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8R 15162 1905-1906

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L'année sociologique

Année I u
:ijf .jfc,i, _v. i.,11 |,
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BIBLIOTHÈQUE
UE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE

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L'ANNÉE [cS-
S0GIOLOGIQUE
LA
niIlUCTION
DIU1¡t:TION
BUtUMttfc
SOUS
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DURKHEIM
•EMILEl'rofessêuf'n la Faculté des Icllres de l'UniversiU1: do Paris.

AVKCU CCirXAUOHATlUN
ne MU.

A. MEILLET,prnfriuvar ou i:ollo« MKraii.'o:


BOUQLÊt pMfeii^tir <i<:|)liilnM)|ilile AQtilnlori rt'nivorviift fin Toulmiiio;
HUBERT et MAUSS, iiiaUnii ilu cuiiforfini» ii l'Ai-cilutic ll«ulc«f:iu(ii-5;
HUVELIN >'t Ë. LÊVY, |)nif.-s-ïiit»j lit t'uulln do dmit du Lyon:
RICHARO'l LAPIE, [r-oO.Bt.-iir*â n'nireriilii dn Hurileaux
AUBIN,in^|^t:tr>tir irAcbilo te Al'otlitît*;
BIANCONI, H. BOURGIN, FAUCONNET, HALBWACH8, HERTZ,
HOURTICQ, PAROOI, F. 5IMIAND, <l;n-S <l<!lTuiïc'rsito.
G. BOURGIN, ur^titû-ttu |ml<:>iL"ru|(tic.

DIXIEME ANNÉE (1905-1908)


I. MÉMOIRES ORIGINAUX
P. Huvelln. – Magie et tirait iiutitùituet.
R. llcrtit. – C'inli'ibutum d une Huile me la reptf-
Hwilatwn rolltflivr de lit mi-rl.
V. Dooglé. – Sole sur lu droit et lu caste en Intte.
II. ANALYSES
Des travaux du I" juillet l'JIIÛ an 30 juin 1«tlA..Soco-
/«/«• générale, reliuieuse, murale ri juri'IUiut, crimi-

Hetlr* écntimniyuc. Morphologie mvitil», fHrrrie,

PARIS
FÉLIX ÉDITEUK
ALCAN,
FKLIX
LinRMIUKS ET(Jl'ILLALMIN
AI.C.VN HKl'MKS
108,HOI.I.EVAHI)
SAIST-liKHMAlS,
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FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR

L'ANNÉE SOCIOLOGIQUE
PUBLIER SOU» LA DIRECTION DR
Ê. DURKHEIM

Première année (1890-1807). DUKKHKlM La prohibition de


1 inceste et »i armnc-s. 0. S1MMEL Comment \a formes sociales >omain.
tiennent. – Amlute» des travaux de ioclologio, publiés du I»
îv juin I89i. 1 vui. m-8 juillet 1890 nu
10 fr. »
Deuxième année <«?7-i808). DUUKHS1M Do la définition des
phénomène» relipeut. – HI1UKKT et MAUSS Essai sur la nalure et la
fonction du sacrifice. Aiiulyses. 1 vol. in-8 10 fr. i>
ï1ïïî,\i?m0<aant0 !'«9«-<8W). RATZKL Le sol, la société, l'Eut.
RICHARD !.•« cme»sociales et la criminalité. STE1NMKTZ Clasalfl.
cation des type* «omux. Analyses, i vol. in-tt 10 fr. »
Quatrième année (18MM900). BOUULÉ Remarques sur le
î!S'î".îwllev.J:r*> UL'RKHKIM deux lois de révolution ponalo.
OHAKUUNl Note »ut- Ior causes d'extinction de la propriété
cornoratiro –
Anult/xex. vol. in-8 10 fr, n
Cinquième année ;l'JO0-l»ui). F. simiaND
rananot» du prix du charbon nu xix* sWcle. Kemarnues sur les
DDKK11K1M Sur le tot«-
inraiis. – Amili/ses. 1 vol. iii-8 |y f, “
Sixième année {VM-l'Mi), D0RKHK1M et JUUS8
Iooiiiî» primitives de clnssillouion. Contribution i\ l'ctude des Donuelque»
rcprésentatiuiis
collective*. – UOÇUI.K Revue générale des théories récentes sur la division
(lu travail. – Analyses, 1 vol. in-8 12 fr. SO
Septième année ;tMU2.tt)03). HUBElt1' et MAUS8 Cr.aqUlsR1' d'une
Ibeone ireuvralo île la majîie. – Analyses. 1 vol. in-8 12 fr. 30
Huitième année (l«03-l90i). – H. BOL'RÛIN IC.isai sur une forme
d iiiuufirii-. l.u liiiucheru- a Paris au XIX» «ioclo. – E. DUKKHKlM Sur
1 organiMiiiuii mstriinoiilulo des sociétés australiennes. – Anulyxex. i vol. in-8.
», lï fr. S0
Neuvieme année .1904-1005). A. MKIULBT Comment les mots
chuiigdui de *en>. – M. MAL'SS Kssai sur les variation» saisonnière» des
socivii* cskiino». Kssai de inor|iliolagie sociale. – Analyses. 1vol. in«8.) i fr. 80

AUTRES TRAVAUX OEM. Emile DURKHEIM


De la division du Travail social. 2*«dii. I vol. in-8« 7 iv. so
Les Règles de la Méthode sooiologique, Wdit. 1 vol. iii-12. s IV. &0
Le Suioide -Huile »wialogiqm), I vol. iii-S* 7 fr. M

C. BOCtti.K. Les Soiences sociales en Allemagne. 2- edit.,


1 vol. in-ii ..• î iv. ao
C. HOt/UI.K. -Le» Idées égali»aires.â»édit. 1 vol. in* 3 fr. 76
C. BOL'ULK. – La Démocratie devant la soienoe. ) vol,
m-8«, cart U fr. »
C, HOl't/LK. – Qu'est-ce que là sociologie? 1 vol. in-lii. 2 fr. «0
P. LU'IIC. Les Civilisations tunisiennes iMusiilinaui, Israc-
lues, Kiini|H!euni( élmle rie psi/clwlui/ie.siieitilr, vnl. in-12 3 fr. S0
P. I-AI'IK. -La Justice par l'État, étiole île mmnlt sminle,
1 vol. in-lï 4 » fr. 50
P. LAP1K. – Logique de la volonté, I vol. in-K° fr. 00
G. ItlCll.Vltl). Le Socialisme et la Science sociale, i' .«lit.,
I vol. in-lï 2 fr. 60
G. UlCHARD. L'Idée d'évolution dans la nature et dans
l'histoire, I vol. in-s» 7 fr. 60
L'ANNÉE
SOCIOLOGIQUE
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J:.i LA DIKRCTION
/j I, 'PlÛîillÊKSOUS
l'` III
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aU EMILE DURKHEIM
IVit'i'i-ii'iu1 ù 1»Kitcultv des lettres ilu J'Uinvertity do l'uri».

AVKCLA COM.AIIORATIOS"I1K MM.

A. (KEILIET, |>rof««wur au CuIUku de France


BOUGIE, profosMUrde pliilo<O|iliio«octale k l'Unlteriltil île Toulouw
HUBERT et MAU88, mullré» il« funfi'riMici.s à l'feolo dm Ilaulo». Étude»;
HUVELIN et E. LÉVY,|irur<-wur> a lu l'aoulli» do droit .le Lyoo;1
RICHARD cl LAPIE, iitnrwuvurt a rUuinruiM d« Rnnlniu
AUBIN,liKreelcnr <l VwlAnioà l'oilmr»
BIANCONI. H. 8OUROIN, FAUCONNET. HALBWACH8, HERTZ,
HOURTICO,PAflOOI. f. 8IMIANO, «Kf*g#*d» l'L'nivcntik-.
0. BOUROIN, aKlikMo-|>al<.<ottra|iliv.

DIXIÈME ANNÉE (1906-1906)

i. MÉMOIRESORIGINAUX
P. lliirelln. ilui/ie </ druit iiulwhluet.
R. llrrlK. – Contribution i'i uneHuile xur la rrprésen-
talion t-oUtcliw île la mort.
V, Bougie. – Sole sur le droit et tu natte en Inde,
Il. ANALYSE8
Des ti-uvuux du I" juillet IW05 au 30 juin 1906, Socio-
lot/ie gênémle, millième, mwah et juridique, crimi-
nelle, économique. Morphologie sociiue. – nivei-s.

PAKIS
FtfLIXALCAN,
lîDlTKHR
LIBRA1IUK8
FÉLIXALGAN
ETUUlULAliMIX
Itl'l'NIKri
SAIKT-UKRUAIN,
108,IIOULKVAHI) 108
1907
Ton»(Mu île traductionet do reproductionrfa-rv«>.
L'ANNÉESOCIOLOGIQUE
1905-1906
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PARTIE
λRËJÏIÈRE
MÉMOIRES
ORIGINAUX

MAGIE KT DROIT INDIVIDUKL1


Par P. IIUVKMN

L'étude de la magie est entrée depuis quelques années dans


sa phase scieuliflque. Le beau inémuiro que MM. Hubert
et Mauss ont consacré à VEsquiite d'une théorie générale de tu
mrryic~=marque. tant au point de vue de itt méthode qu'au
point de vue des résultats, une étape décisive dans l'histoire
de «elle étude. Désormais, le problème se pose dans toute
son ampleur, avec toute la précision de nomenclature néces-
saire et nous possédons, pour le résoudre, une collection
abondante de faits bien observés, systématiquement groupés
ou classes naturelles. Dès maintenant se dessinent les grandes
ligues d'une explication et d'une définition. Nous savons,
grâce à une démonstration décisive, que tes faits qu'onappelle
magiques sont des choses sociales, au même titre que les
faits qu'on appelle religieux; les unsotles autressont despro-
duits de l'activité collective; ils ont pareillementleur source

surli;s
1. Lu présentiiii'iuoiiv«si«xlraltd'un ouvrant'rn |>ré|mrtiU<>ii
UUvjalionsduuile tivsancientirait romain.C'esldansc« livre qu'on
trouveraluniulurlcl et lesdiscussions d'ordropurementjuridiquequej'ai
cru pouvoirlaisserilu l'ôloIci.Voy.noUunmonl infru, |>.18,». l !' -f
ii. 2-3 p. 3i. n. i p.33,n. 2 l>.M. n. 1, ï ol ».
t. AnnéeSoàtiloijhtue, tu (!»0t/,f».J-MC
I- DtinKiifciM– Annéesociol., 1009-t'JOii. 1
8 L'ANKÉB l'JM-lMti
8OCIOLOUIUUK.

dans la croyance commune des membres des société!*


humaines. Cetteconclusion essentielle doit servir dorénavant
de base à toute recherche sur la magie. Mais elle ne rend
compte encore que d'un aspect de la question. Car la magie
n'est pas sociale sous toutes ses faces. Il reste précisément à
distinguer les faits magiques des faits religieux. Y a l-ll eutre
eux des différences intrinsèques? Peut-on, par la seule ins-
pection d'un fait social, dire qu'il est magique ou qu'il est
religieux Y
Une réponse négative s'impose. Des témoignages réunis et
classés pur MM.Hubert et Mauss1, il résulte que tes «j/en/s de
lu mugi» jouent le mômerôle extérieur que les agents de In
religion, qu'ils passent pour avoir des qualités semblables,
qu'ils s'instituent de lu même façon les rite* magiques et tes
rites religieux ue contrastent ni par leurs conditions d'exer-
cice, ni par leurs formes, ni par la notion fondamentale
d'un monde de forces superposé à la réalité (notion du xacrr
ou du mana)aii ils puisent leur efficacité; enliu les représenta-
lions, c'est-à-dire les idées et tes croyances qui correspondent
aux rites, sont identiques dans la magie et dans ta religion
ici comme là, on peut attribuer au rite une efficacité méca-
nique résultant de la sympathie; ici comme là, on peut faire
intervenir des divinités. II parait donc qu'il n'y a pas oppo-
sition de nature entre les faits magiques et tes faits religieux
Nous savons cependant qu'où oppose communément la ma-
gie à la religion. Par quels caractères le contraste se révèlel-il'
Il se révèle par un seul trait Le fait magique a quelque
chose d'occulte, do peu avouable, parfois même d'illicite, tan.
dis (lue le fait religieux n'a rieu que de licite, de patent et de
régulier. MM. Hubert et Mauss définissent le rite magique
« tout rite qui ne fait pas partie d'uu culte organisé, rite pri-
rê, rite secret,mystérieux, et tendant, rommelimite, vers lierite
prohibé* »
Mais cette constatation nous conduit à uue impasse. Toute
chose sociale étant par définition obligatoire3, en ce sens que

t l>.20et 6(|i|.ItiijiiHubert,V"Hagia liiel.desmit.yreequeset romaine*


cl.»DiirembCTK «t Snglio,m, 2, \>.U'JO,n. 21-35.
t. I».19: llulwrt,J/<i;/mp. 14%,n. i» ut sijq.
3.Ji! m'enn-CAm 4 la ilclinition(ormnléu
et juslili.icpar M. Ourklivim
(notainmunlUèote* ''« la méthodesociologique', t!l01,ch. i Qu'est<e
itm
t)u unfait social ?;etDéfinitionphénomènes religieux.Anu.Suchl.,Il,
189»,|>.%).
MMVRUH. pAi:lN wr MMMT INDn"IDDRi.. 3

ta société t'impose A l'individu, ta questiondo sa Itcéttè ne


~IJ.A. '1t.1H'u'lf<Ro A l'i.r1..7~1. 1.. *t~ ~t~ tt~~tt

se posemêmepas
D'où cette antinomie commentla chosemagique,si elle
est chosesociale, peut-ellepasserpour prohibée?Cornaient
peut-elleêtre à la fois licite et illicite, religieuse et irré-
ligieuse? Noussommesamenés ainsi, soit à réviser notre
notionde ce qui est social, soit à réviser notre notion de
ce qui est magique,soit a recherchersi les faits nous four-
nissentune conciliationacceptableJs ces notions opposées.
Puisqueles deuxpremierspartis nousécliappeut,du moment
où nous teuonsles notions en cause pourscientifiquement
fixées,nous devonsnous tourner vers letroisième.
Or il me semblequ'on ne peut parvenir à une solution
plausiblequ'enexaminantavecsoinlesapplicationspratiques
de la magie. Uneactivité qui présente tous les caractères
d'une activité sociale, donc licite, ne peut devenir illicite
qu'indirectement,si elle est employéedansun intérêtanti-
social.Il faut faireintervenirici, commeen d'autresmatières
analogues1,la notiondu but poursuivi.Lamagiene se com-
prend pas pleinementsi on In sépare desréalisationsaux-
quelleselle tend. Il convient doued'analyserchacunedeces
réalisations,et de voir en quoi sa poursuiteest antisociale.
MM.Hubert et Mnussontévidemmentsongéà cette méthode;
rencontrant l'antinomiesignalée plus haut, qui gênait leur
démonstrationdu caractère social des faits magiques1,ils
ont senti qu'il fallait,pour la résoudre,tenircomptedes inté-
rêtsauxquels répondaientles rites magiques et ils ont noté3
que ces rites sont « pratiqués par des individus isolés du
groupe social, agissant dam leur intérêt propreou en celui
d'antres individus,et en leur nom ». Maisils n'ont pas déve-
loppédavantage leurs investigationsdans ce sens. Et sans
doute l'étude des systèmes magiquespris en eux-mêmesno
saurait fournir ici aucune preuve décisive,parce qu'elle no
donnepas do vuessuffisammentprécisessur leur adaptation
à desbesoinsdéfinis.Maison peut procéderautrement.
Onn'ignore pas,eneffet,que des pratiquesmagiquesontété
iisgociéesoriginairementà presquetoutesles techniques.Ger-
1.P.ex. dansla matKro«lesactesjui-Mit/ues
dontla canseestillicite
<mimmorale; dan*lamaliOrw de
<lutHtownemenlpoiiroiro; ilan»la ma-
tièredel'aùwtdudroit,otc.
2. Voy. p. et. p.88.
3.l'. ».
4 l/ANSKK SOK10I.OUiyi-B.«05-1900

tains arts sontmômeentièrementIssusdola magie.Musique,


poésie, arts plastiques,médecine,mathématiques,astrono-
mie, chimie,etc., ont dessourcesmagiquesuisômentdiscer-
nables. Cessources se sont plus ou moins taries avec le
temps presquepartout l'clémenlmaglque a rétrogradédevant
l'élément technique.Il n'importe,puisqueces deux éléments
tendentà desbuts identiques. Lebut auquel tend l'élément
technique est le même auquel tendait l'élémentmagique
primitif qui s'est atténué ou qui a disparu. Et ainsi nous
avons uu moyende rattachercertainespratiques magiques
bien circonscritesà des intérêts constantset définis.La
méthodequi se recommandeà nousdésormaisconsistedonc
ai étudier la magie dans ses rapportsavec les différentes
techniques:techniquesscientifiques,techniquesartistiques,
techniques industrielles, techniquesjuridiques, etc., et a
comparerlesfias auxquelleselle s'adapte.Untel procèsren-
contrede sérieux obstacles,tenanttant à la complexitéet ù
la spécialité des diverses techniquesqu'à la pauvretéet à
l'obscuritédes sourcesrelativesà leurs origines.Aussil'em-
ploien est-il réservépresque forcémentà doshistoriensspé-
cialistesde chaquetechnique.L'étudede la magieappliquée,
aiusi comprise,fourniraaux sociologues les moyensde con-
trôler et de compléterles résultats fournispar l'étudede la
magiepure.
Ivntretoutesles techniques,il yen a une qui s'offrenatu-
rellement aux premières investigations.C'est la technique
juridique,puisque,commel'a si justementremarquéM.Dur-
kheim le droit constitue le symbolevisiblede la solidarité
sociale.Cependantles originesmagiquesde l'art du droit
moinsfavoriséesque les originesmagiquesd'autresarts dont
la portéesociologiqueestpourtant moindre1– ne paraissent
I>!K avoirexcitél'intérêt des chercheurs.Un petit essai, que
j';<itenté, il y a quelquesannées3, pour relierle droitromain
a ses sourcesmagiques,est resté isolé, et n'a peut-êtrepas
été compris Je voudrais reprendrece sujet sur des bases

i. Dnrkheim.Divisiondu travailsocial',p.gM ri g(|(|.


p. e\ voy.,gai.llcinocl),
S.l'oarlesarts(ilaslt<|ues, 1,'nrtet la magie.
11103,
Anthropologie, p.ÏJÎet iq<|pourla îmMtquo, voy.l'nnqueta pour-
suiviedansluRevuemusicale ilopuia
plusieursannvos.
.').P. Huvelin,
Lestablette»magique»et h droitromain(tixir.te An-
milesinternationales
tf histoire), 1001.
Mûcun,
4.Je croisen eW quec'est&moncssutquos'adre.ssnnl loscrltiquos
If. HUVKLIN. – MAUIBKT DROIT INDIVIDUEL g

élargies.Jo ne meflattepointd'improviseruneétudedétaillée
et complètede droit comparé,pour laquelle trop de maté'
riaux meinauqueut; maisj'espère dès maintenantjalonner
le terrain qui s'offre uux historiens du droit, leur proposer
certaines recherches,leur éviter certains obstacles, et los
convierà apporter aux sociologuesdes séries de résultats
vérifiéset éprouvés,tout prêts pour une synthèse.

L'étude des rapportsde la magie avec l'art du droit appelle


deux questions:
I" Y a-t-il des droits auxquels la magie ait originairement
prêté sa force? et, s'il y eu a, quels sont-ils? T
2" Quels sont les caractères de ces droits, et par
quoi se
diBtinguent-ils de ceux qui ne portent pas d'empreinte ma-
gique ?
On ost facilement d'accord pour admettre (lue, dans les
sociétés primitives, et même parfois dans les sociétés déjà
avancées dans la voie de l'organisation, un grand nombre de
rapports juridiques ont une couleur religieuse. D'une façon
générale (et sous le bénéfice de certaines restrictions et préci-
sions), on regarde comme religieux les droits qu'on peut
appeler les droits sociaux internes, et les rites qui servent à les
sanctionner. Cela comprend les droits intrafamiliaux, les
droits publics internes, et presque toute la procédure.
A. La forme sociale élémentaire est la famille. Le premier

formuléespar MM.Hubertet Mauss,p. U, contrecertaine tendanceà ton.


Condrele rite magique et le rite juridique. Maiscette confusion, je ne
l'ai point commise, J'ai seulementIndiqué que certains rapports oblige.
toires, avant d'ètro sanctionnéspar des moyens juridiques, l'ont <!t«S par
des moyens magiques, autrement dit, que la technique du droit a des
sources magiques. MM.Hubertet Mauss croientd'ailleurs trouver entre
l'acte juridiquo et lo rite magique cette différence que l'effet du premier
dépend do la volonté de» parties. tandis que l'effetdu seconddécoule du
rilo seul l'obligation juridique procède de la convention, l'obligation
magique de l'acte rituel. – Maiscette distinction repose sur une notion
inexacte de l'obligation juridique. L'inexactitude apparaît flagrante dan»
les civilisations où regno le principedu formalisme.Danscas civilisations,
ce sont les formesseules qui créent ou éteignent les droits, indépendam-
ment de toute-condition do volonté. La volonté1sans formesne produit
aucun effet. Or les législationsformalistes se perpétuent très longtemps.
Mêmesous Justinien, lo droit romain n'avait pas répudié le formalisme
Bt, dans dus civilisationsaussi avancéos quo la notre, il arrive qu'un tend
à le ressusciter (théoriede la déclaration (le colonie).
0 t'/lNNllB iuf.ll)U<Hil(J0R.<BI)i)-l90U

droit social est le droit iatrafamiliul. Je comprends sous cette


désignation tous les rapports juridiques qui peuvent exister,
non seulement entre les membres des familles étroites
qu'on rencontre dans les civilisations avancées, mais encore
entre tes membres de ces groupements familiaux larges
(bordes, clans, peuplades) qu'on rencontre daus les civilisa-
tions jeunes. Le droit interne de chaque famille, do chaque
horde, de chaque clau, se ramène a un certain nombre d'obli-
gations rituelles positives et de tabous il porte donc une
empreinte religieuse. On l'a d'ailleurs souvent remarqué,
soit à un point de vue général soit au point de vue de cer-
taines civilisations détenniuées*. Cette empreinte religieuse
prend souvent des formes spéciales et caractéristiques. Ainsi,
dans les clans et les phratries totétuiques, tous les droits
internes découleutdes liens religieux qui unissent les hommes
à leur totem Dans les familles de forme patriarcale, le droit
interne constitue une branche du culte des ancêtres
H. Dans les groupements sociaux pluscompréheusifsquela
famille ou le clan, il existe une deuxième assise de droits
sociaux internes G, dont l'ensemble forme ce qu'on nomme le
droit public interne": celui-ci comprend, uou seulement le

I Durkheitn.hivisiondu travail social', p. 149et «ijc|. p. 154 WJIson,


I.Ùlat, trad. Willielm, Paris, 1902.1. p. 31.
t. C'est la llièso fondumentulv(liifeniluo,pour l'onliiiuik1classique,pur
Kustol de Coulantes, La Cité antique (notamment llv. Il, cli. i). On a
pu nSfulorcertaines cxaKi-rulionsdu celle thtse (cf. Jlioring, Les Mo-
tiuropéens avant l'histoire, Irud. Meuluimore,1895,p. 00-07)huiisen infir-
mer lu principe. Voy.aussi (Grâce;Ulolz, La solidaritéda la famille dam
le droit criminel en tîrèce, l'iris, 1901,pasum, notamment p. Si al bi|<(.
,Wet sijq. – L'Ordalie dan* la Grèce primitive, 1904,p. b (Homo),Cuq,
Institutions juridiques tin Homuins,V, 1891,p. Si et sqi|. 70 et sqq.
IVittOi, p. 44et sq<|. Jlioriog, Gekl dt* riimvtohenlitchis, I*. p. 890;
Itouclto-ùiclercii,AesPontifes de l'ancienne Rame,p. 390et sijq., etc.
3. Fraser Le totémisme,trad. Oirr ot Van Gconap, l'aris. 1898, p. 81
ut 8qi|. (Aspectsocial du totémisme).
4. llrisjuui).Manueld'histoire du droit français. 1898-190», I, p. 434-435;
Uiranl. Manuelélémentaire de droit romain*,1906, p. 885-388;Steinmote,
KlhnologischeStudien tllr ersten BntuticMungder Mrafe, 1894, I, p. 141
OlSIJ(|.
:i. Cf. Fustel Ue Coulangus,Cité antique, liv. lll, ehap. ix, x, xi Prom-
mbold. Uetierden Kinfluss tler Heligion auf das Recht der (Sevmanm,
Uroifswald,1903.
G. Ce qui exclut I»droit international publie, fort ma) nommé, puisqu'il
u'otl en réalité que le droit privé des KlttU(Cf.Wilson,l.'Êlat, II, p. 30Î
n 1,0 droit intornatiuimlpublic n'est pas, en somme,la volonlûd'un Etat
il n'y u, au-di:asuadut;nations. aucune autoriWqui la tour impose a), mais
l-, IIUVKLIX.
– HAUIK
KTDttÛlTIND1VIUUKÎ. 7

droit public répressif, mais aussi le droit constitutionnel et


udtninistralif. Le caractère religieux du droit criminel n'a plus
besoin d'être démontré1. Celui du droit constitutionnel et
administratif apparatt nettement à qui veut réfléchir aux ori-
gines des notions actuelles d'ordre public, de souveraineté, de
puissance publique, d'Étal', sur lesquelles ce droit repose tout
entier. La théorie du droit divin de la royauté, ou, plus lar-
gement, des sources divines du principe d'autorité3, n'est
que la cristallisation du principe religieux qui se manifestait
primitivement dans l'institution des rois-dieux-prétres et
dans les tabous du chef'. Les idées contemporaines sur la
souveraineté nationale. l'état démocratique, etc., éveillent
encore dans uos esprits des représentations religieuses; les
théoriciens de notre droit public l'ont parfois constaté'. A
cet égard, les théories individualistes de l'État sont restées
des créations livresques, et n'ont pas exercé une influence
sérieuse sur lu conscience populaire. Hegel avait raison de
diviniser l'État; et l'on sait bien que le socialisme, tel qu'il
se réalise lentement dans notre droit, qu'il teud à transformer
tout entier en droit public. est une espèce de religion.

ru <|u: comprend cerluinctm-ntle tlrull intvrnutioiialdit privé, âftahunent


mal nomme1,puisqu'il soukVo avant tout une question de droit public
interne, de «ouveraini'ti'
I. U a élu ptoiotinont mis un lumière pur M. Durkla-im.liimshn du
travail social p. $9et sqq. p. Itl et sqq., 'lui a i'Balemontmontréles
survivancesdo ridée religieusedans lodroit criiiiini'lcontemporain(p. ex.
dans la notion de l'oxpialion. 1*.118-69).AddeMauss, l.u Religionel le-:
Origines du droit pénal. Revued'Histoire des religions, 1897. l'ernlcn,
l'arergu. Zeitschr. der Savigny-Stiflungfar Rechhgeschichle,Ilom. Abtli.,
XVII (1800),p. 107et sqt] Glolz,Eludes socialeset juridiquessur failli-
'luité grecque (t. La religion et le droit criminel),1900.
î. 11 est d'ailleurs Mon aisé de inontivr «juo lo droit public constiluu
historiquement comme une extonôionet un dôveloppcniunldu droit
inlrafiiinilitit.Ona souvent montré, pour des milieuxassez divers. que I»
Kouvcrnemuntde la clli*s'est constitué&l'image du gouvernementde lu
rumille que la chef dol'hlat a vie'coiisldi'récommelo chef d'une farnilli!
•'largio, etc.
». lirissaud, Manuel,p. 827et sqq 650 774et siiii Il. Michol, Vidée
de lÈtal. 1895,p. 8. •
4. On sait que l'institution dei roisHtieiue-piélres a utûsurtout tHudiëu
par Frazer, Golden Iloitylt, trad. en français par Htiebilet ïouluin sous le
titre l.e Rameau trOr, 1. t903. Sur les tabous du cher, voy. aussi Van
Gcnncp, Tabouet tofémianrek Mudar~aacar.Di6l.éc. dea llautea nludea.
Sciencesreligieuses XVII)«90*.cb. vu. Cf. Hubertot Mauss. Magie,p. 85.
5. Iliiguil, l'État, le droit objectif el la loi
positive, I, 1901,p. 343;
itou, l.en principes généraux du droit administratif, 19»t, ifl-n fir
p.
Wilson.L'titat.pauim, notammentl, p. 246: 11.p. a».3Js p. 308.
8 L'AItNBBSOCIOtOÛKJUB.
la«5-HHIlJ
(' If existe une technique dont dispose l'autorité sociale
(autorité de la famille, du élan, delà peuplude, do l'Étui)
pour réaliser les deux formes de droit social interne dont je
viens de parier. Elle comprend un ensemble de rites qui len-
dont à manifester le droit et à le sanctionner. Ou lui donne le
nom de procédure et elle a des origines religieuses. On
n'ignore pas que, dans les civilisations peu avancées, le*
litiges u« tirent leur solution que de la volonté divine. Tantôt
les dieux révèlent directement le droit* au moyen d'uu maté-
riel divinatoire dont les intéresses usent dans des conditions
déterminées (jugements par Vurim et le tummim par les dés,
par les sorts, etc., et ordalies) tantôt ils le révèlent indirecte-
ment en preuuut pour iu terprè tes desdiseurs-Mt-oit, voyants,
devins, cliefs, rois, juges ou prudents L'oracle judiciaire,
œuvre divine, comme le tabou, ne se borne pas à prouver le

J. Noua «Usvrions diit) « do procédure publique », si çelb otpnwion


n'était inusitéeest ce sens. On a pourtant a-murquê(Wllson, l.'fUul, II,
p. 3U8,n' 14<ttj,que las règles de prae&lunisont estn'alite do droit public
Cette désignation aurait l'avanlago d'exclure la procédurepvh-it, c'eist-à-
dire l'cnwuibludes furnu'Sextrasueialesut «xtrajudiciuircspur lesi|uo!!i'«
w réalise la jmticeM*jirieëe »ysl6meîle lu SeUsIliilfe,dus vi'iigoaures
et saisios iji-lvtius,île» représailles, des guerres,uU\, et uiOinolo eys-
lùtnedes urbltrageiiparement volontairesqui s'y subslilueut.La procédure
ne prend un caractère public que lorsque l'arbitrage devient légal. – l.i-
duel judliiidirv,s'ti fonctionne«oinuiusubstitut du la vongeumo privôe,
n'a dune j>a>,ù mou Si'u.-j.un curuclôrareligieux. Il en M tout autrement
»'il foiicllonuecumule ordulit, connue jugement de Dieu. Sur celte dis-
tinction d\it duux fonelions possiblesdu duel judiciaire, voy. Dwlarcuil.
NouvelleBfPuehittorique (ledroit françai*el étranger, XIII (188»:,p. il»
et «](|. X(\lll (J«B9),1).330et «iq. Kovalewsky,Coutumecontemporaine
et M ancienne{Uroiteoiitumier o«#/i>«),1893,p. 391; Sleinmote,Xlhii.
litudieii, ». p. U7; l'osl, 6f-t<mMM tler ellrnoloQiachan
Jarïeprutless, <<!9t-
95, 11,p. 5fti grliruiler, Mirbuch (ter deuttehen RechtugescMchleK IK9X.
p. 85-8fi Uinbeil, fci fonction du droit civilcomparé,J, 1903,p. 7J) i-l
n(Vi UloU,Vontulie, p. 4.
i. Voy. Un lion exemple de sentence prononcéepar lu divinité, en
forme d'orucli),dans uiw InscriptionanhnViuede Nanlinée.Bull, de L'on:
hellénique,XVI (1892),p. $05.
3. Schr&jor,lAshrbucli p. 14, n. 16 UiiitoH, op. et* 1. p. 838et »<|>|.
l»ost, EthiiuloyiHheJurisprudenz, II, p. 474,3 j Hinel, De,-Bid, tin Bei-
trag tu w(«ec (iesehkhle, 1902,^i. 180et si](f.Cf. Rabelais, l'aulagewl,
111,c. 39 Ktuwf, «1. MartyUvaux, II, |>. 180ot sut)) et c. 4i (Ibid.,
p. 808-SUQliaMenioiitpar les dés, et explication do ce jugemont par
« l'aspect bénévoledes cieux et faveur des intelligencesmotrices les-
quelles, en contemplationdo la simplicitéet affectionsincèredu juge Bri>
doye. ronmeroienlet tourneraient les de* pour tomber on «banco de
çeluy qui, iiiuny «lujuste complaincte,requerroltson bon droit estro par
justice iiiailitenu.»
4. Sur lev Gexelvtprechergermaniqaei, les file d'Irlande,etc.. voy. sur.
tout Uunbi.rl. nj>.cil.. 1. |i. 218«1 sqq. 1i7 et 8(|i(.
P. lll'VKUN.– MAIHE
Rï UROIT1NUIV1OUKI, 0
droit autre les sautes parties au titige,
pour le passé; elle teud
à le fixer comme norme générale,
pour l'avenir; reflet relatif
du jugemeut est une conception individualiste
réceute' on
soit que la coutume, dont on connaît le caractère transcen-
dont, surnaturel ne se forme que par la lente accumulation
des sentences, ou, comme on dit,
ûwprteédtntn, des «isa. Quant
aux sanctions, elles sont aussi religieuses, soit
qu'elles soient
appliquées directement par tes dieux', soit qu'elles le soient
par les hommes. La sanction fondamentale est l'excommuni-
cation, d'où sortent, par un processus do diflérenciation et
do debltitaliou sur lequel les témoignages
historiques ne
manquent pas*, I» niiso hors la loi, la proscription, et toute
lit série des sacrifices expiatoires et
purificatoires d'où dérivent
lu peine de mort et le système entier des
peines publiques0,
lie ce qui précède, il résulte que la procédure législative se
confond par ses origines avec la procédure elle
judiciaire
ne s'en est séparée qu'à une époque relativement récente le
principe de la séparation des pouvoirs ne peut se réclamer
d'une bien lointaine origine. Aussi ne faut-il
pas s'étonner
si l'on considère, aujourd'hui encore, le législateur comme
un dieu. L'interprète attribue ù sa volonté, et à la loi écrite
qui nous la révèle, la pérennité et l'aptitude à maîtriser la

I. Qui se i-iittuelicpeut-Mie ù l'introductiontlmis la procédure


tl i la |iroc(Sduro publique
urbitralu privée.
S. MariHier,Solessur la Coiitumtje Tatouet l'OJiligalion momie. AVer
vumamles. l'uris, 1901,p. 891et sqi|. Cuit, Instit. jur. det Humains,i'
\). 20-ïl: Dcclurcuil,Atone.Hev.Ilist. de Vroil, XIII (1889),p. 193et sqq.
Voy. aussi Van Uennop (Op. cil., p. 27et sqq. p. 30).qui emploie d'ail-
Jours le mot coutumedans une acception plus largo que la noire. Nous
ne-parlons,quant u nous, que de la coutumejuridique.
3. Cest lu résultat qu'a dvlinilivcmenlctulili, avec une documentation
abondante, M. Lambert dans son livre nréeùdoininenlcltô Inotuininenl
p. 801).
. Oumême quela sanction résulte inûcaniqaoïnenlde l'infracliun pur
suilu dola contagiositédu tabou, celui qui lo violedevienttabou lui-môme.
Ksomplctdo sanctionsdirectes dinfrartion»a des tabous dans Van Gen-
nep, op. cil., p. 31-33.Dans l'ordalie, la divinité applique directementet
imnuMiaUimentlipolno prouve, sentenceet peine se confondent.Hirzel,
Der KM,p. 188et sqq. Ololz,L'ordalie,p. 0.
U.Voy.l'osl, ElhnologhiclnJurispmdenz, I, p. 332et sqq. II, p. Ht et
sqq. Olutz,Solidarité,p. iî cls(|q. Lanibert,op. cil., p. 719, n. 1 et i:
Swoboda. Beilrdgeiur grieehiscltenItechlsgemhichte(tvxlr. de la 'i. d,
SavignyStiflUHg), l»0S, p. 39.
6. J'our préciserles diÛY'nmees qui «iJparcnlla peine du sacrifice, voy.
llubeilol MauBs,Kssaisur le sacrifiée.Année sociol., Il (1899),p. 412.
u
IU «OS-iMW
LANHliKS0VtULUU(QU8.

vie que le théologienattribue à la volontédivine et aux


livres suinte

11

Si, dans les rapports juridiques que nous venons d'énunié-


rer, l'empreinte religieuse première est très apparente, il y
en a d'autres dans lesquels elle l'est moins. A côté de l'idée
religieuse, nous y voyous poindre l'idée magique. Il iaut insis-
ter un pou longuement sur cette constatatiou, trop mécon-
nue.
Parmi les droits qui présentent un caractère ambigu se ran-
gent surtout les droits dite réels, dont le prototype est le droit
île propriété. Nous pouvons lie nous occuper que de ce dernier,
dont tous les autres ue sont que des imitations ou des démem-
brements. Originairement la propriété a uu caractère public3;
elle est conçue comme un droit collectif, exercé indivisément
par tous les membres du groupe social {communauté de clan
copropriété familiale'). 11 n'y a donc pas lieu de s'étooner si, ù
cette phase du développement, la propriété est entourée d'utt
respect religieux », et garantiepardes tabous*. Mais à coléde lu

I Lambert, Uneréforme nécessaire desétudes de droit civil (Ktfr. de


la RevueInternationalede t HnseignementParis, 1U00 Lesfonctiondu
droit civil comparé,p. 20 ol si|i|.
i. Post, ei/inologisclifJurispnidens, II, p. 'Ml.
3. Je me bornuu renvoyerà l'ouvrage vlussii|uede Uiveluyi-,Lapropriété
et ses formesprimitives*, 4891. Addel'osl. Et/ut. Jurispr., I. p. )SBelst|<|
327et S(|(|. II, p. 587et s<]<].
i. Vu}',p. ox. Buauclict,Histoiredu droit privé de la Républiquealhf-
nienne, III, p. 08; (iuiroud, La propriété fonâèrt en (iréce, taris. WiX
y. 3Ui Ueaudouin,l.a limitation des fonds de terre damses rapports am-
ie droit de propriété. Xouv.lier. Itist. de Droit, XVII (1893),tiotuiuuienl
p. 411elsqtj. (112,8),etc.
5. On consultait sur les tabou*depropriété (de propriété/tarière) Van
tiennep, Tabou et totémismeù Madagascar,eh. xi, p. 183et sqi| ut les
autorités qu'il elle p. 18S, n. 1 p. 191. n. 1-3. Pour I* Assyrie,Pussey.An
magieassyrienne.Mol.de l'Sic.des HautesÉtudes. Sciencesreligieuses,XV),
IllUi,p. IIS et s.|i|. pour la CliaJdi'e.Cuq. U propriété foncière ut Chat-
<Ued'après les pierres-limilei\Koudourrous)dit Muséedu loutre. Souv.
He».Hist. de Omit, XXX(1900).p. 701-738.Sur les tabous gnSeoromalns
de proprliUd,ttptfciulomcnl sur les tabous des limites (îJooi,termes), voy.
«ti'ji Kustelde Coulang«i,Cité antique, iiv. Il, cil. vi. Adde Uuiraud.|>.
180-187; Deaudouin.c*; Bui-d!ck,A'o«ii</a(ionHi(e»wif/inomekinired eere
moitié*,Now-York.Maissur les tubousdos limites et des bornes,il faudrait
li's précisionset desdévnloppomoiils.La limitationpassaun«Ifotpouravoir
P. MUVBI.IN.– MAQIKg? BBOIT IKolUDUKI. J|
.t..r.L &.
propriété religieuse et publique apparaît la propriété privée.
Les premiers biens qu'un homme puisse traiter eu
propriété
strictement personnelle sont sa chair et son corps'; puis ses
meubles dits corporel», appelés ainsi
parce qu'ils font eu quoi-
que sorte partie de son corps {moltiiia <jm ossibu» mkœrmt
vêtements, armes, etc. ) puis les autres meubles'. La pro-
priété du sot ne s'individualise que tardivement et lente-
ment. A peine parvient-elle de nos jours à cette mobilité
qui
révèle l'individualisation des droits.
Or les sanctions de la propriété individuelle à ses débuts
paraissent – malgré les incertitudes et les confusions trop
fréquentes de la terminologie – relever d'un principe magique
plutôt que d'un principe religieux.

fondu"la propriété privée, ce qui est vrai ou ce «cas qu'olla marquelu,


mita) spécialisation durublo de la foinille,puis dol'individu.sur un mor- pro-
ci»u de t«rro déterminé, mal»ce (lui est faux si l'un entend pur la qu'ollo
crée des le début un droit Individuelcomplet, dégugé des liens du droit
rolloctir.Car la terre, inônwlimitée, demeure longtempssoumis»au droit
supérieur du groupe social. Les preuves oit ce sens abondent. Ainsi la
terreresto inaliénablo(ce Ilui no résulte pas. commeon listilt couramment,
du principedo copropriétéde la fuinllloétroite; celui-ci
la famille prise en bloc. et représentéepar son chef nu n'ompcclioraH pas
par loi
c onseil des
anciens, d'allénor). La propriété,au et» d'oxtinclionilola familli-,i-uviont
au grouposocial (P. «x. droit do succession«le»gentil*a Kome.Cf. Ko
vajewtky. Coutumecontemporaineet loi ancienne,18U3,p. 70). Los lion*
qui rattachent la propriété au groupenese rampent doncpas d'un kuuIcoup
par la limitation, ils ih<relâchent progrottlveinent. Au tw et à mesum
i|uu la pnjpriûlvs'individualise davantage, on voit lt>tabou de propriété,
qui n'agissait priiulti veulenti)uo par la i»onuce d'une souillureet d'uno
i-on«ôcralion,se renforcer do malédictionset d'exécrations,qui Unissent
ineinupar y prendre la piwnioroplace «Exemplesdans tes travaux ciU's
plus haut). Pour los marques de propriété Individuelle,voy. infra, p. 43,
n. 1.
». Colle
idéopermetseule(l'uxpliqucrcortuinslraiUiSniginatiipiBs do l'his-
toiro des obligations et de la procédureoxécutolw p. ex. la prépomté-
i-anceoriBiiioirc donnésaux«liW«fcpersonnelle»ut auxvoie»d'exécutionsur
la pertomiepar rapport aux tùretia réelle*olutixtxxesd'exécutionrntr tex
bien*.1».Iluvelin. U procèsde Shytoekdans le Marchandde Venue, de
Shakespeare(Kxlr. du Huit, de la Soc.îles amis de l'Universitéde Lyon,
4904|, p. 19.23; V« Obliyaïw, Dictionnaire des antiquités i/recoues el
romainesde Uaromliorget Suglio,VII.1. mi, p. t33.
2. C'est l'ordre chronologiquedans lei|uol apparaissent les différents
l/agesào*dettes: d'abord lu seul corps du débiteur, et ses meublescorpo-
rels puis ses autres meublesIle* meuble»sont le siège des dette* qui
n aquedes immeublesest insolvable)puis l'ensemblede son
patrimoine
{Quit'obligeobligele sien). Mu*tard le corps du débiteur sort du gage do
se» créanciers (suppressiondu l'esclavngopour dettes, at mêmede la con-
traiate par corps. On pourrait dire aujourd'hui <Juis'obligen'oblige
que
ietttn). Pour celle évolution.voy.. outre les travaux précités, llrissuud,
Manuel,p. I4(ii; lS83olsip|.
12 (.'AMKKBiOUIOUHSIQUE.1903*1900

De quelles sanctions voulou&-nou8 parler? 11 ne peut être


question encore de sanctions restitutives. Ici comme ailleurs'
les sanctions restitutives sont postérieures de beaucoup aux
sanctions répressives. On sait de source sûre pour certaines
législations », et on peut conjecturer pour d'autres », que l'ac-
tion on revendication n'est apparue qu'après l'action de vol,
sur laquelle elle s'est greffée, et dont elle s'est séparée dlfliei-
Icineut Nous n'avons donc à envisager, comme sanctions
vraiment primitives de la propriété individuelle, que les
moyens de répression du vol. Encore tous les vols ne rentrent-
ils pas dans notre cadre. Nous pouvons laisser de côté les vols
commis à l'iutérieur du groupe social (eolx familiaux ou vols
domestiques) car la propriété s'individualise fil en plus tard
au regard des membres d'un inôme groupe qu'au regard des
membres de groupes étrangers. Le vol domestique est rare,
presque impossible, dans les milieux où le droit Individuel de
propriété s'efface devant le droit latent et diffus de la commu-
nauté6.Là où il se produit, il tombe sous le coup de la seule
répression familiale, comme une atteinte à la propriété com-
mune" cette répression reste religieuse des ordalies y ser-
vent communément de preuves et de peines' ce qui explique

1. Uurklioiin, IWmon du travail social*, p. 108et sq<|. Post. Kthit.Ju-


H»/»- 11. p. 210; Girard,Manuel*,p. 3X8.
i. Pour le droit germanique, voy. Jobbe-Duval,filmle historiquesur la
revendicationde, meublesen droit /ranjaiJ, 1881 Uriswud,Manuel, Il,
p. 1198et g(|<|.(ut les citations).
3. Cf., pour le droit romain, Girard, Manuel', p. (08. 1.
4. Je suis porté &croire, pour dos raisons tintas, entre autres, de eer-
laines particularités do l'action auclorilali», et de l'analogie de t'Anefun-
gsktage germanique (Cf. London. Die AnefaugskUuje,1880; Schrûder,
UhrbucU p. 372et s<|q.| avec la legit actio per sucramentum in rem
romainu, que cette dernière s'ost ffrolKecommeun incidentsur l'ancienne
procédurede répression du furttim.
5. Mauss, Rasai sur les variations saisonnières des sociétés Eskimos.
Annéesociologique,IX (l'JOûi.p. 1*0.
6. GioU, V. Ktope. Met. de Daremberget Saglio Solidarité, p. 193-
199.
7. Exemples lillis, The rttsispeaking peoplea, 1887, p. 201 Grinan,
DeutscheKeehliaUerlhamer,4«éd. par lleunleret llûlmer, II (I18S9).p.
581 p. S<J7-S9<J;GUIMI0ll'ost, AfrikanischeJurisprudetn, Il, 1887,p. 108,
n. \-t; Kovalewsky,Coutume contemporaineet loi ancienne, p. 4M cf.,
p. 437; Yelten,Sitten und Oebrduekeder Suaheli, 1903,p. 328-3X3; Kébittol,
U Folklorede France. Il, 190S,p. 854-855.Sur le passage de Solin (iï, 6)
relatif à une source do Sardaigne flui rondles voleurs aveugles, et sur le
imUciumoffae auquel, d'après Psoudo-Acron(sur llorat.. Bpist.. 1, 10.IO)
Unmaître soumettaitses esclaves pour découvrirl'auteur d'un vol danics-
tique, voy. GloU, Ordalie, p. 8»,I II0-IH. Il n'est pas toujours faîUede
P. IIL'VBMN.– UAUIB KT DROIT INDIVIDU!». 13

pourquoi,dans beaucoupde sociétésorganisée»,cetteforme


de volpasseencore pourimpunie
Notre sujet ainsi circonscrit,nous n'avons désormais à
nous occuperquedes vols commis par un membred'un groupe
au détriment d'un membred'un autre groupe,c'est-à-diredes
vols qu'onpourrait appeler(nterfamitiam:

III

Le voléavait souventrecours,pour satisfaireson ressenti-


ment, à desarmes magiques.
Nouspossédonsdes témoignagesnombreux,provenantdes
civilisationsles plus diverses, sur les pratiques magiques
simplesou complexes,malédictions,conjurations,envoûte-
ments,etc., qui serventà punir les voleurs.Il y a lfeu de dis-
tinguerà cet égard le vol flagrantet le vol non flagrant. Dans
le vol flagrant, le voleur pris sur le (ait peut être châtiésur
le champ, sans hésitationsni incertitudes en généralla ven-
geanceprivée s'exerceimmédiatement dans toute sa rigueur*.
Il arrive pourlantque la vengeance échoue,par exempleparce
que le voleur pris sur le fait s'échappe,ou parce qu'il est le
plus fort.Maissurtoutla vengeancedevienttrès difficilelors-
que le vol n'est pas flagrant car le volé ignore souvent qui
est le voleur; ou bien, s'il le connaît, il ne peut l'atteindre
lorsqu'il découvrele vol.Il ne lui restealors qu'à recourirà
la magie,qui constitueainsisoitun substitutde la vengeance,
soit un moyen de la préparer.Je réunis quelquesexemples
des pratiques magiquesqu'on emploieainsi, it titre pénal,
contre les voleursinconnusou hors d'atteinte.
On trouve d'abord des malédictions, orales ou écrites,
commeces tabellœilefmanumlatineset grecques,dont nous
possédonsplusieurs exemplairesdirigés contredes voleurs3.

suvuir,lesauteur nerourniissnt paslesprécisions nécessaires,


ù<|uoll«
rspf'code volou a affaire.
11 bien
semble i|ue, d anslesexemplesrappor-
tésci-dessus,les ordaliesnasoientUtilisée*qu'à <l«
l'occasion volscom-
misù.l'intérieurd'ungroupe.
1 Kxomplcs dansl'ost,Blhn.Jurkpi:,Il. p.iîi-U6 Mcrker.VieM<É»i».
Berlin,11)0*.
p.28.
2. l'osl, litlin. Juriupr., Il, p. «37-42»; WI-U3, el les citations.
3. lin gémirai, voy. Audollent, Uefixionum lahcllv i/uoli/uol innoluerunl
lam in Utaeck Oritnlis quam in totius Oeddenli* parlibus praeter alticas
in rot-pore invriplionum altkarum éditas. Paris, 1901. p. liXXXVIIt ot B«|q
14 L'ANNtiB
SOOIOLOUigUK.
IMHMIHW
P. ex. C. L, II, n° 462; Audollent,Zfe/fr/omo» lahelte,
n° 122,p. 177: DeaAtaeciuaTuri|br!gProserpina| pertunm
maiestntem| terogo oro obsecro| ult vindicesquot mihi
turti taclumest. 1
D'autresde^ione»analoguesvisentdes dépositaire»ou des
commodatairesinfidèles2.Onsuit quela distinctiondu vol et
del'abus de confianceest une distinctionrécente.
Longtemps
aussi les mœurset les loislie tout aucunedifférenceentre le
voleur et le débiteur qui ne restituepas un objet prêté on.
mis en dépôt.
La tkflxioa plus d'énergiequ'unesimplemalédiction elle
tient ausside l'envoûtement3. Onrencontredesrites plus coin-
ptetsde magiesympathique,employésà châtierdes voleurs.
Ordinairementces rites s'accoinplisseutsurles traces qu'ils
ont laissées. Dansplusieurspartiesde l'Allemagne,on punit
unvoleuren mettantde l'amadouenflammé dans l'empreinte
de ses pieds,ouen remplissant,avecan peu.de In terre
qu'il
a foulée,nusacque l'on rouede coupsde bâton*.Ailleurs,ou
s'emparede l'Amedu voleur, et on l'enfermeen quelque lieu
de torture, jusqu'àce qu'il meure.EnPologne,on
placedaus
un cercueil, avec un cadavre,quelqueseffetssemblablesà
ceuxqui ont été volés,et le voieurpourritirrémédiablement".
Dansles lies Fidji, un explorateurraconte que, certaines
racinesayant été volées,les sorciersquifurentappelésplacé-
rent ce qui restaitde ces racinesen contactavec une plante
vénéneuse.Aussitôtque le fait lut connu,deux personnes
tombèrentsi gravement maladesqu'elles en moururent,en se
reconnaissantcommeles auteurs du vol6.Chez les Gipsys,
pour recouvrerun chevalvolé,on faitun trou en terre, on y
jette ce qui peutsubsister des harnais,on boucbele trou,ou
allume du feu sur la plalco,et l'on chanteune imprécation

1.Demiuu:Auilollcnl. n«11,p. 18;n»iï, p. 18;m 75,p. 103 •»•M


p. 158; a* 100.p.1SUn-103,il.SÏ7et isqq.Cf.l'Kwl.. Aatul,39).3))a
Apollu, suliveni
c|tiw>so, miliiutc|uoailiuva,
coullgo lurcslliesau-
sugillls
ruriOB.
2. lluuvollo.Ilull.decorr.hellénique. VI(18021,
p. 80C503:
»•t, I. 5.10,p. 8;n«48,p. ',1 n«'£, p. 10*. Auilollcnl
3. Huvolin, Tablette* p. 23,1.
magiques,
4.SiilnoyllnrUand, ThelegttulofPerseu», II,1895,
p.78.
li.SidneyJlurtlun<t.Il,p.101.
6. Sidneyllartland, II,p. 10».Autwsexemple» analogues dansl'usi
eihn.Jurisprtideni.Il,p. 4SS.
P. IIUVEI.IN. HAUIB ET BllOIT INDlVIDt'KL tiV
rb

a**£k AiltttltA 1a IIaIamm ètHAOiinA iu\ iiAiinl fi* nniiii «>> l.i.
vengeresse contre le voleur,avecune invocationpourque le
chevalrevienne1.
Lesrites magiquesdont IIvieutd'être questionn'ont qu'uu
but répressif,car ils sont purs et simples. Maison peut leur
assigner un but restitutif, en les affectantd'une modalité
dermeou condition).Lorsquele dommagepeutencorese répa-
rer, on ne lancele charmeque conditionuellement, do façon
à ce qu'il ne produiseeffetque si le voleurnerestituepas,ou
jusqu'àce qu'il restitae. Beaacaapàa defaùmesgrecquesou
lutinesue doiventatteindreque le voleurqui ne restitue pas
irto&iSi-m. i'/a:;xa iitoôtn. ti Si xa ftf|<inoôôii. nisi
(\i:>,
retttfuat*).Uuedefixioadresséeau deusNoden* pouvretrouver
un anneau volé signaleau dieu, commesuspect,un certain
Sonicianus que le dieu lui enlèvela sautéjusqu'àce qu'il
rapporte l'anneau au temple « Nollis| pdinittas militai-
tem, danecperferatusqnetemplumNoitentis»1. Dansle voisi-
nnged'Herniiiunstudt,en Transylvanie,la victimed'un vol
se procure une hostieconsacrée;elle la placesur ce qui peut
resterdel'objetvolé;puisellepique l'hostieuvecune aiguille,
eu prononçanttrois luis uneimprécationcooditionnelle contre
le voleur. Si ce dernierveut échapperau maléfice,et éviter
la mort, il faut qu'il rapporte ce qu'il a pris Chez les
Ossètes.le voléserenddans un endroitpublic,suspendà une
percheplantéeen terredeschats ou des chiens,et les perce
de bullesen prononçantles parolessuivantes:« Queces chuts
et ces chiens soientconsacrésaux défuuts de celui qui m'ii
volé, de même qu'aux défunts de celui qui, connaissantle
voleur, ue veut pas le faire connaître » Oubien encore le
volé,setenantprès d'unfumieroud'une charogne,dit à haute
voix « Que lesdéfuntsde celui qui m'a volé,ou qui cache

I. SidneyIliirlIaiKl,
11,p.87-88. Ileinitaie11,\>.7(1D'aprèsBezzenbergcr.
unLithuanien quidi'-couvn1 d'unvoleurvuaucimelK'iv,
la trace rlmisil
imotuinbo,enenlevélucroix.motla terrede l'empreinte dansIntrou,ut
ropluculitcroix.Levoleur tombamalade, et m maladie laUc'nonce.Ains.i
leritemagi(|uv serttoutu la foisà n!vi*lerle et&
coupable le punir.l,i:
moyeu d 'instruction
nose séparapas dola peine.
i. Audollunt.N>4,4, 5-7,p. 10-11 0 a, 1.S: 1.9;b. 1.3,p. l:i
I. N«
N*219.1.8-3:1.10-11. p.283;etc.
3.Cf.formules analogues damlesinscription» Murkul,
sépalcrali!» Veier
dienaaeiiannlen Sepuleralntutleu lier
{Fettg. tlettingtr Juristen-Fukullal
farJk«rin<imi),p. 103.J'ui purapprocher £i>s f unimlcs
,luluclausulu
urbitmriadel'action arbitraireronmiae. Tablettes p. 60-51.
ino.iy«e*,
4.C.l. t. VU,n*140:Audollonl. N<100,p. tfiO-160.
b.Sidncyllartland. Il,p. 101.
10 IfMIS-tBO»
I-'aSSÉKSOCIOLUUlyUK.
In
le h. Juin- mnniMml Intil
voleur,mangent tout onln
cela1I »» Caàf>nniiirnUnna
Cetconjurationsm causentau
coupableun tel effroiqu'ellesle décidentsouventà fairecon-
naîtrela vérité1.Au Congo,le rite magiqueusitéen pareil
casconsisteeuunesérie de danses,effectuée»enprésenced'un
féliche,et accompagnéesde sommationsau voleur inconnu
d'avoir à restituer eu un lieu et dans un délai fixés9.Ces
exemplespourraientd'ailleursêtre multipliés3.
L'emploide ces rites magiques,qui serventà la fois do
moyensd'iuformatiou,de répression,et de restitutionau cas
de vol,a laissédes tracesdanscertainesinstitutionsd'ordre
juridique.Onpeut citer encesensles perquisitionssolennelles
pourroi que consacrentbeaucoupde législations.Cesperqui-
sitionssur lesquellesnous possédonsd'assezabondantsren
seignements{?<Ap* grecque; (ptaestiolance licioqueromaine;
cestigiiminatioet visitedomiciliairede la loi salique pour-
suitesanaloguesdes droits slave,celtique,hébraïque,etc'.i
tiennentune place intermédiaireentre le rite magiquepro-
prementdit et le rite juridique.Elles fonctionnentcomme
une procédureprivée, et même extrajudiciaire,accomplie
par levolélui-même,avecun matérielet un costumeminu-
tieusementrégléspar la traditionCelte procédurecomprend

i. Kovalowsky,Couluniecontemporaine
el loiancimne,p. 431.
2.l'nsl,Aftikanische II,p.4t)7;voy.aussi11,p. 139(Ucl-
Juriiprudtnt,
Wiuimus'.
3. Vun (ic'nni'p, Tabou el lofémiumeù Madagascar, p. 493,3, ciU1.comme
tiynnl étudié les churtiies contre lo vol. J. l'uarsu, l.epro. and l.epers in
Ûudaaasear. Antanarivo Annual ami Madagascar Magasine. XXII (18981,
li. loti i'l s<|i| que je n'ai pu consulte»! <
t. Juim.> homoà ivnvoyor auxniféit'mte.s rilijospur(iriinm.Oeulsclir
Rechtxulleithamer', Il,|>.ll'9-20l;l'ont,Kthn.Jiirisprudrnz, II.p.418cl
.'8I-585DeolaniOil. /.«justicedansh»eoutumex primitives. Nouv.lie».
Ilixl.de Droit,Mil (1880), p. 381cl ,s,|.|. llrlssuud. Manuel,II.p.)20icl
5t|t|. (iirard,Manuel',p. 403,3;Glolz, Solidarité; p. 20t.n«2-8.Cf.lo
ril»nmfjiiiuu cmployùiluii*l'Imlepour retrouver les objetsperdus,
V.Henry, l.a magiedans l'Inde l'.IOl.
aulii/iie, p. 74et sqq.
5. Mal--rielet roslumedontla signfttcation magique pllurrait
parfois:n
Ainsipourle liciumetla lanx(Inla porquisition
iliMiionlivr. romain». Le
valufuisiiitsa porquisition nu.diwnlcertains textes,velud'un licium.
ilisentd'autres textes.Surlunuditérituelle danslesétalsreligieux excep-
tionnels, noluinment dansl'inspirulion divinatoire ou proplitHiquc,voy.
Jastrow, Journalof Ilieameriean oriental nociely,1901, 1,p.îi et si|i|.
Illuu,Dosaltjtuliiche Zaaberwese», 1898, p. 4SI p. 162; H ubert,V«M«-
r/io,p. iiilS,il.-11.Lelicium,sorlode caleçon rituelomployé par les
prcUres iScrv. sur Yerg../Un., X II,
1 20;cf. servait
Usaqbéiiraï<|uc) égale-
mentdanslescérémonies magiques (Vungerow, Defurtoconceplo extegx
XIITahularum, Heidclberg. 1815, au
p. 9). Quant platd'argile {taux
petiti*e'estl'instrument essentielde la libationon peutle comparer
Il. IIUVKMS. HAlilKKTI>HOIÏ
INDIVIMJM. 17
~.n~.lrww
deux parties. ~Iuw.
L'une, .IU l'I_I-
qui paratt fondamentale, et la plus
ancienne, est In conjurationdes traces laissées par l'objet volé
ou pur le voleur. Kilo s'opère parfois avec le concours d'un
chercheur de pistes, à la fois pAtre, chasseur, liomme-méde-
<;ini«,sorcier, la» lrnc.fi»,nous l'avons dAja remarqué, sont
syinpiithiquemeut liées àl'êtrequi les il laissées'. On envoûte
le voleur sur ses traces, comme on charme le gibier sur sa
piste*. Le caractère magique de l'inspection et lie la conjura-
tion des traces se révèle clairement dans les formes les plus
frustes do cette procédure. J'emprunte l'exemple"suivant »
l'ost rapportant,d'après Krapf et Harris, les moyens qu'on
emploie dans le Choa (Abyssinie méridionale) pour retrouver
les voleurs. Levoies'adresse au lAmulU (preneur de voleurs),
qui part en campagne, assisté d'un esclave mis en état de
fureur divinatrice par l'administration d'une drogue tippro-
priée. L'esclave, furieux, rampe sur les mains et les genoux.
comme une hâte il va flairant de-cidelà, tenu en laisse par le
Lubasrlii,et poursuit sa quête de porte en porte1. 11se décide
enfin à entrer dans une maison, dont le propriétaire cou-
pable ou non est traité comme voleur, et supporte toute
ht responsabilité du vol. De pareilles pratiques n'ont point du
tout à cette étape du développement, le caractère de moyens
d'instruction qu'elles ont pu prendre par la suite. Un certain
nombre de législations dénient même touleactiouau volé qui
a perdu la piste du voleur, quand bien môme il pourrait
prouver autrement lu culpabilité d'une pcrsonnedélerniinée5. e.
l.ii secondepartie do la perquisition comprend une titite
iliwiii'iliuirr, qui n'a pas du être admise sans résistance, à en
juger par l'accumulation des expédients mis en couvrepour la

iiivi-li' plalreniementomptnyt- autrefoish la iwlioroln1 du vol par lus


.siiiviiT.-s
prussiens,lluitkiioch.Ail Miirfnettex l'reuxstn(Pranrfortcl Utlp
/ik. iiwti. p. tu:>.
I O.VfclorHenry..Vuflir. p. 101 p. Î30.
t. Siilni'vllnrtluml,II, |i. 81-82.
3. l'ont.AfriliaiiischeJurixi>rinlen:. Il, |>. ISS.Auln's ovcinples <loilivi-
imlioii!t]i|)lic|ui-u
au vol Skuat.Main;/Mfigic, l'iOO,p. 537-54:
4. N'a-l-onpns«u ri:ci>miucnt ijnillvl-no^lIllOHile «pci-tacle
d'une quiMc
en
iiimlofJiiiK Knimn; ? Onso rappelle<|tiu,pn^- rOsniidronnel'nigmcjutli-
ctairo.si-nsationii'lle,un intifii'liiixlous'avisade recouriraut vieuxpm.
ii'hIksilivinatoirits;
on le vitfluircret guAlorla terra suspectede reo-ler
h-cmlavrad'uttdisparu.
5. l'osl.K//ih.Jurixpr.,Il, p. 58*.n. ï-3 rini«|iaclion (Iratracesest liii-n
l'viilcininuntlu partiecssuHliulli', et mimounique,dela prooiiduru.
K. DcttKitKii!.– Amitié sociol., !90D-IM0ii. 3
18 I.ANNIÏK sociDI.OillylK. tWS-100tf

rendre possible Celle visite n'a guère tjtio la valeur d'un


d'instruction ordinaire; elle a fini pur constituer lu
moyen
partie essentielle, parfois unique de 1» procédure" iiinsi lit

technique magique Il cédé lu place à lit technique juridique,


et lu divination ù la recherche raisomiéo des preuves.
Dans plusieurs des exemple!! que nous avons réunis, lu
volé recourt aux ressources de lu magie syuipulhique, en

excrciitit ses maléfices sur une chose qui est en relations avec
le voleur ou l'objet volé i traces; restes de l'objet .volé; har-
nais du cheval dérobé, etc.). A fortiori le rite s'exereerait-il
sur l'objet volé lui-même le volé attachera uu muuvais sort
a cet objet, qui désormais contagionueru quicouque y lou-
chera. Ainsi les skaldes islandais racontaient que le nain
Andvnri, spolié par le Dieu Loki, avait ensorcelé le trésor
volé le posséderait le paierait do sa vie « Cet
quiconque
nr – que posséda (instr, à deux frères – causera lu mort
– du huit princes il sera la perte; tie mes trésors– nul
n'aura prolit'! » On sait que ce motif a été repris et déve-
loppé par llichard Wagner dans l'Anneau du Kibekmg tu
malédiction lancée par Alberich sur le liheintjohl volé cons-
titue l'un des deux thèmes juridico-magiques', desquels dé-

I. Désarmement du poursuivant «ciment, A peut-être libutinn pour


apaiser les dieux du foyiT, l'Iaton, tenes, XII, p. 931 A-B. Cf. U.-M, Urtrvo-
Uttl'mhe Hechlsnesdiklile, p. 2Ki et *|i|. «lotr, Solidarité, p. 20r>.j0li.
Di'R'iise de pêniitrtM-dans «'Humes parties réserviSus du domiWIv <up)>ar-
tentent îles fomnii's). Ksini'in, Ut poursuite du roi el le serment punjaloire.
MH.rf'/iW. du droit et ilv critique, Droit titmmn. 1880, p. 239. D«|i(H.sui-
te seuil, «l'un (jasçu ou <!>•t|ui>li|uis jilfroe» île monnaie, pour indemniser Ut
iiiuilre di<la maison nu ras de purc|Ulsitiun Infructueuse. Uiiiimi, Iteutxche
H. A. 11, p. iW). Aulorisaliun (Umnùeau volé <!•twuurir ù la loi-ci-cuntri)
le uiniti-c di1iiiuisiMi ivoili'ili-unl. des Mamans, S, 3j L. de* Hinurois,
Il, i. Plus lard, ucliun doniiéi- <luns la nn'-mo luit. (les /<<> i": dt*
Unri/ 16, 103. Actionruoiuinc furti /iroliiliiti (iiiius, In.tl, III, VSi (îolion
.inaiogne en Givco lilot/, SuMiirHf, p. 203-M.
î. C'est lu cas dans la yumttiu lance ticiorjuc romuiiu. Lu |>nursuile ,ï
la piste y avait evUtû, coinuu! ou peut In pt'nwr il'aprvii Maerutiu •Satuni-,
I. f>,in fine. ICsmein, c, p. -M Mais,pour lus tumps historiques, Ivs
luxtus, et notaiimient celui du 'juin*, ne la mentionnent plus. De mèiiic
i-lifz les Francs, la Spurfolge n'a peut-être i|u'un caractère! fucullatil', s'ilrl
faut en emire rinlurphilutiuii i|U» donne, des passages l/ien connus dus
luis SaIU)U(!et Kipuairs, Zychu, ïur Ausletiimt) des Tittte'M tlcr lejr Mica
i Ut venlir/io iiiiiinmt') u. Zeitxelu: der Suviywj Sliftiini/. Uerm. Ablli
191)1,p. 17i>vt si|>{.
3. l'iniau, Citante populaires xeandinaees. If, 1901, |>. US. &• uiotil', a
pvinc iiniiiiui! dans ir&Siehtlungen, est frnidaniental dans lus Edita*.
4. L'autre est le tlu>nie du cuntral gravi) sur la lance de AVolan. In/'rn,
p. 35, n. I.
I' HlîVBUtf. – MAUIK KT IIHMIT IXtlIVlflL'Bk 19

coule la fatalité qui pousse tes dieux a leur ruine. On rap-


prochera naturellement de ces sorts attachés à une chose
volé», les malédictions conditionnelles qu'où inscrit sur uu
objet pour ou prévenir le vol. Ou peut recueillir toute une
série d'exemples d'inscriptions prophylactiques de ce genre,
s'écltelouuaiit depuis les menaces d'iiuatlièine jusqu'aux
forinulettes anodines tracées, aujourd'hui encore, par les
écoliers sur leurs livres'.
Peut-être lu malédictionliée ù l'objet vole explique-tulle
certains traits, sans cela peu compréhensibles, de la législa-
tion sur le vol dans tes sociétés organisées. Ainsi le droit
romain prohibe l'usucnpioti des choses volées, en quelques
mains que ces choses passent, telle exclusionde l'usucapion
ne résulte pus de l'indignité du possesseur, puisqu'elle frappe,
non seulement le voleur lui-même ou le possesseur de mau-
vaise fui, tuais même le possesseur de bonnefoi; elle a uu
caractère occulte, le possesseur pouvant ignorer le vice qui
entache la res furtitii; elle a enfin une 'durée limitée, puis-
qu'elle prend fin lorsque In chose est revenue aux mains de
sou premier maître*. Par tous ces caractères, celle prohibi-
tion d'usucaper contraste doue avec les tabous il'usncapion
que connaît le vieux droit romain (tabous concernant le ton-
l'uiiaiii, le buxtiiMet le forum, etc.), qui sont nécessairement
connus, publics et perpétuels. Nous possédons, à défaut du
précepte dos Douze Tables sur lu matière », le texte d'une

1. Manuscrit lie Suiiit-Bonollsur-l.uire


(XI«s.), vitejiurtiafduz,t'altlmv
dex
jiiri(li<l«e enfonts,hlétminc, p. lui) « Ilic<>slliborsuneli
III(|KS«-87<,
Ploiïuoctiîiii<|uimu
Iti'iii.-tlidi d i|Uisluiulus fuerit.vel ulii|Uhl(malu)
itifrouio luluril, uiuillicmuait. » Cf.phyliurlt'ii!
roulrule vol. l'ujt. l.ontf.
el
(XVI,3Î8 «i|<(.Wossely, StuegrieekisclioZititlierpttiti/ii.
Uenkschrifltn
•1erfit. hist. MusseUevK.A/cadeinie (1erWitssensvliuflen
in Wien,XL.lt,
i(W3,p. :n.
î. Iixompl>'8 nombreuxréunispar O'aidfi/,t° c, p. IS7-1U0. Aiiiti.dans
tulluu(i'Murn«
Si, lraoi|ii< du ilniioii.
Tu ilfroliei ooliin>.
A|)t>rcuiUijac tout fripon
Ktl ilIllillUI!Jf vivi",
Ktqu'unlirrvvoW,
S'a jamais |ir«(lt#

S. Lesjurisconstiltciiinsislonlsurvetteitlûc lui-rsfurtivapocli'un vllv


unelâche,un vin. Vuy.p. ex. Kullowa,Hômim-he Heclihyettcliichte,
II,
l'JOt,|i. 408 liîrartl.Manuel \t.3U7:Ksiiiuin, .Voue. liev.Mini,
de Droit,
ISSU, p. 2ÎU.
t. Utmtl'wxislinco est atletU-upur (iaiUK,
liai.. Il, S-i;Justin. tnsl,.
II. <> ici Tlivo|)li.nui'i'c pussiiKi'i: 41,.(. StaUa' iirvcoptitîle*
SU i.'annke soeiot.ouiQUK. l'JOS-ivoa

vieille loi Atmia dont les formules, eu quelque sorte fatidiques,


résonnent comme l'écho d'une de ces malédictions condition-
nettes dont nous avons parlé »\ bien qu'ou peut. lie demander
si l'on n'a pas systématisé, et traduit sous une forme législa-
tive, des formules proveuaut d'un ancien rituel magique.
D'une façon générale, tes procédés dout l'individu dispose
pour empocher uue usuenpiou de s'accomplir ù son détri-
ment {interruptious dites cirilcs de l'usticapion ), comme
aussi les formes d'autres sanctions indirectes du droit privé de
propriété rappellent des rites magiques définis. On ne les a
jamais étudies ù ce point de vue, et on aurait sans doute
intérêt ù le (aire.
On pourrait facilement développer tes considérations qui
précèdent, et multiplier presque à l'infini les exemples1. Mais

XII Tnlift» pourrait liiuu nïliv <|u'un doublet il«-lu (lisposiliuii rapporté»
par la lui At'tntti.
i. Oeil., .Y. Alt.. XVII, 7 « Qti'id sulmiplnm eiil, lûus roi aetumu «iw-
turila* i-sto. » Ma., 11. Il, IV. 4. U .1 yu,,d mitent ilfeil lesc Atiiii», ut res
l'uiiivu non usui:a|iiiilur. niai in iiotestateui ejus, ctti subrepta t'si, reverlti-
lur. » Cf. R. WuKiivr. Hheinqut-1 iiimimmetlc Sckriflen'. t. V, p. W4-23S"
« Ki'in Prulivr ««II | si-Iiht si– It ftvu'u | kiMiumiGHivkUtlii'ii Im-lif | avin
liclttor (ilaiu: | wr ilin Ijvsilicl. | donselirc .Snrpo, | uml wvrilin nk-lil Iml.
iingi- iIit -Neiil l)luii> Wu^Ikt liût'ilm sviii lli<tr, | ilocli iIdii Wiir-
Kit «iuhVr ilmi zii | Di-'iii Tuili- vurfallvn. | frss'lu «IciiViAiihhdie Kurclil:
m hmft'vr l<)l>t.{ sIctIi' i>i-IwIi/.imiiI daliin. | .k's Hinv'- llt-rt- 1 uls îles
HingfS Knotlit | bix in meiner llantt | ilen gvvaulitcu u-inler iih Imite »
i. Sur le jet it'unu pmrro pi>ur pivvcuir kii liili'rrmnpie une iisuciipio».
i'ii droil romain i.-t en droit iuhIm!, viiy. Viol. Cliuuvin. l.e Stoptlitaur.
HmW.île t'Ar-ml. royale île IMi/ir/tie. XXIII ,\mi-, p. ï'J-i7; l.c jet des
/lierres au /tileriuiiije tir /.« Mecque. Ami. île l'.irutl. nn/ale tl'arcliêol. de
Belgique. t>- s.r.. t. IV .ia»3|, p. i7J-3u«; >r. Uiiullû. /.(•* lu* de pierre*
sacrées el quelque* pratiques annetes daim le sud du Mann; Aljji-r. 1U03.
\'oy. aussi S'uliiuy llartluml. Il, p. 203-i11. Dans rum-ii'ii droit romain,
d'après Chvnm (lie orat., III, in. IIU), du iiitorniuipnit une usuvapiou en
brisant uni' bagnelle (mtrculuiu ilefrinyemtoi. Cf. l>i<j., X LUI. Si. fr. '20
S i il'iiuk Uremitr. Jurisprudeutiae unteliaitriaiiae qiiue siiiiersiiiit, I. 18'JG,
|i. !J (i't Ici) cilulioiiAi. Onpnil eompiiri'i" colle l'urnii' iVuxiir/ialio aux rilvs
l'têcrutoirus accompli* par la rupture d'uni- liii^ut-'itu. Voy. infru. |i. 31,
11.i.
I Ut jet d'un rnUlou iurltix lupiUi) est puut-^lrc In l'nrnii' lu ]i!u.s an-
l'ivnnc tVuigt. XII Tafetii, il. p. 630) par luquullo un pnipiillairu uil pu
proloDlor l'nnlii! lVdilii-<ili«n <l'uiu- vonntrnctiun ni>nYv)li>(nyii-Wv nnri nun-
tiatiu,. Oiij., k, i\. IV. l, U. l'ciut- I» iniiynu ùgi- pjiiii:iiiii|Uc. vny. Uiiiiini.
Heiilxvlia U. A. l, pii'.i-ï:il W rf. Ir lilo «eniiatiiijtii- du ji-ldu murli'iui,
•|ui servait do siinclion nu dmil du proprii-té lOriiiiin. II. A. 1.p. 7H
«t g<|i|.i,«l 4lui se iviln'wût l»'«t-Mrp ait ji"l d'uno |iiotn>
(Ijriium l, 1, p. 9h. Adde (irimin I.p. yô-Sfi. Pour le ciirurli-ro cxtcratuiiv
ilu jfl <l«s pierres. voy. infrn, p. 33. n. 3-V
4. On pourrait im'iitiomier iri Iin iricanlulioiis diriRccs contre lus; sur.
cier.-i ruli-an «l'infauls li-s mirants |Ui lucurcnt 011 lias tige pussunl on
»'. HUVKM». – UMHH KT IHHMT IADIVIOVKL i\

je crois on avoir dit assez pour considérer comme établie la


proposition que j'avais formulée tes rites magiques ont
fourni ù lu propriété individuelle sa première sanction.

IV

Ou rencontre aussi des exemples du rites


magiques sanc-
liou mmt d'autresuUelntes individuelles, et notamment des
atteintes contre tes personnes (Atteintes physiquen meurtre;
coupset blessure»; mauvais traitements. Atteinte* morales
calomnies et (tiltuinatioui. Les exemples sont un peu moius
abondants, les délits autres que le vol étant plus rarement
clandestins, et la vengeance privée pouvant plus ordinaire-
ment tes atteindre. Mais il en existe ussestpour que je puisse
étendre à tous les délits' les conclusions que j'ai dégagées
pour le vol. A Cnide, une femme rédige une defuio contre des
calomniateurs qui l'ont inéchumineul accusée d'avoir empoi-
sonné son mari, d'avoir vendu à faux poids, etc., et contre un
malfaiteur qui a bouleversé sa maison2. Un malheureux qui
a été frappé et charge de liens rédige une defuio contre ses
persécuteurs9. A Coula,une inscription nous apprend » comme
quoi un certain Artémidore, nyaut été insulté par llerino-
gène et Nitouis,les a dénouéesdans une tablette au dieuMén.
et comment Hermogène, puni par le dieu, a fuit une offrande
expiatoire, et a changé de conduite1.
Un délit qui entraiuo souvent des sauctious magiques

«Ifolpouravoirùtû voliisili;urs purenlsau moyendu tmiliHicis. Cf.(Jus-


Ut. TwoIhousantlyeursof « charm flre
agaiiat cleilcl-stealin·t 't-A. Fulk-
tore, I"JUU, p. 12»et s.|(|. Sébillol,Le folklorede t'ranve,I. 1904,p. «U
et si|i|.
1. Voy.dans Fossey,Ma'jieassyrienne,p. !)3et S'|.| IViiuinûration des
uctusqui portentmuliicmr, a ux
t-'ost-ù-iliroquiexposant iiialiillcus.Ony
trouvepAle-nnMi! de*vols,des violences,des parolusi-aloiunieuses, «te.
Voy. aussi II. West
Mary Kiugsley, Afrhnn Stuilies*,l'JUl,p. î«TiSpirits
us polii-emen).
2. Newlon,Ahistoryofdisvoveries l'iiùlus amitlranchi-
al Jlaticarnassus,
</«<18l>243, H,8, il" Mi-80Audollonl,n« t,|>. 10-1 f
ï. Newton,n»93; Audullent, n«13,p. 19.Voy.encoreAudollent,ti«1,
p. 0 n» 8, «•
p. ÎD-Ifi 893, ».J0, p. 409,etc.
I .
tr. C. «»• n°SH2;Nowlui), dansHeinaeh,Traitéilr/nf/raphiegrecque
p. 152 Pardrbct,Ma. tt»U.îlecari: hellénique,XX |18'J6),p. S8-M.
S. AutresexemplesV.1.1. VI,S090S;Amlolieiil, 1).XI.-XMII:lluvu-
lin,Tablettesmagiques, p. U,1 p. !7.
22 I.'ANNKE Suwol.OliiOt'K. HI(i.'i-IW)fi

est celui (lui consiste « ne pas payer ce qu'on doit1. Ou trouve


encore eu pareil cas des malédictions comme celle
expresse»,
que lança Apollouios contre son emprunteur Scollos qui m*
le remboursait pas. Apollonios dévutm Scollos a ta Mère
Atimiset à MeuTiamou, qui le tirent inaurir. Talias, dite dp
Scollos, acquitta ta dette de son père, et. pour apaiser tout il
fait les deux divinités, leur éleva la stèle oti cette histoire
nous est coulée3. Mais plus souvent on emploie contre les
débiteurs récalcitrants certains rites caractéristiques telle
est notamment cette procédure du jeûne et du suicide du
créancier il Itl porte dudébiteur, qu'on a cru autrefois spéciale
il l'imle (où la loi de Mauou In mentionne sous le nom de
Dhtirnu mais qui se rencontre aussi, en de» formes identi-
ques, dans l'iincieuue Irlande, et, sous des formes uttéuuées
citez les Israélites, en Perse, en (îrèce, et peut-être dans d'au
très pays le créancier met le siège devant la maison de son
débiteur; il y jeune publiquement ou bieu, ce qui est encore
ptusedicace, il y envoie un sorcier (un bruhmihi, dans l'Inde),
qui jeuue à su place, tant qu'il n'a pas obtenu son diï. Ait
besoin, s'il n'arrive pas à ses lins, il se suicide û lu porte de
son débiteur. I,u jeune, le suicide, jouent ici un rôle dévo-
toire, lis se comportent comme des maléfices atliraul l'infor-
tune contre le débiteur indélicat9. D'une façon le
générale,

1. Ji' range le iiiiii|ue «U1paroli* ilu débitent- i|ui nVxwutu pus »nii
«ljli(-aliuii parmi li-s ili-IU.-».car on sait •|ut.' 1» cuiivvnllon primitive n'u
pa», tiuiunii.- lelli-, du «.iiii'tidii ivslilutirc ellu n'eulraliii'iiue îles réactions
liûnalud. >'ou« uvuns liéjà pu assimiler ù un vol le refus <le n^IHuer tm
dêprtt ou tliieoimiHxl.it Isupi-a, p. ii, n. li. Mde lMivslc. KtiulniVhislwre
ilu ilnil, 1H8V,|i. 79: Si.
2. Fontritir, Tô 'Yp.vi:i irsîtov, p. 85: Purilri/et, Mtn., ji. M).
3. The Imrnsof Manu, tr. Bftlitor. 1886, VIII, «9.
4. Voy. surtout |'o*t, Ethnol. luvispniilenz. Il. p. 581-iUi: Ualtloi. /.m
h-oh clerc* el le chat. Mt'twtine, IV 1888).p. 5-11 Nlno Taniassla, Olmmu
in Cti-maniaein lii-ecia. Hiv. xcienlif. rlel ilirilto, frivr. 1SW7. "U: 8ti>in<
p.
mulz, (Ui anlichi scoiifiiuri giuriilici coiilro i tlebilovi. Hic. ilal. ili soeioln-
»«'«, U (189»!, fuse. 1 (ilol/, Solidarité, p IX: p. OUet si|<j.
0. I/iiileriirùtaUiin .|ua HlciiimcU tUnme du ttlitlrim {op. cit., p. 14 i-l
^I'l ne iliirùiv pas C'iiii|iI.-(i;iii(Mil,et i|tiol qu'il ilisv \>. Ï6;. de o'Ilc i|ui-
j uduplu ici. Mi-iiimuU voit dans te clhtlnm unu fimiii: du mkitte /xir /<•«-
ijeunce le r rvanoivr*l>lac pour devenir funtomo. lurv«, spuclru, et t<mr
monter plus «Ilicacument son dûbiluur. – Mais il «si bien ût-idunt <|iie
retlc yi-n»!eaiu:i;(luutrc-loiiil.e, ijui ne se Irailuit pas par des
re|>ivsailli'S
inatûrii'lk'j, ne pvul s'assiniili-r la vmiluble vcn^cani'u du sung; clli-
n'agit (juc CKiuine un rite tna^i<|uc. sur l'esprit rie celui qu'elle viso et
de i-euï 'lui l'en Ionien! Suscilur les nmliros des iiwils cuittn- le» vivants
Ml rlinso csscnlicllfinviil utaftiqw Olulinrl. V« Mania, p. 151! Hubert at
l>. 11UVKI.IS.
– MAOIK
KTUH0IT
INDIVIDU
Kl. ail
– souvent
suicide, précédé d'imprécations et de malédic-
tions', –apparaît comme un des moyeu* les plu» forts donl
l'un dispose pour déchaîner le malheur coulre un adversaire
impuni1. 1.
Ainsi le rite niiigi(|iie remplace une vengeance, qui ne pou-
Viiit «Vxercer. On n'arrive pas toujours d'ailleurs il séparer,
dans lit vengeance, l'intervention inagiijue de l'intervention
matérielle, tant «Iles sont intimement unies. Tel est le cas
pour la curieuse coutume de Yilltipitrinja, observée par
MM. Spencer et Gllleu dans te centre de l'Australie. Lu femme
qui, pour venger son mari, part en campagne, la nuit, tenaut
dans la main droite un bulou magique (Chuvinijti), dans lu
gauche uue massue ornementée, parvient-elle ii tuer son
t'iiuemi par le choc matériel de l'arme, ou par Telle t magique

Muuss, Magie, p. 81). – D'ailleurs replient km d« Sti'imm-t/ devient in-


xutUMinle Ioisi|U(! l'intéressé su substitue, pour lu suicide on k' jeune, mi
ivpivjoiilitul r»i])ljiv <lu icprcseiitunt mort devrait, ce semble, m- tourner
pl-itnt iimtru le ri-prêst'iitO. cause directe tic sa mort, que contre un tiers
iuollensif. Dans c<>rus, il m< rvula <|u'u oi|)li<|Ucr le tl/ulrna comme un
rite devotoire. – lCnlin. si le jeûne nu vaut qui* comme menace du suicide,
pnuri|uoi li1créancier ne lui substituerait-il pus toute nuli-o iiioiuii-c 0<|ui-
vuloiik'? l'i)Un|U"i. au lieu i)e .«>souiiii'ttrp pri'-alablfim'iit aux U'ijtux Inr-
lires lie la failli, ne pus uriîtint-i' sus inlvnliutis de suicidu par (CutiIrcK
moyens, l'arHi>sit iiiiajjiuiu- scluii lus vas [inrolvs; anm» hiiiinlii'.s; pubu»*
|>irj)uii;», etc.) 1 IIfsl Ovuli'iil i|Uf !e jcrtiii' du tlliilrnu nu ))<'iils'i'Xp)U|ui'i
ainifi nou< avons liiun plulùl «lluin- ici il un jeûne «iiij/iiyiH1.l,t> jciluo
maftique1, Iji'Micinnu ilam llmlc iY. llvliiy..Ud.ir, |i. 1tu 221; £3u.ii-t
duiis d'autres milifUX (llulu-rt et Mauss, Mut/ir. p. SU tend à illettré le
surcier dim< IVIul uiioruial iiecssuirc pour i|tiil puisse eweutei- -un riic.
l.'vrttting tOinoifinugcs, ilmit Sleiiiiunti! rtM-ounull pivoiséinent l'existeni^
p. 21 et S(»-,assignant au jeOue contro le débiteur le rnrucli.ru en «lut'slion
lUaidut, Im /i/Wf/iice" <lu jeûiw, Mtïltisine, IV .188».. p. il M, $|i. Ajou-
tons une dernière observation. Certains traits accessoires du dluU-iiu unt
pour Irai de mettre une bariiêrc inat;it|iU' à lu porto du débiteur. Aussi
Koliler ttlmkeipeaiv rw lient t'urum tler Jurisprudeiiz, AVûr/bmg, 1 883.
p. tS. 4) a-t-il narl'aitviuoiil raison •!<• rapproelier, a col cfuml, lu dlulnta
d'une institution dont .Marco l'ol.i avait signale )uxi>l»iw<!chez les Hindous
<Imla crtk voisine do Oeylan lu créancier trace nu cercle autour de mu
débiteur'.llf. cercle mns;h|Ue. Hubui-t et Muuss. Magie, p. 4i; Skrat, Mulmj
Magic, p. Bii.î), «t celui-ci ne pcul lo rrancliir, sous peino de murl, tant
•|u'il n'a pus payé.
1. llopkins, Oh Hic hiiiiln ruxlmii t>f dijing lo reilrts* a grieeanve. Jouru.
nf tlu* Amtrkaii oriental .S.;WWjy.1901. 1. |>. lîili. Cl1.Xi-n.! Ifrlleti., VI, 4. 7:
Diod.,
inaii. XV. ÎÎ4.îl
si*1 Tt. Tt, K*-S\Z* rf.
-», rïtJ.L^^r. m-'i»
^oj; '/t-v?*'
«a-p-.ot «j^mt, 'j,î5!7T3i; y#t*t^w«-».ic..v,
x*?s,ss«xiinxi,
iw $'wi Sopli.tj'aj-, S1.1-8H 'h1, «« -x/v.x:
«jw/jiji? •tr.v.'Yn.
noJv.fKi! "Ksivvi;, •[r'rtiht, ai, ottîsïOs sxv$V,;i4v ïTiawi 'Cf.
Ilorut., l'.pud., V. tll-'Ji Quin, ubi porire iussiis e^piravero, | uoctiirnus
iiccurram furor, | peluunpiu vultus umbra ourvi» uiiKUibiis, | «juui; vi*
leoruni est Maniuiii.
i. K;i>iiipl -s d;msS'emiiiet* |». Ili et *i|i|. (ilolz Snlùlarili1, p. lii K8.
•il l'annkk sueiui.otUyUK. tUOl-lliOii

du charme? Sans doute le» deux explicitions lie se disso-


cietit guère, mais pour tes iulôressôs, c'est ta seconde qui
prévaut. Un dit que le Cluuïiiyu, péuètrunt dans te corps de
l'ennemi, s'y brise eu une intitula do petits morceaux, qui.
sans l'iuterventiou d'un sorcier, amènent magiquement la
mort'. L'élément mutériel de la vengeance est lui-même
conçu coin memagique. Remarquons aussi que les concerls
funèbres do lamentations et de menaces qu'organisent les
femmesautour du cadavre d'uu parent assassiné illuhit' lml-
K'iiique, eoeerocorse, etc.) ne constituent pas seulement une
pratique religieuse tendant à rappeler les hommes de la
famille à leur devoir, ils sont aussi uu tissu de malédictions
appelant le malheur sur le meurtrier ils sont déjà mie
vengeance.
Lu malédiction vengeresse des 4torls u poussé des rueiiMK
si profondes daus tes mœurs qu'il eu est resté quelque chose
jusque daus des civilisations où ou no lu comprend plus
souventelle a survécu à titre de motil littéraire. Il suffit de
rappeler ces imprécations, fréquentes dans la puûsie épique
ou la tragédie, que profère au personnage outragé, persé-
cuté, trahi (épouse ou amante abaudouuée', proches parents
d'uu héros assassiné », etc. *icontre l'auteur de son malheur.
Avant de s'affaiblir jusqu'à n'être plus queprétextes a ampli-
fications vides, ces malédictions traditionnelles ont eu leurs
modèles dans la réalité; elles ont eu uneefficacité répressive
dont nul ne doutait.

t. SpenwretGilit-n,Thenativetribe*uf centralAuslialia, Lomlun,1SU9,


|i. 48b-4S'J.
2. Ulutz,Solidarité,p. «3-81.
3.Cf.hVchyl., Choeph., v. 4Ï0elsi|i|. W'Û.xwmi'K,)ii/.»3t; yWrr.u\,
•.f,th vti-î'jjfiiînifiitr: 'àpttiyr.v
| mitvinpo'jSMo»; ir.i v;.x/,v.
4. Imprùi-iilionsil»Diiluti,dans Verts.,/«.. liv. IV; ttii|ivi.Viilii>iis
<t.-
CuniiiieDur..Kpott,,V.v.51-'i3;inranlutiou île Milieu S™ Mctl,,7u:i.
Val.Plaie, VIH,7i:Ovi<l..Met.,VII, 198. e tc.
ii. inipiéculioMs(l'KlecIr»,Kachy\lioepk.,p. ux, v. il'2 ni s«|<j.liupn;-
cationsdu Camille,dansIlotaca,deCorneille, «(>
0. Je necili'pus ici,bivii«nli.'iidu, c<>nu'onu|i|jellv,un |wuim|»i-<«jnv
nient,lesmnliiiliclions paternelle»luncéesji.ir un \iktvi:»ntroson >'iil'«nl
(p. ux.nuilûilidion d»'l'Iiésûeappelantsur son\\Ula culèn»de Ncplinn;,
danslïlippolyletl'Kuripiile. dnmYtlippolyte deS0m><m<>. etilansla Phèdre
do Itacine) ce n'est, me ««iiible-t II, (jti'tmsouvenir d u dévivlraligii'Ut
d'uxi-amfflttoicution rctrundiantdelufemilluau mirantcoupable
7. Souventavantdesu suicider,ci*qui fuitalorsrontrorcemulifduno
le typedesmalùdirtioii.s signaléesaupru.p. £1,n. I.
I'. Ill-VKMN. UAQIK Kï UIHilT tN'DlVUH'KI. 25

Ainsi, au lieu de recourir a la violencematérielle, ou avant


•l'y recourir. la victime d'un tort peut satisfaire son ressen-
timent par des pratiques magiques. La magie a fourni une
contribution Importante, encore recommîssable aujourd'hui,
à la technique juridique du délit privé.
Mais sou influence a été prépondérante, exclusive même.
sur une autre branche de lu technique
juridique: Tari de for-
mer et do dénouer de» coiiveutious obligatoires. Lu conclu
siou descoutrals et l'extinction du leurs effets u'uut été ori-
ginairement assurés que pur des forces musiques. A la
diilôrence de ce qui se passait au cas de délit, lorsqu'il
s'agissait de réprimer les atteintes à certaines croyance», il ne
s'agit ici que. do définir et de fixer d'avance les e/lels des
droits; lu force physique ne peut concourir avec le rite
magique.
Cherchons à justifier, au moins sommairement, noliv
assertion, dont la démonstration complète, en l'absence de
tous travaux antérieurs », nécessiterait de 1res
longues recher-
ches de droit comparé.
L'accord de volontés a beaucoup de peiue, à l'origine,
pour
se faire admettre et sanctionner connue source
d'obligations.
Cela tient à deux causes dans tes sociétés
peu différenciées,
il n'y a pas de place régulière pour la volonté individuelle.
Mais, alors même qu'on lui eu accorde uue. ou ne lui fuit pro-
duire que des effets immédiats, c'est-à-dire des eilels
qui se
réaliseut déliuiliveineut dès que cette volonté se manifeste.
Ou ne lui fuit pas produire d'eflets pour l'avenir. Ainsi, dans
tous les droits, le troc, puis la vente au
comptant, existent
longtemps avant la veute à crédit dans tous tes droits, l'acte

t. L'histoirecomparative dudroitrontrartuulest ivliiliv«in«nl


moin»avancé»qui>wlludu droit famlli:iloudo ilroil Iwmicoui.
drliuluelpar cxi'in-
|il< Dansles dvutvolume* (I, i73 | v\ ||,7Up.i i\uVKlImologimJnr Jum-
linn/eiiz,dePutl, 7Spagessuulemciit(I.II.p. (it4.«8«|k<iii(nnimVan
droit Minlmelnrl, uontivÏ7«paRt-s(t. Il, p. SI0-»:il|<HMisacr.H!s
au droit
di-McluelSi l'on ajoutuà ces doriiiêreslesMt pagftsi-onsucrBi'sà la i.ni-
««Jure– toutoiititVojwnalo – la
(p.4Si-fi«3j, dlspruportion «st oncoiviilut»
forte,
a. l'ont.Btlm.Jurispr., Il, p. OU«t s.p| &limd«r,/.c/irA«c/i», «. ÎS7
(liranl,Manuel',p.λ:i3Hrissaud. Manuel,p. 1377ol mm. Kraiik.-n, Uni,
l'fa'iilivehl,I, JK7».|>.213.
fraiiziitischr
l'\ i.'anskkst)i;ioi.orai.it'K. tiraj-l'.iiii;

au comptant est l'alné de l'acte de crédit. L'entrée de la con-


vention génératrice d'obligations dans le droit ne s'oblicMit
qu'au prix d'un long apprentissage.
Dans beaucoup de civilisations, la piviniùra convention
géuémtriee d'obligations est la promesse du payer la r;in-
con due pour un délit flagrant'. Je prends un exemple, l'a
voleur est saisi en flagrant délit. Le volé s'empare de lui.
et va se venger. Maiste voleur offre une rançon assez forte
pour tenter sou adversaire, qui cousent à lui faire grâce.
Malheureusement cette rançon, le voleur ne la porte pas sur
lui; il demande uu peu de temps pour rassembler des fonds,
et solliciter, s'il y a lieu, ses parents et ses amis. Levolé eom-
niPllrn-t-il l'imprudencede le laisser aller? Il ne le pourra
qu'a la couditiou de disposer d'une garantie. La nature de la
içaruutie qu'il exige varie selon les époques. Très ancienne-
meut, il demande uu otage quelque ami ou quelque parent
du voleur consent rester prisonnier jusqu'au paiement de la
composition convenue'. Le pacte par lequel une personne se
met comme otage (on dira plus tard «muticcaution) à la dis-
crétion de lu victime d'un tort, pendant que le coupable va
quérir sa rançon, constitue la première conventionobligatoire.
Mais le coupable ne trouve pas toujours d'otage. Aussi llnit-
on. pour lui éviter les rigueurs de la vengeance immédiate,
par l'autoriser à donner en garantie sa propre personne, tout
«miconservant la liberté matérielle de ses mouvements >;ou

1. Druilurée.Ksmein.<« uonlralitan*l'OlympeItomiU-Ujiie. Mil.il'ur-


rlii'ologie el tCkhtl.publiésjiiii- t'Kv. /rainuhe île Home, Y1IJ,im, p. lîS.
l.T. (iJut/, SaliilwiM. p. Mii/t k.j.j. p. m.Droiti-cunaiii.lîusahuv. Mil»
elCuiih'aU ci'urusse).Mo-.cdu, 1896HuvcUn. V«Sejum.Uiel,i|i>Dan-m-
iM-rg ut .SîikH.),p. 83.Dr.iilm<rnv\n\i\xta. Itciisler,liisliluliowiiîlestleutx-
l'uiiUcliai-t,Scliuldi-eiinig undtivurjeliitmai des sadtsischeitItrchU, IS'.tU
l'unl~churt, :icltftlrteerlrn~1111"Ttret~elüGnisrrtfes.rrrdesi.rchett
1(rrGl.l8:ui;
Kuvultwsky, Coutume runkmpuralne elloinrimilire,u. 111et m» • UrN-
i-autl. Manuel, p. 13SDI3SI.
2. Vny.tiutariiiiiciitHoiii.,Oilym,VIII,206el mi,i;K*nu.-Iii.».
|i. 4iW vl.s>|i|.
3. U Cup.lifj. atltl.i|« 8U3, fi.8 (Boretlus,I. lli| drliiiill'otage /
r/uinelueoleadiiin alterim putestiiteiu voinmiitrilL'uIvkk ''>! «nfiTuii'.
ciiurp-ili-cliafn<>>.
|>:iifi)is Siluilûliiluiir ne |>;tiopas.le!cn-uncii-rse vwiftii
sur l'olavo.It'ui'ik- pcoverlu'llilrtjritnuitniaittribyen!0nilnitiHiMiiuli-r
'•-h caillions).Urissiiu.l,Manuel, p. i 170-U77.
l. Ollo faveur.i|«i n'élniliinlispciisalilc «jui-pour le (k'lii»|uanl,a 'lu
sVIemln* otiiuileà la caiiiiun.Maisori«inairoinonl la cauliuiiidayde vu il
i-ostt'ri<.aptivejiisi|u'au du la
pai<nii;nt rtinron. K innn «mut; «.oinjWnilriiit
pas|ioiir.|miiImili;lin.|ii;nil nu|muvail pas,ili-s l'origine,t'vaunwr lut
de surnni-on.
iiii'-iiii-piiiirli-pnii-iinfnl
– MAdlK
V. llt'VBLIM. ETUMrttT
tNUIVIUUKI. i',
tui permet, dit-on, de s'ennuyer pemonnellement1.(Remar-
quons, ou passant, lo sons concret originaire de ces expres-
sions/, it nereste plus alors qu'un dernier pas à faire c'est
d'étendre ce système aux pactes portant sur autre chose
qu'une raiiçou (pur exemple, pactes de prêt, de vente i\ cré-
dit, etc. Co dernier pas franchi, l'obligation conventionnelle
existe, avec une portée d'applicatiou générale.
Ainsi l'obligation contractuelle, ù toutes les étape» de ce
développement primitif, suppose rengagement volontaire du
corps du débiteur. Comment assurer cet engagement, du
momentoit l'on renonce ù maîtriser le débiteur par la force
matérielle, et ù une époque où ta force juridique n'existe pas
encore? Ou doit recourir a la force magique. Hien de plus
naturel, et l'ou passe sans à-coup, par une transition insen-
sible, de la malédiction pénale à la malédiction contractuelle,
l'our maîtriser le délinquant qui échappait ù la vengeance,
on se servait de liens magiques; il est logique de s'eu servir
aussi pour enchatuer le délinquant qui veut se soustraire au
piiiemeut de lu rançon. Il n'y a, d'un cas a l'autre, que deux
dilléreuces, qui découlent de lu nature des choses 1° Tandis
t|ii(3,dans le délit, le rite magique est souvent pur et simple,
parce qu'il vise a réprimer uu tort déjà réalisé, dans lecon-
trat ce même rite est toujours conditionnel, parce qu'il tu*
fonctionne que comme une menace de répression pour un
tort éventuel. Le maléficene doit agir que si le débiteur man-
que à su parole. i" Kii outre le lien magique devient conven-
tionnel. Dans le temps où le pacte se conclut, le débiteur se
soumet lui-même à l'emprise magique, d'accord avec le créan-
cier. Il accepte d'avance d'être maudit par lui ou bien il se
maudit lui-môme sous condition.
Les malédictions conventionnelles tlgurent souvent dans
les conventionsa. Leschartes de l'époque franqueet du Moyen
Age, entre le vj"et le xi" siècles, fournissent notamment des
catalogues complets d'anallicmes et d'imprécations destinés
:'i renforcer des actes juridiques Pour n'eu donner qu'un
I. Cl.I»manuxiniectto romaine, l'iiiU-rvonUon ol laloiVallin
il il vimlex,
l'ivunllamamwiniccliopuni, iliuis)a>|ui.jlle le tlûfundeur puât êtreson
propre eintlex.Uirunl, Manuelp. 978-983.
î. Yoy.p. ex. Kolilir,Slmfaspeai-e, p. 64 Rechhvenjleichétule Stwlieii.
p. 231;llanttireeht. vl
)i. Vi;O|)|)i-rl Menant, Documente juri tiquesdel'An-
syrie et dt lu Choltlée, 18" p. iii: Itûvilloul, La créance et le droit<wwi-
merciuldamlaiiUi/nitt'.18!t7,p. 2I0-2H.
3. liiry,Manuelilr f/i/i/o«t'j/ii/Mc.IS'.IJ,]i.:;«><!s.|.|. llri^natiil.Muniu-I,
2» L'ANNÙK KDUIOLOUIgUIS. J9O5190O

exemple simple, je citerai une douutiou de 090, qui s'exprime


ainsi « si quis contra liunc deleberatiouem. iufranger»
tollere minare. praesumpserit. in perpetuo auuthema
percuciutur, et maledictus cum Juda Scoriolh iu iufernus
inferiori tisque ad diem adveutus Domini nostrt Jesu Clirisli
iguein cruciandus, etc. o Les traités internationaux, –
véritables conventions privées – contiennent fréquemment
aussi des malédictions de ce genre les aucieus Imités grecs
nous fournissent de bons exemples du recours à l'ioi divine
servant à garantir cerlninesconvoutioiis1.
Sans doute des clauses pareilles, devenues do style, et
transmises de scribe eu scribe par routine professionnelle,
ne correspondent plus a un ensemble do croyances vivantes
tour pouvoir d'intimidation a lléciii, ou bien elles se sout
transformées eu clauses pénale* Mais il n'e» a pas toujours
été ainsi. Il y a eu une époque où elles ont été des impréca-
tions conditionnelles, et l'obligation a tiré d'elles toute sa
force. Dans certains milieux, elles ont subi une atténuation
curieuse elles ont pris lu forme de clauses d'injures. Aiusi
d'anciens contrats allemands ou polonais stipulent que le
créancier pourra injurier impunément son débiteur, si cetui-
ci ne le satisfait pas». Ce système s'explique difficilement si
l'on ignore que ce qui passe pour une injure à une
étape
avancée de la civilisation n'a été anciennement qu'une malé-
diction". La clause d'injures est une clause imprécatoire

1».1390, Lûning,lier Yerlnujsliruch


i; p. I J0.'i,2. in, ,inutschenUeclU,Slras
ImurK, |8"«, jj. as»et s.|i| pmisequel'usagede eusiiiuliidicliuiis estdûù
1 influence de relise uliivUeimi'. Il résulteuu cimtruiruAuIVnseiublu (|t.
noiretravailijuu. si ci-lluiuduonvca pu »«inur<|iiur ilunsle clioWdus
loniiulesumjiloyi'cs. lu piali.|uc elli-mOnio coirespundù d,.s ii||i,.str,s
Kt'iiêrale» ut fort unciuniies.
1. Ha;(|Uigiiy-l'ar(Jfjsus, Uiplum., Il, n»413.
2. Ci-dos.ius, p. «, a.(i.
3. Zicburtl),Utr PlucltUnuriec/iise/ien Ilev/it.llermcs,XXX(JK9&)
etsi|i|. "flu 57
4. C'estainsi<\wj'axplii|uoNlilafun-uoUIksIuIiv desclausospénalut,ut
eu caroclvroîle dispositionpritét lintlùpi-nilanle du loulusuuiro ir-iaile)
HueSjogren,eut» utltn», leurrucoiinatlà justi' titre,maisiju'ila,(ontd«
|K'lo«ii c\plii|uur.SjCgren,Utberdie rûmiwhe CunmtlioimUlrafe. mut lie
Mrafklaiatlnlier frûnkischenVrltunden,llurlin,ISU'i.
S.«rimin,Oeii/«/ic«..l»..U,p. IBM03;Uuinu, Yertmgtbruch, u. 517.
«.7 Rutiler.S/iukespeai-e, p. 6iC:t;p. O'J-70Umitlsteia, Aeelitunot- mul
.V-A»mAi/#ij*W««w//i impulnmheuObli;,alioiumrec/it. Zeihchr.far ter-
SUwk.Hechtmtuentichaft, XVII(!W)l).p. Met s»j<|.
G.Sur la Iransfoniiation de la iiialûdiclionun injure,voy.lluvelin,La
P. IIUVKUN. – SUlilK KT OIIOIT IN1»VU)L<NI. ili

>tnt*W*ÀA a% in\â\HÊitn
transformée et adoucie t qui ue Imid
tend i.l.tn .A .I1»1.A.U._ l_
plusqu'il déshonorer lo
débiteur insolvable. (1fallait mentionner en premier lieucox
clauses imprécatoires explicites, et les clauses dérivées, parce
(lue ce sont celles qui nous frappent le plus, et que nous con-
naissons le mieux. Elles s'imposent,d'abord û notre attention.
Mais il n'y a pas lieu d'y insister davantage, car elles ne sout
ni les plus importantes, ni probablement les plus anciennes.

VIt

Les conventions primitives ne devaient pas contenir de


malédictions expresses. Mais l'emprise magique acceptée par
le promettant avait sa source dans des rites plus rudiiueu-
taires, foudés sur lu seule sympathie.
Je trouve un rite de ce genre dans lu forme lu
peut-être
plus archaïque de contracter, celle qui résulte de la remise
d'un objet matériel appelé gage. J'oiir jissurerau créancier s;i
mainmise, il l'échéance llxée, sur la personne de son débiteur,
ou lui donne souvent un guge '. Dans le droit germanique, où
ce système, ayant pris un large développement, est assez
bien connu, le gage (qu'on nomme watlinm) consiste eu un
objet, de pende valeur: généralement un gant, quelquefois
un anneau, une arme, une pièce de monnaie • Kti contrac-
tant, le débiteur remet le ivittlhtm un créancier, qui le relient

nuliim de tiuittriit duim le très ancien tirait romain iKxtr. dos Mélanges
.t/i/ili-loii', l'J03, /Mixiiii. iintiiiniiH'iil ]i. 80-M SI-Sj, >)t>iin'-ini.'lu poésie
siiliri<|uc lin* hi's nriKincs île ci'rluini's fonni'S d'incantations miJKiqiirs
D'Arlmi» île Jubaiuvilli', Kludessur le Senekia Moi: Sont: Itn. Ilisl. (If
lirait. V(IKtCI).|>. îii, i).:t-j Couru de littérature cetlit/ ne.I, |>.ti.Wot m\i\
VII, ji. 3Ï!>. Lf faiJHMivt/iicl au cluinl ili's ICskimos cl des Tasmaiiii-iis.
i|iii sert A Imurlit'r i'i'rt;iiiii)< conlcstaliuiis (Slftiiiiielz. Sliiila'n sur ersltit
Kalu-iiMitiig der Strafe, 11, |>. 6!t-i) i'.st-il, i-iiiiiiih> on !<• dit parfois, un
illiul il iiijutvs, ou bien fst-ci' un ilutrl ilviuuli'dicliiuis; Cf. lu Mufileliiiru
les anciens Ambos (.Sli;innii'l/. Il, |>. ï(><el li.'s iloiis insultants ijut*s'ailws-
si-nl, avant île coiulitittro. les (,'iiurriitis primitils.
1 Do uii'ine lu rluuso |ii:rniL-((aut au civanciur rl'hisuller sun ili'-liilvur
|iar di'it di'ssins cl pointures \iim pielume cniitumetiume) s'«\|)li(|uc miiiiim1
la suiviMiiici.1d'une pral!<|uc mngh|in'. On sait ipiels liiuis ci« .synifiaMiii-
innitiiiue unissi'iil lui Iiuiiiiik' il »i>itinmgi'. cr. Siilnor llaitlanil, II, |i. ï<,
lluhvrl, V' Maijiu, p. t.IS.
2. S,-i«|l. l'/nmhfcxet,uml SchnUlmft iu logo, liluhus, LXXIX. p. :iO»<-l
*<\< Korali.'Wiky, Cmiluiiie ouii/pnyiomiiic et lui ancienne. \t. III «t s.|.|
3. Tliéviiiii, Conlrïl'itliowi à l't'lutlt du il roi I germanique. Soin-. /((!.
Ilixl. le Droit. IV (I8OT),p. li; Sclirû<li-r, l.ehrlwch*, p. m, ». Vil:
liritinn. IteuMie H. A' 1. p. SOU-SIU;840; elr.
30 I.'a.NNKK tDCIOLOlilgl'K. l'JOù-IW

jusqu'il» paiement, et le restitue ensuite. Le désir de retirer


le tmtdiumpousse le débiteur a s'acquitter. Mais je viens de
dire que lu wattium u peu de prix on ne comprend p;iK
pourquoi le débiteur tient tant à le racheter, déduit a ces
éléments, le système du gogo parait fragile. Rn vain dit-nu
que le créancier prison flagrant délit ne peul donner comme
gage de sa parole que ce qu'il a souslu main, «'est-a-dire un
des objets qu'il porte habituellement sur lui cur ou se
demande alors pourquoi le créancier conseut ù libérer un
prisouuier contre de s» (uiblcs garanties. N'est-ce pas lâcher
la proie pour l'ombre? Ou dit aussi que le wudiitm, s'il n'a
pas de valeur pécuniaire, a tout au moins une valeur d'u/fer-
lioit et de mnrciilion, de sorte que son abaudou définitif doit
répugner, ou passer pour peu honorable 5. En réalité, c'est
faire bien de l'honneur à un gant, à une pièce de inouunie, à
uu couteau, que de leur attribuer ù priori, dans tous les cas
possibles, tant de valeur d'alleclion quant à leur valeur de
convention, elle dépend de la valeur de lu convention elle-
même, qui précisément n'a d'elllcncitùque par le wadium ou
tombe ainsi dans un cercle vicieux.
Il me semble qu'il faut chercher ailleurs la clef de ce sys-
tème, et s'attacher surtout à ce fait que le wadium touche
toujours de près au corps du débiteur. C'est toujours, à l'ori-
gine, uu meublecorporel et, plus tard, c'est an moins uu
objet que le promettant u tenu daus ses mains et qu'il aban-
donne au stipulant. Ou peut croire que l'elHuaciléd'un pareil
icmlium dérive de la magie sympathique. On a collectionné
de nombreux témoignages relatifs ùla sympathie magique
qui nait de la continuité, et notammentù celle qui uuit cer-
tains meubles corporels (bagues, colliers, mouchoirs, vête-
ments, armes, etc.; à la personne qui lésa portés'. Ils consti-

I. Cequi ikarto;il»sulini>i'iit luUuinrio,


soutunuc parKrankoii, Dusfrttii-
iosiiclitl'famlrecht im MîlMuller,Hi'rlin,1879, et u<lo|iliVparHousler, /«»-
lUutioiicn, II. |i.229cl Si|.| i-tKpitor,l'erinonemliafluiiu un)/llypotltekitaeh
frônkkcliem lieeht{Vniersuchiin'jen de (iivtic.LXIX),I!)(KJ, p. Wvi «<|<|
il'apn'-stai|ui-ll>: lu p\v.cmirait i Hûun ppU" " l''l-'l|! valeuren l'apportavec
lu iletti*û Cf
iiurantlr. Wodun,/.« forme tl la garantieHautlescontrat*
francs, i8"J3, [>. ! I9.
i1.Urissaïul,M,muet,]>.1381p. 1390,6.Krankcn. I, p. 21C-2I7.
3. Jo moImriioil renvoyorIci à Sidtwy tlarlluiul,Legattl,,f l'erseux.II,
eli. ix clx;Crowloy, Theimjsticroue,VJlti,th. vets<|<|.;lluljei(,V»Magia.
p. liidtii'l si|<|. llulicrtclMausa,Magie,p. Met sqq.Onc\pti>[iteraît peut.
Mrcpur l'idûede la i-nntai/ion du cunluctcertainespiirlh'iiluriliis im.-oiii-
(irisi'Sdan»les rilfsjui-iilii[Ui'S. Ainsiplusivurs tûninii^nu^smoiitrenl•|m<
I-. iifvm.is. uauiu ut miurr ikuiviofrl 3t

tuent, dit-on parfois, des gages de rie, et tout mal advenu a


leur inutile losatteint; s'ils dépérissent, c'est que leur maître
court un (laugor inversement, en agissant sur eux. ou agit
sur leur maître. Par eux ou peut l'envoûter, le dominer, le
posséder. Laisser uu do ces objets aux mains d'un ennemi,
c'est s'exposer aux pire» maléfices. Aussi le débiteur s'ellor-
(îurat-il de le dégager eu temps utile pour ne pas se livreraIi
la puissance do sou créancier. On comprend que peu il peu
l'opinion publique s'habitue «regarder connue- peu bouo*
i-iililt' l'homme qui, taule d'avoir libéré un gage librement
donné, s'expose aux malédictions les plus fondées.
Aiusi, dansle contrat qui se forme par lu remise d'un gage,
il n'y u pas (le rite joint à la convention; la sympathie
magique sulllt à renforcer la parole donnée, eu pcrinettaul un
uiuléfice ultérieur. Maiscette (ormede contracter simple n'est
pas lit seule. U en uull d'autres, plus complexes, dans
lesquelles une malédiction est contenue implicitement ou
explicitement. Ce sont les modesde contracter par le surinent
et par l'écriture.
Souvent la conveutiou tlro sa force d'un serment. 11y a plu.
sieurs sortes do serment. Le serment aftinttatoire, le plus
ancien, par lequel ou se borneà attester la véracité d'une allé-
gation relative à un fuit passé, a un caractère religieux. II
comporte des rites complexes, souvent un sacrifice. On se le
représente comme uu jugementde Dieu si celui qui le prèle
se parjure, Dieu petit le frapper sur le champ3. Le xermenl
luomimUre, par lequel on se lie pour uu acle fulur, oppurnit
à uuc date plus récentea, et n'est plus religieux que pour

la fttlura, 'luijunvsouventlt>rrtledeteailiam.v«tjed'oversle financier,


ii trrivouduii.s- sonsi;in(im/hù-m»!1, ulne lui estpus remisedula iiiuiuà la
mutin.Yusl-cw p;nunsouvenir du t«m|Moùlucréanciervoulaitvvllertout
•imlttclmatériel avecle ilOliili'ur,pourno pas luidonnera mmtuur luise
lui ?
I. Noustruuvonsician secondeveni|)le(supru.j>.88,n. U)(lelu trauiî-
iui'inaliun et de l'ulléimulionqu'ouisuliesparluUles ret>i-ésviiluli<m.s col-
IccUvos suscitées par lurite,munique.Onsu roprésentuit surtruiliM-lj-inni
l'Minutilleir»tnocifdu rite BUr l'indivi.luvisé;la rcpiéienlulioiidul'iiifc-
iHiiités<M'iule où<-»l. individum trouvaitpar là pincénu passait<|u'uu
fveundplan(iunslurunsciencseollortive. Unjourest venuait la secouil»
u la
n:pR;aeiilatiunpris prûpomléraiice. Lesnotions sdciali'sde (IOsIwh-
iiL-uret d'infamiese rattachentainsii des rvpK-sentutiona ·z
iléBéiiéii;e<
•lesuileUde la magie.
£. llirzcl,DerEid,p. 17Get sqq.
.').llemiir.|iiimsi|iie presquetousles sermentssont duvenusi avt;ule
lumps, i li'sscTini'iit»
promignoia'8 (p.ex.sennents d t>lidûljtû;serment*île»
M I.WNKKSiiCIOLOIltyi'K.
190,'i-ISIOli

partie. A côté de l'attestation des dieux, et parfois du sacrifice,


il comprend en cfTet une malédiction conditionnelle (expresse
ou tacite) qu'on prononce contre soi-même pour le cils d'un
parjure1. Cette malédiction donne nu serment proinissoiro un
HR|wcl plus magique que religieux d'autant que, certaines
pièces du rite complet ayant fini par disparaître, la malédic-
tion qui subsiste lui communique sa physionomie défiuitive.
Ou ignore pas que, dans beaucoup de civilisations, le serment
laïcisé, et pourvu de sanction» juridiques, a donné naissance
a des (ormes contractuelles importantes. Ainsi à Homo les
contrats verbaux connus sous le nom de imiwnwlnm liberli,
tponsio. stipulant)'; chez les peuples germaniques, le «mirai
formel de //</<« /<«•/« et peut-être celui qui se réalisait par la
dation d'arrhen*; dans notre droiteoutumier médiéval, lecou-

iMHHi^lriils,{|<!sjun's. ele.i.Ij; si'Miicntili's léiiiuinslui-mi'iiiu n'a plus ipic


'•ui-uruHAn', du muiiic'Mtoit hs lénioiiii ces.si'til tl'ôlit* des oujurciirs lippor-
tant par leur iitlcslatiun un u|jpiii «ans rniHlitinus un délWidcur. mais
ii'iili'iiiont t|i'.< t'r/titintxperxom'n. îles liuimiu's •|tii promclk'iit puur l'avcnii'
!• ilm* lu Vi'iilt'1,•|ii>'lli>>|u'i.'lli*soit,
I. Nombreux uvcmplc. KnKiitriml., Dcclaruuil, l,a juxtice dam lex mu-
Iuihvxprimitive*. Suuv. Iliv, llht. deDroit, XII I IWWi, p. Ilil |'osl fUlinol
Jumi»:. II. |i. «2». n. ï Crawler, Nyiliv Hoxe, \i. 123-lïl. Cf. ||o|ih,<>.
l.eeiatlwit, t. 11. Druitilcs ncîiios du Ciiiii.-iuuii i'l ilaulros [iL'U|iladi'.<alïi-
l'iiiui's. lludi'i1. //ci1 Abti'lilii** l'un Hlitlxfri-uiuhehtift unit Vei-lnlyeu liti
ilen S'er/em ilex Hriixttiuitrx in Sni'ilbimenin. (iltibux, t,XXV (IH'JVi) I cl
p.
k|i| Mary II. KîiiksIi'v, TmerhiiiWextAfrint, IXUT.p. tU.'i: Wlli-ii. Silleu
mut litirâuchr i/er .Si/d/ic/i, p. 3.H. Omit ilus liiillus, ili-s Javtumis. >l>-s
«Wiiiks. ili's UfwM.'s. Kuvulnrsky. Vont. vont, et loi ancienne, \t. 4Ï7-4S»:
|i. «0: p. Vii-i'ii, rie. Maliiisii' Skoiil, .»«/«./ ,,i>ii,if, p. iijri, g. iviiplcs
inilo-Ki-riuani-iUi-s. Si-brnder. Ib-alliui/ioii <lrr iiid^/erumiiisclieii Aller-
tHumlniiitlir. IUUI, p. 105 et fi\t\. Imlc anciciuii'. Viclur Henry, Mri'/iettmi*
l'Intle anlii/ue, ]>. 2:* r\ si|i(. Ind.f oint pornini!. Klvnini, Ordal unit /«/
in llmlerimtien. Zeitxelir. f. ttrgl. lieclitswixsemeliaft, XIII (189»), p. l'J'J-
Ità. surtout p. 130-132. Kxyptf uiiciitiuxt. Kvvilloul, Le* obligations endroit
t'ut/plien. l'uiis. 1X88, p. :M-3«; l.tt créance et te droit commercial dans
l'unlii/uHé. p. 41 et R<|<|.(livoe ancienne. Diiiiiintcr, Ilelphika. DAIi-. IK!U:
Ilirzi-I. Ih'r Kid. p. 13T-U1 (ilolz, V« Juxjurandum «lîins lu ltielionnniiv
•!<•Dun'inlifrit i-l Saglio: Solidarité, p. l;ii ici ISltj; p..VTi-575. Ancien ilroil
romain. Uanz, l)er wkrate Sehulï, Icna, 185", p. 19 ot8c|r| t.ehrlmch du
linehlekte des nïmischen Hec/its'. 1873,Il, p. 30, n. 10. lluvt'lin, Tablette*
Magiques, p. 43. Ancien «Iriiil K.'nniiniiiiio. ScInOili'i-, l.ekrbucli3. p. fil,
n. 13 Oriiiim. DeultekeH.t. 11. p.5« et si|cj. l'olklorc. SiSMllol. Le fut-
khre de France, I, I9l)i, p. îll.
S. Danx,finit,: Scliuti. p. Ht et s<|<j. tiirar.l, Manuel', p. 184; lluro-
lin, Slipiitatio, itips et meramenliun (Exlr. des Stiuti in onore di Carlo
h'ndda), 191)11 jet lus citations).
3. Unifia, Verlrngxbruch, p. 3 ut *|,|. Brisund, Manuel, p. Uïl il
m|ii. hsniein, Kludex sur le* contrat* dam le Ma ancien droit fraarak.
Xour. Rev. llht. (te Droit, VI |18!ii|, p. 38 «Ki]«| p. (13et
sipj.
4. on dit d'ordinaire quo la contrat par dation d'arrhes est un eaulral
V. I1UVBUN. UAUIR KT WJ0IT INDIVIDUEL 33

a..w, ~t_~ a.e..e_


trat de fùtnc* ou foi jurée* dérivent du serment promlgsoire.
Dans d'autres milieux, le serment vient s'ajouter aux autres
modes de contracter, et les renforcer'.
La malédiction contenue dans le serment proniissoire s'ex-
prime parfois dans des (ormes spéciales, ou dans des gestes
symboliques particuliers. Le jet d'une pierre, d'un bâton,
d'une urine, a eu fréquemment une signification exécratoire
dans le serment contractuel3. Ou connaît par exemple la for-
mule du serment romain per Mem lapident que nous rapporte
Paul Diacre' « Lapiclem silicem tencbant iuraturi per lovem,
liaec verba dicontes Si sciens fttllo, tummeDhpUer, stihnurbc
areeque bonis eiiemt, ut ego hune lapidem. » Citez les Germains
le charme obligatoire s'exprime en runes gravées sur une arme
ou sur un petit bAton (baguette marquée, /estuctt notata1). En
formuhtnt son engagement en paroles solennelles, le débiteur
tient à lu main le bâton runique; puis il le jette du côté du

réel dégi'nm1; ou Lien que les arrhes jouent lerrtle d'un paye (Brissaud,
Manuel, p. i.')98,n. 5-8);.ou mémo qu'elles n'ont aucune fonctionobliga-
toiro (Ik'nsli'r, fiittlitationen,I, p. 80-83!.Je un pub qu'imli(|ucr ici
l'Iiv-
pothi>Mqui im>puralt la plus vraisemblable.Il fiiudruitmontrer comment
le denier IiDieu(Hottespfeniwjdu droit gerniltniqiii-,mcrmnrnlumet slips
du droit rumuih.Cf. Franken,DaxfraiisOsisclie l'fandrecht hn MitMatler,
I, 18iU, p. 01. n. i; Ituvelin. Stipulation.ati/iaet sacramentum,p. Sî cl
sqq.). qui n'est ori(<inain'iiK'nlquo la pK-cede tuoiinaiosacriiiôi-Alu divi-
nlliSconuiie «uniulio d'un sfi-nu'nl,u pu se traiislorincr en une avance
faite par l'une des parties a l'autre, pourfournirun moyen A» preuveou
un moyen de d>sdit comment la remisedo celle prestation, qui avait un
caractère religieux dans le sermentafilrinatolrc, a servi, dans le serment
promiasoiro,ù symboliserla malédiction&laquelle se soumettait la partie
quil'elTectuait commentenfin tes arrhesse sont plus ou moins complète-
ment Départesdu serment pour prendrela valeur d'un mode indépendant
de contracter, d'une sortede contrat réel ou formel.
1. Esmein, p. OSet sqq.; Brissaud.il/anuc/,p. )400-U0i.
2. Souffert,Zur llcscliiettte(1erahligatorisdun VeHrûye,1881 Pollocket
Muitland. The histunj of theenglixlilaw btfoee tlte limeof Edward 1 II
4898. p. 190et si|i|.
3. Micbcliit.Orii/iim du droit français, p. KO,»S. Grimm. Deutschefi.
A • Il, p. 540 V. Ilenry, Mugit,p. 227. 4 Kohlor, Reclitsvergleichemle
Studien, p. Î37 (Candiotes) SéWllot,Le folklore de France, 1, 1:104,
p. 315et si|i|. Chauvin,l.e jet des pierres au pèlerinage de la Mecque,
p. SÏO(Jet du pierres accompagnantuneexécration} p. ÏT8 (Serment« par
lu pierru de telle tribu ») p. 281(J«l do pierres marquant lu réprobation
qu'on «prouvepour un criminel), etc. CL supra, p. 20, n. 3-3.
4. V" LapidentSilicem (VA. Jlûller, p. Ht; éd. Thewrewk de l'onor
p. 82). l'olyu., Ut, Si. Danx,Sair. Schuh, p. 13et sqq.
6. Michelsuii.Veberdie festuea notala und die germanischeTi-aililiont-
symbolitt, I8&8 Ileuslor, Instittttionen,I, p. 78et sqq. Contra Ilomeyer
//<!«*und Uofmarken,«870,p. 833 et sq«|. Cf. l'incau. les vieux chant*
Scandinaves,J, 1898,p. $2ut »qq.
E. Dk-RKinsni.Année soclol., itlOô-1906. 3
34 i.'anski; hk:ioi.oi)1i)ui;. llJuô-l9OlJ

créancier, symbolisant tlatts ce ^<*sle l'oxocralitui à laquelle il


su suuinet ou liieu il le remet mi criiuucivr connut' il lui
reinullriiit un gage- Cela ne «luit ijoiittsurproiidre .Toitriture,
ellu aussi, est sympalhiqueMeut liée à celui qui l'a Iimcôo; le
bîitoii est sytuiiathk|u«!ini!itt lié Cict'Itii qui l's* porté.
Nuits arrivons ainsi.|);ir uni1, transition mit irollr. ù une
troisième forme d'emprise magique mise lu service des cun-
veillions. C'est celle de Vécriture. Les hommes iiiiiilles ue
rt'K/iident pas l'écriture comme une simple réunion de situes
conventionnels, qui n'ont de valeur qu'autant qu'il* s:ml inter-
prétés; frappes du caractère mystérieux de la lettre, ils lui
attribuent uuo puissuuco surnaturelle L'écriture a une tores
agissante; ce qui estécritest ou doit être1. Le fatalisme oi-ieu
lui s'expriino daus la formule C'i'lait écrit Pour les Stiin ite s
lu loi se uumtne i'tèmtare. Ou éerit donc tout ce qui dotl ôtre
respecté la loi, la formule liturgique, la malédiction, ta cou-
veutiou. Les peuples germaniques* inscrivent de préférence

i. Hncusmis lt«ujliir. lni(itatwiien, I,p. \V.h iIivjuI' i,i. «. auf der


fmlu:ti iti>liiln\ «iiiK^t'IniillLMi wunli'. w.ir viulluirlit nn|irikiiKlii;li uiiie
Voi-waiHiihuugt- lulji- Vin •Ul'unii •! lur Jji» t'ull il-js Wurlbruviiui, odor
aunli l<lo< «.-inZ.mcIi.miliiur/i). wj ilinii il»-i Woifn'erftfit Jur fmiuea vun
iloiu .VUji|iiKcU<!nik>r diriiKl b'xl<*ltet Wir. Umlwillun wir eiiii'n Schritl
woiliT ij.'Iiuh. «•) il irll'ii Wir viulluirlit si»»Ti AWi-: pafi-ia vecba ii. e. ille
lf'lu.if<irunîlii) sviron dii> YurKlnKor j met Kunii'ln. welolic xu ilirem Er-
satzo vuu iLîii Uk-iK1!1!! Jiii- HirUtlictu'it Kirclwr<!iligiert, allu Stidfcn îles
lli«s>«!ilsuiul dos Jonsoils ù'ior Jeu g.-jfiiii kirctilirliu Vvrgabungun u. dgl.
l''rev.'liiileti liuniliruliin. » Culii nu .souible gUMracunlujlubli!. Biiituconp
l'aut>Mtr4 (unir.; autres Thtiv«niii, .V. Hto- liai., IV. 18S0, j>. Ki. et Brijf-
sauil. Mwiuel. Il, p. 13Sji, <|ui ul:u •Ucii'. à jn^t-î titro In raracli'io sacra-
mi'iUutde la feilucatia, «tqui y nûoiit une fimifulu senne»! pur lm aunes,
u'aiTiviml \iu uvtpti>|uur lejut du la fesluca, parco qu'ils ne tiennent pas
compto du jîcsl-; usOcrutuirii souvunt joint au seraient.
î..S«/<c<(, (). M, 11.3.
3. Ci. Gutilh'j, Paint, 1" |»;irt. (.Sluilit'ivimuiDi'/
A'U'io•.•in IVr^iaiîllI,l«>cliri<'briiunill.o|ira:l,t,
1»(cili (icijK'uU,vwdifln *icha)l< «rlifucn.

4. Pli. Berger. HUMre de l'éerUaiv dam < «/)<t'/Mf'~ Paris. jâ92,


p. îliS et s<i-i. Wiinscli, li'jUioHuin taMlae atiieae (App. au C. Inwi-.
Allie), Mil, p. III; Miligimi, Superstition, erime el misite en Chine
Ly-ju. 1U0J; l'inoiu. (.••*rieiuc c'i'iiifs papu'(iire< scaiului'ives, 1. p. 2i el
8i| |. Dii'lui-icli. ABJllenkm'iler. liltein. Muséum. \M\ (1901).p. 87 et 8i|<j.
40.1,'l ai|i| lluvulin, TuMellea maiji'iues, p. ll-Ii;p. J9, n. 1 p. S); p. 4S,
n. 3: Hubert, V»Mitr/itt. p. 1518, 11.15-10; Vuitsy, la magie amjrimne,
p lu:i; llfissuia, Manuel, j>. WJj AnIdIIoii». lufixhnium lubellae, p.
Xl.lli. Je nu parle pas ici <in>manjue* de /iro/n-ietr, dos signal m'es, dus
«cwïiij:, ute. Cf. les exlibi-U, p.'<>pliylaclic|ucs du vol et nurijuvs ilu pra» ·
p~iûtti {Supra, p. 19, n. l-2j.
S. Kl paulè.rj d'autres auwi. Voy. diiii /'<(/>. m%giyue tlv Parte, iSki
a. MUVBL1X.MAOIK
KTDUiilTIXUlVIUfKL 3S
les runes obligatoires suèdes bâton» et sur des armes (épioux,
lances, etc. "i. Les runes prêtent leur force magique à l'arme, et
l'arme prête aux ru lies sa force matérielle. De lit peut-être le
système des eonlruts dits littéraux, dans lesquels des obliga-
tions naissent, en dehors de toute condition de volonté, de
l'écriture seule- lu rédaction engendre le droit1. Bien

(WVsm.'I.v,Oeinitisclte Xiiulierpu/njri. Dcnfachrifli-it iter k'iit. AMeutietu


H'int. XXXVI, 8 (ISSS), p. J !«»>,lu furmule.titu(;i<|ue gravita par Kronos
sur te scuptru d'Arlémls. lluvcliu. Tablettes mugi'/uet, p. :iii.
1. Ire lit, dans lu Tdtratoyie lie Itlrlinnl Wagner, le motif
juritli>|itt> <)•»
roiiliuU tîi-uvvs sur la luncu île Wiitun. La puissance divine n;pi>,x«sur
.•s contrat» la lauiw brisée, lu iiiukIu il« la lettre s'êvanouil, 1m
parles
il'ulll plus do fcin-e, et c'est lu <:<>tt<-rilammeruHy.Celte coin-option – issue
cviilenimunt il 'un milieu social très ditlV-ivtiuiô– d'un niondu <jni lire sa
vulicsion de llunscouU'uutuula, ut quu lu rupture, îles e»nl mis petit anéantir.
si' mlrouvo dans d'aulru* suciûté*. Cf. Seiu-lmx Moi-{Atteint! fait* of Irelantt
III', p. M « Therc are Iliree puriods ut wliicli (lie worlJ i> wurtliluss Un-
liuio of Il plaque lin* timo of a m-iiiiiul wai1 llte ttiii.ilttHon of esprexs
fiitrai'l*. »
J'ai iMiiis, pour le droit raiimin, l')iv|iutli.">f de roiiuimi niii^i<|ti'j du
t -.mirai littoral (Tul/leUes utaijiij m- p. 28 et ^y\ vu ut'»|i|>nyiviil »»r lu
l.'iiiiiiiulutiiu moulu du eu contrut. l'uut-Otru pourrait ou Itippuyi-r aussi
sur des urKiiniuiils de droit oompuiv lOf. iufrn, n. 3), et sur di'S urmiiucnts
de il mit iiilurn» <juojo ne puis <|u'indii|uei- ici. Ii convient duludior les
livres île ruisvn romains, non puitit en los coniparunl – uu est les cotifou-
Uuut uviîi! les rfgi.slivs dlls luiii|Uiurs, <|iii n'ont «vec eux que dus unu-
lugivs supurliciullus et réei-iitos, muis en les rapprochant des registres du
(uns. Les nos et le* unlres ont un vuniclrru n>Ii|(ii>ux(p»ur les livres funii-
liuux, vny. Ci: l'ru. lhttie.CoM., 2 « illiic sunt u>leniuu il lue perpé-
tuais fxisiiinutionis llduin et ruliitiont'in unipleoluntur. u). Lo livra do
raisuu luiuiliut fixait pûriudtquenient la conxistuiiro il» la irs fainiliaris
(Cf. Kurluwa, IVim. H. (• Il, p. 71S) et lu situation juridiquit di- cliuoun da
si'ï It-nients, coiiinn- les registres du cens lixuiunt lu consistance de lu ces
publiât vt lu siluulioii juridii|uu du cliacuu de sus élOinenls. Si, iluns lus
tiriups liistoriquus, un luiiiiinu libre 'lui m> se fait pus inscrire au cens
diiviuiil esclave, et si uu esclave inscrit au cens devient liluv au regard da
huit civil, les inscriptions sur lu registre familial pouvuient réaliser peut-
l'Ire îles rcsultuls uiiuImkui'S uu regard du droit intrufumiliul. Le pèix- de
famille pouvait pur exemple ajouter, retrancher ou cliuiiftcr certains ziominu
tans lu liste des ne.ii ou des personnes iit wancipio Je dirais nicmc, négli-
K'ïint des différences qui ne sont ni également certaines, ni ûguiement
aiiuivnues ajouter, retrancher ou changer certains nomina à lu liste des
• sduves) île I» famille.. L'inscription d'un nomeit duns cette liste fournit un
muyuu d'assujettir uiaglquemcot le titulaire de ce numeit (île incme que
prononcer lu tlamnatio dans lu ne-vum lournil uu moyen d'assujettir le
ilmmmlusi. Cf. Danz. Uhrbuvh', II, p. 43-64: Voijjl, L'eier die llunkieis,
ilir. ISuehfahruH!) uml die IMlerulobligalion tier Humer (Abltamll. lier Kiiti.
Sachs. Cttell. tlet- Whuenteh. Wj. tml. Kl., X (1887), p. 514 et siiii. • Cuq,
lust. jui'i, 1«, p. 217-Ï20 Giranl, Manuel p. 494-W9.
a. Le eui-, ictèreniai;ii|au du contrai littéral geruiuniquc
a été. soupçonné
p:ir llciisler. liistUuliouen, I, p. 8(1. J« fit" Icxtui'lletnenl le passage
Wilt man enlwi'li-liei' l'IiunUisin Sjiiutriiui» lussuii, su kOnute inuu diu
(ili'iuhheil von Urkunde und wwlùt, dus Aul^ulion der watlia in der Vr-
36 l'annkb soc.ioi.oniyi'E. 19OS-19O«

entendu uue institution murquée de traits aussi archaïques


ne peut se perpétuer dansles civiii.su tiousavaueées.Lecoût rat
littéral tombe dans l'oubli lorsque récriture se vulgarise et
perd de son mystère. L'acte écrit se transforme, et devient uu
simple moyeu de prouver une obligation née eu dehors de
lui.
Ainsi la force magique du gage, de la malédiction sacra.
meutelie et de l'écriture a servi à sanctionner les premières con-
ventions. Parfois leur emploi a donné naissance,à des formes
cuutractuelles assezdiflérenciées, comme a Rome, où le nerm»
(contrat formé par l'mgngemeMdu corps du débiteur, joint à
uue inalédicliou conditionnelle (tlamnulio) prououcée par le
créancier) la slipulatioii (contrat formé par serinent) et le
coutral littéral (contrat formé par l'écriture; se distinguent par
des caractères truuchès-. D'autres fois, les diverses pratiques
magiques se confondent plus ou moins, pour créer des formes
contractuelles composites, où plusieurs iulerveutiuus ma-
giques concourent dans uu mèinc acte, connue eu droit
germuuique, où tes formes de la watltutio (contrat formé par
remise d'uu gagej.de \nfestuctiUo(coutmt formépar serinenti,
de la tratlitio eurtue (contrat formé par la remise d'un écrit;,
se rapprochent au point qu'où a de lu peine à les séparer1, –

kunili. su lirklûrpii,itats. der beutschedie Crttumte«fe«lieu»Geheim-


mttwllei,ftul uls ein Zuulierdinft aufgenommen liaùe.und duiicrmit tttr
im Itei'litsverkelireumgisgungeii ssuiwie mit dem geliuiiimisvullzuukcr-
liaftcm sudassdie
Uuuoiiitalx'liiii, derUrkundemitdiMii
itegebuiiK Zuwer-
fenderfi-stum|{lei>-lierUv(l«utunggi.vuseii wiiw. » Lci rappruolienients
que nousuvoiufuils pcrinullunl iloprOsonluravuc moinsd'hùiilalionscelle
eonj.cture.Voy. a ussi Brunuer, C arlu mul nolilia. Cumm.in lioiiorem
UommaeH: 18ÏI; Bri.siiiuil.
Manuel,p. 1393-1 MO; Itil et s<i<{.
1.Lenejeumpeut se diilinircommeje le fuis,«'ilest vrai,en dépitdu
cuntruvorsus nombreuses et reventesilunslosgensles plusdivurs(liùi)iiis
de
l'article Milleis.Zeihclw.der Sav. Hiiftung,XXII(IWI),R. A.,p. 90-
125.Vuy.t-n dorjiiiTlieu, fluvelin,V» Sexum,l)kl. de UaroiiiLerg et
Sttgliu,VU,1. IUUI;Senn,Souv.Hev.liai, de Droit, «05,p. 4!Ml5; Girard.
Manuel1.p. 471Î-18Ï) qu'il8»rumèiiuû uneuutu-iiiunci|iation fittuciaire
du
débilour. ù lat|uellcs'ajouteuneitumnatiaprononcé» le
par créancier. Sur
Uscaractèreexécratoiwd«ladammilio,vuy.lluvolin,Tablettesmagiques,
p. 33et S'|(|.
2. On pourraitencorementionnerici certainesformesarclial>|ueg do
contniitter,sur lesquellesnousgommasmal renseignés p. ex. l'eniRina-
ti<iu«mdimonium,qui,d'apré*une conjeclurede Lcool.correspondrait à
towadiathframiui?, «l pourraitpar conséquentreprésenter,dans litsériu
contractuelle romaine,le contratpar remisedogage.Lenel,Zeitsehrder
SavignySliflung,XXIII(1902), R. A.,p. 97et sqq.
3. La fe*lucaet la cariaserventsouventde wadium;la feslueanolala
estdevenueunesortedecaria. LOning,Vtrtraysbmcli, p. 8,n, 17 IIous-
P. MUVRt.lN.– MAlîlR Kï DROIT l\l)IVIl)l!lil, 37

ou dans divers droits jeunes', où In paumée (Han<lschlag)îom-


lion no à lu fois comme symbole de la dation d'nn gage et
comme symbole d'une malédiction sacramentelle*.

VU

J'arrive ainsi à la jiistilleatiou de mon allégation première.


Tout en admettant facilement ((lie plusieurs des interpréta-
tions proposées d-dessus puissent être corrigées ou renver-
sées, me parait certain que la formation des premières cou-
veillions obligatoires et la répression des premiers délits doi-
vent beaucoup à la force magique.
Bien évidemment, ce caractère magique originaire ne se
maintient pas intégralement dans les sociétés avancées et
cette transformation nécessaire ne contribue pas peu a rendre
nos recherches malaisées.
Suivant les circonstances, révolution peut se réaliser dans
deux directions opposées.Tantôt le caractère illicite de la pra-
tique employée s'accentue, et l'on aboutit à une prohibition
absolue sanctionnée par des peines publiques. Tantôt au con-
traire le caractère illicite deIn pratique s'atténue, et elle passe
dans la technique juridique. Nous avons la bonne fortune de
pouvoir constater parfois comment, dans des milieux diffé-
rents, un rite au fond identique incline vers l'un ou l'autre
sens. Tel est le cas pour le rite duilluiïna. Il y a des civilisa-
tious où sou caractère magique disparaît, et où on lui attache
des sanctions juridiques en Irlande, le demandeur qui a
jeune obtient une condamnation au double, et, s'il meurt de
faim, sou adversaire doit le prix du sang, comme tout meur-
trier3. Le tlhiîrna devient donc une procédure proprement

1er,Instittitioncn,I, p. 79el sqq. p.89ol sqq. Tlidvtmin, If, p. 90,>


Esmoin. Sotiv.fiée.Ilist.de Droit,VI(1882),p. 38,2 p. 46,«te. Brissiuul,
Manuel,p. 1381,1; 1395,5.
1. (iritnni.DeulscheU.A. I, p. 191et sqq.; Daroste,Etudes,p. 104;
314,350;l'ost, titlm. JarUpi:,Il, p. Cil,I Kovalewsky, Coutumecott-
lemp.etM ancienne,p. 113el sqq.
3. Esmoin,Etudessur les contrats.Souv.Rev.Mut.,IV(1880). p. 080et
s(|(|. Brissaud. Manuel,11,p. H0I, n. 6-1.L'iiléudomalédiction sacra-
mentelleest Monmiseen reliofpar l'ollockot Maitland, TheItistoni of
emjtish l uw.11. 1898.p. 188.
3. D'Arhols doJubalnvMu, Reçueceltique,VII, p. 246; Daresto.Eludes,
p. 300-301Stoimnetz,Scongiurigiuritliei,p. 34. DembnecheztesCan-
diotes,Kohli'i',lleelttsvergl. p. S38 on Afrique,chezles nègresdo
Stutlien,
la CAte-d'Or, Waitz,Anthropologie der SalunOlke,;II, p. 14t.etc.
38 I."aMXÉK
^(iClOUKilQUK.
1903-1'Jlje

dite, et entre dans le<lt'oit. – Mttistiilkuirs il devientun délit


public. Ainsi l'ancien droit romaincouun issu il uii rite nsse*
voisin du (lluirnit i|uh'uiu|ue avait été lésé pouvaitassiégei-
la poilc de sou ennemi, cl y proférer dos imprécationsvimik'
resses. CinI ce i|u'on appelait a*tinm aiwitltnr*. L'oecentalio,
coiiiim.' beaucoup (lerites musiques, s'ollectuait lit nuit.De nus
jours encore, tliins certaines parties do la France, on attache
nue certaine idée de justice privée n ce» charivaris nocturnes
qu'on organise devant la maison de personnes décriées (veufs
ou personnes de mauvaise vie qui se marienti. Le liés ancien
droit rumiiiii les tolérait, .Maislorsque l'organisalion sociale
se développa, et que la justice publique sullit à réprimer les
torts, uu considéra ïoccculittiii comme un tiqm^ injurieux
coutraire à l'ordre publie, et on ta punit connue ut) délit*.

VIII
J
Je viens de constater que l'intervention magique la plus
nettement se rencontre dans la matière des délit»
prirvx et dans celle des roHreniions. Puisque je ne m'occu-
pais, jusqu'ici, que de collectionner et de classer des faits, je
pouvais considérer les deux notions du Mil faire et de lu
coHrriitioH'" connue sulHsammcnlclaires. 11 convient main-
tenant, pour parvenir à une formule explicative, de définir
ces deux catégories de faits générateurs de droits, el, sur
tout, d'examiner la nature des rapports juridiques qui eu
naissent.
Le délit priré peut se définir, semble-til, par cette idée qu'il
procède essentiellement d'une réaction de fimlicidu contre un
fait d'autrui qui l'atteint1. Parlà il s'oppose au délit publie.

J. V.suni'r.litiligctieVitlIttjtistte.lifiein.Mu.seiiiii,
LVl(1301), p. |.»8;lluvv.
lin,la notion<leïiiiiuriadansle 1resancientlroil raimiiii,)>.;syet sijq.
2. lluvrlin.Inittria,p. 81.
3. Je |iui'k>ici iiili'iilionnollomonl
de couvent ion,et nondt<contrat,pour
no pas enierlier-onl'usion «p i.-iTot.
dan»li-silroilsforiuulisti;.<,
U-molcon-
trai il>;»!gne |i-rili' riiilif,Mtuirf,
»tnonl'arcunllie vciluiUvs.
4. Ji- nv puis utiliserici les diiliiiilions
courantesdu dûlilpi-ivû, qui ne
relOvuntpas euflUaininunl lu caraclùvindividuel<lnlu réactiondont il
procède.Cf.pourtantSaleilles, Étudeiturla théorieijàiérulede l'obligation
d'aprèsh premierprojettleCodecivilpourl'empireallemand. £' éd.,1901,
p. 358 «Ledûliti>ûniilt5tanl caraclûrisuparuneviolaliun liel'ordropublic.
l'autreîle délitcivil)aucontrairesupposantviolationd'unintétrl «rivû. à
C. III.-VKf.IN.JUAlilK tT UllOlïISUIVIlilKl. 39
On sait 1. 1-
qu'on nommedélit publie, – M. Durklielm Ta forte-
ment démontra' •-• tout aelo qui froisse des états forts et
définis de la conscience collective ». Tel est, par exemple, do
nos jours et daus nus sociétés, le meurtre; il constitue tiu
délit public parce que tau» les individus
itornumxl»réproi».
vent. Le caractère social de la réaction coutre le. délit public
enlnitiie certaines conséquencesearnlérisliqucs In société
poursuit elleniénie lo cottjMiljlehi stuci^t<>uppliquc elle même
le cliiithnciit, et, s'il y a lieu, en profite. – Le
délit privé, au
contraire, dérive d'une réaction imtiritluclh'. J'entends d'ail-
leurs pur là, fuute d'un mot plusclnir, la réaction d'un
groupe
différencié une famille par exemple) aussi bien que la réac-
tion d'un homme isolé. Lo délit privé est l'acte qui froisse un
étal fort et défini de la conscience individuelle, et contre
lequel, par suite, l'individu seul réagit. J'emprunte un
exemple à l'ancien droit romain, l'n homnio coupe un mem-
bre ù un autre homme. Dans la civilisation romaine
primitive,
on regarde ce fuit comme une nflnire privée. La conscience
collective ne réagit pas, ou léiigit très faiblement; la justice
sociale, s'il en est une, n'intervient pas. Maisla conscience do
la victime (et peut être dugroupe différencié auquel
elleappar
tieul, clan ou famille) réagit, et lu victime se venge, aidée de
ses proches. Cette vengeance privée, ces représailles, sans
règles et sans limites, n'ont aucun caractère juridiques. Mais
un jour vient où, dans l'intérèl de la paix publique, la cons-
cience sociale réagit plus fortement contre les faits
suscep-
tibles de la troubler; une contrainte sociale, d'abord
diffuse,
puis organisée, s'exerce pour modérer les recours à la violence,
e mpécherla vengeancede dépasser l'offense, assurer des satis-
factions à lu victime même si elle est physiquement la
plus
faible1,puis pour interdire la vengeance, et imposer des tran-

i. I)uiklicim,/«mion', surtoutp.35et sqq.; Itègtesdelaméthode socio-


logique*.tUOi,p. « et iqq.
2.El, par conséquent.aucuncaraclteerellRioux. La vongeanco estbien
lellfficusu
dansl'intérieurdugroupedi/férettcié
quise venge
(\>.et. lo devoir
devengeance rentreUen.aM seinduclanoude la famille,danslesdevoirs
religieux)maiselle n'a pointcocaractère, na moinsoriginairement, dans
lesrapport»ttet groupesentreeux. L'idtereligieuse a
la conscience apparaît mesurequo
eocialos'intéressoù cetteuHairoprivde.Je n'accoplo donc
qu'avecunerestrictionimportante la lli*soiK«fon<luo'
purStcinmetz,Slmlicu
sueerslenlintxcichelung ter Strafe,
3.Calo,Orig.,IV,S |«d.Jordan,p. 17) Si (|Uisnietnbrunirupitautos
rregil,talioneproiimuscognutu»ulciscitur.Pcstus,«Sd.Tlicw.de Ponor,
p. S60 Si mcnibrumrapit(ou rupit),ni cumco pacit,lalioosto.
40 l'a^XKESOCiOLOUIOUB.
I90&-IU00

sactious1. 1)6$lors le délit privé et sa répression devienneut


quelque clio-sede juridique, grâce au concoursde In conscience
collective..Mois le caractère privé (ou individualiste) dotl'ius-
litutiou cuutiuuo à se manifester par certains traits qui cou
timteut avec les traits correspondants du délit public c'est
la victimedudélit.et elle seule, qui met en mouvementl'appa-
reil de la furco sockilo c'est par elle, et à son prulll, que la
coudiimuuliou est exécuté». Aujourd'hui encore, et liieu que
l'idée de veugeuuces'atténue, éclipsée par l'idée de réparation.
les mûmes principes dominent le système de lit responsabilité
(dite ifunsi-délktuelle),toi quela favonuénoire jurisprudence,
traduisant – ou trahissant l'article l'M-2du Cude Civil i
aujourd'hui encore, c'est la réaction de la victime du dom-
mage, corroborée par une réaction sociale conforme, qui foude
sou droit à uue indemnité'. Toutes les théories qui cherclieul
la source de ce droit dans le fait du débiteur (.ancienne théorie
de lu fuute commise,ou théorie récente du rûque m'<;) restent
impuissantes à explitluer tous les cas de responsabilité.
M. Emmanuel Lévya eu le grand mérite de dégagerle premier
cette idée, que c'est la croyance de la victime d'uu tort qui
met eu mouvement la responsabilité, pourvu que cette
croyance soit légitime, c'est-à-dire qu'elle trouve un écho
duits lu croyance sociale3.
Eu va-t-il différemment dans la convention obligatoire? On
la déliait, aujourd'hui comme autrefois, l'accord de deux ou
plusieurs volontés, eu vue de produire des résultats juri-
diques, spécialement des obligations'; les volontés en ques-
tion sont conçues d'ailleurs comme des volontés iiulici-

1. tiell.,.V.AIL,XX.i, 38: si rcus,quidepcoisci noluerat,iudicitulio-


neinimpcruiitinon parebat.aestimatalite iu<Ivx lioiiiiimuipvvuniacdam-
nabat.SysU'ina cninplùlé, plustard,par l'actioniniuriantmavstimatofia
du pnHeur.Suri.-estextes,ulleursrapport»chrouuluiiiijUes, voy. llttvolin,
Iniuria,p. 9 et £<|i|. 12,3.
2. Delà la tjéumililéde coiweplioa du ilvlilcivil lecaractèreiliilMucl
du faitfiiiulUj.oii l'a reuiarijué(Saleillos,
op. cit., p. 3j5î,non do disposi-
tiuns lûKalusstrictes,mais do conditionsgénéralesqui trouventleur
expressiondans la formulelargede l'art, i 382.N'est-cepas parcequeles
manifestation.* dola conscience collective,ayant toujoursquoiquechose
<tediffus,ont besoin,pour se préciser,d'élrocristalïjsiîes dans un texte
liiRitilutif,
tandis.iiue lesréactions I ndividuellesontpur elles-mêmes toute
la détermination nécessaire?Y
3. Emm.Lévy,Responsabilité el contrat (Kitr. dola Revuecritiquerle
législation etjurisprudence, 189!)), notammentp 18 «tsqq.
4. Dig.,Il, 4t. fr. 1 S 2(Ulpien) Kstpactiu duorumpluriumvoin idem
placitumet consensus.Aubrycl itau, Coursde droit civilfmnwiia IV
P. IIUVKUN. – HAUIB BT DROIT INDIVIDL'KL 41

duellus>. Même co qu'on appelle aujourd'hui le contrat collectif


ne mot on présence que les croyances de groupements dillé-
rendes le contrat collectif est l'arme d'une lutte de classes.
Qui dit contrat dit force individuelle. Il tant même se garder
d'uue erreur où tombent encore beaucoup de juristes, et que
favorisent certaines métaphores couruntos, dangereuses pour
qui en est dupe. Ou parle de volontés qui se renmnirent, de
volontés qui eoueourent ou qui s'accordent sur un objet unique
etc. et l'obligation conventionnelle panse pour le fruit du
rapprochement on quelque sorte matériel de deux voli lions.
En réalité, si l'ou y réfléchit, ces façons de parler n'oflrent
aucun sous acceptable3. L'évolution historique et lu logique
nous conduisent pareillement à chercher la source de lu
créance couventionnelle dans uue volouté unique. Noussavons
que dulis ta convention originaire (cuuveuliou de payer uue
rançon) le créancier est un vainqueur, donc un maître, le
débiteur un vaincu, donc un escluve. Par la force matérielle
ou l'emprise magique, la contrainte de l'un s'impose à l'autre.
Lu volonté dominatrice du créancier fait son droit. Mais si
cotte conclusion semble évidente tant que le rapport d'obli-
gation donne au créancier une prise sur le corps du débiteur,
peut-être s'obscurcit-elle aujourd'hui qu'il ne lui donne plus
qu'une prise sur son patrimoine. Cependant il parait bien
qu'on se trompe en disant que les deux parties au contrat
veulent l'obligation. Paul prête cent francs à Pierre tout le
monde sent bien que Pierre ne ceut pas l'obligation de resti-
tuer qu'il assume il ue veut que recevoir cent francs il ne
veut, diraient les Romains, que la m- du contrat. En règle
générale, le débiteur ne veut que l'avantage (pécuniaire ou
moral) qu'il peut retirer de la convention, il ne veut pas
l'asservissement qui le frappe. Cela s'entend même des coa-

(1908).p. 406 une convention est l'accord du deui ou do plusieurs pur-


sonnas sur un objet d'Intérêt juridique,
i. Perozzl,Le ob&liijasioniromane, Bologne,1U03,a remarquablement
dùgagiSdes idées analogues. Voy. uolummcut p. £6 et sqq.
2. Dig., II, té, fr. 1 3 3(Ulplen) Sam sicuti convoniro dlcantar qui «s
diveraialocis in unuin loottin colliguntur et voniunt, ita et <]uioxdiversis
aoimi molibusin ttnuin cousenttunt, id est in uuam sonUintimudecur-
runt
3. Voy.la critique pénùtrante faite du concept do « rencontre de volon-
l<5s» et du concept de « transfert de droits » par Einin. Lcvy. Sut Vidée
de tranxmi.tsionde droits (à propos de la preuve de la propriété immobi-
lière), l'uris. 1890,p. 90 et s.|i|.
43 l'a.SNKK SOCIOLOQIQUK.
190MWO

veutions où l'avantage attendu se lie le plus étroitement a


l'obligation i'p.ex. conventions atitregratuit). M. Emiu. Lévy,
qui arrive à In môme conclusion par des voies difléroutes de
celles que j'ai suivies. montre bien comment « ce qui fait lo
lieu coutrn«.'tueljc'est la confiance qu'inspire nu créancier la
promesse du débiteur' ». Le créancier fait conflauco au débi-
teur, c'est-à-dire, aujourd'hui, à son patrimoine. Sa volonté
tie domination sur ce patrimoine, eu supposaut qu'elle soit
de nature it eutraîner l'adhésion sociale, crée son droit. Dans
toute convention, il y a une liberté qui s'exerce, et
qui est le
droit, et une liberté qui se restreint, pour subir le droit.
Toute obligation, délirtuelle ou conventionnelle,
exprime
donc une volitiou individuelle unique. L'obligation repose
sur l'activité dillérenciée, ou, pour employer une
expression
plus courante, sur l'activité individuelle du créancier. Nie»
d'étonnant à ce que ta notion du droit porsotmel, ainsi con-
çue, ait encore, pour nous quelque chose do inagiquo. Eu prô-
tant à l'activité individuelle sa iorce propre, la magie a
pré-
paré la voie aux sanctions juridiques; ello a fait entrer
l'activité individuelle dans lo droit.

