du printemps de la vie
humaine. ttre un homme, au sens viril du mot, veut ·
dire commander d'une main de fer à tous ses bas '
instincts et , être plus sévère envers soi-même que
le chirurgien pour le membre malade. Permets une
i comparaison un peu bizarre : si quelqu'un se gâte
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 135
l'estomac et se met à vomir, un homme à l'esprit
normal n'y voit pas de quoi se réjouir. Et si un jeune
homme à l'âme malade se met à vomir dans sa conver-
sation une foule de saletés qui pourrissent les âmes,
un homme honnête ne peut pas l'écouter. Le médecin
regarde la langue du malade et voit immédiatement
ce qu'il y a; toi aussi tu peux sentir immédiatement
par son langage et sa conversation si ton camarade est
malade dans son âme.
Le païen Plutarque, dans un de ses ouvrages, parle
d'un philosophe qui demanda à un jeune homme qui
se dépêchait dans la rue: « De qui te sauves-tu? D'un
homme qui veut me conduire au mal. Aie honte,
répliqua le philosophe, que ce ne soit pas lui qui s'enfuit
devant toi )l. Lorsque la petite troupe d'Alexandre le
Grand se mit à trembler devant l'immense armée
perse, sais-tu comment le conquérant les encouragea? !
«Pourquoi craignez-vous? Sans doute voilà beaucoup ,
d'ennemis, mais peu de soldats ". Qu'est-ce qui l'auto-
risait à dire cela? C'est qu'il savait que les Perses ,
menaient une vie de débauches. Si donc de mauvais
camarades viennent l' « expliquer II les choses, tiens
bon courageusement. Oui, mon fils, du courage!
Parfois un regard sévère suffit pour fermer la bouche
à ceux qui se vautraient dans la fange de l'immoralité
et que le païen Horace gratifiait de cette épithète :
« amica luto sus II (Épîtres 1, 2). Donc n'aie pas peur
d'eux. .
A moi cela ne fait pas de mal!
Ne te leurre pas toi-même avec ' cette fréquente
échappatoire que tel et teI mauvais livre, telle gravure
 LA CHASTE ADOLESCENCR
indécente, telle comédie immorale, tel mauvais cama~"
rade ne te font pas de mal. Lamentable erreur. Si tu
parles ainsi, tu ne connais pas la force de l'esprit
d'imitation chez l'homme. Il y a des tourbillons que
le meilleur rameur s'efforce d'éviter, mais personne
ne dit pour cela qu'il est un lâche.
Quoi que nous fassions, inconsciemment nous
nous demandons si un autre agirait de même. Per-
sonne ne peut se soustraire complètement à la loi de
l'imitation. Lorsqu'un gavroche mâche un citron
devant une musique militaire, formée seulement de
trompettes, involontairement chacun sent la salive
lui monter à la bouche et tout à coup la musique
s'arrête - de même nos lectures, nos regards" nos
conversations, nos amitiés exercent une influence irré-
sistible et inévitable sur notre vie morale. ,Nul homme
au monde ne peut s'affranchir parfaitement de l'in-
fluence de son entourage. A côté du feu tout bois
brûle. Et tu prétends que l'exemple de tes mauvais
camarades n'a pas de prise sur toi. Est-ce que le meunier
qui moud toute la jour.née dans son moulin peu~ dire qu'il
n'est pas enfariné? Et peux-tu admettre qu'un ramoneur
ne soit pas couvert de suie? Donc ne te fie pas à toi-même.
Il est bien vrai ce vieux proverbe : Il est fort celui qui
sait qu'il est faible. « Fortis est qui se negat esse fortem )).
L:e seul remède : évite le péché.
Il Y a peut-être parmi tes camarades quelques-uns
Clui t'm'literont au péché en disant qu'aujourd'hui il
"'e faut plus craindre aucune sorte de maladie, car on
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TftTE 137
yI
vend des remèdes certains contre la contagion et que
1 même si tu attrapais du mal il y a quantité de médecins.
qui guérissent « slîrement » les maladies secrètes.
Je crois, mon fils, que ce n'est pas en premier lieu
la crainte de la maladie, mais tes convictions morales
qui t'écarteront de ces péchés, cependant il est bon
que tu saches que, selon le témoignage des, médecins
sérieux, il n'y a pas encore jusqu'à présent un seul rem Me'
sûr contre cette contagion et tes camarades ne parlent
ainsi que pour se tromper eux-mêmes comme l'enfant
peureux qui se met à siffler dans une chambre obscure:
pour se donner du courage. Seules les réclames des.
journaux connaissent·des remèdes sûrs contre ce mal
- mais la science n'en connaît pas. Un long et doulou-
reux traitement au mercure, à l'iode, au salvarsan peut
soulager le malade; mais « le succès certain» avec lequel
tes camarades t'encouragent au péché signifie rarement
guérison complète et le plus souvent seuls les symptômes
de la maladie disparaissent; mais la maladie elle-même
continue à se dissimuler dans l'organisme. Est-ce la
guérison, si j'étouffe la fièvre, mais si les bacilles
continuent à vivre en moi et poursuivent leur action
nuisible?
Lis seulement ce qu'écrit un médecin à ce sujet :
« On ne peut nier que dans bien des. cas la guérison
n'est qu'apparente. Malgré des soins minutieux, après.
des mois et même des années les symptômes réappa-
raissent, preuve que le poison de la syphilis était resté
dans le corps, où il se trouvait « latens » suivant la
terminologie médicale. Si le médecin intervient aussitôt,
on peut de nouveau faire disparaître ces symptômes.
,,'1) pendant un certain temps, la syphilis redevient « latens »,
mais fréquemment seulement avec autant de résultat
 LA CHASTE ADOLESCENCE
que la première fois » (Dr. H. Pauli « RaIte deine
Jugend rein» p. 29)' ,
Et même si on réussit à guérir, l'organisme est si
affaibli tant par la maladie elle-même que par les
remèdes, que celui qui est guéri de la syphilis reste
davantage exposé à d'autres maladies. Le célèbre
médecin de Munich, Gruber, a constaté que dans les
grandes villes parmi les hommes entre vingt-six et
soixante ans le pourcentage des décès était beaucoup
plus grand qu'à la campagne. D'abord on ne put donner .
aucune cause à ce fait curieux, car dans une grande ville
on ne découvrit aucune épidémie spéciale pour y avoir
fait des ravages. Mais subitement tout s'éclaira: ces
hommes de la ville qui mouraient à la- fleur de l'âge,
étaient syphIlitique dans leur jeunesse. Sans doute ils
avaient été guéris, mais ils n'avaient pas récupéré leur
force 'vitale d'autrefois.
Un jeune homme distingué avait trouvé à l'âg~ de
trente ans une belle situation et voulut se marier.
Mais juste avant le mariage tout à CO\lP une maladie
terrible s'abattit sur lui. Il n'en connaissait pas la cause
et le médecin lui aussi ne comprenait rien à cette
maladie qui ruinait physiquement et moralement ce
jeune homme rob,uste et qui paraissait plein de santé.
Finalement le médecin lui dit que les symptômes
indiquaient une maladie qui était une conséquence
. d'une action impure. Le malheureux jeune homme
fondit en larmes et reconnut en sanglotant que seize
ans auparavant la seule fois de--toute sa vie il était tombé
dans le péché, mais jamais depuis et le médecin constata
que le terrible bacille s'était introduit à cette occasion
dans son organisme, s'y était développé et maintenant,
seize ans après, comm en~'a it son travaii _destructeur.
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 139
.L 'infortuné abandonna sa position, rompit ses fiançailles
et quitta son pays.
Moi aussi, je dis à tous ceux qui découvrent en eux
le signe de cette maladie d'aller chez un médecin
,consciencieux. Car non seulement ceux qui ont commis
l'action impure, mais des innocents peuvent par con-
tagiq~ être victimes de ce mali la honte, la dissimul~tion
<lu mal devant le médecin ne pourraient qu'aggraver
la maladie. Et il est vrai qu'un traitement médical
,commencé à temps peut empêcher un développement
funeste de la maladie. Mais suivant les constatations
.scientifiques il n'y a qU'un remède sûr contre la maladie . ..
Rien qu'un! Faut-il te le dire? Le préservatif parfait,
la vie pure, - voilà le seul remède sûr.
Comme l'écrit' clairement un médecin allemand
{( le jeune homme ne peut éviter sûrement les maladies
vénériennes que par une chasteté absolue et totale )) 1
(Dr H. Pauli).
Un coup de balai, s'il vous plait!
Mais, mon fils, tu pourrais toi aussi faire quelque
-chose contre les progrès de la corruption morale.
Sais-tu ce que c'est que le boycottage? Crois-tu qu'elle
resterait sans résultat- surtout dans les petites villes où
il y a peu de librairies-l'action concertée d'un groupe
de jeunes gens honnêtes et énergiques qui prendraient
pour mot d'ordre « un coup de balai, s'il VOliS plaît? ))
l\1ais par là nous ne pensons pas seulement aux
balayures, aux épluchures, aux bouts de cigares, aux
bacilles. Nous demandons la propreté des rues, en
ce sens que nous voulons débarrasser les kiosques, les
 LA CHASTE ADOLESCENCE
librairies, les marchands de journaux de cette masse
de saletés qui sous prétexte d' « art » sont offertes aux
passants. Quand là peste se répand quelque part,
sais-tu comment on s'en défend? On commènce par
exterminer les rats, car ce sont eux qui propagent le
mal. Il faudrait donc exterminer aussi les rats de la.
, peste morale.
Ce serait un signe de faiblesse et de lâcheté que
de laisser sans mot dire spéculer sur les bas instincts.
du public des étalages aux romans d'amour, aux.
histoires perverses. J'ajouterai même que les œuvres.
classiques des grands peintres peuvent devenir des
occasions de péché, quand elles sont exposées là où
leurs auteurs ne les avaient pas placées. Pourquoi
n'avons-nous pas le courage de recourir à ce moyen
de légitime défense, au boycottage contre ces pirates.
de la rue dont les vitrines sont autant d'insultes à la.
moralité publique.
C'est vraiment dommage que le péché s'exhibe
toujours avec plus d'audace que la vertu. En définitive
nous aussi nous avons des droits dans la rue. La loi -
dans un autre sens il est vrai - nous reconnaît ces·
droits dans la rue et veille à ce que personne ne nous
y attaque. Mais j'ai aussi le droit d'y exiger de chacun
une attitude convenable. Et si quelqu'un se tenait dans,
la rue même approximativement comme on le voit
dans les livres et les images des vitrines, la police inter-
viendrait immédiatement. Mais pourquoi faut-il alors
que tant de jeunes gens, de jeunes filles, de femmes.
honnêtès, d'hommes sérieux soient obligés de se
détourner des vitrines de mercantis sans conscience,
pour ne pas avoir à rougir des ordures qui foulent
aux pieds les lois morales et sont étalées sous le nom
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 141
<le « cartes artistiques! » Police et balayage des rues.
Et boycottage par la société moralement saine. Si tu
vois à l'étalage d'un bureau çle tabac des cartes obscènes,
dit au marchand que tu ne lui achèteras plus rien. Si
tu trouves un livre obscène chez un libraire, dis-lui
que tu ne mettras plus les pieds dans son magasin.
Mon fils, ne va pas acheter dans une boutique où l'on
vend du poison pour l'âme et les mœurs! Car si je trempais
ma plume dans le feu de hi plus grande indignation,
elle ne pourrait pas décrite même approximativement
l'océan de misère morale dans lequel ces livres et ces
gravures on(:déjà plongé la jeunesse.
Contre lecourcmf.
Il est possible que': tu sois fréquemment obligé à
Cause de tes convictions de nager contre le courant;
mais il est certain que celui qui nage avec le courant
est empOrté par lui. Résiste à l'opinion - hélas! si
fréquente' dans la société actuelle - qui ne voit rien
de condamnable dans l'avilissement de la femme.
Je sais qu'il faudrait une révolution pour changer
... l'opinion frivole actuelle et je sais que celui qui voudra
1 opérer ce changement aura besoin de plus de courage
1 que pour monter sur des barricades. Mais espérons
.que viendra une époque où prendra fin l'inconséquence
criante en vigueur dans l'opinion publique moderne
q~i méprise et écarte celui qui a commis le plus petit
détournement ou le moindre larcin, mais par contre
.. tolère ou même célèbre: comme un héros celui qui a
ravi l'honneur d'une femme. Travaille parton propre _
 LA CHASTE ADOLESCENCE
exemple à l'avènement de cette époque où la daicatesse
d'âme donnera le ton et non pas la grossièreté et
l'obscénité. Sois un vrai « gentleman » c'est-à-dire un
« jeune homme chevaleresque )), un jeune homme aux
nobles pensées qui voit tille dégradation dalls la moindre
parole légère, une plaisanterie piquante et la moindre
f l'.\prcssion à double sens. Sois « noble » dans tes pensées,
c'est-à-dire irréprochable.
Moi aussi je crois ce qu'écrit un des plus célèbres.
pédagogues de notre époque, Foerster : « Les actes
sexuels de beaucoup de jeunes gens modernes ne res-
semblent-ils pas réellement à la manière de [airé d'une
bande de tziganes qui vagabondent et couchent en plein
air au milieu d'un monde civilisé? Un temps viendra
où l'ordre et la pureté, dans ce domaine ~ussi, appar-
tiendront à la définition d'un ' homme comme il faut,
comme l'honnêteté dans les questions d'argent; et
où un médecin ne conseillera pas plus. à un jeune
homme des rapports sexuels en dehors du manage
pour raison d' « hygiène» qu'il ne conseillerait à un
ouvrier de voler des aliments pour s'assure~ une
meilleure nourriture» (Erziehung und Selbs~erziehung·
IZurich, 1917, p. 230).
Sous le feu de la raillerie ~'.
Peut-être .se moquera-t-on de ton attitude réservée,
de ce que tu te sentiras mal à l'aise parmi des conver-
sations indécentes et que tu rougiras dès la première
parole déplacée. Mon fils, sois-en fier! Sois fier de pouvoir
rougir! La pudeur en nous n'est pas de l' « enfantillage »,
de la « bigoterie », de l' « hypocrisie» - comme ils
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 143 ,
disent - mais une valeur ~ inca1culable;- une arme
·reçue de la nature qui défend presque sans que nous
nous en rendions compte la partie la plus noble de
: notre personne contre les mauvaises pensées. Pour
le jeune homme, la pudeur, qui défe,n d presque instinc-
'tivement son âme délicate contre l'impureté est un
précieux trésor. Elle est une digue puissante contre r
les vagues de l'immoralité qui de tous les côtés déferlent
contre notre âme. Même le poète païen Plaute sentait
qu' « il est perdu celui qui n'a plus de pudeur )). « Ego
illum periisse duco, écrit-il, cui periit pudor )). PréJere
, donc te laisser traiter de bigot, de sot par tes camarades,
\ plutôt que de chercher à gagner leur estime au prix de la
pureté de ton âme. Rappelle-toi cette belle maxime de ',
,saint Augustin : « Ne hais point les hommes à cause '
· de leurs erreurs et de leurs fautes, mais n'aime pas
· non plus les fautes et les erreurs à cause des hommes )).
1 Il est un lâehe, celui qui ne sait pas supporter pour
ses convictions quelques contrariétés, alors que de
faibles enfants ont enduré, sans mot dire, par amour
du Christ, d'être déchirés par les bêtes féroces. A
quatorze ans, saint Vit souriait, quand on le plongeait
dans l'huile bouillante - à cause du Christ; et à treize
ans Pélage pouvait supporter que pendant six heures
on lui arrachât les membres, l'un après l'autre - à '
cause du Christ.
Les railleries et les moqueries de tes camarades
se comprennent très bien. Ta vue est une offense
pour ceux qui se vautrent dans la boue. Et comme 1
ils regardent avec rage l'homme qui ne \"Cut pas se
coucher à côté d'eux dans la fange! La grenouille,
même si elle était assise sur un trône, sauterait de
t nouveau dans le marais, car c'est là seulement qu'elle
 LA CHASTE ADOLESCENCE 1
se sent à son aise. Tu connais peut-être cette vieille
maxim~ : « Sunt, a quibus v'ituperari laudari est »;
f· il Ya des gens dont le blâme est pour nous la plus grande
louange. Et crois bien que si l'âne injurie la rose,
·è'est parce qu'elle ne porte pas de chardons. Car cc
:sont ceux-ci qui lui . plaisent.
J'ai toujours été très étonné qu'on pût attacher de
l'importance au jugement de ces âmes dévoyées.
Certainement tu as déjà entendu dire qu'à Pise, dans
la Haute-Italie, la tour de la cathédrale est penchée.
Mais si cette tour penchée de Pise pouvait penser,
-certainement elle mépriserait toutes les autres tours
du monde: « Comme c'est drôle, de toutes les tours,
je suis seule pour me tenir droite 1 »
N'as-tu pas entendu raconter ce qui atriva dans un
pauvre petit village caché dans la montagne, où les
:gens étaient toujours goitreux à cause de la mauvaise
eau et de leur genre de vie? Un jour ,des touristes
passèrent dans le village. Ils avaient une figure pleine
de santé; mais les goitreux coururent derrière eux à
grand tapage, riant ct sc moquant d'eux en criant :
.« Regardez 1 Des gens _ . qui n'ont pas de goitre! ))
Dans toutes les luttes, fortifie en toi cette sainte
résolution : Celui qui veut perdre son caractère et la
dignité de sa personne et devenir l'esclave de ses
instincts, qu'il s'abandonne aux plaisirs dHendus.
.1 Mais celui qui attache de l'import.1nce au caractère
1 ·et veut développer harmonieusement sa personnalité,
qu'il veille, comme Sur un tr{sor, sur son intégrité
phy:;;iquc ct morak jusqu'au S.lCrement de mariage
que Dieu a institu{~ pour lui. « Il est brave celui qui
triomphe d'un lion -- écrit Herder - il est brave
,celui qui dompte le monde, mais il est encore plus
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 145
brave celui qui se dompte lui-même ». Ta moustache
pousse d'elle-même, tes jambes grandissent d'elles-
mêmes, mais un véritable caractère viril ne se déve- J
loppe pas de lui-même. Aussi te faut-il lutter et arracher
chaque jour un morceau à notre faiblesse innée par une
sérieuse abnégation.. et un travail conscient.
Ce n'est pas vrai! Mille fois non!.
Qu'est-ce qui n'est pas vrai? Ce que tes camarades
veulent encore dire pour ébranler ta ferme résolution,
lorsqu'ils voient qu'aucun de leurs efforts n'a pu te
faire renoncer à la vie chaste et à la continence. S'ap-
puyant sur leur propre expérience et l'enseignement
de quelques médecins ils te chuchotent à l'oreille,
jusqu'à ce que tu en sois étourdi: « Bigot, hypocrite,
gnangnan, c'est en vain que tu 't'efforces de rester chaste '
jusqu'au mariage, c'est absurde, c'est impossible! Tu 1
veux l'impossible. Il faut que jeunesse se passe. C'est '
dans ses jeunes années qu'on doit s'amuser. Seules
des idées rétrogrades peuvent exiger une jeunesse
chaste. Un corps jeune, bien développé, débordant il
de force en est incapable. Le désir sexuel est comme la f
respiration, le battement du cœur. Il vient de lui- '
même, tu n'y peux rien. Ce à quoi pousse la nature
ne peut être dommageable et il n'est pas permis d'y
résister. Pourquoi te faire violence? Tu tomberas
malade! Tu deviendras nerveux! Tu deviendras ané- '1
mique, si tu étouffes les exigences de tes instincts, si i
tu attends jusqu'à ce que tu sois marié. Vois-tu, Jean
et Paul sont allés chez le médecin et il. l.eur a reçom-
 LA CHASrE ADOLESCENCE
mandé d'y aller hardiment, mais raisonnablement et
prudemment. '
C'est cela qui n'est pas vrai. Il n'est pas vrai que tu
doives passer ta jeunesse d~ la manière que tes cama-
rades l'entendent. En effet l'Église catholique exige~
de ses prêtres la continence durant toute leur .vie et
ils n'en sont pas malades (ils vivent même en mgyenne
plus longtemps que les autres hommes). Est-ce qu'il
te serait impossible alors, impossible de garder la
chasteté, non pas même toute ta vie, mais seulement
jusqu'au mariage? Je te dis que ce n'est pas vrai. Il
n'est pas vrai qu'un jeune corps bien développé ne soit
pas capable de garder la continence. Et il n'est pas vrai
non plus qu'une vie chaste ait pour conséquence une maladie
quelco,nque. ' née. Les grains de sable ont descendu peu à peu, le
Qu" est-ce qui est' donc vrai?
Ne joue pas avec lé feu.
Ce qui est vrai, c'est que celui qui est ae paille doit
s'éloigner du feu. Ce qui est vrai c'est que le canon
d'une carabine Flaubert du calibre six explose, si on
y tire une balle de neuf Ce qui est vrai, c'est que le fil
électrique fond, quand la foudre tombe dessus. Ce
qui est vrai, c'est que le tuyau de l'orgue se fend,
si on y chasse trop d'air. Ce qui est vrai, c'est que le
cheval le plus paisible s'emballe, si on lui met de
l'amadou enflammé dans l'oreille; et il est encore vrai
que tes camarades qui parlent ainsi ont, depuis long-
temps peut-être, par suite de leur habitude du péché,
tellement ruiné leur force de volonté que maintenant
une vie chaste leur semble impossible.
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 147
Au musée national de Berlin se trouve un tablean
émouvant; on ne peut s'arrêter devant lui sans être
saisi de tristesse. Au fond d'une gorge d'une profondeur
effrayante mugit un torrent impétueux; un pont tra-
verse le gouffre, mais ce pont devient de plus en plus
étroit si bien qu'au milieu il ne c<:msiste plus qu'en
une seule planche, - et sur ce pont s'avance un jeune
cavalier aux joues enflammées, a~x yeux étincelants.
Il ne voit pas l'abîme ni la passerelle étroite, il ne
voit qu'une chose: la fée enchanteresse des jouissances
sensuelles qui lui fait signe là-bas près d'un rocher
de l'autre côté. Il ne voit qu'elle et poursuit sa route
avec un sinistre aveuglement - et à côté de lui s'avance
la mort grimaçante avec le sablier dans sa main déchar-
jeune cavalier touche presque l'étroite planche, il
tombe ... et en bas les flots écumants .. . la gueule béante
de l'enfer.
Oui: celui qui s'engage sur la pente de l'impureté
peut à peine s'arrêter - voilà ce qui est vrai.
Les anciens parlent souvent d'une montagne douée
d'une force magnétique effrayante, qui se dressait
quelque part au milieu de la mer. Quand un navire
poussé par la tempête s'en approchait, cette montagne
l'attirait avec une force irrésistible, il s'y brisait et
sombrait. Ils parlent beaucoup aussi des Sirènes aux
chants séducteurs qui attiraient vers leur île le voyageur
captivé par leur charme et le tuait impitoyablement.
Sans doute ni cette montagne magnétique ni lés Sirènes
n'existent réellement; mais il 'court un danger plus
terrible que celui de la montagne légendaire et des
chants des Sirènes celui qui se met à jouer aveèles
séductions .de la vie impure, - voilà ce qui est vrai.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Ce qui est encore vral, c'est qu~ si tes camarades,
dès la première tentation, s'étaient montrés plus sévères
pour leurs mauvais désirs, aujourd 1hui leur volonté
n'oscillerait pas à la moindre tentation comme une
loque sans valeur. Au commencement ces désirs sont
encore timides et moins violents; 'c'est alors qu'il
leur eût fallu montrer de la force d'âme et à présent
ils ne seraient pas obligés de déguiser leurs fautes sous
de vaines excuses. Car tu sais qu'on peut dresser
même les bêtes les plus sauvages; le dompteur ose
même mettre sa tête dans la gueule du lion et il n'est
pas blessé. Pourquoi ne pourrions-nous pas commander
à nos passions? . -' - de nourriture. Jamais peut-être l'instinct de se nourrir.
L'instinct lui-même n'est pas invincible,' mais une
, volonté affaiblie ne domine plus l'instinct artificiellement
'l excité.
Tu ne veux pas devenir malade? Alors pourquoi
introduis-tu en toi-même des bacilles? Tu ne veux
pas avoir le typhus? Alors pourquoi bois-tu de l'eau
malpropre?
« Pourtant si c'est la nature elle-même qui pousse
à la vie sexuelle, on ne peut étouffer cet instinct? ))
Lis seulement la réponse du professeur de médecine
de l'université de Budapest, Léon Liebermann :
« Répondons à présent à ceux qui, se fiant sans
réserve aux instincts mis en nous par la nature, sou-
tiennent que satisfaire n'importe quel instinct de la
nature ne peut être nuisible.
Nous leur répondons que la nature a doté l'homme
de divers instincts; chacun d'eux répond à tel ou tel
but, car un seul instinct ne suffirait pas aux différents
buts de la nature. Un des buts de la nature, c'est que
l'homme se perpétue, c'est pourqùoi elle l'a pourvu
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT T~TES 149
de l'instinct sexuel; un autre but, c'est que sa postérité
se développe sainement et que l'individu, en tant que
son créateur direct, conserve son intégrité et sa santé.
Mais comme la satisfaction de cet instinct sexuel
qui sert à la propagation de l'espèce pourrait facilement
devenir nuisible à l'autre but, nous 'Sommes doués d'un
autre instinct qui règle le premier et que nous,pourrions
appeler instinct de réflexion.
Les instincts se révèlent du re~te assez fréquemment
-trompeurs.
Après une fièvre typhoïde le convalescent a toujours
faim, de sorte qu'il pleure et supplie pour un morceau
ne se marlifeste aussi fortement qu'alors. Et pourtant'
qu'arrive-t-il si par compassion on cède à ses suppli-
cations et qu'on lui donne ce qu'il réclame? On l'expose
au plus grand des dangers. Avec ses plaies à peine cica~
trisées, le malade, ~n réclamant de la nourriture n'est
pas en état de la supporter, les plaies .se rouvrent et
lorsque l'un de ces tpalheureux arrive sur la table
d'opérations, on voit que cette nourriture tant désirée.
l'a tué et qu'il est intérieurement criblé de trous.
Qu'est-ce. qui n'a pas été poussé par son instinct
à boire un verre d'eau froide ou a prendre un bain
froid, lorsqu'il est échauffé et près de suffoquer'?
Mais tout le monde sait quelle conséquences dange-
reuses. peut avoir cette action irréfléchie et c'est pour-
quoi on s'en abstient. Chacun voit donc la justesse de
notre affirmation que l'instinct peut se tromper et a
besoin d'être freiné » (Lieberm~ « Aux élèves de
l'université et des lycées )). Budapest, 1912,' p. u-u).
Oui, l'animal n'agit que d'après son instinct, et
l'instinct ne l'entraîne jamais dans un faux chemin.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Mais chez l'homme, la raison contrôle l'instinct; et
souvent la raison contredit les exigences de l'instinct.
Profite de la jeunesse.
Oui, il faut profiter de sa jeunesse, il faut en tirer
p~rti. Mais sans lâcher les rênes des instincts; mais de
telle m~nière que - ayant conscience de l'importance
de ses Jeunes années - on travaille avec une sainte
gravité à former en soi un caractère viril. Si tes jeunes
forc~s se tendent en toi jusqu'à éclater, si un sang
~. bOUIllonnant bat dans tes veines, alors élance-toi au
(1 travail et utilis~ cette éner!J.ie pour accomplir le plus
exactem~nt posstble tes devotrs de chaque jour. Puisse
la p~rtte la ?lus noble de notre personne, notre esprit,
fl~u.rIr et arrIver au' rôle de guide et apprendre à nos
deslrs sensuels la soumission et l'obéissance.
Tu es libre 1- te dit-0Il:; « liberté », « indépendance»
paroles enchanteresses pour la, jeunesse. Sois libre et
f indépendant, mais sois en même temps prudent et
,1 raisonnable. Comme dans la nature, de même dans le
monde ~or~ il y a des lois à ,observer et on ne peut
les néglIger Impunément. Quand tu fais une excursion
sur une haute montagne et que tu trouves une barrière
le 101lg d'un sentier dallgereux, - bien que tu sois libre
" et indépendant - tu n'iras pas la renyerser, sous
prétexte que « c'est 'Un obstacle à ta liberté». Ou bien
si tula-renverses, tu tomberas irrémédiablement dans
l'abîme. Les lois morales sont de même des barrières
'~uidansla jeunesse peuvent te paraître des entraves
Insupportables, mais qui en réalité . t'empêchent de
tomber dans l'abîme. Donc, profite de la vie, mais ne
LA LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES t 51
foule pas aux pieds les lois morales. Sois libre, mais
par la noblesse de ta vie mets le sceau à la volonté du
Créateur.
« MaIS en étouffant ainsi nos instincts, en contrariant
nos dispositions, en extirpant nos mauvais penchants, \
nous agissons contre nature » te souffie-t-on à l'oreille.
Corotre natu're ? Les ordres religieux du moyen âge ont
défriché les forêts vierges, fruits de la nature, mais
seulement pour créer à leur place la civilisation.
« Vis donc ta vie! Amuse-toi » entends-tu de tous
les côtés. Bien. Notre-Seigneur ne le défend pas. Il
ne te demande pas de te comprimer, de ne pas vivre
ta vie. Seulement il exige une chose: Vis ta vie, mais
ne reste pas dans la boue, ne descends pas, au contraire
monte, toujours plus haut. Regarde ce rosier qui a
poussé librement dans sa jeunesse (c'est-à-dire que
le jardinier lui a laissé complaisamment toutes ses
pousses), aura-t-il jamais la force de porter des fleurs?
Jamais. Car les forces les plus précieuses de 'sa jeu-
nesse ont été gaspillées dans ses pousses sauvages.
Mon jils, c'est tOl qui es le jardinier responsable du rosier
de ton âme.
Ah! combien de jeunes gens ont déjà versé des larmes
de désespoir dans le silence de la nuit : pourquoi per-
sonne ne m'a averti à temps des suites terribles de ce ,
péché! Du premier péché! Du premier!
Chasteté et santé.
Mais il me faut dire un mot des camarades à la
conscience large, et même d_es médecins qui, par légèreté
 LA CHASTE ADOLESCENCE
- je n'ose pas écrire esprit de lucre - t'affirment que
« la chasteté est nuisible ". Naturellement de telles
affirmations font plaisir aux jeunes gens, car ils y
, trouvent une excuse à leurs péchés. Qu'il y ait de ces
médecins, je le crois; mais les médecins sérieux les
traitent de charlatans. « Tout médecin qui donne de
tels conseils commet une infamie II dit le professeur
Ziemssen. ~
l Il est presque incroyable - que d'éxcellents jeunes
gens se laissent déc6ncerter par ces affirmations en
l'air que celui qui pratique la chasteté devient malade.
et souffre du système nerveux. Des camarades déjà
corrompus t'en 'parlent tant qu'inconsciemment tu
commences à être ébranlé dans tes convictions; et si
une nuit tu te réveilles, parce que tu as mal à la tête
ou bien que ton cœur bat plus vite, ou bien si la tête
te tourne un peu ou si ton visage a quelques boutons,
immédiatement surgit cette pensée: « C'est cela! Oui.
c'est vrai! Je souffre du système nerveux ".
1 Mon cher fils, ne crois pas à ces sottises! Mais même
si c'était vrai! Ce n'est pas la santé qui est le plus grand
trésor sur la terre. Le caractère, l'honneur, la pureté
de l'âme lui sont supérieurs. Et même si tu devais
endurer réellement un petit mal de tête, quelques
étourdissements, même alors te serait-il permis pour
pareille bagatelle de déchirer comme un chiffon la purete
de tajeune âme? Te serait-il permis de fouler aux pieds
1 les droits de l'âme pour éviter un petit malaise?
,1: Mais ce n'est pas vrai. Il n'est pas vrai qù'une vie
chaste cause le moindre tort à la santé. Montrez-moi
un seul ouvrage médical sérieux dont l'auteur soit
prêt à prouver ce qu'il affirme, montrez-moi un seul
médecin comprenant sérieusement sa profession qui
LA LUTTE CONTRE LE ORAGON A SEPT TÊTES 153
puisse dire d'une seule maladie qu'elle est la consé-
quence de la chasteté. Vous n'en trouverez nulle part
dans le monde entier. Par contre il y a des milliers de '
livres qui s'occupent des terribles ravages de l'impureté.
Sans doute il y a de ces « médecins » qui favorisent les
penchants sexuels de la jeunesse - cela fait marcher
f
le commerce! - et approuvent dans des conversations
privées la violation de la morale; mais ceux qui sont
des spécialistes dans ce domaine, les premieres autorités"
se prononcent tout autrement.
Ce que dit la science médicale.
Le frère d'un élève de seconde, étudiant à l'université
lui disait, après avoir lu mon livre: « C'est bien. Mais
la chose n'est pas aussi grave. C'est très beau ce .qu'il y
a dans ce livre. Mais seuls les prêtres disent cela.
C'est vrai 'qu'il ne faut pas commencer la chose trop,
tôt. Mais une fois qu'on a vingt ans "...
C'est cela, mon fils? « Ce sont les prêtres qui le
disent? »
Si cela ne t'ennuie pas, lis les quelques déclarations
suivantes, non pas de prêtres, mais de médecins d.'une
réputation mondiale.
Selon Krafft-Ebing tout homme normalement Idéve- "
lopp~ peut vivre chaste sans que sa santé su~isse la 1
moindre altération à la suite de sa continencè (Psy- ~
chopathia sexualis, 1876, p. 104).
Farel, le célèbre neurologue de Zurich, écrit dans
son livre « Die sexuelle Frage l) ,: « Dans des circons-
tances normales, pour un jeune homme normaL 'qui
 154 LA CHASTE ADOLESCENCE :
travaille · sérieusement, intellectuellement et ' su'rtout
physiquement et qui s'abstient des narcotiques quI
paralysent la volonté et la mémoire ainsi que des bois-
sons alcooliques, la continence n'est nullement-
impossible.
.. Sa santé n'en souffre pas,,; Je n'ai encore jamais
rencon~ré une maladie nerveuse qui fût la suite de la
continence, mais beaucoup qui ont été causées par la
' syphilis et d'autres débordements. Du reste nous tenons
/ que pour des jeunes gens la chasteté jusqu'au mariage
! ,est non seulement moralement et esthétiquement,
f mais aussi hygiéniquement la meilleure façon de vivre.
Le Docteur Rossier écrit : « Moi aussi je me sens
heureux de pouvoir être compté parmi ceux qui ont
le courage d'affirmer que la chasteté ne nuit en aucun
cas à la santé du jeune homme. J'aimerais à dire à
·chacun en particulier :. Ne croyez pas les .médecins
qui voys déconseillent de vivre chastes avant le mariage,
car cet avis est erroné et nuisible ».
Au second Congrès international de prophylaxie
sanitaire qui s'est tenu à Bruxelles du 1 er au 6 septem-
bre 1902, on a adopté la résolution suivante: « Il faut
surtout enseigner à la jeunesse que la chasteté n'est
pas le moins du monde nuisible à la santé, mais même
est .à recommander au point de vue médical ».
Dr. Surbled : « Vivre chaste est possible et jamais
.dangereux. La débauche peut causer bien des maux;
mais la chasteté jamais. Ce qui le prouve, c'est que de
nombreux ouvrages traitent des maladies qui résultent
des excès sexuels, tandis que les maladies, qui seraient
causées par la continence, attendent encore leur
histoden ». . l'épo,que arrive. Cela Jle leur serà pas ' difficile, s'ils:.
La Faculté de médecine de L' Université de Christiana
LA LUTTE CONTRE I,.E DRAGON A SEPT ThES I .~5
:a fait la déclaration suivante : .« Ces temps derniers
il a été affirmé par les journaux et même dans des
,congrès que la vie morale et' la continence sexuelle
:sont nuisibles à la santé, or c'est là une affirmation
·entièrement fausse. Nous ne connaissons aucune
maladie ni aucune faiblesse qu'il 'soit permis ou possible
<l'attribuer à une continence parfaite et à une vie
morale. Ont signé: J. Nikolayson, E. Winge, Jok-
mann, J. Heiberg, J. Ijort, J. Wann, Müller, E. Schon-
berg, professeurs à la Faculté de médecine de l'Uni- .
versité de Kristiana. --
Mantegazza, physiologue italien, écrit également :
.« Tous les hommes, et surtout la jeunesse, peuvent f
faire sur eux-mêmes l'expérience des bienfaits de la 1
,chasteté. La mémoire est docile et solide, la pensée ~
viye et féconde, la volonté robuste et le caractère atteint "
.à une énergie que ne connaissent pas les débauchés.
Rien ne nous montre ce qui nous entoure sous des
.'couleurs aussi célestes comme le prisme de la chasteté
qui projette son arc-en-ciel sur toutes les choses du
monde et dispense une félicité sans ombre ,). (Foerster :
Jugendlehre, 1913, p. 625).
Eulenburg, professeur de psychiatrie à l'Université
de Berlin, écrit: « Je doute que quelqu'un soit jamais
devenu malade, et surtout neurasthénique~ uniquement
par suite de la continence, jointe à une vie raison-
J nable. Je tiens cette affirmation souvent répétée pour
un verbiage vide et insignifiant » (Foerster, ibid.).
Oesterlen dans son .ouvrage intitulé « Handbuch det
Hygien~ » affirme: « Que le jeune homme, et de même
la jeune fille, pratique la continenc.e jusqu'à ce que
ré,fléchissent que tout leur avenir~ surtout leur bonheur.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
dans le mariage, dépend de leur manière de vivre dans
1 la jeunesse. Il faut- que la jeunesse sache qu'une santé
J florissante, l'énergie et une conscience virile sont les
) riches et beaux fruits ,de la continence juvénile ».
« La continence est possible - écrit la doctoresse
Emanuele Meyer - elle est possible sans nuire à la santé,
des centaines de mille l'ont démontré» (E. Meyer :
Vom Madchen zur Frau. Stuttgart, 1917, p. 121).
« Les médecins qui conseillent aux jeunes gens de
chercher en dehors du mariage la satisfaction de
l'instinct sexuel se rendent coupables d'une légèreté
inexcusable. Quand un jeune homme se plaint de
douleurs de tête, de battements de cœur, il faut le
soumettre à un examen minutieux pour savoir si le
jeune homme en question ne s'adonne pas trop à
l'alcool, au thé, au café ou au tabac. Il faut aussi
rechercher s'il mène une vie régulière ou s'il y a un
autre motif à son malaise. Mais un conseil si dénué
de scrupule ne doit pas être donné» (Hersen, professeur
de médecine à Lausanne).
Voilà un ensemble d'affirmations de médecins
sérieux. Je le répète : ce ne sont pas des prêtres qui
parlent ainsi, mais des médecins éminents. Ajoute à
cela la foule de misères, de ruines et de maladies qui
vont de pair avec l'impureté; ce fait que, conséquence-
d'une seule nuit, des milliers et des milliers sont écrasés
sous le poids d'une maladie honteuse pour des années
ou même sont complètement ruinés de corps et' d'âme"
- et répète.-"le à tes camarades qui viennent te parter
des conséquences nuisibles et de l'impoS8ibilit~ ·qe ·la
chasteté. Montre-leur cette foule d'hôpitaux et d'asiles
où s'agitent par milliers les malheureuses victimes de
l'impureté; et par contre de~ande-Ieur ,de te montrer
LA LUT)'E CONTRE LE DRAGON A SEPT TÊTES 157
s'ils le peuvent - un seul hôpital où l'on traite
ceux qui seraient devenus malades à la suite de leur
.continence. Qu'ils t'en montrent seulement un!
Et ce que nous voyons chez les individus se, manifeste
<le même chez les peuples. L'histoire parle de grands
peuples qui ont. disparu à cause de leur vie dissolue,
mais elle n'en connaît aucun qui ait été conduit i la
ruine par sa vie pure.
Dieu et la nature.
Mais en effet il ne peut en être autrement. Tu as vu
que les saintes lois du Créateur réclament la continence
parfaite avant le mariage. Mais j'affirme tranquillement: ,
'si Dieu n'avait donné que des lois, sans avoir veillé II
en même temps à ce que ceux qui les observeraient i'
ne subissent aucun dommage dans leur santé, alors
Dieu serait en contradiction avec lui-même - ce qui ~
'1
est impossible. Les philologues ont fait une consta-
tation intéressante, lorsqu'ils ont découvert que dans
1es langues germaniques les mots « sain» et « saint» ont
la même racine; c'est-à-dire que celui qui agit selon la
volonté de Dieu ne .peut pas nuire à sa vie physique.
Et si la vie chaste était nuisible, pourquoi la nature
J punirait-elle de maladies si terribles précisément la vie
immorale? La nature n'est jamais en contradiction
avec elle-même. Ce n'est pas un hasard, mais un signe
manifeste de la nature que chez les animaux il n'y ait
pas trace de maladies vénériennes, parce qu'ils sont
incapables de tout désordre sexuel - c'est le triste
,privilège de la seule volonté humaine.
 LA CHASTE ADOLESCENCE
Nous autres hommes, nous nous efforçons en tout
. d'être plus distingués que les animaux : nous ne
dévorons pas, mais nous mangeons; nous ~e mugissons.
pas, mais nous causons, nous n'avons pas de museau,
mais un visage - c'est seulement sur un point, dans.
le domaine sexuel, que nous pouvons descendre plus.
bas même que les animaux.
A aucun des êtres créés Dieu n'a donné des instru-
ments aussi magnifiques que la main de l'homme.
Si notre main n'~tait pas un outil aussi merveilleux,
c'est à peine si nous pourrions l'emporter sur les.
animaux. C'est avec notre main que nous préparons la
nourriture, que nous sculptons des statues, que nous
·nous habillons, que nous préparons des médicaments,
que nous écrivons des livres, que nous gouvernons les.
navires, que nous conduisons les rapides - toutes-
choses dont l'animal est incapable. La main parle de
la grande confiance de Dieu envers nous. Ne faudrait-il
pas que l'homme s'en serv:t p(;>ur s'élever au-dessus.
de l'animal? Et par ses actions pécheresses et ses.
turpitudes il se ravale profondément au-dessous de b
bête.
Et ne voit-on pas, clair comme le jour, que c'est un
châtiment divin que précisement cette force créatrice
qui ":- en l'utilisant selon la volonté de Dieu - devrait
être une source de vie nouvelle, devient à cause de
:cet usage pécheur la ruine d'une foule d'hommes?
La . nature peut-elle protester plus fortement contre
les relations sexuelles en dehors du mariage qu'en
frappant, de maladies aussi terribles, la vle-immorale?
La . nature se défend elle-même, elle défend ses lois
saintes comme elle peut: avec une armée de millions
de bacilles destructêurs elle se jette sur ceux qui violent
LA LUTTE CONniE LE DRAGON A SEPT TÊTES 159
ses lois. Et ce n'est pas un hasard, mais un signe
manifeste de la nature que seule la continence absolue
ou seul le mariage monogame sont une assurance
parfaite contre ces maladies.
9ui ne peut rester pur?
Je soutiens que celui qui ne voudrait s'éçarter que 1
des actes immoraux externes, mais par la pensée s'aban- li
donne aux désirs impurs, tôt ou tard passera aussi à Il
l'acte. Car sur ce terrain en pente on ne peut s'arrêter. ~I
L'âme et le corps agissent l'un sur l'autre et l'infection
de l'âme affaiblit le corps.
Ici on ne peut pas être indulè,ent; ici on ne peut pas
marchander. Ici on ne peut pas se tranquilliser en
disant: « Je n'irai par la pensée que juste où commence
le péché, pas un pas de plus ». C'est en vain. Celui qui 1
est volontairement impur dans ses pe?sées, c'est con;m.e
s'il avait commis le péché par act1On. Comme ecnt )
.Juvénal dans une de ses satires (XIII, 209) :. « 1'!am
scelus intra se tacitum qui cogitat ullum, lactt crzmen
habet ».
Aussi est-il important d'être chaste déjà dans ses
pensées. La pensée coupable peut déjà mettre en effer-
vescence tout notre organisme; car l'excitation céré-
brale passe automatiquement 'à la moelle épinière .et
de là aux organes des instincts. Mais l'instinct eXCIté
pousse à l'action pécheresse. Que tu ne puisses plus i~
arrêter ce feu dévorant, jè le crois; mais n'est-ce pas ';
toi qui as allumé la première flamme? 1
Lis seulement ce que pense à ce sujet le célèbre
 160 LA CHAS1'E ADOLESCENCE

