Você está na página 1de 5

PRESENTATION DES ENJEUX DE LA 2ème ETAPE

DU PARCOURS MISSIONNAIRE DIOCESAIN

Palais des Congrès – Bordeaux – Samedi 20 novembre 2010

Chers amis,

Bonjour à tous. Permettez-moi, tout d’abord, de vous dire un grand merci pour avoir répondu
à mon invitation et avoir accepté de consacrer ainsi une bonne partie de ce samedi au
lancement de la deuxième étape de notre parcours missionnaire diocésain.

L’enjeu de ce parcours, je vous le rappelle, est de renouveler le dynamisme apostolique et


missionnaire de notre Eglise diocésaine, de nous rendre plus désireux d’une annonce à tous de
l’Evangile, de nous permettre d’être plus attentifs à « rendre compte à quiconque nous le
demande de l’espérance qui est en nous  », pour reprendre l’expression de saint Pierre dans sa
première épître (cf. 3, 15).

1 – Notre parcours : d’une étape à l’autre

L’an dernier, nous nous sommes préparés spirituellement à entrer dans cette démarche
missionnaire. Par la lecture du livre des Actes des Apôtres, nous avons demandé à Dieu de
nous donner le dynamisme de foi des apôtres et des premières communautés chrétiennes.
Nous avons vu combien la Parole de Dieu met en route, bouscule, invite à des discernements
et à des déplacements, porte du fruit malgré les difficultés et les oppositions. Nous nous
sommes risqués à écrire nos « Actes des Apôtres » aujourd’hui. Même si la proposition, cette
année, est différente, nous ne fermons pas pour autant le livre des Ecritures. Celui-ci nous
accompagne tout au long de notre marche. Je sais que certains souhaitent poursuivre l’étude
du livre des Actes et en achever la lecture. Tous, en tout cas, nous avons à nous remettre à
sans cesse à l’écoute de la Parole de Dieu. Nous ne pouvons pas dialoguer avec les hommes
sans dialoguer entre nous et sans dialoguer avec ce Dieu qui entre en conversation avec nous
dans ce livre des Ecritures. La dernière exhortation apostolique postsynodale Verbum Domini
l’affirme clairement : « Toute l’économie du Salut nous montre que Dieu parle et intervient
dans l’histoire en faveur de l’homme et de son salut intégral. Il est donc important, du point
de vue pastoral, de présenter la Parole de Dieu dans sa capacité de répondre aux problèmes
que l’homme doit affronter dans la vie quotidienne. Jésus se présente justement à nous
comme celui qui est venu pour que nous puissions avoir la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).
Pour cela, nous devons déployer tous nos efforts pour que la Parole de Dieu apparaisse à
chacun comme une ouverture à ses problèmes, une réponse à ses questions, un élargissement
des valeurs et en même temps comme une satisfaction apportée à ses aspirations. » (n° 23).

Cette année, nous allons réfléchir sur la famille, l’éducation, le respect de la création et la
solidarité. Certains ont pu s’étonner de ce choix. En quoi ces préoccupations font-elles partie
de l’évangélisation ? Celle-ci n’est-elle pas d’abord l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut
apporté en Jésus Christ, la proclamation de l’amour de Dieu et de la présence vivante parmi
nous aujourd’hui du Ressuscité ? C’est vrai que dans nos communautés chrétiennes nous
parlons plus facilement de ces réalités que sont la prière, la liturgie, la catéchèse,
l’aménagement ou le fonctionnement de nos structures ecclésiales et moins de problèmes qui

1
touchent notre vie profane ou notre vie sociale. Eclairer ces réalités quotidiennes et sociales
fait pourtant partie intégrante de la démarche d’évangélisation.

2 – L’évangélisation comme Bonne nouvelle pour notre vie la plus quotidienne

Certes, l’année prochaine, nous aurons à nous remettre devant les défis d’une première
annonce de l’Evangile à ceux qui ne connaissent pas la foi chrétienne, enfants, jeunes et
adultes, ainsi qu’à tous ceux qui s’en sont éloignés. Mais cette année, nous abordons les
conséquences sociales de l’évangélisation ou plus exactement nous verrons comment
l’évangélisation est l’annonce d’une Bonne Nouvelle qui nous éclaire dans ce qui constitue
notre vie familiale, notre responsabilité éducative, la relation à notre environnement, notre vie
en société et nos rapports sociaux. Paul VI, déjà, dans son exhortation Evangelii Nuntiandi le
soulignait fortement : « L’évangélisation ne serait pas complète si elle ne tenait pas compte
des rapports concrets et permanents qui existent entre l’évangile et la vie, personnelle et
sociale, de l’homme. C’est pourquoi l’évangélisation comporte un message explicite, adapté
aux diverses situations, constamment actualisé, sur les droits et les devoirs de toute personne
humaine, sur la vie familiale sans laquelle l’épanouissement personnel n’est guère possible,
[60] sur la vie en commun dans la société, sur la vie internationale, la paix, la justice, le
développement » (n° 29). Cette affirmation sera sans cesse reprise et développée dans les
grandes encycliques sociales de Jean-Paul II et dans la dernière encyclique de Benoît XVI
Caritas in Veritate. Cela demande une justification et appelle quelques explications.