IX

Co premier résultat que noua fournit l'histoire de


l'obliga-
tion pourrait se confirmer par l'élude d'autres
rapports juri-

i. Emm. Lêvy. Responsabilitéet contrat, p. ÎH et


«qq. Jo transcris ici
les p. 101-102de la tlii'Sodu mime auteur sur Vidé*de transmissionde
droits a Si on peut donner un objet, un ne peut pas donner un droit.
Manifestationdu moi, le droit n'est pus plus susceptible do transfert
nette personnalité même. Et pourtant on orheto, on vendt Sans doute, <iuo
mais on achèteot on tend la valeur qui résulte des chosesou do l'activité
humaine, on n'achète point, on no vend point de droits. Sije veux acqué-
rir un bien de quelqu'un, c'est parce que je veux jouir d'une
façon quel-
conque du ce bien et que la presencusur lui d'un tiers m'en empêche. Si
le fonds n'appartenait à personne, individuou l-'lal,
je pourrais certaine-
ment en prendre possession,en jouir par ma seule volonté. Le droit que
j ai de faire tout ce qui n'est pas défendu, ma liberté on un mot serait
pour moi un titre suffisant daequisilion. Ce qui me gono, c'est la posses-
sion légitime d autrui. Le contrat me permetde lover cet obstacle.
Quole
possesseurme cède sa chose, c'est-a-diroqu'il y renonce eettere et jo
pourrai agir librementsur elle. Maismon titre ici, c'est commeen matioro
d occupation, ma volontélégitimod'acquérir. Lo contrat n'est nue l'acle
qui petraot à mondroit de se rnanitestor.Ce droit,je lu tiens de moi-même
et de la loi, de ma personnalité telle
que la sociétél'a créée. Ce n'est pas'
un droit transmis, c'estun droit acquis. »
1. IIL'VKUV. – 1UUIKKT DIIUITIXDiVmtBL 43

diqui's. Partout oit l'on rencontre tlo.s croyances et des droits


individuels, on a dinwe du rencoutror clos traces d'une
intervention imt£i<|iie primitive. Jcjjm puis pus prouver coin-
phMeitu'iit cotto ullty'ilion ici il fiiudrail étudier notiimiticiit
toute rtiisloire do l'imlividmtlisiitioii du droit, d» prourietû
(clans ses xaiicliniis restitutives;1; l'histoire dit IvKtntneiil '
l'histoire do la procédure en matière individuelle (procédure
privwi Les démonstrations à fournir dans des de
(|iic«itions

1. Puisque uous n'avons, ou parlant ilu vul, toiielié i|ii'tiuv sanctions


ivpicssivi'.i, les plus anciennes, de lu propriété. Il faudrait s'attacher à
lliistiiiii- des «mo/Hf*île praprWMiwtwiduelh', i|H'iii) iviicnntru d'uljoid
Mil' U's "lijiti itiuliilicrs larmes, têtes di' ln'lail. clc), >•( <|ui nu sunl pus
ilos tiil'inix, i|iii>i qui' illse Von Ccnnt'p, 7'nioi/ et tutéwifiiie ri Mntla<i«xcur,
|i. l»7 ri H|i|. «'Ik-s ont un ciimclvii' uiugiiiui', eiiiunii.- le ri-ui<ir<|W« ju>-
li-iiu'iil .Malins, Entai nur les variation* *«i*u;i«iVir.»</c.v smùvlés iïsltimus,
Ami., soe., IX tl««6), |>.117, n.i>-8.tîf. mipnt, \>.i% il. t~± Or «es »iai-i|n«s
<U-|iro|niét.; paraissent avoir élu Uûes au (litv<luj)])i'iii«<nldes sunciiniis
ri'stilutivi'S de ta pru]iriûti} (ifvciiilicutiun, et uctiolis po.ssi'ssoin.s). l>. ex.,
sur 1rs i\i|i|iuils enlru We, niar(|Ui.-sf;viiiiaiili|Ui:s du iJitipriùtû et lu saisine,
voy IloiiRiver, llnus- imtt ilofmarken, 1870; Cliuiupcuux, Essai sur lu ves-
litnra ou m'aine, 1808. Jluis ces auteurs ne rlii'ivliuut pus les Kuurci'Slniu-
IuIjh's <-t ^i'iii'ralo.s des institutions qu'il» l'tudieiit. Uaillcurs lu propriiilù
l>î-iiuitîvt>uni lice au système lutùini<|uu. funs biautoup du milieux, c'est
te toti.ni qui confiic aux imliviclUK(|tii le portent (1rs pouvoirs varit'iSKur
di vertes espèces de clioses. l'ourûludierlc passage de la |>r<i|irii3lécollcolivu
il la propiiélé indiridnellc, il faudrait connaître exactement les raj>|HirUdu
to lent de clan et dus totems imliridui'ls, des tabous avec les riles négatifs
individuels, rie.
S. Tandis que. lu succession ul> inluslal, iiislilulicui de dévolution collec-
tivu, tt ilc> lmscs religieuses, le testumeiil, ucle de volonté individuelle,
tttl'uctv une couleur inaf!i>|ue. Si jo u'ai pas cru devoir étudier spécialement
cette question, c'est que le testament, dans ses l'onucs originaires (adop-
liun, atrutoniie, institution contractuelle, etc.) est un contrat (Lanihert.
La fonction du droit eivil comparé, p. 4)1 et 8(|<|.) ce que J'ui dit de» rite*
magiques joints aux conventions s'applique ici sans difliiulté. Quant aux
formes développées et léecntcs de ilispositions testamentaireg (en enten-
dant par là des dispositions unilatérales cl rétocuhlos do dernière volonté!,
il suffira do siRiialer brièvement la place que la malédiction y tient. Assy-
rie Fossey, Magic, p. 120; Clwldele Révillout, Les obligations «n droit
t' [II/J'tirll. Apiiendice sur le droit de la Ckaldde, p. 33" llréce Zieliorlli,
Ilrr Flacli lui f/ritehuchen Hecltt. Hermès, XXX (I8M, p. Ml, n. 8; Wohile,
l'syehe', 1898, II, p. :U0; Hume Murkel. Sepulnalmitlleii (Kxtr. de la
(lôtt. t'e.tt'jube fUrJheiiiiiji, 1892.p. 43 ut sqq.; lluvelin, Tablettes magiques
p. «-1S.
'A. Hupru, p. 8, si. i. Nous .siivoiib que la vengeance peut êfic |>rép(iré«
par des iiittlédictions. On JX'UIs'atlendiu à trouver des traces de maliidic-
lions jusque dans des phases plus relevées ilo la justice privée, et inemc
dans des phases déjât publiques do la procédure. Ainsi ilaii» des actions
proprement dites Jaclhuis portées. dcvqnl des arliilresi, on rencontre par-
fois le euriuux'Vystènio d'une instance, s'ouvrunl par une malédiction <|uo
le ilunianilotir
J|gji£e,contre )o défondeur. Le Codo d'Ilanniionralii nousen
fournit un hbn exemple. Daresle. Le Coite babylonien d' Hammourabi, Nouj.
44 |/a.NNI?KSOCIOLOGIQUE.
iW$-1900

ce genre, que personne, à ma connaissance, u*a envisagées


sous cet angle, déborderaient les cadres dont jedispose. D'ail-
leurs, j'ai dit l'essentiel. L'obligation étant le droit individuel
le plus pur de tout alliage, on peut tirer de sou histoire des
conclusions plus fermes, moins sujettes à équivoque, que
celles qu'on tirerait de l'histoire de droits qui ue se sont
jamais individualisés pleinement. Je ne voudrais ajouter
qu'une idée à celles qui précèdent c'est que la notion môme
des sources du droit individuel, telle que l'ont lentement éla-
borée les philosophes et les juristes, se confond avec lu
notion des sources de l'activité magique, telle que l'out con-
çue les sorciers et lesalchimistes.
Je fais allusion à la conception du droit naturel. On sait
que t'ou entend par droit naturel (au moins depuis l'antiquité
grecque)1 un droit idéal, immuable, universel1, qui, à raison
do sa supériorité intrinsèque, domine les lois positives, el
s'impose à elles comme modèle. Ce droit est toujours conçu
comme un droit de l'individu, inné eu lui, et indépendant de
la société Bien avant Jean-Jacques Rousseau, on s'est plu à

Rev.Uto. îleDroit,XXVII(1903), p. 8 «Huiulilc résulter.lustonnes.lu


lului«ju'onirittti-'raîlerriiuvilisons tlediilitprivé l'aeliuuintentéepar
le plaignant. débutaitpar une imprécation, un auatln-tne,
nuit contrele poursuivant, ,jni soretour-
lorsque- l'accusation n 'étaitpas fondée. » (Dans
Ju iih-iiii>
si.-iis
Kulili'i'utl'i'iscr, llainmurabïs <»>»<•Leipzig,(nul,1.p. !i
§ I et i. Autreitilerutvtitlicm clunsMQlIer,DieHeseticUammumbh u'ittl
ilu^Vetliulliia zurirwmi.n-lien Geseltyebuivj tuieie mdenXII Tafétu,Wic-n,
l!)03,p. 9 et 73).l'eul-rln.1, si l'onadopteune iuti-iprélalion trèsvruisi'iu-
blublcde M.(JluUtSttidariU,p. IHut *|i|.i, faul-ileiti-rdttn>le iaC-mc
bousuni;vieilleloi ûléennu(Cauer.Délectasiusc: graee. iv S53),(jui
tend& riipniuorles ubusil«la vt-ngeuna'privée. Le demandeurv i-st
désignépar les inuts AiÇ{t.; xarc»^tt« *i quelqu'un lunéeuneim-
précation.
1. Burlo.Essaihistoriquesurle développement ttela notionle droit««<«•
rel daml'antiquitégrecque,Trévoux,190J.
2. J'emprunte tus fermesinduesd«l'art. 1".lit. I, du livrepréliminaire
qui duvait figureren tête duCodeCivil « 11,;kMvWldroituniverselcl
immuable,sourcedo toutesles luis positives il u"Csi ijuola rai.sunnatu-
relieen tant qu'ullegouvernetous les hommes». Appeler ilnit naturel
(commeveutlu faireM.Salcillos, Êeolehistoriqueel droitnaturel.Itev.
Mm.dedroit civil.1902,p. 80 ef.U CoiteCivilella méthode
Livreduce/llel/aire du CodeCivil,1904,p. 101-108, historique
un idéalliedroitfundé
sur l'interprétation paranalogie,surla conscience et
sur le droitcompare!, juridiquecollective,
c'estabuserun peu dos mots, et, poursauverune
notionaujourd'huicompromise, essayerd'ensauverrêliqucUc, enl'appli-
quantilune nutiunbieudillëronte, celled'undroitévoluunt,et conditionne
par le milieu.
3. V»y.p. ex. Basch,minierel l'individualisme anarchiste,Paris,1904,
p. 187 Suli'iili-s,Livredu centenaire, p. 107.
1' HL'VBUX.– MAGIEKT BIIOIT INDIVIDUEL
«

évoquer cette époque de félicité première où l'homme n'avilit


pus tiliéné sa liberté par le contrat social, et où, vivant à
lï-litt de nature, il possédait eu lui-môme la plénitude du
droit. Tout droit lui venait de hi nature, et non de la société.
La nature se comportait connue un réservoir de forces, anté-
rieur et supérieur au monde des énergies sociales, où l'indi-
vidu puisait librement. Elle constituait ainsi lu source coin-
mune des activités et des droits individuels. Telle était déjà
lu pi*i; des Grecs, bien que cette notion, dépouillée duue par-
lie de son contenu mystique, ftlt devenue chez eux à demi-
scientifique1 tel est aussi, do nos jours, chez les peuples peu
cultivés, ce monde d'eflluves superposé à lu réalité qu'on
nomme muta chez les Méluuésiells,oieiula chez les Hurons,
fouina citez les Malgaches, etc. auquel le magicien em-
pruute la force qui agit. Lorsque les philosophes sloïeieus
reprirent et coordonnèrent des systèmes déjà anciens pour
formuler leur système individualiste du droit naturel fondé
sur la commune raison, ils agirent à peu prés comme les
alchimistes lorsqu'ils élaborèrent leur théorie de la «'Jvajiiç,
action de lit çi«;. Aujourd'hui encore, n'est-ce pas, dansl'ac-
ception profonde du mot, un phénomène magiqueque sollici-
tent inconsciemment les théoriciens du droit naturel, lors-
qu'ils demaudeut à la seule raison individuelle de révéler le
droit pur?

De ce qui précède se dégagent les éléments d'une théorie


de la magie dans ses applications au droit.
Le droit est une règle do vie sociale; sa sanction est
sociale il repose sur la croyance commune à ses origines
il se coufoud avec la religion. 11 semble donc ne laisser
aucune place aux activités individuelles et en effet,dans les
sociétés peu différenciées, toute manifestation d'individua-
lisme est rare, insolite, déuuée de sanction, quand elle ne
constitue pas un délit9. Lorsque les sociétés s'organisent par
la division du travail, l'activité individuelle grandissante ne

1. Hubertet Muuss,Munie,\>.72;]>.103;p. 118.


2. Hubertet Muuss.Magie,p. lOt-iïi.
3. Durklieim, Division
',paasim,notammont
p. 405.CLNi«Uscho,
Werke,
t, p. 4Met S(|.|.
SO l'a.NNIÎK SUCIOLOUKJUli. l'Jte-1'.lWi

.I. ..n .> 1 -0.


peut, pendant longtemps encore, atteindre ses fins, et obtenirl'
la protection sociale, qu'eu se couvruul do formes reli»fieii<es
La technique dus droits individuels s'imprègne ainsi du'/<•-
mttlisut"reliait'u.s et ce formalisme réagit sur leur iulerpré-
tation puisque les rites seuls provuqueutlu sanction soci.de,
il n'y a de juridique que ce qui est incorporé aux rites, tout
lu reste ne complu pas les premiers droits individuels mhiI,
dit-oti, de droit strict.
Somme toute, cet emploi des forces religieuses par l'indi-
vidualisme peut passer pour uu subterfuge ou pour une
exploitation No»pas cependant que les inléivxsés aient
pleine conscience du ilHonrnemenl ikpmmnrxqu'il» commul-
teul le magicien qui emploie un rite de sacrifice il détruire
son ennemi croit son acte à peu près aussi légitime que le
propriétaire qui élève sur son tuit une finissecheminée pourl'
gêner la vue de son voisin l'unet l'autre ne peuvent, abuser
do leur droit que parce qu'ils croient effectivement avoir un
droit Néanmoins, comme toute cette matière est pleine de
coulnuticlions. l'un et l'autre senleul obscurément qu'ils
n'agissent pas selon le rytlimu de la croyance commune, et
qu'eu ce sens leur croyance individuelle verse dans l'anormal,1.
l'antireligieux, l'antisocial. L'individualiste et le magicien
u'osent pas avouer les buts auxquels ils tendent. Le mystère
delà magie s'explique ainsi, et peut-être aussi certaines bizar-
reries et iu versionsde formes dont elle s'entoure parfois.
Ma conclusion est donc la suivante dans lu domaine du
droit, le rite musique n'est qu'un rite retigieux détourné de
son but social régulier, et employé pour réaliser une volonté
ou une croyance individuelle. Ainsi se rèsoud l'antinomie qui
nous avait d'abord arrêtés. Le rite magique est religieux dans
toute sa teneur extérieure il n'est antireligieux que dans ses
fins.
Peut-on éleudre celte conclusion hors du domaiue du droit.
et tirer de là quelques précisions sur le sens général de la
magie dans toutes ses applications? Peut-on dire, par

i Hubertet Mauss,Magie,p. 3 Comment.la mugiepeut-ellepruc<j<ler,


en dorniùreanalyse,d'uni;noliuncollectivecommela notiondo sacre,«1
YesptoittriDuinouïe,p. 4: p. Hï.
i. C'est,de nos jours, un exempled'abusdu droit iAhiHdo Culiitur,
S mai IS.iti.Diilloz,
ld.'iO,II, <j) seulementl'acteabusifaccompliuiicivn-
nementpar lu inagid.mu souventpéntUr» dansla dmit,tandisqu'aujour-
d'hui– U-iiriacljiuindividualistereculantdevantla principe social –
l'actoabusiftend Mcontraireù sortirdu droit.
1*. IIUVKL1N. BAQIBET DROIT INUIVIUfKL 47
_t~. t 10
exomple, que lu magie est à ta fois te premier iustruineul et
le premier produit do la division du truvuil et do lu difléreu-
uiiiliun? Sans doute, puisqu'aussi bien il semble que, daus
toutes les branches d'activité, le magicien se comporte
commeuu isolé – je dirais presque uu nuarcbisle -et qu'il
poursuit dos fins particulières. Mais il faut attendre, pour
étuyercette hypothèse, de nouvelles recherches pousséesplus
ii vautdans uu champ plus vaste.

1.Hu!i-Het Muni.Magie,ptmim,no!uiiinonlp 8S.S(l:p. 1H-U2;


p « Dansla m i«i, ï'imtitvtuisoli'travaillosurili'SpliL!noini1ncs
su.
Il

A UNEÉTUDE
CONTRIBUTION
sur u

REPRÉSENTATION COLLECTIVE DE LA MORT


Par R. HERTZ

Chacun de nous croitsavoir d'une manière sufilsantece que


c'est que la mort, parce qu'elle est un événement familier et
parce qu'elle fait nattre une émotion intense. II paraît à lu
fois ridicule et sacrilège de mettre en doute la valeur de cette
connaissance intime et de vouloir raisonner sur une matière
où le cœur seul est compétent. Pourtant des questions se
posent à propos de la mort, que le sentiment ne peut résoudre
puisqu'il les ignore. Déjà pour les biologistes la mort n'est
pas une donnée simple et évidente; elle est un problème
olTert à l'investigation scientifique Mais, quand il s'agit
d'un être humain, les phénomènes physiologiques ne sont
pas le tout de la mort. A l'événement organique se surajoute
un ensemble complexe de croyances, d'émotions et d'actes
qui lui donne son caractère propre. Onvoit lu vie qui s'éteint,
mais on exprime ce fait en un langage particulier c'est l'âme,
dit-on, qui part pour un autre monde où elle va rejoindre
ses pères. Le corps du défunt n'est pas considéré comme le
cadavre d'un animal quelconque il faut lui donner des soins
déduis et une sépulture régulière, non pas simplement par
mesure d'hygiène, mais par obligation morale. Enfin la mort
ouvre pour les survivants une ère lugubre, pendant laquelle
des devoirs spéciaux leur sont imposés quels que soient
leurs sentiments personnels, ils sont tenus pendant un car.
tain temps de manifester la douleur, ils doivent changer la
couleur de leurs vêtements et modifier leur genre de vie
accoutumé. Ainsila mort présente pour la conscience sociale

i. Cf.Daslre,Lavieet la mort,p. 2063<|i|.


n. iikrtï. – u hki'iuUkntatmjn «miecTive dr LA moût y?

une signification déterminée, elle fait l'objet d'une reurésen*


tatiou collective. Cette représeutatiuu n'est ni simple ni
imimialilo il y a lieu d'en analyser les éléments, et d'eu
rechercher la genèse. C'est à cette doublo étude que nous
voudrionscontribuer ici.

L'upiuion généralement admise dans notre société est que


lit mort s'accomplit ou un instant. Le délai do deux ou trois
jours qui s'écoule entre le décès et l'inhumation n'a d'autre
objet que de permettre les préparatifs matériel» et la convo-
cation des parents et des amis. Aucun intervalle no «épure la
vie à venir de celle qui vient de s'éteindre aussitôt le der-
nier soupir exhalé, l'âme comparatt devant son juge et s'ap-
prèlca recueillir le fruildescsbouuesanivresou à expier ses
péchés. Après cette brusque catastrophe commence un deuil
plus ou moins prolongé; à de certaines dates, particulière-
ment au « bout de l'an », des cérémonies commémoratives
sont célébrées en l'honneur du défunt. Cette conception do la
mort, celte façon dont se succèdent les événements qui la
constituent et lui fout suite, nous sont si familières que nous
iivoiis peine à imaginer qu'elles puissent ne pas être uéces-
saires.
Mais les faits que présentent nombre de sociétés moins
avancées que la nôtre ne rentrent pas dans le môme cadre.
Commel'indiquait déjà Lafltau, «parmi la plupart des nalious
sauvages, les corps morts ne sont que comme en dépôt dans
la sépulture où ou les a mis en premier lieu. Après un cer-
tain temps on leur fait de nouvelles obsèques et on achève do
s'acquitter envers eux de ce qui leur est dû par de nouveaux
devoirs funéraires a Cettedifférence dans les pratiques n'est
pas, nous le verrous, un simple accident; elle traduit au
dehors le fait que la mort n'a pas été toujours représentée et
sentie commeello l'est chez nous.
Nous allons essayer dans les pages qui suivent de constituer
l'ensemble des croyances relatives à la mort et des pratiques
funéraires dont les doubles obsèques sont un fragment. A cet
eiïel nous nous servirons d'abord de données empruntées
exclusivement aux peuples indonésiens, surtout aux Dayaks
de Bornéo-chez qui le phénomène se présente sous une forme

1.Mteursdes sauvage* [11H),I. II, p. 44t.


Amériquaintt
2. L'institution
nousestcitezooxrclalivomunl bienconnue (irabowsfcy
K.Dukuibim.– Annéo sociol.,190SM9O0. 4
50 l'aKNÉk socjolugivUK. 190j-19UU

typique. Nousmontrerons ensuitequ'il ne s'ugit pas là do faits


purement lucauxa l'aide de documents relatifs ti d'autres pru-
viuces ethnographiques. Nous suivrons dans notre exposé
Tordra mémodes faits, traitant eu premier lieu do la période
qui s'écoute filtre la mort (au sens usuel du mot) et les
obsèques dolinilives, et ensuite de lu cérémonie finale.

LAPÉHIODK
IXllSKMBMAIltK

On peut grouper sous trois chefs les notions et les pratiques


auxquelles lu mort donne lieu, selon qu'elles cotteerueut le
corps du défunt, ou sou âme, ou les survivants. Cette dis-
tinction n'a certes plis une valeur absolue; mais elle facilite
l'exposé des faits.
a) Le corps /« sépultureprocisoire. Parmi les peuples de
l'Archipel Malaisqui n'ont pas encore subi trop profondément
riuflueneo des civilisations étrangères, lu coutume est de ne
pas transporter immédiatement le cadavre dans sa sépulture
dernière; cette translation ne pourra avoir lieu qu'au bout
d'un temps plus ou moins long, pendant lequel le corps est1
déposé dans un asile temporaire.
La règle générale parmi les Dayaks semble avoir été de
conserver les cadavres des chefs et des gens riches jusqu'aux
obsèques définitives il l'intérieur mémo de leur maison; le
corps est alors enfermé daus un cercueil dont les fentes sont
bouchées à l'aide d'une substance résineuse Le gouverne-

a réunile»documents relatifsaux Dayaksdu Sutl-lisl(OloNgadjucl Ot


en
Duiimiii), yjoignantquelquesoliswvulions pursouiiclle», dans un article
prûcioiumai»unpeusujetû raulion l)er Tott,dus llet/rûinte,dus Titxuh
orfer Tmllenfexl.ici tien Uujuken(Internat. Arcli'wf, kthnoy., II,
là. 177bi|.j. Ony trouveraune bibliographiela uieiuVure sourcoreste
llunli.'luuilqui a public-,tli appenilico& sa graiiiniuirt; duyuk(Amslnr-
ilam, lii.'iSi,le textecumpliitet lu liuduclionlittoraled'un ((rancinomliro
de i.liaiilsi;tfuriiiulus
rùcilyspur lis pnttressusau cuuradu Tivali.
i CI"sur tesOloNt;aiiju.Graiiuwsky, Tiwah,p. i»2;»urles OloMaan-
jan, 1'r"llIp,
jall, U
l)ti8

Truiiip, Degi-abitist
Bcgrdbuistbei den
ùei deuSUtougern, in Boriciole
Si/,oIIU"'II. lierichtcde#-
les Ii/4$iidisellen
Wieiiiisclien
MimhHugeaettiehtri (l8T?j,p. 48;sur lesDayaksdo Kuulei, Tiomp,VUde
mlasilueau Koelei. in Bijdr. loi de Taai,Landen Volkenk, van Sedert.
Imlië.U"v., III,\>.7K,et Boek Thellead-lluiilerx of Uomeo. Ul-2 sur
les Kiiyans,riverainsdu Tinjar,llos«in Ung Rolb, Salira p. of Samwatt,
t. I, p. U8; surlos Longkipulidu ll«uvcBuram, Kûkentlial, Erycbnnse
einer. Forsdutmjm'min <t«nMolMenmul in Aomeo,p. 270 sur le»
n. UKim. – LA luspHtaTATio* cùiuictiVb i>b LA muiit si

..11110..1 I,eb.t.,t. a" _r_


ment hollandais, pour des raisons d'hygiène, a interdit cette
pratique, au moins dans certains districts; mais, en dehors
de l'intervention étraiiKère, des causes bien dlilorentes ont
du restreindre l'extension de ce mode do sépulturo provi-
soire. Lesvivants doivent au mort qui réside nu milieu d'eux
toutes sortes de soins; c'est unoveillée funèbre en permanence
qui comporte, de mêmo qu'en Irlande ou chez nos paysans,
mais pour plus longtemps, beaucoup de tumulte et des frais
très élevés'; de plus, la présence d'un cadavre dans la mai-
son impose aux habitants des tabous souvent rigoureux
Htïiied'autaut plus sensible que la longue maison dayak est
à elle seulo souvent tout le village1. Aussi cette exposition
prolongée est-elle aujourd'hui exceptionnelle.
Quant aux morts qui no paraissent pas mériter d'aussi
lourds saerilices, on leur fournit un abri, eu déposant le cer-
cueil, après une exposition de quelques jours, soit dans une
maison de bois en miniature, élevée sur des poteaux", soit
plutôt sur une sorte d'estrade surmontée simplement d'uu
toit v;cette sépulture provisoirese trouve parfois dans le voisi-
nabre immédiat do lu maison mortuaire, mais plus souvent
assez loin, dans un endroit isolé au milieu de la foret". Aiusi
le mort, s'il n'a plus sa place dans la grande maison des
vivants, possède du moins sa petite maison, tout à fait ana-
logue à celles • qu'habitent temporairement les familles

Sku|iuns,lirookeLow,in Roth,ibid.,p. 153-3;sur les Dusunset Mural»


.inNorddu l'ilu, ibid.,p. l'Aet l$3.
4. (inibowsky.Uet hinlriklDtisoii-Timor, in Amlainl (18841, p. 47*:
Trump, Siltong.,|>.47w|.
i. Cf.parexempleKiuuvvculiuU, QuerUuixhBornéo,l, p. 21,
3.Cf.Tromp,Kotlti,p. 70 d'aprèsSalomonMûlk-r(««* in helZiiitle-
lijk geiheltetau Boriteo,in Verhandlungtm op.deXuttiurlfjlte«ïw/Ww/e-
iiisderSnterl.oceizeesche Beiiltingen,
ufd. Land en Volkenk.,
p. 40îi,cIicï
les OloNkuiIju,riveruiusdu Uojndjoe, le cercueilest dOpomS av«c plu-
sieursautres dans uno sépulturecollective, le mtvtowjmuni, imtjsro
ti:uiuignaK« est contreditpar llïrdclandtUnjahseh druhtltesiVârlerbttch
(I8&U),p. S03(qui nous dit cxpressiimunl i|tii>lo cercueilIraung)n'est
trunspurté dans la sépulturecollective
ou *iin<long quelorsdolul'i'riimoniu
liniilo.I-:»touscas, si le fait rapport.;par Mûilorpst i-tact,it est eveep-
Ilotinella n'sloest quepondunllu périodud'attentele cercueilestisoli!.
4. Cf.|mri:xuinplo Grabowsky, Timuli,p. 181-â.
5. Uardeland,Vertucheimr Urammatik derilujaliitchen Sprache,p.3iiO;
l'erclaer,RHuiographuche der
besehrijving Dajaks,p. 2it-5.
6. Elleportole mvmcnomchezIvsOloNnuiljupasnh;cf.llardeland,
WOiiertiadit à eumot.ChuzlusAlfourous du Norddïiitlinalirra.la st-pul-
ture temporaire s'appelle«la maison do mort» de Clerci|.UodadiMulaoe,
inIntentai.Arch.f. Elhnorjr.,Il, p. 208.
52
1.1 1,'AN.NKli i«(K>.t!Wfl
«OUIOMJUIQIIK.

du yaks lorsque la culture du riz les oblige à se disséminer


sur un territoire souvent très étendu
Ce modo do sépulture provisoire, bien qu'il soit, semble
l-il, le plus i-épmitludans l'Archipel Mtilais, n'est pas le seul
exilant peut-être mômeest dérivé d'uu autre plus ancien,
qui nous est signalé eu quelques points1: l'exposition du
cadavre, enveloppé dans de l'écorce, sur les branches d'un
arbre. D'autre part, au lieu d'exposer le cercueil à l'air, on
préfère souvent l'enterrer plus ou moins proCumléinent,quitte
à l'exhumer plus tard'. Mais, quelle que soil I» variété de
ces coutumes qui souvent coexistent dans une même localité
et se substituent Tune u l'autre, le rite en ce qu'il a d'essen-
tiel est constant le corps du défunt est déposé provisoire-
ment, eu attendant les secoudes obsèques, duus un endroit
distinct de la sépulture définitive: il est presque toujours
isolé.
Celte période d'attente n une durée variable. Pour ne con-
sidérer que les Olo Xgadju, certains auteurs mentionnent
outre la claie delumort et la célébration de la cérémoniefinale
ouTiwali un délai de sept ù huit moisou d'un an1; mais c'est
là, suivant Ilardeliiud uumiuimutn qui n'est que rarement
atteint le délai ordinaire est d'environ deux mis, mais il esl
assez souvent dépassé et l'on voit on bien des cas s'écouler
quatre ou six ou moine dix ans avant que les derniers hon-
neurs ut-soient rendus au cadavre Cet ajournement anormal

1.CI',t'ii |>arlii;ulk'r
.Nicuwi'iiliuis,
o;j.cit.. p.|G2.
2.ATimor-Uut,Ricilvl.Ilestuiktn kroesharige nitseittuwcltenSelebes
m l'apiut. ji. M5-Bù Timor, Fortes,.1 nitlurali.fi s nanileriii'js in llie
HantentArchipclago, p. 434 surles Toumbululi du la Miimhassa, cf. Rio-
ciel.Aile tlelii-auclie.bel ttem Toumbnlultutamm, in liilern. An-h.
Bllt>to;V\U,p. )i«.S.
:i. CIh-zlesOloNgailju.il n'y a enterrement«jucsi l'on prévoitqu'un
lormili'liiis'Ocuulora avantlus socomlus ubsi'queii:lo cercueil,s'il éluil
vK'i>au-dessusdu sol.ris^uoraitdotomber,ce nul est cunsidi-rù cunimo
un <-v.;ii.'ij«ciit
funestepour lufuuiillo.Au-dessus deta tombe-on construit
uni!|)«til«liultu lïrabowiiky,Tiu-ah,p. IHÎ.– CIiimIci OloMaitnjan,
ni la règlelorsqu'unne fçardupasle cadavredansla mal-
lV'iitoriviiH'nt
sun Trump, Siliuiii/ p. 46.
4. llalewijn.in Grabowsky, Tiwah.p. 182.
!i. U'ûrterbtnh,au motTivah.
0. S;il. Mullar,
op.cil., p. 4tt2.
T.llurdeland,ibid.
8.ATimor,d'aprù*Forbes(op.cit.,p.434),ledélaiest parfoisd'un siècle
entier(pourdoschefsimportants);l'obligation de célébrerlos funérailles
« transmetalorsdupèreen Dis,avecl'Iiârilag».
II. IIKIITZ. I.A t)KI'HliSBNTATIllN
CDIJ.KCïIVK
UKl.\ MUHT53

d'un rito aussi nécessaire a In paix et au bien être des survi-


vante qu'au salut du inorl s'explique par l'importance du la
feto qui y est obligatoirementliée celle-ci comporte des pré-
paratifs matériels très compliqués qui prennent souvent u
eux seuls uu an ou davantage elle suppose des ressources
considérables en espèceset eu nature ( victiinesàsacrilior, vic-
tuailles, boisson, otc qui sont rarement disponibles et doi-
vent être d'abord amassées par lu famille. De plus un usage
ancien, encore respecté par de nombreuses tribus de l'iulé-
rk'iir, interdit de célébrer le Tiwuh avant de g'elro procuré
une tête humainefratchemeuteoupée; et cela prend du lumps,
surtout depuis l'intervention gênante des Européens. Mais si
ces causes d'ordre extérieur rendent comptedes longs retards
qui sont souvent apportés à la célébration du Tiwah, elles
ne sultiseut pas-1 a expliquer la nécessita d'uuo période
d'attente et ù en définir le terme. Môme à supposer remplies
toutes les conditions matérielles requises pour les obsèques
définitives, celles-ci ne pourraient pas avoir lieu aussitôt
après lu mort: il convient eu elîet d'attendre que la décoin-
position du cadavre soit terminée et qu'il no reste plus que
des ossements Chezles Olo Ngadju ut chez certains autres
peuples indouésiens, ce motif n'apparaît pas au premier plan,
ù cause de l'amplitude extrême que présente chez eux la
fêle des obsèques et a cause des préparatifs coûteux et longs
qu'elle nécessite l. Mais, chez d'autres tribus, l'obligation
d'attendre, pour procéder au rite définitif, que les os soient
secs est sans aucun doute lu cause directe du délai, et elle eu
limite la durée Il est donc permis do penser que norma-

I. Graliowsky, ibkl..p. 188.


ï. Ainsique iopensoWilkou Ilel Animisme, p. 77 si| |>.92et Vtter
danHanroppir, in Hernie coloniale,III, p. si| IV,p. 311s>|.
ïi>5
3. Sut.Mûller, (oc.cil. iluniuluml, Wotltrb.,au motTiwali.
Certainsautoursexpliquent l'ot positionprovisoire<lufitiiovruoxcltt-
sivciii'jntpar la lungucurîlesprépuralifsnoi-cssuiros et la ilil'licullé
ili>to
procurerdes victimespour lotncrlllcc cf. pour les Bulaks,llaucn,Ilei-
Inluesur Kenntnmlier Baltareligion. in Tijthclu:t>.Imt.TuulImmIen
Votkenk., XXVIII,p. ol7. ul tiuwnlioi'K. lier StalwjiieheArchipel,p. 27
pourles Niassaisdu Nord,HosonboiK, itiiil.,p. i'M: pourTimor,Kurbcs,
op.cit., p. 4318(| pourles IloaKei,liosi-ubfrf;, ihul.,p. 3Î>1.
S.G'cbIle cas niilumuient&Boiniio,pour Ifs MilunaiiK, lesDu»unset
lusMuruU,LingIlotli,op. cit.,p. 150-2;pour les LoiifjkipuU, Kûkeiillml,
op.cil., p. 870;pour les Duyaksdo l'Ouest,riverainsdu Kspœun,Vcth,
Uorneo'aW
«efow'a etletAfdeeling,H,
ty<M<<')'/</MM<t<)~.II, p. STO; our teiiOt
370; ppour les Ot ttanoto.Schwaner.
Dunom, Scliwuncr,
Ilorneo,II, p. liil ù Sumatra,pour les llntaksOraiiK-Knro, HitRcn,
ibid..p. 52U;à Timor-luul, Kurbva, op. eil., l>.3ïi «i|>| Hiedel,Sluilt
et
W l.'AN.NliK 1K03-1906
SOClOLOiilQUB.
lemeiit ta période qui s'écoule entre la mort et la cérémonie
finale correspond au temps jugé nécessaire pour que le
cadavre passe à l'état île squelette, mais que des causes soeou-
daires iutervieuncut pour prolonger, parfois indéfiniment, ce
délai.
Ce qui montre bien que l'état du cadavre n'est pas sans
influence sur le rituel funéraire, c'est le soin avec lequel les
survivants bouchent hermétiquement les foutes du cercueil
et assurent l'écoulement des matières putrides tau dehors, soit
eu les druinaut daus le sol, soit eu les recueillant dans uu
vase de terre l. 11ne s'agit pas ici bieu entendu d'uue préoc-
cupation d'hygiène (au seusoo nous prenons ce mot;, ni même
– exclusivement – d'un souci d'écarter les
odeurs fétides
nous ue devons pas attribuer à ces peuples des sentiments et
't
des scrupules d'odorat qui leur sont étrangers l'ne formule
prononcée à diverses reprises lors du Tlwnh nous indique le
véritable mobile de ces pratiques la putréfaction du cadavre
y est assimilée à la « foudre pétrifiante u, car elle menace, elle
aussi, d'uue mort soudaine les gens de la maison qu'elle
atteindrait Si l'un tient tant à ce que la décomposition s'ac-
complisse, pour ainsi dire, en vase clos, c'est qu'il ue faut pas
que l'iullueuce mauvaise qui réside dans le cadavre et qui
fait corps avec les odeurs puisse se répandre au dehors et

enkronkarigetassen, p. 30S-8à Dura, Fortes,p. 405 pour le*Mfou-


rousde Ilisl de CétiïLes, iu Wilkvn,HelAnimisme, <»; dun*
Bosssclier,
de Clem|,M. cil p. Ï08 ilunsMu dup.Balar.
leÎSurtid'tlaliuulieiii, Kie-
d«l,ibiil..|>,35».
1. A Cutulli't.un tuyau de bambouest passédansun Iroacreuséau
limd.lu cercueilcl. |.ur «ixemple sur lesOluKgadju,Grabowsky, Tiwa/i,
p. 181;surles llaluks,vundeiTuuk.BulafachWoardeitboe/t. p. «5; sur
les AlfounjiM du .iislii.l de BoluunB-Mwifwiidou, Wllketiet «cliwaiis
Merlu oitr hvl haïtieniolk. in Mtdedeel. ». «s.h. SeUtrl.tend, lien.,
XI,jj. 323.
2. Cf. Low,Surawak,p. 2U7« J'odeurdégoûtante<|uo
produitlu d«-
oiupusitloiilu ce que muni dit fiiic|uoimucnt les Dayaks)est particuliè-
«ment agivaliloà leurssens.» 11est <|uo«tion dansce passagedu ca-
davreou |>lutdt.lu la UHocoupêo d'un ennemi.
3. llurdeland.iiraimnatik.p.ïl8 (otle commentaire).–
t«r iUie IleslaUungxireiseit MovorotRieli-
in tler Miwltwua,in Ablllllldl,mgell île»JW«-
mum*z. ih-eiJen,IX. Klh»ogr. Mûcelten,1, 6. p. UU.n. i)
la cWlurelieruictii|uedu cuwueila eu poul-elrepourobjetsungèfuiil
d'empêcher
<iue
la
sortit!reduuWo derame du mort;ils ajoutentque lodourdo la
«itlona pu «troconsidèrecuiiiinole signede la pniwncode déuomiro-
l'AmeLe
Uxt«transcritpar llardelundsemblediimontrar effetla crainoo
qu'en d'un
péril mystiqueest bien le mol.ilodéterminantet en memetempsqu'il
estinutilede faireintervenirIcllu.notiondel'uniedu mort.
H. IIKIUZ. – LA nRPniiSKNTATIOKCOLLBCTIVK
flK LA Moltt SB

frapper les survivants Et d'autre part, st l'on ne veut pas que


les matières putrides restent à l'iutériour du cercueit. c'est
parce que le mort lui- môme, Iimesure que progresse la dessic-
cation de ses os, doit être peu à peu délivré de l'infection
mortuaire1.
L'importance mystique attachée par les Indonésiens à lu
dissolution du corps se manifeste encore dans les pratiques
i|ui concernent les produits de la décomposition. Chezles Olo
Nu,adjti,le pot où ils sont recueillis est brisé lorsdes secondes
obsèques et les fragments en sont déposés avec les ossements
dans lit sépulture définitive Lu coutume suivie par les
Olo Maanjan est plus significative lorsque le cadavre est
gardé dans In maison, te quarante-neuvième jour après la
mort, on détache le pot et on en examine te contenu « s'il
renferme trop de matières, une pénalité est iutligée les
parents (du mort) n'ont pas fait leur devoir. » Le pot est
ensuite de nouveau soigneusement adapté au cercueil et le
tout reste dans la maison jusqu'à la cérémonie finale'. Ce
rite n'est évidemment qu'une survivance pour eu restituer
le sens. il suffit de le rapprocher de pratiques observées en
d'autres points de l'Archipel Malais. Dans l'lie de Bali, qui
pourtant a subi prufondéineut l'influence hindoue, l'usage est
de ganter le corps à la maison pendant de longues semaines
avant de l'incinérer le cercueil est troué par le rond « pour
donner issue uux humeurs qu'on reçoit dans un bassin qui
est vidé chaque jour en grande cérémonie'. » Knfln,à Bornéo
même, les Dayaks du Kapoeas recueillent dans des plats de
lerro les liquides provenant do la décomposition et ils les
imMeutau riz que les proches parents du mort mangent pen-

1. l'i'riiaiii,in ttolb,1. 1).201,p. 210,an sujetdes DayaksMarilinuu


i|iii pratiquentrpiilerrcmvnt immédiat a la corpsd'un mortn'est pas
appelécor))!ni rudurre c'estun «m/m(ospril)et si lesvivant»Ic Knr-
iluioulloiiKlem|K auprèsd'eux,ilas'exposeraient à de sinistresinfluences
surnaturelles ».
2. Cf.plusha»,p. 59.
3. (înibowsky,Timiii,p. 4SI selonSalomon Millier,loc.ci/ le potest
eaterri!au lieuoù a ûtûfuttelu crémationdusrestesditcadavrtf.
•l. Ct-lleimlicationassez vaguesignifiesans doutequ'once ras les
purvntsne peuventpusêtre encorerelevésdes tabouset observances du
deuil.
S. Trowp,Sihong.,p. 48 cf. Grobowsky, Dmoii'Timor, p. 472.
6. Milliond'uneAmbassade à Bâtien itSS,inHistoiregéné-
hollandaise
rale elesVoyage», lliilory of IheIndiunArelii-
t. XVII,p. 59}cf.Grawlunl,
petago,p. ïiS.
50 1,'aknke sociai.otiiyuB. I90S-1U06

a. I~l.iI- e.m. _t. 1.


dont lit période funèbre1. Il vaut mieux réserver l'interpréta-
tion du eus usages, car nous les retrouverons, plus répandus
et plus complexes, en dehors de l'aire que nous étudions
couchions provisoiremeut que les IudonéKious attachent une
siKuilii-ulionparticulièreauxchangeinentsu.ui s'accomplissent
dans le cadavre leurs représentations sur ce point les enipô-
client de terminer immédiatement les rites hméraii'es et elle!!
imposent aux survivants des précautions et des observances
définies.
Tant que le rito final n'a pas été célébré, le cadavre esl
exposé à de graves périls. C'est une croyance familière uux
ethnographes et aux folkloristes qu'à certaines époques le
corps est particulièrement livré aux attaques des mauvais
esprits, a toutes les inlluences nocives qui menacent l'homme
ou doit alors renforcer par des procédés magiques son pouvoir
de résistance amoindri. L'i période qui suit la mort présente
à un haut degré ce caractère critique aussi faut-il exorciser
le cadavre et le prémunir contre les démons. Cette préoccu-
pation inspire, ait moius eu partie, les ablution» et les rites
divers dont le corps est l'objet aussitôt après ia mort, pur
exemple l'usage répandu de fermer les yeux et les autres
ouvertures du corps avec des pièces de monnaie ou des
perles'; de plus elle impose aux survivants la charge détenir

1. Riltcr.In Votli, op. cit.. Il, p. 270. – Pour qu« la comparaison entra
cm Diiydksdo l'Ouest et les OloMawijiinsoit plus complote, nous devons
ajouter que clio*cm derniers, pi-ii'Ianlles quarante-neuf jours qui pr<5c*-
dent I 'étrangecén-mnniequ'on a vue, les plu* proches paronU du mort
doivent nitngor, au lioude riz, du « djeliit » les grains on sont petits, do
couleur brune, ont une odeur utsez (lêiaijréabh, et fort mauvais goût
(Truinp,ih'ul., p. 47 et p, 44i.Ladotait que nous soulignons,rapprocha du
rito du 49»jour. autorise-t-il4 ponser que le « djelaTu d.'Srivoraios du
Silning «si l« substitut (U|)n>.s la clluto de l'usag s unciaii)du ri/, intpcôgnu
tl» suljstanei!cadavérique.Imposéaux Dayaksoedduntaut? – Cette hvpo-
tlii'tsun'est d'ailleurs pas indispensablea noire intcrpnitalion le « devoir a
dont il oit question dans le passage citù ci-dessus et au.|uol les paronU
nu doivent pas manquer, c'était do no pas laisser s'accumuler les inaliores
dans le pot, et d'on prendre leur part. Le rite est devenu ulti'rleuremoiU
unll formalitéarbitraire. – Dans certainesIles de l'archipel de Timor-laut,
les indigènessu fruttenl lucorps avec les liquides provenant du cadavre
du leurs prochesparents ou des chefe; Riedol,Sluiktn kntshariue rassen,
p. a«8.
S. Par exemplele corps de l'enfant pendant un certain temps après lu
naissance,ou de la femmependant la menstruation.
3, CL Nlouwonhnis,op. cil., p. 89 il donne comme motif le désir
d' « apaiserlos mauvaisesprits qui pourraient s'emparerdu codavro» dans
le cas des chefs, il mentionneen outre diverges amulettes protectrices.
(De même lors do certaines cérémomosrelatives a la grossessa ou & la
II. IIKIITK. – LA HKPnKSRNTATION OK LA MOUT 57
COI.LKCT1VB
HB^«*«ri d^Ab
*_>
4A.A.&
^B^tf«UL
Hi._>_h litL^>^fcA>1^_>h. *>.».aJmd.aBLj.1^1
I nII
compagnie au mort pendant cette phase redoutable, do « voil-
ier » à ses côtés en faisant fréquemment retentir les gongs
pour tenir à distance les esprits malius1. Ainsi le cadavre,
frappé d'une infirmité spéciale»,est uu objet do sollicitude, en
mémo temps que de crainte, pour les survivants.
li) l.'âme son séjour temporaire sur la terre. – De môme
que le corps n'est pas conduit de suite il sa « dernière
demeure », démente l'âme n'arrive pas aussitôt après la mortt
ù su destination délinitivo. Il faut d'abord qu'elle accomplisse
une sorte de stage, pendant lequel elle reste sur terre, dans
le voisinage du cadavre, errant dans la forât ou fréquentantt
lus lieux qu'elle a habités do son vivant c'est seulement au
terme do cette période, lors des secondes obsèques, qu'elle
pourra, grâce à une cérémonie spéciale, pénétrer daus le pays
des morts. Telle est du moins la forme la plus simple que
présente cette croyance
Mlis les représentations qui ont trait au sort do l'ùrne
sont par nature vagues et flottantes il ne faut pas chercher
à leur imposer des contours trop définis. En fait, l'opinion la
plus répandue chez les Olo Ngadju'est plus complexe au

naissance,lu*gens lusplusexposéssu bouchentlesurcillo.s avec ilu cutun


« pourn'iîtr.ipas Irottblé-i
purlesmauvaisesprits» Kiudul,AlléOebrûuehe,
|i, 93ut 9V|.11est vrai <|uud'autresauteursprésententcetusn^uvuinino
destinéuniquementa la protectiondes vivants d. Grabowsky,Tiwuli,
p. 17W. (.'oritaosl {irobalileuK.'iit
ambigu,à iluiililufin,coinii»'il arrivesou-
vent il s'agita la fois.confusément, d'einp>>clier l'inllucnco funestecon-
tenu) ilunslu cadavredusupropagerau dvliurs.utdu lunvi'la routeaux
i'i|)rilsmauvais<|ulvoudraientpûnûlrerdans le cadavreet s'en emparer.
Des(Sl.dnenls de provenunculiiniluuusoiiiblontiluilleurien certainscas
s'ùtri!gmlîiissur lu coutumeoriginale
1. Ti-omp,op.cil., p. 4S co toxtua trait aucasuit lo cailavroest (farcit1
dansla maison.Maisà Tiiuor-laut, où il uslexjioiùuu bunldt*la tuerU
i|ueliiuo distancedu village,un <li'd~sj sur lu cercueilidu moins s'il
s'agitd'un porsuunago do nmri|uo)ilos llguros(l'hoinnu'sjouant surde«
Konx», lirunldes coupsdu fusil,(çuitkulunlfurieusoiuent ulln«lecli isser
lesamuvaist'K inlluoiu-os
loin<tocelui<|uii'st là endormittufritclilen uway
uvilinfluences fromtlivsleeper)Korbos, o/i.cil., 3ii
p. n\< Cf.K&kcn-
tlral,op.ci/ p. 180.
2. Ellese rencontre(ctcopliunnelloinent) citezlesOloNxudju,HurJe.
land. Wùrterb.,p. 2 Het Grummatik, p. Mi, n. tii; Bradiez,Santlouff
naung,in Hltein.MissivitsOei: (1882>, p. loi che: lui OloMianjau,Ura-
liowsky,Ihaon-Tima,\p. 471 Trotnp,Sihong.,p. 47 e\wtlus Bshau.
et
Nicuwvnhuis, op. ci< I. p. 104;chezlosK.ayai)s. 1>.Rotli,11,p. M; dans
lesIlesde Sorong(Itiedel,Sluiken broeaharige i-asseit,p. Ut) ol de OM
tvuuKck,lu Wilken,Animisme, p. 62} etc..
3. Itardulund,Wôtterb.,p. 308et p. 833 Perulaor,op. cil., p. 319et
p. 2i7 Grabowgky, Tiwah,p. 183s<j..
!J8 |/aNSBB KumoLOUior*.*W5<I9M

moment do I» mort l'âme se divise eu deux parties, lu mlitm-


poltliuu.qui est « la muette de l'Ame », l'élément essentiel de
la personnalité, et la liait krahang ou Ame corporelle qui est
constituée par les âmes des os, des cheveux,des ongles, etc. 1
cette dernière reste avec le cadavre jusqu'au Tiwnh, Incons-
ciente et cuniine engourdie quant a l'âme proprement dite,
elle continue de vivre, mais son existence est assez inconsis-
tante2. Sans doute elle parvient, dès le lendemain de la mort,
dans ht céleste « ville des âmes » mais elle n'y a pas encore
sa place attitrée elle ne se sent pas à son aise dans ces hautes
régions; elle est triste et comme perdue et regrette son autre
moitié aussi sV>chappe-t-ellesouvent pour revenir vaga-
bonder sur la terre et surveiller le cercueil qui renferme son
corps. Il faut célébrer la grande fête terminale si l'on veut
que l'âme, solennellement introduite dans le pays des morts
et rejointe par ta liait krnhang, retrouve une existenceassurée
et substantielle'1.
:1.
De même ou rencontre bien chez les Alfourous du centre
des Célèbes t'opinion que l'unie reste sur terre auprès du
cadavre jusqu'à la cérémonie ûnale (tengke); mais la croyance
la plus générale est que l'thne se rend dans le monde souter-
rain aussitôt après lu mort toutefois elle ne peutpénétrer do
suite dans la demeure commune des âmes, il faut qu'en atten-
dant la célébration du tengke,elle réside au dehors dans une
maison séparée. Le sens de cette représentation apparatt clai-
rement si ou la rapproche d'une pratique observée dans les
mêmes tribus les parents d'un enfant mort veulent parfois
garder son cadavre avec eux «au lieu de l'enterrer); dans ce
cas ils ne peuvent pas continuer à habiter dans le kampong
mais doivent se construire ra quelque distance une maison
isolée. Ainsi ce sont leurs propres sentiments que ces tribus
prêtent uux âmes de l'autre monde et la présence d'uu mort,
pendant la période qui précède les obsèques définitives, ne

1. La îiiimodistinctionest signaléepar Nioowcnhuls (op.cit., p. 103)


clie!les Baliau maislesduax âmessontséparéesdu vivantmômodo
l'individu.
2. Aussilesvivantslui offrent-ilsdans leur maisonn»osortedu sup-
portmatériel uneplanchecouvertede liguresrolalivvsau derniervoyage
de l'dmoeta l'autremondo cf. Grabowaky, Timlt, p. M.
3. Si le ïiwaline peut iMrccéldbrfpar la famille,l'Amerisrjuofort do
voir cet état temporairese prolongerIndéfiniment; c'ostalon, suivant
uneexpression uneliau matai,unedinomorte(drabowsky,
caractéristique,
ibitt.,p. 181).
H. HSRTZ. – LA HKPHKSRNTATiON
COI,l,K(iTlVBDR LA MORT 59
k.. ^_1.ài ^i II • a** i;
peut pas plus être tolérée dans le village des vivants que daus
celui des morts. Le motif de cette exclusion temporaire nous
est d'ailleurs explicitement indiqué: c,'estque«Lamoa(Dieu)
ne peut pas souffrir la puanteur des cadavres »; bien que
celle formule renferme peut-être quelqu'élément d'origine
élraugère, la pensée qu'elle exprime est certainement origi-
nale c'est seuletqent lorsque la décomposition du cadavre
est terminée que le nouveau venu parmi les morts est censé
être débarrassé do sou impureté et qu'il parait digne d'être
admis dans la compagnie de ses devanciers'.
Pourtant certaines tribus font célébrer par leur prêtres,
peu de temps après la mort, la cérémonie qui doit conduire
l'unie jusque dans l'autre monde1 mais même en ce cas elle
n'entre pas de plain-pieddans sa nouvelle existence. Pendant
les premiers temps, elle n'a pas pleinement conscienced'avoir
quitté ce monde sa demeure est ténébreuse et déplaisante;
elle est fréquemment obligée do revenir sur terre chercher sa
subsistance qui lui est refusée là-bas. Il faut que les vivants,
par certaines observances, en particulier par l'ollraude d'u:ie
tête humaine, adoucissent un peu celle condition pénible;
mais c'est seulement après la cérémonie finale que l'âme
pourra subvenir elle-même à ses besoins et goûter pleine-
ment les joies que lui ollre le pays des morts3.
Ainsi, en dépit des contradictions apparentes, l'aine ne
rompt jamais tout d'un coup les liens qui l'attachent à sou
corps et la retiennent sur la terre. Aussi longtemps que dure
la sépulture temporaire du cadavre', le mort continue à

1.Kruijl,/i«H eiiaiuleruungaaiule hetfieestelijk levenvantienl'oxvAtfocr,


tu Med.SeU.Zeml.Gen.,t. XXXIX |>. 26,3» l'auteurobsurvo
|I89!>), U,
que « la notiond'une maison d'attenteexista mêmeelieiveuxpourqui
l'Amerestesur terre jusqu'autengke; sans doute,ajoute-t-il, Mmeest
censéepasser une partiedecette périodesur terreet uneuulrodans la
maison.Lespenséesdes Alfourous surcepointnesontpu»claires,u Mais
ceIlottumtMit mémonousparaitcaractéristique utlosdeuxreprésentations,
qui logiquementsemblentdevoirs'exclure.sontnu fondsolidaires (sans
qu'il soit besoindo las séparer d ans le temps] c'est n'a
puréequ'il pas
encorecomplètement quilleco monde quo lu mort ne poutpas encore
pénétrercomplètement dansl'autre.
2. Par exemple,les Ot Danuinlui contrastentà cot égardavecleurs
voisins.lesOIoNgailju et. Scliwuner, op.cil., Il, p. 70.
3. Cf. sur les DayaksMaritimes, l'urliura.in L. Rotli.p. 203.806-7, 209:
pour lesTouinbuluh d ola cf. Aile
Mlnaliussa, Kiudol, Gebrtuche, p. 1Û&-7.
4. La croyancequol'Amerestequelquetempsliurlaterreavantdopur-
tir pourle pays desmortsse rencontreaussichezdespeuplesqui,de nos
jours, enterrentle corps(deïlnillvemont) aussitôtaprèsla mort;cf. par
00 1.ANNÉI'. 1905-1900
SOCIOLOUigUK.

appartenir plus ou moins exclusivementnu monde qu'il vient


de quitter. Aux vivants incombe ta charge do pourvoir u ses
besoins deux fuis pur. jour jusqu'à lu cérémonie llnale les
Olo Muaitjiiului apportent son repas «ccoutumé1; d'ailleurs,
lorsqu'elle est oubliée, l'aine sait bien prendre elle mômesa
part de riz et de boisson Penduut toutecette période lomorl
est considère1connue n ayant pa» encore terminé complète-
ment sa vie terrestre celn est si vrai qu'à Timor, lorsqu'un
rajah meurt, son successeur ne peut pas être ollicielleineut
nommé avant que le cadavre ne soit délinitivoment enterré;
car, jusqu'aux obsèques, le défunt n'est pus véritablement
mort, il est simplement « endormi dans sa maison'1».
Mais si cette période de transition prolonge pour l'Ame sou
existence antérieure, c'est d'une manière précaire et lugubre.
Sou séjour parmi lus vivants a quelque chose d'illégitime, de
clandestin. Klle vit en quoique sorte eu marge des deux
mondes si elle s'aventure dans l'au-delà, elle y esl traitée
comme une intruse; ici-bas, elle est uu hôte importun dont ou
redoute le voisinage. Comme ello n'a pas de place ou elle
puisse se reposer, elle est condamnéeù errer sans relâche,
attendant aveeanxiélù laféte qui mettra fine sou inquiétude ».
Aussi il est-il pas étonnant qu'au coursde cette période l'unie
soit conçue comme un être malfaisant la solitude où elle
est plongée lui pèse, elle cherche à entraîner des vivants avec
elle;; n'ayant pas encore les moyens reguliers de subsistance
dont disposent les morts, il lui faut marauder chez les siens

ux. pour tes Duyaksdu l'intérieur, Low, in Rutli. t. 1, p. 817 puur l'Ilo
de Ituti, Giuiflaml,Die Intel Unie,in ililltil. il. geogr. (lesethih. tu leiui,
Vlll, p. lU8et lluijiiitirinK.Xetlenen gewoonlen. in Tijihekr. v. Seileri.
Imlië, VI. p. 363 *<(.; la période il'atlentu est seulement plus courte
dou/oot neufjours dans les deux cas cités.
1. Tromp, Silion; p. 47 il s'a «il des nwrtsdont lu cailuvn; esl gardé
dans la maison; pour les autres. l'obligationest moins stricto. Cf. il
Kooinbn Buss, Bijdr. lot de kennh van tant. en voilevan Soemba, in
Vtrhandl. v. h. Baluv.Uen.v. Kunslen Welemcli.,XXXVI,p. M.
S. tV-rliam.op. cil., p. 209-11)lo malin un trouve parfoisdes traces du
son passageaupivs dos provisions do riz.
3. PorlHis,op. cil., p. 43$et 447 cet interrègne penl durer fort long-
temps(trente ans ou plus»a cause des grands frais impliquéspar la fête.
4. Aussi le Oayak. avant do mourir, supplie-til ses parents de ne pas
trop tarder a célébrerleTiwah Grabowsky,Tiw/i, p. 188.
6. Gmbowsky.iiiU., p. 18*; cf. pour les Tagalcs des Philippines, Blu-
mentritt, Dtr AlmeniuUwt. in MiUeit.il. k. k. Geogr.Gesclhclt. Wien,
XXV,p. 168-8.
Il. IIBinZ. LA RKPRlSsBNTATION
COUKCTIVKDR LA MOUT 61

dons g» détresse .l.h.- .11- u_a.I' 'aa. 1_- _t.


présente, elle se rappelle tous les torts qu'on
lui si faits pendant su vie et cherche à se venger*. Elle sur*
veille apiement le deuil de ses parents et s'ils ne s'acquit-
tent pas bien do leurs devoirs envers elle, s'ils ue préparant
pus nelivenienl sa délivrance, elle s'irrite et jour inflige des
maladies-, car lu mort lui a conféré des pouvoirs magiques
<|iiilui pormeltenl de mettre à exécution ses mauvais desseins.
Taudis que plus tard, lorsqu'elle aura sa pince chez les morts,
(•Ile na rendra visite aux vivants que sur leur invitation
expresse, tnaiutcnaut elle « revient » de son propre mouvo.
muni, pur nécessité ou par malice, et ses apparitions intem-
pestives sèment l'épouvante".
Gel état à la fois pitoyable et dangereux do l'aine pendant
la période trouble qu'elle traverse explique l'attitude com-
plexe des vivauts, où se mêlent en proportions variables la
commisération et la crainte Ils cherchent à subvenir aux
besoins du mort et à adoucir sa condition mais en môme
temps ils se tiennent sur la défensive et se gardent d'un con-
tact qu'ils savent mauvais. Lorsque, dès le lendemain le la
mort, ils font conduire l'âme dans le pays des morts, on ne
sait s'ils sont mus par l'espoir de lui épargner une attente
douloureuse ou par le désir de se débarrasser au plus vite
de sa présence sinistre; en réalité les deux préoccupations
se confondent dans leur conscience". Ces craintes des sur-
vivants ne pourront prendre fin complètement que quand
l'ame aura perdu le caractère pénible et inquiétant qu'elle
présente après la mort.
c) Les tirants le deuil. – Non seulement les parents du
défunt sont obligés, au cours de la période intermédiaire, à

t. l'erliam,loe.eil..
ï. llar.l«land,Wôrlerb.,p. 308.
3.Itludulmusujet des Toumlmluh), AlléGeknluche, p. 107 cf. sur les
– icides
Kayans,Kulli,t. H.p. »«. Hn'esl pus'incslion ûmo»t|«ii. pour
ne
uni-raisonou pour une autru, parviendront jamais à la paixet u la
sécuritédel'au-delà.
4. 11nou»paraitvain devouloiriltScider lequeldecesdeuxmobilesest
«primitifd c'cstullequestionmalposéoqui no peut «Irenisolunqu'ar-
bitrairement.
5. Cf.Kiedel,op. cil., p. 100-7 lospnilrestoumlmluli ont lecaraetèr»
à lu foisde psychopoinpes cliussoui*
et d'exorcistes d'usurils pendantles
neufjoursqui suiventla cuniwonlc duconvoide lime dansle paysdes
morts,ilsoxiîcuUînt uiiodansede guerrepour lui faire pour lau cas où
ellene se «croitpas encore«SloignM, afinijuVIlone iwiennopas tour-
mentersesparents.
«2 l'aNNÉK
sociot,O0Kfi'K.
JUOS-IWOO
toutes sortes do soins envers lui, non seulement ils sont en
butte Ii In malveillance et parfois aux attaques de l'lime
tourmentée; mais ils sout en outre assujettis A tout un
ensemble de proliibitiousqui constituent lodeuil'. Lu mort en
effet eu {nippant l'individu lui a imprime un caractère nou-
veau sou corps, qui auparavant (sauf en certains cas anor-
maux; était dans le domaine commun, eu sort tout d'un
coup on ne peut plus le toucher sans danger, il est fin objet
d'horreur et d 'effroi. Or, on sait à quel point les propriétés
religieuses ou magiques des choses présentent pour les « pri-
mitifs»uncuraelere contagieux: le «nuageimpur»*, qui selon
les Olo Ngitdju environne le mort, souille tout ce qtt'il vient a
atteindre, c'est-à-dire non seulement les gens et les choses
qui out subi le couUict matériel du cadavre, mais aussi tout
ce qui, dans la conscieuce des survivants, est intimement uni
à l'image du défunt Ses meubles ue pourront plus servir Il
des usages prolunes; il faut les détruire ou les consacrer au
mort, ou du moins leur faire perdre par des rites appropriés
la vertu nocive qu'ils ont contractée. De même les arbres
fruitiers du mort, les cours d'eau où il péchait sont l'objet
d'un tabou rigoureux les fruits et les poissous, si on les
recueille, servirait exclusivement de provisions pour la
grande fête funéraire3. Pendant un temps plus ou moins long
la maison mortuaire est impure; et la rivière au bord de
laquelle elle se trouve frappée d'interdit1.

I, Cettedistinctionnu serait f.as fondiVs'il fallait adnii'ltru ta théorie


exposé»jadis par Pnunr, (fa Jauni, ofthe Anthropol. limlil., t. XV, |>.61
si[i|.) car les (inil,i>|uos
du deuil ne seraient quu des rites destinés a jira-
Wger les vivants contra le rutour olïODsifdo l'aine du mort mais celle
théorie ingénieuseétait trop étroite et artificielle.La manière de voir que
nous adoptons ici n'est pas nouvelle pour les lecteurs de X Annéesociolo-
gique; cf. t. IV. p. 192et t. VI, p. 363-1;notons qu'elle n'exclut pas l'in-
terprétiition animiste; car l'anio, nvvbles dispositions <juelui prîte l'opi-
nion communedans les temps qui suivent sa sortie du corps, devait natu-
rellomont apparaître coihiuola gardiennejalouse dus tabous imposés par
le deuil aux survivants et commela personnification des énei-ftiesmau-
vaises 'lui du fait du la mort se trouventaccumulées dans lu cadavre.
î. Hanleliind.GrammatiA,p. SIS.
3. Dickson.A naturatist in XorthCelelxs. p. 194; Lu»-,in Hotb, I, p. 153.
Nous nous bornons a rappeler ici des faits bien connus.
4. Cf. pour les Kayunsdu Contre,Nieuwenhuis. op. cit., I, p. 338 et 91
pour les Olo NKadju,Qrabowsky,Tittah, p. 188 llardelaud, W&rterb.,
p. 483, Ml, 60S le mot ruliu désigne spécialement J'impureU*funèbro. il
s'applique aussi bienaux maisons,rivières, personnes contaminées qu'un
cadavre lui-mi^nto pali (=2 interdit, causant du malheur) est un terme
yénérai qui correspondexactetucuta tabou.
». UKIlt'2. – LA UKPWWRNTVUON
UObLBCTIVBDE LA MOHT 63

Qtmut aux parents du mort, ils ressentent dans tours per-


soiines le coup qui a frappé l'uu des louis un ban peso sur
eux (lui les sépare du reste de la communauté. Ils ne doivent
pas quitter lour village ni faire aucune visite; ceux qui sont
le plus directement atteints passent quelquefois dus mois
entiers séquestrés duns un coin do leur maison, assis, immo-
biles, et uo faisant rien; ils lie doivent pus non plus être visités
par dos gens du dehors, ou (si cela est permis) il leur est
interdit de répondre quand ou tes interroge'. Non seulement
les hommes, mais les esprits protecteurs aussi les délaissent
tant que dure leur impureté, ils n'ont à espérer aucune aide
des puissances d'eu haut'. L'exclusion dont les parents.du
mort sont frappés réagit sur tout leur genre de vie. Par suite
de lu contagion funèbre, ils sont clntugë» et mis à part du
reste des hommes ils ne peuvent donc. plus continuer à vivre
comme les autres. Ils ue devront pas participer uu régime
iilitnentaire, à la façon de se vêtir, de s'orner et de porter ht
chevelure, qui conviennent aux individus socialement nor-
maux et (lui sont la marque de cette communion à laquelle
ipour un temps) ils n'appartiennent plus'; de là les nom-
breux tabous et les prescriptions spéciales auxquels les gens
en deuil doivent se couformer K
Si lu souillure funèbre s'étend sur tous les parents du mort
et sur tous les habitants de la maison mortuaire, elle ne les
atteint pas tous également aussila durée du deuil vario-t-elle

1. Voirles textescités a la note prdcôdonloot (sur les Ot Dunoin)Scliwu-


nur, Ihrneo, II, p. 70; (sur les Indigènes do Luang-Serinatu)liiedul,Sluik
«mkroes/iarigerasstn, p. 328.9.Cf. les fuiU tout unaloguugruuporU'rfpar
J'ruuip[Koelei,p. 71) au sujet des lialiuu du haut Malmkuin les victimes
d'uii incundiosunt pimjuik'8oiisuiiible horsdu kaiiipoiig unluis eonsidiro
cuutiiivpoï8ôdt!espar do mauvais esprits tant 'lue ceuxci n'ont, pua iJtiS
citasses,il est interdit sous poillu du mort aux uiitllicui-auxd'untrer on
i-uldUonuvei"d'autre» tioiumus; ils nv pvuvtml mémo pus recevoirde
visitesni accepter du secours.
2. Hardeland, Wûrlerb., |>.608 Perclaor, op. cit., p. !!âï.
3. llurdeland, ibitl., p. 3fi;Nicuwuiihuis,op. cit., p. 441 Tromp,Sihonu.,
p. H Ling ttolli. I, p. itiS ul p. 2S8ut II, p. 141 L/intoniictionest
Kûuémlu,mais les proscriptiui» posilives varient beaucoup; c'osl ainsi
qu'à boméo nous trouvons trois règles diflércntcBpour les v.Hoinontsdo
deuil retour à ranlii|ue vetemout d'ùcorco (Uulmu),vClonienlsunis et
Imtuetoux(DayaksMurilimos],vctoinanlsde couleur unie, dubord blancs,
puis noirs (OloNgadju).
4. Il n'est pas question du donner k-i un oiposé complot,encore moins
une tliKoriu,du douil chez lus lndunésiem nous nu nous occupons pas
dus motifs sucondairusqui inlervionavttt dans la délomiinutiun positiva
des diverses pratiques.
6~ANNa!R 60(:lOr.OGIQU8~' t90U.tQOII

nécessairement sui vautla degré de parenté. Les parents éloi-


gnés, chez les Olo Ngndju, ne restent impurs que pendant
les quelques jours' qui suivent immédiatementla mort; puis,
a la suite d'une cérémonie au cours de laquelle plusieurs
poules sont sacrifiées, ils peuvent reprendre leur vie ordi-
naire1. Mais quand il s'agit des parents les plus proches du
mort3, le caractère singulier qui les affectene se dissipe pas
si vite, ni si aisément avant qu'ils puissent être complète-
ment délivrés du ban qui pèse sur eux, il faut qu'une longue
période se soit écoulée, qui coïncide précisément avec la durée
de la sépulture provisoire. Pendant tout ce temps, ils doi-
vent observer les tabous que leur état leur impose; s'il s'agit
d'un veuf ou d'une veuve, ils n'ont pas le droit de se rema-
rier, car le lien qui attache l'époux survivant au défunt no
sera rompu que par la cérémonie finale'.Les proches parents
en ellet, parce qu'ils ne font pour ainsi dire qu'un avec le
mort, participent à son état, sont englobés dans les senti-
ments qu'il inspire ù la communauté et frappés comme lui
d'interdit pendant tout l'intervalle compris entre la mort et
les secondes obsèques.
Les faits ne présentent pas toujours la simplicité typique
que nous leur trouvons, par exemple, chez les Olo Ngadju.
Ledélai souvent très long qu'exige ln préparation do la fête
funéraire aurait pour effet de prolonger presnu'indéfinimcnt
les privations et les gènes du deuil, si l'adoption d'un terme
fixe et relativement rapproché ne venait remédier à cette
situation 11est bien probable quoique le fait ne semble pas

I. Au moins(rois, maisen gOnûrul si'pt et. Itardeland.WQHerli.,


p. 48£>.
i. Grubowsky, Tiuah, p. 185: ou, s'ilsrestenten deuilau iloliide co
terme,c'estpour satisfaireuneinclinationpersonnelle., non par devoir.
3. In sut-vivant<)«deux époux,les parentspourleursenfants al réVi-
les
proqui'inent, les frwsel
et sœurs: Harilelanil,
su;urs lIurdclulld,ibici.,
Mil.,p. 008;ccf.
p, 008: f. pour los
losOlo
Olo
Maanjan,Tromp,/oc. eit. – II semblequ'assezsouventune souloper-
sonneassumela chargeet Icigènes do deuil; par sa strictoobsorvame e
elledispenselesautms.
1. llardeland,Wôrterb.,p. 608et 36: cf. pourles Dayaksde Surawak,
i.inKHuth,), p, 130el 150:lit veuveest centia apparteniril son nmii
jusqu'auliawtiAnlu (f<H« curresponduul au Thvalides OloNgailju);si
ellene restopas chaslependantcette période,ces(un véritableadultt'-i-o.
quiest punicominusi le mortétaitencorevivant.– Commelo remaniuu
Urubowsky, Titrait,p. 183,cetteconsidération doitintervenirdansla hâte
l'on
que apporteparfois à la wtvbration de la letedu mort.
5. La sévériténiAmodes tabousdu douilempêcheon cortainscas les
survivantsde prépareractivementla fùtequi doit les délivrer,de sorte
II. IIK11TZ.– I..V RKl'BK*BST\TIOÎICO1.LBCTIVE
DE LA UllIlT 05

susceptible d'une démonstration historique pour les sociétés


(|Ui nous occupent – qu'une semblable réduction du deuil est
survenue assez fréquemment. D'ailleurs, comme l'a montré
Willieu le nouveau terme, destiné à marquer, en place des
obsèques définitives, la fin du deuil, u'a pas du être choisi
arbitrairement. Hn effet l'état du mort au cours de lit période
intermédiaire, n'est pas immuable, il subit des changements
qui atténuent peu à peu le caractère dangereux du cadavre
et de l'âme et obligent les vivants, lors decertaines dates, à des
cérémonies spéciales. Ces dates, qui ne constituaient d'abord
pour les gens eu deuil que des étapes vers la libération, sont
devenues ultérieurement le terme marquant lu fin de leur
impureté. C'est ainsi que le deuil obligatoire expire citez les
Oio Maanjan, non pas comme citez les Olo Ngadju lors de la
fête terminale, mais dès la cérémonie du quarante-neuvième
jour
D'autre patrt denombreux documents (oui coïncider la levée
des tabous du deuil avec l'acquisition par les parents du mort
d'une tète humaine, et la cérémonie qui a lieu à l'occasion
do cet heureux événement'; mais cet usage aussi semble être
le produit d'une évolution dont il est possible de définir les
principaux moments. Chezles Olo Xgadju, l'immolation d'une
victime humaine (dont la tête est coupée) est, nous le ver-
rons, l'un des actes esseutiels de la fête funéraire1; le sacrifice
est bien ici une condition indispensable de la terminaison du
deuil, mais il (ait partie d'un ensemble complexe et est lié
aux obsèques définitives. Chezles Dayaks Maritimesde Sara-
wak, ce rite se détache et devient indépendant; sans doute

•|IU'leur conditionseuil sunsissues'il n'y avaitpas tlVeoimnodement.


LesindigènesUVl.uanffSennalu(cf.HioiM,sluilten Aroesltarigc rasxen,
|i. 3S&!t)«dusi-n fournissentun oxemplt.'curieux environdeux mois
upre*la mut t.lespitivnlsdu mort,ftprésun suciifiro,fontveniruu pitMn»
poursavoirsi le défuntles autoriseà i|Uillorle villagooù ilssontséc|uos-
iri'-s)afinil'umassi'rles diuses nécessaires à lufêle funéraire:si l'aulori-
>alionest refusei1.on répètela mi'nn'(onlalivi;cjuutreousixnmisaj>r.
>]Uand le mort a tlunni-son eonsi'iiteniciit, lei]«uilesl lenuinùet l'on se
|irO|)aic en vue <lu la rOrûiiionielinule >|tiiaura lluu au bout d'un ou
ileuxans.
4. Vbcv(/«*llauropfer,in IfrraeColoniale,III, ]>.2â4n\ Wilknin
liicnmisen lumièrele fait que pourles Iiiiliiiiésiens, «a i'uriftinc» la tin
dudeuili-nïacidoavecles obsèi|ueidelinilives et la fèl«quis'y rattache.
5. 'J'roinp,SihoïKj..p. 47.
3. Cf.par exemplepour les Zumljal.'S îles l'Iiilippines,Illunientritt,op.
h-s
t-il.,|>.1U0;pour Toumbululi,Itiedel,Aile Ofbrâiiclie, p. 107.
i. UralHtvvsky, Tiira/i,|i. 191 RotII. t. II, p. 112et p. 101vnnote.
K. UniKliEiu. Année suciul., i90J-l'J06. !i
00 L'ANXiiE SOCIOt.O(UyCB. 19«5-l«(Hi

Vutit ou tabou qui constitue te deuit ne prendra fin complè-


tement qu'avec ta fête du mort; « pourtant, si dans l'inter-
valle une tète humaine u été acquise et fêlée dans le village,
les interdictions sont partiellement levées, et il est de nouveau
permis de porter des ornements1. «Que ce processus se pour-
suive, que la pratique des doubles obsèques vienne à tHre
abandonnée-, une heureuse « chasse aux têtes », un événe-
ment eu partie fortuit» en tous cas extérieur a l'élut du mort,
sullira ù assurer la libération des survivants.
Ainsi le long deuil dus parents les plus proches semble lié,
chez les Indonésiens, aux représentations relatives au corps
et à rùme du défunt pendaut lu période intermédiaire; il dure
normalement jusqu'aux secondes obsèques. Les usures diver-
gents où cette relation n'upparait pas sont dus selon nous à
uu adoucissement ultérieur de la coutume originale.

La noliou que les derniers rites funéraires ne peuvent pas


être célébrés de suite après la mort, mais seulement à l'expi-
ration d'une période plus ou moins longue, n'est point parti-
culier*!aux ludouésieus ni à telle ou telle raco déterminée''1;
nous en avons pour preuve la grande généralité de l'usage de
la sépulture provisoire.
Sans doute les formes spéciales que revêt cet usage sont
extrêmement variées et il est fort probable que des causes
ethniques et géographiques contribuent il faire prédominer
dans uueaire donnée tle civilisation tel ou tel mode de dispo-
sition provisoire du corps», mais c'est là un problème distinct
que nous ne voulons pas aborder ici. Au point de vue où nous
sommes placés, il y a liomologiorigoureuse entre l'exposition
du cadavre sur les branches d'un arbre, telle que lu prati-
quent les tribus du centre de l'Australie ou à l'intérieur de

I. Utifi Rulli.1. |>.lïia, i>.210.Cefuitest à liipproi-.liei- «leJ'iruIiVation


ImiiI;i fait piiiMllrlu i|tii-ti<iii<
a vilis nipportt-uplushaut (j>.59}uu sujut
Ui-la riiiiilitiiin
il. r.'imi' «l'autre* autours(i<W.|disentsimplementqueta
fajitutv«l'uneti'-t<- u poureUïlili>leverle tabou.
î. CelaarriveIrâpieinrnoiil. •••tniiin>nuusle verrons.
3. Connut'le«iijmoIa tint oîrlaiii*«illiiiygrapliûs ain-l lirinUmcun-
siilt-rola |irutii]Ui.-
îlesso«'oinli'> e tles
nlis>|Ui'S cioyani.'i'S tjui y prévient
«onlinelu |irupriistis exclusive«le!a ruceauiêricuinuHijlhao/' tlw Xew
World18fiSi,p. âoi,iU0.
i. Cf.l'mni, tie'jrabntmrU-H ilcr Aiatrikantt,p. 307.
5. Spencer«l Gille»,Sotlhern Tribe-i.p. 506,51T Rotli,Ethnologlcal
studies,p. 164.
Il. HERTZ. – LA IIKI'IUÎSKNTATIOX
COLLKCTIV8IIK LA MOHT 07

la maison des vivants, comme cela se rencontre chez certains


Papous* et chez quelques peuples Rantous », ou sur une plate-
forum élevée ti dessein, ainsi que le tout en généra) les Poly-
nésiens et de nombreuses tribus indiennes do l'Amérique du
Nord1, ou euftu l'enterrement provisoire, observé en parti-
culier par la plupart des Indiens de l'Amérique du Sud'. 6.
Tou tes ces formes diverses de la sépulture provisoire, qui dans
une classification technologique devraient sans doute figurer
sous des rubriques spéciales, sont pour nous équivalentes.
Mlles ont toutes
le même objet qui est d'offrir au mort une
résidence temporaire en attendant que la dissolution naturelle
du corps soit achevée et qu'il ne resto plus que les ossements.
Mais certains usages funéraires semblent irréductibles à
ce type général l'embaumement a précisément pour objet
d'empêcher la corruption des chairs et la transformation du
corps en squelette la crémation d'autre part prévient l'alté-
ration spontanée du cadavre par une destruction rapide, plus
ou moins entière. Selon nous, ces modes d'ensevelissement
artificiels ne diffèrent pus essentiellement des formes de
sépulture provisoire que nous avons éiiumérées la démons-
tration complètcde cette thèse nous entraînerait horsde notre
sujet; qu'il su (lise d'indiquer ici brièvement les raisons qui
il nos yeux la justifient.

I. Kiwkw. Sm-tlniiiett. p. 177-0 Mucluy, in Snliturkiiml. c. Saltrl.


Mit, XXXV!,|>. 301-2: pour l.-s Mi'-laiirsli-iin. cf. (UnMnuUu. The Mêla,
utsiniu, p. ïtfî, iOS. 28S; jxiur lt'=-Xik';H. fjodrien. in Juiirn. Aiithr. liisl,,
XXVI, |i. 191 si| – l.i's Tuliilii-nsmil nnniû l<-<ou\"«iiinl'uiM! i:|iiii|tn.<«ras-
i'MT ait lui survivants i;onsm\ui'iil ilari leur tmii.-um les rinluvri'8 (k>?
m.iris i'Vsl plus tunl suuli-iiK'iit, par suite du |ini(.'irs ilos mœurs. i|Ul*
-'est •'taliliu In cDUluiiH' (IVIi'vit pour K'» morts iIih iihiUohs sûpurviis;
ri'. Kllis, l'olyitrsiiiii Ilesmi-clf*, 1. p. 401. Il n'y a p«s de rui.-iunselon nous
|iuur su>p<'i't('i'I authenticité duci'ltf truditiun, >'t l'évolution c|uV1Ii.'clOcrlt
i-t iiiiiIkiIiIi'iiiciiI typi>|uv.
'J. Or. |nnir li:-> liakunilu. Soiili-I,in lilnbux. I.X1X. p. 277: putir les Apiu-
)ii«, ilu )ili!iillu. Voyage* iliiux /l/'ciV/iic c'/iialoriale, p. i>\i: puur li'S
\V,i|Kiiv. lluitiiittlin, Vxitmlinra, p. î'-ii.
;>. Cf. p MirTahiti. Kllis, lue. cil., Conk in llawkcsworili. Accauiil nflhe
figii'in. Il, p. 235i |mur l«*tics Guinliiei', Mu>n*nliottl, Voyant aux Mm
ilu ijninil Ornm, |. p. Kll-S; Cuïont, l'oyaye aiu iles tiauilirr, \i. 7S.
4. V.t. Vhitow, Mvelunnj custom.i uf //» S. Am.liitlians, in Bureau of
Klhn.. Ami. Hep., I, p. ISS. IGS si|. Si-huiili-rall, IV. p. 6» Kvuling,
l.owt's K.rve<litiaii, l. p. 3|i t:»llin. ietlen ami Solei. I. p. S7 si|. A«lair,
Hilton/ of lite Am. Intl., p. \AK
ii. t;f. Sinions. l'roc. /(«/ 6«i/. Soc. (I88;ii, p. "flî i lumli'lk'r. ftio-llaelta,
p. 216 si| el les textes cites par Proust, lieyrûbnimrlea lier Amerikaner,
p. liJti sq..
0» t'ASSKB
SOClOtOUigi'B.
«U5-1900
Notons que ta momification
d'abord u'est en certains cas
de l'exposition ou de l'inhumation tout-
qu'un simple résultat
poraires, du aux propriétés dessiccatrices de I» terre ou de
l'air euvironuauts1. De plus, môme lorsque les survivants
n'ont poiut liuleuUoude préserver artificiellement le cadavre,
ils tie l'ubundouiieat pus toujours coinplëleineul au cours de
la décomposition. Comme la transformation qui s'accomplit
eu lui est pénible et dangereuse à la fois pour le mort et pour
ceux qui l'entourent, ou prend souvent des mesures pour
abréger la putrélactiou, pour eu diminuer l'intensité ou pour
eu neutraliser les effets sinistres on entretient auprès des
restes du mort un feu destiné à lit fois à écarter les inllueuces

malignes, à réchaulTer l'unie errante et à exercer une action


bienfaisante sur le corps2, on entoure celui-ci de fumées odo-
riférantes, on l'enduit d'onguents aromatiques3. De ces pra-
¡
tiques à l'usage de faire Ijoucauuer le cadavre sur une claie*
ou à un embaumement rudimentairc* la transition est pres-

qu'insensible- l'ourque l'on passe delà dessiccation spontanée

1. Cf. Swan, The X.-H". t.'vatt, p. 70-1 Yattuw. op. cil., p. l«0; Preuss,
op. cit., p. ISO. Cliut les Kgyptwns, lu niumilitution ti'iiilih* avuir élii
d'abord s|i<ii)li(iit-«* lus promit' arlilicivls ont été introduits ulliirieuro-
ment: Musimro, Histoire (incirime des peuples de l'Orient ctami/ue, t. 1,
p. 112. p. lHi.
2. De même i|ii'u Timor lu mùrc pen<laut lis i|uutre mois qui suivent
t'ttci'uueliemenl doit rosier imm<il>il<'auprès d'un feu continu; la chaleur
et lu fumée «uni censées remettre son cor|i* en Otat cf. Sal..Millier, up,
cit., p. 27j.
3. Lm Kurimi exlraicnt i|tiohiuvfois les intestins du i:oi|).s afin quu la
«iiissiocation su fusse plus vile lluwitt. Salive Ifiies o/ S. K. Austral., p.iij!>
c'est lit un» (les i>|>ératiouj |iréliiiilnuireb du rcuiliauniuineiit. Dans e«r-
liiiii'is Iles iiiOluiiésieniios, ou iiccélèie la dissipation des chairs vu répan-
dant il prul'usiun de l'euu sur \c l'iidurrc cf. ))ank>, in Journ. Aiitltr.
Inst,, XXI. p. 3Si: Codrin|toii, oji. cit., p. m.
i. (X Jlowilt (sur le» L'n^lii du Qut'uii.sluml), up. cil., p. 1(17; sur les
l'ajunis, îiiil. Mulli'f, oj>. vil., i>. ï" tiuud.s\vaanl. l>e l'apwira'x caixl. Hee.t-
uinhhai, p. 71 s< l'insi'h, Se-u-tiuiiiea, p. HO,vie. sur l'-s Nifiritieiis,
Bosinall. Voijage de Uniiiée, p. îî'J b>| Koth, lieniit, le. 42: sur les Fjurt,
Dennett, Suies on the Folk-lure uf the t'joct. \t. ïî si[.: sur les Malgaches,
liuiliain, Itocumentssur l'histoire. tfc Madagascar, \>. ISti Uranclidier, in
liecue d'Elhnoyraphie, Y, p. ili, îîî pouf les faits uinérieains, cf. l'rouss,
op. cil., p. 1S7 si|
ii. Coin mit relui (|u'un prati(|u:iil à Tahiti; cf. lluwkeswoudi, op. cit.,
p. S3u, Kllis, ibiil.. p. SOU,401; Cuisent, lov. cil.; Tu ruer. Samoa, p. 145,
ïtS; – cf. sur les Wuxiimlu, Uvetë. Three t/eam In tarage Africu,\>. IIB: sur
les Aiitiinkitrana, (ir»ndidier, ibiil., p. âti sur les Ainos île Sukhalin.
l'reuss, op. cil., p. 19U la veuve d'un chof devait pendant un an, ju*|u'<i
l'enterrement, protéger suit cadavre de la putréluction, cela sous pciuo
d'être misc û mort.
II. MEUT*. – U Wîl>Bl!SKNTATH)<(
criURCTIVg I)K LA MORT 09

qui ne laisse subsister que le» os à celte formo spéciale de


dessiccation qui transtonnelo cadavre eu momie, il suffit que le
désirse soit développé chez les survivants de faire entrer dans
la sépulture définitive un corps aussi peu altère que possible1.
C'est ainsi que le rituel funéraire égyptien concorde dans ses
traits essentiels avec les croyances et les pratiques indoné-
siennes pendant soixante-dix jours, l'embaumeur lutte
contre la corruption qui voudrait s'emparer du cadavre; c'est
seulement au terme de cette période que le corps, devenu
impérissable, sera conduit au tombeau, que l'âme partira pour
les champs d'Ialou et que le deuil des survivants prendra fin Il.
Il parait doue légitime de considérer la momification comme
un cas particulier et dérivé de la sépulture provisoire.
Quant ii la crémation1, elle n'est pas en général un acte
définitif et se suffisant ù lui-même elle appelle un rite ulté-
rieur et complémentaire. Dans le rituel de l'Inde antique, par
exemple, les restes du corps (lui subsistent après la combus-
tion doivent être, ainsi que les cendres, soigneusement
recueillis et déposés au bout d'un temps variable dans un
monument funéraire » la crémation et l'inhumation des osse-

t. Monne prouve, croyons-nous,t|iio co désir soit « naturel et origi-


nal. D'ailleursla plupart îles documents cités nous présententlu inoniill-
..ttiun connue un rite exceptionnel,réservé par exemptaaux chefs ou unx
•îilïtnts particulièrementaimé. – l/homologicentrelu préservation artili-
riellc du cadavre et la simple exposition temporaire paraîtra moins ilifll-
•>[' ti admettre si l'on lient compte du fuit <juisera mis en lumière plus
Irus les ossements sucs,résidu de la décomposition,constituent pour lo
mort un corps incorruptible,absolument commela momie.
2. Maspero,op. cil., ibitl., et p. 178 s<|.ol Etudesde mythologieet tl'ar-
rhéologieé'jypt-, I, p. Î9Hsqq., p. S58 sq. cf. Livredes Morts, cli. ci.iv
Hérodote,u, 86; Cenèse,i, 3.
3. Nousne voulons parler Ici i|nu de la crémation pratiquéesur le corps
avant (ou pendant) qu'il se décompose; nous mettons ù partla crémation
•li') os qui a lieu quelquefoislors des obsèques définitives: cf. plus ira»,
p. 89.
l. (:f. Oldonberg,Helipon du Véila,tr. fr., p. 104sq.; Calaml, Allind.
Ttilpngebrttitche,p. 99 sq.. Ce dernier auteur indique lui-même(op. cil,,
p. IKO)le rapprochemententre l'érection du monumentfunéraire et les
obsèques finales des Dayaks.Le rite d'ailleurs, sous celte forme complète,
•«l réservé aux pères de fum'illi;ayant allumé tes (voisfeux des grands
.-lu-iilicvs[ibùl., p. HZ); pour les autres, on se borne a déposer les restes
dans la terre ou dans une riviéru (p. 107) mais entre les deux cérémonies
il n'y a qu'une dilférencodo degré, et de solennité. Les différents loxles
fournirent des indicationsvariées <Hlluttantes sur la longueur du délai
qui doits'écouter entre la crémationot la cérémonie finale(p. 99, ilO, liO):
l'u^agole plus répandu aujourd'hui est dorecueillir les restes le troisième,
jour; mais la tradition la plus ancienne semble faire coïncider ce rite
uvet' la lin do la périoiled'impureté do dix jours. Cher,tes anciens AzUt-
70 L'ASSÉEStKilÛLOUHK'E.
190!>-IW)B

méats enlcinés correspondent respectivement aux premières


et aux secondes obsèques des ludouèsieus1. Sans doute lu
uuture môme du rite observé faitque l'intervalle entre les
cérémonies initiale et finale est indéterminé et peut se réduire
au point qu'elles forment
parfois un tout continu'; mais! cela

n'empêche point lu crémation d'être une opération prélimi-


naire et d'occuper, dans le système des rites funéraires, ia
même place que l'exposition temporaire3. A cette homologie
externe répond d'ailleurs une similitude plus profonde l'ob-

jet immédiat de la sépulture provisoire est, nous le verrous,


de laisser la dessiccation des os le temps de s'achever; cette
transformation n'est point aux yeux des « primitifs » une

simple dissolution elle change le caractère du


physique,
cadavre, en fait un corps nouveau, et est par suite une condi-
tion nécessaire du salut de l'âme. Or tel est précisément le.
sens de la crémation bien loin d'anéantir le corps du défuttt,

rçues, li"t ossements étaient enfermés dans une sorte du statue portant 1»
musqué du mui't <vl!i--eiétait gardée et honorée, pendant unit période, do
quatre ans; pais avait lieu une seconde crémation ù lit suite de laquelle les
restes étaient enterras ce rite ilmil était censé coïncider avec l'accès de
l'Ami! il sa «k'iiK'uivdélinilivi; cl. Sutiaxun, Histoire générale des choses de
la Souvelle-Ksfiaijue, li: /!• p. 221sq., Kd. Scier. (JesammleAblmiullunijen,
II, p. 678 su-, |i. 7*0 Z.Nuttull, Coite* Sutlnlt \feabodij Muséum, )8l)2), p. 85
stj., p. 81 si| Clit'z loi TolkntiiH de l'Or^uon, les ossemenlj cnli.'inés sont
remis à la veuve <|ui dult les purlur avec elle pendant toute la durée de
son duuil («nviron trois unsj la délivrance de la veuve a lieu en même
temps une l'on dépose les os dans un monument funéraire. Ross Cox, in
Yuitow, oji. cit., p. 1U n\. do ineine chez les Takliull liale, (.' N.K.rplo>:
Exjieit. (UiOi, Il. '203; vS, sur les Huucouyennes, Crevuux, Voyages dans
l' Amériquedu Sud, p. 120-1.
t. Celte homologie al plus manifeste encore die* les Tuilus: car ceux-
ci désignent expressément sous le nom de « premières obsèques » la crû-
million du cailuvre pour lu distinguer dus « secondes ol;sèi|uei », célébrées
au bout d'un délai plu* ou moins long, i{Uiconsistent dans une nouvelle
crémation des reliques i.-tdans l'enterrement linal des cendres. Murant l'in-
tervalle qui sépare les doit* cérémonies, les reliques cnveloppéos d'un man-
(eau sont traitées cotnin.' le serait le cadavre lui-même |ull»s portent lo
rafaie nomj, l'Ain» ne peut encure se rendre au pays des morts et est
tenue pour malveillante, les proches parents sont iinpuri et tahoués. La
période intermédiaire dure au moins un mois. i|ueli|uefuis plus d'un an.
Comme on le voit, ces croyances et cei pratiques concordent rigoureuse-
ment avoc le type normal.' Cf. Hivers, The Tudas, p. 337, p. 301 s<ji|
p. 378 s.| p. 403, p. 0)1, p. 701.
2. Comme c'est le cas par exemple chez les Tlinkil, cf. Krause, Tlinkit
liu/ianer, p. îîî sq., îi".
3. Dans les tribus australiennes de la région de Marlborough nou»
voyons la crémation pratiquée à coté do t'enterrement provisoire ot do
l'exposition sur une estrade cite est mise sur le inèiiiu plan que ces autres
modes cf. Hovvilt, dji. cit., |>. 470.
fl. HBB17. LA HKPUKSUNTATION
OOI.I.ECT1VK
PB I.A MORT 7J

elle le recrée et le rend capable d'entrer dans une vie nou-


velle'; elle aboutit donc au même résultat que l'exposition
temporaire*, mais seulement par une voie beaucoup plus
rapide1. L'actiou violeuledu
feu épargne au mort el aux sur-
vivants les peines et les dangers la transforma-
qu'implique
tion du cadavre, ou du moins elle ou abrège considérablement
la durée en accomplissant tout d'un coup cette destruction des
chairs1 et cette réduction du corps a des éléments immuables
qui naturellement se font d'une manière lente et progressive'.

1. Cello préoccupation uppuraft explicitement dans les formules pronon-


cée.»au «mura de la crémation hindoue: « no lu consume point Ou morl),
dit-on à A«ni. ne lui luis pus de mal ne mets pas on pièces ses membres
quand tu l'auras cuit it point, puisses-tu l'envoyer auprès de uns pères, u
Aussi oïlYe.-t-onun substitut aux forces destructrices du fou i:ïst Je boue
qu'on ultiiclio un bûcher et qu'on laisse sVehapper: cf. Calund. p. 5'J, 08.
«7, 175 srj.. Sans doute il y a dans ce rltnol bien des éléments adventice»,
en particulier lu notion d'Agni psychopompe mais il nous paraît arbi-
traire de restreindre, (connue le fuit Oldenbet'K Iu/j. cil.,
p. 499), « le rôle
primitif du feu u au fait do débarrasser les vivants du l'objet impur et dan-
koi.hu qu'est lu cadavre aussi loin que nous puissions remontai1 ;dans U'
pit.sM:,l'action purilianle du lu crémation, comme du rituel funéraire en
«i-iivral, s'exerce tout ensemble au pi-olit des survivants et du mort. – Cf.
sur les tribus californiennes, Power*, in Coutrib. lo S. A m. Ellmol., III
IlSTOj, p. 194. 207 i'dtuu nu peut l'iru «auvéeet ilêllvrte que par l'action
du feu.
Lu nt-niation peut mC-mt»rejoindre lu momillcution qui semhlo lui
être .lirecteinent opposée ainsi « les Quiches réunissaient les cendres et
en pétriraient avec de lu Rniiimu une statue u Iui|up1I« ils nicttuient un
iiiasiiuo représentant les traits du mort; lu statue était déposée dans lu
totulji-uu. » Urasseur de Uourbourg, l'opol-Vuk, p. l!)i-3.
3. Cf. Molule, l'syehe (2» éd.). I, p. 30-2.
4. flans le rituel hindou, le feu qui a servi à la crémation (et qui doit
être définitivement éteint) est désigne sous le nom de KravyiM, « mangeur
d>;chair » Calaml, ibùl., p. 1)3.
S. U y a d'ailleurs des formas intermédiaires entre la simptu exposition
et la i-réniation complète l'exposition nu dure que peu île jours. dés que
cela est possible, on dépouille les os de leurs chairs qui sont brûlées Il y
a ici une véritable crémation partielle, ayant pour objet d'achever plus rapi-
dement la dessiccation-de-s ossements et l'élimination dos parties impures
cf. sur les Sunlee de la Carolino du Sud. Lawson in Mooney, .Siatwn (rites
of llie JE., p. ?.l; sur les llawaî, Kllis, op. cil.. p. 13; sq., 3i>9 l'reuss, op.
cil.. p. H(W-tn.Ortains auteurs siKiialonl le fait quo la crémation n'a lieu
parfois qu'uu bout d'un long délai, lorsque la décomposition est déjà fort
avancée: cf. sur tes Tlinkit, Kruuse, op. cit., p. îïi, Î34, et Enuan, in
Zrittehr. f. Ktlm., tl, p. 380 sq.; et sur certains (îulilils, Met. Voyage <le la
Fi'aiiceéqiiino.uute (1CÙI),p. 393 notons que dans les deux cas cités lucre-
mal ion fait suite à une exposition du cudavre dans lu maison même. – .Nous
ne prétendons pas qui; In crémation a partout nuccédé ri l'inhumation ou
u l'exposition provisoires: ce sentit compliquer Inutilement notre thèse
d'une hypothèse historique, impossible ù vérilier; hou» Vherchuns seule.
ment à établir qu'il y a équivalence entre ces divers modes et qu'ils répon-
12 l.'ANXKE l'JO3-l«JO0
SOCIOLOOIUL'K.

Ainsi,entrela crémationet les diversmodes de la sépulture


provisoire,il y a unedifléreueede temps et de moyens,mais
non de nature.
Danstous les rites que nous avonsétudiés jusqu'à présent,
les parties mollesdu cadavre, lorsqu'onne les préserve pas
par des procédésartificiels,sontdétruites purement et sim-
plement on uo les considèreque commedes éléments péris-
sableset impurs dout les os doiventêtre (légats; mais des
représentationsplus complexessefont jour dans ta pratique
connuesous le nom d'endocaunibalisme1, qui consiste dans
la consommationrituelledes chairspar les parents du mort.
Assurémentce rite n'a pas pour objetexclusif lit purification
desos.Cen'est pas, commel'anthropophagiebanale, un raffi-
nementde cruautéou la satisfactiond'un appétit physiquei
c'est un repassacré, auquel seulscertains groupes définisde
membres de lit tribu-' peuvent prendre part, et dout les
femmes, du moins chez les Binbinga, sont strictement
exclues.Par ce rite les vivants iotègreutàà leur propre sub-
stancela vitalité et lesqualités spécialesdu défunt qui rési-
daientdans sa chair si ou laissaitcelle-ci se dissoudre, la
communautéperdrait des forcesquidoiventlui revenir3.Mais
en mômetemps l'endocanuibalisnie évite au mort l'horreur
d'une lente et ignobledécompositionet fait parvenir ses os
presqu'immédiateraent à leur étatdéfinitif il assure d'autre
part aux chairs la sépulturela plus honorableEu tous casla
dentil la miMne L'idéequulucrémation
fondamentale.
préoccupation nu
faitquereproduire,enl'accélérant,
lu processus
naturelde la décomposi-
tiona «leexpoa-ed'uneminlta.'un peudifférente
par II.Kluinpaul,
Die
ii/ena. dieToteii,
I.ebeiul p, t)3-&.
1. Cf. Steiniiiclz. llef Kmlokunmbalkmus.
8. La nature de ci?» proupes varie d'ailleurs dans les diflërenles tribus
cf. Spencer et Uillen, Sorthtm Triàes. p. 348et Ilowilt,
<>/>.cil., p. ltO-V.
3. Cette intention apparaît surtout nullement daus certains cas dinfuiili-
cide suit) d'une consommation îles cliuirc
par un frète ou uni; sasur (ilnés
HUel'on vent ainsi fortillericf. Howitt, p. 749-40, Spencer et liillen. iOitl.,
p. COS.lluwilt nous signule la croyance répandue dans la vertu mugii|ue
de lu graisse du riioiiiinc en ell« résident la force et ta santé du
l'individu;
dans certaines Iribus, chez les Dk-i-i
par exemple-, seule la grui&se est man-
gée cf. Howitt, p. 3G7, 411, 418. – Nous ne prétendons pas d'ailleurs (|uc
cette interprétation soit exhaustive ainsi cher les marnes Dieri, fa con-
soininullon de la gruisse du mort a
pour objet do pacifler lus parents «t
de l..s di«har(îer <U>leur «Ugrin c'est toujours un changement favorable
opéré dans l'élat des survivants.
4.LesTurrbat cettecoutume
justifient enalléguantl^uralfuction
lomort « docettenianièn;,
ils savaient pour
oùil .Mail,<-lsachoirne uuc-
H. IIBUTZ. U. RBPHIÎSBNTATIaSCOUBCTIVEDE I.A UOBT 73

présence de cette pratique n'altère lo type


pas essentiellement
p-iu'i-al que nous cherchons a constituer ici car après la con-
sommation des chairs les ossements sont recueillis et gardés
par les parents du mort pendant une période plus ou moins
luuifuo au terme do laquelle les obsèques llnales seront célé-
brées pendant ce temps l'âme est censée rôder
près des os
i>t du feu sacré que l'on entretient a côté et le silence est stric-
itMiieut imposé aux proches parentes du mort'. Ainsi, quelles
.jue» puissent ôtre les causes directes, l'endocannibalisme
vii'nt prendre place parmi les pratiques diverses observées
vue de la déuudation des os dans la période
comprise
entre la mort et les derniers rites funéraires.
.Nous avons vu que la période d'attente coïncide dans u»
très grand nombre de cas avec la durée réelloou présumée
lit; lu décomposition c'est eu général sur des restes desséchés
rt il peu près immuables que l'on célèbre les derniers rites
funéraires. Il semble donc naturel do supposer
qu'un rapport
•\isle entre l'iustitutiou des obsèques et les repré-
provisoires
sentations que fait naître la dissolution du cadavre ou ne
puut songer à donner la sépulture définitive au mort tant que

ut pu* » HowlU, p. 7!>2. Cf. sur les Indiens de l'Ami!rli|nc du Sud,


l'ivu.«. op. cit., p. 218 un Mttsuruna converti se plaignait de ce quï-taiit
mU'itôiï lu modo chrétienne, il serait mange*par les vers uu Heude IVtn;
|.iir ses parents.
I. Nous suivons l'exposé des fuits relatifs aux Hiiibinga,
Spencer cl
iiilleii, op. cit., p. Si9-S54. Les ossements, enveloppés dans de Pecorcc,
'ni d'abord gardés qtti'U|uu temps sur une platc-fumie
jusqu'à ce qu'ils
nient complètement sues, puis on renouvelle leur enveluppe et
les dépose
"i sommet d'un pieu fourchu, parfois au milieu même du
camp; ils y
i – u-iit environ un an ou duvunlagc. Très instructive est la comparaison,
•u.'Kérè'c par lesautours eux-mêmes, entre celle série de rites et celle qu'on
i.ii.uutr«- dans la tribu voisine des (iiianji (ifod., p. iilS) chez ceux-ci
mlocamiilialisnm seudilu n'être qu'exceptionnellement le
pratiqué
i-ii lavroesl d'abord oxposé sur une plaie-forme dmis un arbre, jusqu'à eu
|ii<' lu plus grande partie des chairs ait disparu des us ceux-ci sont alors
• nveloppés dans do l'écoivo ol laissés sur la platu-fonnc jusqu'à <•<qu'ils
•"iviit assez sucs pour pouvoir iHre aisément disjoints; puis ou les met
iliiiis une autre cnveluppe et les laisse dans l'arbre jusqu'à ce qu'il soient
l'Iiineliis alors seulcinenlu lieu la cérémonie finale. On voit que les deux
•;rius se correspondent rignureusomeiit la première période d'exposition
ilvs (inunjt tiiïiit seulementla place de la consouimatinn des cliaira
parles
pmviits. Un passe ainsi facilement de l'état do choses observé chez les tri-
luis côtiercs a celui qui existe dans le eenlrodo l'Ausiralle, chez lis Kailisli
par exemple, où les obsèques finales ont lieu au bout de quelques mois
d'exposition sur un arbre, quand toute la chair a disparu ;tes os (i&i< p.
SuK). Cf. Ilowitt, p. 471»,753 et sur les Botocuclos, Kuth, in l'reuss. p.
21J> ^surlesCliirihuana, 0. do la \'ega., Ho'jul vommentaries of l'eru (168Mi,
p. *78.
îi l'aN.N'1!k tV05-tWI)
SOCIOLUIllQl'K.
celui-ci est encore plongé dans l'iuiecliou1. Cette interpréta-
tion n'est pas une hypothèse gratuite nous la trouvons
exposée tout au long comme un dogme essentiel dans le Zeud-
Avesta Pour les fidèlesdu Mazdéisme, un «idavre est la chose
impure par excellence* et d'innombrables prescriptions out
pour objet de préserver contre lu contagion funèbre les per-
souik's et les choses appartenant il lu bonne création. C'est un
attentat à la sainteté de la (erre, de l'eau et du feu que de tour
infliger le contact immonde d'un corps mort il faut relé-
guer celui-ci sur quelque hauteur éloignée et stérile, et, s'il
se peut, à l'intérieur d'une euceiulu de pierre1, « là où l'on
sait que viennent toujours des chiens carnivores et des oiseaux
carnivores,»'> Les vautours et les iauves sont mix yeux des
Parais les grands purilicateurs du cadavre car c'est dans les
chairs corruptibles queréside la .Va«M,J*lnfection démoniaque.
Au bout d'un an, lorsque les os seront complètement nus et
secs, la terre qui les porte sera pure6, ou pourra les toucher,
comme le déclare expressément Ormazd, sans encourir de
souillure7. Jl sera temps alors de les déposer dans un ossuaire,
leur sépulturedéfinitive*. Ainsi, daus le Zoroastrisine, l'expo-
sition temporaire a pour (onction d'isoler le cadavre tenu
pour dangereux, et eu même temps d'eu assurer la purilica*
tion. Maisles textes avestiques lie nous présentent peut-être
que le produit d'une réllexion théologique raHiuéeet tardive

1. C'est l'explication quesuggi'-rril proposdes MalgachesGrantlidior


(op.cil.,p. 214) « celtecuulumesembleavoirpour buttic ne pasoulerrur
définitivement lososaveclui matièresputrescible!) que produitla décom-
positionîleschairset qu'ilsconsidèrentcommeimpures.»
2. Zentl-Acesta t. Il, p. x s<(.,p. M sq.
{tract.Dai-inestetcr).
3. Veiiithlatl, III.8 s.j.,VII,25 s.].
i. Cesontles célébras« Tour»du silence» ou Dukliniuscf. Uarmes-
teter,ibiit.,p. lia si|.
5. Vemli'lml, VI.44 sq. Vlll. to. Il .<stessentiel'lue le cadavre« voie
le soleil• cf. ibûl.,lit, 8, n. 14,VII,4.'i.
6. remttdtul.VII.4«.
7. /4W.,Vlll.Ï3 si|. <ite <l<tclaraliun sec
estsuivie.le l'énoncedu prin-
cipe général « le necut> aunir-l«
pas nu sec ».
8. VeivtidaU. 4<J
\'t, et s.| cl li-snotes.L'usageîles seconde*obsèques
est liiml»;en désuétu.l.;ch.« les VanUcoiitciiiporuins. « les ciinelettes
<Ivs*k«Iiùi
«ontdeuxluisp»ran pivcipité.s dansle puits central» duDakli-
ma DaraicslDlitr, op.cil..p. Vm.Maisdans la coulutneancienne,encore
observéeuuix*siècle,InDaklima«laitune sortedo lazaret dontles restes
desmorts,une foispurifiés,devaient.'liv retires.U
lesrituelsiranienet hindouconfirmeraitrintorpnitation comparaisoncnlr«
donnéedela crémation. que nousavons
IV 1181117. LÀ RKPKâsGXTATIllM
COWKCTIVK»K I.A MORT 75

il faut rechercher quelle signification des sociétésplus jeunes


attachent à la réduction du corps en squelette.
Les documents indonésiens nous ont laisse «percevoir une
sorte (le symétrie ou do parallélisme outre la condition du
corps, condamné à attendre un certain temps avant de pou-
voir pénétrer dans la sépulture définitive, et colle de l'âme
qui ne sera admise régulièrement au pays des mort» que
quand les derniers rites funéraires auront été accomplis;
mais dans d'autres provinces ethnographiques ces deux
groupes de faits sont unis d'une manière plus directe. C'est
ainsi que certains Caraïbes de la Guyane française déposent
provisoirement le mort dans une fosse, assis sur un siège,
avec tous ses ornements ol ses armes ils lui apportent à boire
et à manger jusqu'à ce que les os soient complètement
dénudés car, disent-ils, les morts « ne vont point, là-haut
qu'ils ne soient sans chair »'. De môme, chezles Botocudos,
l'Ainereste dans le voisinage de lu tombe jusqu'à la fin de la
décomposition et pendant tout ce temps elle inquiète les
vivants qui viennent à l'approcher3. Ces tribus rattachent
donc explicitement à la dissolution du cadavre leur croyance
en un séjour temporaire de l'Amesur la terre, avec les obli-
gations et les craintes qui en dérivent.
Ce n'est pas arbitrairement que l'on ajourneainsi le départ
iinal de l'aine jusqu'au moment où le corps sera entièrement
désagrégé. Cette représentation est liée à une croyance géué-
rale bien connue pour faire passer un objet matériel ou un
iHre vivant de ce monde-ci dans l'autre, pour libérer ou
pour créer son âme, il faut le détruire. La destruction peut
être soudaine comme dans le sacrilice, ou lente comme dans
l'usure graduelle des choses consacrées, déposées eu lieu
saint ou sur la tombe; à mesuré que l'objet visible disparaît,
il va se reconstituer daus l'au-delà, plus ou moins trausfi-

1. ltic.l,op.cil., p. 392:au termede mltu périodeontlieules nliiuVnies


/milleslsus-
¡¡naills a lesquelles
nous nousreviendrons.
1\Ï<.ndrolis. Cf.I\olh,Elligoi.
– Cf.lioth,EtliKût. Stutt.,pp,. 1(;5,
Seuil., iGS,au
.sujet d e lutribuddHouliu d ans le « se
Qucensland le sauvage représente
vuuuciiieiit li-cadavre« devenantplusvieuxut s'enallanten queli|u'aulra
jilaiv»,quantiil cessed'apporterriela nourritureet dutabacau lillude
la si-pulluri' h.– Chezlesindigènes christianisésdesIlesl'uuinnlu,la veuve
et les part-ntsdu mortviennentveillerle mortsur sa tombetoutesles
nuit»et lui apportentsansdoutede la nourriturece riteest obligatoire
liewlaritdeux semailles, périodei)ui ci>nvs)»m>l, aïlirme-1-on,a ludissolu-
tionfincadavre;Stevenson, VutheSouth>>«•«, 185
p. s<{., 201.
2. Hulli,in Kocli,Animismus il. SWdwi. liui.,in lnl.Arch.Sllm.(1900)
il
p. m n'estpas fait mention,dansco texte,de secondes obsèques.
'15 i.rANNKE«OClOLOiilQVe.tOOj-l'JÙO

guré'. La mêmecroyancevautpourle corpset l'âmedu défunt.


Selon les Aïaos, la mort u'eat pas l'alîaire d'un moment»;
tant que la décompositionn'est pas terminée, la vie et l'âme
subsisleuten quelque mesure a l'intérieur ou dans le voisi.
nage de lu tombe;Il c'est graduellementque l'ilme se libère
de son tabernacleterrestre » et il faut avoir soin do la lais-
ser seule pendanttout ce temps Une représentationiden-
tiquese présentechezcertainestribus duNord-Ouestaméricain
avec plus de détails a mesureque progresse la dissolution
du cadavre, les âmesdes précédentsmorts viennentchaque
nuit (Merlu chair des os et l'emportentdans la maisondes
âmes,située au centrede la terre; lorsque cetteopérationest
terminée, le mort possède un nouveau corps semblableà
l'ancien,si ce n'est que les ossont demeuréssur la terre1.
Mais l'homme possède, outre ce double spirituel de son
corps,une autre ilme mobileet relativementindépendante
celle-ci,qui pendantl'existenceterrestre pouvait déjà s'ab-
senter a l'occasionet subsister par elle-inôme,peut aussitôt
aprèsla mort vivred'une vie séparée c'est mêmejustement
sondépart qui est causede la désagrégationdu corps.Cepen-
dantla solidaritéanciennepersiste si l'ame gagneimmédia-
tementle paysdes morts, elle n'est pas sans subir le contre-
coupde l'état où se trouve le cadavre. Dans plusieurs Iles
mélanésiennes,on croit que l'amereste faible tant que dure
la putréfaction;après son arrivéedans l'autre monde,ellese
tientd'abord immobilele pouvoir magiquequ'ellepossèdeest

1.Cf.Tylop,Cieilhation t.1,p.5fj8sq.. –Pourle dernierpoint,


primitive,
cf.Mariner,Account of thenativesof Tonga,11,p. 129<surlt?s Kijk'lis):
Ueotog.SuneyofCanada, VIII(1893)p.S5L(surlesEsquimaux duLabra-
lor) lesespritsîlesobjetsmatériels sontcensésêtrelibérésaussitôt (lue
se t?ilent.Dansune histoireirlandaise,
ecux-tri rapportée par .Muonoy
(mProc.Amerie. l'hilos.Saelelu
(1888), p. S95),un fils,a l'intention
do
sonpèremort,conimamtc destmliiuet lesportelui-même à mesurequ'ils
ilsventvélirsonpèredansl'autremonde.
s'usent,
S. Balclictor. T/ie Aïnu, p. Sfil. La menu) représentation existe à
propus
des objets matériels. L'auteur no mentionne point l'usage do la
sépulture
provisoire, mais sur les ATnos cto SakhaUn, cf. Preuss, p. lu, l«)0. – Flsun
a rencontré une croyance semblable en Australie, Journ. Anthi:
Insl X
p. Itu si|.
3. Swan,sur lusMakuli,in ïmitlison. Coitlrib.lo Knout,,XVI(1870),
p.81et cf.p. "8.83,86 Bell»,surles«allant*et Twanas, in Yariuw,
op.
cit.,p.171s.f..176cesdernièrestribusexposent le cadavremiruncanot
surélevéau bnutl'cnvironneufmoisa lieuIVnUirranienl iMUnitlfclic«
lesMakali, onprocède
actuellement, à l'inhumation iUsuiteaprèsla mort,
mais11reste,scmble-Wl.destracesasseznettesde l'ancien usage.
Il. IllilifZ. IA UEPBlisKNTATlOX
COLLECTIVK
DB LA U01IT 77

temporairement engourdi. Lorsque toute odeur a disparu,


l'Ameretrouve accrues sa force et sou activité, elle devient un
tindulo, un esprit protecteur, auquel les vivants rendront un
culte: « elle a cessé d'être uu homme'. » Peut-être faut-il
prendre à la lettre cette dernière formule, car les esprits des
morts, du moins uu grand nombre d'entre eux, sont souvent
en Mélanésiecensés habiter dans le corps de différents ani-
maux, eu particulier des requins et des oiseaux-frugales'. La
mort n'est pleinement consommée que lorsque la décomposi-
tion a pris fin alors seulement le défunt cesse d'appartenir à
ce monde pour entrer dans une autre existence.
Il n'est pas étonnant que de semblables idées se retrouvent
à Madagascar,puisque les peuples de cettelie sont apparentés
aux Indonésiens. Les Siiianaka s'imaginent que pendant que
la chair se détache des os, l'unie ressent de cruelles souf-
frances: [larvieul-elle ù les surmonter, elle continuera indé-
finiment à vivre comme uu esprit mais si elle succombe, elle
(toitpasser dans le corps d'un papillon Peut-être quelqu'élé-
nieul d'origine étrangère s'est-il grellé sur lit représentation
originale il n'en est pas moins remarquable que la période
intermédiaire soit conçue comme un temps d'épreuves, et que
les souffrancesde l'unie soient reliées la transformation (lui
s'accomplit dans le corps. la croyancela plus répandue
• liez les Malgaches, c'est que les liquides provenant de la
décomposition des chairs donnent naissanceù quelqu'animal 1
plus ou moins mythique qui n'est autre que l'incarnation nou-
velle de l'ilnie; aussi recueille-t-on avec soin ces liquides dans
des jarres de terre parfois on les arrose de sang de bœuf afin
de mieux assurer la renaissance du défunt tant que celui-
ci n'est pas « revenu » sous les espèces d'un petit ver, il est
interdit chez les Betsileo et de donner la sépulture aux
restes du corps et de vaquer aux travaux des champs C'est

1.Cmlrlnplon, op. cil., p. 280,cf. p. 257,£"n,ïMi;l'auteurraltaclii-une


ini'm.sivpivsontutioiis Jusi>niH.|U<s suiviesdansModeSua<t'tl'i^aiilîles
iiurts ilisiin^uOs). qui ont pourobjetil'uccëlvn<rdiVoinnuttllion ouilVm-
li'Si/iuiiiiiilicins
|i<'i:)ii-r cuiliivûrii|Ui!S lesAlliesricheson
<lecetteniaiiii'ru
".«musuruiitudivo»et disponiblesplus vite,souksc-ùidt-ruii-ii>s devk-n-
ni'iitili'sliinliilu»ibitl.,p. 2."i3l'onny,'J'enl'ointin Melun.,p. M. La
iiotiiind'un séjoui-k'iii|mrairede l'âmesur lu lorivse rem-unlruaussi;
l.'o'liiiiglnn,p. £07.281 l'eniiy,p. !>5.– Cf.Cambridge /<;«'< lo Torrts
SImil*.V,[i. 35Ï.
i. Ociilringtoii.p. 179-80; Penny, p. !>0.
'•'}.
Luicl,in Aiihwanuriru annttul. VII(I883j, p. 9S.
4.llicliaclsyn(sur loshehlleu), ititl.. l (l«Ta).p. 13s<(.Sliaw,ibkl.,IV
~& l'asmjk socroi.oiiigi'K. lWj-t'.iiw

toujours sous des (urines variées la mêmenotion qui repnrfitt


la dissolution de l'ancien corps conditionne et prépare la
forutuUou du corps nouveau que l'Ame habitera désormais.
Il faut se garder d'attribuer il ces représentations diverse»
une généralité et une valeur explicative qu'elles n'ont pas <Ie
serait tomber dans l'arbitraire que d'ériger telle ou tulle
croyance particulière eu vérité universelle, d'allinuer par
exemple que toujours le corps nouveau du mort sera consti-
tué par ses eliairs volatilisées Eufait, connue nous le ver-
rous, ce sont souvent les os qui sont censés servir de support
matériel à l'aine désincarnée. Ces représentations opposées
s'accordent ou ce qu'elles ont d'essentiel, elles traduisent de
manières diverses un thème constant. Deux notions complé-
mentaires paraissent composer ce thème la première, c'est
que la mort ne se consomme pas en un acte instantané, elle
implique un processus durable, qui, du moins duns un grand
nombre tie cas. ne sera considéré comme achevé que lorsque
lit dissolution du corps aura elle-même pris (in la seconde,
c'est que la mort n'est pas une simple destruction mais une
transition à mesure qu'elle s'achève, la renaissance se pré-
pare tandis que le corps ancien toml e eu ruine, un corps
nouveau se forme avec lequel l'âme, pourvu (lue les rites
nécessaires aient été accomplis, pourra entrer dans une autre
existence, souvent supérieure à l'ancienne.
Pendant toute cette période où la mortn'est pas encore ter-
minée, le défunt est traité comme s'il était toujours vivant
ou lui apporte a manger, ses parents et amis lui tiennent com-
pagnie, lui parlent-. Il conserve tous ses droits sur sa femme

(1S7S:, p. «.7; siliifi',(IreiilAfrit: httutil. u. 2": (jrainliilier,op. cil.,


p. 5*1,i£>.2SI.i!7 iSuillaln.a/ rit., p. |8. Clii-«|s Hulaileu. s'il s'uttit
d'un ur.Ufiiiersoimw. un vu •lieidier!'•serpentsucla tonilteun bout
île «fm-liiui's moisA on 1«ntiiiéni*«ver pompedans in villedontil sera
tlt'Miriiiaisli-iMi-ilicn.– cf. Hnllis.ïlie Mii*ni, p. 31)7:s'ils'iiftit«l'uni-iclic
mi «l'unliiiiiiiiit>-iiiiiil«cini:ou
aine pusseiluiifI, corpsil'unserpentim»*i-
till qui.-li-rttdavn-tombeen pulivfariion:Je sl<i'|h-iiI <orendan kraal du
.*i?seiiTuiiU jxiur voilk-r sureux.
I Ci'll»assertionnfiét'mtsrparKleinpvul dunst't>uvra)iu «léji»citi' p.31-
•• « Ynsti'uUel, ilil-il,c'estc|uelu<inurl-ise volatilisent:la <lêi'i>mpo.?itiuii
i-stpuarlesprimitif*«ne suitede »ul>lmiiilion ilunlli-sproduitsooiislitm-iit
Illlrliv (ililsrlt'véu.
î. Cf.plus haut p. 75,n. 1. et Ciandidicr,op. cit., \i. 2Î5; Candelicr,
Hio-llaclui, p. 2IS,sur les(io:ijin> )e<prm'lies|«ir<!Ul4 ulluinciilîles l'ftux
et ili'imseiit des livressurla limita pcnduulneufjuurs,« car poureuxon
n'est réi-llenient mort iju'aii liuiil *!•ei-sneuf jours a notons<|U<; rullc
pvriodene coinridepanavec la «Iuiim; de la si-jiulluruprovisoire<joiest
M.tlKHTÏ.– t.AKKI'IIKSBNTATIOX
COLLECTIVK
|)KI.AJlKHr 7<>
i>
et il lesgarde jalousement. La veuve est littéralement la
femme d'un mort. d'un individu en qui la mort est présente»
cl se continue aussi est-elle regardée tout ce temps
pétulant
comme un être impur et maudit, et condamnée dans un très
};riiuil nombre de sociétés a une vie uhjcclu de paria c'est
.-euliMiient lors de lu cérémonie finale qu'elle pourra être libé-
rée et autorisée par les parents du mort soit a se remarier
-oit il rentrer dans sa famille l)e môme, quelquefois, l'héri-
liiue reste iutact jusqu'au jour où le mort sera véritablement
|i:irli «le ce monde-. Mais les faits les plus instructifs sont ceux
I ;ii concernent lu succession des rois ou des chefs.
La coutume (le ne proclamer le successeur d'un chef que
lois du lu cérémonie finale, coutume que nous avions déjà
ît'iiconlrée dans l'île de Timor, nous est signalée chez plu.
-leurs peuples appartenant à divers groupes On
ethniques".

un mi deux nus jusqu'il runiptclc ili-isiciNiltun dos us): cf. Simotiic,


/fui/,
I.V. Soi-. î|MBi. p. TMi. – Cl". Kllis. l'otyn. Ki'.v., 1. p. 40i: Klwli-I,
-'<;• fil IswsUuei'if rassrn, p. 467 S'|. isur 1rs iiiilipnus des Iles Afin.
Vuir Wilki'n. Du* llittirojifci: in Hrvue Coloniale, III, Appi-mUrt*.LVmu>
i iikm'Ii-sI ihiiiwiiI i<i>iisi'-i.'
suivre riuiiitniiiiiu'iit lu vi'iivi', Mirvi'lllant <;i
"inltiiir. – NhIuiisi|tic iik'mih' iIiiiis li. sncirlvi uii est en riKUviirl'insli-
•vi"ii ilti ic'viral. 1" imiivi'nu niaiiam-' u'ulii'ii «mvi'iil <ju«- lw\s <li<lu rerii-
iii.' lmali! [Hirluis i-i-pundanl "'lirz li-« (,'hippewa.Vi par i'\i.'iiiph-, et.
.r>iw. «/>. rit., p. IMi il puut *<•l'itiiv plus lot, il ivl.'vr alms uu <lispcii«i;
v.uw du ili-uil il n'y a pu< vu ci- cas nurci.'i<iiiii pntpruiiu-ut ililu mai*
'iitiutiiitiun ilu iiinrl par son fivn1 nu nmsin, cl. Cilaiul. op. cil., p. \î si|.
!.•> iliiruiiicnls ivlalils ù vvf faits .-mil livs iimiibrvuv v\ Ijh-ii connus;
• 'i^ h"cii ritvhins >[UUi|Ueli|iu>s-iiii> Spriin-r et tillli'ii, Xalive Triliej,
."iiiï cl Surtlicni Teilicx. p. ilO" sur li's imlipiMic-j des Jlus Aru. Hii'ilct,
-(<<« lirwthiifige mueu, p. 2'5!* sur lis l'apiiti-, van lla-isi'll. in Milt.
'<'/< '•>•••. /<««. X. |>. 10, JtiisentiDi'tJi, I). Mat.Archiprl., p. 131 sur les
M.«.,ri*. Taylur, Te Uni « Muvi, p. !)' sur l«s imli(;«'iifs dos (lis Uilljert,
Miiiiickv. iiitctiule* Milieu Océans, II, p. 331) sur li-s lr<>'|iiui«. Uilitau,
'-il II. p. W.l: sur les Tolkotin. Yarrtiw. p. ll.i; sur les tiilm. (|« la
iiir.,inf. Kin-li. <>• rit, \>. "U-l sur ku Nifriilii'iis, Kingslcy, Tiiietl* in
II'. Mrira, p..m. DMvrl».in AnsUuid(I8s:tj, p. 7Jiî; sur lès Kjort. lien-
i.tl..V-i/<-v on Ihr Fntk-lmv. p. H, 114. ISO: sur les ll.-i-ltu!ig;i. Junoil,l.et
/'' lUiiin'i, p. (Mi<i|. sur Ifs .Mulfiai'lK's.OrandidliM", »/». rif p. ÏI7. 'ïti, Hiilii",
"i liilini..tint; III. p. «:i. – Hivn nu prtiuvv i(u«' le iiivurliv rilui-l de lu
M'iivt' nit <>l>:a l'urijiiiut la iv^'U*goilùraio, coiiuiii'l'ii'liiii't Wilkun (toc. cil.,
| ïi.7, S'il.
le cas pur ovvmplo i'Iu.-z les Da-llonjw, JuikkI, ibid,, p. ,(!, fi7;
h-/ |i-s S'-npi (Zaiuli>iï piirtiiftai»), Dcclr, »/>. a7., p. Î3\ f.i\i:(. >urli'i
Itii.'ibru, llUL-lr,eu (Habits, I.XXVI, p. 33'J.
i. '.Un U'.> Indiuns A» CosUi-ltioa, cf. (ialili, in l'roc. Am. l'hil. Soc.
l^Ti p, .'iu", «l Ilovullius, in lui. Areh. kltm,. II. p. ÎS: dira les tyirl,
liiiihi-U, Sercit ijears. p. 17S cl Soles. p, iS cliuzk's Ha-Kun^'ii, Juiiuil,
"II <-i/ p. M i-L lis si| clii-z li.-s Waiiyamw-si. Sluliliiiaiin, Mit Emin
l'axcha, p. 00-1 cIr-z les Toii^uns, Uuusilcr, ijihtsee Ilildei; p. J32-J. – Lu
80 i-'Axm «ocioLooroiB. t90S>l9oa

couçoil les dangers auxquels nu semblable interrègne expose


les sociétés qui s'y soumotteiit la mort d'un chef détermine
dans le corps social un ébranlement profond qui, surtout s'il
se prolonge, est gros de conséquences. 11 semble en bien des
cas que le coup qui a trappe la tète de la couunuuiiuté dans
la personne sacrée du chef ait eu pour ellel de suspendre tem-
porairement les fois morales et politiques et de dôchaluer les
passions normalement contenues par l'ordre social'. Aussi
rencoutrous-nous fréquemment l'usage de tenir cachée la
mort du souverain pendant une
(lèriodo do temps plus ou
moins longue; l'entourage immédiat du défunt connaît seul
la vérité et exerce le pouvoir en sou nom
pour les autres le

iiu'iih1 phénomène si> présente sous uni1 autre forme elle/ des tribus uigri-
tiennes il-1 Libéria le cadaviv d'un rui n'esl enterrû délinitivi'im>iit <]u«
lors ilo la imirl île su» sum'ssour pendant luut W ivyn<>de celui-ci, t|Ui
colnnili> avifir la duriSe de la sépulture provlsulre, lex-i'ui « n'uni |»as con-
sidéré «uni nu- réill«tnent mort >. Il surveille su» successeur cl 1 assiste dans
ses lonclloiis. Ainsi un roi iiVst véiituulcmeul tituluin- de sa diarjte que
pendant la période comprise entre sa mort et cvlle. de son successeur de
son vivant il n'eveiralt qu'une sorte du régence de fait; cf. lliillikofor,
in lut- Areli. Hlhn.. I, |>. 31, K3-I. Mes traot'sdu iiu'nio
usage subsistent au
Bénin l'uvî'iit'iiient du nouveau roi ne iieut avoir lieu ijue
>|uuml lu ninrt
de i'aui-ii'ii i'sl uiiiisoiniutV1: nour «Vu us<urer on vit inttMTuKt'r les servi.
teursiiuiuiit été enseveli* vivants aveu lui tant qu'ils pcuvi-nt rêpomlre
que n le roi (!*l très iimttiili! », un Apporte île la nourriture, lu ville est en
ili'Uil; ijuand le silem-e s'est fait, wrs le i* ou 5* jour, on pro«>di>&l'intro-
nisationilu successeur; llulli, flfm,i, p. 43; cf. Na&au, i'elkliism, p. J20-I.
1. I/i'Xiiteni-i- d'une période il'unarrliie i-l d'une turle du sntunmle,
apivs
la mort des cln.-fs ou île leurs parents, «si un iiliénoitiènc régulier dans
eerininei sociétés. A Fiji, les tribus l'uj.-ttes font
irruption .lu mslacapitule
et s'y livrant ïi tous Wn'xebs sans nincuutrur du n'^btaïK-i': Yisuii.in Jour».
Authf.lnU.. X. p. liv:ileiiieiiii!ilu»ii l'urdiipel des
Ciiroliniw, cf. Kulmrv,
in Urvj. Mit. U. Etkuol. Ableil. d. Koni'jl. Mus. Berlin, l,
p. 7 et Ktlmogr.
tteitnUje, p. 7u, n. 1, Mt citez les Maoris. Uolensu, On l/ie JUatri race»
p. m, mi.l Dumunt dUrville, Uitl. u*it. d. Voyage». Il, p. US lu famille
du clu.-l mort .-st il<<|muiltûvdu sei victuailles et liions mobiliers; notons
que h mt'iiii- r,n-tion so produit i:liai|UC fois qu'un tabou a été violé la
mort tlnehef ust uji vi-rilalilH sacril^gu dont son
enluuragi! doit porter la
peiiii-: 1rs |jriKiiudaKi-.s••uujiih. parles ùliun^rs suiil une i-xpiution néces-
saire. – .SuïII. Sandwich, les gens sont en protonune véritable furii!
ijui porto un nom spécial pn-sijur tous les actes considérés normalement
«Minuie climinels .sonl alors commis l'inretnlie.
pillas», invurtre, etc.). et
les r»iuiui!s sont tenues de n
prostituerpnl)lii|iiL-nii'iil Kllis, l'otynes. /te.
sratehu. IV. p. IT", 181, Coiuphull. A voyagt round Iht u-orltl,
p. U3; cf. sur
les lies Maiiani'S, Le «iobi.ni, Histoire des i. Mariants
ilTuO;, p. «S et xur lus
ili'S UuuliiiM-,Ciuenl, Voyage ni/.r Gambie?, sur les Belsileo, Sliaw,
p. 118;
toc. cit. *nr les ïmrlil, Dii-lvrle. op. cil.,
p. K7 sur les Waidali, Bosmon,
louage ,le Guinée J1703-. p. 3uOsij. < aussitôt i|uo lu mort du roi est
publique, rlincun vole son prochain i> qui mieux mii!ux. sans tjue personne
ail le droit de le punir, comme si la
justice mourait uv«c le roi »: les bri-
gandages ccsHiit dis la proclamation du successeur.
11.IIKItU. 1.ABKI>BIS!iE.NTAT10.N
COLLRCTIVK
DKI.AMOBT 81
chefest seutomeut
cneiesi seulement mnlnria'.
malade1. APlîi Inanopainet
A Fiji, le secret est >m«ia«^.«i
gardé pendant
une période (lui varie do quatre à dix jours; les
puis lorsque
sujets, qui commencent à se douter de quelque chose et qui
suut impatients de pouvoir légitimement piller et détruire,
viennent demander si le chef est mort, on leur
répond que
< soi» corps est à l'houre qu'il est. » Les visiteurs,
décomposé
ili'Viis. n'ont plus qu'il s'en aller ils sont venus trop tard et
ont laisse passer l'occasion. L'idée qui intervient ici, ajoute
auteur qui rapporte ces faits, c'est que tant que lu
décoin po-
*itiou n'est pas censée être suffisamment avancée, on n'eu a
pas vraiment fini avec le défunt et sou autorité ne peut être
transmise à son successeur la main du mort ue peut
plus
tenir le sceptre, mais elle n'a pas encore lâché priser Ou doit
attendre que le roi soit mort entièrement avant de pouvoir
n ier Vive le roi }
S'il faut du temps pour que la mort s'achève, les énergies
mauvaises qu'elle met en œuvre n'épuiseront pas leur effet en
un instaut présentes au sein de In communauté des vivants,
elles menacent d'y faire de nouvelles victimes. Sans doute des
rites déterminés peuvent jusqu'à un certain point atténuer
l'impureté dangereuse du cadavre' il n'en reste pas moins
I'' foyer permanent d'une infection contagieuse. De la sépul-
ture provisoire émane une iniluence mauvaise' qui fait que

t. Voir les notes précédentes cf. UMtulidicr,


op. cil., p. SI8, «20.
î. Kison. lof. cit. l'iuiU-iir ne fait aucune mention du doubles
obsèques.
William* iPijianil thv t'ijiaim, p. 187 si|.| dit seulement <|ii'ii
VanuaLcvu,
I annonce de la morl d'un Hn-f donne le signal du pillas; il n'est
pas
fjvftion de la tenir n-vrH» pondant <|ueli|ue. temps, l.e même auteur
Mpliiirto (p. iut) uin< tradition intéressante (|ui semble attester l'existence
..mienne d'un rite d'exhumation cf. p. l'JS.
J. Ainsi,« Tahiti, une cérémonie, i|Ui u lieu immédiatement après
li> dépôt
ilu rurps sur la platc-formu. a pour objet d' « enterrer de ma-
l'impini-tè
nière à ce i|tiVII« ne s'attache pas aux survivants; Kllis, “/]. cit., iot-3. –
p.
O sur les Maoris. Taylor, op. cil., p. 'J9. – l)e in.-uiy lt> rituel
avesti«iue
proscrit de mener auju'és du cadavre « un i-hien jaune à .|iiîilre yeux »
l<-reparti de recliien « fruppe l'Infed ion » il est dit
evpii>s<i'-iiii'ut"(|ue c«
rite du SîiRdtd atténue, mais n« li-
supprime pas. ilunxer d'imniia'tO
'nul .icenia, p. xi, p. 1W et Vtmtidad, Vil. 2'J *ij., VIII, |« n\.
Klle porte à Tahiti Un nom spécial aumilm;
Kllis,<>. ri/ p. 405. –
Uie* les Bribris du Custu-Hitm, lu elioti- la plus
impiiii- iijiWs le eorps
donc femme enceinte pour lu première fois) e'esl un riul.tvre un animal
•lui liasse auprès de la sépulture temporaire i-st souillé tldoil être tué, sa
••liair ne pourra êtn- mangée; Gulili.
op. eil.. p. «l'.t. – |)P mAnio les
li.iklimas sont des lieux maudits « où les Iniinles île dénions se
»ù tu produisent les maladies précipitent,
», où su porpC-trunt les criuius-, VemlUtad,
VII, Mi s.|.
K. UrmuiBiii. – Année social.. 1905-1900. o
Si \'aSNÉB iOCIOUMIQrK. I»-I900

les vivants évitent d'en approcher. La crainte qu'inspire le


voisinage de ta mort est si intense qu'elle détermine souvent
de véritables migrations aux Iles Auduinaii par exemple,
les indigènes, après avoir enterré lu mort, désertout te village
et s'en vont camperau loin dans des huttes temporaires ils
ne réintégreront leur habitat normal qu'au bout de
quelques
mois, lorsque le moment sera venu de recueillir lesosseinenls
et de célébrer la cérémonie finale1. L'interdit qui frappe l'in-
dividu pendant que lu mort s'accomplit en lui se communique
non seulement au lien où il se trouve, mais aux choses qui
lui ont appartenu dans diverses Iles mélanésiennes, on ne
doit pus toucher au canot du dédmt. a ses arbres, a son chien,
tant que les obsèques définitives n'ont pas levé le tabou
mortuaire-.
L'institution du deuil" doit être rattacuûeaux mêmes repré-
sentations. Si l'impureté funèbre se prolonge pendant un
temps défini, c'est parce que la mort elle-même se continue
jusqu'à l'accomplissement des derniers rites et qu'une solida-
rité étroite et obligatoire unit a celui qui n'est plus certains
des survivants Plus encore que les faits indonésiensno nous
le laissaient voir, il va uu lieu interne entre l'état du défunt et
celui de ses proches parents, pendant la phase intermédiaire*.
C'est ce que marque explicitement une tradition Maori qui
relate les dernières paroles d'uu chef à sou (ils « pendant
trois ans, lui dit-il, il faudra que ta personne soit sacrée
et que tu restes séparé de la tribu, car mes mains pendant
tout ce temps ramasseront lu terre, et ma bouche mangera
constamment des vers et uue nourriture immonde, la seule
qui soit ulterlc aux esprits daus te monde d'en bas. Puis
quand ma tête tombera sur mou corps et que la quatrième

1. Man. in Joiirn.Aullu:Intl.. XI,|>. 281si| XII,p. lil »|. on.sus-


|h-ii<Iautouril» villiii».-abaii'ioiinO lii-i guirlamlvi defcuilli-spouravertir
les«'truiiKt-r» ilu |iéril.
î. Ver«in;t,inItecueiCEt/iitO'/raulite IÏSS5).11.l'JÏ,Somcmltc.inJourn.
Anllir.lu*t.. XXVI. p. lui.
Xjm.* ffilfiuluii*|iar e»m»" mm larriset''in»liunncll<! vinli'iilt-• jt>>*«
|innliiitaassili'plujins la mort. i|tii'li|U'"f'>i.sili'i l'ajfomV,muN IVlat
•hiralili-<-tproloiiitO imfioV-û ivrluins(laniulsdumoi-ljusqu'ilunIvriui!
|in-jiarii.Surivlti-<listini:tina 'nuiu'ark-nil'iilioulU',cf.EUis,op.cit., p. iO"
s>| Lalitiiu. o; fil.,Il, p. 43S;Nassau,l'eUchhm, p. il').
i. Clic*lus'l'uilasIf mot/teile.•\n\.siîimlic cailavri",«li'si^no enin^nu!
tc-iiip*rinlcrvull)- »inipri«l'iilml<-spiviuiiTi-: «l lis mmidiuIuii
ol)si>i|iit£et
la '-•iiiilitiun .«|«;i;ialouùse trouvent li-s jiiir.nls dunjortpendant eetto
IK'rioilt' Kivvri, op.cil., p.:«iiim|.
– LA HEPJ'ÈSKXT.tTIUS
n. 11EKTZ. COI.1.KCTIVIî"dK
U MORT 83

année sera venue, éveille-moi do mou sommeil, montre ma


face à la lumière du jour. Qunml je me lèverai, tu seras itou,
libre'. •>Ainsi le deuil n'est que le contrecoup direct daus la
personne des vivants de l'état mêmedu mort-
Lu solidarité qui unit itu défunt ses parents les plus proches
-'exprime en certaines sociétés par des usages, dont nous
,iv uns doi à rencontré quelques traces parmi les Indonésiens
eus parents, particulièrement lu veuve, ont l'obligation de re-
iiicillir, soit journellement, soit il des dates déterminées, les
liquides que produit lu décomposition des chairs pour s'en en-
duire le corps ou pour les mêlera leur nourriture Ceux qui
iilismeul ces pratiques les justifient en alléguant leur aflection

I Slioi-Uiinil, Maorirrligiau (18X21,|i. îij. Lu nW-il ujuul«' i|U'av;mt


i.\|iiralinii du délai Iké, !• Ills unt'ivint um» des probibilions; » ulors li>«
ri-Aet sucrés di- son piV si1 tiJiiiïn'ivnl ewilrc lui. cl il uiuiirul. » Hitikii-
lii.iiis eu passant «|u'li'l IViiiie est rviisi'-u pilier lu période do transition
!,ui< li- j«iy* dus umrts souterrain et li'iti'-broux peuWUv y n-l-il un lap-
|il •ni iv rello iTovuui'C et le fuit <]Ui-le lundi1 de sépulture ]>iiivi><iire
|i,i(i<|tti' i'S( IViiU'i'ii'ini'llt 1»destini-e linttl<- dis Amesîles cliols cet rl'allvr
Joindreli's ilioux iliins le eiel, rf. Tnylor, op. cil., p. 100. Il tu1l'util cer-
Minuiuviitpji.-i voir dans lit l.'vlf cilô la luitl:ii-ii- tirliitruhv d'un tnouruiit
.H l"s rites jih'fvriU sont vlfiicllvoiiM-iitoIisitvv», avor n-llo rtîwrvi; i|uo
i<-ili'lai pii'L'édnnt IVxliuniiitiuii nV.sl vit (;i;iu)i'al (|u<* ili*deux un»; Tiiylor,
'.i- p. Q'J .«!].i>lTivgi'iir, in J ou rit. Anthi: Insl. |I8S«), |j. ll).'i. –Niilmis
i'iurluul qui1 i'ln!z If s induitsMuurc^iiii|iciit |iur ili'.s iit<:sai)|>ni|ii-ii''s 11«ï 1
!'•! iiiOiih' li.' plus priH'hv jMiivnt du mûri di' la '|ualili- »pi)riak' i]ii'il au
>nir.iflt'-i- i'l riiiiipi-u |i- lii-n ijiii l'unil au iiimt U-dt-uil v-l ulurs vslr.Miic-
..iilil niilliil, cf. Sliui'llilliil, lùiil., p. a;t-O.i.
Nous iivdn.s omis In i.'oiijccluru i|tic dans k">cu> où la iltnvi' ilu ili-uil
«• l'oinehlo pus avw cdlo iln la st:|uillur>' pniviioiri'. une réduction est
iirvcuuu:ul*. plusliiiitt p. (i.'i. OcOntpuntfl liUloriijupiiii'iil (Ic'iiiiiiilraliKs
< n<(.' qui i:on<'i'i'iii' Fiji. Dans n-ll<.j Ile (mi Us pnMiiji'Tc.ioiiM'iiues siml
: luiitivosi, li; deuil iluiv seuli-mi'tit de dit a vingt jouis; m- on uppcllc
«vtlv {kWIihIc« tes chI miifs ) li-lli* ust pnViwini'ntIn iluréi1 du il«ull
I dit ht si'pulltii'U provisoire dan:< d'aulivs Iles uiêliiuéjicuiK's. Il si'inhltl
'l'jin: le dimil lijiou. dont la ori^iiiiilo ùtiiil iW cent jour. u subi
uni' lï'ductton. Cf. Wilken. in Ker ne Cohm.. VI, p. ;ii'.i; Ciidriatituit, u/>.
il p. 283-4; Siiinerville, in Jnum. Aathr. Insl., XXVI.|). Wi-i.
3. Cf. pour les Atiii(nilii>n>, Spencer cl Gllleu, S'urtltcnt Ttïbcs, p. 530,
ll'isvitt, u/i. cit., \i, i.'i'J, W'-X. 171 pimrli'S l'aputu ili1 la Nouvi'lle-UtlimV,
Tui-iilt, Siimaii, p. :US, van IIh.sm'H, Mill. (jcoi/i1.(icx. lenu ,18X0;, p. 118;
|n>iir los insulniivs du Ttiil, (îill, i;i Caintu: Aiillti: E.rp. to Torres Mmits,
V. ji. ïliS, pourl'Otlx di'S Iles Aru. KnllV, I'hi/i/jf* i>f Ilie Ihnirun. p. 107,
lti"«ti-l, «i»,t-if p. if(l, Kililn*, tu t'exhi-hi: Fw. lùtl Inutile Urenlra 1IS8»),
|>. l'.il, Wi-lisli'i', rhroui/h X.-Gniuea, p. 2lifl v|. pour les iixiip'iii'S de
N'juvi'lli'-llivlagiie, des Iles Hunks el (iillifrt. llunks, ht Jmirn. Aiillir.
l«*t.. XXI. p. 3.H s<| UiHlriliKluii, op. cit., p. il!S, Unie, < N\ Ksplof.
! /ie:t.,VI. p. !IS-10ft.Meinicke, liuela îles SI. Otviins, II, p. 3U1I pour \es
.\hikMi;hi' (iruudidiur, »/ cit.. |i. il7: chez K1- Tolkotins de l'Uiv^iin, le
iin'ii»* rite est observé par la veuve au cours de I» rréniaiinn, Cox, in
Yurruw, op. vit., p. 144 sq.
8t L'ANNIÎK l'J05-1'J0C
SOClOLUGUlfK.
pour le défunt et le chagrin qu'ils ressentent de l'avoir
perdu. Mnis ces mobiles lie suffiseut pas à rendre compte du
rite celui-ci en ettet est souvent strictement obligatoire; les
femmes auxquelles il incombe sont menacées do I» peine
capital si elles nu s'y soumettent pns1. Il ne s'agit donc pas
simplement de l'expression spontanée d'un sentiment indi-
viduel, mais d'une participation forcée de certains survivants
à la condition présente du mort. Il faut faire à la mort sa
part si l'on ne veut pas qu'elle continue a sévir h l'inté-
rieur du groupe. Kit communiant en quelque sorte avec le
défunt. les survivants n'immunisent eux-mêmes et ils évitent
à lu société éprouvée de nouveaux malheurs. Quelquefois ils
espèrent s'assimiler aiusi les qualités du mort1, ou absorber
la puissance mystique dont le cadavre est le siège'. Mais que
ce soit par devoir ou par intérêt, ces gens vivent dans un
contact intime et continu avec ta mort; et la communauté
des vivants les repousse hors de son sein'.
Cette exclusion ne suppose pas nécessairement un contact
matériel des vivants avec le cadavre. Tant que In mort est à
l'œuvre, lit famille immédiate du défunt est en butte à « l'ac-
tion ténébreuse des puissances hostiles ». Dans les sociétés
peu civilisées, il n'y a pas de distinction nette entre le mal-
heur et l'impureté l'aflliction des gens en deuil les souille
profondément*. Leur intégrité physique même est entamée;
c'est à peine si leur corps se distingue du cadavre. « Les gens
ont horreur de mou corps, dit un Hupa en deuil; aussi n'ai-je
point mon feu là oit les autres ont le leur: ce que les autres
mangent, je ne le mange point; je lie regarde pas le monde,
tant mon corps les effraie4. » Ce sont bien au propre les «gens

1. Spenceret (iillim,loc. eit., vanHassell,Inc.cit.


2. C'estainsi<|ui>re«praliijuci se ronfondentparfoisavec l'undocanni-
balisim;proprement«lit.
3.C'estun l'aitcourant qu'un objetlaliourecèleun pouvoirmaglquo
susceptiblesous«-crlaiiiusruminionsd'iHreutilisé le rttedont ilest ques-
tionici peut ain=idevenirune simpleopérationinagi>|uv.n'ayant plus
aucunrapportavecli>deuil cf. Ringsloy,Trinels,p. «g dos iuntos,in
Tlu-ai,Ilemnh,VII,p. 28»
4. Dunii-inc,à Tultili,lus ctiiliauiiicnrs,
pendanttoulola durée de leur
travail,étaient>;vil.'spar tout In monde,car l'Impuretémortuaireleur
était attachée il, ne pouvaiunlse nourrir eux-momos, do pour que la
nourriture,suuillwparl'ittiuucln'iiivnt<luIrurs mains.necausâtleur mort-
Kllis,op.vil., p. 403.
5. Cf.Junod,Leslla-lloiiya.p. lia,471 Casalis,Lesllastoulos,p. 269sq.
6. Uoddanl,II «pas,I, p. 78 s(| H, p. 331 lesgensendeuilsont rangés.
II. HEHTX. – LA HEI'RÉSKXTATIO.S
UOLLKUTIVR
OE LA MOHT 85

de la mort' » ils vivent dans les ténèbres', morts euxmôtnes


nu point de vue Social, puisque toute participation uctive de
leur part à lit vie collective ne ferait que propager au dehors
la malédiction qu'ils portent on eux".
Nous nous sommes attaché à faire ressortir lit relation qui
unit la condition do l'âme et le deuil à l'état du corps, peu-
dant la période qui précède les obsèques définitives; mais
nous ne prétendons nullement que les trois termes sout indis-
solublement liés et île peuvent se présenter l'un sans l'autre.
Cette afllrmaliou absolue se heurterait immédiatement au
démenti des faits; car il est à peine besoin de dire que nous

a ooié des femmes récemment accouchées ou ayant fours règles, dans la


catégoriedes gens ayant un u corps muurais », «Aie. Climles Umilit
cli' l'Alusku,le premier joui- après la mort tous l<-shululants du village
se considérait comme,mous et sans iierl ils n'ont qu'un faibli'pouvoir de
résisUiicoaux influences malignes; le lendemainils su déclarent un peu
plus durs; lu troisième jour Ils disent que commelu cuduvre«si en -train
de se congeler, ils sont près du revenir ù leur solidité normale; un hain
d'urine les délivre alors du mal et raiïonuit leur chair; Nu!sou.Ami. Hep.
Uni: Etlm., XVI11,p. 3)3 sij. On voit qu'il existe une rolation étroite entro
l'état du cailavruet relui des survivants*.Kaut-ilvoir dans cette repirsen-
tiilion une forme particulière (en rapport avec le climat uictique; de la
croyance générale relative &la dissolution (lu corps?.Notons i|Uel'a mene
quittu la terre que le quatrième jour après la mort et i|Uu du moirtschez
les Esquimaux du bas Yukon (KwikptiKemulesj les obsèques n'ont lieu
qu'au bout du même laps de temps: cf. Jacobsvu, IleLieureiltr .V..IV.
Kilsle,p. 108.Voir plus bas, p. 86.
I C'estlu nom sous lequel on désigne les f<ensen deuil, dans l'Ile do
Mubuiag;liep. Cttmtii:Anlhr. E.ipi'd.. p. il!).
2. Chezlos Uasoutoslo mémo mot signille ténèhres et deuil; Casalis,
ihkl., p. 33S.
3. CitonsHtitru d'exemplela série des tuhous du deuil (|iii*l'on rencontre
eliez les Kwakiutl pendant <|iutre jours. lo plus proebe parent du mort
ne doit pas faire un mouvement: puis, «près une cérémonied'uhlulion,il
peut pondant les douie jours suivants boufîiirun peu mais non marcher;
si on lui parle, on est sûr de causer lu mort d'un purent il est nourri
deux fuis pur jour par une vieille femmeà marée busse aveu du saumon
pris l'annéeavant (noter <|uetous ces élémentsappartiennent » l'ordre dus
choses contraires a la vie) procrcssivuiiicnt,par étapes, il retrouve la
liberté de se. mouvoir ut de communiqueravec les autres: Itais, l'roc.
Ain. Phil. Sac. (1887),p. 427.Un silence est même imposéà diffé-
rents groupesde purantes du mort pendant toute lu durée du deuil, cher.
les Wurrainunuu Spenceret Gillcn.Soethetn Trilirs, p.125. I meformule,
typique du tabou alimentairesu rencontrechez les indigènesîle l'uni; des
Nuuvelles.llébrides la <t bonnenourriturei>estinterdite nuv parentsimmé-
diats du mort «lotaimuvnlils nj doivent pus muiiKerles fruits desarbres
cultivés, mai»suulomoiit les fruits sauvasiesdo la Ion» Codringlon.op.
cil., p. SKI.Rappelons cnlln le fait courant que les f.vnseii deuil sont
n dispensesdes devoirs <lecivilité u, doivent .«'ubtfentren généraldu tra-
vail social.des fêtes et assembléespubliques, des cérémoniesduculte; cf.
Lafilau,op. cil., Il, p. 439.
86 lAm'KB SOCIOLOlilVUK. 1005.1900

rencoiitrous la croyance eu un séjour temporaire de !'i\mo


sur ia terre et l'iustitutiou du deuil prolougè dans des société
oft aucune truce certaine de doubles obsèques ne nous est
signalée. Le terme de la période d'attente est quelquefois
fixe d'une manière coiiveuliouuolle c'est ainsi que dans dif-
féreutes tribus indiennes de l'Amérique du Sud, on attache
au cadavre, eulerré immédiatement, une corde dont l'extré-
mité est visible à la surface de la tombe; lorsque cette corde
a disparu par suite de la pluie ou do l'usure, c'est signe
que
rame du mort, jusqu'alors présente auprès du cadavre, est
enfin partie pour l'autre moude'. Mais le plus souvent lors-
que le mort reçoit sans délai la sépulture dernière, ce sont
les représentations relatives au cours même du
temps qui
imposent un terme aux observances*. La mort ne sera pleine-
meut consommée, l'unie ne quittera la terre, le deuil des
vivants lie prendra fin que lorsqu'une période de
temps cou-
sidérée comme complète sera révolue cette
période pourra
être le mois ou l'auuée; le retour du jour
marquera alors la
clôture de l'ère mauvaise, le recommencement d'une autre vie.
Souvent aussi la croyance au caractère éminent et sacré
d'un uombre déterminé fait sentir son influence c'est ainsi
sans doute qu'il faut expliquer le fait, si
fréquent dans
les sociétésde l'Amérique du Xord,
que la durée du séjour de
l'âme sur la terre ou de sou voyage vers l'autre monde est
limitée à quatre jours3. Faul-il considérer ces faits comme.des

1. Cf.pourles Indien*KoKguba «lela Colombie, Sievers, Hem iml.


.Sierra,Vm«/«.p. U7;surles de
surlosSacirlia. l'Kquuleur,Scier,ou.cil.. ». (J-
Kocli,op.vil., p. 85.
2. Ces r<!|i!VSoiiluUo!ss
inli-rviennenlaussi dans les cas do doubles
i-lles
obsiqucs. détenuinuntsouventlu périodejugéenécessairepourquela
dessiccation suitcomplût,!cVslainsi la cérémonieliaulocoïncidesou.
ventuvi'i:l'anniversairedu la mort. que
3.Cf.pourles Esquimaux.Nelson, op.cil., p. 310su; 319,427:Tuilier,
Hep.Bit,:Win.,XI,p. l«i-3;Pitiart,Eskimaiu-el Kubches,p. 5; Ycnjaini.
nov,in\ouveUetAnnalesdes mjwjcs,CX.X1V. p. lîî; etc. pourles Indiens
01*. Yarrow,op.cil., p. 97: puurlesSiouxIlidutsa, iiirf., p. m.- puurles
Zuni Wevunson, Hep.Uur. £/“ XXII,p. 307-8:pourlus llopi, Votli,m
Field(.ohm& f)')0j)anlhr. Ser.,1'lll, p. te: lioui-loîSII1,Diurcusrru,
*"•“ ,< Xi.!»•»*• pourlesAzléques. voirplusliaulp.69,n.i;poui-
les Pipiles,Habiclos,in Tornaux-Compans. Hecueilde documente,p. 37;
dans wrtainsde ces textes,la p.'-rlodo est non du (juatrejour*,
mais doquatremoisou années. Lenombre40 iodi<|uéc
jouule mcitforAloclioz
diverspeuples;cl. sur les Kounialns,Klaclis,Humanhche.
brauclu,p. 63:sur les Hulgares,Strausï,OieBulgare»,j>.481-3: Todlenae-
sur les
Aocliasos du v .
(maliométaiis; Caucase, llalin, Ilildcraus d. Kaukauu,
P. ÏU-0(l'iroeesten pruieu des souffrances expiatoires,les parentssont
11.IlKnTZ. U\ nEPIttJSKNTATION DRLAMOftT 87
COLLKCT1VK

fragmentsdétachéset modifiésde l'ensemblepluscomplexe


que nousavons analysé? 11est rarementpossiblede trancher
cellequestion avec quoiquecertitude;mais ou seratenté d'y
iv|)oii(trepar l'affirmative,si l'onadmetavecnousqu'il existe
tutuconnexionnaturelle entre les représentationsqui cou*
ci'iiu'iitla dissolutiondu corps,le sort de l'unieet l'élut des
survivantspeuduutla mômepériode.