\professeur de médecine de l'Université de Budapest~

',Je Dr. Liebermann
Celui qui a une vie-S~hre, qui travaille sérieusement
i et évite les sociétés légères, les lectures grivoises, les
il treprésentations choquantes, etc., tout ce qui excite
1 les passions, celui qui ne néglige pas les exercices
CHAPITRE VI
.l physiques, souffrira fort peu des excitations de l'instinct
.et triomphera aisément avec un' peu de force de volonté ».
(Liebermann : « Aux élèves des lycée et aux étudiants ». LUTTE ET AIE CONFIANCE
Budapest, 1912, p. II).
' Tu savais qu'une bête féroce sommeillait au-dedans Fortior est, qui sc, quom qui
fortissimo tI1'ncit moenia, nec
de toi, pourquoi l'as-tu réveillée? vittus altius iri potest.
k Tu savais que tu es d'une nature inflammable,
« Celui qui l'emporte sur lui-
pourquoi as-tu joué avec le feu? même est plus I;>rave que celui
Tu savais bien qu~on ne doit pas faire un feu d'artifice ; q}Ù enlève les plus forts rem-
parts; et la bravoure ne peut
près d'une poudrière. pas aller plus haut .•
Celui qui dans ses pensées, ses conversations, ses
lectures, la fréquentation des théâtres et des cinémas
'pèche contre la pureté et endure que des pensées Je répète ce que je disais dans le chapitre précédent :
désordonnées le dominent, je crois qu'il ne peut pas , Mon fils, quand tu aurais une nature de feu, quand tU l
mener une vie ' chaste aussi dans ses actes. Mais que .. sent.itais au-dedans de t~i les. exig~nces de t~s bas 1
le jeune' homme pur dans ses pensées et toute sa con- instmcts et quand ceUX-Cl se Jetteralent sur t01 avec f
ception de la vie soit exposé à souffrir dans sa santé l'impét~osité de l'auroch et la rage du ~oup, ils ne te ~\
même fort peu de cette vie chaste, je le nie - ce n'est vaincront pas, si tu ne' veux pas devemr leur esclave. l
pas vraz,. ml'lle J+"OlS non ....
, Si tu as un caractère robuste, si tu as une volonté '
ferme, Tu le sais : on peut faire avancer sa barque j
contre le vent, si le courant est fort. En effet, toutes î'
ces misères que tu as l,ues dans les chapitres précédents, "
• je ne les ai décrites que dans un seul but : pour que ;
tu frémisses et que tu t'élances - vers un plus bel
avenir.
Mais, demandes-tu : que dois~je donc faire?
Tu sais, n'est~ce pas, que si on garde un grand trésor,

! Chn~t~ ,~i!(l1~8C, 11

162 LUTTE ET AIE CONFIANCE
, par tes pensées. Non seulement dans tes conversatIOn:. ,
on met une forte serrure à la porte. Et plus est grand
le trésor que nous gardons, plus nous verrouillons
fortement la porte contre les voleurs. Ton plus grand
trésor est la pureté de ton dme; garde donc avec une
persévérance inlassable les portes, par lesquelles l'en-
'. nemi pourrait entrer , pour te ravir ton âme. Veille
sur tes sens.
Fais attention à tes pensées, à chacune de tes paroles,
à tes regards, à tes actions, et surtout prends bien garde
au premier faux-pas, car la première chute morale
, est très facilement suivie de dix autres. Je sais bien
! que précisément dans cette période d'effervescence
:: dont la flamme s'élance comme un volcan dans tes
~' veines, il faut que tu te tiennes perpétuellement sur
tes gardes, si tu veux conserver l'équilibre de ton âme.
Mais tu sais maintenant que c'est tout ton avenir qui
est en jeu; et les quelques années de lutte durant
lesquelles il faut te montrer courageux trouveront
leur récompense en t'assurant ce grand trésor : la
~' formation d'un caractère viril.
Vie pure! Ame pure!
Je le sais, tu es résol~ à combattre, seulement garde
intacte la pureté de ton âme. Car de même que la
propreté est nécessaire à la vie du corps - il faut de
la propreté dans l'habitation, l'air, l'habillement, la
nourriture - de même l'âme exige comme première
condition une -vie morale pure.
Quand on lave un escalier, il faut commencer par
le haut; si tu veux mener une vie pure, il faut commencer
LUTTE ET AIE CONFIANCE
non seulement dans tes actions, mais dans toutes
tes pensées garde la pureté, car celui qui pèche contre
elle, même seulement en pensée sape l'édifice qui abrite
le trésor de l'âme etce n'est qu'une question de temps '
pour la ruine totale et irrémédiable. « Bienheureux
ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu »
(S. Mathieu, v, 8). La pureté de l'âme est aussi fragile
qu'un vase de cristal que le moindre' choc réduit en
poussière. Tu dois être totalement pur - même dans
tes pensées - ou bien tu succomberas. Il n'y a pas de
moyen terme dans ce domaine. On ne peut pas plus
marchander avec la pureté qu'avec l'honneur; on ne
peut pas être honnête à moitié, on ne peut pas non plus
être pur à moitié. Et même l'impureté de pensée et '
d'imagination est souvent plus dangereuse pour la
santé que tel ou tel acte. « Garde ton cœur avec soin ,
car c'est de lui que jaillit la vie)) (Proverbes, IV', 23).
Saint Augustin qui, dans sa jeunesse, avant sa con-
version, avait été en butte à de grandes tentations
charnelles et était tombé bien bas, explique ainsi
cette triste situation . : Lorsque le pr~mier couple
humain n'avait pas encore commis le 'péché de déso-
béissance, il était parfaitement maître de l'instinct
sexuel, tout comme actuellement nous sommes maîtres,
par exemple, de nos doigts. L'homme meut ses doigts
comme et quand il veut. Sans sa volonté ils ne bougent
pas. Mais dans les choses sexuelles - hélas! - il n'en
'va pas de même. Les pensées, les sensations, les désirs,
les émotions surgissent en nous-même quand nous
ne voulons pas et ne disparaissent pas, même si nous
le voulons. Et quoi que je fasse pour les chasser de ma
tête, je ne peux les . faire obéir. Les hommes ~ écrit

LUTTE ET AIE CONFIANCE
saint Augustin - ont été assez sots dans le paradis
terrestre pour ne pas obéir au Seigneur. Maintenant
Dieu les punit par où ils ont péché : une partie de
leur être -l'instinct sexuel - n'obéit plus à l'homme,
mais suit son chemin contre la raison et l'intelligence
de l'homme.
Et maintenant qu'en résulte~t-il ? C'est que tu n'QS
pas le droit de provoquer volontairement en toi ce flot
dévastateur, et 's'il s'élance de lui-même, tu n'as pas
le droit de le laisser devenir ton maître. Au début il ne
fait que s'ébranler, tù peux encore le contenir, détourner
de lui ton attention - et, tu es sauvé. Mais si tu cèdes
à la première pensée, la force s'éch~pe de tes mains
et tu ne peux plus prévoir comment l~ chose finira.
Sans la volonté, il JI 'y a pas de piché.
Ce sont peut-être ' tes pçnsées qui surgissent à
.l'improviste .et tes désirs gênants qui te donneront
le plus cl'inquiétude, car nous n'en sommes pas les
milÎtres, Mais je veux précisément te rassurer sur ce
point, afin de te préserver d'inquiétudes superflues.
Le penchant au mal qui existe dans l'homme n'est
pas lui-même un péché. Il est du ressort de ta volonté;
si tu en deviens maître, il démontre ta force de carac-
tère; si tu te laisses dominer par lui, il deviendra une
passiQn.
Nous ne sommes responsables de nos pensées que
dès, l'instant où elles sont parfaitement conscientes en
nous. Pas avant .
.Cependant dans ta période de croissance tu feras
;,
LUTTE ET AIE COM'IANCE
souvenf la constatation que tout à coup pendant
l'étude, en jouant, en lisant, en priant - surgiront
dans ton esprit des pensées qui se· rapportent au
péché et ta conscience délicate se dem.andera avec
inquiétude si elles n' ont pa~ blessé la pureté de ton
1 âme. Sois tranquille. Tant que tu n'y as pas songé,
tu n'en es pas responsable. Nou'S ne pouvons pas
empêcher les moineaux de voltiger au-dessus ,de
. , mais bien de construire leur nid au sommet
notre tête
de notre tête. C'est seulement à présent, à cet instant,
que tu peux être fort et immédiatement - sans attendre
une minute saisis d'une m~n ferme tes pensées et expulse
de ta tête ces hôtes indésirables.
Mais comment faire? Tâche de t'occuper de n'im-
porte quelle manière, pour qu'à la place de tes mau-
vaises pensées en arrivent d'autres inoffensives. Prends
en main une lecture intéressante, va jouer, travaille,
fatigue-toi, étudie, prie, seulement change d'occupation,
jusqu'à ce que ton imagination soit nettoyée de ces
pensées choquantes. Mais tout cela posément, sans
avoir peur, sans t'énerver. ,Tu verras que ces pensées
sont comme des mouches .importunes et hardies.
On ne se débarrasse pas des mouches en s'agitant,!
car elles reviennent de plus belle. Mais il faut bien
ajuster son coup, pour les tuer. N'entre pas en lutte
directe avec ces pensées; dès que tu te tournes contre
elles - même en vue de lutter - elles deviennent plus
fortes. Le mieux est de s'en détourner, de les laisser
de côté. Elles frappent, elles font du bruit, elles gron-
dent à la porte de ton âme? Ne t'en occupe pas.
Répète en toi-même: elles n'entreront pas. Chasse-les
dès leur première apparition, car si tu discutes avec
elles, elles deviendront hardi~s. Ne les crains pas et

