Escolar Documentos
Profissional Documentos
Cultura Documentos
RÉSUMÉ SUMMARY
La pratique basée sur les résultats probants vise une Evidence-based (EBP) aims for a new distribution of
nouvelle répartition du pouvoir centrée sur la preuve power centered on scientific evidence rather than
scientifique plutôt que sur l’expertise clinique. Le pré- clinical expertise. The present article describes the
sent article décrit le processus opérationnel en déga- operational process of EBP by describing the imple-
geant les étapes d’implantation de ce type de pratique. mentation stages of this type of practise. This stage
Cette présentation est essentielle compte tenu qu’il presentation is essential given that there are many
existe plusieurs conceptions et modèles de la pratique conceptions end models of EBP and that some
basée sur les résultats probants et que certaines infir- nurses have a limited knowledge of its rules ans
mières ont une connaissance limitée de ses règles et de implications. Given that number and formulation
ses implications. Le nombre et la formulation des of the stages varies by author, the process presented
étapes variant selon les auteurs, le processus présenté here attemps to integrate the differents stages
ici tente d’intégrer les différentes étapes recensées. reviewed.
Mots clés : pratique basée sur les résultats probants – Key words : evidence - based practice stages - pro-
étapes - processus cess
19
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
M ÉTHODOLOGIE
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
INTRODUCTION ÉTAPES
* Le terme infirmière est utilisé et englobe les infirmiers ; cette désignation est utilisée sans aucun préjudice dans le seul but d’alléger le texte
20
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
dimension des soins de santé à laquelle vous vous inté- plus efficace si vous connaissez le type d’articles scien-
ressez qui correspond au changement que vous voulez tifiques que vous devez chercher ainsi que l’utilité et
implanter. La conséquence est le résultat que vous les limites des diverses sources d’information dispo-
désirez obtenir selon une perspective de pratique effi- nibles. L’étendue de la recherche documentaire varie
ciente et orientée vers le bien-être du patient. Vous beaucoup d’une discipline à une autre ; si vous vous
devez formuler plusieurs sous-questions afin de bien fiez aux critères hiérarchiques de rigueur scientifique
clarifier votre question principale. À titre d’exemple, élaborés par les tenants de cette approche, vous
certaines sous-questions sont présentées au Tableau 2 constaterez que l’étendue de la documentation en
pour chacun des éléments énoncés. sciences infirmières sera limitée.
21
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
Dans certains cas, vous serez intéressé par les en 1998, un nouveau groupe Cochrane a été créé pour
recherches portant sur les causes ou le pronostic d’une analyser les éléments de preuve à partir de sources
maladie. Il est alors inconcevable de chercher des documentaires de nature qualitative, il s’agit du
essais cliniques randomisés puisque ce type d’études Cochrane Qualitative Research Methods Group
est impossible à réaliser pour des raisons éthiques, cul- (http://mysite.freeserve.com/Cochrane_Qual_Method/
turelles, politiques et pratiques (Youngblut et Brooten, index. htm). La preuve de nature qualitative est donc
2001). La cohorte analytique devient alors un choix prise en compte de façon de plus en plus rigoureuse.
plus approprié. Le devis cas-témoin devient approprié
à la constitution de la preuve scientifique lorsque vous
vous intéressez à un événement rare ou si la mesure se
fait a posteriori de l’événement (after the fact) parce Quelles sont les sources d’information qui peu-
que celui-ci n’est pas prévisible (Roberts & Di Censo, vent être utilisées ?