II
I..V CÉRÉMOSIK
FINALE

L'institution d'une grande fête liée aux obsèques déflnitives


est générale chez les Indonésiens sous des noms divers, elle
se rencontre daus la plupart des lies de l'Archipel Malais
depuis Nicobar à l'Ouest jusqu'à Hulmahera à l'Est. Cette fôte,
dont la durée est de plusieurs jours, quelquefois même d'uu
mois1, a pour les indigènes une importance extrême s elle
nécessite des préparatifs laborieux et des dépenses qui sou-
vent réduisent la famille du mort à la misère a de nombreux
animaux y sont sacrifiés et consommés dans des banquets
qui dégénèrent fréquemment en d'immenses orgies; des iuvi>

en grand deuil) sur les Barabra (Musulmanscle Nubie).Rueto,in Global,


1.XXVI,p. 33i): sur les Tcliéïémlsses, Smiroov,l'opulatioimfinnoises, I,
p. H04 (l'obligation pour los parents de pourvoir û la nourriture du mort
<i>ss<?avec lit 4(l«jour): rup|M>loiisenfin <juequarante jours s'ôcoulalenl
outrela mort des anciens rois do France ut leurs fuiiùraillcs.pendant les-
i|uels on servait a maiigor au roi défunt représenté par une c-fligie;cf.
C'i/WoWW* des ti-adiliom. (I8i7), p. î»t. –Sur le rôleimportantdu nombro
sacré 3 (nu 9) dans les usages funéraires dos uneienslirecs et Romains,
i r.l>iels, SiMlin. Ulailei; p. 40-1.
t. Lu Tiwahdes Olo Ngadju duro ordinaiivinuulsept jours Grabowsky,
Tiivali,p. 190.Allalinaliura lus cérémoniescouvrenttout uu mois. parfois
davaiituti»;v. Daardu, h'in Totenfeslanf llalmalteira, in Aiislanil,p. 903.
i. KIobs{In Ilie Amlamantiand Xicobars,p. 385)nous dit au sujet des
haliitanlsdu Kar Nicoliar<|uvc'est la plus importante de toutes leurs cérû-
Illullii'S.
3. Cf. pour Timor, Forbo*,op. cil., p. Ml; Brailles («Aein.Miisiontb.,
18*2.p. 10Û)cite le t-as de Duyuks 'lui se sont cukukûs cummu esclaves
ulin dit pouvoir subvenir aux frais du Tiwali; u'i'st. lYapttiSoliwanor
lin Ling Koth, 11,CL.VXW), la futc la plus iroûteusedanslu bassindu Iturito.
i. Clio/.lus Topubato du centre do Célébcs.lors d'une fête considérée
caniniv peu importante, on mit à mort 8» Imllles.20 eliévreset 30 porcs
(Kruijl. in Mal. Seil. Ze.irf.gen., XXXIX,p. 35) Boscn!ier(j(Nul. Archip.,
p. 27j iiiuntionne le chiffrede 2UUbuliles (dans le cas d'un chef)pour lus
Bataksdo l'ertibi.
88 I.'aN.NIÎE SOC1OLOQIQCE.
1905.1900

talions sont adressées, pour cette occasion, à tous les villages


des environs et uo sont jamais refusées Aussi cette fête
lewl elle ù prendre un caractère collectif; les frais
déplissent
ordiuuiri'UK'ut les rcwoiirecs dont dispose uiio famille
isolée;i
et de plus une pareille interruption de la vie courautoue
peut
se répéter souvent. Chez les Olo Ngmlju, le Tnvah se célèbre
en général pour plusieurs morts a lu fois. les familles inté-
ressées se partageant entre elles la dépense1'. Dans d'autres
sociétés, la fête se répète régulièrement, tous les trois uns par
exemple, et est célébrée en commun pour tous ceux qui sout
morts dans l'iutervalle »;elle intéresse donc directement, non
plus la famille de tel mort particulier, mais le village dans
son ensemble.
La cérémonie fin»!e a un triple objet elle doit donner aux
restes du défunt la sépulture définitive, assurera son âme le
repos et l'accès au pays des morts, enfin relever les survi-
vants do l'obligation du deuil.
a) La sépulture définitive. Chez les Dayaks du Sud-Est de
Bornéo, lu dernière demeure du corps est une petite maison,
toute en boisde fer, souvent très délicatement
sculptée, montée
sur des poteaux de la même matière, plus ou moins
élevés;
un tel monument porte le nom de samlony, et constitue une
sépulture familiale pouvant contenir un graud nombre d'in-
dividus et durer de longues années. Ou eu rencontre deux
espèces qui ne varient guère que par leur contenu et leurs

t. Cf. Perhum, sur les DayaksMaritimes, in Botli, I, p. 207;


Urahowsky
(sur les Olo Maanjan). in Amiand (1884).p. «i. A Kar Xicobai-,lous loi
villages de l'lie sont conviés ù la tilts (Scilomon,in J. A.I., XXXII,p. 205).–
De 800a I0OUpersonnes participent quelquefois au
principal banutwt
du Tiwah(Graljuwiky, Tiuah, p. 203;.
2. Murdelun<l.UrammaliA;p. 3SI Urabowisky,Tiu-alt, 188.
p.
3. Cf. pour les Olu Maanjan, Grabowsky.in Aaslrintl (188J).
p. 47 el
Tromp, Klteiii.Missiunsb..(1877),p. 4" – pour les Alfuuronsdu rentre de
Mèbcs, Kruijt. op. cil., p. 31 lintcrvalli. esl en iiiojvnne <lutrois ans;
chez les Toundae, tu rù((l«est do cûlûbrvr la f.te
.juuiitl il y a dix mort*
dansl» villag. In <lalun'est jamais rigourcuseuionl «x«:
tants de Kar Niculmr.Kloss,op. cit., p. 285 sq., et Solomon.–pour les habi-
op.ci/ ti. SO'J
la ttw. revient tous les trois ou <|uatwans. mais tous les habitantsde Mo
no peuvent pas la célëlireren mOtnctemps fsans doute les
parce <|iio iliffo-
rents villagesfont les uns pour les autres fonctions d'assistants et
Onattend aussi <iu«lusmute*de tous les morts soient •lessC-vlu?j. d'hôtes).– Ailleurs
cette dernioro condition n'est pas observée il s'ensuit la data
riuo dos
obsèquesdéllnUivosest indépendantedo IVtat du cadavre.
4. Unetrentaine en moyenne(dansle ces du sandong
raung] Grubowsky,
Tuea/i,p. 189;quand un sandongest plein, on ou construit un second V
un troisièmea côté {Perelaer,op. cil., p. 240). ouïs
Il. IIBIITZ. I.A RBI'lUtsgtfTATK* (MLLBUTIVKW. \.K MUHT 8*J

dimcusions le min long twwj, destine à servir (te réceptacle


aux cercueils coulounnt les ruuUis desséchés des morts, ut le
sttmloHfj lulttwj, de proportions très réduites, qui ue recueille
i|u« les ossemcuts enveloppas dans une étoile ou eu tenues
dans un pot. et ayant subi souvent une iucinératiuu
préalable1.
L'emplacement de ce monument funéraire n'est pus fixe
souvent le saudong s'élève dans le voisinage immédiat de la
maison, à l'intérieur de la clôture le village1;
qui protège
souvent aussi il est établi assez loin, sur uu terrain
spéciale-
ment consacré a la famillu
Ces deux de sépulture
types définitive ne sont pas particu-
liers aux Dayaks du Sud-Kst ils se retrouvent chez d'autres
tribus à liornéo même et dans d'autres îles ». Peut-être est-il
légitime de les rattacher à des formes plus primitives
qui se
rencontrent aussi dans la même famille de peuples. Le
miHtongtutttng semble bien être dérivé de la coutume, encore
en vigueur chez les tribus de l'intérieur de Bornéo, qui con-
siste à enfermer simplement les restes du mort dans le tronc
d'un arbre (bois de ter)
qui a été creusé ù cet eflet'; et le

i. Hurdeland, Wôrterb., p. SOÎ; Bruches, op. cil.,


p. 10! Grabowskv, op.
fit., p. 188-U,|). 200-1 Sfejrer ul Rirhli-r. op. cil p. Ht, s.| – Haung signiflu
cercueil, tidainj ossements. l,n miuhii'j tulainj n'est souvent monté cluo
sur un seul poteau. – L'u.fiigu <|<> la cniumlion des os su iviK'oiiIre chez dine-
unis peuples do l'Archipel Malais, par exemple chez lesUataks.
Ikjfe», in
riji/wlii: ». Iml. T. l. en Vit., XXVIII, p. ;il7; eut? les Hulinèsus. Crowfurd,
op. cit., p. 25!>utvan Kck, in Wilkou, Aitimixme. p. S2; cliuxlvs OtUunom,
.Si-hwaner, Bornéo. 11, p. 70, p. 15i. Cet usngn et pcul-ctru dû i l'inlluenco
ImiduUB en tous «us il n'altère en aucune fafon le lypo noriuul iiidonûsii-n,
î. Cf. Scliwanor. op. cit., I, p. 817-8et 11, p. 7. 85. lâO:
Grubowsky, loc.
cil.: Sul. Mûller, op. cil., p. Wï un villug.- «Viiorgueillil du numbredo
.-aiidongs qu'il renferme ù cnuse des rii-lu-sses qu'ils •.•pivsenlent.
8. &;t éloi(jnoiiioiu tient prul>al>lvmuntuu cumnli-ru pati ou taliou do
l'iissuuirc cf. Hraclics. p. Jl>3, liraliuwsk.v, p. ISW,n. 1. – l,<-s(locutiients
relatifs uux Olo Ngailju ne imus p<-rnii.-tti-jitgias d'uflinmT si citez eux les
s.imlungs des diverses Ittiuillcs eoinpusaiit If villu);1' »« tniurcnt réunis do
rimuii-re a eolislituer un riTitablc i-iiuetit're: li-l ml hivii le <-a»cliu* les
Olo Maunjttii du SilioiiB, il'u|)ivs Tr><iup,Illiein, Missiviisb. (1877/,
p. 43 et
«raliowsky. in Attslatul \m\), p. 47-1.
i. (l'est ainsi i|u'uu xamlont/ mmi;/ corn-spoiiil le snluiif/ des
Kuyuns,
et au mmlonij tulan;/ le Itlirieiuj des Duyuk.s Mui-iliiih's di> Sarutvuk cf. L.
Rulli, 1, p. 140, IIS, .Vieuwenliuis, op. cit., 1, p. iiu cl pour llalmulicra,
iia.inlii, lof. cil.
S. l'.S.L. lUilli, loc. cit. et p. 1 5S,ISII (Iniliowsky, in Amlund H88S1, p. il»
Kûkcnlliui, op. cit.. p. 270: Tromp, in llijilr. t'. il. T. L en Yk. v. Setlert.
/«< 5» v., dl. III, p. «2; ridiwaner, in It.itli, 11, «p|i. p. cxcvn; eu
dernier auteur iudi<|uu la possibilité d<: «-ullu lilialiun. Les lotit* cités
semblent fournir lus intwinOdiaires outre l'urluo virant des Orang-Ot et
le SQiulonglulanij.
W »9O5-!90(i
t'ASSËE SOCfOUMifOUK.

mmlony reiuuij n'est sans dotilo qu'une modification de i 'usage,


fort répandu dans l'Archipel Malais, de réunir finalement les
cercueils contenant les ossements dans des anfractuusités de
rochers ou dans dus cavernes souterraines
CjUc variété dans les modes
de la sépulture définitive- est
d'ailleurs pour nous secondaire l'essentiel est que dans la
plupart des cas elle présente un caractère collectif, au moins
familial elle contraste par là nettement avec lu sépulture
provisoire où le cadavre est, nous l'avons vu, généralement
isolé. Lu translation des restes, lors de la cérémonie finale,
n'est donc pas un simple changement do lieu; elle opère une
transformation profonde dans la condition du défunt ello
le fait sortir de l'isolement où il était plongé depuis la mort
et réunit sou corps à ceux des ancêtres'. C'est ce qui appa-
ralt clairement lorsqu'on étudie les rites observés au cours
de ces secondes obsèques.
Ou retire de leur sépulture les restes de celui ou
provisoire
de ceux pour qui la (été doit être célébrée, et ou les ramène
au village dans la « maison des hommes » somptueusement
décorée, ou dans une maison érigée spécialement à ceteflet1;

1. Cl', pour Borné», Uraliiiwiky. Tiu-ah. p. 200, Mmiwenliuis, op. cil., I,


j). 376. Trunip. ujj.cil;[>. 70, Creagh, ia Jauni. Antltr. Insl., XXVI, i>. 314
(description <i'uiii) caverne renfermant -10 cercueils;; pour Célélies. Hiedel,
in. Int. Arch. Hthn., VIII. p. ÎUS-'J, Meyerct Rirlilcr, op.cit., p. 1Ï9, Adriitnl,
m. Meil. Xe<l. Zeiul., XMU, p. 38 et 38, Kruijl, op. cil., p. 23«, Mttttlios,
Verstng van eeu uitslapje imur de oosler ttisli: v- Mebt*, p. OÏ-9; et) ileviiiur
autour ii vislti; U-ois gniniles cuvci-nes suulorrainci: clmcunu d'elles conlc-
nuit util! masse it'iiiiements tic iiuirts, rungô^ les uns auprès dos autres,
un grand numbro étant rt-iilennés dans des cercueils; ces vavurnvs avaient
servi, uviint l'iutrodiaHion de l'Ulaniismo, do lieux réguliers de sépulture.
S. Nous n'en avons pas é[iui.sé lu liste ainsi l'enterrement (définitif) esl
mentionné quelquefois.
3. Brdi-li(>j,op. dt. 101. – flans l'Ile de Nias, au cours d'une cérémonie
analogue sut- laquelle nous reviendrons, la veuve appelle le mort et lui
dit < Nous venons tu chercher, t'ennm-ner hors de ta hutte sulituiro et te
conduire dans lu grandi: nmUon (des ancêtres) » (la hutte solitaire est
M<!iith|u<<au /i«.«i/i d.sOI» NKitilju, cf. plus haut p. li\) Chatelin. in Ttjd-
telir. i: luit, T. en l'k.. XXVI. p. U9. II faut. croyons-nous, inter-
pivtt-r dans le nn'-mo sons li-s formules prononcées au cours du chant
d'ouvorluro <lu Tiwah les fruits y sont adjurés du venir « nietlre un
trrmi- ii lY-tal iVég.iiVPiierildu ih-fuut i|ui est aeinbluMf. à l'oiseau perdu
dans les airs. la paillutlo d'or envolw. etc.»; llurdelund, Cramai.,
p. 219.
«rahowsky. Tiu-ah, p. 101, Tromp, RAein. Mimiomli. ilRTi). p. «,
Kruijl, op. cii., p. ;12: ,|uand lu cadavre a été gurdë dans rhahitaiion
dei vivants, un le transporta aussi dans la Mai
Grabovsky, in Aiisluml
(mi), p. «74.
II. IIKIITZ. LAHKHIÉSHNTATIUX
IWLLKCTIVB
t»BL\ MOHT 81
_1. 1_
ils y sont déposés sur une sorte de catafalque Mais aupara-
vant il (atil procéder à une opération que l'un dos auteurs
nous présente contme l'acte essentiel (le cette hHc- ou lave
avec soin les ossements1; si. comme il arrive, ils ne sont
pas complètement dénudés, on les dépouille des chairs
qui y sont encore attachées ». Puis on les remet dans une
enveloppe nouvelle, souvent précieuse Ces rites sout loin
il'etrc iusiguiflanls eu purifiant lo corps", en lui donnant
un nouvel attirail, les vivants marquent lu fin d'une période
cl le commencement d'uuo autre; ils abolissent un passé
-inistre et donnent au mort un corps nouveau et glorilié*,
avec lequel il pourra dignement entrer dans la compaguie
de ses ancêtres.

Mais il ne part pas sans qu'où lui ait fait des adieux solennels
i>t sans qu'on ait entouré de tout l'éclat possible tes derniers

I. (imbowsky, Titrait, p. \9î; Kruijt, p. 230.


l Kruijl, p. S6.
Cf. |iout* !s Olo LtiwaiiHiUi, Urubowsky, in Amlaiiil 1I888), p. M)3;
|iin- les Uayaks de Ku-lel, Tniuip, in Itijtii: I. il. T. en Vit. v. AW.-
/««/ ii" v., JI. III, p. TU; pour les Murais, L. Rulli, 1. p. 153 puur \v»
iinliui'iiu* 1I1:l'fle Ittibitr, Hiedcl, Slui/t en knvshariye mumi. p. 305 pour
Mi'uliur, Sulunuiii, p. iU'J. Nous no li'uuvou» pis cette pratique etpn'SSi;-
•in-iit muiitiiiiinéi.' uu sujet îles Olu Nguiljit; on nous dit «vulvuiuDl ijnn Its
'.sli's sont transIvrOs dans un nouveau cercueil cl- tirabowsky, Timih,
p. SOI).
i. KrulJI, p. 80, 33. – C'osl une opération nun seulement [ihyBii|Ueincnl
pnuminti', mais pleine du (luiiguii sunintuivls.
r>.Nous suivons Kruijt, loc. cit., et p. î3ï los osscnu'iils sont coiuiiiu
iiniiailluti's dans des nioivuaux d 'di-uriv d'uu arbre dOlernilné. Dans cer-
(lins districts ou décore la tiHc peiulunt la ilurôe du lu RHi'uvec un masqui!
li- liuis Ip. 231) les os.'ii'ini'nl.s avec leur enveloppe sont déposés dans un
i<mt petit cercueil (p. 23$). – Cl', pour Timor, l'oibes, op. cit., \i. 435.
>i.U'S Olo Maunjan, qui pratiquent la crémation des us, lu considèrent
< limite un uclo indispuusablo de purilii'iiliuu Tromp, lllieln. Missions/
'IliîT', p. 48.
Tu passage de Ilai'deland semlilv confirmer et compléter cotte inter-
l.tvtittiou (W'iïi-ttrti., \i. 30! uu mut l'util): pour i|ttt- lu /ia» hrahann ou
uni' l'orpiiivllo puisse être réunie a l'unie principale, on rassi'inL! Ions les
ivsti'* du •ailurru (en priant les bons esprits d'y joindre tous les cheveux,
nuit- etc. i|uc lo 11101Ipeut uvoir perdus au cnurs de su vie) puis Tem-
pou Ti.-lf»n.lo psyehopompo inytliii|ue, on fuit sortir la lia» hiitiaiig que
a feinniit aspurgc d'une eau viviliitulu l'Auto, ainsi revenue & lu vie et a
l:i cuiisciciice, est ensuite conduite dans la cite célcstu. Conuix. duns loutu
o-ttu ccrémoiiie, lesévénviiienls (imaginaires) ivlalifs u l'unie sont l'oxacte
ciintropartic des pnitiijué's accomplies sur lu corps, il ne nous parait pas
louleux que les prêtresses font elles-mêmes l'ai'te nu'elles attribuent a la
li'inine do Teinpoii. Ce rite a pour objot une véritable rêsurivntion corpo-
mIIi-.
92 l'annés ioetoujoivji'B. iws-lwtô

jours de son existence terrestre. Aussitôt que le cercueil est


déposé sur le catafalque, chez les Olo Ngadju, te veuf, ou la
veuve, vient s'asseoir tout auprès « Tu es encore pour peu
de temps pu nui nous, dit-il ttu mort, puis tu t'en iras vers
le lieu agréable où demeurent nos ancêtres. ». On cherche
à satisfaire le défuut eu exposant auprès de ses ossements les
vases sacrés et les trésors les plus précieux de lu famille,
dont il u joui de sou vivant et qui lui garantissent uue exis-
tence opulente dans l'autre monde
Chez les Alfourous du centre de Célôbes, ou danse autour
des restes des morts pendant le mois qui précède la fête.
Puis, lorsque les hôtes sout arrivés, des prêtresses prennent
dans leurs bras les ossements enveloppés et, tout en chantant,
les promènent processionuelleinent daus la maisonde fête,
durant deux jours de cette manière, nous dit-on, les vivants
accueillent pour la dernière fois les morts au milieu d'eux et
leur témoignent la même affection que pendant leur vie,
avant de prendre définitivement congé de leurs restes et de
leurs âmes
Si le lieu de la sépulture est éloigné et voisin du fleuve
(comme c'est fréquemment le cas chez les Olo Ngadju), ou
dépose le cercueil dans uu bateau brillanitneul décoré, tandis
que dans un autre prennent place les prêtresses et les parents
du mort. Lorsqu'on est arrivé au suudong et que les ossements
yont été introduits, les prétresses exécutent une danse autour
du monument et « prient lésâmes de ceux qui y sont déjà ense-
velis de vouloir bien faire bon accueil aux nouveaux arri-
vants ». S'agit-il vraiment d'une prière ? Kn réalité cettedanse
et ces chants par leur vertu propre donnent son sens et sa
pleine efficacité à l'acte matériel qui vient d'être accompli
ils font entrer le mort dans la communion de ses pères,
comme ses os viennent d'être réunis aux leurs dans le san-
dong. Les vivants partent maintenant avec le sentiment d'être

i. En vertu de l'axiome « Richeici-bus,rioliolà-liaut»; cf. Bruches,


op.cil.,p. 102;Grithowsky, timah,p. 192-3.– Sansdoutel'âmede chacun
des nlijeliexposésest censé!suivre le mort; naturellementla fumillu
viruuti-s'usait' flle-mt'iue,dans sesmorts, aux veux des (Hrangurspré-
sents.
i. Kruijl,p. 33 et 835;celleinterprétationde l'auteursemblad'ailleurs
atténuerluportéi;du rite coimiiol'inilii|ui.-iit
la présencedesprC-trosses
et
lerailde leurs chants,il s'agitd'un acteintéressantdirectementle salut
des morts les parolesdu chantsontfortobscures.Peut-êtrefaut-ilruppro-
cherce rite de celuiqui estdécritdansle paragraphesuivant.
II. IIBIITZ. – LA HKPnKSKSTATION
COUKCTIVEOR M UOnT 93

quittes en versle mort tandis qu'ils étaient venus silencieux,


au sou d'une musique funèbre, Ils rentrent gaiement en
(•limitant et buvant Ce contraste marque bien le sens des
secondes obsèques elles clôturent I» période sombre où la
mort dominait, elles ouvrent ime ère nouvelle.
Les sentiments que les vivants éprouvent, après ces rites,
ii réRiinl des ossements, diffèrent de ceux que le cadavre
inspirait pendant la période précédente. Sans doute les os
sont, encore investis d'un caractère toi qu'un contact trop
intime aveu eux parait redoutable et que souvent on préfère
mettre une distance assez grande entre ta maison des morts
et les vivants-; mais désormais co n'est plus l'élément de
répulsion et de dégoût qui domine, c'est plutôt une con-
fiance respectueuse. Ou croit que de l'ossuaire émane une
intluencc bienfaisante (lui protège le village contre le mal-
Iteur et aide les vivants dans leurs entreprises*. Il suffit que
ces représentations et ces sentiments se développent et se
précisent pour qu'un véritable cuite des reliques se cons-
titue, qui détermine une modification grave dans la nature
des obsèques déllnitives.
Kneffet, particulièrementlorsqu'ils'aftitdechefsou de grands
personnages, la haute opinion que l'on a de la vertu de leurs
restes et le désir de s'en assurer le bienfait tout que dans
certaines tribus ou leur donne une place permanente dans la
maison mêmedes vivants. Dans l'Archipel Malais, c'est pres-
que toujours la tête seule qui jouit do ce privilège elle

1.llardelunil.Wûrletli.,p. 609,Urabowsky, Tiwah,p. 200-t cf. surle*


Munils.L. Rotll,I. p. 153. ·
î. Bruches,p. 103 lu sandonft.avectout cequi l'entoure,estpali.
3. Van Mer(sur Timor-lauti, in Int.Arck.Hlltn.,XIV,p. 216. Aussi
-Vtruroe-l-on de resterestcontactavecles murU chcilesAlfouronsitn
ivntri.'de Ci'li'li.'S,
on gardedes petitsmoiceuuxtle record;qui a servia
"tuer lesossements an les porte à lit guerrepour s'assurerla protec-
tionîles morts (Kruijt,p. 231,n. 1). 1>»iiiêmi'dans l'Ile.de Uabur.les
l'iiiineslui ont élu chargéesde députerles restesdans une cavernedo
11montagnerapportentde ce lieudesbranchesil'urbreset en distribuent
\,t feuillesaux habitantsdu village;Hieiiel,Miul; enkrœsliarigerassen,
ji.26£. CurtuinsAlfourousde l'Estde Célébcsvontmémojusqu'ùpar-
le»(k entrales membresdelu famille(luileur attribuentdes vertus
t<iK<!t°
iii»K>'|ucs Uosscher C Maltlilissen,In Wlthen,Animisme, p, 179.
4. l,esautresossementsoubiensontparlés« tinossuaireeollei-tifou nu
miiiI puslislmuws dutout ;<('.jiour Nicolmr, SoUmion,p. 20'J,Kloss.p. %i;
pour les ttulaksde Tuba, Wilken, l eh ot<.
d . Schetleleereering,
in iïijtl.
I. tl. T. i. en Vt.v.>< Intl.(I889i,I, p.98: puurlesDayaks,Gralunvsty,
in Austantl!tS88i,p. 583(sur les Olo-LowaiiKun), Bangert,in Wilkon,
•* tANNÈE tUOS-lTUB
SOCIOLOniQl'K.
est la partie essentielle du coi-p» et le siège des
pouvoirs
du mort. Après l'avoir décorée, on la déposo li l'intérieur de
la maison ou dans une petite niche voisine; en certaines
occasions, on lui oiïre tle la nourriture, on l'oint avec quelque
liquide spécial elle fait partie du trésor sacré de lu famille,
et guruullt sa prospérité «. Ainsi les restes des morts ne sont
pas toujours réunis finalement daus une sépulture commune
avec ceux de leurs pères mais cette transformation du riu»
n'en altère pas gravement le sens. L'existence même d'un
aille des reliques la notion
suppose qu'entre la colleclivité
des vivants et celle des morts il n'y a pas une solution de
continuité absolue: en revenant prendre place ait foyer
domestique eu cjualitê d«ncètres vénérés et protecteurs, ces
morts distingués rentrent dans la communion familiale;
mais trop
illustres et trop puissants pour aller se perdre dans
la foule des morts, ils une place d'houneur,
reçoiveut à proxi-
mité des vivants; et le culte dont ils sont désormais
l'objet
accuse fortement
le changement que la cérémonie finale a
opéré en eux.
Si l'on attend des secondes
obsèques des eflels favorables
à la fois pour les morts et
pour les vivants, l'accomplissement
de ce rite n'en est pas moius
pénible et redoutable, à cause du
contact intime qu'il suppose avec le foyer môme de l'infection
funèbre1. Aussi de nombreuses
tribus, soit à la suite d'uueévo-

»/ <!(.. j.. !li-C Mir |i-< n|o Mnuujiiu Tr-.tiip. Ili/tlr. l. tl. T. vu l'A c
.\rrl. lmt.. :,Y. v.. ,11. 111. l:. ~d ¡SUI'1. 'l'lllIdjUIlf.lJ; 1'111' Il'11'11,1"1"
». $UU p,,uH ai-ch. «le l'.mur-Laul, Kulir. V^age* uf (/,“ /“,
Jîi ,| nu Mumort ,,u,| sm. jui les dl,lu v. îiî,
l-orbes, J)n;lllK.rei v,.rlunvi
dus,|U,|Uoiilin .1.•••art, le iiiulii-ur de sa pi-rsoniw. Noiuns .m.. ct,M
..vilains pt'iiples. qui no cutift-rv«ut du
point reli.|Ui-i..in s,, borne au»«i
"b',V1|ll<-S<k:"1Mi!iv<-7 ,a taisu»'hh-f les '•l''< <l«morts <lan< «n«
«T.,lh7
wpultmv rollcvtive c|. B.U-1. Sluik a, knriharigt ,-««<«.
,». Mî, 302.
k la l"1'1"»»'1. <'t l'eiha.ii, iii L. Rolli, I,
'«t!* 'Vi"1''
|i. -II.- Il s ;1Ka1,ii-ii ici ,|un ouït- <s aiieeirt' du moins <le vertains
an<tr..s: iimis si la nTénionii- ilualc .-t
.iiisn.-ptil.lc de ilovi-nir uin-i l«
lioml de d,-|>arl «luti cuit, v||i; »,» pus necssuireuifiit un caractiTi- cultuel.
U-, »e«in.lM ..hs.-nura Initonéiuîmi. n.r .litr.n-nt
>m»jmr leur fondion ne
ijo-.lim.-mil.<.cllos ii'nut pus pour ol.j.-t «l'adorer ou do propitk-r des ùmw
.livmi»iM. L,. lait .juVIIm su.it ei-Uhrivi
loiifilMiups «,,»« lu mult ““ doit
pas fur,) illtti.,0,1 une nelion c-ulluello se r.-p.l.- ind.-linim«iit il .orlains
inlervall. tandis que la feto <Iu i.mrt nu entrain termine une sM- de
l>ralii|in's.
î. 01'. plus hattl. p. 91, u. i. a NfcolHir loxl.uii.i.tl.in .• l-.in>idér.e
nimiii.' uim .,|«?rali.in les .lanii.-ii-uw.
app^lanl «le» pr.-Cim.i.»ii«et dos
punlualions sp,;nal.-s .-f. Solomon, ,,p. cil., p. ara. Ik.us U-sud dt l'Ile de
.Nias, on imp.,«ut c«tle Ucl». it un in.iivi.lu Uunl un s'était
ciiijhiiô par
Il IIKIIT/. L.V «KWIÉSHNTATIOX COLI.KCTIVB IIK l,.l MORT W

In lion spontanée, soit sous l'action d'influences étrangères, eu


sont-elles venues à s'épargner l'ennui et les risques île cette
reivmonie. Certains ont alors pris le parti d'avaucer lu célé-
bralion de lit fêle due uu mort el de In faire coïncider avec les
.)ljsi't|ues immédiates, devenues défiuiUvea1. Ailleurs, lu tête
ol restée à soit ancienne date, mais il lie subsiste plus que
îles traces (le l'ancien C'est
usage du changement de sépulture.
uinsi que ceux des AUourous du centre de Gélèlws qui sont
devenus walioinétans n'exliuiiienl plus lo cadavre: ils sebor-
ui'iit, lors de lu cérémonie liwile, à ôter toutes les inauviiises
herbes de la tombe, à oulerer la petite maison qui la recou-
vi ail. il déposer eulill sur lu place de nouveaux vêtements
dVeorce J et des provisions pour le grand voyage quo l'anic
ilnil accomplir3. Pour peu que ces survivances s'effacent, ou
i ii viendra ù oublier qu'un des objets essentiels de la céré-
muuie tinali! a été lu tianslaliou des ossements purifiés du
lieu de dépôt temporaire dans une sépulture définitive à
i-ai'iii'lère collectif.
h L'aecfa (/c Nme au séjour »/»'$ morts. Parallèlement à
ii-tti1 action qui s'exerce sur les restes matériels du défunt.
un service {tmêbre est célébré qui change la condition de
lame il s'agit de mettre un terme il son agitation inquiète
h l'introduisant solennellement dans la société des morts.
i.Vsl une tacite ardue qui suppose de puissants concours

..ili'iicv, puis on lui coupait la li'tc <ji»i élail juiulouux resk-s ttu luurl
IihiiIi.-Ik.mi. in Tijihelti: v. Snlerl. liul. 1I8S81.p. ISO). Les utileuii rtVeuU,
ii i/iiilii'ul'u'i- M<iiligliiiii\ |t.i viu'iyio a .Viiiv. p. 28Ui. n'uni lion «h^i'ivû <lo
• iiil'hiMc »n ilunno un luurl liiuiK-iliatciiienl lu ."cpulturo ilùlinitiu-.
I. ><<ni i>i>*pur i'Xi'iii|i!c II"' Ulu. Miuuijiin cf. tirabowstiv, in Atuiund
'^Si). |>. 171.l/aiii'iouiK' l'ouluiiioiii.1 s'vst inuiuloiiucijuif cliu/losiiveiiiins
tu Mlmng.
. Ci. plus haut |>. 91, n. !i.
Kniijt, u/>.cil., p. 3S. – La rite doIci destruction île la niaixin » Hi-ui-
i 'Uih'j ilu mort lui'j 1I11lu cr-ivnioniu liniilv sv ivix-niitt'u iitiss-i tlutts l'/lt*
'1 *-ii'iiil).i. ronùUitiviMiii'iit ;ivoc tu i:It'iUti'i<iliMinitivi- de In tuuiln' i)\ii
ii«'|iii.-là 14'ariiil tl'li; (|Ui; nnnivi'i-li.' il'uiii' pi'iiu de Imflie ilt-s'iVIn'-e: cf.
llci-s.tK YrrlntuM. r. h. llatae. Util. r. K. nu U' XXXVI, p. bti-S. – Clu'ï
li - uluNtiuiiju iniV'iiii'iiics. i|iii'li|iu-l'uis. un lie pruc-ùilv|ws ù IWhuiimUon
i'- ii~k-s ulors. (uul pu ivi'iSuiil <!•'>l'ormuks iiiniin|jiit'i' mi (itimli; sur
1 1luiiiliuuni' li^'i' lin IkiiiiIihu liicn s<-iiljïtée c'est si^ne pour l'àiim i|ii'ello
l'iiil l'uln-r 1I11110 la ville îles morts lirabow.iky, Ttuah, p. t!M cf. uns.si
Iti.l.'l. <>/>.cit.. p. ÏM (.-m-les imli^i-iifs de Lunnp Sei-mala). – l).ni> le
'>' i-i AhIu.«r.imle lélo l'uin-rnire «les Dayaks Maiiliines, il n'y a pas en
t'iiirral île seeuiiiji-!i ulisèijucà il i-sl seulciiit'iil i|ue.iliiiu il' un iin>liuiiient
11i.njili' fi-i- l'.lovt;en ivi'tains ias sin- lu liiiuln.1,en inêiiii1 (i(ti|>.s iju'un
y .îinwltr du la nu«rrituv«; Li»)j Koth, t. 1, j>. ïOi-5, ïO8-«, S».
90 i/asnisr i905-l900
socioLoanji-K.

car la
car la route
route au! niftun
mené Anna
dttns t'uutp»
l'autre mnn^a ™t “““!«
qui monde est semée de pertta
de toutes l'attires
l, et t'amo ne parviendra pas au terme de
son voyages! 1!lIe n'est pus conduite et protégée par quelque
puissant psychopompe, comme le Temjton Téton des 010
Ngadju 1. Aflu d'assurer à l'âme cette assistance
iudispon-
sable, des prêtres et prêtresses,
convoqués plat- la famille du
mort. recitent eu s'uccompuguant du tambour de lalrgues
incantations
Il leur faut
d'abord aller par delà les
nuages inviter les
esprits 6-le.tes A descendre sur terre où les âmes fesattett.
dent a dociles, ils arrivent et, sur la prière des parents des
morts, se mettent est devoir de charger leur bateau ils y
fout entrer Mon seulement les an<es des morts. mais aussi
celles des animaux iiiiiiioIÉ-9 pour lit fi%te et de tous les tré-
sors qui y out été exposes. Au sou des tambours et des
coups de feu, le navire, conduit par Tempon 1'01011, corn-
menco sa course A mesure
rapide". que le denoument du
drame approche, t émotion devient plus intense; les assistants
écoutent silencieux, taudis que le
principat officiant est en

l, Cf. SUI'It,~ Utu Ngadju.


tiruboH,ky. iin·rele. p. 18.*j“ ,)~ p,i,,c)~
C~ptlmvt~ 4-9 li~ d'uli t.,Mt,iJ).,n.h. feu.: sur Ica lIululuuuf'l!lIll't!
de 04irit~-ti.:o\iCUWCllhui:l, 4,J).oit.. l', to~.
2. C't'<I'1.lns ')' aarry;rm?. on hotts lie$ ait-< on le
ilésigne, dalbri~~'44111 lrrlncipul .'sdav. pur t-ap,))aLn Iii, lIIatll'1! dl'
Telun IIIlIi<:11111 1'illI"¡' 1111111 l'si t-t. 11I11'IMIIUd,
<,Mm~ ),. 33~. le. 43. Il 4-.ït (le nuter il ce prol'll:! (lui! les
~{"'r' Sillii 1'/1 Ré/ll!t'I1I<1es
dilim oli. sel'llOlI1s el des eroco-
t-il., p. titi), L'uulre pl1l'l, dettes un
Ilassul/e du °
(les I*ellll)ljn1't-1t)tl .1t»-ClitrL lui-ilitlitt4!Z-(I-eun
ur les fJayuks #lie %IaliakiiiiidOIl'II'1I1 1ij(1'\J\ibi, p. :II):
il "!III'.S morls djslingll~s un tigre 1111
IJO¡~u~'l1nl la "'1.) d'un (lui, sans .ll1ule, est ..h.rR. d'ussister
I'>)mvJuna sun voya~r, ;“ ~-< l. d. y. L. en l'k., vit- III.
l', G31 et 1#~1i¡':I' leu on I1Us.-rm-nt est sourcnl
aupri~e; (114 ligure
ihiel., 1). 2iJ¡, HrullOwsky, 1j'l"lI/
llg. 91. un pl. lx,
Il est aus
tertucs été! (lut
unlit- eet-v(-ni t-unâtaiiiiiient duns lu
jargon (11, il ,l''si;\11<'1'1,,< uinsi rtue tes
ntairlis tliitlî 1'00ulI'"Ose ruit que Ici en telle
par.·nlr: h et 1., r·rocu,lite ou 10 el (.-Iluue tnuts·
n).t. A. ) .“j.r.. la .“) tic ces )u.i.tu/
cunlre t.I"IIIU'II\ lé! se nm.
.!tl1b 1'1'1111"" ~1.llaj< rf.
lipp.c%il~lrrnrr!ten arra
Ilollrut·liarli Ual·In<lirn.tr. 1.I.IiIl, Wilk,m,A"jm;s1III', (1. '¡II et
b)t~tu-i. l'I"yl<" in ltcrrrr rt'A'llm.y~,·upkie. tputlr le
11', p. 3, 1', li.
V, JI. 401
~6~.'J'
ti4j.
S. ))ur<).).L ,<“
p. :ü!t, l7r·uhwc~ky,,t«/ p. )'.)7.t!
4, i6ici., l'. 2,\1;s'l,
5. Ibi<l., p. _;y. t'rrur ce 'I"i suit ruros nous n·Yïrons ù Ullurnhh, in
Cru.
Lowsky ior. fin c-si rumhtalredans te texte
voyftj4,t
de llurdclutut cl ne fait aucune iiientiosi d\IJlI'I!U\'e~il traverser.
Il. tIKttï/. – t. A KKVRKilKNT.VTIUS
COLt.KCnVKt)lî | MtiHT 07

..n.mim f'u WItn ~·rntn


il une vraie "'Lh,¡n
frénésie lnales In!viia
traitsnHianln .Sn.ma.i ~.1
proie crispés, t'cuniaut et
tout en sueur, il semble s'identifier à Tempou Telou (dont il
porte d'ailleurs les attributs), il voit les périls qui menacent
-<m navire, le tourbillon de (en qu'il va falloir franchir.
Kulin un cri de triomphe reteutit qui soulage l'assistance1:
il-;sont sauvés! la ville des morts est atteinte Lésâmes
ili'-lmrquetit,elles se incitent &(tunsei*autour de leur nouvelle
ilcinetire. elles se félicitent « Il est venu, le jour de notre vie-
luire nous voici conduites par Tenipon Telou loin de lu rive
terrestre où s'assemblent les lances des hommes; nous voyons
>:iville riclio où l'or étincelle. » Puis, après avoir mangé le
tvpas copieux que la fôte leur apporte, elles fout venir leurs
i -daves s quiles parent, huilent leurs cheveux et noircissent
l-'iirs dents et leur cœur se réjouit Alors les ancêtres, qui
di'puis longtemps résident au pays des morts, s'assemblent et
viennent souhaiter lu bienvenue aux nouveaux arrivants*,
l'ourtaut ceux-ci lie sont pas encore complètement rétablis.
Il faut un nouveau voyage (et un chant spécial pourque les
.nues des os, des cheveux et des ongles, réveillées do leur
longuetorpeur, parviennent à leur tour dans la ville céleste et
i 'joignent leur maître. Alors l'œuvre est achevée l'ombre a
i l'priscorps, l'âme exilée et errante a maintenant une place
lixe au milieu de ses semblables1'; à l'existence précaire
'|iù'l)o mène depuis la mort succède une vie opulente* qui
-.mille perpétuer iudêfiniineut les splendeurs et l'énorme
:ibtiiidanccde la fête funéraire elle-même. Bref, après cette
ilernière épreuve, l'Ameest affranchie, sauvée'.

I. v'.Wk
liiiiioigiiudesajoiepurthsrrisi-l unla|><i^(.- inli-riiallîraliuvMk.v,
.(.(). l'IS.
Ouï (ju«le défuntavait « envoyésà l'avuiim• du son vivant,eu
m-•"«punila lêle,ou lm xii-liimsttiiuiulût.lyrs iK'lafêle Hiia-lav-,
a. vit.,p. 10â-3.
a. IliivvU-laml,op.rit., \>.509-7.1. Nulonslu svmi'liii'raln' ri » imagos
l'rs pruli'iiiesiiliservvusau rouisdesoli.-ii'-i(uis I»rondeîlesilmcsuutuur
;' la maison ciHo*tv à
•.•"fivsjioinl la ilausi' des prMrcssi'jautourdu sun
'•ihk u-r.plusliantp. 9ii, ellu |jurun>îlesnouveau*urrivO.s il U toilollc
!< listesiiKili-ik-ls.
i. )J'ailleui;ieuli|tié.ui' leprén.'ilentllurdvliimt. p.îii.
'< 'l'oushabitenten.<einlile Iv.sfuinilliv->!• îi't'iiii.ilitiii'iitUrabowsky,
• ' p.p.)8H; c f.
180;cr. Kruijl.uo;). <-<< >?S·9.
p.cil.,p.p.£*-<X – C'-rtimx's
– Cerluincs tfutvgorii's i')':uwrt:
t'att;f:"t'i'<l<; mort*
iliiientpoui'Uinl ù piirt iiuusrevieiiilnnisdurce point.
0. lirabowsliy, p. 187 Kruijl,luc.cil.
"i.cf. Gnilmwsky, p. 188 niuisil a tort il'applii|ui>i- û rûuiulunml ijiii
-eit a (lésigiierlu iï'ii- liu-uti,luiuiiiunous.le.verrons,doit s'oulciuite
i» suiviiunts.. ',i,n/(
K. DiiiKMEiM.
– AunC-soci<iU>100S.H)«(i. 7
98 l/ANNKK SUOIOLUlilQl'K.1905.19W

S"llfaut eu croire lu missionnaire B caches,celte


(Inscription
du voyage de l'Ameet du village céleste neserait
qu'une fable
inventée à plnisir par les prêtres psyehopompos; au fond,
pour ceux-ci comme pour tous les Dayaks, lame est alta-
chéo aux restes corporels et réside a l'intérieur ou dans le
voisinage du hmuIoiik'. Buellet il y a un lieu étroit cutro le
réceptacle des ossements et la « ville des morts » c'est l'âme
ou la substance spirituelle de la maison-ossuaire «t des liril-
lauls accessoire* qui i'euvironiieni qui va constituer daus le
ciel, après avoir subi une transfiguration, la demeure et les
trésors des morts Les chants magiques no (oui (pic
transpo-
ser dans la langue du mythe les pratiques
accomplies sur les
ossements. Maiscette transposition n'est pas une lirtion men-
songère. S.tits (Imite « l'unique cousolation du Diiy.ik.c'est la
pensée d'être uu jour réuni à ses pères » mais celte réunion,
qui est, en ec qui concerne le mort, l'objet essentieldt>la céré-
monie finale, s'opère eu même temps par doux voies diffé-
rentes, par la déposition des restes dans une sépullure
commune et par l'accès de l'aine nu séjour collectif des
morts; tes deux événements sont solidaires et également
essentiels le rite fournit à la représentation uu support maté-
riel, l'imagination prolonge et achèvece qui n'est qu'indiqué
par le rite.
L'âme n'entre point dans la ville céleste pour y jouir d'un
repos éternel l'immortalité n'appartient pas plus aux habi-
tauts de l'autre momie qu à ceuxde celui-ci. Pendantla durée
de sept générations l'Ame reste au ciel mais
chaque fois
qu'elle a atteint le terme d'une existence, elle doit mourir
ppur reuuître eusuite'. Après sa septième mort, l'àme redes-

t. Braelios,p. tilj.l.Il conclut «li*Tin-alin'a doncpusduutroobjetqui*


de transposerI'1*ihm'iiioiiU du mortdu cercueilpiuvisoiredans li>Ein-
dong et de rnnilnire l'aurade la « collineoit le ri-KUoll ûlailt-achûau
lieudu samluiiK».
2. Grabowsky, Tiwnh.p. 190.– UiiDaynkdéclaraitunjourapiï*avoir
onlemlule wrtw», d un iiiissiunnairL- « Noirerlel An..u*eVil lo mn.
oong» (irai, .wskyifti, p. |>J8.Il nufaut pas voirune nO(jution de la
«Sieste« villu«!.•* ,iuios dun.scelle phrasedestin.iesiini|ilomiMit 4 onnuftv
aux pl'~llic¡¡tilm5(~hl.Ii"lllics
le ")'sli'IIIC
<1"cmYlllICcsduntte est
«il
sUliriOli1I
expression visililo– Cf.surlelessysU-mo
Iauxprcilicati.jris<!hnilii>aiw« Alfourous,
d<:cKruljl.o/).
niyanwt dont
cit., sundoug
le[i. 235.
3. Bruches,p. tu:>.
4. Clieji-orUiinfilribns Dayak*de Sarawak,lo nombredes inorlssucecs-
tivesBsts«ul«-ment *•I rois UngKoili.I, p.213 Clia'mers
en mcnllunnu in Roll»,I. p.167»
ipiala' maisla premiôrecorn«spon.l a la lin (K-la période
transitoireet a IVulréuau pays des âmes pendantclw>|ue cxlaloncn Un»
H. nillT/ – LA IIKfBKSEXïATIOS W»M.1«:TIVK 1)K IA MOHT 9'J

j.mijtuni' Tm
la tnl*i*<i al a'ittt i*/ntn i tdans
^Intm utt
cend Kiir turre et s'introduit un ntinmrktfvii^iit
champignon
fitiou /(fti\4ï
dans
un fruit, de préférence à proximité du village. Qu'une femme
vienne ;'i manger ce fruit ou ce champignon, l'âme outrera
dans son corps pour renaître bientôt sous forme humaine.
Mais si le fruit est mangé p;ir certains uniinaux, uubuffle,
un cerf ou un «iu^c, l'unie se (laits un corps nui-
niiih ce dernier est-il eulin consommé par un homme, l'Ame
rcviumlru ;i près ce détour p;u-iui tes lut mai us Si uucou-
I ni ire le fruit ou l'animal meurent sans qu'aucun homme les
in.ïri£>\ raine «?«dissipe alors pour de bon Haut ce cas, qui
«•liez les Olo Ngiidjn parait exceptionnel, ou voit que l'Ame
est dominée il parcourir sans iiu le cycle des morts et des
iTii;iis«t iices cl (|ue sou séjour au ciel, parmi les ancêtres,
n'est qu'un stage séparant deux incarnationsterrestres,
humaines ou auimales. La mort n'est donc pas pour ces

peuples uu événement singulier, lie se produisant qu'une fois

porte un nom di-linct. l.a mkiiii! cripyinic' en Imi» iiinrU successives su


retrouve rhi'l le< Alfiiiitruis du centra de (.Vlelies iKiuijl, op. cit., p. 29|
l'âme umss<*vlni |iu> foi* dans un nouveau téjoiir les noms <|ii<>portent
,> (Jilk-ivitlj Iiuiix sont munil'esti'iueut il'urif;'1!)»liinijoui- nu niusuliiiaii«
mais ! foiiil il,. |.i cruyanec t'»t oii({imil. – Le» indigènes «le Nius cruiunl
a neuf ui'irU «iici-nsslvos ios vin rlu l'unlrv momie ilui*nl justi> le in^iiii'
niinibn* U'aiinét.»»i|u« la pnMilvnto cvl«lencv tewsliv (Wilki'li. Animisme;
p. (mi.
1. D'upivs IVrcluer, op. cil., p. 17-8. ks Daynks mungunt volontiers la
vinn>le de ces uiiiiuau.x pnreu quo ceuv-ci oui une nourrituiv otclusiveiiienl
véjiOulv. et i|u'il y a par suite de grandes clmnees pour <|ii'ils logent un
•uk un>' 'une l'uiiiuiiio. Aucontraire, llundtii'h* 'in Slilt. <l, iteogr. lie».
hua (tsss>. p. lUU-T)nous dit i|ug de nottibrvtt!: Daytiks no consomment
pas lu chuli- .s riM-rsou i\v* siiNKliers ni certaines feuilles du pulluler,
parce i|Ue li\m<: de leurs grands parents pourrait y être renrerniée. Les
<Wnx têKiiiiKiinKCi.qiKii'iue eimlnulictoii-es. i-onvordeiil sur le point essen-
lii-l. \u sujet de» iufllcs, Hrarlies ip. Ml) imus dit. que, huion les Ol»
Nuuilju. iU ont le ih^iiiu fti-riérc-Krantl-pi-ru que les lioiiiuies; aussi le»
<;icrille-t.oii lors ilu Tiwali au lieu du» viclime» liilmaines proliiliiieii. Cf.
Nieuwetlllilis, 1, p. lU.i. 106.
2. Nous expu-nii-i la croyance sous la forme qu'elle prescrite chez les 01»
Xgitdju M. Bruches, p. )(«. Gralwwsky, Titrait, p. l«Ti et chcï les Olo
Mounj.in |i>iMliowslcy, in Ausland ilMit), p. »TI). Mais elle se retrouve au
moins fntKinoiitairement chet d'autres peuples de l'Archipel. – Cf. pour
le-- Online*»*, Wilken, Animisme, p. DI-3 l'dmc apivs son oxlstenco céleste
redescend sur terro sous forme de rosée et se réincarne dans un enfant do
lit inouïe r» nulle, ce qui evpl|i|ue tes ressemblances ataviques pour l'Ile
de Nias, Wilken. itirf-, p. 65; pour tes Dayaks du Nord-Ouest. L. Roth,
1. p. Mi*,'i:l, 817-0; dans plusieurs tribus:, la ei-oyance en une réincarna-
tion n diiuuru: l'amo revient sur terre sous forme da rosée ou disparaît
dan» i|ticl<|tt« pl-iiito ou insecte anonyme da ln furet son existence réelle
et personnelle est abolie. 11y a là sans doute un appauvrissement de la
croyance primitive dont les Olo Ngatiju peuvent nous donner une idée.
tlKl I.'aSXKK stiClOUUilVl'K. l'J()5-IW(l

ituns l'histoire de l'iiulivulu c'est un épisode qui so répète


indéfiniment et qui imirque simplement |i> passage d'une
forme d'uxbleuco ù une autre.
Kn mettant «a» terme
aux peines de l'Ame, lu cérémonie fiimlo
ôte toute raisou dètre aux dispositions malveillantes quel lu
nourrissait depuis la mort. contre les survivants. Sans doute il
reste vrai, même après la grande fêle fuunniirc, que les morts
appartiennent à un autre monde et qu'un contact trop fami-
lier avec eux est dangereux pour les vivants Pourtant, en
général, les aines laissent en paix leurs parents une fois que
ceux-ci se sont acquittés de leurs derniers devoirs envers
elles'. Cette formulenégative est en bien des cas insuffi-
sante entre la communauté des vivants et celle des morts il
y a relations régulières et échange de bons ofllees Dans cer-
taines sociétés indonésiennes un véritable culte est reudu aux
aines apaisées qui viennent nlors prendre dufi
place, auprès
foyer domestique, dans un objet consacré ou une statuette du
mort qu'elles animent leur présence, dûment honorée,
jïiiraulil ta prospérité des vivants Ainsi l'acte qui réunit

I Cl. IViIi.'liii. iu Itolli. 1. 1>.L'OS lu présence <k"> morts est désliïic, mais
~-<-uli-m«'iitnuiiiiitiii-nt riiuvi-iiuMr H >li'la muniv-it.*cujtvciialjli?.

i. Vuir plu* haut p. «I f!f. S'-Jolm. in I.. Rntli. II. |i. iiî « alors (apn-<
l;i IVlui les IiaviiK-i •ulili.iil Jours uiurts <>lle, o-i)i ils îles morts les uu-
Idienl ..

:i. Le.* vivant- offrent nu* morts dc< saeiilices, les morts par leur puis-
s.uici' assurent li- »uiri'*sîle* i!tilri.-|iiisi'4 ti-rn-stn1!, i-ii |i»rticulivr (II- lu
riVnlli- cf. Kruijl. "/i. cil., p. ;tl.:i6.
1. U\UHl'ilc île Ituli, le jour (••tue fii'i IVunr piii't puur la pays des morts,
un iltViiiipi- «ui\Miil un iiiui|<:|f (li'-lc-riiiitié uni-fouille lie pulmii-r, un lus-
jhtp1 tin s!iii({ d'iiiiaiiinKil gacrilié <•<•!uliji'l (apjii'lé maik\. i|tii porte rlé-
-iiiiiuU li- nom du mort, c-t attacliv à lu suilc d\uil!v;, iilcnlii|uns, <|ui
ii'|nr.«'iitoiit 1rs inofts plus iiiicii-iis, et sii$|)i-ii<Iii son* 1« toit celle ivre-
iimiili' |iiivuiit, «dus ilil-mi. à uni; ranonlsutioii ilu <k:funl. Ua-.ic|iii' li-
iniiili, pur suilt.» .le rn<n«! i-t (1rs vrr-. iliapuntit. il n'est pas ri'iuplacè un
<h-sliii(.'iu;<|i;ux <-lu>>i<siIVspriN inilus), n-iiv du ileilan». c|ui oui encof
l.'iir miiik. il <|tii l'on sucrilin à riiilt'-ri<-ur<li>lainaison. et ci»hi du tli-liurs.
• Iniit le iiniii il- vit plus ipitt dans la iuéinuiri> îles vivants, il
t|ui J'on sacri-
li>' au
dcliors. Ain-ii I- eulli- iiiuiii'<ti'|U>! ne s'aùresse ((ti'uttx um-iHresles
plus proches nu lioul d'un certain temps, l?? j'kiiu^ vonl su perdre <l;in.-
li collei-livilr des aiici'lres coniiiiuiis ù tout le village cf.
lleljmerinx,
lljtla. v. S'etl. 1ml. ilKiii, VI. p. KiiS-ti. Ml, fJraafland. 'MM. il. iltntj. Cas.
z. hua (IK'JU), VHI. p. n,s, Sal. Millier, o/>. cil., p. SS'J. Willipu. Anirn..
p. »»5 «r. pour le, l'Iiilippines. Itluineiitrift, le. liiO.
D.ms lu Nord «le nie de Ni«>, il ..sisle. à coté île liliiit-omliro
i|ui se rewl
Lui*l'autre monde peu dr temps upi-és la nttirt, une
àine-oniir «pti, ait
linut. de vingl ou Imnti! juin. se transforme est une uraignee plus ou
uuiius uutlu:nti<iuc cdlu-ci rc-si» ;mpi.s iln vatlavru jusqu'à ee i|»e ses
l>;irnnts viennent la chercher :-ur la tombe et la ramener en grande pompe.
II. llfSliTZ. – LA MKI'IIIÎSBNTATIrtN «.-ILLKUTIVK »K LA MOIIT 101

l'lime du mort il celles des ancêtres lui donne parfois le


caractère d'une divinité tutéluire et ta fait rentrer solennelle-
mont au cœur de la maison familiale
<•; La litiêmlioH tin titauttt. Les vites envisagés jusqu'à prê-
sont avaient po"ur objet immédiat lu bien du mort; s'ils profi-
taient aux vivants, ce n'était r|tie pur contre-coup. Mais on
observe au cours de lu fête funéraire une série de pratiques
non moins out directement
importantes, qui pour but de
tuettru lin au deuil des parents du mort et de les réintroduire
dans ta communion sociale-.
nés le premier jour du Thvah, après un banquet auquel
les femmes seules ont pris part, l'une d'entre elles prépare
sept petits paquets de riz pour les Ames (les morts et sept
autres pour les mauvais esprits en même temps elle pro-
nonce une formule qui révèle elsiiroinent la signification de
cet acte « je dépose ici votre nourriture par là je brise toute
résistance, tout ce qui est impur, tous les mauvais esprits.
tous les mauvais rêves, et je mets un terme à tous ».
pleurs
• lotte offrande marque que lu moment est venu pour les
vivants de se séparer des morts, do dissiper l'atmosphère
inquiétante qui les enveloppait pendant le deuil. Ce n'est là
que lu première indication d'un thème qui sera repris bieu
des fois au cours de la fôle.

•lam U maison familiale uit Wli' ivsMmilans un»*|><rtil<»statuotlc. attacher


aiiv ima^s iltw unrrtivs ut \i\neOv pris du fuyer CliutHin, in Tijdt. r.
livl. T. en t*. (IfWtj. XXVI. p. UM.iï, Modigliani, op. cil., p. 230.
i'.i:i si| «18-7. Il piinill i:"r(iillii|Ui>tit cérwiiiuiii! «le IVxtraotion ih'S dînes.
••' 'IvliiiSujiuurplusieurs morts 11la fuis, i.->l i(li.'iitii|in.' à la IïU' l'utuM'airi.1
il lia le l.ipivsaiiumlun il urile ilf> .-<r.imli. <>Ii<i'i|in-.>-».
1. <li's faits sont L'Iroiloninnt livs ù nm c|ui mil <)tû i-xposés plus liiml.
|0:i-l; pi'Ut-iMiviiit-nte tm faut-il voir iliins U: uutil: ou la stutiti-tU; >iut-
.!'< siilistiUils <lt- lu dHif du tiiiiit. Cuilaiiifi Iles ili' l'aivliipul Timur-luut
uiiiij prv^viileuL uuu loi un1lie truu>itiou un n.mli' <luti<ila mai.-cm lu \vW
dit mort i't on fait un outro une .-ilutuifltv i|iii K'pivîi/nto le mort. LVtnn-
m1 iv.siili' en poriiiiiiii'iic" ni iliins 11-cran<>,ni ilun< la .-tulin'lk' i|tianil un
li-r<ii|ttif, on lu laisse rliiiMr «nlri! <v.< iIimixfiMilcni'i-* 1<:f~it.it i|u'uiiu
niotii-lii! bv pn.-e sur l'un» nu l'uultv îrvrlu h' rliuix >li>ràinv; cf. Wilkei,,
Alli,!)., |). ITS-'J.
2. C'i'sl cet i-lûnivnt ilo l;i riV-monto llmili' <|iii lui <lo»nu son nom dioz
1<>Olo Ngavlju; car lr mut (ixit/t sitiiiilii' rtr>; lilnv, ii'lcvû du l'inti'idit
«"eut c-XiifU'iiu.-iillu coiitriiiiv île jHtli (il.' iiiùiiu' 'l11'- '«"' "-H Maori s'oppose
,i tabou) llardeliind, W'ùiier/tuch, p. (iU!j.
a. Grauowfkj-, TimiA, p. > – l'orliam .in Roll», p. 209) mi'Olionn.-
<\n:r- h-s Duyaks rii; Saïawiik un rilu unul«i;H(> i|iii cmutiluc, nous dit-il,
tin (•li-inunt intporlaul df la fi'lo une irrtuiiic (|u<inlil<' dn tuais (boisson
• uivrante) a. i-li- mis» û part dans un liambnu cl cnn^ainil'C aux àinos <>llc
i -t Inio suloniK'Ilcniciit par un rioilliinl.
102 l'anx^b soi:ioi.oGigi-K.li>uj-l'JU()

Duus le chaut même des prêtresses qui doit conduire les


âmes dans lit ville céleste, les vivants, eu particulier les
parents des mûris, tieuueut lu plus grande place, l'eut lu ni
toute lu durée des incantations, les prêtresses purleut dans
les plisde leurs vêlements, commedep»tits enfouis', les dînes
des donateurs de lu fêle; chaque fuis qu'elles moulent au ciel
pour appeler à leur aide les bous esprits, elles oiiiinùiioiit avec
elles leurs protégés, bailleurs une sorte de taseiiiuliiuiut lire
les aines des vivants vers les régions d'eu luiut il faut avoir
soi» de les rappeler par leur nom, si l'on lie veut pns qu'elles
restent daus l'autre moiide uù elles out suivi les morts-Mais
ces voyages spirituels ne sout pas accomplis eu vain. Les
prêtresses uo manquent jamais d'attirer sur les donateurs de
lu fête l'attention des esprits « debout, crienl-elles uu plus
puissant d'entre eux. presse le corps" de celui que voici pour
en chasser te malheur; ctoigue la puanteur (lui pétrifie
comme la foudre, dissipe le image impur du mort; rejette le
destin qui abaisse et qui fait reculer la vie » Cen'est pas
assez de « tuer l'adversité » qui opprimait les survivants il
faut que Teinpon Telou, eu aspergeant leur corps dune eau
viviliante, les régêuôre'et leur assure une fougue vie. il faut
qu'il leur commuuique « les charmes puissants qui donnent
la richesse, le succès dans le commerce,et l'éclat de la gloire. »i)

1. Aussilus pun-nU du mort-mit-ilssumvnl di'-siiuivssollicite uppi-l-


UUon dans li1
chautik-s]>n'ln-»si.'>: llniMi-luml, (Intimn.,p. 216.
t. thid., | ïi:i s,| p. ïîfi.
3. C'estr<>|i<-rutiuii
liiiMi
connuevu ni!ij!icuniatiw<|uifon-isli'â rrtiriM-
du corpsilu puti.iiitlu chose nuiuvaisi-ijui y était Ingéu iciles<;[>i-lls
(etpout-rliv«lï.vtiviMiietttIci priHiv.<w»/ uuToutsurlir «lupli-rrei|ul liorne
e. lu
li. l'Courti1) vieu.
4. llanl.-laml.p. ïtii; uoiti otlriiynng,à titreil'oïenijiK'.n> lonnulus
d'uni-«ifrie|jv:iuvuup plusIuiiiçu..|iii«-»liv|«;lr<! plusieursluisuv..c.)Ui!|-
quusViiriunt<!S) au ••om> Je tvs diaiils i-r.p.ilti st[.,p.2.11p. M. p. 3ï.-f.
5. Ibitt.,p. îi:> le nmllivurrsl a-inin iui'iti-,>aiisfuroo,mnnuok>*
liuissun»)<luun<l un<iiipiii»uiiiii'
la i ivi.ii-,
8. Cf. plus haut p. !»|.Lu iiitMiiv airtiim<|ui,nppli(|ti>'ti>
misv-'st«sdu
mort, le fait a-nullivà uo«uutm xiu,rciiuuvelli- i:i pi'rsomwtics survi-
vants.
i. /*«/ p. £ïU«| p. gai).Auloml<li> touscesli-xtn* si-trouvela distinc-
tionentreiIùiij:i-jpvcosrinilraiii'.sdela puiâsunci! uiugii|uv l'uiit!(«i«/,
pulnhnn\.<\n\coiii|ircn,l luiilc<-i|iii i liixlril I» pouvoirvilulnu snciul
U«l'imliviilii,I'uiiIit<piirunstitni!ou runfurci» ru mi-mv. puuvuir.L'eiTurt
des pivtii^si/sIcnilà paralyser la pui.vsani'ijiulvuisci|iii avaitprtnusur
les pareil du mortpenduutlu <li-uil et d'autrepart a mcltru6 tourdis-
positionune Inrli*rîwrvi' di-i«;rgi.-!iiiyitii|ii«; liienfuisanle.
II. »Kim. U HDI'UKSKSTATIO.V 1)K LA UOHT 103
COLLKOTIVK

Xaliirelloinent les prêtresses accomplissent eu môme temps


les actes que Itmrchuni impose ou prôleaux esprits célestes1
<t ces rites tant oraux que manuels opèrent dans la personne
des survivants un changement profond- délivrés du mal qui
lus possédait. Hhvont rentrer duns 1»vie régulière avec une
lirovifUm fraîche de puissance vitale et sociale !1.
Mais pouri|iie les vivants soient guéris de leur impureté, un
sacrifice est indispensable, de préféreuce celui qui, aux yeux
des buytiks el dela plupart (les Indonésiens, est doué d'uneetfi-
caciti' irrésistible 1 immolationd'une victime liumuiiie dont
lit léle eut coupée et sera ensuite conservée*.Un jour entter,
lors du Tiwalt. est consacré ce rite essentiel. Les prisouuiers
nu esclaves, auxquels une opération magique» préalablement
i-ulevijleur aine, sout enchaînés ait poteau sacrificiel collec-
tivement les parents maies du mort, font fonction de sacrifica-
teurs, dansant et bondissant autour de la victime, et la
fnippiiul de leur lanceau luisard. Les hurlements de douleur
sont salués par des clameurs joyeuses, car plus la torture est
(•ruelle et plus les âmes, au ciel, deviennent heureuses. Enfin,
au moment, où la victime tombe à terre, elle est décapitée
solennellement au milieu d'une allégresse intense; sou sang
est recueilli par une prêtresse qui eu asperge les survivants
« ali» de les rècoucilier avoc leur parent mort » la tète sera
soit déposée avec les ossements du déftiut, soit fixée au som-
met d'un pieu élevé près du saudong 5. Acoup sur, le sacrifice

t. <Xi4W.,p. &i\1>.8a4,n."7.
î. Ce cliuiigemi-iit est iin'Miie pendantle deuil lesos élaienl
|>liy.«ii|Uo
iiiijiiinl*(comme c'est le cas. fliwntles Duyaks,chai|Uefuisi|UCl'orga-
ni,i si «:|>nisc? <\inouveau
ou niiblv)ils .«mllorsilu Tiwnlirultui'li.v-î
!>~ilusaïKuulifs.
Ii.I.a mtisnit aussi«l l« mubilicrduivcnlêlro i>ui'ilWsà cetviïnlon
(.'miteetlesliai,de nmniùro à en fainïsortirlo< clioscsiiiuuvulsfiu
conmivdes piTsonncs
i-.iiiçtti-x vivantes) celle-civont se jwsersur les
jivti'.ssi'squi les emmi'iiont au drliur*«t les i-hassentsur d«'sbateaux
Vff««Ifttr diMiieuri! »itut!«ttu milieuil«la mer » cf. lluriielatiil,
ibid.,
|, 'MXsi| 3ii8 CraLowsky, fiwuli,p. iOt.
t. Cf.Wilkon.Animisme, p. (21bi| in Revuecoloniale,III,p. 238;i«
lliylr.t. rf. T. L.en \/t. ».Sed. but. <l««»|.•«!» 98 «1-icf-s'Jol«n.in
Itolli.Il, jt.iii.
Omltowsky.Tiwah,p. Mi, 19»*t\. cf. snr los Dayaks Marilimi's,
I.. Rulli.I. p. 2îiS l'Mpvrsiun il«*paivntsuvurl<-> sang îlek viclimoa
l«mrohjcltli- inan|avrqu«l'idil ou taliuni;s(levù ». ouun Telleest la
lorii»'i-unipli-xe et originaletin rite:maisquantiun esclave prison-
nii-rvivantsn« sont pas disponibles. on ie piwm-opar un meurtre une
i*li'autourdu laquelleles hommesoxecutontle simulucre du sacrilici-
lui l'anxù:soumuiuivi'H-
ti)OS>t»uti
funéraire n'est
pas destiné seulement ù libérer du tabou la
famille du mort ses fonctions sont aussi complexes que l'ob.
jet de lu fêle dont it est l'acte décisif» et la huit» mystique des
sacrifiants, eu môme temps qu'elle désacralise les vivants,
douue ïfc lame du mort
la paix et lu béatitude et (sans doute)
régénère son corps'. Entre ces chaugements d'état que cou-
somme à ta fois lu vertu du sacrifice, la libération des gens
en deuil est seulement le plus apparent, celui qui intéresse
le plus directement les vivauU-.
Toute cérémonie religieuse doit être suivie de certains rites,
qui affranchissent les participuuts du caractère dangereux
qu'ils ont contracté et les rendent aptes à rentrer de nouveau
dans le monde profaue. Ces rites preuneut lors de lit fête funé-
raire une importance particulière. au point de constituer
parfois une seconde fête, distincte de la première et lui succé-
dant. En ettet le péril encouru lors dune cérémonie comme
le Tivvah est particulièrement intense. Sans doute elleest bien-
faisante dans ses conséquences et constitue uue sorte de vic-
toire sur le malheur; mais d'autre part elle touche clle-mômc
au règne de la mort. elle oblige les vivants à des
rapports
intimes avec les puissances mauvaises et avec les habitants
de l'autre monde. Aussi les parents du mort et, avec eux, tous
ceux qui ont travaillé à l'œuvre funèbre sont-ils tenus de
se purifier. Ils prennent un bain dans la rivière; en
pour

(cf. Tromp, fli/e/i\ (. cf. T. I.. en IV. S« 111,p. Slj. Lur*|uu les auteur*
mentionnent imi<|iii'ini»t » I a<-i|Uisiti<ind'une Ivte hutimine », c'est qu<-
l'ok^nulion u <Mêtroiii|iii:e nu i|ui.- le rilu a subi uuo siiitpliUcation lu
m clius. au* têtus a uit lu substitut d'un vél'ituble urrlllco.
f. \uu.s n~: Pouvons pas la preuve litisitivu lit- cette dt-rMK-t't-
assertion cf. pourtant nuscnliorg, II. Mal..ttchip, p. ltïï xq. dans le
Sud île Nias, on lait en surle (|tie lu victime 4-lml« son ik-rniui- souille sui-
te i-mlanv 'la rr-le est célvbiw; puu <1«l.-ni[>sapn"'S In iiiorii. Nous ne
pou-
vons <|Ui'itjtijccturcr par anului;ie t|M«>li: sang d« la vk-tiino a du <lro
i-inployé à vivifivr les restes; cl', plus Imut li. 91, n. 7.
2. On b vtuniK'i-ii puaW-tp! i|u« nous nu inenlionniuiH (ta* ici la
croyant»:
<|ui apparat! au pivink-r plan dans licaucuup du ducuuu'iits cl <|uo VVilkcn,
(.•nlre autres, considère euiiiiuo gùnûralrlo.' du haciifl™ l'unûrairc lus itini-s
des vk-tiini-.s si-rviront d'i;si;laves. ou tiendront
coiu|iu|;mu uu mort dans
la villu l'clfsto. C'est que, pour nous, retle r<<pn.'si'nliiliiin,
sili'pnndue s»il-
i'lle. est si;i>ijfiilaiii>et n'exprime pas la naluro ilu liti;. L'intcrpriiUitiou ih
Wllkun l'obtliEi! U considérer lu sacvilico fum-raim cunnitu une ospèce à.
part. radk'alenieiit distincte des sacrilicvs humains pruliijuùs on d'autres
uccasions (naissance ilun «ils, maria(;e, inauRuratinn d'un» nouvelle mai-
ton, etc.) alors i|»'nu foml il s'agit dans tous les cas d'une mi nio
opéra-
lion clnwKer l'ùtat des personnes (ou des choses) puur les rondro
capables
d'entrer dans uni! phase nouvelle du leur vie. Cf. Hubert et Mtius.s, te
Sacrifice, in Année HociuloyUjue, t. Il.
Il. IIBHTi!.– I..VWUmAtHXTMluS
CUlkb'CTIVK
BB l.\ MORT l«j

augmenter l'cilicaciti), on môle quelquefois a l'eau Jo saut;


d'animaux sacrifiés; et lundis qu'ils regagnent la rive ù lu
nage, les prêtresses, qui los suivent eu Italeau, écartent de
leur corps les influences malignes à l'aido de torches brrt-
lantes ou do balais consacrés Kuiiusi ton» les rites ont été
exactement observés, les vivants sont lavés de toute souillure
l'Utuïanchisde la contagion mortuiiire.
On n'a point attendu d'ailleurs l'accomplissement do ces
dernières pratiques pour réintégrer solennellement dans la
société ceux qui do par leur deuil cu étuient exclus. On
leur fait échanger les vêtements qu'ils portaient contre de
nouveaux, conformes & l'usage; ils font lu toilette de leur
corps; les hommes ceigneut leur beau poignard et tes femmes
reprennent leur panne. Un grand banquet, auquel les hôtes
contribuent pour leur part, et des danses joyeuses marquent
la levée du baa qui pesait sur les proches parents du mort
ils sont libres désormais de se mêler aux autres hommes et
do reprendre le train ordinaire de la vie'. On le voit, il y a
un parallélisme complet entre les rites qui introduisent le
mort, lavé et vôtu de neuf, dans la compagnie des ancêtres et
ceux qui font rentrer sa fumille dans lu communion des
vivants ou plulôt c'est un seul et même acte libérateur
appliqué à deux catégories différentes de personnes.

Les sociétés sur lesquelles a porte la précédente étude


appartiennent atun type da civilisation relativement avance
c'est à peine si on y reucoutre ça et là des traces de toté-
misme. Or un système religieux qui iiitecte aussi profondé-
ment l'organisation et la vie des sociétés oi'i il domine doit
évidemment imprimer sa marque sur les croyances relatives
à la mort et ù l'au-delà et par suite sur le rituel funéraire.
Il est donc d'un intérêt particulier pour nous de définir la
nature des obsèques définitives dans nue société où le lolé-

i. Gruuowsky,Titrait,p. 203sq. .« Audaud(1884),p. 474,p. «K-'J:


<bul.(18881,|). S83- –CliuzlesUluNtfailju, la famillodu mortiiimiiIo dan.-
une barquu<|uiau niili>'U de la rivii-ruest clmviii-upat*U>& prMii'sios'
<vciestrûpûlûtroisfuis.CliozIvsOh Muanjun, les participantsà la IV-lc
si-
dans lu sang li'uiiimn.ux
l)iiif{iiciil sucriliosuu-Ji>ssii8
de leur li-todans lu
hâtai iiitino au voursd« wM>) cùtèfajM&JjpKÏvvti n l'uota'udu villu)!>-
UB^BJ8teJa^*iir^>' ^s <lU!>tin<o
à imuonBi-r ÎV-U-
jusqu'àla pi-ocliaii»!
lu ïnOTwgunr« tu bonelfet'duvelloqui vientd avoirlieuet à tenirà tli.
tanuulesmauvaisesprits.
i. (irdlmwsky, Tirait, p. S03-3;t'crliam.in t.. Kutli.l, p WJ: ibid.,
p. S5K Ti-otnp,op.rf/ p. 81.
100 LAX.NKB SOCIOLDIItQl'B. 190S-1UO«

misine existe à l'état d'institution vivante. Les observations


faites par Speucer et (Hileu sur les tribus du Contre Austra-
lieu nousapportent les éléments d'information nécessaires.
Rappelons brièvement la croyance sur laquelle repose l'or-
ganisation totem ique dans ces tribus. Chacun des groupes
totémiques actuellement existants lire son origine d'un uti de
plusieurs ancêtres1, semi humains, semi-animaux, qui sorti-
rent de terre dans les temps très anciens. Ces ancêtres par-
coururent en tous sens le territoire tribal, s'simMnnt eu de
certains endroits pour y établir leur camp et pour pratiquer
des cérémonies sacrées Hualeinent ils s'enfoncèrent à nou-
veau sous la terre. Mais
ils ne disparurent pas tout entiers.
cur eu chaque lieu où ils avaient séjourné et où quelques-uns
d'outre eux étuieut morts', ils laisseront derrière eux leurs
•Unes et un certain nombre d'autres âmes qu'ils portaient
avec eux, formant ainsi sur leur une multitude (le
passage
colonies d'esprits liées à quelque objet naturel
déterminé, un
arbre ou un rocher par exemple. Ce sont ces âmes qui par
leurs renaissances successives constituent le groupe lt>ku»ii|ue
humain ainsi que l'espèce éponyme car chaque membre
vivant de la tribu n'est que la réincarnation temporaire soit
d'un ancêtre particulier dont il porte en certains cas le nom s,
soit d'une des Ames émanées de lui'.

1. CIh'Z tus ArunU. lus nncotres tot<-itiiqui>âfurniuicnl dt'ja un groupe pin»


ou moins nombreux, tmi.ljs <juu élu» k's Wurriiiiiungii c'est ordinairement
un nntVtru utiii|U>!<|Ui l'.vl runai- «voir ilutiiii- naiss.uicu à toutes tes ûuii'k
dont lo tçroupn disposo aclui'lli'iiienl lu ilillÏMvm-L-nVst pus absolue, car
menu) cIim If* Arunla, \*i aurt'-liv* oui Juissi1 <lerrk-re eut, d'autres unies
i|ti<' lit leur, liéos ù il.-s oliji.'ls sanvs icliuringui qu'ils portaient uvoo eux
AVf/iei-M Trike», p. lùu.<ij., lui m\
2. l.'cri tsl evprrSM'iiii'Ht inilii|uv au sujet «lus Arunla Salive Triùeis.
1>. 123 ~.)., .1'nr·Ilrrrn Trit·e.c, p. tuU. et ch, xot. p.tMiut muia dans d'autos
iiiliiis ta murl il'uii nu |ilusiuun> uiknHr's n'est pus iloiiiiw fDfiiniK une
fomliliun iiilrossairi' !•' la l'uriiiutiDii d'un (viilri! lutviiiii|uv; les ùnios iuili-
viilui'lles. di- m.'nii! i|iii! les aniniaut i-t !>•»plantes, son! issues du corps i\v
l'iiiK'iïtiv tandis i|uil u>.Tutn|>lj^$ajtilr-it ciiremouius Xoilhcrn T., p. 451,
1l> nul lu tm.it des uucvtroi u daillours lu ui&mv elM ibid., \>. 204,
W, î.'ii) nutons i|ii« cho/ los Warrainunga li>s colonies d'aine» i|ui ali-
inonii.'iil l« tfi'uiipe ayant pour toli-m lr si'rpcnl mytliii|uu Wolluiupui sern-
bli'iil >ti* roriiii''i<saux lltux uù l'aiH'iMiv uuii|u<> cscayit du pc-nûlrcr sou»
liTiv, avitntili- pouvoircnliii y parvenir: iùiit., p. Hl-î.
3. Sorth*rn T., p. 330-1. p. 157. n. i, p. 313.
4. V.'eèt il: qui arrivu fn-^m'inmcnt clic:/ lu» Arunlu, ibiil., p. 68) cr
nom i'st sacrô et nVst coiinn >|tm dcs iin/mliro.-î los plus Agûs du gruupu
ti)tôniii|uo.
5. Cliaiiuu indivi.lii sait fsurlenioiil do <|ui-l lieu (roann l'unie incarnai1
II. niJHTi. – LA KKI'HKSKNTATID.N OUI.A MUIIT )07
COM.KCTIVU
nl.
Chez 1.
les Binbingfi, un an environ après 1.1 1 1.h.
ta mort1, ust mes-
sager, euvoyé par ie père «lu défunt, va convoquer d'autres
groupes de la tribu il porte avec lui un os du brus du mort,
peint eu rouge, enveloppé rituellement cet objet sacré rend
su personne inviolable et tous ceux à qui il a été présenté ne
peuvent s'empêcher de le suivre. Une fois que les étrangers
soûl arrivés et (jue par des rites appropriés lit communion
s'est établie entre eux et leurs hôtes, lit cérémonie véritable
commence pondant la soirée et toute lu nuit suivante, ou
chante des chants sacrés relatifs à l'aucélro loténiiquo du
moi Le Icndemiiiu, les individus appartenant au groupe dont
il était membre se décorent avec le symbole de leur totem et
exécutent les mouvements rythmiques accompagnésde chants
qui constituent la plupart des cérémonies toléiniijues. tufin
les ossements, i|tii dès la veille ont été apportés par le père
sur lu terrain consacré, soûl déposés à l'intérieur d'un troue
«reux, sur l'extérieur duquel ont élé peintes des représen-
tations du totem du mort. Ce cercueil est porté dans les
branches d'un arbre surplombant un étang et il ne sera plus
touché l'endroit est sacré au moins pour uu certain temps
et les femmes ne peuvent en approcher'.
La cérémonie iinale des Warrant unga' se distingue de la
précédente par quelques traits notables. D'abord tes rites
essentiels des obsèques délinitives sont accomplis, non sur
l'ensemble des ossements'1,muis sur un des os ilu bras que
l'on a mis à part et soigneusement enveloppé il y a là un
phénomène de substitution de lu partie au tout qui se produit
fréquemment; et le choix du radius s'explique sans doute

•'illui, el il «>sluni par une relationotroiloà ce lieusaciv pourlui: fou


noms.'crelonest |i«tïoisdtirivô(ehuxlu*Wurnimungit)tnUr« |»ulrio»
»ixpositionel sul'itnrlton
tumidciililûcl 'léteriiiin*'
•lu.S'itiAinot'ouslitui.-
.Idiislu coiiuiiuiiiiulé SalineT.. p. Mi. Sorthtt» T., |>. *S8
ivli|ii<'ti<o.
m| p. sm, le.i:ii, ]>.nn.
I. Voir[ilu>Imut,p. 73.
ï. Xurllirru T., J). ;i.-iU-i, |i. IT.1.1.
3. I/i ili'si;ii|ition<• nosuiilcurssi!ritètett ci'riaintgroupi-sde la sei--
li.niiinViiliuniilt! île celletribu; i'l. |). 1<»S.
t. Ceux-ci,uu-sili'iluj)ivsavoirHi iiïtin's«lulu sopultuwlomporuire.
siiul<li:|i<is.>ssansi-t'rùiiionie dtuisuni!foilriiiilirrc.snn.>>qu'aucunsigne
«Yt<:rienr di-nali-li-nrprésoiicei»f.p. Mti-Ï.IVut^trefaul-il nllacliureMv
pr.ili,jii«unlail i|im!• louriiiilii'n?* i|uclt|U-fuiseownnvle
sontcnnsiil«n!t!*
liantes htissiiuspar 1rsiint'èti'oslufaitnousest ju.steiin.'iil
>i>'fi'- altuslw
liour le Kton\mluljmii|ueaui|ui,>l appui'IonaU l'indivittudunllos auteurs
•ut vulesoIjS'jucs t-f.p. H\.
l(»8 I.'ASNKB .40C|utiieiV>'K. IW.VJ1HW

par la connexion étroite qui est censée exister entre Vànw


lie l'individu et lut1- De plus le dernier rite funéraire a tou-

jours lieu immédiatement après lu fia d'une sôrio de céré-


monies relatives a l'ancêtre du groupe toténûque auquel le
défunt (ippartoiiiitt, ou du moins d'un groupe de la même
phratrie-. Dans l'un des cas observés par Spencer et (iillen,
la sépulture déliuitivo devait être donnée à une femme qui
avait pour totem le grand serpent mythique Wolluuqua.
Depuis dix-sept jours le radius de fa morte avaliste ramené
s-oleuijcilcineiil duus
le camp et confié il lu garde des femmes
ohurçrûes de le veiller et de pleurer sur lui; on atteudait que
fut terminé le long drame sacré, qui reproduit et répète les
actions essentielles de l'ancêtre depuis sa sortie do terre

jusqu'à sa disparition iinale'. Sitôt ce dernier


acte accompli.
les femmes apportèrent sur le lieu de lu cérémonie le radius

toujours enveloppé; soudain celui-ci leur fut arraché1; d'un

coup de liachc un homme le mit eu pièces* et il eu déposa les


fragments dans une petite fosse qu'il avait creusée lui-métue
auprès du dessin tracé sur le sol, qui évoque le serpent eu Innn

i. \h! im'inu, dii'2 Ii1 s UiubiiiKU.le radius est mis u pur); «prés I» vin-
munie ilnnli*, il sert l'iieort; iliiiis lVxpi'dHion qui u |)uur objet de vengor
Ii' mort il ne sera enlenv i|ue plus lard il rôti! du ivmieil rontenaiil le»
autres os; |i. ôiii. 403. Ce n'est pas seulement «.1j<>z les Australiens que
lu ni'lius est l'objet i|i> représentatiims spôeiales uiusi du'?, ks l'aiious
>lc Hciun (N.-O. ili.' ht .N'iiUvi-llu-liuimV1;.tamlts <|uc lus uiitivs ussi'iiit'iils
sunt r.is^finhlcs dans une cuvornu, les radius des ililWreuls morts sunt
'Itiiiusés dans unu petilL' nmisitii. Nolyns qu'un cuuis de eelle lérêniunii1.
lus hiuiiuiis lixiculi'iit uni.' (liinsu imitant !»» mouvements d'un seipenl
Il s'agit, dit-un, 'le repri-senler lu inuil d'un serpent inirncnso <|ui soluu lu
léj-cnili; désolait autreluls la cmilnie; ef. v. Baleii. ira Tijilscln: a. Imt. T.
t. en Vtt.-Kuiule, XXXIil8SU|, p. îiGTS»J., jlt-2.
i. S'urlherii T.. p. HiS. Un sait i|Ue ilii' les WurrainiliiKa- I'» grou|ie>
loléini'iues .,o!i t iv|iiirtij ciitiii lus deuv pluuliies qui conslilmint la tribu:
il Sfiiihle qu'il exista min .ilid.-irili) ass'-ï «Uraitu mUf l«s ilivws gruupv~
egiiipcisaul unu même phratrie cl', p. £IK, fi. t Utt.
'i. Ct. p. 193 ;·i.; fil! «f'-nx.' fus <n)(rt"4uh.w<)MMam<)Ut'UM IIs.jsti'I,!U1
S|)eni'i.'i' et liilli'ii eurent lieu a|nvs la dcrnii'i'i* ivréinonii' relative uu ~er-
peut noir, six joui!) iipivs <|U>;le radius cul Ole apporté dans le eauip.
4. l'ntir ^iinplilierl'evpii.-ié, nous omettons unri le ^iii^ulier lc:slioiuuii'».
iléron' «lu synil«il« du lolem, se tiennent di'liuut les juuilies éi-urUiei non
loin du ile^sin mi-iv les fe.iMiue.s. à lu iile. runi|ient snus <:utlc sorte
iTarelu; la dernière d'entre elles porte, ilct'i'iurv son dos lu r.idius qui lui
est arraelié lorsqu'elle .«> reli-ve, |i. wll). Il semble que ee rit" représente
dr<i(iiuli«|u«mt>iil le iiièiuu ûvvuumvitti|u'i:vo(|Utt Wdessin huitï; la dispu-
rition di' i'aucCtre sous terre.
.'i. Cet acti! a sans doute pour «IIW do liliérer l'iuif: dn mort itontcnue
l.-ins le radius, du inèine qu'ailleurs la frucluiv du cranc cf. Dubois,
Hitulu Manntts i l«ï«t-, p. $47.
II. HKlflZ. – l.\ HKi'tlliSKNTAriO.S1 COI.I.KCTIVK HB I.A MOilf ID.»

do s'enfoncer sousterre, laissant derrière lui les Amesde ses


descendants1. La fosse fut ensuite recouverte d'une pierre
plate. Ce rite indique que « le temps du deuil est passé et.
que le mort a été réuni » sou tuleni ». Détail significatif, un
tn'~mMmot désigne dans le tangage des \1'ttrrilmuul;u la seput
turo dûlinitive du radius, le dessin totèmique, et l'acte par
lequel les divers ancêtres sont descendus sous la terre-'J,
Ainsi chaque individu rentre finalement dans lo sein de son
totem; et sa mort se confond avec celle do l'uucAlre dont il
est lu réincarnation.
l/.t mort, que consomme la cérémonie finale, n'est pas un
anéantissement si l'ancêtre eu disparaissant a laissé derrière
lui son Ame,il eu sera do mômedu descendant en qui cette âme
a habile pour un temps. Celte croyance se rencontre non scu-
lemeut chez les tribus nieulioniHies jusqu'ici, niais aussi cite/.
les Aruutn, qui enterrent le cadavre défini li veinentaussitôt
après la mort1; à l'expiration do la période intermédiaire,
pendant laquelle l'a mehantait le lieu de lu sépulture ou le
camp des vivants», elle va rejoindre les autres âmes de son
totem, au lieu mômeoù elle a lui bileau temps des ancêtres et
où elle a toujours résidé dans l'intervalle de ses incarnations".
Sur la conditioti de l'aine désincarnée, sur son modo d'exis-
tence, nous n'avons naturellement que des indications assez
vagues, l'ourlant il nous est dit qu'aux yeux «le l'Australien,
un tel esprit est un personnage très réel son image se con-
fond avec celle des ancêtres qui ont donné naissance aux
groupes lotémiques. Gomme eux, il possède des pouvoirs bien
plus grands que les membres actuels et vivants de la tribu"; et
s'il en use généralement pour faire le bien, il faut cependant

I. XurlheruT.,p. 7SOs.|
i. /«<(.. filîot |). 10Ï.
'i. Xa/ireTvibts,p. W7 nuiUnousIrouvuii!» iluustcltu tribu IV*<|iiiva-
Iriilexactilf!isi'i-omli-s îles tribu»se|tteritii<males«><(la <:éiv-
i>Iisim|ui's
ii ou18moisa|irt-slutuuil.'luicumsUlo
iimnii'.célt'IiiV-i' &«Couler leslintu-
• liaKcs dola tombeu; vlloo pour objet« dViili'iTi'i' le ili-uiln «I <!<i'uiii'
.oiiiiiilheil lïiino(|lli!Ivmuinciitest venu poureltr de su Si:|iuii'rtlviini-
'iwim'iililt'S survivants;ibid.,p. ïiOï-ll.
l. l'eiiilaiit t'i'ltf pliiiscIVmiojicirlt1<lic/.li's Aniiiti un nom spécial
illluiitai, distinctil»ri'luii|i)iilé.oifuif lïmied'unlioinmi'vivant,ou l'<\s-
IU'it(IrniiiFitriusMil.,p. !>li, tî55 108.
ii. Lu silmilion(tekolioud'nrigini'ilûturiiiiiK* souventl'ui-ienlution <lu
latomlji!ou ilucaduvruSaliiv T.,p. 4!tî, Sortliern.T., \i. M)8, !iS4 SUS.
<ï. pimr lusWuljiibaluk, llnwitt,op.eil., p 4.'i3sc(.ot VU).
ii. S'm-lhfrit T..p. i".
110 l/AXNliB SilCIOLOCIVUR.tiHtS'tWCtt

se garder de l'olîcuser par une familiarité excessive.Comme


les ancêtres, mais seulement lu nuit, les esprits parcourent le
pays. campant en de certains endroits, accomplissant leurs
cérémonies, qu'ils révèlent parfois, selon les Ami)Ut, ù cer-
tains individus privilégiés'.
Puisque les ancêtres, du moins certains d'outre eux, pré-
sentaient. r;i|>p;m<ticede l'animal dont ils portent lo nom-,
on pourrait s'attendre à voir l'Ame, une tois ta mort uiiicvée,
prendre sa place avec le corps convenable dans l'espèce
sacrée. Chose reinnri|tiable, In croyance que la mort est uni.1
transformation de l'individu humain en animal, selon le
totem duquel il appartient, ne nous est pas sigillée dans
les tribus australiennes"; mais elle se rencontre en d'un très
sociétés, à tel point que certains auteurs y ont vu le fond
même du totémisme1, et elle se manifeste parfois claire-
ment dans la nature des derniers rites funéraires. C'est
ainsi que chez les Bororo, cliiique individu est censé devenir
après sa mort un animal déterminé, généralement un perro-
quel d'un*»certaine espèce; et l'un des actes essentiels de la
cérémonie finale consiste dans la décoration rituelle des os
dénudés nu milieu de danses et de chants sacrés, on les revêt
complètement des plumes de ce perroquet*. Le sens de la

t. XatlrtTribes,p. 613,510,521 SvrthevuT.,p. 450.


S. S'oHIiern T.. p. 150s.| p. Ifl»,p 278.p. 387 certain*uncNressont
L'ons ili'iV's comme ayantili des lioiiiun'.s.
d'uulresnucontrairedistincte-
mentd<-sanimaux,en puilicullei- l.s s.n-ncnUtotemsdesIrilmsdu Koril.
3. Celapnratt.d'uiitantplus iHunnanlifttu nousicnconlronschezles
Wnntimtiiiiiit la rroyitnco<|uofilme peut du vivantmuniedo l'individu
juitti'i1son corpset prendrel'uppaivni-c <l««onfoirai lorsqu'unlioinmo
.•si mort, l'cjprit iluson ntcurlriui-suppu»;estrrnsénWcruuprèsde m
victitiiy pi>ur««voirà <|iielgroupetoU:mii|Ui! on vuvoirsi
il appartient,
l'on ne ili<ruuvn> pusaupn'-sde la siêpuUmv traces
(luc-liiues d'animal
XorlhernT., p. M6-7.
4. VoirTylor,primitiveendure(4*tfil.l,il, p. 230.Cf. sur les Zunis,
Cushina.in Rep.Dur.Ht/m.,XIII,p. tut sij. – Cetraitestparticulièrement
<;névidem-e <'ln;zles limitonsdu Sud: cf. Tlivul,Heconttt.VII. {U4s>|.
lesâmesdes membres du clan t-inigrentapn\slamortdansle]>. corpsd'un
animaldo IVjspècn •ponyme et sm-riv. IIen estdenii'inodanslescm di>
lutiiinisiiioindividuel » cf. sur h»s Tuliiliens, Moi'rcnlioul,
op.cit., I,
p. 4;iM IVspritd'an tnorl revenaitsouventdansle corpsmciiiede l'ani-
mal >|u'ilavaitiiHvn'ppnduntsavin.
5. Nouscitonsce fait, Wenqu'ilne s'agisseprul-iUro pus Ici d'untoté-
mismecaractérisénousne savonspas en cirelsi l'animal sacn5estént,-
nymiî,ni s'il est particulierà un clun. Notonsqu'aucoursde la nrimo
C<5n!moniu un |i.îMoniwjfO Menride plumesdo perroquet repnisonu l'âmn
«lumorten sonétatactuel v. d. Sicilien.VnterrfcnSntunMItern Central-
Brasilien*.p. 904*q.,bit.
II. KEIITZ. – U ttEPIlésmVriOS t'.iil.LK«:tIVK DR LA MOBT III

cérémonie liée aux obsèques définitives apparaît ici avec


évidence il s'agit do donner «il mort un corps nouveau pour
lu nouvelle existence dans laquelle il entre.
Le retour de l'Ame a sa condition primitive n'est pas défi-
nitif aux yeux des Australiens un jour eUe rentrera (tan»
lu corps (I une foinnie, pour recommencer bientôt une exis-
tence humaine1. Le délai qui s'écoule entre la mort et cette
renaissance est indéterminé; il semblo dépendre exclusive-
ment du bon plaisir do l'Aine et des occasions qui lui sont
offertes'. Pourtant on nous signale, chez deux tribus très dis-
tinctes, IVxislmiue d'un intervalle minimum suivant les
Arunla, la réincarnation lie saurait avoir lieu «vaut que les
ossements mêmes ne soient tombés en poussière suivant les
Ontinji,elle se produira lorsque les pluies auront lavéet purifié
les or". Il un taut pas sans doute attacher trop d'importance à
ces représentations particulières, d'ailleurs peu cohérentes:
mais il semble (ju'im lien existe eulre l'état des ossements et
celui do l'Ame celle-cine pourra reprendre place parmi les
hommes que quand tout le corps présent aura disparu. Kit
tous cils, quelle qu'en soit In date, la réincarnation est nor-
millePt escomptée et le rite par lequel la mort de l'individu
est identifiée à la mort de l'ancêtre a pour résultat au moins
indirect de conserver les âmes dont le groupe totémique dis-
pose, et de rendre possible par suite la perpétuité et l'inté-
grité de ce groupe.
Si l'on compare la cérémonie finale telle qu'elle se présente
chez les Australiens centraux avec la fête funéraire indoné-
sienne, un ne peut pas ne pas être frappé de la similitude qui
existe entre ces deux formes d'une même institution. Non
seulement il s'agit toujours de mettre fin ait deuil des proches
parents du mort1, mais eu cequi concerne le défunt lui-même,
l'objet poursuiviest au fond identique. Comme les Dayaks, les
Warrannmga veulent par le dernier rite funéraire consommer

t. Nousne pouvonsentrericidansl'examendes rtglos selonlesquelles


•si centi-xsVllertuorla réincarnation et qui déterminentau point do
l'iilentitijd'unindividu.
vitelotémi<|iie
2. NorthernT., p. 3*.
3.NaliraT.,p. 51b b'orlkernT., p. iijlî.– lVultHrofaut-ilrapprocher
do cesfaitsce.|ii'nnnous rapporteau sujetde la tribu desLuritcha.qui
pratiquelo citmiilxilisinoona toujourssoinîledétruirelesossementsde
ceuxqu'ona tni!s parcequ'autrementles «s se rejohulrak'nlet lesvic-
limesri'Ssuselbii'Stireraientvengeancede leursmeurtriers.
4. SaliveT., p. R07;SorlhtmT., p. B09,p.fcâ»,p. 58t.
1112
*.Y I.anmÎk si.nui.ouiyrK. HW-IHuii

définitivement ht séparation du mort d'avec les vivants et


assurer son entrée dans la communion des ancêtres sacrés.
Cuiuino lesDayaks, les Warrant un^a no considèrent pas cette
nouvelle existence comme éternelle la libération de l'âme
rond possible et prépare un retour ultérieur lie l'individu dans
le groupe qu'il vient de quitter. A «Mo de celte concordance
profonde il faut noter certaines différences lu pensée de la
réiuvnrniilioii semble plus accusée et plus prochaine chez les
Australiens que chez les Indonésiens et en conséquence la
société des morts se présente chez les premiers avec peut-être
moins de consistance et d'autonomie; les Ames au lieu de si«
réunir toutes dans un village commun, se trouvent dissémi-
nées à la surface du territoire tribal en un certain nombre de
centres délitas1: enfin, nous n'avons
l'orrélutivement, pas
reneoutré. chez ces tribus la sépulture collective des os- Lu
réunion des morts avec leurs ancêtres ne s'opère ici que d'une
façon mystique; ce (lui s'explique peut-cire par le caractère
Hou du groupe totétnique australien

1. l'iiurluiil i-li.-z lis \Vurruiiitiii),M. li<» foyoïs


tntùiuli|ues présentent un.-
ii'rtuiiii- ciuii-uiitratiun un.' ix-jiUm liuiltvv, parUVuuïwineut accidenté.
(i.'irult nvuir rli"' li- Iiiiiiiv nummuidi- divi-rs uuriUresk>t«iiii<]ui>s-, JVov-
Ilm-H T.. |>. iMl. Il n'y 11 pu« Juin du c.-tt.> rcpruViilalInn a celle d'un
.jDUtsoulormin fl i.illiTlil.K.j morts lu* Aruntii i-mii-nt
que l.-s i-sprils
n'uiiui-ui pas le froid ilv* iiuils tl'idver, qu'ils liassent ilans des cavernes
.<uiiti'rrainvs: Xatltv T., p. ;il."l.
î. l'uiilflii' y a-t-JI Milra li-s iluux lails plus
i^'un.; virui- «onVdutioii, i-up
m pi-ui si- ili-inumliM' .-i larluv; i|ui si-H ,[,.
sOpullum dêliultirt- aux os
du mort, rliux lt>> ltin!iiii|!ii par i>xt>inple, n'rsl
pas, ou n'a pas t'tO, colui-
l.i iiii-iiii> i|«i sert i\v rûiïiiuuru à l'Ann> du mort;
pmr 1111fait nuiiluKlii-
n'Iuliliiil .li'-p.M du pivpiiu- U|iivslueiiviiiicisi.m. vt. SarUern T.,p3il cl
l'razor. in Imte/H-Httntl Hcrifir il'JUi., |>. 211. Nulous r|m>,dira les Àfuntu
la suivie (I. «.no» dos iiiici'livs isl li, i lu eoiiscrvallon d'ulm-N
.M.iV-s purinut .le» inai-.|iu-.s les Clmrinfsa. fpiils cette lais*
tli-mi-n- uv. au livii nu il s»nl .lisparus pour servir de ili>im>nn>à li-ur
«>pm iliMiuciinit- cf. Stithv T., p. lïi s.| p. Vlî ff.,Xort/icm T,\i SjH
p. iti.7: or l.s i.i ritui-ll.-ii.rnt ,i,in,,v.s ^.||,K.|)t ,|re ,|ilns |s
tnijuspi,
-.•plonlnoniil.-s IV-iiiiviil.-til ,iu Cliurimtu: ils <:on.-liluctil le corps drl'âun-
di'siiiciirn.'i- ils sont su.-iv, imiv nus.-i rt
n>ci-l«ul un |nitmiir tiiauliine v\
f.Tlilisai.!ur; ibul.. p. ïi3l, p..Uti. i; tous i-as. !• rili- linul Wurramniica
a pour ubji-t.IVllwlu.-r. uu iimius
le «j.Wil ,)u ,.iU|jus ttu
1.
••l'iilii! (i>tt-iiiii|iit<loi-al.
:i. l'ouï- ûludicrlu i-i-iviuonii- finale ix.
l'aracl.-iv lot.-itii.jne nom ne nou>
Miiuiiifis uccupi- .|iie- il.i Aii>tittlieii.<. mais ujiu c:ëivm.,ni« unalituun n (ait
xisliTclici! l.-s uutr.sp.-Hp|s|oU;iiiis«nts: cf. surlfts Tlinfcit, Krausi- Die
Ihlmkit, p. 2:ii-S: .laiis une fêtir terminât'- eu niomicur du
mortl'Ii.'ili-
apparaît ruv.-lu iliv iii.-iKji.s di- son kik-m Ou dulmrs uu lutinbie de la
liim.llo fait alors culuiiiliv leeri <l.>ranimai
sucré dus osclav.-s
-.ut sacrifies, on fliimte ruriKiiK* >\v la famille i-t !«lamlisciue |Wn(s toits <!>>s am-A-
1l't'S,
Il. IIKIITZ. – LA HRl'HlisKNÏATJO.V
<:aM.BCTIVBUK (.A MuRT 113
1
Si la réunion des ossements du mort à ceux des ancêtres
n'existe pas duns les tribus de l'Australie centrale, elle n'en
constitue pas moins, en général, l'un idesactes essentiels de la
cérémonie litmle. Les ossuaires, dont l'existence nous est
attestée par (le nombreux ethnographes, appartiennent le plus
souvent à In famille on au clan1. « Vivants, une seule maison;
morts, une sente tombe », dit un proverbe malgache qui
exprime un sentiment répandu et profond Les Clioctaws
estimaient criminel et sacrilège le fait de mêler les ossements
d'un parent avec ceux d'étrangers, car ceux qui ont mémos
os et même chair doivent être réunis1. C'est pourquoi tant
de peuples considèrent que le plus grand malheur qui puisse
arriver à un individu, c'est de mourir au loin et d'être à
.jamais séparé de ses proches; et l'on fait les plus grands
efforts pour ramener ses os dans la terre natale et les joindre
à ceux de ses pères1. 11semble que le groupe se diminuerait
lui-même s'il admettait que l'un des siens prit être retranché
d'une manière définitive de sa communion.
te rite de la réunion des os s'éclaire, comme l'a montré
Mriuton1,si on le rapproche de la coutume, très répandue en
Amérique, de rassembler les os des animaux tués à la chasse:
le motif parfois explicite de cette pratique, c'est que « les os
contiennent les âmes des bêtes et qu'un jour lis se revêtiront
à nouveau de leurs chairs et repeupleront les prairies, » Les
ossements humains sont l'objet de la môme croyance ils
nontieuneut le germe d'une future existence et doivent par

i. Cf.Kioilel,Sluiken krotsharigerussen.p. 267;v. ttalun,op.cif., p.


:;f>7-8:Sal. Millier,op.ci/ p. Oï, "iî Kusonberg, op cil p. M»,«11,417-
« Tumer.Samoa,p. H7 Verguct.op. ci/ p. m-'J Kilis,op.ri/ IV,
Il. 30U;Maweiiliiiul, I. p. tOl-ï; Cutlin,Notes,p. 81)s.j. Swun,.V.-1V.
roasl,p. l'Jl-S;(ialib,l'roc.4m. l'hil. Soc.(l«76i.p. «7 «q.: l'Iûiiuii'lier.
i» AuslamlftxSfy.p. 43: Cnvauv,Voyages, |). 64S,dOI-i;Datclivlar,in
tiilanan.Anit Itt, |>.30-,Urendlilii-r.
op.cit.. p. 2i5.2iT-i>. l
Clii'z esCliow-
«irest,tousceuxqui portentlu iiiemunomtlufmuillcsont ivunisdanslu
iiH'inc sOpullUj-cHuilile,op. cit., p. 93.
3. Standing,in Anlanan.An».(ISS3J,VII,p. 73,
3. Aduir,Mat.of tlitAmericanIndiansilï7S|,p. Iï9 sq., p. 183.
t. Cf.en particulierSliiniling.ikid. Rosuian,op. ci/ p. ÎH. p. 476:
DobriziiMirar, IIMoriu de Abiponibw, p. 898-7,MO;Catxet,Tniceh(«»«).
il 400-3.
b. Mylttsofthe Sew-WorUI, p. 239«<j..
•'•.Brinton,Mit., p. 2i>isq. Murcoylin Prouss.op.cil., p. \(6)sur!».«
Mesaynils (iviumtrendraitdo la (urèloù sontdéposéslesosde peurque
lïuni;libûréun'eutrodans Jourcorps.
– Annéesoriol.. 190S-1906.
I- Dvhkiikim. 8
Ili.1 I.'VNNKK sOCIOI.OClyl'K. l'JtlJ l«0((

suite être gardés précieusement en dépôt comme uu gage de


la persistance du groupe. L'ossuaire du clan, en mémo temps
qu'il est la demeure commune où se rejoignent tes imeôtres,
est aussi le réservoir d'âmes d'où sortiront les descendants.
Mais les ossuaires collectifs ne sont pas lotis familimix,
et les secondes obsèques ont parfois une portée qui dépasse
do beaucoup les limites du groupe domestique. La caverne
d'Aluni ipe. dans la région des sources de l'Orénoqui', dont
Alexandre de llumboldt a donne une description célèbre,
contenait environ six cents squelettes, enfermés dans de» cor-
beilles ou dans des urnes de terre; c'était « la tombe de tout
uu peuple disparu ». Domême uu graud nombre des tumuti
et des « fosses à os » que l'on rencontre en différentes régions
des lïtats l'ois semblent bien par leurs proportions avoir
servi du sépulture déliuilive îi des communautésétendues/; et
cette conjecture est continuée par divers témoignages histo-
riques.
(Test ainsi qui; cluicuno des quatre nations qui composaient
la Confédération des durons avait pour coutume de rassem-
bler périodiquement les restes de ses morts dans une fosse
coin mu ne. Cettecérémonie, célébrée tous les dix ou douze uns
et appelée le « Festiu des âmes », était, nous dit-on, « de
toutes les actions des sauvages la plus éclatante et la plus
solennelle ». Chaque famille en temps utile exhumait les
restes de ceux de ses membres qui étaient morts depuis la
dernière (été; les ossements étaient dépouillés des chairs qui
pouvaient encore leur être attachées9, revêtus de robes neuves
et ornés de colliers de grains do porcelaine ou de guirlandes;

t. V. llutnhnklt,Annichlen dey Salitr i,l8ïfij,I, i>. ÏH~ ecrlttintu


nritessemblaientcontenirlesns du famillesentières.
2. S'juipr,Atutrigituil monument* of the Stalf uf Xeir-York, p. 01nc|
p. 133-130: C. Tlimiiiis, m Hep. Httr. Etlm.. XII,p. ff!3 s.| p.,'>39;Yur
row,op. cit.. p. ll!l, lit). 137.lil; Kavllle,in Amer.Anthrop.(I8W;,
S.. I, p.Sr>U ~i|. l'rcusi, op. cit.. |). 101,p. 30.| il.mscurluins(le
i:i'Sos.suuir.-s on h trouvé plusieursccnlaine»de ts<|uelett«£. Kofait <|U<'
le tlvpAldes(rss.:inen(s ïvpullurescoininunc*
iluiisitu.s n'a eu lieufin'upns
la ilcssiveatiim est
aclivvî-c siiscuptihlo d'être ilùiiKiutré.uumoinsilansnn
yramlnmiiln^ili'eus positionrelativeni «li'Curalion «lesos,pctilusso exln1-
iiiodes ci.'ti'tioiU (qui n snsriti! la léifcndc d'uni) rucu iiygim!» û loiiid'
etc. tantôt li-sossi.-menU étaient entasséspMc-môlc, tuntAtils «Huicnt
rassemlilûs, et disposûssymétriquement.
i'iivi'lt)|)|«â
3. TanU>r<>is pour lescorpstoutrécemmont enterréset que la diîeonipo-
sitionn'avait p;isenvoroattaquûs,on su bornaita les nettoyeret a les
couvrircl» nilws neuves: ils étaiententerrestels quelsau fondde la
fosseroinmunc.
II. llltllï/ – U «Bl'ttliSKSÏATJON CULLKCTIVK DE h\ MotlT J|!i

puis, nprès une cérémonie domestique', ou se dispoRait à


gngiier le rendez-vous central, souvent très éloigné. Ce convoi
funèbre n'était pas sans danger; car les ossements desséchés.
Hue l'on «"('signaitsous le non d'Ames, constituaient uu far-
deau redoutable qui pouvait causer aux porteurs un mal de
coté pour toute leur vie, s'ils noprenaient souvent la précau-
tion tl'« imiter te cri des ànws »,ee qui les soulageait grande-
ment. 1> rite (iual etu.il. célébré au milieu d'une alltueuce
énorme; les chefs, au luitu des défunts, procédaient il une dis-
tribution générale (te présents dont les étrangers invités à la
fête recueillaient utie liirgo part, car outenuità leur faire ndini-
rerhi niugiilllueucodu pays- Nous retrouvons ici, sous une
forme saillante, un phénomène que nous avions déjà constaté
chez les Indonésiens la cérémonie finale présente toujours
un caractère volla-Lif pnmoncn et elle supposé une couceutra-
tion du corps social sur lui-même mais eu ce cas ce u'est pas
lit (iimille ni même le village, c'est la nation qui intervient
directement puur réintègre1!-les morts dans la communion
sociale3. Cet nclo prend dès lors une signification poli-
tiquev en mettant, en commun tous leurs morts, les divers
groupes domestique» et locaux qui forment l'unité supé-
rieure prennent conscience des tiens qui tes unissent et par
suite ils Ics eiitrolieauoiil; eu constituant la société des morts.
ta société des vivants se recrée régulièrement elle-même.

1. Ellut-tailsuivit1 il'uni'lïl'1i'uiimiuih'<ïluull<*villnm% otîeitejiavlu


aux inorl»ivunisttuiislu » j.'niwl<culmiu- laiV-k"
•Ih.'I' ci'iitralesniilili'
<"li-fl
vi-iiuusu prolfcrsur ces ft'lest»caractvivdmnesliiiuoou local.
S}.l,usfaniiUi'ii desmortssurtoutï.iisiiii-nt li>sfrais de ces largt'Sjt's. On
tlisll'iliuuituuM>i (leslaiiilX'Utu «lôi-oupôs dansles rubi-s<|iii avtiifnlnsi-uu-
vt.'i'tles os: ils |ii>.s.<i:iluiui)t
tlt'svertusiniifiiiincs .|ui les rendaient|>iv-
.ri.'iiv. <:f.Hivlictif, HvInlUiu île In S'otmlh-Fniunt iUBTi,II, |<.liï
"|. l.ulilau,itii-untk'1 .S«ki«</c.ï .tinéri<iiiriins -J'ii1, II, p. UG-<:>T;
in
Hmiti'i'. .-l/i»/l<7>. ('(tiHttlianlits/il. TuruntoilK&l,|>.h si|. Ji>ivrilde
HivliiMif s» i-H|i|i«rt>!
utu Atli^nuotii'ntaii.'i,nu Nution<)<> lUuis.l'uni-uin-
u
.-unililnblnl'lff ticsAutos »v\\eilo«Ii-Mi{uuis i-llusCliortaws.vciirYanow.
– Li-ritc.tlola ilisliibutiiili
cil., [>.Itiîi-IT.'I. (luradeaux lursdolal'ùd-
l'uutirdiit' ml paHiniliviomi'iit nivenluO chezles Imlicnsdu Nonl-Ouotl ci
U'ilvsi|uiiuaiiv (iccidviilutivKrattsi», o;i.cil., p. iî'J; Jaivjljsc»,op.vil.,|>.
iS\»s«|. (NeUiui, «/>.cil.. | :i((3 si| Varniw,op.cit., p. 171s<|.
3. Notons«|ut!lecaracliTo collvdifdes oltst'qurslinalcstmxlifiu le moiiv
tlf ci;tloiviitlùiîr.ilioncar Ut mt»rl»vl'nnopériodedonnùasonl nHinis
nonauxautresmurU,maisfiilrceux. U>si>hsdu rilc est évidemment le
iiit'ini'.
t. l'n!ïisi*i»entlors in la l'iHcdontlu ivlaliminous a vtê transiiiisi',
dos (iissrnsioussVUmil proituilt-soutradeuximilics il» la nation,l'uni1
iIViiIix> «Ile»,diiihiiimiimilà l'usafii',s'abstintde participeraluevrémonit-.
110 I.YvXKK miti-iMW
S(H:i(il.(i(itoCR.
Pourtant des causes secondaires peuvent avoir pour eflwt
de modifier la nature des secondes obsèques. Les os des morts
sont eu général revêtus d'un curactère sacré et magiquement
clllcace; ils sont « chauds de puissance spirituelle1 ». Aussi y
at-il lieu de craindre que des ennemis ne violent lit sépulture
familiale pour faire servir Ii leurs desseins hostiles les éner«
gfieBrenferméesdans les ossements une semblableprofanation
constitue pour lu famille la pin» des calamités'. D'autre part
ou peut espérer qu'en gardant les restes des morts auprès de
soi on s'assure uue précieuse réserve de forces bienfaisantes.
Cette peur et cette espérance font que les obsèques défini-
tives consistent quelquefois à rapporter les os dans lu mai-
son familiale 'ou ù les distribuer aux parents du mort qui les
porteront sur leurs personnes. C'est ainsi qu'aux Iles Aiula-
inan il est rare de rencontrer un individu adulte qui n'ait
point sur lui au moins un collier d'os humains; ce n'est pas
là un simple ornement, mais bien une défense contre les
entreprises des esprits malins1. Le contact est même parfois
plus intime car diverses tribus de l'Amérique du Sud cul-
cinent et pulvérisent les os lors de la cérémonie finale pour
s'en frotter ensuite le corps ou pour les avaler avec leur bois-
sou. L'explication donnée par cei-tuiiis Indiens est intéres-
sante comme ils croicut que l'aine réside dans les os, ils
espèrent, en les consommant, faire revivre le mort en eux1.
Très fréquement, de même qu'en Indonésie, les secondes
obsèques sout l'occasion d'un service destiné à donner à

1. Cottringlon, Melaiitsiuim, p. 261s<| cette«pressionprovientîle l'Ut-


lieSua.
î. On prûvient<|u<!l<|ui!luis r* danger "ii tenantse«rMola sépulture;
cf. Coiiiiniitoii,
ibitl., p. il»; Kllis,l'otijnex.Hts.,I. p. 405;Mn>ronliont,
op. rit.. 1,p. 1)51-6.
3. Cf.Kncli,o/».cil., Il. :il Uutnillu,Histoirefie VOrénooue i(1758),
»..I
p. 310.
4. Mun,in Journ. Anlltr.lus/ XI, |>.8«,ol XII,p. 146.Il y a un ron-
trosti!caractéristiqueentre l'abandon siimtrooù est laisséle naduvre
pendantla périodeinteriuikUairc (rf. plus haut p. 8ïj et lu vonlaclfuini-
Ileccl bionlaisunl qui; l'un n uvi'Clus ousemcnU aprèsla fiMe.– Cf.sar
les initifâ-nesdes Iles Sandwich.Giiniplitll.ap. cil., p. 200-7et Mariner.
op. cil., tnlrud.,p. l; sur les Caraïbesde la (juvan»anglaise,Hicli
«cliomljuigk, itetstH,]], p. i3i.
6. Cf. sur lesAnui,|uesdu Sudde rOrênui|Uo, W. Iliiluigli,in Ilelatiou
<letVoyages de Corëal (1742),II. p. 201;sur lesCaraibosdu la (iuyano
rrançaiso,Biel,op. cil., p. 3!>2:de Nmiville,in Mémoires de Trtlvotu-
{i'ÏS),XXIX,p.448 surli's Juiuanuiol les Tueanos,v. Murtius,Oeitrûg»
sur Ethnographie Ameriltb's,p. 485,p. 599.
H. IIKHH. LA HKl'RfeBSTATIOXUIJLUÎCTIVBUH L\ UOIIT 117

l'Amela paix et la béatitude. Il y a un lien étroit entre l'âme


»t les ossements'; et les rites qui ont pour objet de purifier
ceux-ci, de les décorer, de les vivifier, de les conduire enllu
dans un lieu consucré onlleur contre-coup sur la condition
de fàine. Maisde plus des iucantaliotis spéciales ou des rites
d'un caractère dramatique tendent directement à fuire sortir
l'Ame des prises de la mort.
La cérémonie observée it cet eilet pur les Insulaires de
Malmiag est particulièrement instructive l'âme, pendant
les premiers temps qui ont suivi sou arrivée au pays des
morts, est restée une sorte d'ombre inconsistante l'âme
d'un ami, mort antérieurement, l'a accueillie et cachée. Puis,
la première nuit d'une nouvelle lune, elle est introduite
par le môme ami dans la compagnie des autres Ames; celles-
ci lui assènent sur lu tête des coups de leur masse de pierre.
Le nouveau venu devient alors un véritable esprit et est
ensuite instruit de tous les secrets de l'autre monde. Eu
assistant à cette transformation, (lui est naturellement jouée
sur la terre par des personnages déguisés eu esprits, les
parents et les amis du mort se lamentent, car, disent-ils,
« on est eu train de l'instruire, il est maintenant un véri-
table esprit et il va nous oublier tous'. » Ainsi c'est à ce
moment que la séparation entre le défunt et co monde-ci
se consomme définitivement; et il est si vrai que lu mort
nalurelle n'avait pas sufll il rompre les .liens qui le rete-
naient ici-bas que, pour devenir un habitant légitime et
authentique du pays des morts, il doit d'abord être tué. Bien
que le mot ne soit pas prononcé, il s'agit ici d'une véritable
initiation et, de même que les secrets du groupe ne sont
révélés au jeune homme que s'il a surmonté les épreuves
imposées, de même le mort ne peut passer de son état misé-
rable à un état bienheureux, il lie peut ôtre promu au rang
des vrais esprits, que lorsqu'il a été lué selon le rite et qu'il
est né de nouveau. On comprend dès lors pourquoi le grand
voyage de l'aine est généralement conçu comme difficile et
périlleux, pourquoi les prêtres ou hommes-médecine cliar-

1.Ci-lienontuvUviiivntiimii|uOdansun contuhindoumoderne(cf.Mo-
nierWilliams,in UMcnbcrç?, op. cil., n. «fi, n- I) lefanWmn il'un mort
l8i«s«suiissi'-pulturu
tourmente-lesvivantsjusqu'aujouroùun« cornullle
train*au (lanit»si»ossements:alorsUoiiUm cOloste.–
dansla Ixkillluile
a. Calanil.Mlintl.Totengebr.,p. !»"•
S. HeportCumbr.Anthmp. Kxp,,Y,p. 35.1s([
H» l/\X.\Bi: SOCIOLOGl^UK.l'J0:i-190«

gés de conduire l'iline sont obligés do tondre toutes leurs


forces vers le but désiré, pourquoi eulia les assistants «tten-
deut le dénouaient avec anxiété. Non
que lu groupe puisse
douter vraiment de la délivrance litiulu; le rite établi
dispose
à ses yeux, pourvu qu'il suit ponctuellement suivi, d'uue
ellieacité irrésistible. Mais ces angoisses mêmes et ces efforts
ardus sont nécessaires, de la môme manière
qu'il ne saurait
y avoir d'initiation sans souiïrauces infligées et subies les
épreuves imaginaires que l'Ame rencontre sur sa route vers
le ciel constituent un véritable sacrement
qui a pour ellel
de régénérer le mort et de lui ouvrir l'autre monde.
La cérémonie finale transforme donc
profondément la
condition du défunt elle le réveille do son sommeil mau-
vais 1 et le rend apte à vivre de nouveau d'une vie social» et
bien assise. Dune ombre errante elle kit un « l'ère' ». Cette
transformation ne diffère pas essentiellement d'Une résurrec-
tion véritable. Môme,clans les mythes et les contes, où l'ima-
gination collective se donne libre cours, les deux phénomènes
se confondeut souvent une haleine ou une
aspersion vivi-
fiantes sufïiseni pour reudre aux os la chair et
l'esprit11; les
morts se relèvent et reprennent le fil de leur existence inter-
rompue. Mais dans la vie réelle, force est bien d'accepter le
fait irrévocable. Quelqu'iutenseque soit leur désir, les nommes
n'osent pas espérer pour eux-mêmes « une mort comme celle
de la lune ou du soleil, (lui se plongent daus les ténèbres de
l'Hadès pour se relever au matin, doués d'une
vigueur nou-
velle ». Les rites funéraires ne peuvent
pas aunii 1er complète-
ment l'œuvre de la mort ceux qu'elle a atteints reviendront
à la vie, mais ce sera daus uu autre monde ou sous d'autres
espèces.
L'âme n'est pas toujours tenue
d'accomplir un stage au
pays des esprits anceslraux avant de pouvoir rentrer dans le
corps d'un enfant. Parfois la réincarnation a lieu immédia-
tement au sortir de lu période funèbre'; et souvent l'une
1. Voirplushaut,p. s;i.
£ Selonla croynnc.hindoue.!••mort.•sid'ilionl un
'il-, '• il nVntivra<|tj-<ipiv< prêta, un mivmin
un i-erlaintemps tiam lo mo.ul.> il»,
lilaw.U. Cala. !'ber 1·i~l
Arc.|». a *j.; OUtoiibcrg, Tufrnuerrhruu~
Grieïuï~enrlen·Inrlugerurarr.
.tu IVW«,
IMi<,i,,H p. 473sil.
3. VoirBrinion,U,/tl,*oftltr Seu-WorH, p. ïi»; cf. |>MOI,TraKIi'.nt t
iii'lKHiie»,p. 37.p. Jjù. p. 101 ,1,. BmirboiHH,l'opot-Vuh, p. 173-7.
i. Cf.Whito,Ancien! hisloryof the Maori,II,p. <JO.
• fi'eslle cas, par exemple,chezles Aliclmsostandis
(jun ceilaiin
II. ItKHTZ. I.A HBl'BÊSKSTATIO.S
CULI.ECTIVK
DKLAMottï 110

dos Ames, colle qui est directement liée nu corps, peut sans
aucun délai déterminé, ômigrer dans le sein d'une femme
et revenir uu momie; lu date de cette transmigration
supposée
semble dépendre seulcnieut de la naissance d'un eu f mit dans
la l'ainillo à laquelle appartenait le mort'. C'est ce qui ressort
de la règle suivie pour ta transmission du uom chez divers
peuple», eu particulier chez les Esquimaux: lorsqu'un enfant
vient à naître, un lui donne le nom do lit dernière
personne
morte dans le village uu d'un parent mort au loin. Cette céré-
monie a pour effet de faire passer daus le corps du nouveau-
né le nom qui jusqu'alors était resté dans le voisinage du
cadavre; elle s'appelle, dit un auteur, « la réanimation ou la
résurrection du défunt », et elle assure la paix do son âme.
lui moine temps, elle soulage de leur deuil les parents du
mort qui voient revenir sous uue tortue nouvelle celui qu'ils
oui perdu. L'enfant est en effet l'incarnation vivante de l'iudi-
vidu dont il porte le nom il est censé hériter de ses talents,
il le représente aux fêtes des morts'. Aussi longtemps qu'il
u'u pas commencé m nouvelle existence, le nom du mort ne
doit jamais cire prononcé k cette interdiction se rencontre
aussi chez les Cliiuook, mais elle prend fin avec les obsèques
définitives11. C'est qu'en elïet l'imposition du nom du mort a

il'ciiire eux ci'uii'iit i|Ui.' J'jnio ilt-livrûii pur lu ff-te ,lu ijuaraiitiùm» jour vit
ivjiiiinlrc Dieu, d'autres pensent i|uVlli' passe dans le rorpgd'un enfant n>-
iv jour-là, v. lluliii, llitrfcr aux ilem Kuii/;amii; p. 'il-li.
l, l'clilol, Trtulilioiis indiennes, [>.275 sij.
i. On suit que le nom n'est qu'une de» espt-ces (le l'Aine.
3..Nelson, o/ cil., p. ÏH'.I, 37I>,\U sq., 490 Rink, Dunisli dreciihiml, |i.
200: Crdiilz, llisl. of Vreenlamt (l6iO). t, p. kl), Uî; liolui, in Meildeleher
«m tjrontuml, I. X (188»), p. llt-ï, Tiî-3 Nuiisto, HMmolife, \>. iiS scj. ô
évite ini|)i)sitiuii du iiuiu est ubiiiiatoiiv; si l'on y n>au<|ue, ito mauvaises
i'uuM:i|u<>ncuitun ivsiillumnl pour l'uni'uiit. – Cf. sur le* Cbi'Wfatu*, v.
llulm, initierait» d. Kaukasus, \>. ï\i s< lorsqu'un enlit ut d'un uu ilcuv
ans ml muliiili', la famille l'onsullo une iiOuruinunoiciiiiv puur savjir
i|ui;IIii est l'ùnii' ilunt pnjiéilr li' mal: on donne alors an nml.ule le nom
(lu mort (sans doute iluns 1 inlenlion de nuvillurcu ilurnii'f en Uvlivraul et
l'iiiftiuil rvrivri'suii Aiiiii-nuni'. Cf. l'elltol, Itryiun du nmnd laedex Ours,
p. i" Krausu, op. cil., p. SSî.
i. Cmulz, lue. cit.; pourtant ru loinoigiiapi' u.<t cunlrvdit, sfiiilile-t-il
|>>irllulni il. lu Un du deuil lu nom nVsi plus prunnn<:«;. S.Idii llink, si
i'iiulividu vil murl peu de (onips avant la miiss.-tno', ou dans <los rnndi-
Uon* parliculièrtrnent jx-nîblfs. son nom iu> pourra pas Mire pnnionix- sans
niressili! on douiic à IViifanl un autro nom puur liu-u^e journalier. –
Cf. Jacubjon, op. cet.. p. ST.
S. Swan, ti.-W. Coa.il, p. 18'J. – La dunV du tuliou, .vliviiiOiin'nt ^vnr-
i;il, i|u) concurn<>le nui» du mort i'st le plus souvi-nl imléliniv loulefois
iâO L'AMfKK SOUIOLOUlgLB. l'JUi.lOOtl

un nouveau-nééquivaut eu un sens Ii la cérémonie


8uule
commecelle-ci,elle pacifiele mortet le rend Iilit
vie, met.
tant uu termeau péril et au tabou funèbres'. t.
Kousavonsvu quentndonésio littête qui termine les rites
funérairesrelèveen même temps les survivants de
obtint
tion du deuil, ce fait est régulier. Le contenudes rites
peu)
varier, maisle sens générai ell est fixe les parents du mort
sont déchargesde la propriété dangereuse
que le mutheur
leur a attachée, et reçoiventun «
corpstlouvettu=r,,tel (lUI!
ta vie normalel'exigej ils se séparent
dèllllilivemeutde la
mort et des puissancesnlauvuisesy rentrer do pleitt
droit dans le mondedes vivants'.l, pour
L'institution des secondes obsèques, dont nous avons cher-
che it montrer ta signification et lu subit fré-
queiniiieut une régression
Dans certaines sociétés.
il subsiste des traces non
équivoques de la coutume origi-
uale les par un
exemple, certain temps après la

&liez les ,lrunlu, upWla Cl:r":lIIonll1'lui tiiet lin au deuil, l" nom
~J: (sauf peul l'II'"
groulrcs dc parents,; i 1)II0liCIII' ..t
Gitlen, 1'atire TriGex, p. Cr9tt.
'.Lit 1It!IiI'MInCI! de 1',hlll1'IIIIIIIIII' i- fait
dans Un '= pas toujours par l'incarnatiiiii
i-liez di\I's tr'iI,u~
s'agit (I'Uit ctu·l ou d'un 1)lu1iculi'\I'CUlonls'il
ilietiligué, le ,“. alirés Nro resté uli
{'erillin tc.ps l' "lw!l'cli ).u.)a~ est liat- le nouveau elier
ouI)III~ (tuellgu'ittiti-0 t-ela s'appelle" rt!ssuscil"I' 10 cléfant lé-
vivant est dr?,urutuis cllusl, 1'01111111'le 111111'1lui-itiétiie et il entre duu,
luus ·c~ tlruit.. citez les
h-u<]u~ c.-(tf tynstnigrution du nont c)otijig-
lieu .““. grundu t. l'un cé/HJI'1! lurstlue
sont T'f' de la fttitailit
op, rfl., Il, le. t3t: Ol"euf, op.cit.. p. 92,. pour
Ivs 'l'Itnkit, cf. Kniuse. op. (-il., p. l3l citez les ,\1/(01i1IUI1I5
S(I, %lui-
tiuaL~it~,1(.~persotinage (lui, de III 1.r(,.Ilàonie liliale, Mtch.d'en.
pa)'s "5 uturta. ujoute le nomdu mort au sien
~cllte dl1sorlUui~ le ,IMunt et rellllJliI ."5 devoiri
Folkdore of tlle llexgttetkie liediaetàr, 8;<.E. 1"umitltr;cP. 0\1'11,
p. lin ce (-as la fi tuurm-etioiii
du 110111et .1,r.du.n uu tutys des utorts sont tÏ(roilclI1cul
liees.

(:ud~tntul,Iluyua.p 'M" l'1!sultal en admilllslrant tlUt


paretitsitu iiiiirt )))4. af « tttvdecino
bons 1!IMs du .s.c.i.i. »1I1I1[li'IUI'ou en ffur Iusllranl 10'
et. JUllud, lta.ltrm~«, p.
liutt tt utt cuytt~te « tt ~urrl-lix!rtu 6~. AL~
C'rtp 1 UI' p.Mtt.5C5
3. Le rituel iiin(tou piescrit tl'ilever une liierre qui pruti,go les vivants
p. 51'I'I'ede larrürc entrc III m01'1et
cf. Catand, Attintl. ~<<
'1. 1.12.
cf%'1h~ fuurilissent un exemple typique ,le
cf. v. Ilaltn. np. cit., p. cette réinte-gratioli
1). !28 = s utkru au milieu 'ei..k.M.
joie colluelh'e; 011 chan~eettlan:c, "II ;¡'elllhl'Usso.
qluiàutlautre moment
paraIt scandaleux.
5. Cf. plus haut, 1).mi.
H. IIBHT/ – LA REl'HÉSKXTATKI.V
COI.I.ECTIVKIHi I.A MUHT 121

.b .o..t
t.t. t. a
mort, ouvrent
te sarcophage qui contient les restes ilu
défunt; ils »e borueut à les contempler, sans oser encourir
le risque et la souillure qu'implique le contact du cadavre
après qu'un repas a été oflert aux dînes, le tombeau est pour
toujours refermé Chez d'autres peuples, le dernier rite
consiste à fouler auxpieds la tombe ou ù la sceller par
l'érection d'un monument funérairo alors seulement te
mort entre en pleine
possession de lu demeure qu'il ne fai-
sait jusque-là qu'occuper. Ku d'autres cas, ces survivance
mêmes ne se rencontrent pas la fôle n'a plus pour objet
que de terminer la période funèbre de mettre Du au deuil
ou de pourvoir définitivement au bien-ôtre de l'âme désin-
carnée. Mais ces fonctions, à leur tour, sout enlevées à la
cérémonie finale ou perdent de leur importance. 11 y a,
nous l'avons vu, solidarité étroite entre le corps et l'âme
du défunt si les véritables obsèques ont lieu aussitôt après
la mort, on tend naturellement à assurer dès ce momeut
le salut de l'âme. D'autre part, le deuil
a changé de nature
et de sens il lie s'agit plus pour les survivants de marquer
leur participation à l'état présent du mort, mais d'expri-
mer un chagrin considéré comme obligatoire. Dès lors 1»
tlurée du deuil lie dépend plus des représentations relatives
au défunt elle est déterminée entièrement par des causes

1. Politol, Région du grand lac des Ours, p. MU m[. Tradition*


indiennes, p. 871-1 Cf. Aldeti, in Yarrow. o\i. cit., ». loi, sur lus tîrot-
ventru* lu cadavre est luItsC sur la plate-forme où il a t:li! f\|>ost;; juiuul*
|>lus un n'osoru y touclior ce serait mauvais [bail médiane),
S. Par exemple les Caraïbes il«'SIles, de ftoHicforl, Histoire des Antitle*.
|i. iiOii«).; l'roU8it, op. cit., p. 10-20.
3. Cf. uux lies l'olau. Kulxuy, in Orig. Miltt., El lu,. Abt. d. K. Mus..
Iterliu, 1. I, p. 10: la cûnimuiiiu a lieu au lioiit de iuu jours, ù lu dn du
'li'itil a Juvu, Cruwfurd, Ilinloiy (IXjOj, t. \>. Ufi à Toiif-'u. Uiifsslfr, ïml-ee
Itildrr, p. :<3ï. IU|)puli)ii« l'itiiaKo encore. o))s.'r\v par li-.sJuif< cli-n'Olcvor lu
|iii'ir<> lunibttlo i|u'uu bout d'un un après la inorl. – l.u rurnivlun.1 riluvlli'
de luiimUuii du tiKirl, citez les lianiou* ilu Sud, u la wi>mv signiDcatiu»
.Ititiml, op. vil., p. M, bu-, Ik'clii, Titre* yean, p. SU m\ cl', ilu Uliaillu,
Voyages el Aventures, p. 208 n\
l. Un rite ust assois souvent signal)! connue l'acte vsscntiul de la ei-rv-
nioiiiu Uuule la tliistruïUon. uu l'enlwrvment. nu la diulritiution à «!<*>
ctraiiKOi-s, des habits ou liieus mobiliers du iléfuiit qui ont tilé jusi|u'ulur>
Kurdûs & part cf. sur les Sioux Wulipetun, Me Cliusn«y. in Yurrow.
op. cit., p. \'K> sur les TaraltumareK, Luiiihollz, Vnknumn Mexico. I,
p. :iK4; sur les Arawuks de la Uuyaiiu anglaise, Kicli. hcliumburgk
•>p. cit., p. iiiT- sur les Cliewsures, v. Ualm. op. cit., p. HO. – Le nii^iui-
l'ili! fait partie inlé^wiile du la vérOinonie des secondes obsèques chez
divers peuples, en particulier chez l«s liurupi el les Ilrilitis du Unsta-llira.
!-â i/an.vkk socrut.or.igiK.tuos-iaun
(l'ordre domestique ou social. Ku outra il n'est
plus besoin do
rites spéciaux pour libérer les parents du niorl; ils se rétu-
btisseut en quelque sorte d'eux-mêmes ù
l'expiration de lu
période prescrite. Aiusi appauvrie, la cérémonie litmlo n'est
1)lus qu'un simple set-viceanniversaire, qui n'a d'autre objet
quo de reudro uu suprême houueurau défunt et de commé-
morer sa mort.

tll
CO.NUIUSIOX

11 est impossible d'iulerprélerTcuseiuble de faits que nous


ayous exposés si Ton ne voit dans la mort qu'un évéuemeut
d'ordre physique. L'horreur
qu'inspire le cadavre ne pmvieul
pas de la simple constatation de? chaugemeuts survenus daus
le corps. La preuve qu'une explication
simpliste de ce
est insulfisaute, c'est qu'ù l'intérieur d'une mémo geure
société,
l'émotion provoquée par lu mort varie extrêmement en
iuten-
silé selon le caractère social du défunt et
peut même on car.
tains cas faire entièrement défaut. A la tnort d'uu chef
ou
d'un homme investi dune haute
dignité, c'est une véritable
panique qui s'empare de tout le groupe; le cadavre possède
uue vertu couta miliante telle
quo chez les Cafres tout le
kraal doit être déserté immédiatement, et
que même les
ennemis ne voudront pas y habiter1. Par coutre la mort d'uu
étranger, ou d'un esclave, ou d'un enfant' passera
presque
inaperçue, ne soulèvera aucun émoi, ne douuera lieu à aucun
rite Ce n'est donc pas en tant
qu'extinction d'une vie aui-

J. UvlitoiMl-in. KeUen,“, sihllirf, Africa118»).1. p. 48»


f'TIIllT h llul"- IlwlUttiw:h '"m"«to« pour (tu
1":(>a",1
Sïïi1 irac au ""hors.
^«*ÏÏL*
î.Mail,
inJuurn.
Anlhi:
/»*XH,
p.110.
S. Unpasiaiî,.luVendi.ladu
ontI. caïUvi»..I le !“• pour objet.luOùllnirTulro<1«In contaBiu.i
|vt«,lu* doei!lteuil.avttrioselm an.
I .u»plus ouuo.» bule qui était asSi«Uôe au.lufunt
vtros.Si k-i,i,,rt est unpK-lrv.la s.JUillmxi du»*lécLell,, ,l,s
s«l«,,asur individus;m
twt uu suc-rrim-. sur wm|: si e'ort un Utoureur,&urdix
.:hien"l1 lroupoau,sur5('llt: uiasi do 8ullo,Maissihuli si c'estun
10mortest uu
ranger .dolâtre ou un liorc-tiqu,uu ,,« animal créature d'Ahriniui
commela Kronouill,lu contactdu cadavre
aucune«pto. dosouillure «W pt-ndanlsan'impliquai.our Iw vivant*
via qu'untoi 0t« 6UU"“
fo.wrcluifectlon:morl. il , r.Mtplus.M.-in<> lospnVlwitparont»de l'inli.
Il. IIKItiV. – l. IIKPnKSfiNTATinNCOf.l.KCTIVUUK I.A »|i>IIT 123

iniilo que la mort occasionne des croyances, des sentiments


<;t dus rites sociaux.
Lu mort no se borne pas il mettre fin à l'existence corpo-
relle, visible d'un vivant elle détruit du même coup l'être
«»eial greffé mwl'individualité physique, auquel lu conscience
coiluftiveattribuaituiieimporliiuce.unedi^iiiU'pluHuumuius
grandes. Or cet être, la société amfoiunto l'a constitué par do
véritables rites de consécration, est mettant eu jeu des éner-
gies proportionnées il la valeur sociale du défunt sa des-
truction équivaut à uu sacrilège' qui implique l'interven-
tion de puissances de même ordre mois d'un caractère eu

quelque sorte négatif. L'œuvre ne peut être défaite


de Dieu
que par lui-mùiue ou par Satan (/est pour cela que les
peuples primitifs lie voieut pus dans la mort un phénomène
naturel elle est toujours due à l'actiou d'iulluences spiri-
tuelles, soit que par la violation de quelque tabou le défaut
ail attiré sur lui le malheur, soit qu'un ennemi l'ait «tué » par
des incantations ou des rites magiques Les ethnographes qui
nous rapportent cette croyance générale y voieut une erreur

i|i'l<-un porU'i'out point li* deuil il sa mort, 'end Attesta \tea:l. Darmeslttev"
I. 11, |>. MU Si)., [I. 75-8,|>. 103,|i. 190I, |>. l'JX p. fi!i, [>.151.
1. CVsl ce (|u'o.vpriuiu lurU-iiiHiil un Wxie maori lu liérus civilisateur
Muvi no votiluil pus qui) Je* humilies lussent destinés û mourir suua
retour, rur lu mort lui jutulilail « mm cliosc (li'Kiniluiile d unu Insuld; »
la ilifiiiilù du riiaiiiini.' u Wliile, Ancient hislory 0/ the Uuori, II. p. (H.–
l'uni- «liminiiL-r l'Iiurrvur <lv l'itttu insulte, les survivuiitts iirac-ùdent eux-
tii.'ino^ |urfuU& uiiuvi'-ritutiluilûKraïUtion du tlél'unl. AinsiiTuliili, lorsque
l.i inurt i:tuit un incinliru <li?tu .sucit-lùsucrélu di« Arvui.pitr une «iviiidiiic
ci-lûlirûu uu temple <1>:eut le sacivlii, un « dùpnuilluitl» curps de toute l'iu-
I1ui>ikissacruo ol inyslùiiousi: u <|u>>l'individu ôliiil «ensé uvoir reçue du
lion lors de son initiation. Alors sculeiiii.'iit lu cadavru pouviiit <-trt>
.•iisovc-li 10111111U celui d'un I101111110 ordlnitir» Ivlli», l'olyiiesian ttexear-
<!ica. 1, p. iii.
2. Ou, en Iuuku^u niaidi-un, le» ("Iri's de lu Iiouiio crOation no sont
<|rtruits (|iiu pur l'ui^tiini lie, ilûmon.s ilmit Aliriniun « pl«in de mort i>ost
Ir i-ln-f cf. Znui.liv«<«, Il. p. 08-9.
:(>» itimt i-ausi.'s il'uilleur.s nu sVvcliiPiit pas. Cf. S|ii'tK:ci- et filllen.
Xorthern ïrities. p.:>19et Satire ï'vibes. p. 18; vuu llussoll, Ilie Nuforeseit,
p. 11(7-8; l-'orbes, Waiuleringx, p. i'M Gulonsu, On Me MuoviHucex,]). 20,
(1. «3 Turncr. Samoa, 11. p. iiO kij., p. S7Ï; Kllis. l'tigntatm ««MarcftM.I,
p. :«*5; Miirinor, Arromil, I. p. ;ni-.ï; Kuhury, Die Ih'lujioa der l'clauer,
•11Dustians Allfrlei ans Volt*- mut MeuschenNumle (I8KH),|i. S, p. 47;
Dailgc, Oui- wittt ludinns, p. 100; Yarro»-. up. cil.. p. iî'-l; Kocli. Animismus
•1er Slitlumcr. liuïtaner, p. 38 tq. von dt-n .Sicilien, t'Hlttdtt» Sainrrutkern
(intnil-ltiuixilirii.i. p. ;iiS: Dusmaii. Voyage de lluinée.f. SU; Kiiij,'sl,:y.
Trueet.1 in W'tsl Afviea, p. 450: du Chaillu, Voyages et aventures, p. 382.
ll<'s i{iti>l<|u<!s
rOfOr.-ncvs,qui piiurraionl Mremultipliées, sufllsenl h. prouver
In fiénvrulilû de •elle emyanev.
12* i/anniJk .-ioeioLouiyufi.ldOS-iwi;

grossière et persistante; mais nous devons plutôt lit considérer


comme expression naïve d'une nécessité >ociale perruunenle.
Eu effet la société communique aux individus qui la compo-
sont son propre caractère de pérennité parce qu'elle se sent
et se veut immortelle, elle ne peut croire normalement que
ses membres. surtout ceux eu qui elle s'incarne, avec qui
elle s'identifie, soient destinés ù mourir; leur destruction ne
peut être que IVIIet d'une machination sinistre. Sans doute
la réalité dément uruUilemeut ce préjugé; niais le démenti
est accueilli toujours par le même mouveinent de stupeur
indiquée et de désespoir. Uu tel attentat doit avoir un auteur
sur qui puisse se décharger la colère du groupe. Quelquefois
c'est au mort lui-même qu'on s'en prend « Quelle raison
avais-tu, ingrat, de nous abandonner?» Et on le somme de
revenir. Plus souvent on accuse les proches survivants de
négligence coupable1 ou de inalétices ou veut à tout prix
découvrir et exécuter des sorciers; ou euliu l'ou s'épmiclie
en imprécatioiiscoutre les esprits meurtriers, comme les Nugas
qui les menaceut de leur lance et tes défient de se montrer1.
Ainsi, quandun u homme meurt, la société ne perd pas seulement
une unité; elle est atteinte dans le principe même de sa vie,
dans sa foi eu elle-même.11faut lire les descriptions que nous
donnent les ethnographes des scènes de désolai ion furieuse
qui ont lieu des t'agonie ou aussitôt après l'expiration chez
les Warramunga par exemple, hommes et femmes se préci-
pitent pêle-mêle sur le mourant, formant une masse com-
pacte, hurlant et se mutilant atrocement3. Il semble que la
communauté entière se sente perdue, ou du moins directement
menacée par lit présence des forces antagonistes la base
mêmede son existence est ébraulée Quant au mort, a la fois
victime et prisonnier des puissances mauvaises, il est rejeté
violemment hors de la société, entratuaut avec lui ses parents
les plus proches.

1. Par exemple,vuChine,la mort d'un pi>ro est itnpuliiiii1soit lits tpjt


a dûinaiiijuurdedévotion filial. it sonvganl deGroot,Heligiouii System,
I. p. fil).
t. Goilden,Xagii,in Jaum.Anthrop. In.il.,XXVI,p. 185-6 « Si nous
pouvions tu voir. noualo tuerionsd« nos lances!Noustnangurionstu
l'Iiuir' Oùas-tufui?Nous n 'avonspasd'ennemiplusi-molijao lui,esprit
•luidétruisnusamisau milieudonous ».– Cf. Batcholor, AinuFollt-lure.
p. ii\, p. :m-!i.
3. Spencerot Cillen,Yorll~ernTtibesp. 516;cf. Klngsl,!y,
Trrruels, p. 4M.
4. Voirlesfaits rapporlisplus haut, p. Su,au sujet«tula mortdesdiefs.
11. IIKIIU. – l.\ IIHl'lttisKNTATI'I.N COI.I.KCTIVK DR LA MMHT < 2îi

Maiscette exclusion n'est pas définitive. De même que la


conscience collective ne croit pas à la nécessité de la mort,
elle se refuse à lu considérer comme irrévocable l'nree qu'elle
a foi eu elle-même, une société saine ne peut admettre qu'un
individu qui Il fait partie de sa propre substance sur lequel
elle a imprimé su marque, soit perdu pour toujours; le der-
nier mot doit restera lu vie sous des formes diverses. le
défunt sortira desn lires de In mort pour rentrer dans la paix
de In communion humaine. Cette délivrance, cette réintégra-
tioti constituent. nous l'avons vu, l'un des notes les plus
solennels lie la vie collective dans les .sociétésles moins avan-
cées que nous puissions atteindre. Kt quand, plus près de
nous. l'Église chrétienne garantit il ceux qui seruiit pleiue-
uemententrés eu elle« «larésurrection et lu vie- », elle ne fuit
que formuler, en la rajeunissant, lu promesse que toute
.sociétéreligieuse fait implicitement a ses membres.Seulement
ce (lui était l'œuvre de la collectivité ellu-méme, agissant par
des rites adaptés, devient l'attribut d'une personne divine,
d'un Sauveur qui, par sa mort-sacrifice, u triomphé de la mort
et en a libéré ses fidèles; la résurrection, au lieu d'être l'ellel
d'une cérémonie déterminée, est un effet de la grâce de Dieu,
ajourné à un terme indélini". Ainsi, à quelque moment que
nous nous placions de l'évolution religieuse, a lu notion de la
mort se lie celle d'une résurrection; l'exclusion succède
d'une intégration nouvelle,
L'individu, une fois la mort franchie, ne retournera pas
simplement à la vie qu'il a quittée; la séparation a été trop
1. Ceciest vrai d'unevvrlliilittéraledan* les sociétésoù dominola
croyanceen la réincarnationcar«lorsclimiucclandisposed'un cortuin
nombred'ùuwsqu'il no pout laisserperdrasous \>mwd'être lui-même
frappéd'extinction.
î. Rappelons le pussugn de l'Kvnnfjilo suloiisaintJouta,iu au coursde
l'unirad««Morls « Jo suisla résurrectionet la vW:celuii|iii «mit on
moi,ijuundmoiiiuil aura«té Mort,il vivra,et (|Ukoni|iio vil et croiten
moinemourrapas pour l'éternité». La foi. c'est-à-direl'uniiminliuir
le l'individua l'iîglisuvisible,est pour lui un gage do su réunion
lutun)Ixl'KglisoinvisiWo. C'estco t|u'<jt|>riiuti
nettementla pvii-rallnalr
recituusurla tombe ut siettthic eumrem fitlesjunxit fidtlium lurmis.
Haillieeumtua m'mraliasocielmir/elicii chorit.
3. Lanotionde cettorésurreclimi n'ad'ailleurspas clianRiS.l'.t ubliûHui-
({nerû,Ut»ritesfunèbresdansla liturgieromaine,p.23 «k>corpsrejoindra
l'il muqui l'a (|uill>il'unie retrouveraglorieuxeu corps qu'elle laisse
momoiitaitBincnt auxliuiuiliatiun»du tombeau>;p. 31,p. 49 a dansla
toinbnvontdormirjusqu'àla résurrection glorieuselesrestesitiorlulsdu
pieuxchrétien Cf.l'uul,Corinlh.,1, « Lecorpsest st-uu1en pluin»
» . 15
••orruplion, il est roleréincorruplibk' n
tSft) L'ASSÊK SMCIOUMUglîK.i«»i-l!K)«
.r.
proluudo pour pouvoir être aussitôt abolie. H sera réuni à
ceux (lui e»nnno lui et avant lui sont pnrtis de co monde,
itux atwetres il entrera dans cette société
mythique des
autes que chaque société se construit t'itnage d'elio-ll1t'IlI!
Or lit cité côlesle ou souterraine n'est pas lu simple
repro-
duction de la cité terrestre. En se reformant par delà In
mort, la société s'allwncliit des contraintes extérieures, des
nêi'essités physiques, qui ici-bas s'opposent constamment
à l'essor du désir collectif. Justement parce que l'autre
monde n'existe qu'eu idée, il est libre de toute limitnlioii. il
est ou peut Aire' le lieu de l'idéal rien no s'oppose
plus il ce que clans les « chasses bienlieu reusesIl de l'au-delà
le gibier soit perpétuellement abondant, ce
que pour l'An-
de
glais avide psaumes chaque jour de la vie éternelle soit un
dimanche. De plus, dans certaines sociétés, la façon dont se
termine l'existence terrestre constitue pour celle-ci une sorte
de tare; la mort répand son ombra surce monde elle
triomphe
mémo que l'Aine a remporté sur ello lui ouvre une vie iulini-
mcnl plus belle et plus puieJ. Sans doute ces notions ne ko
présentent pas dus l'abord sous une forme précise et défi-
nie: c'est surtout quand la société religieuse s'est différen-
ciée de la société domestique ou politique,
que la movt
paraît délivrer le croyant des fatalités chamelles et tempo-
relies qui ici-bas le tenaient séparé de Dieu; elle !e fait entrer,
régénéré, dans la communion des saints, dans l'élise invi-
sible digne d'entourer immédiatement au ciel le Seigneur dont
elle procède. Mais, d'une manière
enveloppée et vague, I»
même conception est présente, dès le début de l'évolution
religieuse en rejoignant ses pères, le mort renaît Iransllguré,
élevé à une puissance et à une dignité supérieures; end'autres
termes, la mort, aux yeux des primitifs, est une initiation1.

I. Nousm.'disonspas qu'il le suit toujours.


t. Cf.surles Cliowaures, v. llalm,BilUrraus item
mortest un plissagede la sociétéimpuredans Hau/iuttu, p. ît\ la
les purescl claires
ilcnwures ». l/àmvest pure: \v corp., )o eailavr. félidui't impur.
3. Voirplushaut, p. J 17. II eutn'inaripialilo
de la mort <k nousu révulé.-IVludo t|uucuil.; reprôsenlulion
dus laitscllinoscapliiiiues
avuelit m.yancoclinilicnuetelle que lexposuun cntwnrA-
ezai:tuiii.iiit
anoloaiili-
«allioliqu.cf. Dui-.mi- lu UaiKnen!,op.cit., p. 00sq. « l'ourlu ckrWuii
«ivilisc.loindVîtrol'exclusionpi-rptUiielIc. •!«chaqueindividuIiomdu
champ dela civilisationuniverselle,la mortcliaHienne est l'initiationùl»
fiviliMiijn infini.»
et le passageliela cilù terrestreAla rkii divine,» U*
celliolinue» ontsouventainsi l'intuitiond<'sn'alitéssocialespnrec«u'iU
participentu unevierollecliveintense.
Il. IIUIIÏ7. LARKl'IlésKNTVnilX
UUM.KC.TIVK
DELA MO
HT 127
Cette formule n'est pus une simple métaphore; si la mort
est bien pour 1»conscience collective le passage de la société
visibleta société invisible, elle est une opération exactement
auiilogue à celle pur laquelle le jeune hommeest extrait delà
snuitVIûtlett (cmnies et desenfants et introduit dans celle des
hommesadultes; cette intégration nouvelle qui donne à l'in-
dividu accès aux mystères sacrés do la tribu implique, elle
aussi, un changement profond de sti personne, un renouvelle-
mentde son corps ol de son Amequi lui fait acquérirla capacité
religieuse et morale nécessaire. Et la similitude' des deux
phénomènes est si fondamentale que ce changement s'opère
1ressouvent p:ir la mort figurée do l'aspirant, suivie de sa
renaissance à une vie supérieure1.
Ce n'est pas seulement de l'initiation qu'il faut rappro-
cher la mort, telle que se la représente la conscience collec-
live. Ou a souvent remarqué l'étroite parenté qui existe
entre les rites funéraires et les rites de la naissance ou du
mariage-: comme la mort, ces deux événements provoquent
une cérémonie importante où a la joie M môle une certaine
angoisse; dans les trois cas, il faut se garder de périls
mystiques encourus et procéderades rites de purification.
Lu similitude des pratiques exprime une analogie profonde
le mariage opère un double changement d'étal; d'une part
il fait sortir lu liancéedo son clan ou de sa famille pour l'in-
troduire dans le clan ou la famille de son mari; et d'autre
part il la fait passer de la classe des jeunes filles dans celle
des femmes mariées. Quant à la naissance, elle accomplit,
pour la conscience collective, la même transformation que la
mort, mais eu sons inverse l'individu quitte le inonde invi-
sible et mystérieux que son aine habitait, il entre dans la
société vivante. Cette transition d'un groupe à un autre,
réel ou imaginaire, suppose toujours un renouvellement,
profond de l'individu, qui se marque par des rites tels que
l'imposition d'un nom nouveau, le changementdes vêtements

t. VoirPnucr,(SoUlen l)nuiiVinu
III, p. 4Ï2s>|<|.
llmtt/h, ta préparationau
c'c-sl-ù-iliru
Sitcriiice, le « passaisdu mondede*hommesau momln<lv<
une mortdu l'tlte temporalsuivi»d'une renaissanci!
dieu! », liii|)lii|iii)
-nus (lescgpiVes nouvellescf. Hubertet Mauss,Le Sacrifice,inAnnée
Sociologique, t. Il, p. 48S'|.
2. Par oxomplo, Diuk,Sibittinlsche BUilter,p. 48; il expliqu.'te parallé-
lismede evstrois groupasdorites parI» Taitqu'ils onttous pourobjet
«l'opirerun» ltulmUon.Mateil «'agitjustementd'expliquerpourquoiun*
purificationoslnécessaire à ces trois momentsdela vie.
(2« I-AXNKK SOCroLOGIgi'E. l'JUj 1«U(i

ou du genre de vie. Totijours aussi cette opération est


conçue
comme pleine de risques, car elle implique la mise en
jeu
de forces nécessaires mais dangereuses. Le
corps du nouveau-
«é «'est pu» moins sacré que le cadavre'. Le voile de In
mariéeet celuidelit veuve soutdecouleursdifléreutes, inaisils
n'eu ont pas moins une même foncliou, qui est d'isoler et do
mettre à part un être redoutable1.
Ainsi lu mort n'est pas primitivement conçue comme un fait
unique, sans analogues. Dans notre civilisation, l'existence
do l'individu semble se poursuivre à peu
près d'une même
teneur depuis lu naissance jusqu'à la mort; les étapes suc-
cessives de notre vie sociale sont faiblement
marquées et
laissent constamment apercevoir la trame continue de la vie
individuelle. Mais les sociétés moins avancées, dont la struc
ture iuterue est massive et rigide, conçoivent la vie d'un
homme comme une succession de phases
hétérogènes, aux
contours déterminés, à chacune desquelles
correspond une
classe sociale définie, plus ou moius orgauisée";
par suite
chaque promotion de l'individu implique le passage d'un
groupe a un autre, une exclusion, c'est-à-dire une mort. et

1.Aussila naissance,«.'oinine la mort.doit-elle avoirlieu


«ildehorsdu la maison cf. pur exemplepour lesfréquemment
Ksqulinaux,Wellscl
Kelly,Eiif/tialfiisltimo
tuvabularie»,in Bureauof Education,Cirent of
mfcnn. «• 2. Washington (J8'J0>, p. 18; pourles Chewsurcs. Raddo.Me
Utewtmen,j>. 79et p. 91.– Commedansle cas de Itt mort, l'impureté
«(ilici contagieuse;cllos'étendù la mère,et souventaussi au
uouveau-néut leur imposeun uentade vie séparé,toutu fait analoguepère du
au deuil.
2. Le mariage, commeles funérailles,impliqueun déchirement le
passage<iun groupeil un autre ne peut se faire do plain-pied;il faut
•îuunerésistancesi.ilvaincue.On suit qu'unrite«l'enlèvement
im momentessentielde la cérémonienuptiale.Demême,lorsestdes souvent
olisii-
«lues,unelutterituelles'engageentreparentsouamisdu iiiorltiuis'onuo-
senta ce qu'uneinport.'le ca«lavreet le rosledu la communauté veut
luelaséparationnécessaires'accomplisseil faut qu'onfasseviolence qui
nu*
survivants.Cf.sur les insulairesde KarNkobar.Kloss,lu //»«Aiulamum
«m/Sicobars,p. 3<U;a Tiimir.tirumberg,EeneMaaml in de
van Timor,in Verlmnd.c. A.ttatav. Cenot.v.À\ en W., binneiUandtn
dans l'ile de Rôti, Itejjinering,Ze<(t«en gtmoonttn, XXXVI, p. îl"
p. 359 eu
>.ouvelle-Bretagne, Daoks,op. cil., p. 358 sq.; dans les îlessq. Wlau.
Kubary.hir Todlenbestattuiiu au/den l'ehuinseln,p. il sur lus Oiunuu
du capLopoz,Nassau,PelUImmin IVetfAfricu,p. S36 Deinfniola
veuv.-estsouventl'objetd'unululteentrelesparentsdui.i. mortqui voulcnt
.juellerejoigneson mari (par exempledans le bûcherfunéraire)et ses
propresparents ijui la retiennentdans le mondedes vivants cf. sur les
Tolkolins, Yarrow,op.cil., p. U5 si|.
3. Cf.SclwrU,AUerstrlassen ««</3lannerbundet etle eamph>rendu
d ans t . "<de cet
•mvrage l'Année, VI, p. 317.
H. IIEHTZ. – LA HKPHÈSBSTATION OOU.RCTIVK DR LA MOltT 129

il lia ï t\ I Aiviinf mn ttrtiitMillfi n'aat A*1?** iiun


une intégration nouvelle, c'est-à-dire une Kk#h*ut !–
renaissance. ». it
Sans
doute ces deux éléments n'apparaissent pas toujours sur le
même plan selon la nature du changement qui s'accomplit,
c'est tantôt l'un, tantôt l'autre qui lixe surtout l'attention
collective et qui détermine le caractère dominanttics l'événe-
ment; mais ils sont au fond complémentaires. La mort n'est
pour lu conscience sociale qu'une espèce particulière d'un
phénomène général.
Il nous sera aisé maintenant de comprendre pourquoi la
mort a longtempsété conçue comme un état transitoire, ayant
une certaine durée. Tout changement d'état do l'individu,
passant d'uu groupe a un nuire, implique une modification
profonde dans l'attitude mentale do la société à sou égard,
modification qui s'accomplit graduellement et demande du
temps. Le fuit brut de lu mort physique ne suffit pas à con-
sommer la mort dans les consciences l'image de cetui qui
est mort récemment fait encore partie du système des choses
de ce inonde; elle ue s'en détache que pou à peu, par une
série de déchirements intérieurs. Nous ne parvenons pas à
penser le mort comme mort du premier coup il (ait trop
parliede notre substance, nous avons mis trop de nous-mêmes
en lui; lu participation à une môme vie sociale crée des liens
qui ne se rompeutpas en un jour. L' « évidence du fait » est as-
saillie par un Ilot contraire de souvenirs et d'images, de désirs
et d'espérances' elle ne s'imposera que petit à petit, et c'est
seulement au terme de ce conflit prolongé que nous consen-
tirons, que nous croirons à la séparation comme à quelque
chosede réel. C'est ce processus psychologique douloureux qui
s'exprime sous forme objective et mystique dans In croyance
que l'âme uo rompt quo progressivement les liens qui
l'attachent ce monde: elle ne pourra retrouver une existence
stable que lorsque la représentation du mort aura pris dans
la conscience des survivants un caractère défiuitif et pacifié.
Entre l'image persistante d'un homme semblable à nous et

1. Dans l'étal do veille, co flot est un gémirai contenu, non sans souf-
france, parceque nous avons alors normalementune perception nulle– ut
un sentiment vif du réel mate lorsque la pensée se diitend, lorsque ta
représentationdes choses extérieure»s'elHice,dans l'ombre du soir ou pen-
dant le sommeil, le inonde subjectif prend sa rovuncliu l'imago, sans
tresserefoulue,du mort vivant commeautrefois dominoalors la conscience.
Ainsi Teint de ducliireinuntet do Iroublo intérieure qui suit une mort
'lùtcrininodes hallucinations et dos rives fréquents qut it lour tour eonlii-
t.
huentù prolongorcet état. Cf. Kocli, Animismus, p. 21.
B. Dwucugm. Année sociol., 190S>lU0i>. 9
130 l'anskk sociologique. 1805-1'jou

f.f17.a 1~ .lr.Am._ _r_ _·x..x a..


familier et l'image d'uu ancêtre parfois véuéré, toujours dis-
tant', l'opposition est trop profonde pour que la seconde
puisse inimédiuteuieut se substituer à la première. C'est
pour cela que s'impose la notion d'un « état intermédiaire
entre lu mort et la résurrection* », pendant lequel l'âme
est censée se libérer do l'impureté mortuaire ou du péché
qui lui restait utluché*. Si doue il faut uu certain temps pour
buuuirle mort du pays des vivants, c'est parce que lu société,
ébranlée par le choc, doit retrouver peu à peu son équilibre
et parce que le double travail mental de désagrégation et de
synthèse que suppose l'iutégration de l'individu daus un
monde uouveuu s'accomplit d'une manière en quelque sorte
moléculaire et exige du temps

1. Il importe peu de savoir si vvttu nouvelle Iiiuko est destinée à per-


sister dans la couseieiice des survirants peuvent la cérémoni" finale a
liouroiFotilulnilir le souvenir Uu mort le diSfunlen rejoignant \m pères
va M perdre dans uuu collectivitéunotiyiuoet un ne penseraplus ù lui on
tant (jii'imliviilu.Mais uiùiii»l'oubli u'çsl pas un processussimple et pure-
ment négatif; il iiii|t!i'|uu tout uu travail de rcconstritrtion.
2. CI".Arcli. Cimpbt'll, The doctrines o/'a multtleslute beUvtendeath ami
resurtedion (I7il).
3. l,a notion du Purgatoire n'est eu effetqu'unotransposition en tangage
muralde lu notion d'un sIukc précédant la dvlivmm'olinule.Un souirruuces
du l'Aiimpendant la période intermédiaire uppuruiasunt d'abord iroiiiiin-
une i'jiisùiiu.'IIi'c<l« l'ûtut tratuilotro où elli' se trouve. A un niainont
ultérieur de l'ûvolution roligifuso, les peinesde l'ûmw'sonlconnuesconnue
U suite et l'expiation nùcessuirudea pûdivs(ju'vlloa coinmi»pendant son
existenoe lern-.slre. Culte liansfoniiulion, daillours tout &Tait normale,
s'est produite dans la croyance hindoue relativeau prêta cl'. Oldenbcrf;,
op. cil.. p. 4*0sc|.
4. Elle y parvient, non sculamcnl par le travail intérieur i|uo nous avons
indiqué, inuis souvent aussi par des actes. Quellesquo soient les causes
particulières'lui (kUarminentt'institution de la vongeancodu sang, il ext
certain qu'elle permet au «roupi; de se déchargerdu I ùmutioui|ue la mort
a accumuléevu lui ce qui s'exprime dans la croyanceque l'wuiculion du
meurtrier supposa puciliL'l'uiiio du mort. Aussi raccoinplissenieut du U
vendetta est-il souvent une condition nécessaire de la cérémonie finale et
de la Un du deuil. Cf. Steinniclz, Ethnologhehe Slmlien zur Enlwicke-
luiig derSli-afc et Muuss,La i-eli'jiunet les originesdu droit pénal.
5. Il semblebien que la mémo proposition se vériflerail A propos des
changementsd'état analogues à celui (fontlit mort est l'occasion. Rappe-
lons que les rltcd do l'initiation couvrent un temps souvent fort long,
pendant lequel le jeune lioiuinu restu dans un état transitoire qui l'assu-
jettit û de nombreux tabous. De mémo la périodequi suit le mariage (et
qui dans du iioinureusi's sociétés ne prend fin qu'avec la naissance du
premier enfant) a un caractère trouble et spécial. Enfinla naissance phy-
siqnu ne suffit pas ù faire entrer l'enfant dansla sociétédes vivants: le nou-
veau-néest l'objet du représentations tout a fait analogues a celles qui ont
cours au sujet du mort. CL Cusliing, Hemarkson Shamanitin, in l>ractt>
dino* Amrie.l'Itilas. Hoc.,XXXVI,p, 181; Btttclwlor,Aiuu F vlldare, p. 840
H. HEIU'Z. LA HEPlIKSKNTA'riOSCOLLKCTIVBDK LA MORT t3t
m _11- 1_- _t, .1_- ..1 -1.
Il semblequela sociéténo puisse pondantlongtempsprou-
dro conscienced'elle-mêmeet des pbéuomèuesqui cous-
tituent sa vie que d'une manière Indirecte, après s'être eu
quelque sorte réfléchiedans le mondematériel. L'infeclion
qut pour un temps s'empare du corps muuifestesous forme
sensiblela présencetemporairedes puissancessinistres La
destructiougraduelledol'anciencorpsterrestre, qui prolonge
etconsommel'attentat initial,exprime concrètement état de
troubleet de déchirementoùest lucommuuautétant que l'ex-
clusiondu mort n'est pas achevée.D'autrepart la réductiondu
cadavrea des ossementsà peuprès immuables,sur lesquels
lu mort n'aura plus de prise, apparaît comme lu cottditiou
et le signede lu délivrancefinale maintenant que le corps
du défuntest semblableà ceux des ancêtres, il semble qu'il
n'y ait plus d'obstacleà l'entrée de l'urnedans leur commu-
nion. Oua souventnoté4,et avecraison, le lieuétroit (lui unit
lu représentationdu corps et celledo l'âme.Cette connexion
mentaleest nécessaire,non seulementparce que la pensée
collectiveest à ses débuts concrète et incapablede concevoir
une existencepurement spirituelle, maissurtout parce qu'elle
présente un caractèreprofondémentmoteur et dramatique.
II faut au groupe des actes qui fixent l'attention de ses
membres,qui oriententleur imaginationdans un sens déilui,
qui suggèrentà tous la croyance.Or la matière sur laquelle
s'exerceraaprèsla mort l'activitécollective,qui servira d'objet
aux rites, c'est naturellementle corps mômedu détunt. L'iu-
têgraliou du mort dans ht sociétéinvisible ne sera pleine-
meuteffectuéeque si ses restesmatérielssont réunis à ceux
des pères. C'est l'action que la société exerce sur le corps
qui confèreune pleine réalité au drame qu'elle imagine au
sujet de l'àme*.Ainsiles phénomènesphysiquesqui consti-
énoncédans l'Avcsla:
1.Ceciest cxulicitoiiuiitl aussitôtaprèsla mort
il'unfidèle, laDrujNasa(ddmun-cadavrp) avionsdunordqu'bu.-
fonddes
l.ilentlusespritsmauvais, « souslaformed'unemouclio furiimse
a otellu
lii'undpossession du corps la décomposition marijuosa présenceZeiut
t. n .
Avetta, 11,p. 38, 22,p. sij. 96 Des représentations
analoguesfonc-
'tonnantdansl'Kgllso catholiquecf. Halgucni, op.cil., p. 40sq. on
aspergeant «
lecorpsd'eaubôiiito,l'Eglise* avoirsurtoutenvuedo
semble
moltrii enfuiteledûmondontl'œilfauveestla i(uibrilledu désirde
ilôvorer uni)proio».L'oucon» a pourobjetdo ftfairedominerla bonno
t'iiour
de«Msut-Clirlst surl'infoclion
dos«Sinanatioas
cadavériques ».
2. Entreantres,I'ronss, op.cit.,p. 239sq.
3. Voirplushaut p. 98.–DansrinUSrussant opusculequenousavons
lilusieunt foiscité,l'abbéHaignoré a maniudfortement le purttlIOlismc
iii I.VNNKKSOi;lOLOUIQl'K.
lOOStUOS

tuent ou qui suivent la mort, s'ils ne déterminent pas par eux-


momes les représentations et les émotions collectives, con-
tribuent ù leur donner la (ormedéfinie qn'ello» présentent;
ils leur apportent en quelque sorte un support matériel.
La société projette dans le monde qui l'environne ses pro-
pres manières de penser et de sentir, et celui-ci en retour les
fixe, les rèfîle et les limite dans le temps.
L'hypothèse que nous vouons d'exposer semble couilnnèe
par le fiiitque dans les sociétés mêmes où domine la pratique
des doubles obsèques, cerliiiues catégories d'individus sont
intentionnellement exclues du rituel funéraire normal.
C'est le cas d'abord pour les enfants. Les Olo Maanjan
déposent ceux qui sont âgés de moins do sept ans dans un
cercueil qui ne sera pas renouvelé et qu'ils vont porter, le
jour mémo tie 1» mort, auprès du tombeau familial un
sacrifice sullit, le leuileniain, pour que l'unie entre aussitôt,
purifiée, dans la ville des morts et le deuil du père et de la
mère eux-mêmes ne dure qu'une semaine'. Mais l'usage le
plus commua chez les Dayaks et les Papous semble être
d'enfermer le corps des petits enfants ù l'intérieur d'un arbre,
ou de le suspendre aux branchesi. La notion qui détermine
cette pratique nous est clairement révélée par les Dayaks de

constantqui otisteentrelis ritesfunéraireselles reprûieutatious relatives


n I'ûiih' « l' Enlise
foraavecle corp»eu que Dieufaitavecl'Ame eilale
suivradepuislelit morluuiivjusqu'aulieude son repos. olledéposeie
corpsdans lu seindela terreIconsacrée), au iiioinentoùdans sa pensée.
lu portedu ciels'ouvrepourrecevoirl'uniedansle seindu Dieuu; liai-
gneré,op. cit., p. il si]., p. 48-5S.
i. Tromp,HtgriihuinM tienSi/iongri-B, p. 4Ï4; Grabowsky, Duton-
Timor,p. VU.Ruppel»ns <juudanslamémotribuledeuilobligatoirepour
un adulteest de 4'Jjour* •( notonsquele cercueilqui contientlosrestes
del'enfantest extérieur à la sépulturefamiliale.– Cf.puurlusOloNgadju,
lîrabuwsky,Titrcth,p. 180 « on célèbrerarement le Tiwalipour les
uiifants». ton Fjort l'ulerroiitsalisdélai les enfaulsdo mAiiieque los
p;iuvr.'setli's esclave» Donnett,Soleson folklore,p. 2% Deinemi!
lesloisde MammUktcrerfHuohof IheBail, XXV,p. 181)) proscrivent da
ne pas urfilorlucorpsd'unenfantn'ayantpas plusdedeuxans, maisde
l'enterrerimiii<îi]iutement sansjamaisrecueillirses ossements a onle
laissedans la furetcommeun morceaude boiscl l'impuretédes parents
nodure <\w troisjours ». Toutefuis la crémationestfacultativeb! l'enfant
a déjà ses dents.Coderniertrait rappellele test»do l'liue {Ili/tl.nul..
Vil,72; hominem prlus quamgemlodente cremarimosgenliumnon
est. Cltuxles Tudas,pourlesenlanlsdo moinsdu deux ana, oa célèbre
lesdouxcérûinonies, initialeet finale,le mémojoui- Rivera,op.cit.,p.391.
2.Cf.Sclnvancr, Bornéo,il. p.495 l'urbain,in Kolb,I. p.205;Goudswaard,
l'apœwasvan de Oeelihihbui,p. 70 van Balen,Doodenfett, p. t>6(M
v, lUsaelt,Xtiforesm,p. i98; Riodel,iïmft. eu tinetluirigeiwset».p. 838.
II. J1KIITJ!. – 1.1 nKPIllisKNTATIO.V CÙLLKCTIVB l)li I.A MOHT 133

Koetei ils croient que les hommes viennent (les arbres et


doivent y retourner; aussi lorsqu'une femme Haliau «ccoucho
iivnut terme ou que peiulunl «a grossesse elle a été tourmen-
tée de mauvais rêves, elle peut refuser l'enfuut «a le runduul
vivant Al'tirure qu'il u (|tiittû trop lot ou d'une. façon inquié-
tante1.Évidemment un u l'espoir, explicitement attesté pour
d'autres peuples quel'Amese réincarnera bientôt i'i nouveau,
jxîut-titre duns le sein de la même fournie, et féru k:i rentrée
dans ci« monde sous des auspices plus 'favorables. Ainsi la
mort (les enfants provoque une réaction sociale très fuible
et presqu'iinniédiatement achevée. Tout se passe comme
-il n'y avait pas en ce cas, pour la conscience collective, de
mort véritable'.
Kl en effet les enfant» n'étant pus encore entrés dans la
société visible, il n'y a pas lieu de les en exclure péuiuleinent
<l leutenwul. Comme ils n'ont pas été vraiment séparés du
monde des esprits, Ils y retournent directement presque

I.Tromp. hV'/ci.p. IM;cf. sur les Tugalo.*îles Philippines,Cnivri. in Hlu-


p. 1(15 u ils s'iitiitgitiuutnui' les umot «lu leurtf
.i.'iilrill, Alitiimeiiltiiv,
iicèlreshabitent dans les arbres ».
tipeucurel (illlcn. S'urlliern Tribes, p. GO'J « tes initigéni'Scroimit
|tii>l'ûuiode IViif^nlrclourneiuiinvilialoiiioiilir son lieu d'origineet pourra
nuitro tivs prucliaiinMiiunl,selon touks pvubabililûstlans le sein do la
ii. iiiofi'iniui; Aussirinfantii-iili?ne liiv-l-il pas û coii.si:i|Ut!iii:v.
Noter lu
<iiilrasto avec la ciiiyanca rvlalivo à l'iinit; des ailnltes, )'. plus linut
| (09. – Les Algoiii|uiiiiiut les Mongols (Ié|>o3ei)lI*» .tilVmtsde muins
•:• 7 uns au bord d'un cticiutii fréquent^ pour <|uu leurs àini-Spuissent
i K-ilomcnl se a!incarncr IVeuss, OcgnlbuhaHen,p. 210,p. £57; et. Owcn,
-/). cit., p. 83.
:i, LosCostu-Rlcaiiisno disent pas d'un polit enfant <|u'ilest mort. muU
;u'ilu rejoint les angos ses fiinéruilles sont une fête joyeuse, d'où lus
..nues sont exclues; Wagner et Sohttnter,Die Hepubliltl'osta-Hica,p. l'JG,
i. Lumholtz, Unhnwn Mexico, I, p. M8-0; do inèmuchm les Kuumains;
l-ielw. Humanise/teToillengehrituclie,p. 46; chez los BulRttn-s,Strauss,
Oie ttulijaren,p. 4S3;pour la croyance catholùiue, abbé Désert. l.e livre
ruirttiaiee, p. 279, p. 286 « Omis qui omnibusparvulh. itum miyraul «
v. cub, titam illico largiris œlernam». L'absence,ou l'ovlrèiiu'n!duc-
twii, du deuil régulier pour les enfantsmortsau-dessous d'un certain Agu
-t un pliénomène très garnirai en Chine on ne porte le deuil une
|. airles morts âgés do plus de hutt ans do Groot, Religiou*Systemof
t hiiia, p. M iet. p. 3i9, p. 1075) cliez 1rs Kayans, il n'y a aucun «leuil
• dérii'ur pour un enfant qui n'a pas encore reçu de nom (la cérémoniedo
l impositiona lieu un mois après la naissuncei Niouwenlniis,op. ci/
i. p, 44. Naturellementlo chagrin individus!des parents peut et» très vif;
"Misla ruacUonsoeiale,l'obligationdu douil, fait défaut.
4. Uneexplicationanalogue rend compte des cas ou les hommcs-méile-
lin*ou les ascètes sont traites après leur mort de inAinoque les enfants
;tnit>iles Dayaks Maritimes suspendant aux arbres le cor)» de leurs
uanangi; l'erlmi», in Holh, I, p. SOS do même les ascètes hindous sont
134 1,'anniJb mciolchuqck. tttOiMWKf

sans qu'il soit besoin de mettre en action les énergies sacrées,


sans qu'une période do transition pénible paraisse nécessaire.
La mort d'un nouveau-né.h la limite, est un phénomène infra-
social; la société, n'ayant encore rien mis d'ello-môme dans
l'entant, ne se sent pas atteinte par sa disparition et reste
indifférente.
Chez diverses tribus australiennes, les vieillards qui par
suite de leur grand nge sont devenus incapables de figurer
dans les cérémonies totémiques, qui ont perdu leur aptitude
aux fonctions sacrées, sont enterrés aussitôt après la mort,
au lieu d'être comme les autres membres de la tribu exposés
sur une plateforme jusqu'à la complète dessiccation de leurs
os'. C'est que par suite de l'affaiblissement de leurs facultés
ils avaient cessé de participer à lu vie sociale leur mort ne.
fait que consacrer une exclusion déjà consommée eu fait' et
il laquelle on avait eu le temps de s'accoutumer3.
Knliu le genre de mort détermine encore d'assez nom-
breuses exceptions au rituel normal. Tous ceux qui meurent
de mort violente ou par ticcident, femmes mortes en couches,

ontorré* imiui'illaUMiU'iil,ils « n'ont pus besoin du sacrementiK<la creïnu-


Uun pour parvonir dans l'autre momie » Caland, Allind. Totengebr.,
p. 93-5. Par leurs pratiques spécialesils se sont exclus de leur vivant da
la société terrestre ils appartenaient déjà au monde des esprits. Ils sont
pour ainsi <lir<» dispensés de la mort.
î. Spenceret Cillt-n,Sorthern Tribes,p. 403,n. i, p. 806, p. Ulî, p. 5t».–
L'enterreim:nt immédiat des vieillards, contrastant avec le rituel normal
des doubles obsèques, nous est siRtialéaussi rbvz les l'upons des nos Aru;
Ribbo, in Feahekr. il. Ver.f. Knlk. Itnsden (1888),p. 191s<|. L'absence
(ou la réduction) du deuil est fréquentedans lu cas des gensâgés: chez les
Sakalarus du Sud et chez les liéirhouanas,on dit d'un vieillard qu'il n'est
» endormi », et ses obsèques donnent lieu à des réjouissances Kûrze,Dos
Yulkdet Sud. Sakalata. in Milleil.d. Gtogr. GesetUch.hna, VIII, p. 43;
Arbousset et Damnas, Voyaged'exploration au Sont-Est de la coloniedu
Cap, p. 415; cf. Uomara, Histoire générale de» Indes Occidentales(1868),
p. 4S (sur les riverains du fleuvedes l'aimes en Florides) Plachs, op. cit.,
p. 63 (sur les Roumains).
2. Aussi leur mort est-elleassezsouvent considéréecomme « naturelle »,
et n'impliquant pas d'intervention spirituelle maligne cf. v. llassclt, Die
Nuforesen,p. 197-8 Kubary, DieReligionderl'elauer, p. 3-5; Macdonald,
in Journ. Anthr.lust., XIX,p. 213 Le Broz,La légendede la mort (2*éd.),
I, p. xxu.
3. De même,chezles Wollaroi.les femmes sont enterréesImmiidlatement
et sans grande cérémonie, ce qui «'expliquesans peine puisque dan» ces
tribus les femmes n'ont point de part 4 la vie religiouso Ilowitt, op. cil..
p. 467. Au contraire, chez les Wanamunga, los mimes rites funéraires sont
célébrés pour les femmes et pour les hommes les auteurs attribuent ce
fait &la croyance, existant danscette tribu, que l'âme changede suxeà cha-
cune de ses réincarnations Spenceret Gillen,Northern Tribu, p. 546,p. 630.
11. IIKItiZ. – U RBinrésRNTATlONUOI.LRCTIVKM \.K MOUT 135
1 '1-- 1 _1 --Ir Il'I_L_A _1
noyés ou foudroyés, suicidés, sont souvent l'objet de rites
spéciaux. Leur cadavre inspire l'horreur lu plus intense, ou
s'en défait précipitamment et l'on lie réunira point leurs os
à ceux des autres niein bras clugroupe morts convenablement1.
Leurs Ames erreront ô jamais sur la terre, inquiètes et na-
chantes* ou, si elles ûinigrent en uu autre monde, ce sera pour
habiter dans un village séparé, quelquefois même dans une
région entièrement dilTérente de celle où habitent les autres
âmes Ilsemble, au moins dans tes cas les plus typiques, que
pour ces victimes d'une malédiction spéciale, la période transi-
toire se prolonge indéfiniment et que leur mort n'ait pas de fin*.