166 LUTtÊ- ET AIE CONFIANCE
continue tranquillement ton chemin. Les chiens aboyent
d'autant plus après le passant que celui-ci s'occupe
d'eux davantage. Mais s'il passe avec calme et indif-
férence, ils baissent leur queue et retournent dans
leur coin. Montre ce dédain en face des mauvaises
pensées: « Que faites-vous dans ma tête? Car il est
impossible que je pense de propos délibéré à un péché
quelconque ».
Ne désespère pas, même s'i! te fallait lutter dix fois
par jour ou par heure contre ces pensées et ces désirs.
La jeunesse à la conscience délicate gaspille beaucoup
d'énergie et tombe dans la mélancolie dans une lutte
spirituelle mal dirigée. La maturité sexuelle en toi
est conforme à la sainte volonté de Dieu; donc si '
pareilles pensées surgissent en toi, c'est une consé-
quence toute naturelle de ton développement, ce
n'est pas un péché ni même une tentation. Mais pour
qu'elles ne deviennent pas des péchés, n'y pense pas • .
Ne te tr~casse pas, en te débattant des pieds et des
mains contre elles (car ainsi elles ne feraient que
s'incruster davantage), mais répète doucement :
cc Seigneur Jésus, secourez-moi ! » Ne te demande pas
avec inquiétude : cc Hélas ! j'ai peut-être consenti à
cette pensée ». E~ ne te décourage pas, si de temps en
temps tu t'aperçois que tes efforts sont vains et que
t'u n'as pas réussi à chasser de ta tête ces pensées.
Une tentation qui se répète ne signifie pas que tu as
commis le péché, mais plutôt la résistance de ton âme;
'en effet, l'ennemi attaque sans cesse de , nouveau la
forteresse, tant qu'elle demeure intacte. Le soldat
assailli par l'ennemi ne doit pas/ en avoir hont~, mais
seulement celui qui cède lâchement devant l'attaque.
Prends courage dans la conviction que, si par ~hasard
LUTTE ET AIE CONFIANCE
tu t daIS oubllè -a une telle pensée, tout dépend de 1:1
'l'olonté; et si je ne veux pas souiller mon âme ~- 01' Je
lie le ~ 'eux pas - et si je veux ~ar~er pure mon,ame .._-
or je le ~'eux - alors je sortiraI vamqueur de n J~porte
quelle lutte. Non /lacet sensus, si deest consens,lIs (~. ~~e~~
nard). Tant que tu luttes, il n'y a pas de péche. Le T'le
commence là où la ,'olonté abandollne la lutte . Je ne
suis pas responsable de ce qui arrive en dehors de ma
\'olonté ou sans que je m'en rende compte, donc ce
n'est pas un péché Par exemple, je ne suis pas .respon-
sable de Ci! qui m'arrive pendant mon ~omme~l ou en
rêve (si je n'ai pas du moins provoque ces reves par
une conduite légère le jour précéden~). " .
Donc s'écarter de la route si un chIen enr~ge arnve.
Ne pas 'faire attention à tes désirs, diriger aIlleurs tes
pensées. Pourquoi? Est-ce qu'il s'~git. d'~ne c~ose
exécrable, méprisable? Mais non. Il s agIt d un~ s~mtc
pensée du Dieu créateu:, que tu préserves amsl de
la profanation, de la SOUIllure.
Justifie-toi toi-même.
de l'Afrique vit le petit peuple des Boers .
A il su d . '1
Pendant longtemps on ne sut presque r,len. a ,eur
sujet, mais il y a quelques diz~ines d'annees Ils s ac-
quirent une renommée mondJale par leur bravoure
dans la guerre anglo-bocr. La cause de cette guerre
· pour s'parer
fut la tentative faite par les A'ng1aIs em .
tics terrains diamantifères des Boers. CCUX-CI ne
. ' t même pas d'abord quelles richesses naturelles
S3\ alen .
iis possédaient. Un voyageur anglais ~valt vu avec
étonnement 'es petits enfants boers Jouer dans la
 168 LUTTE ET AIE CONFIANCE
p,oüssiètë de la route avec des diamants. Mais ce
I;>euple 'intrépide, dès qu'il connut ses richesses, se
leva avec héroïsme Contre l'hégémonie anglaise.
, '.Une ~ne de diar;nants aussi précieuse - ou plutôt
mIlle fOlS plus préCIeuse - est 'cachée dans l'âme de
~out adolesce?t, mais le ~alhe?_r est que beaucoup de
Jeunes gens n en savent nen et Jouent dans la poussière
de la .route avec ce trésor infiniment précieux de leur
â~e. Combi~n. traînent dans la fange 'leur âme jadis
SI ~ure, et blanehe comme la neige' Combien l'exposent
facdement aUi' danger 1 Combien perdent leur trésor
en jouantl!
Dans les- grandes villes il y a entre deux rues un
passage souterrain. Ces passages raccourcissent le
trajet d'u~e rue à l'autre. Mais dans ces passages on
ne peut assurer la propreté de la chaussée. Les gens
~ui y circulent laissent trop de boue. Que d'âmes de
Jeunes gens ressbnblent à ces passages 1 Pensées désirs
paroles, regards entrent et sortent, à leur gré. Mai~
est-il surprenant que tant de saleté s'y amasse? ' liquide et provoque en même temps en toi une exci-
Un sage adolescent ,garde sa maison. Devant la
porte. il place .une sentinelle (une voloRté disciplinée)
et eXIge un laIssez-passer avant d'entrer. Il passe par
~~e~ple. d~ns !a rue d~vant un étalage. La curiosité
~ lI~Vlte a s arreter. MalS tout à coup il aperçoit 4ne
Image obscène. Et la sentinelle lui .crie : « Elle n'a pas
le droit d'entrer dans ma maison Il. Et il se détourne de
cette image. Exige ainsi un laissez-passer de toute
pensée, conversation, pièce de théâtre, lecture, avant
d~ leur permettre d'entrer dans le temple de ton âme.
SI tu es consciencieux, tu n'as rien à craindre :
tu es un héros à l'âme pure, même s'il te fallait cent
fois par jour fuir devant les mauvaises pensées. Car
LUTTE lIT AIE CONFIANCE
dan~ ces cho~es-là, le- brave est celui qui sait s'enfuir.
En résumé, ne tolere jamais volontairement un seul
instant des pensées impures dans ta tête. Dans toute
autre affaire pour réussir il faut y penser, ici le succès.
a pour condition de savoir ne plus penser à ces choses,
Quand tu te promènes dans un jardin et qu'une,
hideuse chenille te tombe sur la main, tu n'as pas.
besoin de réfléchir longtemps pour l'écraser, avant
qu'elle ne te salisse. Si une étincelle tombe sur tes
habits,_tu ne la regardes pas tranquillement jusqu'à
ce que la brûlure s'étende de plus en plus. mais , t,u
l'éteins, car autrement ton vêtement prendrait feu.
Chasse de ta tête et étouffe tes pensées tentatrices.
, J'attire encore ton attention sur une chose qui peut
causer des inquiétudes inutiles à un jeune homme
consciencieux - s'il n'en a pas entendu parler. Avec
le temps, vers seize ou dix-sept ans, ton développement
physique arrive à un degré où ton organisme -
généralement pendant le sommeil - sécrète un certain,
tation des sens. Ne te trouble pas. - Si cela n'arrive
pas trop souvent (plus fréquemment que chaque
semaine) - ce n'est ni une maladie ni un péché.
mais le signe du développement de ton organisme.
Même si cela arrive assez souvent, ce n'est pas un,
signe de maladie, mais de faiblesse des . nerfs ou de
fatigue excessive (au moment d'un examen) ou encore
de quelque trouble moral. Cet écoulement ne dépend
pas de toi, pas plus que le battement du cœur ou la
respiration, c'est donc une chose toute naturelle.
C'est la sagesse grandiose du Créateur qui a réglé que
ce qu'il y a de superflu dans l'organisme (superflu
actuellement, car le sperme, qui est expulsé avec
 17 0 ; LUTTE ET AIE CONFIANCE
l'humeur est encore trop faible et ne donnerait la vie
qu'à des enfants infirmes) s'évacuerait de soi-même.
Mais la sensation, la jouissance qui l'accompagne,
n'est-elle pas un péché? Non, car tu n'as pas excité
en toi cette jouissance, elle est seulement la suite
naturelle de l'écoulement. Mais fais attention, elle peut
facilement devenir un péché, si tu y trouves volon-
tairement du plaisir ou si, d'une manière quelconque:
tu ,provoques de propos délibéré cette manifestation.
Si tu te réveilles alors, élève ton âme vers Dieu par
la prière, pense à autre chose et reste tranquille, jusqu'à
ce que tu t'endormes de nouveau, ton âme ainsi est
demeurée saine et sauve.
A l'époque de la croissance, il t'arrivera fréquem-
ment que l'organe sexuel soit excité durant la journée et
sans raisons spéciales. Si cela arrive tout seul, ne t'en
inquiète aucunement, car cela va de pair avec ton déve-
loppement; évite seulement de porter des sous-vêtements
trop étroits et trop chauds, le pantalon collant, derester
trop longtemps assis, des mouvements étourdis, des
attouchements inutiles, de grimper, glisser; ne pro-
~oque pas artificiellement cette excitation, car l'exci-
tation sensuelle cherchée à dessein est un péché grave.
Je répète ce que j'ai dit: tout dépend de la volonté,
du consentement. !\Tais il· y a dans l'homme une
volonté dite physique à laquelle notre volonté spirituelle
ne peut pas toujours commander. Tu visites par exemple
une galerie . de tableaux et tout à fait par hasard tes
regards tombent Sur une peinture immorale. La ,
volonté physique s'éveille à cet instant, te trouble et
te pousse au péché. Ce n'est pas encore un acte voulu, '
donc tu n'en es pas responsable. Mais ton âme s'aperçoit
vite de ce qui sc prépare contre toi et si tu détournes
LUTTE 'ET AIE C,ONFIANCE 171
ton regard, ~ur ~ii autretàbleau et situ;hasses rl,e t,a
tête le souvenir dutableau précéd~nt, tu n as pas pec~e.
Pour un péché,' il faut' toujours 'Volonté. et pletne
connaissance.
~, LE cf!!Itagionde l'immorlditè.
L'imagination est le champ de bataille où généra~
lement se livre le combat décisif pour la pureté de
l'âme. Elle est le verre grossissant qui habi~uelleme~t
enflamme le premier feu; le mot et l'actIon repre-
sentent un ruisseau dont la source jaillit des profondeurs
de la pensée. Celui qui veut être maître de sa propre
maison, de ses pensées, fera bien att~ntion q~e d'~utres
ne viennent abîmer son jardin fleUrI. Car ,n ou~ltc pas
que la contagion morale se propage plusvlte ~ue
la peste la plus dangereuse ou le cholé.ra. Il faut s en
garantir comme des maladies contagIeuses dont le
meilleur préservatif - tu le sais - est la ~ropre~é.
Où le choléra dresse la tête, dès le lendemam appa-
raissent des affiches avertissant toute la populatiOn
de veiller à la plus stricte propreté. Ne pas to~cher sa
bouche avec la main, ne pas manger de fruits non
encore mûrs, se laver souvent les mains, ve!ller à ne
pas laisser les mouches tomber dans la nournture, etc
Je voudrais de même graver en lettres de feu dans
l'âme de chaque adolescent: Mon fils, prends g~rde
aux bacilles de l'impureté. Ils rôdent de tous les cotés.
.on peut arrêter une armée avec des fils de fer bar?elés,
Dn peut empêcher une inondation avec des dlgues,
mais la contagion de l'immoralité est plus forte que
,des armées, plus dangereuse qu'une inondation
destructrice.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
« Oui, je ferai attention. Mais ne savez-vous pas;
~ q~el ~onde pécheur et déséquilibré nous vivons,
aUJourd hUi? » - me demande un excellent jeune
ho~me ..« Faire atteqtion à garder mon âme pure?'
OUI, maI~ tout ~utour de moi écument des milliers-
de tentatIOns qUI à chaque pas menacent d'engloutir
la blancheur de mon âme ».
. ~'es.t avec émotion que j'écoute cette terrible plainte
SI JustIfiée qui jaillit des lèvres de tant d'adolescents
au noble caractère contre la vie pècheresse actuelle.
Je sens; ,n:onfils, que tu as raison et cependant il faut:
que tu reSlstes, il !a~t que tu conserves la pureté de ton
âme. .Dans les mIllIers de tentations de la vI'e .~ 0 UI.~
P pas combien ils ont raison de . parler ainsi. De fait, \
arroI c:tte foule d'occasions de péché? Oui.
Il IyIals .on représente aujourd'hui tant de saletés,
dans les cmér,nas! Tant d'obscénités s'étalent Sur les
scènes des theâtres! l) - Mais qui t'oblige d'aller les,
regarder?
« Mais dans le~ music-halls on fait rire les gens.
avec tant de grOSSIèretés ! )) - Qui te force à aller les,
entendre?
« Mais il y a tant de n~dités SUr les colonnes d'af-.
.fiches,. tant d'images obscènes aux devantures! l)..
- QUI te force à les contempler? ,
Q Mais dans les rues les filles perdues vous entourent
~t vous invitent au péché 1 ») - Qui te force à les"
ecouter. ou à passer justement dans ces rues-là?
« MalS ~u collège mes camarades plus âgés parlent
à chaque mstant de cochonneries! ») _ Qui t'oblige à.
prendre part à leurs conversations ou même seulement
à les écouter.
Si nombreu~ que soient les jeunes gens corromp~s.
que tu connaIsses, crois-moi, mon fils, aujourd'hui.
LUTTE ET AIE CONFIANCE 173
encore il Y a - plus que tu ne le penses - des jeunes
gens qui mènent une vie pure et qui sont obligés de
combattre comme toi, mais montrent par là leur
courage et leur forGe. Prends-les pour amis, ces âmes
héroïques.
Bien des étudiants se lamentent devant moi : « Que
de malheurs ne cause pas en moi l'instinct qui s'éveille 1
Que de. tentations jettent le trouble dans mes années
de jeunesse 1 Pourq\loi ces désirs ne s'éveillent-ils
pas plus tard en nous? Pourquoi surgissent-ils avec
une si grande force, alors que je ne puis pas encore
songer au mariage? Ces jeunes gens ne pensent même
l'instant sexuel s'éveille aujourd'hui chez les jeunes
gens plus tôt que le développement naturelle cOIJlp<;>rte.
La raison en est que toute la manière de vivre moderne
s'est beaucoup éloignée de la p.ature. Les théAtres
et les cinémas, les lectures et les affiches excitantes,
les amusements, la vie sédentaire, le manque d'exercice
physique, l'alimentation trop.. épicée, etc. éveillent
dans le corps affaibli et ruine de l'étudiant des villes
beaucoup plus tôt et plus fortement tes désirs que
chez le jeune homme de la campagne qui se fatigue
par le travail du corps et mène une vie plus naturelle
et plus simple. L'étudiant occupé à un travail intel-
lectuel a bien plus de tentations que le. jeune homme
.
à la campagne.
- -
Mais il découle de cela qu'il te 'flUt d'autant plus
fuir toutes les occasions qui exciteraient tes instincts.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
Tes Lectures.
Fais attention aussi à tes yeux! Ne permets jamais..
sous aucun prétexte qu'ils regardent quelque chose
qui nuirait même très peu à la pureté de ton âme.
N'oublie pas, mon fils, que dans le monde actuel une
foule d'ennemis te guettent de toutes parts. Dàns les
journaux, les livres, les rues, les théâtres, les cinémas,
à chaque pas tu peux voir ou lire des choses qui cachent
en elles par centaines les bacilles contagieux. Sois.
donc partout sur tes gardes et circonspect dans tes
lectures.
D'abord quelques mots Sur tes lectures. Combien
de livres qui sont une honte non seulemènt pour la
morale, mais souvent aussi pour le style. Si je te
conseille de lire beaucoup (car c'est nécessaire pour
une formation solide), je t'engage avec insistance à
ne pas tolérer parmi tes lectures un seul livre qui ' se
moque de la morale et, soit ouvertement, soit par des
termes à double sens, enseigne la légèreté ou la licence
des mœurs. Ces livres sont généralement, même au
point de vue du style, les résidus de la littérature, et
pour cette raison déjà ce serait dommage de perdre ton
temps avec eux. Une telle « littérature » n'est pas un
terrain favorable à ta culture, mais un cimetière sous
les tombes duquel sont ensevelis l'espoir des parents
et le noble idéal de la jeunesse.
Mais malheureusement, même parmi les maîtres
ou style et de la nouvelle, il s'en trouve qui n'ont pas
honte de tremper la plume talentueuse qu'ils ont
reçue de Dieu, dans la fange de l'immoralité et décri-
LUTTE ET AIE CONFIANCE 175
vent, enseignent et publient perfid~m:nt les « beautés »,
les « joies », les « plaisirs» d'une VIe mUD?rale. Ils sont
d'autant plus dangereux, car, par la pUIssance de la
plume, ils entraînent aussi l'âme de leurs lecteurs dans
leur propre déchéance morale. « Beaucoup de talent
et peu de caractère » pourrait-on écrire en tête des
A
livres de ces écrivains, car s'ils se regardent eux-~emes
comme des demi-dieux, ils sont plut.ôt ?e vén:ables
porcs. Si artistement que soit fabnque le pIstolet
que tu as en main, tu ne t'envoies pas pour ~ela une
balle dans la tête, n'est-ce pas? Fais donc pareIllement
attention à ne / pas introduire la mo.rt dans ton âm:
avec ces « chefs-d'œuvre ». PourqUOI se vautrer da~s
ces tas d'immondices (même s'il s'y trouve des patl~
lettes d'or), alors que dans notre littératu~e - grâce a
· - tu peux trouver de véritables diamants.
D leu . 1 l' •
Il est triste d'être obligé de constater que a Itterature
« moderne » actuelle en grande partie exalte les ~bus
de l'amour, les aberrations de la vie sexuelle. SI les
élucubrations de nos romanciers et de nos poètes
étaient vraies, il nous faudrait admettre que l'.homme
doit être fier, non pas de ses pensées élevées ~ d~ ses
aspirations idéales, mais uniquement de ses mstm~
physiques, de ses désir~ ~ensuels, par lesquels Il
ressemble entièrement à 1 ammal.
Sois donc sur tes gardes et circonspect dans tes
lectures. Avec quelle tristesse m'écrit un jeune ~~mme :
« J'ai cherché d'abord dans les romans le plalsl: sen-
suel, et ensuite dans la réalité ». N'imite pas ces Jeu~es
gens qui lisent tout ce ~ui leur tombe sous ,~a mam.
Celui, n'est-il pas vrai, qui mange tout ce qu Il trouve
devant lui, ruine son estomac.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
LUTTE ET AIE CONFIANCE

l'ârrie du lecteur un poison plus violent que l'arsenic.

Certains hommes sont incompréhensibles : s'ils
Livres (rouvent un , cheveu dans le' potage, ils ' ne peuvent
] e ne pense pas ici en r . . plus manger; si l'air dans une chambre est vicié, ils
Fantomas, et autres p eml~~ heu à Nick Carter, ne peuvent plus y réSister; - mais ils dévorent et
d.e les lire. Ils surex~~:~n::ol~clers: C:est dommage absorbent .sans mot dire les livres les plus infects.
'ClSSent l'esprit d"d ' n ImagInatIOn et te far- Que ta conscience délicate soit donc toujours le
1 ees romanesqu l '
,de bons livres attende t es, a o~s qu une foule meilleur guide de tes lectures. Quel que soit le livre
véritable folie de pe d n que tu les lIses, c'est une que tu prennes en main (quand bien même ce serait
M aIs · . r re ton temps 'd Il . un livre réputé pour un chef-d'œuvre), si tu trouves
Je pense bien 1 à a e te cs lI1eptics.
ces feuilles hum . ? us
onstlques à
cette basse littérature à
1" '
un passage qui blesse, même dans la moindre mesure, la
livres que tes c d ' ces Ivralsons et à ces pureté de ton âme, aie assez de volonté pour tourner la.
amara es dé 'à ' .
un coin du parc 0 .' 1 . .J pervertis lIsent dans page sans la lire, et si de pareils passages se présentent
u a a maIson le b'
en eux, le cœur bat-ta n t 1" : .sang ouIllonnant assez fréquemment dans ce livre, ferme-le et cesses-en
lectures font autant d ' . IlmagInatlOn en fièvre. Ces la lecture. _ .
e ma - ou m~ e l
système nerveux que l'alcool 1 . c:n p us - au ,Si tu es déjà dans les classes supérieures, outre
Je sais que tu refuse' ' . a ntcotll1e, la caféine Jules Vèrne et Karl Mayet tant de romans et livres
raIs avec md' '. '
camarade te p r o ' . IgnatlOn, SI quelque scientifiques, il est absolument nécessaire qu~ tu
,. . . posaIt pareIlle 1 t
t InItIer aux mystères d l' ec ure et voulait lises aussi quelques livres sérieux qui forment le caractere
T 1 e ces Ivres
e et tel jeunes gens ont cl' 't . et la volonté; c'est-à-dire qu'il s'agit moins de les lire
dans ce domaIne . Il l ' e ranaes
b
ra Isonnemcnts d'un trait (comme un roman) que de les lire en réflé-
. s Isent tout . 1
sous la main même q d '1 ce qUI eUr tombe chissant et .en méditant. Tu verras quelle bienfaisante
..'
1a relIgIOn uan Issaventq Il'
ou la m 1 ue e IVre blesse influence ces -livres exerceront sur ta volonté. Natu-
, ora e. cc Je veux 1
ce qu écrivent ceux qu' d' seu ement savoir rellement seuls les meilleurs livres répondent vraiment
1 Sont une al t ' .
ne me fera pas de mal je ne 1 l' ,Ire opInIOn, cda à ce but.
Intention ). Je veu .' b' e ~s pas dans une mauvaise A titre d'exemple: le Nouveau Testament, princi-
. x len crOIre q "1 '
une mauvaise intention _ . 1 u 1 ne lit pas dans palement les évangiles; l' « Imitation » de Thomas a
mais je ne crois pas t eu
ement par curiosité -~
Crois-tu que J'e rc t que cc a n.e leur fera pas de mal.
Kempis; (C L'Introduction à la vie dévote» de saint Fran-
çois de Sales; « La vie de Jésus» de WiLLam; C( Pour
S cralS en VIC " ., 11 .
P h armacie y gOllte r d e tous les ' .SI J a aIs d:ms une devenir des hommes » de l'Abbé Guillaume et mes
mauva'ise intention . ' pOIsons cc non p:lS par volumes CI. A la Jeunesse catholique )l.
»), malS cc pOur c '
1éurs ciTets li 0 ' onnaltre seulement Je ne veux pas te tromper; ce n'est pas une lecture
. r, mon fils , certam3 . ll\rres
' sont pour
. facile, car ils renferment une masse de pensées sérieuses.