3 – La Révélation éclaire la vie de l’homme dans toutes ses dimensions

Quand Dieu se révèle à nous, il se révèle comme communion de relations entre le Père, le Fils
et l’Esprit, mais aussi comme communication avec cette humanité qu’il a créée et qu’il invite
à entrer en communion avec lui. En Jésus Christ nous est révélé non seulement le vrai visage
de Dieu, mais aussi le vrai visage de l’homme, l’homme tel qu’il est et tel qu’il est appelé à
être dans le dessein de Dieu. La Parole de Dieu révélée en Jésus Christ, le Verbe de Dieu,
éclaire la vie de l’homme dans toutes les dimensions de son être : « En réalité, le mystère de
l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe Incarné » affirme le Concile
Vatican II, dans la Constitution Gaudium et Spes (n° 22, 1 et Redemptor Hominis n° 10). La
même Constitution voudra d’ailleurs tirer toutes les conséquences de cette affirmation et
cherchera à en détailler les applications dans ces domaines aussi différents que le mariage et
la famille, la culture, la vie économique et sociale, la communauté politique tant dans sa
dimension nationale qu’internationale : « C’est pourquoi, sous la lumière du Christ, Image du
Dieu invisible, Premier-né de toute créature, le Concile propose de s’adresser à tous pour
éclairer le mystère de l’homme et pour aider le genre humain à découvrir la solution des
problèmes majeurs de notre temps » (n° 10, 2).

Cet éclairage sur l’homme, où le trouvons-nous ?

- Dans l’Ecriture
- Dans la Tradition de l’Eglise (Expérience de la sainteté (vie des saints et des martyrs),
vie liturgique, enseignement des Conciles, magistère des papes et des évêques,
réflexion des théologiens…)
- Dans l’expérience chrétienne personnelle et ecclésiale : n’oublions pas que nous
sommes habités par l’Esprit Saint et éclairés intérieurement par lui.

2
4 – La finalité de notre travail pendant cette 2ème étape

Cet éclairage sur l’homme, nous avons à :

- L’accueillir : le découvrir personnellement et ensemble ; l’approfondir ; en tirer des


conséquences pratiques pour notre vie aujourd’hui.

- Le partager : en l’offrant, mais en associant d’autres à notre recherche car nous


pouvons aussi recevoir de ceux que le Concile Vatican II appelle « les hommes de
bonne volonté », ceux qui peuvent nous rejoindre sur une approche juste de ce qu’est
l’homme (qui peut dire que les chrétiens n’ont rien reçu de Gandhi… ?).

- Le promouvoir : en le mettant au service des autres dans notre société, au service des
couples, des familles, des enfants, des jeunes, de nos concitoyens, des hommes et des
femmes avec qui nous vivons sur cette terre ; en apportant notre collaboration aux
efforts de tous. Le Concile Vatican II rappelle à l’Eglise qu’il est de son devoir (de sa
mission), de dialoguer avec l’ensemble de la famille humaine sur les différents
problèmes qu’elle rencontre et d’apporter sa sincère collaboration « pour
l’instauration d’une fraternité universelle qui réponde à la très noble vocation de
l’homme » (cf. Gaudium et Spes n° 3, 1 et 2). Dialogue et Collaboration sont deux
convictions qui doivent guider la mise en œuvre de notre parcours missionnaire
diocésain. Précisons ce point.

5 – Deux écueils à éviter

Dans cette mission qui est la nôtre deux attitudes me paraissent devoir être refusées :

1) Le relativisme : On peut décrire ainsi cette attitude : « Chacun a sa vie, sa façon de


voir…. Il n’y a pas qu’une façon de voir la famille, l’éducation, l’écologie, les
relations sociales…. On doit respecter les idées de chacun…. Les chrétiens n’ont pas
plus de lumière que les autres. D’ailleurs, ils ne vivent pas forcément mieux….
Aucune façon de voir ne s’impose…. Chacun a le droit de penser ce qu’il veut…
Essayons de ne pas nous agresser et essayons de vivre en paix les uns avec les
autres ». Ceux qui ont cette approche sont souvent paralysés à l’idée qu’on puisse leur
reprocher de faire la morale aux autres.

