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« Région Mauricie Bois-Franc : un centre de crise en santé mentale »

Louise Lebel
Santé mentale au Québec, vol. 13, n° 2, 1988, p. 175-178.

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Région Mauricie Bois-Franc
Responsable: Marielle Rouleau
Un centre de crise en santé mentale
Dans le cadre des mesures de désengorgement en santé mentale) a ouvert ses portes le 11 mai 1987.
des centres hospitaliers, plusieurs centres de crise Géré par le C.L.S.C. Les Forges, ce centre de crise
en santé mentale ont vu le jour au Québec. A Trois- couvre le territoire de la région 04-C Nord. Il des-
Rivières, le P.R.I.S.M. (Projet réseau d'intervention sert donc les populations des C.L.S.C. de Cap-de-
la-Madeleine, des Chenaux, Les Forges, Valentine Après dix-huit mois de fonctionnement, nous
Lupien. Il s'adresse à la clientèle adulte susceptible constatons que ces situations perçues comme dan-
de se présenter à quatre centres hospitaliers : le C H . gereuses par l'individu et susceptibles de provoquer
Cloutier, le C H . Comtois, le C H . St-Joseph et le un tel déséquilibre sont très diversifiées. Nous ren-
C H . Ste-Marie. controns des personnes paralysées par un divorce
La mission du P.R.I.S.M. est de diminuer l'acha- ou un deuil, des gens paniques par une perte d'emploi
landage dans les urgences des centres hospitaliers ou un échec scolaire, des individus effrayés parce
de son territoire en intervenant auprès des person- qu'ils se retrouvent subitement sans logement et sans
nes susceptibles de s'y adresser en situation de crise argent.
en santé mentale. À toutes ces crises qu'on appelle situationnelles
Un service d'intervention téléphonique y est dis- s'ajoutent celles dites développementales. Il s'agit
ponible en tout temps. De plus, une intervention sur d'individu s'adaptant difficilement à une nouvelle
les lieux où se trouve la personne en besoin ou, aux étape de vie. Ce peut être un jeune adulte quittant
locaux du P.R.I.S.M., est offerte de 8 heures à 24 la demeure parentale, débutant une vie de couple
heures, sept jours par semaine. Le P.R.I.S.M. s'est ou accueillant un premier enfant. Ce peut également
doté d'une équipe de travail où les intervenants pré- être un adulte regardant son dernier enfant partir du
sentent des formations diversifiées ; génagogie, nur- foyer, souhaitant se réorienter professionnellement
sing, psycho-éducation, psychologie et service social. ou, encore, confronté à la retraite.
A noter que contrairement à la majorité des centres Plusieurs des personnes qui arrivent au
de crise existant au Québec, aucun hébergement n'est P.R.I.S.M. en situation de crise en santé mentale
offert dans les locaux mêmes du P.R.I.S.M. Le cen- présentent de plus une problématique spécifique.
tre de crise a cependant développé des ententes avec C'est-à-dire des modes d'adaptation stéréotypés,
les organismes communautaires et le Centre des ser- développés pour gérer le stress, et qui, non seule-
vices sociaux de la région pour pouvoir répondre ment sont inaptes à modifier adéquatement les situa-
rapidement aux besoins en hébergement temporaire tions problématiques, mais sont propices à en créer
de sa clientèle. d'autres. Nous pensons ici aux personnes qui, pour
La première année et demie de vie du P.R.I.S.M. s'adapter à leurs déséquilibres psychologiques anté-
en a été une d'implantation. Ainsi, plusieurs activi- rieurs, ont développé une toxicomanie, une dyna-
tés ont visé à faire connaître le service tant de la mique suicidaire ou homicidaire, un fonctionnement
population que chez les intervenants du milieu. psychotique, des relations conjugales ou familiales
Des mécanismes de collaboration ont été mis en où prédomine la violence.
place avec les organismes du réseau et communau- Ces gens auront souvent besoin, après l'interven-
taires offrant des services complémentaires à ceux tion de crise, de fréquenter les ressources offrant
du P.R.I.S.M. En fait pour un centre de crise en santé des services spécifiques à leur problématique parti-
mentale, la collaboration des corps policiers, des culière et pouvant les aider à développer de nouveaux
urgences hospitalières et des services d'hébergement mécanismes pour s'adapter aux situations stressan-
temporaire s'avère indispensable. De même, il est tes futures. Une référence à de tels services post-
essentiel que les usagers d'un centre de crise puis- crise est ici particulièrement importante. Si ces ser-
sent être référés rapidement aux services post-crise vices ne sont pas accessibles ou s'ils sont refusés
lorsqu'ils manifestent le besoin d'un support plus pro- par l'individu, celui-ci risque fort d'utiliser les
longé que celui qu'offre l'intervention de crise. mêmes mécanismes d'adaptation défectueux lors
La conception de la crise en santé mentale adop- d'une prochaine situation difficile et d'entrer dans
tée par le P.R.I.S.M. est celle de Caplan (1964). un nouveau processus de crise.
Celui-ci définit la crise comme : L'intervention de crise elle-même vise à rétablir
«... une période relativement courte de déséqui- chez l'individu en difficulté, un état d'équilibre pré-
libre chez une personne confrontée à un événe- sentant un niveau de fonctionnement au moins équi-
ment dangereux qui représente un problème valent à celui antérieur à la crise, sinon supérieur.
important pour elle et qu'elle ne peut fuir ni résou- Elle contribue, par le fait même, à prévenir ou à
dre avec ses ressources habituelles de solution redresser un état de désorganisation chez la personne