1. Oraliowsky,TiWi. p. 181 Lin» Holh. Sarawak, I, p. 140 s<|. Muit-


wenlmis.Quer tlureh Horneo, I, p. 91 sq. Porbi-s, Wawkrinijs, |>. Mi.
du Cli'rc.|, in Inti'rii. Anli. lithnug., 11. |). Ï08; ëtumliiiK,Mal. h'mly.in
Autan. Aun.,VII, )». M;Kubury, Die Verbnehen. (tuf tien t'elau lusetii,
in Orig. Mi/leil. a. tl. Klhnol. Abl. il. kOnigl. Mut. lltrlin, I. 3, p. T8,
et Klhtioi/ra/iliijclicRetirage,1). 126. – Chez les Bmitous du Sud il
est interdit de pleun-r un parent foudroyé,i-iir lu deuil wrail un acte
de rébellioncontrole Ciel i|ui a causé directementla mort Arhousecl et
Damnas, «;>. cil., p. 410; Mucdonuld,in Journ. Anthr. Intl., XIX. p. Ï9i:
Tlival,Heeonls of S.-H. A/ïica, Vif, p. Wl. – Le cadavre «l'un guerrier
sea)|iiin'isl plus i|ii'une « Kimplotliaiofiiic u ot n'esl joniuis entern! 1 umo
est aintic l'Ire unvuutie Doclge, Oui-Wild Indium. p. 101-S, p. 1!>9.–
l/inli-nliclioii d'onU'rici'les suicidés en terre bénie daim lu cimetière
eonunuDest Ms répandue, coonne un le suit, chex les peuples chiélicns
cf. par exemple rur les Irlandais, Mooncy, in Amer, l'hit. Soc. (lt%8),
p. 287-8,et sur les Bulgares, Slruus*, op. cil., p. 464 «].. – Signalons le
fait oarncli!ristl(|Uo «|Uuchczles Unmatjoraet lesKunisli, un jeune homme
qui a violéla loitribaleen opousunt une feiiinioqui était tabou pour lui
n'est jamais expusiSsur une platc-formi-,il est imiiK'cliali'inententerré;
Sjjenceret Uillen, Norlhem Tribes, p. 512.
t. Wilken, Animisme,p. 191 sq. Gliulincrs.in Hotli, I, p. <(i7 l)odm\
op.cit., p. t0£ les uniesdu ceux ijui sont morts étranglés restenl toujours
près du cadavre.
3. iing Rotli, I, p. 310 Kruijl, Kenta aniltrs, p. 89 (les suiciili-sont un
village i part). – CIkmIosKs<|uiiiiauxoccidentaux,les gonsqui meurent
de mort violentevontau ciel où ils vivent dans la lumière ot l'iiUondance
les autres vont dans !e monde soulcrruin Ni'lson. Kiiimo abolit Bering
Mntit.y. 4S3.– Clt«zles amiiïiisAztèques,tous les hommes qui mouraient
en guerre et toutes les foin niesqui mouraienten couches lollesse confoii-
tlaient avec les précédents) (Maiontconsidérés comme emporlus par le
soleilet ulluient iiabiter dans h>ciot une telle mort. ûlail glorieuse et na
causuilaux parents que do la joiu les noyés et lus foudroyés étaient
lubjBtdf représentation»analogues; Bahagun, Histoire. de lu Nouvelle
Utpaane,Irait. Jourdanet. p. 340, p. 400su., p. 433 «| – On voit >|u'il
faut bien «u garder d'identifier les rciis morts d'uno manière anormale
avi'cles damnés; ils peuvent tout aussi bien être consiilérés commedes
('•lus les deux notionscoïncident au fonden co qu'elles impliquent l'une
et l'autre une mise &part. une séparation.
4. Rappelonsque les urnes de ceux pour (pli lo Thvali n'est pas célébré
resteront« mortes» à perpétuité.
1)0 L'aN.NKK SUCIULOUtyUK. tWi-IMU

Dans les casde ce goure, ce n'est pas la faiblesse du l'émotion


ressentie par la collectivité, mais au contraire sou extrême
intensité et su brusquerie qui s'opposent à 1 :iceoiuj»lissement
dus rites funéraires régulions. Une analogie éclairent ce phé-
nomène. Lu naissance, nous l'avons vu, dégage connue lu
mort des énergies dangereuses, qui font que l'enfant et sa
mère sont pour quelque temps frappés d'interdit; en géné-
ral, ces énergies se dissipent progressivement,et lu lilnn-alion
de l'accouchée est possible. Mais si l'événement s'accomplit
d'une manière particulière, par exemple si ce sout des
jumeaux qui viennent au monde, alors» cette naissance est nue
mort », suivant l'expression instructive des Ha-Honga' car elle
exclut de la vie régulière ceux qui y semblaient destinés; elle
les affecte d'uncaractère sacré si fort qu'aucun rite ne pourra
jamais l'effacer et elle plonge toute la communauté daus la
terreur et la consternation'. De même la façon sinistre dont
certains individus sont arrachés à ce monde les sépare à jamais
de leurs proches leur exclusion est définitive, irrémédiable-
Car c'est l'imago dernière de l'individu, tel que la mort l'a
frappé, qui s'imprime avec le plus de force dans lu mémoire
îles survivants; et cette image, étant singulière et chargée
d'une émotion spéciale, ne pourra jamais être entièrement
abolie. Aussi est-il inutile d'attendre un certain temps pour
réunir ensuite le mort à ses ancêtres; la réunion étant impos-
sible, l'attente u'a point do sens la mort durera toujours
parce que la société gardera indéfiniment à l'égard de ces
maudits l'attitude d'exclusion qu'elle a prise des l'abord.
L'interprétation que nous proposons permet donc de com-
prendre à la fois pourquoi, dans une société donnée, les
doubles obsèques sont pratiquées et pourquoi en certains cas
elles ne le sout pas.
Résumons eu quelques mots les résultats de notre investi-
gation. Pour la conscience collective, la mort dans les condi-

i. Jimoil.op. cil., p. 412si| «le cielqui produitlVclitiret lu mort


dus'jumeaux.»
présideaussid'une manièretoutespécialeà la nuisisajice
8.Cf.par exemple Ttaveiitu WeslAfrica,p. 412si j. le trai-
KiiiRsIey,
tementinfligéi l la mire desjumeauxest identiquea celuique la veuvu
u a subir: ondéchireseshabits,briseses ulFairos.lu chassecommeune
Un
choseimpure elli: vit en paria. jumeauayant échappéà la mortest
un objet hurriblenu« mêmesa mèrene voudraitpointtoucher.Uest
remarquable que lus jumeauxsont dans des tribus pau distantestantôt
traites connuelies Airesabominableset abandonnésà la mort, tantôt
considéréscommepresquedivins;maistoujoursils «ontmisil pari.
II. IIKRT! U COI.LRCTtVKM LA MOHT i37
RKl'HlSsBNTATIO.y

tions normales est une exclusion temporaire de l'individu


hors de lu communion lium;iinc, qui a pour effet de le fuire
passer de la société visible des vivants a la société Invisible
des ancêtres. Le deuil est à l'origine lu purticipntiou néces-
saire des survivauts à l'élut mortuaire de leur parent; il dure
aussi longtempsque cet état lui-même. Kudernière analyse1,la
mort comme phénomène social consiste dans un double et
pénible travail de désagrégation et de synthèse mentitlo s
C'est seulement quand ce travail est achevé que la société
reutrée dans su paix, peut triompher do lu mort.

HllVl'Z.
KOIIKUT
îu
NOTE
SURLEDROIT ETLACASTE
ENINDE
ParM.C.BOUCLÉ

Nous nous proposons, en utilisaut les recherches des


spé-
cialistes, juristes ou philologues, de dégager les tendances
générales du droit hindou, et de marquer ce qui les rattache
au régime caractéristique de la civilisation de J'Iude, –
au régime des castes. Peut-être ce relevé nous
permeltra-til,
tout eu nous fournissant l'occasiondo mieux
analyser lu struc.
ture propre à cette forme sociale, de vérifier ou de
préciser
chemin faisant telles théories récemment formulées, sur les
« époques » du droit, sur le
rapport originel du droit civil avec
le droit criminel, ou du droit écrit avec le droit coutumier.

Pour l'analyse que nous entreprenons, le code dit de Manou


peut servir de texte central. Nonqu'il constitue, comme beau-
coup l'ont cru naguère, «le code de l'Inde. » Mais, de tous les
recueils hindous où sont touchées les questions de
droit, il a
sans doute été, dès longtemps,le plusconnuet le
plusestimé
nombre d'inscriptions nomment Manou à la tête des
juristes,
et aucune révéJatiou, dans les régions les
plus diverses, n'est
plus commentée que la sienne. De plus, dans la série de ces
recueils, le code de Manou semble occuper une place intermé-
diaire s'il apparait comme le premier des
Dharmasastras,
manuels en vers, eux-mêmes antérieurs aux Dharmabanduas
qui ne sont que des commentaires, il est postérieur aux Dnar-
masoutras, collections plus ou moins élaborées d'aphorismes
védiques en prose. Il y a donc des chances pour que la Smirti
de Manou présente des caractères
moyens on nous la donne
par exemple comme moins archaïque que celle de Gautama,
et moins moderne que celle de Narada

H«m"y< ??«' und Sille &»> der Mo-ArkchenPhilologie,


11.Bd.
8 lien), P. 14-t9.
C, UUl-OLÉ. US DKÛJTBT hk CASTBKJÎ JNDB 139
.# » • »
ce qui trappeau premierabord ie lecteureuropéen deslois
do Manou,c'est la multiplicitéet la variétédes prescriptions
qui lui semblenttotalementétrangèresà la sphère du droit.
«11nefaut passocoucherlespiedshumides–ni les laver daus
un bassinde laiton. Pourcomposerle gateau de ,riz des
repas funéraires, tols ingrédientssont indispensables,tels
autres interdits;– et surtoutquele plutsoitservi bienchaud.
Ne néglige pas d'inviter ton voisin. – Uarde-toide sauter
par-dessusla longed'unveau.– Quelaceinture du Brahmane
soit faited'un triple cordond'herbe moundjaunie et douce
celled'un Kshatriyad'une cordeeu herbe mourm; celled'un
Vaisyo,de filde chanvre, de1».– Recettesde cuisineou de
coulure, mesuresd'hygiène,conseilsdo politesse ou règles
d'étiquettese rencontrentet se mêlentdans cette olla-podrlda
de préceptes.
Maissi diversque soientces élémentsla plupart portent
une mémomarque, très apparente et c'est l'estampillode ta
religion. Nouscomprenonsbientôt que s'il est commandé,
sans condition,de se laverou de se nourrir d'une certaine
façon,de ne pas toucher telsobjets ou tellespersonnes, c'est
qu'autrement on se sentirait impur, ou craiudrait de n'être
pas en règle-avec les puissancesdivines.Si tels ingrédients
sont interditset tels autres requis, c'est que les uns portent
eu eux-mêmesun principe desouillure,les autres, de purifi-
cation. Cesont les propriétésfablesou néfastesdes métaux,
les vertus de l'eau et du feu,le caractèresacré de la vache
qui produisentce foisonnementde tabous,d'où surgissent
autant dedevoirsimpératifs.Etdans certainscas, cesdevoirs
nous paraissenttout simples mais prenonsgarde que, sans
doute, où nous ne voyonsqu'une précautiond'hygiène ou un
signede politesse, l'Hindourévère un rite. Et dans d'autres
cas, si cesdevoirsnousfontl'effetd'inveutiousdéraisonnables,
rappelons-nousque la religiona ses raisonsqui les justifient.
Le codede Manouestd'abordet par-dessustout un bréviaire
de la conduitepieuse.
Le droitne nous apparaltradonc,dans les codes hindous,
que mêlé,ou pourmieuxdireenveloppéet pénétré de religion.
Non qu'il ne soit possiblede distinguer,dans la massehété-
rogènedes prescriptionsrituelles,un certain nombrede frag-

i. Loi»deManou(Trad. Il. 46.UI,SIS,230.


IV.38,18.VI».39». Loisolow-Doslongchamps),
or»
140 l/ANNKK 1903-1906
SOCIOLOGIQUE.
monts dont le style est plus conforme à co quenous attendons
d'uu livre de droit. Les fragments de ce genre sont pins nom-
breux et mieux concentrésdans le code de Muuou que dans
les recueils antérieurs. Après avoir détaillé les multiples
devoirs qui composent la vie du lirahinaneaà ses diJtérentets
étapes, le Sage qui est ceusé parler en arrive aux devoir» des
rois (Livre vill) après le devoir de défendre leurs peuples,
celui de leur rendre la justice passe au premier plan. C'est à
ce propos que sont éuumérées,sous dix-huit titres, les causes
dont le roi peut être appuie a connaître. D'abord celles quii
sont relatives aux affairesd'argent et aux questions de pro-
priété dettes et dépôts, annulations do veutes et d'achats.
entreprises de sociétés, contestations touchant les salaires ou
le bornage. etc. Puis viennent les délits d'injures, tic coups
et blessures, de vol etd'adultère. Les prescriptions concernant
le mariageet l'héritage preuuent place ici. Une brève allusion
à la réglementation desjeux les sépare de la théorie des classes
mêlées, où sont exposées les diverses dégradations qui résul-
tent de l'inobservation des rites ou des unions illégitimes.
Une classification des peinesdiverses(lui attendent le méchant,
dans cette vie et dans t autre, couronne la construction. Elle
est relativement vaste, puisque rémunération des règles plus
proprement juridiques occupe plus d'uu quart de l'ouvrage
entier (71S versets sur 2084). Mais que) qu'on soit le volume,
elle est encore loin de rappeler l'aspect de uos corps de droit.
Elle continue d'en dillérer essentiellement par lu distribution
et les proportions respectivesdo ses éléments.
Nous ne voulons pasfaire allusion seulement au « désordre »
des codes hindous, si vivement raillé par l'esprit méthodique
qu'était James Mill M.Jolly a montré que dans le code de
Manou en particulier, les matières de droit étaient soumises
à une répartition raisonnée, et assez rationnelle, étant donnés
les soucis pratiques qui la commandent. Mais, dans cette orga-
uisation même, c'est la prépondérance accordée à certaines
parties qui uous étonne. Dansles codesauxquels la civilisation
occidentale nous a habitués, les règles les plus nombreuses
sont celles qui out trait aux remisesen état. A l'individu qui
se considère comme lésé, la loi fournit les moyens de faire la
preuve de son bon droit et d'obtenir réparation du dommage
Imita, I, p.19: Cf. Jolly, RteU
i. UUtonjof u. S.,p.17ot Zeihc/<ri/tfar
vergleich.Heehttwbueiwchafl ta
(nous désignerons d ésormais par le»
lettresZVVR)
187»,p.âî*SW> (Uober «lie Syatcmatikdes inriisclicn
itccliU).
G. BOUfilS. – I.K DIIOITKT LA CASTK K.V IXBK Ul

il lui causa Si une sanction intervient, eu ces matières, ce


n'est pas à titre de punition elle uo tend nullement ù faire
expier sa faute &un coupable; suivant l'expression proposée
par M. Durklieim, elle n'est que « roslitutivo Il ot non pas
« répressive ». Auprès du Droit civil et du Droit commercial
par exemple, où cet esprit domiue,le Droit proprement pénal
occupe chez nous peu de pince. Dans le code que nous ana-
lysons le rapportest renversé. Non seulement plus de la moitié
des versets juridiques est consacrée au système répressif,
mais encore là même où il ne se formule pas expressément,
ou sent sa meuace dominante. La notion d'une sanction pure-
mont resiitutive n'est pas dégagée. Pour distinguer les délits
civils des crimes proprement dits, la terminologie munque
il semble que tous les délits soient au même degré des fautes
Caparàdhaj qui appellent des châtiments (danda) Au vrai,
malgré l'importance relative qu'il a prise dans le code de
Manou, le Droit civil et commercial n'est pas encore détaché
du Droit pénal. A part quelques différences de détail – por-
tant par exemple sur la nature des témoignages admissibles
c'est seulement eu matière d'adultère, de vol ou de violence
que n'importe qui peut être reçu à témoigner – dans les cas
que nous appellerions civils et dans les cas criminels la pro-
cédure est sensiblement la môiue. On sent régner encore l'es-
prit des antiques Soutras, où toute violation d'une obligation,
quelle qu'elle soit, doit être expiée par une peine. Pour trou-
ver la distinction à peu près nette, il faudra descendre
jusqu'au code de Brhaspati
Veut-on d'ailleurs la preuve qu'aux yeux des rédacteurs du
code de Manou la mission du droit est essentiellement répres-
sive, qu'on se rappelle le lyrisme tragique avec lequel ils
célèbrent le Génie du Châtiment, « à la couleur noire, à l'œil
rouge », « Le Châtiment gouverne le genre humain, le Châti-
ment le protège, le Châtiment veille pendant que tout doit
le Châtiment est la justice, disent les Sages. Si le roi ne
châtiait sans relâche ceux qui méritent d'être châtiés, les
plus forts rôtiraient les plus faibles. La corneille viendrait
becqueter l'offraude de riz, le chien lècherait le beurre cla-
rifié il n'existerait plus de droit de propriété, l'homme du
1.Division du l muait,
p. 60.
2. OWenborg. dansUm eUteslen Strafrechtder KulturvSlficr,
p. 73.
3. Jully, Kechtu. S., p. 138.Dareslo,
Etuded'histoiredu Droit,p. 78,
Oldenbcrg,ouw.cil. p. "M.
H2 L'ANNÉE 19034000
SOCIOLOGIQUE.

rang le plus bas prendraitla placede la classelu plus élevée,


– Toutesles dusses se corrompraient,toutes les barrières
seraient renversées,l'univers ue serait que confusionsi le
Châtimentne faisait plus son devoir. » Le droit répressif
qu'un tel esprit auime ne sera pas seulementvolumineux
il pèsera durement sur les coupables.Il tient pour eux en
réserve la plus luxueuse galeriede supplices.Nouseulement
il menacesouvent de mort, mais de mort « exaspérée» ou
« qualifiée» par le pal, par le feu, par la (lentdes chiens,
par lé pied des élépuuuts,par le tranchant des rasoirs. A
défautde la mort, ce sontdes mutitatioasou des marquesde
toutessortes, oùl'on peut admirerla mêmeimaginationfertile
qui produit la variété des pratiquesmagiques.La plupartde
ces inventionssemblentrépondreà ce queM.Guntherappelle,
au sens targe du mot, le besoinde représailles1.Tantôt ou
s'efforced'atteindre l'instrument du délit ou coupera les
doigts du voleuret de l'impudique,la langue du médisant.
Tantôtou veut que la peinerappelleet symbolisela fauteen
la stigmatisant l'adultère recevra sur le front l'imagedes
parties sexuellesde la femme l'alcoolique,celle d'un dra-
peau de distillateur. A ces peines portant sur la personne
môme viennent s'ajouter des peines portant sur les bieus
tout un systèmede lourdesamendesest prévu, qui peuvent
aller jusqu'à la conliscationtotale Le criminelessaie-t-ilde
se déroberauxprises de ce filetde fer lacastese réunitalors
pour le rejeter. Exclu de l'eau ut du feu, les fonctiounaires
du villagelui refusent leur travail.Personnene peut le tou-
chersansse souiller. Il est commeun mort parmiles vivants.
Au surplus, ce n'est pas seulementdans cette vie que le
Géniedu Châtiment,avectoutessesinventionscruelles,attend
les coupables c'est dans l'autre, ou plutôt dans les autres
vies. Le péchéaccompagnele pécheurau delà de la mort il ·
faut que celui-ci renaisse pour souffriréternellement-Et ici
encore,à travers le cycledes renaissances,les punitionsrap-
pelleroutla faute, les circonstancesou les procédésde son
accomplissement.Le voleurde vêtementssera marquépar
la lèpre; levoleurde grainsdeviendraun rat; le voleurd'eau,
un oiseau des marais; celuiqui a monopoliséun passage,un
serpent vivantdans les trous. Le larron d'honneur,l'homme

1. Die ldee der Wiettervergellungin <lei'Geschichteunil Philosophiedes


SlrofrecMe»,
C. BOUQLÊ.– LE DIUMTET LA. OAÏTK BN l.NDK U3

quia souilléle lit de son père spirituel reuatt centfoisa l'état


de liane, ou d'oiseaude proie, ou de tigre. Quiverse le sang
d'un Brahmanesera dévoré par des carnassiers, pendant
autant d'annéesque le sang de sa victime a formé de gru-
meauxdans la poussière puis Il passera dans le corps d'uu
chien, d'un aue, d'uu bouc,finalementd'uu tclmudala.
S'il veut esquiverces tourments futurs, le criminel n'a
qu'une ressource se plier volontairementaux épreuves que
lui prescriventles Brahmanes.Aiusis'introduit dans le code
de Mauou,l'énumérationd'une série de pénitences qui le
fontressemblerauxPénitenlielsde notre moyenâge.Si l'on ue
veut continueril la payer dans l'éternité, il faut racheter sa
faute dès ce monde.En conséquence,le pécheur repentant
devra parfois se mutiler; il ira même jusqu'à se suicider
pour son salut. Du moins accomplira-t-il quelque vœu
pénible dormirsur la terre nue, resterassis au soleil.Il feraa
des nouvainesdojeûnes, ne se nourrira que d'eau, se privera
dosol, absorberales cinq produitsde la vache.Et surtout il
paiera dosamendes,en nature ou eu espèces,a ceux dont la
puissancelavede toute souillure.
Ledroit pénalhindouutilise doncplusieurs sortesde me-
naces.Ondiscernedans les codes,derrièrela série des peines
d'ordre temporel,une série de peinesd'ordre spirituel, et à
cotédes châtimentsqui doivent être déchargés par les rois
ou les dieuxceuxdont le pécheurpeut se frapper lui-même
en battant.sacoulpe.Et tantôt il sembleque ces peinessoient1
substituables qui a supporté l'une n'aurait pas à supporter
l'autre.Le pécheurpuni par le roi iraau ciel aussipur que les
saints.In versement celuiqui aura accomplilespénitencespres-
critessera exemptédu feu qui devait le marquer il restera
seulementpassibled'uneamende.Parfoissonvoit les deuxtypes
de peinesse fondreen quelque sortel'un dans l'autre la péni-
tenceest d'allerau-devantde la punition, de l'appelersur soi
pourqu'en blessantelle purMe.Lecriminel est exhorté,pour
rachetersa faute,à la confesserau roi en lui tendantla massue
justicière.En règlegénérale,surtout pour lesfautesgraves, les
châtimentsdistinctssont cumulés avant d'obtenirla réinté-
grationdanssa caste,le coupabledéjà puni dansses biens ou
sa chair devraencoreaccomplirtelle pénitencerituelle1.

i. Jolly,N.u, S.,p.123.OldcQberg,
ZamSlrafr.
Zum
Oiderbhorg, S<t-<t~ eett Marna,IX,
p. Ta;
11)¡ :Uaievu,
IX,
230,
1.210. XI,A53.
Jolly, .«.
lit l'sxsie socioLootyi'B. iwvtow

Pour diverses, d'ailleurs, que soient ces pénalités, elles


expriment les mêmes tendances juridiques, elles obéisseut
aux mêmes préoccupations. Ou y reconnaît le respect des
mêmes traditions et le souci des mêmes progrès. On retrouve
par exemple, dans la série' rituelle aussi bien que dans lu
série séculière, la même volonté d'étendre le châtiment aux
complices mêmes aggravations proportionnelles pour les
cas de récidive mêmes restrictions pour ceux de légitime
défense. Il n'est pas jusqu'aux intentions qui ne soient
pesées aux mêmes poids dans les deux balances
la à vrai dire, sur ce point, le système des pénitences pro-
prement dites semble s'être moins vite assoupli que l'autre.
On sait que pour les religions primitives une souillure con-
tractée iuvoloutairemeut n'eu est pas moins dangereuse, et
en conséquence ne mérite pas une purification moinssévère.
On retrouve dans les Véduscette conception à la fois mystique
et quasi matérielle du péché; espèce de fluide morbide qui
s'attache à vous, et dont le patient doit se laver à tout prix,
ne fût-il pour rien daus l'origine de son mal La môme con-
ception survit longtemps, et plus ou moins voilée continue
d'agir dans les codes. 11en est qui semblent proposer de
réserver les pénitences aux fautes involontaires taudis que
les volontaires seules tomberaient sous le coup des peines
temporelles 3. Celui de Manougarde le souvenir de ces hési-
tatious de la penséo sacerdotale lorsqu'il dit: De savants
théologiens considèrent les expiations comme applicables
aux fautes involontaires seulemeut; mais d'autres (d'après
des preuves tirées des livres saints) les étendent aux fautes
commises volontairement l. Eu fait, si ou descend des prin-
cipes aux détails, on constate que le système des pénitences
tient compte lui aussi, et de plus eu plus, des dispositions
intérieures. Mauou déclare que si pour effacer une faute iniu-
tentionuelle, la récitation de certains versets suffit, il y faut,
quand il s'agit d'nctes prémédités, des mortifications plus
dures'. Dans d'autres codes, on voit que d'une manière plus

I. Jolly,121,m.
3. OMunlivi-K. du Vida(trad.fr., Paris,P. Alcan).p. 243,211.
Religion
3. Ynjumalkya,citéparOldonberg, ZumSlrafr.,p. 76.
t. XI,45.
5. XI,48. Les nuancesdistinguéesen matièredofaux témoignage sont
partiuttliùreinunl VIII,ISO,121.V. D'autresoxoni|>los
rurnuh{uablcti, dans
Thonisson,Histoiredu droil crimineldespeuplesanciens,p. 58.
C. nOTOLK. LE DROITEt LA CASTBBH INDR Hft

générale le taux des pénitences passe au double quand


rintoaliou est perverse La considérationde la eulpatrouve
donc sa place, ici aussi, à côtédo celle du dolus. Mêmesur
ce point le parallélisme des deux catégoriesde peines a été
obtenu.
Maisoù l'unité de leurs préoccupationsest le plus mani-
feste.c'est dansles précautionsqu'elles prennentpour main-
tenir, par l'échelledes peines,la hiérarchiedes castes. 11est
remarquais que la plupart deschâtimentssi dura que nous
avons èuumérôsno touchentpas le Brahmane;son prestige
désarmeles rigueurs de bras séculier.II peut être condamné
au bannissement,non à la mort. Personnene doit le frapper,
mêmeavec un brin d'herbe.D'une manière plus générale,
le tauxdes punitions varieen fonctionde la situationsociale
des personnes il atteint son maximum lorsque l'offensé
appartient aux plus hautes castes et l'offenseur aux plus
basses. Le Brahmaue paie ">0panas d'amende pour avoir
insultéun Kshatriya 25pour uu Vaisya H pour un Soudra.
Mais le Kshatriya qui aura insulté un Brahmane paiera
100panas le Vaisya, 180ou 200 le Soudra n'échapperapas
à la bastonnade.Des gradationsanalogues, répétées de cent
façons, se retrouvent dans le calculdes péuiteuces,jours de
jeune ou années do retraite'. 11faut noter un cas où la pro-
portionest renversée le Brahmanevoleur est puni plus lour-
dement sans doute voulait-onéviter par cette menacequ'il
abusât de la confiance que tout le monde était tenu de lui
témoigner3. Mais c'était là encore une manière de rappeler
que tous les hommesne sont pas de la mômeessence, et que
le système des pénalités, qu'ellesaillent en s'aggravantou
en s'atténuant, doit avant tout marquer les degrés de la hié-
rarchie.Ce n'était donc pas sans raison que les apologistes
du Châtimentlui assignaient commemission première de
maintenir chacun à son rang, et d'empêcher les mélanges
entre les espèces sociales aussi bien qu'entre les espèces
animales. L'idée qui répugne le plus au droit que nous
étudions, c'est à coup sur l'idée de l'égalité des hommes
devantla loi.
En résumé, pénétré de religion et attaché à l'inégalité,

t. V.Jolly,«. Il.S., p. 422.


2.Jolly,ZVVR, 1U03, p. 112-115.
3. Uanou, VIII, 338.
E. IKiiKimm. AnnOe sociol., 1905-1900. 10
M 4905-1906
l/ANNlteSOCJOtOOJOl'B.
-.A._11-
moins préoccupé do réparer que do punir, et de punir
de lit fiicou in plus dure, tel nous apparaît, travers les
codes classiques, le droit hindou. Ditus quelle mesure le
régime des castes rend-il compte de ces caractères?

Lorsqu'il fixe avectaut de minutie, en le faisant varier pro-


portiouuelleinent à leur rang, le nombre de coups que doi-
veut recevoir onde panas que doivent payer les criminels,
le droit ne fait que traduire directement, usa (iii;ou, la
tendance caractéristique de la société hindoue. La plupart des
droits primitifs, eu fixant les taux des compositions, établis-
sent des échelles du moine genre1. On eu retrouve chez les
Grecs aussi bien que chez.tes Germains. Dans lu loi de (ior-
lyno par exemple, le tarif de l'amende prononcée en cas
d'adultère varie de 5 à 2W)statères; ces variations sont déter-
minées non pus seulement par les circonstances particulières
de Tolïense, mais par la situation sociale de l'olïeiiseur et celle
do l'offensé te citoyen pleinement libre se trouve valoir, a cf
compte, dix fois l'homme de condition inférieure ol 40 fois l'es
clave-. Mais nulle pirt les disliuctious de cette ualure n'ont
été conservées si longtemps, nulle part elles n'ont élu préci-
sées si fortement que dans le droit hindou. El sans doute son
insistance môme éveille une défiance des démarcations si fer-
mement dessinées, des gradations si savamment dosées sont
d'ordinaire le signe d'une volonté tendue, mais non peut-être
d'uue réalité docile. Dans quelle mesure ces catégories légales
correspondaient-elles à des catégories réelles? Les péné-
trantes observations de M.Senart ontaverti les philologues de
ue plus se fier aux trompel'œil de la tradition brahmanique.
Le code de Manon ne fait de dillérence, qu'il s'agisse delà
délinitiou des devoirs, de la réglementation des costumes, ou
de la distribution des peines, qu'entre Brahmanes.Kslialriyas,
Yaisyus et Soudras « il n'y a que les quatre castes et il n'y
en a pas cinq ». Mais que cette théorie des quatre castes, le.
rttturi'tnyit, ne soit qu'une simplification audacieuse, c'est
ce qui n'est plus à démontrer. Tout indique que le monde

Weslermatvlt!J7n? orir/inami Development o/' themoraliiea$, p. Via-


411;en réunitdenombreuxuxi-inples.
S.V. Ololz,ha sotiilnrilédela h'iimilledansledroit crimineltn Grèce.
p. S8i, 107.
0. UOUULÉ. LUDROIT
KTU CASTK
ENINUK 147
hindou était divisé itou en quatre tranches correspondant aux
va ruas, aux couleurs classiques, mais en une multiplicité
indéfinie de sections, dérivée» sud» tlouto des premiers
groupes familiaux, les jil!i.i. Los réducteurs do Manou ne
l'avuuent-ils pas d'ailleurs, lorsqu'ils émiinèreat les diverses
« castes mêlées » ? lis expliqueront sans doute lu (ormaliou
de ces groupes et leur distribution hiérarchique par des niiiu-
queuieuU aux règles qu'ils formulent tins unions illégitimes,
l'omission d'un rite, l'abandon des coutumes ou du métier
des ancêtres sont uutuiil de causes de séparation et do dégra-
dation. Mais il y u là, nousdit-on, une explication après coup
qui ue trompe personne, et qui lie fuit que trahir l'embarras
du théoricien devant lus faits qui débordentsa théorie'.
Si précieux que soient ces résultais, ils n'empêchent que
le calcul des peines brahmaniques lie réponde, par sa ten-
dance générale, û (idéal plus ou moins licitement avoué par
tous les groupes élémentaires de lu société hindoue. Dans
leur morcellement même ils s'efforcent, antturrnémeut à l'es-
prit des codes, de ne pas mêler les sangs, de ne pus changer
les fonctions,derespecter les rites traditionnels. Et tous ensem-
ble supportent le Brahmanisme ù leur sommet. Dans la réa-
lité, les lirait mânessont loin sans doute de se consacrer exclu-
sivoment aux nobles fonctions que leur réservent les codes.
Beaucoup fout un peu tous les métiers « pour leur ventre ».
Mais, même dans les situations les plus misérables, ils con-
servent cet air de supériorité qui a frappé tous les voyageurs
quelque chose reste vrai des formules orgueilleuses du livre
de Mauou le Brahinano est comme le feu qui n'a pas besoin
d'être consacré pour être brillant, et qui reste pur quelque
matière qu'il consume. Aujourd'hui encore, après tant de
bouleversements qui rendent les distinctions plus llottiiutes,
le critère le plus net dont les enquêteurs disposent pour
déterminer l'ordre de préséauce des castes, c'est le degré de
leur rapprochement avec le Brahmauc, c'est l'estime où il les
tient, et qu'il manifeste eu acceptant ou en eu refusant les
différentes espèces d'aliments qu'elles lui offrent Et eu fait
on retrouve les fautes dénoncées par Manon – abandons des
coutumes héréditaires, omissions de rites, ou unions illégi-

FIndt,lesfaitset tepjrtènte.V. nos/IWKi/y«e.»


i. 8eiMirt,£esc<w/e*rfaiis
surta réyimedesCastes,dan*luI. IVde l'Annéesociuiot/ii/ite.
2, l'ramatlianalliBose,Ilimlucastesand sects,p. 20aiji|.
U8 l'année sociologique. 1903-1900

Urnes– à l'origine de bien des déchéances L'ombre peut


avoir quelque chose de plus rigide et déplus anguleux que le
corps le droit brahmanique u'en reste pas moins, par les
graudes ligues do sou système auti-égaiUaire, comme uue
projection de la structure sociale de l'iude.
Que le plan de ce droit soit d'ailleurs, en majeure partie,
ilessiué par la religion, l'ou ne s'eu étonnera pas si ou se
rappelle que des scrupules du pureté fournissent la clef de
voûte comme lit première pierre de toutes les constructions
hindoues, et que les parties n'en sont ordonnées et maiute-
uues ù leur place que par des sentiments de respect pieux
ou d'horreur sacrée. Ona prétendu que la caste était « aflaire
de mariage»; d'autres ont dit « aflaire de repas ». Les deux
thèses convergent originellement le mariage a pour but
d'assurer au culte des aucétres des officiants de leur race et
le repas, préparé gnke à l'élément divin par excellence, a
tous les caractères d'une communion rituelle1. C'est dire, en
d'autres termes, que la caste est essentiellement allaire de
religion.
Ou a pu hésiter à accepter cette définition ne voit-on pas
tous les jours des Hindous changer de foi – se convertir par
exemple à l'islamisme ou au christianisme sans pourtant
avoir la force, et peut-être saus avoir l'idée de renoncer aux
règles de la caste? D'autre part, chez ceux infimes qui restent
des fidèles de l'hindouisme, ces règles lie coexistent-elles pas
avec les doctriues les plus variées? Les croyances diffèrent
ou passent; l'usage reste identique9.3,
Mais d'abord, quand bien même les pratiquants auraient
perdu de vue lit croyance génératrice de l'usage qu'ils prati-
quent, cela empeclie-t-il qu'il ait été originellement institué
par la religiou? L'arbre porte des feuilles en ignorant ses
racines Kt puis surtout demander, pour lui recounaitre le

1. V.Cens**of Intlia,1901,vol.VI[Bengali,p.361.vol,I (India),p. 528.


Uest remarquablequelesenquêteursanglais semblentdisposési réagir
contrel'excessive.lélianeequenousinspiraient,û l'égarddula théoriedu
codede Muiiqu,la critiquede M.Sunart.
2. Senurl,toc.ci* p. <5,SIS.
Zeittchrift(1erOeutse/ienmorg.Gesellsehaft,
3. Y. Schliiglntwelt, MA.
V.
33,p. 883. Censusof Initia,1<JOI, vol.I. [tndia,par JIM.Risloyet Gait)
p. 523.
4. V. ce que M. Marillierdisait, û co propos,du tabou mélanésien
Eludtsde critiqueset d'Histoire.2«stSrie(Bibl.do I'écolodes Uaulos-
lîtudes),p. «.
– LKDHOIT
C, UOOT,1,K. ETU CASTE
ENINDE 14Ô
caractèrereligieux, que l'institution de In caste se réclame
nommomentde telle mythologie,c'est peut-être (airela part
trop belledans le sentiment religieuxaux croyancespropre-
ment dites Eu matière de dogme la tolérancedu Brahmauo
est proverbiale.Il s'accommodevolontiersdea imaginations
lesplus hétérogènes,et à ce qu'il noussembleles plus hété-
rodoxes.11ouvresans plus de manièresson panthéonhospi-
talioraux divinités de ses clients nouveaux.C'est quo l'im-
portant à ses yeux, l'essentiel de la religion est qu'en le
respectantou respecte les rentesde la cnste1. Toutetentative
échouequi veutdéfinir autrement l'hindouisme à quelque
secte qu'il appartieune, l'Hindou se reconnaît à l'instinctif
ellroi du surnaturel qu'il éprouve, au momentde violerles
prohibitions traditionnelles de la table et du lit •. Plutôt
encorequ'unde ses fruits, on pourrait doncdire que la caste
est le uoyaumêmede ta religion hindoue.
Est-ilétouuuut,après une pareillecompénétrationdu sacré
et du social,que les prescriptionsjuridiques restent, en Iode
plusqu'ailleurs,imprégnéesd'imaginationsreligieuses?Pres-
que partout nousvoyousle droit ualtroet grandir à l'ombre
de la religion. Elle lui prête sa confiancedans le jugement
des dieux, la force contraignantede ses imprécations,les
vertusmagiquesde ses formuleset de sesgestess. Maispréci-
sément le progrès du droit consiste a s'émanciper de cette
tutuelle,à farda se avec les ressourcesproprementhumaines.
Le jus se taille sou royaume en dehors du fus. C'est pour
avoir de bonneheure marqué cette distinctionque le peuple
romaina mérité en matièrede droit le titre d'éducateur de
l'Occident4.
s.
Età vraidire, mêmeà Rome,il semblequel'œuvredesécu-
larisationait été plus leute qu'on le croyait naguère. On a
noté la forte coloration religieuseque garde longtempsla
tabledes délitsqui relèventde la justicedu roi11.La vindicte
publique, au nom de laquelle il agit, n'apparaît elle-même

1. Bartli.Thereligionsof Initia,p. xvu,V.Monter Williams, Morfeni


lidia,p. îî».Irving.Tlwonj andl'meliceof caste,p.134,137.Cf.Majnc
[ïiealiseofllindaUw,p. 42),citantla Ceimts ofitn [S. IV.Ptov.report,
l>.192et Aitamreport,t. p.8ij.
Hiiulutribesandcastes,III,p. 270.
2.-Sliorring.
3.Kulilur. mutWeUenlteicMung,
Uechtsgescliichle ZVVR, 1885p. 323.
4.IherinR,Espritdudroitromain, 208-307.
5.Girard,Histoiredel'organisation
judiciairede*Romains, I, p. 3Ï-35-
iW l'.VXXKB
SOtilOLOIIIQVK.
190M9M

que comme l'exécutrice des limites œuvres de lii vengeance


divine Même enimitière de jusliceci vile, dans la transmission
des ment qui accompagnait à l'origine la dévolution dos
biens, dans la protection spéciale accordée aux bornes des
propriétés, dans les stipulations da toutes sortes qui prennent
les dieux à témoins, on relève aujourd'hui les signes d'une
pression religieuse persistante1. Pour résister cette pressiou,
pour développer librement un droit « bourgeois et profane »,
expression réfléchie des volontés concertées, il a fallu toute
la puissance organisée d'un font lui-même soumis à la pesée
du peuple*. La laïcisation du droit ne pouvait s'accomplir
que dans la cité réorganisée par la volonté d'une plèbe « cons-
ciente u.
-Mais les castes en Inde n'ont jamais pu s'entendre pour
former une cité et imposer un remaniement du droit. Obsti-
nés dans l'horreur des contacts et des mélanges, les premiers
groupements familiaux ne sont pas entrés ici dans lit voie des
concessions, des compromis, des limitations réciproques.
Aucune plèbe ne s'est assemblée et dressée pour exiger une
refonte des premiers cadres Kl c'est pourquoi citez les Aryens
de l'Inde non seulement le droit public, si riche chez leurs
frères gréco-italien», est réduit à sa plus simple expression,
mais encore la distinction du jus et du fax reste inexprimée.
Non que le mouvement de la civilisation n'ait forcé, ici
comme ailleurs, lu première doctrine de la vie ù s'élargir, et
n'ait obtenu par exemple une place dans les codes pour les
réquisitions d'une organisation économique plus compliquée.
C'est en ce sens que M. Dahlmanu oppose à l'âge du rila l'âge
dmllinrnia. qui se montre moins exclusivement attaché aux ver-
tus ordonnatrices du sacrifice, et plus préoccupé de l'activité
b iimaiue, deses conditions et de ses conséquences. Mais l'anti-
thèse reste indécise, et celui qui la propose doit reconnattre
que dans le illuirmn même la religion ne lâche pas sa prise '
La société hindoue ne s'est pas donné les organes nécessaires
à la confection, à la conception mAmed'un droit laïcisé.

La seule force organisée qui se dresse daus l'universel


endettement c'est précisément celle qui a la charge de main-

). Lambert,la Fonctionilu Itmilcieil comparé,p. 639s<|<|.


S. Cui{.Les Institutionsjuridique»<./<«:
le*Romains,I, p. 23.
3. Oui MahabarataaUBpitxIl. Rechtsbuch, p. 200.
– LKWtOlTKTLACMTUfcX1NUK
C. HOI'CILK. l!il

tenir envers et contre tous les droits de lu conception reli-


gieuse de la vie e'esl le corps sacerdotal.
Et à vrai dire ces expressions moines prêtent a l'équivoque.
Ici encore 1 orgueil du sang, réfraetaire à toute unité, fait
sentir ses elïets isolants. Knréalité le Brahmanisme n'est rien
moins qu'un corps. Son origiuulité, disait S. Maine, vient de
ce qu'il ue repose sur aucune organisation Pour expliquer
leur emprise sur l'Inde, ou comparait naguère la caste des
HrahtMauesàtordredos jésuites. Nulleunulogic1)lus décevaule,
s'il est vrai que les ltrahmaues n'ont jamais su ce que c'est
que se plier eu commun devant uue autorité quelconque. Ils
ne connaissent même pas ce degré d'unification où les Druides
semble-t-il, etaieut arrivés, avec leurs cumiuuuaulés et leurs
conciles. C'est que uouseulemeutdauslu classe bralunauique
des castes nombreuses continuent de se distinguer, mais
eucore chaque lirahmaue, surhomme de uaissauce, comme
il n'a besoin d'aucune iuvestilure, ne recouuait théoriquement
aucun supérieur hiérarchique. Cette foule de prêtres-nés n'aa
rien do commun avec une Eglise*.
11n'eu reste pas moins que, exemplaires de la race noble
par excellence et modèles de la pureté aryeuue, exécu-
teurs des mêmes opérations rituelles et commentateurs des
mêmes révélations, ces prêtres-nés représentent un même
i déal, jouissent d'un même prestige, et qu'ainsi, sans être à
proprement parler uuiiiés eux-mêmes,ils sont capables d'im-
primer à l'Iude la seule espèce d'unité qu'elle pouvait sup-
porter.
11ne devait pas manquer d'ailleurs, pour la culture de cette
t raditiou religieuse, de se former des écoles. Il est nécessaire
mais il n'est pas suffisaul, pour mériter le titre de Brah-
mane, d'être né desaug brahmanique. Il y faut une initiation
qui est une seconde naissance; il y faut l'étude des Livres
saints. Et comme ces livres sont plusieurs, et plus nombreux
encore les commentaires auxquels ils ont donué lieu, il se
formera des traditions spéciales qui serviront de centres de
groupement aux étudiauts brahmanes.
Ce sont sans doute des groupements de. ce genre qui ont
donué naissance aux Codes que nous connaissons. Faut-il
parler à ce propos de véritables écoles de droit Cetcharana»

1. ÉtudiasurVHistoiredu droit, p. 883.


indiensIMtratur u. Kullur,p. *\î.
2. Lyall,AsioticStudies,I. ErhriiUur,
it>2 L'ANNÉE SOCIOLOGIQUE. 1905-1'JOO

An f a f I
aussi -c_ v
étaient-ils nombreux que la croyait Colobrooke et mon.
traient-ils une espèced'organisation universitaire, comme les
écoles de notre moyeu-âge? Ne gardaient-ils pas plutôt la
physionomie de l'organisation familialo, et leur tradition,
plus conformément à l'allure générale du régime, ne se pré-
seutuit-elle pas comme ces secrets que les pères confient aux
(lis1? Toujours est-il qu'on se trouve là en présence de tradi-
tions transmises et commentées par une suite do spécialistes,
et que ce trait déjà peut expliquer quelques-uns des carac-
tères des codes hindous. Dans le code de Mauou en par lieu•
lier, Uûhler a relevé les répétitions, voire les contradictions
qui révèlent des séries de remaniements. Peut-être sous le
Sastra que nous connaissons pourrait-on retrouver un Soutra
qui remonterait jusqu'àlasecte védique des mauuvas. lies Ira-
ditions si longuement ruminées ne pouvaient manquer
d'aboutir un droit assez compliqué et raffiné. On a souvent
observé le plaisir que semblent prendre les rédacteurs de ces
codes à distinguer, à proportionner, à classifier de toute façon.
Faut-il voir duusce goût un trait natif du génie hindou 1 Ou
bien penserons-nous que si ce goût se conserve et se développe
à travers tant de générations, le spectacle de la réalité sociale,
toute divisée et graduée, qu'elles ont sous les yeux en est pour
une part responsable ? Quoi qu'il en soit, la serre chaude des
écoles brahmaniquesdevait être favorable à cette végétation
exubérante de classifications.
Le même milieu de professionnels ne prôlait-il pas à la
découverte de ces nuauces qu'admirent nos historiens du
droit, par exemple en matière de distribution des responsa-
bilités, en cas de récidive, ou lorsqu'il s'agit de tenir compte
des intentions'? Preuves, disait Tlionisseu, « que dés ces
siècles lointains, les bords du Gauge avaient été le théâtre
de longues méditations juridiques ». D'ordinaire les divinités
offensées frappent en aveugles; pour détourner leur vindicte
on poursuivra, comme les Athénieus le faisaient encore, jus-
qu'aux objets inanimés. Si malgré ses origines religieuses,
le droit hindou est plus souple et plus nuancé en ces ma-
tières, il le doit peut-être aux réflexions do spécialistes qui

1. V. Wi-slami Bûhlcr.A Digestofthe Uinduluw,p.ai. Gliose.Pria-


ciplesof llte ttintlulaïc, p. vu-x. Mayno,A ïrealise un tliiululawami
mage,p. 38.S. Maine,AncienDroitet Coutumeprimitive,p. S2.
2. V. Kohlcr,ZVYtt, 1903,p. 184sqq. Thonissen,Ilist. du Droitcrimi.
net,p. 60.
– IB DHOJT
C.BOCOli. BTLA CASTE
ENISÛR 133
pouvaientle faire profiter du progrès mômede leurs croyan-
ces. A cet égard le dernier livre du code de Manou révèle
îles préoccupationsdéjà « spiritualistes ». 11n'est pas éton-
naut qu'ils veuilleut peser les intentionsceuxqui Inscrivent
au nombredes péchésles mauvaisespenséeselles-mêmes,et
s'élèventdu souci de la pureté toute mulèrielloà celui de la
pureté intérieure. il faut ajouter que la doctrinede lu trans-
migration,si elle est en harmonieintime avecle régimedes
castes1,s'accordeen même temps avecle sentimentde la res-
ponsabilitéindividuelle,Eu rappelantà l'hommeque sasitua-
tiou présentedépend de ses actes passés commesa situation
futuredépendrade ses actes présents, elle lui ôte sans doute
l'enviede protestercontre les inégalités sociales,mais elle
propagel'idée que du moins à l'iutèrieur de sa classe, cha-
cun doit être jugé selon ses couvres elle aideainsi le droit
à se dégagerdécidémentde la doctrine des responsabilités
collectives.
Onpeut mesurer par là toute la distance que le sacerdoce
brahmaniquea su faire parcourirau droit hindoudepuis les
premièresétapes du droit. La formela plus aneieunede la
justice,c'est la vengeanceexercée de groupeà groupe.A cet
âge il n'y a pas proprementparlerde crime public;en tuant
par exempleun hommeou eu violantune femme,un membre
d'un clan a causé un dommagea un autre clan celut-ci
chercheà réparer ce dommagepar une actionqui vise non
pas seulementce membre en particulier, mais n importe
lequeldes membresdu clan olienseur. Les autres groupes
n'ont pas intervenir.
Pourdéfinir cette situation ou a proposé de dire que les
premiersdélits apparaissent moinscomme des délits crimi-
uels que commedes délits civils le groupe justicier,qui est
en mômetemps l'oileusé,se suuciant peu de l'ani'imudelin-
yuendi,et demandantavant tout la réparationd'uu préjudice,
fut-il iuiuleutionnel. L'assimilationprête à l'équivoque,s'il
est vraique lesvengeursse sentent obligésà l'action,soit par
ta soitde sang qu'ils prêtent à l'ombre menaçantede la vic-
time, soit par un sentiment de solidarité plus complexequi
leur ordonnede compenser à tout prix la perte que leur
groupea pu éprouver si c'est en d'autres termes, non pas
seulementuu instinct de cruauté, maisun impératifdenature

S.V.l'illon.Année 1868(F.Alcun).
philosophique,
iKt l'AXNKKSUCIOLOUtyUK. 1
t'JOVl'JlM

religieuse qui arme le « moi judiciaire familial»'. Mais il


est vrai qu'à cette phase, au-dessus des cluus en litige
aucun sentiment public n'intervient pour limiter leur vin-
dicte eu la réglementant, ou pour punir les fautes qu'ils
laisseraient impunies. C'est la religion encore, mais une reli-
gion plus large et débordant les cadres familiaux, qui façon-
nera ce sentiment Elle étendra le réseau de ses interdictions
rituelles. Elle attachera it l'homicide, fût-il commis eutre
membres d'une même famille, l'idée d'uue souillure dont il
fautàtout prix se laver. Et ce sont ses représentants qui,
d'abord choisis pour arbitres, deviendront les jurisconsultes
dont les réponses(ont autorité. On montrait récemment ainsi
que mêmeeu Grèce,dans le pays le plus réfractaire à la théo-
cratie, s'il ne s'est pas trouvé un pouvoir sacerdotal pour
monopoliser le droit, c'est du moins la religion, appelant
l'excommunicationsur les violations de l'ordre établi par les
dieux, qui a fait l'intérimentre le régime de lit vengeance tami-
liale et celui de la vindicte d'Klat*. Onvoit la religion absor-
ber la plus grande partie de la 0i»«; familiale pour la trans-
mettre à la 8(xr,sociale, et eu dégageant l'individu de lu soli-
darité du groupe, constituer des délits nouveaux en même
temps que de nouvelles procédures. Dansl'histoire de presque
toutes lescivilisations le même phénomène est visible; etl'on
a pu soutenir que non seulement chez les Hébreux ou les
Musulmans,mais aussi bien chez les Germains et les Romains,
une jurisprudence sacerdotale forme le soubassement de
toutes les lois'.
11 semble ait premier abord que cette conquête du droit
religieux public sur le droit religieux familial ait du se heur-
ter en Inde à des dillicultés particulières la caste n'est-elle
pas une sorte do cristallisation des premiers groupements
familiaux ? et d'autre part la religion servie par les Brah-
manes a t-elle jamais su s'organiser en religion publique?
Mais nous avons vu déjà comment la force d'attraction du
Brahmanisme est assez puissante pour tenir lieu des méca-
nismes les mieux agencés. Sous l'influence de sa doctrine de

t. Kovalewsky. Coutume contemporaineel Loiancienne.Droitcotilumier


Osxétien,
p.Î87sqq.
V. Steinmelï.Ethnologische Uludienzur ersten Kntwicltelung der
Strafe. cf.Maoss,tovuede l'Histoiredesrelifjiuns.1897,p. 40-58.
2. Glotz,ouvi:cil.,p. 232s.|.|.
3. Lambert,ouvr.cit., p. 231804.
C. IIOl'liLK. – C.BDIIOIT ET LA CASTREN 1KUK ISS

1»souillureil semblebien que les groupementsfamiliaux,


quelquecommunistesque fussent leurs tendances,aientdéfi-
nitivementabandonnéta notion de la responsabilitécollec-
tive en même temps qu'elles abdiquaient leur droit de
vengeance.Non qu'elles n'aient sans doute,on Inde comme
ailleurs, exercé primitivementce droit contrairementa ce
qu'onpensaitnaguère,les Védasconserventlo souvenird'un
tableaudo tvergehtcommeil lie s'en institueque pour arrêter
la colèredes groupesen les indemnisant1.Mais il est vrai
que très tôt les compensationspécuniairesallèrentau Brah-
mane.De mêmeque dans le repas funèbreil siègela place
des parents morts dont l'ombreest censéese tenir derrière
lui1 il se substitue, pour la perception de l'amende,à la
famille lésée. Délégations significatives: sans briser les
sphères familiales et sans les amener â s'entrepénélrer,le
Brahmanismea trouvé moyende les faire graviter toutes
ensembleautourde lui. Grâceau prestige deses prêtres, les
hindousn'ont pas eu à chercher, commeil est arrivéeud'au-
tres pays,des arbitres d'occasion 1. ur les départagera. Plus
divins que les Brehonsd'Irlande, représentantsd'unetradi-
tion qu'eux seuls avaient le droit d'interpréter,les Brah-
manespossédaienttouteslesqualités nécessairespouréleverle
droit hindou à la deuxième phase, et pour établir, sur les
seules basesde la religion,une espècede vindictepublique,
au lieu et placede la vindicte privée des collectivitésprimi-
tives.
Mais d'ordinaire cette phase n'est qu'une transition.La
religion, commedisait M. Glotz,fait l'intérim.Bientôtou la
voitpasser la main au pouvoir de l'État qui, en recevantle
droit sous sa coupe,l'adapte à ses besoinset à ses habitudes
propres, et en l'émancipants'émancipeà son tour. Rien de
pareil ne devaitse produireen Inde. Oupeut dire de l'évolu-
tion de son droit ce qu'on a dit du mouvementde toutesa
civilisation grâceau régime des castes, elle s'élève assez
viteau-dessusde la barbarie, mais sa croissanceultérieure
en est bientôtempêchée.Elle est victimed'unesorte d'arrêt

t. Rolli,WerRold ini Vuda, <tcrUeutttclum


Zeilschrift morgeni. Geselh-
<iaft,il p, fiïi-0'6.
Jolly,H.u.S. p. 131.Oldenfoerg,
Zum ait. Sir.,p.~i.
Ruhler, ZYYit, p. m.
IU03,
S. Joily,/{.u..S., p. 127.Caland,Alliml.Almcncull,p. U*.Stfliuit.
t.
ouïr,cil.,p. 210.
3. Kovalcwsky. ouvr. cit., p. 3)5 sc|<j.
iW l'a\.V|SeSOCIOLOGIQUE.
1905-1900
de développement;elleest commepétrifiéedans une attitude
dépasséeailleurs.Ledroit hindoudevaitconserversa couleur
religieuse, précisément parce qu'en face du pouvoir de In
caste sacerdoluleaucun pouvoirpolitiqueno se constituait
pourlui fairecontrepoids,parce que le sucerdolimn, comme
dit M.Weber, ne s'y trouvait pas contenupar un imperium.
Ou l'a souvent répété en Inde, uul rudiment d'Etat.
L'idée mêmed'un pouvoirpublieest étrangère a l'Iude1.Et
saus doute, commele fait observerM. Fick, il ne faut pas
prendre ces expressions au pied de la lettre*.Toutessortes
d'autorités se sont essayées sur ces masses immenses elles
ont vu, dans un désordresans égal,se succéderles empires
et se multiplierles principautés9.Cequi reste vrai, c'est que
tous les gouvernements quels qu'ils soient ne semblent
jamais reposerque sur la surface du monde hindou.lis ne
l'utteigueut pas, pour l'organiser, dans ses profondeurs.
Précisémentparce que les Hindousvivent isolés dans les
compurtimeutsde leurs castes ils semblent faits pour être
subjuguéspartout le monde,saus se laisserassimiler ni uni-
fier par personne.Incapablesde se coaliserpour la résistance
active, chacunde leurs groupes opposeaux pressions d'eu
haut la résistance passive de ses traditions. Eu d'autres
termes, -il faut toujoursen revenirla il manqueà l'Inde
la Cité la Citéseule capabled'iuslituer des rapports métho-
diques entre les peuples et les gouvernements,et dont le
travail a fourni en somme,directement ou indirectement,
tous leurs modèleset leurs principesà nosEtats occidentaux.
Faute de cette gestation, une organisationproprementpoli-
tique n'a pas été donnéeà la sociétéhindoue,et la tradition
religieusea pu la dominertoute entière.

Et sansdoute, pour imposerses principesmômes,il faut à


la tradition religieusela collaborationd'uu pouvoirséculier.
Si vivaceque soit la confiance primitivedans les sanctions
surnaturelles, partout la nécessitése fait vite sentir d'uue
force visibleet pesante, capabled'aider la volontédes dieux
à se faire respecter,et de rétablir l'ordre qu'ils prescrivent
i. Senait,ouer.cit.,p.849.
8.Diesoviule Glkderung imnord.Indien,p. 75(ennote).
3. V.Sylvain Lévi,l.eS'ipal,l, introd.,p.i.Danscedésordre,
M.deLa
Ma*elièreessaiedodistinguer despériodes (V.l'Essaisur l'Évolution
de
la civilisation
indienne.)
C. BOUOlli. – LE DROIT ET LA CASTBKK INDK 187

eu réparant leurs erreurs ou leurs omissions.« L'arme du


Braitmuuoestla parole». Maissi redoutablesque soient ses
menaceset ses imprécations,elles n'auraient sans doutepas
stilll, par elles-mêmes,à maintenir un ordre public il y
(allait des pénalitéstemporelles,et un pouvoir physique-
ment capable deles appliquer. Delà sansdoute l'insistance
croissante aveclaquelle les codes brahmaniquesrappellent
au roi sa missionde justicier. En l'accoinplissautil gagne
autant de mériteque s'il accomplissaitun sacrificeperma-
nent mais s'il laisseles coupablesimpunis, que le jeune le
purifie!Gardienscrupuleux des lois, sa renommées'étendra
au loin « commeune goutte d'huile do sésamedansl'eau »;
négligent,ellese resserreraau contraire et se figera« comme
unegoutte debeurreclarifié.» Lecode do Manou,en particu-
lier, multiplie lesrecommandationsau roiqu'il divinise– on
a pu supposer qu'il avait été rédigé pour l'éducation d'un
jeunerajah – etnousavonsvu qu'il présentecommeautant
de devoirs royaux tous les droits qu'il énutnère.Dans les
codespostérieurs,à mesurerle nombre des crimes de lèse-
majesté contre lesquels Ils défendent la royauté, on sent
s'accroîtreencorel'importancedu roi eu matièrede justice'.
Maisce progrès u 'enlèverien à la fonction supérieuredu
Brahmane.Il resteuon seulement l'indispensablemagistrat
auxiliaire du roi,mais encore le jurisconsulteattitré. C'est
ici qu'il faut se souvenirde la remarque de M. LambertV
sur la nécessitédebien distinguer, quand on suit l'évolution
des institutions juridiques, entre le bouclier du droit et
l'outilqui le forge,–-entre qui impose la loiet qui la formule.
Il semble bien que le pouvoirséculier en Inde ait systémati-
quement laisséau pouvoir spirituel le soiu de dire le droit
soit qu'il se souciepeu de l'ordre juridique, soit qu'il ne se
reconnaisse pas l'autorité nécessaire pour le modifier.
S. Maine'1nousparled'un chefSikh qui avaitréussià asseoir
sa dominationsur le Penjab il borne souambitionà pré-
leverles impôts, il n'éprouve pas le besoin d'édicler uneloi.
Ailleurs,au Népal',nous voyonsque lorsque les princesseu-
tent la nécessité,contrel'invasionmusulmane,do réorganiser
1.Jully.U.ù..S.,p.10,427,4»2.Koliler, p. 188.
2)'171,1903,
2.Ouïr,cil.,p.730.
3.S. Maine,Institutions p. 407 cf.la noticedoA. Lyall,
primitives,
(publiéedansla traductiondos Hludessurl'Histoire
du Droit),p.ui.
4.S. U'vi,LeNépal, l, p. 15,229.
158 L'ANNÉE l«0S19Utt
JOCIOLûniQUB.
leur rovaume.
royaume, ils luut
font veuir une
uue éuuine itiris
équipe de jurisconsultes
brahmanes, qui s'occupent aussitôt à répartir la population
dans leurs cadres consacrés. Les {onctions du roi, quelque
développement qu'elles prennent par endroits, n'empiètent
donc pas sur les fondions du prêtre. Ou ne voit pas, le long
de celte civilisation, s'aggraver eutre les deux principes d'au-·
torité ces coutlits d'ultributious qui lurent si souvent favora-
bles, ailleurs, a l'Oinuncipatiou des peuples. Lu rivalité des
Brahtnaues et des Kshatriyas a pu être longue et mouve-
uieiitêe un suit tous les indices qu'un a tirés n cet égard, non
seulement des coûtes bouddhiques, mais de l'épopée ou munie
des recueils philosophiques Mais contrairement Ace qui est
arrivé eu Occident, c'est ici la force religieuse qui décidé-
ment fait pencher la balance. C'est pourquoi ou dit quelque-
fois que le Draiimuiiisuioa .su réaliser, beaucoup plus com-
plètement qu'elle-même, l'idéal de notre Église au. moyen-
âge. et que jamais on ne vit plus étroite mainmise d'une
Eglise sur un Ktat*. Analogie boiteuse, s'il est vrai – comme
les considérations qui précèdent nous l'ont rappelé – que
ni le terme d'État ni celui d'Église, tel que nous sommes
habitués, eu Occident, ù les comprendre, ne convient aux
institutions hindoues. La formule nous donne du moinsl'idée
de ce que devait être, eu matière de droit, l'omnipotence
sacerdotale.

Encore faut-il s'entendre sur la nature de cette puissance,


sur les limites qu'elle rencontre, sur les procédés par lesquels
elle a été conquise. La suprématie des Brahmanes eu
matière de droit serait un véritable miracle si leur volonté
ue répondait plus ou moins directement .aux volontés, plus
ou moins conscientes d'elles-mêmes, des populations qui la
reconnaissent. Si cette force n'a pas été contenue par eu haut,
c'est saus doute qu'elle était soutenue par eu bas. La mesure
et la tortue dola collaboration spontanée des groupes à l'œuvre
du droit, voilà ce qu'il faudrait pouvoir préciser. Ou s'uperce-
vrait peut-être alors qu'ici comme partout le secret de ta

1. Fick. DiesocialeUliederung
in nonlûsllklienIndienzuUuddhasZeit.,
cliap.iv. Web«r,ImlhalieSlutlien,X,p. iMO.
SanskritIMeratur,p. 160;cf.Zimmvr,AU.l.eben,p. I9i.
2. Mucdonni.'ll,
SelirOder,IndiensLiteratur.
C. UOUOLÈ. – UK OriOtT BT LA CASTE EX INDE 1B9

puissance brahmanique, c'est sa tolérance, sa souplesse, sa


plasticité.
Déjà en matière de croyances religieuses, nous avoua
admiré l'indiflérouce accueillante du Brahmane. Les tribus
désireuses do s'affiliera l'hindouisme peuvent lui présenter
les divinités les plus singulières il les baptise avatars de
quoique dieu classique et voilà une caste de plus Qui sait
si, en matière de coutume, sa politique n'a pas été la même,
et s'il nes'est pas contenté, souvent, do consacrer dus usages
déjà établis i
Il ne faut pas oublier en ollet que la caste, par cela même
qu'elle est sans doute l'héritière du groupe familial,
conserve jalousement un certain nombre d'attributs judi-
ciaires. Si les Hindous semblent avoir perdu très tôt l'habi
tudo des vengeances collectives, do groupe ù groupe, du
moins à riutériuur de chaque groupe ont-ils conservé lluibi-
tude de poursuivre et d'exécuter les membres Si
les premières formes do la justice « iutertribulo » ont dis-
paru, celles do la justice « tribale» se sont au contraire soli-
dement maintenues. On sait combien longtemps, dans toutes
les civilisations, les collectivités élémentaires gardent le droit
do châtier ceux de leurs membres qui, en les suuillaut par
leurs désordres, menacent leur intégrité même. la elles les
châtient de la façon la pius terrible rien qu'eu les expulsant.
Livré ti ses seules ressources, le « hors-la-loi – Yi»j»'i des
anciens Russes, l'abrek des Ossètes, le « loup » des tirées –
est exposé a tous les périls- Personne pour l'aider ni pourl'
le venger; « c'est une poire sèche qui tombe de t'arbre sans
éveiller l'attention de personne»*. L'Hindou qui souille sa
caste est exposé à une pareille excommunication. ttucore
aujourd'hui ou nous dit que rien n'est plus redouté, et dau s
les campagnes au moius, rien n'est plus terrible par les con-
séquences que cette exécution solennelle, devant la caste
assemblée4.
De ces attributions judiciaires de la caste, nous avons vu
que les codes brahmaniques ne gardent pas seulement le sou-

t. V.Bailli, ite% vf Initia, eliap. v. Munk'rWilliams,Modem India,


p.830.Lyall,Axialic Sludies,I, i>liii|>.
v.
2. V.Glolss,oitvt:cit., p. 83.Kuvalewsky,ohm: cit., p. 197.
3. IVoverl») du Daghestancité jittrM.Kovulewsky.
•i.Jolly, H. u. S., p. 110.Seiiarl,LesCottes,\i. 83.Dubois,
Observations
surlesmœurs<lesHindous, p. 36.
160 (.'ANNÉE «909-190»
SOCIOLOGIQUE.
venir: ils en tiennent le plus grand compte. Non seulement,
par les expressions qu'ils emploient ils rappellent que c'est
en fonction de la caste, toujours prête h brandir le fouet de
l'excommunication sur le pécheur, que se définissent origi-
nellement les péchés pataniya, atipataka, mahapatalsa,
anuputiika signifient autant de fautes qui exposent à être
exclu de la caste. Maiscette exclusion même, les codes conti-
nuent de la présenter comme une menacetoujours suspendue.
Elle est la sanction suprême, dont la perspective contraint le
coupable à se prêter à l'application des autres. Et c'est pour
l'éviter qu'il faut se livrer au bâton, endurer la faim, payer
l'amende. Dans le fond du tableau juridique on aperçoit tou-
jours, derrière le doigt levé du Brahmane, non seulement le
bras armé du roi, mais le tumulte indigné de la caste,prête à
s'assembler et à se dresser pour réduire le rebelle à la raison.
Mais si le droit brahmanique escompte ainsi la coopération
du pouvoir judiciaire de la caste, c'est sans doute qu'il est
loin de traiter en quantités négligeables les décisions mêmos
de ce pouvoir, les précédents selon lesquels il se dirige, les
coutumes qu'il entend faire respecter. S. Maine, opposantaux
classes vastes et vagues que nous connaissons l'étroitesse et
la rigidité de In caste les fils y héritant régulièrement de la
situation eu même tempsquedes croyancesdes pères, et ceux-ci
restant groupés autour du panchayat qui les surveille indi-
que quel solide organe pour la conservation du droit coutu
mier devaient former ces petits corps, et avec quelle vigueur
ils devaient s'attacher à leurs traditions immémoriales3. De
fait, les castes tiennent, comme au principe même de leur
existence, non seulement aux prohibitions qui les séparent,
mais aux singularités qui les distinguent de ce point de vue,
la' violation de têt usagequi nous parait insignifiant est à leurs
yeux affaire vitale3. Le droit écrit des Brahmanes nierat-il
l'autorité de ces droits coutumiers si tenaces ? Bien au con-
traire il fera profession de la reconnaître. Le code de Manou
rappelle à plusieurs reprises que le roi n'a rien de mieux à
faire que de s'enquérir, pour les respecteret les faire respecter,
des di llêrentsusages reçus'. Par où il n'entend pas précisément
1. Jnlly,ibid.,p. 415.
2. S. Aluiiio,
Etudessurl'Histoiredu Droit,p.81.
3. Senart,ibid., p. 84.
4. V.les passagesrelorùepar Soig,Jntrwl.à (élude du droit hindou
p. «0-43.
t:. immil-Ê. – I.B BBUITKT LA OASTBBî( 1SI>R tl»t

ce que nous appellerions l'usage locul, puisqu'il proprement


parler la ter lad n'existe pas en Inde' chaque individu, oi'i
ijii'il L'ini^ro, (mite avec lui la lui do son groupe ("est do ces
groupes divers que les Smirlis euleiidont reKonimilreet con-
sacrer les traditions. ICIil vrai dire, oil lis Uialimauesdécli-
nent expressément toulo immixtion législatrice, c'est lorsqu'il
s'agît des si) i Idesd'artisans ou de commerçants ici moins
qu'ailleurs leurs théories 110pourraient prétendre à suppléer
lu multiplicité d'usages élaborés sous la pression do tulle
situation économique".Mais d'uuo manière plus générale et
dans des cas beaucoup plus nombreux il est visible que le
droit écrit est prêtas'incliner devant la diversité des con-
I unies;(|u'ou n'y seul pas, commudit M.Mayue « un atomedit
dogmatisme» et qu'ainsi les Uruhniun<»se montrent prêts à
fournir l'appui de leur autorité a nombre de lois qu'il ue for-
tnuleut pas.
Quant à celles mêmes qu'ils formulent, viennent-elles de
leur fonds propre, ou leur principal mérite a-t il étéde servir
d'enregistreurs 1 L'orgueil brahmanique avouera msilsiisément
celte docilité'. Mais au furet à mesure qu'on obtient, par uu
autre canal que par In tradition des informa-
tious plus précises et plus nombreuses sur les usages des dif-
fi-refiles castes, un est amené ;'ipenser que pour les grandes
lignes du droit, – en ce qui concerne par exemple l'indivi-
sion des bi«'iis et les procédés pour eu sortir, les régies de
succession ou d'adoption – les différences sont négligeables,
t'esprit est le même. Il était possible, ici aussi, de dégager
les jîo'.yovî•li-i.Vi;des antiques •>tvrl.
G'esl cette liklio clc gèuërsi-
lisaliou que les IJrahmancs auraient accomplie en mettiint
en relief. dans leurs codes, les parties communes aux coulu-
miers des rl.ins aryens. 11y o eu des juristes pour aller plus
loin, et pour penser que sur nombre de points, les usagesdes
tribus Hiiiiryr.'nncscoïncidaient avec ceux des autres*. Les
Hraliumnes auraient repoussé avec énergie quelques unes de*
pratiques indigènes décidément contraires il l'idéal qu'ils

MuyiH*. Treatiie, p. îii. Oliotn,l'miciples,p. "ÎO.Cf. S. Muin


p. US.
liistit. primitives,
i. UImism. Prim'i/iln, |i. Ti2.
3. ()«w.cit., |>.5.
i. Gliuxc,l'rwcipk*,(>.1, 3, 7iU.
.'>.f/osll 'opinionde Mayneilausl'iiuvra^ecité; cf. JolJy./{.«. S., y. 4S.
UuiiIkI',hnprrial tîazeteer
ofJuillet,VI,p. 110,
K. IH'HKiiKi».– Aniiw sociul., )M>-i00O. M
t(12 L'ANNKK SOCIOl-OGlgl'K. lVUa-IVOli

représentaient. – comme lit polyandrie. Pour lu reste ils


itnt^MÀi_>nt»l4i ï ArtI nnnmt» lit ntil tron/l niti DaAti i* I»

n'auraient fait qu'élever un corpus des traditions communes


aux groupes, aussi bien auaryens (ju'aryeus, juxtaposes sur
lu terre hindoue.
Et sans doute, eu enveloppant ces coutumes dans le man-
teau de la religion, eu ajustant, pour reprendre les expressions
du Senehu*Moi; leur « loi de lettre » à cette « lui de nature »,
les Brahmanes ue pouvaient manquer de modifier eu un cer-
tain sens le droit existant, de raffiner certaines pratiques,
d'en interpréter d'autres dune façon particulière, conformé-
ment aux suggestions de leur intérêt ou aux exigences de leur
idéal. C'est ainsi qu'on les accuse de combattre plus ou moins
directement le régime de l'indivision, encouragés par l'espoir
de multiplier les foyers distincts d'où naissent, puur leurs
fonctions de saeriltcaleurs, autant du demandes nouvelles.
D'un autre côté, en matière de droit successoral, ils sont ame-
nés il insisterspécialement, pour déU'nniner l'ordre de préfé-
reucedes héritiers, sur l'aptitude de ceux-ci à contenter par
le sacrifice los mânes des ancêtres-.
Dans quelle mesure ces interprétations ou ces prescriptions
proprement brahmaniques sont-elles acceptées de la (ouïe
des castes, rien n'est plus difficile il établir. Parfois ou a pu
noter qu'elles adoptent tellecouluiue préconisée par lesHrah-
mancs en la décortiquant pour ainsi dire elles laissent
volontierstomber la coque religieuse dont ils t'avaient entou-
rée- Ailleurs, lu prestige des Uroliiiiaiies est si puissant que
pour leur ressembler et se rapprocher d'eux, les castes s'im-
posent certaines restrictions nouvelles, pratiquent certains
rites qui ne semblent pas dériver de leurs traditions antérieu-
res'. L'état d'esprit le plus répandu est sans doute celui qui
est exprimé par la repun.seque les enquêteurs anglais reçoi-
vent le plus souventlorsqu'ils interrogent les castes sur leurs
lois « Nous suivons les coutumes de nos ancêtres; quand
ou ue peut tomber d'accord sur la coutume, 011consulte le

I. M;iyii'\TitHlùftp. VUliusu, /Vinci/>vt.


± Mu vu. Mil., p. tu.
3. Ainsi.i't.'<C]>!i<|iii'rait
lVxpansiuti dr l'iiiiliittuli.-
il« mtiriorfoi rnlanls
Ijvjj./uih'i,i'l surtout<lucelleiI\'iii|)iVIhh-
\njviimriu^i.' îlesvttuves.i V.Itis-
!:> clliuil.Imim ivul I, ilu Ceiwwi of initia, IOilS<. Ut»
|>. si|<|M. llislev
ulisvrvi!à e«propos i|iie i'i»llUi'in:i; hini
l)i'uliin.'iiiii|Ur. loinilVlii!cliiuyi'i1.
VuilionwkU)s'étonilre 1rs
|>ar iiiuvuiisnn''iiii'K i|m-lu civilisationaiitilui^o

mi;lii .-adisposition, et <|u'uneu seu.-ik-sctioiiiins<!•Iit ik1>-jiitpas
u«smrvduutalik'S qu'unl'auraitcru pourle ri'i-'iiin'il.s i;i.-U-s.
C. UOt'(iI,l5. LU DIU11TBï l.\ C.HMtEKMINDE |t'>.t

Hrahmuuo»'. Les Brahmanes apparaissent donc comme les


nrbitres-ués. Sans doute les considère-ton, à cause du leurs
aucoiutaucvBavec le pussé, conuiio les gardiens désignés, eu
mome temps que de l'ordre général, des traditions particu-
lières à cliaquo groupe. Si leur sentence était manifestement
('(iiili'iiircaux tendances séculaires des castes, celles-ci, décon-
certées, n'iiésiteruient-elles pus a l'appliquer? Quoiqu'il en
suit, si dans teurs grandes, lignes les codes brulununitjues
sont tacitement acceptés par l'ensemble des castes, do l'Hiinu-
l.iya au cap Conioriii, cette domination est sans duulo rendue
(ilus aisée par ce (ait qu'ils laissent passer, le cas échéant, les
usages particuliers a eluictiue d'elles, tondis que d'autre purl
ils retiennent et consacrent ceux qui leur sont communs à
Imites.
C'est peut-être en ce sens qu'il faudrait résoudre la ttuu-
<*iii(juntiu Quelle osl au juste la valeur inipéralive, reflicu-
ritû pratique, la vie réelle des codes bralumioiques ? Trop
Imigleinus ou était porté à les révérer foinnie des codes
wrilaLles, promulguéset appliqués par exempleà la manière
du code Napoléon. Ou s'en est aperçu enfin pour qu'un code
proprement dit puisse untire et vivre, il y faut mie réunion de
ciiuditions politiques extrêmement complexes, et précisément
•outes ces conditions ont manqué il l'inde. Tout ce que uous
avous dit du la façon dont les codes bralnniques ont dit ôtre
tvdigés nous perutet de comprendre pourquoi, suivant les
l'xpri'ssious doAl. Hartli, ils constituent une littérature, nulle-
nu'ut une législation. l'itintUirbriteit, manuelspour'ctudiaiits,
ils nous décrivent peut cire l'idéal sacerdotal, mais ue uous
-;u;intisseiJt nullementque la réalité s'y soit pliée. Ku suivant
rt'tle peute .M.Nelson- eu venait à conclure que le moindre
h fautde la « loi hindoue » c'est de n'exister, il vrai (lire, que
•i.insrimagiuutiou des lirsihmanes et de leurs dupes, les phi-
l^luijiies européens.
Il semble r|u'uue observation plus attentive de la vie liitt-
'I me permette de s'acheminer aujourd'hui vers une opinion
moyenne. Ku (ait, sans qu'ils aient jamais été promulgués â
l'Kipicmcnl parler, les twUu lira h maniquesjouissent, pour
S:>plupart do leurs prescriptions, d'une autorité incontes-

I. Stoole, The Itw cuslvin of Hindou Castes, |>. XIII, \ïi.


i. AnVir«/ Ihf Ilintlu tair et Aiiroffiri-tuic of the llimlii law, rritii|Ui's
il A. Huilli, faine trili'iuv, 1S78 I, |i. U7. mî, Il. |>. 10'J.
tO't I.'AXNKK SOCIOIOBIOI'K. ifMKi-plOîl

4 ..1,1.i. • i.iiJin /Isi tri


table auprès de la lili tu mtlkiwtu tnlIDiin /Irt lit
plus grande musse do tu population
fintMl 1

hindoue. Peul-ôtro cette autorité s'explique telle précisé-


ment pur la méthode de tolérance et de conciliation que lions
avons définie. t)e ce Droit aussi on peut dire que s'il mène,
c'est sans doute dans la mesure où il n suivi.
Une théorie récente, s'élevnnt contre les excès du ronuin-
tisitie juridique, (le montrer que partout où l'on
nous invite à admirer un droit couttiiuier, comme jailli de la
pratique unanime et spontanée des intéressés, ou peut décou-
vrir l'ujuvn! patiente d'uue jurisprutlpiice religieuse1. Con'est
point par un lent et sourd travail (les consciencescollectives,
c'est par lus intuitions successives des individus inspirés
que les lois sont élaborées. Qu'on cesse donc d'opposer la
jurisprudence à la coutume celle-ci ne serait il vrai dire
qu'un ulluvioti de celle-là. Kl il pouvaitsembler, au premier
abord, qu'aucun cas n'était plus favorable à la théorie que le
cas soumis à notre étude s'il est vrai qu'il ne s'est trouvé,
pour dire le droit, aucun corps de « prudent» » plus révérés
que les castes brahmaniques. Maissi nos dernières observa-
tions sont exactes, même ces demi-dieux ont dtt faire acte
de dépositaires plus que de créateurs. D'innombrablescollec-
tivités, que leur constitution môme prédisposait au maintien
des traditions, leur apportaient des faisceaux tout faits de
coutumes, qu'ils se contentent le plus souvent de consacrer
eu les faisant converger.

Les mêmes analyses nous aideront peut-être à mieux com-


prendra pourquoi, d'unu munière générale, dans le droit hin-
dou,le Droit pénal parle si liiuil cl frappe si fort, lit sansdoute
il semble que nous ayons déjà fourni une explication du fait
en rappelant pour quelles raisons la religion continue d'en-
serrer toute la vie hindoue. Ne saisit-on pas un rapport cons-
tant eutre la prépondérance des conceptions religieuses et lu
dureté du système pénal-? Liroi'ielles apparaissent comme
des violatious d'un ordre divin, il est naturel (pie les fautes
inspirent une horreur sacrée, et qu'elles soient répriméesavec
une vigueur sans mesure.

1. Lamlierl,ouvr.vit., pussim.
2. Y.Weslcrniurk. Oti'jiuand derl. oflhe morali tlean,p. 193.198.
C. HUfOLÉ. – 1.K UI101TKT I..V i.'ASTIi KN I.VUK IW

Maislexplientiou ainsi présentée eslellosufllsanteîDVibord,


tout en gardant tu haute main sur les institutions, lit religion
no pouvait-elte user progressivement de menaces moins
lourdes? Il estvrai que tes croyances primitives « rougissent »
avec une sorte de brutalité aveugle Mais puisque la religion
hindoue se prêtait à uue certaine Elhiskritiuj, puisqu'on peut
discerner, dans la tradition do ses juristes prêtres, une sorte d<?
progrès qui se révèle nu ralMueineul rie tel concept juridique,
pourquoi ce même progrès nu se serait-il pas tratlnil par une
atténuation des peines ? Il reste à montrer lu force qui s'op-
posait à cet adoucissement.
D'une manière plus générale, il ne sulïlt pas, pour reuclre
comptedes caractères d'une institution quelcouijue.de cons-
tater qu'elle était enveloppée de religion. Don lui vient eu
ai inlie aux y«ux des hommes? Quelles raisons les incitaient
à se la représenter connue sucrée ? C'est sur ces points qu'on
voudrait plus de lumière.
Au surplus, un a ellecliveineiit essayé riefournir, cluvolume
et du poidsdu riruil pénal, des explications plus complexes,
(tu a signalé une relation constante entre la dureté des peines
et la structure im>nietics sociétés La paierie des supplices est
.laulant plus riche que les sociétés sont moins compliquées,
moins tlilléreuciées, moins et qu'en môme temps
il s'y reucuulre une plus grande concentration de lu força
iiouvvrueineutule. Un type social très simple d'une et,
d'autre part, un pouvoir central absolu, les deux piliers
des systèmes répressifs barbares, ("est lorsque ces deux con-
ditions sont réunies que les consciences collectives sont les
plus exijjeaules; c'est alors qu'elles réclament pour l'ordre
>ocial étiihli un respect religieux, et défendent cet urdre par
lt\s peines les plus cruelles – Dansquelle mesure cette Iliéo-
iii.'concorde-telle avec ht .situation respective du droit et du
n-^ime dus castes en Inde'
Il semble au premier abord que la discordance soit frap-
paulc. Xenous répétait-on pas que la notion même de l'Ktat
manque à l'Inde, et que ce qu'elle conçoit le inoins c'est la
puissance d'un gouvernement central? D'autre part est-il
p«nnis d'appeler simple et indilléreueiée une société comme
la société hiuduuc, avec cette multiplicité de groupements

Deuxl.uis île l'th-iUulionpénal*l Année


1. V.DurklK'im, >,nù»h'ii-iw,
IV.li. GS-SW/. ilu
Cf.ht Uivisiun Tnteail, Liviu I. i-lmp. cl i. il'aris.
m
F. Almn).
1U0 I.AXXIÎE «DCIlU.OOlQl'R.4905-1900

qui se spécialisent, eu même tempsqu'ils se repoussent et su


superposent?
Mais peul être l'objection fait-elle fond sur un certain
nombre de malentendus que nous pouvons maintenant dénon-
cer. 11importe do remarquerque, lorsqu'on parle d'un pouvoir
central forl, comme d'une des causes de lu rudesse du droit.
on n'entend pas un gouvernement complexe et étendu, dont
tes (onctions nombreuseset variéess'exerceraient sur tous les
points du corps social. L'absence de limites et de contrepoids,
voilà ressentie) de l'absolutisme. – Or if avons-nouspas vu
que précisément cette coudiliou était, mieux qu'ailleurs, réa-
lisée en Inde ?La désuniou même ù laquelle les castes se
condamnent laisse le champ à tous los despotes petits ou
grands; la lourdeur de leur main ne rencontre aucune résis-
tu nce. – D'ailleurs qui dit gouvernement fort ne pense pas
Hi-cessairenient au seul pouvoir séculier. S'il est vrai que
celui-ci t'treint mal lu société hindoue et n'y laisse pas une
empreinte profonde, uous avons mesuré en revanche à quel
point celle-ci se prête ù lu mainmise du pouvoir religieux.
Tout inorganisée qu'elle est, la classe des prêtres a su imposer
à la niasse un respect dont ne jouissent pas les tyrans les
mieux armés. Tousles laitonsqui, dans les sociétés primitives.
rendant les rois à la fois adorables et redoutables, en fout des
espèces d'Iiumnies-dicux on les retrouve concentrés sur la
personne sacro-sainte du Brahmane et nul manu ne rivalise
avec celui qu'onlui attribue. la société divisée qu'il domine
son prestige sert de cculrc. Les ligues de force qui en rayon-
nent ordonnent autour de lui toute la poussière des castes.
Violer lesprescripliousqu'une tclleatitorité sanctionne,n'est
ce-pas commettre une surte de crime de lèse-divinité qui
appelle les châtiments les plus durs? Contre les sévérités de
cet absolutisme, il ue.se trouvait pas de démocratie en Inde
pour faire entendre la protestation de la < philanthropie ».

Que les castes au contraire fussentbien faites pour seconder


ces sévérités, pour quelles raisons elles devaient se prêter et
coopérer volontiers aux rigueurs de la répression, nous pou-
vons aussi nous en rendre compte. S'il est vrai en effet que
les groupes fermés ont été en se spécialisant, et qu'aiusi une

1 C'i-slt«Divinequi sort«le<vnlivîle ralliementaux i«iimri|UèS


du Fra-
zn\ dans le Hameau il' or.
C. ll(Jl'il!,K, |.K UtlulT KT U CASTK KX INDU 167

.J~ v.. _t=__e_ _m_ ~n _ee_ft~ .t. t_ _awe~ t.


forme de la division dit travail s'Installe dans la société hin-
doue, In phénomène n'a rien de communavec la différencia-
tion libre et progressive dont nos sociétés, parexemple. nous
donnent le spectacle (îrûce à celle-ci l'indépendance des indi-
vidus se fait jour, le contrôle des collectivitésse détend. Rieu
do semblable eu Inde, où la caste spécialiséelient sesmembres
i inmubiles et serrés les uns contre lesautres dans le cercle des
usages et du métier héréditaires. Un pareil milieu plus que
toutautre est favorable à cette unanimité de sentiments, à celle
intolérance pour toutedivergenco,qui se traduit normalement
par le caractère sacro-saint des coutumes et lecaractère cruel
des peines. Les collectivités élémentairesdont la juxtaposition
constitue le régime des castes appartiennent donc à un type
social très simple en elïet. Leurdifférenciation interne est au
minimum et il n'est pas étonnautqu'àfinlérieurde chacune
d'elles la conscience collective manifeste impérieusement sa
prépondérance.
Mais lursqu'il s'agit des relations de ces groupements élé-
mentaires entre eux et des règles qui fixent ces relations,
peut-on parler encore d'une conscience collective qui récla-
merait, pour assurer le respect de ces règles, un système de
pénalités sévères? Si les éléments constituants du régime
s'efîorrenl avant tout de vivre dans l'isolement moral et se
refusent à toute espèce d'unification, d'an vient sa rigueur
au droit qui détermine leurs rapports? – C'est que préci-
sément cette multitude do cercles se touchent en un même
point. (:es consciences collectives distinctes ont un certain
nombre de parties communes. Elles s'entendent sur certains
sentiments. Et ce sont reux sur lesquels reposeleur séparation
même. Elles admettent toutes plus ou moins explicitement
que les sangs ne doivent pas se mêler, ni les rangs être con-
fondus. S'il est vrai que les Hindous ignorent d'une manière
générale les usages propres aux castes qui ne sont pas la leur.
c'est du moins, chez tous également, un article de foi qu'il
y a des castes, qu'il doit y en avoir, et qu'avant tout Tordre
qui les maintient distinctes ul hiérarchiséesdoit être respecté.
Et sans doute cette immobilité est relative, et sur bien des
points plus apparente que réelle. Pas plus que les mélanges

i Jiiiiii--Mill. Dril.arlicloCaste)montrecumulent
tEm-yel. la ilivisinndu
Imvoill'iitw raslosarrMe,dans l'ordreéconomique. |s «iTelsproKivssifs
dola division«lutravail.Ilfaut<llr» «rliosi1, fortiori,îlesuirets
la111*1111! et«
<li-la divisiondu IwvulldimsTordrasocial.
IOS I.'aNXKI-: SllCiOl.tIUHilli. l!)03-ll)Wi

no sont radicalement évités, les distances ne sont toujours


gurdées Un voit plus d'unecaste conquérir peu à peu, à force
d'ambition tenace, des rangs daus tu hiérarchie. Mais c'est ici
le eus rie répéter qu'au moment même où elles sontviolées, il
y a des règles t|ui ne cessent pas d'ôtre respectées. Ces mésal-
liances, ou essaiera de les dissimuler ces ascensions, on les
présentera connue une restauration de lu tradiliou mieux
couuue. Ou fera tout ce qu'il faut eufhi pour obtenir l'absolu-
tion et la eoiJséeniUoHdu tiraiimane, gardien de tout le sys-
tème, support coucret et vivant des sentiments que le régime
entretient et qui entretiennent le régime
On a bien des fois observe que lu notion même du patrio-
tisme niiiii(|ue à lu société hindoue. Ht tout ce que nous avons
dit de»effets normaux de lu caste, « le plus actif di»principes
dedrôinttyrolioit que l'humanité nit connus » uoiismdoàcom-
prendre cette liicuue. Mais si nos dernières observations sont
exactes, il se rencontre; dans cette môme suciété une espèce
de sticcéiliiuédes sentiments nationaux et c'est précisément
l'aUncheuieiii commun de ses groupes élémentaires l'ordre
traditionnel qui les juxtapose. Ou pourrait dire, en ce sens,
que le respect du régime des castes est lu patriotisme des
Hindous. Ils réalisent ce paradoxe, de ne pouvoir s'unir que
dans le culte de ce qui tes divise.
Duus ces limites il est permis de parler, ici aussi, de senti-
nieutseolU'clUs intenses, quîs'cleveutnu-deKsmsde celle pous-
sière de {troupes. Et il ne faut pas perdre ces sentiments de
vue si l'un veut comprendre pour quelles raisons et jusqu'à
quel point le droil hrnhinunique, avec lescaractères que nous
lui avons reconnus, plonge ses racines au sein iiiùincde l'unie
hindoue.
C. Bouclé
I. V.li-scuiu-luxions ,pii .<•i|l'-|«if>i.'ii|
dusoni|Ui"li;siluM.llislry.sur l.i
liitM-aivliii-ariii.lli'iiii'iilii'i'riniiiii.-
,1'euiuiofInitia.Illitl,vul.1 [Iwliu,par
MM.Itlslif.vet liait p. J>39 s>|i|.Vol.VI {Ile/njul,.M.Ouil|,\>100 sip|.
Vol..Mil{Central /Vo«i.itusM-ll;.p. lot.
DEUXIÈME PARTIti
ANALYSES

1MUS.MIKUK
SECTION

SOCIOLOGIE GÉNÉRALE

I. KONCKI'TIOX
UÔKRAW;
HK I,A SOUIOLOUIB.
MÉTUOUOLOulK
l'ai1MM.
Uiancosi,
DuuiiiiKiu,
Ai:wx,
Booi;i.k.tlut'iiTicij

WAXWK1LKH(K.MH.K).– Esquisse dune sociologie, Notes


et mémoires do l'ittstitttt Sulvuy de sociologie. Fascicule i.
Hruxelles et Leipzig. Aliscliet Thron, p. 300, iu -8.
Ce livre est J^jjimiifesle de l'Institut Solvay. 11 contient
uuu classification des seiunees, et une déliuilion fle lasoi-iolo-
gio eu fonction de wlle eiassitlealioti. Ouy «ppraid (p. (52 ijue
ta sociologie est « Y,\physiologie des pliéijoiuèues rwiclion-
uels dus aux excilulious nnittielles des individus de munie
espècesiius dittUuclion de sexe », et qu'elle est une branche
(ial'éthotwjii' ou science {ténënilo (les rapports île l'être viv.'iut
avec sou milieu. On est tout do suite lixi-: la soeiologk' est
uue science biologique. Uequi nousintéresse, c'est la critique
que "M.AV.dirige contre les conceptions de Ist sociologie dif-
férentes de la sienne, contre celles eu particulier qui oui le
tort du ne pus « se cramponner ùlïndividuagissanl » (p. O-S-j.
11trouve « illusoire « p. ilii Ja tentative de déliuirle « fuit
social ». Le sociologue ne devra étudier eu somme, suivant
luî; itju' « un état particulier de lu sensibilité physique ». Kl
ce qu'il appelle ulHiiilèsociale se réduit estdernière analyse à
uue forme parliculière de l'irritabilité. Défiuir le fait social,
ce serait chercher une donnée sociale qui existerait en soi.
i-éder à uu esprit réaliste qui n'est plus de notre Age. Eu
iTO
0 I.INNKE SOCIOLOGiyiK. IDUMflOU

vérilé, M. W. croit encore que ta science n pour objet immé-


diat la réalité vivante, celle qui peut se toucher et se dissé-
quer. Tout ce qui n'a pas uuo base organique palpable ne
saurait être pour lui qu'une abstraction. Il faudrait renvoyer
M. W. à l'étude de la physique moderne pour lui rappeler
que la science travaille précisément sur des abstractions, et
que ce n'est qu'en élnboraut des concepts qu'elle parvient à
connaître du réel ce qu'elle en peut connaître, des relations.
Kt d'ailleurs, dirait-on, n'y n-t-il pas dans l'existence même
des groupes sociaux une garantie Rtifllsaute qu'on ne spécule
pas sur des entités? M. W. a prévu l'objection. Il démontre
(p. iîliOet p. 2(11)que le groupe ne doit pas, ne peut pas être
étudié en iui->néuu<.C'est une abstraction de mêmesorte que
l'espèce pour le naturaliste. Ici on pourrait prétendre non
sans fondement que, pour un sociologue qui ne s'embarrasse-
rait pas du point de vue biologique, c'est plutôt l'individu qui
apparaîtrait comme une abstraction, au sens que M. W.
donne à ce terme. Toutefois, .M. W. reconnaît qu'il y a à la
base de cette abstraction « le sentiment incompressible que
l'organisation sociale est. » Kl ce sentiment, il ne l'explique
pas, parce qu'il laisse de coté tout ce qui n'est pas réaction
actuelle d'un être vivant, et qu'il néglige l'étude des représen-
tations et des actes qui marquentles traces de l'activité propre
du groupe.
Il est inutile de montrer comment M. W. rejette l'élude
des représentât ions collectives ip. !>l), de ces « précipités
d'activité n ip. 100). qui ne peuvent donner qu'un « aspect
îiécrographiquo des choses «. Mais il est intéressant de sur-
prendre M. W. en rupture de principes. Dans son chapitre
sur la Formation miule rfr tndolturenl, il ne peut s'en tenir n
mesurer la sensibilité sociale de l'adolescent, mômeen invo-
quant le secours de M. Féré: il est nhligé.dansl» personnalité
de l'individu humain, (l'admettre ip. 1 35) une sorte ù'outil-
Unjemental, ci-que l'on appelle couramment le bagage, com-
prenant !r>langage, le savoir, les croyances, les règles mo
raie?, eu un mot, la sommedes acquisitions transmises qu'il
lui a été possible de s'assimiler; et cela n'est pas autre chose
que l'ensemble des représentations collectives, enracinées
désormais dans l'individu et vivant en lui. Maisil y a plus;
il admet t'existence d'une conscience sociale (p. 248 sqq.). Il
essaie sans doute de t'expliquer, en fonction de sa théorie,
comme « l'expression immédiate île l'allinilé sociale ». Mais
ASAI.ÏSKS. CÛNl'-KPTrOSC.KKIÎIUI.BDR LA S0CI0I.OQIK 111
-I.h .a~- -1 f~at_ 1- 'Ju1t.2-
les développements qu'il indique pur In suite sur l'esprit de
corps, sur la conscience do classe, se réduisent mat à sa ter-
minologie. Pour que l'individu puisse ressentir les offenses
faites au groupe, il faut que le groupe ait nu moins une por-
sonnalité monile. Et c'est tout ce qu'il stiHirail d'établir. 11
est des sociologues qui n'ont pas besoin d'uue personne phy-
sique comme substrat a cette personne morale; peut-être
M. \V. a-t-il l'esprit trop « biologiste pour s'accommoder
de cet état d'esprit.
A.B.

JANKELEV1TCIIi»r S.). Nature et société. Essai d'uin-


application du point de vue dualiste aux phénomènes so-
ciaux. Paris, F. Alcau, 1ÏHMÎ,
p. 188, in-10.
Voilà encore un livre de généralités philosophiques sur la
nature de la société, cl de généralités à travers lesquelles il est
ditticilc de sentir uue pratique bien intime et bien familière
de la réalité sociale. Nulle part, l'auteur ne douue l'impres-
siou qu'il soit entre eu contact direct avec les faits dont il
parle; car nous ne croyons pas que les idées générales qu'il
développe soient illustrées d'un seul exemple concret ni appli-
quées à un seul problème sociologique déterminé et précis.
Quel que soit le talent dialectique et littéraire des auteurs, on
tio saurait trop dénoncer le scandale d'uni' niéthodequi froisse
à ce point toutes nos habitudes scientifiques et qui, pourtant,
est encore d'un emploi très fréquent Nous n'admettons pins
aujourd'hui qu'on puisse spéculer sur la nature de la vie,
sans s'être initié, au préalable, ù la technique biologique; par
que) privilège pourrait-il être permis au philosophe de spé-
culer sur la société, sans entrer en commerce avec le détail
des faits sociaux 1
L'objet du livre est de démontrer que les sciences sociates
ne sont pas « des sciences au sens véritable du mot, c'est-à-
dire assimilables aux sciences naturelles •>ut que les phéno-
mènes dont elles s'occupent ne rentrent pu» dans le cadre des
phénomènesnaturels, mais constituent «quelque chose, sinon
d'opposé, tout au moins de di lièrent » <». £•&>.L'auteur se
défend pourtant d'entendre par là que la société soit en dehors
de la nature, « no reconnaissant aucune loi, aucune règle, ue
se répétant jamais et ne se manifestant que par une série de
hasards et d'accidents ». 11sent bien qu'uue telle société est
172 I.'aNXKK -MiCIQUiUlUl'II.|9i)D-|<HM)

impossible; mais il estime pourtant que l'iiomine, comme


être social, a le pouvoir do s'opposer u lu uaUire, d'échapper
à ses lois, de les corriger, de les compléter eu vue de cer-
taines tins à réaliser (p. 4). C'est doue bieu le principe do la
sociologie coinliste, et, plus généralement, de (otite sociologie
scientifique, qui se trouve mis eu contestation.
Quantala démonstration de la thèse, elle tient tout entière
ilituâ les deux arguments suivants, que railleur répète sous
des tonnes différentes, mais sans variationsessentielles. Dans
sou exposé, elles sont souventconfondues; mais, bien qu'elles
soient denature ù se prêter uu mutuel appui, il y a, croyons-
nous, intérêt à les distinguer et à les apprécier séparément.
Toutes les choses qui sont dans la uature ressor lissent ù .la
catégorie de l'être; tout ce qu'on eu peut dire, c'est qu'elles
sont et qu'elles sont ce qu'elles sont. C'est pourquoi les
sciences nalnri'lles n'ont d'autre objet que de nous fuire savoir
(•(•(/«/est: elles ne font qu'exprimer le réel, tel qu'il nous est
douué. Mais quand apparaît l'homme, et par conséquent
la société dont l'homme est iusépand>lc, apparaît aussi une
catégorie nouvelle qui est celle il? lu ruh'ur. Nous ne nous
bornons pas à savoir ce que sont tes choses, nous les «/i/r-
cioits par rapport à nous, nous les déclarons bonnes, mau-
vaises. iiidilTéreiiles, etc., suivant qu'elles favorisent ou cou-
trariuiit uosdésirs ou ne les allectenl d'aucune manière. Nous
ajoutons ainsi à la nature une p'-onriété qui no lui est pas
iulriiisèqiii nous superposons au point de vue naturel, qui
est celui de la science, un point de vue nouveau qui est le
point de vue humain. Les sciences naturelles sont donc
incompétentes pour connaître les choses sous ce second
aspect. Or ta vie sociale est faite auiqueineut de valeurs,
valeurs religieuses, morales, juridiques, économiques, artis-
tiques; tout. dans la société, est considéré par rapport à
l'homme. Les objets les plus pauvres eu matière, eu proprié-
lés physiques, peu vent avoir un prix, un prestige social incom-
parable, si l'opinion li munine le. leur attribue. D'où suit
que les sciences sociales ne sont pas assimilables aux sciences
naturelles.
Ku second lieu, les phénomènes sociaux ne peuveuts'expli-
quer qu' 'historiquement ils sont tous le résultat d'une évolu-
tion. Or, qu'implique l'idée d'évolution ? Que les choses ut;
restent pas identiques;»cites mêmes, que quelque chose lit-
nouveau surgit, apparatl àuu moment douné, qui n'était pas
ANALYSES. – CO.N'l.'KI'TION (iKNKIIM.K UR LA SUCIOLOlilB 473

auparavant et révolution sociale est une succession inlnter-


rompue de nouveautés du ce goure. Lu iinluro, au contraire,
c'est ce qui, par riélhiiliou, ne change |i:is, eu c}«tiest totijotirs
immuable. Lu matière de» sciences naturelles. c'est ce qui se
répèlt» identiquement; tour rôle, c'est de découvrir des }ois
i|iii sont toujours et partout les mêmes, c'est de rainminr les
lois particulières û d'util les plus universelles, c'est d'ellacer
les dilnjreuees, c'est de montra' l'uniformité sous ht diversité
appareille. Sur ce point encore, pur conséquent, il ne semble
pas qu'elles puissent servir (lemodèle aux sciences sociales;
car 1'histoiro ne se répète jamais.
Deces considérations, il résulte que le point de vite léiéolo-
nique doit dominer dans les disciplines qui traitent do la
société. Si nous comprenons bien l'auteur, elles doivent «vont
tout se proposer pour objet de construire des lins idéales, do
déterminer ce qu'il faut vouloir, ce que sont ou plutôt com-
ment il convient d'apprécier les différentes valeurs humaines.
Sur la méthode qu'il faut suivre pour procéder ces appré-
ciations, aucune indication ne nous est donnée.
Nous craignons fort tout cet échafaudage dialectique
ne repose sur une notion confuse.
L'aulL'urscinblc admettre comme une évidencequ'iln'existe
(ju'une nature, c'est la nature physique, et que se refuser à
admettre une hétérogénéité radicale entre les sciencessociales
et les sciences naturelles, c'est admettre ijixofart» que le fait
social est tout entier réductible ;iux propriétés de la matière.
I*ourlui, lu nature, c'est l'ensemble des forces cosmiques et
c'est pour cela que nature et humanité nous sont toujours
présentés dans soit livre sous {orme antithétique. Ainsi enten-
due, la thèse naturaliste était faeile ù réfuter; seulement il
fruit ajouter que, suus cette forme, elle ua pas été soutenue par
des sociologues du quelque autorité et il serait bien extraor-
dinaire qu'elle eut rencontré beaucoup dec redit puisqu'elle a
pour corollaire la wéption moine do la sociologie. En tout
cas, et puisque M. Jankelevilcli nous fait l'honneur do nous
choisir comme le représentant actuel de la thèse qu'il com-
l.al (p. 2t. il nous sera permis de dire que toute notre tniivre
proteste contre ce monisme éléatique. Si nous avons dit que
les sociétés sont dans lu nature, nous nous sommes attaché,
avec non moins de force ù montrer que la nature socialeest
sui (jeinris, qu'elle est irréductible, non seulement à la nature
physique, mais même il la nature psychique de l'individu.
174 i.'a.\xkksocioiooiqvk.
l'jos-iaoo
Déclarer que les sociétés sont des choses naturelles, que les
manifestations colledi vosson) soumises à des lois nécessaires,
ce n'est doue pus soutenir qu'il n'y a rien de nouveau, rien
de divers dans le monde. Nul ne s'est plus efforcé que nous
du faire voir que les nouveautés caractéristiques de I» vie
sociale sont bien réelles, et, d'une manière générale, que la
diversité des choses n'est nullement apparente en quoi,
d'ailleurs, nous ne faisions que suivre la voie ouverte par le
fondateur de la sociologie positive, par Auguste Comte, qui
allait mémo jusqu'à admettre une solution de continuité radi-
culeentre les dilléreuts régnes de la nature, et même entre les
différentes espèces animales. Si donc, connue tout le prouve,
c'est bien notre méthode que M.J.aa entendu combattre dans
sou livre, ou il la connaît niai, ou il l'a mal comprise. Il est
possible que uous nous soyons mépris et qu'on ne puisse,
sauscoutradiction, concilier la thèse naturaliste et le principe
do lu spécificité des choses sociales; mais d'uu autre côté,
pour établir la thèse contraire, encore faut-il nepas oublier
ou ne pas ignorer que cette conciliation u été tentée et par la
doctrine même qu'on prétend réfuter.
Et d'ailleurs, on voit mal eu quoi le caractère par lequel
notre auteur singularise tes faits sociaux empoche de les trai-
ter suivant des méthodes comparables
à celles qu'emploieut
les sciences naturelles. Sans (toute, la vie sociale est faite de
valeurs elles valeurs sont des propriétés ajoutées aux choses
par les consciences humaines elles sont tout entières ie pro-
duit de mécanismes psychiques. Mais ces mécanismes sont
des faits naturels, dont on peut faire la scieuce; ces apprécia-
lions que l'opinion porte sur les choses dépeudeut de causes
et de conditions qui peuvent être iuducliveineul recherchées.
H y a donc lu matière ii tout un groupede sciences
qui, comme
les sciences de la nature physique, remontent d'effets donnés
aux causes dont dépendent ces effets tel est l'objet des
sciences sociales. Et c'est seulement quand on saura mieux
eu quoi, en fait, ont consiste dans le passé ces créations et ces
classifications de valeurs, quels sont les processus mentaux
d'où elles résultent, les facteurs de ces processus, etc.,
qu'il
sera possible de substituer à ces évaluations empiriques, ins-
tinctives, inconscientes d'elles-mêmes, des méthodes plus
réfléchies et plus rationnelles.
K. 1).
A.Uk»KS. -– «OjrCBPTIO» 0KXKIIU.E Dit LA «OCIOLOiilK 175

SPHANOEH(Kouakp). – Die Grnndlagen der Geschi-


chtswlSBeusohaft, eine erkenntnistheoretisch psy-
chologische tratersuehuag. Berlin, ltcullicr und Hei-
chard, 1005, p. Ifô, in-«°.

L'ouvrage comprend trois parties I. L'IiUloiroella théorie


<lelu cuiuiuissuuce II. I/Jiistoiro et lii psychologie 111.La
philosophie do l'histoire. Laateur commence par uue critique
le la théorie knu tienne et néokaulieime de lu connaissance,
.|tii est particulièrement inexacte eu ce qui coiieenie lu con-
naissance historique. Toute connaissance, et la connaissance
historique spécialement, est fonction du l'aine tout entière;
mie critique de lu connnissancu historique doit donc résulter
moupus du la seule uuuiyse de l'entendement abstrait, mais
de l'étude de toutes les tondions psychiques, y compris la
clouté, les désirs, les tendances.
Mais la psychologie est nécessaire à l'histoire autrement
i|ue tliiiis ce seus très général. Aprfcsavoir critique les cou-
n'jttions métaphysiques de Selielling et de Hegel, il expose
1 critique à leur tout* celles plus modernes de Lumprecut,
Wundt, Sigwart, puis de Uickert cl de Mâuslerberg, puis il
il. veloppesa propre conception. Lesfaits historiques sont la
psulunte de l'activité libre des individus; il résulte de là
i|iii.' toute explicatiou historique doit eu définitive se référer
;i îlesconsidérations de psychologieindividuelle. Éluul don-
mu la complexité des causes, une telle explication est néces-
sairement plus ou inoius conjecturale et commed'ailleurs la
réalité historique n'est pas coiuplôtemeutrationnelle (p. I lîïi,
il y a uue grande part de subjectivité dans les résultats.
il n'y a pus véritablement en histoire de loi générale. Les
»;imcepls"quo"forment les. bislorieus ii'onl aucune valeur
« » au sens kau-
objectivé";ce sont des notions régulatrices
lit'ii, des moyens techniques pour exprimerle réel, des sym-
bules. Parcouséquent, chaque liistorwn peut les former d'une
f irondifléreute tp. 100et lui i; unecoastruclioii historique,
rumine aussi une philosophie de l'histoire, est une œuvre
()'art(p. UÛetliGi.l,
dout il
Cequi guide et doit guider l'historien dans la façon
présente les faits et tes explique, ce sont les lins qu'il pour-
suit, des Hns naturelles. L'historien ne perd jamais de vue le
présent c'est par une citation de liismarck que se termine
A. A.
l'ouvrage.
17(1 I.'ANVIÎK ISOS-1900
SbCfObOfllQVK.

N A VILLE (AuKiKïO. – La sociologie abstraite et ses divi-


sions. lient? Philaxopliit[uetmai 11)06,p. 457-471.
L'auteur entreprend di> définir et do diviser la sociologie
comme si elle était encore tout pntière a créer, comme si ses
cadres n'étaient pus en train de se constituer d'eux-mêmes
pur les progrès naturels de la science. C'est dire tout ce qu'a
d'arbitraire sa conception qui a été manifestement construite
diuiccliquement et loin des choses.
Voici tout d'abord comment il définit lu sociologie c'est lu
science qui recherche les lois naturelles des relations entre
les hommes. Ces luis consistent à établir les rapports que
soutiennent telles de cesrelations avec «autre chose », uutuni-
ment avec d'autres relations sociales ou des événementspsy-
chologiques, biologiques ou physiques. Kl voie», à titre
d'exemple, une des questions qu'aurait à se puscr lu sociolo-
gie « Si, dans un pays de fortune moyenne, l'Étal augmen-
tait subitement les impôts dans une forte proportion, quelles
seraient les conséquences de ce changement pour le com-
merce local, etc. » .Nous.sommessingulièrement surpris
de voir un philosophe considérer cette prévision comme une
détenniualioii du a lois naturelles». S'il est pourtant une défi-
nition sur laquelle ou semblait d'accord, c'est celle qui fait de
toute loi naturelle uu rapport eutre faits acquis et réalisés.
Desadélluilion, l'auteur conclut qu'il doit yavoii autant de
parties dans la sociologie qu'il y a de sortes de relations iuter-
humaines..Mais les relations juridiques, morales, politiques,
économiques, religieuses ne lui paraissent pas avoir»le carac-
tère sueiolojçiqut.'», sous prétexte qu'elles ont pourracines des
désirs personnels; et il propose la classification suivante: col-
laboration, échange, donation, spoliation, autorité, langage.
L'auteur nous prête cette opinion que sont seuls sociaux
les faits « qui se produisent souvent, qui sont fréquents ».
Nous savons bien que c'était la thèse de Tarde; mais ce n'est,
à aucun degré, lu nuire.
E. 1).

Revue de synthèse historique, juin 1903-avril190U.Paris,


Cerf.
La Retue (le synthèse historique annonce, pour sa septième
année, un nou.vjiau-cycle de «crues générale».On sait quels
– COSCKI'TIOX
A.V.U.ÏSUS. tiKNKJiALK
liK U »UC|OLUiilK177

services «Milrendu ces « inventaires du travail fuit et a faire ».


(:eux de )ii dernière année n'ont porté que sur l'histoire èco-
iinmiqiie de lu Dévolution frauçaiso. Du moins ont-ils été
aussi complots t|u'oii pouvait le souhaiter. M. lioissoniiade,
après avoir cité une quantité énorme do travaux consacrés h
l'iiistoirf du commerce, ou de l'industrie, ou de l'agriculture
à cette époque, fait prévoir qu'il faudra encore, avant l'heure
de ht synthèse, des années d analyse. Sjoit, mais le spectacle
de tant de recherches incoonloniiécs, et qui souvent laissent
dans l'ombre les points qu'il serait le plus intéressant d<<
mettre en lumière, donne aussi lesentimeut de la légitimilé
des essais synthétiques, l-'ussent-ils tout provisoires, ils ont
le grand avantage de hiérarchiser les problèmes ils permet-
tent rie dresser des sortes de questionnaires méthodiques, qui
suideraient utilement l'enquête des érudits.
Les Reçue*critique* ont pris plus de développement. S.pro-
posdès"oiïvr!i{çesde MM. Nannri etHossi, le ])rJ»iih«Icvitch
rappelle(]tie le Renie est avant tout un phénomène social
11<mqu'il soit un simple produit du milieu, mais il est reconnu
hic lu foule parce que la foule se reconnaît eu lui. A propos
des ouvrages de MM. Vecchio, Levi elStern, le même auteur
indique que le prohlème de la philosophie du droit est un
in ublômod'ordre moral, c'est-à-dire qu'on ne peut déliuir le
rapport du droit naturel an droit positif, sans tenir compte de
l 'ensemblede croyances et de désirs qui exprime plus ou
moins confusément, a un moment donné, l'idéal collectif.
M. Lichlenher^er résume,d'après K. Lamprecht,les caractères
île « l'ère individualiste » en Allemagne. M. Héau, d'après le
H' Hœnvald. analyse les facteurs psychologiques de l'esprit
moilenie. M.Wirth.dans une discussion xur lit met, fait justice
îles exagérai tous premières de l'authroposociolo^ie. Mais il
maintient coutnt la théorie des « étapes » de Lamprechl et de
lireysijf rimportance de sa « théorie raciale » pour l'expli-
alioiidu sHcw'-sdediverses religions, on des diverses {ormes
jiuliliqiics.
M. Herr. «jeson côté, note les progrès ou I wreculs des idées
i[iiifùïsinil chères, il juge la méthode de M. Brunetiêre trop
j.eu nlijcctive! celle de la « Sociological Society » tropéclec-
liipie et aussi trop préoccupée de la pratique. Il craint que
celk1de l'Aiiw'e siii'mhijitfuc, eu matière de sociologie reli-
jjieusp, nodeviennetrop exclusive. A propos des thèses
uiitiaucicres
'H.ttUmU'H'.t de W1.
slw M. Dragliicësco',
t'tt'~m~Uit~t qui
~I'a semblait remettre
*<*M' *~<t<tt~ à la
M

Y,. DnikiiKm. – Aiiikt swiol., l'JOi-lUOU. M


H» I.'aXNKK SOCIOM>G!QtrK.
l'JOj-t'JOU

société le soiu de créer le tout de l'individu, M. B. demandait


« comment peut être diins le tout co qui «l'est pas, même eu
germe, dans te» éléments» il rappelait « qu'on n'a pas rendu
le tout plus intelligible tjuitiut un » fait de ces éléments un
simple reflet de ce tout. « M. ». n'est pus éloigné do penser
qu'à MM. Miiusset Hubert aussi lu môme chose devrait être
rappelée il lui semble qu'il vouloir réduire tout le religieux
au social ils risquent d'oublier et l'humain et l'individuel –
et la part (les facultés générales et celle des inventions per-
sonnelles.
Ailleurs, résumant une communication à 1»Société d'his-
toire moderne, M. IJ. mouIre combien l'attitude «les « philo-
suplies » vis à vis de l'histoire est eu général dillérenfe~eu
Allemagne de ce qu'elle est en Frauco. Ici. préoccupé qu'on
est de donner, ji;ir la systématisation sociologique, un carac-
tère scientitiq neà l'histoire, ou «considère eu général l'his-
toire traditionnelle comme un travail tâtonnant et
prépara-
toire ». KuAllemagne, il seinblwplutôt que (les logiciens se
contentent de construire la théorie de cette histoire, telle
qu'elle leur est donnée en fait pur l'œuvre des maîtres. De là
l'opposition que beaucoup d'entre eux tuaititicniieut entre la
science de l'individuel, l'histoire, et les sciences de type
naturaliste. L'idée de ue pas violenter, par une logique si
priori, le mouvement spontané des sciences, est eu soi respec-
table. Mais faut-il donc croire ([tic le mouvement spontané de
l'histoire luit conduite des aujourd'hui à sa forme scientifique
définitive ?
Dece Mrllwtlenstmt, nous retrouvons eucore un écho daus
les articlesde M. Xénopol sur lit notion rfc« râleur »euhisloicv,
Nous avons indiqué l'an dernier ici même (page IStf,eom-
ineiil les partisans de l'histoire science de l'individuel, cher-
chant malgré tout un critérium qui leur permit déclasser les
faits si-Ionleur importance, étaient a menésà reprendre leur
compte la formule de Schleierniuclier « La morale constitue
la théorie de lit connaissance de l'histoire ». Pour M. Hickert
comme pour M. Wiudelbaud, et môme pour M. liuruhcim,
c'est eu foiicliou des «. valeurs culttirales » que l'historien
aura à ordotiuer les faits parliiuiliersqu'il constaté.M
Xéuopol
s'efforce de démontrer l'inconsistance de relie conception,
l'arbitraire de cette méthode « C'est l'idée du bieu introduite
daus lu science et placée comme une condition du vrai exi-
gence absolument illogique. » L'auteur s'étonne qu'on ne se
AN.aYSR; – CONCEPTION(ÏISN'IÏIULKDE h\ MCIOLOCIE (TU

!<iU ntifl PAtilniitfi.


soit pas contenté, iiriui*
puni* M*<iitvni»tut
trouver un fii'iiipinn
principe ftVii'itt'A
d'ordre nnnlî.
appli-
cable à l'histoire, do eeUejmirpn. devenu qui joue suivant lui,
dans les sciences do la succession, le mômerùlo que la notion
ihyloidau» les sciences de la répéliliuu. Nous avons bien des
fuis indique ici même qu'il nos yeux, eu n'est pas seulement
i n (léleriuiiiiiiitdes séries uniques, mais des rapports cons-
i :uils, quel'histoire prendra les caractères d'uuoscience. Et il
ist cliiir que ce n'est pas d'uue « table des valeurs » plus ou
moins arbitrairement acceptée qu'elle recevra ces caractères.
Les valeurs ainsi comprises sont uu des objets de lu science
-uciule de l'histoire elles ne sauraient lui servir de critérium.
C. Jl.

r. KUllAliUT.– Ueber historisohes Erkennen. lien», (i.


(ïruuuu, 1006,p. 02.
iJuus ce court ouvrage sont traitées sommairement, iiiiiis
i laireiueul, les principales questions relatives à la méthode
historique. L 'auteur éuumère les difficultés spécialisa l'his-
l lire, obligée de fairo la critique des documents. L'inlerpré-
l 'tiun des faits douue lieu à des controverses non encore
..dievées. Les faits se succedent-Hs suivant des rapports de
iinalilé:' Y a-t-il tendance vers une lin générale de l'Iiiiiiiauité'
S'iclieiiiiue-t-on vers le progrès? Les contradictions des his-
toriens sur la nature de celte liu ou de ce progrès fout stippo-
mt que ces notions sont inexactes. Puis l'auteur expose les
'pillions contradictoires des historiens et des sociologues sur
li- iule des individus dans révolution sociale et sur le déter-
minisme historique. 11no dégage pas assez clairement lestraits
principaux de la science sociale. Il déclare que les lois sociales
mlnormatives, niais non nécessitantes, confondant, semble
i il. les obligations que la société impose consciemment, et
l,s luis– inconscientes – • suivantlesquellesse produisent et
loiictiouueut les croyances ou les institutions sociales.
M. H.

A. PAGANO. – L'oggetto e le leggi délia sociologia.


Kassegne analiliclie délia liicistu [talioua <li Sociologin,
Auuo IX, fasc. V-Vl.
tlet article est un compte rendu critique d'une note du
M. Musci, DvleoHtetloede limiti tklla xocioloyh,à l'Académie
lfO l'AXSKE SOCIOIOUIQVE.tSOS-IUWi

liée
des «cicncpe mnraloa An
do \nn\oa
sciences morales Naples • \fM. l>
I». t>nm>nnlin
reproche t\a M. Masci
une ctêfltiition trop intellectuelle du fuit social ip. 048). Il le
déliuit pur la « coopération » et « l'interdépendance n qui
valent aussi bien dans le monde organique que dans le monde
spirituel.
ANMtKWSil'.). – Die Wissonsohatt von der Gesellachaft.
Sclunurgciulorf-lierlin,Vorl.-lWuaissauct'.
DITTIUCII.–Die Grenzen der Geschiohte. Uipzifr, Teubncr.
WIESK\). – Zur Orundlegung der QesollschaftsloUie. léna,
Fischer.
Cul.MOAlvhei)»). – Principlos sociologioos. lUienos-Aires,Imp.
di; M.Uicdiiiuy Hijo. I'IOj. p. H79.iii-8. L'iuik'urse rnttacho aux
principe* cloitlnous nous inspirons ici. Il montreune conmûs-
»nn<Cétenduelit- ia littérature xociologi(iuc.}

II. – THAITIÎStiliNKUAUX
l'ur M.UmutÉ

A. SCHAEFFLE.– Abriss der Sozlologle (Esquisse d'une


sociologie», édite par K. Uùcher. Tiibiugue, Laupp, 1900,
p. Xlïo-2.
K. Uiicher, qui édite l'(cuvro posthume de Schaffle, nous
avertit dans la préface <v l'auteur, en revenant aux pro-
blèmes généraux qu'il avait essayé de résoudre daus sou
lUui uiul Lchi'iiilen SiKinlvu Kûrpers, obéissait à une double
préoccupation; fonder en raison sociologique l'altitude qu'il
avait été amené à preiulic dan» la question de la politique
figrnricnne; dissiper les fausses interprétations auxquelles
il avait exposé sa propre pensée, en la présentant jadis sous le
couvert des analogies biologiques.
La préoccupation de « spiritualiser » sa sociologie est sen-
sible i'ii effet dans YExt/tussede Scliiiflk'. Il répète qu'il n'est
pas plus spencèrieu « en ce (lui concerne la structure des
sociétés qu'il n'est « darwinien > ence qui concerne leur évo-
lution. Hn'a jamais confondu analogie avec bomologie La
société n'est ;t ses yeux que l'ensemble des peuples qui se
partagent la terre. Et il n'y a de peuple que là où il y a des
rapports non seulement entre des consciences, mais entre des
fnitmiwpersonneUt*.Trait nécessaire et suffisant pour difléren-
ANAI.ÏSK». – T1UITIS.S UKNKilAUX 181

cku-le»sociétés humaines (les sociétés uniinules dont Espinan


les rapproche. Le peuple n'est pas un simple prolongement
de ht « bande ». El le peuple n'est pas uun plus uu simple
élargissement de la famille. Lu base de celle-ci est physiolo-
gique. La base du peuple est psychologique. Le iiioiuk' social
est essentiellement uu cosmos moral, dont un ue devrait pas
dire qu'il devient, mais qu'il est créé. Il est créé pur l'action
que les consciences exereeul les uues sur lus autres et qui lus
rend de plus eu plus capables de promouvoir non .seulement
la culture – qui comprend le développement des facultés
lui mainesde plus ou plus libérées desservitudes do lu nature
mais la civilisation proprement dite, – qui veut l'ordre
dans la paix.
C(Hicréalité psychique qui constitue l'essence dos peuples,
Scliûfile se défe»»!uott seulement de lu déguiser eu réalité
biologique, tuais aussi de l'incarner eu une .substance méta-
physique. C'est pourquoi il évitera de parti pris les expres-
sions équivoques de Volksgeistet de Votkxxeel?. Il répètequ'il
n'existe pas à ses youx du système nerveux central qui serve
lu siège à t'esprit social. Ce sont les systèmes nerveux des
individus qui lui servent de support. Hrésulte des l'ouiiniiui-
ations conscientes iSchiifilc insiste, peut-être abusivement,
sur ce conscient) qui s'établissent entre ceuxci. L'esprit
-ocial est en uu mot immanent, non transcendant aux esprits
individuels. Ce n'est pas dire qu'il uo soit que leur somme,
l.e retentissement des penséesdes morts sur celles des vivants,
les Irotleuieuts do toutes sortes que celles-ci se fout subir les
unes aux autres, muUiplieul dans les consciences individuelles
les phénomènes dont elles sont te théâtre, dirions-nous, sans
en être les auteurs.
Ht cela seut .suffirait pour nous empocher de confondre la
-iociologieavec lu psychologie proprement dili1. Une autre
remarque importante, selon Scbàllie, empêche cette confu-
sion. C'est que la sociologie ne saurait se passer du « 1 expé-
rience externe « si spirituelle que soit l'essence de la société,
die a uu corps, elle nuvit que dans uu incessant contact, par
«leperpétuels échanges avec la matière. il ne faut donc pas
seulement étudier la société comme uu monde eu soi i ll'elt
fur xirli i miiisconnue une partie du monde (W'eltlifslamfdfU).
lie ce point de vue, Schiiflleébauche ce que nous appelons ici
une morphologienodule, étudiant lourù tour lu le sol 'pas de
pei.-le proprement dit sans uu Icrritoiro l'extension de leur
iHi l.AXXKE SOUJOLOUIQl'iC.
HKKMMC

territoire est nécessaire ta vitalité des peuples.);2" le eapitul


des peuples (distinction entre des biens matériels (lui se mul-•
ti])lk'iit et ceux qui ue se multiplient pas à l'iullni allusion
au problème agraire): 8" la population elle-même (sou accrois-
sement est signe de santé sociale mais il faut m préoccuper
de lit qualité aussi bien que de lu quantité, do l'amélioration
aussi bien que de l'augmental'iou).
L'essenceet 1» matière do la société étant ainsi définies, il
faut.pourcompreudresa vie et souprogrès, analyser les forces
variées qu'elle fait fonctionner. Et d'abord les personnes,
avec leurs diverses capacités d'action. ]| importe ici de ne pas
se contenter des concepts trop étroits auxquels les sciences
sociales spéciale!» noushabituent. Nousétudierons ta technique
des actions humaines en nous souvenant qu'à coté de la tech-
nique qui façonne les objets matériels, il faut faire une
place ùl'artde manier les choses spirituelles, et à celui d'agir
sur les personnes. De même, s'il s'agit des râleurs, nous lie
peuserous pas seulement à la détermination du prix qui pré-
occupe les économistes: nous forons entrer en ligne de compte
toutes sortes d'impondérables (l'honneur, l'estime, la considé-
ratioiii. J'our la puissance, nous lie ta définirons pas seule-
ment par la force, ou par le pouvoir de contrainte, à la
manière des juristes à côté de la richesse, le prestige, In
beauté sous diverses formes constituent des sources de pouvoir
qu'on ne saurait négliger.
Mais comment, de toutes ces actions personnelles, une vie
commune se forme, c'est là surtout ce qu'il importe de savoir.
El c'est pourquoi la sociologie aurait à classer les différents
modes de liaisons l'erliuiipfungeni qui s'élablissent entre les
individus. Par là elle retievient, si l'on veut, une science du
commerce, mais «l'un commerce entendu au sens large et
qui comprendrait les rapports entré maître et élève, par
exemple, aussi bien que les rapports entre acheteur et ven-
deur. I)e même, elle se gardera de croire que le droit et les
mœurs constituent les seuls ciments(lela société. Elle ne s'en
tiendra pas non plus au concept équivoque de personnalité
juridique. Bile se placera aux points de vue les plus divers
pour classer les groupements – grands ou petits, durables ou
éphémères, ouverts ou fermés, publics ou privés, etc. qui
servent de cadres il l'activité des individus.
A travers toutes ces formes et sous l'impulsion de toutes ces
forces, les « interdépendances » se multiplient à l'intérieur
ANALYSES. TRAIT»* U&JÈIUL'X 183

(I unmêmek ttA*l*%ln • Mtitcii Urt nmtnliliiAiil \n*% iIlAn nnlSnHnfjin


peuples ainsi se constituent les unités nationales,
d'autant plus puissantes qu'elles ont mieux fondu les races
qui occupaient un môme territoire. Mais, môme entre unités
nationales distinctes, les diverses variétés (le « commerces »
multiplient les relations. Et ainsi – sans qu'on doive penser
pour nti tantque les dilléreuls états se fondraient eu un seul
ou que l'usage de la force ne serait plus de mise – on peut
constater que l'on s'approche de cet ordre dan» la paix qui est
le but do lu civilisation.
Quelles lumières ces théories générales fournissaient a
Sehûffle pour la solution des questions pratiques, et eu parti-
culier de la question agraire, c'est ce que uous ne voyons pas
très clairement. Le chapitre sur les déviations et corruptions
est malheureusement écourtô. La notion du « normal », (lui
permettrait peut-être de saisir comment la connaissance des
faits conduit à l'idéal, reste insuffisamment définie.
Ou voit assez clairement du moins quel rôle Srhftlfle assi-
gnait il la sociologie élargir les concepts trop étroits dont se
contentent les tliscipliues spéciales, remettre à leur place
dans l'ensemble les problèmes auxquelles elles se heurtent,
pré parer enfin, par ces classifications elles-mêmes, des coordi-
nations supérieures – c'est peu près, semble-t-i),la coucep-
tiou que nous défendons ici infime.
JI va sans dire que, dans ce tour du monde social, les forces
de l'explorateur lie pouvaient rester sur tous les points égales
ù elles-mêmes. Signalons parmi les analyses les plus sugges-
tives celle qui concerne la notion Aepuissance <p. 178 sqq).
Au contraire, dans les passages qui touchent à la famille, lu
pensée nous semble incertaine. L'auteur a beauaccorder dans
tel passage (p. 214 sqq) que la famille est comme un micro-
cosme de 1» société, il semble garder une tendance à définir
par les fonctions physiologiques le groupe domestique; sur
ce point du moins, il est permis de juger que Schiiflle n'avait
pas suffisamment encore « dénaturalisé ses conceptions.
C. «.

i i VOXMAVil. – Begrlff und Gliederung der Staatswis-


senschaften (Nature et divisious des sciences de l'État).
i- édition, Tiibingue, Laupp, IM6, p. 130.

Nous avons rendu compte ici mémo (Annéesoeioi, V,p. 1 301


de la première édition de cette brochure, extraite d'un recueil
tSt L'ANNE» 1W)M!H)U
sOCIULOOlyLK.
composé eu l'honneur de Schatllo. La f édilluu se distingue
surtout do la première par îles noticesbibliographique» mêlées
au texte. On s'apercevra, à les lire, que Ttiutour manifeste, à
l'égard des travaux français, uu grand dédain, ou une grande
ignorance.

Fr. \V. BLACKMAU.– The Eléments of soclology. Xew-


York, Macmillnu,190". p. Xl-ioi.
Ce niiuiuel est divisé on 7 livres. Trois sont consacrés à la
délinition. aux méthodes, ù l'histoire de la sociologie tl. VI
ot VUi. Les autres traitent de révolution sociale, dit u Con-
trôle », de l'Idéal et de ta Pathologie des sociétés. L'autour
s'efforce de condenser dans ces chapitres les résultats géné-
raux de la sociologie. Il s'inspire surtout des travaux récetits
des sociologues américains Lester l). Wurd, A. W. Simili,
U. S. Vincent. K. A. ltuss. K. 11.liiddings.
AI.H. setïurce tout le long de soit livre – suus arriver tou-
jours à la précision souhaitable – de déliuir le point de vue
propre à la sociologie. Kllene doit pas se contenter, selon lui,
«l'être une synthèse (les diverses scienees sociales lécouo-
mie politique, la politiijue, la morille. Il faut qu'elle dégage,
par dessus les relations particulières que ces disciplines
peuvent établir, les luis générales qui s'appliquent à
l'eiisenihle de la vie sociale.
Soit le phénomène des trusls ip. 2'n. Je l'cliulie en écono-
miste si je recherche l'influence du trust sur l'accroissement
des richesses, le taux des salaires, la distribution dos
pro-
duits. Le moraliste considère surtout le genre de conduite
des associés, et Icllet de leur association sur le niveau inoral
do la communauté. Quelle législation peut réglementer le
mécanisme du trust, il appartient ù la science politique d'en
décider. Mais si nous nous deinaudous quels elfels le phéno-
mène a pu exercer sur le utouvemeut de la population, sa
dispersion ou sa concentration, et d'une manit're plus gêiuï-
rate sur le « social standard », nous entrons dans la souiolo-
~n,
i e.
Cequi l'intéressera donc spécialement dans les phénomènes
économiques. eVsl l'intensité et la qualité dis solidarités
qu'ils eiéeul. comme, dans les phénomènes religieux, le pou-
voirde «contrôle» qu'ils mettent a la disposition de la société;
observer les faits sociaux de toutes les espèces non seule-
ANAI.ÏSHv – TKAITlis (WiNKIUUX itjB

jitcut putir tes classer, mais pour les rattacher aux principe*
universels ou aux luis qui concernent ta croissance cl l'acti-
vité des soeiélés humaines (p. i'n; co sera la tiicliu propre
du sociologue.
L'auteur toute de donner une idée do ces lois en résumant
ce qu'où peut savoir do l'évolution .sociale et dus forces (jui
concourent huit au groupement des individus qu'à lu diffé-
renciation dos groii|ic.s sociaux, Pour ce qu'il appelle le
« processus do la socialisation », il suit d'assez prés (iiridiugs
cl rappelle tes degrés i|ui séparent l'agrégation du la coopé-
ration et du l'organisation proprement dites tV. innée swïnt.
1. 1, p. lWelsuiv.i.
Par le uioyuii du ces processus, des associations du types et
de buts Jneu dii'crcnls se tonnent, qui constituent connue
autant d'orguuus pour la vie sociale. L'autetir propose de dis-
tinguer parmi ces organes ceux qui entretiennent la vie
groupes producteurs, transformateurs, transportiuirsi, ceux
i(iii la perpétuent i familles, sociétés médicales., ceux (|ni
serveut aux couuuuuicatious, ceux qui servent il la culture,
ivnx qui servent enfin à lu rêj^leniuututiouet il la protection,
parmi lesquels l'État.
L'Ktat aura une place k part <ui milieudes formes étudiées.
La société politique est vraiment la société complète, celle
qui. englobant et coordonnant les autres, eu fait un ensemble
.mimé d'une vie coinimtue. L'auteur étudiera doue spéciale-
ment la forme de l'Ktal. en rappelant commentl'Etat sort le
plus souvent de la fédération des familles et des mélanges des
races. 11retracera à grands traits l'évolution de l'organisme
ainsi constitué. Mais ce n'est pas onjanixmc qui) faut dire,
'•'est organisation. L'Ktal est pour une part et de plus en plus
iptelque chose de voulu la conscience prend de plus eu plus
d'empire dans Porpuiisatiuii sociale- le processus « lélitjue »
I emportesur le processus cosmique. C'est ainsi que M- II. eu
arrive ù des considérations sur l'idéal des sociétés. Considéra-
tions qui restent un peu vagues et semblent aussi uu peu
arbitraires. L'auteur n'a pas montré assez clairement, à notre
1,'oul, en quoi ta connaissance des régularités sociologiques
détermine l'idéal social. C'est, que pour que cette détermina-
•ioiifùl possible, il faudrait sans doutedes connaissances sin-
gulièrement plus précises et aussi mieux ordonnées que celles
qu'oui il résumer, aujourd'hui, les « manuels » de sociologie.
C.B.
180 l'aNNKE SOCtOLOHIQUK.
1005-1900

WAltl) (I.KSTKH-1-). – Sociologie


pure. Traduction française par
K. Weil. l>arin, (iiurd et Mriôre (Bi6J. Suci<.(.Internat.), 1900,
!>vol., p. 305 et 381. in -8". {Traduction île l'ouvrago analysé ici
liuMiie,t. VII, \). 10(1).
DEAI.EV (J.-y.) el WAMI»(L. -F.). – A text-book of sooiology.
Nvw-York, The Miu-inillnn C».
ROSS (K.-A.). – The foundations of sooiology. New-York,
Mucnnllan.
SMAM. (A.-W.). – General sociology an exposition of the
main developments in sociologioal tbeory from Spencer to
Ratzenhofer. Chicti^u, Unu-emty of Chùwjul'rcu.
Annales de Sociologie. T. 11.Hnixollcs, 0, Sehqjens et C'«.
WlvUNSDDHK ). – Orundriss des
Systems der Soziologle und
die Théorie des Anarohismua. lûnu, Scluuidl.
I)E IIOSTOS (E.-JI.). – Tratado de sociologia. Madrid.
HAVES (K.). – Sociologioalconstruolionlines. "The Ameiican Jour-
nal ofxoaol»!)! juillet l'Ji)5. vol. M, fuse. 1, p. 2U-4Ucl fiisc. B,
p. Oïl-OlO(Suite dc>«iiirlk-lt'sili'ju parus sur le niùinc sujet)
I)K (illEEK Ai ). – Introduction to sociology. The AmericanJour-
mil of sacioloijy, vol. XI, fasc. I, 2, 3 et îi. vSuite des articles
cIc'JAparus sur le même sujet.)

III. QUESTIONSr.K.NIvBAI.KS DIVKK3KS


Par MM.Une. P.u-ujxset,Boi.;i.k.I'ahoui,lloi'imcg.

H. PETRUCCI. – Origine polyphylétique, homotyple et


non-comparabilité directe des sociétés animales
1toise. 7 dus Notes et .Mémoires de l'Institut Solvay de
sociologie. Hruxelles, Misch et Tlirou, IÎKïC,p. 12(>,in4".
Les sociétés aniniîilos 1 y comprisles sociétés liuiniiines) m>
sunt pas les filles d'une mémo société primitive; par suite.
elles lie sont p;is ilireclement companihles l'une à l'autre:
mais, iiùesdaus des circonstances sembhibles, elles présen-
tent des ressemblances tel est le seus de ce titre, qui résume
toute la thèse de l'auteur.
Les sociétés animales lie sont pastilles d'une môme société
l'instinct social n'est pas héréditaire. Pour les dériver d'une
source commune, il faudrait remonter si haut dans l'histoire
AKAI.YW. – QUESTIONS
OÈNÈnALK»
BIVKBSBS J87
des espèces que l'explication «'aurait plus ni intérêt, ui vrai-
semblance. Toi 1)1161101116110social i la réunion on lunules au
moment de 1» ponte, par exemple.),qu'un trouve il la fuis chez
des.uisoiiuxel chez des poissons, sera-t-il expliqué par un ins-
tinct do leur nnectro commun î Alors pourquoi ce trait ne se
relmuvei'iiil-il pas chez la majorité des descendatits do cet
ancêtre 1 Pourquoi,si les abeilles et les hommes doivent leur
vie sociale à l'instinct d'un lointain aïeul, tous les inverté-
brés et les vertébrés qui descendent de cet aïeul n'ont-ils pas
un mémo degré t'instinct social? D'ailleurs, ta tendance
associative, « liée aux premières manifestations de la vie »,
voire aux phénomènes de la matière inorganique m'y a-t il
pus des « associations moléculaires »?j est si générale qu'il
est vain d'eu expliquer l'apparition par l'hérédité.
Des lors, les sociales ne sont pas comparables entre elles
(•oui meles plantes nées d'une môme semence. Elles ne peu-
vent pas être disposées suivant une série uniliuéaire partant
de la plus humble pour aller jusqu'aux plus rallluées. Et la
sociologie n'a pas à retracer cette évolution. « 11 y a une
sociologie humaine, comme it y a une sociologie du bison
d'Amérique ou du bisou d'Europe ». Mais malgré leur hété-
rogénéité, ces sociologies peuvent servir à la construction
de la sociologie Elles permettent de dégager, par abstraction,
le fait social dans sa pureté il nese confond pas avec le phé-
nomène biologique, puisque l'évolution biologique ne gou-
verne pas révolution sociale à chaque nouvelle bifurcation
dans l'arbre généalogique des espèces, l'instinct social, loin
de se transmettre, parait s'obscurcir. Mais chaque fois qu'il
reparaît, il se manifeste par des phénomènes homoty piques.
Le rapprochement de ces sociologies différentes est ins-
tructif. Il prouve,a eu croire M. Petrueci, que le fait social est
d'origine individuelle le langage, la technique,l'art, seraient
deseréalionsindividuelles. Lelangage, car l'animal crie, même
quand il est seul. La technique, car l'ours lance des rochers
sur su proie, l'ours invente une arme, et pourtant l'ours n'est
guère sociable. L'art tel oiseau solitaire collectionne des
objets brillants. Enfin, cette sociologie comparée ruinerait
tes théories qui expliquent les tabous sexuels par des
croyances religieuses, car elle révèle (pie dans mainte société
animale, qui u pas de religion, les sexes sout séparés et tes
femelles pleines tenues à l'écart.
Ce sont ces conclusions qui, dans le travail de M. Petrucci,
t88 LAN.SKK m-IOLOUIQUe. t'JUS-WOU

prosemeui te
presemcm ie ptus
puis grauti intérêt, mai!)
gr.nm toteret, appettcnt les
mais appellent tes plus
p)us
ox presses réserves. Que les sociétés animales «
soient d'ori-
gine potyphytêlique », ou peut le croire, mais vrai dire
la solution de ce problème 11'eutrulne peut-être pas do très
«raves couséi|ucaees sociologique». De même, qu'elles se
refusent ou non à une « compatibilité « directe, si l'on
iiccordo en délinilive qu'elles suut comparables, on ue laisse
eu discussion qu'un point secondaire. Mais que leur
compa-
raison aboutisse à une théorie individualiste, c'est ce
qui
mérite examen. Celle conclusion est-elle nécessaire? Le lan-
gage, la technique, l'art, ue sont pas, nous dit-on, d essence
sociale, puisque l'animal isolé les invente. Mais, tant que
l'animal crie dans la solitude, le langage n'est pas inventé:
son cri réflexe ne devient un signe qu'nu moment où il est
entendu et compris par un autre mais alors débute uue
relation sociale. De même enfin, il y a relation sociale entre
l'ours et sa victime. J)e même, t'oiseau ne collectionne des
objets brillants qu'a la saison des amours n'y a-t-il pas rela-
tion sociale cuire sa femelle et lui i Onne peut nier le carac-
tère social de ces faits qu'eu restreignant outre mesure le sens
du mot fait snciologique.
La sociologie comparée, telle que t'entend M. Petrucci, ue
nous parait pas réfuter non plus d'une manière décisive les
théories qui expliquent par des croyances les premières cou-
tûmes de riiumaaité. Ce ne sont pas des enfances, dit-il,
qui expliquent les tabous sexuels, puisque Um sexes sont
séparés chez les animaux eux-mêmes. Mais le phénomène
préseiit«'-t-il chez l'homme les mêmes caractères que chez
ranimai ? Chez l'animal, la séparation a lieu eu tout temps,
sauf à l'époque du rut: chez l'homme, c'est précisément lors-
qu'il (.'St désiré que le rapprochement est interdit le tabou
sexuel fr,-ip|H!des fiancés, do nouveaux mariés. Comment
expliquer celte bizarrerie. cette règle en apparence contraire
a l'instinct, sinon par l'intervention de celte conscience
qui.
du l'aveu de M. P.. vient modifier la vi«
physique et lu vie
sociale de l'animal humain ?
1'. L.

Sociological Papers. published for TlwSoria!o;,ictd


Snrirly.
Volume [|. London, Mncmillan, 1900,p.
xiii-307gr. in-8°.
Ce volume comprend les mémoires qui ont été tus et dis-
ANAI.VSBS. gi'KSTIONS
«lÈSÉtlAlKS
UIVKIKRS 189

eûtes devant la SaetotogtealSaeiety pendant sa seconde ses-


sion, d'octobre lOOiajuin 1003.
M. K.liultfin revient sur co qu'il appelle Eiujenin (p. 348),
science«|ui étudie les agencements sociaux qui influencent,
mentalement ou physiquement, les qualités ethniques des
liénérations futures. Unefelhirxhifi ayant été fondée par lui a
Oxford pour le développement de celle science, M. Nation
publie un programme des question» ù nliorder, questions dit
plus haut intérêt, niais dont la plupart no ressortissant que
hôs indirectement à ce que nous appelons les sciences socio-
I. iniques.Voulant établir que sas propositions relatives à la
réglementation du mariage n'ont rien d'ulopique, M. Gallon
rappelle les Heslrietiomau mtuiayeque connaissent une foule
«II1sociétés monogamie, eudogamie, exogamie, système ans-
indien, tabous sexuels, etc.. Comme il » pleinement raison
sur le principe, nous ne le chicanerons pas sur l'interpré-
tatiou eiif/àiique qu'il donne de ces institutions. Crnwleyet
Sleinmetz ont fait d'ailleurs les réserves qui s'imposaient.
Dans un nouveau mémoire intitula vicie» as concrète une
.ilfUM Socioloijn(p. ffi-Hty, M. (ieddes indique plus nelte-
inent que dans le tome I sa méthode et son programme. Nous
omîmes avec lui quand il somme les sociologues de renoncer
aux généralisations tuUivcset de se mettre ù l'école desfaits.
Mais l'élude des faits contemporains, les voyages, ne sont
peut-être pus le moyenle plus direct pour le sociologue d'en-
trer on contact aveula réalité observable. Ce que demande en
-omine AI. Geddes, ce sont des monographies de cités,
.issez analogues, semble-t-il, aux monographies (le familles
i ut reprisespar Le Play il signale avec éloge la vaste enquête
«leCli. liootb sur Londres.Tout en nous demandant pourquoi
'Ile forme d'invesligaliou aurait un rôle prééminent et res-
-nrtirait à une science spéciale iCicics), nous n'avons pas
<i objeclioii de principe contre la méthode -monographique.
.Maisles cadres que détermine M. (ieddes pour l'étude des
<i!és sont vraiment du domaine de la fantaisie pure. N'est-ce
lias un pur jeu d'esprit que d'établir n priori les rapports que
-'iiilieuncut entre eux les divers groupes de phénomènes
dont l'élude est encore à faire 7Onesl étonné d'avoir de tel*
reproches à adresser à un savaul qui se platint de l'abus des
théories prématurées-
Ku dehors de deux études qui rassortissent à la sociologie
juridique et que l'on trouveraplus bas sous cette rubrique, le
1W sotiolooloug. ~M4MO
.1. ,<–– a_ 1
volume comprend encore des articles de Sudler, L'Ecoleduns
(juetquet'HHtsdeses relulions A l'organisation socialeet à la rie
imttonaleip.123-189) Bridges, Quelquesprincipesdireeteursduns
la fàilosofiliiede l'histoire (p. IS)i)-23!>),
étude de dynamique
sociale, d'inspiration comliste, sur lu civilisation eurupéeuno;
Stuart Ulennie, Sur In place des menées tortille» dnm une
du-ssi/tcad'oHdes connuissanees,et Sur les loisgénérale»de l'his-
foire(p. 2433()4i,trois inéiiioiresdoul le premier, quicoinuieuce
par uue déliuiliou de l'atome, est véritablement déeoueer-
taitt.
t.
P. F.