ChMte Adoleec. 12
 LUTTE ET AlE CONFIANCE
Mais si chaque jour tu peux consacrer à l'un ou ft
l'autre ne fût-ce que dix ou quinze minutes, tu rem-
pliras bientôt la tâche avec une ardeur et une énergie
nouvelles. Ce serait aussi une belle habitude de lire .
chaque jour après ta prière du soir quelques versets
de l'évangile et de les méditer. Essaie, et t~ verras quels
effets salutaires elle aura sur ton âme.
JQurnaux.
Choisis bien aussi ton journal. Ta Ïormation intel-
lectuelle ne souffrirait certainement pas, si durant tes
études secondaires tu ne lisais pas du tout le journal.
Tu en auras le temps plus tard. Mais actuellement
la lecture des journaux est si répandue que toi aussi
peut-être tu t'intéresse~ habituellement aux événements
du jour:
Enfin, si tu en as le temps, tu peux le faire; seulement
sois circonspect à l'égard des journaux.
Le plus grand nombre des journaux est aux mains
d'éditeurs qui pensent tout d'abord au plus grand profit
matériel possible, mais par contre songent fort peu
si la partie littéraire de leur feuille est d'accord avec la
morale. Les feuilletons, les contes des journaux (sans
parler des correspondances des « petites annonces »)
sont pleins d'histoires d'amour qui, de façon ouverte
ou voilée, prêchent et favorisent l'hnqtoralité. Mon
fils, tu connais ton devoir à leur égard. Il y a des
journaux et des revues de premier ordre dont tu peux
lire la paltie littéraire en toute tranquillité; mais si
tu étais obligé de lire pour une raison quelconque
d'autres journaux, sois circonspect à l'égard de.s contes
LUTTE ET AlE CONFIANCE 179
et des romans. En effet, à quoi bon fuir devant un
serpent, alors qu'il t'a déjà mordu?
TClbleaux.
. ' i Sois circonspect à regard de n'importe quel tableau.
Peintures, sculptures ou tout autre spectacle ne sont
dignes de tes regards que si elles éveillent de nobles
pensées en ton âme. Si ton âme est blessée, mêm.e fort
peu,-quand il s'agirait de la fameuse Vénus de Mllo,-
tu connais ton devoir, tu dois porter tes yeux sur
autre chose. Que dire alors des cartes postales dites
« artistiques » que les étudiants se passent les uns aux
autres sous prétexte d' « étudier l'histoire de l'art »!
Certai~ement elles poussent fréquemment au péché
infâme.
Les artistes de l'antiquité ou du moyen âge repré-
sentent sans doute le corps humain dans sa nudité,
mais ces images n'excitent pa& la sensualité comme
les nudités actuelles; au contraire, elles font rayonner
la puissance de l'esprit qui domine le corps de l'homme.
Ces nudités sont idéalisées et l'expression grave du
visage étouffe toute sensualité.
Il peut se faire que ces anciennes statues trouble~t
ton âme délicate - alors ne les regarde pas. MalS
il est sûr que la plupart des artistes modernes avec
leurs nudités veulent exciter les passions, et même
certains peintres font usage du nu uniquement pour
dissimuler leur manque de talent.
Ne te fie pas à ce que disent certains pour excuser
leur culpabilité : « Le corps de l'homme a été créé
par Dieu; il ne peut donc rien comporter d'inconvenant
qu'on n'aurait pas le droit de regarder )J. Sans doute,
180 LUTTE ET AIE CONFIANCE
mais sois ·très sévère dans tes regards sur toi-même'
(par exemple quand tu prends un bain) et ne con-
temple pas ce qui pourrait troubler ton âme. Assu-
rément c'est Dieu qui a créé le corps de l'homme et
même le corps humain est un véritable chef-d'œuvre.
C'est dans le corps humain qu'on aperçoit la sagesse
admirable et aimante du Créateur plus que dans n'im-
porte quelle autre créature au monde. Ce n'est pas
dans le corps humain qu'est la faute, mais dans la faiblesse
de notre âme. Il faut que l'artiste en toi en tienne compte.
Quelle que soit la valeur artistique d'un tableau, d'une
statue, d'un film, s'ils poussent au péché, ils ne peuvent
être de véritables œuvres d'art. Car le véritable chef-
d'œuvre doit pouvoir être contemplé, sans risque
d'excitation coupable. La tranquillité de l'âme appartient
sans conteste à la jouissance esthétique.
Oui, le corps humain est saint pour nous et peut
être pour nous un objet d'intérêt, mais seulement
en tant qu'instrument de l'âme et à condition qu'il
révèle les sentiments et les volontés de l'âme. Maîs
dès que l'artiste représente le corps pour lui-même,
il réduit l'âme au rôle d'esclave et éveille en nous les
bas instincts.
Non seulement les lois de la morale, mais 'aussi
celles de l'esthétique demandent que la nudité ne soit
représentée que pour exprimer les qualités de l'âme,
mais jamais pour elle-même. C'est une honte pour
l'humanité que les sculpteurs païens grecs et romains
aient été bien plus consciencieux sur ce point que les
peintres et les sculpteurs de no'tre époque chrétienne.
Les statues anciennes - même mies - produisent
la plupart pu temps une impression ,si spirituelle et
délicate qu'elles ne scandalisent pas. En comparaison
LUTTE ET AIE CONFIANCE 181
avec elles les nus modernes sont à peine autre chose
qu'une i~vitation voulue à, des pensées et des désirs
impurs.
As-tu donc le droit de regarder un tableau, une
statue Sl)ns voile? La réponse dépend de deu'Ç circon-
stances: '1) Quel était le but de l'artiste, en représentant
dans sa nudit~ le corps humain? 2) Quel est ton tem-
pérament? Si l'artiste a eu pour but d'éveiller les
passions impures et les désirs charnels (hélas! c'est
le cas de la plupart des nus modernes), passe avec
dégolit devant ce tableau. Mais si le corps est repr.ésenté
nu pour exprimer plus fortement un mouvement, de
l'âme (songe, par exemple, au fameux grou]?e du
Laocoon), alors tu peux le regarder. Mais ici, fais aus~i
attention à l'autre circonstance: quel est ton tempe-
rament? Il Y i des natures plus froides ou des jeunes
genS' qui à force de volonté se dominent assez pour
ne pas être troublés par des spectacles de ce genre;
ils peuvent regarder sans. dommage pour leur âme.
(Le roieux serait que toùs les jeunes , gens pussent
arriver à une teUe insensibilité). D'autres au commen-
cement ne pensent pas à mal, mais seulement un
peu plus tard; dès que ces pensées leur viennent,
ils doivent détourner leurs regards de ces tableaux ou
de ces statues. Enfin il y en a de tempérament si
sensuel qu'ils ne peuvent même pas regarder un chef-
({'œuvre sans mauvaise pensée - ceux-là n'ont pas
1
le droit de regarder. _
QueUe est donc la règle à suivre? Ne jamais regarder
ce qui amène en toi des mauvaises pensées dont tu ne
peux te rendre maître immédiatement. N'oublie pas
une chose : n y a des tableaux et des statues qui
choquent tout honnête homme.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
Théatre et cinéma.
Il faut aussi que je t'avertisse des dangers du théâtre
et .du cinéma. La critique dramatique des journaux,
qUI pour la plus grande partie est largement payée
par les auteurs ou les directeurs de théâtre, élève
actuellement jusqu'au ciel chaque pièce, si bien qu'il
t'est pour ainsi dire impossible de savoir si pour ton
arg~nt ton âme ne sera pas durant trois heures abreuvée
de grossièretés. ' - -
Des critiques illustres et impartiaux ont constaté
que le théâtre actuel n'a presque plus rien de commun
avec l'art.
Du reste, toi aussi tu as pu le constater. En effet,
regarde seulement autour de toi : dans quel théâtre
joue-t-on actuellement les pièces des grands auteurs
dramatiques? Les pièces classiques célèbres? Nulle
part ou seulement très rarement.
. Par contre on joue tous les jours les pièces
,< modernes» avec leurs grossièretés, leurs adultères.
les séductions de jeunes filles, leurs perpétuelles
a~o~rs cachées. Elles plaisent mieux à la foule aujour-
d hU! et rapportent plus d'argent, - je le reconnais;
mais alors qu'on ne prononce pas .le mot sacré d' « art »
à propos de ces pièces de théâtre.
En effet, si on pouvait croire les auteurs dramatiques
et les romanciers actuellement en vogue, il faudrait
reconnaître avec épouvante que le but le plus élevé
et le plus noble qui puisse être proposé à la vie humaine
c'est la satisfaction de ses plus bas instincts.
Où . y a-t-il aujourd'hui de pièces sans histoire
d'amour ou sans situation directement pécheresse?
LUTTE ET AIE CONFIANCE
C'est là que les spectateurs apprennent que le but
le plus important de la vie est l'amour. Or, n'est-ce
pas, quel mensonge! En effet, l'amour n'occupe que
quelques années dans la vie d'un homme et encore !
n'est-il qu'une seule des nombreuses choses impor-
tantes dont l'homme doit s'occuper.
Oui, autrefois le théâtre était un moyen de culture
oil les hommes allaient se purifier de leurs passions.
Aujourd'hui, c'est totalement un lieu de divertissement
qui ne fait qu'attiser plus violemment les passions
humaines. En effet, les affiches criardes de certains'
films, le titre de certaines pièces sont déjà une provo-
cation au mal. -._.. ,-
Caton l' Ancien ~~--'supportait pas de théâtre per-
manent, parce qu'il portait le peuple à l'oisiveté. Et
Sénèque, se basant sur l'expérience, écrit: « Il n'y a
rien de plus nuisible pour les mœurs que la fréquen-
tation des théâtres. Là les péchés sous le voile du plaisir
nous attaquent d'autant plus facilement. Quand je
sors du théâtre, je suis plus cupide, plus orgueilleux,
plus sensuel, et même plus cruel, plus inhumain »
(D5llinger. Heidentum und ]udentum, p. 727). Hélas!
nous ne pouvons rien retrancher à ce jugement
sévère d'auteurs païens, lorsque nous ~?nsidérons les
théâtres actuels.
. Cependant je ne veux pas dire par là 'que la litté-
rature dramatique actuelle ne produit rien de valeur.
Seulement il est regrettable que les productions
littéraires sérieuses soient comme étouffées par suite
du manque d'une critique compétente, à côté de
livres et de pièces sans valeur qui font l'objet d'une
réclame insensée et bruyimte. Si, par conséquent, tu
~ssistes à une pièce « moderne », si tu lis la littérature
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
a moderne et si tu entends dire constamment que
» Eh bien 1 attends seulement un peu.
tout cela appartient à la culture « moderne )), n'oublie
pas une minute que l~asservissement du pur idéal de
l' homme à la sensualité ~ même par des procédés artis-
tiques - n'est ni de la culture ni de l'art, mais un iniuste
attentat contre le niveau moral de l'humanité.
Ces écrivains, sou::; le nom -de l'art, ne font que
dissimuler l'immo~alité qu'ils n'osent pas encore
vendre ouvertement aujourd'hui. Ne crains donc pas
de rester en arrière dans· le domaine de l'art et de la
culture,:si tu fàis uricn'Oix sévère entre les pièces de
théâtre ou les films que tu veux voir et les livres
modernes que tu veux lire. Souvent le titre même
t'avertira que tu tomberais dans des cochonneries.
Je sais que tu n'iras pas.
Mais que faire, si, par hasard et de bonne foi, tu
tombes sur une pièce pareille? Tu ne peux pas quitter
la représentation sans esclandre; mais tu peux sans
esclandre - et fals-le - fermer les yeux jusqu'à ce
que soit finie la scène ou bien jusqu'à ce que soit
passée la partie inconvenante du film. Tu te préserveras
de maintes tentations superflues, si tu ne fais pas la
sourde oreille à ce conseil et si tu sais vaincre la curio-
sité qui s'éveille alors. Quand il s'agit de défendre la
pureté de ton âme, aie en général pour prinGipe. GJ1î"il
est préférable d'itre prudent que d'itre aucJacir:ux.
La danse.
Après le théâtreet.1e ~inéma, j'ai à te dire quelques
mots sur la danse. Tu penses sans doute avec effroi que
je vais certainement te l'interdire.
. LUTTE ET AIE CONFIANCE
Il est sûr que la folie de la danse qui fait l'age dans
la société actuelle ne convient pas du tout à des gens
posés. et pensant sérieusement. Il y a ~eaucoup .de
vérité dans l'appréciation sévère des anCIens Romams
qui rangeaient la danse parmi les choses qui ne con-
venaient pas à un homme libre. Et beaucoup de
Jeunes gens qui souffrent de la malad~e de la danse
feraient bien de lire ces paroles de etc/ron avec les-
quelles il défendait le consul Murena, qu'on accusait
d'avoir dansé: « On n'a.pas le droit de porter à la légère
une telle accusation contre un consul romain; quel
crime a-t~il jamais commis pour qu'on puisse croire
de lui pareille chose? En effet, personne ne danse sans
être ivre ou fou)) (Pro Murena, VI, 13)'
Bien qu'agiter les jambes durant des heures dal:s
une salle de bal surchauffée et une atmosphère remplie
de poussière, ne soit pas la plus .sain~ des dis~ractions,
pourtant - n'aie pas peur - Je SUlS plus mdulgent
que Cicéron et je ne condamnerai pas total~ment. la
danse. A temps et à lieu elle 'peut être une dlstractlOn
honnête pour les jeunes gens de caractere.
Tu vas peut-être demander: avec étonnement p~ur­
quoi mettre le caractère et la danse sous le meme
bonnet? Or c'est dans la danse que se révèle le caractère
viril ou la faiblesse voluptueuse de chacun. Nulle part
peut-être plus facilement que là. La ,dans~ ~st la véri-
table pierre de touche d'un caractere vml. Chaque
mouvement, chaque regard, chaque parole montrent
ce que tu vaux à l'intérieur. Un caractère faible profite
de cette occasion pour satisfaire ses bas instincts et
sa légèreté. Un jeune homme de caractère n;oublie
pas un seul instant qu'il est le « chevalier» de la jeune·
186 LUTTE ET AIE CONFIANCE
fille, or le chevalier non seulement défend sa dame
contre les attaques des autres, mais en tout premier
lieu contre les pensées ou les désirs les moins nobles' de
sa nature et de ses propres instincts.
Le jeune homme de caractère qui défend sa parte-
naire non seulement contre les courants d'air, mais
aussi contre la chaleur excessive de son tempérament,
qui\ fait attention non seulement à danser en mesure ,
mais à la tenue de la conversation, n'a pas à craindre
de glisser sur le parquet ciré, ni de terminer son plaisir
par une chute morale. Par contre le caractère faible
fait seulement attention à ne pas tomber sur le parque~
ct ne sait pas qu'il faudrait en même temps se préserver
doublement de la chute morale.
Je peux affirmer hardiment que l'attitude d'un jeune
homme pendant la danse est l'une des meilleures pierres
de touche de sa fermeté de caractère et de son esprit
chevaleresque .
Toutefois il reste vrai le proverbe allemand : « Au
bal c'est le diable qui joue du violon )J. Il est vrai que
la danse reste toujours une occasion dangereuse pour
l'âme du jeune homme. Donc ne te livre jamais au
plaisir de la danse, sans avoir demandé à Dieu dans une
rapide prière qu'Il protège la blancheur de ton âme
de toute souillure. Après avoir pesé le pour et le contre,
tu verras si tu peux raisonnablement prendre part à
la danse.
J Un élève de première, après avoir lu ce chapitre
dans une précédente édition de mon livre, m'a écrit
sur un ton de' reproche que je devrais condamner
absolument la manière de danser « actuelle )J, car la
danse « moderne » n'est pas autre chose qu'une provo-
<:ation volontaire aux instincts sensuels. Évidemment
LUTTE ET "li CONFIANCE
je n'ai pas besoin de dire que je ne permets que les
danses cQnvenables. Car il y a des danses qu'il faut
boycotter impitoyablement et lai,sser aux singes, aux
chèvres et aux « hommes )l qui depuis longtemps ont
'Jranchi la ligne de' démarcation d'une conduite honn'ête.
Sois cheIJaleresque ..
Comme l'histoire' des héros t'en impose, n'est-il
pas'vrai, mon fils? Un Annibal l un Alexandre le Grand,
un jules César, un Napoléon. Pourtant, il n'y ~ pas
au .monde- de héros plus grand, de plus grand vainqueur,
.~e celui qui' sait soumettre ses bas instincts aux lois
de sa raison; de même, par contre, n'y a-t-il pas de plus
vil esclavage pour l'homme appelé à la domination
intellectuelle que de gémir dans les liens des passions
aveugles. Essaye d'y penser dans les moments difficiles
où il, ,te faut de nouveau soutenir la . lutte contre tes
bas inst:rtcts.
Aie soin de toujours manifester un esprit vraimen
chevaltresque à l'égard des femmes. Ne le montre
pas seulement, mais ressens-le en fait.
Je ne songe pas ici aux manières affectées, à ces
perpétuels compliments que les freluquets actuels
appellent unecondtiite ,chevaleresque, mais je pense
:aux véritables chevaliers du moyen âge dont l'épée
était toujours- prête à protéger les , faibles et dont Je
cœurétai't toujours prêt à défendre l'honneur des
femlllés. Le véritable chevalier est celui qui protège
Jo, femme en tout premier lieu contre les convoitises
déréglées de son propre corps et contre un jeu frivole.
 188 LUTTE ET AIE CONFIANCE
L: chevalier p.st .celui qui découvre en chaque femme~
meme dans lesn;J.alheureuses les plus déchues, l'image
de sa mère et de ses sœurs et qui évite de s'approcher
d'elles avec des désirs impurs, de la mêm~ manière
qu'il ne _tolèrera~t pas que d'autres s'approchass~nt
de sa mère ou de sa sœur avec des intentions déshon-
nê~~s. Respe.cte la femme, comme on respecte la fleur
qu il faut éVIter de flétrir, pour qu'elle puisse donner
des fruits.
En compagnie des lemmes:
Si tu penses ainsi à l'égard des femmes, cela se
remarquera dans tes conversations. Du reste actuel-
. . tu ne rechercheras pas la société des femmes
lement
malS SI tu te rencontres avec, n'en sois pas troublé.
. .société des femmes. Car il s'efféminerait. Son carac-
Tes nobles sentiments seront la garantie de ta con-
duite im~~rochable. Dans tes paroles, dans tes regards,
dans les Jeux, etc., tu ne perdras jamais de vue tes
d~voi~s chevaleresques. Et ne te permets jamais à
tOl-meme devant une jeune fille ce que tu n'aimerais
~as qu'un autre jeune. homme fît devant ta sœur. Et
SI tu sens' que, par exemple, les jeux auxquels tu te livres
en ~e mo~ent ne sont plus seulement des passe-temps,
malS aussI des occasions de péché (par exemple R'i] faut
racheter un gage par un baiser, etc.), ' sois assez habile
pour passer à un autre jeu:
. Veille surtout à ce que ton caractere viril ne s'amol-
hsse pas, . sous l'effet des caresses, des gentillesses
des câlineries féminines, même de tes parentes ou d~
tes sœurs.
Une volonté de fer, un caractère inflexible une
énergie virile - voilà ce qui doit t'en imposer. '
LUTIE ET AIE CONFIANCE
Les tendresses perpétuelles, les embrassades, les
~entilIesses les mignardises, passe encore chez les
femmes! mais dans les veines d'un jeune homme doit
couler un sang viril et non pas du sang de navet ou de
hi limonade. « Les rêveurs gâchent leur vie ». Certains
jeunes gens, qans leu'r adolescence, rêvent pendant
toute une semaine à un personnage de roman, font
,d'immenses projets d'avenir et ne s'aperçoivent même '
pas lorsque cette sentimentalité s'est transformée en
:sensualité.
Tu peux dès lors comprendre mon désir que le
jeune homme, tant qu'il ne peut pas sérieusement
penser au mariage, ne soit pas fréquemment dans la
tère, en se développant dans ces conditions, perdrait \
tout signe de v.irilité. L'amour n'est pas un jeu d'enfant
et les années de jeunesse ne sont pas pour les aventures
.frivoles.
Une connaissance plus intime avec une femme est
:~eulement permise, quand tu peux penser sérieusement
au mariage. Toute autre amourette est un jeu frivole
avec la pureté et l'honnêteté.
Ta blanche fiancée.
Tu seras préservé de bien des faux-pas si, à l'âge
.ingrat, tu songes quelquefois à l'innocente jeune fille
.à laquelle, selon les plans de. Dieu, tu jureras un jour
fidélité perpétuelle et qui actuellement prie anxieu-
sementpour que pas une tache morale ne vierine
'souiller son voile blanc de fiancée, et qui - èn quelque
.lieu inconnu - garde avec un soin pudique son inno,.
·cence virginale pour son futur chevalier.
, 190 LUTTE ET AIE CONFIANCE
C'est toi qui es ce chevalier, mon fils.
Ton âme est-elle réellement aussi candide?
Tes pensées sont-elles réellement aussi pures?
Conserve toutes tes for~es, tous tes projets, toutes.
tes pensées pour le grand et unique amour qui doit
t'unir jusqu'à la tombe ta fiancée future.
Que l'image de ta future fiancée flotte devant toi
comme un ange gardien et protège ton trésor, la pureté
de ton âme d'où doit sortir un jour la fleur de ton
amour et jaillir le bonheur de ta vie familiale. Ta vie
actuel~e immaculée et pure aura pour récompense:
les baIsers d'une épouse virginale.
Car la do~ la plus précieuse c'est un corps chaste
et une âme Immaculée, et un homme digne de ce nom
ne veut conquérir qu'une seule femme - sa future
compagne. ... -
Tu sais .que ta vie familiale ne pourra pas être
heureuse, SI, ava~t ton mariage, ta vie de célibataire
n'a Pas~té pure. Mais il en résulte, n'est-ce pas, que
la connaIssance et la fréquentation d'une jeune fille
ne peuvent être honnêtes, bonnes et permise~ qu'~
un âge convenable et en vue du mariage; toute autre
amourette est un jeu frivole et une légèreté témoignant
du manque de caractère.
Aime la propreté..
A côté des avis qui précèdent laisse-moi te donner
cnco.re quelques conseils éminemment pratiques. Aime
aussI la propreté. Lave-toi plusieurs fois par jour et
prend~ un bain aussi souvent que tu le peux (au moins',
une fOIS par semaine). Le matin lave-toi à l'eau fraîche!.
- . ~
LUTTE ET AIE CONFIANCE
du robinet jusqu'à la ceinture. L'ordre extérieur aide
beaucoup à l'ordre dans l'âme. Je ne veux pas dire
que l'âme de tout jeune homme élégamment vêtu
est en ordre. Hélas non! Mais, par contre, c'est un fait
que l'extérieur réagit sur l'âme et qu'un adolescent
aux cheveux hirsutes, aux habits 'malpropres. au
visage barbouillé, aux ongles en deuil est plus facile-
ment porté aux pensées, aux conversations malsaines
et même 'à des actes aux graves conséquences. En
revanche, la propreté extérieure est souvent 'le gage
de la propreté intérieure: elle augmente notre tendance
vers tout ce qui est pur, et nous met en garde contre
ce qui pourrait souiller notre âme. Chose remarquable •.
celui qui prend souvent un bain demeure aussi plus
facilement pur dans son âme, comme si son corps
bien 'propre allait protester contre toute souillure de
son âme.
Meurs et ressuscite, t
Je ne veux pas te tromper, mon fils, et je te le dis
franchement : l'éducation parfaite de la volonté, de
manière qu'elle obéisse à chacune de nos pensée$
comme un agneau, est certainement difficile. Il te fa,ut
donc recourir volontiers à tous les moyens qui ùlideront
·à atteindre ce but. Un des moyens les plus efficaces
dans ce domaine, c'est la mortification.
La mortification? - Brrr! - s'écrient bien des
jeunes gens en entendant ce mot. Quel obscurantisme
moyenâgeux !Aujourd'hui on vit à une époque .de
u positivisme »,aujourd'hui on ne peut parler que
d' « une vie de progrès ». Aujourd'hui chacun veut
 LUTTE ET A I E CONFrANCE
« VIvre » sa vie et non pas I~amoindrir, la diminuer,
la sacrifier.
Attends un peu! Qu'est-ce que la mortification?
Elle est un moyen d'acquérir la volonté forte dont
nous avons absolument besoin, si nous voulons acquérir
la noblesse du caractère. La mortification est l'étouf-
fement des désirs et des penchants désordonnés et
déréglés du corps. Donc - comprends-moi bien _
I~ mortification n'écrase pas notre nature, ne fait pas
vlOlenceà notre nature, ni à nos facultés natureUes
(ca: sans ces dernières nous n'aurions aucune valeur),
ma.ls seulement à nos désirs désordonnés et exagérés
qUI sont dangereux pour notre existence.
- Nous sommes tous , pleins de défauts, donc nous
avons tous besoin de la mortification. La mortification
donne la maîtrise de soi; mais il est perdu -le jeune
homme en qui les passions l'emportent parce qu'il
manque de la maîtrise de soi. La mortification nous
donne la patience envers nous-mêmes et envers notre
prochain; sans eHe nous ne pOUvons pas nous tirer
d'affaires en société. La mortification donne la victoire
sur soi-même, sans laquelle ne peuvent exister ni
i~éal noble et élevé, ni personnalité, ni caractère,
ni culture, ni civilisation, ni progrès.
) Tout cela ne peut se réaliser qu'en employant la
violence contre nos mauvais instincts. Cette violence,
q~e nous appelons mortification, n'est pas un but en 1
SOl; eUe est seulement un moyen, un instrument de
passage vers la victoire, vers la joie qui remplit une
jeune vie formée par urie main heureuse. Par contre,
ceux qui parlent du « droit de vivre de l'instinct »,
de « vivre sa vie », et s'inclinent avec lâcheté devant
-chacun de leurs désirs , déréglé~, perdent la prédis,.
LUTTE ET AIE CONFIANCE 193
position à la vraie joie et ruinent leur propre volo?té,
leur caractère et leur santé, ainsi que la cultur~ humam::
« Il faut que nous marchions d~s le progrès ,
très bien, mais, le progrès ne C?nSlste pas à cé~e~
A
aux exigences de nos instincts, malS plutot à ,les m~m
tenir d'une main ferme. De mêm~ que ~ eau s~~:
une forte pression arrive à une pUIssance mcroya
et dans la presse hydraulique soulève comme u~e
plume des fardeaux considér~~l:.s, d\~ême la mortI-
fication soulève la naturehumame déchue. d
Tel est le sens de cette phrase bien co~nue e
Goethe: Stirb 'und werde 1 Meurs et reSSUSCIte 1
Le rachitisme de l'âme.
As-tu déjà vu des enfants au visage .blême, dont
les jambes, ou le cou, ou le, dos, so~t mamtenus dans
appareil et qui se traînent si tnstement courbés?
~~s gens les regardent avec piti~
: « Malheureux
petits rachitiques 1 » , •
Eh bien! si nous avions une lampe, comme 1 Aladm
de la fable, avec laquelle nous puissions regarder d~ns
l'âme humaine, alors nous ne ferio~s. que nous éCrIer
à chaque pas : « Pal,lvres âmes raChitIques 1 »
Qu'est-ce que ces âmes rachitiques? .
Ce sont des âmes ,que les milliers de commodItés
de la vie civilisée et la paresse enracinée dans ~otre
nature ont rendues molles et lâches~ des âmes qUI ont
'h orreur de tout
, effort, des âmes qui frissonnent
. d dès A
qu'elles entendent parler de travail, de deVOIr, e mal-
trise de soi, de mortification. De telles âmes peuvent
Ch aste Adolc~c. 13
 H}.~ LUTTE ET AIE CO;';FIANCF
sc dé\dopper, leur intelligence peut sc cultiver, m:lIS
leur volonté - qui leur :,era constamment nécessaire
~ur'l.I~t leur vÎ\: - reste chétive, malingre, anémique,
mutillsable.
P~U\ res âmes rachitiques! l\Ion fils, voux-t~ to
au:,sl rester ainsi?
Rester? - demandes-tu. Est-cc que je SUIS de ces
âmes en ce moment?
.Oui,. tu en es. Le ra~hitisme physique - grâce à
DI~u . - est une maladIe ass.ez rare chez les enfants;
mais .le rachitisme de l'âme- - justement à cause de
la faIblesse de notre volonté - est né avec chacun
de nous et il faut que nous nous en guérissions, que nous
nous en débarrassions.
As-tu un petit frtee de quatre ans? Eh bIen ! obser~e
sa conduite, comme la vic physiq~e le domme. SI
ton gât e~u, à ton goûter, est d'un centimètre plus gros
que le Sien, comme il pleure, comme il se lamente r
Comme Il est Incapable de résister à aucun de ses
désirs et de se commander à lw-même! Sa volonté
est encore rachitique.
Eh bieQ 1 tu as vu; une volonté forte sommeille en
chacun de nous, mais cette faculté il nous faut la
r~~eiller par un travail conscient, persévérant et quo -
tidIen. Commence dès aUJourd'hUI l'éducation de ta
volonté. Plus tôt tu commenceras, mieux cela vaudra.
Lorsque tu seras déjà plus grand, ta volonté sera
revêche et dure comme un vieil arbre. A peine y a-t-il
un a~olescent qui veuille tomber dans le péché. Pour-
tant 11 y en a beaucoup qui y tombent contre leur
volonté. Pourquoi? Parce que leur volonté est faible.
Par conséquent, il est d'une extrême importance mon
conseil de fortifier ta volonté par des exercices répétés.
LUTTE ET AIE CONFIANCE. 195
Fortifie ta volonté
Dans le domaine moral tombent le plus tôt ceux
qui se conduisent passivement à l'égard de leurs désirs
sensuels et ne sont plus que le jouet impuissant de
leurs instincts. Et je veux attirer ton attention sur ce
point. Habitue ton corps à de petites mortifications.
Essaye parfois de renoncer à quelque chose qui plairait
à tes sens et qui ne te serait pas interdit.
Pas souvent, mais de temps en temps, pour essayer
si tu tiens bien cn main ton âme;' essaye, par exemple,
durant un quart d'heure de ne pas boire, alors que tu
rentres à la maison mourant de soif après une excursion.
Lorsque tu trouves à ton déjeûner ton gâteau préféré,
laisses-en un mOl:ccau, ct si un plat est parfois brûlé,
mange sans mot dire. Et si tu rentres à une heure du
collège affamé, ne casse pas les oreilles de ta mère
par tes gémissements, sous prétexte que tu mourras
de faim, si le déjeûner n'est pas prêt immédiatement.
Et quand le potage est servi, quelle que soit ta faim,
ne l'avale pas avec une gloutonnerie animale, mais
commande à ton estomac affamé. Si tu passes devant
une confiserie dont l'étalage alléchant fait sortir ton
argent de ta poche, sache quelquefois dire non. Si
en te lavant le savon glisse de tes mains, ne te fâche
pas, mais souris en le ramassant. Si ton lacet se casse, .
lorsque tu te dépêches le plus de t'habiller, ne jette
pas ton soulier par terre, mais sifflote un air joyeux,
en nouant le lacet. Si tout ton paquet de livres de classe
glisse sous ton bras, ne fulmine pas, mais baisse-toi
avec bonne humeur pour les ramass~r et fredonne
 LUITE ET AlE CONFIANCE
gaîment. Si tu ne peux pas défaire une ficelle -n~
pre~ds pas immédiatement un couteau, mais efforc~-toi
patIemment de dénouer sans glaive le nœud gordien.
Et lorsque le soleil de mai brille tout resplendissant
peux-tu étudier traqquillement près de tes livres e~
non pas . aller jouer au lieu d'étudier? Et le matin
quand 'il est temps de te lever, peux-tu sauter de to~
lit. t'mmédia~e:n:ent avec bo~e humeur et non pas
bâIller et t etlrer dans le ht, malgré l'attrait d'une
chaude couverture et d'un mol oreiller? Et si après
une grande promenade tes genoux sont pour ains'i
d~r.~ brisés de fatigue, peux-tu te raidir pour marcher
drOIt? Et devant une vitrine qui excite ta curiosité,
~eux-tune. pas .Ia regarder? Avec un condisciple qui
test « antIpathIque )) peux-tu te montrer aimable?
Q~a~d on te donne un ordre, peux-tu - si désagréable
SOit-Il - J'exécuter immédiatement sans mot dire?
, Si tu ne trouves pas immédiatement tes affaires
es-tu capable de ne pas t'énerver; si on te chicane, d~
ne pas répondre par des railleries; si la porte s'ouvre,
de ne pas regarder immédiatement, et quand tu reçois
~ne lettre, de ne pas la déca<:heter? Et si quelqu'un
t a offensé, es-tu capable de contenir ta colère qui te
brûle comme la fièvre? Et si quelque nouvelle te ronge,
peux-tu la garder secrète pendant une journée? Es-tu
capable, lorsque tu te mets à étudier après ton déjeuner
de déposer sur la table deux ou trois bonbons d~
~hoc0.tat et .de les laisser là devant toi sans y toucher
J~squ au SOIr, malgré les soubresauts de la gourman-
dise? Et quand tu lis quelque chose de très intéressant •
es-t~ capable de fermer le livre au passage le plu~
palpitant et de ne continuer que le lendemain? A
table pendant le déjeuner, en classe sur ton banc ,
,
LUTTE ET AIE CONFIANCE 1,97
peux-tu rester assis tranquillement et ne pas t'agiter?
Et te tenir toujours droît, même quand tù es fatigué?
Et ainsi de suite ...
Tu vas dire: ce sont des détails. C'est vrai. Mais i
ne sais-tu pas que les grandes choses sont faites de
détails et que les gratte-ciel de New-York à cinquante
étages sont construits avec de petites briques? Ce
sont ces petites victoires quotidiennes qui augmenteront
ta confiance en toi-même et alors tu ne reculeras pas
si facilement devant les difficultés que tu rencoI)tres
dans l'existènce. Car celui qui a remporté la plus
difficile des victoires : la victoire SUT soi-même, pourra
l'emporter dans toutes les luttes de la vie. On dit de
lui qu'il est « un homme de caractère ». La moindre
mortification par laquelle tu habitues ton corps à obéir à
ton dme, est UM source inappréciable d'énergie pour le
temps des. tentations qui réclament une sérieuse résolution,
tout conpne on peut avec de petites étincelles élec-
triques réunir de grandes forces électriques dans des
accumulateurs. Ce sont ces détails qui te démontreront
que seul l'esprit est capable de dominer la matière.
Une jeunesse conservée pure est un noble et sublime
idéal. Mais c'est seulement par des progrès continuels
et des efforts répétés qu'on peut parvenir sur les
sommets. Rome n'a p2S été bâtie en un Jour et le carac-
tère n'est pas un gros lot qui nous échoit au hasard.
La joie de la victoire
En général tu réussiras le mieux à te fortifier contre
les attaques des passions sensuelles, non pas en enga-