1999). Le devis avec cohorte de nature longitudinale
est également valable, toutefois, il est rarement utilisé
puisqu’il est plutôt onéreux. Vous devez cependant Globalement, il y a six sources d’information valides :
demeurer vigilant. Les résultats des études utilisant des les livres, les revues et journaux scientifiques, les thèses
devis descriptifs complexes ne sont pas reconnus non-publiées, les bases de données bibliographique,
comme des preuves valables. les sources de données distillées et l’Internet
Dans le cas où vous vous intéressez à des phénomènes (McKibbon & Marks, 1998a). Les livres sont adéquats
sociaux et émotifs, ainsi qu’à des expériences person- pour répondre aux questions concernant des faits qui
nelles reliées aux soins de santé, les études qualitatives demeurent relativement inchangés à travers le temps
pourront sûrement vous être utiles (DiCenso et al. (par ex. : les caractéristiques d’une maladie). Ils sont
1998 ; Estabrooks, 1998 ; Roberts & DiCenso, 1999). également utiles parce qu’ils traitent généralement
Ce type d’études permet de poursuivre des buts diffé- d’un sujet en profondeur ou abordent plusieurs aspects
rents : explorer et décrire des phénomènes psycholo- d’un même phénomène. Les revues et journaux scien-
giques ou sociaux, identifier des variables ou concepts tifiques sont considérés comme la source d’information
importants de même que les relations existant entre principale en recherche. Il est de votre responsabilité
eux ainsi que générer des hypothèses et des théories
de vous assurer que les revues ou journaux scienti-
cohérentes. Parmi les devis de recherche qualitatifs, on
fiques consultés sont de qualité, c’est-à-dire qu’ils ont
retrouve : la phénoménologie, l’ethnographie, la théo-
des normes rigoureuses d’évaluation par un comité de
risation ancrée et l’analyse de contenu.
pairs. En outre, McKibbons et Marks soulignent que les
Pour tous les types de questions posées, un bon point
découvertes notables en soins de santé sont générale-
de départ consiste à chercher une revue systématique
récente, comme une méta-analyse (Evidence-Based ment publiées dans des revues médicales de prestige
Medicine Working Group [EBMWG], 2002). La librai- telles : The New England Journal of Medicine, The
rie Cochrane (www.cochranelibrary.com) peut être très Journal of the American Medical Association, The
pratique à cet égard. La méta-analyse a pour but d’in- Lancet, The British Medical Journal, et ce, quelle que
tégrer les résultats de diverses études individuelles éva- soit la discipline des auteurs puisqu’elles ont souvent
luant une même problématique à l’aide de méthode des implications pour l’ensemble des professionnels y
statistique qui traduit les résultats de diverses études en compris les médecins. Il serait donc important d’inclu-
une unité commune permettant d’obtenir une puissan- re ces revues dans votre répertoire de lecture. Les
ce statistique (effect size) de comparer la valeur de thèses non-publiées, quant à elles, offrent davantage de
chaque étude (Beck, 1995 ; Youngblut & Brooten, détails et de profondeur que les articles scientifiques et
2001). L’importance des méta-analyses réside notam- permettent une analyse critique plus efficace.
ment dans le fait qu’elles intègrent les résultats de plu- Toutefois, elles sont quelquefois difficiles à recenser et
sieurs études et permettent de limiter la confusion qui à se procurer.
pourrait découler de résultats non significatifs ou de Bien que la lecture d’articles scientifiques récents soit
conclusions contradictoires. Toutefois, les revues systé- nécessaire pour vous tenir à jour, les articles récents ne
matiques ne sont pas infaillibles ; des méta-analyses sont pas nécessairement pertinents au problème que
évaluant une même problématique ont parfois produit vous voulez résoudre. De plus, vous ne pouvez pas
des conclusions contradictoires. Il est donc essentiel de instaurer un changement de pratique en vous basant
s’assurer que les sources d’information les plus impor- sur un seul article récent aussi extraordinaire soit-il. Par
tantes ont été incluses dans la méta-analyse (Naylor, contre, vous pouvez utiliser cet article pour trouver des
1997). La méta-analyse est une technique principale- thèmes d’intérêts similaires et faire subséquemment
ment utilisée en mesure quantitative. Toutefois, une recherche bibliographique des articles qui concer-
22
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
nent ce sujet. À cet effet, l’utilisation des bases de don- ne reposent pas sur des devis rigoureux respectant les
nées est une méthode efficace. critères de scientificité.
Les bases de données bibliographiques permettent de Vous devez répondre à trois questions principales afin
procéder à une recherche spécifique de documentation d’analyser les écrits recensés de façon critique
correspondant au sujet de recherche (ex. : CINAHL, (DiCenso, et al., 1998) : 1- Est-ce que les résultats sont
MEDLINE, Pubmed www.ncbi.nlm.nih.gov/PubMed). valides ?