F. KHAUSS. – Der Vœlkertod, Elne théorie der


Dekadenz, II" ïeil. Leipzig et Vienne, Deulkke, 19t)0,
p. IUU.
Nousavons déjà résuméici inèinoUMHeVtfOf/o/VU,p. 117;
les iilOesde .M.K.sur ta décadence et la mort des peuples.
L;i mort des peuples n'est pas un phénomène uaturel, c'est
uu pluMiomùnesocial i(ui s'explique pur la tcnugression de
({tielque loi naturelle. Daus ce nouveau volume, M K. déve-
loppe ces mêmes idées eu les confrontant avec celles d'un
certain nombre d'auteurs sur les mêmes sujets. Il dénonce
les équivoques ou k>s exagérations auxquelles a donné lieu la
théorie de Lainarck sur la transformation des espèces, ou
celle de Darwin sur lit lutte pour la vie. 11 rappelle que lu
guerre n'est jamais, finalement, uue cause de progrès. Contre
Gobineau, il établit que le « métissage universel » ne saurait
fournir uue explication suffisante de la dégénérescence. Les
lois naturelles dont la transgression amènela mort des peu-
ples ne sont pas seulement, ni surtout, à vrai dire, de celles
que l'i>uUirnp!»logiste ou le biologiste étudient. L'auteur, qui
pourtant est médecin, maintient que le dernier mot, eu cette
matière, reste à la science économique et politique. C'est pour
avoir manqué « à lu vérité et à la justice », c'est pour avoir
méconnu les conditions normales de l'équilibre et du propres
social, c'est pour avoir laissé troubler l'organisation du tra-
vail économique par le poids de la force politique, que tant
de peuples se sont étiolés. C'est ce que l'auteur s'efforce de
démontrer daus des chapitres sur l'êcnUitionde la production,
la théorie dus crises économiques, le*troiélex de lu répartition
el la fithifiMliondes cale un:, (e principeéconomiqueet le prin~
ANAIXSKS,– (JL'KSTIONS
liKXKBADKi»
DIVKRSK* 19|

ci/je politique,etc. L'inspiration dominante de tous ces chapi-


tres est celle tle lu pensée de Dilhring.
C.B.

C.-JiV. MÉRAY. – Die Physiologie unserer Weltge.


schiehte uud der Kommende Tag. Oie Grundlageu dor
sociologie. Budapest, l'olilzer, p. v-oitî.
Dans lus deux sections Ojenèxeelpolitique)do cette première
partie l'auteur va de la civilisation antique, gréco- romaine
i't chrétienne, à la civilisation future. Dans celle-ci, l'organi-
ition du l'Étal sera (ondée sur une réorganisation écono-
mique des communes. Ou évitera ainsi les fautes du l'Empire
iwiiiiiin,qui se traduisirent par les rôves du christianisme.
l'ottr expliquer ces fautes et ces remèdes, l'auleur se réfère
ui. lois générales de l'organisation, et eu particulier aux
conditions de la saiue activité des cellules, révélatrices du
Ii! tn divin.

JulIN K. INGUAM.– The final Transition. Asociologioal


study. Londres, Black. \'Mo, p. 78.
("est une disserlatiuu de positiviste, qui entend rappeler à
I Angleterre qu'elle n'échappe pas a la lui de l'Occident, et
qu'elle ne doit pas s'endormir entre le christianisme protes-
unt et le système parlementaire, tin attendant la grande
n-wiganisatiou spirituelle dont le positivisme est seul capable.
les mesures de transition s'imposent moins de place aux
mir vi vauecsreligieuses, plus de place aux iutérels industriels.

NIXONCAliVHlt. Sociology and Social Progrès», a


liandbook tur Stucleuts of Sociology. Boston, Uiu and G",
p. 808.
Celle anthologie sociologique est conçue selon un plan
ugoureux, exposé nettement dans l'iulroduclion. La sociolo-
gie s'appuie sur l'histoire, mais réciproquement, l'histoire lie
serait qu'un recueil de faits sans lieu ni portée, si ou lie l'in-
terprétait à la lumière des luis sociologiques, dcvinûes iutui-
tiveiuent ou scientifiquement établies d'.iprès l'observation
les faits présents. D'où il suit que lu lâche essentielle du
iciologueest de fournir une théorie du progrès social. Coin-
VM l/A.NNKK stinOLOlilQVR. IBO.vIMO

ment définir ce progrès? Pur l'adaptation du milieu a


l'homme, adaptation dont le bien-être croissant marquera
les étapes. A cette itléo générale, se rattachent tes diversmor-
ceaux que contient le volume, où l'on voit ligurer parmibeau-
coup d'Américains d'importance secondaire, les nomsdeAtig.
Comte,de Ikickle, do Kldd, de Tarde, de Lester Ward, etc. etc.
11 sont rattaches aux quatre groupes de facteurs du propres
social quedistingue M.C. facteurs l"pliysiqueset biologiques:
2" psychologiques Asociaux et éconoiniques; 4° politiques
et légaux. – Dans le second groupe, M. G. regrette do n'a-
voir trouvé chez aucuu sociologue de marque l'élude, de ce
qu'il appelle le pnuroirit'iili'alimtinu >'p. Il), par lequel les
diverses activités utiles à lu sucitilé, bien que pénibles pourl'
l'individu, tellesque la guerre ou le travail, sontspoiitanémenl
anoblies, iiiaguiliées, idéalisées ce serait lu la missionsociale,
de l'art et de toutes les formes de prédication.
Il est inutile de faire remarquer combien l'idée qui domine
ce recueil, l'idée d'un progrès social uniforme, est dépassée,et
peu en rapport avec l'état actuel des recherches sociologiques.
1). P.

B. TIIOIISCH.– Der Elnzelne und die Gesellschaft. Dres-


den, Heissiier. 1900, p. 15!).
Doctrines un peu fumeuses, et, malgré le désir exprimé par
railleur de voir In science et laconduite de la vie débarrassées
de toute métaphysique, doctrines encore trop mêlées de
métaphysique.
Après avoir mis en lumière le caractère verbal de beaucoup
de notions sociologiques, et avoir montré que l'unité, de In
société n'est pas évidente, qu'il y a peut-être autaut do riva-
lités et de divisions au sein d'un Étal que d'unité véritable,
lauleur se demande quel rapport il y a entre l'individu et
la société. lit il rainent.' cette question à une question plus
générale le rapport de la partie au tout, du centre à la circon-
férence, elc. Longuement, mais toujours par métaphores plu-
tôt que par l'analyse des faits, il montre que l'individu et la
société sont les deux aspect d'une même réalité. La notion
de la personnalité n'est d'ailleurs pas immuable;et un môme
temps que la société change, l'individualité de chacun, ainsi
que les idées du milieu sur l'individu, changent aussi.
n. ».
ANALYSES.– QUESTIONSUÈNlilULlWDIVEDSKS |93

Revue internationale de sociologie. Juin l90î>-Juin 1900.


Paris. Giiml et Jiriere.

Les princi|>Hiix articles publiés durant e«tle période par la


lltrae sont des fragments de livres <M.Kovnlewsky In France
iïtmomiuueet sociale àtaveilledela MwIuOoh.–K. Fouillée
La Mfiêtd eut-elle une n'alité et une commence* – Lester
[ Ward i Le*foréesfhyloijàu'tUpm. ït. Wonns La religion
nu point de me sociologique.– E Levnsseur L'instruction
lirinvtire et professionnelle w France nouala III" lii'imbliquei
Nouslos retrouverons en tetups et lieu.
Eu dehors de ces extraits, la lieeue publie quelques études
très générales – trop générales. Dans Met*et Mais, M. L.
Stein essaie de marquer, entre l'idéalisme et le phéuoméua-
Hsnie, lespositioiisde ce « entieisiue évolulionuiste » dont
nous avous plusd'uue fois, ici-môme, indiqué les tendances.
Al.Hummer (Lu mrialimtion du droit) oppose, selon le mode
i;liissi(|iie,la tendance libérale et la tendance socialiste, pour
conclure que le futur droit socialisé sera un compromis et
k-ra une part à l'une comme a t'autre. M. R. de la Grasserie
Ihi principe xoiioloiiiquedes nationalités) essaie de retrouver
dans lu notion élargie do la race le uoyau des nationalités,
autour duquel s agrègent sentiments religieux ou iutéréts
l'vouomiques il montre que l'unité du langage reslo prati-
quement le meilleur « réactif de i'ethuicité ».
Les discussions de la .s'owVW de Sociologie,dont la Iteem-
donne chaque muis des comptes-rendus, sout parfois plus
instructives. On a ainsi étudié cette année le rôle social de la
l<:mme,et les différents types professionnels le paysan,
l'micrier, le patron, le soldat. Il n'est pas rare, à vrai dire, que
li'.spréoccupations pratiques et actuelles viennent empêcher
l'étude objective et méthodique des sujets proposés.
C. B.

I' ROMAXO. – L'origine sociale délia coscienza. Hitistn


italiunu di Hueiologia. Anno IX. Fasc. V-Vl

L'auteur s'attache au problème philosophique de l'appriri


tiou d'une activité superorganique comme la conscience. 11
admet que la conscience ne peut se développer que dans et
par la société. Toutefois, il lui parait indispensable (p. (iOO)de
i;. DitiKiiEiu.– Auuvosocial,. 1905-1900. i.'i
t<Ji l/AXXKK SOCIOLOGIQUE..1,905.
)!»««

poser dnus l'individualité organique comme une conscience


potentielle.

sol.VAY (H.)- – Note sur dos formulas d'Introduction à l'éner-


gétique pbysio et psycho-sociologique, itsisciotitc I «U«sÏV«i-
vaux de tïnititut Soleay.) Misclicl Thron. Bruxelles et Leipzig.
1900, p. 20, iu-V. (Prétend étendre ft la vio sociale h1»formules
di? IViioiyi'Uque.)

(.ItASSl HKIU'AZZl.– Il metodo positivo e linfluenza del fat-


tore sociale nolla pslcologia. Calant».

RIUl'S (S.). Etn Boitrag zur Erkonntnis der sozialwissen-


schafftlicheu Bedeutung; des Bodûrtnisses. Vietluljahreimelir.
f. (Hs.'ifit.J'/iefiw. H. S-izi'ttiujie, I'Jm>.p. !-i7.

iv. – l'syeuoi.iniiK dks (iiuni'Ks S


l'iir MM.
l!iium, Aiiiiv.Ri'iiiiK

Ami. STItATICO. – La psicologla eollettlva. Miliiu-Pu-


Jerni* Saniiroii, |>. 1M.

Expose couijiU't. exact, et saus prétention aucune û l'ori-


j;i milité,des travaux relatifs il la psychologie collectif. Adoj»-
lant le point de vue et lesdélinitiiiiis de MM.0 riippa Iii>tl'asq.
ll.)ssi (V..1 ««'•••. Stx-ial., t. IV, p. 113,133,138;t. V.p. !«£:
t. Vil, p. l'JO: t. VIII, p. Iï»7i, M. S. diKlin^iivla \mjt'holatjie
ollectia'. qui ùttulie les '^roupemenls sociaux inorganisés et
IciuporMin's (foules, publics, sectes, classes, jurys, groupes
professionnels, etc. i, et qu'il appelle xlntitjnft et la /w//i7i«/o//«V
foriali; qui tHudierait les groupements durables et organisés,
du ihiiutitiiijui'*cl leiir développement diuis le temps (peuples,
langues, religions' quniil il la sociologie, elle est considéré*;
roninie lit synlhést* philosophique de toutes les étudessociales
particiiliêiTs L'auteur analyse d'abord les écrits de ceux
qu'il considère commeles promoteurs et les fondateurs do lu
science Sijrhele, Tarde, Le flou, Hossi puis il éiïtimèrt-
(•Diiscii'iicieiisf.'iiii'ultousles ouvrages,ou mêmeles articles sur l'
le même sujet, jusqu'à recueillir tel compte rendu da M. Dou-
mic! Comme conclusion, il montre les emprunts réci-
proques de la psychologie collective, de la psychologie indi-
viduelle, de la psychologie sociale, il énumèreles principaux

ASAI.ÏSK». PSVCIIOf-OlUK
DUS«nOl'i'KS |03

problèmes que ruHContre la premier» caractère de In fouit*.


sa composition, ses variétés, etc. il soutient que sa metliwte
doit être cléduelive, indtietive, sans préjudice de l'emploi pus-
sible de l'observation directe, vuirede l'expérimentation enfin
il expose les services pratiques que sa science pourrait tendre,
une fois constituée, tant il l'historien ou ù l'artiste qu'à l'édu-
cateur ou à 1homme politique.
Nous continuons à trouver iuutile la distinction de ces
diverses sciences :en faisuut rentrer dans la psychologiecol-
lective dos groupements comme les sectes, les classes, les
fastes, les groupes professionnels, etc., qui ue sont ni tempo-
raires, ni com|)lèleuieut inorganisés, Ml), laisse bien voirque
la transition est insensible et l'inleiférence constante entre ks
diinnéesdu lii psychologiecollective et celles qu'on voudrait
i'-server à la psychologie sociale. Aussi hien, lu question a-t
Ile l'importance qu'on veut lui altrihucr dans l'école ita-
lii'iuie? Ct; qui importe, c'est le nombre et la qualité des
résultats obleiius; la division du travail scientifique se fera
ilVlle-ineiue. au cours des recherches, selon les besoins de
ii'lk's-ci. i-t non à l'avance, selon les exigences toutes logiques
d'un système<( priori.
I). 1'.

LACO.MBKi Ru-i.).– La psychologie des individus et des


sociétés chez Taine, historien des littératures. Paris,
F. Alcan, l'JOG.p. 874, iii-8".
l> livre est une « critique critique » des théories littéraires
df Taine, non seulement très vive, mais encore où apparaît
;i >'iiuqueinstant le tun de la polémique personnelle.
L'auteur résumed'abord les » thèses capitales >> de Taine,
d'iqu'cs la l'n'furi' r/c l'Histoire <!?In lilti'ntture nnijlaht.
t'i-lics de la race, du milieu et du moment,montreque la race
domine <au sens de Taine les deux autres. et dépendelle-
mêmede lu façon dont les individus accomplissent ces deux
opérations mentales élémentaires représentation des objets
concrets, passage des représentations concrètes aux idées
générales. Il examine ces di lié reniesthèses après avoir cri-
tiqué l'idée de race eu elle-même, il montre ce qu'a d'arln
liaire l'opposition chère ù Taiue des races germanique ou
anglo-saxonne avec les races latines. Taine a caractérisé.
construit » les races d'une façon tout à fait arbitraire et
190 L'ANNÉE MCIOLOillgl'B. 1905-lflliO

d'ailleurs très vague; et l'examen de son histoire de la litté-


rature anglaise montre que lui-même n'a pas pu tout expliquer
par tes caractères de lu race anglo-saxonne qu'il avait pour
tant définie en vuede cette explication.
M. L. discute ensuite l'idée du « milieu » et du « mo-
ment » il essuie de prouver qu'il n'y a pas outre les
diverses « provinces» d'une civilisation, la corrélation étroite
dont parle Taine. et qu'il exprime dans le passage connu
« une charmille de Versailles, un raisonnement philosophique
de Mnk'brunche, un précepte de versification chezBoileau, une
ici de Colbert sur les hypothèques, etc., tout cela est étroi-
tement lié. car les faits communiquent entre eux par tes
définitions des groupes ait ils sont compris. ». Il n'est donc
pas vrai qu'on puisse expliquer par la race, le milieu et le
moment, une faculté dominante qui. dans chaque individu,
expliquerait elle-même toutes tes autres facultés M.Lucombe
discute comme exemple l'analyse qu'a faite Taine du talent
de Dickens1!.
Un somme. Taine. en caractérisant les races germaine et
anglo-saxonne qui vont « par bonds » du particulier au
général, pénètrent d'emblée au cœur des choses, et les races
latines, qui conduisent t'analyse dans un ordre clair eu
allaut logiquement d'une idée à l'idée conligûe, a décrit en
réalité les procédés opposés de l'esprit dans l'art et dans la
science et il est résullé'de cette confusion que « Tnine a faus-
sement caractérisé tes grandes phases, les divers âges, tes
diverses écoles lillérairesqu'il Imitait >>.De plus, sou esprit de
système l'a amené il méconnaître certaines causes, en particu-
lier l'effort eonseii'iitde tout auteur pour s'adapter au goût et
aux exigences de sou public sans cette considération, ou ne
peut comprendre Shakespeare ni tes caractères du roman
anglais.
L'auteur esquisse ensuite ses thèses personnelles en indi-
quant «quelques idées relatives à une méthodedifférente de
celle deTaine». 11 insiste «tir le rôle des individus dans l'évo-
lution littéraire, rôle que Taine a méconnu; il croit que ies
caractères généraux d'une époque ou d'un genre s'expliquent
par» l'imitation »d'une invention otiiuuovatiou.dueelle-méine
à l'initiative, en partie contingente, d'un individu ou d'un
grouped'individus. Pourquoimaintenanttelle innovationa été
« imitée ». c'est ce qu'on peut expliquer en faisant appel à la
fois à l'histoire etaux lois de la psychologie individuelle. Dans
ANALYSES.– PSYCHOLOGIE
DES GttOUm 197

tout ce chapitre, M. L. exagèreà son tour l'influencede lu


réflexionconscientedans l'élaborationdes faits collectifs;
quaud il dit que« l'histoire est de la psychologiequi se réa-
liseet se déploiedans l'espaceet dans le temps », il eutend
parler de psychologieindividuelle.
A. A.

(i. SIMMKL. – Philosophie der Mode. Berlin, Pan-Ver-


Jilg, p. il.
Le duulisme, et par suite le besoin du rythme, est au fond
de la nature. Après te repos, le mouvement. Après la tendance
à l'union, lu tendance à lu séparation. Après 1 uuiversel, l'in-
dividuel.
La mode dans les sociétés humaines est fuite, selon AI. S
pour répondre au double besoin du conformisme el du sépa-
ratisme. Elle décharge l'individu du soin de choisir. Kilo lui
lionne pourtant du môme coup, le plaisir de se distinguer.
Et à vrai dire il ne se distingue, ici, qu'en s'inféoda nt a un
groupe, à une classe. Là 011manque soit le suuci des assimi-
lations, soit le souci des distinctions collectives iKx. les
i .aires et les Uoshimuns,Florence et Venise», la mode perd
<vs droits et sou utilité. On ne voit dune pas bien au pre-
mier abord en quoi elle sert la cause de lu dillérenciatiou
iii'liciduellf.
L'auteur maintient toutefois qui1,par cela mémo que la
modeest quelque chose de mobile, toujours « en devenir»,
elle procure à l'individu l'occasion de se mettre en avant,
elle lui communique le sentiment do diriger tout en étant
dirigé. Ou encore, en lui permettant de donner une preuve
extérieure de docilité sociale, elle libère sa vie intérieure,
M.S. se joue au milieu de ces uuauceset de ces reflets fuyants
avec son ingéniosité ordinaire.
(:. H.

KOSSI(P.). Della psioologia sociale e collettiva. Itivistn di


Diiitlo pénalee soeiologiacrimiiKik,»nnu VI, fuse. 7, 8, 9, 1905,
p. 178-104.
HOS.St(P.). Della imitazioue e della invenziono nella psicho
sociale. liiuintadi DiriUopénalee sociologiaa-imiiuite, annoVI,
faac.4, 4, 0, 1905,p. 9î.
IW I.A.NXKKSOUluLOlilyCK. lUOMiMMJ

Y l-.THOI.0GIE TYPESJ)KCIVILISATION
COLLKCTIVB,
l'ai- .MM.
lioruLB
et Fai-coxnkt

I' Ul'HKAU. – Le Paysan des Fjords de


Norvège {MM.
</ct<t menée wiutt<. Paris, bureaux de lu Science sociale,
lîHUi,p. 389.
Le livre est le résultat d'une mission d'études,
qui dura
quarante-cinq jours, dans la région des Fjords de la Norvège
occidentale. C'est la Société iuleruatiuuule de Science sociale
qui conlia cette mission à M. Bureau il s'agissait de contrô-
ler l'hypothèse avancée par Le
Play, et rectiliée pur 11.de
Timrville, sur l'origine dos» formations particuhristcs. »
Suivant Le Play, c'est en Norvège que serait née cette habi-
tude de vivre en ménages séparés qui engendre, avec le
de l'indépendance, toutes les vertus individualistes. Et goût c'est
le fjord poisonueux. incitant les hommes à chercher leur vie
sur de petites barques, qui est le premier responsable de ce
particularisme.
II. de Tourville observait cjuo.
pour l'expliquer pleinement,
il fallait ajouter, à l'inlluence de la
poche en petite barque,
l'action des terres cultivables étroites et disséminées. L'eu-
quete de M. Bureau vieut continuer et élargir les vues d'il, de
Tourville Elle prouve que l'habitant des fjords
«est pas seu-
lement uu pécheur qui n'a qu'à se baisser, c'est avant tout un
cultivateur à l'étroit. « H ne faut pas oublier que, dans tous
les milieux où un produit, insuffisant
pour assurer à lui seul
la subsistance, se rencontre eu très grande
abondance, la vie
sociale s'aménage, non pas eu vue de la
couquî-ie de ce pro-
duit surabondant, mais en vue de la
conquête des autres
produits complémentaires indispensables, qui sont rares. «
Eu conséquence, il n'est pas étonnant que le domaine isolé et
serré entre la montagne et la mer, le
ymud inextensible et
impartageable, commande,plus que la barque, l'orgauisaliou
de la vie tant morale qu'économique. Le rôle de l'eau n'a été
qu'indirect ses provisions de poisson ont seulement servi à
permettre rétablissement de l'homme en des régions infer-
tiles, qui sans cela eussent été absolument inhabitables.
Explication qui a l'avantage, selon M.H., de rendre inutiles
des hypothèses accessoires dont Le
Play usait pour pr.rfaire sa
ANM.VSKS. – KTIKILtHilK CUI.I.KOTIVK l'JU

théorie. Avantde prospérer en Angleterre et en Amérique,


les habitudes piirliculurisles, nées sur I» barque du Norvé-
gien, ont é!é se développer, pensait-il, dans tes champs do la
plaine saxonne? Kuréalité, par ta collaboration do la terre et
tle la mer, ces habitudes potivaionl acquérir, dans le Heu
mêmequi fut leur berceau, lotir développementintégral. C'est
à In Norvège, et à la Norvège seule, que revient l'honneur
d'avoir été la première école des hautes vertus individua-
listes, si nécessaires à toute démocratie.
Pour aboutir à celte conclusion, M. H. nous fait taire d'ins-
tructives promenades diins les (jaunis qu'il a visiléa. Ku
même temps que le sentiment d'Indépendance et de fierté
personnelle, entretenu riiez la femme aussi bien que chez
l'homme par la nécessité de se Btifllreil soi-inèino, il signale
l'intensité du traditionnalisme familial. Lecullivaleuréprou-
verait une sorte de honte à la pensée que celte terre, qui a
coûté tant do sueurs aux siens, pourrait passer en des mains
étrangères. Kl a vrai dire, la où le courant de la vie commer-
ciale et industrielle côtoie les terres cultivées, l'attraction est
torte. Le régime du domaine plein (qui consomme sur placo
tes produits) cède à ta multiplication closventes et des achats,
Le propriétaire commence à s'hnbituer à l'idée de vendre au
besoin sa terre. 'V- p. 1-iO-lKOd'intéressants détails sur le
morcellement et te » relotissement o du sol).
Mais le sentiment que la terre doit étro conservée dans la
famille reste puissant. C'est pourquoi le père continue de
transmettre le patrimoineà l'aîné. Pratique qui n'a nullement,
remarque M. B le caractère aristocratique que l'on prèle
ordinairement au droit d'aînesse. Elle apparaît souvent
rumine une charge bien plutôt que comme un privilège pour
l'aine. Kl les cadets ue se croient nullement perdus parce qui;
la terre leur manque. Us s'empressent d'aller chercher for-
tune ailleurs..
[.'émigration est en effetla soupape du système. M. B. mul-
tiplie les exemples qui prouvent qu'elle fonctionne à chaque
génération, dans chaque famille. Formés à la rnde écolo de
l'exiguïté des ressources, ces indépendants deviennent entre-
prenants. Ils émirent en Amérique, non pas eu troupeaux,
comme les membres des sociétés habituées aux fonctions
communautaires, mais isolément. Et bien vite, ces émigrnnts
d'élite se taillent leur place, se sentent chez eux aux États-
Unis, qui les saluent comme de fuie, de spinal vl eithewt. Les
200 I.VNSKKSOCIOLOttlOL'K.
1905-lt'Utt

cadets d'uue famille dout les alités vivent de père en fils au


bord d'un même fjord ne craignent pas de déplacer lewfarm;
ils ont emporté de chez eux, eu même temps que l'aptitude à
Ja vie solitaire, le goût de l'effort personnel, (lui tire parti de
toutes les situations.
Aidées par lit pureté des mœurs, par l'indissolubilité des
unions, par lu persistance des croyances religieuses, ceséuor
gies personnelles sont capables de triompher de la plupart des
obstacles que la constitution physique de ta Norvège, « lieu
iatransformable », oppose à la vie sociale. De là ce haut déve-
loppement de l'instruction (l'auteur douuo d'intéressants
détails sur les écoles primaires circulaules, sur les écoles
supérieures du peuple, sur les écoles do sous-ofliciers;. Delà
ce succès des associations qui veillent a l'hygiène
publique.
Do là eiiHn, dans l'organisation militaire comme dans la vie
politique elle-même, cet esprit démocratique bien compris
– profondément
individualiste, et non faussement égali-
taire –que railleur nous propose ou exemple.
Quelle que suit la valeur générale de la thèse à laquelle
le livre aboutit .il reste nos yeux
invraisemblable qu'un
seul milieu ait été capable de créer la « formation
purticula-
riste », et que dans le maintien de cette formation il faille
reconnaître rinlluenco persistante de ce seul milieui.elleaura
du inoins fourni à l'auteur l'occasion de coordonner, à
propos
de la vie collective et surtout à propos de la vie
privée eu
Norvège, un bon nombre de renseignements utiles.
C. B.

0. GKl; PP. ~Der deutsche Volks- und Stammeseliarac-


ter, im lichte der Vergangenheit. fleise und Oulturbil-
der (Psychologie des races et des peuples de
l 'Allemagne
Stuttgart, Strecker u. Schrôder, 1900, j). V1I-20G.
Collection d'articles de revue où l'auteur, bibliothécaire et
voyageur, môle aux souvenirs de ses lectures ses impressions
de voyage, Il nous donne ainsi son opinion sur laseutiineu-
lalité des Allemands, leur religiosité, leur amour de la
famille,
leur caractère fruste («o/i«7i,etc. Hrappelle que cette couleur
générale se nuance selon les régions: l'Allemand du Nord est
plus sec, plus guindé; celui du Sud, plus doux, plus mou,
plus féminin celui d*Aulricliuest le plus yniHtlkh de tous.
Que ces traits tendent d'ailleurs à s'ellucer pour faire place
ANAI.VSKS. – KTIlOLOiilK ODkLIWTIVK 201

partout u un « radicalisme » qm lie respecte rien, l'auteur


en convient, et s'en lamente, se plaçant volontiers, comme it
lu dit lui-même, à un point do vue absolument conservateur.
Il ue se met pas d'ailleurs, pour les caractères qu'il décrit. eu
grands frais d'explication. Les peuples u'out-iis pas des qua-
lités innées qui correspondent à leur mission historique Y
Lisez plutôt lu Germanie de Tacite, vous y trouverez un
gemio tl'imtiviilualisme allemand, avec tout ce qui s'ensuit.
Ouvrage propre ù nousdociiineuter, en elTet,sur lu psyclio»
lojçie d'un conservateur allemand mais quand a la psycho-
logie des peuples, il lui fournit pou do matière scieulilique-
meut utilisable.
C. I).

H. F. HHLMOLT.– Weltgesohichte. t. V. Sudosteuropa


und Osteuropa. Leipzig et Vieuue, HibtiograpltiwkesIns-
titut, 19U5,p. XVl-630gr. iii-8°.
Ce volume contient les chapitres suivants t. L'hellénisme
depuis Alexandre le Grand (on y étudie notamment te rôle
joué pur Byzauce dans l'histoire de la civilisation l'histoire
<lo l'empire d'Orient jusqu'à la conquête turque, et celle de la
lirèce moderne! II. La Turquie d'Kurope et l'Arménie; 111.
Albanais, IV. bohème. Moravie et Silésic jusqu'à l'union avec
1 Autriche, Io2l>; V. Les Slovèues et Serbo-(<roates VI. Les
peuples danubiens, Huns, Bulgares, Romains, Magyars, Tzi-
ganes; VIL L'Europe orientale, Pologne et Hus.sie.L'éditeur
indique justement dans la préface l'intérêt de ce volume la
plupart des faits qui y sont rassemblés figurent à peine dans
tes histoires générales publiées antérieurement les chapitres
lit, IV, V et VI eu particulier présentent des tableaux d'en-
semble qu'où aurait peine à trouver ailleurs.
I». F.

liKUNlîKER(R.). – Das Russische Volk in selnen Spricli-


wortern. Zeitsehr.des Vi'ivinx/'«/• Votbskuiute,1904,t. XIV.
p. 73-87, p. 17ÎM92.
Ou sait que nous considérons ici les proverbes comme un
des objets les plus sûrs d'information sur l'éthologie collec-
tive des peuples. Peu de peuples apparaissent comme plus
licites eu proverbes que le peuple Russe; peu de proverbes
20-2 l'anskk stiemi.muyi-K. i'JOû.»ot)u

sont plus prégnants que les siens, peu do documents ont été
mieux rassemblas que ceux-ci ne le furent par Dahl (Grauds-
Hussiensj. C'est pour faire cuunallre l'intérêt qui s'attache-
ra il a leur élude que M. Meruekernous donne son captivant
article. Sur le caractère coiise-rvalif,iintionaliste, pieux et
scrupuleux (crainte du la tentation), résigné, fataliste (p. 80-
8T1,pessimiste, préoccupé avant tuut de lu sauté et de l'âge,
des rapports .sexuels et domestiques, d'argent et de terre, et
d'épargne (p. I80-ID0.,du peuple Russe, les quelques échan-
tillons disposés ici avec art donnent eu effet le goût d'une
recherche plus approfondie.

HKINSII il'.j. – The NegroRace and Europeaii Civiliza-


tiou. The tin<'i(f(iii Juui-mif«/'suâotoyy, sept. l'JUtS,vol XI,
fasc. î, p. lio-108.

Vanitéétude de psychologiesociale sur tes nègres d'Afrique.


L'auteur trouve que ce qui leur manque le plus, c'est le sen-
timent «le cohésion sociale, de responsabilité, et l'imitation
de modèlesdtt leur race. Aussi ne croit-il pas à um1transfor-
mation possible des uegres par la civilisation blanche.

UHITP (C). – Kultur der alten Kelton und Germanon, mit


eint'inUiirklilii-kauf die li^i^cliiolitt;. Mûiichcn,1S0S,p. X1I-31U
iii-8.(Kxpu.si'ilcscriptifoii l'éniilition u« innuquepas, mais m'i
la crili(|(ii' fait tolak'mcnt défaut.)
OKAKUHO-YOSIHSAUIKO. – The Japanes spirit. hoiuîon, Cons-
tahlo.
MTODK.– Bushido, the soûl of Japan an exposition of Ja-
panose thought. New-Vork,
l'utnain.

VI. h:
l.A yCKSTIOXI)K LAIUCK
l'ur M. CiuiLLiii.

IIOL'ZK iU' K.). L'Aryen et l' Anthroposociologie.


Étude critique, fasc. 5, Institut Solvay, Bruxelles, Misch et
Thron,1<JO«,in./i»,H7 p.
L'auteur se propose de combattre un certain nombred'idées
préconçues, de préjugés sot-disnnl scientifiques qui, selon
AKAWHS. – 1. Or MAMK 20:1

imuranf Iw la
e..i.m.n ..1 etn·.1.r .a"
I! ms'en
_i_ _u
lui, défigurent science gênent son progrès. prend
à l'école d'AnthroposociuluKiedu Moutuellierel spécialement
à MM.do Lupouge et Ammon. Cette étude est divisée eu trois
parties dans la première (l'Aryeui, M. Haussé montra «um-
ment les études linguistiques amenèrent les érudils à l'hypo-
thèse d'une langue uryeuue primitive, comment on bâtit à ce
sujet des théories fantaisistes sur les Indo-européens, Intlo-
genuaius, Indo-celtes, et comment des anthropologues se
représentèrent l'Aryen primitif comme un dolichocéphale
blond.
L'auteur n'a pas de peine à faire lu critique de ces hâtives
généralisations, par trop simplistes. Dela langue oit ue peut
déduire un type anthropologique. D'autre part. l'archéologie
mine le mirage oriental en prouvant que les céréales, la plu
part des animaux domestiques, certains métaux, etc., ontété
coûtais eu Europe à des époques très reculées et non impor-
tés d'Asie. (A signaler surtout l'étude sur tes canidés, p. 20,
il,o9,tfl-ÙC"
JJaus la seconde partie d'Anthropologies M. H. fait un
tableau de l'évolution qui aboutit à centraliser le système ner-
veux dans un cerveau de plus en plus complexe, devenant
l'intermédiaire entre l'individu et le milieu. Mais l'hérédité
ne truusmcl qu'un terrain que, seul, l'individu mettra en
valeur.
L'exumen d'Un crâne est un critère insuffisant. Déduirade
ses mensurations des caractères psychiques, c'est là la me-
Iliode de Oall, mais ce u'est pas une méthode scientifique.
La troisième partie ( l'Authroposociologie) s'attaque a
MM. deLapouge et A m monet à leurs systèmes, L'aulcur n'a
pas de peine a en montrer l'insuffisance et les contradictions.
Il fait voir commentles statistiques sont futilement faussées
par les idées préconçues, et comment tes déductions qu'où
veut eu tirer sont peu eu accord avec tes faits. Il conclut que
< l'Anthroposociologieu'esl qu'une pseudo-sienec bâtie sur
des erreurs fondamentales et dos déductions puériles ».
DEUXIÈMESEXTIO.N

SOCIOLOGIE RELIGIEUSE

t. 1 ttEUGIKUSK,
l'IULOSOPHlG CONtîKl'THïN*
UKNlîttALKS
l\tr MM. cl .Mvl-iS
lll'UKKT

E- CBAWLBY. –The Tree of Life. <tn<ly of tieUyioti,


Londou, Hutcliiuson, litOS,XH-ÎW"p., lu-8».
M. C. est couuu des lecteurs de l'Année Socioloyique pour
son travail sur la pusiliun religieuse des sexes intitulé Myxtic
Kase. Jusqu'ici il s'est présenté connue un anthropologue
pur, et môme il a été l'un de ceux qui, sinon avec le plus de
bonheur, du moins avec le plus de zùle, se suut rupprochûs de
l;i sociologie. Vu certain nombre des idées contenues dans te
présent livre ont d'ailleurs été préseutées, sous uue forme
encore inédite, ù la Sociolotjkal Society de Londres. Mais sa
cuuceptiou de la sociologie est reiuarquublemeut ambiguë,
comme celle de bon nombre de savants auglais; politique,
murale et science se tnôleut en elle à des préoccupations théo-
logiques ip. VIII, cf. p. 8 et suiv. « L'importance sociolu-
gi({ue » de la religion lui a (ait apercevoir lu nécessité pra-
tique de la défendre. Cet « Arbre de Vie » a poussé sur h)
terrain de l'apologétique.
Apologétique bizarrement comprise d'ailleurs, et trouble eu
sou fouds, car elle-mûme est sociologique. Pour partie, comme
celle de M. James (Cf. Annéesocial., VIII, p. iû'n.elle tend à
légitimer la religion par la démonstration de la fonction
qu'eue remplit. A la dilléreiice de AI. James, lu fonction que
M. Crawley cherche à déceler est la fonction sociale, et ce
sont les services que la religion rend à la société, non pl us au
caractère, qui la justifient. Pour l'autre partie, l'apologétique
de ce livre consiste à fonder la religion non plus eu utilité,
mais en nature elle est « un produit permanent », elle est un
AXAI.YSK*. – l'IllI.nsiiPIIIK KKI.IUIlît'SR gQj
« fait éternel de la conscience humaine
» (p. 228) ello est une
diose expérimentalement nécessaire.
L'une et l'autre de ces deux apologétiques sont, à notre
avis, tout au moins curieuses. D'abord elles sont un véritable
hommage rendu à la science par un conservateur passionné;
c'est chez elle qu'il va nourrir sa foi. Ensuite elles sont
symp.
loiiiiitiques des progrès que la sociologie fait daus les esprits
et de la place qu'elle prend dans la direction morale des
mouvements religieux eux-mêmes on tente de « déduire »,
comme disait Kiiut, la religiou, mais ce dont on lit déduit, eo
n'est plus ni la révélation, ni la mystique, ni la raison, c'est
la nature et la fonction sociales. La tendance
qui s'empare
«'Iniquejour davantage des moralistes s'étend maintenant aux
théologiens.
La thèse principale fournit le titre du livre.
Jusqu'ici on
•ivait, dans l'attaque de lii religion, confondu celle-ci avec
l'arbre de connaissance ». Elle est, comme l'avaient vu les
mystiques du moyen Age, « l'arbre de vie ». Elle n'a pas
iilfaireavec la mort, ni avec ta sensation, ni avec la raison,
tellea affaire avec la vie, avec lu vie « élémentaire ». Elle est
aux sources mêmes de la vie et n'a pas d'autre rôle que de la
protéger et do la développer.
Ludémonstration de cette thèse est, en partie,
rhétorique et
lliéologiquc nous négligerons ce côté du livre – en partie
anthropologique ou sociologique, deux termes qui ont pour
M. Crawley une signification équivalente ip. 4, p. 12). La
méthode est relativement simple elle consiste a faire une
inalyso comparative de la nature et de la fonction de ta reli-
irion aux différants stades de l'esprit humain (p. 8, p. 11).
Curies, l'audace scientifique de M. Crawley est admirable.
Elle n'est pas d'ailleurs sans résultat.
Jusqu'il, on s'était efforcé de justifier la religion, d'en
découvrir la nature profonde ut la fonction sublime, en cher-
chant à légitimer les erreurs païennes par le christianisme,
!os premiers fruits par les produits parfaits. M. Crawley ren-
vci-se, ingénieusement, les termes du problème il justifie les
formes supérieures par les inférieures,- il rapproche brusque-
ment, cequ'il appelle la religion primitive de la religion, sinon
définitive dans ses détails, du moins vraie daus son essence;
cette religion est naturellement le christianisme tel qu'il évo-
lue actuellement vers une nouvelle « ère religieuse ». Le fait
que la religion il ses deux stades extrêmes a même nature et
200 l'aXXIÎË lUUa-(90£
SutilQLUUIQCB.
même fonction prouve bien, selon M. Crawley, qu'elle est
permanente, étemelle, vitale, soumise à un.progrès constant.
non ù une décadence aujourd'hui décisive.
Cette idée méthodique conduit M. Crawley à certains
«perçus ingénieux; et ces aperçus indiquent comment ou
pourrait plus scientifiquement aborder le même problème
posé en termes plus objectifs. Tachons de démêler ce qu'on
peut retenir de probable de cette série de dissertations vaga-
bondes et générait: où quelquefois l'effort pour retrouver
la mystique chrétienne s'égare en exagérations (ex. p. 230,
un ellorl pour retrouver une trinilé eu toute religion vie.
inuttre de la vît1,créateur de la viei.
Quelques-uns de ces développementsu"ont pas tout ù (ait le
mérite de la nouveauté, mais le point de vue leur donne un
tour intéressant c'est rutitté (p. HNj,l'identité des religions
inférieures et du christianisme ait
intérieures nu point rie
d(- vue
vite des inée~t-
méca-
nismes rituels et des fonds mythiques (p. 200, cf. ehap. III,
p. 48, sq.i C'est le caractère absolument, complètement reli-
gieux de la « civilisation primitive », c'est sa valeur morale
semblable, égale à cellede la civilisation actuelle ('p. 201, sq..
Mais d'autres sont nouveaux. Ku premier lieu, M. Crawley
partant, au fond, d»; l'observation qu'il vient (le faire sur le
caractère religieux du la société primitive, en déduit que la
religion ite peut être considérée commeun groupe séparé de
faits, consiste un « département » de la pensée et de la vie. ni
individuelle, ni collective, C'est un « ton », un « esprit •>.
Aucune activité, aucune parcelle de la vie qui ne puisse être
religieuse. Les momeuts importants de lu destinée indivi-
duelle sont, chacun leur tour, religieux naissance, mort.
mariage, initiation. Ce que réuecull la religion, c'est toute la
vie ip. 208, sq.). Tandis que la science ou le droit furmeiil
dans l'esprit des compartiments spéciaux, à évolution propre.
la religion s'étend à tout.
Comment a-t-elle ce pouvoir. Ici M. Crawley est plutôt
bref, quoiqu'il ait probablement touché la véritable question.
Elle sanctifie. C'est l'idée de sacré qui vient sauvegarder ta vie
élémentaire depuis l'acte de prendre de la nourriture.
l'acle sexuel, jusqu'au respect de la vie d'autrui, de la vie de
chacun, (Il est pourtant ridicule, et il estcerlaiuemeul inexact,
de parler à plusieurs reprises du « geullemau Maori qui est
toujours tnpu », p. 273, u. p. 30Oi.
De là se déduit une théorie, un peu brusque et ccourléo
AXAUSRS. – l'IHLoiol'IllE HliUtiliasK 207
..e m t
ette aussi, clo V origine » de Iji religion. Par « origine »
M. Crawtoy entendrait plutôt ce que nous appellerions la
i'uuso, immédiate et permanente, puisqu'il redise du «hoi-clicr
un commencementou do considérer la forme primitive commee
suffisamment hétérogène aux formes évoluées. Ce n'ust
pas
lu
historiquement que procède recbcrclt» de notre initetir ce
u"est pus un essai de généalogie île ta religion
qu'il tente.
C'est donc par intuition eucore plutôt que par
comparaison
qu'il voit dans la vie, dans Velemeutal s vk nf lift, dans le cillé
élémentaire de la vie. la source éternelle et aboiutuitte d'où
roulent les phénomènesreligieux.
Si nous poussions utt peu M. Crawley. peut-être serait-il
foil embarrassé de nous démontrer que c'est bien là la
cause » nécessaire et suffisante de la religion. Puut-etre
iiii'ine serait-il bien embarrassé de nous analyser ce « côté
>Uiin'i»titire de la vie ». Ni I" « élément» n'est défini, ni )e
pourquoi ni le comment de cette production mystérieuse »,
;ini( décrits. C'est que l'explication est. et devait rester, dans
l'esprit religieux de M.Crawley, une explication « mystique.'».
<>'[« arbre de vie » qu'est la religion plonge évidemmentpour
lui ses racines dans la substance divine, et nous n'avons
qu'à
il ucrau passage la mêla physique inconsciente.
Luseule démonstration apportée en laveur de cette théorie
-t toute iH'jfsitive.C'est une critique des théories eu cours sur
li religion. Klle est contenue dans toute la première partit»,
>|u)lo<n'élique, du livre; et même elle est le mobiledominant,le
point essentiel du livre. Tachons de la démêler de sou cortège
d'arguments polémiques. On la trouvera aux chapitres II,
111.VI. Quelques-unes des objections de M. Crawley ne sont
\in<des meilleures, n'eu tenons pas compte (telles celles de la
Miig<rl 'ti, contre l'assimilation de la religionà une survivance*. l,
Uiiiflipies-unsdes tableaux qu'il trace des théories adverses
m- sont pas des plus fidèles (ainsi ou voudrait bien savoir
<'Ih.v.qui il a trouvé une théorie anthropologique de u Tri-
nil'\ p. Tu. Le fonds do l'idée ne reste pas moins remar-
i|imble, et l'argumentation reste singulièrement vivante.
Mllese réduit, en réalité, à une critique déguisée de l'inlel-·
lectiialisnio des théories en cours. Elle tend à démontrer que
toutes ont le grand défaut de chercher à expliquer la religion
pur des phénomènes intellectuels, ressortant a l'ordre de
I entendement,de l'image et de la sensation, comme si elle
«tait un fruit de « l'arbre de connaissance » au lieu d'iUrcun
208 I-'aXN-KR <OCHll.«fiH)l'K. 1905.(300

fruit de « 1 arbrede vie». M. Cruwtey n'a pas do peine à réiu-


ter ce qu'il appelle 1*« attaque ratiomiliste », au fond cette de
M. Roberlsou dont nous avous parlé Ici (.1 nuéesocial., Vil,
j>. 21-4).Ut théorie du mythe intentionnellement inventé. Il est
plus original quand il repoussei'allaqueunthropologique. 11 la
fortifie d'abord d'une foule d'hypothèses qui nont d'autres
auteurs que sou propre et fertile génie, car il nousdonne eu
quelques pages(p. 41, sq.)un tableau de toutes los « analogies
t y piq ucs « i baptême,confirmatiou, régénération,etc. ), quel'an-
thropologie religieuse a découvertes ou pourra découvrir. Puis
il la définit dans la forme où Tylor, puis dans la forme où Fra-
zer, l'ont soutenue. Ar.evliéméristneet«'irnnirnismedeSpeucer
et de Tylor, il objecte que des esprits ne peuvent donner des
dieux et que la conception d'un univers animé no peut créer
ni l'émotion religieuse ni le rite. A la théorie de la
magie
primitive de il
Frazer, objecte, connue nous, que la magie
fait, elle aussi, usage de l'idée de sacré comme nous encore,
il prouve que la nature des rites Arunta n'est pas exclusive-
ment magique fp. 18!>iet, comme M.
Lang, que les Austra-
liens connaissent l'idée du grand dieu à propitior. Euttu il
tente «ledémontrer que cette théorie, elle aussi, est
incapable
d'exprimer la primitive consécration des « cotés élémen-
taires » de la vie. Ici M. Urawley retombe dans sou
développe-
ment habituel, ou plutôt répète ses affirmations.
La théorie se résume plutôt qu'elle lie se cuuclul dans lit
thèse posée'p. 3) « la rtlôjiou, n'est pas. en dernière
aualy-
« se, une chose en soi », le « sentiment
religieux lui-môme »
« (trlhjitots iwpnhe) n'est pus
spécifique » « te terme « reli-
« gieux Il désigne une prédisposition
psychologique de carac-
« tère biologique, laquelle est d'une
importance suprême en
« ce qui concerne révolution » de l'Immunité ?;. Les termes
sont d'une remarquable impropriété nous avons fait le
pos-
sible pour les rendre clairs.
Ceci posé, la fonction de la religion
apparaît facile à déter-
miner pour M. Crawley, toujours intrépide. La fin de la reli-
gion est la même chose que la cause, « c'est lit vie r'p. 208),
le progrès, l'amélioration de la vie. Sa nature est la même
chose que le rôle qu'elle remplit elle consacre la vie et n'a
rien d'autre à faire. Mais la vie qu'elle sanctifie, ce n'est
pas la
vie transcendante, ni la vie d'autrui. La
religion n'a de rela-
tion nécessaire ni avec un monde
supraphysique, ui avec un
altruisme pur elle s'adresse à l'individu, l'élève morale-
l'IIILOSllt'llI1>:lihLlaiEl;~l6 ~'}9
UN
meut, (ici M- Crawley place des considérations politiques sur
l'aristocratie, d'autres de sociologie général» ou
d'anthropo-
lojiiol; elle est matérialisteet fait entrevoir des
sanctions phy-
siques uu imcliô. Cette fonction. modeste et « suprême » In
fois,t'Hela remplit dans tes religions tes plus primitives comme
dans le christianisme, et cette fonction la justifio
(p.
t:e dernier développement est peu UHrece qui est |o 200,sq.).
plus pro-
Jitnbledans le travail de M.Crawley. Môme,ou trouvera
ingé-
nieuse tout nu moins, la façon dont il les
expose rapports
cuire rémotion religieuse et l'émotion sexuelle, dont il
montre le caractère etevatory de l'idée religieuse du sacre
p 300.),dont il déduit la forme mystérieuse que revotent
rites et croyancesreligieuses, dout il montre que la mort
est,
pour certaines sociétés, la vraie vie ip. 2s!4i.dont il tait des
rapprochements aussi osés que celui du « ehuringn » (sacré)
ni n taet de la grâce(p. 231, 232)
1-elivre de M. Crawloy nous apparaît donc comme un «in-
•iulier mélange d'idées justes, semées quelquefois non sans
im-gesse,et d'idées de moindre valeur, voire fausses. Une
intuitive pénétration se joue sans frein à travers dos faits
mal connus, des démonstrations sans valeur, des afïlrnia-
tuii» sans prouves. L'auteur ue s'est assuré ni de l'univer-
sité de la prière proprement dite (p. 62, p. âoSi, ai de l'ori-
jine qu'il attribue au sacrifice (p. 10O),ni de son assertion
roncernant l'extension des inythologies géoceutriques (p. I7i.
11rapproche sans droit la notion de ngui iMasaii et celle do
l'imi, (p. uli; il admet sans discussion les théories partiel
k'inciil justes de Starbuck sur \u conversion (p. 2t(î), et en
:irt>des coud usions induos. Il a l'iusigue faiblesse d'admettre
'• raisouneincnl habituel des apologistes sur lu
religiosité
incousciente de l'athée ip. 305, S0O). Il commet des fautes
historiques aussi graves que de parler de l'absence des sciences
l>|ili(l miesdansla Grèce ancienne (p. H0K),ileconfondit' l'idée
>liigrand dieu avec le monothéisme (p. 73). –II ne se
sert que
If faits deseconde main, et presquetoujours
imprudemment.
Nous n'osons pas reprocher à M. Crawley de ne pas citer
:i ostravaux. Certaines pages sur la notion de manu nomfont
> roirequ'il connaît au moins les comptes rendus que d'antres
ut publié sur eux. M. Crawley travaille, nous croyons le
-;ivoir, dans des conditions pénibles. Nous devons le louer il
i réussi à apporter du nouveau, sinon du vrai.
M.M.
! lliiiKiieisi AnnOc
sociol., 1UOj-I!»00. 14
210 l'a.vxéb sociologique. 11)03 km

J.-C. BOYDKINNEAR.– The Fondations of Religion.


Londres, Smith. Bldef, 1905,p. Xf.V-202,in-8°.
Nous nous cITorçons,sur les instances toujours plus près.
saules des revues à tendances religieuses, de nous tenir auu
courant des publications théoriques provenant des diverses
confessions, de trouver rinns cette littérature toujours nhon-
daute, pâture à nos besoins de scieuce.
Il faut croire que la méthode que nous avons choisie pourl'
trouver des ouvragesintéressants est toujours bien mauvaise.
Car voici un livre, dout toute la presse critique anglaise a fait
le plus grand cas. et qui n'est à aucun degré ce
que certains
comptes rendus nous faisaient croire une analyse des foude-
ineutsde.la religion. C'est uusimple catéchisme auglicuu dilué,
où l'auteur s'efforce d'ajuster lu Bible et la religion à la science
moderne et à la critique biblique, mais surtout de rester fidèlee
à son Église. C'est un exposé des principales croyances de la
« Churcli <>fKnglaud, » doublé d'une
apologétique, souvent
vulgaire. Par exemple, l'insuffisance do l'éducation métaphy-
sique des prêtres nuglicans apparaît à la pauvreté des preuves
de l'existence île Dieu (p. 10,sq j.
L'intérêt est donc, comme pour tous les travaux de théolo-·
giens, exclusivement documentaire. Les concessions que l'au-
tour fait à lu critique des deux Testaments, les
pages qu'il cou-
sacre au sacrificei IXsou interprétation symbolique du
péché
originel, ses efforts enfantins pour prouver la justesse seien-
lillqtte des révélations bibliques (p. 87, sq.), tout cela est
symptomatiqtie d'un état donné du protestantisme ritualistc
anglais, ni irela n'a pas d'autre valeur.
M.M.
\V. WUN'DT. – Vôlkerpsyehologle. Kim-
Lnlemu-huity ikr
Êalwickliwysgesetieton Sprache, Mylhus unit Sitlf. II. Hit
Mythus und Religion. I. Theil. Leipzig. Kngelmaun, lUOîi,
p. XII-CÎIT,in-8«.
Nous sommes très mal à l'aise pour parler de ce premier
volumedelagrande œuvre du plusgrand esprit encyclopédique
de l'Allemagne actuelle. Lu meilleure part n'en est
pas
encore consacrée à la religion, et nous en devrions rendre
compte plus loin sou<?la rubrique de la sociologie esthétique.
ANAWSBS.– FHILOSOPIHRHRUQIEUsB »|l a
car elle concerna exclusivement l'art et ses
rapports avec la
religion.
La centaine de pages consacrée ù tuio théorie
générale du
mythe nous resterait même, au fond, incompréhensible, si, à
lu dernière minute, uous n'avions
pu jeter les yeux sur le
second volume (* tome;. Et cela ne nous «claire encore
assez ni sur la mythologie pa»
proprement dite (v. II, p. 478,
elc.) puisque, sans que nous
sachiouspourquoi.elle se trouve
r'-strciuto à l'étude des notions coiiceruuiil l'Ame,
(animisme
totémisme,; les esprits et les démons, et que, saus jualUlcn'
lion, ou eu retranche les dieux ni sur la distinction
que M. W.
opère, radicale, entre le mythe et la religion. Cette dislinc-
liuu est, pour M. \Y., lelloinent fondamentale
que. faute de
lavoir faite jusqu'ici, presque tous les travaux de science
îles religions n'eu trouvent viciés. H
remploie d'uno façon
systématique au point de no s'être jamais négligeait cours de
ce volume (sauf peut-être p. ipj, à
propos de ta danse). Or,
sur cette distinction, M. W. uous
prie d'attendre son troi-
sième volume. On s'expliquera que nous nous refusions
absolument il y souscrire, tout en nous refusant non moins
absolument à lit discuter. Nous pouvons à peine
l'exposer,
«race à une sorte d<?philologie do ce premier volume les
pas-
sées se trouvent p. IV, V, 4, «4, 135,-474, 475. 403, 500, 513,
:<17,018; à l'aide d'expressions empruntées aux passages les
plus divers. Nous croyons comprendre qu'elle consiste sur-
tout à faire du mythe l'origine, de la religion le
fruit du
le
mythe, produit d'une imagination collective travaillant sur
la réalité, de la religion le produit de la même
imagination
appliquée à déterminer lescauseset les fins de la vie humaine
I»!mythe serait vide de sentiment, de sentiment
religieux
du moins); la religion ne serait pleine ainsi
que do morale.
Au fond, une hétérogénéité radicale existerait, et M. \V.nous
-mule avoir été préparé il cette théorie pir son altitudf
générale de philosophe. Tout eu admettant l'évolution et ses
luis, il refuse (p. 537)de considérer qu'elle se borne a dévelop-
per dos germes originels, représentatifs, dès le principe, du
tout évolué. Ce principe de méthode et de système, sur
lequel
M. W.glisse, se rattache probablement à toute sa
philosophie
el à sa théorie de l'aperception. Ce n'est
pas ici le lieu d'exa-
miner le postulat, métaphysique en réalité, qu'une
pareille
disposition trahit.
Xous n'avons donc à résumer ici et à discuter que la IIh-o-
21* LASSÉE SOCIOLOGIQUE;
1UQ5-1VUC

rie générale du mythe telle qu'elle est exposée à la fin do


ce volume ip. 521-OITi.Encore n'y sommes nous forcés que
par les nOcessilésdu périodique, car même la théorie reste
uu peu eu l'uir puisqu'il nous faudrait avoir lu le premier.
te secondet le troisième volume» pour savoir ce que sont
les mythes et teur évolution, et que lu question des dieux
qui est. pour nous, fondamentale de tout ce groupe de
phénomènes, est réservée arbitrairement à l'étude des reli-
gion».
Dodéfinition dumythe, il ue nous semble pas, même après
double loeture, eu avoir pu trouver une seule. Ou eu trou-
verait dilïicilemeul. duus ce premier volume autre chose
que des désignations générales, exemple page 308, où le
iiiyttie opposéau
mythe langageest considéré coinine
ol)posùtttilangitgeost iiioiais
commemoins ol)jectif,
objectif,
«
inoius lié aux condition uoriuules de lu vie eu comuiuu »,
comme un produit plus subjectif, plus soumis aux influences
chaulantes du sentiment et des passious. de lu conscience
sociale. Cetteabsencede définitiou est, à autre avis, uue faute
grave, très grave, qui enlrnlue toutes les autres. Nous voyous
bteu, d'après une étude sommaire du second volume, que
M. YV.entend par mythe l'ensemble des représentations que
nous qualifions, nous, de religieuse*, moins les représentationsS
des dieux et les notions esehutologiques et cosmogouiques.
D'autre part.il subsumeau mythe toute la partie du rituel que,
faute d'un caractère transcendant des personnes divines, et
faute d'un caractère précalif, sentimental des formulas et des
gestes, il range parmi les rites mythiques et non religieux.
Cette subsumptiou lui fournit d'ailleurs ses meilleurs argu-
ments, quitte à des redites, comme par exemplelorsqu'il com-
bat les « théories analogiques .>du mythe, c'est à la théorie de
la magie sympathique qu'il en a t.l, p. ;)8a, Il, p. 193),faute
d'autres suflisamment importantes. Âlais cette restriction et
cette subsumption ne sont pas claires et ne valent pas la
définition qui nous permettra de discuter. En tout cas, dès
maintenant, nous la prévoyous très trouble, puisque par
exemple toutes les notions concernant l'Ame, tes nombres
(p. 440–447;sont rangées sous la même rubrique et pelo-inôlo,
et qu'il faut à M. Wuudl un cllort réel pour
distinguer le
mythe de la poésie i§ I, H, III, p. 590 sq.), effort réussi mais
qui, à notre avis, n'était nullement nécessaire. Mais ce défaut
de méthodeest.en quelque sorte pallié par la méthode incons-
ciente de l'auteur qui, s'il n'appelle pas mythe tout ce ù quoi
ANAI.ysBS. l'illUISOPUlK HKUUIBI!*K 213

nous don non» ce tmni


ffclïft I*W nom. Iln'appelle du rltl
'il1 11 IV) lit» moins
mrtl*10 «tinul rtim
ainsi que ce ,m «*.«
quo
nous considérons comme tel.
l.o mythe est (tu dotnaiuu, psychologique, de In « fantaisie »
U VV.ayant refusé, avec raison, do s» plier à l'usage courant
du mot A'HinbihlHHgxkraltest revenu à une théorie quasi
aristotélicienne do l'iuinglitulioii (cf. l'Iujs. /'«/ »« élit, III,
|i tfflugq,); fantaisie passive et active se caractérisent égale-
nienl. selou lui. par le caractère seusible, spoutaué, productif
des représentations (I, p. «j. Nous croyons, nous aussi,
quo
h1 inyLlinest, eu effet, uu phénomène qui ressortit, pour
par-
lie, a cet ordre de faits psychologiques. D'autre part (p. 4i,
l» mythe est un produit, non pus de lit fantaisie individuelle,
mais de In fantaisie collective (Volfofittantmin. Comment se
livrer cette fantaisie, c'est à quoi est consacré lo chapitre III.
Cphri-ciesf. nous ne dirons pas dialectique, mais exclusive-
meut discursif, et consiste, au fond, dans uue discussion des
théories eu présence, où d'ailleurs certaines théories figurent
'lulot pour lu forme et les besoins d'un équilibre des déve-
loppements (Nous considérons comme précieuses pourlaut,
m pointue vue de l'histoire desdoctrines, certaines remarques
<ur la parenté des théories constructives et (les philosophies
neyclopédiques du xviif siècle, des théories symbolistes et
In romantisme). Sous le nom de « théories conslruetives »
<lamythe, M.\V. entend, eu somme, toutes tes théories propo-
ses, I» sienne uon comprise uaturellcment. Ce sont d'abord
ii;s deux théories historiques, celle de la dégénérescence à
partir d'une révélation primitive, ou celle de révolution pro-
gressive, unilinéaire, de la pensée mythique celles-là, pas de
en avoir raison. Cesont ensuite les deux théories phi*
jii'inei'i
lologjque et anthropologique, du uaturisme et de l'animisme
lu critique de chucuno est fine et juste (p. iiW, sq.); à la
première, il reproche surtout l'incapacité où elle est d'expli-
quer l'animisme primitif; à la seconde, il reproche au fond
sou simplisme et son postulat do l'évolution uniforme-
Xon seulement les théories de l'origine du mythe, mais
encore les méthodes d'interprétation du mythe ne trouvent
lias grâce à ses yeux. Il les divise en symbolistes et en rationa-
listes, toutes deux intellectualistes, remarqoe-t-il avec raison,
mais l'une plus que l'autre. Outre les objections sérieuses
ipi'il oppose aux unes et aux autres, notons surtout celle à
laquelle il les soumet toutes les deux et qui est précieuse
l'une et l'autre faisant dela«personnification « des symboles
•iti to«r>-H)o<i
i.'asxée sot:ioi.(ii;i(>t.'K.

ou des concepts ta cause même du mythe sans comprendre


que ce processus de personnification suppose lui-niôine la
notion d'Ame qu'il s'agit d'expliquer (p. 861). (Nous no com-
prenons très bien ni la place où M. W".expose la théorie dp
l'emprunt, ni la façon dont il la discute.)
Restent les théories psychologiques, mais d'une psycholo-
gie élémentaire, des mythologues: théorie de l'analogie, ou ta
croissance des mythes s'explique par des raisonnements ana-
logiques et dont M. W. décèle l'insuffisance forcée; théorie de
l'illusion. dérivée en somme chez Steinthal du mécanisme
psychologique Ilerbartien, et qui n'explique ni que le mythe
ait pu gouverner la conduite et le rite, ni sa vie intente:
théorie de la suggestion (Tarde et Slull) à laquelle AI. W. ne
voit pas correspondre des faits suffisamment nombreux.
La théorie propre de M. W. se réduit en dernière analyse à
un très petit nombre d'assertions, pour la plupart d'ordre
psychologiqueip. 577, sq.)oii,eu somme.c'est la théorie géné-
rate. philosophique, de ses précédents travaux qui joue le rôle
explicatif, plutôt que le détail scientifique de cette même
psychologie. Trois facteurs psychiques fonctionnent dans la
fantaisie niythopoétique. Le caractère perceptif, d'objectivité,
des images mythiques est le premier et le plus simple de ces
facteurs il consiste dans l'impression forte que fait l'image
mythique: parsuite, la représentation est crue être une réalité
parfaite. Hn'y a pas entre la notion de revenant et les impres-
sions du rêve qui l'ont causée la relation d'une théorie a une
chose, il y a impression que l'âme apparue dans le sommeil
existe, existe pleinement. Ensuite vient l'association des
images mythiques ainsi la notion mythique d'Aine est. en
partie, constituée par l'association générale, normale, indis-
soluble de la représentation du souffle et de celle du principe
vital, association qui elle même peut aboutir à des fruc-
tifications multiples, comme par exemple le mythe de l'Aine-
oiseau, etc., la puissance d'association des images mythiques
étant, en fait, indéfinie. Vient enfin, ce qui était forcé dans le
système de M. W t'aperception mythologique c'est cette
faculté primitive de la conscience qui choisit, vivifie impres-
sions et images, qui leur attachant, volontairement, de l'iuté.
rôt, leur prête une volonté et aboutit en somme à la person-
nification des objets de la mythologie, personnification que
toutes les théories aboutissent A reconnaître comme un trait
essentiel du mythe.
ANALVSBï. riiaosOHIflS RRUGIRUSK ai 3

Une théorie aussi générale, que M.W. ne présente d'ailleurs


«lu'à titre d'indication pour le reste «le l'ouvrage, ne nécessite
pas, quelque intéressante qu'elle suit, une discussion que nous
ne devrions poursuivre sur le terrain exclusif do» faits. Noua
allons, simplement, en marquer une inexactitude fonda-
mentale. Kilo décrit mal la genre de croyance attachée au
mythe, et tombe, au fait, dans le même vice que celui qui est
reproché à la théorie do l'illusion. M. W. le sent si bien
qu'il s'efforce immédiatement do distinguer la mytliopoôsie
de la poésie, l'imagination esthétique de l'imagination
my-
thique. Mais il ne les distinguo pas eu nature, il ue les dis-
tingue qu'eu degré (p. 881), le mythe étant, comme correspon-
dance a la réalité, à mi-chemin entre le langage et la poésie
i|». "M/. Comment l'action de civilisutions entières a pu se
perpétuer sous forme rituelle, rester comtntndée par des
inylhes, c'est ce qui devient toujours plus inexplicable après
le déplacement que M. W.n fuit subir a la question. Il a beau
opposer la puésio comme chose individuelle à la mythologie,
produit nécessaire, immédiat, de l'imagination communau-
taire. 11a beau rattacher, avec rnisou d'ailleurs, la naissance
du mythe « à un état de la civilisation dans lequel sans doute
il peut y avoir organisation, mais où les idées et les intérêts
sont pourtant, dnns leur fonds, concordant » ip. ôifâ). Cequ'il
n'explique pas, c'est la possibilité de culte espèce de délire
éveillé, et lu série des actions et interactions individuelles
productives de la croyance. La nature Imaginative de la
représentation mythique, voilà tout ce qu'il indique, avec sa
nature collective il u' indiquepas le lien qui existe entre tes
deux et qu'eu somme la psychologie collective a le devoir
d'expliquer.
lui réalité, la faute de M. W. est uue faute initiale; il n'est
encore dégagé ni des lieus delà psychologie, ui des liens de l'his-
toire.La psychologie collective n'est pour lui qu'imchapitre de
ta psychologiescientifique, et un moyen d'enrichir l'histoire do
ht religion,dumyt)to etde l'art par des à-itisoiiiiettieut8 capables
'!« suppléer aux lacunes des chronologiesfj>. IV. p. 4, p. (il I,
sq. etc). C'est un arsenal de faits pour lu théorie psycholo-
gique de la conscience en général, individuelle et collective;
ut c'est un arsenal de théories rationnelles pour l'histoire
jusqu'ici empirique. llien de mieux certes que cette attitude
et nous sommes convaincus parfaitement de ce double rôle de
la sociologie. Mais ce n'est pas tout sou râle. 11faut élever sa
ait)t$ l'année sonioi.ouiouK.l'Jiw-ttioa

dignité ù colle de l'explication et non plu» it celle du simple


moyeu surérogatoire delà psychologie et de l'histoire. Il faut
lui faire autre chose qu'un appel accideutel, comme celui que
M- W fait souvent heureusement (ex. p. îiliOoù il rattache le
totémisme à l'influence du sentiment du clan i. Il faut lui faire
un appel constant. Les phénomènes sociaux se distinguent
les uns des autres et des phénomènesindividuels par dcsdiflé-
reuces de degré et par des différences do nature. M. W. fait
disparaître ces différences en poussant ù l'extrême le sens
du continu qui les unit forcément. Le cycle des phénomènes
sociaux est relativement fermé, et lu condition primordiale
de toute explication d'un mythe c'est, à autre avis, la sensa-
tion de ce caractère social non seulement du mythe, mais du
chacune de ses causes et de chacun df ses éléments. M. VV.
n'a pas ce sentiment et c'est pourquoi, bien que supérieure,
son analyse ne uous sullit pas encore.
Nous voulons, pour terminer, simplement inarquer ce qui
sera la lacune lu plus considérable de l'œuvre, après tout
très belle, que le vieux philosophe est en train d'achever.
Langue, mythe, religion, mœurs, vont trouver place dans
cette enquête monumentale de psychologie collective et le
problème fondamental de ce qu'est pour nous cette partie de
la sociologie va rester sans être traité. Nous voulons parler
des représentationscollectives. Nous avons, a diversesreprises,
signalé ici et ailleurs, par des travaux critiques ou originaux
dont il u'a pas été tenu compte par AI.W.. quelle est la nature
collective des notions de temps, de classe, de force et de cause,
de nombre. M. W. va n'étudier que la notion d'Amedans son
deuxième volume. C'est une tache déjà très grande; elle
n'était pas ta seule ni la plus urgente. Nous qui reculerons
longtemps devant la vaste entreprise que M.W. exécute,
nous regrettons qu'il nous laisse tout à faire sur la question
où il pouvait peut-être apporter le plus de lumière.
M. M.

S. RKINACH.– Cultes, Mythes et Religions. T. H. Paris,


Leroux, 1900,p. XVHf-407,in-8°.
Ce livre de M. lieinach n'est pas la suite du premier volume
dont nous avons parlé l'année dernière. ("est un recueil d'ar-
ticles composéde la même façon. On y parle des phénomènes
religieux primitifs, réduits cette fois encore aux deux espèces
AS.\i.YSRi. – l'inuisoimiK rtKUiiiKr*i; 217

~J~L. m.· _e
lot»» et tolmu, a l'histoire du chriKlianlKineel du judaïsme
modernes, en traversuiit la mythologie grecque, folle-ci
donne lieu ù doux aides d'études, los unes oïl l'auteur
recherche, sous le voile des légendes et des mystères, tes
traces de leurs origines, tes autres où il Interprète les repré-
sentations figurées des dieux et des mythes. Mansces études,
l'orplilsme tient la plnco d'honneur. M. lleinnch en vont à son
obscurité, il décèle dans Virgile, on particulier dans Iti
IV ftglogue et lo VIelivre de l'Enéide, les doctrines de l'or-
lilii.siuorécent. Ailleurs il rattache les doctrines ù leur passe. Il
explique un passage resté obscur des tablettes de Pétélie en
<ïipposautl'existence chez l«s orphiques d'une cuisine sacri-
liciello semblableAcelle qu'interdit la loi mosaïque, qui cou-
sistait cuire un chevreau sacrifié clans du kit d« chèvre
\'nr IA,ilreïio une fois do plus, par l'intermédiairede la Oète.
lus pratiques religieuses de l'helléuisme aucieu a cullus dp
la Syrie. Knlln M. Heinach nous donne ici un lougurticlo ou
il a tente d'ôclaircir le mythe d'Orphée.
Les idées maîtresses du deuxième volume sout les mômes
que celles du premier, et nous ne pensons pas devoir déjà
liauger la critique que nous ou avons faite. M.llcinach se
K'-IlcitediiiiB ai préface de l'accueil qu'elles ont reçu et il s'en
fuit fort. Je uc crois pas qu'il nous range parmi ceux qui
l'engagent sans réserve à rester dans la même voie. Mais on
trouve toujours chez lui une telle adresse d'argumentation,
mie telle chaleurdo conviction et un tel désir de faire pro-
luire à ses idées le bien dont elles sont capables qu'on est
4<iiéralementfâché de ne pas être de son avis. Nouspensons,
ivi>cM. A. Lang, non pns qu'il avait tort daus son affirmation
'l'un totémisme uuiversel, mais qu'il était peu scrupuleux
<lans le choix dos preuves qu'il on donnait. Il se défend
outre M.Lang.
Voicile tort de son argumentation. H a, dit-il, ta prouve
'l'i'il y a eu en Grèce des sacrifices totémiques, sacrifices où
l'animal totem, mis en pièces par les hommes de sonclan, était
mangé par eux, afin de renouveler et de perpétuer l'itllmnen
iotémique. C'est ainsi que Hobertson Smith concevait le
<icrifice totémique. Cette preuve est fournie par des mythes
pii supposent logiquement l'existence de pareils sacrifices.
Le mythe d'Orphée est un exemple typique de ces mythes.
La mort d'Orphée comme cello do Zngreus, mis en pièces
et mangeparles Titans n'est pas un vulgaire assassinat tmytho-
2t8 L'AXNiSi; i 905-1 900
SOCJOLOGIQL'K.

1_1. 1- __w _I! -n_1!. _1_-

logique. Orphée est un dieu sacrifié,ot tes Monades Ihraces ou


plutôt les ftmarai qui le tuent sont ses prêtresses. De pareils
sacrifices faisaient partie du rituel, tout au moins du rituel
théorique des bacchanales. Bacchantes ot bucchants met-
taieut eupiècesdosanimaux vivants, buttifc,chevreaux, fiions,
ot les mangeaient tout crus dans tours trausports sacrés. Les
victimes de ces homophngies n'étaient pas quelconques, mais
divines; elles étaient les vieniresdudieu taureau, chevreau ou
faon; les baeehaiitsétaientégaleiueiit taureaux, chèvresoufaons
suivant le cas. Ces déportenients s'appelaient a?yi£tiv,•"r^W1,
selon qu'il s'agissait de ou de fiions. Ils avaient pour
pendant le meurtre mythique d'un Dionysos zoomorp!ii<|uc.
Dansle sacrifice orphique, l'animal est un renard. Le Thraco
Orphée, coi Hod'une peau de renard, chaussé de peau de
renard, le nocturne ou l'obscur e'w'-iU le reuard, eu uu
mot, est mis a mort par les renardes {liasmrai), vôtues de
peaux do renard ibamtridesi. Sou sacrifice est le sacrifice
d'un totem parles femmes de son clau. M. Heiuach s'objecte à
lui-môme que ce sacrifice pouvait être un sacrifice agraire car,
dans le Kulk-loreeuropéen, le renard est un des animaux les
plus volontiers choisis pour incarner l'esprit de la moisson.
Mais, reliant ingénieusement la théorie des génies agraires
de Miinuhardt à celle du totémisme, il expliqueque ces génies
sont d'anciens totems.
La chaîne des arguments a honne apparence, mais elle est
faible eu un point. La conclusion qu'Orphée soit uu rouard
ue s'impose pas avec une évidence absolue, et cette évidence
est pourtant essentielle. D'autre part, la chaîne balance dans
le vide, car nous n'avons pas le plus pauvre témoignage
qui nous renseigne sur la pratique dn sacrifice du renard, ou
d'un sacrifice équivalent dans l'orphisme. Lacune étrange,
si l'on considère la niasse de textes relativement considérable
qui nous renseigne sur cette religion. Que le mythe d'Orphée
suit construit sur le type des mythes de dieux sacrifiés, per-
sonne lie peut le contester, pensons-nous. Qu'à ces mythes de
dieux sacrifiés correspondent, daus le rituel, des sacrifices,
c'est un fait fréquemment constaté. Mais nous ignorons si au
mythe d'Orphée ait jamais correspondu des sacrifices de
renard et flous lie savons pas davantage si les dieux sacrifiés
sont toujours d'anciens totems.
M.Reinach devrait convenir que cessubtiles interprétations
de mythes grecs ne valent pas de bonnes descriptions de
ANALYSES.– PIIILOSOPHIR
ngUOIECSB 819

«ofiéléstotôfniques. Il nous dira que los document» ethnogra*


phiques sont viciés du fait des théories qui se sont imposées
aux observateurs. Mais que valent les trois quarts des soholies
avec lesquelles on nous refait aujourd'hui la mythologie
irrprifiie? Est-on sûr done jamais nousfaire prendre pour de la
religion ancienne du mysticisme de fraîche date?
M. Iteinach défend encore, duns su préface, contre M, Long
l'hypothèse dol'origine totémique de In domestication des ani-
maux. Nous y opposons lu memeflu de non recevoir que par
le passé, en nous guidant toujours sur l'absence de preuves.
Or ce ne sont pas les faits Adiscuter qui manquent, mais nous
Minions qu'on les discute. C'est notre métier de protester
«•outreles feux d'artifices d hypothèses. Celles de M. Heinach
nous intéressent parce que nous connaissons sa science et
(|ue ses opiuiousuous importent. Mais nous nous méfions des
imitateurs qu'il peut inspirer et aussi des mauvaises habi-
tudes de l'archéologie et de l'histoire, m'i fréquemment réfé-
rence vaut preuve. L'influence de M. Reiuach est grande et le
h'inps n'est pas loin d'être venu où il sera nécessaire de prou-
ver que tout n'a pas été religion à l'origine do l'humanité.
II. H.

U. SIMMEL.– A contribution to the Sociology of Rell-


gion. TheAmerican Journal oj'weiulaijij, nuv. lDUu,vol. XI,
fasc. 3, p. 339-377.
L'entreprise do M. Simmel n'est pas directement sociolo-
gique. 11s'efforce de démontrer que si les phénomènes reli-
gieux peuvent être soumis à des lois (p. 3(10),c'est qu'ils uo
l'otislituent pas un monde si clos qu'un homme de foi pour-
rait le penser. Il est loisible de citer des cas où le passage do
-e qui n'est pas religieux à ce qui est religieux est insen-
sible. Dèslors les phénomènes religieux peuvent être expli-
qués par les mêmes principes que les phénomènes de la vie
laïque. Toutefois, ici comme toujours, M. S. a une tendance
m acccpler trop facilement les explications psychologiques.

K.-ll.JKVOXS.– Religion in Evolution. Londres, Methueu,


l'.IGG,p. XU-loi, in-S*.
M. J. nous permettra de considérer ces quatre leçons comme
nu travail d'élémentaire vulgarisation. C'est une sorte de
220 l/ÀNXlte SOCIOl.OtJIQ.PG. 19UMO0U

résumé, mis à jour, des doctrines de l'auteur, exposées dans


un livre iutitulé Erotuthn et dont nous n'avons pas rendu
compte ici, et dans son Introduction totlw UMonjof Itfliijion.
par lequel nous avons ouvert ici môme, Hy a dix ans. la série
de nos comptes rendus. Il est curieux de marquer le chemin
parcouru par le travail d'un homme. Des deux voies qui
s'ouvraient devant lui, vers la science comparée et vers In
philosophie. M. Jevons il choisi In seconde. A notre avis, il ;i
nui à son premier travail lui-inônie. Car le but métaphysique
et théologique apparaît maintenant qu'il poursuivait dès lors.
C'est eu effet à une espèce do défense anthropologique de la
religion qu'il aboutissait. Sa thèse fondamentale, et c'est
déjà un tort d'avoir eu une thèse, était que lu religion pri-
mitive, celle des peuples sauvages, était de mémo nature
que les religions supérieures, que la religion chrétienne eu
particulier, lu religion par excellence. Ici cette tendance est
avouée. Le principal bul est apologétique. C'est une défeutte
de cette défense c'est une argumentation à lu (ois scieutiti-
que et métaphysique contre la théorie do Frnzer qui veut
que lit religiou se soit développée, par évolution. a partir
d'un état non religieux, magique, do l'humanité primitive.
Au point de vue métaphysique, l'argumentation consiste
en la critique, au nom d'un idéalisme simpliste à la
l'ierkeley,
du la uotiou d'évolution le temps et l'espace étanl des faits de
notre entendement, et étant les principes mêmes de la notion
d'évolution, l'application île cette notion d'évolution à la
religion est contradictoire, car celle-ci se place hors du
temps et de l'espace, et a trait à la substance môme de
Dieu. Les théories qu'on peut avoir de l'évolution religieuse
n'ont nullement à affecter la religion, la religion chrétienne
en particulier.
Au point de vue sociologique. l'argumentation consiste,
comme celle de M. Lnng ou de M. Crawley, à prouver que
les Australiens, dont parle M. Frazer, ne sout nullement sans
religion. C'est une discussion des faits de Ifowitt et de Spen-
cer et Gilleu elle contient ip. IKiune remarque digne d'être
notée les tribus du Nord Australien enseignent il leurs
jeunes inities que In grand Dieu n'est qu'uu mythe ce fait
prouve, non pas qu'ils sont dans un état irréligieux, mais
qu'ils ont abandonné une croyance ancienne qu'on laisse
encore subsister chez les femmes et les enfants.
L:i philosophie du livre est faible. Lit science n'est pas en
ANAMSÉS. J'IIILOSOPIIIK llRUMBUSK 221

progrès. L'usage que fait M. Jovons des faits fiuutus et Afri-


cains est )>ieuchanceux, basé sur les seules affirmations
do
MAI.Nassau ot Allégrot, deux missionnaires. Battu de»
attir-
mutious comme celles de l'universalité du sacrifice
-ont tellement errouôes qu'on s'étonne «le les (p. 34),
retrouver
l'iii'ore ici.
M. M.

OKHLKH.– Die Rellglôse Bewegung in Wales.


Stuttgart. Oumlerl, 15)05.p. IO(Î, in-ll
L'auteur raconte le réveil religieux du Pays de Galles.
Sa plaquette u'est cepeudaul
pas un simple reportage.
0.
M. s'est demandé eu quoi consiste uu réveil
religieux.
Il y a eu eu Allemagne et en Suisse des réveils
religieux,
nais cumuieu différents de celui du
Pays do Ualles tp. 21-30).
lis ont abouti à la formation de sectes
religieuses durables.
>'<:lie sont doue pas des«réveils » à
proprement parler. Au
l'ays de Galles au contraire, le phénomèneest plutôt inverse.
Leséglises ont une tendance
marquéeu s'unir i p. 80,»et cette
union n'est d'ailleurs que momentanée. Le « réveil » n'est
loue possible que si la société religieuse est
susceptible d'uue
'ohésiou tort variable. 11faut qu'il y ait, comme au
Pays de
(iiilles, une organisation très flottante des groupes religieux.
Lesdifférenteséglises, méthodiste, congrégationalistc,
baptis-
lisle, comptent, en temps uormal, uu tout petit noyau do
lideles; ce n'est qu'en époque do crise que la société reli-
uieusese constitue vraiment dans toute l'étendue du
pays. Ces
lioques (le crise suut périodiques ou a peu près. On compte
<U'.sréveils religieux notables en 1138,en 1840,en 1859 17,
(p.
-i'|<. A ces moments,il se constitue presque une religion natio-
ii île. Le mouvement est donc à la fois national et
religieux.
uu point de vue religieux, il est caractérisé
par l'absence de
"mie allirmation théologique, L'œuvre de conversion consiste
'I;tus une exaltation do l'émotivité de chacun des
assistants,
lui détermine son adhésion au groupe. Du point de vue
'«alioiial, il esta uoler que la tûclie principale des promo-
iitiis de tout réveil religieux a été de constituer un recueil do
'•hauts en langue galloise. Ainsi donc, la conclusion qu'on
l'uurrait dégager des brèves observations do M. 0. en les sys-
l'inutisaul, c'est qu'un réveil religieux n'est qu'une variation
morphologiquedes groupes religieux.
2i4 i.'asxkk sociologique. 190IM008
M. 0. a naturellement donné une place considérable a la
personne et au rdled'Ëvnu Roberts. Mais d'abord ou constate
(p. 33) qu'Evau Roberts n'est pas te promoteur du mouvement.
Ou remarque ensuite que sa prédication c'est possible
qu'au
seiu d'un groupe dont lueoliérouee religieuse est déjà assuré».
Ce fait qu'il ne peut parler devant uue assemblée dont il ue
devine pas la comntuuiou stmtiineiiUilo avec lui est caractéris-
tique.
Enfin sa prédication elle-même, qui est plutôt une
prière,
n'a pas l'importance persouuelte qu'on pourrait supposer.
Evan Roberts est interrompu à chaque moment, ou par ta
profession de foi d'uu des assistants, ou parle chaut d'une de
ses ôvaugélistes, qu'entonne toute l'assemblée. Dans ces
séances religieuses, les réactions du groupe surtout sont doue
importantes et devancent le plus souvent d'ailleurs, l'action
du prédicateur.
A. 1J.

H. KAItSTKX. TheOrigln of Worshlp. A Sltuhj in primitive Ikli-


giou. Wirnx, l'uggroii. 1903, p. 143. in-8» (Thi-se du doctorat «le
Helsinjrfors).j.
Ko. CI.OIU). – Animism. Londun, Consluble ut (>, 1905.

l'a. KAM'STKI.Y – Wesen und Geocbichte dor Religioae».


Berlin, Verlnjf tics xx. Jalirli., 1900, p. loi, in-(>

I-. von SUIItoivUKK. – Weson und


Ursprungder Religion, ihre
Wurzelaund derea Enifaltung. 31tiiielicii, J. 1·. Lehofat))).
190», p. 3'.), iu-8'.

O. l'KLKlDKKKIt. Religion und Religionen Mûnchcn, L. K.


l-ehm.-iiiii,luo8, p. Vl-249.iii-81J.

K.-ll. KAKXKLL.The Evolution of Religion. An unlbropuin-


giwil stmly. Xow-York, l'ulnani, 1905, p. 23i, in-12.
A. OttliWS. – Die Religion ale Selbstbewusstaeia Sottes. Eino
pliiloMophiselie Liilersucliun^ ûber dus Wesca der Keligioii.
Leipzig, Miedcrichs, WO0.p. XIV-5I7. in-tt».
J. UU1KSLKV. Religion and Londou. J. Clurku,
Expérience.
l«os. p. 3is, in-8".

II.-S. NASH. –Religion and Imagination. The Anitriatu lournut


ofTheuhgtj, lUOti,vol.X, nr. 4.
A.NAM'SKS.KVSTKUKS
ngl.lUIIÎL'X 2%j
Il.-W. KlTtilIKIT. The unroallBedLogloofReligion. Loiidon,
Kelly, lUOii.p. 273,in-S".
r.-A.IMCTO.V– Pantheism. its Story and Slgniûoanao. Lon-
tlon, CotiKtubloclO.H»05.

II. SYSTÈMEKKtIUlKL'X

A. iMigiou* de» SociétésInférieures.


l'ar M.Uavm

.i.-U. FRAZEll. –The Beginnlngs of Religion and Tote-


mlsm amongr the Australlaa Aboriglnes. Portuiyhlly
Iti'cii'ir,juillet-septembre 1905, p. loi -104, p. 452 407.
Les deux petits articles de M. Frazer sont l'exposé définitif
ilf ses idées sur le totémisme et sur les origines do la religiou.
un les retrouvera d'ailleurs, intacts purult-il, duus lu future
il il ion, tu troisième du « Golden Hough ». Nous leur devons,
iii.tl^i'étour caractère sommaire, uue respectueuse et sérieuse
ilciitioa.
On se souvient de la théorie de M. Frazer. Les Australiens
-l'iaieut encore tes représentants d'une humanité restée en
<!t'i;ùdcla religion, dans une période magique de ta mentalité.
i. i religion, caractérisée par la présence do dieux adorés pur
nilraiule et la prière, u'exislerait pas chez eux. Seuls les rites
liiimédiatement etlicnces delà ina^ie existeraient. Cette Ihéo-
n,' il la maintient. Ou se souvient aussi qu'à dilîèrentes
H-prisL's,dans l'Année, nous avons protesté contre pareille
iliéurie ({tii suppose accordée une déliuitiou tort contestable
!•!lu magieet une autre non moins contestable de la religion,
• qui, quant à nous, ne lient pas compte d'un très graud
i inibrede faits Nous n'aurions vraiment pas à revenir sur
i- stijiHsi l'auteur n'était M.l-'razer.
Il y a d'ailleurs dans le débat plus qu'une querellu de mots,
il y a une question de classification, do répartition des faits
!<>plus importants do la science des religions. M. Frazer con-
i'i'i\i\que les Australiens étaient sur la cotede la religion quand
li conquêteEuropéenne les a arrêtés dans leur développement.
I." totetir-serpeul mythique Wollunqua, serpent unique et
'réuteur, qu'adorent mais que contraignent les Warrainunga,
* M.Fraxeren convient, un totem qui allait devenir un dieu.
2Si l/AN.XKK tiQCIOLUIIlul'E. «05-1901

Et s'il a raison de triompher des interprétations hasardeuse»


de il. Lang concernant les dieux Uaramuluti, Itafome,etc. et
lus ihuiimura Uieri, il n'en conseut
pas minus à voir dans
Hui'iuitun esprit ûpouvoulait auquel Il iiont fallut
que bien
peu pour dire lui véritable grand dieu. Môme il va jusqu'à
observer dans certaines pratiques funéraire», des Wnrra-
muiiga et Binbiuga uu début informe de culto des morts
concession inutile à notre avis, car il ne s'agit que de l'eiitre-
tieu du mon. et biea inexacte; bien imprudente aussi
puis.
qu'il n'y a là, comme M. liertz l'a démontré plus haut, 11161110
pas une leinle d'adoration et de propitiatiou. Mais si M. Fra-
zer consent il voir des points on eut pu se greller un
système
religieux, il refuse par contre de voir aucune religion pro-
prement dite dans tous ces faits.
Connuespreuves positives do sa négation, il
apporte l'opi-
nion de plusieurs auteurs suivant
lesquels la croyance aux
grands dieux n'existe pas chez les adultes ou les vieillards;
le fait qu'il n'existe pas do prêtres et
que même tous les Aus-
tralieus se croient des pouvoirs magiques. Ni
luue, ni l'autre
de ces preuves ue vaut, car l'Ausl1'ulien
distingue partout entre
la magie populaire et celle du magicien
initié; et ensuite il
n'est nullement prouvé que, dans certains cas. en dehors du
n'oltumiuitdéjà cité, il n'y a pascroyance à la réalité du grand
esprit, réalité plus ou moins graude. réalité tout do môme.
Mais toute cette discussion, décidément un
peu traînante, na
nous fuit pas oublier la divergence
profonde qui sépare nos
vuesde celles de M. Prazer. N'employant
pas pour marquer la
dilléreuce entre ta magie et la religion de critère aussi inexact
que celui de l'adoration et de la contrainte, uous ne pouvons
même accepter la position de la question. Les deux ensembles
de phénomènes religieux,
l'un systématique, ordonné, obliga-
toire qu'est la religion, l'autre désordonné, facultatif ou cri-
minel qu'est la magie ne se différencient pas, selou
nous, sui-
vaut la présence ou l'absence de grands
esprits qu'on propilie
elles se différencient suivant l'usage
qu'elles font des puis-
sances sacrées, ces réalités communes à l'une et à l'autre. Or
la présenced'interdictions rituelles
graves, de rites complexes
d'oblation, de levée de tabous, etc., concernant l'espèce toté-
mique nous semblent caractéristiques d'un état sinon exclu-
sivement religieux, tout au moins
magico-religioux de la
mentalité. Mémo, modifiant ainsi une ancienne théorie de
11. Frazer que M. Frazer a l'air do
répudier, uous voyous
.mi.ï<ii«. – st^MKx ni:i.ir,n;i -ii:,
iliins iespèce <te « coopération magique » pomme it disait.
.tes (tons tolémiqueg une véritable organisation du
culte!
•li!iijiie clan étant piètre pour tous les autres à l'égard du
totem. Hiérarchie et organisation, respect religieux, et sacra-
H«hU«mi avec désacrnlisalion subséquente, (ont nous semble
iloiiué, sinon différencié, même chez les Aruntas. de ce
nui
(iiisliluc uni' religion.
l.i» second article porte sur les origines du totémisme en
Mistrulit».Le postulat est toujours le même et on soit
que nous
m- raccordons pas. c'est celui de lu primilivité de la société
\runln. Parlant, eu réalité, de celle-ci, et dit
système y
••iiiHi de la naissance régulièrement miraculeuse. M. Krawr
'it (lu totémisme « une théorie primitive <iela
conception »
i> W7i. Le totémisme est tout siniplemeut le fruit d'une
.iiL-ur. d'une ignorance. La mère, chez le primitif, ignorante
.!<<causes de la conception, l'attribue a sou alimentation
i "lie qu'elle conçoit,c'est celui qu'elle a mangé delà le enruc-
!<-redes totems d'être pour ta plupart des objets comestibles
]•. iStt). Et l'individu se réjiute être tel on lei (mimai parce
Mh- sa mère s'imagine qu'il l'était. Ainsi créé, le totem est
iinturellemenl quelque chose de local après la inauducoUon.
li vue est réputée un moyen pour l'âme des choses de
péné-
'««r le corps îles femmes et la vue i c'estprobablement
Ihy-
Hhèse claire que M. t-Vazerexprime obscurément a quelque
• liosede suggestif, les femmes d'un lieu déterminé se
sugges-
H'.imanl les unes lesaulres quant aux causes de
leurs concep-
'i<ms. lue fois local, le totem devient héréditaire, et nous
:iv.iusnlors le totémisme Umbnin et (inangi, expliqueà partir
<)utotémisme Aruuta.
l.'exogamie, dans cette hypothèse, devient malheureuse-
iii.nl inexplicable (p. 4(51 1. la cause en doit être réputée incon-
nu. Kilo doit être cachée sous une «
superstition » du genre
'1>'celles qui ont donne naissance au totémisme, mais nous
nous perdu probablement tout moyen de retrouver celle
-uperslilion. Kn tout cas, exogamie et totémisme,n'ont rien ù
i .ire ensemble, primitivement, admet il. Frazer.
Nous ne voulons pas discuter a fond celte théorie. Xous
voulons simplement en montrer deux fautes logiques,fille
piirl du principe de la primitivité des Aruntas, et ce principe
«"l justement t>nquestion. Même l'argument final de ces arti-
•l-'s porte sur cette question, tant M. Frazer sent
que c'est là
I" nuMidde son argumentation. Mais pour défendre sa
position
V.. li. itMiKiM.– Anii'V•.•iol.. imtj-i'niii |
sse I.XSKK SOClOLOlîlvUE. 1903.19(10

il commet une autre faute do sociologie et il suppose (p. iGJt)


(lue les irilius Australiennes les plus primitives sont celles du
centre, et non pas celles de Iti cote, parce que»les ressource*
économiques iiifûrieures ont été une raison de stagnation
sociale. Or si une chose nous parait probable, a priori et en
l'absence de toutes recherches de technologie et de sociologie
générale, c'est au contraire, en principe, que la lulle pour la
vie crée des formes sociales nouvelles. Kn fait, vivant dans
l'abondance, les tribus des cotes orientales n'ont eu que peu
de raisons de changer leur morphologie et leur physiologie
sociale- Ajoutons que. définitivement, lesAruntas sont la plus
grande des sociétés Australiennes connues, grande par le
nombre et par la superficie occupée sinon par sa densité
sociale, d'ailleurs extrême en cas de congrégation religieuse.
La deuxième faute logique, c'est que M. Frazer décompose
à jamais toute espèce de coordination entre ce qui a »>lépri-
mitif et ce qui a suivi. Même lu descendance utérine devient
inexplicabledanscesystème. Comment l'enfant niira-t-il jamais
le totem de sa mère, s'il est interdit il celle-ci d'en consom-
mer' Ktsi M. rrazer garde son ancienne théorie de la comesti.
bilité primitive des totems non protégés pardes interdictions
alimentaires, d'où vient alors cette inteitUcliou? Pour vouloir
trop comprendre on ne comprend plus rien à rien.
M. M

A. vas- GKNNKP. – Mythes et Légendes d'Australie.


et rfc socialmjii'.Paris, (itiilinolo, l!>0ii.
tîhtileit irethnatjrai>hii'
p. XII-CXVI-Î88. iii-8°.
Le livre n'est pas sans ambition, C'est en principe une
simple traduction commentée d'un certain nombre de mythes
et de légendes d'Australie. Cette partie comprend en somme
un excellent recueil, intelligemment composé de légendes
Australiennes empruntées aux meilleures sources, et assez
représentatives des notions répandues sur tout ce continent,
sauf dans l'Australie occidentale que M. van (ienuep a lais-
sée de côté. La traduction est naturellement faite sur les
textes anglais, cl n'est pas sans contenir quelques fautes
(pourquoi si souvent écrire liihiiujti> tes notes sont pré-
cieuses et contiennent nombre de rapprochements, rappro-
chements qui eussent certes pu «Hrcdéveloppes i'ox. note di>
p. !>H,>fj. sur Union»'où il eut fallu parler des représenta-
AX.UMI». – SYSTÈMBS RKLIUIEI'X 227

nous llgurws nombreusesque nous avons de ce dieu) mais


liiisoul (joui-la plupart intéressants, ingénieux et instructifs.
Telle quelle, cette partie donne uue bonne idée du type de
mythologieque nous connaissons le mieux. Kllelaisse eepeu-
•laut hors de considération tout le cercle des coûtes propre-
ment dits, dont l'existence préoccupe pourtant M. van (îenuep
p.Ci.), Il «'est peut ôlre pas une des légendes ici répétées qui
ne suit un mythe caractérisé, soit par la sainteté et la
gran-
ik'iir des objets et des personnages, soit par la place qu'ils
viennent prendre dans un rite eu formant l'un des drames
iiiiKicoreligieux de l'une des grandes cérémonies. D'ailleurs
i! Introït, p IX i. M.vaiiGenuepamarquéà proposdes Arutttas
i .'traite liiiison du mythe et du rite en Australie. C'est pour-
quoi nous ne comprenons pas la façon dont il semble refuser
•l'adopter même le principe de la division eu mythes, légendes
t contes que nous avons proposée ici. N'est-ce pas que, ici
omtne eu d'autres points, tes Australieus n'ont pas de
k'iiueoup déplissé le statie où tout était encore mélangé et
><ùla légende, le conte et le mythe intimement associés à
!.i représentation dramatique comprenaient à la fois tes
'It'iucnU de comique, d'esthétique, de sérieux, d'historique,
ft de substantiel que l'évolution répartira plus tard entre
!>< trois divisions des représentations collectives objets de
JvcitS.
Ace recueil de mythes et a une description sommaire du
lontenu de la mythologie Australienne. M. van Gcunep a
..jouté plusieurs notes. L'une concerne tes grands dieux Aus-
traliens et leur rapport avec les rites d'initiation et avec le
iliombos », le« diable » comme nous proposons de l'appe-
ler d'un vieux nom français, que les Australiens sonnent
ihins leurs mystères. Pour t'auteur (n. de la p. LXXVHI)ce
-[•ait A une divinité naturiste que se réduisent tous ces êtres
-tirnnltirels associés au « rhombe »; proposition qui n'est
iN'immlrablc que pour un petit nombre d "outre eux, n'est,
même alors, que partiellement vraie, et ne s'accorde guère
><"<la qualification qui Unir est donnée plus loin de lieras
i nilistiteurs (p. LXXIXi. I/idée maîtresse de cette note est
il'-ïi Heurs bien meilleure que tes développement!?accessoires
|>ir lesquels il est pris position sur presque toutes lesques-
liiuis actuelles, et, il est exact croyons nous de rattacher la
•iiititmde plusieurs des grands dieux à une sorte de religion
• votériqiN1,qui disparaîtrait devant la religion esotérique
ï->x'4 i.vxxkk stie.iKi.miii.iri:. liwîUïmo

des hommes initiés pour lesquels le. «fraial «lieune serait que
le « diable » ici. AnnéeSaeiol., VI, p IISi.
Lue autre note se réfère, au fond, à des idées que nous avons
émises ici concernant lit notion de puissance inagicoreli-
pieuse. Nous n'avions pas uni la retrouver eu Australie, sous
sa (orme primitive H complexe, eooxtcnsihle à In religion et
à lu magie bénificieule et inalélleienle. ete. El pour nous la
notion ù'anmijifuiHiuiet <!<>rhurinija étaient déjà le produit
d'une dilïérencintion Kit ayant l'air de corriger nos alurniit-
lions. M. van (ieuiicp n'eu soutient pas moins au fond, a voi- t'
lit plus grande bonne foi, la même opinion.
Une longue discussion est consacrée à l'élude des notions
coiicermint lu conception cl la réincarnation: nous devrions
dire deux discussions, car après avoir exposé ses idées.
M. van (jennep y revient à propos des nouvelles théories d«>
M. Lanjï et de M. Krnzersur le totémisme. En réalité il s'agit
défaire des observations de Itotli que nous avons signa-
lées est leur temps pour allirnier avec M. Frazer, contre
MM.llowilt, Durkheiin et Lutig. l'extrême extension et la pri-
mitivité en Australiede, la notion de la réincarnation et de la
conception indépendante du coït. Mais ni la notion ne parait
aussi étendue, que M.van (i. veut bien le (lire, car il ne la
retrouve que dans l'Australie du centre et du Nord, ni les
faits lie prouvent que nulle part, inuf élu1; Iw .Iruiihis, le
totem de l'enfant, la nature individuelle de son âme ait été
complètement indépendante de celle de l':hne de ses parents.
Quantà nous, nous avonsparfaitement l'impression contraire,
celle de M. Durkheim. que la notion Arunta est le termed'uuc
longue décomposition, fruit du conflit des notions concer-
nant le totem héréditaire, le clan local, et le régime des classes
matrimoniales. Ht la raison principale du désaccord entre
les auteurs est au fond que seuls, selon nous, MM.liowitt cl
Durkheim accordent à ce dernier phénomène sa véritable
importance, les autres. M. van (i. est particulier, y ayant iusul-
lisammeut rélléchi cf. Il note qui n'est qu'une transcription
du système Bitibin^u.p. ÎG'.I,sq..¡,
Xous ne pouvons considérer connue satisfaisante non plus
la note sur les « systèmes de filiation ». Ni l'étude des (ails
n'y est sullisaïuinent approfondie, ni l'hypothèse finale, à
mi-chemin entre celles de M. l'razer et celles de M- Laii;
et au fond concordante avec celle de M. (iraeltner. lie nou>
satisfait par sa rigueur ni sa véracité. Kit mlmellnut au fond
ASAUSBS. – .-ÎÏSTKMKS HKI.ItilKl'.t 24tf

W 1 ,I!LL oa&J. _1 1.. 1!IL_


la thèse de M. Durkheiinque lu liliattoit utérine et lu filiation
iiiiiscitliiie sont concurremment employées dans l'Australie
«-l'iilrulc,M. van (i. arrive Alui ûler tout sens en l'explicfiiunt
par une hypothèse d'histoire ellniographique il y aurait eu
itcs tribus, une civilisation Australienne a filiation utérine,
et des tribus, uni' civilisation Australienne à filiation mas-
'iilin*1; lu conlluetit de ces deux aires serait représenté par
l<s systèmes complexes à classes matrimoniales. D'abord
cette hypothèse est insoutenable pour M. van Uenuep qui
i-n admet une autre concernant la nature régulièrement
miraculeuse de la conception, car un ne sait pas comment le
miracle qui aurait été la règle primitive pourrait avoir donné
naissance à nu système quelconque. Kusuite elle n'explique
ien, car il est évident que le système des classes y échappe
• iilièrcinent el que c'est »ufondlui qu'il s'agit d'expliquer.
Sur la « primilivité « des Aninlas. M. vau (1. n'est pas
l'accord avec M. Krazor; mais il n'est pas loin d'admettre
l>s théories hâtives, proposées eu Allemagne, sur l'identité
filmique des Dravidiens et des Australiens, sur la « civilisa-
iun papoue ». Les remarques qu'il (ait, après M. iîraebner
H .M. Thomassur les « cycles culturels » (ou pour mieux dire,
lires de civilisation Australiens ue sont pas sans iutérèt.
M. M.

S AS: THOMAS. – The reltgious Ideas of tlte Arunta


Folk Imiv, lt)0.'i,XVI. p. «8-Wi.
Voici que les missionnaires alleinauds stalionuôs parmi les
mutasmettent en doute des points capitaux de la soi-disant
n-ligion« primitive», toute magique, desAruntas. M Stiehlow
oniptL» publier un livre que uous allons attendre avec impa-
lii'iicc pour le moment il ôcrità M. Thomas I" qu'il existe
un grand dieu chez les « Annula », Mljim, qu'il décrit 2eque
li croyance à la réincarnation n'existe pas, mais que l'Ame
ii *>retournepas au centre lotémique, et que le Ijitinmju
'liuringaj n'est pas le séjour de l'Ame,mais le corps du mort.
M Thomas fait remarquertrès justement qu'.Vltjira semble
'ire un nom commun à plusieurs dieux.
Il sera prudent d'attendre, par conséquent, avant de conti-
nuer à édifier tant de systèmes sur tes seuls documents de
MAI.Spencer et (iillcn.
M. M.
230 I.'aXNKK .«ouiiLOlilgl-K. IWiMOfi

K. LANGL01IPAKKKH.– The Euahlayi Trlbe. A Slmlif


of iboriijhuil Life in Auxltulia, witlt an ititrmhtctioH by
Andrew Lanjî. J.oudres. Constate, 1905,XXVUMMip. in-X".

• M"Lnugloh Parker a déjà publié deux recueils de coules


Australiens (Nuit, IH08, lî»00i: l'édition eu fut excellente
Elle nous donne ici taie monographie de lu tribu des Euahlayi
(Yualuroi de M. Uowitli, à laquelle elle avait emprunté lu
plupart de ses coules. Klle cottuatt cette population depuis
l'arrivée des premiers colons, dont elle fut et elle la coiiiitili
intimement, ayant eu. ce que n'ont pas d'ordinaire les ethno-
graphes, uu contact long de près de trente ans. et des relutious
personnelles, surtout avec les femmes, d'ordinaire si distantes
de l'observateur. Peut-être pourtant ces relations u 'oui elles
pas été absolument étroites p. 3, mention d'interprètes), et
M" Parker ne fait-elle pas assez la part d'une décomposition
très ancienne de cette tribu lËlle a pourtant noté la diversité
d'origine des personnes qu'elle connaissait dans More Aux-
tralian Leyemlarii Tûtes). Eu tout cas sou livre est excellent,
quelque modeste qu'il se présente. Naturellement les iucliua-
tions primitives de l'auteur ont prévalu et il a surtout trait
aux croyances et aux rites.
Le fait sur lequel ce livre nous apporte le plus de renseigne
meuts vraiment neuts, c'est celui des totems secondaires, ou
totems « multiples ». Les Kuahlayi sont uue des nombreuses
tribus où les espèces animales et les choses sont réparties
entre les difléreuis totems, répartis eux-mêmes par phratries
ces classifications sont peut être tout à fait du type que uous
avons fait connaître elles sont ici fort biendécrites, du moins
quant à l'abondance des mentions de choses classées. Nous
voyouspourtant deux lacunes les vents sont bien répartis
entre les totems, mais il lie nous est pas parlé de l'orieutatiou
des clans qui est bien probable, comme chez les Wotjobatuk
d'autre part, la fonction de ces sous totems est mal définie,
sauf en ce qu'ils servent de présages et d'auxiliaires. La soli
darité morale entre les sous-totems et les membres du clan.
par contre, est assez bien marquée, car ceux-ci ne tolèrent
pas l'insulte qu'on adresseaux espèces ou choses associées. Il
semble d'ailleurs que si les phratries (sang noir et sang clair)
ne gouvernent pas la répartition de» totems, ils gouvernent
celle des sous-lotems p. 17;.
A.VUVSIK.– SVSTÈUKS
RELIISim >3t

Sur les totems eux-mêmes, peu de faits nouveaux mit»


légende remarquable qui les dérive des dilléreutes parties du
corps de Kyamee, le grand dieu dont nous allons parler une
tonne remarquable du tabou lutémique qui n'intordit pas ta
consommation ni le meurtre du totem, maisinterdit l'insulte,
l'interdiction alimentaire étant réservée à l'espèce loténiique
ronsaerée il l'individu, magicien ou barde, et non pas au
totem du clan. M. Lang dans si prélace prétend qu'il n'y a pas
ici de cérémonies du genre de llnlicliiuma. il semble pour-
tant qu'il y ait quelque chose de ce genre, mémo avec un
pouvoir reconnu aux membres du totem sur les espèces sub-
tntémiques (p. 8ij.
A la question controversée de l'existence des grands dieux
liezles Australiens, M" L. Parker apporte encore sa coutri-
Imtiou. Il faut dire en etlet, avec M. Lfotg'p. XVI;, que \c
mythe de Hyainee 'chap, 11;. le dieu mystique, père de tout.
• >l très nettement développé. Substance des totems, ancêtre
île tous les êtres avec ses deux femmes, fondateur des rites et
'les lois, il est. chose remarquable, toujours existant et tout
puissant. Selon l'auteur, il serait imploré dans deux circous-
i,i uees. par des prières proprement dites au moment de
I initiation, les vieilles gens recommanderaient les jeunes
^eus et la tribu à la bonté ellicace de Byainee, dont ou vient
'l'observer les coin mandementspar les solennités accomplies
i'l les épreuves subies; au moment de la mort, le uirivemm,
magicien-pretre, supplierait le dieu de recevoir l'âme au ciel.
ouant il nous, si nous ne doutons pas. contrairement à
M. Tylor. de l'originalité du mythe de Byamee,nous doutons
tort que ces deux rites ne soient pas d'importation euru-
péenne. Le compte rendu que M" Parker faisait dans un
ouvrage précédent, de la cérémonie funéraire, nous rappro-
chait plus d'une simple imitation d'un service de clergyman
ii face tourné vers l'Est, la componction, la tète baissée de
I olliciautet des assistants, tout nous donnait une impression
•lue ne sullit pas à détruire l'iillirmalion (p. 3i que les Emili-
i.iyisne connaissaient pas de missionnaires, Ils portaientpour-
tant dès tors des chemises et ont du assister à des enterre-
ments de volons. Pour la prière en faveur de l'initié, nous
laisserions un peu plus de marge, mais bien peu, à l'invention
îles noirs. Et, il nous, Hyainee nous semble un grand dieu
Australien du type bien reconnu par M. Howilt, avec femmes
«•Ienfants, avec des relations bien établies entre lui et l'inilia-
•i-ti i, Vxxiîk S(ii:i.ii..ii,iui k. ttwi-l'jijt;

Itou, entre lui H u» certain nombre d'autres dieux Oaraniii-


lu». tui-nit>iitetu grand dieu du S -Iv entre dans su mythologie,
ainsi que le « diable », riustrumenldieu quel'ou soutieilmis
tes mystères. Toul ce qui reste il notre avis de lu longue arp-
metttutiou (ut M. Lung (ail état du ce fuit contre les théories
df MM.Ilowitt et Krazor, c'est que cette notion de grand
dieu se retrouve ici dans une société il liliation utérine, par-
faitement caractérisée, valable pour les totems et les classes.
.Maisou sait que nous attachous ici moins d'importance à la
illialiou utérine proprement dite t|uu ne (ont les autres cri-
tiques, et que nous considérons, depuis les premiers travaux
de M. Durkhcitn, les classes matrimoniales comme déjà
causées pur l'apparition de la tiliatiou masculine.
Au surplus. Hyumee nous parait, et c'est ici un point que
M. LangeAt pu noter, non seulement un dieu tribal, mais
même un dieu national, peut être même international. Nous
remarquons en effet, uou seulement que son mythe s'éleud
très loin, ce que nous savions déjà, mais eucore qu'il domine
«lesrites d'initiations auxquelssont convoquées de lointaines
Iribus, et même, probablement, des tribus provenant de
groupes très peu apparentes. lu certain nombre d'entre elles
divergent même au point de ne pas avoir le même signe
d'iiiitifltiou. l'extraction de h dent p. TUt,
Les rites d'initiation sont l'objet d'une longue et excellente
descriptioincliaii.VUli. Us sont du type régulier du Sud-Est,
et de tout point comparables aux rites des Wiraidjurîs. Comme
eux, ils comprennent de longs stationnements dans des clai-
rières circulaires, des passages au feu, des présentations clea
choses sacrés, des représentations mystiques, magiques et
religieuses; mais ce qui est plus singulier, c'est la part que
semblent y avoir joué les rites pénaux et des sortes de sacri-
lices humains. La longueur des initiations et desstages est con-
sidérable. Il nous est enfin bien exactement noté que chacune
de ces phases correspond à la levée d'un tabou alimentaire.
Nous notons précieusement ce (ait. à notre avis décisif
pourl'
la théorie et de l'initiation et du tabou.
Le sujet auquel .VI1- Laugloli Parker a peut-être accorde ta
meilleure attention, c'est la magie etles magiciens i IV.V. Vl^.
.Vousavons, si souvent décrit ici les grandes ligues des insti-
tutions magique* Australiennes que nous ne voulons pas
revenir sur des faits d'un type déjà bien connu. Nature de la
révélation et origine des pouvoirs magiques des nineeititn.
.mrsK!S. – SïaTKMi:* KKLH.IBIX 233

nature des rites et conditions de leur accomplissement,u'uitt


rien d'extraordinaire. Ce qui est singulier dans tes croyances
Kiiiililnyi, c'est t'existence du yuubtui. du totem individuel
riesuuigicieus.âmeextérieui'ecollectived'un individu (M.Tlto-
uiiis en u fait remarquer la rareté en Australie, p. 2ij;ce
totem est doublé de l'arbre Miiujinih.où réside encore l'aine
du magicien, sa sauvegarde, arbre dont l'ombre est tabou et
gardée pur des esprits.
Les rites concernant les femmes et tes enfants, sont extrê-
mement bien décrits, et s'ils sont, eu réalité, d'une forme
hauule. ont été si souvent négligés des observateurs qu'ils soul
presque une tiouveauté eu ce qui concerne l'Australie.
A la mythologie qui ressortait de ses deux collections de
contes, M" Parker ajoute ici de nombreux faits. Le monde
des esprits Kuablayi, apparaît comme très peuplé les classe»
-ont certes mal formées entre eux, mais déjà des distinctions
apparaissent: les mythes astronomiques et naturistes sem-
blent être très développés, mais entièrement dominés par la
ilassilicalion en totems.
1-epoint le plus faible de ce livre excellent est, à notre avis.
ta description des rites funéraires et du deuil. Sauf eu ce qui
l'oneerne le deuil de la veuve (p. ltô>,nous avons l'impression
lue l'auteur s'y est pris trop tard pour observer.
L'u certain style poétique joue parfois de vilains tours
ex. p. T2r, M. S.-W. Thomas, le véritable éditeur de ce
livre, a, par une excessive modestie, négligé de marquer sa
part évideute (p. Ti, p. l't, p. K,p. IUO
M. M.

A. PHATT. – Two years among New Quinean Canni-


bals. Londres, Seeley, 190(5.p. 35*.),in-8-
Les résultats du voyage de M. l'ratt eu XouvelleCuinée.
huisun des derniers pays dont l'ethnographie soit totalement
inconnue, ne semblent pas avoir été très grands au point de
vue qui uous occupe ici. Sur lesTugeri de la Nouvelle lîuinée
Hollandaise qu'il prétend décrire pour la première fois
p. SU sq;, il ignore que M. Schadee, dont il a eu à utiliserl'
les services là-bas, les a provisoirement décrits, mais bien
mieux que lui-même ne fait. YXsur les tribus de la Nou-
vWle-Cuiuée Anglaise, dont il nous parle le plus, il ignore
fut*,grâce si Lawes et Chalmers, Huit, etc., nous en savons
&tt L'W.VKK »UL|i)(.(IUIt.il'B. l'JOo-l'JGU

plus que lui (voy. pourtant p. 173, sur tes rites du village de
Kitls quelquesligues intéressantes», et qu'il est inutile de uotu
parler de Motti aussi bien que de Koitapu. La seule popula-
tion inconnue où ait élé M. Pratt est la tribu (non iiomméei
tl'Kkeikelet d'Itu, ul il pst a*»*»?,
intéressant de savoir que, ni
au point de vue religieux ni nu point de vue juridique, elle ne
se sépare vraiment des tribus de ta côte. Comme faits reli-
gieux, nous ne voyons à mentionner que le chapitre sur tes
funérailles et la magie, où la notion de fifi de mot est-il bien
celui-là?) serait i\ peu près équivalente à celle île manu, où le
tabou lumtlut est assez curieusement confondu par M. Pralt
avec uu homme. Connue faits juridiques, je ue vois d'intéres-
santque tes usages d'achat matrimonial (p.lOi'i.
AI. M.

L. STEHXBKIUI. Die Religion der GiUaken. Air/tir


filr HrlitjioHMÙsmmkHfl IWtëi. VIII. p. Wt-ilït, l'.MH»,
vin, p.i:;«-'Ki.
Ce travail u déjà été publié eu russe dans tes Vmupti>x
rendusde I MiWiWr Imiurriale drx Si'imrvs. Ce n'est au surplus
qu'un expose fort bref de longues et multiples observations.
Ne sout étudiés ici que tes phénomènes les plus généraux
caractère de lu mythologie, totémisme, fôle de l'ours, nature
des rites tliérioUUriques, slmniauisine. Sur chacune de ces
questions, M. Slernberg donne de très intéressants aperçus,
malheureusement trop théoriques, trop clairs, trop jotis peut-
être. Nous sommes forcés d'attendre le grand ouvrage promis
pour les juger..Maisdès main tenant, nous trouvons précieuses
et à noter de suite les tlouuéussur lesbamnnisme ij>. lf>2,sq.i,l,
et surtout tes observations sur les états psychiques du sha-
mane et les états correspondants dans le groupe des auditeurs
(p. 404;. C'est aux propriétés du shamaue que M. S. rattache
la question des Ames multiples, dont le shamaue est mieux
pourvu que personne. Quelque complexes que nous apparais-
sent ces idéeslihiliak, elles doivent encore être inoins simples
que ne le laisse parattre la clarté de l'auteur. Quelles sont
les relations de laine avec le nom? Quet est exactement le
genre de réincarnation et de conception ? Quelle est l'exacte
destinée de la « petite àme », de l'àme « ovaire » ip. Mit qui.
avaut tes secondes obsèques, vit dans uu chien domestique?
Et quelle est cette de la poupée qui vit dans ta tombe, et à
ASAUSK*. – .SÏSTBMKS HKMliiKI'X *3S

coté du laquelle ou met une représentation du coucou, dieu


tihiliak de l'amour? Tout cola ne nous dirige-i-il pas vers
des (ormes très connues de totémisme?
A propos du totémisme. M. S. a éprouvé le besoind'entre-
mêler un résumé excellent des faits d'une théorie A lui, de
It'llc sorteque nous ne savons pus liien xi c'est 1'1propos îles
liliiliiiks qu'il expose ses idées ou si ses idées lui sont inspi-
rées pur lit forme particulière que revêt cette institution à
Saklialine. Le véritable gain théorique c'est l'étroite distinc-
tion faite entre les cultes d'espèce animale et les cultes tott">-
iniques étroitement rattachés au système gentilice, et a la
résidence des àtnes des ancêtres du clan dans l'espèce auxi-
liaire et associée d'Amede l'ancêtre étant d'ordinaire accom-
pagnée d'un uni mal vivant). L'observation est capital»et porte
justement sur la fameuse fête de l'oirrs qui avait été primiti-
vement considérée comme nu sacrement totémique. Seule-
ment M. S. va trop loin et ne veut même plus voir dans cette
iV-teaucun sacrifice d'aucune sorte, alors que tous les traits.
v compris lit non consommation des chairs par le clan saeri-
liant, sont vraimeut démonstratifs, voire démonstratifs d'une
*»rte de sacrifice du dieu.
Le culte thériomorphique n'est qu'une copie du culte géné-
ral, un dérivé des notions concernantl'ensemble de la nature
Chaqueespèce a son dieu, son seigneur, qui envoieau (ihiliak
pieux le gibier amical pour se laisser prendre. Chaque chose,
iliaque élément a sa vraie nature, aiilhropomorphique, dont
I aspect n'est que te masque ip. iib-H&i, et c'est à connaître
i'l à respecter cette vraie nature que s'applique la religion
tihiliiik.
M. M.

i. HIIX TOUT.– Heport on the Ethnology of the Sta-


tlumh of Britlsh Columbia. Journal oftke inthropolu-
gicnl Instante, 1005, XXXV, p. Ii(î-2IK.
Les faits n'ont pas fini de uous ménager des surprises.
Voici une des plus importantes tribus Salish de l'intérieur
de la Colombie Britannique, d'un groupe où le totémisme
•tait ceusé ne pas, ou ne plus exister; voici un ethnographe,
fin sociologue, M- ilill Tout qui a même construit une théorie
du totémisme, dérivé du manitou individuel. qui, après
.M. lions, a admis une théorie de l'emprunt du totémisme
tin l.t.VNKK SOCiGM«if>.il'Ë. KIGJ.JOflt'i

au Nord-Ouest américain et voici que des Recherches appro-


fondies, ou plutôt facilitées par un Indien Stiitltmih extrême-
ment bien informé' p. 127, p. I18>,non seulement nous (ont
apparaître uu totémisme complet, mais encore un système qui
no lu cède pas eu rareté et eu intérêt uu système «les Aus-
traliens ventraux, et qui renverse en somme toutes les
idées préconçues. Môme il est grave, pour la théorie des
formes de totémisme Nord-Américaines, que des fait* si coin-
plexeset si iinportautsaieutéchappéa ce pointa l'observation.
Ils entraînent la suspicion sur uu hou nombre d'idées que
itous croyions acquises. Nous ne pouvons nous empêcher de
supposer que nous avons maintenant, chez les Slatlumh, des
formes évidemment décomposées du totémisme, mais décom-
posées partir de formes extrêmement primitives, lesquelles
seraient à la hase des cultes des clans et des sociétés <Iuubtout
Je Xord-Ouest. D'ailleurs, si nous remarquons l'importance
reconnue chez les autres Salishs, chez les Kwakiulls, Bella
Coolas, etc. jusqu'aux Thliukits. à lu division de lu société
en chefs, nobles, serfs, et si nous tenons compte de l'absence,
chez les Stutlumh ip. 130; du système des castes, nous com-
prendrons que ceux-ci aient pu, mieux que les autres tribus
du versant Ouest des Bûcheuses, conserver des traces de leur
organisation poHlieo-domestico-religieuse primitive. Nous
avons donc à mettre au commencement des sociétés actuelles
non pas des systèmes déjà dégéuérés de totémisme, mais un
totémisme complet, très vivace, ou le cùté juridique et le coté
religieux sout également marqués.
Sur les phénomènesjuridiques «lu chut tolémique, Al. H. T.
nous renseigne après tout fort mal et des expressionscomme
celle-ci « un homme avait à épouser toutes les sœurs de sa
femme » ip. I3Bf ne devraient pas se trouver chez un socio-
logue aussi avisé que lui. Néanmoins, il semble que cette
société Salish type. se compose de familles asiatiques icf.
nomenclature de parenté, p. 2O(i,-201),de grandes familles,
composées en clans locaux et eu clans proprement dits.
Morphologiquement, la société Statlumh est d'ailleurs une
société à double morphologie, d'hiver et d'été ip. I3ti, ta
maison souterraine d'hiver ayant même existé, mais ayaul
disparu assez récemment. Nous rattachons, sous bénéfice
du contrôle de M. If. T. lui-môme, la coexistence do deux
sortes de prénoms individuels. U-lsmim, et *(«; ip. 118 a
l'existence de ces deux morphologies. Car nous ne pouvons
.mi-Vi-KS. – SVSTKMKS HKI.liillaX 23T

iiouseinpécherde rapprocher ce fuit du fait Kwakiutl. où, aux


noms profanes d'élu, succèdent pendant la saison soleiiiiHli*
dos fêtes d'hiver et des confréries religieuses, les noms txrt-
s.dvyij,secrets, indicatifs de ia place do l'individu dans le clan
•l In confrérie, <v.i.p. 4'iH, à propos des fiMes,Xiuptl(i*Ae la
tribu voisine (les Halliomclents'.
H inuiiquc aussi à ce travail une description des ;x>rr/'7/.
eu usage ici cuinuio dans tout le Nord-Ouest et qui doivent
uruveineut affecter les systèmes juridiques et religieux. Les
noms zAïtm, mystérieux, semblent en elïet être soumis; aux
règles (tu potlutcli.
(k>ci posé, passons au côté religieux du totémisme.
.M. H. T. «xagere certaitiemeul quand il croit retrouver
cérémonies comparables a Ylnlieliiiiimi australien; d'une*
part l'élément le plus em-aclèmUquedo colle-c».le sacrement
tutéinique, manque. D'autre part ce qui fait ia couleur de
l'Intichiuina australien, c'est son importance à la fois écono-
mique et religieuse, la façon (tout il assure la persistance de
l'espèce totémique pour les autres clans (le la trilm qui s'en
«ment. Ici la cérémonie totémique consiste simplement en
une prière adressée au génie de l'espèce par un membre du
totem pourqu'il envoie du gibier. Les autres fuits cités par
M. Il. T. ne prouvent nullement sou assertion première, et
les totems personnels qui sont ceux dont il donnedes exemples
ilétaillés, ne semblent pas conférer autre chose que ce que
confèrent en Amérique les révélations shamaniques rie et»
ironre les pouvoirs de l'espèce sont acquis au magicien
tu quel a survenu l'initiation totémique, involontaire ou non
p. 144.sq.i.i.
«Juanl à la théorie de M. H. T. qui voudrait voir dans les
faits qu'il cite une preuve de plus de sa théorie de l'origine
personnelle du totem de clan, nous pensons qu'il l'étaiesur
les faits dont sa propre théorie a vicié l'observation v. p. !;>'•.
i-n particulier!. Il est étonnant même qu'il ait pu confondre
les questions et les choses à ce point. Si le tA-smtm, non*
totémique, n'est pas collectif mais individuel, comment est-il
possible qu'il soit porté par plus d'une personne, et comment
pourrait-il être l'objet d'un héritage de toute une famille
i'A'<Hi?Si\vlel-xt«s, prénom individuel, n'est pas liérédi taire
rommenl s'explique la réincarnation des ancêtres dans le
dan? Il est probable que toutes ces observations devront
être reprises, Peut être le problèmeesl-il ilêjâ désespéré. Mai*
I.N.\ÉK SOCIOfcOttlOl'ti.I903.190IÎ

nous jurerions que nous sommes en présence d'un


système
de élans assez effacés, mais encore tolêmiques, à nombredétei
miné d'âmes et de prénoms, comme partout au Nord-Ouest
Américain.
M. M.

\V.-< WlLLOl'OHBV. –Notes on the Totemlsm of the


Becwana Jimnml of the Aittluvpolomcul ruxtituU: 11105.
xxxv. p. 'Mh-au.
Il s'agit ici de la grande uiition liant»
d'ordinaire désignée
sous le nomde llutchtiiiiins. et dont les HaralonggOïliun, Bnrn-
longasi sout le groupe tribal le plus imporlunt. L'un tins prin-
cipaux mérites de ce travail est môme de nous donner une
lmnue revue des principaux groupes tribaux, et de ce
que
l'auteur appelle, à tort ou à raison « petites tribus » et
qui
suut probablement des clans.
Les mots qui désirent le totem sont tant bien
que mal
analysés par M. W. qui ne nous parait pas avoir une connais-
sance scientifique d'une langue qui! semble bien
parler: ils
relient en tout cas bien nettement le muta
lioteliunua, au
!lilo Uaronga. au j-inu llavili. (Juaut à nous, tous les sens
s'expliquent si on admet un radical originel qui signifiait
interdire, te totem étant la chose interdite icf.
p. 2»7i. Même
l'intéressante expression yaliinn, danser, chanter a tel ani-
mal, lavoir pour totem,
s'explique par ce radical. Tant par
la faute des coutumes déjà
décomposées comme les tribus
elles-mêmes, que par la faute de t'observateur un peu
trop
presse de conclure, il est d'ailleurs presque de
délimiter les diflêreiiles espèces de totémisme impossible
qui semblent
coexister, à des degrés divers, et sous des formes très variées
dans ce groupe social après tout considérable. 11
semble
pourtant que toutes sont représentées, sauf le totem
person-
nel, depuis le totem général, jusqu'aux totems croisés et aux
sous totems de clan.
Mais nous devons protester encore une fois contre
l'emploi
abusif du nom de totem, étendu en somme à tous les
cultes
tlmriomorphiques. Ainsi, il noussemble inexact de parler du
totem du crocodile auteurs que cliez les Uakweiias
;le chef
porte curieusement le nom du totem lui-même,
p. m\), bien
que le crocodile soit l'objet duu culte presque
partout Kt
surtout, il est extrêmement dangereux de
pétitionner, ce que
'.mutt*. SÏSTÈHKSHKI.KHEtX £3»

M. YV.prend pour probable Cp.MOI,sq j, que lu place des uni-


maux domestiques et des pin niescomestibles dans )es rituels
privés et publics Hetchuaims est la preuve que ces animaux et
ces plantes sont les véritables anciens totems tle la nation,
mut remplacés pur les totems actuels. Même,à propos des
animaux, M. \V. croit qu'ils auraient été domestiqués parce
fu ils auraient été des totems; ce qui est certes possible,
niais dont il ne donnepas d'autres preuves que les métaphores
qui identifient dans certaines occasions un homme et un
hUJllf.
Ce rituel des piantes et des animaux n'eu est pas moins
intéressant, surtout la fête de puriliculiou 'tort équivalente ù
d'autres usages Uautiisi. avec des confessions matrimoniales
très remarquables (p. 'à\i). Le travail cuntieut aussi diverses
observations sur les pouvoirs du chef. Un cas de totémisme
atterrant deux totems Itaralongas qui sont lit houe et le mar-
teau ip. 2'J8j, et la possibilité qu'il y ait eu autrefois un
mite véritable rendu au totem, voilà ce <|tfil nousfaut encore
enregistrer ip. 207).

K.TOKD.VYet E. JOYCK. – Notes on the Ethnography


of the Ba-Mbala. Journal af the Intluopoloffieal Institute,
I90S,XXXV, p. 3i>8i30.
Dans cette monographie évidemment encore provisoire.
M. J. a été te rédacteur des notes et M. T., missionnaire au
Kassaï. l'auteur des observations. Lesfaits sont d'ailleurs rau-
ués suivant le questionnaire de MM.Ileacl, Joyce, Thomas, et
Torday lui-même. Xous trouvons regrettable lu pari qui est
i.iile t ta théorie, à des hypothèses, d'emprunt surtout( p. Jli>8,
-i| Des rapprochements qui s'imposent sont au contraires
négligés Doki-Maloki,le dieu mauvais, nul autre que lu puiti-
vince Mit doki des malélices, uilolii, exaetemeul comme un
pays Kougo ou Loaugo. Le Kiw improprement traduit parl'
ii-tiche. n'est autre que la notion de nliisxi nianai dont
nous parlerons <p. -4IÏI).11est très certain que ta notion
.l'i'iuie, le système de titiation, tes cultes animaux sont chez
les Ba.Mbala,encore a l'état do purs éléments de totémisme
tel qu'il fonctionne dans des clans lutémiqties à descendance
utérine ip. 410 et p. Wii. Mais nulle part, le phéuoméiie ne se
trouve désigné sous sou véritable nom H était pourtant inté-
ressant de note)' le fait, même pour prouver ta théorie ici
ÎVO I.V\VÈK sm:(i>f.i>iilvl'i£. 1WS-I90G

avancéo que les Ba-Mliiilasstiul une société linnhi des plus


primitives.
On trouvera d'importantes données sur le système des pnla<
brus et de la justice criminelle 'procédés rie compensation,
méthodes d'incriiuinution, etc.. La soeiC'tOsecrète des J/itri if.
désignés par un Mm-mt,bracelet héréditaire semble être une
organisai ion très reniiirqunblt.' On peut croire (p. Uil. et. p.
i'r> qu'il y il. dans la succession aux {grades,d'oncle mater-
nel en ueveu. une sorte d'hérédité de IVinieet de réincarunliuii
L'usage d'un remarquable (éliriie <?•porté dans la chevelure
nous parait presque di'-monsli-atif surtout si on le rapproche
de l'usage Bavili Denuell. p. S-2 <|(»pincer Irtme. nkula. du
parent sur la tète de l'héritier.
Le système économif|ue est intér<>s«;inl monnaie, crédit,
commerce intense n'y manquent pas; mais les renseignements
«loiuu'Ssur la leclinique sont rares; les lia-Mbalas sont pour-
tant une des dernières tribus Itauttis où on pourra trouver
des faits originaux.
Le cannibalisme est surtout alimentaire, les membres de
la société secrète ne peuventpourtant y participer.
M. M.

M. LKIM1INCK. –Notes sur les Mancagnes ou Brames.


l.ntliiviiolmjii: l'.tO.'i, XVI,p. >G7.
Les Mancagnessont une tribu qui conflue au Sénégal Fran-
çais et au Sénégal Portugais. Les notes de M. Lepriucc sont
brèves, naïves, subjectives mais utiles et elles
(ont soupçonner
des faits importants. Quelques exemples
empruntés aux
Fiiuetvliii montreront comment la meilleure volonté d'un de
nos administrateurs de colonies peut suppléer au manque de
connaissances ethnographiques ou sociologiques. Voici com-
ment, à propos du « culte des morts», il exprime le lotémisme:
Les Mancagnes croient à la métempsycose, avec cette
parti-
cularité que l'Ame des morts ne passe que dans
le corpsdes
nui mauxdont ils ne mangent pas la chair ». Les rites funé-
raires extrêmement intéressants sont décrits de môme « une
triste coutume » voilà ce qu'est un repas où les
graisses,
résidu du flambage-du mort. sont môtëcs ait riz, ators
que
vraiment rendocannibalisme devrait «Hre,connu, au moins
de nom, d'un administrateur. Phénomène
remarquai» le l'en-
lèvement de l'épidermo du mort est destinée à faciliter sa
AX.UVSE". SÏ.TÈMK»
ItEl.lUlKlX 2i(

iviuearnalion (|>. <J8>.Il est regrettable de voir des faits si


intéressants, et désormais si instables, enregistrés ainsi.
M. 31.

Il. HOHMKH.– im Lande des Fetlsohes. t éd. Baie.


Missionsbuchlmiidlung,p. liH, in-U.
Ce petit livre est plein de souvenirs personnels, de faits
bien étudiés sur le système religieux de» nègres de l« Côte
•l'Or, de lu ville do La eu particulier (près Christian-
Imrgi. Ainsi il débute par une extrêmement intéressante his-
luire d'initiation dans une sociétéde devins, dont la structure
<•«(bien décrite, chacune des fonctions nettement déterminée,
i't la jurisprudence, lu casuistique «l le rituel illustrés par de
i-opieux exemples. Malheureusemeut, pour en faire un livre
de propagande, l'auteur en a fait uu roman, qui se termine
l*iir une conversion du féticheur, lieras chrétien. Dans une
intrigue in vraisemblable viennent se mêler, sans dates ni
localisations, des faits empruntés à toutes sortes de groupes de
phénomènes, et l'on n'a plus à faire fondsur aucun. On pourra
pourtant prendre comme valable la description détaillée de
lu ville de Berekuso (en pays Tshi, p. 83. sq.i et d'uue partie
de son rituel et de ses lieux de cultes: une analysed'initiation
|i. 131, sqi. Nous ue sigoalous que sous réserves des rensei-
gnements intéressant le droit péuai ichap. Xlll, ordalies), te
«Iroit privé et public (chap. XV,mariage, p. 178, sq., le roi),
t.e système des réincarnations et des prénoms est le même
m'aux pays Tshi et Eve.
M. M.

K. Ll'NKTDE LAJONQUKRE. Ethnographie du Tonkin


septentrional. Paris, Leroux. l!)0">,p. 384. in 8".
Le commandant de Lajouquière a été chargé par le gouver-
neur de l'Indo-Cliine de rédiger une Ethnographie du Tonkin
septentrional, d'après les études, elles mêmes commandées.
des administrateurs civils et militaires surtout mililairesi
«les provinces septentrionales. Le livre qui en est résulté a
tous les mérites, tous les défauts aussi, de ces travaux inipo-
si:s parune hiérarchie préoccupéed'autre chose que de science,
•*texécutés avec un zèle inégal par des hommes inégalement
<-oinpétenls.Cependant, comme M. L. de 1.. a lui- mêmepar
i: Im itniF.ni – Anin'-i' siu-inl l'.iii.'i-liifiii. |i,
>i» i.'annkk «oeioLouigCK. J«o:i-ia*u

couru ces populations et commit personnellement le groupe


Tlmï, comme d'autre part il eut pour collaborateurs des tra-
vailleurs qui feront eux-mêmes et ont déjà commencéd'excel-
lentes monographies scientifiques des diverses tribus, il
résuite de cette collaborationune vue d'ensemble sinon exacte
ut satisfaisante dans toutes ses parties, du moins siillisam-
ment riche en indications pour qu'on sache désormais s'orien-
ter dans des recherches ultérieures. Après cet éloge, une
réserve nous sera permise nous repu ton s inutileet préma-
turée la longue introduction où M. L de L pense indiquer
commentrésoudre te problème ethnographique di>ces régions.
Dans l'élut où sont uos connaissances des populations dites
sauvages de la Chine Intérieure, il est, à noire avis, prudent
d'alteudro encore de nombreux travaux.
Les phéuomùues religieux que présentent soit le groupe
Thaï, soit le groupe Man, de tribus. – les deux groupes tes
mieux étudiés. – sont dans un état d'assez complète décom-
position. D'ailleurs, les unes et les autres de ces sociétés sont
soumises, depuis des siècles et à une influence annamite
du Sud, et û une influence chinoise du Nord. Nous crai-
gnons même que, dans leur zèle d'ethnographes, les colla-
borateurs tes plus distingues de M. de L. n'aient peut-être un
peu trop dépouillé le» civilisations Man et Thaï de leur
revêtement Chinois, très important à ce qu'il nous a toujours
paru, même d'après d'excellents documents Man qui nous
sont tombés entre les mains.
Sur les religions Thaï, nous signalerons l'importante et
extensive légende du déluge, et un excellent catalogue des ;«.
esprits divinisés ou non 'p. I3i», sq.t; le pi-lho-tong, génie
local, ù demi agraire, nous apparaît comme une figure en
grande partie annamite. La description de la magie et des
pouvoirs du magicien Thaï est excellente: un sommaire
calendrier des fêtes Thaï est également précieux. On trou-
vera p. lti.'ii unemention de secondes ftinémillusdans le cas
de malheur persistant dans la famille.
Les mêmes phénomènes ont été aussi ceux qui ont altiiv
l'attention des officiers qui se soûl occupés des Mans (évidem-
ment les commandants llonifacy cl Maire' dont nous avons
déjà cite tes travaux La question du « totem » chien est une
fois de ptus soulevée ip. 2-in nous n'y revenons pas i.ImncV,
IX. p. 208), mais elle n'est pas devenue pour nous plus claire
iv. p. :!»>>.l'ue étude approfondie des symboles et motifs
A,V.UÏ«KS. – SïfrÈMK*HEMtinSl'X iïi

décoratif» Muti s'impose,, le début en est esquissé ici. On


trouvent, à propos des Mans Lan-Tieu, uu excellent type de
notionde l'urne et do in mortip. 202) et qui est à rapprocher
île la croyance des «Thos » 'fchoug-kia (p. 205) sur les trente-
«ixihnes de l'homme.
Les autres groupes importants sont les Aleosi v. p. 313 une
loetniiede ta réi I1CllrUIIUOlllctles Muougsavec d'il1tél'eS8ouls
rites funéraires.
Les renseignements d'ordre juridique, économique, techni-
que sont abondants, mais les faits ne nous semblent pas des
plus typiques; iudiquons cependant les formes très nettes de
la famille aguatiquc indivise chez les Thaïs, et l'usage assez
répandu d'une forme du mariage où t'homme s'intègre à la
Minillede sa femme, et, souvent,est prend le nom.

tiommaudant BON1KACY. – Monographie des Mans Cao-


lan. liecue Indo-Chinoise,HKBi,p. 899-938.
Iliid. Monographie des Mans Quan-trangr If/iil, p. lîlî+T-
`
1(113,-1098.1711.
Ces monographies, précédéesdéjà par une monographie dos
MansQuan-Cocccomplètent et rectifient eu plus d'un point le
travail du capitaine Maire dont nous avons rendu compte l'an-
iii'cdernière. Ce sout des descriptions ethnographiques géné-
rales (lui ue traitent pas exclusivement de la religion. Celle-ci
m;compose, outre des traditions ut des pratiques autonomes,
l'un important appoint chinois. Le mythe de l'origine de la
nationqui se dit descendre d'un chien, coininocertaines tribus
iljorigônés des montagnes de l'Aimai», est associéà un mythe
le l'origine du inonde que possèdent eu communtous les peu-
ples mongoloïdes de Hudo-Chine. Le panthéon est le produit
<iiimélange du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme.
l.i1culte des ancêtres est de type chinois. La doctrine de la
pluralité d'urnes est chinoise. La condition des prêtres qui
liinirenl dans un grand nombre de cérémonies est encore
indécise-Le commandant Houifacy a observé un curieux sys-
tème de sociétés à initiation qui, chez les Mans Quan-lrang,
«uuiprennenl tous tes mâles de la tribu Beaucoup de magie,
•iout on voit peu do chose. Les pnUres sont des hommes*
ini'dccine,mais ou croit aussi à un vampirisme nui^iq ue dont
l«>sdivers groupes s accusent tes mis les autres. L'auteur a
bien observé les rites funéraires dont il y a, dans beaucoup
•341 [."ASXKKXlCKlUKUOl'K.lUttS-IW»

de cas, deux séries, tes uns prenant place immédiatement


après la mort, les autres plusieurs annéesaprès ceux-ci cont-
portent parfois uu changement de sépulture. Les tètes, (ètea
du culte des dieux ou du culte des ancêtres, n'ont rien de par-
ticulier aux Mitns. On distinguera seulement une (ète, com-
mune &toute la nation, que notre auteur appelle lu tête du
grand jeûne, qui se célèbre à iutemtlles irréguliers, par
familles ou par villages: des acteurs masqués y figurent de»
esprits. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur celte
fête.
L'attention du commandant Bonifacy a porté tout particu-
lièrement sur les relations familiales. Les Manssont exogames
par clans de système des claus est le même que celui des
Thos, des Auunmites. des Chinois) ou par village. Ou pra-
tique deux types de mariage, l'un où le mari eulre eu perdant
sou nom de clan dans la famille de sa femme: l'autre où lu
femme est achetée par le mari dans ce cas le mariage est
géuéraleineut précédé d'uu stage accompli par le liaucé dans
la famille de sn h'ancée,stage dont ta durée varie suivant tes
tribus. La législation coutumière éprouve le besoin de pro-
hiber avec soiu et par des pénalités sévères les relations
sexuelles entre les chefs de famille et les jeunes pareilles.
II. II.

lu. Monographie des Mans Chant ou Lam-dien ibùl


IGOti,p. 168-183.fel-269.

Le sentiment de l'unité nationale est très puissaut chez les


Mans. Dans les diverses tribus, le scbètne de l'organisation
sociale est constant. Il se différencie cependant. Chez lesCliam
ou Lamdien, il parait en voie de transformation. Le groupe
patriarchal se réduit. Les règles de pudeur qui correspondent
à sa constitution disparaissent. La grande Tètetypique devient
annuelle et perd sa solennité. Il semble que le sacerdoce soit
moins différencié et constitué dans cette tribu que dans les
autres. La différence vient peut être surtout du progrès même
des observations du commandant Donifacy. Ces observations
sont encore un peu générales, ou paraissent l'être par la façon
dont elles nous sont présentées. Le travail gagnera beaucoup
à être illustré d'exemples.
H. H.
ANALYSES. SÏSTÊMKSRBI-ICIKIX 215

W -W. SKEAT et C..0. BLAUDBN. Pagan Races of the


Malay Peninsula. Londres, Mucmilla», liHlfi,2 vol., XL-
P. et X-8.t;5 P.. Ili-81.
U>travail de MAI.Skeat et Blagdeu. résultat d'une « Cnni-
)>ridgp Expédition « tranche avec celui de .M. Martin que
nous mentionnons plus loin, lit dilticile question de l'ethuo-
graphie de lit province do Malacea. C'était une des plus épi.
lieuses, et des plus troublantes une véritable mixture de
niées mal identifiées, presque inconnues, des sociétés sur
lesquelles ne nous arrivaient que des renseignements contra-
dictoires, indirects, inutilisables pour la plupart. Les explo-
itions do Vaugltan Stevens pour le compte du Musée de
Merlin n'avaient pas simplifié le problème esprit original,
confus, ferlile et inexact, Viiughau Stevens ion ne sait même
pus encore quelle était sa véritable qualité) avait mélangé
tribus, objet)!, langues, coutumes, et avait ajouté à des don-
nées précieuses des inventions de son cru. Nous compterons
comme un mérite du présent ouvrage d'avoir il peu près mis
au il pointla critique à faire subir aux publications du Musée
«leBerlin. Maisce n'est pas ici le lieu de détailler les résultats
f thnographiques de l'espèce de « Survey » auxquel ont pro-
cédé MM.Skeat et Blagdeu. Eu voici les grandes ligues, néces-
saires pour comprendre l'analyse que nous aurons â faire des
données sociologiques nouvelles.
Il y aurait trois races, assez étroitement juxtaposées et, par
l'iulroits, mélangées Une ruci» négrito. Semting, pygméique,
hrachycéphalique, de couleur chocolat, cheveux crépus; une
race brune, Dravido-Australienne, Sukui, à cheveux frisés, à
|wn»près brune, doHchocêphalique enfin une race de Malais
«iiuvage», olives, etc.. â cheveux plats. Je ne suis si des
recherches ultérieures confirmeront cette division, dont l'in-
venteur semble être M.Martin. Ru tout cas, elle range élégam-
ment les faits connus (p. 30 sq.. p. 373 sq. mais je ne puis
.ulinetlre qu'une ressemblance de /«oies, do type, entre Sakai
<>tDravido Australiens, la différence des statures moyeuues
•tant trop grande.
Il y aurait, et ici nous rentrons sur le terrain de la socio-
logie descriptive, trois civilisations une civilisation Semang,
IllieSakai, une Malaise.On sait ce que nous entendons ici par
civilisation ce sont surtout les phénomènes sociaux des
SWô L'aX.VKK SOCIOLOtilQl'K. ltlOû-lOOIl

ordres morphologique et technologique, ce ne sont que secon-


dairement les phénomènes économiques, les iiliénoinèues reli-
gieux, et ce n'est qu'en dernière ligne que. de ce point de
vue. doivent être considérés les phénomènes juridiques. Or il
est évident que les Semangs (négrilos) nomades, vivant de
cueillette et de chasse, munis de l'are, et réduits a l'abri, pour
habitat, se distinguent fortement des Sakais.ùpeu près fixés,
à demi agriculteurs, pourvus de maisons, et se servant comme
les Malais de la sarbacane et du dai'.t empoisonné (sur l'ex*
tension de la sarbacane et du poison ipoli, v. une excellente
discussion, I, p. 2i>4,sq.i. La civilisation des Jakuns,Mantrus.
Besisis est celle des tribus Malaises non civilisées, et concorde
parfaitement, au moins dans les grandes ligues, aveccelle que
nous trouvons à Borueo, ou à Sumatra: on y voit même,
chose intéressante, les débuts de la a longue maison » Malaise
(cf., p. 170, 1781etdes traces de «maison commune»ip. 188.
I91)i. Les débuts de l'agriculture du riz y sont aussi notables.
C'esl en réalité ce Sitireij ethnographique qu'est dévolue
la plus grande part de ces deux gros volumes. Uneautre part
n'est encore que partiellement sociologique, c'est cetteconsa-
crée à l'éludelinguistique de ces sociétés. Lesrésultats eu sont
sérieux, semblent exacts et sont importants pour le classe-
ment des sociétés elles-mêmes. Les Semangs et Sakais parle-
raient des langues de la famille Mon-K limer, les autres, les
« Malais sauvages u, parleraient des dialectes de la famille
Malaise. La façon purement linguistique dont le problème est
traitée par M.M.Skeat et lilagdeu nous empêche de lui attri-
buer l'intérêt qu'il mérite iv. pourtant, Il, p. 467,-sq.. des
hypothèses intéressantes au point de vue méthodologiquei.
Nous ne pouvons que signaler l'étude des langages»tabous»,
ceux de la citasse au camphre eu particulier iBesisi, 11,
p. 363 p. 41i, iW-H-Uih.E.
Les études de M. Skeat le prédisposaient particulièrement à
la recherche des phénomènes religieux, et c'est à eux qu'il a
consacré uue bonne partie de ses compilations de travaux
antérieurs, et la plus grande partie de ses observations per-
sonnelles. Néanmoins les résultats nous donnent plutôt le
désird'apprendreque la satisfaction de la connaissance appro-
fondie..Nulle part un corps. complet de faits concernant une
seule religion ou une seule magie très peu de groupes de
faits spéciaux suffisamment établis. Des observations propre-,
aux auteurs, disloquées et sporadiques. se mêlent, sans qu'il
AXAI.VSKS.– SYSTÈME RRI.K1IKIX »4T

sou toujours possible de les distinguer, a des éuuinérutions


île fn ils antérieurementenregistrés et maintenant mieux loca-
lisés, sainement discutés, mais toujours fragmentaires, incera
tains, indiques d'entrer ni dans une monographie définitive,
ni dans un travail de généralisation consciencieuse. D'autre
purt, le plan suivi, où sont prises successivement chacune des
institutions religieuses, dans chacune des tribus de ces civi-
lisations, accroît encore l'impression de trouble, d'inégalité*
d'incertitude.

I. – Les tribus les mieux étudiées sont naturellement celles


Hue les auteurs connaissaient personnellement, ce sont les
> Mutaissauvages a de Johor, de Malaka, de Selangor, et les
nomadesimiriiisiOrangLuuti.quel'ou n'a coin menéeù obser-
ver qu'au moment de leur disparition. Travail préalable,
nécessaire, il fallait unenomenclature précise et une descrip-
tion sommaire des tribus, Mandas. Jakuns, Mantras, Hesisis:
<-est fait. Voici maintenant les données neuves concernant les
laits religieux.
C'est d'abord une importante collection de charmes, Av.
• liantsBesisi i||. p. 147 sq., cf. I, p. 03;»,sq., pourles textes et
la traductionlittérale i. Ceschants sont usités dans les grandes
iiMesagraires. avec drame a l'appui quelquefois, au cours de
festins rituels toujours, suivis autrefois d'états de licence
<e.xuelle (II, p. liiii et d'échanges de femmes (cf. Il, 1). "*i-
121).La plupart ont pour objet les animaux de la jungle, cl.
'tunique, par excès de prudence ou par excès de rapidité au
travail, lesauteurs ne nous disent pas clairement le but et la
fonction de ces récitations, il est évident qu'elles servent sur-
tout à assurer, par leur cllicacité, la multiplication du gibier et
des fruits. Nous eussions bien aimé savoir l'extension de ce
|ihénoniéue au pays .lakun, puisque il nousest signalé, avec.
•n plus du caractère religieux des chants, l'accompagnement
ilu « danses mimétiques » que M. Skeat lui-même a rappro-
chées des cérémoniesAustraliennes de riulicliiumatll. p. 119-
I in
Sur les magies de ces tribus Malaises, la spécialité de
M. Skeul. nous n'avons en somme que des renseignements
'pars et inégaux, mais tous fort précis. Klles ne semblent pas
très différentes de la magie malaise en général, et sauf en ce
qui touchele magicien (fo-yaug –paieany Malaisme donnent
pas de faits vraiment nouveaux. On trouvera des textes de
21* i.xi?b so^int.oiiii.iiK. imommu

charmes répandus uu peu partout dans ces deux volumes


il. 213, charmes pour les singes, charmes coucewHUt les
hmunes, 11. p. iiO. etc. On trouvent tp. 33H, sq.), uu hou
recueil de manie Matitra.
La notion dame est une de celles qui. en pays ninhûs, se
rencontrent sous les formes les plus remarquables. Mais les
données des auteurs se réduisent eu somme ù l'alllnnation
i|u'elle est ici du type malais commun sept unies de l'homme,
stages de l'unie • MM. S. et B. u'out pas vu le rapport entre les
rites des doubles funérailles, II, p. 100, s<|. et ces notions,
dunt M. lier! u établi plus haut la généralité, voy. cependant.
H, p. I95i; existence d'une urne des bêtes et de certaines
espèces végétales i camphre,ri/, etc.).
Les représentations de dieux sont, par coulre, chez les
Uesisis surtout, étudiées à fond (vuy. un tableau récapitulatif.
Il, p. 183, 183/. Peut être, encore une fois, M. Skeat u'a-t-ii
pas fait une sursaute part à une antique inllueuce hiudoue
ivoy. p. 310, le nom du ijaraudui, ni non plus a l'influence
proprement malaise. Les deux classes d'esprits, esprits de la
nature, d'une part pourquoi M. S. n'y comprend-il pas les
esprits du tigre et des autres animaux ?,i. esprits des hommes.
de l'autre, semblent être également pourvues de pouvoirs
divins, saut que ceux de la dernière catégorie semblent être,
choseextraurdiiiiiireen pays malais, plulotdes esprits funestes.
Lesmythes sout assez simples, sauf la tradition de Si Ninon»
(palme nipat qui. selon nous. duit contenir des éléments
hétérogènes, mais intéressants ip. 312, sq.j.
Sur le rituel nous n'avons pas grand'chose à signaler.
In chapitre tout entier est consacré aux langages tabous
'11, p. 414. sq.i. Ht pour le reste rien ne fait exception «u
matériel et au moral ordinaires des rites malais; nous ne
voyons à noter de suite que le curieux rituel du souhait sur
ta « place aux souhaits » chezles Mantras II,p. 320, 327).Les
rituels funéraires sont ou mal décrits ou. déjà, partiellement
*>nlambeaux.
Pour en finir avec les tribus malaises, notons les bonnes
études sur les modes d'habitat (I, p. I8G. sq. avec le début de
la longue maison),sur l'organisation sociale (1, p. S(H>,sq..
voy. surtout les débuts curieux tl'wlat, loi orale versiliéei,sur
ta chefferie. Il faut remarquer l'absence relative des rites
d'initiation, et un type assez curieux de rites et d'usages
matrimoniaux 'p. 7.'i,sq.).
AXSMU&. – SBTÈMIK DBUiHBVX »ltf

11.-Le groupe de sociétésle plus iMtèressnntest aussi celui


sut- lequel MM-Skeat et Ulagdeu nous donnent le moins de
renseignements personnels. C'estle groupe uégrito ou Seinaug.
Ait moins nous donnent-ils une excellente discussion des
.tocumentsdeViiuglianSleveiw.eteiipiH'ticnlierdeliithéoiie.
i|(i'o» avait eu In tort d'admettre trop facilement, de l'art ma-
ssiquede ces tribus (cliap. IX. I, p. 3tfô, su.) Gel ethnographe
avait soutenu deux thèses. D'abord selon lui, c'était lu fleur
•lui avait servi de thème itu développement do tout l'art déco-
ratif, si développé et qui enrichit de mille motifs géométriques
li's peignes des femmes,les tatouages dexhommes,
les carquois
ci tubes a charmes, et constitue les
hypothétiques marques
(le propriété personnelles. La démonstration négative de
MM.Skeat et Blugdenapparaît délinitt vu.et la théorie de l'ori-
aine florale parait n'avoiretipourfondcment qu'un contresens
assez explicable et ne pouvoir être conservée que pour uu très
petit nombre de faits. L'art des nô^rilosdc Pernk, art qui s'est
tendusur toute la Péninsule, est bien. comme les autres arts
liiimitifs.a thèmes primitiisanimauxelhumains. La deuxième
thèsede VaughanStevensélaitla valeur magiquede ces décors.
MM.S. et B. nous semblent au fond l'admettre la plupart
M'inblenten elle avoir pour effet de donner de la vertu aux
lièehes ou aux charmes, d'écarter les maladies.
Ktquoique nos
auteurs semblent assez sceptiques en ce qui touche les « bam-
liniisde naissance et de mort » <1,p. il I et les bambous my.
Uiiques,comme les objets existent et comportent au fond l'in-
terprétation que Vaughau Stevenseu donnait, nous ne voyons
pus de raison pour ne pas en admettre l'authenticité, et la
valeur religieuse. Que si un certain nombre des histoires de
V. StevenssurlesSna-huts, auteursmythiquesdecesdessins.
-uut évidemment des fables, des contes à endormir un ethno-
graphe uu peu critique, il u eu est pas moins certain, à notre
ivis. qu'il doit y avoir, là-dessous, des faits importants
Ces faits doivent se rattacher, chez les Semaug, à la notion
qu'ils ont rie la naissance et de la mort et sur laquelle MM.S.
i'l li. ne doutent pas de ta véracité de ce qu'en a dit surtout
V. Stevens (voy. 11, p. 216, cf. p. 191 iffi les textes princi-
paux i. La voici résumée l'âme est de la dimension d'un
i-Tiiiu de maïs, rouge comme du saug. La future mère va à
l'arbre le plus proche qui soil de l'espèce de son « arbre
natal », elle le décore de feuilles odoriférantes et de lleurs, se
'otiche dessous, tue l'oiseau, faisan argus, qui est porteur de
280 I.AXNKK tttlKM'JIHI
SllCllll.Oliti.lCK.
l'Ameet réside daus l'arbre, mange cet oiseau, et, de ce (tut.
conçoit. Le faisan argus est aussi l'oiseau (lui recueille l'àim1
du mort en consommant le fruit de l'arbre mortuaire et uatal.
Le nom semble dériver de l'arbre natal spécifique. Certes tous
ces faits, extrêmement délicat» à observer, demandent une
vérification qui seule pourra nous douner confiance dans les»
dires de V. Stevens. Mais, pour nous, ils sont vraisemblables
jusqu'au plus minime détail, et nous ne craindrions pas de
rapprocher, comme des équivalents. ces notions et tes « bam-
bous décorés de naissance et de mort u qui leur correspondent
et les notions et les churinga du Centre Australien. La nais-
sance des espèces animales est d'ailleurs certainement conçue
de iii même façon en pays Seimiug. et également associée à
des espèces végétales.
Mais trêve d'hypothèses, il vaut mieux signaler une remar-
quable mythologie.dont les auteursessuient de fixer en partie
chacun des traits (11,p. 181, sq.i: ta fine observation, impor-
tante au point de vue de la technologie la plus générale, sur
lecaractère certainement magique de l'empennage des flèches
Semang <1, p. i'îij, et une définition intéressante au point de
vue de la morphologie sociale du nomadisme Semang dans
des districts déterminés I, p.121. sq. n.
Il est certain qu'il faut observer à fond les Semang si on lie
veut pas voir la sociologie privée définitivement, sous peu. de
faits capitaux pour son développement. Voilà ce qui ressort
clairement de la compilation et de la rapide visite de AI.Skeat.

III. Heste le troisième groupe, les Sakai. Chez ceux-ci.


V. Stevens avait signalé du totémisme. XI. Skeat aidé de
XI.N.\V. Thomas a discutéà fond ses interprétations (II, p. (>2>.
Leurconclusion formelle est que le totémisme n'est pas prouvt-
(I, p. Cii Il ne nous semble pas pourtant qu'ils aientdémonlré
autre chose que ceci il n'est pas certain que l'exogainie ait
existé chez les Sakai <cf. p. iSH), puisque l'auteur de l'atlir-
mation parle au contraire de l'endogamie du clan en second
lieu la liste des clans n'est ni consistante. ni justifiée par
aucun fait. Mais si V. Stevens, nous en convenons, n'est pas
très digne de foi et s'il est allé un peu vite en besogne, encore
faudrait il expliquer son erreur, et aussi expliquer sinon ses
affirmations concernant le tatouage, évidemment contradic-
toires, du moins celles qui concernent les « bandeaux d'ini-
tiation » (Ann^eSocial., VII, p. 3001.
ANALViK*. – SYSTÈMESItKI.UilKt\ 251

Lu nul ionde I âmeest peuétudiée ill, |». 230,


sq.i, et semble
indiquer des faits importants; les divinités le sout mieux, et
•surta magie nous avons à indiquer une très intéressante des-
riplion de séance magiqueill, p. •£&•.
Le droit est presque du système malais, comme la teclmo-
loiçie,coiuine les croyances attachées a la culture du ri* on
-crai assez fra|>pé par une curieuse obligation d'exercer la
vengeance du sang avec l'arme du meurtrier il, p. SOI..
•M.M.