de problème.» (Caplan, 1964, 53). en crise. Une intervention en situation de crise peut
s'avérer primordiale, puisque cette désorganisation façon active et concrète. Ainsi, les solutions per-
étant très douloureuse, l'individu cherche et trouve çues comme souhaitables par l'usager seront,
nécessairement une nouvelle réorganisation. Si cette autant que possible, privilégiées. Des démarches
dernière peut être bénéfique pour la personne, elle concrètes seront encouragées pour lesquelles
peut aussi constituer une détérioration de son niveau l'intervenant offrira support et assistance. Une
de fonctionnement habituelle. L'individu serait alors telle approche a l'avantage de valoriser l'individu,
plus fragile au stress, donc plus susceptible de faire de mettre en relief ses capacités d'autonomie et
de nouvelles crises. de rehausser son estime de soi.
L'intervention de crise demande habituellement 4. Il est préférable de maintenir la personne dans
de un à cinq contacts avec l'usager. Certains usagers son milieu naturel, puisqu'elle aura, dans la plu-
exigeront cependant un plus grand nombre de ren- part des cas, à y retourner et à y affronter le stress
contres ou d'interventions téléphoniques. Il s'agit qui y est présent. L'intervenant visera donc à
alors de la clientèle qu'on appelle récurrente, soit motiver l'individu à utiliser l'aide et le support
celle entrant dans un processus de crise en santé men- disponible dans son réseau. Ce dernier offre de
tale de façon répétée. Ces personnes présentent un nombreuses avenues en terme de soutien prati-
niveau de fonctionnement plus fortement hypothé- que et psychologique pendant la période de crise.
qué et sont incapables de s'adapter aux nouvelles Il s'avère également, lorsqu'il est adéquat, un fac-
situations ou aux événements stressants. teur important de prévention des rechutes.
Après un an de fonctionnement, les intervenants L'intervenant veillera donc à outiller et à assis-
du P.R.I.S.M. ont développé un modèle d'interven- ter l'entourage de la personne en difficulté, si ce
tion en situation de crise en santé mentale. Ce modèle dernier devient, comme il arrive fréquemment,
est tiré de l'expérience acquise au PR.I.S.M. De dépassé et épuisé par la crise que vit un des leurs.
plus, il s'inspire grandement de la littérature dans Pour conclure, rappelons que le PR.I.S.M est né
le domaine, principalement de l'article de Lecomte de mesures visant à réduire la clientèle des urgen-
et Lefebvre (1986). Voici quelques-uns des princi- ces des centres hospitaliers. Il est un peu tôt pour
pes de base régissant ce modèle d'intervention: évaluer si la mesure contribue effectivement à désen-
1. Pour intervenir de façon optimale auprès d'une gorger ces urgences. Il faut un certain temps pour
personne en crise, il est important de percevoir, qu'une clientèle, habituée à fréquenter ces services
la crise comme une occasion par excellence de et sécurisée par une intervention de type médicale
croissance. Dans cette optique, mentionnons que qui leur est familière, identifie un centre de crise
le même caractère chinois signifiant « crise » veut comme un lieu propice à répondre à ses difficultés.
également dire «chance», occasion à saisir. La Il faut encore plus de temps pour que les préjugés
crise est donc vue comme un tremplin vers un sur la santé mentale et la maladie mentale cèdent
changement bénéfique (Berthouc et Schaller, du terrain. Contacter un centre de crise en santé men-
1985, 15). Une telle conception de la crise per- tale menace encore l'image de soi.
mettra à l'intervenant de miser sur les capacités Cependant, en regardant les demandes reçues par
de réorganisation et d'adaptation de l'usager. le PR.I.S.M., il est évident que le besoin d'inter-
2. Le potentiel de changement d'une personne étant vention en santé mentale et plus spécifiquement en
à son maximum durant l'état de crise, il est donc crise de santé mentale est également présent chez
important d'intervenir auprès d'elle rapidement. une clientèle qui, pour l'instant, ne fréquente pas
Il semble qu'une intervention dans les 24 heures les urgences. Il s'agit d'une clientèle actuellement
qui suivent la demande augmente les chances de moins fragile à la désorganisation, mais dont la
réorganisation à un niveau de fonctionnement égal détresse est criante. Rappelons que la théorie sur
ou supérieur à celui qui existait antérieurement la crise postule qu'un individu en crise de santé men-
à la crise. tale risque d'échapper à son état de désorganisation
3. Conséquemment à notre conception de la crise en adoptant un niveau d'adaptation inférieur à celui
en santé mentale, notre intervention vise à res- qui est antérieur à la crise. On peut donc croire
ponsabiliser la personne en difficulté dans le pro- qu'une partie de cette clientèle reçue par le
cessus de résolution de son ou ses problèmes. PR.I.S.M. connaîtrait, si aucune intervention ne leur
Nous incitons donc l'usager à y participer de était disponible, une détérioration progressive et se
retrouverait un jour dans les urgences des centres Caplan, G., 1964, Principes ofPreventive Psychiatry, Basic
hospitaliers... Le RR.I.S.M. est donc une mesure Books, New-York, 26-55.
permettant probablement le désengorgement actuel Lecomte, Y., Lefebvre, Y, 1986, L'intervention en situa-
tion de crise, Santé mentale au Québec, XI, no. 2,
des urgences et prévenant un achalandage futur.
122-142.
Références Louise Lebel
Berthoud, R, Schaller, G., 1987, Une autre vision de la Psychologue
maladie, Fondation Soleil, Genève, 54. Intervenante au RR.I.S.M.

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