LUITE ET AIE CONFIANCB
g~a~t ?irectement la lutte contre elles, mais -.;. pour
amSI dIre - en faisant un détour par derrière. C'est-à-
dire, ne réfléchis pas longuement sur ces cho~es, mais
chasse-les le plus possible du domaine de ton attention'
en revanche, engage la lutte contre tes habitudes chéri:S
et contre tes faiblesses. Autant tu pourras remporter
de s~~cès d~s ta lutte contre tes penchants à la pares~e
et à ~ mexactltude, autant tu t'habitueras aux privations,
au sIlence, à la patience, etc., et tu seras d'autant plus
fort contre les exigences illégitimes de tes instincts
naturels. Celui qùi ne s'est jamais refusé une chose
per~ise, tu ne peux pas attendre de lui qu'il évite
aussI tout ce qUI est défendu. Il ne faut pas d'effort
pour pécher, nous tombons; mais il n'y a pas de
caractère sans une volonté forte.
Tu pourras d'autant mieux fortifier ta volonté
co.ntre tes instincts charnels, si sur un autre terrain
tu t'es entraîné à te vaincre et à te priver. Plus nous
entraînons nos muscles, plus ils deviennent forts et
plu~ nous entraînons notre volonté, plus nous en d:ve-
nons le maître et plus nous seront faciles les bonnes
actions; et une joie indescriptible nous remplira sous
l'impression de la vie spirituelle qui s'épanouira en
nous. Celui qui, comme enfant, adolescent, jeune
homme, a su, dans des petites choses insignifiantes
e~ apparence, triompher de la curiosité, de la gourman·
dIse, de la paresse; celui qui, les dents serrées et la tête
haute, la poitrine bombée et les yeux luisants sait
supporter le froid et le chaud, la faim et la soif' 'celui
.. . '
qUi ~alt ~e taIre et qui sait commander à ses regards;
celUi q.UI étouffe,.la colère qui le brûle; - celui-là je
~e ~rols pas qu xl cède devant les exigences de ses
mstmcts .. Car à l'instant décisif, sur un ordre impératif
LUnE ET AIE CONFIANCE lq<)
sévère, il repoussera les instincts les plus exigeants
comme des jeunes chiens furieux. Celui qui à dix ans
peut se priver volontairement d'un morceau de gâteau,
pourra à seize ans résister vaillamment aux tentations
des sens.
Sans doute, 'il faudra lutter; mais la lutte elle-même
s'accompagne de joie. En effet, ce sont précisément les
jeunes gens qui aiment le plus à lutter entre eux et à
faire étalage de leurs forces. Même parmi les jeux,
on préfère ceux où l'on peut montrer son adresse et
sa ·force. Eh bien 1 voilà l'occasion de montrer ta force
de volonté ou bien de J1accrûÎtre, de la fortifier. Essaye
seulement sérieusement ces petites expériences dé
volonté que j'ai énumérées ci-dessus. Non pas seu-
lement aujourd'hui ou demam, mais continuellement.
Je suis sûr qu'elles ' te platront. Déjà cette lutte elle-
même, cette épreuve de ta force, te rempliront de joie;
et si un jour, s'allume en toi une énergie capable
de triompher de tous les obstacles, quelle sensation
bienfaisante de victoire et quellc doucc JOlC après
1~ première petite victoire remportée sur ta volonté
rebelle, tes caprices, les exigences de ton corps!
La joie du triomphe poosse à la persévérance. AU SSI
_ SI tu dois lutter contre un péché d'habitude déj,l
enraciné - tu agiras très sagement en ne prenant ta
résolution au début que pour peu de temps, mettons
quatre' ou cinq JOurs: Je pourrai bien rester sans péché
pendant cc tcmp:::. Après le Cinquième jour tu vois que
tu as réu ssi ...( Mon Dieu, f a1 donc cncore un peu de
volonté. La sem:-IIne prochaine, 11 LlUt que JC tnomphe
encore )). Si tu réussis encore, alors tu as déjà deux
semaines de victoire derrièrc tOI, ct cela t'encourage
à poursuivre la lutte.
 200 LUTTE ET AIE CONFIANCE
Panni les naturels des îles Sandwich, règne cette
croyance que quand ils tuent quelqu'un la force de
ce dernier passe en eux. C'est de la superstition. Mais
ce n'est plus de la ,superstition, c'est la pure vérité,
que chaque fois que tu triomphes des exigences de
tes instincts, ta volonté devient plus forte. En effet
celui qui a goûté un jour cette joie sent en lui-mêm~
une énergie qui le pousse vers de plus grandes victoires,
et très .certainement il deviendra bien plus heureux
que celui qui s'incline sans force devant les désirs
charnels comme un frêle roseau agité par le vent.
~is seulement, mon fils, la lettre suivante que m'a
écnte un élève de première.
MONSEIGNEUR,
« ... Enfin j'ai trouvé une table d'orientation. Elle
s'appelle « La chaste adolescence 1>.
« Toutes les lettres de ce livre bouillonnent en moi.
Elles élèvent une forteresse dans mon âme, la forteress~
imprenable de mes r~olutions. Je vous regarde dans
les yeux et je vous dis; Men Père, je veux. Je veux
à cause de la patrie, à cause de moi-même ... Je veux
être compté parmi ceux qui veulent, ceux qui s'élèvent
« Recevez, Monseigneur, l'expression de ma recon-
naissance. Toujours je redirai Que Dieu vous
bénissel "
Lorsque je lus cette lettre, je me rappelai cette
magnifique vérité du païen Boèce: « Superata tellus
Giflera donat » - Triomphe de la terre et tu gagneras les
étoiles dans le ciel.
LUTTE ET AIE CONFIANCE 201
Et en pense pas que, si tu dois touJ o'urs être prêt,
ta vie sera pleine d'amertume et que la maîtrise de'
soi et le renoncement seront une charge sur tes épaules.
Une charge, sans doute, mais une charge qui conduit
vers les hauteurs. Les ailes aussi sont une charge pour
l'oiseau, mais si tu les lui ôtes, est-ce qu'il pourra alors
s'envoler? Dans toute lutte - aussi dans les luttes
de l'âme - l'attaque est la meilleure défense. Du fait
que tu auras déjà trempé ta volonté, avant que les
bas instincts t'aient même attaqué, tu t'en seras déjà
préservé d'avance. _
En effet, l'aguerrissement voulu de la voJonté aura
avec le temps une récompense particulière. Celui qui
porte en lui-même une volonté faible, celui qui est
obligé à chaque pas de veiller en tremblant, sur ses
paroles, ses regards, celui-là a une ~ie réellement
pénible; mais toi, par une gymnastique continuelle
de ta volonté, tu arriveras à ce que ta volonté obéisse
comme un docile agneau au premier signe et se mette
en garde contre toute pensée ou désir impur, déjà
d'elle-même, par une sorte de réflexe, comme un bouclier
solide comme du granit. Lorsque la poussière de la rue
veut pénétrer dans tes yeux, tes cils, n'est-ce pas,
se contractent instinctivement pour l'empêcher. Et
ce' sera la plus belle récompense de ton travail que
ta volonté forte défendra même sans s'en apercevoir,
comme une cuirasse invisible et invulnérable, ton
précieux trésor, la pureté de ton âme.
 202 LUTTE ET AIE CONFIANCE
Sur la le1're, mais non de la terre.
Je le sais bien, tu penses avec -effrOî' : Aujourd'hui
on ne peut plus réaliser ce bel idéal. Je ne dis pas,
si quelqu'un allait se retirer dans les grottes du Bakony
. et y vivait à l'écart du monde en travaillant au perfec-
tionnement de son âme et à la formation de son carac-
tère - alors peut-être la chose réussirait-elle. Mais
vivre dans ce monde en effervescence, aller en classe
et fréquenter une foule de camaraQes (qui ont peut-être
de tout autres idées), aller au théâtre, au cinéma,
demeurer dans le tumulte des rues, dans la vie étour-
dissante de la grande ville moderne, et n'avoir pas le
vertige - qui peut le faIre?
Vois-tu, mon fils, Je ne veux pas te chasser dans la
~olitude et cependant je me contente de redire que
J'attends de tOI tout ce que je viens d'écrire. Ne va
pas dans le Bakony pour y vivre en ermite devant Dieu,
mais reste plutôt ici parmi nous, dans cette foule
bruyante de tentations, mais, comme un raSter, répands
la bonne odeur du caractère viril et des mœurs chrétzennes.
As-tu regardé le rosier? Ses racmes sont dans le
terreau, dans le froid, dans les ténèbres, et pourtant
comme ses pétales veloutés sont purs comme la rosée.
Tiens-toi dans la fange, mais ne SOIS pas toi-même
fan geux; sors de la poussière, mais ne SOIS pas couvert
de pouss Ière. Toi aussi marche sur la terre , malS que
ton ;îme ne sente pas la terre; que les rayons de soleil
de ton Idéal moral réchauffent ton âme et y fassent
fleunr les roses surnaturd1es d'un caractère inébran-
hb~è. RICn que tu sois fait de boue, reste prorre.
LUTTE ET AIE CONFIANCE
Bi~ que le monde entier autour de moi soft dans la fan?e,
moi je ne le.serai pas. Quand tous vivratent dans le ~e,
moi je ne le ferai pas.. Plutôt périr, plutôt être brISé,
plutôt être écrasé, - mai~ à. aucun ·prix céder quelque
chose de ses nobles con~ctions.
G Justum ac tenacem propositivirum
Si fractus illabatur otbis,
Impavidum ferient tuinae J.
., -" Dans les froids après-midi de' l'hiver,}e P?uvais
regarder sur la margelle d'un puits, un petit ~omea~.
Il fait froid il neige, le monde grelotte par dIX degres
de froid et' voilà le petit oiseau quî rit de ce temps
affreux. Vent, tu peux souffler; neige, tu peux tomber-
j'entends pour ainsi dire ses p~roles -: quand le ~onde
entier serait gelé, j'ai en mOl un petIt monde VIvant,
un petit cœur bien chaud; personne n'y entre.
Celui qui ne sait pas mentir.'
L'amour inébranlable de la vérité peut aussi t'aI~er
·dans tes luttes. Je ne te dirai pas à présent comb.Ien
il est indispensable à la formation de. ton caract~re
'que tu dises toujours et sans réserve la vérIté, et combIen
,est incomplet l'honneur de celui à la parole duquel
on ne peut pas croire aveuglém:nt. ~e veux seule~ent
rappeler que celui qui ne ment)amat.S tombe au:St plus
difficilement dans le marais de l'impureté. ~. VOle d~ la
conscience pùre et de la vérité est touJours drOIte,
ouverte, claire;.la ruse, la dissimulation et le mensonge

204 LUTTE ET ~IE CONllIANCE
comme.ncent, lorsque l'on a des pensées à cacher et
des actIOns dont on a honte. Celui qui ment déshonore
sa personne, ,son caractère, son âme et ne craindra.
pas ~e ~rofaner son çorps par l'impureté. Par contre,
CelUl qUl Se respecte assez pour se dresser contre le
mensonge et ne pas le tolérer, aura plus facile aussi
p~ur se d~fendre contre les instincts charnels. Habitue-
tOI ~onc à ?e jam~is dire le plus petit mensonge, de
mamère qu on pUlsse en toute circonstance croire à.
tes par~les, comme à la Sainte Écriture. Entraîne-toi
il devemr r&:llement i~pable de mentir. Quel magni-
?que. éloge ~l tu pOUVaiS dire avec justice de toi-même ::
Je S~lS u~ Jeune. homme qui ne sait pas mentir 1 Mais,
~~IUl qUl ne salt pas me~tir ne peut s'abîmer dans.
1 Impureté, parce ~u:il s.e gardera de toute pensée et
de toute action qUl 1 obhgeraient à mentir.
Fortifie ton corps.
.Ensuite fortifie aussi ton corps. La gymnastique:
ralSonnable peut aussi fortifier ton âme, comme aussi
par contre la négligence des soins corporels peut être'
s~uvent cause de la chute morale (par exemple, se:
laisser da~s la saleté, un lit trop doux ou trop chaud,.
une nournt~re trop abondante, affaiblissent le système-
nerveux). Aime les sports qui n'offrent pas de danger'
po~r ta sa~té, N~ reste pas trop longtemps assis, cela.
nUl~ à la circulatIOn du sang. Aie pour maxime : Bien
fatIguer son corps tous les jours. Aie toujours soi~ d'aller
te coucher bien fatigué, pour que tu puisses t'endormir
J d'autant plus vite. Bien des péchés arrivent au lit
Ll:TTE ET AIE CO:-lFlANCF 2°5
parce que l'on est encore éveillé. Fais du sport, non
pJS seulement p,)ur fortifier tes muscles, encore moins
puur de\entr un JthlC::te nt pour écraser les autres,
m,us dans la conviction qu'urt curps sain, bien développé,
('st un tIlstrwnent bCQucoupplus apte à réaliser les des-
st'lIlS subLlIiu:s de l'âmt? qu'un curps malade, chétif, et que
CelUI qUI donne alOSI à son corps des occupations
régulle re~ aura bien rnoms de difficultés avec ies désirs
déréglés. Un corps Jeune, robuste, habitué aux pri-
vJtions, endurCI est certainement un excellent préser-
vatif naturd contre le péché de mollesse. Ne faiS donc
pas du sport en vue du gain ou de la gloire, mais
uOiquement dans ce but arriver à soumettre chaque
partie de m OIl corps à ma volonté.
Ne SOIS p:lS trop délicat au sUjet de tes vêtements.
Quand Je \015 des jeunes gens qui chaque JOur s'in-
qUIètent du thermomètre, du vent, de la pluie, de la
neige, du solul 'Jujùurd'hui je mettrai mon par-
dessus, et pUI::> un cache-nez, car il fait du vent, et
pUl~ mes cauutchoucs, et un manteau, etc. - quand je
vois celu, Je ne puis m'empêcher d'avoir peur pour
leur pureté morale. Un corps jeune endurci tient plus
chaud que le manteau fuurré le plus cher; mais celui
qUi gaspille ses jeunes forces par l'impureté ne doit
pas s'étonner que ses nerfs, son épiderme, se~ artères,
ne fonctionnent pas régulièrement, que tout courant
d'air lui soit nuisible, qu'il soit rapidement la proie
des maladies contagieuses et qu'il grelotte encore
même sous son manteau de fourrure.
,
Nous admirons les héros antiques Comment ont-ils
pu venir à bout de pareils exploits? D'où provenait
leur force? De ce qu'ils ne l'avaient pas gaspillée dans,
leur jeunesse. Sais-tu quel ' est l'adolescent qui devient
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
un grand homme? C'est uniquement celui qui
suivant la maxime du vieil Horace - supporte, agit"
sue, travaille et évite l'impureté :
Multa tuIit fecitque puer, sudavit et alsit,
Abstinult Venere et vino ...
Un orage imprévu surprit up:} jout~ un groupe
joyeux d'étudiants sur une barque au 'milieu du lac
Balaton.
Les jeunes gens désemparés se regardaient avec
~pouvante ... les uns étaient pâles d'effroi, les autres.
étaient affolés. Je ne connais qu'un seul de ces jeunes.
gens, c'est un de mes élèves, Joseph, un élève de pre-
mière, à l'âme blanche comme la neige. Il retrouva le
premier sa présence d'eJprit. Les autres étaient encore
affolés. Joseph bondit au gouvernail, et d'une voix
qui dominait la tempête cria cet ordre : « Allons, les
amis, que chacun fasse ce que je dirai, sinon nous
sommes perdus ». Et tous obéissent, tandis que Joseph
tient le gouvernail des deux mains. Enfin la barque
atteint la rive et les je4nes gens poussent un soupir de'
délivrance.
Quel avait été le plus courageux de tout ce groupe
d'étudiants? Mon élève à l'âme pure. Et qui n'attrapa.
même pas un rhume le lendemain? Encore mon élève
à l'âme pure qu'avaient réchauffé sous l'averse glaciale
les forces vitales qu'il n'avait pas gaspillées dans le
péché.
« Rends ton épée! » ordonnait~on à Sk a1Jdqbeg
vaincu (par les Turcs) •. « Je .rends mon épée - répon-
dÎt:-il - mais ce n'est pas 'dans~e~te · épée, c.'est dans
mon bras que se t~ouve le secret de ma '{orce, ce n'e'st
. pas 'd'amertume, ne te mords pas les levres, ne serre pas
LUTTE ET AIE CONFIANCE 2°7
même pas dans mon bras, c'est dans mon sang. Il, ,
Dans un sang pur e~ sain, qui n'a pas été contammé
par l'impureté. . .
Qu'il soit donc ton idéal Godefroid de Br:wllo~.
l'illustre chevalier chrétien qui ayant fendu Jusqu à
la 'ceinture son adversaire d'un seulc~up, ~'épé~,
leva la main en haut et s'écria: Cette mam n a Jamais
1(
ëté 8o~illée par un péché d'impureté ».
L'endurance dans la douleur.
Apprends aussi à supporter d'une .âme forte la
douleur physique et morale. Il ne conVient pas à un
caractère viril de çémir en grinçant des d~nts dans
les plus ou moiI).8 grandes adversités de l'eXistence ,ou
JOUS les coups du sort, et de les supporter bon gré
mal ' gré, mais il faut les utiliser et employe.r nos forces
i
à la construction harmonieuse de notre Idéal moral.
Si tu as mal aux dents, si tu es malade, si quelque
chose ne réussit pas à ton gré, si tu es .victime d'~ne
injustice, d'une réprimande non méntée,. - n e~
sois pas découragé ni attristé. Le ·païen Éptctète avaIt
déjà découvert que la morti·fication et la souffranc.e
sont le chemin de la vertu. Il. Abstine, sustt'ne » était
sa devise. En effet, il tombe t'rès facilement dans. le
péché, celui qui manifeste une indifférence, passlv.e
devant les instincts et les forces qui sont caches en lUi.
Zfforce-toi· donc d'intervenir activement dans to~tes
ies circonstances de ta vie; si tu as des ennemis, 51 tu
..., malade si tu es oublié, si on te tracasse, n'en ressens
... 0 , ,
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
LUTTE ET AIE CONFIANCE
les poings, mais efforce-toi de tirer profit de tout cela.
, . . ne sait rien refuser aux
Du profit? Comment? En utilisant ta tristesse pOur ou de friandIses, celUl qU~oit tout naturellement son
-éduquer ton âme. Lorsque le lourd marteau frappe exigences de son esto.mac'd âme Dis-moi, mon
le fer rougi au feu, il en fait de l'acier; et lorsque les d . le maitre e s o n . .
corps evemr " b e a u jour tu sortaIS
·coups de la vie te frappent brutalement, ne les endure fils, qu'est-ce que tu diraIS, SI, Ut nnnement les cochers
pas avec un sentiment douloureux d'impuissance et t oyais avec e 0 ~
dans la rue e v vaux assis sur le siège.
.d'abdication, mais relève ton front et utilise ces miseres attelés à la voiture et les ç~e r le trône au-dedans
pOur donner une formation idéale à ton caractère. d de faire asseOIr su 1
Prends gar e , 'Il dont l'obéissance est a
Celui qui apprend ainsi à faire profiter Son âme des de toi cette nature mater;e.e l'âme qui est appelée
événements de sa vie physique ne trahira jamais son règle et ne mets pas sous e Joug
âme pOur ses penchants charnels, à commander.
Efforce-toi de bIen faire ce qui t'est demandé.
« Age quod agzs ». Si un jour la vie t'est amere et pénible, Un genre de vie hygiénique.
<lu moins ne supporte pas avec amertume l'épreuve
(qu'Il t'est impossible d'éviter), mais avec une grandeur
<l'âme que rien ne peut briser ' - utant que ce1a d epen , d de toi-
, .
Tu feras bIel)l a , ime alimentaIre.
Ne crois pas que par l'utilisation voulue de la force de régler raisonnablemenlt ton r~ngsolent et délicat;
, nd e corps 1
éducatrice de la douleur tu gâtes les joies de tes années Trop de nournture re
e sage
'~nce tu obtiendras que
temp,- ra .
<le jeunesse. Au contraire, tu te forges une cuirasse Par contre, par un t . de moins en mOInS
·d'acier pour l'avenir. 1 f mulent en 01
les désirs charne s or, , ., excite les nerfs;
Apprends' - Surtout à l'âge ingrat si porté à l'entê- - , L nournture eplcee . N
d'eXIgences. a" 'béissent pas facilement. e
tement - à plier devant la volonté des autres, si or, des nerfs eXCItes n 0 f ant beaucoup d'albu-
pénible que cela soit pour ta nature . obstinée. d' r ents ren erm ,
mange pas'b coup a lm d e Vlan' de , surtout le soir. Prefère ,
Respecte ton corps, mais ne le gâte pas. Rappelle-toi
mine, m eau ' 1 pâtes Surtout SOIS
au SUjet de ton corps la parole profondément vraie ' rts les frUlts, es . d
les legumes ve, 'Celui qui est sobre ans
de saInt FrançOIS d'AssIse, qui appelait le corps cc frére oIr
très sobre au repas du sd : r lui-même « modicus
le mange~ est ~~ on as te coucher aussitôt ap~es
.âne ,). Donc un frere 'J, non pas un ennemi; il est un
I( b mé eCIn pou ,
compagnon sur la route de la VIC, un précieux trésor, cibi, medzcus szbz », Ne va p r mais après au mOInS '
tout Comme l'ünc est un compagnon précieux pour le le souper avec un estomac remp \oute étude sérieuse
voyageur It<llkn; mais t1 n'cst pOurt::ll1t qu'un cc âne », deux ou trois heures, et cesse
donc non pas un m,tÎtn:, c'est un scrviteur, fait non pas t de te coucher. . d
une heure avan. rès prends le mOInS e
pOur commander, m:!lS pOur ob(ir. Cdui qUl soigne Au repas du sOir ou aP 'te coucher prends tes
"trop bi('n son '::0rps, k bourre sans cesse de nourriture 'bl et avant d e .
liquide pOSSI e, . , . des interValles de trOIS
précautions; dans la Journee, a
210 LUTTE ET AIE CONFIANCE
à six heures. ~l importe que tu ailles à la selle régu-
lièrement. Le corps humain est comme un poêle :
il faut l'alimenter, pour qu'il chauffe. On alimente
le poêle avec du charbon et notre corps avec de la
nourriture. Le charbon se consume vite dans le four-
neau, la nourriture se consume lentement dans le corps.
Une petite partie des produits brûlés part comme
fumée dans la cheminée, mais la plus grande
partie reste comme cendre sur la grille du fourneau,
et chaque jour il faut l'enlever, sinon la grille s'en-
gorge et le feu s'éteint. Dans notre corps aussi se
trouvent beaucoup de matières consumées. Une
petite partie de celles-ci s'en va par les pores de.la peau
comme sueur (c'est pourquoi il faut nettoyer les pores
par des bains fréquents, c'est-à-dire les tenir ouverts).
Mais la plus grande partie des matières inutilisables -
ce que le corps ne peut pas s'assimiler - reste en nous
comme la cendre. Il faut sans faute nous en débarrasser
chaque jour (de préférence chaque matin), car autre-
ment cela pourrait être une cause de troubles, de maux
de tête 'ct même de maladies plus graves. En cela aussi
fais preuve de régularité. Si tu vas régulièrement
à la selle et n'y manques pas un seul jour, tu contribueras
beaucoup au développement de ta santé.
Bien des jeunes gens sont fort insouciants à ce sujet,
parce que personne n'a attiré dessus leur attention.
Ne bois jamais dans ta jeunesse de boissons alcooliques.
La plus grande partie des actes immoraux sont commis
par suite d'abus des boissons alcooliques. Ce n'est
pas sans raison que la Sainte Écriture nous avertit:
« Nolite inebriari vino, in quo est luxuria » (Éphésiens, v,
18), ne vous enivrez pas, car l'ivresse mène à l'impu-
reté. Et dans un autre passage : « Le vin mène ~. la
LUTTE ET I\mCONFIANCE 211
luxure et l'ivresse pousse au tumulte; quiconque s'y
adonne n'est pas sage» (Proverbes, xx, 1). Les Romains
déjà savaient que là où Bachus. le dieu du vin, fait son
entrée, Vénus, la déesse de l'impureté, ne tarde pas à
paraître. Et combien de jeunes: gens qui, durant des
années, avaient su par un labeur héroïque garder l'inno-
cence de leur âme, l'ont perdue, lorsque, échauffés
par le vin, leurs instincts ont donné l'assaut à leur
volonté affaiblie par le vin!
Bien des jeunes gens ont perdu la raison par la
boisson et ensuite la même nuit aussi la pureté de
leur âme.
Hélas! qu'elle est terriblement vraie cette phrase
de la Sainte Écriture : « Fornicatio et vinum et ebrietas
auferunt con) (OséerIv, II), la luxure, le vin et l'ivresse
font perdre la raison.
D'une façon générale, n'oublie pas que le soin
exagéré et la suralimentation de notre corps excitent
fortement en nous les bas instincts. L'animal se révolte
en l'homme, lorsqu'il est trop choyé.
Que tes pantalons ne soient pas trop étroits, pour
qu'ils ne te serrent pas, car cela pourrait être une
cause d'excitation. Croiser les jambes en étant assis,
mettre les mains dans ses poches de pantalon, rester
longtemps assis (surtout sur un siège bien moelleux),
tout cela est aussi une source d'excitation. Le soir, ne
va pas te coucher tant que tu n'es pas las, et le matin,
dès que tu es réveillé, ne reste pas au lit. Que ta chemise
de nuit soit plutôt assez rude (donc ni trop souple ni
trop chaude, pas en laine) et aussi longue que possible;
qu'elle arrive au-dessous des genoux. Ne porte pas
de sous-vêtements en laine, leur chaleur exagérée est
une cause d'excitation. Porte des bretelles et non pas