A -li. JKNKS. – The Bontoo Igorot Kfltiwyntphmil sur-


fij Publication*,vol. I. Manille, llurcau of Publie l»rinti»(i.
I!W5,p. 200gr. in-8".
W.-A. REED. – Negrltos of Zambales Ibid., vol. II. I.
/rf., IÎMM,
p. 90.
Le problème de l'ethnographie philippiuienne et de la
lexistence d'une race négrito et d'uue race malaise est depuis
mgtempsposé, et, depuis Blumentrilt. passablement tran-
i lié. Ce dont on avait besoin, c'est de monographies nppro-
wiidies. Le gouvernement Américain (ministère de l'inté-
:iuur aux Philippines n'a pas perdu de temps pour faire
ppel aux ethnographes et, sous l'habile direction de M. Jenks,
autrefois membre du fiureau do Washington, voici, coup sur
deux études techniques, sur deux sociétés intéressantes
<:<>iip,
'lit Lucon Tune de ces sociétés semble être l'une des plus pri-
mitives du groupe Malais, ce sont les Igorol de Boutoc l'auhv
• stune société Négrito, malheureuseineutdéjàfort décomposée.
.M.J. est trop consciencieux pour se faire illusion sur la
v.ileurdes observations qu'it a pu faire concernant le système
"'ligicux. Il sait qu'un séjour, fut-il de cinq mois, ne suflit
l-ftsdans une société, même extrêmement resserrée comme
<•lu! du pui'hb de Houtoc, mais dont on a à apprendre la
langue, et à identilier les principaux traits, sans secours de
l»'isonne le temps manque et pour observer le cycle annuel
les rites et des usages, et le détail de la mythologie, et les
multiples sources de la tradition, 11secontente naturellement
'l'une rapide et extérieure description, et certes nous avons le
Iroil do penser que dos recherches ultérieures y apporteront
<ii-sretouches. Dès maintenant d'ailleurs, nous devons pro-
ti-lor contre des animations gratuites du genre de celle-ci
252 L'ANNÉESOCIOlOtiiyiB.l9ti3-i!K»

« I.igorula persutuiillé les forces de lu nature. La


pecsoumu-
«•iitioiiest devenue ixic) une seule personne, et aujourd'hui
cotle personne est un dieu, Lutna-wig » ip. 200). 11n'est
nullement évident que ce dieu. bien qu'éternel, ait eu rien à
faire avec lu personnalisation d'une force ou des forces de la
nature. C'est un dieu, héros, créateur etcivilisateur, et dont
les corps des deux fils sont devenus les arbres des deux bois
sacrés (p. 20.").
II est curieux, eu pays malayo-pnlynésieu, de trouver un
grand dieu presque isolé c'est pourtant ici le cas oit, a pari
«•eLu-inawig, nous ue trouvons que le culte des anilo <cf.mol.
lltiutit), la plupart seinliliintd'nUleuraôtrales espritsdes morts
p. l»-i, «q. Ils sont objets d'un culte régulier, et en particu-
lier sont associés chacun au descendant (membre du même
alo.– cf. p. 2Ui, une remarquable cérémonie au cas du chan-
gement de clam porteur du même nom ou auquel leur nom est
associé comme celui d'un protecteur i lesdocuments ne nous
permettent pas de fixer bien exactement la nuance que pré-
sente le phénomène). La distinction entre rame des morts et
«•elle des vivants est d'ailleurs bleu nette (p. M)7).Mais ce
qui
est le plus singulier, sociologiquement, c'est l'extrême
proxi-
mité du pays des morts, qui jouxte la frontière de celui des
vivants tcf. p. 209, le rite d'invitation des àmesi.
Le tableau des fêtes Bontoc est nécessairement sommaire
le caractère agraire ou itaturiste de la plupart des rites
publics
est très net. Les rites sacrificiels ont des particularités intéres-
santes. Mais la fonction de la plupart d'entre eux, et le rôle
qu'y jouent d'une part les prêtres ou plutôt tes hommes qua-
lifies fonctions héréditaires suivant Yato) et d'autre
part les
dieux restent obscurs
AI.Jenks est un spécialiste de lit morphologie sociale, de la
sociologie économique et de la technologie primitives. Aussi
ne nous étonnons nous pas s'il a attaché à ces
phénomènes,
plus facilement observables que les religieux, une fructueuse
attention. Ausurplus leur forme, en pays Bontoc, est des
plus
curieuse. Morphologiquement, ces Malais primitifs sont
parmi
les plus avancés de leur famille de peuples. Le vil-
pueblo
lage dont AI. J. donne d'excellents plans est très dense
a» 500 habitants) divisés, sur le sol, en l««/o«,
groupes de
maisons et de familles. Chacun a sa maison des femmes et sa
maison des hommes (souvent doubles'.
Le pueblo a imprimé, avec une vigueur
extraordinaire, son
AXALVSKS.– «ÏSTÈHgS MEMMBU.K 3M
.v w.~c.. _· o.
empreinte nu sol. Muis c'est lu uu phénomène lecuuique fort
important. Ce peuple a su développer daus son agriculture,
(.viledu riz eu particulier, nue habileté «l'irri^alion tout a fait
merveilleuse (p. 90r, il suit aussi hii<n que dans les
pays
lesmieux cultivés du monde, do lu Chine n tlu
Jupou, amener
l'eau sur des terrasses, aménagées elles-mêmes le
loug de
lieutes extraordinairement escarpées. De cette lecliuolugie
«race ù laquelle peut se maintenir une population extrême-
ment dense, dérive naturellement une organisation écono-
mique complexe malgré la simplicité apparente de son type.
La division dn travail est, à première vue, une élémentaire
attribution des tâches suivant les sexes, la bonne partie
retombant sur les femmes. A plus ample examen, la division
rsl beaucoup plus sérieuse, variant suivant les cultures. sui-
vant les cas, et groupant presque tous les membres de la
famille. D'autre part, des formes primitives de salaires,
.l'échanges de travail ip. 135, 130) de commerce des terres.
biens et fruits (p. SIC.97) semblent s'être déjà constituées.
Lit monnaie de riz parait être d'invention purement lioutoc
i't a voirgrandemeut servi comme mesure des valeurs i p. 153).
Maisle fait le plus notable à notre avis. c'est que, si M. Jenks
ii raison (p. 114), un pareil uiveuu de civilisation matérielle
iiit pu être atteint par uue civilisation qui ne sait qu'em-
prunter ses instruments de fer, et qui semble ne s'être jamais
servie originairement que d'instruments de bois.
A une pareille base de la vie en commun devait nécessaire-
ment correspondre une organisation juridique fort complexe.
Ici nous devons regretter que M. Jenks. sauf en ce qui con-
l'urue la propriété foncière et mobilière (individuelle) et le
droit successoral (familial^ ne nous ail pas donné de ren-
seignements détaillés (p. 150, sq.). Naturellement le système
technique des irrigations a créé tout un enchevêtrement, de
'traits et de servitudes comparable ù celui qui est fatal dans
îles sociétés qui irriguent: il n'y a cependant pour ressortir
•ù ce tissu de phénomènes juridiques, que lu curieuse obliga-
tion où le propriétaire est d'assister lui-même à la prise de
l'eau sur son champ. Mais lit où M. Jenks nous laisse décidé-
ment dans l'obscurité, c'est eu ce qui concerne le groupe
appelé alo. Pour lui c'est uue organisation purement politique
•t démocratique des familles (p. t(S7)qui n'aurait rioudu clan
car la notion de parenté ne s'étend pas ù tous les membres
de !'«/«, et ne va pas au delà du cousin germain cf. p. %>
TA r.lXXBE.<OCKH.(lliim>K.
t«O^-lUOIi

Mais comme il lie nous dit pas si, eu dehors de ce lien de


parenté consciente, il n'y a pas de droits spéciaux des membres
de lato, (lui s'initient l'uu l'autre, qui mit des fonctious
religieuses héréditaire» par oto, qui sont unifiés par la double
maison des hommes et la maison des femmes, nous sommes
fondés u supposer qu'il y a là, sinon un clan, du moins
quelque chose du genre du clan, et nous demandons une
enquête supplémentaire avant de souscrire à lu netteté de
l'aflirmation de M. Jenks.
t.e droit matrimonial connaît la remarquable coutume du
mariage ù l'essai dans la maison des jeunes filles, o%, de
chaque clan. M. J. en fait même une caractéristique, une
espèce de moyen de délimiter la nation, l'aire de civilisation
Itoutoc, et tt'en tracer les frontières ip. 881. La citasse aux
télés est ici uu phénomène régulier, avec ses concomitants
ordinaires.

Autant les Igorot de Hontocsont de relativement haut gratte


dans l'échelle des sociétés, autant les Négrilos décimés de
Zambales semblent toujours avoir été bas et. si possible.
avoir encore dégénéré. La monographie de M. Iteed, trop
rapide et sommaire nous indique pourtant quelques faits
ayant une valeur théorique une remarquable cérémonie
coininuuielle de mariage (p. 58), une étonnante absence de
rites funéraires, si étonnante que nous n'y croyons pus
p. 621; des cérémonies magiques du type matais et même do
nom malais <p. BU).

A. UXt;. – The Primitive and Advanoed in Totemism


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Ewe-Volk und seine Ansohautmgen. Xeitsc/uiftfih- Ethnologie.
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NulUiK.NSKlULI). Uber Quiohuasprecbende Indianer an
den Ostabhangen der Anden. im Qrenzgebiet zwisohen Peru
und Bolivla. «/«/;««, 1905, vol. IAXVVIII p. 101-109. («urvi-
Miiii-CKîle», anciens cultes dans et hors le «tirislianiiiiiie.
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IIAItïTKH. – Sitten und Oebràucbe der Angloer Oder tiui-
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in.iriairo la mort. Le choix du nom droit de l'oncle maternel;.
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Neupommern. (j7o6i«,vol. LXXXVIII.IWi. p. 2;Jj-2I0, p. ^|U-22iI
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Ilelt I.ili-K'
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bulletin (te InSncWtt Hmjate Mtjeile Urotjrnpliie. IflfiO.W 4

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ijiatl Imlitatr, (MB.XXXV, p. ICO»i\. lBnw(>iid;i Toiii;in|imlilex
interdiction* iMinuemimtles ineirroncisi.

< SCIIIt.LIMi. – Tamberma. Ghlnt*. lilUC.LXXXIX.p. 20I-2CV

Th. KOCII. – Ab8chlus8 meiner Relse in denFlussgebieteo dea


Rio Negro und Yapura. Ufohu*,iW. vol. I.X.VVVIII.|i. 80-91.

<i.-K. tt'ILL ami Il.-J. SI'IMiKN. -TheMandans. AStuityol'Ilicir


tliilturc, \rcliii>ology nixt hiiii^uaiît' l'apei's ni' (lie l'cahudv
Alusciiiii. vol. III. 1906,p. 8:i-2l0.
It.-li. DtXo.N. The Northern Maidu. liuIMm of tlw Anuirwnn
Musfttmi" Saturai ll'wlonj, I0OS, XVII, l«*c. m, in-8.

It. – Itoiùjim* Sut ionitk*


l'ur SI. Mai«

KUMAN. – Die àgyptlsohe Religion Hamlbikher du-


f\.
Kâniylieht'H .Wuwen ;u Herliu. Berlin. Reimer. p. VI-281,
pet. in-«°.
Ce livre est un uuiauel destiné au graud public, et, au (aii,
à mesurer l'étal de l'histoire d'une religion, de la plus vieille
des religions que l'on puisse suivre pendant plusieurs millé-
uaires. L'éruditiou vraie, et te sens critique de M. Erman eu
font même un livre des plus sûrs, plus sur que bien des plus
considérables. Cependant la nature même des documeuts,
leurs lacunes immenses, ont laissé tellement de place à des
hypothèses, à des hypothèses indispensables qu'il faudra
pourtant s'en défier tp. IV».
l,
Mais ce ne sont pas les hypothèses conscientes qui sont
les plus dangereuses, ni même les interprétations simplistes
des figures des dieux <ex.celle d'Osiris dans l'ancienne Egypte,
p. 17, sq.), ni même une certaine aptitude aux constructions
généalogiques. Ce qui est dangereux, c'est d'avoir tranchf
sans prudence scieutifique, malgré toute la prudence philolo-
gique possible, des problèmes comme celui du culte archaïque
A.VAI.ÏSB*. – SÏSTÈIIKS IIKI.ItilElX 257

(les animaux (p. 28). Dire que les espèces animalns adorées
dans les liâmes étaient de ces simples « images commel'iionime
en fabrique nécessairement quand il veut rendre sensible le
supra sensible », c'est non seulement tout interpréter par uu
symbolisme invraisemblables c'est encore mépriser inten-
tionnellement toute la question du totémisme
ftgyptieu,
posée depuis longtemps. Certes, M. E. nous dit dans sa pré-
fuce qu'il s'est ellorcé d'exposer, sans parti
pris, l'histoire de
la religion figyplionne telle qu'elle apparaît « a un observa-
teur impnrtiul qui no sait rien des théories de la science
moderne des religions ». Il ne veut parler ni de
fétichisme,
ni lie divluités chlhonienues (qui en a donc
parlé?) ni
d'Iioinmes-médecfue dans une religion qu'où peut décrire
*iins employer ces lermes. %faisen ii-t-il tout il (aille droit?"?
lit toutes les considérations i p. 1 48isur la nature de ta
ma«ie
'• rejeton sauvage de la religion » ne sont-elles
pas inutiles et
ne préjugent-elles pas d'uue foule de questions
historiques et
théoriques sur lesquelles nous n'avons pas il nous étendre?
Même l'admirable clarté de ce manueln'autorise
pas pareille
«IciMsion.
Le livre est conçu sous une forme strictement et heureuse
ment historique les époques et les centres de cultes sont
-uignctiseineiil distingues.
M.M.
>. LKVl. Le Népal. Annules itit »m.w (luimi't.
Hib|.
d'études, XVH, XV11I.Paris, Leroux, litlîi, -1vol.,;«»•>n
et ill p., IU.8-.
Tout ce que peut donner, actuellement, dans
l'étal impar-
f lit de la science. sur un royaume hindou, sur une des nom-
lirriises sociétés dont l'ensemble constitue l'Inde, l'histoire
aidée de toutes les ressources de l'épi^niphin, de. la
philolo-
gie, d'une connaissance étendue des documents européens,
-îinsciïts, chinois des documents névars «t thibélaius faisant
«uls défailli, ce livre le donne. Il est et sent, nous le t-rai-
irniMis,pour longtemps unique dans la li lié mlme indoln-
u'iqne. Une préoccupation vive, constante, de rattacher l'his-
toire des faits passés a l'observation précise des
phéiiomèues
sociaux actuels lui acquiert d'autre part une valeur sociolo-
;:ii|iie très particulière. Unsentiment 1res vif, non seulement
îles choses de l'Inde, mais encore de leur valeur hnmiiiiie.
I;. DniKimu. – Annw wn-iiil., IOiCi-1'Jût). |T
258 t80!il9VO
l.'ASNlteSOCIOLOGIQUE.

(ait (les chapitres qui nous concernent ici, sur la religion et


sur l'organisation sociale, des renseignements précieux. En
même temps que l'observateur est. excellent, les faits eux-
mêmes valent d'être observés, car le Népal est peut-être avec
le Kachmir, le seul royaume de l'Inde vraiment hindou.
D'autre part. comme il coutieut encore du bouddhisme,
bouddhisme dégénère il est vrai, mais disparu du reste de
l'Inde, il nous permet de nous figurer ce qu'a pu être, dans
une société hindoue, le bouddhisme décadent dans sou pays
d'origine. Le bouddhisme est celui du (îrand Véhicule, celui
qu'on appelle, communément et assez injustement, le boud-
dhisme du Nord. Il n'a plus qu'une existence pale et môme ta
tradition littéraire a disparu le Népal n'est plus qu'un nid a
manuscrits. De l'ancienne loi no subsistent que des principes
maluppliqués; do l'ancienne commune, uue société de moines
qui se marient, et sont entrés dans un système de castes;
de l'ancienne théorie il ne reste plus que des souvenirs. Et ce
qui lieurit, c'est l'ensemble des cultes par lesquels le boud-
dhisme s'est autrefois lentement dissous dans le hrahmanismo
victorieux les cultes de'! bmthimttata, des illnirnuiptUtt.des
divinités civaites et tantriques qui pénétrèrent à une date
ancienne le bouddhisme. Droeliant sur le tout, une sorte
d'oubli de la tradition bouddhique nationale, la dynastie et
le peuple triomphateur des Gourkhas ayant imposé leur tra-
dition brahmanique, même à l'histoire du pays autrefois
bouddhique des dynasties Névars. On u rarement eu, mieux
que dans ce livre, l'impression de la faiblesse native du boud-
dhisme, de sa facile décomposition, et des formes que peul.
revêtir une grande religiou qui meurt.
le brahmanisme Népalais actuel, lui aussi, u peu affaire
avec celui que nous présente la littérature classique, théo-
rique. Du védisme. il ne reste plus que des noms, des fonc-
tionsdedienx et des rites épars des mythologie* et du rituel,
de l'épopée ou de Maiioti, il ue reste qu'une espèce de car-
casse vide, Ce qui vit c'est le tanlrisme, c'est le système des
dieux locaux, des pélerinages, des processious locales, des
lliilnh où participent les castes avec leurs fonctions. Ce qui
prospère c'est le culte de Dourgn, avec les énormes et dégoû-
tanls sacrifices de bullles ce qui existait encore récemment
c'est le sacrifice humain.
Le caractère à la fois religieux, politique, systématique des
cnsles l'histoire de leur formation quasi consciente en pays
– SVSTÈUK*
AX.UVSKS. HKI.IOIKUX 839
nnnryen, sousl'iiifluonce de l'Inde et de brahmanes astucieux
qui forcent un pays à sliindouiser eu adoptant, par les
pires contrndictioug, l'hindouisme il des phénomènes app»
remment irréductibles, tout cela est excellemment montré
et pour les Névnrs H, p. m, sq.), et pour les (ïourkhas. Les
relations entre familles et castes correspondantes de l'Inde,
les insertions diverses dans un système théorique des castes,
Ips relations entre castes sont marquées, à lu suite d'Oldfleid,
mais après une vérification personnelle approfondie.
L'orga-
nisation politique est à la fois savoureuseinent hiudoue
(la
base est toujours la commune avec son païtcayiit), et franche-
ment extraordinaire aujourd'hui chez les Gourkhas rie
sys-
tème de lu royauté et de la martchalerie héréditaire est des
plus remarquables;. Le système de 1» propriété est le résul-
tat étonnant d'un mélange de tenùre féodale cl de hiérarchie
administrative annuelle, lié lui-même à toutes les vicissitudes
dramatiques d'un pouvoir royal des plus instables.
La seule lacune de ce livre, c'est la relative négligence où
sont tenus les phénomènes juridiques sur lesquels existe
pourtant, au Népal, une tradition abondante dont le résumé
••si trop bref.,Que l'auteur nous permette de lui signaler,
pour lui prouver que nous n'oublions pas de critiquer même
le détail, une faute légère [utjhom pour ghont, 1, p. 360), et de
considérer comme une découverte hypothétique, son lnter-
prétation de l'une des figures les plus éuigmatiques du pan-
théon bouddhique, Mnnjuçri.
M. M.

E. DOUTTE.– Merr&keeh, Fascicule J. Paris, Comité du


Maroc, 11)05,p. -408in- 4".
Voiciun livre plein de diversité sur un seul sujet, ou plutôt
.i propos d'uu même sujet l'unité qui relie une masse de
documents, de renseignements, de théories élaborées, d'hypo-
thèses sur les faits, de discussions sur les interprétations est
fil elTet purement géographique. En réalité, M- Doulté nous
décrit soigneusement tous les faits sociaux qu'il lui a été
donné d'observer sur la route de Merrakech a Casablanca.
Comme sa compétence d'arabisant et de herborisant est
grande, comme son zèle et son éducation de sociologue sont
très louables, il nous apporte et des observations et, à propos
de certaittes institutions, de véritables éludes comparatives.
SCO l'aXXKK sumuUJIilQCK. IWS-IOUO

C'est sur celles-ci que nous niions d'abord adirer l'attention.


La plus importante concerne les tas de pierres sucrées que
l'on rencontre si fréquemment au Maroc et dont M. Doullé
fait un vain effort pour fixer le sensdéfinitif (p. 57-1(H). Ces tas
sont élevé» dans différents endroits et pour différentes causes,
un passage des cols, a certains points de route, à des termes
do frontière, à des places ou un lioinmo n été assassiné, auprès
de tombeaux, sur des loni beauxde suints. M. 1).rattache avec
raison aux Kerkour, c'est le nom de ces tas. l'usure de déposer
des pierres le Ions des murs des marabout. Tenant compte
et de la théorie de Fnizcr sur ce rite. et de nos travaux, et
faisant un tableau fort complet des diverses connexions qui,
en pays berbère et urabe, le relient aux divers phénomènes
religieux. M. Doutté arrive, croyons-nous, a une solution au
moins provisoire il accepte et la théorie qui y voit un acte
destiné à « jeter la fatigue », transférer le mal, et, comme
une théorie complémentaire, celle qui y voit une offrande au
suint, à l'esprit, et un moyen de sacralisation.
Deux autres monographies concernent d'autres parties
de la sociologie celle sur te llâïk relève de la technologie
et de l'esthétique, do lu théorie du vêtement; nous la con-
sidérons comme tranchant la question (p. 1 48, sq.) celle sur
la fauconnerie est plutôt destinée à satisfairela curiosité. Bien
que faite propos d'une tribu déterminée, on peut dire que
l'élude du jeu de la Koura a été entendue d'une façon compa.
rative et qu'elle intéresse la théorie des rapports entre le jeu
et la religion, car i p. 323) M. Doutlé croit pouvoir affirmer
l'origine religieuse et la valeur d'elïlcncilé primitive des com-
bats ù la balle dans l'Afrique du Nord.
A côté de celle partie mi-descriptive, mi-théorique, le lra-
vail de M. Doulté en contient une presque exclusivement
descriptive, cependant sommaire, sur les diverses tribus,
moins uniformes qu'un ne supposait, qu'il a rencontrées sur
la grand'ruule de .Maroca la côte. Ce sont particulièrement les
Douklviilà et les Kehamnà, les derniers surtout. Sur les rites
du mariage et de la naissance, sur des notions concernant le
nom, sur le système de la divination et des fêtes Hshamnâ.
(surtout les fêtes dn nouvel au et de l'Ansrà étudiées compa-
rativement, p. 372 et suiv.) les faits et les interprétations sont
digues d'iHre retenus; les indications sur les rites de la pluie
au Maghreb viennent compléter la monographie de M. Bel
que nous avons citée 1 andernier.
.U.Ï<K*. – SKT&MK4
Hi:i.t.ilKl\ 2(}t
On remarquera certainement connue touchant au
plus pro-
fonddes (|ii(îstious de sociologie politique et de morplioloirie
sociale les observations de M. Doutté sur l'absouce de
(roii-
tieres, et sur Umliens dos tribus un mukhzen
,p. 8, etc.) sur la
soi-disantféodalité et l'administration du chcrUul.
Nous avons été heureux, tout nu cours du travail de
M. Ooùtlé, de pouvoir sentir combien IM/im-Va être
cet observateur sagace, et à ce théoricien
pu utile u
ingénieux. Si noli'i;
«iuvro ici peut susciter la recherche des fails,
c'est qu'elle a
un valeur prati(|iie, méthodique, qui la
justifie.
Nous n'aurions à chicaner M.DutitUj
que sur des rapproche-
ment» trop rapides et sur un respect peut-être
trop grand des
théorie» eu cours.
M M.

I. <U'.MtT. Bulletinoritique des Religions de 1904.


Hevmdefllisluire<te Itetii/hm, i'JOl.vol. :i|. l'Egypte,
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Itvniede fUMoirettes /IW/O«.v.!«0.ï.vol. :;i. i-tf.
|>. 3O7.3ÏJ8,
Ku.NAVII.I.K.– LOriglne des anciens Egyptiens. «<•<•«.•
.• tïlis-
loin îles IMiifMiu, vol. :;•»,p. 3:17,.«q.
11MB,
H. A. «ILES. The religion of aucient China, l.umlou, f.un«.
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M.HKVO.N.Le Shinntoïsme
(siiile).Revuedt IllUtùiv de*IMi-
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par ses itumluviisos oomparai-
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K KONHi.– Moderne Ansohauungen ûber den
Ursprung der
israelitsohen Religion, in Votltilgevur Uhnn umt Leheerimmi
erûrtert.l.angensalza,ll.Uvyer, |y»lti,63 p., in-8°.
M.LullH. AlttestamenUiche Religlonsgesohichte
(.Sami«liinK
«ftselicn).l.fipzijr, «î-J. fifischon.l'JOO.t VTp., in-10.
2ôâ i/ax.niîk socuauiuyi'E. i'JOS-iauu

II. WINCKI.KR. – Religloasgeaohlclitltoner nad gescbiohtli-


ober Orient. Ëincl'i'ufun^: di'r VarituraetaunKcn«1erreligions-
geseliielitlielwiiUctriu-htuiig île» Allen Testaments uiui (ici-
Welllmusen'silienSon«le. Leipzig,iA' lliurlclis, 1000,04 p..
in-b".
A. LKPÊVKK. – L'Italie antique (Origineset oroyanoes).Paris,
# Kudcvttl,1905,5J3 p., in-8».
J. II AMUSON. – The religion of AncientOreeoe. Lomlon,Cons-
table «;tC»,tUOS.
K. A.NWVL. – Celtio religion In preohristîan Times. Undon,
f.onstablc, \m,~X p., iii-1-
W. A. i:HAKilK,– Religion of AncientSoandinavia. Londun,
Constablc, 1900,«4 p., in-iii.

C. – Religions unittnaUttn
l'iir M. de Fkiius

KLKANOHIIULL.– Early Christian Ireland. London,


David Nutt; Dublin, Gill etSou, l'JOo,p. VI-283,ii)-8°.
Cet ouvrage est le second volume de la collection des
Epoclu of Irisli Ilistory; il lait ensuite à Pagan Irelantl du
même auteur. C'est uu bon manuel, simple, clair et popu-
laire de l'histoire irlandaise. La première partie relate les
dtiléreuts événerneuls politiques qui se sont déroulés depuis
l'apparition du christianisme eu lrlaude jusqu'aux invasions
normandes; la seconde est cousacrée aux biographies des
principaux saints, Patrice, Columelle,Fiiiniun, Brigitte, etc.;
la troisième à l'art et à l'architecture de la première époque
chréticuue irlandaise. La légende occupe beaucoup de place
dans ce travail qui veut être une histoire. Mais, tel quel, il
peut être consulté avec profit.
L'organisation des communautés monacales aurait dû être
décrite avec plus d'ampleur. M"Hull se borne à des indica-
tions intéressantes en elles-mêmes, mais peu cu rapport avec
l'importance du sujet. Quel fut le modèle de ces monastères
irlandais d'hommes et de femmes déjà mentiounés dans la
Confession de saint Patrice, le Senclius-mor et les anciens
textes épiques? ?A.Bertrand les rapprochait des communautés
de druides (?) ou de filé. C'est là une pure hypothèse. Itieu,
– srSTftBESItBUUJgUX
AKA(.ï.<Ki. 203
diiiisce que nous savonsdes //«, ne uous permet d'affirmer
ilu'z eux l'existenced'une organisationsemblable.Ceshisto-
riens, niugiciens,devins, dépositairesdes traditions histo-
riqueset artistiques,occupaient dansles riteset lit sociétéune
placebieudéterminée.Us étaientchargés de l'initiation etde
l'instructionde la jeunesse, Aqui ils devaientenseignerles
vieuxchants<sl les éléments deta magie. Ils avaientaussides
iltt-ibutionsjuridiques et exerçaient do droit les fonctions
•l'arbitresou d'hommesdo loi, parfois mêmecelles de chef.
Ils jouissaientencoredo certains privilèges. Sous
peinede
vengeancemagiqueou autre, les rois locauxétaient tenusde
lesrecevoiret de loshébergeravecleur suite. Ainsi,ils
voya-
geaientde cour en cour et paraissentavoir misleur gloire à
fairele tourde l'Irlande.Les rapportsde filéà flléétaientré-
•ilûspar une hiérarchiecorrespondantaux différentsdegrés
•lel'initiation.Leurchefsuprême,Vard-fild,résidait à la cour
•leTara, chezle souverainde l'Ile.
Dèsson apparition,le christianismetrouvaen eux de fidèles
alliés.La légende raconte même que le premier converti
desaint Patriceauraitété l'<m(-/ttéDubblach. La religionnou-
velle adopta leur mode d'initiation et d'enseignement. Les
-;iintssont assimilésaux filés commeeux, ils sontles pères
nourriciersdeleurs disciples.lisse font accompagnerdurant
leurs voyniçesd'uu nombreuxcortège,Ils empruntent égale-
mentaux filésleursprocédésd'éducation.Maisce n'est point
ii'iencorel'organisationsi particulièredes monastèresirlan-
dais.
Celle-ciparatt être tout simplementla reproductionde la
divisionsocialeen luath, clans et familles.Le sujet est assez
importantpour qu'il vaillela peined'y insister. L'Irlandeest
partagéoen un certain nombre de provinces.Chacunecom-
prend plusieurs Tuath. Celles-cisont composées de clans
formés leur tour de familles.ChaqueTuaika sou clan-chef
•-haqueclan, sa famille-chef.Si nous avions des textes nous
permettantde suivredansses étapesla constitutiondu monas-
lère, les analogies,sans doute, sembleraientplus frappantes.
Maisles documentsles plus anciens nous fournissentpour-
tantdes indicationsqui sont vraimentsignificatives.Lesmo-
nastèressontintimementliés aux clans.Dans chaque monas-
i<>re la successionde l'abbé est limitée au clan du fondateur,
puis à la famille-chefdu clan propriétaire du soi. En cas
d'impossibilité,il ,faudrachoisirdans le clan chefdela Ttuith.
201 i.'asxkb .«ocioLoiiiui'K. l'JMt'JOe

Les communautés filiales sont mîtes à lu communauté mère


l»iirîles liens identiques à ceux qtti régissent les rapports de
clim it clan et de famille à famille. Les monastercs-cliets
appartiennent a la famille-chef du piiueipai clan. La hiérar-
chie des communautés reproduit celle dosfamilles dansleeliin
et la soin mequ'on est tenu à leur verser pour racheter une
offense, le prû (('honneur, diffèreselon lu place qu'elles occu-
peut dans l'organisme giMiéral.
Il serait facile de multiplier ces exemples. Partout on re-
trouve la même adaptation rigoureuse du Christianisme aux
formes sociales déjà existantes. C'est la le trait caractéristique
des communautés irlandaise». Il est trop général, trop cons-
tant, pour n'avoir pas été vouluet imposé à l'origine par une
personnalité, qui pourrait foieu être, eu délinitive, le saint
Patrice (le la légende.
Pli. hé Pklick.

II. II. OiNMH.LY. – The early syriae creed. ZriUchrifl f«r >!(•
XeutivttiMuntl. MÏ«i'm«7i«/Y,l!>00,nr. 3.

(1. (IIU'IM1.Zur Beurteilung des Urobristentums. Anhk. fur


liultarueschiïhU: l'JOO. Kd. IV, nr. 3.

\V. Sul.TA.N. – Das Fortleben des Heidenthums in der altchrist-


lichen Kirche. Berlin,»;, llcimcr, l'JOO.WI-307 p., iu-S".

ltlVi:r. Le christianisme et les Indiens de la République de


l'Équateur. Antlu-opotouic, I9U0, p. 31-101 (Survivunrr «les an-
ck-iiiics religions in<lieiiiieH(lîUi>iles mnsi-ariulcs des fOtesrhro-
lioniifs).

ti. MI'.lir.ADIKIt. – Mohammed et son œuvre. Tlivsc, Moiitauhaii.


linp. couper., I9i)ti, 83 p., iu-8".

II. l'ISCHKL. Leben und Lehre des Buddha. Leipziir, K.-G.


Tcubner. l'JOO,YII-127 p.. in-8".

1*.DAlll.KK. Buddbistisobe ErzâbJungen. Diestlcn, K. f'ierson.


19J4, 289p.. iti-8".

V..HLONAJITI. Xiucian of Samosata and the Asiatio and


Syrlac chriatianity of bis Tune. yen-York Hevictr, july 1906.
p. 49-03.
.IXALYSKs. – SVV|KMIS< IlliMUIIU'X DKS UHurPKt SWÎOSIUIHK^ 205

III. KYSTKMKS
HKUlilKUX
l>i:sUIIIIUIM-S
SKUINIUIIIKS
LBKSKH'KS,CTC.
l'ittM. Mti:ss

M. FlUKDLANDKIt-–Die Rellgiosen Bewegnngen Inner-


halb des Judentums im Zeltalter Jesu. Uerliu. ltei-
mer, IflOû,p. XXX-380, hi-K".
Que le christianisme ait iHé, au début, à l'intérieur du
judaïsme, un mouvement sectaire, c'esl ce qui n'est guère
contesté par les purs historiens. C'est ce qui est môme a priori
nécessaire, si du moins ou n'admet pas l'absolue divinité du
C.hrisL 11 faut qu'il ail èltt l'une des tendances religieuses
de ce temps; il faut qu'il ail suivi l'un des courauts qui
cntrainaienl, dans des voies diverses, des esprits troublés,
nue société religieuse mal organisée, eu voie de gestation de
phénomènes nouveaux et dégroupes nouveaux. Le travail de
la critique, celui des cinquante dernières années, a été pré-
cisément appliqué sur les ouvrages et les doctrines des Juifs
de l'époque aulérieure etcoiitemporaine do Jésus des décou-
vertes considérables de documents importants (texte hébreu
(lerKcclési!isti(|ue.elc.;onln'iiouveléles questionset, si celles-
fi sont bien loin des solutions déflnives, du moins peul-on
dire que le problème proprement sociologique des origines
chrétiennes a (ait un pas. Unus quel groupement, ou plutôt
sous l'action de quels groupements, s'est formé le christia-
nisme, celui de Jésus et celui tic Paul ? Dans quelles circons-
tances sociales, nu milieu do quels mouvements sociaux, au
('ours de quels réarnuigcments et recomposilionsdela société
Juive naquirent los doctrines qui triomphèrent, sinon dans le
judaïsme, du moins dans le inondegré.co-ronmin. C'esl ce que
nous commençons à savoir, sans encore tout comprendre par-
faitement.
Al. Friedliluder, après d'uulres travaux du môme auteur,
apporte une contribution sicette étude. Nous dirons même
uue excellente contribution, à cause de la clarté, de la viva-
cité d'exposition, et d'un souci très réel de melire à portée des
profanes des problèmes d'exégèse judéo-grecque très délicats.
La position intellectuelle de l'auteur est d'ailleurs tout à fait
favorable, puisqu'il domineû la fois et la littérature grecque
200 I.NNKHSUUIOI.UlilyCR.
tfHIS1908

et la littérature hébraïque, rabbinique, et qu'il sait umnîer


les textes du Miclrusch et du Talmucl mieux que les textes
grecs eux-mêmes. Maine sa position théologique, que nous
marquons pour faire toutes réserves, si elle le dessert, le sert,
car uue sorte do protestantisme juif du genre de celui qui
ranime d'un beau zèle i p. XXII) lui permet d'aborder sans
préjugés rabbiniques sémitiques, sans préjugés d'orthodoxie
quelconque, les textes chrétiens et grecs.
Lu principale théorie de ce livre était, en somme,préparée
par de nombreux travaux antérieurs, venus de tout points et,
néanmoins, elle est si uettemeul exposée ici, qu'elle mérite
d'être exposée comme une idée neuve. Le christianisme se
rattache, comme mouvement social, à de profondes altérations
daus la société Juive d'avant Jésus et d'avant faut. La pre-
mière altération, et la plus grave, c'est l'existence de la Dias-
pora, de l'émigration Juive, où, sans perdre pourtant leur
iudividuulité, les groupes Juifs perdaient de leur caractère
uatioual, constituaient un Judaïsme hellénique. Cette partie
détachée de la nation n'eu était pas moius en relations immé-
diates constantes, dans un va et-vieut d'intérêts et d'idées,
avec Jérusalem, la Judée, et Israël tout entier la structure
de la société religieuse toute entière en était changée et sa
tonalité morale en était comme bouleversée. Besoin de prosé-
lytisme, besoin de conversions des gentils, universalisme
( p. XX tendances philosophiques, tendancesascétiques, mys-
tiques et gnostiques, prédominance du sentiment religieux
individuel sur le riluulisme national, voilà ce qui caractérise
le judéo-hellénisme de la Diaspora(v. p. XVI, uu résumé de la
théorie), dont Phiiou est le plus énergique représentant, dont
la rupture, relative, de l'nul avec l'ancienne loi est le dernier
et définitif effet iv. p. 313, les remarques ingénieuses sur le
caractère très libéral, très hellénique, du pharisaïsnie de
Paul;. 1
Si M. Friedlander nous parait avoir assez aisémout et bril-
lamment triomphé sur ces points encore un peu contestés.
tout particulièrement par des savants Juifs, il nous parait
avoir moins bien réussi dans l'analyse qu'il tente du détail
des influences de la Diaspora sur le judaïsme ù l'époque du
Christ et à Jérusalem. Il a raison de faire remarquer l'exis-
tence des synagogues des Ciliciens et autres dont parlent les
Actes des Apôtres (p. 20; il a raison de montrer que la Dias-
pora et les parties du peuple qui lui étaient immédiatement
– SÏSTKMB*
ASAI.ÏSKS. UBSUUOCI'Bi
HKUUIKLX SBCOXDAlHBît
807
liées ont toujours échappé au pharisaïsme et qu'elle a été
l'élément qui a vaincu avec Paul. Mais oi'iil retombe dans les
idées que l'oit a déjà maintes fois critiquées chez lui, c'est
lorsqu'il ne doute d'aucun des dires, souvent romanesques.
•I»Philo» et de Josèphe sur les Esséniens (v. surtout p. 5»,
<ur le nombre des Kssénieus) et les Thérapeutes mous ne
rontestoiis pourtant pas à M. F. leur parenté avec le christia-
nisme); c'est lorsqu'il admet, dans sou ardeur, le caractère
exclusivement juif des Thérapeutes, et lorsqu'il rattaché sans
hésitation les livres sybillins au judaïsme apocalyptique. Il
faut les laisser, comme on doit laisser Philon, dans une
ulhmosphëre de syncrétisme et d'hétérodoxie qui n'est déjà
plus du judaïsme, même sectaire. (Notons chemin faisaut l'iu-
bilieuse Identification du démon, d'Azazel, de Déliai avec ta
civilisation, la dissolution matérielle et motale qu'elle entrai-
liait, p. 300, sqq.).
La seconde altération qu'avait subie la société religieuse en
Israël était, ù la suite de la crise des Macchabées, la formation
des sectes. Ici se pose une question a laquelle, malgré les
-iliaques survenues, Ai. F. maintient son ancienne réponse.
i l'estcelle des Minini, hérétiques souvent nommés auTalmud,
identifiés certainement dans les textes récents de ce recueil
arec les chrétiens. M. F. avait cru pouvoir démontrer que les
anciens textes, ceux des deux premiers siècles de notre ère.
li-s considéraient comme une secte, hérétique certes, mais
nullement chrétienuo ils auraient été une sorte de gnosli-
<|uesjuifs, avant l'Évangile (v. Année,III, p. 286). La question
<sl intéressante au point de vue sociologique, car il s'agit
'l'augmenter d'une unité le nombre des mouvements intérieurs
i|iii tendaient à faire sortir la religion juive de son équilibre
national. L'objection de M. Herford, principal antagoniste do
M. F., (v. p. 188, a.) à t'identification des Mini m avec les
fondateurs dela mystique et de la cabbalistique juive, semble
victorieuse. Mais d'autre part, celle de M. F. à l'hypothèse de
M. Herford et à l'opinion classique est également victorieuse,
puisqu'il est évident que les Miuim, ne croyant pas à la résur-
rection, ne pouvaient être ni des Pharisiens, ni des Chrétiens.
lit nous conclurons que s'il faut certes considérer les Minim
comme une nouvelle secte, nous ne savons pas très bien ce
qu'elle pensait.
Lo Talmud nous parle encore (et aussi les Midraschim)
d'un autre groupe sectaire, les « gens du pays », que l'on n'a
ïiiij l'annkk sociolouiqik. 1903-t'JUG

pas coutume de considérer, dans l'histoire des sectes. Il nous


semble que M. F. réussit ù démontrer que ce ne sont pas de
grossiers personlitiges, peu instruit»; qu'ils avnieut une doc-
trine, que cette doctrine n'était puscelle desPharisiens, qu'ils
avaient un rituel syiingogual. et qu'its purent être le milieu
véritable, d'électionouvert à l'influence de Jésus (p. 19}.C'est
à ce groupe religieux que M. F. rattache, pur des preuves
bien ténues tnais non invraisemblables, le mouvement de
Jean-lîaptiste p. 100-107».Malheureusement, toutes les tenta-
tives qu'il fait pour fixer la doctrine de ces uniIiii-uiv: nous
semblent « primï vouées à l'échec, vu la pauvreté des docu-
ments. Et dire que c'était t'esprit messiannique sous sa
(orme apocalyptique qui les animaient, c'esl exprimer une
possibilité, uue vraisemblance, dire qu'ils étaient anlipliaii-
sieus; c'est ne riea ajouter aux nécessités même de l'évi-
dence.
Il reste pourtant ceci: c'est qu'il dut y avoir des milieux
religieux qui n'étaient ni lu milieu lévitiquc, ni les deux
sectes classiques desPharisiens et ries Sudducécns, ni les grou-
pements ascétiques et anaehorétiques de Judée et du judaïsme
Alexandrin, Thérapeutes cl Ësséniens: c'est que ces milieuv
étaient imprégnés d'idées étrangères au rilualisme mosaïque
pur. peut-être étaient-ils des milieux mystiques. Il reste
encore, et c'est ce que M. F. excelle à mettre en lumière, que
c'est dans l'ensemble de ces mouvements religieux, dans ces
groupes décomposéscl pourtant fortement unis pur un enthou-
siasme communque s'est constitué, au moins pour partie, le
sentiment religieux de l'individu "p. 4, p. 338, etc.) Ce poinl
est d'd il leurs,sociologiqueinent, l'un des plus importants, s'il
est vrai que la principale nouveauté du Christianisme a été
de reconnaître un rôle religieux à la conscience de l'individu.
Nous n'adresserons pas d'objections de détail à M.Friedltin-
der, elles seraient inutiles et (aciles (le grec est très mal1
imprimé). Mais nous voyons il (aire deux observations d'en-
semble. L'étude du judaïsme apocalyptique, de I» littérature
apocryphe et hellénistique, celle des secles, ont depuis quel
que temps(ait perdre de vueles résulta tsdesgrandes recherches
d'ensemble, de celles de Schiirer, de celles plus anciennes de
Lteb par exemple. Le mouvementreligieux décisif dans Israël
nous semble avoir été non seulement la formation des sectes.
mais surtout celle de la synagogue, d'un rituel surtout pré-
calif, en dehors du temple, d'une société religieuse populaire
WM.VSRS. – SÏSTKMKSIIBI.1GIKUX
DBS OHOUPESSKCONUA
IIUS* 2(5it

eu dehorsdusaeordoce. C'esttu! qui fuit apparaître et le vieux


messianismeet l'apocalypse, tissu de mythes et d'espérances
popnlniros, et aussi l'individu noyé jusque h'i dans le culte
national ou familial, ou dans le chœur do la communauté qui
-liante doitsles psaume» De la synagoguestHlélncheut, comme
itit simples épiphéuomèues, les sectes tësséniens, sorte de
uifiines, Pharisiens, Sadducéens, Miuimet Amlut-ares. C'est
<l|i>qui est la mère et nou pas une sorte île judaïsme vague,
mmsorto de religion qui n'était plus, celle du code sacerdotal
> qui n'était pas celle des pieux et des sages. Que la syuagogue
-v soit formée sous la double pression d'une lutte populaire
• 'nuirele pontificat et des juifs de la Diaspora qui ont eu de
tout temps leur culte, c'est ce dont il n'est pas possible de
douter,
Knsecond Heu nous devons protester contre une tendance
trop étroite et trop généralement suivie en ce moment de ne
nmsidérer, en dehors du judaïsme, que le inonde hellénique
l,àIn rigueur, babylonien, comincayaul contribué à la nais-
-'incc du christianisme. La Diaspora juive en particulier, si
file a eu quelque action sur le judaïsme, si elle a été l'origine
«le quelques traits du christianisme débutant, n'eut pas eu
cette importance si elle n'avait été que judéogréco-bubylo-
uienno.Elle étaitaussi Syrienne, Égyptienne, Anatolienue.elc.
t'oiir nous,nous sommesfrappés que Paul ail été de Tarse, du
pays où les dieux sout morts et sacrifiés, et comme M. Fruzer
a fait, nous ne nous étonnons pas de la rapide extension du
liristianisnieen Asie-Mineure.Il est vrai que M. 1-Yiedluiuler
il ses devanciers eussent été bien embarrassés de nous parler
le l'influence de cette Diaspora, vu l'absence de textes. Mais
les textes sur les autres Diax/iomine valent pas grand chose.
vt l'on disserte plutôt qu'on ne travaille sur eux. Il nous
M'inbleen tout cas qu'il est juste de marquer lu dimension
d'un phénomène, même d'un phénomène qu'on ne peut décrire
-iiifllsamment.
M. M.

'<. SIMMKI. – The soclology of Secrecy and of secret Socio-


lies. T/c Americtn Mtrual afUmulugy, juiu JUOO. vul. XI, fiisc. i,
|j|>. VU-i»!).

i: Mii.NTKT. – Les Zkara du Maroo. lierai- de tlli*tmi<> <lc.<ltvli-


fficiwi. iWZ, vol. ÎÎ2. p. 41».((.
270 1.A.NXKKSOtilOLUlityl'E. IW5-IWU

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de*UelûiiottS.1903, vol. 53, p. 177-218.

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il'Histuiru et de LUU'rutan'relif/ieusfs, 1900. p. 2K9-32O(llcitcriplioii
et oxplieation sans grande uriginulito do» mystères d'Eleusis;.

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cliiiisnuis und î tir hiibyloniHi'h-aslriiler l.'rspi'uu^. i.oijj/.ig-, Th.
(Ji-icliou, 19U0,Vlll-'t? p., in-8».

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Leroux. 19Oj, 235 j> in-18.

A. IlON.Mïl'o.NS. – Le culte de la raison pendant la Terreur


Itevui!îles Questions hbt-iriquies,juillet 11)00,p. 199-222.

IV. Cl'I.TKS
Sl't'cllAUX
l'ai- M.Mu»s

J.(i. l'R.VZKH. – Adonis, Attis, Osirls. Stutlws in tlw lin


tory of OrientalReligion.Londoii, Macuiillau, 1000,XVI-Siiî"
p., in-8».
Jamais M. Frazcr u'a été plus charmant, plus littéraire,
plus clair; jamais môme il ue s'est trouvé sur un terrain
où pouvaient mieux le servir son talent de composition cl
d'exposition, cl oùune érudition vaste pouvait seule se jouer
A.NMLVSIU.– CULTES SWilJUUX g7|1

(I rassemble les menus morceaux do cultes antiques et en


échafaude une poétique reconstitution. De ce monde troublé
de l'orient sémilico-égypto-grécolnthi, il ne nous reste
que
des fragments do documents, dos débris de rituols, des lam-
beaux de mythes vieillis, pom-riu de toute cette litimnnité
qui s'agita entre l'Oxu» et le Rhin et dont la Méditerranée (ut
le centre, nous n'avons qu'une histoire éparse, où se inôlenl
les périodes, los peuples. les faits. Le rituel
phrygien d'Altis
ne notisest connu que par les fêtes de Home, le mythe d'Usiris
n'est exposéaucluit-que imrPlularque. Le t#nie archéologique
de M. Frazer se meut à l'aise parmi ces ruines.
Ce volume nous donne un avant-goût de ce que sera lu troi-
sième édition, toujours plus mouumeiiuile, du « Golden
Houjrh». Il n'en est qu'un fragment détaché, facilement déta-
rliablo puisque, à tous points de vue. ces trois personnages
divins et leurs trois cultes sont comparables. Ce sont égale-
ment des cultes spéciaux, commenous les avons appelés; ce
sont des dieux et des cultes agraires; des dieux qui meurent
i;t des cultes qui les font revivre; ce sont enfin des dieux et
îles cultes d'un même âge social, d'une môme civilisation
eelle de la Méditerranée postérieure; M. F., ne remarque
pas assez, à notre avis cette unité) ils ont même eu, n'en
loulous pas, bien avant le syncrétisme Alexandrin ou Romaiu,
des relations historiques, et noussommes frappés que Ryblos,
nié phénicienne ait pu ainsi jouer, non pas simplement
par
*iiile d'une erreur de lexique grec, un rôle dans le mythe
d'Adonis, comme dans celui d'Osiris. Tous ont eu une égale
fortune dans le monde méditerranéen. Bien que M.!• nenous
l'xplique pas assez cette chance partagée avec Mithrn ef le
Christ, il a du y avoir des raisons a cela, qu'il est sociologique
de supposer, mais qui en tout cas sont une preuve de
plus
d'une parenté réelle entre phénomènes, et du droit que Tau-
leur a de les grouper. Quarante cinq pages de la 2" édition
du Hameau d'or deviennent donc un livre harmonieux et
naturel.
Les principales additions aux thèses essentielles trouvées et
prouvéesdes 1800consistent 1"eu descriptions plus étendues
les textes sont traduits souvent in extenso, les rituels mieux
décrits), en analyses plus approfondies où on cherche à voir
les multiples faces et les diverses connexions de ces rituels
et do ces cycles de représentations religieuses. Ainsi Osiris
n'est plus étudié seulement comme un dieu de la végétation
272Li, l'anxék soctur.uiiti/t'K ISOj.lWM»

et de lu tune, mais aussi comme un dieu des morts (lil, Mt


Ul. IV, t», un dieu solaire (III. Vili; comme un roi f III, X);
i" eu une exteiisimt, encore plus considérables donnée au
ci'rele des coin paruismis. Celui-ci embrasse maintenant tout
le doinaiue de l'Asie antérieure, et du monde lïgéen.
Il y a de plus une addition en quelquesorle méthodique. On
dirait queM.V.ne considère plus ces pratiques et ces croyances
comme des espèces de pièces de musée, des échantillons
curieux qu'il tait figurer dans son immense collection des
produits humains. Il a une préoccupation, fort légitime, de
les situer dans Imirmilieu. Seulement il ne débute que par un
seul élément des conditions qui ont causé ces cultes, par
l'élément géographiqueip. Vj.1'« environ physique». Delà cet
eilorl, très grand, pour rattacher les mythes Analolieus et
Syriaques du dieu brûlé, d'Hercule Crésus-Sardanapale, aux
phénomènes volcaniques et aux notions antiques qui leur
étaient connexesip. Il, VII». Delà aussi denombreusesdécou-
vertesde détail la localisation précise du culte eu détermine
de nombreux aspects ip. 14, p. 70-77». De même pour fixer
les dates des têtus d'Osiris, et cet'tains thèmes deson mythe,
l'auteur fait la plus grande attention aux dates des crues et
baisses du Nil, auxdatesdes semailles eldes récultes lia môme
question est également Imitée pour Adonis, ip. 127, p. I *>2,)
Nous sommes très loin de nier l'importance d'un pareil
replacement du mythe et du rite dans leur cadre nature).
Nous croyons que M. F. a fait, eu cette tentative, un sérieux
progrès de pensée. Mais nous n'estimons pas suflisaut ce pro-
grès. Le milieu cosmique ne presse sur les phénomènes reli-
gheux que par l'intermédiaire de tout le milieu social, et, en
particulier, par l'intermédiaire des autres phénomènes reli-
gieux. Nous sommes personnellement incompétent en ce qui
concerne l'Egypte, mais nous sommes bien sur, surtout si
M. Loret a raison de supposer du totémisme, ou s'il en restait
seulement d'importantes traces en Egypte, que l'interpréta-
tion purement naturiste d'Osiris n'est pus encore complète. La
lutte contre Sel-Typhon, la position d'Horus comme (ils du
dieu, demandent d'autres explications que celles à la fois
trop lointaines et trop directes que donne M. F. Aussi bien.
à propos d Adonis, pouvons nous compter comme une véri-
table trouvaille sociologique de M. F., sa théorie des dieux-
rois Syriens, Phéniciens, Cypriotes. Miliciens, Lydiens.
sacrifiés. Nous aimons moins l'explication trop simple du
ANAUÏSES. CL'LTKSSl'jSiiUfX 37J

mariage d'Osiris avec isis sa sœur par lo « mother riglit »


égyptleu <p.320). Qu'est-ce qui prouve celte liaison des faits,
et est-ce que l'usage Pliaraouique ne dérive
pas au contraire
du mythe royal ? Mais sous ces réserves il a un
y progrès vers
la méthode sociologique de ta
part d'un de ceux qui out le
plus contribué Aclasser et a édulrcir les faits du point de vue
de l'archéologie et do lautliropologie
(v. p. 289, la théorie
de la confédération des cultes locaux ou
Egypte).
Le domaiue des comparaisons est naturellement
infini
«appelons pourtaut à M. F. que nous avons signalé chez les
Hopis des rites admirablement nets de « jardins d'Adonis »,
plus uetsque le rite sommaire que signale M.
Fewkesto. 140
u. 5).
M. M.

A.CIIKVIUKK. Note relative aux coutumes des


adeptes do la
Sooiété secrète des Soymo». indigènes fôtlohistes du litto-
ral de la Guinée.Anthropologie,lttOlî.p. 358-370.
):. NAVIUK.–Le dieu de l'oasis de
Jupiter Ammon.Compte*
rendusdel'Aemh'tmedesInscriptionset IMlesLMn*.janvicr-fêvricr
JUOO,
i>. 25-32.
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d'Héliopolis. tiuhiax
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i: AMKU\I"AI\ Le culte des roia
préhistoriques d Abydos*
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».-H. SKH'WITII. Ashthoreth. the
goddess of the Zidonians.
Jeirhk qutirterlij Ikricu;july 1U00,p. 092-714.
ii COI.I.N.–Le culte d'Apollon
Pythien à Athènes, ilibl. des
/ic Fr. d'Attendu et de Home.Fitse. 93. Paris. Kiintcnnin-, J90.i.
178p., in-8»(La procession «l'AllièncRvers Dolphcs
•i.HIvXDKI, HARKIS. The Ouït of the heavenly Twius. t:»n,-
liii(lj.'o,l'nivursilyl'rvss, 1905,III-JCOp., in-S".
Tu. I.KPOUT.-Notes sur le Oulte d'Asklépios. U .Miim-
H.U,e.
l!«fô,IX.p. «97-214. p. 2IÎ.-221.
1900,X,p. 21-38.p. 101-iâii{Ilelalion
•l'unculteavec lu médecine).
UU |)|\A .NATH. The Ouït of MianBibiin
thePaqjab. Imlùm
Auliqmrg.I9U5,XXXIII,p. 12:131 (Culto du saint musulman*.
W..M.ItAMSAY. – The Peasant-Ood. The Doslniclionaiid ivshi
rationof tt)$ricullun!iu AsiaMinor.Theamtemponirtj iu-tï«cI9;)ft.
E. i)niKiii:ni.– Aniitusocio].,|<i(il'-l00!. |t¡
274 L'.VXNÉESW!l0l.0iiWK. t'JUj-l'J«6

Fil. Otas. – Der Wodan-Kult, sein Recht und Unreoht [Clmt-


tfiittim «Hty.vitgvts!. V1 1 > SUupirt.M. Kioliminn, 1905, 3U p.,
ill'

l'u. ci'MONT. – Les ouïtes d' Asie-Mineure dans le paganisme


romain. llwwe (!• l'Histoire des lleliyion*, 1900. I, 1). 1-21 (Trans-
formation de eo<i-iilti^ à tUime leur absorption}.

l'u. cmuNT. – Les mystères de Sabazius et le judaïsme.


Compte*remlusile V.UiuUmie(tes foseriplioiu et lklht-LeUre$, 1900,
janvier février, p. OU, sq..Influence des colonies juives sur un
eulle spk-inl. qui devient un eulle. mixte.)

J. III.UIM'ZKI!. Das beidnisohe Mysterienwesen zur Zeit der


EntBtebung des Cbristentums. Stimmenau* .Varia-ImucIi,l'JUii,
iir. 10.

V. f.ROYVNOKS
ETIMl.VTIQfKS
UITKS
IIII'UUIIŒS
l'ar il. llrnei:r

I». SKIilLLOT-– L3 Folk tore de Prance t. II. /.« M?r vt


/m miurilaHCi'x.Paris, K. liuilmolo. 190Î),p. V"0iu-K".

M.Sêhillot continue son histoire merveilleuse de la nature.


Nousuvoiis eu les on-dil du ciel et de la terre, nous avons
riiniiili'imiil la It'-encle deseaux.Le principe une fois admis,
reconnaissons qu'il est suivi avecbeaucoup de méthode Ondis-
tingue la mer et ses rivages, !es Iles et les grottes. Un cha-
pilrt! traite des envahissements de la mer et nous avons la
Iintiiio fortuni.1d'y trouver un groupe compact de mythes,
conte» et légendes. Quant aux eaux douces, fontaines, puits,
rivièrefteleaux dormantes sont scrupuleusement traitèsà part.
Dans chaque subdivision, une même, méthode d'exposition
est suivie. Ou passe des centres d'origine aux hantises, puis
aux propriétés, puis aux faits de culte. La place donnée il
ceux-ci est quelquefois considérable pour les fontaines, c'est
un chapitre entier. Malgré ce mauvais phi», M. Séuillol réus-
sira peut être a faire un bon livre. Rienqu'il ait négligé la
lechciche méllio(li(|iie(Iu folk-loreaneien,son recueil de faits
cstplusquVstimuhlc.Ce qui nous choque, c'est qu'ils lie soient
pas groupés en raison de. leur nature, ni de leur provenance,
que les facéties se mêlent aux mythes, que les thèmes issusde
l:i littérature classique ou de ta topographie se mêlent à ceux
– «IWïAJiClHKT PIIATtyUIi*blTKSl'UPrUHtlt*
A.SAI.Y«K4. 27X

(fui ont été apportés de Uerninnieou (luGronclu-llroUi^ne,sans


iiu'uui'uu «doit soit fuit pour les démêler. Un livre comme
wîhii (leM. Sébillot, n'éliiiil pus un recueil do documents, doit
présenter des faits rolat iv»ini»itlctttbnrcs. 1'ous {(ttendions (le
ht science do M. Sébillot qu'il eiU fait (aire quelques pas en
avant aux éludes do folk-loro.
H. H.

W. OAUKWIIAZI.IIT. Falths and Folklore. A Dktwiumj <


Xatfanul Micfn, Su)iernliiioits, amil'upulnr CuHtuwf,paal and eur-
reul, H'illt llwir ekstiait ami foreiijn Aittthgm-s. ileseribeil ami
iUutlrated. t'orminya new édition ufThc l'upular Aiiti<iuitieiiof(livul
Hritaiu.bg Hrunit «hiJ Kltix, vU\ Londres,IUïcvesi>l Turner. '2 vu!.
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I1. TOr.DO. – Aus alten Novellen und Legeaden. ZeiUchrifl des
YereiH*fiir Volksktttuk, iWOï,p. 00-7i, lï'J-137.
In \V. II.K. – Heimatkunde des Saalkreises, oinsolili.'sslich
des SUultkreises Uull(\ Halle liiicliluindl. des Waist'iiliauscs,
loue, in-8".
H. PfvTSCII.– Das frànkisohe Puppenspicl von Doktor Faust.
Zeitsckrift de Venins fiir Volliskumle.l'JOS, p. 248-201).
H.-l'a. KAINDL, – Deutsche Lieder aus Roseh (Bukowiuaj
Zeitsckrift des Vereinsfiir Yolkskunde, 100"»p. 200-274.

VI. LAMAGIK
l'ar MM.Hcbert,Musset Buxtoxi

M. MAUSS. – L'origine des pouvoirs magiques dans les


sociétés australiennes (École pratique des Hiiittes-fêtu-
des. section des sciences religieuses. Happort annuel, 100'
(Publié en 1905.)
Ce mémoire, dont il n'a rien été dit l'année dernière, faute
nn~

-••* 1,'axnkk t'Ju.'i-i'Joii


*h;i«uic,iqi:k.

do place, et parce que nous aimons mieux


parler des autres
que de nous-mêmes, contient une petite partie des pièces jus-
tificatives dt>notre Kxqttmed'une théorie iji'nàaletk la
magie
VJIi
[\H>n!es(>eiolo<ji<itwi. et «u prépare l'achèvement. Notre
travail était en partie critique et destiné fi rectifier la théorie
de' la initie eu houiieur dans l'école
anthropologique. Cette
Hiéurie fait de ta magie une finisse technique
ayant pour
la
principe croyance aux actions et réactions sympathiques.
Les faits rassemblés ici montrent sans conteste
que, si le
magicien obtient des réussites extraordinaires, c'est qu'if est
doué lui-même a*uu pouvoir, dont la notion est assezdistincte,
(lui ne se confond (tas avecla vertu des méthodes qu'il emploie,
qui lie se confond pus tout il (ait avecsu scienceot dont il sait
assez bien comment il l'a acquis. L'idée de ce
pouvoir n'ap-
partient pas exclusivement nu magicien. Klle existe aussi
dans la société et c'est elle qui fonde te crédit
qu'y trouve tu
magie.
L'étude
de celte notion de pouvoir magique était la
partie
positive de notre travail. Il s'agit ici particulièrement de lu
façon dont ce pouvoir est acquis. Il IVsl par héritage du sang,
mais rarement. Il lest surtout par révélation et
par initiation
niais ces deux méthodes se confondent. Dans1«
premier cas,
les agents sont desesprits, esprits îles morts, spectres tolémi-
ques. esprits tic lit nature, toutes espèces peu distinctes. Dans
le deuxième, les ngeuts sont des magit-iens..
Magicienset esprits
exécutent les mêmesactes avec le même résultat. Si bien
que.
vraisemblablement, les récits qui nous sont faits derévélations
surnaturelles sont la transcription déformée, Imaginative et
mythique, d 'initiation* par des magiciens Au cours de ces
révélations et du ces initiations, le magicien
clrlureele persuu-
nalité, de qualité. L'idée qu'il a de lui mêmeet
que ses frères
ont lie lui en est profondémentmodifiée.
Il (-si à noter que l'exaltation du
magicien et seshallucinn-
lions ont des formes constantes, si eoustaules
qu'elles ne sont
pas communes nu groupe local, à la tribu, mais même à l'en-
semble des tribus du même sang. L'extase, du
magicien est
ivgb-e elle est indiquée et sa place est marquée dans les
cadres sociaux. Sa frénésie se nourrit de
représentations qui
n'appartiennent, pas lui seul. II se donne une attitude en
fice des choses sociales et de la société. Il
s'apprête à tenir
un rôle dans ta société, à
y remplir une fonction avec l'aide
des fonctionnaires de cette fonction. H retrouve
enfin dans
ASAI.V-KS-. l.A UAiilK 2*'ili

ses hallucinations de particulier ce que la société a vu surgir


de ses hallucinations collectives.
Hestea compléter l'étude delà qualificatiou in»gi({ULMii9tiiH
guiint la magiede la religion. Les faits exposésici ruparailrout
dans la suite de notre travail et l'on y expliquera, par exemple,
pourquoi M. Maussne considère pas comme mngtijues les céré-
monie» desfaiseurs de pluie, qui sont des cérémonies de clan.
II. 11.

A. WIKUKMANN.– Magie und Zauberei im altenÀgyp-


ten ilhr Mte Orient, VI, 4). Leipzig, 7. 0. Hinrichs, l'JOii,
|>. 32ju-«".
C'est uu aperçu un peu diiïus sur les dieux. les temps fas-
tes et néfastes, l'action des hommes el des puissances mysti-
que*. Les nrts magiquesn'apparaissent qu'à la pagel(>. Encore
s'agit-il surtout de religion et do la puissance, dite magique,
desri tes. Il y a autre chose à écrire, mêmepour le grand public,
sur la magie en l'vr'ypte.II y a eu une iniigie proprement dite
dans l'ancienne Kgyple, et la nouvelle Egyptecontemporaine
de l'hellénisme a élaboré avec celui-ci une magie qui n tenu
dansl'Iiisloirede notre civilisation une place assez importante.
II. II.

M. C. SCIIADKK. – Bijdrage tot de Kennis van den


Godsdienst der Dajaks van Landak en Tajan. liijdm-
tH'iitoi iU' Titnt-l.nml-m ViilkfulmnilerunXnli'rliuiiterh'lniliï.
t'))~

Cette partie du grand travail de M. S. porte sur des faits


intéressants, étudiés à fond. Klleconcerne le sliamauisaie des
Itayaks de Laudak. non seulement les diverses sortes de
î-liainanesin" Sl-i»2i avec leurs divers pouvoirs, mais encore
les méthodes générales do leur activité rituelle et mystique,
Le détail des rites préparatoires, des duuses et des formules;
leur rôle dans la grande fête dos morts, le Tiwah, leurs rela-
tions avec les dieux el les âmes, sont particulièrement bien
étudiés.
.M M.

LYNXTIIOKNDIKK– The Place of Magic in the intellec-


tual hlstory of Europa. Stuilies in hitttmj, ramoiiiie*mal
280 l/AXXÈK SOCHIUlGI^UK. l'JUi-HiBtf

P«ow««m\mm tnj(k«VumttyofpolMtol stience ofColumbia


Iniemittj, vol. XXIV,nr. l, l90S,New.York, ColumbiaUn
Press, p. 1 10 in- 8».
L'intention de l'uuteur est révéléepar une note de lu
page 55.
Il veut eu réalité opposer « lu thèsede
VVhUe.qutfait le chris-
tianisme responsable de l'occultisme du
moyeu Age, sa thèse,
qui est que !» magie a toujours été plus ou 'moins mêlée à In
science ip. 35. Ou s'explique niusi sou
premier chapitre sur
la magie dans |a science du
moyeu Age. Les rapports de la
magie et de lu science ne sout d'ailleurs pas déliais. M. Th.
s'en tient aux représentations que le vulgaire
joint à ces deux
mots. Il est préférable de ne rien dire de sou
hypothèse sur
l'origine de In magie <p. 31).
L'ouvrage contient une revue rapide de quelques croynuces
illogiques que Pou peut trouver dans l'Une, duus Apulée, dans.
l'Iiilon, dans Séuèque, dans Ptolémée et dans les livres her-
métiques. M. Th. ne néglige pas non plus les adversaires de
la magie Cicéron, Favoiïuus, Sextus
Kmpirieus. Ils sont
pour lui l'expression lapins achevée du scepticisme antique,
l'ouï- 1b reste, il a bien
noté que les auteurs en qui il retrou-
vait des croyances magiques se défendaient de
magie, mais
il n'est pasallé jusqu'à
apercevoirtout ce qu'il pouvait y avoir
<lejuridique et de moral daus la notion de magie.
A. B.

A. HKLLWKï.– ©le Beziehungea zwischon


Aherglauben und
Strafrecht. ScAweisttuekes ArchiefurVots/utiule,
J 900,lleft. 1 in-8».
M)WKNSTIMM. – Aberglaube und Gesete. Ein
Knpilcl ans der
niss.schcn Hoclits i.iul Kulturgeschiclite. Aiehivfiir Krimnal-
AnthropologieumtKriiniiuttisUl:,1900,Bel. XXV,nr. 1 et 2.
'• "l <ilET. – Superstition,
magie et sorcellerie en Afrique.
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I».vas TIIIEL-Le Sorcier dans
l'Afrique Équatoriale. Anlhro-
pus. 1906,t. I.
K.
Mll.KA– Ueberjapanisohe Traumdeuterei.Mitthcilungenttrr
ileHttehmCettUsehaft(w Mur-uml VùlknkumkOstuùens,1900,
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W. t.. NASH A hebrew amulet
againat disease. Proceediugs
oflhe Societyof BiblicalArchaeoloyy,
1UO0.vol. XXVII,nr. 5.
ANAI.VSES.– LA MAlilK 281

1».SCOTT MONCHIEPT.iiKfl* -A KnbhnHatin ohai>m.


– AKabbalistio Procimltunn of
obarm. PraceetHugê the
ofthe
Society ofliililkdlAtehaculoijy, l'JOU,XXVII. «r- 0.
11. • THO.MI'SOX.– An Assyrian Inoantatlon agabwt ghosts.
Prœtedinys oflhe Society of MhlivatAreltiroiogy 1900,vol. XXVIII,
p. 219-227.
C. VIIIOMKAl'D. Note sur le traité dextlspioine babylonien
qui porte le titre do « Shuma Sha Tab ». Paris, lîvullinor,
1900, 15 p.. in-tf.
J. us ZWAAM. – The meaning of the Leyden Graeoo Demotto
papyrus. Anast. 05. Jouni. ofthe ilieolstud. nvr. 1003,jj. 418-4-2*.
I' LKtidlC.•– Magie ivories of the mlddlo Empire. l'wceedings
of Ihe Society of HMknlAnkrofoijy, l'.iuo, vol. XXVIII,m-. 4.
V. UKLMMKU. An early ohaldean Incantation of the « Tem-
ple not exorcised ». lieemit de ti-maiu- relatifs <ila philosophie et
a l'archéologie ég>n>ticHniu'set<myrieitne*,
IU00, vol. XXVIII. ur. i-
l'OSSEY et V'IKUl.LKAL'L). Textes assyriens et babyloniens
rolatifs à la divination, inuisiTits, traduits et comnn.'iito.s
Paris, ((.'utlinvr, I9U0, 33U |).,in-8u.
J. Sl'HKMiKK und II. INSTITOItlS. – Der Hexenb.inuner. /.um
crstcn Malcini DouUchc iilM.Ttnifji'ii und cin^clcilcl vonJ. \V.
H. SC1IMIDT.– Ik'ilin, Uiinlnrr, J«0«, 3 vul. XLYII-310;Yi-273c!
V1I-2V"p., in-8°.
L. GÏ'NTIIKU. EinHexenprozess. KinKapitcl atts <ier<ir«(*liirhU>
des tluuict'ls'.cii Al)ur^)nul>cn.s.(iiossen, A. Tôpt'lmami, I9U0,XII,
p. H2,in-8U.
11.Al.Ul). – Autour de Jean XXII. Hugues Geraud, évèque do
Oahors. Caliors, (iirina. et Toulouse. K. l'rival. i'JOi, âuo p.,
in-8° .Kiivoiilcinent de Jenn XXII, l'ron'-stle sorcellerie;.
M. KYUK. Folk:Lore of the Wye Valley. Fotl;-Lore, JWi,
p. IO'M79 (1/iirticlo contient mirtoul d'iulôrussanls reiiseignu-
ments sur la magie et los mngiciviiK).j,
I1.UECK.– Die Bibliothek eines Hexenmeisters. Zeitwhrifl des
Vereinsfiir VolUmmlc, 10U6,p. 412434.
0. SCHiaL. – Bergiscbe Zauberformeln. Zcilsclirift tics Venins
fiir YolkskumL;lyOO, p. 170-I7C.
K. ItKITKlUCn.– Besohworung der heiligen Corona. Zeitschrift
des Yercinsfiir Volksiumle, l'JOi),p. 421-487.
Fit. HKUUMANN. – Bine Oeisterbannung im Schlosse zu Darra-
stadt (1717 18). lkt$ischetilûtter fiir VoIMmde. J«0!l, p. 107-170.
iSi I.VXNKK
SOClOLQUIyt'K.
l(.ll)3-l'J0O
ii. I.. kll i IU.IM.K. Disenouantmeat by Décapitation- TheJjur-
mluf .\mvri'-•«« l-'jlkl.wv. l'jj."», p. l-l l. Jliéiiie de In dôcupilutioii
et th'-iuu* a.ssoniV*
tt T. lil N TIIBK. The Cimaruta Us Structure and Develop-
ment. FotULxv,IÏH>3, p. 132-îtil (Amulette dutit l'élément prin-
cipal est Ici fijriir» d'un ratnonudo rue).
«. MttiW'STKIt HAXïmLl'il. The Mandragora of tho Anoients
inFolk-Loro andMedlciuo. l'roi'ccliiig.utf the Ain. Aaul. of Arts
ami si'wwcm,I'JOj, j). 1-31.
U. SOI,1> II –La poesia astrologloa nel quattrooento. Kii'cn/c,
Sansoni, 11)00, iu-V.
M. HKUTIIKI.OÏ – Archéologie et histoire des sciences. Avec
pdliliciiliou iln papyrusxire clii inique (!• Luvdeotiinprossiuii
oriiriiKili- du ).ih'r (/. SeiHuHijutta«le liclx'i1. t'aris, liaullii^r-
Yiliai-K.îaoti, 3S-i p.. iu-l".
l'U. CIMiiNT. L'astrologio ot la magie dans l'empire romain.
Herurd'llitluire ni ite littérature religieuse*, IUU0,p. SV-bf»[Hclifriim
iislrulii^icd-niaiciqiii1 t|iii se foniir sous ri'inpirc1. KIuiuciiIk
ri-li^ii-ux dan- rash'ulirjic cl la ina^ii-. Divers fadeurs de la
imijric dans l'empire romain'.
A. WIKDKMANN. Mumie ais Heilmittel. /.rUschrift tU-sVenins
t n-rit ci nitcli e uii:liiv*![iïti»:ln:Yull;xhim:U\
lt»l)(i. Ili-fl. I.
Il' MAI!XIS. – Die Volksmedizin. ihre gosohichtliohe Entwi
ckeluug und ihro Bozieliungen zur Kultur. Hn-slau, Kern.
l'Mi, 112p.. il»-»".
i:. iiKItliAl'. – Der Mond in Volksmodizin, Sitte und Gebrau-
chen der mexikanischen Grenzbewohnerschaft des sûdlichen
Texas, illobus, luo:». I.XXXVlil, p.. 38I-3K4.
A. l!i:U.\VK. –Bas Einpflocken in Krankheiten. tihhm, \C,
it'iid. p. iv:>-iïï.

vu. – i:iiiivani:i;s kt itincs chxi:i;ksant i.ks mouts


i
l',<iM.Il i util

A. LUDS.– La croyance à la vie future et le culte des


morts dans l'antiquité Israélite. Paris, Fiselibaclicr,
nui», p. VlIl-â'Jâ, hi-8*.
Cet ouvnige est un lioiiwMeexposé de ce qui s'est écrit dans
ces dernières années sur les pratiques dont les morts étaient
– i:IUIÏAM:KS
ANAbVSKS. KTttll>N <:nXCKtt.\A.NT
t.K« MOIIT*2tJ3

l'objet eu Israël et sur le sort qu'on leur attribuait. L'auteur se


proiiuncopour ou contre et quelquefois hasarde- timidement
une opinion personnelle.
On beaucoup écrit sur ce sujet. Ou s'inquiète de décider
si les morts chez les Israélites étaient ou n'étaient pas traités
coiuinc dus dieux. Lu question est d'importance, car il s'agit
ou dernière analyse de savoir si lu religion d'Israël a jamais
ressembléeu quoique chose a celle de quelque Xaturcoll;. Ou
"t'estbeaucoup moins demandé ce qu'il faut entendre par
culte de» morts eu général, quelles sont les espèces du culte
des morlsel quelle est la naI arede ce culte et de ses espèces.
l'ar malheur,les textes bibliques sont il cet égard trop courts
cl trop peu eltrirs. Ils nous disent mal ce qu'était lo culte des
inortschez les Hébreux, moins encore ce qu'est un culte des
inorls. M. Lods n'en tire pus beaucoup plus de conclusions
certaines que ses prédécesseurs.
Mans le culte funéraire, M. Lods distingue deux sortes de
rites. 11 nomme les premiers rites préservatifs. Ils paraissent
inspirés parla crainte de l'esprit du mort. Tel est le rite qui
consista t fermer les yeux du cadavre; telle est lu coutume
de déchirer ses vêlements, de revêtir le sac ou de se couvrir
le poussière. Il s'agit suit de se rendre méconnaissable à
l'esprit, soil de détruire, pour s'en préserver par la suite, eequi
peut avoir été contaminé par lui..M. Lods observe avec raison
que beaucoup de rites préservatifs du deuil s'emploient en cas
d'autres tabous. Mais il est peu familier avec ces études de
iluel primitif et il n'arrive pas à nous donner une idéesufli-
s:intede In stratégie compliquée du deuil et de ses interdic-
tions rituelles.
M. Lods qualifie de proprement religieux les rites de la
deuxième série. L'idée de religion s'oppose dans la peusée du
l'aulmir il celle d'esprit craint et implique au contraire celle
d'esprit adoré. U est bon de définir les termes sous peine de
ne pas s'entendre. Ainsi la lamentation funéraire, la tonsure.
le» incisions sont des rites religieux, des honneurs quasi
divins rendus aux morts, lit première étant Équivalente à la
prière, les iU'ux autres au sacrifice. Mais n'esl-il pas possible
également de voir dans la tonsure et l'incision des rites de la
série, coinpura blésà cel ui dese cou v ri de poussière i
I ire mière
Les incisions lie nous sont-elles pas données comme des
tatouages? Les rites dos deux séries, si toutefois ils se dis-
mènent,s'emmêlent les uns dans les autres et je pense que
itil l'axskk sui:ioi.ùi;n'i'K. luo;9;;u

M.Lotis aurait (tu fairede cette confusion des rites l'objet d'une
étude spéciale. Je n'arrive pas comprendre pourquoi les rites
alimentaires en particulier sont rangé» sous lu rubrique
rites religieux. Parmi ces rites alimentaires, il y en a quii
résultent, :m premier chef, du tabou jeté par la mort sur lu
maison et ses habitants. Quant au paragraphe sur les purifi-
cations et l'impureté des morts, il ue me parait pas plus heu-
reusentent placé.
Les rites dont les mortssont l'objet aprèsla sépulture parais-
sent être considérés indistinctement comme religieux, même
la consultation des morts. M. Lods n'a même pas pensé a se
demander si elle n'était pas magique.
Nous remarquons avec peine que d excellents archéologues,
philologues et historiens se laissent entraîner trop tacitement
si gâter de bonnes études de faits par des essais trop hâtifs de
méthode comparative. L'étude de» phénomènes religieux, en
tant que phénomènes se produisant également dans plusieurs
sociétés et étudiés comparativement,est une élude spéciale qui
veut une préparation spéciale. Il semblequ'il faille apprendre
si lie comparer entre eux que des faits comparables.Pouréla-
blir l'existencedu rite du sacrifice aux mortsen Israël, M. Lods
cite (p. KH) l'inscription arauiécnne de Punammou, roi rie
Jadi, qui demande que son urne participe aux sacrifices offerts
à Hadad. Le fait doit être rapproche du culte des morts dans
la religion d'Osiris, où le mort ne reçoit un culte que parce
qu'il est identifié fi Osiris. C'est là un cas très particulier de
culte des morts, et même il doit ressortir au culte des rois-
dieux. Quant au versement de l'eau de Siloé sur l'autel
du temple à la suite de la fête des Tabernacles, il n'a rien de
commun avec le culte des morts. Si c'est une libation pour
les morts, il faudrait nous le démontrer (p. l"4i. Nous ne
saurions trop répéter que, dans les études comparatives, il
faut apporter le même scrupule dans le choix des faits et
l'administration de la preuve que dans toute autre étude. Et
nous mettons en garde nos lecteurs contre le trompe-l'œil des
références ethnographiques à bon marché.
H. II.

E. AMELI.NKAU. – Du rôle des serpents dans les croyances


religieuses de l'Egypte (2"article). Hevuede l'Histoiredes Mi-
giom, 1905,II, p. \-m [Serpentsde l'autre monde, serpents in-
carnant les âmes des morts humains ou divins1.
ANALYSES.– LK WÏVV.I 285

I.. 1UUKRMACHËK.Zur Hadesmythologie. KheinischesMu-


séum,1905,N. l\ LX. p. 581-394.
J. VVUI.F.– Der UngterbliohkeUsglaube der alten Kulturvol-
ker. Kcldkiri-h,F. Unterherger, tVOD,
20 p., in-4*.
It. Gl'TMANN.– Trauer und Begrâbnissitten der Wads-
chagga. (ilobus,1900,LXXXIX, p. 1UÏ-200.
A l DK1.ATTKK. La néoropole des Rabs. prêtres et pré-
tresses de Carthage. Paris, Imp.i-'éroa-Vruu,1U05,4!ip., in-8".
A i>kWAAL.– Die Biblisohen Totenerweokungen an den alt-
ohrisUiohen Orabstàtten. HBmhche
Quartalsehrift,iW6, nr. i.
s'i'oi.z. Das Totenbrett, ein Ùberrest des bajuwarisohon
Heidentumn. Zcilschriftfur (Meneichische Votkskunde, 1900,Hefl
l, in-8».
S. HKI.NAGII. – "Awpoi{Jii'.oQjmTO!.4rc/in'/"«»•fieligionsumeiiscluift,
1906, p. 313-323(l.n ooiiddimmlionde J'iiifmitk-i<i<!
et nulrcs
fraudesdans le christianismecl dans l'urphismc, A propos d'un
passage du livre VIde t'Knéido).
11.HAH.–Geschlecht8leben, Geburt undMissgeburt inder Asia-
tiachen Mythologie. ZeUtchriftfur Ethnologie.1000,p. 808-311.
\Y.LKUMANN. Die fOnf imKiûdbfitt gestorbenèn Frauen und
dlefunf Ootterder SQdenin dermexifcanisohen Mythologie.
ZvitsclmftfiirBthnoloyie,1905,p. 848-871 i, Éluded'hiéroglyphes).
M.HKOOMFIKI,!). – Oerberus, the dog of Hades. the history of
an Idea. Clucng-o,tlio OponCourt piiWisliiii^Company, 1905,
Up., in-8u(Kupporlsdans les cultes funéraires Imlo-Kuropéens
entre les mythes de h»mort et les croyance et les rites concer-
nant le chien).

YUJ. LK RIÏL'KL

A. – Le calendrier religieux el les ft'tcs.


Par M.Macss.

I MKINHOLD.– Sabbat und Woohe. – In Forxeh. s. lielig.


m.Uler. d. Alt. ». A'. Teatn., do lioussel et Gunkel. Gr">ltiii-
(teu, Viindeulioeku. llupreclil. 190îi, p. U-h2 in-8".
Le sabbat israëlite serait une institution ancienne des
pnysiins cnuanéens. C'est à eux qu'Israël aurait einpruntê la
2<0 i.'a.vnku si)>:ioi.imi</L'K. likK»l!MG

(été du septième jour qui «'tait, pour des nomades, impos-


sible ù observer et sans intérêt. Le fuit, (lue en Biibylonie les
i, 14, 21, iH du i" Elitl, et aussi d'autres mois, étaient consi
dérés cliiicuu comme « dies ater », comme jour de pénitence
et de prière, peudnnt lequel il était dangereux, nu moins pour
le roi. le piètre et le médecin, de (aire un travail quelconque,
et, d'autre part, le fait que l'on rencontre dans les inscrip-
tions cuucifiirmes le mot iub'iAattuin. ces deux toits iudi-
queut Hubylmie comme la patrie originelle du SaI) bat. Lu
lune divisait le mois eu quatre parties, le premier jour se
serait appelé « nouvelle lune » et les autres (7. 14, il, 28i
auraieut été désignés sous le nom de « sabbats»de lu même
façon que, d'ailleurs, dans le vieux Testament lui-même, sont
volontiers nommé* ensemble la « Nouvelle Luoe » et le
Sabbat. La nouveauté <!» l'institution Israélite], aurait con-
sisté eu ceci que ces jours auraient été rapportés par Israël à
lalnveli.ct quele Sabbat se serait séparé de la nouvelle luue,
et, sans t«>nircompte des commencements de mois, aurait
parcouru l'aimée, et l'aurait ainsi partagée simplement en
semaines de si-pl jours».C'estainsiqueM. M ex pose eu termes
excellents les résultats auxquels croyaientêtre arrivés défini-
livemeut les historiens et les philologues, l'assyriologic et
les hébraïsanls.
l'ourlant il s'en fallait qu'on fut arrivé à la certitude. En
premier lieu la théorie fut ébranlée du coté babylonien le
itiliaituiH apparut étn; non pas une lin de semaine, mais
le jour do ta pleine lune. \in second lieu elle fut du
coté IriruiMite on se pose la question de savoirsi, vraiment,
le sabbat semainier étant certainement récent. le sabbat de
pleine Iiidr n'aurait pas été très ancien. Al.Méinliolddébat la
question. H, û noire avis, la tranche d'une façon provisoire.
ment satisfaisant».
Dans les livres préexiliquos le sabbat serait. – c'eslûridein-
menl une hypothèse, maisc'est une hypothèse vraisemblable, –
la fête df lu pleine lune, une fête exactement correspondante
à celle de la nouvelle lune; lYslyiuologiu
proposée pourrait
d'ailleurs biiMiêtre juste et accoler en somme,un rito hébreu
à un mol hébreu, et non pas eu qui est dif|icile, obliger il
admettre un emprunt pour une fête aussi imporlanle. Eu
somme, il aurait toujours existe deux fêtes lunaires, dont une
aurait «té nommée sabbat, indépendantes de toute position
dans la semaine.
AXAI.VSKS.LKlUU'KL 1.
$i~.
I -l! _t._fc •– 1. t. • <ft# ft-i
Reste nlors lu question tlo l'origine do In semaiue. M. M. lit
ilcUnchede font comput astronomique: il eu fait, tout eu
Israël qu'en Bitbylouiu, un effet du culte et de lu mythologie
arithmétiques, un dérivé des croyances et pratiques a Hachées
nu nombre 7 tloat, tant dans une religion que dan» l'autre,
.M.M. n'a pas de peine à démontrer l'existence. Ku puys cnuii-
néon, la coupure des choses par groupes de sept, et en parti
ciilk'rle rythme des sept années, de l'année sabbatique et du
roulement des jachères, semble avoir été primitif et les tètes
de sept jours ou attachées à des multiples do sept semblent
avoir été telles des l'époque historique. L'auteur vu môme
jusqu'à supposer, supposition gratuite si l'on consulte les
textes, supposition vraisemblable si, comme nous le verrons,
on consulte les nécessités de fuit, que le repos de sept jours
eu sept jours était, dès les temps prùexiliques. In règle, indé-
pendante du (ait Babylonien.
La nouveauté due à la reconstitution de ht «.'ommuuaulé
Juivj aurait été l'abandon relatif de la fétu de lu nouvelle
lune correspondante une considération du septième jour à
Jiihvé, consécration dont les ternies déliuitifs n'auraient été
lixés qu'avec les Macchabées.
Nous avons analysé avec assez, de détails les théories, les
hypothèses de M. Meinhold. C'est que l'importance, non seu-
lement historique mais encore sociologique, de la question,
est grande. Certes, bon nombre de preuves invoquées n'ont
d'autre haseque lu critique Wellhnuseniennc,et pour nous, un
trop grand nombre de théories philologiques sur la Pâques, ou
sur le chapitre XX de l'Exode, sont sans véritable fondement.
Néanmoins on ne peut nier, par rapport à In théorie ortho-
doxe, ou par rapport à la théorie de l'eiupruul Hubylouieu, au
travail de M. Mciuhold, une certaine originalité, un certain
bonsens, et une entente assez vive du problème de la fixation
des temps sucrés dans le temps, dans des temps périodiques.
Avecraison, il n'admet pasla possibilité d'un emprunt au culte
Babylonien, emprunt que l'on n'avait d'ailleurs pas prouvé,
dont ou n'avait pas indiqué le comment et le pourquoi, dont
il n'était même pas possible en réalité da se figurer le méca-
nisme. Avec raison, il admetqu'il y a eu une progression dans
la définition des caractères du sabbat, cl un passage d'un jour
simplement non ouvrable, à un jour de fêle. Avec raison, i!
a détaché la notion de la semaine de la notion du' mois.
i)'aillcurs, pour un nouveau motif eu plus de ceux de M..M.la
288 l'a.VNKK SOtilOLUUIQl'K.1903-1«00

première était iucouciltableavee lu seconde lu durée du mois


lunaire ayant été toujours indéterminée en Israël. Et comme
le sabbat est, uou seulement pour nos sociétés, mais encore
eu soi, comme phénomène social, l'un des plus typiques, l'un
de ceux qui illustrent le mieux les phénomènes collectifs qui
rythiueut le sacré le temps, uous considérons toute
cette histoire comme des plus intéressantes, et nous sommes
très frappé par cette indépendance reconnue du culte du
nombre et du culte astronomique.
Nous estimons cependant que M.M.a commisdeux fautes,
l'une d'exagération, et l'autre de dédain de certains faits. Il
exagère certainement les prescriptions concernant l'année
sabbatique. D'autre part, il diminue la portée des interdic-
tions sabbatiques ou plutot il n'en tient pas compte; il croit
peut-être qu'elles out pu être soumises à des édictions et à
une systématisation rapides, après l'exil. A notre avis, c'est
une erreur, et pour nous le septième jour est, dès l'origine, à
Jérusalem du moins, sinon pour tout Israël, jour de Jahvé.
Des interdictions du genre de celles qui concernent le feu, et
qui sont fondamentales dans la notion du sabbat ne peu-
vent avoir été importées de tiabyloue; elles ne peuvent pas
non plus avoir été inventées de rien. Qu'il ait fallu attendre
jusqu'à « la communauté des justes » (eu France nous disons
les pauvres) pour que les devoirs cultuels ip. 50; du sabbat
aient été observés, c'est ce que nous lie croyons pas; et, pour
uous, la défense de sortir de la ville est un trait trop primitif
pour que nous ne le sentions pas original.
Si notre désaccord avec M. Meinhold n'est pas très grand,
la raison en est profonde, tille tient surtout à ce que la com-
paraison méthodique à laquelle nous sommes habitués nous
fait envisager le sabbat autrement que lui. Nous connaissons
de nombreuses sociétés dites primitives qui ont un repas du
troisième, du dixième jour, etc. et d'autre part nous connais-
sons de nombreuses fêtes, de nombreuses périodes rituelles,
avec des interdictions variées, comprenant à peu près toutes
les interdictions sabbatiques, même celles de la cuisson et du
feu. Nous croyons doue moins facilement que, dès l'origine,
le sabbat n'ait pas été un jour de dieu, d'un dieu si l'on veut,
et nous ne voyons même pas de raison pour lie pas admettre
qu'il était celui d'une population nomade, et croire qu'il ail
été emprunté par Israël même à Canaan.
M. M.
ANAtVKHS. – |,K HITUKI. 280

!• WKSTKHMAUCK– Midsummer Guatoms la Morocco.


t'olkhre, 11)08,XVI, p. 27-48.
Feux correspondant à notre saint Jenii leur valeur
purifi-
catoire réside dans leur fumée, dont lu baraka (vertu bénie)
détruit tout le mauvais sort i't-biW, bains a môme fouction;
rites divers, par on on utilise la (Ole repas eu commun
voilà ce dont se compose, suivant les modalitésdiverses, In
fêle de 'l-msdr en pays Marocain, Berbère ou Arabeoullifain.
t'n certain nombre do ces rites pouvant d'ailleurs, surtout
les rites de l'eau, être transportés à la fôte de'l'uxiir, du Nou-
vel An (p. 40, M). C'est de la que part M. W. pour critiquer
1<ithéorie de Mannliardt et de Fraser sur tes feuxet lus rite»
aquatiques de la Suint Jean, comme rites du soleil et de la
pluie. 11 ne noussemble pas que l'oiiblidecesons,cl"?/, les Ber-
bères, suit une preuve que ces rites ne l'aient jamais eu, même
chez eux. (M. W. ne nous semble pas rendre suflisante jus-
lice aux Marocauisatitg qui l'ont précédé).
M. M.

i:. iik JONCIIB.- Der Altmexikanische Kalender. XeUsthrifi


fût Kt/tttotoQie.
1006,|J. 403481)
(Kxposùsysliimaliquc;des résul-
lul» jusqu'à prôsonl oblcmiH,avec quelque» doemnentstiou-
veaux).).
K.KUUSTKMANN.Die MUlionenzablenim Dresdensis. Gtobu*.
iW)5,vol. LXXXVIII.p. 120,»t|.
J. (i. S.MVLV.– On the relation of the Maoedonlan to the
Egyptiau calendar. Hermaikeiut,1900,n» xxxi.
M. P. NILSSOjN.– arieoblsohe Feste von religiôser Bedeu-
tung. mit Aiihc'IiIiissder nltiscben. heipsig, H.G. Tcubncr.
tW«, VI4UI)p., in-8".
J. AltltAIIAM,– Festival studios Thoughts on the jewfeh
year.
l.ondon, .Macmillaii,1900,19tip., in-8".
A UUI'TK.–Harvest Festivals in Honour of OaurlandOanesb
lmUauAnliquanj,11)00, XXXV,p. 00, st|.
K.M.VHLKK. – Codes Ha'ablb in whioh the exodus took
place;
undilaidentiiientionwithKpiphi ofllic Kgyptian « natureyem-»u.
Proceedini/HofUte Societyof ttilAieaiArchaeoloyij,JOOO,vol. XXVII,
ni".0.
!v. Duiikhkiu. – Anniv «u-iol., IDOS-OIOli. 19
290 I.ASSKKSMCIliUWWB.I90&-IW0

SIKOHA.– Der Kampf uni die Passionsspiele in Tiroi un i».


Jabrhvmdert. Zeitschriftfur osterrekhischeYottehinde,1900, Ilefl
6, in-8°.

B. – Cérémoniescomptâteset liites manuel*.


Par MM.IIïmiitet Mausb

W.CALANDot V. HENRY– L Agnlstoma. Descriptioncom-


le culte
plète de la forme normale du sacrifice de Somadam
iu-8".
védique, t. 1,. Paris, Leroux, 1906, p. LXX-258,
Il ne faut pas considérer ce premier volume comme une
traduction. Pour qui sait l'état des textes védiques, le travail
de MM. Caland et Henry apparaîtra non seulement comme
utile, mais encore comme original. Les rituels se présentent
à nous en quatre groupes sépares (voire cinq), isolés, que
sont
jamais l'Inde ne s'est efforcéede rejoindre, parce qu'ils
ceux d'écoles et de groupes de prêtres (lui n'ont à apprendre
de sa fonction. Jamais,
que les formules et les gestes chacun
se le sacri-
depuis les vingt-cinq siècles au moins que pratique
ficede Soma ou du soma, sous lu forme où les auteurs le décri-
vent, aucun manuel liturgique, ni oral, ni écrit. n'avait retracé
ledrame sacrificiel a chaque moment, danschacunede ses par-
ties. Cequ'a exigé, pour M. Calautl, chargéde l'étudedumaiiuel
le maniement de
opératoire, d'exactitude, deprésence desprit,
ces séries souvent discordantes de préceptes, on peut se le
se
figurer déjà en comptant simplement qu'il s'agit de llgurer
les manœuvres sur un terrain rituel, compliqué, de prêtres
dont le nombreva jusqu'à seize.quimanientplus de trente ins-
truments, avec lesquels se préparent des sacrifices divers de
tout rang, depuis celui dune libation simple jusqu'à celui
d'animaux et d'une substance divine. Ajoutons encore à cela
la difficulté de rythmer le tout des formules appropriées.
Mettons, pour parfaire la somme, lestyle effroyable des sûtras.
Notre regretté maître V. Henry s'était plus spécialement
chargé de la recherche et de la traduction de ces formules,
c'était aussi un travail considérable, et nous sommesheureux
a bon fin.
qu'avant sa mort prématurée, il ait pu le mener
Donc, nous avons enfin une description complète, scienti-
Et de
fique, du rite fondamental du plus grand rituel védique.
un sacrifice
plus ce sacrifice se trouve être non seulement
d'un même
complet, recueil de toutes les variétés possibles
– |.KKITtJRI.
AXAF.VSKS. «(||i
schéma rituel. non seulement une fête de ta végétation, c'est
encore un sacrifice du dieu, car la plante soma est en îo
temps un dieu. Ce premier volume va jusqu'à In lin du pre-
mier pressurage du matin. Il comprend la description de tous
les rites préliminaires, depuis le choix des prêtres, la
prépa-
ration des biens à sacrifier, t'initiation du sacrifiant, les veil-
lées rituelles, jusqu'aux sacrifices successifs d'animaux. Les
seules parties écourtées sont celles où le rituel comprenant
un sacrifice dérivé de celui de la nouvelle et de la
pleine lune
mi un sacrifice animal, MM. Cataud et Henry nous renvoient,
tels les siUras, aux descriptions définitives de MM. Schwab
it Ililiebrandt.
Nous réservons pour d'autres publications plus
techniques,
les quelques observations que nous pourrions faire, elles ne
portent que sur des points de détail et intéressent plutôt la
traduction que les faits (car pourquoi no pas traduire le nom
le Sunrta, la déesse bien virilisée ? Le « repas maigre » donne
une fausse idée du rratanam qui est un repas de jeune). Nous
iilmettoiis, non sans regret, que los auteurs aient décidé de
m»pas tenir compte constant des théories des hrahmanns et
leleur abondante théologie sacrificielle. Nous comprenons
nés biou qu'ils ne pouvaient allonger indéfiniment et le livre
il leur travail. Provisoirement. nous avons toujours le livre
le Sylvain Lévi (Année, III, p. 29«). Néanmoins, ce travail est
aussi destiné aux hou sauscritistës. Ht, il notre avis, le com-
mentaire brahmanique seul peut faire comprendre, par exem-
ple, les formules où les planches du pressoir « soma sont
appelées des meurtrières du démon (p. 103). Et ce propos, ii
•'tait capital, a notre avis, de noter l'Identification de Soma tué
;ivec sou antagoniste Vrlra, le démon détenteur des ptuios
•|u'il tue normalement.
M.M.

< MOMMERT. – Menschenopfer bel ften alten Hebrttern.


Leipzig, Haberland, 1905, p. Vlll-88. iu-8».
Ce livre est saus valeur et il est pourtant it discuter.
L'énoncé de deux principales thèses prouvera tout do suite,
môme aux profanes, le parti pris et l'absurdité des théories de
l'auteur Juhveh (car c'est ainsi qu'après une courte discus-
sion M. M. écrit te nom télragramme) serait identique à Jote
"> et aux dieux du paganisme te plus lointain comme le;
a»ï »,'ANNBKSMCKILUKtyl'B-IUtKi-1'JW

plus proche. le vrai (and hébreu de l'Ancien Testament et


de l'obédience Juive ù l'ancienne loi, serait le sueri lice
huimiia et le meurtre rituel (eu faveur duquel il apporte les
preuves les plus rebattues. celles du eontm Apion eu parti-
culier). Kt malgré tout, il rappelle de très vieilles choses qui1
l'on perd ua peu trop de vue la nature ignée de Jahvê qui
vient consommer les chairs sur l'autel, le caractère sacrificiel
de la circuncisiou, celui de la guerre et du droit pénal juif
(système du lierem'i.
.Malheureusement,sans souci ni des dates, ni des données
île la critique, ni des lieux différents, ni de lu philologie et
de l'histoire, les meilleures idées se trouvent défiguréespar le
contexte et ta nature de la preuve.
M. M.

VA].CONYIIKAUK.– RltualeArmenorum, Immj (Iu-kiIhk


iiistnitiiiH <>fIhc.fiicn'iiicntsanil(lie breciury rite of IlieI /•««'-
niunchiirch,lof/elherwith llte CreekHt?*of liaplim mut K{n-
plicuii/.Oxford, Chtreudoii Press, l'JUO,\>. XXXV-38u\ in-K".
M. Couyhcarc s'est donné pour tache d'étendre jusqu'aux
rituels Arméniens les éludes de l'histoire ecclésiastiqui'.
I/Kglise d'Arménien'a pas été toujours isolée. Klle a eu des
relationsétroitesavecrfijulise syrienne et rivalise grecque.Kilt*
:i abrité dintéressautes hérésies et sa littérature nous con-
serveles traces dequelques-unes de celles dont l'Églisegrccquc
sianéanti jusqu'aux témoins. En 1898, M. Cuuyboare nous
débrouillait l'histoire des mystérieux Pauliciens par la publi-
cation d'un rituel paulicien d'Arménie, dans sou livre il»-
Jieyoflh? Trutli.
Cette fois-ci,notre auteur se proposait d'élucider les ritesdu
IJiipl^iiE, de i'Hpiphanie et du Sacrifice animal clans les
Kgljsesd'Orient. Hest arrivé ù publier l'ensembledes anciens
rituels Arméniens qu'il a eus à consulter. Nous n'avons qu'à
signaler la publication de ne recueil de documents, dont il
devra être tenu compte dans toutes les études de rituel chré-
tien.
La partie la plus curieuse du recueil, celle qui attire immé-
diatementl'attention, est le rituel du sacrifice animal avec les
commentaires thëologiques qui y sont joints. H semble que.
historiquement,ces sacrifices animaux dérivent de l'ancienne
agnpe chrétienne. Le nom même de l'ngape a fourni l'un de*
ANALV»KS. – LK HlTtlKL $93

ii-nno» arménien» qui servent à les désigner, uga/»»*.Losacri


liceiiuiinul, ruminel'nynpe dan* l'I^lise d'Orient et iUiiibcoll»
d'Occident, est une partie du culte de» morts Les victimes,
rumine les metsprésentés à Canapé, ont tiite valeur d'aumôno
Mais.(huis le rituel de l'uRupo, s'esl développé un rituel du
«iicriliveson se sont glissés des souvenirs du sacrifice do
I Ancienne Loi. Les Arméniens s'en défendaient mais d'un»
.inguliere façon, ou bien un opposant lesdétuilsde leur rituel
.<ceux du rituel hébreu, ou bien eu donnant les sacrilices
iniinaux comme des substitutions des sacrilices païens dp
AncienneArménie.
Un rituel nestorien des rites de l'Epiphanie, traduit par
M A.I. Mitelean,est joint au recueil.
II. Il

i: MUNSKl.lt. – La proscription
religieuse de l'usage réoent.
/tenir de l'HitMie des Hetiyions. 1906, I, p. 290-303(La religion
luit durer (Minimerituel les usages uunenu).

MO.M.MKUT. – Der Ritualmord beiden Talmud-Juden. l.ci|i-


/.iif. K. Hahurlaiid,l'JO.i, 127p., in-8'.
l i: AltltOI,. – Les origines liturgiques, l'iiris. L.'lonzcy •( Ain-.
l'.HMi,100p., ill-8".

K. II. MAÎIIIÎUS. Some Initiation Cérémonies of tho Abori


gines of Victoria. ZeUschrifl fur tolmolotjic, ivun, |>. 872-87W
Extraction d'incisives. UcpiVKUiilaliuiiK mimiques. Ititc de
luiniiira(ioi),1.
il HUST. – A Puberty ceremony ot the Mission Indians
AuwrietmAntinojiulofjist, J'.IUO,N. S. VIII, p. 28-35.
KOCH-tiiUNliKIu;. – Die Maskentànze der Indianer de»
oberen Rio Negro und Yapura. Anhk fur Anthropologie. l'JOti,
N.!• H.I. IV,Ilert 4.
v iti:i.u:il. – Pourquoi Veroingétorix a renvoyé sa cavale-
rie d'Alésia. Uciuv celtique, 19U0,p. l-l!> (tabou liilùnii(|iic).

I' STKNtiKL. – Haldes Klutopôlos Anlto- fiir IMiifiouswimt-


fchafl, 1905, xiii, p. 203-213 (sacrifice du cheval mix diviniU'w
«-iitlioiiicnnes).
a ANDKHSKN.– Das Abeudmahl in den zwei ersten Jahrbun
derten naob Christus. Nachtràgc und Merif'htiiJpuii^cit.Oiesson,
A Tôpflnuinn, 1000, p. 97-1 H, in-8».
t'i'i L'ANNÉE SUUiOMHityUB.IW3-1WG

K. tî. t'Altso.NS. – The religious dadloation of womea. Ameri-


can Journal uf Sxiology, ltKMJ,XI, p. 583-338 (Konw» primitives
cl formes moderne*).

M. W. LKTT. Wlnnlag the Ohurn U'Ister). Folk-Uort. 1905,


|t. 185, sq. (ttilo de la dernière gerbe).
A. WHKHHV.– The Dancing Tower Prooessions of Italy.
Folklore, 1905, XVI, p. 245-ÏS7, avec uue note de M. N. W. THO-
MAS ;int('-rossuuto le travail a trait a dos rite» de «aiixl Jeu»,
du genre de ceux de (îtibbio).

J. I.KITËun VASCUNCKLl.OS. – Signification religieuse en Lus!


tanie de quelques monnaies percées d'un trou. 0 Aivlieulugo
IWtUijiu's, l«03, p. 101-178.
ltuOHA l'EIXUTO. Ethnographia Portuguesa [Tabulue Voit-
l. Il, p. 187-212.
>:<iv l'orcugalcu,

C. – Mécanismesrituels divers.
l'ur MM.et i>kKklice

H. R. VOTII. – Hopi Proper Names. Ffcltl Columhian


Muséum,Antluopnloijical Série*. VI. ur. 8. Chiciigo, 1U0S,
p. «3-113,iii-8".
Il. Il. VOTII. Oraibl Natal Customs and Cérémonies.
Idem, ur. VI. i. Chicago, IÎW5,p. 47-01.
Voici deux nouvelles parties de l'enquête que publie
M. Voth sur les sociétés dites Pueblos, des Hopi. Bile porte
plus spéciiiletnent sur le/xW/tod'Ornibi. Onsait quelle impor-
tance nous attachons aux faits que les ethnographes auiéri-
caius sont en traiu d'y découvrir et rie communiquer rapide-
ment. Au point de vue de la sociologie générale comme des
sociologies spéciales, les Pueblos présentent eu eflet des phéno-
mènes extraordinaires. Ils forment, chose exceptionnelle, des
sociétés à clans toténtiques avec descendance utérine, qui ont
réussi à devenir quasi urbaines, tout en gardant une organi-
sation quasi incompatible avec leur morphologie. Le régime du
mariage, les sociétés religieuses et secrètes, confréries sacer-
dotales et des guerriers, l'organisation remarquable des
femmes, sont des plus intéressants au point de vue juridique.
Totémisme, mythologie, cultes des clans, cultes des confréries
attachées aux clans et détachées d'eux, cultes nationaux,
ANALYSE*. – UL HIWKI. 295

calendrier, système des fÀlAQ


>ma don rites nnmnlavaa
fêtes, pUao complexes alet aimnlad Innt
simples,tout
abonde au point de vue religieux en traits rares et instructifs.
On se rappelle l'importance que uous avons, dans uu précé-
dent mémoire, attribué aux classifications des choseschez les
/.unis (V, Durkheitn et Muuss. Formes primitives de lu clas-
sification, AnnéeSociologique,V) voisins desHopis et dout nous
supposious (ibitlem.p. 44-,u.) pouvoir conclure à ceux-ci.
Les présents travaux vérifient notre observation d'alors et,
de plus, l'enrichissent d'une précision remarquable. D'abord,
à plusieurs reprises, dans son travail sur les noms propres
Hopis, M. Voth indique l'existeuce de choses classéessous les
totems des claus. Ensuite, apparaît d'uue façon extrêmement
nette titi phénomène encore plus complexe quecelui que nous
avions supposé. L'organisation Hopi de la société iclaus et
confréries) se réfracte daus l'organisation mentale des con-
uuissauces collectives jusque daus le détail et le fini. Les
choses sont en effet non seulement réparties entre les clans
mais encore entre les individus de ces clans, car nombre des
noms propres d'individus sont simplement ceux des espèces
sous-totems de ces claus, ou môme ceux des choses subsu-
mées à ces sous-totems (ex. p. III, etc.). Et comme les
noms propres sont attachés d'autre part à des fonctions reli-
gieuses, aux masques héréditaires dans le clan, (p. 77, p. 88,
etc.), le clan totétniquellopi uous apparaît lui-môme, non pas
comme possédant en bloc un groupe de choses, mais comme
les ayant réparties entre les individus à la façon dont, dans la
société» se répartissent les rôles.
Le fait a encore un autre intérêt au point de vue d'une théo-
rie du nom propre. Onse souvieul, peut-être, des remarques
que nous avons faites à propos de cette question i.lttiu'e, IX,
]>.266, p. 306) et comment les problèmes les plus importants
de la mythologie, du culte des morts, du droit de propriété
uous ont paru s'y rattacher. Voici que la question des clas-
sificatious, et des formes primitives de la mentalité s'y rat-
tache aussi. Déjà le clau totémique uous a apparu comme
formant un singulier aggrégat d'un nombre limilé d'Ames se
réincarnant, l'espèce et le clan totémiques étant conçus
ensemble commeuue sorte de société à personnel limité. Or
maintenant, dans un cas, mais dans un cas typique, les- sous
tolemsse trouvent identifiés avec les individus du clan. C'est la
preuve de l'extraordinaire indistinction qui a dû régner, à un
moment donné, entre la notion de l'individu (do l'homme
290 l'axnkk socmumiyrK ious-iwuti

raonibro du clan) et celle de l'espèce totéraique et do l'espèce


subsumêe. Cette façon mythologique de trancher le problème
des univorsaux correspond certainement à des processus très
profonds de III pensée collective.
Les noms propres sont donnés, naturellement, puisque la
clan est a descendanceutérine, par le clan do la mère, et, plus
spécialement par les femmes (en principe la grand' mère do
l'enfant), il nous est impossible de comprendre comment
M. Voth parie (d'une diiléreuce entre le clan du « porteur du
nom » et celui du « doua leur du nom ». Admettrait-il que le
clan Hopi est à descendance masculine ? S'il l'admet, quelles
sont ses preuves? Ivtcombien invraisemblable est ce voyage
des noms propres d'un clan dans uu autre.
C'est dans une cérémonie du vingtième jour qu'est donné le
uom. Tous les rites de lu naissance sont étudiés avec une pré-
cision exemplaire, y compris une forme aberrante. Quelques
faits de tabous sympathiques concernant le mari, quelques
rites qui établissent une remarquable solidarité entre le feu
du foyer familial et toute la naissance, le rôle des femmes sout
des plus intéressants. Quelques usages semblent indiquer la
vivacité des notions concernant la réincarnation.
La sobriété scientifique de M. Voth est louable, peut-être su
bâte à publier nous laisse tel le ignorer ses hypothèses. Mais
il serait urgent de savoir si, comme Cushing l'aNimie pour les
Zuflis, la notion de la réincarnation perpétuelle existe aussi
chez les Ilopis. Tout nous porte à le supposer, rieu dans les
présents travaux ne nous autorise à l'affirmer absolument.
Nous attendons une théorie complète des phéuoinèues sociaux
chez les Iiopis, et une édition complète des travaux que le
regretté Gushing a laissés sur les Pueblos de Zufti.
M. M.

K. M. RENDTOKFP. – Die Taufe 1m Urchristentum


Leipzig, J. C. lliurichs, Iflûo, p. 88, iu-8".
Ce travail se rattache à la controverse récente soulevée a
propos du baptême par les travaux de W. lleitinuller, A. Seo-
berg, P. Allhans, G. Anrich.etc.
M. H. recherche d'abord quelle est la signification du bap-
téme dans les épltres pauliniennes. De l'étude exégétique de
la formule baptismale, il couclutqu'il n'est pasunsimplesym-
bole, mais un acte efficace. Son efficacité pourtant n'est pas
ANALITSES. – |.K UIT0KI. 397

uorui-e magique,). nnmmn


comme In to umulMiii
voudruit linii.i.iuu
Heiluiûllor. l>ii_
hale ne
réside pas dans l'accomplissement d'un rite qui agirait m-
opère uperalo, mai» dans la videur religieuse et morale que
lui ultribuo le néophyte AI II. se demande ensuite
quelle est
l'origine du utipleine chrétien. Il croit pouvoir le trouver dans
le baptême de Jean. que Jésus aurait
adopté nu début de son
ministère.
Knliu M. H. s'attache à inoutrer la
complexité du rite lui-
môme, qui comprenait de lit part du récipiendaire la cou-
fession de si foi et de ses péchés, suivie de
l'immersion, de
l'imposition des mains et de l'onction d'huile.

P. on Phliuk.

A. JKKKHKVS.– Aaoient Hebrew Names. Lumloii.


Nwbel, mots,
IX, 200 p.. iîi-8" (Sorte <(«'didioimairi; des nom» propre»; sen-
lances upologôliquim).

n. SOUJIClUi. – Gebrauohe der Mittelmesa


Hopt (Moqui) bei
Namengebung, Hoirat und Tod. ZcUschriftfur Kllmoloijie,1005,
|). (.20-030.

il. KHIKDKUICI.– Uber Eine aie Oouvade


gedeutete Wiederge
burt8zoremonîebeiden Tupi. (ilobus, JDOO, vul. hXXXIX.p. 59-0t
(Ci-rômonic qui, au luit, na pour but qucd'ussurcrlttn'iiii-uriin-
liun de runciXrodiMit le tiouvt>uii-ni>
porli; le nom;.
Il A. ttoSK. Hindu Pregnanoy Observances in the Punjab.
Journal of the Anlhropiloykul limlituU; 1905, XXXV. |». 2ï|-2:î>
(Modificatioiiâ populaires des rite* Imihimiiiiquuu et rites parti-
culiers, rite de n-mariiige |j«ii(laiit lit preiniOrv grossuss»!).
II. A. HOSK. Muhammadan
Pregnanoy Observances in the
Punjab. Journal of //«. Anihiopututik-al Imtilule. iOo5. XXXV.
|). 379-283.
A WlltiiawiillilIT. –Native Oiroumoision Lodges in the
Zoutapanaborg district. Journal of ih< Anlhrapaloyiml Institutr,
ISlOil,XXX\ p. 231-350 (Chez les Itavcnda, opérée par au group»
il<^prêtres lialoniba).

Il. LlXfi HOTH. Tatu in the Society Islands. Journal of tl,e


Ànthropolugkal Institute, I00S.XXXV,p. 283-2U5(Itucueil de lexli»
discutes, rulaliou du tatouage cl du la puberté).
I*. A. JANSSKN. – L'Immolation chez les nomades de l'Est.
llcvue HiblùjilelnternulionatL\ IUUO.1.
299 t'A.VNKB SOUIOtUOIQt'K: 1WM906

F. GOLUSTEIN.– DieMensohenopferiiûLichteder Politikund


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Leipzig, Ilinrichs, 1908 i Teste und de
(îebhardtel Hurnack. N. F., vol. XIV, 2, b.), p. H-67, iu-8«.
M. von der(joltzestunde.sraresauteursquisesoieutatUicliés
à l'histoire scientifique de la prière chrétienne. Les lec-
teurs do Y Annéecommissent l'ouvrage général qu'il lui a con-
sacrée(.lnwt'e,VI, p. SHi)).Le présent travail est un enrichisse-
mentau précédent, occasionné par la découvertepositive d'un
document nouveau, un écrit, contenant des fragments litur-
ANAUSES. – LK RITWSb 291»

giques d'Allumage. Il est maintenant évident que les prières


proprement consacrées au repas et aux aliment» avaient,
dans l'ancienne église Alexandrine, une
importance du môme
ordre que celle qu'olles ont encore dans J'église
grecque.
D'autre part, ces prières portaient un cachet
eucharistique
très marqué.
Il résulte de ces deux faits une théorie, assez
simple mais
fort juste, de l'origine des formules de la messe. Celles-cise
sont détachées progressivementd'un compiexus oùeilesélaient
mêlées, aceompaguaut le repas communie!des primitifs chré-
tiens, avec les simples formules du repas. Elles se seraient
distinguées des formules de l'agape, et de celles du repas eu
même temps que se formait lit liturgie du sacrifice eucharis-
tique proprement dit. Les unes et les autres portent encore la
trace de leur commune origine et de leur vie longtemps asso-
ciée. C'est à l'étude de ces traces que la plus grande
partie du
travail est consacrée.
Mais ce mélange originel, a lui-même une cause. M. von der
Uoltz l'identifie, après bien d'autres, avec le système rabbi-
nique des formules (berachdth) du repas privé. Bien qu'il
confonde au fond ta sanctification des repas de fêle avec les
bénédictions des autres repas, l'ensemble de ses rapproche*
nients liturgiques n'eu est pas moins juste.
Il n'y a qu'une réserve à (aire, et encore n'iucombe-t-elle
pas à notre auleur, mais plutôt à ce que l'histoire de la
liturgie juive est insuffisamment élaborée les formules dout
il est obligé de se servir pour rapprocher les prières juives
des chrétiennes out été toutes arrêtées, dans leur texte, bieu
après lit formation des systèmes chrétiens. Il est probable, il
est vrai, que 1» tradition n'a pas trop dévié des formes primi-
tives, mais le fait demanderait à être prouvé.
En tout cas, il est intéressant de voir, à la suite de M. von
der Uoltz,une institution comme les prières du repas, changer,
sous l'influeuce d'une religion et de son fondateur, sinon de
forme du moins de fond et d'esprit, puis vivre par soi-même
et donner naissance il plusieurs groupes d'institutions diver.
geutes, Il n'est pas douteux qu'il n'y ait là des phénomènes
sociaux intéressants.
II y a quelques inexactitudes de détail dans ce travail, con-
cernant les prières juives le prélèvement d'un pain à l'ouver-
ture du repas et sa conservation est restreint à certains cas;
le repas de Pâques et son Haggada ne sont pas suffisamment
MU (903-W06
I.'ANSKKM>GIOU>t>hrt>K.

étudiés. Mais co sout là choses pou importantes et discu-


tables.
M. M.

A. 11. KHANCKl'i.– The Eighteen Songs of the Bono Na Festi-


val. IikImii Aittiquarg. 15)05,XXXIV.p. P3-H0 ilinportunt reiueil
d'hymnes d'un culte TI>ii><Maiii, prébiiddhiulc, trilm des l>;ml
l.tulukis,
W. w. NKWEM,. The passovor Song of the Kld and an equi-
valent trom New England. The Journal of Amerkan Folk-Lw.
1905, (>. 3348 (('htmsoa du chevreau qui mange le ciiieit, eliO.
l'Itr.lild. – Jûdiïohe Gebote und das Vaterunser. UhrixilMw
Welt, 1000, |>. M7-V49; p. 901-9«9.

K. Objet*et (ieiu-île vntlex


l'in*M.Mm's»

Il. NISSKN. Orientation. Sluttien zur (ieschichkihr /»«•


gion. I. Berlin, Weii»niann,.l»U«,p. IV-108, ia-8».
M.Nissoi)est un arcliùologue distinguo, dont les recherches,
surtout eu Italie, ont été fructueuses, et qui s'est attache au
problème de l'orientation des temples dans le moude médi-
terranéen et européen, tiutre autres buts, il s'est proposé,
comme les archéologues des anciennes écoles, la fin illusoire
de déterminer, grâce aux tables astronomiques des positions
d'étoiles, de dater, le principe des orientations étant admis.
la construction des temples et pyramides (p. 40, sij.j. Mais
pour le reste, il n'est pas douteux que les recherches entre-
prises sont saines et justes, et que, par exemple, il est juste
d'interpréter l'orientation de Stouehenge, du plus fameux
monument de l'antiquité celtique anglaise, comme coni-
mandée par des raisons d'ordre astronomique (p. 25».
Le livre traite de l'Kgypte, du monde Sémitique, tin ce qui
concerne l'Egypte il n'apparaît pas que la direction ait ôlé
celle d'Ouest en Est, maiscelle dulever de i'étoiie identifiéeau
dieu (Horus, Osiris.Orion, etc.) saufquand le dieu était iden-
tifiéau soleil. Pour les Sémites, l'orientation Kst-Ouestest cer-
taine. Mômeles deux exceptions capitales, celle du Judaïsme,
priant vers Jérusalem, celle de l'Islam priant vers la Mecque
i constantejusque dans les anciennes églises débaptiséees où
ANAI.V4KR. – Mi RITUKI. 3UI

t'oi'ieutiition des fidèles et du matériel n'est pas celte du bâti-


ment), prouventla priinitiviiô de culte orientation pur rapport
à laquelle le monothéisme prophétique et inuhoinétun ont
procédé rêvolutionnairemeut. La vie religieuse n'est plus
orientée, suivant lu nature elle-inôine, elle est aimantéever* le
feutre d'attraction religieuse, vers le seul point de la terre
on un dieu unique ait daigné se manifester (p. 09-70, p. 78;.
l,o christianisme s'est au contraire adapté aux usages Euro-
péens, et le pouvait, pur suite de la « supériorité écrasante de
son contenu » <xie).
L'orientation et lu méthode antique de fondation des villes
antiques fout l'objet du dernier chapitre de cet intéressant
premier fascicule.
SI. M.

U. SOLHKIUï.– Ùber die Bahos der Hopt. Aivhir fur


Mttliivpohtiir, IV. Ji>0: p. 4H.7S.
Les liulios tout les « bâtons à prière » employés dans les
cultes solennels, de confrérie, privés, par lesliopis, M.Solberj;
leur consacre une étude comparative, basée sur les renseigne-
ments des grandes expéditions américaines et sur d'intéres-
santes observations personnelles. Lesrésultats les plus impor-
tants sont la fixation d'uu certain nombrede symbolisme»et
de rapports entre dessins, couleurs, matériaux, choses sigui-
fiées et classées la classillcaliou de ces instruments de culte;
l'iudication de la nature et de lu fonction de ces prières maté-
rialisées, la plume étant le support matériel de la pensée qui
est exprimée dans la prière prononcée sur elle (p. 88); le rap-
prochement fort juste avec l'ensemble des usages que Denis
appelait 1' « ars plumaria » et dont l'aire d'extension est con-
sidérable eu Amérique.
Je ne vois d'autro lacune à cet excellent travail que l'insuf-
lisance des rapprochements avec les documents Zunis, et aussi
qu'il n'a pas été recherché les relations certaines entre ces
symbolismes et les classes des choses et les clans des hommes.
M. M.

– Les Manie des Iles orientales de 1 archipel de


< SBM1IAT.
1905,p. 415-481(Autels).
Tuamotu. Anthropologie,
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1903,no'16,17,l8'vTrn<Iuctiun
il'urlick1»«uck'ii»).
l>.V. HI'MMi;LAUKK. – Salomonsebernes Meer. hiblisclwZcit-
sehrift, 190Û,n"3.

IX. RlïPllI-SKNTATIONS
RKLIUIKD8E3

A. – Représentationsreligieuses d'être* et dephàwmhm


naturels.
Par MM.
IttiiKATet Mavss

H. HUBERT. – Etude sommaire de la représentation du


Temps dans la Religion et dans la Magie. Annuaire de
l'Écolepratique des Hautes-Études, Section des Scienceslieli-
gieuses, 1908, p. j|9, in-8°.
M. Hubert pose une question qui ressort à deuxtrès graves
problèmes, l'un de sociologie religieuse proprement dite,
l'autre de théorie générale des représentations collectives. Ce
petit mémoire, résultat de recherches plus étendues qu'il ne
paratt, étudie non seulement un certain nombre des caractères
de la représentation du temps, mais encore montre comment
cette représentation est affectée par la présence de la repré-
sentation du sacré.
Que le temps n'ait pas été représenté d'une façon identique,
dans toutes les religions et dans tous les folk lores, c'est ce qui
n'est pas douteux, même pour les moins informés. La notion
AKALÏSB». – UKHtKSKNTATlONS
RBUUIRUsBS 303
rt *–»*.–._».»_.irtu 11 _• __ •
scientifique sur laquellespéculent encore les philosophes,
d'une succession uniformed'instants et de durées, n'a été
que très lentementélaborée,non seulementpar l'individu,
commele sait la psychologie (théoriedes erreurs),maisencore
d'un côté par les sériesvariéesdes sociétésqui se sont succé-
déesdans l'histoire,et, d'unautre côté,parlit série,uuilinéatre
cette fois, des sciences.La simple ouverture d'un bon livre
concernantla Chineou l'Indel'apprend évidemmentle temps
n'est conçu dans les philosophie*hindoues ou chinoises,
ni commeuniforme,ni commehomogène,ni commeune pure
dimension mais commecomposé de périodesquantitative-
ment et qualitativementdissemblables, non superposables,
et même, quelquefois,se succédantsans sens déterminé.
L'observationde ce (aitn'a jamais été faitede façon suffi-
sante avant le présenttravail.Mais M.Hubertne se borne pas
à la faire. Il chercheles formesgénéralesdocette représenta-
tion primitive du temps,préalablea litnotionscientifique il
cherche les causesmêmesde cette représentation.Pourcela,
il analyse des faits empruntés aux civilisationsgrecque et
romaine, et aufolk-toreoccidental.Ouvrautparcesconsidéra-
tions uncours sur lesfêtes,il marque, en somme,la naturedu
calendrier religieux.Car.encore aujourd'hui, notre chrono-
logiereligieuse n'est passortiede ces limbes,notre mentalité
n'a pas oublié, pour touteune part de son activité, sa façon
ancienne de compteret de classer.
Un certain nombre de thèses résumeut les observations
principales 1° « tes dates critiques interrompentla conti-
nuité du temps », une véritablediscontinuitéest le fait même
des fêtes 2° « les intervallescompris entre deux dates cri-
tiques associées sont, chacun pour soi, continus et insé-
cables » tandis que los fêtesdécoupentle temps,les périodes
coupées et commencéespar les mêmesfêtessontau contraire
réputées douéesd'une continuité, d'une unité tellementpar-
faitesqu'elles vont jusqu'àen faire des personnalités 3° non
seulement le temps n'estni continu, ni divisible,ni défini,
mais la religion et la magieadmettent que la date critique,
c'est-à-dire, au fond, un moment, représente toute nne
période une fête est en effetsymbolique de toute la durée
qu'elle commande,inaugureou termine « lesdatescritiques
sont équivalentesaux intorvallesqu'elles limitent» ¥ il est
réputé être de l'essencedu temps que ses parties ne soient
pas, à la différencedes parties de l'espace, superposâmes,
MU 1,'a.NNIÏK 1006-1800
SOtilULOUlOMi.

équivalentes. La magie et la religion out toujours pensé autre.


ment « tes parties semblables sont équivalentes ». Une (élu
on vaut une autre, voire est identique à cette autre. Une
semaine déterminée peut équivaloir à l'année les iudividun»
lilé*qui iKir'tissaitmlirréductibles, sont au contraire l'objet de
confusions et (l'éi|ui|)ulleuces constantes; 5* corollaire de lu
proposition précédente « des durées quantitativement iné-
gales sont égalisées et réuiproiiueineut »
Nous ne savons, n'ayant pas réfléchi suffisamment u cette
question, si ces cinq ou plutôt quatre thèses, comtensenltoiis
les faits. Nous le croyons. Mais nous soupçonnons que le
problème des rapports outre la notion d'éternité et colle de
temps, ne recevrait pas aisément sa solution en partant de
ces seuls faits, et c'est pourtant ce problème qui de l'avis
mômede M.Hubert, prime tous lesautre». Nous soupçonnons
mente que cette analyse, quelque compliquée qu'elle soit.
laisse précisément de coté l'opposition qui semble régner
entre tes moments sacrés, et la durée laïque, entre le temps
commun, les fêtes elees dates qui semblentsurgir de ta sain-
teté substantielle et éternelle pour découper en tranches
diverses la vie courante. Mais.M. Hubertrattache t-i! ce pro-
blème uu problème plus étroit des fiUesV Nous ne savous s'il
a eu tort ou raison de ne pas lu placer ici eu tout cas, il a eu
tort de ue pas indiquer pourquoi il ne le posait pas.
La seconde partie du travail est la recherche des causes
de cette notion do temps. Cette recherche w. pouvait être
qu'écourtée dans ce mémoire, plutôt destiné à poser qu'à
démontrer des hypothèses. Il est d'ailleurs évident qu'elle ne
peut être achevée que par l'analyse moine des fôles et du
calendrier religieux et qu'il eût été iiuprudoot de préparer un
travail sur ce dernier par des conclusions qui ue peuvent
être tirées avec sûreté que de ce travail lui-même. M. H. n'a
donc pu qu'indiquer deux idées générales. L'une est néga-
tive la notion religieuse du temps, lu notion antérieure au
temps scientifique n'est certainement pas d'origine iudivi-
duelle, et ne ressort pas à lu psychologie. Ses variations avec
les sociétés, ses discordances avec tous les index proposés.
son arbitraire et sou caractère conventionnel démontrent
qu'elle est «l'origine sociale, et qu'elle ne peut ressortir qu'a
la sociologie. Mais à quel ordre de causes sociales rattacher
ces traits primitifs de ta représentationdu temps? La réponse
est que c'est surtout à gouverner la pratique religieuse
qu'est
AKAt~SK~. JtRPHHSRKTAT~NS
KKUtitRCSHS 306

destiné.1.ce tableau
A_I.I_ ~«.* -.1.
qualificatif des temps particularisés, ége-
lisés, reliés et séparés ip. 89) et ce caractère pratique dérive
lui-môme d'une grmido lui qui assure non seulement lit vie
religieuse niais la vie sociale tout entière I» toi du rythme
collectif, de l'activité rythmée pour être sociiile 'p. 32). Ici,
naturellement, M. Hubert ne pouvait développer cette idée
trop féconde.
M. M.

H I- DENNETT. At tho Baok of the Black Man's Mind.


or Note*ou the Kingly Officein Wnt Afrka, Luudou Muc-
inillau, IÎ>00,p. XVl-28», ils 8".
l.e sous-titre de ce livre est bien inexact, car il ne s'agit pas
ici que du roi et de ses fonctions dans l'Afrique Occidentale.
Il s'y agit, ou réalité, d'une très neiivo nmilyse des croyances
religieuses ot de l'organisation sociale et de leur rapport et
ensuite il ne s'y agit pas de toute l'Afrique Occidentale, mai*
du Lonngo d'une part, et dans le Lnango, plus spécialement
des Fjorts un Bavilis (M. I). a d'ailleurs publié sur eux des
notes de Folklore dont nous avons rendu compte, innéi:
III, p. 122i, du Bénin, de l'autre part (royaume et cité de
Hùnititout spécialement». r.

1. Letitre dit aucontraire parfaitement le sujet du livre et


nous croyons non seulement le sujet bien choisi, mais encore
la veine indiquée vraiment fertile en suggestions. 11 est
vraiment tenté ulle description des méthodes de penser eu
commun des Rantus du Loangn, et nous trouvons ici, sous
réserve des observations que nous allons faire, d'importantes
indications théoriques (M. van lîeniicp, rendant compte des
articles que M. Deniiett, a plus ou moins réunis dans sou
livre, Il indiqué la portée du premier problème nue nous
allons exposer, Hnu? drx litrex, lii janvier 1*.IÛ7Vusyslhiie
wijve de clmsifiealion,sa parti1? Umjtmtique).
Lorsque nous avions entrepris, avec M.Durkheiin. le travail
que nous avons publié ici même (.lititw, Vf)sur les classifica-
tions primitives, Àf.Moillet,notre maître et le collaborateur de
ne recueil, nous avait indiqué comme rentrant dans les faits
que nous voulions étudier, lo problème des classes gramma-
ticales dans tes langues Uantus. Notre incompétence linguis-
tique et notre relative ignorance des faits ethnographiques
!• I)imKHKlii.– Anne! gocinl.. 190-i-JJllti. >0
31)0 I.'aNNBE sucluLutilOl'H. JS0M9U6

africains, nous avaient fait écarter, faute de temps, une étude


qui etlt nécessité des travaux d'ethnographie considérables et
de gntmmairo comparée plus considérables encore, dont
M.van Genncp indique a peiue l'étendue. Les documents que
nous apporte M. Deunelt sont à la (ois décisifs et décevants.
Toujours est-il qu'ils nous signifient que la question doit être
reprise en ce qui concerne langues et sociétés.
Il existerait, selon lui, chez les Bavilis, un système comptet
tie classifications, de catégories, où toute la nature serait
organisée. Uue philosophie complète, consciente, du monde où
p. 110, 113). les choses groupées en familles, en principes,
régissant des couples de causes et «reflets, chacun de ces élé-
ments couplés se distinguant eu mâle et femelle. Les catégo-
ries seraient tout à fait du genre chinois (v. p. 109;. Voici la
première, celle de l'eau avec les choses subsumées eau,
moralité, sagesse, vertu. souille, parole, iuspit-iiliou.audition,
bouche, paternité et, en vertu des affirmations subséquentes
de notre auteur, nous pourrions ajouter etc. Les six caté-
gories seraient eau, terre, feu. procréation et mouvement,
fertilité, vie (p 10Si
Non seulement les idées et les chosessont ainsi catégorisées
salonM. 1)., mais encore ces groupes correspondent en nom-
bre et en nature avec les catégories du culte et de la vie
sociale. Si nous ne sommes plus ici, en admettant l'exacti-
tude des dires apportés, eu pays de classification suivant les
totems et les clans, nous serions en pays de classification sui-
vant les classes, les organes de la société. Aux six catégories
correspondent les six districts, les six duchés avec leurs ducs
du royaume Lonugn, de même qu'à la cause première corres-
pond le roi. Achacune de ces six divisions de la nation corres-
pondent une saison, un groupe d'animaux sacrés, un groupe
de pays et de rivières sacrées, un groupe d'arbres sacrés, un
groupe de bois sacrés, un groupe domina (signes, présages et
intersignes correspondant à des couleurs de l'arc-en-eiel).
Knfin, comme chaque duché remplit des fonctions diverses il
lacour royale, comme chaque duc ou Fiimn a sous ses ordres.
sous sou pouvoir, des prêtres et des juges avec leurs bois
sacrés et leurs dieux (Imliki buei), les dieux, eux-mêmes, ren-
trent dans les cadres sociaux lu hiérarchie et l'ordre harmo-
nique des choses se calquent exactement sur la hiérarchie et
l'harmonie du droit et de la religion.
M. 1). poursuit, avec l'imperturbabilité d'uu cabbalhttc, le
miASKS. – HM'IUÎSKNTATHINS lUil.MilKDSKK 301

(ti'iaii ne ces ciassiiicaunns, par quatre, par six, etc., a coups


d'élyniologies. a travers mots, institutions, croyances (les
plus nventurouses déductions se trouvent p. IO!>,sq.), pro-
verbes, enseignements royaux, etc. Les chiffres 24, VU, oie.,
exercent sur lui une vntie fascination. Môme il va jusqu'à
supposer « derrière lu tOtedu noir » i c'estle cas de le dire),
un alphabet mystique (p. 71. p. 100);il avnit, M. van (ïennep
li* fait remarquer, imprimé des hypothèses bien plus déli-
rtiiites dansle Journal of (lie AfrininSociety.
Nous sommes très loiu de penserqu'il n'y a que pure spé-
culation diius tout cet exposé de M. I). et nous laissons à
d'autres le soin de déterminer mieux ht part de vérité qui y
rst contenue. Ce sont en tous cas des faits que l'on n'invenlo
pas complètement. Nous pensons bien que l'arithmétique
mythologique et logique des RavllU est, pour 1» ptus gronde
part, le fruit des élucubrutionsde notre auteur, fortifié peut-
iHre par un mystificateur indigène (ce mystificateur pourrait
liien être Ma-luango lui-même, le roi). Mais nous sommes
convaincus également que certaines choses, peut-être la plu-
part des choses intéressantes, ont élé rangée» sous certains
cultes, que ces cuites étaient rangés sous certains groupes
xiciaux le district forme en ellet un vaste clan local, avec
interdiction lolémiqnej hiérarchisés et divisés suivant mm
division du travail politique et religieux. Môme, a notre avis,
sur certains points, comme l'orientation, la classification a
(Hépeut-être encore plus développée que M. D. no nous le fait
supposer la part ilonnéo aux vents des différentes régions
qui apportent tes fétiches, gouvernent les saisons, etc., nous
somme être très grande dans cette primitive philosophie.
Tout ceci mérite confirmation, révision, nouvelle étude sur
place ilesUavilis sont sujets Français et ce serait notre devoir
de déterminer ces faits), il y a là. certainement, un sujet; un
sujet considérable d'études.
l'eut être trouvera-l-ou que le totémisme, certain en pays
liantu, joue un rôle encore plus grand que M. t). ne nous le
fait'supposer. M. van Genuep signale, chez, les Warundi, s\ la
suite de M. van der Burgt. un chk de siibsumption des ani-
maux à d'autres animaux dont ils seraient sortis. Kn fait, au
l.oango, sur les sept. classes d'interdits animaux (p. 153,sq.)
quatre classes sont des classes d'animaux lotémiques subsu-
mées les unes aux uutres, hiérarchisées (totem national et du
roi. tnlem de province, totem de district, totems des clans
308 L'AXXBR KWj-taOO
SMUIOLtMUtjttS.

paternel et maternel), hiérarchisées à la taçou de totems et


sous-totems. 1! est mémo très remarquable que lu légende
Kiiuiuli fusse allusion a une aorte de principauté
tolémique
du léopard, et que, de teur cùté, les plus vieux textes qui
nous parlent du Loango nous montrent le léopard totem
royal, et que -\f. D. nous parle obscurément de l'identité u>
sou culte avec le culte principal du graud dieu.
Mais peut être trouvoru-t-on aussi uue discordance fou-
(lamculiile entre les classes grammaticales et les classes de
choses. La « portée linguistique « de ce système de elassi-
llcutiou sera moindre que nous ne l'imaginerions à la suite de
M. van Genuep. 11est probable que tes classes soient, eu
l'IIet, plutôt constituées suivant le langage, que le langage
ne se constitue suivaul«Ile surtout s'il est vrai que, comme
le croit M. MeJnliof,lo. nombredes classes originaires des
langues Hitntitsallait jusqu'à quatorxe au moins.Maisil restera
inléressaiil de savoir ce que sont les catégories de la pensée
Hantu, et de constater qu'eu un cas au moins, une société
llnutu a tenté de faire coïncider ses notions avec lataijon dont
elle se pensait elle-même. La possibilité môme du fait doit
correspondre à des traits profonds, originaires, de la méthode
de pensée Uautu, cl illustrera, uuus eu sommes sur, tes
phé-·
nomènes les plus centraux de la mythologie, et de la
linguis-
tique, et de la « logique sociale » pour employer, dans un
meilleur sens. un mot un peu galvaudé.
Le livre de M. Deuui'ltse compose d'ailleurs, nous le
suppo-
sons, sur ce point spécial, eu tout cas. outre des déductions à
éliminer, dune série de documents maltranscrits, mais sou-
vent précieux, à l'étal brut «e sont des palabreset discours
du roi, des ducs ou des prêtres. Le recueil de palabres de ce
genre s'impose pour l'observation.

II. – Sur un autre point.AI.I). apporte encoredes nolatious


décisives. C'est à propos de la notion de fétiche, sur
laquelle
nous avons déjà, M. Hertz et moi, attiré le soupçon. M. Hertz
tAniufe,IX. p. 19:!)avait signalé la présence de la notion<du
mana en pays Bantu. Nous en avons ici déliniliveinent la
preuve. La notion de fétiche doit, quant à nous, disparaître
définitivement de la science et être remplacée
par celle de
m«««. Déjà M. D. avait indiqué, au dam de Miss
Kingsloy,
la notion fondamentale sur laquelle est bâtie la
religion
Loango; il avait trouve un système de MiUshm (|«»«V, III,
– HBl'HlJsK.Vr.muNS
AX.UïSK*. KKUlilKCSIM 3(j«
p. 223j où nous avions déjà retrouve la notion de limita ce
livre est lui môme consacré précisément a développer, contre
les interprétât ious de Miss Kingsley, du M. Nassau, de lieu-
tley, lit notion du nkiei, eu fucode la notion de fétiche (p. i.
I».lîïtî, etc.), à établir que cette dernière ne suffit pas à expli-
quer la religion des nègres du Congo.
Malheureusement, la recherche et l'exposé do M. 1). ont
dévié; il n'a pas pu renoncer complètement sa la notion de
féticho et l'a restreinte à ta magie. Lutiltki, c'est l'ensemble de
lit religion, auquel s'opposo l'ensemble de la magie, du innlé-
lice, nttongo les hommes se divisant eu Uuutu nzumbi et
liant u n ndongo;hommes de dieu, ou du nkici comprenant
le roi, les chefs elles d'une part; hommes du mlongo
de l'autre, comprenant magicieus, sorciers et êtres raaléfi-
rtents. Dans cette division, il y a une erreur complète. Déjà le
nom seul des charmes, y compris ceux du ndongoeût du avertir
M. Dennett, car ils s'appellent :i nkici (voy. l'index excellent
dressé par M. N. \V. Thomas, à ce nom), et les méthodesde
fabrication de ces charmes pur tut ugangn dans un bois sacré,
rattachent étroitement la magie et ses objets au culle, il la
religion avec ses biens et sou matériel.
D'ailleurs, quand on écrira l'histoire de la science des reli-
gions et de l'ethnographie, on sera étonné du rôle indu et
fortuit qu'une notion du genre de celle de fétiche a joué dans
les travaux théoriques et descriptifs. Kll«ne correspond qu'à
un immense malentendu entre deux civilisations, l'Africaine
et l'Européenne; elle n'a d'autre fondement qu'une aveugle
obéissance à l'usage colonial, aux langues frauques parlées
par les Européens a la côte occidentalo.Ou n'a pas plus la droit
de parlorde fétichisme à propos des Bantus occidentaux qu'on
n'a l'habitude d'en parler à propos des autres Bantus con-
traux ou orientaux. On n'a même pas le droit de parler du
fétiche nigritien l'idole Guiuéeuue ou Congolaise Icelle-ci
très rare), le charme congolais, les tabous de propriété, et
autres, ne sont pas au Congo ou a la (lui née, d'une autre
nature que ceux des autres religions, des autres sociétés. Il
est d'ailleurs très remarquable que ce qui est lit pure vérité
en ce qui concerne la notion du fétiche, était connu dès le
xvii" siècle. Dans la Description de l'Afrique de Dapper(<f</iï.
française, 1076.p. 312,etc.), nous trouvons une abondante, une
excellente dissertation sur la « moquisie », sur le pouvoir
surnature) nu Loango, sur les moquisies qui sont dos dieux,
3iD l'an.nkk sjc.'oi.oiiiyL'ii. l'/uâ-rJuu

des charmes, sur la moquisio du roi, des princes du sang, et


de tous les objets de culte. Le succès du livre de de Brosses»
a du ûtre pour quelque chose dans le simplisme, duns l'erreur,
peul-ôtre nécessaire, où ont vécu jusqu'ici la scieneeel la des-
cripliou des religious, des religious africaines eu particulier.

lit. – Ces deuxcontributions toucheut plulôlà la théorie dos


représentations collectives. La position juridico-religieuse
du roi au Loungo peut être considéré comme un autre pro-
blème sur lequel M. 1). nous upporte des faits bruts mais
précieux. Précieux puisqu'ils nous moutreutle genre d'au-
torité que h? roi u comme aluvi suprême i.afli-titieliiparait-il
de tout tabou), comme représentant de dieu (Xitnubi)du pre-
mier principe, connue participant à s:i nature, puis qu'ils uous
moutreut (chap. II et suiv.j, lu façon dont le pouvoir, duus.des
chefs, sous-chefs, émane du pouvoir juridique et religieux
du roi, lu relation entre la lui et le cours des choses, des
pluies et des saisons avec la loi civile, la bonne ndiniuistra-
tiou royale, etc. les rapports (lit roi avec sa cour et ses prêtres
et le grand dieu, parallèles aux rapports des ducs, chefs et
sous-chefs à leurs cours, prêtres et dieux, grands et petit»,
personnels et impersonnels; et enlin des faits précieux, mais
traditionnels sur In valeur du couronnement, et à propos
d'un des chefs, sur les épreuves de mise à mort. Bruts parce
que la plupart méritent une nouvelle étude; qu'ils sont
empruntés a des sources disparates, et, par exemple, dans
cette question de lu luise à mort du roi, nous ne pouvons
arriver à comprendre si la coutume à jamais été réellement
suivie ou si elle l'était encore il y a peu d'années; parce
.qu'ils se bornent a la transcription peu philologique de
palabres mal recueillis. Toujours est-il qu'ils illustrent de
singulière façon la question de lit nature dos pouvoirs du chef
au pays Hautu et posent une foute de questions que ne traite
même pas, quelque capital qu'il soit, le livre de M. Prtizer
sur les formes de la royauté, où ces faits sont pourtant enre-
gistrés mais dans ce qu'il ont pour ainsi dire de bizarre et «V
romanesque, uon pas de sain, de social, d'universel.
Les renseignements sur la magie, sur le grand dieu, sur
les sociétés secrètes sout un peu sommaires par rapport aux
autres; et la mythologie sur laquelle uous demandions d'au-
tres renseignements n'est pas présentée d'une façon toujours
systématique.
AmVi&i. – Illil'KlisKNTATJO.N* UKMUfBUJKS 31 1

_A .1.. _n_e. w .al


Au point de vue juridique, le chapitre V est court mais
important. Eu voici les principaux résultats uxisleuee du
clan utôriu, totômique (cf. p. 157, p. 30), et do la famille
Maternelle, effacéeau profit de la famille patriarcale eu yoio
d'ascendance; remarquable système de tutelle; remarquable
système de propriété, avec tenures féodales, vassalités, d'une
part, pourles chefs, droit réel etpossessoiro pour les individus
(rites curieux du testa montet d'héritage, p. 47). Un système
fort complet do droit contractuel môle d'éléments magiques
nombreux et couteuaut des actions personnelles typiques.
Ku ce (lui concerne le droit criminel, comme il fallait s'y
attendre, une vraie Iloraisou d'urdulies (p. 51, sq. et passimj,
nue aboudance de peines et un perfectionnement extraordi-
naire de lit procédure; uu code dont ou nous laisse à peine
utiupuouuer l'extension et lit vigueur <p. M, les dix sections de
choses iuterdites); une responsabilité collective en voie de
formation, administrative.
Il est d'ailleurs certain que les (uits étaient encore plus
complexes autrefois et ont dégénéré. Malheureusement, de
cette dégénérescence, notre auteur ne tient pas compte.

Nous no considérons que comme uu mrceij ethnographique


iusuftisaut lit seconde partie du livre consacré au Bénin. Ni
le temps qu'a passé l'auteur à Bénin, ui le genre d'observa-
tions qu'il y a faites n'autorisent à rien fonder sur ce qu'il
dit.
Néanmoins, on peut lui accorder, Il priori, qu'il a raison de
retrouver du nkki et non pas du fétichisme dans les grands
cultes de tiéuiu et des villes voisines ou peut même remar-
quer avec lui le peu de fétichisme qui y est contenu. L'effort
fait pour retrouver ici des classilicutious du goure Bautu est
I).
plutôt malheureux (ebap. XXlj d'autant plus que M.
retrouve ici son alphabet mystique.
Les renseignements qu'ils nous transmet sur la cour du
roi et les sociétés secrètes sont neufs et ajoutent à notre
savoir.
II faut considérer comme essentiels les extraits que
AI.Deuuelt emprunte, à propos des religions du Yoruba, aux
livres manuscrits de Johusou et de Cole.
M. M.
313 i/ASNKK SUCUILUUIQl'K.l'JUJ-lUO'i

P. G1RAN.-Notice explicative de l'Exposition d'Ethno-


graphie Religieuse. Exposition Coloniale do Marseille,
1900, Marseille, p. 30 iu-8\
La courte notice est suivie d'un « Aperçu sur les croyances
Annamites » dont lit teneur et le style remarquable nous font
bieu augurer du prochain ouvrage de M. G. « Esquisse d'une
philosophie de la civilisation Annamite H.Une vigueur socio.
logique réelle anime toutes ses recherches. Voici quelques
preuves de cette ferveur dont les principes sont cliiiremeut
posés p. 10 « Les deux notions de conscience individuelle et
d'un milieu physique ou social se sont éinboréesà peu près eu
môme temps, en s'emprunlaut mutuellement leurs cléments,
eu réagissant l'une sur l'autre tour à tour. Ce n'est en effet
qu'en relation avec ses semblables et avecle monde extérieur
que l'homme a pu. peu à pou, s'élever à la conscience de soi.
Nous avons là l'explication d'un des traits caractéristiques
los plus connus de la mentalité des peuples jaunes l'esprit
de troupeau, l'esprit grégaire. L'Annamite, se
rappro-
chant sur ce point du primitif, n'a pas encore
pu dégager
complètement sa personnalité de l'agrégat social. Endroit
aussi bien qu'en morale, la personnalité du
groupe. absorba
colle des individus. Et cette diffusion de la personnalité
n'est pas seulement connue, elle est sentie, elle est réelle.
Aussi les genres et les espèces tels que nous les concevons
n'existent pas pour l'Annamite. Le rat. il cent ans. se trans-
forme en chauve-souris, etc. ».
Et toutce qui suitest plein d'exemples,souventfort heureux,
des théories avancées. Malheureusement il ne nous semble
pas que la valeur philologique du travail soit à la hauteur
de sa portée sociologique. Le rapport entre les notions chi-
noises et les notions Annamites n'est pas suffisamment tiré au
clair, et même peut être mal connu de l'auteur. Quelle est la
part des Annamites et qu'est-ce que leurs conceptions ont de
spécifique? Quelle est la forme exacte des notions chinoises
qui ont pénétré en Annam et quelle est lit part et du taoïsme,
et du système impérial, etc.? M. G. n'est pas outillé, on l'on
excuse, pour traiter ces sujets. Il sent, il voit, avec profon-
deur. Nous ne pouvons garantir qu'il ait vu juste
toujours,
et nous croyons qu'il ne sait pas tout ce qui serait nécessaire
pour son sujet, (v. p. 39. Ca Kia-mouni et une longue théorie,
ANAbïSKS. HKMUÎSKXTATIONS
IIKI.IlilKlISKS 313

sans utilité ni fondement de la doctrine boudhique du *tm-


xAra).
).
Sur l'âme, sur les rapports entre la morale, le cours dos
choses, sur le pouvoir qui anime hi nature, etc., on trouvera
en tout cas l'indication do ce que l'étude des institutions
Annualités pourra donner d'original, quand elle sera menée
d'une façon satisfaisante pliilologiqtiemeiit
M. M.

W. H. ROSCHER. – Die Sleben und Neunzahl im Kultus


der Grieehen ( Ablumdluiiguuder philogogiseh-htstori
schen K'wsseder KOuig-l.SiicltsischuciGesellscliaft der Wis-
sensehuften, XXIV, Leipzig Teubner, 1003,p. HO in-8».
Ce mémoire de M. Hoscher f;tit suite à son mémoire, non
tnoius important, intitulé, Dieennewlixehennmlhebttamadi&chen
l'risleiiund Wnchen. Le thèse principale de M. Roscher est
que les nombres sacrés sept et neuf procèdent de la division
du mois lunaire eu période de sept ou de neuf jours, division
qui repose, en dernière analyse, sur la constatation des aspects
divers présentés par t'astre au cours de la lunaison. Cette
méthode de division du mois a fourni un rythme du temps.
L'idée de ce rythme est tellement familière que les phéno-
mènes les plus divers sont censéss'y conformer. Puis le nom-
bre se détachant de la catégorie temps trouve des applications
rituelles, multiples et variées.
Dans le présent mémoire, l'auteur «tournera les exemples
qui se rencontrent dans la mythologie et les cultes de ta
récurrence de ces nombres rythmiques qui s'imposent à l'ac-
tion et à la pensée. Il présente ces exemples culte par culte,
ou, plus exactement, divinité pnr divinité, en commençant
de part et d'autre par Apollon. Cérémonies du culte, événe-
ments des mythes s'ordonnent par périodes de sept ou neuf
jours, mois ou années, Personnages divins ou personnages
sucrés se présentent par groupes de sept ou de neuf ou de
plusieurs fois sept ou neuf. Toutefois, M. ltoscher persiste à
penser que l'un et l'autre nombre s'appliquaient essentielle.
meut et originairement à la mesure du temps.
Au premier abord, les deux nombres paraissent être
employés anciennement dans les mêmes cultes. M. ltoscher
s'attache à rechercher si leur emploi commence à la môme
date. Le nombre neuf apparaît plus fréquemment dans l'épo-
314 l'annkk soi:itH.oiiiui'ti. tuu!M90t)

pèe. Le uoiiibro sept domine nu contraire dans le culte. Dece


chef, M. Itoscuer pose en principe que l'emplui du nombre
sept est incontestablement le plus aucieu, autrement dit que
la division du lu lunaison eu quatre périodes de sept jours est
plus ancienne que lit division eu trois périodes de neuf jours.
Dans l'emploi religieux du nombre sept, M. Hoseber dislin-
Kue deux périodes, une période préhistorique où l'emploi du
nombre procède do la division de la lunaison et une période
récente où il dérive, par imitaliou, du culte Babylonien des
planètes.
H ifest pas tout à fuit exact de dire que les nombres sept
un neuf sout employésconcurrent meutdaiisle culte d'Apollou
tandis qu'û Delphes la période de sept est la période usuelle,
à Lacédémouo la période de neuf régit le culte d Apollon
Karueios. Daiis le culte des morts et desdiviuitéschlhouieuues,
la période de neuf est constante. Kuliu, dans nombre de cas
où l'on peut établir des assimilations anciennes entre le culte
italique et les cultes grecs, on constate l'emploi du nombre
neuf iLustralions, livres sybyllius, tn- notemte uriyineu du
yiuecHslïtutt). Je suis porté à couclure de ces faits flue l'om-
ploi du nombre neuf est au moins aussi aucieu que celui du
nombre sept, mais que, il l'origine, ces deux nombres étaient
employés par des peuples ou des groupes de peuples dillé-
reuts qui ont contribué, chacun pour leur part, il former lit
nation et la civilisation grecques. Le groupe de peuples où
le nombre neuf était employé de préférence a eu, à un mo-
ment donné, son centre eu Crète et sa civilisation a rayonné
ou Italie.
Quant la quostionde savoir si le uumbroa son origine dans
les divisions du temps, lu réponse de M. ttoscher ne
s'appuie
pas sur une démonstration qui, à notre avis, soit suffisante. Il
s'agit de nombres arbitrairement construits, qui s'appliquent
aussi bien à la divisionde l'espace qu'à cette du tempset
qui ne
sont pas donnés par des expériences, même imparfaites. Les
cléments de cette construction sout sans nul doute
expéri-
mentaux, mais l'expérience objective dont ils sont sortis est
infiniment lointaine et a été infiniment élaborée. Ce sont des
constructions intellectuelles qui sout l'œuvre d'hommes eu
groupes, comme la classification, comme l'idée de hwmmj,
comme celle môme de temps. Je ne parle que des éléments de
la mentalité collective dont nous avons
jusqu'à présent étudié
la formation. Cen'est pas, mon sens, dans les
objets d'expé-
ANAUSKS. – nWH&UKTATiONKftKLtOIKUSK* rb
3)!>

riences,mats daus la logique de l'esprit collectit qu'il tuut


chercherleur origine.
H.II.

«i KKMUNl). – TTn ohapitre d'Astrologie Arabloo Mal-


gache. Journal Asiatique.itttK». Xe Série. VI, p. 1U8-274.
Ceci est un extrait traduit et commenté d'un Manuscrit
Arabico Malgache (n° 8) de la Bibliothèque Nationale. Bien
que M. F. donne une importance on général exagérée aux
iiillueileus arabes, dans la Grande lie, sur ce point, il a raison
du no pas les trouver trop petites. Il est certain que, daus sou
appareil scienlillque, clironoinélri(|ue, l'astrologie llonve, a
été d'origine arabe. Mais, du moins, dans les sections 2, 3, 4,
sur le» rites «sacrifices? et. p. 227, i»t srj. et tabous) en cas
tle maladies, et leurs variations suivant les mois, les années
irâpiuties elles mêmessuivant le jour de teur début), il ne
semble pas qu'il y ait autre chose qu'un faible compromis
entre de faibles inlluonces Arabes et un solide fonds Meriua.
Ht on pourra les considérer comme originales (surtout -4),et
s'en servir soit dans une théorie des variations du sacrifice,
suit dans une lhcorie.de la divination et de la notion du temps,
soit dans une théorie des rites négatifs.
M. M.

1'. SAHTOKI. – Vogelweide. Zeitschrifl des Vereinsfur


Volkskuwlt,1903,p. 113.
La légende de Walter vou der Vogelweide nous dit qu'il
avait ordonné, dans uu testamout, de creuser sur sou tombeau
ii Wiiraburg. quatre trous, et d'y servir aux oiseaux du grain
el de l'eau. M. Sarlori établit que ces oiseaux sont les aines
des morts qui font accueil au nouveau défunt, annonçant sa
mort, t'escortent dans un voyage d'outre-tombe, quelquefois
le disputent aux anges du christianisme. La représentation par
des oiseaux dosâmes des morts est universellement répandue.
Les Kères ailées dos Grecs correspondent aux oiseaux aux-
quels Wulter promet une pâture. Les oiseaux alternent avec
les esprits, et particulièrement les esprits des morts, dans
leurs diverses fonctions. La légende repose donc sur un thème
d'offrande de nourriture aux morts.
H.II.
3I(> I.'AN.W SOClOLOlllljUK.
IVOS-tUOC
A. BARSSLEB. Fisohen auf Tahiti. Zeitschrift
fit? Ktlmotogie
1UO5.p. !>i}i-94O(tttMiseiifiu-incntset condition» traditionnelles
ilo ce temps'.

K. K. I>KN\\ETT. -Bavili Notes. F.i/Mom,


iOOti.Wl.p. 374407 (A
t>l»pnrliellement réimprimé, muificontient
t|uul<iu«Kiiotnlintitt
iliflvruiittts).
1,1. – Notes on the
Phllosophy of tho Bavlll. Journal »( the
AnlltropuhyiealInstitate, 1905, XXXV,p. 48-50 (ttùsumû ruriouw-
ment divergent dos idées expriiniVs »|(ins le livro).

V. IIKXHV. – Physique védique. fourmi Amliqite, I90D, VI,


l>. 393-10!)(Kssai il'expticution 8cninntk]\u>de la notion vt>dit|m«
ilu tapas, cIialotii--iisc(Hi.sn)e).

A. i;o.\HAI)V. – Indlscher Einfluss ia China im i. Jahrhumkrt v<n-


Christ. Zvitsckriftderdeutschmilarijentauducheu. tiesellxehafl. 190».
p. a35 (llvpolliOse liixloriquc «ianfrercuiie, mai» in«ri|ue l'ana-
logic du système hindou et du Kystèmi' chinois de classifica-
tion,1.
s. STKW'AHTSTITT. Notes on some Maldivian Talismans. ,m
interprtird Ijy the Shtmitie DoctrineofCorreupoMtenve.Journal of th,-
HoyalAsiutie Society. l'JOO,p. 13I-1W.
H HASSKT.– L'âme
séparée du corps. Itmw des tradition* pnl>H~
luins, iyuû, p. iM) ;nn> souri*
J. von
XEflELKIX. --DiePflanaeimVolksglauben.O/ofciM. toor..
lA'XXVIII. p. 3K-3âO. 3*7-347 (Kclution des pliintcM «vec la f<-
.inditû générale de la nature, avec IVau. av<><;riiommc*.

• r. O1.|)H\M.– The sun and thoserpent. A contribution to the


History of Serpent Worship. Lonilun, A. Couslnlile, 1903. 207p.
in-8'. 3:» planches (I/assooiation du soleil cl du
serpent).
r.. MOMKII.. – Considérations
générales sur le nombre et la
Numération chez les Mandés. VAiUhropohijie, l»or.. XVI
i, l«!i-
r>02.

K. KKLLKlt.– Die heiligen Zahlen und die


Symbolik der Kata-
komben. Munalslwfte der Vomen.Gesctlschaft,1UUU,p. 61-09.
A.
KNAIMMTSqi. st. Augustins Zahlensymbollk. tiraz, »90î>,
47 p., in-8".
«. I.ASCll Einige besondere Arten der
des Eies
im Volksglauben und Voksbrauoh. Verwendung
Ghbus, )«oc, I.XXXIX.
p. JûMOii (I, Offrande funéraire 2, oracle; 3,
symbole matri-
monial).
ANAkrSK*. – IIKI'HKSKNTATIONS HRUUIKI'SKS 317 i

'Iffi*! I
o. SCHELt-. – Tlao
Daa Qalat
Salas Im
im VnliraolatttifMn
Voiksglauben. jfà'itii'hvitt
Xeitmhrift /tau
des Vm'Aj'h,:
Vtrein*
fur Willultttudo, 1905, j). 137-149(Origine lô^eticlairo du sol.
Kurcc vivittenlriwtUi «4, elv.}.
li. SllHMIDT. – Mieser Krâuter und Arsneibuoh. !»rn(?. Ciilvc
ItHlS (i>xto tros important!.
Il OLDKMIKIUl. Oottergnade und Mensohenkraft in den
altindischen Reltgionen. Uoktoralsrod*?,Kiel, Mpsius und Tis-
cher, t»00. «8 p., in-8".
F. DK.NNNKWITZ.– Die SUnde imalten Israël. Uipzik', A. Dei-
cliiTl, IW7,Xll-iîi |> in-8".
WÙNSHIIK. – Sohbpfung und 80ndenfall des ersten Men-
scheopaares im jiidUolien und moslcrniselit'ii Sa^cukroiso mil
KiU'kBiclilituf die i.'UorliL'fi'ningei! di-r Kcilschrifl-ljitcrtilur.
^Ite Omiitc /.«.f. 11, 4). iA'iyxiu. E. l'IWffcr, l'JUO,8i (> in-8*.