Vous pourrez lire les abrégés fournis dans ces bases de 2- Quels sont les résultats générés par cette étude ? et
données afin de déterminer la pertinence de l’étude. 3- Est-ce que les résultats peuvent m’aider à soigner
Pour celles d’entres vous qui n’êtes pas à l’aise avec mes patients ? Divers auteurs, tant en sciences infir-
les diverses bases de données existantes, des séances mières que dans d’autres disciplines, ont créé des listes
de formation avec une bibliothécaire peuvent se révé- de sous-questions permettant de répondre à ces trois
ler essentielles. Les sources de données « distillées » questions selon le type d’articles analysés : revue sys-
répertorient quant à elles divers articles ayant été résu- tématique, études portant sur l’intervention, le dia-
més et analysés de façon critique (ex. : Evidence- gnostic, le pronostic, l’analyse économique, étude
Based Nursing : http://ebn.bmjjournals.com, Clinical qualitative (Brown, 1999 ; Cullum, 2000b, 2001 ;
Evidence). L’inconvénient des bases de données distil- Dawes et al. 1999 ; EBMWG, 2002 ; Giacomini &
lées est qu’elles ne contiennent pas nécessairement Cook, 2000a, 2000b ; Guyatt, Sackett & Cook, 1993,
des articles sur tous les sujets d’intérêt pour les infir- 1994 ; Oxman, Guyatt & Cook, 1994).
mières. Il vous faudra alors retourner vers des bases de L’analyse transversale des publications récentes du
données bibliographiques plus complètes. Consortium Universitaire, qui collige les études por-
Finalement, l’Internet est une source incontournable tant sur les résultats probants pour le Royal College
d’information. L’information provenant de ce médium of Nursing du Royaume-Uni, révèle qu’il y aurait
n’est toutefois pas de qualité égale. En conséquence, il quatre niveaux de résultats probants pour la pratique
est primordial d’analyser, de façon critique, l’informa- clinique : Le niveau I indique la disponibilité de
tion provenant de cette source, en particulier vous quelques études descriptives et d’avis qui font l’una-
devez examiner attentivement les qualifications des nimité d’experts cliniques. Le niveau II inclut les
auteurs et les sources d’information utilisées par ceux- résultats de plusieurs études descriptives et de
ci. Un exemple de processus à suivre pour effectuer quelques études expérimentales se prêtant à une
une recherche documentaire efficace est illustré au généralisation limitée, ainsi que des avis qui font
Schéma 1(page suivante). l’unanimité d’experts. Le niveau III englobe les résul-
tats de plusieurs études expérimentales répétées dans
le milieu visé et finalement, le niveau IV comprend
plusieurs études expérimentales et au moins une
méta-analyse d’études ayant été effectuée dans des
ÉTAPE 4 : ANALYSE CRITIQUE environnements compatibles avec le milieu visé
DES ÉCRITS SCIENTIFIQUES (Morin & Leblanc, 2002).
23
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
Schéma 1
Exemple de processus à suivre pour effectuer une recherche efficace des écrits scientifiques
(étape 3) (adapté de Cullum, 2000a)
24
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
Ceci pourrait vous éviter des discordes pouvant sur- dent à ne pas être acceptés s’ils ne confirment pas nos
venir lors de la période d’implantation. Assurez-vous croyances personnelles à propos des soins des patients.
que l’équipe de soins est partie prenante de la déci- Ainsi, il faut jouer de prudence et ne pas rejeter systé-
sion finale. matiquement toutes les études dont les résultats ne sont
pas conformes à vos idées. Vous devez être prête à
considérer des opinions divergentes. En second lieu, il
est important de se rappeler qu’il existe certains biais
La prise de décision de publication. Les auteurs peuvent avoir tendance à
soumettre seulement des manuscrits dont les résultats
confirment leurs hypothèses. Ces biais sont renforcés
Avant de prendre la décision de procéder à un chan- par les politiques de publication de divers journaux. En
gement en vous basant sur les bénéfices potentiels de fait, pour plusieurs revues, la publication d’études dont
la nouvelle intervention, il faut se poser la question sui- les résultats ne sont pas statistiquement significatifs est
vante : est-ce que cela vaut la peine de modifier la pra- moins probable. En conséquence, les chercheurs dont
tique compte tenu de l’information recueillie et des les résultats ne sont pas significatifs peuvent avoir de la
coûts engendrés par son utilisation ? Pour ce faire, difficulté à faire publier leurs résultats ou ils peuvent
DiCenso et ses collègues (1998) proposent de se réfé- réussir à les faire publier dans des revues qui ne sont
rer à un modèle de prise de décision formé de quatre pas incluses dans les grandes bases de données comme
composantes : les résultats probants de la recherche, MEDLINE (EBMWG, 2002). Les revues systématiques
les ressources disponibles, l’expertise clinique et le ne sont pas immunisées contre les biais possibles en
patient (voir Schéma 2). Selon ce modèle, les résultats recherche. Toutefois, l’approche rigoureuse utilisée
probants ne sont pas la source unique de connais- dans ce type de revue pour identifier et analyser les
sances mais une source principale. Vous devez réaliser résultats réduit la probabilité de biais dans l’estimation
les étapes 1 à 4 et vous poser des questions relatives des effets significatifs ou non (EBMWG, 2002).