212 LUTTE ET AIE CONFIANCE
une ceinture qui gênerait la circulation. Que ton lit
soit plutôt dur que doux, plutôt frais que chaud.
Fais-en seulement l'essai; plus le lit est dur, plus faci-
. lement tu tiendras ton corps en bride. Le but des cou-
vertures est de conserver au corps la chaleur que
pendant la journée entretiennent les mouvements et
les habits. Si tu lui donnes plus de chaleur que celle
qu'il avait dans la journée, cet excès de chaleur donne
aux nerfs une excitation fébrile et éveille de fortes
tentations. Le lit trop chaud et trop doux est une
source d'excitation des désirs sexuels. Mets tes mains
sur la couverture, si tu n'en as qu'une; l'hiver, quand
tu te sers de deux couvertures, mets-les entre les deux.
Prends soin de dormir dans un air pur. Si tu le peux,
,avec les fenêtres ouvertes; l'air frais est un bain pour
les poumons,. comme l'eau pure pour le corps. Comme
il se réveille, électrisé d'une force nouvelle, celui
qui dort dans un air pur (surtout en plein air)
à la différence de celui qu'il faut secouer le matin de
sa torpeur dans un dortoir embué. Couche-toi toujours
sur le côté droit. Non pas sur le dos, parce que la cha-
leur de la colonne vertébrale excite le système nerveux;
non pas sur le côté gauche, parce que tu comprimerais
le cœur. Le matin, après ton réveil, ne reste pas au lit.
Je puis affirmer comme une règle presque sans exception,
que celui qui reste quelque temps au lit après son
réveil commet pour ainsi dire inévitablement le péché
solitaire. Déjà le païen Horace posait cette question:
Les brigands se lèvent la nuit pour tuer les hommes,
et toi, tu ne pourrais pas te lever pour te sauver?
« Ut jugulent homines, surgent de nocte latrones,
Ut te ipsum serves, non expergiscaris? Il
(HORACE, Epître, l, 3).
LUTTE ET AIE CONFIANCE 213
Le diable est un grand seigneur, il se lève tard :-
disait un prédicateur. Lorsqu'il commenc~ sa tournee,
les hommes actifs sont déjà au travail depUIS longtemps,
il ne peut pas leur nuire. Mais ma:heur ~ux 'pa~esse~~
qu'il trouve au lit! Il les trompe, Il les sedUIt, Jusqu a
ce qu'ils soient devenus ses esclaves. ,
Le sommeil du matin n'est plus qu'un assouplS-
sement, où la volonté est comme du beurre f~n~~,
sans résistance elle tombe au pouvoir de la besttahte.
Celui qui reste au lit une fois éveill~, repose sur l'oreille~.
du diable. Si tu n'as rien de pressant, dors aUSSI
longtemps que tu pe'Jx; mais si tu es éveillé, descends
vite du lit. C'est là une règle importante, même pend~nt
les vacances, même si rien d'extraorpinaire ne t'obhge
à te dépêcher. Lave-toi à l'eau froide. N.e crains pas
l'eau froide. Si tu le peux, fais chaque matm, la, f:netre
ouverte, un quart d'heure d'exercices. physlques;
ensuite, lave-toi tout le corps à l'eau frOlde,!u tou:
au moins le haut du corps,et après t'être séché frotte-toI
énergiquement avec la main. Cette gymn~stique
matinale et ces ablutions froides fortifieront beaucoup
ton système nerveux.
Fais particulièrement attention,. mon cher ,fils,
si la maladie t'obligeait à rester au ht quelques JOurs.
Durant ta maladie, occupe-toi avec quelque chose ·de
facile (en priant, en lisant); car c'est un fait bién triste
que beaucoup de jeunes gens co~mette~t ~ans leur
lit de malade. des péchés de pensee ou d actlOn, alor~
qu'ils attendent de la bonté de Dieu justement la sante
du corps.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
Ne sois jamais oisif!
Ce n'est pas sans raison qu'on appelle l'oisivetê
l'oreiller du diable. Je ne puis assez te donner cet
avertissement: ne sois jamais inactif. Même en vacances.
Quand je me promène en montagne, je m'arrête
toujours avec émotion pour rêver au bord d'un de
ces ruisseaux qui descendent en serpentant. Quel
travail réalisent ces filets d'eau! Comme ils creusent
sous terre! Comme ils percent le roc, comme ils se
frayent leur lit! Ils n'ont pas de repos, pas un instant
d'arrêt. Et bien qu'ils sortent d'un sol boueux et char-
r.ient. des débris de roches, leur eau est cependant
lJmpIde comme du cristal. Mais lorsqu'ils arrivent
dans la plaine où tout va de soi-même, Où il n'y a
~Ius « tant d~ ttavail )J, ils deviennent paresseux,
s étalent et deVIennent marécageux. Mais il vaut mieux
ne pas dire quelle flaque fangeuse, fétide devient le
ruisseau le plus pur, quand ses eaux s'arrêtent dans
les profondeurs d'un étang.
L'inaction, l'immobilité sont des signes de mort
dans la nature et des promoteurs de ruine dans la vie
de l'âme. Tant que le jeune homme par un travail sérieux
perce et brise les rochers qui se dressent sur le chemin
?e la vie, tant que par un travail plein de sacrifices
11 se fra~e une route vers un bel avenir, son âme peut
plus facIlement rester pure. Mais le danger de tomber
est proche, lorsque cette jeune force âu lieu de travailler
sérieusement, s'arrête dans l'indolence et la paresse.
Ce n'est pas sans raison qu'Ovide constatait: « Venus
otia amat », la fainéantise entretient l'immoralité.
LUTTE ET AIE CONFIANCE 21 5
Lorsqu'une très forte tentation t'assaille et que
tu crains de ne pas pouvoir résister au péché, ne reste
pas seul. Lève-toi immédiatement, quitte ta chambre
et va près des hommes, près de tes pa~ents, .près de
tes frères. C'est ce que recommandaIt Ovzde, pa~
ailleurs assez frivole :
« Quisquis amas, loca sola nocent, Joca sola c.:avete 1
Quo fugis ? In populo tutior esse potes. »
Un autre distique fait la même recommandation :
Si tu te trouves en présence de Vénus (l'immoralité)
que faire? Ne reste pas assis, mais va-t-en, pour ne
pas périr à cause d'elle.
«Quid faci es, facies si Veneris veneris ante?
Ne sedeas, sed eas; ne per eas pereas! »
Ou bien la meule broie du bon grain, ou bien si ~lle
n'a pas de grain, elle se broie elle-même; l'âme humame
aussi se gâte eI~e-même, si elle n'est pas employée
à un travail utile. Sois donc particulièJ;ement sur tes
gardes, pendant les grandes vacanç~s, où tant de
jeunes gens non seukment font brumr leur ?eau p~r
le soleil (ce n'est pas un mal, c'est très sam), maIS .
noircissent leur âme dans la boue de l'immoralité;
La perdition de beaucoup de jeunes gens a com~enc~
par l'oisiveté durant les grandes vacance.s. CelUI. qUI
ne fait rien apprend à mal faire; et la Samte Écnture
dit fort justement : « L'oisiveté enseign~ .b.eau;oup
de mal » (Ecclésiastique, XXXIII, 29). L OISIvete est
\ particulièrement dangereuse pe~dant le, repos. apr~s
Je repas de midi, car après aVOIr mange on est plus
 216
LUTTE ET AIE CONFIANCE
'LUUEET AIE CONFIANCE
facilement porté au éché D
sauf si tu es maladeP _ . ~, meme prends garde -
A

~ un travail precieux 'cet' excédep.t , d'energie~ Plus tu,

éveillé, car la chal eu d~ t etendre sur un lit étant dois lutter fortement contre tes instmcts, plus tu te
, r excIte la colo ',
par eUe les bas . t' nne vertebrale et liVreras avec ar4eur au travail; noie réellement dans' le
, ms mcts. Ce n'est .
qu un proverbe dit : (( le diabl pas sans raIson travail ta surabondance de forces vitales. Car c'est par
du travail à ceux quO r c: se charge de donner 'là que tu te prépareras le meilleur avertir.
1 ne lOnt rIen L'â h .
veut constamment une .». me umalne
en activité et si . OCC?atlOn, eUe est sans cesse
d'ordinair~ des ~~ ~eune o~me ne fait rien, il fait Aime la nature.
à l' '. é P es, car la Joie de vivre condamn'
OISIvet percera comme un abcès dan 1" • e,e
La pensée mène au d" 1 dé s ImmoralIte. Je vais encore te poser une questioh': Aimes-tu
. eSlr e sir à l' l'
rume, à ,la perdition (( L' . acte, acte à la la nature?
qoi préserve de la co~ru t~ travaIl est le sel de la vie Tout homme peut trouver une Joie inépuisable, dan,s
par le travail les eXI' p tOnd» (Tompa). Étouffe donc les beautés de, la nature; mais personne ne peut ' s,e
gences e t ' .
penchants F' · ,. es mstmcts et de tes sentir l'âme inondée de Joies plus pures à Iawe des
, aIS n Importe quoi '.
occupé! - malS SOIS toujours isplendëurs de la nature en fleur que, la jeunesse.
Que chaque adoles t ' ,Aimes-tu à respirer à pleins poumons l'ait pur et 'sain ,
,qui lui procure, le I~en aIt S?~ occupation préférée des forêts? Aimes..tu écouter le bruissement de l"insecte
utilise son excédent Pd ~ de pl,alsIr et dans laquelle il au bord du ruisseau silencieux qui chemine dans la
e lorce vItale L' ,
pour Son herbier ' un est passtOnné plaine déserte? Aimes-tu 't\étendre sur ,le vert et mol .
, un autre pour 1 d '
troisième s'adonne à d ' . e ecoupage, un gazon et recevoir le sourire, care.ssant des rayons du"
à la photographie. Un :~t~:p~~~nces de, physique ou soleil? Aimes-tu, rêvant au pied d'un b\lisson, écoutèt
lapins, tel au'tre coll t' e des pIgeons ou des le chant du rossignol, les trilles de l'alouette? Aimes-tu
, ec tOnne des .
fait du J'ardinage D' , pIerres, un autre à plonger inlassablement tes yeux dans les profondeurs':
, autres s adonn t ' 1"
langues étrangères 0 b' r en a etude des cristallines d'un lac de montagne en te disant .: le$.
, u len lont de l '
la reliure ou simplement d 1 d' a musIque, de profondeurs de m:n âine peuvent a.ussi être purè.s
En e a ra tO, etc,
tout adolescent bien '1 ' comme le cristal? Aimes,- tu à bercer ton âme ati rythme
excédent de r orce C portant, 1 y a certainement
li s, eux qu'e t A 1 du murmure d'un ruisseau? Aimes-tu à chanter dans.
monde gaspillent le r n rame e courant du le vent qui emporte doucement ta chanson? Ainî,es-tu-
. urs lorces dans le é h' C
,qUI au contraire réf!' h' P c e. eux ;\ grimper le visage enflammé sur les montagnes et-à
d'actif qui apparaît dec Issen~ savent que ,l'excédent épancher en chants joyeux lè bonheur qui surabonde
dilapidé, mais qu'il es:n~S~~le ~dget n~ dOIt pas être dans ton âme? Aimes-tu la nature? Ou bien préfères-tu
une autre rubrique p d' e le faIre passer dans piétiner chaque jour l'asphalte des trottoirs et respirer
,en autres termes d'employer
l'air vicié des rues?
 2y8
LUTTE ET AIE CONFIANCE
La vie d'étudJant est évidemment sédentaire. Mais
ce confinement continuel affaiblit l'âme. Aussi quand
tu en trouves l'occasion, sors de ta chambre et va dans
les bois, dans les montagnes. Un jeune homme bien
portant ne peut pas rester tranquillement dans une
vallée, lorsqu'il voit la montagne devant lui.
En effet tu constateras que quand tu as baigné dans
le flot d'air pur de la forêt tes poumons, ton cœur,
tes nerfs, pendant une paire de jours, l'étude te devient
plus facile .. Tu n'as pas fortifié seulement ta santé
physique, mais ton énergie morale est devenue plus
souple et plus résistante.
. L'adolescent qui ne sait pas prendre part aux jeux
Joyeux de ses camarades, mais reste maussade et rêveur
à l'écart, qu'il aille voir le médecin, car il est malade
ou plutôt qu'il aille trouver son directeur spirituel,
car son âme est malade. Il est ridicule qu'un homme
mûr se conduise comme un enfant, mais il est bien
p1us ridicule qu'un jeune homme se donne un air
important et prenne une mine vieillotte.
Les jeu'nes gens, qui par leur ardeur au jeu ~eurs
chants joyeux brisent le calme des forêts, me sont
cent fois plus chers que ceux qui se traînent dans les
rues ou restent assis tristes et moroses derrière leurs
fenêtres, les reins et l'âme brisés, et qui sait ce qui se
passe dans leur tête.
Mon idéal, c'est l'adolescent bien portant gai
déb~rdant de force, au cœur ardent, à l'âme vib~ante:
qui sait rire de tout son cœur, l'étudiant au sens
moral délicat, qui a confiance en lui, mais sans présomption
L'U'lTEET AlE CONFIANCE 219
Quelques conseils médicaux.
En 1932; s'est tenue à Budapest une expositi?n
id'hygiène sociale, L'association médicale hongrOIse
!d'éthique sexuelle y affichait entre autres choses deux
tableaux dont tous les mots sont dignes d'un esprit
médical sérieusement chrétien.
Sur le premier tableau on pouvait lire :
LéS · dix commandements de la continence
J: Ne mange' pas trop à la fois. Soupe trois heures
avant ton coucher; prends à ton souper des aliments
-légers et faciles à digérer.
2. Ne bois pas de liqueurs fortes, ni trop de thé ou
de café fort; ne mange pas d~ mets fortement épicés
ni beaucoup de viande.
3. Va régulièrement à la selle tous les jours, car
:ta constipation empoisonne le sang. 1.
4. Dors dans une chambre fraîche, sur un matelas
<lur, sur le côté droit, avec une couverture légère; .
ne te sers pas d'une couverture trop chaude et jamaIs
d'édredon.
5. Évite de rester au lit le matin; lève-toi, dès que
tu es éveillé; prends garde à la mollesse.
·6. Veille particulièrement à la propreté de la peau,
lave-toi au moins le haut du corps, baigne-toi le plus
·souvent possible. Un bain tiède le soir procure un
sommeil paisible.
7. Donne-toi beaucoup de mouvement, aime la
nature, pratique un sport sans danger, fais chaque
jour au moins une heure de marche.
 .2 20 LUTTE ET AIE CONFIANCE
8. Fuis les livres, les revues, les tableaux obscènes
les compagnies aux propos immoraux, les lieux d:
divertissements et les danses immorales.
9· Efforce-toi de créer en toi et autour de toi une
atn:osphère de pureté morale, c'est le plus Sûr préser-
vatIf des tentations:
10. Demande à Dieu de Lui être intimement uni
p~ends des résolutions, compte sur la grâce Divine:
VIS dans la conviction de la présence de Dieu.
L'autre tableau était ainsi conçu:
Les dix commandements du mariage.
1. Dès que ton corps est suffisamment développé
/et ~ue tu es dans les conditions matérielles pour entre-
tenIr modestement une famille, marie-toi le plus tôt
possible.
2. Emploie tes années de jeunesse de manière à
.être le mieux préparé possible aux grandes luttes
de l'existence.
3· Avant le mariage, dépense le moins possible en
amusements et mets de côté l'argent ainsi épargné
pour fonder ta famille. Ne bois pas de liqueurs fortes,
ne fume pas.
4· N'envisàge pas le mariage comme une source
de joui~sances: où tout est permis, car la vie conjugale
a ses dlfficuItes, ses tentations, ses luttes.
5· Le ~ariage entraîne de graves obligations pour
tout~ la VIe, une foule de devoirs, c'est un champ de
bataIlle pour un caractère viril. i Un père et un ami,
6. Ne choisis pas la compagne de ta vie à cause
,des avantàges matériels, car une mauvaise admiilis.
tration ou la malchance peuvent faire perdre même
LUTTE ÈT AIE CONFIANCE 221
'ùne grande fortune. Tu baseras ta vie matérielle sur
Je travail et l'économie.
7. Que les avantages physiques ne soient pas pour
toi le principal, car la beauté se fane et même quand
,elle existe, c'est un trésor d'une valeur doùteuse, car
·dle va de pair avec bien des tentations.
8. Dans ta compagne cherche les qualités morales,
la fidélité, l'amour du travail, l'économie, la tendresse,
la patience, la pureté - et aie toi-même les mêmes
·vertus.
9. Aussi ne te précipite pas pour choisir ta com-
pagne, apprends à connaître à fond celle que tu as
choisie dans la vie journalière et ne prends pas ta
·décision sur une impression d'un moment.
10. Que la durée de tes fiançailles ne soit pas trop
' longue, évite les fréquentations impures, prépare-toi
.avec une sainte gravité à la grande tâche qui t'attend.
L'union harmonieuse de deux âmes qui croient en
Dieu.
Tu peux voir que la science médicale sérieuse
prescrit et réclame tout ce que la morale chrétienne
,t'impose pour la tranquillité de ta conscience et le
,développement de ton caractère.
Le dixième article de chacun de ces tableaux soulève
une pensée sublime dont j'aimerais maintenant parler
avec toi plus en détail: c'est le rapport entre la religion
·et la pureté.
Cherche-toi un père spirituel. Ne discute jamais
,des choses sexuelles, jamais avec tes camarades. Si

222 . LUTTf. ET AIE CONFIANCE
un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous les,
deux dans le foss·é. Comment pourrait-il te donner'
de.s é~laircis,se~ents sur ·ce grand problème celui qui
lUl-m~me gemlt sous le poids de questions semblables.
et qUl probablement a puisé ses connaissances à des
sources . s\.lspecte~, dans · une littérature de bas étage
et des conversations du même genre. Ces camarades.
« au courant » parlent ordinairement si brutalement
• ."
SI. grosslerement et si légèrement de ces choses infi-
mment sérieuses, qu'après leurs conversations ton
âme e~t encore plus inquiète, ton imag'ination plus:
troubl:e et, davantage remplie d'images excitantes.
La Samte Ecriture dit fort justement: « Ne consulte,
pas un ~o~me sans religion sur les choses saintes, un
homme mJuste sur la justice, un lâche sur la guerre,
un homme malhonnête sur l'honnêteté, un esclave
,paresseux sur une grosse besogne; ne les écoute pas.
pour aucun conseil. Mais interroge fréquemment un
ho~e pieux, celui que tu connais pour marcher dans.
la cramte de Dieu » (Ecclésiastique, XXXVII, 12-15).
. ~e ch:rche pas la réponse à tes doutes dans les.
dlctlOnnalres et les soi-disant livres de médecine.
Ceux que l'on vend sous ce titre sont généralement
des brochures qui ne veulent pas fournir un ensei-
~ne~ent. sérieux, mais excitent plutôt les jeunes.
ImagmatlOns déjà si inflammables. Sur ce terrain
cox:nm~ j~ l'ai rappelé maintes fois, ce n'est pas la scienc;;
qUl de:lde de l'issue du ' combat, mais la volonté.
~uelqu un p~ut connaître le fonctionnement de l'orga-
msme hum~m et les dangers qui attendent ceux qui
e~ abus~nt J~sque dans les derniers détails, il pourra
neanmoms s abandonner à une vie immorale, s'il n'a
pas une volonté forte formée et avertie.
223
LUTTE ET AlE CONFIANCE
Cependant je te recommande de ~e p~s rester seul
avec tes doutes. « Malheur à <:eIUl qm est seul -
lisons-nous dans la Sainte Écriture - car s'il tombe,
il n'y a persoi1Ile pour le relever » (Ecclésiaste, IV, la).
A qui donc demanderas-tu des éclaircissemen:s,
si des doutes sérieux t'envahissent? En tout premier
lieu tu interrogeras ton père ou ta mère ou ton pro-
fesseur de religion ... Si tes parents n'ont pas le temps
.ou si tu crains de ne pas être tout à fait franc avec eux,
t,
tu peux ' toujours t'adresser en pleine françhise .à. un
prêtre quelconque ou à ton prof~sseur de ~e1lg~on.
Mais sois tout à fait franc avec lm et tu sentiras que
rien qu'en lui disant tes luttes, tes doutes, ton âme
est déjà soulagée ~t à moitié victorieuse. Ne pense
pas qu'il abusera de ta confiance, en ouvrant toute
grande ton âme en effervescence devant lui. ~l n~ te
méprisera pas à cause de tes luttes, au contraIre Il se
sentira honoré que tu lui exposes si ouverte~ent t?n
état d'âme. 11.sait que s'il ne répond pas à tes dtflicultes,
tu te procureras ailleurs une réponse" dont ~~ n: seras
pas satisfait. Il sait que dans les luttes de 1 age Ingrat,
tu erres à l'aventure C9mrne un voyageur égaré sur
la route par une nuit· sans étoiles. ~ais ~e q~e tu
IJlent
apprendras de lui, ne le colporte pas lllcons:dére
à tes camarades; ,rappelle-toi que cette conn~lssanc~ est
. un trésor sacré qu'il serait peut-être premature de
révéler aux autres; que tu as un couteau bien tranchant
qUi .ne te blesse pas, mais qui peut être dangereux
'pour tes··èamarades.
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
LUTTE ET AIE CONFIANCE 225