B. – tieprt'M'nlniionxitexHre* spirituels.
VatM.Mais».

K JÎRKVSHJ.– Die Entstehuug der Gottesgedankens


und der Hellbringer. Berlin, Hondi, 1905. p. XU-202
iu-8».
Le problème <|ue pose ce livre est ccrtaincinent à traiter,
l'ourle limiter et l'ùluiiicrsdeutiliquuiiieiit, nous uo l'eussions
pas formule connue At Kreysi< Nous n'eussions sur-
i-i!rl*?s
tout pas piirlû d'origine, de naissance dos notions, car il ne
Oigil ici nullement d'origines-, nous n'eussions pas non plus
prétendu coin prendre la notion de bien toute entière dans la
recherche, car il no s'agit que de l'un des attributs de ht
divinité inonotuéislique, la Providence. Kt nous nous serions
tlemamlé simplement dans quelle mesure les cyclesmythiques
ijui ont pour thème central suit le mythe du héros civilisateur,
>oii le mythe du héros sauveur, soit le mythe du dieu créateur
et sauveur, ont contribué à la formation de la notion de Pro-
vidence dans les gruudes religions.
M. Breysig a prétendu plus haut et plus vaste. Il a voulu
classer les formes de lu croyance eu Dieu, aboutir à une « his-
toire » de cette croyance, et, ce qui pis est, à une histoire uni-
verselle. La méthode qu'il a suivie est celle, non pas de la
philosophie de l'histoire, mais cette de l'histoire comparée,
ait»
ti i/annkh $ociuLitui(.u'K.laoa-tDoo

telle que l'entend M. B. dans do nombreux livres qui ont


d'ailleurs été fort bieu accueillis en Altemague. (I applique «
nouveau la division qu'il a inventée do l'histoire de l'huma-
nité. Temps primitifs, uncieug et nouveaux (Urseil et spdile
Vrzeil), Temps historiques (A'mrit), anciens et nouveaux
Cette répartition rigide et vogue n'étant plus mise eu question,
ilonuo ici un résultat bizarre, mais qui n'est pourtant pas sans
valeur. Eskiinos et Australiens représenteraient lit pensée de
VUrseitiincieuue; les Américainsdu Nord, du Sudet du centre,
les diverses époques de l'Urzeit tardive; los idées des Sémites
primitifs, les mythes des Aryens primitifs devraient avoir
passé par des formes équivalentes. Les peuples historiques de
ces deux races auraieul forme. a l'aide de la matière ancienne,
la notion de Dieu.
Dans ce cadre, le tableau des faits est varié, coloré,mais fré-
quemment superficiel. On en jugera. A l'origine, une religion
sans sauveur, sans héros créateur, sans esprit civilisateur,
sans ancêtre semi-animal, assez bien représentée par lit civili-
sation Ëskirno 'p. 15. Puis uue religion dont la croyance fou
dameulnle se retrouve sur toute lit surface de l'Amérique sous
des formes plus ou moius évoluées l'ancêtre créateur, fonda
teur de la religion et des lois, est seulement à moitié humain,
et engagé plus ou moins profondément dans la nature animult!
selon le degré d'évolution. C'est Vehl, le corbeau des Tlilin-
kits c'est Michabozo, le grand lièvre Algonquin; c'est Quot-
zaicoatt; c'est Virakocha, qui sont déjà des dieux au Mexique
et ait Pérou. Mais le principe fondamental, fa forme première
de la croyance à Dieu, est trouvé c'est un être bon. un esprit
aucelre, toujours a forme d'animal.
Le point délicat de la démonstrationétait le passage aux
Indo-Européens et aux Sémites. M. Breysig l'a franchi, il faut
en convenir, avec la méthode requise, sinon avec le succès
voulu. II fallait démontrer, eu vertu même des postulats de
la méthode historique, que la notion du dieu animal n'avait
pas été étrangère aux mythologies sur lesquelles se sont gref-
fés les grands mythes connus du monde sémitique et du
monde européen. Or les dieux à forme animale ne se relrou-
vent qu'eu Egypte. Celusuffirait déjà. M.B. ne doute d'ailleurs
pas de leur identité avec les dieux animaux de l'Amérique
ip. 131) il n'en doute pas et ignore bravement toute lit ques
tion du totémisme égyptien, et toute la question môme du
totémisme en général. II va plus loin Jahvé était il un Die»
ANAI.Y&RS. – ttKl'WKKNTATMNS UBblMKUSKS M'J

intimai et humuiu? Pour lui, l'histoire humainedo celui qui


(ut te dieu unique ot omnipotent ne (uil pas de doute, ce fut
un héros vainqueur du dragon eu ce qui concerne s» nature
ilo taureau, M. I). s'exprime avec les précautions convenables,
mais ne nous cacho pas ses sympathies pour lu supposition
Les dernières hypothèses sur l'épopée Babylonienne trouvent
naturellement chez lut uu exploiteur zélé, nubile, hardi, quel-
quefois heureux. Chez les dieux lndo-tëuropéens, lu figure
animale a disparu, bien que M. Brcysig ue doute pas qu'elle
n'ait été un moment la leur; leur caractère humain et teur
lutte contre lo dragon sont par contre des thèmes tout aussi
nets que daus les mylhologies américaines.
C'est par lu dégagement déliuitif de la notion d'un esprit
créateur, civilisateur, que s'est constituée la notion du dieu
parfait, bon, tout puissant, unique (uUein (*«•.]>. Kllen perdu
dans la préhistoire et l'histoire uncieune son caractère ani-
mal. Dans les temps anciens de l'histoire moderne (la civili-
sation grecque fuit partie de celle-ci pour M. Hreysig), elle
s'est dépouillée progressivement de son allure humaine,
historique; les héros sont montés au ciel, les aventures des
dieux se sont logées dans l'éternité et non plus en des âges
mythiques; lu notion de leurs euuemis mythiques s'est raré-
fiée. Comment et pourquoi se sont opérées ces évolutions
successives,c'était là proprement te travail de l'historien cher-
cheur de « causes historiques ». M. Breysig s'abstient cepen-
dant de les chercher il lui sullit d avoir classé des formes, et
indiqué ce qu'il croit une loi de V« histoire » uuivcrsulle.
Ainsi, lu méthode do M. Breysig laisse de côté toute la plus
grave des questions historiques. liieu qu'il su défende do.
métaphysique et de théologie, on dirait qu'il attribue à une
sorte donotion du progrès ou a l'idée d'évolution et d'histoire
une valeur extraordinaire. La pensée humaine semble être,
dans son livre, mue par une ris a tergu inconnue; les formes
se succèdent de plus eu plus pures, et te passage des unes aux
autres reste quelque chose d'incompréhensible. L'histoire
pure, mômedevenue générale et comparative, même prélon-
duut retracer des séries logiques de faits, laisse ces séries eu
l'air, ou bien teur attribue une réalité ut une force qu'elles
n'ont jamais eues. Hu réalité, l'histoire de M. K.ainsi enten-
due, pour marquer un réel progrèssur l'histoire anecdoliq no
reste encorepleiuede hasards, de lacunes, de discontinuités:
l'Ile est aulihistorique.
320 l'annkk sucioumioi'K. wonw»

Ce travail est dune un excellent prétexte pour nous cl op-


poser les méthodes que nous préconisons aux méthodes,
d'ailleurs les plus prot-hes des nôtres, de l'histoire univer-
selle. Déjà M. H-,qui ne connitit pas l'Anna- et nos travaux, a
adopté le principe de lu dêfiuiltou, et son livre «tél>»l«par ln
détermination du sens donne aux mots esprit, dieu. sauveur
déjà M. D. croit, comme nous, qu'il est possible d'établir une
généalogie des diverses (urines des phénomènes sociaux de
les rattiit'liur, estdehors de luute considération exclusivement
chronologique, pur des liens génétiques, les unes
aux iuilres les diverses croyances connue une Me de condi-
tions et de produits, comme des (ormes successives d'une
matière continuellement recomposée.
Miiis c'est ici que le point de vue purement historique
emporte le vice fmuiumeutul de lu méthode. Lu recherche
s'arrête là lu logique ne vient que suppléer au déduit, do
chronologie; lu .série rationnelle des phénomènes religieux
n'a d'autre but que de permettre tie se figurer l'histoire pré-
historique. Certes,nous croyons que l'un des derniers buis de
la sociologie sera de piTinelliv uue sociologie descriptive com-
plète, c'est à-dire mm seulement une « histoire naturelle »,
mais encore une « histoire de Ihumaiiité ». Mais uous croyons
qu'on n'arrivera As'assurer de la rationnante, de lit nécessité,
de la réalité des séries logiquement constituées que par une
méthode cuiiipleleuiPiit sociologique. C'est en procédant à la
recherche constante des rapports constants outre les divers
groupes de phénomènes sociaux qu'on arrivera il déterminer
lit généalogie des (ormesde chacun des groupes, et le pourquoi
rie cette généalogie.
Cette méthode est d'ailleurs loin d'être exclusive d'une
saine recherche historique. H y a plus, elle la requiert. Car
ce n'est qu'eu laissant le phénomène social pour ainsi dire
dans sa gaine de phénomènes circouvoisins, eu ne l'eu déta-
l'hnnt qu'il vpcles plus in Uniesprécautions, nécessaires pour
noter les rapports, qu'on pourra démêleret la nature du fait,
et ceux de ces rapports qui sont vraiment déterminants de sa
forme. Même au point de vue de lit description des faits, la
recherche sociologique est plus féconde que l'histoire trop
générale de M B.ou l'histoire trop détaillée des vieilles écoles.
En fait, d'ailleurs, faute d'une sociologie suffisante proba-
blement, les erreurs et les hypothèses gratuites abondent sur
lesquelles s'édifient, dans ce livre, des constructions trop
ANALYSES.– IIBPntfSKNTATIO.NS
HBUOIK0SIM 341

légères. Lidee fondamentaleest même inexacte par deux


points le fondementde ta mythologienord-Américaine n'est
nullementle mythedu héros-sauveurft (orme animale In
mythologieThlinkita, M.B.le sait, Yelille corbeau,comme
personnageprincipal,maisoutre que ce mytheest en partie
composéd'élémentsétrangers, ce n'est d'abordqu'un mythe
de phratrie Tbliokil(etp. 12 et le travailde M- li. lui-même
au Sehmoller'tJahrbuehdo 1904),D'autrepart.c'est un mythe
du héros transformeur,créateur des totems, beaucoupplus
qu'un mythe d'un héroscivilisateur,ou d'un sauveurd'une
humanité inexistante.Cegenre de hérostransformeurprend
à partir de ta Californiel'aspect du Coyote,son mythe est
essentieldans les mythologiesde l'Ouestaméricaluel une
étude comparativeplus étendue edt permisà M.Breysigde
s'assurer du sens de ce mythe et de sonextrêmeextension
Il eut ainsi évité de faireune sorte de contre-senseu ce qui
concerneYelil,de négligertousles mythesde confrériesreli-
gieuses,et d'exagérerla nature héroïquedes fondateursdu
mondeet desclans,au détrimentde leurnature divine.Dela
même façon pour la mythologieAlgouquine(en particulier
Clnppewny),ni l'analysen'estsuffisammentapprofondie,ni
ellene fait intervenirsuffisamment d'éléments,et, pournous,
c'est défigurerlesfaitsquede ne considérerdans leshistoires
de Micliabozo (p. 20)quele grand Lièvrevainqueurdudéluge,
et d'oublieret KitcbiManido,le bon dieu,et MatchiManido,
le mauvaisdieu.
Les inexactitudesles plus graves sont presque toutespro-
duites par le mêmevicefondamentalde l'histoire monogra-
phiqueoù l'on fait la descriptiond'un faitsans tenir compte
des faits sociauxqui l'entourent.Direque les Kskimossont
sans dieu est une erreur,puisque,s'ils n'out pas de créateur,
ils ont au moinsle mythede Sedna.Dire que les mythesde
l'AlcheringaAruntasontdes mythes héroïques,c'estémettre
une hypothèsedont la vérité ne peut être que partielleet
oublierque cesontdesAchirpa, deschatssauvages,qui vinrent
circoncireet transformerles créatures informesdes temps
primitifs; c'est aussi négligera priori toutela questiondes
grands dieux Australiens,et mépriser sansun motle mythe
de Twanyirika.ConsidérerIndra dans la mythologiedel'Inde
commeun héros, c'est faire un coutre-sensabsolu, Indra
n'ayant jamais été un homme,le seul hérosdu Vedaétant
.Manu.Faire de la victoiresur le démondétenteurdes eaux,
li. DiuKiiRin. Anne «oclol.,1905-1006. il
382 l'a.nnék souiûLomyiiB,tuoi-inoe

même mvthiaue
thème myuuque fond»innntnt iIihir les
fondamentaldans laa annlAtûa Inrii
sociétésItido Kuro-
péeuues,une prouveda la similitudeprimitivedes mythoto-
gies de cette familleavecles mylliologiesuord-Américaiues,
c'est faire une suppositiongratuite ot oublier que ce démon
est le personnagemauvaissoit des rites agraires, soit d'un
culte solairelié à ces derniers.
.Nonseulementcette vue simplistede l'histoire conduita
des fauteshistoriques,elle conduitaussià uu respectexagère
des hypothèseshistoriques. Toutela partie du livredeM. li.
concernanttes Sémitesn'est qu'un tissu d'hypothèses,dont
lu trameest faite des hypothèseslosplus hasardéesda l'école
critique.QueJahvésoit Dieudu vent,c'est ce qui est « géné-
ralement reconnu» (p. 70; qu'it y ait eu deux rêdactious
Klohisles(Kiinmermauu), c'est ce que AI.D. trouve vraisein-
blahlo et dont il tire conséquence;qu'il ait existéen Israël
uu culte des âmes (sic, p. 80)c'est ce qui est évident; la
nature humaineet mêmeanimalede Jahvé ne lait guère do
doutes, (et. p. 88, 99); et quantaux Masai,M.B. épouseen
toute hâte les extraordinaireshypothèsesde Merkerqui eu
faisait des Sémites.
En réalité, bien que M. Breysigsoit éminemmentcurieux
des problèmesgénérauxque nousposonsici. bien qu'il soit
pleiu de bonnes tendanceset de bonnevolonté, bien que sa
méthodehistoriqueait au moinsla qualité de le forcerà un
sérieux enchaînementdes faits, son ignoranceest parfaitede
la sociologieet des principauxrésultatsdont elle peut se fnire
gloire. 11ne connaît ui les méthodes,ni les fruits. II uesait
ni que le totem (p. 18?) ne peutjamaisêtre un individude
l'espècetotémiquemais qu'il est toujoursune espèce,ni que
M.von den Steinenn'est pas le premierde ceux qui combat-
tirent le naturisme(p. 80;,ni que la victimeest souventiden-
tique au dieu, et le dieu bon vainqueurau dieu mauvais
vaincu; ni que, en Franceet èn Angleterre, l'histoirecom-
paréedes religionsa une longuehistoiredout feraientbien
de tenir compteles historiensallemands.
M.bi.

A.-B.COOK.– The European Sky-God. Folklore,XVI,


1903,p. 200-333;XVII.1906,p. 27-72,141-174.
L'auteurcontinueses longueset éruditesrecherchessur le
dieudu cieldanslesdiversescivilisationsde l'Kuropeantique.
AS'ALVSKS.– llgl'HKitBNTATJONSRKLIOIRUJKS 33}

Cesont d'abord les italiens qu'il envisage En réalité,ici, set


recherchesne s'étenduutqu'aux Romains,et subsidiairement
auxcultes Lutinset Osques.Enfait de dieudu cielà Home,il
ne sembleadmettre queJupiter, dontil recoumiUtoutau plus
que litfigurea été légèrementmodifiéesousl'influencedecelle
de Janusi p.*i%,270).Lacomposition mythologiquedecet ur-
ticleest préférableà celledu travtiil que M.C. a consacréà
Zeus par lu nature mêmedes faits, les institutionsdevilles,
decontrées diftéreutesne sontpas mêléeset confondues.Mais
lesdates le sont encore,et, pour nous. interpréter l'identifi-
cationde l'empereuret deJupiter sans teuircomptedes apo-
théoses grëco-orieutales,c'est commettreune inexactitude
historique. Nousne trouvons pas non plus qu'il faillepar-
ler, avec tant de certitude,de ce que nousneconuuissonsque
fort coujecturalemeut,le rituel de la très ancienneRome.
Mais,voici les principauxpoints traités: Jupiter dieu du
ciel, de la pluie, de l'orageet du tonnerre,du chêne.Ceciest
ce qui tient le plus à cœurà M. C,élèvedeM.Fraxer.Il con-
sacreau rituel de Nemiune longuediscussion.C'estévidem-
menten vue de collaborerau « Rameaud'or » qu insiste
tant sur les rapportsde Jupiter avec le roi, te triomphateur
et l'empereur; et sur ies rois-prêtresitaliensmisà mort. Un
eertuinnombre de documentssont ajoutésà ceux, abondauts
déjà, de M. Fraiser.
Nousnous sommesintéresséà unrecueilassezinattendude
faits concernantles rapportsentre les génies,les Màues,les
Jupiter et les genten(p. 292,sq.).
Nousne sommespas le moins du mondecompétentpour
apprécier le long travail concernantle dieudu ciel chez les
Celtes.Il n'est d'ailleurspas termina. H s'yagit de Nud et da
Bileen Irlande, de leursrelationsavecle chêne,et avecle pou-
voir royal; de Manannaneu Ile de Mun;il s'yagit enfindo
rattacher les légendesdu voyageaux lies Fortunéesau culte
du dieu du ciel, chêne, roi. Ici il nous semble que M. C.
retombedans losdéfauts historiqueshabituelsde l'ancienne
mythologie.
II. M.
AI.M.

< OPPKKT. DleGotthelten der Indier.ZeiUehrift


far Ethnologie,
19CU,
p. 2%, 36î,p. 501-51»,p. 7H-754.
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tion du nom ol dos personnalité divine»).

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Bqultatus. Hermès,1904, XI, p. lOMie.
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tignkn Thatsacken ihres Kullus. l'Iiiluloyus, 1905, XLIV, p. 804-224
(JuitoiudéusMcde la femme, de rimpun-tô, caractère rctnar<iunl>le
de son culte oppusù » celui de Jupiter}.

!• CL'MONT. – Jupiter Summus exsuperantiesimus. ^n7<iï- fur


Migionswmenschaft, l»00, IX, p. 323-330Oonlribtition à loliide
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ANAMTSK*. UKCHtotmiON» IIKLI0I8U8KS
-.n_ 3*5
dm

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gu&imwt
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C. – /,esmythe».
Par.MM.Hhot*. SUi'ss.
HtuRtiT,

0. GHUPPE.– QrieohUche Mythologie und Rell^lons-


«esoMchte. H,3. Munich,C.-Il.Beck.1900,p. 1 153-1923.
L'ouvragede M. Gruppea été livré au public par parties
successives.Nousen avonsdéjàparlé trois fois (Annéesocio-
logique,t. II, p. 245; t. VI,p. 254; t. VIII, p. 276,. Nouseu
avons déjà caractériséla méthodeet nous avons déjà dit ce
que îious on pensions.Cette méthode n'a pas changé. Elle
n'est pas tout à fait la nôtre, car M. Gruppeest un historien,
scrupuleux,ingénieuxet d'une éruditionconsidérable.Or,en
matièred'histoire grecque,l'éruditiona beau jeu. Le travail
accumuléest tel que les notesd'un pareil livre s'euflentau
point d'étouflerle texte,et cependantce serait uu jeu facile
que de noter quelqueslacunesdans la bibliographiequ'elles
contiennent.L'écueilde cette éruditiou, c'est l'excès d'ingé-
niositéde beaucoupdes espritsqui se sontappliquésà deviner
à J'aide de documentstrop incompletsles secrets de l'anti-
quité grecque.
Lespréoccupations d'historienqui animentM. Gruppel'oiil
amené à étudier lit mythologiegrecque,non pas commeune
choseen soi, maiscommeun ensemblede faits situés dans
le temps, dans J'espaceet par rapport aux autres faits qui
composentl'histoire.De là vientque, dans la première par
tie de son livre, il a divisé son exposépar provincesgéo-
graphiques. C'étaitune façond'étude analytique, où l'autour
s'appliquait à séparer les versionset les thèmes locauxdes
mythes communs.Cettepremièrepartie est suivied'unehis-
toire des cycles divins et héroïques,où M.Gruppe ne perd
amais de vue les attacheslocales.Cesdeux parties de l'ou-
380 i/akx&k sociologique, iwb-woo

vrage répondent plus particulièrement à la. première par-


tie du titre, Grieehitehe Mythologie.Dans cette mythologie,
ce qui nous touche le plus, c'est précisément le soin avec
lequel fauteur replacé les mythes duus leur milieu. Quant à
l'analyse et à l'explication des mythes, comme phénomènes
religieux, nous avons déjà dit eu quoi elle nous paraissait
criticable. Le naturalisme et le symbolisme à l'ancienne mode
y tiennent trop de place. Parmi les uouvelles tentatives d'ex-
plication, M. Gruppo fait surtout bon accueil à celles qui font
des mythes la transposition des ritesqui s'y rattachent. Il pra-
tique pour son compte cette méthode et apporte au ritualisine
sa large part d'ingénieuse contribution.
La troisième partie associe l'histoire de lit mythologie à
l'histoire de la Religion en géuéral. Commencéedans l'avaut-
dernier tome, elle se développe dans cetui-ci. M. Uruppe
divise cette histoire de la religion en trois périodes période
de l'animisme et de la magie, période classique, période de lit
dissolution de la religion grecque. La deuxième période nous
est donuée comme étant essentiellement caractérisée par le
fait que la religion grecque y subit très fortement 1'influenee
de l'art. L'art, dans l'espèce, c'est la poésie épique et drama-
tique ce sont aussi les arts plastiques. La figure sensible
des dieux, telle qu'elle fut élaborée par ceux-ci, se distingue
malaisément de la notion religieuse. Parveuu à l'apogée de
la religion grecque, lti. Gruppe passe en revue les dieux. Dans
cette revue, il se propose de montrer comment s'est formé
l'ensemble des mythes qui s'attachent à chacun d'eux, et com-
ment se sont fixés les traits de leur figure. Mais il ne s'agit pas
là seulement de ce que furent les dieux du vi*au iv<siècle,
M. Gruppe remonte à leur origine et jusqu'à l'étymologie de
leur nom. D'autre part, il nous donne sur leurs croisements
avec certains dieux orientaux des renseignements, fondés sur
des textes récents, qui ne valent probablement que pour la
fiu de l'histoire grecque. Il semble enfin que M. Gruppe ait
profité de cette suite de monographies divines pour mettre au
courant les parties antérieurement parues de son ouvrage.
M. Gruppe expose magistralement comment la décomposi-
t ionde cette religion de l'art, comme il l'appelle, est détermi-
née par la transformation politique de lit société grecque
après Philippe et Alexandre. La religion précédente était
celle des cités et de leurs amphictyonies. La vie se retire
presque entièrement de cet orgnimnie politique et, par suite
– lUSPnéffiNYATIO**
ANALYSES. HBLIUIBUSKs '447

(les formes de rnlicrioiiK


11108(In religions <i)rrniiiiniiriiiiilnii
correspondantes. Au Au nmitrnira
contraire, l»a
les
libres groupements religieux, tuiases, orgoons, sociétés
orphiques qui vivaient obscurément duos le sous-sol de lit
société antique et, pour ainsi dire, en dehors de lit cité, épar-
gnés pur cette révolution, se fortifièrent à mesureque le reste
déclinait. De là la nouvelle floraison de l'orpliisme, l'étrange
développement du démouisme. D'autre part. les sociétés nou-
velles, formées du mélange des nuUons,des races eldesciviii-
satious, se (ontà leur image une religion syncrétique. Daus cette
religion de l'époque hellénistique, il est un phénomène parti-
culièrement intéressant, c'est le culte de la Tyehv,de la Hor-
tune des villes, régions, personnages. C'est l'essence sociale et
divine des choses, mais exprimée dans les termes relativement
abstraits et fort vagues du démonisme et de l'astrologte.au tieu
de l'être par des figure» mythologiques concrètes. Ce culte de
la Tyclie est une preuve que lu vie religieuse de la société
n'était pas inféconde, mais l'âge de l'art et de la poésie était
passé.
La dernière partiede l'ouvrage de M. Gruppe met dans une
vive lumière ce fuit important que les phénomènes religieux
ne sont pas indépendants des phèuomèuesesthétiques et intel-
lectuels qui se développent dans les civilisations. (Jardous-
nous d'ailleurs de faire de l'art le seul facteur des caractères
que prit la religion grecque à son apogée. L'art y eut une fonc-
tiou religieuse. La religion grecque dut devenir alors pnnhcl-
léuique en raison de l'évolution politique du monde grec. L'art
fut l'instrument de cette destinée, parce que cette évolution
fut rapide, consciente, qu'elle se produisit dans les sphères
supérieures de la société grecque, que l'art était déjà nanliel-
léuique, qu'il avait une place rituelle dans les institutions
panhelléniques, telles queles panégyries, étenduque lesdieux
concrets n'étaient pas trop loin de leur origine. La philosophie
mystique eut, dans lit société panhellénique, lo rôle que l'art
avait «u joué au V siècle.
M. Gruppe a beaucoup sacrifié dans son dernier chapitre h»
rôle do cette philosophie mystique. Nous aurions aimé
qu'il y eut donné une grande pince a l'École d'Alexandrie, à
i'Iularque. Par contre, avec très juste raison, il mêle les pre.
miers siècles du christianisme ans derniers siècles de l'hellé-
nisme et s'attache a montrer que le deuxième a hérité du
premier.
If.Il.
m L'ANNÉE 190M9W
SOCiÛLOGH/UB.

P. KHUENREICH. – Die Mythen und Legenden der


sadamerlkaalsohen Urvôlker ond ihre Bezlehungen
zu denen Nordamerlkas und der alten Welt. Sttpptt-
wimt zu Zetitchript fur Ethnologie il'JOo). Berlin, Asher,
1905, p. 107in-8".

Lu pauvreté et la qualité médiocre des informations rela-


tives aux mythes iudiens de l'Amérique du Sud contrastent
avec les abondantes et sûres collections qui nous provieuueut
des tribus du Nord. M. Ehrenreicb s'est proposé de rassem-
bler et de classer méthodiquement des donuées éparses, qui
ont été pour une large part négligées par les mythologues it
a voulu aussi moutrer l'urgeuce qu'il y u à recueillir destradi-
tions vouées à une extinction rapide et indiquer aux observa-
teurs les points sur lesquels dos renseignements complémen-
taires sont particulièrement souhaitables. A ce double titre
cet ouvrage est d'une incontestable utilité.
Considérée dans son ensemble, lu mythologie sud-améri
caine préseule îivec celle de l'Amérique du Nord de nombreux
traits communs notons la généralité et la prédominance du
thème du héros civilisateur, et particulièrement des deux
béros frères (p. 28, 32, 43. sq. Elle s'en distingue d'autre part
par certaines difléreuces, soit dans le contenu des mythes
râle plus effacé et passif des auimaux dans la cosmogonie
(p. 8-9;, importance restreinte des agents météorologiques,
tonnerre, vents. et des points cardinaux (p. 15, 2», 44), etc.:
soit dans la fonction sociale des mythes taudis que citez les
tribus du Nord, le mythe appartient en général à une société
religieuse déterminée et est lié à un culte, il n'aurait daus
l'Amérique du Sud, à peu prés aucune signilicalion religieuse
(p. 10, 13). Toutefois, cette dernière assertion est sujette ù
caution peut être les mythes sud-américains ne présentent
ils cecaractère négatif que par suite de l'insuflisance de nos
renseignements. D'ailleurs nous trouvons, chez les tribus du
Uaupé.un mythe complexe qui se rattache à une « société des
hommes ) et à des mystères analogues à ceux des sociétés
secrètes uord-ainéricaine?(p. 7. 17,04); de plus, l'auteur nous
signale comme un fait général la transmission des mythes
aux jeunes gens lors de l'initiation (p. 7i c'est donc qu'ils
sont revêtus d'un certain caractère sacré.
U. Ehreureich ne se borne pas à exposer les faits. Certains
ANAMfUtW. – IIBPa&KNïATIONBnKUQlBUSKS 329

motifs mythiques,tels que ceux de la a ehatae de flèches»


(p. 49,sq., 76)et de la fuite protégéepar des obstaclesmagi-
ques (p. 83,sq.), se retrouventavec une analogiefrappante
dans los détailschezles tribus du centre do l'Amériquedu
Sud,chezcellesdu Nord-Ouest de l'Amériquedu Nordet chez
celles du Nord-Estde l'Asie. Notreauteur croit pouvoir eu
conclure (p.97,sq.), qu'uneiuflltrutiond'élémentsmythiques
s'est produited'Asieen Amérique,suivant la côte du Paci-
tique. Nousne vouions pas le suivre dans ses conjectures
aventureuses; il reconnattd'ailleurslui-mômele caractère
provisoirede ces hypothèseset il ne prétendpas avoirrésolu
les problèmesqu'il soulève.Leslecteursdo VAnnée saventque
nousn'attachonspas à ces questionsune importance fonda-
mentale en tous cas, une prudenceet une rigueur extrêmes
soûl indispensablessi l'on ne veutpas retomberdansleserre-
montsde l'aucieuue« théoriedesemprunts».
H. H.

II. GRESSMANN. Der Ursprung der Israelitlach-JÛdi-


scheri Eschatologie, Fwwkungen sur Religion uiirf Lite-
raturdes Allen unil Keuen Testaments,hrgg. v. Boussot und
Gunkel, Helt VI.Giittiugen, Vandenhœck et Ruprecht 1905,
p. VHI-370,in-8\
Sur un sujet dont le nom seul évoque l'ennui et la satiété
du sociologue. M. G. a trouvé du neuf. Après des milliers
d'années d'uue insipide exégèse Idéologique, voire critique,
grilce ù l'emploi d'une saine méthode, grâce & l'histoire com-
parée des religions et civilisations sémitiques, grâce à ta
science des religions, un jeune savant rencontre des pro-
blèmes nouveaux et des moyens nouveaux de les résoudre.
Certes, les hypothèses foisonnent dans ce travail, et non seu-
lemeut les hypothèses, mais encore les méthodes hypothéti-
ques, car il prend pour accordes et les résultats de la cri-
tique Wellhausenienne, et les conclusions nouvelles des
travaux deGunke). Certes,ces hypothèses et ces constructions
faites sur hypothèses rebutent des esprits habitués à ne rai-
sonner que sur des faits et des dates. Mais les textes bibliques,
surtout ceux qui concernent la destinée du monde, se présen-
tent dans un tel état de pourriture, le mythe Israélite est si
délabré qu'il faut se résigner Ii n'eu rien penser ou à entasser
les conjectures. Et le système de conjectures de M. G. nous
330 l'ANNKB$OC(OLO(1ÏQI<K.1905-1906

parait à la fois «ouf, curieux, vraisemblable en certaines


parties, intéressant au point de vue théorique.
Le potut de départ du travail est la remarque de l'existence,
de la coexistence dans les textos de deux eschatologies con-
tradictoires l'une a l'autre, également adoptées l'une et l'autre
dès l'époque des prophètes canoniques, également pei-fectiou-
nées l'une et l'autre après Je retour de l'exil. La première est
une eschatologie du malheur et de la destruction (Uuheiln-
mkttotoqie). La seconde est une eschatologie du salut et du
bonheur (HeiUegchatologw).Le mondefinira dans une catas-
trophe épouvantable, escortée de pluies diverses, diversement
graduées, disait-on d'une part, et d'autre part on disait, dans
le môme temps pouraiusi dire, et l'on croyait le moude finira
dans un âge d'or, dans un royaume de dieu et de son Messie.
Achacune de ces eschatologies, M.G. consacre uae partie de
sou travail. Le mythe delà destruction lui apparait comme le
plus ancien. Il se composed'éléments naturistes importâtes et
n'est, si nous interprétons bien une pensée ici un peu trouble,
qu'une sorte d'exaspérution des différentes formes d'appari-
tiou. des tliéophauies de Jahvé, Le « jour de dieu »,
jour
d'un tremblement de terre, jour de la terreur, jour du sirocco
de lit sécheresse et de la famine, est en même
temps jour
du déluge (p. 70); c'est aussi un jour de feu,
uu jour du
volcan les images mythiques les plus hétéroclites se heurtent
en un cliquetis littéraire. Le mérite de tous ces
rapproche-
meats est qu'il y est très sincèrement tenté de démontrer
que la plupart des éléments du style eschatologique sont
empruntés à des traditions mythiques anciennes, diverses,
diverses d'origine, de date, de valeur, de signification. Si
chaque démonstration pèche dans le détail, et si, en particu-
lier, l'histoire trop complèteaboutit à des précisions qu'il eut
mieux valu laisser de coté, lit thèse est, quant à nous,
juste
dans l'ensemble, et sera. nous en sommes convaincu, au fur
et à mesure que seront mieux connues les
mythologies sémi-
tiques, chaque jour plus vraisemblable. Le principal défaut
de la plupart de ces démonstrations est
qu'elles se servent à
peu près indifféremment des textes de tous les âges. On pour-
rait même dire que le principe état est fait des
fragments
des Psaumes, c'est-à-dire des derniers textes de la Bible. Si
nous admettons, en général, que âge des faits est bien dillé-
rent de Page des textes, nous croyons pourtant la plus grande
prudence nécessaire.
ANALTOtS.– IU5PHIÎSKSTATI0NS
lIRlilfllKl'UKS 331

Nousue suivronspas M.G.dans le détail de l'histoire qu'il


tente dumytheeschatologiquede ta destruction du monda,des
multiples (ormesmythiqueset populairesqui auraient été
prises par ces idées (p. 186,u. définitionde ce qu'il faut
entendre par populaire).L'auteur poursuitl'histoire jusque
dansla préhistoire,avantMoïse.Nousaimonsmieuxmarquer
le principal dessinde cetravail, tissu môled'hypothèseset do
faits.L'idée en appartient en principe (p. 80)à M. Dillmann
et surtout à M. Gunkel,mais c'est en sommepar M.Gress-
inanu qu'elle va trouver sa voie. Le mythe eschatotugique
serait un fragment d'un ancien cycle du mythique des
périodes du monde,cycle dont nous savons le succès en
Assyro-Babylonie et dansle mondeanlique(v.p. 100,résumé).
Le mythe de la destruction,par ailleurs;seraitune répétition
du mythe cosmogonique,la fin serait identiqueau commen-
cement(V. p. 80uneobservation bien fluiesur l'épêe lavéà
la porte du Paradis,identifiéeà cellequi détruit le monde).
Le passé, le présent,l'avenir seconfondentdansle mythe, se
fondentà l'infini,et dans la littérature et dans l'esprit pro-
phétique, et dansl'esprit du peuple. II y a là plus qu'une idée
curieuse. 11y a une démonstration vraisemblablede ce que
nouscroyons être un des fondsde l'esprit mythique, de la
façondont il transportedes tempshétérogèneshorsdu temps,
dontilmet de l'espace,traversed'influenceset variéde quali-
tés multiples, horsde l'espacetLemythede la GrandeAnnée,
p. 167,nousparaitpourtant mal analysé;au surplus.M.lîress-
maun demande avec raison uu supplément de renseigne-
mentsaux assyriologues).
La pénétration decesélémentsmythiquesdansla prophétie
moraleet l'apocalyptiqueest bien et sûrement étudiée le
terrain devenait d'ailleurs plus sur. Peut-êtrela tendancede
M.G.à transformerces questions en questionsd'histoire lit-
téraire y apparaît-elleun peu trop (v. p. 191un exposé géné-
ral).
La discussion des origines de l'eschatologiedu salut est
peut-être encore plus intéressante. Elle est diviséeen trois
parties. La premièreest intitulée Yûged'or on y établit
t équivalenceet la raisond'être de l'équivalencede ta notion
du paradis originelet dela notiondu bonheur après le juge-
ment, du moins commeces chosespeuventêtre indiquées.
Quant à ta tentatived'expliquer les rapportsdo ces deux
eschatologies(notiondu « reste » deshommesqui, échappés
332 l/ANNÊS SOCIOLOGIQUE.
«IMM800

au cataclysme connaissent los joies des bienheureux il nous


semble qu'elle est moins heureuse que cette interprétation
de l'équivalence des deux images oosmologique et eschnlo-
logique. La seconde partie, est consacrée à l'origine de lu
notion do l' n oint », du Messie. Ureflésur des idées qui uppar
tiennent originairement à M. Guukel, elle n'eu est pas moins
original le rapprochement entre la notion du roi victorieux
et celle du Messie était depuis longtemps évident, et trop fou-
damentul pour avoir échappé ù personne, mais c'est M. Gress-
manu qui aura, le premier, rapproché méthodiquement le
protocole des éloges du roi Babylonien et de Cyrus et les épi-
thètes décernés au Messie, auteur de l'âge d'or, empereur
des peuples, fils de Dieu, sans naissance, premier né, etc.,
(p. 250-801). La troisième partie est consacrée au mythe du
serviteur rie Jaktd, mythe qui apparaît avec le deuxième
Isaïe. Mais elle contient autre chose que des hypothèses sur
le style do ce prophète et sou origine assyro-persane. Les
textes qui y fout allusion contiennent en effet les notions qui
deviendront capitales plus tard avec l'eschatologie proprement
messianique, de r«ebed, » du«serviteur » sacrifié etdiviuisù.
Quoiqu'il se trouve là, plus que partout peut-être, sur le ter-
rain des hypothèses, il nous paraft que M. Gresstnann a vu
juste, en rapprochant ces notions, dès cette époque, de celles
concernant le sacrillce du dieu, connu dans presque toutes
lesmythologies sémitiques voisineset dont l'un des éléments,
ta mort du dieu, est même expressément mentionné dans la
Bible ù propos de la mort d'un dieu syrien, d'Haddad Him
mon. AI.Gressmannse rencontre ici avec M. Frazer, et nous to
renvoyons aux faits indiqués par celui-ci dans un livre dont
nous venons <l«parler (p. 80, n.i.
Nous considérons comme un appendice, indispensable par
rapport à la littérature messianique, la dissertation sur la
notion du fils de l'homme elle nous intéresse moins directe
ment.
Le défaut le plus grave de ce livre c'est l'excès de précision
historique M. G. partage sur ce point les exagérations de
M.iiunkel; il va même jusqu'à en adopter les aventureuses
opinions sur le Sinaï. qui ne serait pas le Sinaï mais un
volcan fp. î»6;; il ajoute une excessive valeur à des thèmes
littéraires (par exemple sur la coupe de Jalivé, p. 188)
quoiqu'il sache d'ordinaire fort bien les disséquer (ex. p. 128,
sur la force de Jahvé). Nous sommes d'ailleurs d'avis qu'il
ANALVSRS.– llKPRtiSENTATION»llKLIlilBUSB* 333

n'a pas appliquédans toute leur rigueur les principe» de


méthode,quelquefoisvainset un peu obscurs,qu'il a propo-
sés dans unefertile introduction.
M. M.

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gOcrOMKlfQUB.
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Par MM.Hlmieiit
et IlerciuT

A. WÙNSCHR–DerSagenkreisvom geprellten Teufel.


Leipzig uadWien, AkademischeVerlag, 1005, p. 128 in-8.
Le thème du Diable mystifiépar les hommes est un des plus
communs dans les pays de langues germaniques et spéciale-
ment en Allemagne. M. Wûnsclie nous donne une collection
complète des contes où on le retrouve, et il s'efforce (l'en
retracer l'origine. Lescoules et légendesdu « Diable mystifié»»
proviendraient d'une légende chrétienne, que nous trouvons
assez fréquemment dans les Apocryphes, où le Christ trompe
– KKl'HKSKSTATIOtlS
AKALÏSBJ. HBMMKIKKS 335
ia Diablepour sauver l'humanité à cet élémentchrétiense
seraient superposés une foule de traits, provenantde la
mythologiegermanique,qui auraient donné aux contesteur
figureparticulière.
L'intérêt principal de cette étude résideduusce que nous
dit l'auteur de l'absorptionde caractèresqui appartenaient
aux dieux de l'ancienue mythologiegermanique,daus la
figuremythiquedu Diableet qui fontde celle-ciunesortedo
synthèsedes attributs des divinitéspaïennes de Vutan,il
a héritéson caractèrede mattredo l'air et est deveuuaiusilo
conducteurde la chassesauvage c'estaussi par assinilatiou
ilce Dieuque le Diableest représenté comme uu chasseur
vert(et. l'épUhètegrOnjettedoVotan);à Ileimdull,à Lokisur-
tout,il a empruntéde nombreuxtraits c'est par sonassimi-
Intiouà la peraouue de Thor qu'il doit d'être représenté
commeportantun manteaurouge,commeayantdes piedsde
bouc(le boue: auimaldeThorjet commedégageantuneodeur
sulfureuse.Maisil n'a pas seulementpris des caractèresaux
grands dieux du panthéon germaniques des Géantsil a
héritéla stupiditéet c'està cette ressemblanceaveclesGéants
qu'il doitde jouer dansle cyclelégendairequi nousoccupele
mêmerôle que jouentlesJarttesdans la mythologiescandi-
uave.
Lelivrede M. Wiiuschone manquepas d'intérêt,maisplu-
sieursde seshypothèsesnoussemblentbien fragiles.

II. Bkuciut

F. E SANDBA.CU. – The herolc Saga-Cycle of Dietrlch


ofBern. PopularStudiesiu Mythology,Romanceand Fol-
klore.Loudon,D.Nutt,1906,p.G8in-«°.

Beaucoupde ces PopulurStudiessont d'excellentesétudes,


ou règne une érudition très saine, mais qui risquentd'être
populairesparcequ'ellessontclaireset courtes.Telestle pré-
sent ouvrage.
Dietrichde Beru, c'est Théodoricle Grand, roides Ostro-
gothsqui régnasur Vérone(Bern).Il est devenu,très pou de
tempsaprès sa mort, le hérosde légendespangermauiques,
commeSigurd.Théodoricn'eut pasta fortunelittérairede ce
dernier.Maisnéanmoinssa figuretint une grandeplacedans
la tradition.
330 i/annék socioLoiiiove. isos-iiKm

On a voulu que le Dietrtch de la légende n'ait de commuu


que te nom avecle Théodoric de l'histoire. M. Saudbach n'est
pas de cet avis. L'exil de Dietrich, c'est l'espace de la vie de
Théodoric qui s'écoule outre sondépart de Coustantinople ou
il fut élevé et son arrivée eu Italie. Son séjour à la cour
d'Attila répond aux relations politiques des Ostrogoths et des
Huns, et la guerre contre Odoacrea fourni le thème des com-
bats livrés par Dietrich pour reconquérir son héritage.
L'extermination des Ostrogoths rendit saus doute plustiisée
la transformation de l'histoire eu légende héroïque. Celle-ci
prit racine chez leurs voisius les Alamaus. La légende oublia
Constantinople. confondit l'ancienne Rome avec la nouvelle;
Théodoric, roi d'Italie, était partid'Italie;Odoacre fut remplacé
par Ermanaric, un ancien roi des Ostrogoths dont la légenda,
en raison des traits mythiques qui s'y glissaient, était popu-
taire. C'était le type du roi cruel, vindicatif et sans scrupule.
On lui opposa à plaisir le généreux Théodoric. fis devinrent
parents et contemporains. Puis la légende se gouda de tous
les motifs possibles de hauts faits héroïques et s'associa par
diverses ramifications aux autres cycles de même espèce, par-
ticulièrement a celui de Sigurd.
L'auteur expose cette histoire dans l'ordre des documents,
mais l'ordre des documents répoud à la suite logique de l'évo-
lution d'un pareil cycle.
H. H.

H. SCHÏ'CK. – Studier 1 Yngllngatal. Cpsnia, Akade


niiska boktryckeriet, 1900,i brochiu-S°aipagination conli-
nue 1-84et 55-90. {Mtulexmrl' YwjUngalal).
De ces deux brochures, nous ne retiendrons la première
qui a uu caractère spécialement philologique. La seconde
traite des strophes de VYnijlingitlalqui concernent le roi
mythique Agne. L'auteur y suit la môme méthode que dans
les Éludes mrl'histoire île lu religion nmroUe, analysées dans
lMni«fe(t906, p. 296). L'interprétation strictement philologi-
que du poème de Thiodolf amène à trouver dans la légende
«l'Agnele souvenir d'un rituel sacrificiel, propre à la tribu ger-
manique des.iijwr, branche deramphiclyonie des Lugii, men-
tionnés dans la Germaniade Tacite. Une victime humaine riche-
ment ornée est pendue avec une chaîne d'or par une prétresse
(ou un meerdos muliebri ornatu). Le nom du dieu sacrifié a du
AKALYSM. MPBÊSMTATMMft RBLIBIBUSB8 39T
wr dans
iiana une
~rnn ~ttt~~hA ~– ~f–t
figurer strophe perdue. Snorrl, rie comprenant plus
certaines expressions du vieux poème, a construit sur m
coDtreseus toute une légende.
J. Poirot.

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légende [Sage] localisée; le mythe est purement religieux).
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par Ter-
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tint?
nous avons sur les anciennes philosophie grecque», inspiré
par
K. llaird. 'Hicrroliitiou nfTliriilinji/, clo ).
340 l'ANNKBSOCIOI.OUIQl'B.
1B05-I900

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p. !>i!i-!>32
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ment. I. Lukas der Arzt, der Verfasser des drittea Bvange-
UumsundderApostelgesohiebte. Leipzig,J. c. Hinricha,«900,
VI-100|i..in-8°.
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fnswliclier
Weisecrorlcrt Slullfjart, I).(ïundcrt,1000.334p.,in-8°.
V.Il M.HITCHCOCK. – The Confession» ol 8t. Patrick, tournai
uf thcotogiuil «et. 1000,p. 91-95.
Studicx,

X.r- M* SOCIÉTÉS LBURMO1UI.I;


BBMlilKUSKS,
KT LKUHOUUANISATION
l'ai-.MM.
OKKkugb,Hidbiitol AUi'ss.

R.-H. PARKEH. China and Religion. Loiuh-os,Miurny,


l905,XXViH-2l8p., iu-8».
L'étnrte dit rapport entre les religions ot lit société est un
des problèmeseociologiques quo la pratique politique de nos
jours rendrait peut être le plus urgent et dont pourtant la
science des religions n'a pus encore tenté de s'emparer. A
part lu théoriegénérale de la confusion primitive dos phéno-
mènes religieux et des phénomènes politiques et juridiques,
et de leur dilÏÏTeneiatioi)progressive, nous n'avons encore
aucune précisionà substituer aux polémiques des théologiens
et des partis. Pourtant, de tous cotes, les documents arrivent,
sur le christianisme, sur l'Islam, sur les civilisations occiden-
tales, sur lescivilisations orieutulcs les uns précis, statisti-
ques, les autresmoins complets, historiques; d'autres encore
à peine dégrossis d'autres enfin encore généraux, mais pour-
tant très utiles. Fonction morale et politique de ta religion
tonctiounement de la religion dans la société, voilà le double
aspect sous lequel la physiologie sociale est appelée à étudier
cette question sous peu, espérons-le.
Après le grand débat institué ces dernières années sur ta
tolérance religieusedes Chinois, le livre de M. Parker vient à
son heure, pour les orientalistes et pour les sociologues. Car,
a vrai dire, le heurt des opinions des sinologues laissait les
profanes intéressésmais perplexes. Il était temps qu'un aperçu
d'ensemble, assezobjectif, fut donné, M. Parker, sinologue de
vieille roche, a tentédemettre la question au point. Son résumé
de l'histoire des religions les plus diverses qui ont fonctionné
en Chine est utile, par sa rapidité même, par sa modestie de
manuel il est suffisamment complot. Or, comme l'auteur le
ANUYSKtt. f,K» SQClMs RBUQ1KUSKS 34».
..e avec
.re~ ~"I. ~e.
remarque rnwon.litlilmiefournit un -.1.&_1_- .J.
répertoirede» m»
politico-religieux les plus remarquables,où l'an peut suivre'
à peu prés toutesles grandes religions du mondeoccidental
et du mondeorientalsur un espace, soigneusementdaté et
repéréde plus de 2600nus (M.Parker dit 8000avecquolquo
exagération). C'est donc une utile contributionque noos:
avonsicià notreproblème.
Unautre méritedu livreestde rompre aprèsd'autres,mais-
c'est ici uu livreélémentaire,avec la vieilletraditionscien-
tifiquede l'isolementet de (encroûtement des clvilisutions'
orientales. La Chinea non seulementou sa religion natio-
nale, bâtie sur le fond dos religions do ses anciennespopu-
lations; non seulementelle a eu sa métaphysiquemurale
(II),(M. l'arkor nous donne en appendice une intéressante
traduction,quiparattsaino,du TaoteKing),sa moralerituelle*
de Contactas(W>;elle n'a pas été seulementun empireou le
bouddhismeeutson histoirela plus tragique et lu ptus mou*
vementée(IV),ellea encoreconuu le mazdéismeet l'a abrité
jusquedans sescapitalesd "alors,puis le christianismeuesto-
rien l 'Islamaeuchezelle desvicissitudestrèsamples;lesoom-
munautésjuivesonteu uue destinéecurieuse,qui vientseule-
mentdese clore et. depuis trois sièclesle catholicisme,(IV),
le protestantismedepuis le dernier (V) ont passé par des
phasesassez célèbrespour qu'it ait été assezintéressantde1
signalerà proposd'ellesautre chose que le point de vue de»
missionnairesetdesdiplomates.
Deuxobservationsdominentle livre de M.Parker.P'abord'
les religions,mêmecellesqui n'ont pas réussi, qui n'étaient
paschinoisesd'origine,non seulementont du toujourss'effor-
corde traduire leurscroyances,maisencoreont dû tâcher de
serapprocherdes mœurschinoises,qui formaientpourainsi
dire un noyaud'attraction,Ilien de plus curieux à cet égard
que les vieillesinscriptionsjuives et nestoriennes.Ensuite
lesreligions,entant qu'affairesde «conscience»,onttoujours-
été laisséeslibresonChine;ce n'estquequand elles outété dan-
gereusespour l'Étatqu'ellesont été persécutéesouannihiléesÍ
toutetentativede cléricalisme,mômeCoufucienneou taoïste,
a toujourséchouéfinalement;et toute tentativede constituer,
à la faveur d'une religion,un État dans l'État a également
soulevéla force impérialeot l'opinion publique.Au fond,
l'institutionmoralede la familleet dugouvernement patriar-
calde l'Empereursembleêtre l'essencede la sociétéchinoiser
344 l'année sociotouiyUB. l'JO5-l806

celle-cibrisece qui est contraire à soit principe.Les phéno-


mènesmorauxet politiquespriment donceu Chine les phé-
nomènesreligieux,dès une très limiteantiquité, et ceux-ci
doiventse conformerà ceux-là.
Les deux thèsesde M.Parker, seinbleut, ti nous profane,
justes en gros. Reste le détail. Peut-être sou résuméest-il
pourtanttrop sommaire ainsi il n'est pasquestiondesthèses
bouddhiques.l'eut-ètre est-il insuffisammentau courantdes
dernièresdécouvertes celles-ciont mis à jour, en Asieceu-
traie, une civilisationaujourd'huidisparue, maisoù, comme
eu un foyer,couvaientles religions destinéesplus tard à
rayonnersur la Chine.Peut-êtreM.D. accepte-t-iltrop facile-
ment les hypothèseshasardeusesconcernantJe mazdéisme,
commeparexemplele rapprochementdéjà anciendes mages
marchantà TÉtoiledu Sauveuravec l'attentemazdéeuuedu
SamhifatU (futursauveur).Néanmoins,le livreparaîtsuffisam-
mentsur pour un livre en sommede vulgarisation.
MM.

E. DIGUET. Les Annamites. SoeMé coutume;religion.


Paris, A. Challamel,1906,p. 397,in-8«.
LecolonelDigueta vécuparmi les Auuamites.Ils'intéresse
à leurcivilisation.Il a bien vuce qu'il a observéet il le décrit
bien, d'uu styleagréableà lire.
Destrois partiesde ce livrela troisième,où l'auteur traite
des idéesreligieusesdes Annamites,est de beaucoupla plus
importante.Ausurplus, la religionu'y est pasexclusivement
confluéecar elle envahit toute la vie sociale.La vie de la
familletourneautourdu culte des ancêtres.
Dansla religiondes Annamites, il faut distinguerquatre
systèmesreligieux le bouddhisme,le taoïsme,le confu-
cianismeet la religiondomestique.Le confucianismecom-
prend,outre le culte du ciel et de la terre dont l'Empereur
est le prêtrespécial,celuid'uneinduitedesaintset de démons
qui sont hiérarchisésà l'image de la sociétéhumaine.C'est
déjà un systèmereligieux éminemmentcompréhensif.D'ail-
leurs, les quatre religionssont intimementmêlées les unes
aux autres. Leursdieux sont associés.Elles coexistentdans
une parfaiteégalité, à cette différenceprès que le confucia-
nismeest proprementla religionofficielle,dontles ministres
sont les fonctionnairesde l'État,tandis que le taoïsmevoisine
– US SOCIÉTÉS
ASAtVjtES. ItKLIUIRBSgS 34$
avecla sorcellerie.Plus»exactement, lesprôlresdu taoïsmefont
fonctiondesorciers.Lasorcellerieest parfaitementconnueet
défenduepar la loi annamite.LecolonelDiguets'enest servi
contre les prêtres taoïstes.Ce sont des Rhamunesà extases,
qui sont prêts a toutes les besognesmystiquesfrauduleuses
ou secondaires,et ils recueillentl'estimequ'ils méritent.
L'uniondeces quatre systèmesreligiouxformeun système
composite,dont le dernier chapitre, où l'auteur nousdécrit
quelquespagodesen joignantà la descriptionune noticesur
le culte qui s'y rend et les légendesqui s'y rattachent,donne
une idée assezjuste. Cottereligion consistedans le cultede
génieslocaux. Cesgénies sont des héros, c'esl-à-direqu'ils
noussont donnéscommedes personnageshistoriquesayant
eu deleur vivantdes méritesexceptionnelsqui assurentau
lieude ta sépulture des qualités précieuses. Génieset lieras
montent dans la hiérarchie des puissancesdivinesdans la
mesureoù le renomde leur vertu dépassele cantonde leur
origine. Ilssont susceptiblesde divers degrésde consécration
officielle.La religion des Annamites fournirait des docu-
mentsde tout premierordrepour une étudesur les grandeurs
relativesdesesprits, sur lesrapportsde cesgrandeursavecles
autres grandeurssociales,sur les démouset sur la naturede
la personnalitédes démons.Pours'orienter dans de pareilles
recherches,la lecture de ce livre serait d'uu utile secours.
On y trouveégalementd'intéressantesnotessur les fêtes.
Lecalendrierdesfêtes montre la parfaite unificationdu sys-
tèmereligieux.
Le coté faible du livre, c'est ta classificationdes faits. Le
chapitre sur les caractèresde l'individu comprendles para-
graphesrelatifsauxindustrieset à la langue. Sousla rubrique
Famillenoustrouvonscequiembrassele vêtementet l'agricul-
ture. Ne soyons pas trop pointilleux. Nous no reprochons
pas davantage à l'auteur d'avoir comparé exclusivement
l'organisationfamilialedes Annamitesà celle quenousdécrit
la « Cité antique» doFustelde Coulanges.
II. II.

W. OTTO. – Priester und Tempel im Hellenistlsenen


Mgypten. Ein Beitr.j. finit urgeschickte desllellenwmm.
I, Bd. Leipzig,Berlin,Toubner,1905.p. XlV-418,in-8".
Distinctiondu culte grec et du culte égyptienexistantcote
P' -T>

340 *905-<W
t'ANNÉBSOGIOtODIQCK.

à côte. Importance, du côté grec, dit culte des héros fondateurs.


d'Alexandre et de Maternée en particulier les prêtres grecs
et leurs temples ne formant ni un système cultuel, ni un
clergé, tandis que temples et prêtres égyptiens forment l'un et
l'autre. Hiérarchie sacerdotale, conseils tribaux des tem-
ples, etc.
M. M.

S. SCH1W1ETZ. – Das morgenlandlsche Mônchtum


Erster Band. Des Ascetentnm der dret eraten chriat-
Uohen. Jahrhunderte und das egyptlsche Mônchtum
imvierten Jahrhundert. Mainz,Kirchheim, 190'»,p. VIII-
382, in-8°.
Cet ouvrage est au fond une justification du monachisme
chrétien, écrite au point de vue catholique. La tendance apolo-
gétique se manifeste d'abord pour ce qui concerne ses origines.
L'auteur cherche à le faire dériver, par voie de développement
logique, de l'ascétisme qui apparaît dès le début du Christia-
nisme, sous forme d'abstinence, de chasteté et de pauvreté.
Cet ascétisme primitif se distingue de celui qu'on constate
dans le paganisme contemporain eu ce qu'il n'est pas une
sorte de but en soi, mais un moyen de réaliser un idéal de
perfection supérieure à celui de lit généralité des lidèles. II
dillère aussi du monachisme parce qu'il reste le (ait d'indi-
vidus isolés et n'est le plus souvent que partiellement prati-
que. Le vti'ii de chasteté, en particulier, n'existe pas pour le»
hommes.
Cette première partie du travail de M. Schiwietz appellerait
déjà biendes réserves. Son exégèseest tendancieuse, et surtout
il ne paratt pas avoir tenu suflisamment compte de lu croyance
à la tin prochaine du monde universellement répandue dans
l'Église primitive, ni de l'influence qu exercèrent sur elle par
la suite les doctriues philosophiques uéo-plutoniciennes et
pythagoriciennes. Le gnosticisme du second siècle favorisa
certainement le développement de l'ascétisme.
M. S. s'efforceensuite de retracer l'histoire du monachisme
égyptien et d'expliquer comment en partant de la vie érémé-
tique, il aboutit au monastère proprement dit. La crainte de
la persécution pousse les Chrétiens il fuir les villes à s'établir
dans les contrées inhabitées. Antoine, dans la Thébaide est
initiateur d'un mouvement qui los pousse à se grouper. Stt

ANALWBS. US SOCIÉTÉS
lt8MUt8U»K$ 3*7
_a.iIII.l~L.d'
personnalité attire autour de lui los anachorètes jusque-là
isolé». En dounttnt à leur activité uu but charitable, il les
empêche de rompre définitivement avec la société, et, par
sa soumission absolue à ta hiérarchie, il rétablit dans une
certaine mesure loue union avec l'tëglisfi. Dan» les déserts
nitrique et skétique. A.mon,Macaiie, etc., fondent ou orga-
niscutde la môme manière de véritables colonies d'ermites et
préparent ainsi l'œuvre de l'akhome.
Celui-ci créele premier, au début du 4» siècle, ù Tabeune,
l'hbôoti, etc., des monastères. 11 impose aux ascètes la
cohabitation et fixe par une règle leur travail, ieurs exer-
cices religieux, leurs rapports ontro eux et avec ieurs
supé.
rieurs.
Au point de vue critique on pourrait reprocher ù M. S. la
jiitrl qu'il fait à la légende. Sou travail marque une réaction
importante contre les conclusions de M. Amélineau. Au point
'le vue historique et sociologique, son exposé de l'évolution
du mouachismo égyptien parlit vraiment trop simple. Dans
la recrudescence de l'ascétisme au sein des élises chrétiennes,
il va plus que la crainte de la persécution. L'exodedesanacho-
rèt«8est une protestation contre l'idenlilication progressive
de la société religieuse et de la société laïque. Il répond à un
besoin do consécration si absolue qu'ello eut raine nécessaire-
tuent la séparation d'avec lo groupe.
Quant aux colonies d'ermites et même aux monastères, il
semble qu'on uo doive pas attribuer leur formation eu Égyplo
seulement à l'influence de certaines personnalités. On sait que
que l'on a voulu trouver des modèles aux couvents de la Thé-
baïde dans le culte de Sérapis.
Dans sa troisième partie, enfin, At. S. trace un tableau du
monarchisme égyptien au vr sièclo, et le défend énergique-
ment contre toutes les accusations dont il a été l'objet.

l'iiiLifci:iik Fkuck.

A. WBRMINGHOFF. – Geschichte der Klrehenverfas-


sung Deutsohlanâs im Mlttelalter. Rester Itniid.
Hahu, Hannoveru. Leipzig 190», VII 301 p., in 8».
M. W. a assuméla tache difficile d'écrire un manuelsur l'un
des problèmes les plus compliqués et les plus important do
l'histoire ecclésiatiquc. Uue grande clarté dans l'exposition,
3(8 1903*19(16
(-'ANNÉE SOCIOGOQIQUB.

une documentationabondanteet des notes bibliographiques


très complètesfontde son livre un excellent instrument de
travail.
Lesujetproprementdit est simplementabordédansce pre-
miervolume,qui ne comprendpasencoretout ce qui concerne
l'organisationde l'Égliseen Allemagnedu x° au xv* siècle.
Maisl'auteur a tenu, pour mieuxexpliquer l'enchaînement
des faits,à reprendreles questionsdepuis le début du Chris-
tianisme.11commencepar esquisserrapidementl'histoire des
originesde l'épiscopat, des sièges métropolitains et de la
papauté.Il montreensuitecommentl'Église,d'abord suspecte
au pouvoircivilet persécutéepar lui, finit par s'identifierpeu
ù peu avecl'empire romain.Lasouverainetépolitique et la
souverainetéreligieuse viennents'unir et se confondredans
la personnede l'empereur,Maisà mesure que son autorité
s'amoîiidritet que ses territoiresse désagrègent,le pouvoir
des évoquesgranditet les papes,à Rome, s'efforcentde main-
tenir à leur profit les prérogativesimpériales. Les invasions
des barbareset la formationd'états dont les chefs sont en
généralpaïensou hérétiques mettentbientôt uu terme aux
progrèsdeleur puissance.
La conversionde Clovisau catholicismeamène la constitu-
tion, chezles Francs, d'uue églisenationale, qui reconnaît
l'autoritémoraleet religieusedespapcfe,maisne relèvedirec-
tementque du roi. Cettesituationse maintientet s'affermità
la suitede l'avènementdes Carolingiens.Commel'empereur
romain, Charlemagne,devenu empereur d'Occident est le
maîtrede l'Église.
Mais,de nouveau, les divisionspolitiques affaiblissentle
pouvoiret donnentà la papautél'occasionde reprendre ses
anciennesprétentions.Restantla seule puissance vraiment
internationale,elle proclamesa supériorité sur lesautres et
sondroitdedominerspécialementsurlessouverainsallemands
qui reçoiventd'ellela couronneimpériale.Lacélèbrequerelle
desinvestituresmarque une phaseaiguë de ce conflit.M.W.
relèveencorele rôle quejouentdansl'empireles hautsdigni-
tairesde l'Église,et en général,l'étroiteassociationqui existe
en Allemagneentre le pouvoirpolitique et le pouvoir reli-
gieux.
P. de F.

ANALVHES. LES SOtitKTÉS RBUtilRUStSl! 349

Vokdeh (JOLTZ. Der Dtenst der Fraa in der Christ-


liohen Kirohe. PolscJam, StUtungsverlag, 1908, p. IX-
tio lo-a*.
La première partie de cet ouvrage est un exposé
historique
assez complet des œuvres de la charité fémininedans
l'Église
chrétienne, a travers les siècles. Dans la seconde, purement
documentaire, l'auteur a réuni les extraits des principaux
textes concernant lo rôle et l'activité des femmes dans- le
domaine de la charité.
P.DB
FftUCB.
M.LOI1H. SoziaUsœusund Individualisons in Alten Testa-
ment. 1kiheflei.7Mhr[lf.d.altesl. Wimnehaft.X.Gicgaen, A.To-
pelmann »9OO. (Essai pour établir lu ptirt du groupeet celle
de l'individu dans la vie morale et religieuse du peuple
d'ifiraC'l.L'auteur conclutà une ôvelution qui vit du collectif»
a
l'individuel).
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217p. in-8"(Thèse d'Ilelsiuglors).
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TROISIEME SECTION

SOClOLOdlK MOHALB ET JURIDIQUE

{Étudedes règlesjuridiqueset moralesconsidéréesdansleurgenèse).

I. MÉHIODOLOUIK
l'tirMM.DlKKIItlM
cl F.UCOSNKT.

FOUILLÉE (Auras»). Les Eléments sociologiques de la


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BELOT (Gi-staveI. En quête d'une morale positive.


Hernielie Mélaphytiqueet (le Momie, janv. 1908, p. 39-74;
juillet, p. 661-588 sept. p. 727-703; mars 1906, p. 165-1913
LANDRY(AnoLPiiK). – Principes de morale rationnelle.
Paris, Alcan, 1900,p. X-278, in-8\
La morale est à l'ordre du jour. Depuis quelque temps, on
voit se multiplier les essais les plus variés sur ce que doit
être la spéculation sur les choses morales. A cette question.
chacun des auteurs dont on vient de lire les noms apporte sa
solution personnelle chacun entend fonder la morale à sa
`
façon. Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu d'exposer ici et de
discuter de près ces différentes conceptions car, par ce
qu'elles ont de positif, elles intéressent plus le philosophe
que le sociologue. Ces trois écrivains sont, en edet, des philo-
sophes et leur objet est même de disputer à la sociologie
l'étude des faits moraux. Mais, pour cette raison, ils sont
amenés à discuter la méthode que nous suivons ici et les
idées dont nous nous inspirons. Leurs critiques, qui tiennent
d'ailleurs dans leurs travaux une place importante, ne sau-
raient donc nous laisser indifférents; nous allons tâcherde les
reproduire le plus impartialement possible et d'y répondre.
Tout d'abord, il n'est pas sans intérêt d'en remarquer le
caractère tout formel. Tous ces auteurs traitent de la méthode
A.NAI.VSKS.– UKTIIODOLOUIB 359
tant sur ce truisme la méthode uous
que repose que prati.
quons.
E. D.

Ci. MAZZARELLÀ.– Die neuen Methoden der ethnolo-


gischen Jurtsprudeaz. Arehit fiir Anthropologie.
L'auteur pense, – et nous sommes tout à (ail d'accord
avec lui sur ce point, – que l'ethnologie juridique ne doit
plus se contenter des parallèles auxquels se sont complus les
premiers représentants da notre science. Klle doit poser des
problèmes précis et étroits et faire usage do méthodes rigou-
reuses. C'est l'ensemblo des procèdes méthodologiques
que
M. Aiazzarellaa adoptes pour ses recherches personnelles
qu'il nous (ait connaître daus cet article. Un grand nombre
sont excellents; si nous ne les signalons pas, c'est qu'ils se
ramènent au fond aux régies essentielles da la critique et de
la méthode d'interprétation historiques. D'autres sont
peut-
être moins surs, ou formulés d'uue façon moins satisfaisante,
mais ils témoignent ait moins des efforts très intéressants que
fait M. Mazzarella pour définir les diillcullés et écarter les
solutions arbitraires. Ces efforts sont ta chose essentielle
seuls les résultats permettront de juger de la fécondité de nos
méthodes.
Le trait caractéristique de la méthode de M. Mazzarella, ce
qu'il revendique comme particulièrement original, c'est le
principe de cc qu'il appelle Vunutyseslraligruphù/iw. Nous
l'avons déjà indiqué ici (,!«»..Soc, t. VII, p. 408/. Tous les
systèmes juridiques ressortissent à deux types schématiques
fondamentaux, le type gentilice et le type féodal. Ce qui les
distingue, c'est l'absence ou la présence de classes hiérar-
chisées. Des types mixtes résultent de la combinaison de deux
types fondamentaux on les désigne eu faisant suivre le nom
du type fondamental prépondérant de celui du type accessoire
allecté d'un cwiMcieal (eoellkientedieoncomitaiizadel lipo con-
formité). L'analyse stratigraphique consiste alors à rapporter
chaque système juridique, et pour cela chaque institution ou
chaque élément d'une institution, au type auquel il est lié
par un rapport nécessaire de coexistence. Et c'est de ce môme
principe que découle l'explication génétique des institutions
étudiées.
Constituer des types d'institutions, les classer, déterminer
K. IKiikiieim. Année soriol., 19IK-I900. g{
370 I.SNXKK SOCIOtOCIQt'B. 4UVM9VD

des relations du coexistence entre eux, c'est exactement la


tàelie que nous assignons à la sociologie. Mais nous croyons
que rcllinulugie juridique, comme l'anthropologie religieuse,
nu peut s'aequiUer de cette tftehe. tant quelle fitit usage de
notions communes,non préalablement, sou mmesil la critique,
connue s'il s'agissait de notions scienliliqueineut constituées
son travail est conduit par des prénotioiiBc/ui lit dominent a
sou iusu. Or, M. Mazzarella, quelque rntiiiirqtiahles que
soient ses précautions méthodiques si ou les compare il celles
de Post, ne nous parait pas s'être un seul instant préoccupé
de se mettre eu garde contre les prénolions. Les notions de
type gentiliee et de type féodal ont pcul-<>trede la valeur;
mais, tant qu'elles n'auront pas été scientifiquement élabo-
rées, rien ne nous autorisera ù y voir les notions fondamen-
tates d« toute classification juridique. M. Muy.r<trellu, qui a si
bien noté les raisons pour lesquelles une dassilicnlion géné-
rale des sociétés était au moins prématurée, ne semble pas
voir que ces raisons portent également contre une elassifica-
tiou des systèmes juridiques. La plus horrible confusion
règne (huis la nomenclature des groupes sociaux qu'un
appelle communément clans, fn'milks, hontes, génies, etc..
nous avons le droit de nous demander si M. Ma/.zarellu réus-
sirait à constituer, de façon satisfaisante. aucontact des(ails.
ce qu'il appelle le type gcutilice. – Indiquant les cadres dans
lesquels il dispo.seses descriptions morphologiques, il déchire
(pie tout système juridique est (orme de dix groupes Kîruud-
eoui[ilex"ir d'institutions, savoir I "Formes de l'association
2" Parenté; H" Mariage; -i" Puissance domestique; îi" Pro-
priété; <i"Obligations; 7" Droit successonil H"Organisation
politique; U' Droit pénal 10"Procédure. Nous croyons que
c'est une faute grave que de postuler que tout système juri-
dique rentrera clans ces cadres, manifestementempruntés aux
droits dont nous avons l'habitude. Une analyse morpholo-
gique dominée par ce postulat risque de laisser échapper la
partie la plus intéressantedes faits, celle que notre conscience
actuelle n'atteint pas sans efforts. – M. Mazzarella a souvent
soia de rappeler qu'il se place à un point de vue purement
juridique, qu'il s'agit d'institutions, de systèmes purement
juridiques: mais où trouve-t-il le critérium qui lui permet de
distinguer ce qui est juridique de ce qui ne l'est pas? Kst-il
bien sur que telle in-tuiiou juridique ici, n'est pas reli-
gieuse là? Bien entendu, uous ue liions pas la nécessité de
AX.UYSBS. – Mî UHOIT Kï l\ MOHAI.K gx (ilîXIilt.VI. :I71

définir et d'abstraire; ce sorait nier 1» possibilité du la


science .Maisnousiloriiiiudous i|m; la règle essentielle du la
méthode suit celle ({iii prescrit do se meltro en garde contre
les préuotious.

IIOËFPDi.Mi.– On tlio relatiou between Sociologyand Etkicu.


SucUifoijh-al
pa/iers, vul. H.|j. 17"i-|y;. ^timly-ol'ati ili-micr
connue iirlii'lo |>urnduiisVAmerieunJonnvtt o[ StKiulvuuS
CKill'i'AM(A.). – Filosofiadot diritto.Miliiiiu.ll.i'pli, l'JOiJ,
|i.:)*s.
in-18.

U. Mi IJROITliT U MOHALK
KNtSKNtlIM.
l'itr MM.
lliiiinir.v, Aviux,
l'tnmii,f.»iiK.I'uvuxxkt.
l)'i!x

F. BKilOLZlIKiMKIt. – System der Reohts-und Wlrts-


cUaftsphllosophie. 111.Haitd Pliilosojihiu des SUnites.
Miiuelien; Heck, 11*00.p. XI-378.
Ct' livre est le troisième d'une surit* sur la philosophie du
droit. Les première, parus Hiitêrieiireinciit, riiltai'liaiciit lis
id«cs poli(i((ues tl« railleur ù unu iihilosojihicitt' In i-onnais-
H'tiiioi.1.Cumule daim la plupart des ouvrages du induit*ui'iire
publiés en Allemagne, la Méthodeformelle et rléduelirt*y cède
la place à des procédés plu»scituililKjiios et réalistes, r/auteur
ne prétend pas dresser des principes et un idwil jurMiqurs,
liiaiseonnatlre le droit tel (ju'il ml.
1"L'auteur cherche d'abord ce qu'est l'État, ijiiellcs sont ses
origines, et que) est son rolt*. H écarte les délinitioiis par dos
lins morales ou par l'existence d'un groupeterritorial. l.'Khil.
se cfiractérisi- par sa fonction juri(li<|iii.>il cunsiste dnn< une
« dominalion juridique aututtom». » Cecaraclèi-i* formol
posé, l'auteur reconnaît que l'Ktat est, comme tout p-oupe-
meut social, unesource de forci1,ut que snurùlccoininua^oiit
île civilisation juslilit; sou pouvoir.
L'Ktat n'est pas établi sur un contrat, taci le ou exprimé.;
ni sur un acte de force sans caractère inoral. Ce n'est pas non
plus la volonté commune surgissant nu sein d'un or^anismn
social eu n'est fias le peuple qui fonde l'Ktat, mais l'Ktat qui
fonde l'unité d'un peuple. Kn (feux éléments iuter-
3Î3 l'axnkk suCKjLiiiilgL'K. |!)Q5>IW

viuuuent un élément réel et eu quelque sorte matériel, un


acte de force, et un élément idéal ou moral savoir t'uuUmlû
que la force revêt dans lu conscience îles hommes par suite
d'une illusion sur le caractère de cette force. L'État n'est
donc, établi que par l'adjonction, à une force sociale qui
s'alliniu} connue dominatrice, d'uu sentiment du droit. C'est
doue, eu fin de compte, il un élémeut préjurictique. à un élé-
meut mural que li. a recours pour expliquer lit fornmtiou de
l'État.t.
Cetteformation n'a pas été partout identique; des modes
divers de gouvernements ont existe, et chacun d'eux, répou.
danl à dus nécessités propres, se justifie pur su conformité
aux circonstances spéciales qui l'ont fait apparaître. Demême
les fonctions de l'État ne sont pas toujours identiques. Tantôt
il s'est attaché à garantir la domination d'une classe, taulôt il
a eu des fius 'religieuses, ou des < lins de civilisation », tantôt
enfin, comme aujourd'hui, il a des lius économiques. L'auteur
insiste partout, dans son ouvrage, sur la prépondérance des
intérêts économiques, sur l'importance politique de la divi-
sion des classes, sur la place que ces mêmes intérêts tiennent
dans les relations internationales.
•2"Le droit ne se confond pas avec la force. Kl l'auteur cri-
tique les théories de Spinoza, développées par nombre de
juristes Le droit est une force sans doute, mais
une force « idéale », et artificielle. C'est une manifestation
nécessaire de l'organisation sociale que la civilisation exige.
Sa fin étant l'ordre social, son caractère principat est d'être
un commandement suivi d'une sanction. Il est en rapport
étroit avec l'État: il ne lui est ni antérieur ni postérieur; il
naît avec l'État, et dérive de l'affirmation par la puissance qui
domine de l'autorité que celle-ci s'attribue. Cela permet à
l'auteur de distinguer les idées de droitet de devoir. Le droit,
dit-il, est une force à la fois réelle et idéale qui contraint et
limite les individus; l'éthique au contraire (conformément
à des analyses où se reconnaît l'inlhieuce indirecte et éloi-
gnée de Nietzsche.)l'éthique affranchit et accroît la puissance
d'expansion des individus.
Le droit peut être tantôt pur alors il ne prescrit
que des
ordres; telles les décisions de la puissance publique. Le droit
peut être aussi « fermenté moralement », c'est-à-dire impré-
gné d'idées morales alors il sert à définir et à garantir les
libertés
– I,K UHOITKT I.A MOIUf.RKS «ÉXfilUI.
ANALÏSK*. 3T3

Dansces analyses, rauteur évite do faire entrer la volonté


générale, ou l'opinion publique commel'explication (ïti droit
Il critique lu théorie du droit naturel en montrant qu'elle
repose sur une roneepUmi atomistique do la société. Maisun
peut se demander si l'autour n'a pas eu stnipk'iucnt, comme
tant de juristes nllcmnmls, le souci de justifier (tes tendances
absolutistes du goiivêrmeut impérial. C'est une impression
qu'ou éprouve eu maints endroits du livre. Toutes ses thèses
sur l'État, qui se rattachent plus ou moins tes unes a l'iiége--
lianisme. 1rsmitres a l'école historique de Suvlgiir, fout com-
prendre combien il nous est dillicile de nous dépouiller des
idées dn notre milieu, même dans une œuvrescientifique. A
l'iusu peut iHrede l'auteur, c'est la pensée allemande, c'est
le désir de justifier l'Elut allemand. «Wt l'intérêt allemand,
qui dominent sa pensée. L'effort pour écarter le peuple des
explications sociologiques est tel qu'on oublie presque eu
lisant qu'il s'agit d'individus agissants.
Les mêmes mobiles expliquent les critiques 1res vives qui!
rmilcur adresse au parlementarisme. Il moutroqiie ce régime,
ne se juslillerait que par le dogmedu droit naturel, qui est
faux, en lait et tlièoriqueiiient. Le peuple, ou plutôt la majo-
rité, ne possèdepas la Souveraineté. Celle-ciest une propriété
de l'État. Mais <l;ms l'État, il petit y avoir des intérêts diver-
gents, (tes partis rivaux or il peut être bon que certains
intérêts soient garantis contre d'autres. C'est le cas de uos
jours en ce qui concerne les garanties de la majorité contre
les classes dirigeantes. Le Parlement est un organe spécial de
l'État, dont la fonction est de représenter les intérêts de la
majorité. Mais il n'est pas, par lui-même, ftlal souverain. Ses
membres sont des fonctionnaires chargé* d'un service parti-
culier dans l'État. Ils ne s'élèvent pas, ni par la force juri-
rique, ni par la force morale, au-dessus d'autres représentants'
de l'État.
Les derniers chapitres montrent l'utilité qu'il y aurait
a ce que les divisions politiques fussent remplacées par des
divisions économiques, et l'importance croissante que les
interdis économiques prennent pour l'Allemagne moderne.Sa
politique extérieure est et doit être dominée de plus en plus
par le souci de ces intérêts.
H.H.
3~ii I-'AXXKK l'jQS-WOG
SuWOLoGIQl-K

K. H. ItfKKMNtt. – Juristische ïvlnziplenlehre, il|. Bil.


Tiihiiipeii..Mohr, iy«3, |>. VIII-:wlin-M".
Ce volume, le troisième tl'un gniud ouvrage sur lu Philoso-
phie du droit qui en comprendra quatre, forme un tout rela-
tivetm.Mit indépendant. M traite de la et de la
réaflinnation du droit .Storuiig uiid HuwtihriiHgdos Heclitst,
du l'acte et de sa •-aneljoit. La plus grande par-
tieihi livre est une analyse de et de cliacuu
de sis éléments, pur exemple de 1mnotion de faute. – Nous
avons déjà, à diverses reprises,
rendu compte<iiilivres cou-
Vus daus le nicine esprit. Kut;inl qu'il* e^ayeut de systéma-
tiser lofîi([tiemeiit des concepts juridiques, i-i^ livres n'ont
évidemment rien à voir avec les étudis que nous poursuivons
ici: mais ils peuvent servir de documents sur la muni ère
dont la
penséerélK»:liie se reprirent!; le droit eu vigueur; ils
sont, les faits juridiques, les inslilutions quelu sociologie
prend jwur olijel. à peu près dans k même nippon tjue les
livre.sdes théologiens avec tes faits religieux.
il. F.

HE I-A (iB.VSSKIUK(Haoi-l). Les prluoipes sociolo-


ft-iques du Droit eivil, Paris, 15)00,p. 432, iu-8\
I. 'auteurse propre, par l'observation du droit civilexistant.
par sa comparaison avec les droits anciens ou voisins, de
dégager pur induction les principesqu'il contient.
La première partie de l'ouvrage .sociologie statique, est
l'élude des principes du droit tel qu'il est il
notre époque
chez les dillérents peuples. Pour l'éclairer el le
comprendre,
l'auteur fait cependant, même daus celle première
partie, de
nombreux rapprochements avec le droit ancien.H trouve que
les éléments du droit sont de trois sortes
liinlojçiqitRs.c'est
à-dire « résultant de la nature physique munie de l'homme
ou (les autres êtres, eu dehors de toute volonté individuelle
et de toute immixtion sociale »,
psychologiques, c'est-à-dire
« résultant de la volonté el du consentement.),
sociologiques,
c'esl-ù dire « résultant de l'intervcntiou de lusociété dans un
iutérël social,), Ces trois éléments << eu doses diverses » se
retrouvent partout dans le droit civil M. de la 0. montre
leur pari respective dans les lois relatives à la formation d'un
ANAI.V.SES.– I,K IMW1T fc-NISBXÉKAL 3ÎS5
KTLA MOHAI.K

lieu civil et aux contrats eu général, au mariage, n la filiation,


aux successions, donations et testaments, à la propriété, à la
publicité, dan» ht procédure civile, dans ludroit privé autre
que le droit civil, dans le droit.iuteniiiliouai prive. Cette,étude
contient beaucoup de vues intéressantes, mais on ne peut
dire qu'elle dégage tes principes et l'explication du droit
civil. On ne voit pas bien dans quel sens l'auteur entend qu'ili)
y u dans lu droit civil îles éléments « biologiques » uu « psy-
chologiques ». Par exemple, la filiation naturelle, dit-il, est
purement biologique. Soit tuais en tant que (ail biologique,
elle n'a rien à faire avec le droit civil et il est évidentqu'au-
cune considération biologique ne peut expliquer les règles
relatives à la famille naturelle. Knréalité, toute règle juridique
est un fait social; chaque catégorie de règles, par exemple
celles qui concernent l'organisation de la famille légitime ou
du la famille naturelle, ne peut s'expliquer que par une étude
sociologique très complexe, qui montrerait d'ailleurs que la
considération de« 1 intérêt social » (page 10) est loin d'être
toujours la cause déterminante de ces règles.
Dans la deuxième partie t sociologiedynamique/, l'auteur
suit la méthode suivante « poser d'abord les fois sociolo-
giques découvertes, pour qu'elles jettent préliminairenieul
leur clarté sur l'ensemble, puis, à teur lumière, présenter la
syuthèse de teur réalisation chez quelques-uns des peuples
les plus remarquables au point de vue juridique. » La loi la
plus générale qui exprime la direction du mouvement juri-
dique, c'est que «révolution suit une ligne spiroïdale, comme
l'a découvert Vico» M. de la G. lu montre en considérant
sous 28 points de vue dtlléreuls l'évolution du droit civil i
mouvement du droit coutumier (ce paragraphe contient des
vues particulièrement intéressantes) nu droit impératif et au
droit jurisprudenliel, du droit oral au droit écrit et au droit
codifié, etc. Aprèsavoir été étudié dans sa direction, le mou-
vement juridique est étudie « dans son intensité. », avec ses
arrêts, ses oscillations, ses regrès, ses recommencements, ses
accélérations.
La troisième partie do l'ouvrage montre coin meut, après
avoir découvert « les principes sociologiques absolus ou évo-
lutifs Mdu droit civil, ou pourrait ou tirer parti « eu créant. ou
en réformant les luis en conformité avec eux ». C'est la
« sociologie civile appliquée », c'est-à-dire « la science et
l'art de la législation civile ». L'auteur y indique d'une
370 f.'A.NSlèfi 1905-1900
SOCIOLOGIQUE

manière très générale to sens dans lequel il conviendrait


d'orienterlu législationactuelle.
A. A.

it. 1HANCII1.– Le Aggregazioni umane e tl fenomeno


glurldleo. (Les groupements humains et le phénomène
juridique). Messine, A- Triinurchi, 1905, p. 173.
Ce petit livre, d'ailleurs intéressant, a le définit d'aborder,
en quelques pages, les problèmes les plus divers et du criti-
quer sommairement un très grand nombre de doctrines, sans
que les idées propres de l'auteur, et même le dessein princi-
pai ou lu raison d'être de l'œuvre apparaissent avec uettelé. –
Ditus une première partie consacrée aux « Groupements
humain» », M. B étudie en trois chapitres r f.c concept de
fuit social et de sociologie il soutient que l:i matière propre
de la sociologie, ce n'est ni l'humanité dans son ensemble, ni
l'individu isolé et abstrait, mais le groupe qu'elle doit se
définir, iiiiii pus par des caractères uniquement objectifs,
comme l'imitation de Tarde (est-ce bien un caractère tout ob-
jectif?) ou la contrainte de M. Uurkheiin, mais eu même temps
par un trait subjectif, la «conscience du groupe ». qui s'élargit
plus tard en solidarité enfin, que la sociologie doit être con-
çue comme une science complexe, comprenant à la fois une
description des groupes, uue morphologie sociale, une psy.
chologie sociale, enfin une sociologie générale qui «étudiera
la cause, le développement, les fois de la sociabilité en géné-
ral » i'p. 30 i.– 2° Quel mode d'explication comporte le fait
social Ce ne peut être que la psychologie sociale appuyée sur
l'histoire. – 8* Comment classer les types sociaux Couc
sera ni d'après leur degré d'organisation, comme le fait Spen-
cer, ni en partant d'un groupe élémentaire conçu comme
absolument simple. ;'t la manière de M. Durkheim, – mais
d'après la variété et la complexité des phénomènes sociaux
qui s'y rencontrent c'est le point de vue de De Greef, et
d'Asluraro, en Italie « Quand la sociologiedescriptive nous
aura informés des fonctions qui s'accomplissent dans un
agrégat donné, ainsi que du degré deces fonctions, ou pourra,
par un travail de comparaison, lui assigner sa place dans la
série, des types sociaux » (p. 80i. Ce chapitre est le pins inté-
ressant de l'ouvrage.
La 3"partie reste beaucoup plus vague. On y étudie: 1° les
ANALYSE. – LK DROIT ET I.A MOH.U.KKN UÈNBIUI. 377

formes juridiques coutumes, mœurs et lois; 2" le sentiment


juridique, où so manifeste, selon M. B., l'acMouetl» réaction
réciproques de l'individu et de la collectivité, et qui apparaît
tour tour et progressivement, d'abord comme besoin égoïste
d'être protêt ou vengé; puis, dan» se» phases altruistes,
comme instinct de coercition exercé» sur autrui au nom des
ancêtres, ou do la divinité, ou de ta collectivité, ou de l'État
et enfin, comme instinct d'inhibition exercée sur soi-même,
par crainte des conséquences, ou par sympathie, ou pur rai-
son abstraite et respect dela loi. – 3" Le dernier chapitre, inti-
tulé « La philosophie du droit et la science contemporaine »,
comprend de longs hors-d'anivre sur tes rapports de la
science et de la philosophie, sur la science et les modernes
théories de la contingence, sur lit possibilité de sciences nor-
matives. H swnble que M. H., fidèle à ce qui parait être son
idée directrice, veuille à ta fois nier la possibilité de sciences
normatives qui ne seraient que telles, et maintenir pourtant
la part de l'individu, de ses manières propres de sentir el du
penser, dans la détermination des faits sociaux ou dans leurr
orientation. Celte conclusion conciliatrice reste très indécise
en somme.

V. M1CKL1. – LaNorma gluridlca. Païenne. Reber, 1900,


p. 338, in-12.
En toute règle de conduite, on peut distinguer une forme et
une matière. Intimement unis dans l'impératif moral, ces
deux éléments commencent ai se dissocier dans le précepte
religieux, se séparent davantage dans les pratiques coutu-
iniôrcs, mais c'est dans la norme juridique que l'élément for-
mol se détache le ptus nettement de l'élément matériel. Lu a
norme juridique a une matière elle « règle les rapports
indispensables de coexistence et de coopération sociales ».
Mais elle est, plus que toute autre, nue norme formelle et sa
forme est caractérisée par les traits suivants: c'est une règle
« extérieure, complètement objectivée, bilatérale et sanction-
née par un pouvoir. » Knliu, pour être juridique, une règle
de conduite doit être reconnue comme telle ce caractère est
même le plus important de tous, celui qui distingue le plus
nettement la règle juridique des préceptes moraux, religieux
ou coutumiers, et comme il a trait à la fois à lu matière et à
la forme, il faut, pour faire une étude complète de la norme
378 L'.VNNKK t90!>-l«0S
.<OCiOI.OtUyi;E.

juridique, aunlyser tour « tour son élément forme), son ôlé-


meatimitérieU'l son élément mixte. Decetttuiistiuctiou, l'au-
teur attend la solution de plusieurs problèmes importants:
le désaccord des juristes sur la question du droit naturel,
sur la théorie de la personne juridique, sur l'existence du
droit international privé viendrait, d'après lui, de ce que les
uns se placent trop exclusivement au point de vue de la forme,
tes autres à celui de la matière du droit sa théorie plus coin
préhensive résoudrait ces difficultés. Mais, pour l'instant,
il se borne à analyser l'élément formel. Il réserve pour des
volumes ultérieurs l'analyse de l'élément matériel et les rap-
ports des deux éléments. Il reconnaît que le présent volume
est plus juridique que sociologique, plus abstrait que con-
cret lu suite du travail, plus que le début, relèvera de la
sociologieprooreuiuul <lile.
Kntrant dans l'étude do l'élément formel des règles juri-
diques, M. Miceli commence par noter qu'elles émanent du
pouvoir politique, c'est-à-dire, dans les sociétés déjà dévelop-
pées, de l'Elut. Klles tiennent de cette origine teur cmactère
impératif qu'elles possèdent à un plus haut degré que les
inities normes, grâce it la contrainte exercée sur les individus
par la menace des Bandions. Mais cette menace variant sui-
vant les époques, le caractère impératif de la règle n'est pas
toujours aussi marqué. De même, les règles de droit privé
s'imposent plus efficacement que les règles do droit public.
Klles lois ont plus de force que les arrêts de la jurisprudence.
La puissance! de l'impératif varie non seulement selon les
époquesde l'histoire, maisselon les chapitres du code et selon
les sources du droit. Il en est de même pour ies autres carac-
tères formels de la règle juridique. Klle est bilatérale, créeà
la fois un droit et un devoir, <'telle possède ce caractère à un
ileprw auquel n'atteignent ni les impératifs moraux, ni les
préceptes religieux. Mais celle bilaléralilé n'est pas la mente
dnns lo droit privé et dans le droit public. Klle est extérieure
et objective, vise les actes plus que les intentions, mais cela
est plus vrai du code civil que du code pénal, plus vrai de
ta législation que de la jurisprudence. Elle est gémirale, en-
globe tout uu ensemble de relations sociales; mais elle ne
l'a pas toujours été, puisque le pritilegium est une notion
juridique et les règles de droit public sont souvent moins
générales que les règles de droit privé, de même que les
arrêts de la jurisprudence ont moins de généralité que les
AXALYAK*.– 1,R DROIT KT U MMtAl.tt liy (SKNIÎIUI. 310

lois. L'auteur fait des remarques analoguesà proposdelà sta-


bilité, do la certitude et do lu rigidité dos nonnes juridiques.
On lira avec intérêt ces c lai rus analyses, inspirées par un
souci manifeste d'éviter les généralisations excessives qui
ferment de l'ensemble des règles juridiques un bloc trop
homogène et les distinctions trop radicales qui mettraient
un abîme entre le droit d une part. la religion et la monde do
l'autre. M. Mieeli a le sentiment que. surtout ù l'origine des
sociétés, les règles qui gouvernent la conduite des hommes
sont mni différenciées. Bien que sa tache fut do définir le con-
cept de norme juridique, il a tenu à marquer toutes les Iran
sitions qui relient ce concept aux initions de coutume, d'im-
pératif moral ou de précepte religieux. Puisque cette élude
purement formelle révèle chez sou auteur le seus de la réa-
lité, on peut espérer que tes sociologues tireront profil de
l'étude plus concrète que nous annonce M. Miueli.
1». l.

V. l'UOLlA. – La realta sociale e H problème ettoo.


Messine, Trimarchi, 1JH16,p. VIH-212,petit iu-8».

Voici, d'après l'auteur lui -même,quelles sont les princi-


pales thèses de cet ouvrage La réalité sociale, partie de la
réalité cosmique, est soumise a des lois naturelles. Elle est
intimement liée ù la réalité organique, ainsi que le prouve
l'importance des phénomènes économiques. Mais le rapport
des phénomènes organiques et des phénomènes sociaux s'éta-
blit par l'intermédiaire des phénomènes psychologiques, dont
les lois, modifiéeselles-mêmes sous l'influence des lois socio-
logiques, s'appliquent réciproquement à la réalité sociale.
La lutte est, duns la nature, une loi universelle la lutte est
d une une loi de l'histoire. Elle sera donc éternelle. Les classes
sociales pourront se tranformer il y aura toujours, sinon des
classes, du moins des groupes humains en conflit; le proléta-
rint actuel se divisera en deux, comme le tiers état, après lu
dévolution française, s'est divisé pour donner naissance ù la
bourgeoisie et au prolétariat. Les luttes sociales ont des a va u
tuges et des inconvénients; mais les avantages t'emportent,
et ils déterminent l'évolution sociale. Cesluttes sontd'ailleurs
atténuées par des forces modératrices, forces morales, juri-
diques et politiques. – Toutes tes forces sociales sont des
manifestations de l'énergie psychique. Par suite, les théories,
380 l.'AXSÏiK S0C10U)iil<}CK. mOi-l'JO»

.1-11.
œuvres propres do l'énergie psychique, ont une certaine influ-
ence sur l'évolution sociale. Mais,en raison île leur opposition
môme, elles oo se réalisent jamais complètement dans lu
société. Lu réalité sociale ne se modifie pas n notre gré elle
évolue sous l'influence de force»diverses et antagonistes. Le
problème moral consiste il chercher lo moyeu do rendre plus
faites par lu coexistence et la coopération des diverses forces
sociales,
L'exposé de ces théories est entremêle de critiques à
t'adresse des théories contraires critique des doctrines hos-
tiles nu déterminisme sociologique, critique des tortues
excessivesdu matérialisme historique, crilique des interpré-
tations d.irvviuietines «lu marxisme. critique des diverses
écoles individualistes et socialistes, critique de la morale
spetwérienne.
P. L.

K. WKSTKHAIAKCK. The Influence of magie on social


relatlonships. Tlw xaciolagifiilpttpen, vol. H. p. l-il-17!i.
Dehieii !riivi'squesli<>ussont sommairementtranehéesduiis
ce petit mémoire M. Westermarck y cléflnit les rapports de
lit magie et de la religion en s'inspirait! de Fnt/er et propose,t
en passant, une explication dn mot latin n-liyiaqui marquerait
d'nhord la dépendance dans laquelle l'homme peut tenir ses
dieux par la magie. Il cherche a élahlir que l'autorité (tes
parents sur leurs entants, ia charité qu'on manifeste envers
le mendiant, l'hospitalité qu'on oflre à retraiter dans tes
sociétés où tout étranger est un ennemi, tiennent dans une
large mesure à la puissance magique exceptionnelle qu'on
prête aux malédictions et aux hénédielionsdes parents, des
mendiants et des étrangers. Nous ne le contestons jns
mais M. Westerntarek est ohli«éd'iidmettre comme «ne.chose
allant de soi. que les parents, les mendiants el les étrangers
sont regardéscommedonésd'un pouvoirmiigiqueconsidérable.
JI v là, pensons-nous, une pétition de principe: il faudrait
déterminer pourquoi l'organisation sociale donne » ces caté-
gories de personnes une situation exceptionnelle, que définis-
sent les règles morales qui les concernent et que leur pou-
voir magique manifeste et ne crée pas. -Sur le droit d'asile,
l'auteur donne une indication intéressante et qui fait appa-
raître les faits d'asile sous un nouvelaspect. Si tes interdie-
ANALYSES. – LE DROIT BT LA. UOItALBRM uéNÉBAI- 381

tions rituelles qui protègent un sanctuaire expliquent


l'attitude de ceux qui n'oseut y poursuivre le fugitif, il reste,
dit-il, à expliquer pourquoi le dieu ne refuse pas sa protec-
tion. Selon M. Weslermarck, le dieu redouterait les impréca-
tions du fugitif qui disposerait d'uu pouvoir
magique consi-
dérable. II rapporte à t'appui do cette opinion deBfaits qu'il
a lui-même observés au Maroc.
P. L.

Y. MICEL1.Il diritto quale fenomeno di credenza collet-


tiva. Itivista itatiana (Hftoeiologia.Aauo IX, fasc. V-VI.
M. M. étudie le rôlo de lu croyance daus les phénomènes
sociaux (1-VIII.)et ou particulier daus la formation et l'appli-
cation des règles du droit (YUI-XU).Mais la définition qu'il
donue de la croyance (p. SOi.imanque do netteté et d'autre
part il a trop souvent l'air de penser que la croyance ne s'im-
pose que par l'autorité (p. 804), ce qui est un cercle, puisque
l'autorité repose elle-même sur In croyance les processus de
contagion sentimentale par lesquels une croyance se commu-
nique, bien que signalés, (p. 303), ne sont pas suffisamment
analysés.

M. COLOZZA.– Le fonti del diritto e la credenza. Ras-


segue analiliche délia lliusta itatiana di Sociologia,Auuo
X, Kasc. I1I-IV.
Cet article est la critique des idées de M. Miceli exposées
dans la métne revue (AnnoIX. Fasc. IV-V).M. C. accorde que
la théoriequifaitreposer le droitsur la croyancepeulétro vraie
pour les époques où le développement social est faible, mais
qu'elle ne saurait s'appliquer aux époques de culture avancée
et de culture sociale complexe, (p. 423). 11semble que la con-
fusion de croyance et de ce qui est imposé par une autorité
se retrouve derrière les critiques de M.C.commeon la retrou-
vait derrière l'exposé de M. Miceli. L'analyse du phénomène
n'a pas été poussée assez loin.

R. MUGI. Il diritto greoo classleoelasoclologia.iitràta


Haliana di Sociologia. Auuo X, Kasc. I.
L'auteur se plaint que le droit grec ne soit pas étudié en
382 l'anxiîésoeim.oGHi'K.
19i>5.l9iro
_0
lui-même, parce qu'en le comparant au droit. romain ou ne
saisit quelescoutrasleset qu'ouest détourné de chercher dans
des règles particulières, mouis uetteinent formulées que les
règles du droit romain, tes réactionsencore obscures et iucer-
t:iiues de la conscience grecque. La couclusiou do sou article
(p. 42 est d'ailleurs que lu formeest un revêtement technique
indispensable auquel ne sauraient suppléer les mouvements
spouliiués de la conscience populaire.

0. lilCHAHD. – Les lois de la solidarité morale. Heeue


philosophique,Nov. 1905, p. -443-471
M. Richard combat dans cet article une doctrine, dont il
ne nomme pas les auteurs, mais qu'il caractérise de la
manière suivante il s'agît de « cette conception positiviste,
si eu faveuraujourd'hui, qui identilie la moralitéâuuesocia-
lité tout automatique » fp. 411). Nous avouons ne pas savoir
quelle est la conception qui est visée en ces termes parmi
les sociologues, tes moralistes dont on discute couramment
les idées, nous n'en connaissons aucun qui l'ail soutenue.
11est. en efli'l. de toute évidence que, plus nous avançons,
plus lo .facteur personnel devient un élément essentiel de la
moralité. La moralité irréfléchie, inconsciente d'elle-même et
de ses raisons n'est plus, à nos yeux, qu'une moralité impar-
faite; la conscience publique se prononce sur ce point avec
une netteté qu'il est difficile de contester. Sur ce point,
M. Richard a cause gagnée par avance.
Mais si, comme il semble résulter de certains passages,sans
que pourtant nous soyons assuré d'apercevoir clairement sa
pensée, M. Richard entend conclurede cet le propositionincon-
testable que lu morale devient de moins en moins une chose
collective, uous nous trouvons en présence d'une assertion
toute différente de la première, qui n'y est nullement impli-
quée et qui aurait, par conséquent, besoin d'être directement
établie: or, sur ce point l'article ne contient même pas un
commencement de preuve. Dece que nous devions pratiquer
la monde avec plus de conscience et de réflexion, il ne suit
nullement qu'elle cesse, pour cela, d'être chose sociate, si
elle est sociale par nature it y a là unequestion de fait contre
laquelle ne saurait prévaloir aucune dialectique. U peut
même se faire (et c'est en fait ce qui arrive) que ce soit la
société elle-même qui réclame de ses membres uu ettott
A!UU*K<. SUll I.*KVOLUTIOS UÊNKIULK DR* I»È«S MOHAbB* 'Ait

mural plus personuol. Il y a là deux questionstrès dilïôreutos


et nous craÏKtious que l'autour ne les uit confondues.
Au cours do l'article, se trouvent plusieurs propositions de
détail sur lesquelles nous aurions dus réserves à faire. Nous
voyons uiiil co qui permet de dire catégoriquement que
« toute religion est une solution du problème du mal », ou
de déchirer fragile l'hypothèse qui voit dans le tabou un
phénomène religieux primitif et universel. Nous confessons
ne pas connaître de religion ait ne su rencontre lu notion
du tabou, et nous ne concevonsmôme pas comment il peut y
en avoir.
E. D.

III. SUll L'ÉVOLUTION UliSlUIÎliSMOBALKS


UlLxiilULli
l'ai-M. Di'iikmkim

WESTEIUIARCK (Kdwahd). – The ortglu and develop-


ment of tlie moral ldeas. Vol. I. London, Macmillan
and Co, 1900, p. XXI-'ÎIO. in-8.
Ce volumineux ouvrage, (mit d'une énorme lecture, se
étudier scientifiquement
présente comme une tentative pour
les faits moraux. Tout comme nous, l'auteur se propose d'en
faire la genèse à la lumière do l'histoire et de l'ethnographie
et la nuire n'est pas
comparée. Cet accord entre sa pensée
d'ailleurs le seul que nous ayons ou le plaisir do constater.
On verra, par l'analyse qui va suivre, que, sur des problèmes
Westennarek ue sont pas
particuliers, les conceptions do M.
sans se rapprocher de celles que nous avons eu l'occasion
Lui-même
d'exposer ici môme ou dans d'autres ouvrages.
nous notons,
sigunle quelques-unes de ces concordances, que
non ces-tes pour revendiquer un vain droit do priorité qui
mais parce que ces ren-
peut parfaitement n'être pas (oudé,
contres sont encore trop rares dans notre science pour n'être
On ne saurait trop
pas remarquées quand elle se produisent.
mettre eu lumière tout ce qui permet d'espérer que la socio-
ou olle
logie sortira enfin du subiectivisme philosophique
s'est trop longtemps attardée. Mais on môme temps, il y a
ontre la méthode de M. Westermarck et la nôtre des diver-
se répercutent naturelle-
gences tout à fait essentielles, qui
ment dut» le détail des théories, et dont l'examen va nous
384 l'a-n-.véksociologique. ms-l9oo

permettre de traiter d'une manière concrète d'importantes


questions de méthode.
Très justement. M. W. pose des le début de son livre
(p. 3),
que, pour pouvoir reconstituer ht manière dont se sont for-
mées et développées nos idées morales, il faut embrasser
l'évolution morale de l'espèce humaine dans sa totalité. Il
met donc à contribution l'histoire et
l'ethnographie tout
entière aussi l'oD trouvera une masse énorme de faits dans
cet ouvrage qui, sous ce rapport, ne
peut manquer d'être
utile. Maisces matériaux, comment sont-ils élaborés?'l
Faire la genèse de nos idées morales, c'est chercher
quelles
sont les causes qui les out suscitées. Nous ne nous arrêterons
pas ici à exposer à nouveau quelles raisons on a de croire que
ces causes sont essentiellement sociales c'est,
d'ailleurs,
un postulat due M. \V. nous
accordera, croyons-nous, sans
peine. Mais alors, pour découvrir ces causes. pour expliquer
les variations par lesquelles a passé une
règle morale, il faut,
do toute nécessité, mettre ces variations en
rapports avec les
milieux sociaux où elle sestélahorée et transformée. L'en
sépa-
rer, c'est la séparer des sources vives d'où elle découle; c'est
se mettre daus l'impossibilité de la
comprendre. Une étude
comme celle de notre auteur suppose donc
que l'on possède
uue classification, tout au moins provisoire, des
principaux
types de sociétés et de leurs particularités distinctives. Sans
doute, diius l'état actuel de ta science, il ne saurait être
ques-
tion d'établir une classification
parfaitement méthodique et
systématique. Mais à tout le moins faut-il que, de la masse
confuse des sociétés de toute sorte
qui se sont succédé dans
l'histoire, on puisse dégager quelques formes d'organisation
sulïlsammfint caractéristiques qui puissent servir de
point de
repère et auxquelles puisseut être rapportées certaines des
transformations subies par les règles morales considérées.
Malheureusement, M. W. n'a nullement senti cette néces-
sité. Il est resté fidèle à la méthode suivie
pendant si long-
temps puret l'école allemande d'anthropologie juridique et
par l'école anglaise d'anthropologie religieuse. Tout en recon-
naissant en principe que la morale est chose
essentiellement
sociale (p. fond les ressorts decette
I22etsuiv.),ilcroitqu'au
évolution doivent être recherchés
parmi les dispositions les
plus générales et permanentes de la nature humaine on s'en
assurera par l'exposé qui va suivre. Pour
apercevoir ces ten.
dances fondamentales et universelles, il n'est nul
besoin de
analyse*. – si'n l'évolution oÉNftitJVLKdr* imék* moiulk* 385

différencier les formes diverses que prend chaque règle


morale suivant les sociétés, ui de rapporter chacune de ces
formes nu mitieu social auquel elle ressortit. Les différences
que fou peut faire apparaître par ce procédé no sauraient
nvoirqit'un intérêt secondaire. Aulieu de Iimiterelde circons-
crire le champ de t'observation de manière à saisir ce qu'il y
a de spécifique dans les faits, il faut, au contraire, l'étendre
le plus possible et faire entrer, dans de vastes synthèses, tous
les renseignements dont nous disposons sur la vie morale de
l'humanité sur chaque question particulière, il faut inter-
roger le plus da peuples possible, si hétérogènes qu'ils puis-
sent être même, plus Ils seront hétérogènes, plus on aura de
chances de mettre on évidence les processus très généraux
qu'il s'agit d'atteindre. Et c'est bien ainsi que procède M. W.,
à la suite «le Posl et de toute l'école anthropologique. Toutes
les fois qu'il énonce une proposition, pour ta démontrer, il
emprunte des exemples aux sociétés les plus disparates. H
est préoccupe avant tout d'accumuler les faits, non do les
choisir solides et démonstratifs. Par exemple, pour établir
commentla solidarité domestique a pour conséquence la res-
ponsabilité collective, il cite, dans une revue rapide et tumul-
tueuse, les Aléoutes, les peuples de la Côted'Or, ceux de Mada-
gascar, la Chine, la Grèce, etc. (p. 454(1). On dirait que sou
but est de produire une impression de masse, nécessaire-
ment coiifusc, plutôt que de laisser des idées distinctes el
définies.
C'est dire toutes les insuffisances de la méthode, qui ne
comporte que des résultats grossièrement schématiques. La
science a, avant tout, besoin d'analyses topiques et péné-
truutes et celles-ci ne sont possibles que si elles s'attachent
à des objets plus limités. L'homme qui manie tant de faits,
ne peut se faire do chacun d'eux qu'une représentation pins
ou moins indécise. Même lit critique des documents ainsi
utilisés n'est pas possible quand on les prend de tant de
mains diverses, on est obligé de les accepter tels qu'ils sont
oflerts. Sans doute, cet amoncellement confus de faits mal
précisés a eu, a l'origine, son utilité; c'est à quoi a servi
l'œuvre de l'ost par exemple. C'était une façon d'explorer, de
reconnaître en gros le terrain nouveau qui était ouvert a l:i
science, d'en faire vaguement apercevoir l'étendue, d'éveiller
le gotlt d'explorations nouvelles et plus méthodiques. Mais
aujourd'hui ce travail est tait et il ne nous ·parait pas utile do
K. DiiiKHEiu. Annie sociol., 190!MOOO. 23
3gO l'axnsb suciuLoiagi-K. l!ii):l«(iB

le recommencer Il nous faut nous mettre à dos lâches plus


définies et (fut comportent une besogne plus délicate.
Mais pour pouvoir bien juger de cette méthode, te mieux
est de voir comment elle est appliquée par son auteur.
C'est une règle générale de méthode qu'une science posi-
tive doit se donner pour matière des faits qu'elle puisse
immédialemeut atteindre elle part des ellets douués pour
remonter aux causes qui sont a découvrir. Ki>morale. les
faits directement observables ce sont les règles de conduite,
les jugements duns lesquels est éuoucée impérativement la
manière dont les membres d'un groupe social déterminé dot-
vent se conduire dans les dillérentes circonstances de la vie.
Si donc la morale est une science de faits, il semble qu'elle
ne puisse faire autrement (lue de prendre ces régies pour
objet immédiat de ses recherches, saut à chercher ensuite de
quelles causes elle dépendent. El ou pourrait s'attendre à ce
que M. \V. pratiquai cette méthode, étant donné qu'il voit
effectivement, dans ces systèmes de règles que sont les cou-
tumes et les lois, uue expression des idées morales: son cha-
pitre vn est Intitulé Cuslonu amilaits as expressionsaf moral
ideax.
Et cependant c'est tout autrement qu'il procède. Ayant le
très juste sentiment que la morale n'est pas une construction
logique, il se refuse à voir dans les concepts abstraits autour
desquels sont d'ordinaire circonscrits les débats des mora-
listes (concepts de bien. de devoir, de droit, ete.i, des faits
véritablement primitifs. Pour lui, et nous ne le contredirons
pas sur ce point, ce sont des généralisations d'états plus sim-
ples et d'une tout autre nature. Or, ces états origiuels, il se
donne comme lâche immédiate de les découvrir. Le premier
chapitre du livre a pour objet do démontrer qu'ils sont de
nnUiwi'imA'ionneUelTheemolioHaloriginofmoraljudgenmiM:
les suivants, de faire voir de quelle espèce particulière d'émo-
tions il s'agit. On voit ce qu'il y a d'anormal dans cette procé-
dure. Précisément parce que ces états émotionnels sont à la
racine des faits moraux, l'observation ne saurait les déceler
ainsi de primo abord. Pour les découvrir, ii faut partir do
faits complexes, mais apparents et visibles, qui résultent des
premiers et les expriment, pour remonter ensuite de causes
en causes, de conditions en conditions, jusqu'à ces sources
profondes de la vie morale. Ce n'est pas au premier pas de la
recherche, dans les premiers chapitres du livre, qu'il est pos-
V.NWI.VSIK. – SL'tl l.'KVOt.CllùX (UESilMLK IIK,4 IDKHS MO1U1.BS 387

sible do déterminer ces origines premières de nos jugements


moraux C'est lu une questiuu ultime qui lie peut être abor-
dée utilement i|m':iu ternm de l'étude, bien loin d'en être le
préambule. Or. si M- W. n'a éprouve aucun scrupule à
renverser ainsi l'ordre naturel et logique des problèmes, c'est
certainement sous lïnllueiiee du principe que nous énoncions
tout ù l'iieuro c'est que, pourlui, ce processus émotionnelse
réduit a quelque chose de très simple; il n'y entre que des
sentiments très généraux que tout homme peut découvrir ou
lui pur introspection.
Et eu elfet, pour M. W., ce mécanisme se réduit à deux
émotions tout à fait élémentaires. C'est d'abord la colère,
l'indignation qui nous saisit en face d une agression dont
nous sommeslu victime, et le besoin de représailles qui en
résulte c'est ensuite lu bienveillance, ta syntpnlbie que nous
éprouvons pour quiconque s'est montre bienveillant envers
nous et te besoin de répondre à ces démonstrations sympa-
thiques par des démonstrations de même nature. Ces deux
sortes d'émotions sont donc deux variétés d'une même
espace elles sont toutes deux f<<<'M~ M,mais en deux sens
opposés. Lit première se traduit par la réprobation, la flétris-
sure pu même lu peine matérielle qui suit l'acte immoral la
seconde a pour conséquence l'estime, l'éloge ou les récom-
penses positives qui s'attachent aux actes vertueux. La peine
est donc, pour notre auteur comme pour nous-méme, une
« réaction passionnelle » qui traduit et soulage l'indignation
publique et cette réaction personnelle., précisément par ce
qu'elte est passionnelle, u'est pas déterminée par des considé-
rations utilitaires; sa raison d'être essentielle n'est pas d'inti-
mider les mauvaises volontés ou de les corriger. Sa véritable
utilité est de rappeler aux hommes« ce qu'ils ne doivent pas
{aire suivant l'opinion de la société « (p. $10 >.Sans doute, à
mesure qu'on avance dans l'histoire, on voit la répression
prendre un caractère plus réfléchi et moins violemment
agressif cependant, quoi qu'on fasse, elle ne peut pas chan-
ger de nature.
Ces idées se rapprochent beaucoupde celles que nous avons
exposées dans notre Divisiondu et ailleurs sur le
mémo sujet. Mais cette théorie de la peine est juxtaposée,
chez M. W., avec une autre qui s'écarte de )a première sur
un point essentiel.
Suivant notre auteur, l'indignation soulevée par l'acte cri-
388 I.VXXKK MlClMI.UlilyfK. l'.IOù-l'JUIÏ

iniuel viserait surtout l'agent et attrait pour but principal do


le faire soultrir daus sa sensibilité- Lit peine serait essentiel-
tement une soulTeauce luiligée à uu ôtro sensible, comme
représailles de la souflruucc dont il est lui-même l'auteur.
Or, si la colère murale est essentiellement déterminée par
l'acte immoral, si elle n'a pus de lins utilitaires, il punilt dit-
licite que l'agent eu suit. ù ce point, objet. 11y a là deux
conceptions qui ne se rejoignent pas facilement. Maissurtout
des faits multiples établissent que, dans une multitude de
cas, c'est à tout autre chose que l'agent que se preud l'indi-
gnation publique. Certes, la répression implique toujours
quelque acte de destruction violente mais très souvent il est
cousklérè connue parfaitement nidifièrent que la victime de
cette destruction soit le coupable, au sens que nous donnons
actuellement au mot, ou nu innocent. Ces faits, M. \V. tes
couuutt tout comme nous; il s'efforce de les réconcilie!' avec
sa thèse. Mais il nous est impossible de voir comment il y
parvient. Pour expliquer les cas si nombreux de responsabi-
lité collective où le patient lie ta peine est uu innocent,
reconnu connue tel, il invoque la solidarité domestique;
tuais précisément lefait que les membres d'un même groupe
puissent être considérés comme solidaires les uns des autres
eu matière de fautes ou de crimes, implique que la vindicte
sociale ne s'attache pas nécessairement à l'agent. La crimina-
lité religieuse fournit plus d'exemples encore du môme fait
M. \V. répond que l'impureté religieuse est, par nature,
essentiellement contagieuse. Mais c'est toujours répondre à la
question par la question il s'agit précisément de savoir
comment la réprobation peut s'étendre ainsi par contagion.
C'est donc qu'elle n'est pas attachée d'une manière aussi
exclusive qu'on le dit à la personne de l'agent.
Quoi qu'il en soit, on voit quelle est l'extrême généralité
des sentiments d'où procéderait la vie morale ils ne sont
même pas spéciaux à l'humanité; on les retrouve également
chez l'anima), car l'animal, lui aussi, connaît la vengeance et
la gratitude. Aussi, par eux-mêmes, ces sentiments sont-ils
parfaitement amoraux des représailles exercées dans un but
tout égoïste n'ont rien de moralement estimable. Pour qu'ils
puissent jouer un rôle moral, il faut donc qu'ils revêtent des
caractères particuliers. Lesëniotions rétributives, pour parler
le langage de railleur, ne sont pas spécifiquement morales;
pour mériter cette qualification, faut de plus qu'elles soient
ANALMM.– ttORALH*3S9
SLH l/rtvOWTHWUKNKaUHUKSIUK1SS

désintéressées. et d'une impartialité au moins apparente


là si, eu fait,
uippmmtimpaiiiality); l'auteur entend par que,
elles sont partiales, cette partialité, du moins, ne soit pus
consciente et soutie comme telle. Ml comme une émotion
désintéressée peut être éprouvée par tout le monde,l'émotion
morale a, en délinitive. pour critère une certaine « saveur
de généralité » {«certain jluvourofijenemUtijU(l'est le critère
kantien étendu aux formes affectives de la vie morale.
Les émotions, génératrices de la vie morale, étant ainsi
caractérisées,, il faut expliquer comment il se (ail qu'elles pré-
sentent ces caractères distinctes, c'est-à-dire d'où vient que
les éinolious proprement morales se trouvent être désintéres-
sées, impartiales, etc. C'est que. répond l'auteur, «la société
est te lieu de naissance de la conscience morale; c'est que les
non pas les émo-
premiers jugement» moraux ont exprimé,
tions privées d'individus isolés, mais des émotions ressenties
tribale a été te
par la société dans son ensemble. La coutume
sont
premier «canon du devoir »ip. M8i. Deux ou trois pages
faits. Ou
employées à illustrer cette proposition par quelques
trouvera la preuve un peu courte. Certes, nous n'avons aucune
raison pour contester un principe qui est le notre mais, en
raison môme de sa gravité, nous voudrions le voir un peu
se trouve le ntBud
plus sérieusement démontré. C'est là que
même de la question, ou plutôt des questions que soulève
l'étude scientilique «les faits moraux. C'est là et là seulement,
de l'aveu môme de M. \V., que l'on peut trouver l'explication
des propriétés distinctives des règles morales. On est donc
tout étonné de le voir résoudre en quelques mots un problème
d'une telle importance, comme si la solution allait de soi ou
n'avait qu'un intérêt secondaire.
émotions,
Quoiqu'il en soit, une fois qu'il a déterminé ces
l'auteur croit avoir atteint la source profonde d'où dérivent
toutes les idées morales essentielles. L'assertion n'est pas
sans surprendre car il est malaisé de voir comment il est
moraux tant
possible de découvrir l'origine des préceptes
il n'en a
qu'on ne sait rien de leur contenu, et jusqu'à présent
de résumerles
pas été question, l/uualyw dont nous venons
conclusions géuérak's nous a bien appris qu'il y a des actes
loue d'une
que luconscience morale réprouve, d autres qu'elle
manière positive; mais nous ignorons quels sont ces actes, les
dif-
idées qu'ils expriment et, par conséquent, il parait bien
d'où provien-
ficile quel'on soit d'ores et déjà en état de dire
MO I.VXXKU SiiCIOMIlilut'K. lUOà-t'JOU

nent ces idées. Kuréalité, toute cette première


partie du tra-
vail de M. \V. consiste simplement eu une théorie des sanc-
tions morales 11ya des sanctions répressives
elrèprobalives,
d'autres iaudatives; c'est nu fait certain. L'auteur les rattache
à certain» «Mulsémotionnels. Mais uue théorie des sanctions.
ce «'est pas une théorie des idées morales. La sanction ne fait
qu'exprimer la manière dont tes consciences réagissent eu
présence de l'ucte moral ou immoral, mais elles no traduisent
pas directement cet acte Ini-mèmc et les représentations dont
il dérive. Et encore cette théorie des sanctions a-t-elle été
construite d'une manière quelque peu schématique car l'au-
teur n'a pas commencé par observer, décrire et classer les dit'
férentes sortes de sanctions qui sont «Hachées aux règles mo-
rales, pour remonter ensuite méthodiquement aux états
émoUouiielgdont.elles sont la conséquence mais d'emblée,
ce sont ces états qu'il a prétendu atteindre. Il cru
pouvoir
découvrir les causes sans commencer par une étude descrip-
tive des elîels.
Aussi la manière dont il s'élève de ces émotions fondamen-
tutus jusqu'aux concepts moraux essentiels est-elle purement
idéologique le chapitre où est traitée cette question ip. 181-
l.'i'i n'est qu'une suite d'analyses introspeclives et de déduc-
tions abstraites, à peu près vide de toute donnée objective. Ce
que M. W. appelle //«• firincifial moral concepts, ce sont ces
idées cardinales qui passent pour dominer toute la vie morale,
pour en contenir toute l'essence idées de devoir, de droit, de
juste et d'injuste, de bien, de mérite, de vertu. Et assurément
il s'en faut que ces idées soient dénuées de toute réalité et
qu'il faille en faire dédaigneusement table rase elles expri-
ment ou ont pour objet «l'exprimer les aspects les plus géné-
raux de la réalité morale. Seulement, pour qu'elles puissent
prendre place dans la science, il est nécessaire qu'elles soient
constituées scientifiquement. Puisqu'elles ne font quetraduire
tes caractères les plus généraux de la vie morale, t'est de
l'analyse des faits moraux qu'elles doivent être progressive-
ment dégagées. La méthode suivie par AI. W. ne lui permet-
tait pas de procéder ainsi et il se pose le problème dans les
mêmes termes que les moralistes ordinaires. Ces notions, il
ne les élabore pas lui mémopar une comparaison
méthodique
et objective de ces multiples règles morales dont elles ne
font qu'exprimer certaines propriétés il les prend toutes
faites, telles qu'elles sont données à la conscience commune,
ANM.ÏSK<. – SUK l/âYOLUTIOM UKNKIUUS DR» 1DKKS MOIIAtKS 391

avec le vague et l'imprécision qui accompagnent nécessaire-


ment des idées qui se sont ainsi formées au jour le jour, sui-
vaut les besoins de la pratique, sans ordre et sans méthode
et à l'aitio d'une analyse toute dialectique, il entrepreud de
les rattacher aux deux grandes catégories d'émotions rétribu-
tives qu'il a distinguées. Le devoir. le droit, l'idée de justice
et d'injustice sont considérées comme des modalités et des
spécifications diverses de l'émotion réprobatrice, tandis que
l'idée de bien et de vertu sont dérivées de l'émotion approba-
tive.
Kl voici comment est eilectué ce rattachement. I/idèe de
devoir, c'est l'idée d'une derlaine manière d'agir qui, quand
elle n'est pas accomplie suivant le mode prescrit, soulève le
hlutne ip. l&ii; le droit n'est que l'aspect subjectit des
devoirs qu'au trui a envers nous et la justice consiste à res-
pecter le droit. Quant au bien, c'est le nom de tout acte qui
est loué d'un manière positive; enfin la vertu, c'est une dispo-
sition constante à agir bien- Ou voit que nous sommes en
plein monde d'abslrnctious, et d'abstractions construites saus
beaucoup de méthode. Quoi de plus artiticiel que de ne voir
dans le devoir que le blâme qui en suit la violation ? Sans
doute, il est légitime de se servir de la sanction attachée au
devoir comme d'un signe extérieur commode pour le recon-
naître et le distinguer des autres préceptes d'action avec les-
qut'lsou pourrait le confondre; mais ce n'en est que le signe
extérieur, non l'essence. Tout au contraire, ce qui constitue
essentiellement l'idée de devoir, c'est quelque chose de très
positif c'est l'idée de commandement, d'impératif, et c'est
cette notion d'impératif qu'il faut analyser si l'on veut décou-
vrir les origines du concept de devoir. D'autre part, il est tout
ù (ail arbitraire de n'admettre aucun rapport entre le devoir
et l'émotion approhalive. On dit que, au regard de l'opinion
morale, celui qui ne fait que son devoir n'a droit à aucune
rétribution? C'est là une lie ces formules courantes dont il
est facile de forcer le sens parce qu'elles n'en ont pas de très
défini. Est-cedonc sans raison queKiiut, interprète, surec point
comme sur tant d'autres, de la consciencepublique, déclarait
que le seul et véritable bien moral consiste à faire sou devoir?
Le second aphorisme n'est vraisemblablement pas moins
fondé que le premier et témoigne que la question n'est pas
simple et que le devoir n est pas étranger ù toute idée d'ap-
probation, il s'en faut. De même pour la notion du droit. Il y
303 r.'ANNKK 19US-190B
SOL-IOtUOiuÙB.
a tout au moins de fortes raisons do penser
que le droit est
un attribut positif dont se trouve investie ht
personnalité
morale et que, par conséquent, le lieu
par lequel ou le rat-
tache au devoir d'autrui est singulièrement factice. En tout
cas, il y a là uu problème très complexe que l'on lie
peut
ainsi résoudre eu quelques mots par une
pure analyse idéo-
logique.
Mais ces notions très générales sont encore toutes for-
melles. Pour faire la science des phénomènes moraux, il faut
en venir enfin à l'étude du contenu do In morale, c'est-à-dire
des préceptes particuliers qui régissent les
rapports des
hommes. C'est cette élude que notre auteur aborde dans la
seconde partie de son livre1 et qu'il se propose de continuer
dans le tome suivant. Ici, les défauts de sa mélhode vont se
montrer d'une manière peut-être encore plus apparente.
Ne pouvaut étudier toutes les manières d'agir
auxquelles
s'appliquent ou se sont appliquées dans le passé les règles do
la morale humaine, l'auteur no retient et ne
comprend dans
son élude que les modes de conduite suivants
1° Ceux qui concernent les intérêts de uos semblables
(leur vie, leur santé, leur liberté, leur propriété, leur hon-
neuri i
2" Ceux qui concerneut les intérêts de
l'agent lui-mème
(règles morales relatives au suicide, à la tempérance, à l'as-
cétisme, etc.) i
3" Ceux qui concernent les relations sexuelles (ce troisième
groupe, de l'aveu de l'auteur, se confond eu partie avec les
deux précédents; i
¥ Ceux qui se rapportent aux animaux inférieurs:
S° Ceux qui se rapportent aux morts;
C°Ceux qui se rapportent aux êtres, réels ou
idéaux, con-
çus comme surnaturels.
be ces six groupes de faits, M. W., dans le présent vo.

Kntrela partit-rjueuuus venons.l'analyseret edlu dontnousu lion s


parlers intercale unesériode chapitres(vii-jshii oùl'autourtrait»dos aune-
ions, principalement ouin.-nieexclusivement ik-ssanction* et il.;
la iiiunu-m(|oul uiloss'appliquentau* individus,suivant pénales l'aelviri-
MilneJ est intentionnel ou non, suivantlu part i|uy a eue la<iu»volonté,etc.
Coiuiim c «si<li?jâ
il«;ssanction*<iu/ilétait t|Uvstiouà profiosîlesnotions
morales,on voit>ie ce; cliapilresnu scmbli-nt pas iHniIrùsbienu leur
place.Ils rompentla eutitittuitédu d<sv«l«i>iieiiicBl. CVslpuurci-Uorai-
s<jnijuonous roiiom.-un; à les analyseret nousIjornnusil les si^uuler.
Ony ti-unvei-ii ik-sfaitsiiiU'-rcssiiiitscunecrnanl
lit iiuostionde la respon-
~M)t))tt<
ANALYSE – Sfll t/ftVOLBTIM.1(léXfÎBALEBU* IDKKSH0KA1.KS 393

lllffîft. Il Al HflÎAnua In tlPaiYliilt* et


ni niinAuA
lume, n'étudie que le premier, encorenuenhitutiA a– l».».
partie seulement:
il truite des règles qui protègent la vie de l'homme
(prohibi-
tion de l'Iiolnieiile et des coups et blessures), celles (lui nous
recommandent de travailler à promouvoir le bien être maté-
riel et moral d'autrui (charité, générosité, hospitalité), règles
qui concernent la liberté des personnes (a ce sujet il estques-
tiou de la soumission des femmes a leur mari, des eutants à
leur père, des esclaves à leur maître).
Nous n'insisterons pas sur ce que cette classification a de
peu ratiouuel. On est surpris que, dans ce tableau des rela-
tions morales, une place a part ne soit pas l'aile aux relations
domestiques, aux relations civiques, aux relations contrac-
tuelles; chacun de ces groupes de faits forme uu tout nature)
et deiuaude à être étudié eu lui-môme et pour lui-même.
Faute do procéder ainsi, on est obligé de séparer des ques-
tions connexes et d'en rapprocher d'autres qui sont saus rap-
ports. La question des rapports entre le mari et la femme n'a
rien de commun avec celle de l'esclavage, mais. au contraire,
n'est qu'un cas particulier delà morale conjugale, elle-même
étroitement solidaire de la morale domestique.
Mais ce qui est plus remarquable, c'est l'esprit dans lequel
sont traités ces problèmes; c'est ici que transpirent le mieux
les tendances de l'école. La préoccupation constante de l'au-
teur est de rattacher les différentes maximes do la morale a
quelque disposition constitutionnelle de la nature humaine
en général. 11ne croit en avoir rendu compte que quand il a
fait voir qu'elles tiennent à telles idées, tels sentiments qui, à
des différences do degrés près, se retrouvent partout où il y a
des hommes. Par exemple, la prohibition de l'homicide est.
expliquée par un sentiment naturel qui incline l'homme à
respecter la vie de ses compagnons, de ceux de ses semblables
qui appartiennent au même groupe social que lui ip. 328 et
suiv.i. Avec le temps, ce sentiment s'est affiné, étendu, géné-
ralisé, fortifié mais il existait déjà dans les sociétés les plus
inférieures que nous connaissions. Il en est de mémo des
sentiments de charité et de générosité ils sont contempo-
rains do riiumanilé. Seulementle cercle étroit dans lequel ils
étaient renfermés et qui lie dépassait pas les limites de la
famille s'est progressivement élargi (p. ail et suiv.). De même
encore, ce qui fonde avant tout (in ihe ftrst ptuet) l'autorité
des parents, c'est leur supériorité naturelle sur leurs enfants;
ce sont les sentiments d'affection et de respect que les jeunes
391 L'ASXÉK JOCIOLOUIOl'K. 1905-1900

ont pour les utiles i'p. 018 et suiv.). Ce n'est pas qu'à l'occa-
sion M. \V. ne fasse intervenir des causes moins universelles
et moins permanentes. Il y a des idées et des sentiments plus
temporaires qui ne sont pas sans avoir joué un rôle dans la
genèse des idées morales, soit en empêchant pendant un
temps les causes fondamentales de produire tout leur eilet,
soit, au contraire, en les y aidant par une sorte d'heureux
accident. Par exemple, il nous inoutre comment certaines
superstitions par la pratique de la vendetta ou des sacrifices
humains! ou les rudes nécessités de lu vie primitive ont, peu-
diint longtemps, augmenté le nombre des homicides réputés
légitimes; comment, au contraire, certaines croyances reli-
gieuses uni stimulé l'essor de la charité, renforcé l'autorité
paternelle. Mais ces influences, dans quelque sens qu'elles
se soient exercées, n'out jamais été que secondaires elles
n'ont fait que ralentir ou accélérer révolution des idées mo-
rales, dont lu marche générale dépend de (acteurs plus géné-
raux et plus constants.
On comprend mieux maintenant pourquoi M.\V. n'éprouve
pas le besoin de mettre les divers systèmes de morale en rap-
port avec les systèmes sociaux dont ils faisaient ou font
encore partie. C'est que, pour lui, il n'y a pas de types de
morale qualitativement différents, eu harmonie avec des mi-
lieux sociaux également différents mais, au fond, il estime
évidemment qu'il y a une seule et môme morule, inscrite
dans la nature congénitale de l'homme, et dont les morales
que nous font connaître l'ethnographie et l'histoire ne sont
que des approximations progressives. Ce sont les mêmes
idées et les mêmes sentiments qui sont partout agissants, sauf
qu'ils s'affirment, suivant le degré de civilisation auquel les
hommes sont parvenus, avec uue netteté et une force iué-
gales.
Voilà la notion de l'évolution morale bien simplifiée Mais
alors quel contraste surprenant entre l'extrême simplicité de
cette conception et l'énorme accumulation de faits par les-
quels ou croit devoir la justifier En vérité, était-il bien
néoessnin* de mettre aussi largement a contribution et toute
l'ethnographie et toute l'histoire pour retrouver le principe
sur lequel reposait ta vieille philosophie du droit naturel? Y
Ainsi se marque ta contradiction inhérente à l'idée que
M. \V. et l'école à laquelle it se rallie se font de la morale et
de la façon (tout elle doit être étudiée. D'une part, ils sentent
A.V.msBS. – iWtkmi Jl'MUIOCKÏ ST MOIMIX 3»5

ce qu'elle a de complexe et. par suite, ils comprennent que.


pour la connaître, il est nécessairedu l'observer dans se» ma-
nifestations historiques; voilà comment ils se croient obligés
d'interroger l'histoire. Mais, d'un autre cote, tout iromme le»
moralistes classiques, ils croient possible de ramener toute
cette complexité à quelques idées et sentiments très généraux
et très élémentaires. Il eu résulte que l'érudition dont il» font
preuve apparaît comme quelque peu extérieure, sans rap-
ports, eu tout eus. avecles conclusions théoriques très simples
qui en sont dégagées. Pourtant, si la réalité morale est vrai-
ment de nature à ne pouvoir être connue par la seule intros-
pection, il parait difficile qu'on en puisse rendre compte au
moyen d'explications que l'iutrospectiou sullit à suggérer.
S'il nousa paru nécessaire do critiquer la méthode suivie
par l'auteur et la conception qu'il se fait de la science de lu
morale, il n'est que juste de rendre hommage ù sou immense
savoir. Il dispose d'une littérature incomparable. Ce livre
représente un travail gigantesque et, sous ce rapport, rendra
certainement de grands services. Sur chacune des questions
qui y sont traitées, ou y trouvera une véritable abondance de
références et d'utiles renseignements.
E. I).

IV. – SYSTKMKSJUHIDIQt'KSKï MORAUX


Par M. DriiKHKiu

MKVIÎRïFkmx). – Wirtschaft und Recht der Herero.


Berlin, Julius Springer, 1905, p. 10» in-8.
IRLE (J). – Die Herero. Kiu Beitrag zur LmulesVolks-
und Missioiiskuude unit iiO illustratioueu uud 1 Karte;.
(iiitersloh, C. Berlelsinuun, 190IÎ,p. VIII--i.'i^>in-8.
Deces deux ouvrages, le second seul contient des observa-
tions personnelles; M. Irleestun missionnaire qui a vu les
choses dontil parle. Le livre de M. Meyer, au contraire, est
(ait à peu près exclusivement d'après les documents déjà
publiés mais l'auteur possèdeune connaissance étendue de la
littérature qui se rapporte à la question et, ù ce titre, sou
travail ue laisse pas d'être utile.
Nous avons déjà eu l'occasion d'exposer ici, d'après les
390 I.NNKB Sll(MUi.Otilt.H<K. KMKM90G

renseignements recueillis, par Kohler, le système juridique


des Herero i V..InnéesaeioL, V, |). 330).Ce qui eu constitue le
trait caractéristique, c'est l'existence d'une double et très
curieuse organisation il la fois familiale et religieuse, sur
laquelle ces deux livres nous apportent quelques précision»
nouvelles. Alu base lie cette société se trouvent deux sortes
de groupements les otuzo lonizo au singulier) et tes
ommtmla d'amlunu singulier). L'eumla est uu clan totémique.
Chacun de ces groupes, en eflet, porto le nom d'un objet
matériel dont tous les membres du groupe sout censés être
parents, en monte temps qu'ils se considèrent comme parents
les uns des autres. Autrefois le mariage était interdit entre
membres 'l'une infime tttmlu. Mais les noms des otuzo ne
sont pas essentiellement différents ce sont aussi des noms de
choses. Deplus, chaque oruzoa sesinterdictions alimentaires.
Enfin, ce qui montre bien que c'est une société domestique,
c'est que la religion qui en fait le lieu, c'est la religion des
ancêtres.
Mais voici par où ces deux organisations se distinguent
l'une de l'autre. D'abord le recrutement en est très diiléreul
L'ntmlu ne comprend que des parents eu ligne utérine,
ïontzo, des parents en ligne paternelle; on est do Veandade sa
mère et de Vorusode son père. Leurs fonctions ne sont pas du
tout les mêmes. Si Vcumina un caractère religieux, celui-ci
est très ellacé; c'est, avant tout, un organe de la vie écono-
mique et civile. L'héritage des biens purement temporels.
notamment des troupeaux qui constituent la principale
richesse, se fait à l'intérieur de Yemulti,et n'eu doit pas sortir.
Au contraire, Voruso est surtout une société religieuse; sa
raison d'être principale estde célébrer le culte nncestral. Enliu,
il y a beaucoup plus d'ofteo que à'onuuinttn il n'existe aujour-
d'hui que huit omuautltt tandis que le nombre des oluso n'est
pas déterminé. C'est dire aussi que le premier de ces groupes
est beaucoup plus étendu que le second.
Autant donc qu'on en peutjuger, il semblerait qu'une sorte
de dissociation s'est produite dans les fonctions économiques
et religieuses de la famille. Les premières seraient restées
cantonnées dans la vieille organisation des clans utérius
\omaamia), qui n'aurait guère servi qu'à cet usage, tandis que
la religion domestique et iincestralc, à mesure qu'elle se for-
mait, se serait créé uu organe nouveau <<nuzo); et comme
cette religion était évoquée par les idées qui sont à la base de
ANAI.VSKS. – SÏSTIÏUgS JLIUlHOir.S BT MolUl'X 397

la famille paternelle, comme c'est aux ancêtres liguais qu'elle


s'adressiiil, c'est en ligne paternelle que ce groupement nou-
veau s'est tout naturellement recrute. Mais nous ue nous dis.
simulons pas tout ce qu'il y a de conjectural et d'insuffisant
dans cette hypothèse: il sVu faut que lu question soit résolue.
DiiiiKune société dont les basessont aussi nettement fami-
liales, Porgan isation gouvernementaleest naturellement très
rudimentaire. Chaquestitnim (faut-il entendre par là chaque
eamla?) a son chef. mais dont les pouvoirs sont peu étendus.
Ses relations avec ses mi jets sont essentiellementpatriurcnles.
Il en est a plus forte raison de monte, du chef suprême de la
société. C'est surtout la situation économique et le prestige
religieux qui détcrmiueiit les famille» auxquelles reviennent
ces dignités. D'ailleurs, comme il n'y a aucun impôt, c'est lo
chef lui mêmequi doit, sur ses propres ressources, subvenir
aux frais de l'administration ce qui suppose nécessairement
qu'il a do la fortune.
La double organisation que nous nvons décrite plus haut
témoigne que les Herero, tout en pratiquant aujourd'hui la
filiation en ligne paternelle, restent pourtant attachés au
système plus aticieu do la desceudance utérine. Toute la
vie domestique porto la marque de cet étal ambigu. Bien que
la femme soit achetée et, en un sens, considérée comme la
propriété du mari, elle jouit pourtant d'une grande considé-
ration (Meyer, p. 3S)iet comme il arrive toujours dans les
sociétésqui ont pendant longtempspratiqué la famille utérine,
le lieu conjugal est fragile il peut être facilemeut rompud'uu
côté commede l'autre (/fc/tf,p. BOi.La femme, par le mariage,
entre dans l'otuso de son mari, mais ne sort pas de son eanda
natal; il en résulte que le mari est responsable et de la per-
souue de la femme et de celles des enfants envers Veandudo
leur mère; en cas de mort, il doitune indemnité ilbitl, p. 52
etu9i. On voit combien le droit est partagé et hésitant entre
ces deux conceptions juridiquesde lu famille. –-Signalons, au
sujet de la vie domestique, uncertain nombre de faits intéres-
sants relatifs au tabou des fiancés et des beaux-parents,
beau- père aussi bien que belle-mère (p. iS-oOt; le fosleraye
(61) et des sortes d'fe«?«ai formées contracluellcmcnt sous le
uout û'oupanga drle, p. 110, Meyer,p. &>),
Lo droit de propriété y présente tous les traits caractéris-
tiques de In conception que s'en font les peuples pasteurs. La
uotion de la propriété foncière y est dans un état de très
3»» I.KXKK soaoUMUQl'K.tWS-UHMS'

grande indétermination. Le sut est à ta collectivité tout entière.


Les familles ont bien le droit d'occuper lu portion du terri-
toire qu'elles exploitent, huit qu'elles l'exploitent mais elles
u'ont pas le droit de l'aliéner à un titre quelconque. L'idéede
limite est d'ailleurs étrangère à l'esprit (tes Ilerera
(Meyer.
p (58,.Pour ce qui est des imwbli's. nu contraire, la propriété
privée et mômeIn propriété individuelle est reconnue. Muis
le (.-oiiiuiuiiismi!lait ici, connue ailleurs, sentir ses effets. Le
lie» qui ni! tacite ainsi ies choses a des personnes détermi-
nées, est très fragile et le briser ne constitue pas toujours un
acte illicite. Ona toujours, en cas de besoin, le droit de se
servir de la chose d'autrui, même sans l'autorisation du pro-
priétaire (Meyer, p. 70, Irle p. I3(>).Sous l'influence des
mêmes idées, la pratiquede la mendicité est considérée comme
de très bon ton (Meyer, p. 77 – A noter l'usage eu vertu
duquel le don oblige le donataire à faire eu retour un don
supérieur en valeur ce qu'il a reçu. Ou sait uue cet usage n
été déjà observéailleurs, notamineiitenAmériquei.Kwakiutls).
Dansle livre de M. Irle un chapitre, mais assez sommaire
est consacré au système religieux ip. 72-871.
E. I).

KOHLER(Joskk).– Ueber das Reoht der Herei-o.Xeitxeh


f. cergktch. Hecltlsw.,XIX"B.. 1 il., p. ii)-37.
C'est une addition au travail du inOine auteur
que nous
avons analysé dans le t. Vde VAiti^t, p. 33». Cette note com-
plémentaire est faite avecdes renseignements empruntés aux
publications de Brincker et de Vielie dans les Milhiluiifu <t,>x
Semiium fur nrientaltxclif Spntdteu, M, 3, p. «Gel suiv., et V.
3, p. 10!)et suiv.: dans la Revue de lu FoUc-Loiv
Societyde
l'Afrique du Sud (I, 3). Le livre de Meyer précédemment
analyse est aussi mis à contribution. L'auteur insiste sur dif-
férents faits qui tendent prouver que les Herero traversent
uue période de transition entre la lilialiou utérine et
pater-
nelle: il s'efforce aussi de retrouver chez eux des traces de
mariage collectif.

KOHLEIt (Joskki. – Zum Rechte der Papuas. Zeitselt. f.


tergMth. liedilxit'uk" B., I" 11.,p. ICi et suiv.
Note complémentaire à deux autres travaux du même
ANALYSES. – SÏSTfiMKS JURIDIQUES ET MoitAl/X 391»

auteur sur le infime sujet. qui avaient paru au t. Vil de la


Zeitxchrift, p. Itt'Jetiiu t. XIV. p. îtil. Les informations nou-
velles avec lesquelleselle est tuilesont empruntons une étude
de ftascher sur les Sulka, parue daus i'.lrehk
f. AnUtropo-
hgif, t. XIX. p. 209, aux iteport»of tltp t'ambriilge Anthrap.
Kjrpnlitiou to Torm Slrnit*, t. V (analysés ici-menie, t. Vlll
p ri.'JO
et 382i, aux articles de Hunt et de Clialmers dans !e
Joum. M/f/«' <«-~). lrtxtifttlc~of (:r«tlltritufrr 1 xx\'111 n. 0.
et XXXUI p. Mi).

FARJENKL (F.). –La morale chinoise. Fondement des


sociétés d Extrême-orient. Paris, (Jiard et Brière, 190(S,
p. 2u8.
Considérations un peu vagues, sans références, sur le passé,
le présent, l'avenir de la morale chinoise. L'auteur prétend
montrer pur l'analyse du confucianisme aussi bieu que parl'
celle du taoïsme et dubouddhisme, que le peuple chinois n'a
jamais été un peuple positiviste, n'admettant d'autres règles
pour la conduite que des règles rationnelles. La société chi-
noise reste une société théocralique, la religion y enveloppe
tout, la morale coin mele reste. Mais il ne faut pas dire que
cette religion fut dès l'origine une religion de lu famille.
L'auteur déclare qu'on ne trouve pas trace, aux origines de la
Chiue, de culle privé des ancêtres. Et il en conclut que citez
les autres races aussi, ce culte a dtl avoir moins d'importance
qu'on le croit généralement 1

KOHLKR(Joskf). -Die Bantus der Elfenbeinkflste. Zciiseh: f.


vergh-ich. llvchtsw., .VVIll" U., p. 446-400. (Itémime leur système
juritii(|ue d'après le travail de Cluzel et Villamur, Les coutume»
indigènes de lu Ciile d'Ivoire.)

COÏTON. In unknown Afrioa. Twenty montha' travcl ami


sport in unknown lumlx nniotig new tribes. Londun,llursl niul
lilnckctt.

MAHTUi(U.). DlelnlandstàmmederMalayischenHalbinsel:
wissenschaRI. Ki-gebnisse oinor Heisc dut'ch die Vervinigtcii
Alulayischcn Staalen, loua, KiHelicr.

1.11'SIl'SÍJ,.If,). Das attische Recht und Reahtsverfahren.1,


I.<»ipzijr,Hcisluud.
400 I.ANSKBSOCIULOUIgCb'.
lMRi-1900

WINCKLKK. Die Q. 0 Hammurabis. Routgs von Babylon,


erweiterl iluieli cite soj». Biiniur. Patnilieit (li.-ti.), Leipzig,Ilin-
rioli».

Ml'LLttK. Das syriach-rômiaohe Reohtsbuoh und Hammu-


ïabl. Wien, llurlrier.

Kull 1,KU(JosKt) – Altsyrlsches und armenisohes Recht. ZeUtehr.


f. lenjleklt. Ilechtsii' XIX1'II., I" II., p. IO3-t3O.(Indications inlù-
ru.Muntcs, p. 117 cl suiv. sur lo droit d»HH!sti({ueet conjugul
urnu-tiien).
HKLIAVH!(A.V– DieMakamendesHarlrtalsErkenntnisquelle
arabisohen Reohts. Xeitsckr. fiir vtrgkichcnde Rcchlstv, XVIII
Ud., I90S. p. 429-445.

KOIILKK (Joskf). Das buddhistische Reoht der Khmers la


Kambodsoha. Zeitsch. f. venjleieh. HechUw.,XV1II«B., p. 313-
358. (licchcrclie l'iiifluenci1 du houdilliisnic sur co système juri-
dique.

V. – OUUAN1SAT1ON
SOCIALE
PurM.DniKHEiu.

LANU (Amukewi.The secret of the Totem. Loudou,


Longmaus, Green and Co., 1905, p. X-205, in-8.
Dans cet ouvrage, M. Lang reprend, eu lit modifiant sur
quelques poiuts, et la cutnplétsiut surtout par quelques impor-
tuutes additions, ta théorie qu'il avait déjà proposée dans son
Social OriyiHssur l'organisation totêmique.
Toutefois, l'exposé des idées personnelles de l'auteur
n'occupe qu'une partie du livre commedans tous les écrits de
M. Lang, une place considérable est faite à la polémique.
M. Lang est uncombatif et uu disputeur. L'escrime dialectique
a, pour lui, un attrait tout particulier et ses discussions sont
géuéralemeutpldnesd'eutraiu, parfois mêmed'humour. Sont-
elles conduites d'après les règles d'une méthode scientifique
très sévère? Nous aurions sur ce point d'importantes réserves
à faire. Au lieu d'examiner les théories qu'il combat, en elles-
mêmes, pour elles-mêmes, telles qu'elles se présentent à la dis-
cussion, au lieu de se bornerà éprouver la valeur des solutions
que leurs auteurs croient pouvoirdonner;:tix questions qu'ils
se sont posées, M. Laiig se met à leur place, il les interroge sur
ANALYSES.– QftOMlWATIORS0CIAI.E 401

«lesproblèmes qu'Us ont écartés ou ajournés par méthode et


pour est obtenir quaud môme des réponses, il en est réduit à
torturer abusivementles textes. Ainsi, sa préoccupation domi-
nante est de reconstituer la manièredont vivaient les hommes
avant qu'ils fussent parvenus à l'état social le
plus rudimeu-
taire que nous puissions aujourd'hui connaître par t'observa-
tion. C'est, au contraire, une question que nous nous interdi-
sous do toucher autant que possible, parce que nous lu
jugeons
présentement insoluble et quelque peu vaiue. Cela u'em pèche
pas M. Liiug, dans lu discussion de nos théories, de chercher
quelle idée nous nous faisions de cette pré-humauité (p. 9Gj,
et cela à l'aide d'un texte incident do quelques ligues on nous
paraissions frôler le sujet qui le passionne 1.
D'un autre côté, le plaisir qu'il éprouve à relever chez ses
adversaires dus passages qui sont ou qui paraissant contra-
dictoires l'entraîne trop souvent à signaler des contradictions
purement apparentes et verbales et qu'une lecture un peu
attentive du contexte suffirait à dissiper. Ainsi. au cours de
notre travail sur La prohibition (lel'incesteet se» oriyinex,nous
déclarons que l'exogiiinie a été vraiment précédée d'un état
social où l'inceste était permis. Dans le môme volume
{.inné»
social. l, p. HM)t nous rejetons lu théorie de
Morgan sur lo
mariage collectif la
et promiscuité obligatoire. Contradiction,
s'écrie M. Lang (p. 97) Elle n'est que dans sa pensée. Le
(jroup-mamarje de Morganou ce que j'ai appelé I» promiscuité
obligatoire implique qu'un groupe de femmes appartient
obligatoirement et en droit à un groupe d'hommes, qu'entre
le premier et le second il y a un véritable mariage cntralnunt
des droits et des devoirs, que la promiscuité, en un mot. est
une institution sociale, que chaque femme est tenue de se
donner à l'un quelconque de ses multiples époux. On sait
comment Morgaucl son école ont insisté sur la réalité do ce
droit collectif et sur ses survivances actuelles. C'est cette
conception que j'ai niée, commeil ressort et de l'expression
employée et de la discussion à laquelle je me livre dans le
même tome de l'Année sociologique p. 310 et suiv. Mais
l'inceste peut n'être pas prohibé, sans que rien de pareil existe.
La couscieuce publique peut permettre aux lrères d'épouser

i. Dun*vu\iu«i>u.ffi,
d'uillours,«mis nousbornionsii ilhv que).s grmi-
|ieiiiiMils
c\»pitmi<|m»imiii'ntdû Mtoyni-eitlù» de kocUUi-h i>la«slm|>k>K,
nu «oiiipivimiitaui-iumdivisioniiilvuic, «I oii ru«t!uiiii«t-luiliiwm-
nue.
E. DuiKiiEiii. – Aniiûo sodol., lfOS-1096. 26
402 l.'ANNliK SOCIOLOGIQUK. lUOS-itlOO

les sœurs, snusque l'on uit la moindre idée de ces époux col-
lectils'.
Mais sans insister sur cette méthode de discussion, voyons
sous quelle forme nouvelle se présente lu théorie de M. Luug
et pur quels arguments nouveaux il la justilio.
A l'origine de l'évolution, il postulede petits groupes fami-
liaux, soumis u la direction d'un patriarche ou peul-ètro de
plusieurs (p. 114-1lXj. Sur ce qu'étaieut ces petits groupe.
nients, sur leur éteudue et leur composition, il parait un peu
inoius précis que daus son précédent ouvrage, Il continue ù
avouer ses préférences pour l'hypothèse darwinienne de
l'homme vivant solitairement en compagnie de ses femmes et
de ses petits, tant qu'ils ne sont pas adutk's. Ataisi) admeth)
possibilité d'une autre conception. Eu fait, on voit mal con-
ment ces troupeaux, imaginés par Darwin sur le modèle des
troupeaux d'animaux, auraient pu devenir des sociétés hu-
maines, puisqu'ils étaient destinés à perdre progressivement
leurs jeunes, uue fois que ceux-ci élaieut parvenus à l'âge ou ils
pouvaient s'affranchir du joug patriarcal. Le troupeau était
doue destiné à nedurer qu'une génération et il est ilillieilo, par
suite, d'apercevoir comment auraient pu se constituer ces tra-
ditions, ces institutions sans lesquelles il n'y a pas de société,
au sous propre du mot, et qui supposent une certaine conti-
nuité. Et nous ne savons si la difficulté est moindre quand,
à la tète du groupe, on met plusieurs patriarches au Heu
d'un seul. Maisil est inutile de s'arrêter longtemps discuter
des hypothèsesaussi conjecturales. Ce point de départ admis,
voici comment se serait constituée l'organisation totémique.

M.Lan)?n'estpassansa voirrcniiirqtté cemotd'obligatoire quej'avais


ajoulcuci'luideiiroiniuiiU'iwur di'-linir
la théorie Seulemviil
queJi' rejetais.
ila pnWré croire'|U'>je l'avaisemployéà lit légère.>•yun, «laiisla théorie
disMorgan,lineettelïHobliKatoire, c'est,dit-il,cequeje puissuppléer•
no
(p. 99|. Lien elfcl,il 4-illii«nvurlainquela tliiSm-k' du iimi-jugo colloctif
rinccsleoljligdtoiiumaisvllu suppit-e
auniiii'iiivtit
n'iniplii|Ui' nûcussai-
ramentqu'aucun Iioiiiiiik pourson usage per-
n'a le droitil« iiii>nn|iolisor
sonnelunedesleiunirscuIlKi'livt'iural épousées.(-1<|u'aufunodes ieiiniifi
n'a ludroitilu«<>rul'uscr à au«miImiiiniece i|uiconstilui!«meobligation,
non nntush l'ineritu.maisa la (iroiirstuitij.Nouseriiisnonsnn'au foml
detoutecette(]U'rt>Ilu il n'yait unermifusioiicoiiiriiisc pur M.Langcotr>'
lesmotsde promiscuité «ld'incuslo,dontle sensest trèsdifférent.
Ajoutons,pouriln»coiuphit.qu'actuellement, et sans Iranclierlo ques-
tion desavoirs'ily rut un momentou l'incestefut autorisésansrestrlr-
tious aucunes,nou»ne consitlérons plus la nomenclaturetiawiiiciuu! do
Morganconnu»correspondant à un" époqueoùfrères et kdb» auraient
pu s'épouserlibrement. Nousnuussommesexpliquésplusieursfoissur en
pointdans Année.
\N\I.Y!>RS. – MUiANIftATIIiN SOLMLK 103

t'riimltvenuml ces groupes étaient anonymes. Mais bientôt


le besoin de se distinguer les uns dos autres tes détermina à
so désigner mutuellement pur des noms. Ces noms furent
empruntés à lu faune ut à la flore environnantes, <>t>g noms
il'.iiiiiii;iiix ou de vitaux ayant l« très grand avantage de
pouvoir être exprimés facilement par le langage des gestes
fl>. 110). (.'<•«Dut les ressemblances que tes hommes do tel
ifnuiiK!avaient aveu telle plnnlo ou telle bete qui determiue-
reut lu façon dout furent distribuées ces dénominations. C'est
iiiiifiiquu le totem lit son apparition. – Or c'est cet usage qui
fut lot igim; de toute l'évolution qui devait suivre. Jusqu'ici
AI.Laiig n'avait guère fait que reproduire les idées exposées
dans Sarinl Oritjins; main tenant, sa théorie va présenter
quelques modifications importantes. Déjà, dans son précé-
dent oiivra^1, il avait indiqué que les tabous attachés au
totem n'étaient pas sans avoir eu une influeuco sur l'organi-
sation sociale correspondante; maisil s'était borné à quelques
iiuJical ionstrès vagues, sans spécifier d'aucune façon ni la
nature de ces tabous ni la notion de cette inllueuce. Aujour-
d'hui il s'exprime avec plus de précision et le tabou toté-
mique sort de l'ombre oi'i il restait pour passer au premier
plau.
Voici tout d'abord comment se seraient constitués le toté-
misme et l'exogainio totémique, origine do tout le reste.
M. Lang invoque ce fuit « que, pour le»esprits primitifs, Us
iwmsH les choses(Irsigui'cnpurce»noms mut uni* par un rap-
port mystique et tmnsccmlanlal »(p. 121,cf. 110, 117). Pour
l'Australien, le nom est une partie de lui-même, et mémo une
partie essentielle. Par conséquent, pour lui aussi, entre des
animaux ut des hommes qui portent le mémo nom il y a
nécessairement des liens intimes et mystérieux. On en vint
ainsi à concevoir qu'entre les membres d'un groupe qui por-
tait le nom d'une espèce animale ou végétale et cette espèce
même, il y avait un rapport de parenté. L'animal fut consi-
déré comme l'ancêtre do l'homme. Ceci posé, voici comment
notre auteur explique la manière dont s'établit la prohibition
de inaringe entre membres d'un même totem. « Aussitôt que
les groupes*à nomsd'animauxeurentdéveloppé les croyances
universellement répandues sur le tcafainoii le mana, ou la
qualité mystique et sacrée du sang, les différents tabous
lotémiques durent également faire leur apparition. tels que
celui qui défend &un homme d'épouser une femme du même
404 i/annkk souioi.oiaui'E. luos-luao

sung que lui, étant du môme totem. Mêmesans le tabou du


sang, le tabou des femmes d'un même totem pouvait prendre
naissance. Un clan Ortion, dout le totem est l'arbre Kujuur,
no doit pas s'asseoir à sou ombre, tant est forte lu répugnance
inter-totémique. La eroyauce s'établît qu'un homme ne doit
\msse sertir de quelque chose de sou totem i/yïj»')™"p»a!xOet
ainsi avec la sanction du totem sacre, l'exogumie tolémique
était instituée » (p. 125).
Nousuvous tenu à reproduire les termes mêmede M. Lang,
afin d'ôlre assurés do ut; pas altérer sa peusée, tant cette
manière do raisonner nous déconcerte. Nous considérons.
sans doute, comme un progrés que M. Longfasse appel. d'uuts
manière précise, il l'important tabou du sang pour rendre
compte de l'exogamie. M-Lang prétend, il est vrai, eu avoir
parlé dans une note de ses Soeial Oriyin* (p. 8"t. Ou avouera
ijiio c'était peu de chose. Dans cette note, d'ailleurs, il se bor-
nait à renvoyer à notre étude, en ajoutant que ces supersti-
lions relatives au sang ne jouent qu'un râle secondaire et ne
fout que confirmer par des sanctions religieuses une tendance
exogiiiuique préexistante. Je crois que tout lecteur impartial
aura l'impression que. aujourd'hui, il leur attribue plus
d'importance. Il est vrai qu'il s'ellorce de retirer d'une main
ce qu'il accorde de l'autre. Il ajouteaussitôt que l'ou peut très
bien se passer de 'ces tabous du sang que les tabous inter-
totémiques sulliseut. Cette fois nous avouons ne pus com-
prendre. Sans doute, il est défendu de toucher au totem, il
tout ce qui est censé l'incarner ou l'exprimer éminemment,
car c'est une chose sacrée. Mais en quoi cela explique-t-il
qu'il soit défendu tic toucher à la femme 1 Eu quoi est-elle
plus représentative du totem que l'homme? Qu'a-l-ello de
particulièrement sacré? C'est ce qu'il est impossible d'aper-
cevoir. Les manifestations sanglantes dont elle est le théâtre
permettent de comprendre le sentiment de crainte religieuse
qu'elle inspire mais si l'on s'en passe, il n'y a plus d'expli-
cation. M. Lang veut-il dire que tous les êtres, humains, ani-
maux ou végétaux, (lui portent le même nom lolémiqiie, sont
tabous les uns pour tes autres et se repoussent mutuellement?
Maisrien n'est plus faux. Les membres masculins d'un mémo
clan se voient, se parlent, se touchent de toutes les manières.
La question est de savoir pourquoi la partie masculine n'a pets
les mêmes droits sur ta partie féminine. Cet interdit tient
évidemment à quelque particularité propre il la conslitu-
– OHdAiNlIiATiON
ANALYSÉS. SOCIALE 40!}
lioa de la femme mut» laquelle, si ce ne sont pas les idées
rotatives à ta nature du tsuug?
Mais ce n'est pas tout. Quels que soient les tubous allégués,
M. Litug ne voit pas que los (aire intervenir pour expliquer
le totémisme, c'est tout simplement répondre a la question
par la question. Ce que Al. Lmig se propose, comme l'in-
dique le titre de l'ouvrage, c'est dedévoiler le Secretdu totem,
c'est-à-dire d'expliquer d'où viennent les croyance» et les
pratiques dont est l'objet l'espace animulo et végétale dont le
clan porte te nom, et qui en Coûtquelque chose de sacré, ou
de tabou, les deux mots étant synonymes. M. Lang répond
c'est que cette espèce est l'ol)jet docertains tabous. Le progrès
que cette réponse fait faire à la pensée n'est pas considé-
rable. Ou bieu considèro-t-il comme une explication cette
proposition, d'ailleurs incontestable, que le primitif se croit
uni par un rapport mystique il l'espèce dout il porte le uom?
Mais tout ce qu'implique ce rapport, commele dit M- Luiir
lui-môme p. 12V,c'est que l'Australien eu devait venir à
concevoir les animaux totémiques comme étant du môme
sang que lui. Or uu être que nous concevons comme du
môme sang que nous, ne nous apparaît nullement comme
investi d'un caractère tuurê, comme tabou. A la rigueur, et
encore y aurait-il des réserves ù (aire sur ce point, on pour-
rait expliquer par là la répugnance de l'indigène il tuer ou à
manger cet animal. Mais d'où vient qu'il ne doit pas y
toucher, que parfois, il n'eu doit pas prononcer le nom, etc.
On ne craint pas de toucher ses frères et même ses parents.
L'interdiction du contact est pourtant ce qu'il y a d'essentiel
clans cette institution exogamique dont ou prétend rendre
compte. En un mot, expliquer le totémisme, c'est en expli-
quer le caractère religieux. Postuler ce caractère religieux-
et on le postule quand on invoque la notion de tabou qui est
éminemment religieuse – c'est s'accorder ce qu'il faut
démontrer1.1.