aux constats dégagés de votre analyse. Plusieurs ques- Lorsque vous devez prendre une décision concernant
tions pouvant faciliter la prise de décision sont énon- une modification de pratique, vous devez tenir comp-
cées au Tableau 3 annexe 1. Tout particulièrement, te non seulement des résultats probants dégagés de
questionnez-vous sur la valeur des études recensées : l’analyse des études scientifiques, mais également des
sont-elles suffisamment rigoureuses pour justifier un ressources financières, matérielles et humaines qui
changement de pratique. sont à votre disposition, de même que les ressources
qui seront nécessaires si le changement d’intervention
proposé est accepté. Par contre, il existe peu de don-
Schéma 2
nées disponibles qui permettent de comparer les coûts
Modèle de prise de décision (Étape 5) adapté de DiCenso,
de diverses interventions et leur efficience (Forum
Cullum et Ciliska (1998)
National sur la Santé, 1997). Toutefois, vous pouvez
essayer de répondre aux questions présentées au
Tableau 3 à l’aide des sources d’information dont vous
disposez : Quelle est la complexité des changements
requis ? L’étendue du problème est-elle suffisante pour
justifier le changement proposé ?
Un troisième élément à considérer lors de la prise de
décision face au changement est l’expertise clinique
que vous avez acquise, au fil des ans, en observant les
conséquences de vos actions sur les patients (DiCenso
et al., 1998). Vous devez demeurer particulièrement
prudente face aux connaissances dérivées de l’experti-
se clinique puisque la mémoire est bien souvent sélec-
tive. On a tendance à se rappeler davantage des inter-
ventions qui tendent à confirmer notre point de vue,
ainsi que des interventions plus récentes et celles qui
ont eu un résultat particulier [positif ou négatif]
Vous devez également tenir compte de deux autres élé- (Estabrooks, 1998). Vous devriez également considérer
ments qui peuvent influencer votre jugement quant à l’expertise clinique de vos collègues de travail. Le
l’importance accordée aux résultats probants. D’abord, Tableau 3 (voir Annexe 1) propose quelques questions
Hunt (1981) soutient que les résultats de recherche ten- pouvant s’appliquer à l’expertise clinique.
25
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
Finalement, vous devez tenir compte des caractéris- problèmes de santé (Colyer & Kamath, 1999, Mead,
tiques et des valeurs des patients dans votre décision 2000) ; elles sont généralement construites en tenant
d’opter pour une nouvelle intervention. Vous devez compte d’une hiérarchie de preuves qui ne tient pas tou-
vous enquérir de leurs préférences en faisant le point jours compte du fait que la force de la preuve dépend
sur les bénéfices et les risques de l’intervention propo- parfois de la nature de la question posée (Mead, 2000).
sée. Vous devez aussi tenir compte de l’étendue des Puisque les lignes directrices disponibles actuellement
similarités et des différences entre les patients que vous ne sont pas toutes de qualité égale (Snowball, 1999), il
soignez habituellement et ceux qui ont participé aux est impératif encore une fois que vous soyez critique à
études que vous avez analysées. Ainsi, l’analyse cri- leur endroit (voir Snowball pour une liste de questions à
tique des études n’est jamais suffisante pour formuler cet effet) ; au besoin, adaptez les à votre contexte de
une décision clinique. Il est primordial de considérer soins ou créez en de nouvelles, particulièrement si elles
un ensemble d’éléments lorsque vous effectuez la n’ont pas été mises à jour récemment.