de se tromper, mais reëonnaître son erreur avec la

Aux sources d'une vie nouvelle. volonté, de se corriger est une marque de courage viril.
Quelles précieuses sources de forces jaillissent dans
Mais tout d'ab d t · ton âme, lorsque tu t'agenouilles au confessionnal et
cl or u as un mappréciable secours
ans. les luttes de ta jeunesse: la confession et la com- que tu ouvres ton âme palpitante. Tu découvres les
munIOn. Je ne
ces ' '" veux pas te parler plus en d e'tal'1 Sur manifestations les plus secrètes de tes passions, l'action
. p~ls"ants moyens d'éducation et de contrôle de destructrice commènçante de tes péchés, la tempête
SOI-meme de f d l'
.' orce, e re evement et de protection furieuse de tes tentations, les plaies vives de ton âme,
Le petIt e~fant a peur de l'eau; l'enfant s iritu 1 . devant ton confesseur qui, non seulement avec la
peur du bam de l'âme. Ceux ui ne sont p e a mansuétude du Christ et la force guérissante de l'amour,
spirituellement déve10 ' f ' q pas encore
ppes nssonnent avec épouvante non seulement avec une véritable compassion, avec
'd evant 1a confe " '.
, . SSIOn, maIs Je suppose que toi, tu sàis charité et expérience, mais avec une force curative
appreCler la force profondément éducat' d 1 émanant d'une sublime mission divine, touchera tes
f ' N Ive e a con-
f e~sIOn. on seulement tu l'apprécies, mais tu en
, aIS usage' de t ' ,
plaies.
Un cor '. . ol-~eme et non pas par -contraintè, « Voilà, mon père, contre quoi j'ai péché, j'ai tombé
t ps mtoxlque ne peut trouver de tranquillité tant de fois; j'ai fait tel et tel effort. Que faire pour
a~t que le poison n'en a pas été chassé; Ou bien si 1~ devenir plus fort? Que faire, car moi aussi je veux
pOIson y reste, le corps dépérit Elle ,. d ' m'affranchir du péché? » Et alors tu écouteras les avis
l'â . . penra e meme
~e, qUI gar?e en elle-même les matières empoisonnées d'un guide spirituel expérimenté, et quand tu sortiras
qUI s y sont ,mtroduites, c'est-à-dire le péche' PI du confessionnal, ton visage brillera comme les cierges
lutt . 1 . us tes
es sont VIO entes, plus tu dois te confesser souvent à la messe de Minuit, tu respireras longuement, un
autant que POSSI'bl e toujours auprès du A
' ,poids immense est tombé de ton âme. Maintenant,
confesseur, ' meme
grâce à Dieu, je vais commencer une vie nouvelle.
Mais confesse-toi avec sincérité _ t l -f ' Je ne retomberai plus dans mon ancien péché. Non,
1 rd' " e a J erme reso-
u zan e t ame/zorer, Dès l'instant ou' tu non! Jamais!
lutt d , exposes tes
es evant
, ton '" f aIt
,. pere spirituel tu as d eJa ' un grand Qui pourrait énumérer tous ceux que la confession
pas vers 1 amellOration, car tu as triomphé des ré u- et la communion qui l'a suivie ont sauvés d'un terrible
gnan ~es de ta nature par une démarche dont elle pne esclavage? J'aimerais beaucoup, mon cher fils, que
vou laIt pas Tu t . tu fasses ton' profit du conseil suivant : Celui qui, dès
l'"epme T' Y rouves une mam paternelle qui ôte
T . u y trouves un baume qui g~érit ta blessure sa jeunesse, dans son adolescence et toute sa vie,garde la
"'''~ y tro,u~es un père!?dulgent qui presse aVec joi~ belle habitude de se confesser tous les mois volontairement
c sa pOltnne le fils qu Il croyait perdu. II est humain et at'eC joie, celui-là, je ne suis pas inquiet pour son iÎme.
J) est possible qu'il trébuche quelquefois) il est possîble
 LUTTE ET AIE CONFIANCE
même 'qu'il tombe, - mais il se relèvera et ne restera
pas dans son péché.
Le Seigneur est avec moi.
"' ~~'.,
L'organisme peut vaincrè les bacilles de la maladie,
si un sang nouveau et chaud passe dans tout le corps
et vivifie jusqu'aux plus petites cellules. De même
les bacilles des malaéiies morales disparaissent de ton
âme, lorsque, après la sainte communion, le sang sacré
de Notre Seigneur Jésus-Christ circule en toi et que
le front caché dans tes mains tu adresses au Christ
qui vit en tOI cette délicieuse prière: « Ame du Christ,
sanctifiez-moi. Corps du Christ, sauvez-moi. Sang
du Chri~t, enivrez ~ moi. Eau du côté du Christ, lavez-
moi. Passion du Christ, fortifiez-moi. 0 bon Jésus,
exaucez-moi. Dans vos plaies cachez-moi. Ne permettez
pas que je me sépare de Vous. De l'èspritdu mal
défendez-moi. A l'heure de la mort, appelez-moi.
Commandez que je vienne à Vous, afin qu'avec vos
saints je Vous-·loue dans les siècles des siècles ».
Sainte Thérèse voulait bâtir un cloître, mais elle
n'avait que trois sous. Elle dit: trois sous et Thérèse,
- c'est peu. Mais trois sous, Thérèse et le bon Dieu,
- c'est bien trop. Et le couvent fut construit.
. Toi aussi, tu veux élever dans ton âme le temple
le plus beau à Dieu. Peut-être as-tu déjà souvent essayé,
mais cela n'a pas été. Tout seul, j'en suis incapable.
Mais avec ma bonne volonté et l'aide de la grâce de
Dieu - je réussirai. Ce n'est pas sans raison qu'un
vieux proverbe dît: cc Dea favente navigas vel vimine )l;
si Dieu gonfle la voile, tu travers~ras l'océan, même
LUTTE ET AIE CONFIANCE 227
dans un panier. Prends donc le plus souvent possible
« le pain des anges )l, « le pain des forts
)l, Notre .Seigneur
Jésus-Christ dans la sainte communion. ReçOiS le plus
souvent 'possible le Seigneur dans ton âme, dans ta
barque, et quelle que soit la violence de la tempête,
prie comme les apôtres dans leur barque chassée par
la tempête: cc Domine, salva nos, perimus! - Seigneur,
sauvez-nous, nous périssons. )l (S. Mathieu, VIII, 25)'
Les convictions religieuses sincères sont du reste le
meilleur appui dans nos luttes continuelles pour la
pureté de notre âme. Devant tout le m~n~e se dr~sse
cette question : « Pourquoi donc ne SUiS-Je pas lIbre
de faire ce que la nature me demande si souvent et
si instamment? » Et seul peut y donner une réponse
satisfaisante et encourageante celui qui comprend
qu'au-dessus de la nature, il y a l'ordre surnaturel et
que le devoir le plus sublime de la vie de l'homme est
d'y parvenir.
De même que du centre d'un cercle, un chemin
tracé dans toutes les directions imaginables conduit
à sa circonférence, de même toutes les manifestations,
tous les événements de ta vie, te mènent au grand centre
du monde, à Dieu. Efforce-toi donc, mon fils, de
nouer avec Notre Seigneur Jésus-Christ une amitié
aussi intime, aussi profonde que possible. En toutes
choses, tourne-toi vers Lui avec un amour sincère et
vivant. La personne du Christ n'est pas une image
quelconque du passé, mais Il est aujourd'hui encore
et Il sera éternellement ton Sauveur qui fait rayonner
la vie, aime et fortifie ton âme. Donc, n'oublie pas qu'Il
n'est pas devant toi comme une image effacée, mais
qu'Il est la Vérité vivante, avec laquelle tu dois discuter
chacun de tes projets, vers laquelle tu dois tourner
 228 LUTTE ET AIE CONFIANCE
toutes tes espérances et dont tu sais qu'Il se réjouit
avec ,toi de toutes tes victoires et qu'Il s'attriste de tes
chutes éventuelles.
,J Tout adolescent désire une amitié idéale; c'es~ d'elle
que naît aussi le' premier amour. Si je puis m'exprimer
ainsi, que le Christ soit ton premier amour; c'est en
vain que tu chercherais au monde un idéal plus noble,
un ami plus sûr, un protecteur plus puissant que Lui.
Habitue-toi à cette pensée que Notre-Seigneur est
partout et toujours avec toi. Du grand matin au soir"
Il t'accompagne partout : dans la rue, en classe, au '
jeu, au cinéma, quand tu étudies, quand tu es seul,
quand tu t'amuses, et lorsque le soir tu vas te cou-
cher, II s'assied au pied de ton lit, te regarde avec
amour et te félicite; Mon fils, aujourd'hui tu as bien
combattu.
Apprends à prier dans cet état d'esprit. Dis-moi,
mon fils, as-tu l'habitude de prier régulièrement?
Régulièrement! C'est-à-dire matin et soir, mais de bien
prier; avec piété, avec amour, de tout cœur, de toute
ton âme. Si tu n'arroses pas les fleurs, ellcs sèchent;
les fleurs de ta vie morale se dessécheront aussi, si
tu ne les arroses pas régulièrement avec l'eau pure
de la prière. C'est en priant ainsi que tu sentiras la
réalité de l'éternité, c'est en priant ainsi que tu t'age-
nouilleras devant le trône du Tout-Puissant où s'apaise
toute tempête, où se défont les rides de l'âme tourmentée
ou tout au moins où reprend courage celui qui lutte
Dis-moi, mon fils, sais-tu prier ainsi? Ne l'as-tu
encore jamais su? Alors apprends! En as-tu perdu
l'habitude depuis longtemps? Recommence. Mais
: pas demain! Aujourd'hui même. Aujourd'hui soir.
Et ensuite - toujours.
LUTTE ET AIE CONFIANCE 229\
Un homme désirait entre~ dans un ordre religieux
très sévère. Mais avant de l'admettre, on voulut .
i éprouver s'il avait la vocation. On le conduisit à la
i chapelle où il devait veiller la nuit pendant des heures.
1 On lui montra le réfectoire où il devrait plus jeûner ,
~ que manger. Il essaya le lit bien dur où il lui faudrait :
~ plutôt rester sans dormir que passer la nuit paisible- j
!ment A la fin on lui demanda: Eh bien 1qu'en pensez- .
~ vous? Avez-vous encore envie d'entrer? supporterez- il
'vous tout cela? Cet homme se contenta de demander:
iY aura-t-il .un cruci~ da?s ma ~llule.? .- ~ui. - 1
,Alors je crois que tout ua bIen -- repondIt-d, et Il entra ,
iau couvent. '.' . ·~.I.... ,~~, - '--' • .. .
Mon fils, -est-ce ' que tu peux aimer ainsi Notre-
rSeigneur? De sorte que quelles que soient les tentations
_ #
-qui eassaillent, tu puisses penser à Lui en disant :
Tout ira bien.
Sans le .secours de la religion, il n'est presque pas pos- ',
sible de rester.pur dans sa jeunesse. Celui qui voudrait ,
mener une vie pure sans la. religion, ferait comme :
celui qui voudrait voler sans ailes, tirer de l'eau d'un :
rocher, creuser un puits avec ses mains. Le sage roi :
Salomon faisait déjà cet aveu : « J'étais un enfant :
d'un bon naturel et j'avais, reçu en partage une âme !
bonne, mais dès que j'ai su que je ne pourrais avoir
la sagesse que si Dieu me la donnait, je me suis adressé
au Seigneur et je l'ai prié » (Sagesse, VIII, 12-21).
,Saint Augustin aussi constatait avec justesse que 1
'c'est l'amour de,Dieu qui règne ~ans ~o.tre âm~ oUl
bien la sensualité: « Regnat carnalts cuptdttas, ubt nO~J
est Dei caritas ». . --
On ne peut pas , mener une VIe pure, sinon avec '
 23° LUTTE ET AIE CONFIANCE
LUTTE ET AIE CONFIANCE 23 1
l'aide de Notre Seigneur Jésus-Christ ... per Dominum
nostrum Jesum Christum. Pourquoi je suis joyeux ? Je viens de parler à mon
père et il m'a permis de deven~r avocat. ,- .Très bien~
Regarde en face Jésus crucifié, comme le petit oiseau }
tu deviendras avocat. Et après r - Apres, Je gagneral
regarde sa mère qui vole au-dessus de lui. Sois le
. b~aucoup d'argent. - Soit, tu gagneras beaucoup
petit oiseau de la Pureté éternelle, sois son adorateur,
d'argent. Et après? - Après? répondit le jeune
porte toujours le Christ dans ton âme, et tu sentiras
homme, quand j'aurai beaucoup d'argent,. j'aurai
avec joie qu'avec Lui la pureté n'est pas impossible.
tout ce qu'il me faudra pour vivre tranqUIllement
Mon cher fils, quelquefois les tentations charnelles
dans ma vieillesse. - Et après? JJ demanda le
se jetteront sur toi comme un feu dévorant, comme
' . 1 saint. - Le jeune homme devint triste: « Après? répon-
une mer ecumante qUI veut tout engloutir; des minutes
dit-il lentement, après, il me faudra certainement
arriveront où tu croiras que toute autre pensée, tout
mourir. - Et après? demanda une dernière fois
noble enthousiasme, toute ambition sont morts en
le saint. Que t'arrivera-t-il après ta mort? » - Et dès
toi, que seule la vie animale · commande en toi et te
lors François Spazzara (c'était le nom du jeune homme)
mène à coups de fouet : à ces moments-là, seule la
vécut durant toute sa vie dans l'honnêteté et la vertu,
main puissante du Sauveur peut te tirer sain et sauf
du danger. car il n'oublia jamais plus qu'un jour il lui faudrait
rendre compte à Dieu de toute sa vie.
Je ne puis donc te donner un meilleur conseil que
Mon cher enfant, si rien d'autre ne peut te détourner
celui de sainte Catherine de Gênes à son filleul : « Que
de tes habitudes pécheresses déjà anciennes, réfléchis
Jésus soit dans ton cœur, l'éternité dans ton esprit,
à cette question infiniment grave : Et après? Que
le monde sous tes pieds, la volonté de Dieu dans tes
t'arrivera-t-il après? Lorsque tu auras à rendre compte
actes, et que par-dessus tout son amour brille en toi )J.
devant le Dieu juste qui sait tout et qui voit tout?
« Songe à tes fin dernières et tu ne pécheras jamais »,
dit la Sainte Écriture (Ecclésiastique, VII, 40). « Pour
cc Et après? 1).
·vivre dans la mort, il a vécu comme quelqu'un qui
devait mourir » - est-il écrit sur une vieille pierre
tombale : « Ut moriens viveret, vixit ut moriturus ».
Et si tout ce que je viens de dire n'a pas pu faire
Quelle profonde sagesse dans ces quelques mots.
sur ton âme assez d'impression pour te faire rompre
Souviens-toi que Dieu un jour te demandera compte
définitivement avec le péché, lis du moins cette petite
histoire, puis ferme le livre et réfléchis. non seulement de tes actions, mais de chacune de tes
moindres paroles, et même de te~ plus secrètes pensé~s.
Un jour, un jeune homme se précipitaavéc enthou-
Et ce Dieu t'a vu, alors que personne ne te voyaIt;
siasme chez saint Philippe de Néri. « Qu'y a-t-il donc
Il t'a vu dans l'obscurité de ta chambre à coucher;
que tu sois si joyeux? lui demanda le saint. _
Il t'a vu sous ta couverture; Il t'a vu dans ta cachette
 232
LUTTE ET AlE CONFIANCE

du jardin· Il a t cl
II a pe,' . en, eu u tes conversations secrètes.
rce tes pensees Mon fil '
souillé de Cor 'A· . s, veux-tu te présenter
comptes? 1>$ et dame au JOllr du grand règlement de
Non, n'est-ce pas?
Tu veux, n'est-ce pas,
pure! rester un jeune homme à l'âme

CHAPITRE VII
L'AME SOURIANTE.
LES YEUX ÉTINCELANTS

« Une conscience pure est une

sensation céleste; sans elle le trÔne
royal est un désert, avec elle,
même le chevalet et le gibet ne
sont pas terrifiants . •
(Comte Etienne SZÉCHENYI) .

•
Le Seigneur nous a laissé trois souvenirs du paradis
terrestre : l'éclat des étoiles, la beauté des fleurs et
les yeux étincelants d'un jeune homme à l'âme pure;
Et des trois, c'est le dernier le plus beau. Car le jeune
homme à l'âme pure est un héros. Un véritable héros
dont les luttes sont plus rudes que les batailles les
plus violentes, mais dont les lauriers ne sont pas souillés
par le sang de l'ennemi, mais dorés par le rayonnement ·
de l'âme humaine triomphante. Ce pur rayonnement, .
c'est la splendeur d'une conscience en paix. A la suite ··
de l'union intime qui existe entre notre corps et notre :
âme, la sérénité de l'âme se reflète dans notre corps, .
dans nos regards: l'âme sour~ante allume une flamme
dans les yeux.
 234 L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS
La plus grande victoire.
La plus grande victoire, c'est de pouvozr nous vaincre
nous-mêmes. C'est dans cette conviction que le paga-
nisme déjà comblait d'honneurs ceux qui pouvaient
soumettre à leur volonté le plus fort des instincts,
l'instinct sexuel. Et si loin que remontent les monu-
ments écrits, on rencontre partout chez les anciens
le respect de la chasteté. Cicéron écrit : « Nihil est
v irtute amabilius n, rien n'est plus aimable que la vertu .
A Rome était érigé un temple à la Pudicitia, la déesse
de la pureté, et Tibulle proclame fièrement : « Casta
placent superis n, la chasteté est agréable aux dieux.
Devant les Vestales romaines marchaient - signe d'un
grand honneur - des licteurs, comme devant les
consuls. Et si une Vestale rencontrait par hasard un
condamné à mort, il était grâcié. De même qu'-à Rome
les Vestales, de même les druides en Gaule et les
prêtres du Nil en Égypte étaient entourés de grands
honneurs à cause de leur chasteté. Le Sage de l'Ancien
Testament s'écrie avec étonnement ' :_ « Il y a trois
choses que je ne comprends pas et yne quatrième qui
me dépasse complètement : comment l'aigle vole à
travers les cieux, comment le serpent se glisse à travers
les rochers, .comment le navire flotte sur la mer - et
comment l'homme traverse sain et sauf les routes dange-
reuses de la jeunesse n (Proverbes, XXX, 18':19).
Aujourd'hui encore, même l'homme qui a glissé
sur la pente de 1'impureté, éprouve involontairement
une certaine émotion et un ' certain respect devant ceux .
qui ont remporté la victoire . de la chasteté.
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ETINCELANTS 235
Même le négateur cynique des valeurs morales ne
p eut se soustraire au pouvoir de la supériorité morale,
·q ui émane d'un jeune homme chaste. En effet, sur la
·terre entière on ne trouve une valeur plus grande
,qu'un caractère viril d'une moralité parfaite. Le plus
beau joyau de la couronne de l'humanité, c'est le jeune
:homme chaste qui a remporté la victoire sur lui-même.
Il est le plus robuste pilier de la société, car avec la
j eunesse moralement déchue la société elle-même va à
la ruine; il est le gage, la lueur d'espérance d'un plus
ibel avenir pour l'humanité.
Ah! quelle est belle la génération des chastes!
On parle énormément, de nos jours, de la beauté
,d u corps humain. C'est vrai, l'homme est le couron-
.nement de la création, mais non pas tant par la beauté
·du corps que par la noblesse de l'âme. En effet, qu'est-ce
'que la charmante tête blonde d'un enfant, qu'est-ce
.que l'éclat de ses yeux grands ouverts, qu'est-ce que
s es lèvres rouges qui babillent sans cesse, - qu'est-ce
'q ue tout cela, si nous considérons que le temple de
Dieu est construit dans le corps humain immaculé
-et que derrière les yeux souriants et candides de ces
hommes se dresse un autel où l'Éternel a établi sa demeure.
Un vieux proverbe assure que les yeux sont le miroir
.de l'âme Or, aucune autre beauté de l'âme ne peut se
refléter plus triomphalement dans l'œil de l'homme que
lu pureté dans k visage d'un jeune homme. « Bien-
heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront
Dieu n.
 23 0 L'AME SOURIANTE._ LES YEUX ÉTINCELANTS
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 237
':Ilr
,~ue
a une idée profonde et intéressante dans le fait
Ion donne le nom de . « vierge » à toute beauté de
sur les ruines de leur âme leur vie trop tôt brisée.
son cœur bat de joie, ses yeux bleus brillent comme
,atnatu~e ?emeurée dans son intégrité et sa fraîcheur.
un myosotis poussé dans un monde supérieur et ses
C, est amSI que nous parIons de « forêts vierges ». Cette
forces se tendent sous le poids des résolutions qui le
dO'!lce, pieuse et sainte émotion qui surgit dans notre
poussent aux grandes tâches. Les excès sexuels ruinent
âme à la vue des beautés virginales de la nature est
l'esprit et l'organisme, la continence leur donne for~e
encore accrue dans ,l'homme à la vue d'un adoles~ent
à.l'âm.~ « virginale ». C'est comme si une voix mysté- et fraîcheur. Pour un tel adolescent il n'y a pas de deVOIr
plus aisé que l'observatfon du grand ~ommandement
rleusechuchotait alors : « Ote te$ chaussures et ne
p~rle qu'avec respect, car cette âme est une terre: divin: « Tu aimeras le Seigneur, ton DIeu, de tout ton
,sainte ». cœur de toute ton âme et de toutes tes forces ».
' . Re~arde cette joie de vivre, cette énergie prompte
A;ec une puissance sauvage, le ruisseau de la mon-
tagne mugit à travers les roch~rs.,. S'il ~vait sa libe~té,
a ,1'ac~lOn, cett~ ?~ie.té perpétuelle, cc printemps plein
il ferait de terribles ravages. MalS 1 mtel!tgence humame
desperance qUI Jallhssent de ces yeux étincelants _
le maintient entre des digues puissantes, le dirige
comme une voile gonflée par une brise fraîche, comme
avec des tuyaux d'a~er vers des turbines et voilà
l'annonce de l'aurore, comme un hymne 'céleste.
cette force sauvage transformée en lumière et en
Dans ces jeunes années pleines de promesses naissent
énergie électriques, L'instinct sexuel che~ l'hox:nme
de jour en jour des forces nouvelles, se révèlent des.
est aussi une force naturelle aux sauvages ImpulslOns.
énergies cachées, et l'âme frémit dan s une sainte attente.
Si tu le laisse~ libre, il causera des ravage.seffroyables
En effet, la puissance génitale conservée intacte reCOIl-
,quise et transportée sur un autre terrain le ) terrain dans ton idéalisme, tes travaux, ton corps et ton âme;
spirituel, 'devient la Source de ces œuvre; créat rices mais si tu le maintiens dans le tuyau d'acier de la
continence) j~squ'au moment où tu pourras l'utiliser
~~i exigent de l'homme la plus grande énergie, Cette
conformément aux desseins sublimes du Dieu Créateur
JOIe débordante de vivre, ces plans et ces désirs enflam-.
~és ~o~t la preuve - chose confirmée du reste par dans le sacrement de mariage, alors il deviendra la
source d'une vie familiale rayonnante de bonheur .
.J expenence , des hommes qui ont conçu ct exécuté
La 'pureté de l'âme donne à la volonté humain~
de grandes œuvres - que la continence a une influence
my.st~rie~se et blenfaisante Sur les progrès de notre une force victorieuse contre toutes les bassesses; aUSSI
actlvlté Intellectuelle. Le printemps chante. en lui le la pureté est-elle le véritable fondement d'~~ .c~ractère.
charme, la joie, les , espérances, les ambitions de la ferme. La pureté est la créatrice de la vmltte. Cebu
j?-unesse,~t tandis ~Iue ses malheureux camarades égarés 'lui sait se vaincre, Pi3rsonne ne peut le. v~i~cr~, ~es
héroïques martyrs du christianisme pn~Itif etaIent
ont délapl~é)a mel1!eure partie de leurs forces spiri-
tuelles et Viriles dans l'imQureté et maintenan~ pleurent le plus souvent, et ce n'est pas un hasard, vtel'ges, et ont ,
reçn ce titre magnifique: Virgo et martyr,
 23 8 L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS
A Lucerne, se dresse un magnifique monument
(œ~vre de !horwaldsen) en l'honneur des sept cents.
SUIsses qUI moururent en défendant Louis XVI '
un lion expirant défend de sa patte droite le lis, emblèm~
des Bourbons; au-dessous il y a cette inscription :
« Helvetiorum fidei et virtuti )), à la fidélité et au courage
des Suisses.
Mon cher fils, dans ton âme aussi fleurit le lis de'
la pureté, si tu le gardes, ce n'est pas Thorwaldsen
qui t'élèvera un monument, mais tu recevras en
récompense une vie de concorde et de bonheur.
Magnifique épanouissement d'une jeune vie pleine'
d'espérance! Espérances, désirs, aspirations célestes d'une
âme humaine née pour l'éternité! Ah! qu'elle est belle la
génération des chastes! « Aucune compensation _
s'écrie la Sainte Écriture - n'est digne de l'âme
chaste » (Ecclésiastique, XXVI, 20). « La pureté est la
source de toute beauté )) (Comte Étienne Széchenyi.
Mémoires 36).
Ah! si les jeunes gens savaient quelle SOurce merveil.
leu se de forces est la chasteté conservée intacte comme'
ils ne la rejetteraient pas si légèrement! '
Liberté, liberté chérie!
La liberté fait impreSSIOn sur les j~unes gens. C'est
bien, c'est aussi ce qui leur convient. Mais y a-t-il
homme plus libre que celui qui sait avec une puissance
supérieure mettre de l'ordre dans le sanctuaire de
son âme et garder son âme des mouvements inférieurs?
Et y a-t-il un esclave plus mi~~rabIe au monde que
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 239
,:elui que les instincts aveugles du corps, le péch(
l'impureté, ont jeté dans les chaînes du' plus pénible
!sclavage. En effet, n'est pas un homme libre, cel~i
:J.ui fait ce qu'il veut, mais bien celui qui peut voulO1r
:e qu'il doit faire, celui qui peut se commander à
lui-même et ensuite peut obéir à ses comm.andements.
Vivre dans l'immoralité - est-ce la liberté? Sais-tu
alors quel est le peuple le plus libre? Un troupeau de
porcs dans une mare.
Combien de jeunes gens répètent : « liberté, liberté
chérie )l, mais seul l'adolescent à la vie pure peut
apprécier et comprendre la vraie liberté, car la vraie
-liberté consiste dans la liberté de ['âme.
Ah! mon cher fils, si tu pouvais toujours conserver
ton âme pure! Si tu pouvais toujours rester le guerrier
victorieux de ces luttes pour la liberté de ton âme 1
Garde bien ce livre pour plus tard aussi. Lorsque
tu seras à l'université ou que tu auras acquis une situa-
tion, prends-le avec toi et si les tentations t'entourent,
relis-le. Bien des jeunes gens y ont puisé force, courage
et persévérance pour rester purs.
Et puisses-tu aussi te faire au milieu des autres le
propagandiste de ces magnifiques sentiments! Regarde,
mon fils, combien il y en a pour se débattre, s'enfoncer
et étouffer dans ce triste péché. Peut-être en connais-tu
parmi tes camarades. Ah 1sois leur ange gardien 1 Mets
ce livre entre les mains du plus grqnd nombre possible
de grands jeunes gens. Qui sait combien tù en sauveras
ainsi de la perdition! Lorsque un jour tu remarqueras,
au cours de ta vie, la foule immense des propagan,distes,
des compagnons, des auxiliaires du péché, de l'ordure,
de l'impudicité; lorsque un jour tu verras la foule des
corrupteurs des âmes ,e t des apôtres de l'im~10ralitél.
240 L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS
que s'enflamment en toi une sainte indignation et une
énergique résolution: « Si d'autres peuvent corrompre
les âmes, moi, j'essaierai de les rendre meilleures. Si
·d'autres peuvent perdre .les âmes, moi, j'essaierai de
les sauver ». Quelquefois des jeunes gens font à cet
égard davantage que n'importe quelle autre personne.
Pàrce que tu es encore jeune, les autres jeunes gens
ouvrent plus aisément devant toi leur âme. Dès qu'on
-commence à te parler pour la première fois de choses
immorales ou même si on y fait seulement allusion,
toi, d'un ton infiniment grave, avec une sainte émo-
tion, mais aussi avec fermeté, tu l'avertiras; peut-être
préserveras-tu ainsi ton camarade de la première
<:hute. Et quelle joie plus noble puisse s'épanouir dans
ton cœur, quand le soir tu pourras remercier Dieu
,dans ta prière: « Je Vous remercie, Seigneur, d'avoir
pu sauver Une âme aujourd'hui ». Parle à tes camarades
.avec une chaleureuse conviction, mais surtout parle-
leur par l'exemple de ta pureté de vie. Et qu'une
grande joie inonde ton âme à la pensée que, par tes
paroles, tes exemples ou le prêt de « La chaste ado-
lescence », tu peux conserver un membre utile à la patrie
'e t une âme immortelle à la vie de la grâce.
Volonté. - Force. - Victoire.
La noblesse et la liberté d'âme donnent aux regards
de l'enfant innocent un charme tel que les plus grands
peintres du monde, lorsqu'ils veulent représenter les
anges - donc une beauté surnaturelle - leur ont
,dQnné des visages d'enfants~ Ces traits souriants s0nt
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ETI NCELANTS 241
une rosée rafraîchissante sur les bourgeons naissants
de l'humanité. Oui, sur le visage d'un adolescent à
l'âme pure, à la vie pure, se reflète la beauté du ciel;
et le païen Platon écrivait déjà : « Que nous faut-il
pour voir Dieu? La pureté et ·la mort ». Le ciel sans
nuage n'a pas le même sourire au point du jour; les
étoiles n'ont pas le même éclat dans la nuit; les pales
de la rosée matinale n'ont pas la même splendeur; le
ruisseau de la montagne n'a pas la même pureté de cristal
- peut-être le regard des anges serait-il pareil, s'ils
avaient un corps. L'âme d'un ange couverte des fleurs
du printemps apparaît dans ces yeux; la sérénité d'une
âme pure, que ne ternit pas la poussière, brille dans ces
yeux candides. Et si le reflet de l'innocence naturelle
involontaire et de la pureté de l'âme sur un visage
de petit enfant est si beau, combien plus émouvant
est-il dans un jeune homme dont la vertu a dû être
achetée au prix de rudes combats soutenus virilement.
Tu connais ces graves paroles de Gœthe: Il De grandes
pensées et un cœur pur, voilà ce que nous devrions
demander à Dieu » (Wilhelm Meisters Wanderjahre,I
10). La vie chaste crée l'harmonie entre la partie
inférieure et la partie supérieure de l'homme. L'âme
pure est le plus précieux trésor de Fhomme, la base
d'une vie héroïque, une étincelle, et la plus belle mani-
festation de la ressemblance avec Dieu.
A peine y a-t-il au monde une chose plus sainte qu'un
jeune cŒJlr préservé du péché.
« Reste éveillé ».
Il est possible, mon fils, que tu reviennes de loin
et que le spectre des années passées dans le péché
Chaste Adolesc. 16
 242 L'AME SOURIANTE. -:- LES YEUX ÉTINCELANTS
t'épouvante. N'importe. Si un jour tu as retrouvé le
Seigneur, reste toujours avec Lui. Si tu t'es réveilh
d'un rêve affreux, demeure éveillé. Lis seulement
cette lettre débordante d'une joie immense que m'a
écrite un jeune soldat, lorsque, après des années de
chutes morales, il eut retrouvé le Seigneur Jésus :
« .•. Je tombais toujours de plus en plus bas. J'entrai
une première fois à l'hôpital; ce ne fut pas suffisant;
j'y retournai une seconde fois, ce ne fut pas encore
suffisant; j'y rentrai une troisième fois... Alors je me
dis : Ce sera la dernière fois. - vers l'aven1r, et je cherchais où se trouvait un bonheur
Lorsque je sortis de l'hôpital, je me rendis aJ.! con-
fessionnal. Ce fut ma résurrection. Mon Dieu, queUe
confession! Tout le bonheur de cette terre, des milliers
d'années de jouissances ne peuvent procurer autant
de bonheur que celui que je ressentis après la sainte
communion. Je menai jusqu'au bout ma pénible tâche;
trois fois, je retournai au confessionnal; mais je voulais
réussir, il le fallait. Je suis un soldat au cœur r!lde, et
pourtant, devant l'autel, je me suis mis à pleurer. J'ai
pleuré comme un petit enfant. Tant que je 'n'avais
pas été à l'hôpital, je cherchais le bonheur dans · le
péché; et quand j'avais durant quelques instants (' .
que je croyais être le bonheur, je me retrouvais aprè~
cent fois plus malheureux. Il me manquait ' quel qUi!
! chose et je le cherchai là où je ne le trouverais jamais.
Maintenant j'ai trouvé un bonheur durable. Et
mon bonheur, je voudrais le faire sentir à chacun de
mes jeunes camarades égarés, la verser dans son âme,
pour qu'il voit quel bonheur il échange pour un vil
plaisir d'un. instant. Mon frère, il est ind"escriptible
le bonheur que j'éprouve. Les jours avant la sainte
communion je suis impatient, et je n'ai plus qu'une
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 243
penséeJ le Très Saint Sacrement. Et après, c'est comme
si ma 'poitriqe a11ait se briser, et p.rosterné je répète:
Seigneur, qu'il fait bon ici ... Je voudrais déverser
mon âme dans la tienne, frère infortuné. Est-ce que
ie monde t'a déjà donné de pareilles joies? C'est en
vain que tu me dis qu'il- te les a données. Moi aussi
j'ai passé par le même calvaire, c'est-à-dire le péché,
c'est-à-dire la fange, que toi (Mon Dieu, si seulement
je ne pouvais pas dire cela de moi t), mais après ces
instants dè jouissances, je regardais, les yeux fixes,
plus long, plus durable ... Maintenant le triste passé
ne me semble plus qu'un lllauvais rêve; dans ce rêve,
mon sourire, ma gaieté avaient disparu et mon visage
était plein de tristesse, mais cette douleur n'était
pas comme celle d'autrefois; c'est la douleur d'avoir
jadis commis tant de péchés. Je suis comme un homme
qui s'éveille d'un mauvais rêve et' je dis: Mon Dieu,
il est bon que je me sois réveillé ... Mon frère, reste
éveillé! »
Reste éveillé et sois heureux, gai, de bonne humeur 1
La joie pure et véritable est un excellent auxiliaire
dans nos hitte!; contre l'impureté. Où ne brillent pas
les rayons du soleil, apparaît la moisissure, l'atmosphère
est chargée de miasmes, et des bandes de cl~portes
et autres insectes fourmillent à fois.oh. La moisissure
du péché, l'air empesté de la débauche, les cloportes
de l'impureté, surprennent plus aisément l'âme triste
et morose. Plus ton âme est pure, plus la bonne humeur
doit se · traduire en un rire argentin sur tes lèvres.
Gar qui poùrrait être de mei1leu~e humeur qu'un
jeune homme à l'âme pure, aux pensées tournées
vers l'idéa!et aimant Dieu! Jelines gens, démentissez