Certes, le respect des autres est une bonne chose. Nous avons à apprendre à vivre
pacifiquement dans une société de plus en plus pluraliste. Mais cela ne veut pas dire
que tout se vaille dans le couple, dans l’éducation, dans le respect de l’environnement
ou dans notre façon de vivre nos relations sociales. Nous sommes porteurs d’un sens
de l’homme qui nous vient de la foi et qui éclaire notre réalité créée. Nous sommes les
témoins d’un projet de Dieu sur l’humanité et les collaborateurs de l’instauration du
Règne de Dieu qui vient. Or, nous savons bien que tout ne construit pas, n’édifie pas.
Tout ne conduit pas à l’épanouissement de l’homme, à son bonheur. Tout ne sert pas
forcément la venue de ce Règne. L’expérience croyante donne un certain nombre de
points de repère pour vivre une vie pleine, une vie qui expérimente la « bénédiction »,
pour reprendre une image biblique : « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction
ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez » (Deut.
30, 19).

3
2) Le fondamentalisme : c’est un travers qui ne guette pas que d’autres religions ! C’est
aussi une tentation qui peut s’emparer de nous. Elle consiste en croire que les vérités
de la foi s’appliquent sans discernement et donnent automatiquement la réponse à
toutes nos questions, la solution à tous nos problèmes. Certes, la révélation éclaire la
vie de l’homme, le sens qu’il doit donner à sa vie, les valeurs qui doivent l’inspirer.
Mais elle ne nous donne pas la solution à tous nos problèmes. Nous devons les
chercher avec notre raison et en faisant usage de notre liberté. Nous devons les
chercher ensemble. Le Concile nous le rappelle : « Par fidélité à la conscience, les
chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution
juste de tant de problèmes moraux que soulève aussi bien la vie privée que la vie
sociale » (Gaudium et Spes n° 16). Le fondamentalisme s’accompagne toujours d’un
discours moralisant, voire culpabilisant, et d’une tentation de faire la leçon aux autres.
La véritable attitude chrétienne se veut service des hommes et partage fraternel de ce
qui nous fait vivre.

6 – L’attitude missionnaire juste. L’esprit de notre démarche

J’aime bien une expression qu’emploie le pape Benoît XVI dans son encyclique Caritas in
Veritate (n° 48). C’est l’expression « la grammaire» de l’humain  qui désigne les points de
repère qui nous viennent de la révélation. Cela veut dire qu’il y a des lois de l’humain. En
régime chrétien, on n’écrit pas n’importe quoi. Il faut connaître sa grammaire. Mais la
grammaire n’est qu’une grammaire. Les lois grammaticales ne remplacent pas l’écriture.
Montaigne, Montesquieu et Mauriac connaissaient la grammaire française mais leurs écrits
sont bien autre chose qu’un livre de grammaire. Il faut se risquer à écrire. La révélation nous
donne la grammaire de l’humain mais il faut nous risquer à écrire notre vie, à l’écrire
ensemble. Ce sera tout l’enjeu de cette deuxième étape de notre parcours missionnaire.

Notre projecteur sera orienté cette année sur quatre grands domaines de notre vie humaine,
quatre grands secteurs où nous sommes à la recherche, et bien d’autres autour de nous, d’un
art de vivre, des points de repère, de convictions fortes, dans la vie familiale, dans nos
responsabilités éducatives, dans la gestion du monde dans lequel nous vivons, et dans la
gestion de nos relations en société.

7 – Pratiquement, qu’allons-nous faire ?

Dans les rencontres que nous aurons, dans les groupes de réflexion que nous formerons dans
les secteurs pastoraux, les aumôneries, les mouvements, nous aurons :

- à dégager ces convictions, ces points de repère, dont je viens de parler.

- à proposer des lignes d’action, des initiatives à prendre ou à soutenir, que ce soit sur le plan
local, diocésain ou sur celui de notre vie en société.

- à faire signe à toutes les personnes, intéressées par ces questions de société, qui ne sont pas
forcément des croyants ou des pratiquants, mais qui accepteraient de marcher un moment
avec nous. Un parcours missionnaire implique invitation et compagnonnage.

- à avoir une parole publique sur ces questions qui touchent notre vie.

4
Nous aurons à mettre en commun nos réflexions et nos suggestions. Les ensembles pastoraux,
puis ensuite le diocèse seront le bon niveau pour aider à la ressaisie, au partage, à la
confrontation et à l’expression publique du travail de nos chantiers. Je souhaite que cette 2 ème
étape du parcours nous aide à développer plus de communication et de solidarité, qu’elle aide
à un décloisonnement de nos préoccupations. Que ceux qui s’intéressent prioritairement à la
famille puissent s’intéresser aussi à la solidarité et vice versa.

8 – L’enjeu de notre parcours dans cette 2ème étape

Finalement, je résumerai volontiers l’enjeu de cette étape de notre parcours diocésain par ces
quelques questions :

Eglise de Gironde qu’as-tu à dire aux hommes et aux femmes de notre temps? Qu’est-ce
qui te fait vivre ? Qu’as-tu à partager avec joie, simplicité et conviction sur ces secteurs
de la vie aussi fondamentaux aujourd’hui que la famille, l’éducation, le respect de la
création et la solidarité ? Eglise de Gironde, le Seigneur t’envoie. Le Seigneur compte
sur toi.

† Jean-Pierre cardinal RICARD


Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas

Você também pode gostar