comparaison des bénéfices et des désavantages de pro-
céder ou non au changement (EBMWG, 2002). Bref,
vous devez savoir comment obtenir, interpréter et inté-
grer les meilleures preuves scientifiques à l’information
reliée aux patients et au contexte de soin dans lequel ÉTAPE 6 : ÉVALUATION DU RÉSULTAT OBTENU
vous pratiquez. Cette position rejoint celle préconisée
par Gerrish et Clayton (1998) ou DiCenso et al. (1998)
qui considèrent que les décisions relatives aux choix Vous devriez faire suivre tout changement de pratique
de pratiques basées sur des résultats probants doivent par une évaluation afin de vous assurer de son efficaci-
privilégier l’utilisation de soins qui se sont révélés té. Vous pouvez effectuer l’évaluation de façon infor-
scientifiquement les plus efficaces tout en intégrant les melle en vérifiant simplement si l’application de l’inter-
savoirs professionnels et les savoirs émiques et en étant vention a répondu à vos attentes ou s’il y a eu certaines
les plus efficients pour le système de santé. complications imprévues. Toutefois, une meilleure
alternative serait de procéder à une évaluation formelle
en notant systématiquement les bénéfices et les obs-
tacles rencontrés auprès d’une variété de patients et de
La mise en œuvre de la décision situations cliniques. Pour ce faire, vous pouvez utiliser
à la fois des mesures quantitatives ou qualitatives pour
analyser les résultats. L’idéal est de planifier l’évalua-
Une décision favorable à l’implantation d’une nouvelle tion avant le début de l’implantation afin de déterminer
intervention requiert la formulation d’objectifs d’im- les mesures qui permettront de mieux juger de l’effica-
plantation à court, moyen et long termes (Harrison et al. cité de la nouvelle intervention. Vous pourrez ainsi
1998). Il peut être préférable d’implanter une nouvelle obtenir un meilleur contraste entre les résultats en com-
pratique sous forme de projet pilote avant de prendre parant les résultats obtenus avant le changement à ceux
une décision finale et ce, particulièrement si cette nou- obtenus après l’implantation de la nouvelle interven-
velle intervention nécessite plusieurs transformations et tion. L’évaluation peut toucher l’implantation du chan-
implique plusieurs personnes (Taylor-Piliae, 1998). Une gement, le processus de soins lui-même ou les effets sur
nouvelle intervention qui obtient des résultats favo- les clientèles (outcomes) et sur le système (output).
rables lors d’un projet pilote est souvent un gage de
réussite pour une implantation plus généralisée.
L’application de la pratique basée sur les résultats pro-
bants s’effectue de plus en plus à l’aide de lignes direc-
trices. Ces lignes directrices sont différentes des proto- ÉTAPE 7 : DIFFUSION DES RÉSULTATS
coles en ce sens qu’elles fournissent une série de recom-
mandations et non des procédures obligatoires
(Thomson, Angus & Scott, 2000). Elles devraient vous Une étape importante de la pratique basée sur les
permettre d’offrir des soins optimaux aux patients que résultats probants qui n’est pas énoncée de façon
vous soignez puisqu’elles contiennent des recomman- explicite par les partisans de ce mouvement est celle
dations basées sur les résultats probants (Thomson et al. de la diffusion des résultats. Vous pouvez diffuser vos
2000). Certaines infirmières s’objectent à l’utilisation de résultats de façon informelle en les partageant avec vos
lignes directrices, elles ont l’impression d’utiliser un collègues. Brown (1999) souligne l’importance de pré-
«livre de recettes». Ces lignes directrices présupposent senter les résultats de l’évaluation aux divers interve-
l’existence d’une solution optimale pour chacun des nants qui font partie du changement. Ceci peut facili-
26
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
27
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
Giacomini, M.K. & Cook, D.J. (2000b). Users’guide to Naylor, D. (1997). Meta-analysis and the meta-epide-
the Medical Literature. XXIII. Qualitative research in miology of clinical research : Meta-analysis is an
health care. A. What are the results and how do they important contribution to research and practice but it’s
help me care for my patients ? Journal of the American not a panacea. British Medical Journal, 315, 617-619.
Medical Association, 284 (4), 478-482.
Oxman, A.D., Cook, D.J., & Guyatt, G.H., (1994).
Gerrish K., & Clayton J. (1998). Improving clinical effec- Users’guide to the Medical Literature. VI. How to use
tiveness through an evidence-based approach : meeting an Overview. Journal of the American Medical
the challenge for nursing in the United Kingdom Association, 272 (17), 1367-1371.