244 L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ETINCELANTS
~ette idée erroné.e que le péché donne la joie et qu'un
Jeune homme dOIt recourir au péché, s'il veut du plaisir.
Ah 1 mon cher enfant, essaye seulement, et tu consta-
teras que tous les plaisirs promis par le péché et ses
appâts trompeurs ne sont rien à côté de la douceur
~e la joie, de la paix, qui se répandent dans l'âme d'un
Jeune homme chaste. D'un jeune homme qui l'âme
tranquille, ose regarder :Jans les yeux Notre S~igneur
Jésus-Christ.
Tu le feras, n'est~ce pas?
Le dernier mot que je veux t'adresser dans ce livre
m?n fils, ne pe~t être que celui-ci : garde ton précie~
tresor, la purete de ton âme juvénile. Si daris le passé
tu a~ été obligé .de déplorer des chutes, commence dès
à present une vIe nouvelle. N'oublie pas mes paroles:
~er~onne ?'est perdu sans remède, sauf celui qui
abdIque. SI profondément que tu sois tombé mon fils
il est possible de revenir. Car si nous pouvons c~mmande;
aux o~des électriques, nous pouvons incontestablement
soumettre à nos ordres les vagues de nos passions.
?~rde ton âme pure, comme ton bijou le plus
precIeux. Les perles et les pierres précieuses l'émeraude
1e sap h'.lr, le. rubis, sont extrêmement délicates;
, .
si on
les porte souvent, si on les touche, si on les expose aux
rayons du soleil - elles perdent leur éclat et leur
couleur. Aussi les garde-t-on enfermées dans un
~euble spécial. La pureté de ton âme se ternira aussi,
SI tu. ne la gardes pas. Tous, durant leur jeunesse,
sont Jetés dans les combats par la nature qui se déve-
loppe en eu'X. Un jeune' homme traverse assez faCilement
L'Al\J!E SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 245
tes difficultés de l'adolescence, un autre ne le fait
qu'avec de rudes combats. Tes instincts déferleront
peut-être contre toi avec une fureur telle que tu seras
presque paralysé d'épouvante : impossible de garder
la pureté de mon âme. Non, mon fils, ne pa~le ~as
ainsi. Car tu sais bien que tu peux remporter la VIctOIre,
que tu peux arriver à l'autel de ton mariage, pur de
corps et d'âme. Tu le peux - mais au prix d'un dur
travail. Au prix de" généreux sacrifices, d'une vigilance
perpétuelle, d'une persévérance inlassable. Prends
pour devise celle que la province néerland~ise ~e
Zélande, en lutte perpétuelle avec les flots, a mscnte
dans ses armes : « Lucto1- et emergo ll, je lutte, mais
toujours j'élève victorieusemen la tête au-dessus des
"lagues.
Ce livre t'a parlé en toute franchise: tu peux vi~re
chaste, tu dois vivre chaste, mais ce n'est pas chose facde.
Il est préférable que tu saches d'avance ' que l'homme
n'est pas né chaste, mais qu'il le devient au prix de durs .
combats, c'est-à-dire que dans le monde actuel seule
une lutte héroïque peut lui permettre de garder la
chasteté totale jusqu'au mariage. Ta raison te dit bien:
reste pur; la religion te dit: reste pur; mais le monde
actuel, les idées frivoles actuelles, les milliers de tenta-
tions actuelles, les instincts de ta nature portée au
péché te chuchotent à l'oreille :~ne le reste pas, ne le
reste pas. .
Et pourtant, il faut que tu restes pur, car la récom-
pense qui t'attend est digne des plus grands combats
La plus belle récompense du courage, l'ordre de
Marie-Thérèse, ne peut être gagnée qu'à la bataille.
Le chemin qui conduit vers les cimes, vers les hauteurs
de l'âme, Sénèque déjà reconnaissait qu'il n'était pas
 246 L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS
facile : « Non est ad as/ra mollis é terris via ». Mais la
force morale que tu auras acquise pendant ta jeunesse
auréolera de joie et de bonheur ton âge mûr.
Que dans les tentations les plus violentes tu puises
ta force de résis,tance dans cette pensée. En ce moment,
ce ~'est pas seulement pour moi que je lutte, mais ,
aUSSI pOI.lr mes descendants. Ah! quelle grande joi~'
pour mOl, quand, vingt-cinq ou trente ans plus 'tard
mon fils dans l'adolescence pourra me dire:
« Je te remercie, père chéri, d'avoir lutté si durement
pendant ta jeunesse, contre les tentations impures'
et de m'avoir ainsi rendu la lutte plus facile.
Je te remercie d'avoir conservé jalousement ta
pureté juvénile et d'avoir ainsi nourri en moi la sainte
flamme du désir d'une vie chaste.
Je te remercie d'~voir veillé sur la blancheur de ton
âme et c'est à tes luttes victorieuses que je dois mes
yeux souriants.
Je te remercie d'avoir tenu d'une main ferme tes
instincts pendant ta jeunesse' et c'est à toi que je dois
mes , muscles d'acier, mes nerfs soli 'fries , ma bonne
sante ».
Les journaux sont pleins de réclames de fortifiants
et de dépuratifs: « Prenez de la bioforine, de l'hémo-
globine, etc... et vous vivrez longtemps ». Sais-tù
quelle est la meilleure garantie d'une bonne santé et
d'une longue vie? C'est une jeunesse chaste et que n'a
pas flétrie l'impureté. ' ,
Je pense que tu as pu le voir assez clairement dans
mon livre : la vie sexuelle n'est pas une invention
diabolique, ni une chose honteuse, mais au contraire
un don noble et saCré du Dieu Créateur, une marque'
de grande confiance à l'égard de l'homme. Si. c'est
L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 247
un don de Dieu, ce ne peut donc pas être un péché,
mais seulement une chose sainte. Et ta vigilance et
tes luttes perpétuelles durant ta jeunesse ne sont pas
dirigées contre les choses sexuelles comme telles, mais
pour les èonserver pures et sans taches, jusqu'au
moment où conformément à la volonté de Dieu tu
auras le droit de t'en servir, jusqu'au mariage
Et si maintenant tu suis les conseils de ce livre,
'
plus'tard, l~rsque ton sang si ardent se sera refroidi
à la suite de l'expérience de l'âge mûr, tu penseras
avec reconnaissance qu'autrefois, dans ta jeunesse,
'
tu as lu un livre, dont tu ne te rappelleras plus l'auteur,
dont tu ne sauras plus le titre, mais qui t'a préservé
de graves erreurs et de la ruine morale.
Mon cher fils, j'ai passé des années parmi.Ia jeunesse.
J'ai vu bien des jeunes gens se développer comme
des bourgeons débordant de sève; j'ai vu des jeunes
gens s'élancer, vers les cimes comme de jeunes chênes
pleins çle promesses; mais j'ai vu tant de ces belles
promesses ' réduites en poussière, hélas! j'ai vu ces
bourgeons vigoureux, ces chênes élancés, rongés .par ,
un ver mystérieux. Or, beaucoup d'entre ' eux n'avalent
fait leurs premiers pas sur la route du péché que par
ignorance et par légèreté, parce qu'il n'y avait eu
personne pour les avertir à temps. Mais je crois ferme-
ment q~'il y aura des jeunes gens, dans la vie desquels
les pages sérieuses de ce livre marqueront un tournant
àécisif, la rupture avec le péché et une vie nouvelle :
'la vie idéalement belle de« la chaste adolescence ».
 (24 8 L'AME SOURIANTE. - LES YF.UX ÉTINCELANTS
Une génération no~velle.
lfne épo.que touche à son déclin. L'époque qui
avaIt orgueIlleusement gravé sur son front les mots
cc sci:nce » et « industrie ». Elle avait pour maxime:
la SCIence et la science seule. Mais cette science a brisé
beaucoup de nos valeurs. - -
Que vienne maintenant une génération nouvclle f
Une générati?n jeune qui porte sur .son front le signe
de la beauté d âme et dont les yeux brillent de la flamme
de. la. pureté morale. Qu'elle vienne cette jeunesse, et
pUISSIOns-nous saluer son triomphe! .
Peut-être des camarades pervertis viendront-il;
s~ayer de te décourager: « ce n'est pas la peine de
faIr: tant d'efforts, ce n'est pas la peine ... Il n'y a pas
de Jeunesse chaste au monde ... L'un tombe ,dès le
collège, l'autre à l'université ... mais aujourd'hui per- "
sonne ne reste plus chaste jusqu'au' mariage... Il Mon '
fils, croi~-bien ce que j'écris en ce moment: Oui, il .
y. a des Jeunes gens au collège, à l'université, et des ,
Jeunes gens qui ont conquis leurs diplômes, qui d'un
front vainqueur livrent chaque jour sans défaillance
la lutte pour leur chasteté. Oui, il y en a - et, leur
nombre croît ?'année en année - qui savent passer
avec une âme Immaculée à travers les mille tentations
du ~onde actuel 'et qui apporteront le jour de leur
manage à leur blanche fiancée, non pas un corps ruiné
ni un ~an? gâté ni une âme flétrie, mais la couronne
de. l~ VIctoIre, remportée triomphalement dans les luttes
spmtuelles : un corps jeune et robuste, une santé-de
fer, un cœur ardent, une âme pleine d'idéal.
L) AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 249' ·
Oui, ces jeunes gens deviendront de plus en plus
nombreux; cette sainte flamme jadis timide s'étend de
\ plus en plus; la bonne odeur du Christ se fait de. plus
! én plus sentir; oui, la chaste adolescence est aujourd'hui
déjà une ravissante, une grande, une sainte réalité. Il
dépend de toi, mon fils, que le nombre de ces héros,
devienne encore plus grand.
0, pureté morale, la plus belle parure de l'âme
humaine! Triomphe des milliers de pièges des plaisirs
sensuels et mets sous ton joug suave notre plus pré-
cieux trésor, cette jeunesse au corps robuste, à l'âme'
d'une beauté idéale. Mes amis, debout sous l'étendard
du lis de la pureté - pour votre bonheur physique
et moral, pour votre avenir, pour notre génération"
pour notre patrie 1
La sainte volonté.
Lorsqu'en Chine une jeune fille meurt · vierge~
ses parents ont le droit d'élever en son honneur un arc
de triomphe avec cette inscription : « Schoeng Dsche )l,
c'est-à-dire cc la sainte 'l.'olonté )J. Cét arc de triomphe
signifie que la sainte volonté a conduit cette jeune
enfant saine et sauve à travers la vie. Cette forte el
sainte volonté est le bon génie de tout adolescent qui IL
veut conserver une pureté inaltérable dans les luttes
de sa jeunesse. Il mérite bien qu'on lui élève un arc
de triomphe, lorsqu'il entrera avec son âme immaculée
dans la patrie de l'éternelle pureté.
As-tu, mon fils, cette « sainte volonté Il? La sainte
volonté de combattre avec une persévérance inébran-
lable, un courage indomptable, dans les rangs de cette
250 L'AME SOURIANTE. - .LES YEUX ÉTINCELANTS L'AME SOURIANTE. - LES YEUX ÉTINCELANTS 251

.chaste jeunesse qui, le visage enflammé par la victoire,
brandit contre toute impureté et toute légère~é morales,
l'étendard blanc comme la neige d'une pureté sans
tache; ou bien combats-tu dans l'autre camp, parmi
ceux qui sont revenus et qui veulent se corriger, qui,
au prix de leurs tristes chutes, savent à présent aimer
plus que toute autre chose le. bonheur sans exemple
de la vie chaste. As-tu cette sainte volonté? Ou bien,
si tu l'as perdue, tu la retrouveras, 'n'est-ce pas?
J Tu seras fort, mon fils. Tu veilleras sur la pureté
de ton âme. Oui, n'est-ce pas?
Vois-tu: la vie pure, c'est la force; la vie pure, c'est
Maintenant dortne-moi la main .. . Regardt'l-moi dans
les yeux ... longuement, fermement .. . c'est bien.
Et dis:
Je continuerai à rester sur le chemin de la pureté.
Ou bien - si peut-être il faut que tu parles ainsi --
,dis ceci:
.'le rentrerai dans l'armée des lis .. .
JE VEUX •. • JE VEUX ... ~TRE CHASTE.

la joie; la vie pure, c'est la noblesse; la vie pure, c'est

la liberté; la vie pure, c'est la beauté; - cela vaut donc
la peine de lutter pour elle.
Lorsque je t'imagine ainsi devant moi, et que, en
signe d'adieu, je te regarde encbre une fois profon-
dément dans les yeux, et que je te vois comme une voile
poussée par le vent, comme la promesse d'une belle
aurore, mais que je prévois les grandes tempêtes
morales, les épreuves et les tentations qui fonderont
sur toi au cours de ta jeunesse, de mon cœur surgit
-cette fervente prière :

« Tu es pur, beau, intact,

Comme la rose;
Quand je te regarde, mon âme pleure
Et mes yeux sont pleins de larmes.
Je mets ma main 'sur ta tête, et prie
Le Père céleste /

De garder pur et blanc comme neige

Le lis de ton cœur. »
Mon fils, j'ai confiance en toi. Une grande confi~"ce.'
 TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS..................................... ............... 5
PRÉFACE DE LA QUATORZIÈMB ÉDITION........ . ............... 9
Les deux lacs............ ... ........... ............... . ............ II

CHAPITRE PREMIER
LES PLAN DU CRÉATEUR

Le premier homme et la première femme ...... .. ....... 14

Les plans du Créateur..... .. ................................... 15
·L a source de la vie ...................... .... ............... .... 18
La mère et le fils .... .. .. .. ......... .... .. ....... ,............ . .. 19
Sainte gravité ...................... .. .... ... ........ .. ,.... .. ...... 22
.L e péché d'impureté. .. ... .... .. . ... .. ..... .... .. ......... .. ... .. 26
Le saint mystère... . ............. . .. .. . .... .. .. ... ...... . ... .. ... . 27

CHAPITRE II
OU IRAI-JE

A la croisée des chemins.......... . .. .. .. . . ... . ... ............. 33

De l'enfance à l'adolescence.~.................... ............. 3S
'Ton organisme se développe ....... .... .. .... .. .. .... .. ...... 36
Lorqu'avril est au-dedans de toi....... ............. .. .. ...... 38
Idées nouvelles, désirs inconnus ........ .... . .............. 39
Le premier amour .................................. ....... .. ..... 42
,Ce développement fait partie du plan divin ............ 43
Pur jusqu'à l'autel, fidèle jusqu'à la tomQe.......... .. ... 4S
Dans le danger, dans la tem~ète ............ . .... . .. ....... 47
254 TABLE DES MATIÈRPS
CHAPITRE III
GELÉE D'UNE NUIT DE MAI·
Sür 1a pente .................................................... ..
Avec les copains .... .. ..... .... ....•..........• ; •...•.... ~ •.... ; ..•
La .crise ••••...... . .... .. .............•..... ••. ••. •• .•••....••...•.•.•
La ruine du temple ............................................. .
Jeunesse en haillons ......................................: ...... .
Sur le chemin de la perdition .............................. :
La loi de la pesanteur ......................................... .
Dans les màrais de Mazurie ......... .. ................ ....... .
CHAPITRE IV
AU FOND DE L'ABIME
Le chêne brisé ................................................... 67
« Rien qu'une fois? II .................................... :......
Le premier faux pas ................................................ 7C
Descensus averni ............................................... :. 74
Les élèves « au courant)) .............................. ;..... 77
Pourquoi « il n'y a pas de· Dieu ll?.........................
8C)
Est-ce la joie? Est-ce le bonheur? ...... ........... ....... 83
L'arbre rongé par le ver ........ .............. ..... ......... ........ 84
Châtiments physiques .......................................... 86
Pourriture vivante ....... ;... ........................................ 89'
Terrible responsabilité......... .............. ............. ......... 93
Tes pauvres enfantsl ..·........... , .................................. .. '95
Espérances brisées·; ......-............................................ ,97-
Suicides d'étudiants ..................................... .......... t·oS
CHAPITRE V
·L A LUTTE CONTRE LE DRAGON A SEPT TitTES
Ret.our possible ... , ................................................ I I I,
Encouragement à la lutte .......... ............. ................ 113.
L'aigle délivré ................................................... 1.1$
Pour l'àvenir de ,notre patrie .......................... : ..... . : Us.·
TABLE DES MATIÈRES
Pour l'intégrité du lis .... ..... ....... ...... ... .... .... ...... .. . 121
Le glaive flamboyant de la nature .. ...................... . .. 123
Pour le bonheur de ton âme ........ ..... · .................. .. 124-
A la vie - à la mort ........ ........ .... ....... .. .... ... ..... . 126
Résiste! ................ ...... ........... .... . .......... .......... . . 128
Qui est le lâche? .............................................. .. 13°
Laisse-les 1 ........................................................ . 133
A moi cela ne fait pas de mal ............................ .. 135
Le seul remède : éviter le péché ............. .. ......... · .. 13 6
Un coup de balai, s'il vous plait! ...................... .. 139
Contre le couront ............................................... . 14 1
Sous la feu de la raillerie ...................................... . 14 2
Ce n'est pas vrai 1 Mille fois non 1 ......................... .. 145
Ne joue pas avec le feu .............. · ........ · ............ · .. 146
Profite de la jeunesse ........................................ .. IS°
Chasteté ' et santé .............................................. .. 15 1
Ce que dit la science médicale ........................... · .. 153
Dieu et la nature ......................... ........... .. ......... .. 157
Qui ne peut rester pur ..................................... .. 159
7l CHAPITRE VI
LUTTE ET AIE CONFIANCE
Vie pure! Ame pure! ........................................ .. 162
Sans la volonté il n'y a pas de péché .................... · 164-
Justifie-toi toi-même ................ · .................. ......... . 167
La contagion de l'immoralité ................... · ........ · .. .. 17 1
174-
Tes lectures .... . ...... ... ······· ···· ······ ················ ······ ····
Livres ........................................ . ........ ............ .. 176
Journaux ......... ... ..... ··· .. · .......... ·· .. ·· .. ···· .. ·· ...... · .. ··· 17
8
179
Tableaux ........................................................... .
Théâtre, cinéma ... ..... ..... · .. ·· .. ··· .... ··· .. · ...... ·· ........ .. 182
Danse .............................................................. . 184
187
Sois chevaleresque .............. ····· ···· ·············· .... ·······
En compagnie des femmes ...... ....... ·· .. · ...... ·· .. · .. · .. .. 188
Ta blanche fiancée ........ ................. ..... .... ........ .. , 1 89
, Aime 'la qropreté .............................................. .. 19 0
Meurs et ressuscite ................................ ........... .. 1.9 1
Le rachitisme de l'âme .... ... .... .... ..... .... ................. . 193
Fortifie ta volonté .. ... ........ .... ··························· .. ·· 195
Joi" de la victoire .............. : .... ·· .... · .. ·· .. · .. .. · .. · ...... · 197
 TABLE DES MATIÈRES

Sur la terre, mais non pas de la terre ..................... 202

Celui qui ne sais pas mentir ................................ '. 203
Fortifie ton corps ................................................ 204
L'endurance dans la douleur ................................. 207
Un g~nr~ de. vie. ~ygiénique ................................. 209
Ne SOIS JamaIs oIsif .........,.................................... 214
Aime la nature ................................................... 217
Quelques conseils médicaux , ................................. 219
Un père et un aIl1i ............................................. 221
Aux sources d'une vie nouvelle .............................. 224-
Le Seigneur est avec moi .................................... 226
c Et après? » ...................................................... 230

CHAPITRE VII

. . L'AME SOURIANTE - LES YEUX ÉTINCELANTS

La plus grande victoire .................................. ' ...... 234

Ah, quelle est belle la génération des chastes 1 ......... 235
Liberté, liberté chérie l.. .................................... ,... 239
Volonté - force - victoire ................................ 240
« Reste éveillé »................... ....... ,...................... 241
Tu le feras, n'est-ce pas? ...... ........ .. .............. 244
Une génération nouvelle ....................................... 248
La sainte volonté ;...... .......... .... .. ................. 249

..