Nursing Administration Quarterly, 22 (4) : 55-65.
Roberts, J., & DiCenso, A. (1999). Identifying the best
Guyatt, G.H., Sackett, D.L., & Cook, D.J. (1993). research design to fit the question. Part 1 : Quantitative
Users’guide to the Medical Literature. II. How to use an designs. Evidence-Based Nursing, 2 (1), 4-6.
article about therapy or prevention. A. Are the results
of the study valid ? Journal of the American Medical Rosenberg, W. & Donald, A. (1995). Evidence-based
Association, 270 (21), 2598-2601. medicine : An approach to clinical problem solving.
British Medical Journal, 310, 1122-1126.
Guyatt, G.H., Sackett, D.L., & Cook, D.J. (1994).
Users’guide to the Medical Literature. II. How to use an Rosswurm, M.A. & Larrabee, J.H. (1999). A model for
article about therapy or prevention. B. What were the change to evidence-based practice. Image : Journal of
results and will they help me in caring for my patients ? Nursing Scholarship, 31 (4), 317-22.
Journal of the American Medical Association, 271 (1),
59-63. Sackett, D.L., Richardson, W.S., Rosenberg, W., &
Haynes, R.B. (1997). Evidence-Based Medicine : How to
Harrison, M.B., Logan, J., Joseph, L., & Graham, I.D. practice and teach EBM. Churchill-Livingston : New York.
(1998) : Quality improvement, research, and evidence-
based practice : 5 years experience with pressure
Snowball, R. (1999). Critical appraisal of clinical gui-
ulcers. Evidence-Based Nursing, 1 (4), 108-110.
delines. Dans M. Dawes, P. Davies, A. Gray, J. Mant, K.
Seers, & R. Snowball (Éds.), Evidence-based practice :
Hunt, J. (1981). Indication for nursing practice : The
use of research findings. Journal of Advanced Nursing, A primer for health care professionals (pp127-131).
6, 189-194. London : Churchill Livingstone.
Jennings, B.M., & Loan, L.A. (2001). Misconceptions Stetler, C.B., Brunell, M., Giuliano, K.K., Morsi, D.,
among nurses about evidence-based practice. Journal Prince, L., & Newell-Stokes, V. (1998). Evidence-based
of Nursing Scholarship, 33 (2), 121-127. practice and the role of nursing leadership. Journal of
Nursing Administration, 28 (7-8), 45-53.
Kitson, A. (1997). Using evidence to demonstrate the
value of nursing. Nursing Standard, 11 (28), 34-39. Taylor-Piliae, R.E. (1998). Establishing evidence-based
practice : Issues and implications in critical care nur-
Langford, R.W. (2001). Navigating the maze of nursing sing. Intensive Critical Care Nursing, 14 (1), 30-37.
research : An interactive learning adventure. St-Louis,
Missouri : Mosby. Trinder, L. (2000a). Introduction : The context of evi-
dence-based practice. Dans L. Trinder & S. Reynolds
McKibbons, A., Marks, S. (1998). Searching for the best (Éds.), Evidence-Based Practice : A critical appraisal
evidence. Part 1 : Where to look. Evidence-Based (pp.1-16). Oxford : Blackwell.
Nursing, 1 (3), 68-70.
Thomson, P., Angus, N.J., & Scott, J. (2000). Building a
Mead, P. (2000). Clinical guidelines : promoting clini- framework for getting evidence into critical care edu-
cal effectiveness or a professional minefield ? Journal of cation and practice. Intensive and Critical Care
Advanced Nursing, 31 (1), 110-116. Nursing, 16, 164-174.
Morin D., & Leblanc N. (2002). La pratique infirmière Youngblut, J.M., & Brooten, D. (2001). Evidence-based
basée sur des résultats probants, de quoi parle-t-on au nursing practice : why is it important ? AACN Clinical
juste ? L’Infirmière du Québec, 10 (2) : 27-30. Issues, 12 (4), 468-476.
28
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004
LA PRATIQUE BASÉE SUR LES RÉSULTATS PROBANTS.
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DU PROCESSUS
ANNEXE 1
Tableau 3
Questions pouvant faciliter la prise de décision
29
Recherche en soins infirmiers N° 76 - mars 2004