1. M. Litng, nubile it se retourner contre si s (Titiiiucj. fera-l-il rvmur-


i|(iur <|iiq nous aussi, dans notre éti'de sur IVvuK;iuiie, nous non* Minimes
m-ijuriii; certaines croyancu» raluUvi's uu (utvni. sans Ifs expliquer. Kieii
nVst plus certain, muis nous an avions la droit, rur iiott» proliK'in.i était
iitsiucuuti |ilus irslreinl nu.! celui (|u'ulKinte M l.aug. Sous in>ikiuk piii
|)osioiiHiiulU.'iiienl île révéler tous les seeretsilii lutem, maisile inonlicri|iie
levouuniio ilcpundait îles uuliuns relinieusus tvlttl ives au salin ce* notions.
nous les avilit* ensuite, rattauliiius aux eroyuiioes loléini(|ues. mais nous
noua sommes urrèté la, ilo propos iléliljéré, et nous n'uvions pus il reelierihec
400 1. AN.NKK S0ttl0l,umuUK. lUOS-U'OU

il y a cependant une autre partie de son livre où M. I.aug


parait soucieux d'aborder enfin cette question, qui est la
question Nous lui avions reproché dans un article du Folk-
lore et ici même, d'uvoir complètementméconnu co caractère
religieux du totem. M. Laug entreprend de se justitier de ce
reproche et voici en quoi» termes. « Nous pouvons nous
aussi montrer comment, en Australie, les totems ont fini par
être enveloppés dans un système de conceptions réellement
religieuses. Nous pouvons invoquer le témoignage do M-llti-
witl. Quand, dit M. HowiU, les légendes indigènes entre-
prennent d'expliquer les institutions totémiques. elles les
attribueut aux injonctions de quelque être surnaturel, révé-
lées aux hommes par le sorcier de la tribu. Si nous accep-
tous ce témoignage, une source du caractère religieux du
totémisme nous est révélée. Le toléiuisle obéit aux décrets
de Huiijil, comme les Cretois obéissaient aux décrets divins
donnés par Zetis ù Minos » (p. 130-137;.Que l'explication
paraisse sans réplique à un Australien, c'est ce que nous
admettons saus peine; mais ce n'est au fond qu'une de
ces tautologies, comme on en rencontre si souvent dans les
mythes, et qui ne font que répéter sous d'autres formes le
(ait dont elles ont l'air de rendre compte. Si les Australiens
ont éprouvé le besoin de rapporter ù un personnage my-
thique, à une sorte de dieu, l'origine du totem, c'est que le
totem ne leur paraissait pas être chose purement humaine et
laïque, comme'nous dirions, c'est qu'ils lui attribuaient un
caractère sacré, religieux, surhumain 'peu importe lo mot
que l'on emploie/, bien loin que ce caractère vienne de l'idée
qu'ils auraient eue. on ne suit pourquoi, de voir dans le
totémisme une institution d'origine divine. Ces mythes lais-
sent donc la question intacte.
Mais poursuivons l'exposé des idées de M. Lang. Une fois
établis le nom tolémiqiie et l'exogamie qui eu est le corol-
laire, voici comment l'organisation sociale, solidaire du
totémisme, aurait pris naissance. Supposons un groupe local,
qui aurait pour nom tolémique J'Kmou. tën vertu de la loi
d'exognmie, tes hommes de ce groupe étaient obligés d'aller
chercher au dehors des femmesqui fussent d'un autre totem
d'un autre coté, comme le totem se transmettait en ligne

•l'nùVKnaiuntfui fruyaiici'Stuli;iiiir|ut.'s
cHw-niùmos.Non<|ooIr prol>h*ni<»
nouspiirai.s.se
insoluble,maispuivc<|u«nous nouéresemms<lt> lutraiter
dansune autre occasion,avuel'uiiipluut' qu'ilcomijkji'Iu.
AKAI,r«K!i. – OHOANISATIOK SOCIALE 40*

utérine, c'est-a-dire de In mère aux enfants, et que ceux-ci


vivaient dans la groupe loenl du père, ce groupe se trouva
bientôt comprendra mu lui une pluralité de totems et de
groupes lutêmiqucs secondaires à l'intérieur du groupe de
l'Kmou, il y cul des ({eus du Corbeau, de l'Aigle, etc. Mais les
mariages entre les individus de ces dlltérents totems secou-
daires restaient interdits, puisqu'ils n'étaient que des subdi-
visions de l'fêmou,que ce toloin restait commun à tous et que
le mariage «Hait prohibé entre tous ceux qui le portaient.
Voilà que nous approchons do la phratrie; car ce qui carac-
térise la phratrie australienne, c'est qu'elle comprend en elle
une pluralité de groupes lotémiques entre lesquels il uo
peut pas plus y avoir mariage qu'entre membres d'uu seul et
môme totem.
Malheureusement, ce n'est là qu'un des caractères de la
phratrie. Eu même temps qu'elle contient des groupes .secon-
daires, elle est elle-même une subdivision d'un groupe plus
vaste qui est la tribu et, de plus, il se trouve que, en Aus-
tralie où ce système s'observe le mieux, ces subdivisions ne
sont jamais qu'au nombrede deux. D'où cela vient-il?'1
A la première question, l'auteur n'a pas trop de peine à
répoudre. 11 lui sullil d'admettre que des groupes focaux,
d'abord hostiles, ont Uni par se coniédérer. L'exogamie avait
pour conséquence forcée los rapts, avec les violences et les
guerres qu'ils entraînent. Mais, peu à peu, sous des influences
diverses, le besoin de relations plus paisibles s'éveilla, des
alliances se concluront en vertu desquelles les échanges se
firent paciliquemeut. Plusieurs groupes se trouvèrent ainsi
unis les uns aux autres. A vrai dire, on ne voit pas com-
ment ces traités de paix eurent pour elTetde (aire entrer les
groupes contractants dans un système social plus vaste, de
les associer assez étroitement pour qu'ils communient dans
une môme vie religieuse, comme le (ont les phratries des
Aruuta, desWarrainuiiga, etc., daus les cérémonies del'lnti-
chiuina et autres. 11y etentre tes phratries d'une tribu austra-
lienne une fusion, une unité morale beaucoup plus grande
qu'on ne pouvait le supposer avant les publications de Speu-
cer et (iilleu. Il ne semble pas que M. Lang se préoccupe
beaucoup d'en rendre compte.
Mais surtout, comment se fait-il que les groupes ainsi
associés soient justement au nombre de deux? La question,
manifestement, embarrasse M. Lang. Il commence par faire
498 I.ANXBK gaCMLOGIÛUB. l'JOï.|!)0C

remarquer Clltn.
l'OIlltir/Tliei" iiurfnia
que, parfois, les phratries
tite tthiMili*iûo unn»
sont •>!•» »AH.
plus nombreuses.
Le fait se reucoutre. eu olfet,en Amérique on lo
système des
phratries n'existe que dans uii état d'oxlréme décomposition.
Mais eu Australie, terrain par excellence de celle
organisa-
tiou sociale, il u'en existe pas, croyons-nous, tut cas bieu
établi. Il n'est pas douteux que la division
dichotomique ne
soit la règle à peu près uuiversello. Pourquoi cette universa-
tité Voici tout ce que répond M. Lang « Les alliances ù
deux sont la forme lu plus usuelle de ces sortes do combiuai-
sous. Deux groupes forts, alliés et donnant
l'exemple, ue
pouvaient manquer d'attirer dans leur sphère d'action les
groupes voisins. Finalement, si je suis en droit de penser que
l'arrangement en phratries naquit dans un centre donné, se
propagea par l'intermédiaire des émigrants et fut emprunté
par des tribus éloignées,le modèle original de l'alliance à
**ix dut se répandra tte manière à devenir de
beaucoup le
plus général » (p. 148).Pourquoi « les alliances à deux » out-
elles un avantage sur les alliances à trois ou à
quatre, et un
avantage assez marque pour que ce mode d'association ait
acquis une telle généralité, c'est ce qui nous échappe complè-
tement. – JI y avait pourtant, sur la genèse des
phratries,
une autre théorie et qui n'est pas
exposée à ces objections;
c'est celle que nous avons souteuue après M. Fruzer. Lu
phra-
trie serait due à une segmentation d'uu
groupe initial unique,
et chaque clan, à uue segmentation ultérieure de
chaque
phratrie. Mais M. Laiig écarte cette théorie, qui pourtant
repose sur des faits importants, pour des raisons extrin-
sèques 1..
Cependant ces difficultés ne sont pas les seules auxquelles
M. Laug est obligé de faire face, pour établir sa thèse. Il nous
parait inutile de les exposer, non plus que la manière dont il
essaie de les lever. Cellesqui précèdent
suffisent, croyons-
nous, à montrer que, si la théorie exposée dans cet ouvrage
tient mieux compte que la précédente du caractère
religieux

I. U seuleraison importanteest la sulvunln.Nousavions


iiKiilemiiieiit la segmentation <!xnli.iu(:
de cliaquephratrieou de chaqueclan par
l nupiMailiilite nu l'un oul'autredeces(troupesse snmUtrouvéde ivsl-jr
wnlemiudansles in.Miies limiteslurriloriales,unefois atteintun cerlnin
ilii
<eKre développement. Il est possiMe,en effet.i|uc cette explication
< ;< l<iscKmcntiili<insoulèves .lesdifficultés.
Miiisl«fait put ,Mr«dû u bien
I atitr,-< «Ipar suite,..n n'oitpasfondéu lenier
.•itiises; par celas.:ul.|Ue
din a pu lHrcPW'l'osco pouren rendre
compte,soulevéquel-
'lUesJiflïcullé;.
A.mYSES. – OHOANISVMONSOCIALE 409

de l'organisation lotémique, elle constitue pourtant une


hypo-
thèse eucura très arbitraire. M. Lung se propose
d'expliquer
tous les caractères du totémisme et il lui semble
qu'il y est
arrivé. Nous croyons qu'en une matière aussi complexe. une
théorie qui explique tout doit, au contraire,
inspirer quelque
défiance. Ce qu'il importe, c'est de trouver quelque notion
générale et directrice qui fraie lu voie, qui fasse un peu
avancer le problème, mais sans chercher a en donner une
solution tléliuitive.
K. I).

PAULIIERMANT.– Evolution Economique et Sociale de


certaines peuplades de l'Amérique du Nord. DitU.de lu
Sur. Roy.litige de Géogr.Extr. Bruxelles, 1904, p. 1 10iu-H".

J.-K. SWANTON.– The Development of the Clan System


and of Seoret Societtes among the North-Western
Tribes. AmericanAnthropoloijiU.N. S. 1904,VI, p. 477-480.

Le travail de M. Hermant fait suite à un autre, paru dans


le même Bulletin HiKrt, n°< 1 et 2.i, que nous avons laissé
échapper l'an dernier, et où il s'agissait des débuts de l'orga-
nisation sociale, reconstruits à l'aide des documents coucor-
nant les ïasinaniens, Fuéglens, etc. Létal de lu société chez
ces peuples, restreinte à la famille, impuissante à former de
grands groupements, se rattacherait à leur faible techuique,
et à leur infériorité économique. Certes l'organisation en clans
des sociétés Australiennes pourrait constituer une objection
il cette théorie. Maisl'auteur la levait et la lève à nouveau
ici ip. 100»par l'hypothèse que les sociétés Australiennes
étaient dégéuèrées d'un étal supérieur.
A la lumière de ces principes de l'interdépendance entre la
technique et lu constitution juridique, M. H. passe mainte-
nant à l'élude comparative des sociétés de l'Amérique du
Nord. Lu méthode»consiste si dresser successivement, pour
chacune des grandes fumilles dépeuples, un tableau parallèle
des phénomènes technologiques et économiques d'une
part,
des phéuomènes juridiques de l'autre. Ceux-ci sont divisés
en conditions sociales (cequi veutdire politiques) et familiales.
(l'auteur entend par ta tout ce qui concerne l'organisation
domestique). Sont ainsi passés en revue les Esquimaux, les
Tinueli-Alhapascans, les Nootlta-Colombiens peuples à civi-
410 I.'aXXKK 1905.1900
SOUWUMiigKR.

lisalion du Nord-Ouest) les Californiens, les Algonquins, les


Sioux, les Iroquois. Le champ d'études était doue ample et
bien choisi, puisqu'il s'agit de peuples fort comparablesentre
eux et outre lesquels se répartissent toutes les formes possi-
bles des premières «volutionssociales. Et la masse do docu-
ments publiés sur une musse de tribus depuis les grands
ouvrages de Morganrend actuellement nécessaire, un©mise à
jour des questions.
Malheureusement.quellesque soient les ressources del'éru-
dition de M. Paul Hurtmiut, il est loind'avoir rempli sa lâche.
Quelque ingénieuses que soient certaiues de ses idées (ex.
p. Ui, un rapport entre Texistouce de l'esclavage au Nord-
Ouestet la chasteté, dulu jeune fille), tout sontravail manque
de l'exactitude et de la réilexiou indispensables. Une infor-
mation qui, quelquefois-, n'est qu'apparemment de première
mainlui permet, par exemple, rien quo duus le premier cha-
pitre sur les Ksquiinaux, de confondre Huns lîgcdeet Saubye,
et Ciauz de citer Helms pour liolm de parler, d'après
l'ayne, des grands établissements de la rivière Churchill. Une
méditation plus sérieuse lui eût, par exemple, impose de
piu'ter des sociétés secrètes dans tout le Nord-Ouest,et toutes
les Prairies. MlleluieiU fait aussi ne pas négliger complète-
meut les faits de licence sexuelle du genre de ceux que nous
avons signalés dans notre mémoire sur les Ksquimaux.
C'est pourquoi, quoique utile que soit le travail de M. lier-
maut, il est certain qu'on n'ajoutera pas grand crédit à sesthéo-
ries. ui grande autorité à ses méthodes, d ailleurs renouvelées
de M.Grosse(cf. AunrfSneiol.,l,[i.'M[)s<i.nLesfamilles, encore
isolées chez les Esquimaux, auraient pu, grâce à la grande
poche et à la grande chasse, s'agglomérer en grands groupes
et former des clans, dans tes tribus méridionales. L'appari-
tion spurndique du clan chez les Tiuneh-Athapascans inou-
trerait précisément comment il a pu naître, comment il
affectela situation de la femme, maintient le lé viral, trans-
forme la vendetta de vendetta tri halo e.. gentilice; com-
ment la femme, à la fuis sujette el étrangère à sou mari, en
arrive, par son progrès économique, non pas à la gynéeocra-
tie, mais au matriarcat et a faire reconnaître la descendait»:
en ligne maternelle; comment enfin le clan il descendance
paternelle apparaît. La plupart de ces affirmations seront
ardemment contestées ici et nous ne pouvons même arriver
à comprendre la théorie que M. IL propose do l'origine de
ASAUSKS. – l/dHlUXISATION POMTIÇUB 41 1

.1.1.1
lu prohilmion ae i incestequ il du.I.
rattache à un 1.10,1:
besoinde ,,1. ~.J.I.
sélec-
tion.
M. Swiinton ne tombe pas dans le tlélaut de M. Hermuutet
no pèche pas par excès de rapidité et de mépris des méthodes
historiques. Lui aussi. après lo P. Morieeet M. Hoas,tente de
retracer l'origine du l'organisation en clunsel sociétés sucrâtes
dans les sociétés' du Nord Ouest, Sa conclusion, c'est quo lo
système de clan serait originairement Tsinisltiuu, iluida et
Tlingil et auniil rayonné par voie d'emprunt û partir de ces
tribus, et que le système des sociétés secrètes serait origiuai-
renient arrivé au Nord Ouest par des tribus Salish en rap-
port arec tessociétés dus Prairies (AlgonquinsV;. Maistoutes
ces hypothèses historiques sont, quant à nous, sans réel
intérêt. Il est possible même de les renverser, et nous if au-
rions pas de peine à supposer dé notre côte que les sociétés
secrètes des Prairies seraient modelées sur les cou frênes
religieuses du Nord-Ouest, qui sont infiniment mieuxorgani-
sées.
La sociologiea tout à gagner a ce que les recherches ethno-
graphiques soient à lit fois historiques comme celles de
M Swanlon, et comparatives comme celles de M. Hermaut
cite a tout à perdru ù des conclusious aussi rapides et aussi
hypothétiques que les leurs.
M. M.

KOIII.KII (Joskk). Weiteresuber die Australstamme.ZeiUehr.f.


U., Ie* II., p- 131-101.(Sourcesd'infor-
eergkieh.Iteelitute.,XIXW
mation 11-livrerécent «lollnvvilt,lustravaux de Malliewsdan*
JuuiikiIHoy.Soc..V.-S.Watet,xxxi,xxxti,xxxiv,xxxvu,h's /le/jor/s
uf Ihel'ambridyeExpéditiontu TmresStruitu.Croit retrouver In
rtiiilirmalionde ses vues ordinaires.)

VI. L'OHUAMSATION
l'OLIÏIQUE
l'ill' MM. DlUKIlEISl. FWCD.S'N'BT Cl RulKil.fi

FHAZEU (J. G.J Leotures on the oarly history of the


Kingahip. Loudou, Mucmillan, lilOo,p. XI 309, iu-8\
Que les personnages royaux ont été, dans une multitude
de sociétés, investis d'un caractère religieux, c'est unepropo-
sition que l'on ne conteste plus guère M. Frazer la reprend,
412 L'aNNKE 1906-1001)
SOL'IOI.OUlyl'E.
mais eu lui donnant une forme et une précision nouvelle,
Suivant lui, les premiers rois miraient été des magiciens;
c-'est le pouvoir magique (lui aurait commencé par être la
substance même du pouvoir royal.
On suit ce que c'est que l:i magie pour M. Prazer c'est uue
pseudo-science, un système erroné, une grande et désns-
tretiso duperie (one great dimutrou*(nUaaj, p. Bj>. Prenant à
tort les luis suivant lesquelles leurs idées se combinent et
s'nllecleiit les unes les autres pour les lois mêmes du réel, les
huuuues. au moment où leur réflexion était seulement nais-
sante, auraient admis que les choses agissent les unes sur
les autres comme les idées qui les expriment; que, comme
deux représentations qui out été associées dans l'esprit soit
en raisou du leur contiguïté, soit en raison de leur ressem-
blance s';ippelleul et se modifient mutuellement, une action
du même genre est susceptible de s'échanger entre les objet»
correspondants, alors même qu'ils ne sont pas en contact.
D'oùces axiomes que le semblable produit te semblable, que
deux choses peuvent agir l'une sur l'autre, alors même
qu'elles sont distantes, pourvu qu'elles aient été «ultérieure-
ment continues. Grâce fi cesdeux lois, l'homme semblait pou-
voir exercer sur le monde un empire éteudu il n'y avait
qu'à savoir s'en servir pour pouvoir, ù volonté, produire
ou guérir les maladie, faire pousser les plantes, tomber la
pluie, etc. La magie fut précisément l'art d'appliquer ces
deux principes généraux aux diverses circonstances de lu vie.
Quiconque était censé posséder cet art se trouvait donc, par
cela même, investi d'un pouvoir apprécié et redouté qui ne
pouvait manquer de couférer un prestige considérable.
Cependant, si la magie n'avait servi qu'à des fins privées,
le magicieu serait resté un simple citoyen, plus ou moins
considéré suivant sou degré d'habileté. Mais la magie peut
iHre aussi pratiquée au profit de la collectivité. Toute la
société a besoin que la pluie tombe au moment voulu et dans
la quantité voulue, que la terre reçoive du soleil la chaleur
qui lui est nécessaire, que les plantes poussent, que le gibier
prolifère, ele. Dans la mesure où il fut appelé à mettre sou
art au service de l'intérêt commun, le magicien devint un
personnage public, un véritable fonctionnaire; et comme sa
fonction était de première importance, it finit par exercer un
véritable contrôle sur les affaires (lesgroupe. Il en devint
le chef, le roi. Heureuse révolution, dit M. Frazer enr,
ANAIASK*. – l.'ontlASISATION POMTIQUK 413

comme la pratique de la magie supposait certaines qualités


d'intelligence, de finesse, d'astuce même (par cota seul que
le magicien ue pouvait guère réussir dttus l'exercice de sou
art qu'à condition do ne pas trop y croire), le pouvoir suprême
tendit ainsi tout naturellement à se concentrer entre les
mains d'hommes avisés, clairvoyants, peu scrupuleux il est
vrai; mais M.Frimerestime qu'il ne faut pas trop de sera (iules
pour pouvoir administrer utilement lu chose publique (p. Kij.
Cet avènement d'individualités habiles eut douc pour effet
de soustraire les sociétés inférieures au joug de lu couluin»
et à l'autorité des anciens, toujours routiniers. Cette substi-
tution de la monarchie à lu démocratie primitive ouvrit les
voies au progrès.
Les premiers rois furent donc des magiciens. Cette propo-
sition générale, qu'il ii'éuoneo pas sans quelques réserves,
mais qu'il considère comme s'appuyant surdo fortes vraisem-
blances. M. Krazer s'elTorce de la démontrer ù l'aide de faits
empruntés ù l'Australie, ù la Nouvelle-Guinée,à la Méluuésic,
à différentes sociétés d'Afrique (p. 10(3et suiv). il croit en
trouver une coufinmition dans ce fait due, citez un certain
nombre de peuples, lu qualité de chef, de roi, est attachée,
non pas directement à une personnalité déterminée ou a une
lamille. mais à lit possession de certains joyaux, insignes, etc.
qui pussent pour des talismans magiques capables d'allecler
le bien-être de la société. Le pouvoirde guérir certaines mala-
dies, que l'opinion populaire prêtait autrefois aux rois de
France et d'Angleterre, serait une survivance de ces mômes
usages.
Mais ce n'est là que la forme première de In royauté dont
la conception changea à mesure que la magie perdit sou ancien
prestige. Peu à peu les hommes s'aperçurent de ce que ces
sortilèges avaient d'illusoire, et au moins les plus intelligents
s'en détournèrent. La magie céda ainsi la place ù la religion
proprement dite; on renonça à agir directement sur les
choses par les procédés contraignants que mettait en œuvre le
magicien et, pour obtenir les mêmes résultats, on s'adressa
aux dieux que l'on s'efforça de se concilier par la voie de la
prière et du sacrifice. Au sorcier se substitua le prêtre.
l'homme inspiré, possédé par uu Dieu, incarnation ot repré-
sentation de ta divinité: et, par suite, les rois eux-mêmes
revêtirent un caractère sacerdotal. Eux aussi ils devinrent
des hommes-dieux, ils furent considérés comme l'expression
411 I.AXNKH
SOClOUMlKil'K.
1VOS-1V0C

matérielle de principes divins (p. 127). A l'aide de rappro-


chements ingénieux, mais que nous ne pouvons reproduire
ici, M. Frazer entreprend de démontrer que telle fut la nature
de la royauté primitive à Rome et en Grèce. Les premier*
rois auraient, en particulier, incarné le roi de lit végétation
et comme telle est aussi lu fonction dos l'ois et des reines de
mai, dont il a tant parlé dans son Goldenlioui/h, cette royauté
de folklore apparaît comme un ssuerédaué de ta royauté très
réelle qui exista jadis dans les premières cités de la Grèce et
de l'Italie.
Telle est la thèse. Notre analyse ne peut malheureusement
donner aucune idée du charme de l'exposition. M. Frazer est
passé maître dans l'art de rapprocher les faits, de les éclairer
les uns pur les autres, de les ramener ù quelques types géné-
raux, sous lesquels ils viennent se ranger tout eu couservaut
leur individualité concrète. C'est ce qui donne tant de vie ù
ses livres où l'on voit côte à côte et s'ilhistraut mutuellement
des exemples empruntés aux civilisations les plus diverses.
Jamais peut-être ces qualités ne se sont déployées plus à l'aise
que dans cet ouvrage où l'auteur fait, de plus, preuve d'une
grande habileté d'écrivain et de conférencier; car ce livre
est un recueil de conférences faites au Trinily collège.
Quant à la théorie elle-même, elle appelle les mêmes réserves
que la théorie générale de M. Frazer sur la nature de la magie
et do ses rapports avec la religion. Suivant lui, ta magie ne
serait rien autre chose qu'un art grossier et tronqué, uppuyé
sur une fausse science; par suite, l'autorité des magiciens
serait surlout un produit do la ruse etde sa vantsartifices. Leur
situation privilégiée leur viendrait dé l'habileté avec laquelle
la plupart d'entre eux exploitent la mentalité primitive. Or,
ainsi que l'ont montre ici même MM. Hubert et Mauss, le
magicien est tout autre chose. Dès l'origine, il est investi d'un
caractère religieux: it communique avec les esprits, il a eu
soi du mana, cette force mystérieuse qui, en se communiquant
à l'homme, en fait quelque chose do surhumain. Ce n'est pas
un adroit charlatan c'est un inspiré, un voyant, tout comme
le prophète ou le piètre, et c'est à cette qualité qu'il doit
la considération, mêlée de crainte, dont il est entouré. Voilà
comment il se fait qu'il est souvent promu aux honneurs
suprêmes. Quiconque participe de cette nature sui gemm qui
élève un homme au dessus des autres hommes se trouve
tout désigné pour jouer uu rôle dirigeant; et inversement,
4NAI.VS1SS. – l'oIIIIANIJATIOX l'OUTIQrK 415

quiconquei est
nul mto mi rtMttiviî<ïkt tt<itir# no( nti Hcela
(intd niAittu iinnnA
misau premier rang est, par même, repré-
senté comme doue de cette vertu qui le sublime. Il y a lu
deux idées qui s'impliquent. Avoir du manu, une nature
sucrée, et être un chef sont deux expressions qui traduisent,
en somme, un seul et môme état des gen» et des choses.
Cela posé, on s'explique mieux comment se fuit la transfor-
mation du roi-mage eu rot-prêtre (lui, selon M. Frumv, se
serait produite il une époque ultérieure. L'explicaUuu qu'il
dotiiit)de ce changement est diflicilement satisfaisante. Ce
seraient les échecs de la magie qui en auraient détourné les
esprits avisés, en démontrant tout ce qu'elle avait de déco-
vaut. Muisun ne voit pas ce qui aurait pules délerrniuer, pour
autant, substituer aux procédés magiques les rites religieux
et pourquoi, une fois affranchis du magicien, ils se seraient
placés sous la dépendance du prêtre. Ce qui était uatllrel,
c'est que, a ht fausse science et à l'urt trompeur qu'était la
mugie, on cherchât à substituer une science mieux faite et uu
art lnïc plus efficace.Mais pourquoi, pour agir sur les choses,
aurait-ou recouru à des principes roligieux, spirituels, si, ù l'o-
rigine, ils ne jouaient aucun rôle dans la technique? Pourquoi
les dirigeants seraient-ils devenus des hommes inspires, des
surhommes, si, dans le principe, ils n'avaient à aucun degré
ce caractère ? Au contraire, toute difficulté disparaît, une fois
qu'on a reconuu qu'entre le magicien et le prôtre, te roi-mage
et le roi-dieu, il n'y a pas de différence de nature; que l'un et
l'aulrn sont en rapports, quoique de mauières différentes, avec
les forces spirituelles et religieuses; car alors on s'explique
sans peine que l'un ait pris la place de l'autre, que l'un soit
devenu l'uulre. Et munie il est permis de se demander si ces
personnages que hl. Fraster appelle des magiciens publics et
qui jouent le rôle de chefs politiques, na seraient pas mieux
dénommés des prêtres, des chefs proprement religieux. Ainsi
il donne ce nom aux chefs des groupes totémiques locaux.
dans les différentes sociétés australiennes. Or l'homme qui
préside aux cérémonies de la religion totémique, dans sou
clan ou dans sa tribu, est, en réalité, préposé à la vie reli-
gieuse, au sens étroit du mot. Il est vrai que M. Frazer ne
voit dans le totémisme qu'un système magique. Mais nous
avons souvent dit pour quelles raisons nous trouvions inac-
ceptable cette conception que l'on a pu voir discutée une fois
de plus, un peu plus haut.
E. D.
4-tO l/ANNKKSOCIOl.Oliiyi'K.
1905-100(1

\V. AUMKCHT. Grundriss des osmanlsoheit Staats-


rechts. Berliu, Vuhlea, iitOti,p. !X-9l,in-8°.

Par suite de l'antagonisme irréductible de Pfslam et du


christianisme, et par suite dos rapports longtemps exclusive-
meut belliqueux et aujourd'hui d'un caractère si exception-
nel entre lu Turquie et les puissances européennes, le droit
public turc s'est développé daus des conditions tort diffé-
rentes de celles auxquelles l'histoire des fttnts chrétiens nous
a ai-cmiluniés. Ht surtout, clanscette civilisation où la reli-
gion pénètre tout. l'État, la souveraineté, le droit sont choses
très différentes de ce qu'elles sont chez nous Le petit manuel
de M. Alhrecht. très clairement fuit d'ailleurs, est trop
sommaire pour pouvoir donner autre chose qu'une indication
sur l'intérêt sociologique du sujet truite. Il semble n'être
qu'une compilation bien faite des résultats déjà obtenus; il
tend surtout a faire connaître le droit eu vigueur.
Unecourte introduction historique signale les facteurs prin-
cipaux du droit public actuel la conquête, l'organisation
féodale qui a laissé des traces, bien qu'abolie en 1830, l'orga-
uisalion des janissaires et sou décliu, la décadencede l'empire
el les réformes du xi.r siècle jusqu'à la constitution de I87C,
les relations juridiques de la Turquieavec l'Europe.
Nous signalerons, comme propres a intéresser plus particu-
lièrement le. sociologue, les pages relatives l°uux rapports
de l'Église et de l'État; les deux choses n'eu font qu'une; le
droit est essentiellement religieux; le sultan, chef temporel,
est en même temps le successeur du prophète Cp. 21 sqq.
4.Hsqq.i néanmoins, à côté du sultan se tient une espèce do
ministre spécial qui est le chefde la religion le Chei/ul-Isliï-
mat (p. 79 sqq.) – 2" aux sources de droit public le Coran
est la principale, mais l'iilroitesse de.ses dispositions a rendu
nécessaires des additions qui ont de moins en moins un
caractère religieux !p. 23 sqq. t; •– 8" au régime de la pro.
priété ù coté de la pleine propriété de type romain, le
droit turc connaît surtout une propriété à caractère féodal,
l'Klat restant le véritable propriétaire; certaines terres,
rurouf, dont le propriétaire dispose pour se conformera la loi
religieuse de l'aumône, constituent un domaine religieux
d'un type particulier (p. 27 sqq.i: – 4' a l'esclavage (p. 33-
34; – »"au mariage, mariage déliuitif, d'ailleurs soluble par
AXALWK. – L'ORiUXftATMN l'Ol.lilyLg 4(7

le divorce, maringe temporaire,mariage avec une femme


esclave(p.88 sqq.) tl°à l'organisationdes tribunauxip S6
sqq.)et 7°des ministères(p. 66 sqq.i
Lasituationdes sujetsnon inusulniansdu sultanest Jeter*
minéepar lu manièredont l'Islam couçoitses relationsavec
les autres religions.Tout infidèleest en principeuu ennemi
auquelle droit nes'appliquepas. Maistandis quelasidolâtres
doiventchoisirentrela mortet la conversion,lesKitâbî,ceux
qui ont reçu des livres de prophètes dont les Musulmans
reconnaissentla mission,commeJésus ou Moïse,peuvent
garder leur religion ce sont dos sujets de second rang,
dontl'État s'occupeseulementpour leur demanderl'impôt.
Quant au reste, Ils s'administrenteux-mêmesselon leurs
loiscivilesqui pour les Musulmansne font qu'un avecleurs
lois religieuses de là des organisationsrelativementauto-
nomes,Milel, définies par leur religion. grecques, armé-
uieunes,juives, catholiques,etc. sur lesquellesM.AlbreciK
donnedes indicationsdétaillées(p. 22 88 sqq.)
I».F.

A. PHINS. – De l'esprit do gouvernement démocra-


tique. Essaide sciencepolitique,p. 294.
Lelivreveut êtreune réfutationscientifiquedu radicalisme
simplificateuret du collectivismeniveleur, issus l'un après
l'autred'une fausseconceptionde la démocratie.
La « démocratieabsolue» ou d'imagination,à laRousseau
que l'auteur opposeaux démocratiesréelles,« modérées
ou organisées– supposetrois postulats 1°lesindividus
sont égaux 2"la majorité(ait loi; 3"la volontépopulairene
peut s'exprimer que par le suffrageuniversel.Cesont ces
trois postulatsque l'autour entend combattreau nom des
faits.
(Chap.i La démocratieet l'utopieégaUUiirc.Chap.u la
démocratie et le principemajoritaire.Chap.m La démocratie
i'l le suffrageunicersel.Dansle chap. iv. La démocratie
et let
institutionslocales,l'auteur chercheà montrersur quelles
organisationspositivesunedémocratieréelle pourraitse fon-
der.)
La discussiondu collectivismeest celle où M.P. montrele
plus nettementl'intensitéde ses convictionspersonnelles.Il
est plusdifficilede dire qu'il y emploieune méthodepropre-
li. DrnKiiem.– Année sociol.,ISOii-i'JOG. s:
4(8 t.VXNÉE IUOM900
SOCItlblHilQl'B.
mentscientifique.11entendréduirelecollectivismeaucommu-
nisme primitif. et lui défendde tenir le moindre comptedes
inégalitésindividualistes.Quesi les collectivisteslui disent
« Nousaussi, noussaurons payer l'idée, la science, les fonc-
tionsde direction,d'organisation», II leur répond « Alors,où
serait le progrès?» (p. 69).En somme,le collectivismeparait
être essentiellement,aux yeux de l'auteur, la négation de
touteespècede différenciation.Or il est trop clair que ladifté.
renciatiousoustoutes ses formesest la loi dé la civilisation
moderne.
L'auteurn'oubliequ'un point c'est qu'il y a lieu (te distin-
guer entre les formesde différenciation,et que si les unes
sont normaleset nécessaires; telles autres pourraient bien
u'étre que des survivancesnuisibles.M.P. ne distinguepas
par exempleentre spécialisationet différenciaiiofydistinction
indispensable.nous avous essayé,de le montrer, pour faire
sentir toute la différence,que M- P. parait souvent oublier,
eutre les modesde l'évolutionsocialeet ceux de l'évolutiou
organique. Demômeil sembleconfondreavec le phénomène
de la formationdesclassesceluides individualisationsprogres-
sives, alors que souventil y a lutte plutôt qu'accord autre
ces deuxtendances.Fautedecesclassificationssociologiques,
la discussionde principesde Il. P. porte le plus souventà
taux. Donsles matièresoù elle serait plus probante, lorsqu'il
s'agit de l'évolutionéconomiqueactuelle, par exemple, elle
reste singulièrementimprécise.C'est ainsi que pour prouver
«la progressionconstantedes petitesentreprises, » M. P. se
eontoutede renvoyerà Beroslein,sansciter et sans discuter
les faits.
Quandil s'agitde l'organisationpolitiquede la démocratie.
l'auteurse retrouvesur un terrain qui lui est plusfamilier.11
reprend,pour les développer,les idées qu'il a lancées dans
ses livressur la Démocratie et le régimeparlementaireou sur
YOrganisation de la liberté1il le decoirsocial.Il suit a travers
les âgesle progrès du « principe majoritaire». II le montre
atteignantson maximumet poussantsa logiquejusqu'à l'ab-
surde dans les théories de Rousseau,qui s'acburue sur les
institutions les plus nécessairesau fonctionnementnormal
d'une action démocratique les groupements partiels dont
l'union devrait formerla véritableorganisation politique. Il
rappelleà ce proposque le parlementarismeanglais, qu'on ;i
prétenduimiter, « a été J'extensionà l'administration entière
ANAIASK*. – lAllUUXISA'riUK rOLiTUJUK 4.1!)
,i.i. 1_1' .10.
«laroyaume du typeconcretdu gouvernementlocal », tandis
que « notre radicalismedu continenta appliquéà des régions
restreiuteset diverses I» réductiond'uu gouvernementidéal
de rhumauité » (p.\U).
Pour montrer quelledistanceséparecet idéaldes réalités,
l'autour passe eu revuetoutesles diversesorganisationsdu
suffragedans l'antiquitéet dansles tempsmodernes.Maisici
mômeil n'utilise pas,à vrai dire, tes faits les plusprobants
pour sa critique. li n'use pas, par exemple,des analysessta-
tistiquesauxquellesle systèmemajoritairea été soumispur
les partisansde la représentationproportionnelle.(M.l'. n'at-
tend rien de bon d'ailleursde ce système.V. p. 185sqq.). De
même quand il s'agit des partis et de la déformationqu'ils
imposentà la vie politique,il cite bleu les recherche*de
M.Ostrogorskisur l'organisation des partis en Amériqueet est
Angleterre;mais it ue prend pas la peine de discuter les
leçonsqui s'en dégagent.
C'est par la partie positivequ'on est le plus désappoiutû.
Du gouvernetneutlocalet des bonueshabitudesqu'il donne
tant aux élus qu'aux électeurs,M.P. fait un vit éloge– sans
d'ailleurs tenir comptede tousles faits les administrations
municipalesaux Étals-Unissont-ellesdoncsi irréprochables'
– Maisc'est sur la manièrede substituer pratiquement,ait
modeatomique, le modeorganiquede lu représentationque
l'on voudrait plus de lumière.Là oi'il'histoiren'a pas main-
tenu l'autonomiedo ces corps intermédiairessur lesquelsil.
P. compte pour « organiser» le suffrage,quelle force sern
capable de les reconstitueret, en les reconstituant,de leur
mesurer la puissance politique? Au nom de quel principe
pourra-Ion assignerpar exempleau collègedessciencesdeux
députésplutôt que trois? au collègedu capitalquatre dépu-
tés plutôt que deux? (p. 287).Cetteredistributionnilionuelle
supposeraitune connaissancescientifiquedesorganessociaux
et de leur valeur respectiveà laquellenous ne sommespas
près d'arriver. En attendant, le systèmequi consisteà « se
compterpour ue pas se battre» et à remettre,enverset contre
les « intérêts sinistres » dosgroupes,corpsou classes,le cou
Irolefinal à la majoritédes individus,se défendraitlui aussi
pour dosraisonshistoriques.SiM.P. avait pris le soinde le*
remettreon lumière, il aurait hésitéà nous présenter,comme
une espècede créationarbitrairede Rousseau,le mouvement
démocratiquecontemporain. C. R.
420 l'axnéb socwlouiuue. iwb-twe

GREENtmU ;J. Die Vertassungdes persisohenStaates. lier-


lia, VahU'ii.
>YILLorGllBY(W.).– TheAmericanconsUtntionalgyBtstn;anin-
troduction tothe atudy of the AmericanState, New-York.Cen-
lurv <>.

VII. – I/OHGANISATIONDOMKSTIQIE
l'ai-M.UvKKUKiit.
t
.1. – la famille.
MOOKE(Lkvis).– Malabar law and custom. Tliird édit.
Madras, liigginbothain andC", ti»05, p. XIV444, iu-8.
Cet ouvrage est uu véritable traité de jurisprudence. On n'y
trouve pas seulement exposés, d'une manière géuùrale et
abstraite, les principales lois et coutumes du Malabar, nuits
aussi uue multitude de décisions où l'un voit ces lois et ces
usages appliqués à des cas particuliers. Les règles juridiques
prennent ainsi uu relief et une précision qu'elles lie peuvent
avoir dans un énoncé puremeut abstrait. Surtout pour ce qui
concerne les coutumes non codifiées, ou ue peut s'en faire
une idée que quand on les voit fonctionner dans la pratique.
Le premier auteur de ce recueil est M. Wigram. juge de dis-
triet dans le Malabar du sud. Le travail a été repris
depuis
par fauteur actuel, M. et
Moore, complètement refondu dans
la présente édition. De nombreux ouvrages que M. Wigrain
ignorait ont été mis à contribution, notamment le Manual <>/
Malabar de Logau, le Minute on Malabar JmiuI remues de
Chartes Turner, et le Report oftke Malabar Mai-nageCommis-
sion.
L'ouvrage traite deux sortes de questions. Les unes, rela-
tives à la leuure des terres, sont d'un intérêt juridique très
étroitement technique pour cette raison, nous nous borne-
rons à mentionner la partie du livre qui leur est consacrée
(deuxième partie, p. 1HI-3U).Les autresconcernent la famille
et le mariage. Ce sont celles qui nous intéressent le plus pur-
ticulièrement', c'est donc sur elles que portera notre ana-
lyse.
Deux populations différentes, (lui observent deux systèmes
juridiques différents, vivent côte a côte au Malabar. Il y a les
– L'OHCAMimiON
ANAIYSK*. POHBSTlgDB 421
Naîrs et les Nninbudri. Ces derniers «ont des Brahmanes qui
se sont établis au Malabar vers le vu" siècle et (lui suivent la
vieille loi hindoue. Quant aux Narre, ce ne sont pas davantage
tleRindigènes; mais il y a lieu de penser qu'ils avaient pré-
cédé tes Nnmbudri. En tout cas, ils ont une organisation
familiale qui leur est très spéciale Bacliofen fut un des pre-
miers à la signaler; le présent ouvrage confirme, complet»
et précise sur plus d'un point la connaissance que nous eu
nvions.
Les deux types familiaux qui coexistent ainsi présentent
cette particularité qu'ils se ressemblent sur des points essen-
tielset divergent radicalement sur d'autres, non moins capi-
taux. On se trouve ainsi en présence de deux sortes d'organi-
sation sociale qui sont, a la fois, proches parentes et, par
certains cotés, très opposées.
Elles se ressemblent en ce qu'elles consistent l'une et l'autre
eu groupes assez étendus, comprenant plusieurs souches col-
latérales, et où règne un très grand communisme, La pro-
priété est indivise entre tous les membres de la famille. La
coutume et les mœurs s'opposent de toutes leurs forces à tout
partage. H faut des nécessités tout a fait urgentes pour que
lu famille essaime, se fragmente; cet essaimage ne rompt
d'ailleurs pas. mais détend seulement, le lien familial. La
propriété proprement individuelle ne comprend que les biens
(|it'un individu peut avoir acquis par lui-même. 11en a l'en-
tière disposition sa vie durant. Mais à sa mort, toutes celles
do ces acquisitions dont Il n'a pas disposé rentrent dans la
propriété commune. Manifestement, toute l'organisation de
la famille est contraire au principe et surtout au développe-
ment de la propriété individuelle (voir p. 175et suiv).).
Mais voici où glt la très grande différence qu'il y a entre la
famille des Nambudri et celle des N.-iïrs; c'est que la pre-
mièrese recrute ex iiinsoi/i'sH pu- maxeuhx, elle est striete-
mentagnatique, tandis que la seconde est utérine. La première
est une communauté de frères issus d'un môme père; l'autre.
qui porte le nom de lanenrd, comprend tous les descendants
(in ligne féminine d'un même ancêtre féminin. C'est le type
de la famille utérine. On dit d'elle qu'elle suit le système Ma-
rumakkalhayam, taudis que celle des Nambudri suit le sys-
tèmeMakkathayam.
Aces différences dans la composition de la famille en cor-
respondent d'autres, non moins profondes, dans l'orgauisa-
\H i/ANXBB 1905-tDOtt
SUCHiLOOKiUE.
tion matrimoniale. Chezles Nnmhudri, pour assurer l'indivi-
sion de l'héritage, Il est d'usage que l'utoé des frères qui
vivent ensemble soit seul à contracter un mariage régulier.
La femme vient vivre chez son mari et les enfants issus de
cette unton appartieuueut à la môme communauté domestique
que leur père. Il en est tout autrement chez les Naïrs. Là, an
contraire, In femme reste dans la maison où elle est uée c'est
là qu'elle est visitée par son ou par ses maris, car elle peut
légitimement en avoir plusieurs.
11est vrai qu'on s'est demandé si le mot de mari était appli-
cable en l'espèce, s'il y avait, citez les Naïrs, une polyandrie
réglée, ou simplement uu dérèglement sexuel; car ces uuions
ne sont pas seulement multiples, clles peuvent se dénouer il
volonté. Et la question n'est pas facile à résoudre. « Si. dit le
rapport de la Malabar Mtirrutift ('ommimicm, si par polyandrie
on entend une pluralité de maris publiquemeut reconnus et
par la société et par chacun des époux ainsi associés, ou peut
dire qu'il n'existe présentement rien de tel parmi les castes
<luMalabar qui suivent le système Marumakkntlinyam. Mais
si par polyandrie on entend simplement l'usage qui permet
si une femme de cohabiter avec une pluralité d'amants sans
perdre sa caste, sans encourir aucune dégradation sociale,
;i lorsnous pouvons dire que cet usage est distinctement sanc-
tionné par le système Marumakkathayam et qu'il y a des
localités et des classes où cette licence sexuelle est encore en
pratique » (p. 57). Le mariage chez les Naïrs serait donc un
simple concubinage. Tel n'est, toutefois, pas l'avis de notre
auteur. Actuellement, l'union que contracte une jeune fille est
entourée d'uu certain nombre de formalités (voir p. 76) tout
il fait comparables a celles qui, chez tous les peuples, accom-
pagnent les mariages parfaitement réguliers cet ensemble
de cérémonies constitue'une véritable institution qui porte un
nom spécial; c'est ce qu'on appelle une union Sambairtham.
Elle peut, il est vrai, se dénouer a volonté; c'est donc un
lien conjugal très lâche. Mais pour que le mot de mariage
puisse s'appliquer à une union sexuelle, il n'est nnllemenl
nécessaire que celle-ci soit plus ou moins durable; il suflil
qu'elle se distiugue par certains traits du pur concubinage.
Et le meilleur de ces traits distinctifs, c'est précisément
l'existence de formalités définies. Même ces sortes d'unions
impliquent l'acquiescement du chef de la communauté domes-
tique à laquello appartient l'épouse. On peut seulement se
ANAI.Ï8KS. – tOHUANISATlON BOBBSTIOUK 483

demandersi cet usagoest ancienou récent IIest remarqutible


qu'on u'eu trouvepasdo tracesdansdes auteursqui ne soûl
pas très anciens. Cependant,il s'en faut que ce fait sutligeti
trancherla question,et nous considéronscommehautement
invraisemblableque,dans une sociétéaussiavancée,le rap-
port des sexesait puêtre à ce point déréglé1.l,
Aprèsavoir décritcetteorganisationmatrimoniale,l'auteur
passeeu revueles explicationsqui eu ont été données.Ou a
dit parfoisque lesBralunaueson avaientété les auteurs res-
ponsables; et il est oerluiuqu'elle tour est très avantageuse-
Eu eflet, pour assurerl'indivisionde la propriétéfamiliale,
ils out Intérêt à coque l'atné seul se marie régulièrement; i
par suite, fi est tris commodepour les plusjbuuesde pouvoir
contracteravecdesjeuuesfillesNaïrs des unionstemporaires
et tâchesdout lesenfantsrestent tout entiers à la chargode
la famillede leur mère, mais n'eutreut, d'aucune mauièro,
dauscellede leur père.LesBrahmanesélaieutdoueiutéressés
à entretenirle relâchementsexueldes Naïrs; mais il est tout
à fait invraisemblablequ'il l'aient créé de toutes pièces et
délibérément.Usn'outpu que t'accentuer.
L'auteur ue croit pas non plus que cettesortede polyan-
driesoitexclusivementimputable,commeon l'a souventsou-
tenu, à l'orgauisatioumilitaire que se donnèrentles Naïrs
une foisqu'ils se furentétablis au Malabar.Maisil estime que
les origines eu sont plus lointaines; que tes Naïrsla prati-
quaientdéjà quandils sout arrivés au Malabar,et que, d'ail-
leurs, elle ne leurest pas particulière, maisse retrouvedans
d'autres races uoaaryennesde l'fude.
Pour terminer l'analysedo la famillechezlos Naïrs, il res-
lerailà parler despouvoirset du rôle qui iucouibeulau chef
de la coinmunaulé.Laquestioneslasssez longuementétudiée
daus les chapitresiv-vi.Ce chef, iiomincleKarnavau, est le
membrele plus âgé. Préseutemeut,c'est un homme.Pour-
tant, daus uu petitnombrede cas,c'est unefemmequi exerce

1.linilohors deci'»citvmotiies.ilenestuni-uutiiià laquelle estsoumis»


tuulujuunufilleu'uslunosurUi durttud'tnitiutiun,<|uta liuuunpeuuvant
lapuliertù ol r|uiounfi're an mariiiK«
l'upliludi.- (|>."*)•(' rilcconsiste en
uninnrlago purement Itotir<>nli-o
laj««uncItlloet un jaunngarçon.Sdl-
vautl'autour, il serait
d'orinino |>urouienlbraJiHmniquo. Lasignillcûlioneii
••iltrèsoliscuro. L'uutenr surlesrcaaeiiibluuct.s
a|i|)ollol'utlunliou qu'il
prôsinli: avec lescôii'Mioiiifs los
par)>>si|uette« Dcvadast sunl I nitiées
à leur
profoomon. ouavec.1'aulros «tirémonies similairesquol'onpeut o hserror
|jiiiiiii•ruulieacaiitvs
dun* le Mulubur du Sud.
lïk i.annkb :>oeioi.uuiyi'fc\ 1(»O5-I9UO

f.. u 1. _f·J~_1~!W .nt_~ a.t. "AA-


ta fonction. Ses pouvoirs d'administration Intérieure sont
assezétendus; c'est lui, aussi, qui a seul qualité pour repré-
seuter le groupe au dehors. Mais il ue peut pas aliéner, il ue
peut pas adopter sans le consentement de la communauté- 11
peut être déposé dans de certaines conditions. Les droits do
la collectivité restent donc considérables, comme il arrive
dans toute organisation communiste. Sous ce rapport encore,
le Utnatid des Naïrs rappelle la joint famUy hindoue.
1 E. D.

D'ARBOIS1)EJIBA1NVILLE(H.). – La famille celtique


étude de droit comparé. Paris, Emile Bouillon, KK).">,
p. XX-221.in-llî.
Comme l'indique le sous-titre, cet ouvrage se présente
comme une étude de droit comparé. L'objet de l'auteur n'est
pas do décrire, dans sou ensemble, l'organisation de la famille
celtique, d'en faire voir les particularités et comment elles
s'expliquent, mais de montrer les aspects par où elle parait
rappeler l'organisation domestique des Romains, des Grecs,
des Germains, eu un mot, des peuples que l'on est convenu
d'appeler indo-européens. M. d'Arbois de Jubainville postule
explicitement l'existence d'uu droit commun à toutes ces
sociétés,d'un droit indo-européen, et, si nous le comprenons
bien, son livre est, avant tout, une contribution à l'étude de
ee droit. H étend mémo davantage le champ de ses compa-
raisons. La loi d'Hammurabi tient manifestement daus ses
préoccupations une place considérable; il y revient sans
cesse et s'attache à montrer que sur bien des points elle
concordeavec le droit celtique.
Ces concordances, suivant lui, s'expliqueraient par ce fait
que « les Celtes comme les autres Indo-européens » auraient
été « jadis en contactavec les empires qui, avant les conquêtes
des Perses,ont dominé dans la partie de l'Asie la plus rappro-
chée de l'Europe » ip. vj.
Cessortes de comparaisons ne nous paraissent pas très ins-
tructives. Ces rapprochements, toujours un peu sommaires,
entre institutions qui se ressemblent par certains côtés, qui
diffèrent par d'autres, laissent une impression quelque peu
trouble, impression qui est encore accrue par ce qu'il y a de
décousu dans l'exposé de M. d'Arbois dillérents aspects de
l'organisation familiale irlandaise sont successivement passés
ANAI.VSKS.– l/llMUNlSATlON uOilESTIQl'Ë 425

eu revue, mais sans aucun ordre, au moinsapparent, sans que


même ou voie bien pourquoi ces aspects ont été retenus plu-
tôt que d'autres. Sans doute, l'objet principal de l'auteur est,
moins de caractériser le droit domestique irlandais, que de
donner d'une manière générale le sentiment qu'il existe un
droit familial indo-européen. Maisla tnûlhode suivie rendait
bien difficile cette démonstration. Pour qu'elle fnl probante,
il cul fallu qu'elle mit eu évidence que des caractères essen-
tiels du droit domestique sont communs et spéciaux aux
peuples indo-européens. Mais los comparaisons portent sur
toute espèce de traits, même secondaires, de l'organisation
familiale certaines dos similitudes signalées pourraient se
constater égalementchez toute sorte do peuples qui n'ont rien
d'indo-européen (mariage par achat, douaire, la fille héri-
tière, etc.). Il y a bien une institution, et essentielle, daus
laquelle l'auteur croit découvrir un caractère distinclif de la
famille chez les Celtes « comme chez les autres peuples indo-
européens » occidentaux, c'ost la monogamie(p. vu. Et, eii
ellet, il n'est pas contestable qu'il aitexislé à Rome, môme eu
lîrèce, une tendance dans et sens; mais il s'en faut que cette
tendance ait eu partout la même précision. Il n'est pas du
tout certain que la polygamie ait été ignorée des Grecs ni sur-
tout des sociétés germaniques'.1,
D'ailleurs, peut-on parler vraiment d'un droit indo-germa-
nique'! Le mot a un sens quand il s'agit du langage. Qunnd
on compare les langues parlées par ces différents peuples, on
voit se dégager certaines formes verbales et grammaticales
qui leur sont communes. Mais si l'on procédait de même pour
le droit, nous croyonsque l'on ne pourrailobleuir ainsi qu'un
schéma sans consistance. C'est qu'en ellet la langue est
quelque chose de moins étroitement personnel à une société
déterminée qu'un système juridique. Bienqu'elle dépende de
conditions sociales, comme le montre, ici même, M. Meillet,
une langue exprime moins que le droit une personnalité col-
lective définie; elle se communique par voie de contagion
bien plus aisément elle passe les frontières et prend, si les
circonstances s'y prêtent, un caractère international. U y a
des peuples ou des portions de peuples bilingues, et l'on se

I Uni)
ttatm«irack'ristlijiie
decodroitIndo-europiViiseruitqui!lafemme
murivosortde la famillede soni>>>ro(p.03;.Unetelleassertionn'est pas
sansnous«urpreruliv«Ilenenouspuralts'a|>|>lt«|iii>r<iu'â
certainsinariuKC.s
romains.ci'uxtjui ûluivntacvoinpiignita
dolu manu.?.
42(i L'ANNÉE I903-t900
JHlCIOMtQlOVE.

représente très bien tous les peuples de l'Europe partant une


même langue sans qu'aucun d'eux ait, pour cela, abdiqué sa
personnalité. Par suite, on conçoit sans peine que les diffé-
rents peuples quel'on réunit sousce vocable d'Indo-européens
aient gardé de leur commune origine un tond linguistique
commun, (lui, tout en se différenciant à mesure que ces peu-
ples se diversifiaient eux-mêmes, a pourtant subsisté et peut
Mre retrouvé et reconstitue par lit grammaire comparée.
Mais le droit a quelque chose de moins communicable il est
plus immédiatement lié à la structure de la société, ot il ne
peut s'eu détacher.
Deux Ktats peuvent avoir des systèmes juridiquos qui se
ressemblent, ils aie peuvent avoir un système juridique com-
mun, taudis qu'ils peuvent parler uue seule et même laugue.
l'ar conséquent, les idées juridiques que pauvaieut posséder
en commun les peuples indo-européens avant leur séparation
ont dû, au cours de l'évolution historique, et se développer et
se transformer dans les sens les plus divergents, comme ces
peuples eux-mêmes; par suite, ou peut prévoir avant toute
analyse que ce (lui a pu survivre, du toud originel commun
doit nécessairement se réduire a quelques similitudes très
indécises, très schématiques et qui ne sauraient suHlre pour
qu'on soit (onde à parler d'un droit indo-européen, comme
d'une réalité juridique concrète et vivante.
Ce qu'il y a d'iutéressaul dans ce livre, ce ne août donc pas
les comparaisons qui sont vagues et flottantes ce sont les
renseignements qu'on y trouve sur le droit irlandais. Nous
signalerons notamment la manière dont y était organisée la
parenté (/inet. Les parents étaient disposés de manière à for-
mer quatre cercles. Le premier comprenait un ancêtre vivant
avec les quatre générations issues de lui (gelfim1);le second,
le père et les frères de cet ancêtre avec les descendants de ces
frères jusqu'à ladeuxième génération (derloflut); le troisième
était formé par l'aïeul et les oncles paternels de ce même
ancêtre avec leurs descendants jusqu'à la deuxième généra-
tion «gaiement iiarfmen le quatrième enfin par le bisaïeul, et
les grands-oncles avec leurs descendants, toujours jusqu'à la
deuxième génération (inéfine). Chacun de ces groupes de
parents était responsable collectivement des crimes commis
si le criminel était un membre de la gelline, c'était à la gelfiiw
qu'incombait la responsabilité; si c'était un membre de lu
(U'i-hfine,c'était à celle ci et la gelfnie n'intervenait que si la
ANALYSES. – l'ORUANISATIONDOHBSTIQUE 42t

tlerbfineétait insolvable(p. 23).On voitque les principesde


cette organisation sont Ires particuliers on regrette môme
que M. d'Arbois n'au oit fait qu'unexposéun peusommaire
et qui n'est pas toujours très clair.
L'organisation matrimonialeest égalementfort curieuse.
Plusieurssortes de mariageétaientpossible»,et la nature du
mariage contracté dépendait, non des formalitésemployées
ou des intentions des époux, mais de'leur situation écono-
mique respective.Le mariageavaitdes effetsdifférentssolon
que los époux (ivtiientune fortuneégale, ou que l'homme
était plus riche que la femme,ou que le mari, au contraire,
était sans fortune. Dans le secondcas, quand la femmen'ap-
portaitque sa personne, le mariagene se contractaitgénéra-
lement que pour un ait, du premier mai au premier mai
p. 1C3);le mari pouvaitalors avoir, à côté de cettefemme
légitime temporaire, une épousede conditionplus haute, ce
(fui montre bien que la monogamien'était point tellement
essentielleau droit domestiqueirlandais.Quand la fortune
était à la femmeet que le mari n'avaitrien, la situationde ce
dernier était identique» cellequ'avaitla femmequand c'était
le mari qui était riche (p 1G.H). Enfinen dehorsde ces ma-
riages réguliers, il y avait différentesformesde concubinats
légauxdiv. II, chap. vin.
M.d'Arboisde Jubainvillene se contentepaRde décrire; il
dierche parfois à expliquer les faits qu'il décrit.Aen juger
par les quelques explicationsqu'il propose,il ne parait pas
avoirun bien vif sentimentde la complexitédes faitssociaux.
Les causes qu'il assigne aux faits sont d'une remarquable
simplicité.C'est ninsi qu'il croitpouvoirexpliquerl'existence
de la polygamiecitezles Juifs et les Musulmanstoutbonne-
ment par ce fait qu'il nait tous les ans plus de femmesque
d'hommesfp. 03).
E. D.

KNGERT (Thad.i.– Ehe-und-Familtenrecht derHebraer.


Mûncheu,Lentuer'seheBuchhandlung, 190».p.VIM08,jn-8.
Nous ne suivrons pas l'autour dans les hypothèsesqu'il
fait sur les formespréhistoriquesde lu familleet du mariage
chezles Hébreux.Cen'est pasque nous songionsà contester
les tracesde familleutérineou de clanutérin que l'ontrouve
encoreapparentesdans certainestraditionset dans certains
438 I.'A.NMÏK
SOClOI.OtilQCK.
4'JOS-IUOO
usages dont te souvenir est parveuu jusqu'à nous. Tout fait
supposer qu'il y a eu un moment on In parenté maternelle a
joui dune véritable primauté sur la parenté agnatique.
MaisM. Kngert va plus loin it admet un rapport entre ce
mode de filiation et je ue suis quelle promiscuité < Unkeux-
eheit), de caractère sacré, comme entre cette promiscuité et la
pratique de la polyandrie p.U et suiv). Orces conjectures ne
nous paraissent pas seulement téméraires; nous ne savons
rien qui les justice. Ln polyandrie so concilie très bien et
même coexiste le plus souvent avec le principe de la filia-
tion en ligue paternelle, et nous no voyons pas davantage
pourquoi l'organisation utérine de la famille serait liée à uue
sorte d'hétairisme religieux.
Maisces hypothèses reconstructives ne se rapportent qu'à la
période nomade du peuple hébreu. A partir du moment où
il devint sédentaire, la famille devint putriarcale. Nous
accepterions assez volontiers le mot si l'on entendait simple-
ment désigner par là une famille dout le père est le centre.
Mais en réalité, ou donne à l'expression un sens beaucoup
plus étendu. On appelle ainsi une famille où le père est
investi d'une véritable souveraineté comparable à la putr in
potentat des Romains. Kt en elïet, c'est sous les traits du
puter familias romain que l'on nous dépeint le père de famille
hébreu. On nous représente les enfants comme entièrement
soumis à l'autorité du père qui aurait sur eux droit de vie et
de mort ip. titt); c'est lui clui décide souverainement de leur
mariage; il peut même vendre ses filles. De même la femme
aurait été considérée comme une chose sur laquelle il aurait
exercé un droit de propriété à peu près absolu.
Mais cette conception de la famille hébraïque – conception
que Stade notamment avait déjà défendue – ne concorde
aucunement avec les faits. Grftneisen (/>«/•Ahnenkultustnul die
L'ireliijionhraels, p. iO'î et suiv.), a très justement montré
les graves différences qui séparent ces deux sortes d'organisa-
tion domestique. Alors qu'à Home le fils de famille est sou-
mise l'autorité paternelle toute sa vie, dans Israël, il est éman-
cipé par le mariage. Alors que le droit romain permet au
père de faire entrer qui il veut dans la famille par voie d'adop-
tion, chez les Hébreux, au contraire, l'ndoption est une insti-.
tution à peu près inconnue, Il en est de même du testament,
qui est une des prérogatives essentielles de la patria patextas.
Une multitude de pratiques témoignent que chez les Hébreux
– L'uRflAMMTION
A.VAUSKS. IWMK'ÎTKjL'Ë 429
la fortune reste, dans une large mesure, lit chose collective
de la famille, entendue mémo au sens large, Toute sorte de
précautions sont prises pour empocher le bien de sortir du
cercle domestique. D'autre part, quand le père est, d'une
manière aussi exclusive qu'à Homo, la clef do voûte do la
famille, In pnreuté asiatique ou est la seulo reconnue par
la toi ou, tout au moins, rejette l'autre au second plan. Au
contraire, en Israël, lu parenté maternelle est t'objet d'uue
grande considération.
Il est donc inexact d'assimiler ainsi le droit domestique
des Hébreuxet celui des Romains. Le premier rappelle plu-
tôt celui des sociétés germaniques, 11y a là deux types très
différents. On admet trop facilement que toutes les familles
où le père exerce uu pouvoir d'une certaine étendue sout du
même type et peuvent être rangéessou» une même rubrique.
Eu réalité, suivant la nature de ce pouvoir, l'organisation
domestique peut être très dilféreule.
Sous l'influence de lit même idée, l'auteur ne voit dans le
mariage qu'uue relation étroitement et sèchement juridique.
La femmeest achetée par le mari et c'est cet achat qui fonde
les droits maritaux et toute la monde conjugale. Cependant,
ù plusieurs endroits, M. Engert parait avoir eu le sentiment
qu'il y avait autre chose dans le mariage il en signale
expressément le caractère religieux. Il insiste sur les rap-
ports étroits qui unissent le mariage et t'initiation, sur les
tabous des llancés, etc. tp. 43-47;. Par ce coté, le mariage se
présente à nous sous un tout autre aspect qu'un simple con-
trat de vente.
E. D.

LBFEBVRE(Chaules). – Cours de doctorat sur l'histoire


matrimoniale française. Le droit des gens mariés.
Paris, Larose et Tenin, lïîOiî,p. XII-29! in-8.
Daus son Introduction générale à l'Iiixtoire du matrimonial
français, analysée ici même au T. IV. p., 3?J8et suiv., M. Le-
fcbvrèavnilcxposé sa' conception générale de notredroitmatri-
niouial. 11entreprend maintenant d'appliquer celte idée au
détail de nos institutions conjugales. lia usle présent ouvrage,
c'est surtout l'aspect économique du mariage qui se trouve
étudié.
Deuxinstitutions paraissent à notre auteur caractéristiques
430 I.AHNKKsaeioi.utmjCK. tws-IWM

de notreorganisationmatrimoniale c'est le pouvoir marital


et le régime de la communautédo biens. Dans sa pensée,
elles sont solidairesl'une de l'autre. Le pouvoir marital, en
effet, tel qu'il se présente daus nos.coutumes, no consiste
nullementen unesorte de tutelle quete mari exercerait sur
la femmeen raisond'uue infériorité intellectuelleet morale
qui lui serait attribuéecommeconséquencede sou sexe.Lu
femmeduns la sociétémédiévalen'est nulle part truitée avec
le mépris qui lui a été témoignéailleurs; elle u'est frappa*
d'aucuneincapacitéjuridique. Au contraire, ou la voitpar-
tout intervenir commel'associéeet la collaboratricede son
mari. Le pouvoir de ce dernier vient, non d'une supré-
matienative, maisde ce que lu communautéqu'il formepar
sonassociationavecsa femmea besoind'un chef et qu'il est
ce chef désigné.Purceque les intérêts économiquesdes deux
épouxsont confonduspar le régime de la communauté, il
faut que lusociétéindivisequi est ainsi forméeait uue tête
Il eu résulte uue certainesubordinationde la femme, mais
seulementdans la mesureoù cette subordination est néces-
saire à la bonnediscipliueconjugaleet aux communs intérêts
du ménage.
Cela posé,il s'agit de savoird'où vient cette double iuati-
tution.
Le précédentouvragede M.L. permet de prévoirsa réponse,
il se refuse à voir dans le droit romain l'origine de cotte
organisation. Romea connu le pouvoirpaternel, mais uon
le pouvoirmaritalqui eu est bien diiTéreut;quant au régime
de la communautéde biens, l'idée mêmeen est exclue par la
conceptionromainedu mariageet de la famille.Sur les ori-
ginesgermaniques,lesnégationsde l'auteur sont moins caté-
goriques. Il sent bienque, chez les Germains, l'association
économiqueentre le innrietlnfenime^neva pas sans une cer-
taineintimité. Maisil estimequ'il y a loiude là a cette société
universellede biens(luidevait devenirle trait caractéristique
du mariagedans lessociétéschrétiennes. D'ailleurs, le mun-
diumauquel la femmegermaine était soumise n'était nulle-
ment le pouvoirmnrital, puisquec'était uneautorité qui nu
naissait nullementdu mariage, mais auquel lu femme était
soumiseen raison deson sexeet quelque fût souétat civil; le
mnndinmmarital n'étaitque le mnndiumpaternel transféréait
mari. Ces deux explicationsrejetées, il n'en reste plus
qu'une c'est que la puissancemaritale et la communautésontt
A.NALÏSKS. – l/oaOAMSATlUN JJOBESTIQIK Uf

.11, .t.a
essentiellement dues u:n. 1.
à l'influencedes Idées -1
cbrôtiennes.Cesl
le christianisme,dit-ou, qui a proclaméque l'hommeet iu
femmeens'unissant formatentunesociétémoraleparticulière-
ment étroiteet mômeIndissoluble, où la femmeest l'associée
du mari.N'est-cepas le principemémedenotredroitmatrimo-
niai ?Celui-cine serait, par conséquent,que l'applicationde
ces aphorismesde l'Ancienet du NouveauTestament,eruiti
duo incarne una et tir caput imlieri»,qui contenait déjà le
germede lu communautédo biensetdu pouvoirmurital.
Nouscraignonsque cetteargumentation.ue reposesur une
confusion.Que,dans lessociétéschrétiennes, la sociétécon-
jugale ait atteint un haut degré d'intimité morale,c'est ce
qu'on ne peut songerà contester.Maisle régime de la com-
munautéest un régime économique;c'est une associationde
biens, non de personnes.Dece que la consciencepublique
conçoitcommetrès fort le lien qui unit les personnes des
époux,il ue suit pas du tout que,au même moment,le même
rapport soit admis entre les choses.La meilleurepreuve en
est dans l'organisationde la familleromaine. L'intimitécon-
jugale y était déjà très grande; le mariage y était considéré
commeune sacietastotiuxtilae, commecréant entreles.époux
une entièrecommunautéd'existence,imtimduaci taccornue-
tudo.Et cependantRomefut la terreclassique de la sépara-
tion do biens uullo part la fortunedu mari et celledo ta
femmene furent plus soigneusementdistinguées. C'est que
les causesqui tendent à rapprocherou à séparer les patri-
moines différentde celles qui tendent à rapprocher ou à
séparerles fortunes.C'esteueffet,unvieux principesur lequel
reposel'organisationfamiliale principequi survit encore
aujourd'huisous la formede l'héritage– que les biens d'un
individuressortissentau cerclefamilialauquel il appartient,
et n'en peuventsortir. Il en résulteque,là où les famillesfor
ment des systèmesclosles uns aux autres, sans pénétration
mutuelle,il est.tout naturel que les fortunesdes deux époux
(qui,pardé(inition,soulmeinl)re8dedeux famillesdifférentes!
soientséparéesl'une de l'autre par des cloisonsétanchesqui
préviennentles communicationspossibles. Dansce cas. le
régimede la séparations'Impose comme le seul conformeà la
naturedeschoses.Voilà,sans doute,pourquoiil était la base
du droit matrimonialromain.Nullepart, en effet,ta famille
n'a vécudans un état d'occlusionplus complètequ'à Rome;
nulle part, chaquegroupefamilialn'a été séparédes autres par
432 1. XNSKK tfKfô-UMH»
S0tilUI.0aiO.VK.

une ligne de démarcation plus nettement tranchée. Ln fuuûtte


finissait lu où Unissait l'agitation; par suite, la mère, nélant
pas l'uguate de ses entants, était juridiquement une étrangère
pour leur («mille et celle de son mûri. Mais il n'en est plus
rie mêmelà où la parente utérine s'est fait reconnaître à côte
de lu parenté asiatique. Dès lors, lu mère devient légalement
parentcdeseseufantset, parlà.elleappurtientiklti mômesootélé
domestique «|tie sou mari. Dausces conditions, la barrière qui
séparait les biens des deux époux se trouve abaissée; le
régime de lucommunauté devient possible.
Or, dans le droit germanique, la parenté n'avait pus le
caractère strictement unilatéral dont elle ne parvint jamais à
se débarrasser complètement chez les liotnains. KlI se com-
muniquait par les lemmes comme par les hommes. Le ter-
ruiu se trouvait uiusi préparé la iusiou, au moins partielle,
des deux domaines économiques et it rétablissement de lit
communauté. Non pas, sans doute, que les anciennes exi-
gences familiales aient totalement cesséde se faire sentir. Il
y avait certains biens (lui, par leur nature, semblaient plus
spécialement être les choses de la famille ce sont les im-
meubles, et surtout les immeubles qui faisaient partie du
patrimoine héréditaire. Pour ceux-là, on continua u considé-
rer qu'ils ne pouvaient sortir de la famille et, par suite, à les
exclure de toute communauté. Mais il n'en reste pas moins
que le grand obstacle qui s'opposait à une association écono-
mique plusélroile entre les époux.availdispuru.Dece poi utile
vue, le rôle du droit germaniquedans la constitution de notre
droit matrimonial apparaît comme beaucoup plus considéra-
ble que ne le pense .M.Lefebvre. Sans lui, les conditions néces-
saires ù l'institution de la communauté de biens auraient fait
défaut et toutes les déclarations de principe que l'on peut
trouver dans l'Ancien ou dans le Nouveau Testament n'au-
raient pu eu tenir lieu.
Mais si ces conditions étaient nécessaires, elles n'étaient
vraisemblablement pas suffisantes. Ellesexpliquentcommeut,
chez les peuples qui sont issus des sociétés germaniques, le
régime de la communauté a été possible, mais non ce qui l'a
déterminé à ôlrc, ni surtout à se développer jusqu'à devenir
le trait caractéristique de notre organisation matrimoniale.
Est-ce donc ici le christianisme qu'il faut invoquer? Mais
commentle christianisme n 'aurait-il pas partout les mêmes
elîets? De plus, ainsi que nous le montrions tout à l'heure, il
.\KALTSIK. – l/uHIMiWATION DOHBSTIOl'K 433

paraît dimeilo que l'idéal chrétien (tu muriage ait eu une


influence aussi directe et aussi décisive sur le régime écono-
inique de la société conjugale. Un tel arrangement doit avoir
été suscité, iiou par une aspiration toute sentimentale, mais
par des nécessités sociales, peut-être môme économiques. Il
doit y avoir eu dans la structure de la société
quelque chose
qui poussait les épouxà s'associer de celte manière.Gteneffet,
au même moment, on voit ia même tendance à
l'organisation
communautaire se manifester, non pas seulement daus le
mariage, mais dans In société domestique; c'est de lu que
viennent les eommumiulés taisibles, dout les analogies avec
la communauté de biens entre époux nous paraisseuldimcile-
ment couteslables. Sans doute, il ne s'ensuit pas
que celle-ci
ne soit qu'un prolongement, une forme particulière de celles-
là; mais c'est du moins lu preuve qu'il y avait alors un état
général de la société qui inclinait les hommes à se grouper de
cette manière.C'est cette nécessité qui s'est imposée au groupe
conjugal comme aux autres.
Ne serait-ce pas une cause du même genre qui contribue
rail à expliquer directement la formation du pouvoir mari-
tal ? Le fait que le mari est souvent appelé baron de mitfcmnu'
u'éveillet-il pas l'idée qu'il existe quelques rapports entn'
les causes qui ont donné naissance au système féodal et celles
dont dépend l'organisation de la société conjugale a la mémo
époque ? Voilà, en tout cas, une manière d'expliquer les
particularités de la structure de la famille au moyeu-Agequi
nous parait plus sociologique que celle qui croit pouvoir les
dériver logiquement de quelques textes des livres saints.
E. I).

DAINVILLGiAlbkrt dbi.-Des pactes successoraux dans


l'ancien droit français. Paris, Larose et Tenin, HXift,
p. 188, in-8.
Il pourrait sembler tout d'abord que le droit successoral
diiue part, le droit de tester.de l'autre, suffisent a assurerdans
tous les cas la dévolution des biens d'une génération a l.i
suivante et répondent à tous les besoins possibles. En effet, )«
droit successoral empêche qu'il ne soit passe outre aux inté-
rêts généraux et permanents de l'organisation familiale, vl
le droit de tester permet de tenir compte, ait moins dans un»
certaine mesure, des circonstances particulières et variables
K. Di'iiKHErv. – Alinw social., 1905-MHKi. 28
Mli l'AXNKRSOfilOlOiilyl'E. I9OB-I0O6

dans lesquelles peuvent se trouver les individus et les familles,


lit cependant il peut se ittire qu'il y ait lien de régler, avant
lu mort du de c«/««, la manière dont ses biens devront se
transmettre, et cela par uu acte irrévocable. Comme de telles
dispositions cousistent évidemment eu dérogations au droit
successoral ordinaire, celui-ci n'y peut pourvoir mais le tes-
tament ne saurait pas davantage être employé dans ce but.
car il est. par tléllnîtlon, un acte révocable qui ne lie jamais
sou auteur. Pour répondre il ces besoins particuliers, une
autre institution peut donc se trouver nécessaire ce sont
les pactes sur successions futures. Cette manière de disposer
prend nécessairement la forme contractuelle; car pour pou-
voir déroger ainsi à l'ordre successoral régulier, 11toutl'in-
tervention d'un autre personnage que le disposant, à savoir
d'un héritier éventuel qui, ou bien déclare renoncer à quel-
qu'un de ses droits ou bien, au contraire, reçoit du disposant
quelque avantage exceptionnel. Comme c'est surtout au mo-
ment du mariage des enfants qu'il y a lieu de prendre des
arrangements de ce genre, les pactes successoraux font géné-
ralement partie des contrats de mariage et môme il arrive
souvent qu'ils lie peuvent se contracter qu'A cette occasion
L'ouvrage de M. de Daiuville se propose de faire l'histoire
de ces pactes dans notre ancien droit. Notre vieux droit
domestique était, en principe, favorable ti l'égalité de partage
entre enfants. Au contraire, la féodalité, avec son droit
d'aînesse, réclamait l'inégalité. Les pactes successoraux
ottrirent le moyen de satisfaire légalement fi cette nécessité.
Delà, les renonciations des filles à l'héritage paternel, moyen-
nant une dot, et parfois môme sans dol; de là les institutions
contractuelles d'héritier, etc. D'ailleurs, les roturiers eux.
mêmes eurent recours aux mêmes procédés pour assurer
l'unité du patrimoine.
Les pactes successoraux étaient donc avant tout destinés ù
favoriser l'inégalité de traitement entre les enfants et bien
que, chemin faisant, ils aient du faire place aux idées égali-
taires à mesure qu'elles progressaient, ils gardèrent jusqu'nu
bout ce caractère. On s'explique que, dans ces conditions, ils
aient été vus avec défaveur par les rédacteurs du CodeCivil
qui, en principe, interdit les pactes sur successions futures

E.D.
ANAI.ÏtfKv – l.'olKMNISATIOYWHIBKTIVl'R fcli

UUK10N (Hbshi). – La. succession des bâtards dans


l'anoienne Bourgogne. – Dijon, J. Nourry,
1905, p. 123,
itt.8.

une intéressante question que de savoir


quels sont les
facteurs sociaux qui ont donné naissance à la flétrissure
morale dont ont été si longtemps frappés les bâtards et à
t'infériorité juridique qui en est résultée. Ce livre est une cuit-
trlbution à l'étude de ce problème. Malheureusement, te
critère dont s'est servi l'auteur pour apprécier, aux différents
moments de l'histoire, la situation morale des bâtards n'était
peut-être pas le plus approprié à cet objet. C'est l'importanco
de leurs incapacités successorales qui lui sert de
point de
repère; or le droit successoral, par sa nature même. est sus-
ceptible de varier pour des raisons purement économiques.
Les changements qui s'y produisent ne reflètent donc
pas tou-
jours de» changements correspondants dans les idées morales.
Ce qui ressort du tableau qui nous est tracé, c'est d'abord
que In tare morale dont furent marqués les bâtards no
remonte guère au delà de l'époque carolingienne.
Jusque là,
lit famille n'était pas assez fortement constituée et
organisée
pour que l'irrégularité de la naissance affectât beaucoup la
conscience publique. Môme sous les Mérovingiens, lu bâtar-
dise n "entraînedes déchéances que quand elle est
compliquée
de mésalliance. Mais après CUarlemagne, sous l'influence de
l'tëglise, elle devient uue souillure. Le relâchement des mœurs,
qui se produisit alors dans le clergé lui-même, détermina
l'autorité ecclésiastique à se montrer plus sévère
pour les
unions irrégulières. Le bâtard ne peut pas succédera// intestat,
sans parler d'autres incapacités qui le frappaient en même
Icnips. Toutefois ce mouvement de réprobation ne produisit
tous ses effets que sur les bâtards roturiers. Pour ce qui est
des bâtards nés de nobles, le prestige féodal les
protégea en
partie contre les sévérités de la loi ils étaient bien moins
durement traités. Ils pouvaient recevoir des libéralités, les
transmettre à des héritiers, et ils conservaient te
privilège
de noblesse quand ils étaient reconnus.
Sous riuflueuce des coutumes, uu double changement se
produit. Les privilèges des bliards dont 1» père est noble
tendent a disparaître: en même temps, la situation du bâtard
roturier se relève progressivement. Alu finde l'ancien régime,
430 L ANNKB fOi-lSOO
SCIUIOLOUiUl'R.

il était libre de disposer de ses biens, ses enfants pouvaient


hériter do lui ab intestat, et il pouvait recueillirdu patrimoine
de ses parents les choses nécessaires A la vie. Mais, comme
nous le disions au début de cette analyse, la principale des
capacités que conquit ainsi le bâtard semble bien avoir été
due à des causes plutôt économiques. Les eufants du bâtard
roturier faisaient partie de la même communauté de mnin-
morlables que leur père à ce titre, lis avaient sur les biens
qui avaient été acquis eu commun un droit égal a celui du
père. C'est ce droit de sociétaire qui se lit reconnaître plutôt
i|u'uu droit à l'héritage proprement dît. ne son côté, le duc
iivaittout intérêt à maintenir la coniuiuuoulé et. par consé-
quent, à laisser l'entant légitime lui succéder.
Onsait comment la législation révolutionnaire poursuivit le
relèvement juridique du biklard, jusqu'à eu faire l'égal des
iiutros eufants. et comment, au contraire, après la Révolution,
une réaction en sens inverse se produisit dont on cherche seu-
lement. depuis quelques aimées, a corriger les excès.
K. D.

Koi-ardWKSTEttMARCK. Die Pflichten des Mannes gegen


Frau und Kinder bel den Naturvôlkern, 1900,:r fit se, p. 53K.
lift.NKSTAL vtt. -Histoire de la légitimation des enfants natu
rels en droit canonique l'uri», M. Leroux.
HUIX.U'MK(A – Etude sur le régime successoral de la cou-
tume de Reims, l'iiris, <;iartlcl Brière.
HLAXC(M.).– Les communautés familiales en ancien droit et
leur survivance en Limousin. l'aris, l'irlmn ft buritml-Aiiziits

B. – Le MtirUvjr.

IIRYCE (Jamïs). Marriage and divorce New-York,


Oxford Uuiversily Press (American ttranch), 1005, jt. 80
in-K.
Courte liistoire du droit matrimonial de Home à nos jours,
et) vue de montrer comment se pose aujourd'hui la question
du mariage. La pensée de l'auteur reste assez flottante. 11
montre que, plus on avance, plus la femmedevient l'égale du
mari et il déclare impossible toute réaction qui aurait pourl'
ANALYSES.– L*OI|IIANI«ATIO.<(
DttMKSTIdL'E M7

objecte ta ramener ù son nucieu état de subordination. Mais


eu môme temps, il sent bien que le lien conjugal perd son
ancien caractère de sainteté, devient plus fragile, ce qui ne va
pas sans un grave affaiblissement de l'institution Sou idéal
parait bien être que, s'il est juste que l'égalité des époux
devienne toujours plus grande, il est nécessaire due le senti-
ment do la moralité du mariage reprenne sa force ancienne.
Et co qui lui fait juger ce réveil possible, c'est que le carac-
tère sacrûdu mariage ne lui paraît pas être logiquement soi:
daire do tel ou tel dogme religieux, mais tenir à ta nature
même de l'institution, ù son rôle social.
K. D.

IIOL (Avovstk).– L'évolution du divorce. Jurisprudence et


sociologie (.Préfacedu Dr Toulouse;. Paris, Arthur Hous-
seau, 1908,p. V1-481Î hi-8.
Le mot de atciobgk qui ligure dans le sous-titre, n'est
guère justifié par le contenu de l'ouvrage qui n'a rien de pro-
prement sociologique. C'est surtout uue étude juridique qui
a pour objet de dégager les tendances actuelles de la juris-
prudence en matière de divorce. Mais comme ces tendances
sont des faits sociaux importants, elles ne sauraient laisser
le sociologue indifférent.
L'auteur étabiitsans peineque la jurisprudence tend de plus
en plus à ramener à une seule toutes les causes de divorce
c'est l'impossibilité, dûment constatée, de continuer la vie
commune. Peu importe le caractère juridique des griefs invo-
qués par les parties; la seule question que se posent les juges
est de savoir si les époux peuvent ou uou vivre ensemble. Or
le corollaire logique d'une telle jurisprudence, c'est, dit très
justement M. Hol, le divorce par consentement mutuel. l.e
propre aveu des deux intéressés est. en effet, la meilleure
preuve que la cohabitation leur est devenue intolérable- En
tait, on sait que, sous des formes déguisées, le divorce par
consentement mutuel entre de plus en plus daus la pratique
de nos tribunaux
Non seulement cette extension de la loi du divorce parait
logique à M. Roi en raison des principes suivis par les magis-
trats, mais il la croit conforme à la nature des choses et aux
exigences delà conscience publique. lieux raisons lui parais-
sent la justifier. D'abord, le respect religieux qu'inspirait
438 L'AXXtiK
SOMOUWW'fi.ltlOMWO

autrefois le lien conjugal lui parait l'effet de croyances péri-


mées; suivant lui, la morale laïque ne peut voir dans le
mariage qu'un contrat qui u'a plus do raison d'être du moment
t|tie les deux parties qui t'ont (orme cessent de le vouloir. En
second lieu, le développement de ta vie économique, les pro.
miscuités de la vie ouvrière, les progrès de l'alcoolisme, le
nombre croissant des déclassés (que l'auteur attribue à la dif-
fusion do l'instruction) etc., sont autant de causes qui ont
pour effet de multiplier les différends entre époux l'état cou-
jugal ayant ainsi empiré, il serait nécessaire de faciliter aux
intéressés les moyens d'eu sortir.
Cette justification, qui tient seulement quelques pages,
constitue sans doute, dans la peusée de l'auteur et de M.Tou-
louse, la partie sociologique du livre. Elle ne nous parait pas
très solide. Il n'est pas du tout démontré que lelien conjugal
doive perdre son ancien caractère de sainteté par cela seul que
cette sainteté cesse d'être pensée sous forme de symboles reli-
gieux. L'institution matrimoniale a, par elle-même, uue valeur
morale et une fonction sociale dont lu portée dépasse les
intérêts des particuliers. D'un autre côté, les promiscuités de
do l'utelier, l'alcoolisme, etc., sout des tares de notre civilisa-
tion que le législateur doit combattre, bien loin qu'il doive
les consacrer.
E. D.

MALLARD(Henri). –Étude sur le droit des gens mariés


d'après les coutumes de Berry. Sainl-Amaud, Pivoteau,
1905, p. V1II-210in-8.
Cet ouvrage s'inspire directement des idées développées
par M. Lefebvre dans le livre qui vient d'ètre aualysé il s'agit
de vérifier, à propos du Berry, les théories générales qui
viennent d'être discutées. Après l'examen que nous en avons
fait, il est inutile de les exposer à nouveaudaus leurensemble:
nous nous bornerons aux quelques remarques particulières
que nous suggère le présent ouvrage.
Après avoir admis avec son maître que le régime de la
communauté estd'origineessentiellenienl chrétienne, M. Mal-
lard s'attache à démontrer que, si notre droit matrimonial
s'est ensuite orienté dans une autre direction, c'est sous
l'influence, prédominante depuis lexvi"siècle, du droit romain.
C'est à J'action prestigieuse de ce droit qu'il faudrait attribuer

ANALYSES. lAMMANMATIOX
UOMKSTlyL'K 4ï>|
le caractère facultatif qU(,prit le
régime de ta communauté,
l'inslltutiou do régimes dlllérents et diverses mesures
(princi-
jMdeinenllu séparation de biens) dont le but est de reudre
indépendant le domaine économiiiue des époux. t)e là à dire
que toute celle évolution de notre droit u quelque chose
d'anormal, il n'y a qu'un pas et c'est bien, croyons-nous, la
peusée do auteur. Tous ces ehaugemeuts daus notre consti-
tution matrimoniale primitive seraient de véritables
altéra-
tions, œuvre de juristes pédants et maladroits. Et saus
doute,
il est très vraisemblable
que l'établissement chez nous du
régime dotal n'a pas eu d'autre origine aussi est-il resté
sporadique et tend-il à perdre du terrain. Mais il en est tout
autrement de l'indépendance économique des deux
époux,
qui semble bien être d'accord avec certaines de nos aspira-
tions modernes. Pour que la femme
puisse jouir de l'autouo-
mie que réclame pour elle notre
individualisme. il faut bien
quelle soit autonome, en quelque mesure, dans le cercle des
intérêts économiques. Notreconception de la société
coujugale
ne pout plus être celle que nous a léguée le
moyen âge, sans
que les changements qui se sont ainsi produils dans nos idées
soient imputables à l'action du droit romain.
Nous trouvons dans lelivre un fait
qui tendrait a confirmer
uue hypothèse que nous émettions
plus haut. Nous disions
a
qu'il n'y pas de différence de nature entre te régime des
communautés taisibles et celui de la coniinutiaulé entre
époux, et que, par suite, il doit y avoir une identité an moins
partielle, entre les causes (lui ont suscité l'un et l'autre. Ce
qui semble bien prouver cette parenté, c'est que, quand un des
époux communs en biens venait il décéder, la communauté
continuait d'elle-même entre le survivant et les eufauls et
mémo parfois les collatéraux. La société
coujugale devenait
//mofada une société Illisible ce qui montre déjà combien
elles étaient parentes l'une de l'autre. De
plus, ces deux sortes
de sociétés passaient pour si voisines
que les juristes diseu-
taient pour savoir si l'une différait en nature de l'autre. Nous
n'avons pas à résoudre la question; mais le fait
qu'elle était
controversée est déjà significatif.
E. D.

STOCQUART(E.). Aperçu de l'évolution juridique du


mariage. 1. France. Paris, Librairie génér. de droit et de
jurispr.
ii& l'a.n.nbbsoctoumtyuH. 1905-1900

K0GU1N<B ) – Traité de droit civil comparé. Le régime


matrimonial. Paris.

V1LTAKD(G.i. – Essai d'historique de la séparation de


biens Judiciaire dans l'ancien droit français. Paris,
Larose et Teniu.

BRANDILEONE(F.). – Contrlbuto alla storla délia com-


munione dei béni matrimonial! in Siollia. Homa.

KITABGI KHAN1P.1. Le mariage et le divorce en


droit musulman schyte. Lausanne, Viret-Genton.

TAMASS1AwNino». – Il Testamento dei Marito. Studio di


storiu giuridicu itilliana. Bologua, Zaaichelli, 11)05,p. 102
in-8.

BEEKMAN. Het dljk-en waterschapsreoht ln Neder-


land voor 1795. s' (iravenliage, Nijholï.

KAPRAS «J.i. – Die Vormundschaft im altbohmischen


Landrecltte. Eiue liistorischo Studio. Xeitselif.f. cenjleirh.
/<<'t-/)~p XViH" B., p. 338.4~9.

C. – La moralesexuelle.
Par M. Mu'ss

KRAUSS (F. S.). Sûdslavlsche Volksûberlleferungen


dieslch aufdemGeschlechtsverkehrbeziehen I.y;'rr«7i
Itingen. iu Authropophyleia. Jahrbiicher fur Folkloristiselw
Erhebungen und Fonchunyen sur Kntwiekluugsgesckiehle(1er
geschledit lichen Moral, herausgegebeu von Dr Friedericli
Krauss. 1. Ihi.
11faut louer le vétéran du folklore qu'est M. Kraussd'avoir
eu le courage de s'atteler à uu pareil sujet. Lecaul littéraire
et scientifique a jusqu'ici empêché la science de s'emparer des
mœurs sexuelles et d'eu faire, comme elle doit, un objet de
connaissance et d'analyse. La publication des Kvjxtxo-.xn
sauvé de l'oubli et imposé à l'attention un grand nombre de
documents; elle est due déjà pour partie à M. Krauss. Maiu-
tenant terminée, elle l'a laissé libre d'entreprendre cette nou-
velle publication, Anlhropophyteia,qui proniel d'être annuelle,
ANALVSJÎS.– 1,'lHUiANISATlON
DOHKSTIQl'ii 44 1

consacrée à « l'histoire de l'évolution de la morale sexuelle ».


Ce premier volume est consacré à publier des documents
rmpruutésaux Slaves du Sud. C'esl en réalité un complément,
uue édition do faits a l'appui, que M. Krauss ajouta à son
ouvrage connu sur les mœurs des Slaves méridionaux. Cer-
tains chapitres sont môme d'ailleurs rapportés aux chapitres
correspondants de ce dernier.
Nous no croyons pas pourtant qu'ils mérileut d'être publiés
avec une abondance aussi luxueuse. Plusieurs versions d'un
môme conte sont données sans grande nécessité parfois lex.
celui (le la souris, de la grenouille.n°M8,sq.). Plusieurs expli-
cations ne sont plis – que M. Krauss nous pardonne notre
observation dénuées de cotnplaisauce. Après tout, le type
de lu plupart des faits ici enregistres est assez banal, et sauf
pour les traditions qui ont treit à des usages purement Slaves,
assez peu instructif.
Une seule chose est il noter au point de vue qui nous occupe
spécialement ici. C'estla masse même des contes qui ont trait il
la vie sexuelle dans les pays Slaves.11est évident que la façon
dont ce thème principal a fleuri dans ce folklore est hors de
toute proportion avec la médiocrité de son développemenldaus
les autres populations européennes. Le conte improprement
appelé pornographique, occupe ici une toute autre place que
dans les littératures populaires du reste de l'Europe.Il est évi-
demment parfaitement populaire, répandu dans les deux
sexes et dans les diverses classes de la société (popes, institu-
teurs et bourgeois s'en délectent), taudis que chez nous il
semble n'avoir été très vivace que dans des groupes très spé-
ciaux d'hommes. Pour quiconque a lu le premier livre de
M. Krauss ou le travail de M. Rhamni, l'explication est sous
la maiu la vie sexuelle intense et la liberté sexuelle presque
extraordinaire des Slaves méridionaux est le fait morat que
le travail littéraire du peuple traduit ainsi à sa propre cons-
cience.
Certains faits moraux particuliers de ces usages sexuels
sont d'ailleurs illustrés de façon intéressante par les contes
ici publiés. C'est d'abord l'usage connu pour le beau-père do
se servir de la jeune femme de son fils, d'ordinaire, d'ailleurs,
encore eu tout bas âge (chap. xim. Comment cet usage se rat-
tache il l'ancienne communauté agnatique, comment elle a uu
de ses fondements dans do nombreuses raisons économiques
et morales, c'est ce qui apparaît à plusieurs de ces récits. On
443 I.ASNÉB «OîMlNh,
«OCIOMMIttUK.
trouvera p. 257-203uucertainnombrededocumentsnouveaux.
M. Krauss range,à tort selonnous,sous la mêmerubrique les
faits de prêt de la femmeau beau-pèreouaux garçonsd'Iion-
ueur. C'est ensuite l'usage, maintenant disparu, mais vivace
dans les contes, du prêt de la femmeou de la filleà l'hôte,
inoiueou pope d'ordinaire.
Sur la naissancemiraculeuse(p. 400),les partiessexuelles
comme moyen d'écarter les démons iuu 129,143,144;, sur
les vertus de la nudité, etc. etc., ou trouvera icides rensei-
gnements épars. Nousespérons qu'en fin de l'ouvrage un
index viendra le rendreimmédiatementutilisable.
M. M.

l'AKAISHI. Volek-
-Japans Frauea undFraueamoral.Rosloc-k,
inann.

VIII. LE DROITUE I>ROPHIKTÉ


ParM.K.I.evï.

K. MARGUERV. – Le droit de propriété et le régime


démocratique. Paris. Alcan, 1906, p. 202, ln-10.
« L'évolution des sociétés modernes vers la démocratie »,
c'est-ù-dire vers uu « régime. teudaul au bonheur commun
des associés par la libre expansion des individus est tatale ».
Politiquement « l'ascension des masses populaires au pou-
voir, par le suffrage universel, a donné aux gouvernements
une plus grande forcenioraile.MÉconomiquement,losrichesses
se vulgarisent. « La Banque de France constate chaque aunée
une proportion croissante dans ses escomptes du nombre
d'effets inférieurs à 100 francs. Ce nombreétait en 1873 de
300,!i57 sur un ensemble de 3.393,125effets, soit une propor-
tion de 12 pour 100. Trente ans plus tard, en 1003, la Banque
en escomptait 2,901,073sur 6,548,030. La proportion s'élevait
à 44 p. 100.Elle est de 46 p. 100eu 1904 ». Mais « certaines de
nos lois, fortement empreintes de l'esprit de caste, semblent
chaque jour plus imparfaitement adaptées à nos aspirations».
La déclaration desdroits de l'homme considère comme intau-
gibles le droit de propriété et la liberté du travail toutes
deux comme conséquences nécessaires du droit ù l'existence i
mais « notre existence est uu phénomène comme un autre.
ANAUSBS. – LISDIICIITOK l'noPMKTK 4*3

à la merci de notre milieu,de nos semblables et de nous-


nieme ». D'ailleursil est impossiblede concilier le droit de
propriété avec le libre travail. Le droit de propriété est tenu
pour absolu; sans doute certainsjurisconsultes ont toutede
faire revivreune sorte dedroit de propriété éminent au profit
de l'État; un arrôtde la courde Paris consacracette doctrine
eu recounaissuntà l'État un privilègesur les biens d'une suc-
cessionpour le recouvrementdesdroitsde mutationpar décès.
La cotir suprêmea cassé cettedécisioncomme contraire aux
principes fondamentauxde nos codes (23 juin 1857).Et la
sociéténedemandepas en principeà l'individu comptede la
façondont il exerceson droit. SI l'État intervient, c'est pour
protéger les domaines par des lois spéciales quiconque
pochedansun étang uou public commet un délit entralnant
un à cittej ans de prison (art. 888 G. V) celui qui tue un
oiseau voletantau-dessusdesterres d'un particulier s'expose
«ï une amendecorrectionnelle(loi du 3 mai 1844,art. 11).La
lui donne une prime aux enclos le pré entouré d'une haie
est soustrait aux droits communauxde pâturage la vigne,
le blé, dans le mêmecas, sont affranchisde la servitudede
grapillageet de glanage,lorsqu'elleexiste sur «lesterres non
encloses; les bois clos échappentau contrôle des eaux et
forêts le propriétaire,mômeen tempsprohibé, chassera sur
sesdomainess'il lesentoure d'une clôture de
quelques pieds
de hauteur. La locationdes terres peut se faire librement au
»;iuxle plus exorbitant,sans usure.Le propriétaire peut faire
urgent mômedes beautésnaturelles.Et quels devoirs corres-
pondent à cesdroits? Un impôtléger sur la terre, franchise
d'impôt sur son vin et sur soneau de-vie pour la consomma-
tion familiale,impôt spécialil un profit sur les non-proprié-
taires, dit droitsprotecteurs,etc. Puis l'auteur nous montre
h's avantagesdudroit do propriétéet se déclare partisan dela
propriété moyenne,proportionnéeau genre de culture qui
lui convient.
Commentlutter coutrela grandepropriété? Le libéralisme
ne suffit pas le collectivismeest simpliste et autoritaire. Il
finit réaliser la justice sociale.Déjàil y a dans nos lois les
germes d'une démocratisationde la propriété le sous-sol,
lorsqu'il renfermede la houille,des minerais, est propriété
socialeet fait l'objet d'uneconcessiondu gouvernement les
eaux sont propriétésociale lorsque leur cours est navigable
ou flottable; le défrichementdes forêts est soumis a une
444 l'asmIk souioUHiioi'K. JOas-IM

.u~& .e. m. _v .xl, 1--


autorisatiou administrative: l'Etat peut prélever les plus
beaux échantillons des futaies pour le besoin de sa niuriue et
de ses parts certaines cultures sont interdites ou contrôlées;
le tabac, lu distillation des fruits et grains ù alcool suul sur-
veillés et taxés lotinlemeut des arrêtés préfectoraux ou
municipaux peuveut obliger le propriétaire a subir le glu-
nage, le gra pillage, le pâturage; il doitécheniller ses arbres,
curer ses ruisseaux, mettre ses chevaux à la disposition du
recrutement, employer ses attelages à réparer les routes des
règlements restreignent daus les villes l'exercice de lu pro-
priété (hauteur des maisons, épaisseur des murs, largeur des
haies, dimensions des saillies, distance des jours, établisse-
ment des tours et toyers, évacuation des eaux méuagères; le
propriétaire doit souvent payer uue part de l'égoût, du trot-
toir, etc.
Ensuite M. M. propose des reformes. EDce qui concerne le
droit de chasse, il faut prendre exemple du Japon (loi du 5
octobre 1892) la chasse, moyennant permis, y est autorisée
partout en principe; sont seuls interdits les réserves impé-
riales, chemins publics, jardins publics, abords des temples
et des cimetières terrains clos terrains couverts de leurs
récoltes, à moins que le récoltant ne l'autorise; terrains
réservés par décision du ministre de l'agriculture. De même
il faudrait, sous réserve de ce qui est nécessaire pour proté-
ger la multiplication du poisson, accorder le droit de pocher
à tous. Quant aux mines, cette richesse doit rester dans le
domaine éminent de l'État, sauf concession temporaire à
l'inventeur, four les forêts, il faut que l'État oblige les pro-
priétaires à se syndiquer pour prendre des mesures d'exploi-
tation et de défense, sinon qu'il revendique pour lui ce soin
(l'auteur aurait pu s'inspirer ici comme ex. du régime de la
domanialilé des biens d'oliviers eu Tunisie). Quant aux eaux,
on constate, daus notre législation même, une tendance à les
mettre de plus en plus à la disposition des intéressés. Enfin
les terres cultivables; ici il faut 1° Consoliderles droits des
possesseurs précaires, notamment reconuaitre le droit à une
indemnité pour le fermier sortant, conformément, par exem-
ple, au système anglais (notre jurisprudence s'est quelquefois
plus ou moins substituée ici à la loi i"Favoriser le morcel-
lement des grands domaines tacts du Parlement anglais de
1831, 1882. 188», constituant des caisses de bons fonciers
pour réaliser des prêts aux acquéreurs de terres, caisses de
AXALYSKS. LE DROIT I>Kl'IUlNUÉTli 115

«•reditagricole receviiuulu gouvernementjusqu'à dix millions


do livres, act du 20 juin 1892 interdisant la capitalisation
des revenus au delà de I» minorité d'un héritier; loi prus-
sienne du 27 juin 1800 sur les Henlengûhr eu Australie
l'impôt progressif frappe si lourdement les grands domaines
qu'il devient une confiscation déguisée, le propriétaire peut
h lors ofli'trses terres au gouvernement pour le prix même
d'évaluation qui a servi de buse à l'établissement de l'impôt.
etc.). 3° Hemembrer les parcelles isolées (en l'russe, dans
les pays rhénans, l'Arrundirung; eu Bavière, Wurtemberg et
Bade la Fehtbn'einyung en Autriche la Cummamum, m-.t.
'»"Redistribuer des terres et constituer de petits domaines
eu Angleterre loi de 1887sur les allolmenta, de 1892 sur les
'•mailhotilingx.au Danemark, lui de I89JI,en Algérie, lois de
1873,1887,1897),u° Protéger le bien de famille, le hometteuit.
Il faut aussi faire payer par le propriétaire les plus values
automatiques, soit par l'inpôt foncier, soit conformément au
principe de la loi de 1801 sur le dessèchement des marais
art. 30 et art 31) en demandant indemnité au propriétaire
« lorsque, par l'ouverture do nouvelles rues, etc., des pro-
priétés privées auraient acquis uue notable augmentation
de valeurs »; il faudrait, comme au Danemark, sauctionuer
le devoir do culture; il faut lutter législativemeul contre
l'abus des clôtures; Il faut réorganiser le jury d'expropriation,
ne pas faire juger la propriété par les propriétaires <cf. lois de
Finlande, 18J8, de Hongrie, 1881, de Saint (iall, 181*8,de la
Saxe, 1902;; il faut combattre les mauvais trusts.
Il est singulier que M. M. ne parle pas des énergies nou-
velles, houille blanche, etc. ni de notre législation sur les
établissements insalubres; ni de la responsabilité que la loi
et la jurisprudence appliquant plus largement, le principe de
l'article 1382 du c. civ., tout peser sur le propriétaire, etc..
C'est que, après une introduction vaste, son livre se limite
pratiquement à ce qui concerne la propriété de la terre, et
()u'il veut la terre au paysan. Mais ce petit tableau rapide,
clair, a la valeur d'un document. Ou est obligé d'ajouter que
la vanilétles tentatives connues, dont parle l'auteur, inquiète.

lï. C0NÎ1. – La proprleta ftindlaria nel passato e nel


présente. Milan, Cogliati, 1905, p. XXIV-428, in-10.
Sous ce titre, qui promet, il faut dire qu'on ne trouve guère
tlti I.AKXKK$0Crou>GIQV6.1905-1000

que de la polémique où abondent et reviennent les aflir ma-


tions courantes contre lu socialisme, contre l'intervention de
l'État, contre son itiertie, etc. Parfois des remarques plu»
linos. Au point de vue sociologique, il faut citer ce qui con-
cerne les conditions des travailleurs do la terre d'après
uotumtneut l'enquête Bertuui, les injustices du contrat de
louage et de métayage dans la province de Milan (p. 101), la
dette hypothécaire dans la mente province (le crédit hypothé-
thûcaire fait pur lu caisse d'épargne de Milan est eu 1900de
Î5.1238.088fr. 53 et c'est la propriété moyenne qui est sur-
tout grevée fies prêts sont principalement de 28 à S0.O0Ofr.).
Quant aux réformes, il faut reconstituer la propriété. Mais,
dans cette partie de l'ouvrage, il n'y a aucune documentation.

H ram'CCl. – Les origines naturelles de la Propriété.


Essai do sociologie comparée. Fascicule 3 des Notes et
Mémoires de l'Institut Solvay de Sociologie. Bruxelles et
Leipzig. Misch et Throu, 1905, p. XV-246,iu-8".
11semble qu'il y ait contradiction entre le titre et le sous.
titre de ce travail. Si M. P. avait voulu faire une étude de
sociologiecomparée sur la Propriété, il aurait du reconnaître
au moins provisoirement, que ce mot ne prenait de seus que
dans une société. Or il prétend démontrer que la propriété a
des origines autres que sociales; il en étudie la genèse pour
découvrir quelle en est la base * naturelle ». Sa méthode
comparative a pour objet de donner au concept de propriété
une extension si vaste, qu'ou puisse déjà parler de propriété
quand il n'y pas de société. Une bonne partie de ce livre
est une étude des conditions dans lesquelles uu être vivant
réagit sur son milieu physique, et se sont ces échanges qui
sont analysés minutieusement comme révélant des « faits »
et des « formes » élémentaires de propriété. La sociologie
comparée de M 1>.consiste à comparer des faits sociaux non
pas entre eux, mais avec de simples données biologiques.
Au vrai ce n'est même plus une comparaison, mais une
confusion. M. P. dit p. 22H qu'il « sait que certains phéno-
mènes sont considérés comme d'ordre social la propriété est
uu de ces phénomènes. » C'est peut-être la seule définition
qu'on pourrait trouver du phénomène social dans tout le
travail, et de la propriété comme phénomène social. En réalité
le contenu de ce concept n'étant, suivant M. P., fit le droit, ui
ANAUSKS. LKBRUIT
DKl'tlOPHlKTK H?
les représentations collectives «Voitle droit peut être issu, it
lie reste que l'instinct, p. I et On peut voir (p 83i) qu'il
explique la propriété Individuelle pnr « lu lui biologique de
protection de l'individu », la propriété fiiiniliiile par « la loi
de protection de l'espèce, réalisée sur lu base de l'instinct
sexuel », la propriété collective par « la loi de protection de
l'espèce, réalisée par les phénomènes d'association ». Et ces
lois il persiste à les considérer comme sociologique», tant
le terme do sociologique éveille peu d'idées précises dans son
esprit. Les distinctionsqu'ilu établies ninsl entre trois formes
de propriété le gênent dès qu'il examine des cas plus com-
plexes que colui des végétaux ou dos mollusques. Comment
expliquer « l'intégration de cpsdifférentes (ormes daus les
sociétés humaines? Il complique alors ses définitions la
propriété individuelle. chez l'homme, est à la fois « l'expres-
sion môme de l'individu », et la « conséquence directe de sa
présence dans le groupe social » (p. 100;. Et ces deux termes
sont loin d'être réductibles l'un-a l'autre. Dans un cas, on
adopte une explication de vague bio-psychologie, dans l'autre
on admet une explication proprement sociologique. Enfin
M.I*.croitavoir découvert 'p. 830) queta familleau lieu, d'être
une unité sociale (il veut dire de la société, les deux mots
sont loin d'avoir pour lui le mêmesens), s'oppose à la société,
parceque l'instinct sexuel est destructeur de toute tendance
associative plus générale. Oui, mais la famille se réduit-elle
au couple? et d'autre part l'instinct sexuel ne subit-il pas
toutes les modifications que lui impose sa réfraction à travers
les représentations du groupe ?
Ici apparaît l'erreur fondamentale du livre. M. P. s'est
obstiné ù parler des faits do propriété sans tenir compte des
représentations collectives connexesde ces faits, et à chercher
•les faits de propriété lit où il ne pouvait manifestement plus
y avoir aucune connexion de ce genre.
A. B.

IL (<). – Traitéde la possessiondans le droit romain pour


i :0lt.N
servir de base à une étude comparative des législations
modernes.Paris, Koiitçiiioiiig.
MAISOXiMBH {L.}. De la bonoriimptmcm'ucontra ttibulm. Mur-
ilcaux, imprimerie flacloret.
HKHMKFAIIHT.Die AUmend im Berner Jura, ttroslmi, M.u.
H.MiiiTU».
44K l'année sui:niu>i;iQtR. tws-luOfi

IX. – MtotT UOKTH.YCTl'ËL


DROITDES OBLIGATIONS,
t'ai- M.Ht veux

BR1NI iGiL-sEi'i'i:).
– l/obbligaalone nel dirltto romane.
Bologna,Zauiclielli. t!>05,p. 113,111-8°.
Ce livre, simple reproduction des premières leçons d'un
cours professé à Bologne eu 1904-11105, se recommande avant
tout par ses qualités didactiques. Mais on y trouvera peu
d'idées nouvelles. La méthode reste presque exclusivement
analytique etexégétique- Le sens des développements histo-
ritlues est à peine iudiqiiû. A tous ces points de vue, le
présent ouvrage nous rendra beaucoup moius de services que
celui de l'ezozzi qui porte le même titre 1.W1/1.wcinl., t. VIII,
p. 436). Cependant, ou tirera parti des leçons consacrées à
{'menée de l'obligation juridique, et de quelques remarques
ingénieuses qui y sont faites sur la distinction de l'obligation
au sens large du mot 1= limitation de la liberté) et de l'obli-
gation au sens étroit 1= rapport du débiteur au créancier.)

G. MAZZARELLA. – L'origine del prestlto nel dirittoln-


dtano. Mr. liai. rfi *neiolo>jiit,VIII, mars-juin 1904>.
Home, 1904, p. 03, iu-8°.

La genealogla del prestito nell' antico dlrltto in-


diano Uic. liai di xonolorjiu, IX, sept.-déc. HW81.Home,
1003,p. 53. in-8".
La méthode de M. Mazzarella est connue des lecteurs de
Lt/im-V.Il sullit de rappeler à ce propos le premier mémoire
qu'il consacrait nu l'irl <lnnsVluile«Nfir/w lAnn. Soc, t. Vil,
p. 408). Ce mémoire tentait une « reconstruction morpholo-
gique » des régies relatives au prêt dans les lois de Mauou
puis il analysait ces règles « stratigraphiquemeul », c'est-à-
dire qu'il cherchait il déterminer à quels types fondamentaux
d'organisation on pouvait rapporter ces règles, ces types se
réduisant d'ailleurs à deux, le type gentilice, caractérisé par
l'absence, le ti/pr fêotlal, caractr isé par la présence de la
Il stratification hiérarchique des classes ». L'auteur concluait,
pour le temps des lois de Manou (H' s. av. J. Clir. – H1's.
– IMtOIT
AX.VI.VsES. IIBSOttfctciATIONS.
MtulTCOXÏBACTIKI.
41<)
api*.J. Chr.) a la prépondérance, dans Je prôt, du type genti-
licesurle type féodal.Il donneaujotml'liui, gràceà mie termi-
nologie spécialequ'il s'est créée, ot qu'il h définie tOiiijine dd
prestilo. p. 3-là), une toruio plus précise sices premier» résul-
tats pendant la période do Manou, le type itentiliee a le
caraclèro de type pv^mmUmut, lo lypo féodal, celui de lype
amrumiit, avec un euellieient de concomitance de valeur
imieimutniOrujine. p. 84>.
Les présent!!nrticles poursuivent ta même étude, en l'éten-
dant a des périodes non comprises dans le précédent travail.
L'un iOr'ujinr rfe/ prextiU» s'occupe principalement do lu
périodedes />/irt/m«Jif>w< (VI"s. •– ITs. av. J.Chri. et acces-
soirement, de deux périodes antérieures par lesquelles aurait
débuté l'évolution du prêt (période dite oriyiiutirt. et période
IHif-ilharmintiUrif/w).L'antre {Hnwnlntfintfalfmtitni s'occupe
do la période du Dharmamslra île Yujiiimtlkiju i>lde wlui de
Yhhumi (désignée «lu nom de période Yujrtttrallttjitniu- 11'1s.
– XIe s apr. J. Clir.), et de la
période du Dlmimn^mtm de
Snrmiu et des fragments de Hriliuspud (Période X'intrtifniie
VI" s. -Vil- s .apr. J. Chr.).

l. – l't'rwilt'tlexItharmasùlitit. 1° Un certain nombre de règles


du prêt sont du type féodal lu capacité de prèlrr à intérêt
appartient normalement aux raixgas les Imiliiiniinixet lus
lithatriyiix n'eu sont investis qu'exceptiouuel|t>m<*iil le roi
doit réprimer toute infraction à ces préceptes; il peutobliger
les <<«< il exercer le prêt u intérêt les xi)<lrusn<>peuvent
pas prêter. Les modalités essentielles du prêt luolaiiinient
celles qui se rapportent au taux de rintérétj sont du type
léodal individualiste. 3" Mais lu majeure partielles règles du
prêt se rattachent au lype{leutilire. Toutes les rsisli'* peuvent
exercer le prêt gratuit. Dans ces castes, seuls wml capable»
d'emprunter et de prêter les groupes familiaux représentés
parleurs chefs; sont, par suite, incapables, les éludiacts. les
ermites, les ascètes, les femmes, les mineurs, les \< majeurs
non mariés. Le coulruct de prêt tillecl».»un «aracMéreîvel. Les
nonnesrelatives au gageet ta caution, déinonlrniil l'extrême
faiblesse de l'État, sont du type gnutilice. H" h'iuiln's règles,
celles qui sont relatives à l'objet du contrat et aux muditions
de sa conclusion sont indéterminées. De tout n>l;i.il résulte
qu'au temps des liharmmâlras, « le type génliliiT est le type
prépondérant lu type féodal joue Jwrôle de typiM-uticiirrcnt.
I' DriisiiHiM. – Alinùi' hk'kA.,l!»M.'j-)i)ii. i<i
li
450 l'an.vkk socioloukjuk. l'JOS-lflon

avec uu eoëflicient de concomitance de valeur moyenne,»


Knlro l'époquo des Dtumnwiàtmsd celle des lois </cMhiiw),
il n'y a donc de différence que dans le cuëllIcieHlde concomi-
tance du type féodal. Ce coëilinieut Il plissé d'une valeur
moyenneà uue valeur maximum. Docette constatation l'auteur
tire certaines conclusions relatives lu structure du prêt dans
l'époque pré-Dltarmasulrique et daus l 'époqueorigin «/> J)a«»
l'époque originaire, la capacité de prêter ou d'emprunter
n'uppnrtient qu'aux groupes familiaux le prêt a un caractère
réel et, probablement aussi, solennel; les groupes familiaux
contractants iixent avec lu liberté la plus absolue les normes
(lui doivent régler leurs rapports contractuels; un gage ou une
caution garantissent constamment les prêts les modes d'ex-
tinction du prôl ont un caractère exlrajudieiaire. Dans la
période les normes (lu prêt
sont plus nombreuses et plus complexes. La capacité de prê-
ter prend un caractère féodal, puisqu'elle n'iipparlieut iior-
mitleincut qu'à la caste des wixyas. Ou voit apparaître, à coté
de la capacité des groupes familiaux, quelques traces d'une
capacité individuelle. Ln liberté des contractants subit quel-
ques limitations. Les modes extrajudiciaires d'extinction du
prêt prévalent encore. Telles sont tes principales conclusions
morphologiques que M. M. croit pouvoir formuler pour ces
époques préhistoriques, sans justification de sources, en pro-
longeant dans. le passé les courbes qui résument ses analyses
slrnligraphiqucs.

II. – Période*Ytiftut alkycHneetXamdieniu. L'emploi de la


même méthode donne les résultats suivants l'An point de
vue de la capacité active et passive (capacité de prêter, capa-
cité d'emprunter), le type prépondérant est geutilice. Le
cocilicieut de concomitance du type féodal concurrent est do
valeur maximum au point de vue ucA'if,de valeur moyeunc
au point de vue passif. 2° Quant à l'objet et aux conditions de
validité du prêt, le type féodal domine, le type (jentilioe cou-
current n'a qu'un coellicient de valeur minimum. 3° Quant
aux modalités 'intérêts, garanties' et quant aux modes d'ex-
tinction, il en est de môme; le type prépondérant est féodal,
et le coellicient de concomitance du type gentilice concurrent
est de valeur minimum.
Dans l'ensemble, c'est doue le type féodal qui domine, le
type gentilice ne jouant le rôle que de type concurrent. La
AXAUSKt. – OHOIT O«< UUI.KUTIOX*. UHOIT COXnUCTL'Kl. 4511

valeur de
fin sou
VJltfttll* cftll <*fMt(1Is»inttt
cueïHeient,(lui /tut Aldîl
était n.i.v*i«i«.» n~.t 1
comprise entre la moyeuuo
et Je minimum duus Uijiéiiode Yajnnvaîltyeuue,est descendue
au iiiiuimiiin dans ta période Naradiuuue.

lit. Lu cuinpuraisuii de» résultats obtenus dans ses trois


études sur te prêt dans l'iiule antique permet à M. M. du
formuler des conclusions générale» ilieiwaloijiu, p. 41-iiîlj. Ce»
conclusions se ramènent il deux lois I" Lui des ruriatium
marphalagoiun Le développement du prêt s'est fuit dans lu
sens d'une complication graduelle t't continue dans la struc-
titre t' Loi des rurhttioiis slntli(jinphit[iws: Les règles du
prêt qui se raltnciicnt au type féodal «mlpris le dessus sur
les règles qui se rattachent au typegenti liée.
L'analyse (lui vient d'être faite suflU ù montrer qu'il y»,
dans les éludes de M. M., il coté d'un principe excellent, des
réalisations 1res contestables. Acoupsrtr nous devons approu-
ver le dessein formé par l'auteur: l'effort qu'il fait pour cons.
tltuer et classer des types d'institutions est extrêmement
méritoire. Malheureusement,il y a une tropgrande part d'arbi-
traire daus l'application du principe posé. La classification
bipartite do tous les types sociaux en féodaux et geiili lices
reste tout a fait artificielle necotnpren<l-oiipas, souschncuuu
de ces étiquettes, des types sociaux entièrement différents
Artificiels aussi, malgré riugèuiusllé de certains raisonne
menls. lesliensqni unissent telle institution il tel type social
on arrivera diflicilement ù comprendre pourquoi la forme
réelle de contracter est spécifiquement genlilice. Artificiels
encore la prépondérance attribuée et les coeflicientsde conco-
mitance décernés il l'un «les types par rapporta l'autre arti-
liciel, ce dénombrement des traits caractéristiques d'une ins-
titution, le caractère de l'ensemble s'établissaul par une
simple addition. Qui nous dit qu'un sent trait de l'institution
n'est pas. au fond. te trait spécilique. ti l'exclusion de tous les
autres, auxquels M..M. attribue la même valeur arithmé-
tique Knfiii, combien y a-l-il ;iu juste de vie dans les pré-
ceptes étudiés ? M. M. s'en tient aux textes législatifs; niais
rien n'est plus trompeur que ces textes ce qu'il faudrait
savoir, c'est s'ils étaient appliqués et comment ils t'étaient.
Ainsi les recherches de M. M., tout eu marquant l'ambition
scientifique lu plus louable, donnent des résultais souvent,
contestables. On tirera cependant parti des matériaux réunis,'
qui ont du prix. 1».H.
-V5i i.'axnkb sui:iuUHiigi:B.IWi-WO

HWOHODA iIIkinhicu). – Beltrage aur grieohlsohen


Rechtsgesehtehte. /fihckr. des Sacigny-WifluHg fiir
MeehtufffteJiieh^,1HOSWeiinnr, Uermanu, BOlilaua Nuch-
folger, 1905, p. l3ti.iu-8».
Sous ce titre, l'auteur nous donne deux monographies sur
deux sujets dilïérenls, toutes deux fort intéressantes, et
recoiHiiiiiudubles par leur méthodeet l'emploi qui y est fait.
n du seulement des disciplines historiques et philologiques,
mais aussi du droit comparé.

l – Lit premièreétude( p. Ma)est consacréeà la pmeripliim


Elle complète et corrige le mémoire d'L'sleri [Arehlung mut
Yerbunnuuyim yrieehiseheHllechte),analysé dans le totne VIII
de l'Année (p. 4Ci.i.Cescompléments et ces corrections portent
précisément sur les questions qui iutêresseut le plus les
sociologues. Ousait que Vatimieprimitive u'est point une /orme
d'iutamie ou de dégradation civique; c'est une véritable mise
hors la toi. L'iv.y>; est un tmltati: Ou peut le tuer suus s'ex-
poser à payer le prix du «ing, la -•.•i.i, d'où le nom x-vm<j;,
selon une étymologie que M.S. explique ingénieusement et
rend fort vraisemblable. Les décrets qui prononcent la mise
Hors la lui emploient pour celu des expressions caractéris-
tiques. La plus ancienne est ït'.jlo; T«*»ïi-u « il doit mourir
sans nuiroH » (c'est-à-dire sans que le prix du sang soit payé
pour lui i. Ourencontre plus tard *-•«,- ïotw « il doit Hre sans
«"w « il doit tire sans
ruiiron »; et enfin «"ijw; xxî s«;V.<;r.»«;,
«tanin et intiW en ennemi ». Seules ces expressions techniques
se rattachent il une vraie misehors la loi toutes les autres ne
se rapportent qu'à la dégradation civique. L'effet essentiel de
la mise hors la lui. c'est d'exposer le banni à la mort tout le
monde peut le tuer, et même tout le monde a le devoir de le
tuer. Perte du droit de cité, mort et bannissement se réunis-
sent et se confondent. En outre, la mise hors la loi etitraiite
lu confiscation de tous les biens, et elle s'éUmd à la desceu-
(tance de celui qu'elle frappe.
Il existe une espèce particulière d'atimie, caractérisée dans
les textes par l'expression i'» «îvx- L'i-.ti'ijw; est celui
qu'où peut emmener n-;v.-i,àsivr.*). Ledroit d'i-i'/f./ ressem-
qui a été donné plus tard
IjIc au droit d'exercer \'i-x-l-M-l'l
contre les xxxvipyv.mais il est plus large, plus général, moins
AXAI.ÏSKS. – Oftulï UKS UUMUVrUINt. DWHTC.ilNI lUUTL'Kl. 4M

étroitement réglementé. Celui qu'un décret h décimé iv^w,;


doit être livré mort tiu vif aux magistrats faux
Oiuej.'qùt le
font exécuter sur le champ. Il y a encore la une mise hors la
loi, avec cette différend) que, tandis que n'importe qui peut
mettre a mort celui que frappe l'alimio, les magistrats seuls
(oui exécuter d'ordinaire riv<4Yt:i«;.Cette forme do mise hors
la loi s'emploie surtout contre les fugitifs.
L'utimie punit les infractions contre les intérêts de la com-
munauté des citoyens, c'est à-dire les crimes politiques. Son
exécution lieu sans jugement. On rencontre, il est vrai. des
espèces de sentences frappant d'atiiuie certains coiipnhles.
Mais elles 110sont pas rendues eu exécution de lois préexis-
tantes ce sont en réalité des actes législatifs, qui, dans des cas
particuliers, édictent la misehors lu loi contre certains indi-
vidus ou contre certaines famines en bloc. Cesactes émanent
de l'autorité législative (dans les états
démocratiques par
exempte, de l'assemblée du peuple'. La même autorité peut
aussi en arrêter les effets.
Les urigiues de la mise hors de ht loi se rattachent à cette
idée qu'on traite eu ennemi de la communauté celui qui s'est
comporté eu ennemi. L'auteur se borne à poser, sans la résou-
lire ip. 3!>),la question des origines religieuses de l'institu-
tion.

II. – La deuxième étude (p. ii-lify s'occupe de la srn'itwlc


pour tktlrx tSchublknechtsckaft)dans l'ancien droit grec. Avant
le temps des réformes réalisées à Athèucs par Solon, les
témoignages historiques nous attestent que le droit des obli-
gations était extrêmement rigoureux. L'obligation comportait
un engagement du corps du débiteur (ôxvifrivir.i t<.ï;iw[ia*v).
et l'exécution autorisait le créancier à mettre la main sur le
débiteur et à le priver de sa liberté Ci-;u-;i.^m;
t!m -.tf; owrf'o-j-
?*). Mais bien des obscurités subsistent dans les traditions
relatives à cet état du droit. L'engagement dont i) s'agit et l'es-
l>èci!d'asservissement qu'il entraîne peuvent se comprendre
de bieu des façons (p. 42-1G;. Pour dissiper ces obscurités,
M. S. prend d'abord pour base les textes juridiques de Gorlyno.
Ils nous fournissent, sur la situation des serfs pour dettes, des
renseignements précieux, qu'on peut sans témérité étendre
au droit desautres cités grecques de la môme époque (p. 50-îll).
A (îortyne, un débiteur devient serf de la dette lorsqu'il euga-
ge sa personne à son créancier jusqu'à ce qu'il ait payé sa
4iii L'AN.NÉK SOUIOLOlilgCK. IVttMWU

dette. L'engagé (xa?xxtC;*ivo;> reste libre mais il perd tempo-


rairement une partie de sa personnalité juridique. elsc trouve
(Ini)sune situation intermédiaire entre l'esclavage et la liberté.
Il travaille sous les ordres du maître qu'il s'est donné- II perd
la capacité d'ester en justice comme demandeur c'est son
inattre qui agit pour lui. comme il le ferait pour un esclave
et le maître bénéficie de moitié de la condamnation obtenue.
En revanche, loxraxiiimo; peut ester eu justice comme déten-
deur (à ta dilîéreuce de l'esclave/, et être condamné a une
peine qu'il doit acquitter, s'il a quelques biens, ou que son
mettre doit acquitter pour lui, s'il n'en a pas. Ce qu'eugage
le débiteur, c'est un personne, c'est son corps. Ainsi s'expli-
quent ja diminutionde sa capacité et le transfert de son domi.
cile dans la maison de son maître. Toutefois le maître ne
peut pas vendre l'eugugé, et il doit, au cas de guerre, lui per-
mettre de remplir son devoir militaire. L'engagement prend
fin quand l'engagé paie la dette par son travail, quand un
parent ou un ami In paie pour lui, ou en tin quand échoit le
terme convenu car la durée de l'engagement peut être fixée
à forfait (p. 40.88».
Tout contrat, spécialement tout contrat de prêt. impliquet-
il l'engagement conditionnel du débiteur pour le cas où celui-
ci ne s'acquitterait pas au jour dit? Autrement dit, la servi-
tude pour dettes est-elle attachée à l'exécution, ou bien
résulte-t-elle d'une convention spéciale? Les sources attestent,
pour l'ancien droit grec, que le débiteur insolvable peut être
traité de deux façons différentes ou hien il reste en servitude
pour dettes dans sa patrie, ou bien il est vendu comme esclave
à l'étranger (ce qui rappelle la vente de l'insolvable romain
trans Tiberim).Donc l'inexécution de l'obligation n'a pas pour
sanction forcée la servitude de la dette, et la servitude de la
dette ne résulte pas nécessairement du contrat, puisque le
contrat peut avoir une autre sanction. L'engagement pourl'
dettes n'est pas attaché à un contrat sans une convention
expresse (p. S4-57;.
Mais u'existe-t-il pas, à coté de la forme de servitude pour
dettes qui vient d'être décrite, d'autres formes d'engagement
qui se réaliseraient même saus convention, et qui constitue-
raient une issue possible et normale de la procédure d'exé-
cution sur la personne ? Cela parait certain. D'après plusieurs
témoignages, le créancier non p.«yépeut, à son gré, retenir
son débiteur en servitude, ou le vendre à l'étranger. Uneinté-
.mi.YSK<. – DHOIT BH< OBUUATIO.H». NOIT COKTIMCTUKL 45»
d
rossante iuscripUaud'Hnlicarntt8Be(l>illenberger, Stjlloge, 11)
nous fournit une liste de débiteurs qui sont devenus serfs de
la dette pour cause d'insolvabilité. La loi tleGortyne montre
aussi que l'exécution peut aboutir soit à l'asservissement pour
dettes. suit à la vente du débiteur a l'étranger (ce choix, on le
sait, n'est pas don ué nu créancier romain pur les DouzeTables).
Lorsque l'asservissement pour dettes joue ce rôle de moyen
d'exécution, il est beaucoup plus rigoureux. Le maître a le
droit do frapper et de maltraiter l'insolvable asservi; il poul
le vendre, mômedans sa patrie, comme le prouve l'inscription
d'lia lieu ruasse.Il ne s'agit plus d'une simple servitude, il
s'agit d'un véritable eselmagede la dette (p. 57-61).
On peut conjecturer que lu servitude conventionnelle de la
dette s'est introduite comme une atténuatiou de l'esclavage
de la dette la principale utilité de la première est précisé-
ment d'éviter à celui qui l'accepte les rigueurs de lexécutiou.
Mais pourquoi le créancier se résout-il à celte diminution de
son droit, au lieu d'exiger l'exécution Peut-être est-ce pour
des raisons de charité et d'humanité peut-être aussi pour
des raisons économiques le serf de la dette,
qui n'a pas
renoncé définitivRiiient à la liberté, et qui s'efforce de la
reconquérir aussi vite que possible, fournit sans doute un
travail plus productif que l'esclave; peut-être aussi le serf de
la dette engage-t-il avec lui toute sa famille, de sorte que le
créancier trouve son avantage a cet engagement (p. 61-G8).
Comment, et a quel moment se conclut l'engagement d'où
résulte la servitude pour dettes? On est réduit sur ce point à
des conjectures. Sans doute on peut convenir d'avance, dès
la conclusion du contrat, que le débiteur tombera en servi-
tude s'il ne s'acquitte pas à l'échéance fixée. Mais ordinaire-
ment l'engagement n'intervient que plus tard, lorsque le
débiteur se reconualt insolvable dans ce cas, la servitude
commence aussitôt après rengagement. Dans un cas comme
dans l'autre, le créancier n'a pas besoin de prendre un juge-
ment pour emmenerte x*-«x«{jaïvo;. Nous ignorous si l'engage-
ment peut encore intervenir, comme à Rome, au cours de la
procédure d'exécution, lorsque le créancier a déjà mis la
main sur l'insolvable (p. 68-70).
Quant à l'exécution sur la personne, nous la connaissons
aussi assez mal. Y a t'il comme à Rome, une addicliopronon-
cée par le magistral C'est peu probable. Tout au moins l'exé-
cution suppose,t-elle une intervention judiciaire. Le prêt
130 I.'A.NNKK SQISIOLOMQUK. !U05-tMlli

n'emporte pas en'êutio» parte. L'exécution semble d ailleurs


tuer le
plus douce iju'â Home ainsi le créancier ne peut pas
débiteur, il ne peut pas lo vendre(p. 70-78).L'exécution ainsi
réglée a un caractère aussi restitulif que pénal, car la vente
se fait, non pour Un prix fictif, mais pour un prix véritable
L'exécution s'étend à tout l'avoir de l'exécuté (p. H2-8ii. i.
L'engagement conventionnel de la personne du débiteur ne
constitue pas seulement uu progrès sur l'exécution person-
nelle ancienne: elle prépare d'autres progrès, en frayant lit
voie à l'engagement des biens. Dès avant Solon, en effet, l'hy-
pothèque existe en Attique sousses deux formes de lu tend1«
ivinéii' 'wvr,liîl î.iwtj et de \lnj\mlkique stricto sensu. Au lieu
d'engager son corps, soit en contractant, soit quand arrive
l'échéance, le débiteur engage son fonds. L'engage-1- il dès en
contractant, le créancier devant n'entrer en possession que
plus c'est l'hypothèque proprement dite l'engage-t-il
plus tard, le créaueior devant entrer en possession sur !«'
champ, c'est I'ùyt, ir" /•}«•• Celle Iranformalion de la servi-
tude pour dettes en sûreté, réelle procède, non d'une préoccu-
pation humanitaire, mais d'une préoccupai ion économique.
Lu noblesse capitaliste veut.avant tout, augmentersa richesse
foncière. A côte de l'hypothèque, la servitude pour dettes
subsiste cependant commeune suprême ressource oITerteauxx
débiteurs qui n'ont pas de biens, ou qui ont engagé tous ceux
73
qu'ils possédaient, pour trouver encore un peu deciédit ip.
82).
Ces considérations se confirment par l'élude des témoi-
gnages relatifs ù la fameuse abolition des dettes i'.v.ii/<)v.*)
réalisée par Solon. D'après l'opinion eouranle, celle abolition
se serait limitée aux dettes hypothécaires et ù la servitude
pour délie». Mais les textes prouvent que Solon supprima
aussi l'exécution sur la personne. Dès lors, aucune des dettes
préexistantes ne pouvant avoir de sanction, elles se trou-
vaient toutes abolies du même coup (p. 84-881.
Cependant certains auteurs (Fuslel de Coulanges. Wilbraudt)
nient l'existence de l'hypothèque eu Atlique avant Solon. Ils
allèguent le principe de la copropriété du y*/«. qui s'oppose
aux aliénations entre vifs aussi bien qu'aux aliénations il
cause de mort. Mais celte opinion se heurte aux objections les
plus graves. H est bien difficiled'entendre les <ï?v.dont parle
Solon tfragm. 30, v. 3 et sqq.) autrement que comme des
athénien sur
pierres hypothécaires. La conception du y»vo;
ANAI.YSKS. DROIT IHiS «IM.ItiATIONi. DROIT CuXTIMCTI'KI. 4!i7

1_1. 'J- .Jo ..11.1.1 a.t. _nr.I. au"


laquelle on 8e foude est d'autaut plus critiquable qu'on con-
fond sous co mâine mol, le y^-fianille et levivoî-elan. D'ail-
teurs la propriété privée apparaît fort dôvoloppéedès le temps
d'Homère et d'Hésiode (p. K8-97).
Pour compléter les données ainsi réunies sur la Sirhultl-
Knrchtst'haft,il faut encore tenir compte do certains textes
(notammeut Arislole, 'A4r</> c. ii «fta i rapprochentdus serf*
pour dettes certaines personnes, placées dans une condition
inférieure, et désignées du nom d'JK-r/.w^i. (le ue sont point,
comme on l'a cru parfois, des fermiers, ui des ouvriers de
culture libres, louchant pour prix de leur travail une quote-
part des récoltes; ce sout des colous, placés dans une condi-
tion de sujétionillôriyki'iti héréditaire, comme les Ililoteseii
Laconie. Si on les compareaux serfs de la dette, on reconnaît
entre eux certaine* analogies, teumil à ce que le» uns et les
autres sont dans une situation intermédiaire entre lu liberté
et l 'esclavage.Mais il y a aussi entre eux de profondes dillé-
reuces: la condition des z/t,j: est perpétuelle et hérédi-
taire. La terre lie leur appartient pas c'est un seigneur qui
leur concède le loi qu'ils cultivent, moyennant une redevance
eu nature égale à une quote-part (toute l/liides récolles,
et moyennant certains services. Les tvfrf.uLWH sont attachés au
sol, et se transmettent avec lui. Ils peuvent posséder certains
meubles, notamment des bestiaux. Ils sont frappés de cer-
taines incapacités, peut-être en ce qui concerne les droits di-
famille. il coup sûr en ce qui concerne le droit d'ester en jus-
lice ils ne peuvent plaider, sinon pur l'intermédiaire de leur
seigneur, qui les représente i p. 07-110). Cette condition, qui
offre d'ailleurs certains avantages économiques et sociaux, a
peut-être son origine dans un engagement volontaire (une
recommandation)analogue à celui du xKixiiittvo, Cet enga-
gement intervient parfois pour liquider une situation obérée
et arrêter les rigueurs de l'exécution sur la personne ainsi
peut se transformer en
le xjKïxti;.Mvo; Souvent aussi,
l'engagement intervient pour assurera des pauvres et à des
faibles la protection d'un riche et d'un puissant; dans tous
les milieux, des besoins politiques et économiques semblables
amènent les mômes résultats. En Grèce, les débuts de cette
sorte de colonal remontent au temps delà conquête dorienne r
peut-être y faut-il voir un importation étrangère. Selon les
pays, elle a pris dus formes et une portée économique diflé
rentes. En Laconie et en Crête, l'aristocratie habite les villes
«« I..VNNKK
.SO(,itl|.U(il<}lB. l'JSKt-IWIB

et la culture est tout entièreaux mains des colons. Pu Attique,


au contraire, il existe pendant longtemps une noblesserurale,
qui réside dans lu campagne, et les colons ue eultiveutqu'uuo
partie des domaines des seigneurs. Cet état de choses ne
change que lorsque rûcuiiomie-argeut supplante l'écouomie
naturelle. La propriété foncière prend alors des (ormes plus
capilalisles les domaines s'agrandissent, et la situation des
colons empirei p. 110-122).
A côte des îxTf,iiopo<.existent d'ailleurs des ouvriers libres,
qui louent leurs services ordinairement, à l'année, et peut-
être aussi des fermiers libres. C'est parmi ces travailleurs
libres que se recruteat les serfs pour dettes ip. 132-124).
Stius doute, Solonaaboli la seigneurie foncière et le colonat
en même temps que la servitude pour dettes. Il n'y a plus
trace d'ix^<*ofioiaprès lui. Peut-être même a4-il distribué
des terres aux colons affranchis; car il a imposé législative-
ment une limite maximum aux possessions foncières, et cette
loi, appliquéerétroactivement, a rendu disponibles par expro-
priation de grandes quantités de terres, qui ont pu être
mises à la disposition des anciens colons, dépourvus sans cela
de moyens de vivre. Cette loi agraire, jointe à la wj*y>i*.
suscita de vives oppositions, et une réaction l'anéantit, jus-
qu'au temps au Pisistrate parvint à en faire triompher le
principe.
P. H.

SCHAUB(Dr. Franzi – Der Kampf gegen den Zlnswucher,


ungerechten Preis und unlautern Handel lm Mittel-
alter. von Karl dem Grossen bis Fabst Alexander 111.
Frisbourg-en-Brisgau, Uerder, 1905, p. 218 in-8».

SALV10L1(G.i – La dottrina dell'usura secondo i cano-


nisti e i civllisti italianl dei secoll xni e XIV. Sludi
giuridici in onorc di Varie Fuèlu, II, 100G,p. â»9-2:8.
-1- –M. Scbaub nous offre, sur la législation chrétienne
de l'usure et du commerce au début du moyeu-âge, un petit
livre clair, précis, bien ordonné, qui renouvelle et complète
sur plus d'un point les travaux anciens d'Kndemanu, Funck,
et Neumann, auxquels il peut servir d'introduction.
Pourbien comprendre le développement de cette législation,
il faut se rappeler certains traits caractéristiques de la meu-
– IIHUIT
AXAI.ÏSKS. Ml»UULIUATIOX*.
DltllIT
(JOXTIUOTL'KI.
45U
taillé médiévale notamment le reapect aveugle de toute
autorité, en matière scientifique ou juridique, et lu a lui-ce
prépondérante do lu coutume. Il faut se rappeler aussi los
préoccupations morales et sociales qui inspirent l'activité des
tliéoluKieus d'une part la préoccupation de protéger les
pauvres et les opprimés (l'Évangile ne proclame-t-il pas la
dignité de la pauvreté et do lit faiblesse volontaire» ?)
d'autre part la préoccupation de protéger le travail honuôle
.p. 1-17).
L'époque étudiée peut se diviser eu deux périodes t la
période carolingienne, dans laquelle est posé le principe de
lu prohibition de l'usure, La période postérieure, (lui n'est
guère qu'une période de trausitiou, préparant la grande
systématisation des règles du prêt à intérêt rûulisée au
X1U'siècle.

1. – Après une esquisâe consacrée aux sources de son


étude (Sources législatives et sources littéraires) (p. 18-28:,
M. Schaub examine dans leur enchaînement historique les
lois carolingiennes prohibant l'usure. La première prohibition
générale se trouve dans le capitulaire rendu après le synode
d'Aix-la-Chapelle (28 mars 780, c. loi; ello se base, surtout
sur lu clécrétale Nechoc quoque de Léon le Grand, qui n'in-
terdisait, à vrai dire, l'usure qu'aux clercs, mais qui blâmait
si énergiquement les laïques da la pratiquer, qu'on a pu
facilement prendre prétexte de ce blâme pour en généraliser
la portée. A cette influence prépondérante, se joint l'iuHuence
des textes de l'Ancien Testament et des pèniteuliels anglo-
irlandais (p. 20-33). La prohibition, fréquemment renouvelée,
a immédiatement une grande portée pratique, et retentit sur
toute la législation médiévale (p. 33-35i. Purement morale à
l'origine, elle comporte, sous les successeursdo Charleinagne,
certaines sanctions (peine ecclésiastique de l'excommuni-
cation, et amende du ban royal) (p. 30-38 Des prohibitions
spéciales et expresses visent les clercs (p. 38-40).
Dans cette époque, ou règue presque exclusivement l'éco-
nomie naturelle, le prêt porte ordinairement sur des choses
consomptibles primo mu, sur des denrées. L'intérêt se per-
çoit eu nature, et est proportionnel à la différence entre le
prix d'hiver des produits et leur prix de récolte. C'est pour
attendre la récolte, ou pour subvenir aux nécessités des
guerres, qu'on emprunte; et les emprunteurs sont des culli-
4(K» 1,'AX.YKR l'iDJ-ISOli
SOCIOLOUIUL'B.

vateurs libres ou serfs. Quant aux capitalistes qui prAlent, ce


sont, an premier rang, les propriétaires fonciers Iniques ou
ecclésiastiques (spécialement les nipnu3lères), qui se (ont
rémunérer suit pur des prestations périodiques d'argent ou do
serviras, suit par l'attribution d'un gage frugifôre dont Ils
perçoivent les fruits – au deuxième rang, les marclmuds.
qui prêtent sur gages p. 40-47). Les Juifs, favorablement
traités par lo gouvernement carolingien, et échappant, par
leur religion même, à la prohibition de prêter il intérêt.
jouent nu rôle important dans les affaires de commerce et de
crédit. Ce rôle lie leur est d'ailleurs imposé ni par l'autorité
publique ni par les exigences d'une condition socialeou éco-
nomique spéciale (p. 17-57).
Lu réglementation du prêt Aintérêt est encore assez incom-
plète. Pour assurer ta prohibition de l'usure, il faut q«e
l'emprunteur n'ait a restituer que l'équivalent de ce qu'il a
reçu d'où les définition»des capitulnires, qui exigent que la
restitution porte sur des choses de même nature que le prêt
(p. 87-61 1. Pourjustifierces règles restrictives, on invoque
comme autorités l'Ancien Testament et les t'ères de Civilise,
et, comme raisons morales, le manque de charité pour le pro-
chain que suppose le prêt intéressé. On ne doit pas marquer
dans ses relations avec autrui une cupidité et une darel"
impitoyables 'p. 6l-72i. Ce qui est interdit, c'est l'usure au
sens large du mot, c'est-à-dire toute appropriation consécutive
û un contrat fee qui exclut le vol proprement dit) d'uue plus-
value manifeste {ce qui exclut le simple dol): la prohibition
s'applique donc. non seulement il l'intérêt de l'argent prêté,
mais à tout hèiiélice excessif réalisé sur le prix des choses
vendues ilurpe luvium (p. 73-79».
On est amené ainsi ù examiner la politique carolingienne
en rn.it iéro de régularisation des prix. Celle politique vise a
protéger le faible qu'il soit vendeur ou acheteur – contre
le fort. Ainsi elle donne des garanties aux paysans contre les
puissants qui voudraient leur acheter leurs champs ou leurs
produits à des prix dérisoires elle défend les travailleurs
contre l'avilissement des salaires; inversement elle protège
les acheteurs contre les hausses injustifiées, soit en taxant
les denrées de première nécessité, soit en luttant contre les
accaparements, soit en déjouaut les tentatives d'exploitation
ordinairement dirigées contre les pauvres et les étrangers,
soit enfin eu s'efforça»! de faire baisser, en faveur des hum-
ASAI.YSKS. – DltOIT DHS OHLlUATIOXi. MtOIT CONTHACTUKL 401

blés, les prix du murcho ip. "»-93). L'idée du juste prix tend
donc a se dégager, si la théorie n'en est pas encore formulée
ce juste prix n'est autre que la valeur d'iisugu des chose»,
déterminée à la fois par la coutume et pur In concurrence du
marché <> «3103).
Le comuierco, malgré tes ellorls de ta législation cnrolln-
tïicnue pour le développer, n'a pas encore un grand essor.
L'élise le favorise d'ailleurs, malgré quelques faibles res-
trklions qu'elle lui impose dain l'iiitérel du 1» religion.
Pur mi ces restrictions, l'une des plus importantes est ht
défense adressée aux clercs do faire lecommerce. ICuelTet,dit-
t)u, le commerce oblige le marchand a voyager, entraîne pour
lui certains hasards et certains risques, l'unique aussi à se
commettre avec te public et à y compromettre sa dignité
d'où l'incompatibilité du métier de maroliaiul et de la voca-
tiou ecclésiastique. Mais ou se garde d'étendre la môme pro-
hibition aux laïques. Pour ceux-ci, le commerce est parfaite-
ment licite, quoiqu'on lui préfère l'agriculture ou tes métiers
manuels, avec la vente directe des produits; par le produc-
teur i p. 103-1 1%

II. – La lutte contre l'usure continue dans lu période post-


carolingienne. Au x"siècle, Italherius de Vérone, au xi"Uur-
chard de Worriis, répètent l'ancienne prohibition les Lttjex
EdumiU mentionnent môme une aggravation des siinclious
(mise hors lu lui de l'usurier, et confiscation de ses biens*.
Les canons des conciles et îles synodes, les lettres des papes,
s'efforcent d'extirper les habitudes d'usure invétérées daus le
clergé, avec des succès divers. Une décision du deuxième
concile de LaIran (1139;,qui édicté liufamio et lu privation
de sépulture contre les usuriers, ne i-lmicodIi-cpas d'écho
immédiat. Cependant, les préceptes restrictifs do l'usure preu-
nent plus d'ampleur et tle précision «huis les canons d An-
selme de Lucques, dans la collection TripnrUlu cl le MM
d'Yves de Chartres, enfin dans le DreM de Uruticu.' Les règles
des principaux ordres monastiques cnnliennunt peu do chose
sur la matière ni la règle de Cluny, ni celle des lléiiviliclins
ne s'en occupent la législation laïque l'ignore presque la
littérature en parle peu ip. 120-1'-Mi.
Les conditions et les formes du crédit ont beaucmip changé
depuis la période précédente. L'économie argent s'est intro-
duite à coté de l'économie naturelle. Ce ne sont plus seule-
402 l'AX.NKB SOCIOLOGIQUE. l'JUù-l'JOO

ment les paysans qui empruiuani, ce sont aussi, et tie ptus


en plus, les seigneurs, et même les princes. Les capitaux sont
fournis surtout par les mouasléres ou les négociants, Le
crédit commercial s'est développé en môme temps qu'a grandi
le commerce terrestre et iniiritime. Des institutions comme,
la comiMiiiule, le prêt à lu grosse. lit société, prennent une
large extension (p. UÎMtîh. Lu prohibition canonique (le
l'usure donne aux Juifs, dans toutes ces affaires, une situa-
tion privilégiée. Mais les Juifs ne sont pas, quoi qu'on ait dit,
forcés de se confiner dans cette branche d'activité écono-
mique fp. 101-IGOl.Pour l'équivalence de l'objet du prêt et
de l'objet à restituer, ou tend il considérer la valeur d'échange
plutôt que la Videur d'usage ip. Ki!l-!"<);.Kumême temps, on
élargit la notiou de l'usure, et o» lui donne des contours
juridique* mieux déliais. Lors(|u'on n'empruntait que pour
ses besoins personnels, on pouvait fonder la prohibition de
l'usure sur l'idée de la charité (tue à son prochain; ou ne le
peut plus lorsque le crédit sert à faire aller le commerce.Dés
lors on fonde l'interdiction ancienne sur l'idée nouvelle de
juxtiiY. On utilise pour cela certains passades des pères de
n'élise, auxquels on joint le principedu droit romain d'après
lequel le intiluum est un prêt essentiellement gratuit (p. 170-
ITSIi.
Par contre, tes idéus sur la llxiilion du juste prix n'ont
filière changé de tnéuie, les idées sur la fixation du juste
salaire. On commence toutefois a reconmdlre une valeur
particulière au travail intellectuel. et à établir plus équitn-
blemeut le tarif des honoraires i p. 180-191;.
Le commerces'est considérablement développé, grâce aux
efforts accomplis par l'État et l'Kgliso pour faire régner par-
tout la paix, grâce au mouvementd'écliunges clt) aux croi-
sades, et grAcc ù rémaucipalion municipale. Presque par-
tout les marchands forment mie aristocratie, noble ou
hourgeoise (p. 1 9:2-1SMii.Aussi ne peut-on croire, malgré cer-
taines erreurs trop répandues, que cette époque d'essor
commercial témoigne à rencontre du commerce lie la
défiance ou du mépris. L'interdiction de trafiquer qui con-
tiuue, comme par le passé, de frapper les clercs, ne résulte
point d'une hostilité systématique de l'Église contre une
forme économique dont elle permet l'accès aux laïques. La
« palea » Ekienx du Décret do liralien itfK,c. Il1, malgré la
condamnation absolue qu'elle parait porter, n'a jamais été
ANALViI«. – OIMJIT DUS OBr.IOATW.VS. UIIOIT CMXTHACU'KI. 40$

prise ta
Orise A la lettre.
lettre. D'autres
IVllIltrfiQ i-iilii'iriuau
rubrique» /litdu Décret,
UAn»>t ..i il.»
et la Summa
dftrrtontm de Kullnus donnent une note plus modérée et
plus exacte. La littérature est partagée, et reflète les teu-
(lances les plus diverses (p. 190-2081.
Comme un le voit par ce résumé. M. Scliuub cherche sur-
tout à justifier l'Église chrétienne des critiques
qui ont él«
adressées ù sa législation économique. Pour lui, il n'y aurait
rien a blâmer dans l'altitude qu'elle a gardée vis-à-vis du
commerce, rien à regretter daus la politique qu'elle a suivie
vis-à-vis des Juifs. On ne s'étonnera pus, si, malgré des elïorls
visibles puur rester impartial, M. S. n'a pas toujours oublié.
– ni fait oublier – qu'il avait une thèse à démontrer; el
ses conclusions ne sont pas toutes également sures.

H. – 1,'inléressaut articte de M. Salvioli s'occupe d'une


question plus étroite, et se place à une époque où la prohibi-
tion canonique de t'usure a pris sa forme définitive. On est
porte à croire aujourd'hui que cette prohibition est absolue,
et que les canonistes et les civilistes l'ont égalementformulée
sans réserves. Ou s'étonne même de cette soumission, de la
part d'hommes comme Bariole et Ualde, qui avaient le sens
des besoins pratiques, et qui vivaient à une époque et dans
un milieu où florissait le commerce.
Mais les choses sont beaucoup moins simples si on les exa-
mine de prés. Les canonistes n'allirmaieul pas du tout
l'improductivité de l'argent ils ne présumaient pas non plus
que tout contrat était usuraire ils limitaient l'interdiction
de t'usure à la seule matière du mulitum. Innocent IV défi-
nissait l'usure iurrum <\r mulao; et it faisait triompher,
malgré l'opposition d'Osliensis. l'idée que, môme dans le
nmluniii, toute plus-value n'est pas usuraire, mais seulement
celle qui dépasse le légitime intérêt. Sur ce terrain les civi-
listes ne pouvaient pas rester en arrière des canonistes. A
travers les incertitudes et les contradictions inévitables qui
relièteut tes conllils de la doctrine traditionnelle et des
nécessites pratiques, on voit s'esquisser dans la Cilose,se
préciser chez Bariole, Balde et Cinus de l'istoie, une distinc-
tion féconde. four eux, il y a deux sortes de contrats de
crédit, qu'il ne faut pas confondre, le prt't ik consommationet
le f»à tlt> itioduetiou. Le prêt de consommation (mtttuum),
qui porte sur des choses consomptibles dont l'emprunteur
devient propriétaire, ue peut être que gratuit. C'est à lui que
4lH L'ANXÉKSIxailLOliUjUK. 1905- 19UÛ

s'applique la prohibition canonique car prélever uuo usure


dans uu prêt de ce genre, c'est à la fois donner et retenir
c'est spéculer sur les besoins et lu misère de l'emprunteur.
Mais, a côté du mutitum gratuit, il existe toute une série
d'autres affaires de crédit, qui sont des prêts do producliou,
et dans lesquelles l'intérêt est légitime. Cet intérêt ne se per-
çoit pas ml inné mutui, mais à raison d'un dommage subi ou
d'un gain manqué [dumnum emtwjem un lueram cernins).
Ladistinction du prêt de consommation et du prêt de pro-
duction, de l'intérêt licite et de l'usure défendue, doit donner
satisfaction aux besoins économiques. Hesle à savoir où finit
l'intérêt et où commence l'usure. Sur ce poiut M. S. met en
relief une erreur énorme commise p;ir tous les auteurs de la
doctrine canonique de l'usure. Ceux-ci, interprétant les textes
rûinaius relatifs au taux des intérêts, avaient compris que les
iwmie ci'iiti'niimteétaient de 100 p. 100 par au; ils avaient
traduit be.wx par SU p. 1UI),tritntrtt par H8p. lOU,«/hi/u'uh-
</uespar 10,50 p. 100. etc. C'était ces taux mal compris qu'ils
critiquaient, qu'ils accusaient d'immoralité, et qu'ils s'eflor-
çàieul de proscrire. Mais ils admettaient parfaitement Ja
rémunération de l'argent prêté lorsqu'elle ne dépassait pas
le li:!iilinw intén't. c'est-à-dire un taux équitable et raison-
nable.
H faut savoir gré au savant historien et économiste italien
de ces résultats, qui semblent définitivement acquis.
1». II.

SCIILOSSMANNi Sik««i;xih.– Praeserlptiones und praes-


crlpta verba- Wider dte Sohriftformel des romisohen
Formularprozesses. Leipzig, Deicbert, p. 50 in 8".
Cette élude technique a un intérêt général, parce qu'elle
pose la question du caractère oral ou écrit de la procédure
romaine à la fin de la République et au début de l'Empire.
La procédure des leyin action*1* était tout entière orale. Mais
la procédure formulaire, selon l'opinion presque universelle-
ment admise, comportait au moins une pièce écrite, In for-
mula, c'est-à-dire ce petit programmeque le magistrat déli-
vrait au juré pour lui fixer la mission qui lui incombait.
.M.Kiiblcr, dans un article publié en 1S95dans la Xeitxchr.tlrr
Suriifny-atiftuHi/, et M. Schlossmann, dans un livre sur la
rontntutio (lilOS;,se sont élevés contre ce dogme Mais,
AXAI.KHS.– IIIIOITUEi OIIUUATIOXS.
MWV UOXTIUUTfKI.40Ï
.a_ na__LI.- a
même «prus leurs demoustralions, une objcettou
«rave pou-
vait leur être faite ou voit parfois figurer dans lu
formule
une petite cliiuse qui porte le uom de
pnmeriptw; les juris-
consultes disent aussi qu'on peut. ngere
prueseripth cerbix
pour poursuivre l'exécution d'une de ces conventions qu'où
h appelées contrats innommés. Si la formule
pouvait com-
prendre des pnimript tours, des prumripln cerbu, c'est sans
doute que celle formule était elle-même écrite. – M. Scliloss-
iiiiittu riierciie à résoudre cette dillieulté. Il
distingue des
IHyntèïptioiMpm adore, les pruvmiptu mlm et
liant* pro reo, l'expression piamribert
s'expliquaul dilïé-
remmeut dans chaque cis. S'agit-il des
prawri plûmes pro
itetoreou dus praemipta wba y Dans ces deux cas
prae se
réfère une antériorité dans le temps, non dans
l'espace; et
ou doit entendre que ces pirties de la formule ont été
empruntées à certains écrits antérieurement rédigés. Les
pruemïpl iaim pro twtore ont été empruntées à l'édit du pré-
teur, et calquées sur les schémas qui figuraient dans l'allmw.
Les praeteripta rerbu sont les termes mêmes des contrais
innommés que sanclioiiuo l 'ticttoiidans la formule de
laquelle
on les insère. – S'ugit-il des
praeseript Urnespro reo f Le
mol praewriiHio est une traduction du grec -aii-r, dans
lequel d'ailleurs l'idée d'écriture avait de boiine'luiure dis-
paru.
Il n'est pas aisé de se faire une
opinion personnelle sur la
question débattue par Al. S. Ou trouve, dans ce travail,
comme dans tous ceux du mémo auteur, des
suggestions
ingénieuses et heureuses, jouîtes à des conclusions avenlu-
reuses. La question, somme toute, reste ouverte.
P. H.

WKincLL(«.). – Das Saehen-und Vertragsreoht und die


poil-
tiscbe Organisation der Suaheli. Xcitschiftfur n-n,Ukli:-Mle
H-chUwusenwhafî, XVIII.M., 1905,p. H<j|M3.
<:«HIN E.). – Der Wuoher im Talmud, seine Théorie und ihre
Eatwicklung. Zeitscluiflfïtr cerglektutmte
tteclitwr XVIII IM
IU03,p. 37-72.

KAI'HAS (J.). Das Pfandreoht im attbôbiaischen Landrechte.


ttto'.hi*U>riBcheSluA\e.ZeittchriflfarveraleickeiuleRecliUw
XVIII
IM..1905.p. 1-38.

B. lU-nk-iieiu. – Aniuk- sociol.. 190j-I«J00. 3»


4G0 l'JOS-l'JOfl
l'axxiSksoi:ioi.ouiyi:K.

X. l.K DK01Tl'ÉXAtl,
Pat1 M< l'.vixox.tKT

V. LANZA. – L'Umanestmo uelDirltto pénale. Païenne,


Kelwr,l'JiX», p. aâOin-li.
Ce livre lieul plus que no promet le titre il ne iniHo pas
seulement de YHnmnnhim;des tendances Immunitaires dans
le droit pénal «"est une analyse approfondie de la réaction

pénale toute entière et une analysa féconde. Dansla mesure
les lumières de la psychologie suflisent à éclairer uu proces-
sus sociologique, ce livre pénètre plus profondément dans
la nature du phénomène de sanction qu'aucun autre livre
récent. Malheureusement,l'auteur est presque exclusivement
un psychologue il nous unuonce bien un travail ultérieur où
lu peine sera étudiée dans sa genèse historique; niais, sans
dans le présent
parler des craintes queles indications données
ouvrage nous (ont concevoir sur cette analyse historique, la
méthode qui consiste à étudier d'abord le problème d'un
inadmis-
point de vue purement psychologique nous parait
sible elle coiiilamne nécessairement l'auteur à méconnaître
tes caractères spécifiquement sociologiques des phénomènes
déformer irrémé-
qu'il étudie, c'est-à-dire, croyons-nous, a lt's
diablement. Defait, M. Lanza n'applique celte méthode que
para* qu'il postule qu'il n'y a pas de fait» spécifiquement
sociaux, de conscience collective. S'il expose copieusement
– au point que son livre prend souvent les apparences d'un
trailéde psychologie,– les théories de Kibot. deWundt, sur-
tout de Haldwiu, c'est que ces théories lui paraissent expli-
et son évo-
quer intégralement la nature de la réaction pénale
lution. Sur ce point nous croyons qu'il a tort, que la peine
est inexplicable, comme fait, si l'on oublie qu'elle manifeste
l'activité d'une conscience qui n'est pas la conscience indivi-
duelle; mais, sous cette réserve essentielle. la contribution
fort
qu'apporte M.Lanza à la théorie tle la peine nous parait
importante.
C'est un fait que le crime suscite une réaction il s'agit
d'uuulyser leçon tenu psychologiquede cette réaction. Kmprun-
tiiut à Baldwlnune bizarre définition du mot sanction mu-
y inné il complessodei moveuti clic danno il fondamento o
AX.U.YSKS.
– |.K unuiT l'IVAI. 4(J7
Kiragione aeiraxione), il (llstiu^ue dans la réaction
petite
trois ordres de mnttlon*, trois groupes d'éléments
psycho-
logiques, les éléments émotionnels, intellectuels et moraux;
l'importance relative île ces trois composantes dans la réaction
totale varie selon le développementmeulal it
n'y a d'nbord,
«huisla réaction pénale, <|iieln«fttrf/o» émotionnelle (la snn-
*ione dell'i impuIsuN, ù laquelle s'ajoutent, dans les
'phases
ultérieures, I» muetion de l'intelligence et ta mntUon éthique.
Ce qu'il y a de plus remarquable dans le livre de M. Lmtza,
r.'esl sa critique de l'iiilelloctunlisnie et de l'idéologie où se
complaît la philosophie traditlonnello du droit pénal. Héta-
blit excellemment que la réaction pénale est un phénomène
('•iiiotloiiuel que, comme toute émotion, celle-ci est «iétenni-
uéo dans sa nature et dans sou intensité par la nature de
l'instinct lésé et par la grandeur de l'excitation qui le lèse,
<'est-à-diro du crime; qu'elle n, comme toute émotion, une
fonction protectrice que par conséquent la peine, dans son
••isence,n'est pas quelquechosed'à rtillciel que le droit pénal
puisse arbitrairement créer ou supprimer, mais une manifes-
tation nécessaire et d'ailleurs utile, qu'il est seulementpos-
-ible de canaliser et d'adapter à des lins nouvelles, à condi-
tion que des émotions nouvelles viennent se combiner avec
relies qui constituent originairement lu réactiou suscitée par
!i> crime.– Ces ('motions originaires sont la peuret I» colère
M. I-iinza essaie de les déllnir exactement et de déterminer
minutent elles remplissent leur fonction prolectrice; c'est «n
tant que m.iuifcslatiou do la \mir que lu peine tend à
empiV
'•her la répétition du crime par l'élimination du criminel et à
jouer ainsi le rôle quela théorie de tu défenselui assigne; c'est
•'il tant que manifestation de laca/m* que lu peine, commi-
nee et exécuté», tend «exercer sur lo criminel et sur tous les
membres de la société cette roaelioii, ce rrtle eoerrilif que lui
illnlmo la théorie do l'intimidation. Il est fort diflii-ile d'indi-
quer dans nu résumé tout l'intérêt que présente, daus la
iliUuil, l'analyse «leM. Liinza ainsi l'effort qu'il fait pourl'
'lelmnini'i- lo contenu psychologique, essentiellement émo-
tionnel, des idées de justice et do responsabilité est tout à
luit remarquable; il est infiniment rare que ces idéessoient
;iinsi traitées comme des n'ulik'n, comme des forces dont il y
i lieu de rechercher objectivement la nature, l'origine, la
fonction. – Kl de môme, on suit avec confiance M. Lanm
quand il étudie l'émotion humanitaire et qu'il la inoutre
i<W i.'anxkksiu:niL»iiigrK.
l'Jos.itwii
venant so composer avec la peur et la colère et modifier lu
réaction roiitro le criminel au point du la rendre méconnais-
sable. 11est si rare (tue lu peine soilétudiée
scientifiquement,
comme un fuit, qu'on ne saurait signaler avec
trop d'iusis-
lance tes truvuux<|ui l'éludient aiusi.
Mais plus l'analyse de M- Lanza est objective, mieux elle
témoigne île l'impuissance de la psychologie a rendre compte
des faits sociaux, il a beau faire très çrunû le rdle des ému-
lions sympathiques, affirmera tout iusiiiut aveclialdwiu
que
la pensée humaine n'est ce qu'elle est qu'eu raison de la vie
sociale de t'homme; pour lui, il va de sui que le crime est une
lésion des instincts individuels et la sanction une réaction
émotionnelle de t'individu. Or, c'est là ce que nous ne pou-
vons tui accorder. Si M. Laimi, au lieu
d'analyser intilisfraeto
»
«la réaction
pénale, c'est-à-dire uu fuit complètementindé-
terminé et qu'il se représente à sa guise, s'était astreint à
analyser telle ou telle réaction qu'on peut obwrrer, par
exemple lu vendetta, et surtout les sanctions proprement
pt'niijHs dans les sociétés inférieures, il aurait été réduit, ou
à laisser sans explication une partie des faits ou à reconnaître
Wjeu «l'unemasse de représentations et d'émotions
qui n'ap-
partiennent pas la conscience individuelle.
Sans doute, il est vrai que la sanction est essentiellement
une réaction émotionnelle, faite notamment do peur et de
colère seulement i) s'agit dune peur et d'une colère Mforme
religieuse, et par conséquent collective. Mômela veugeaiice
privée est un phénomène iufiuiment plus complexe que ne
l'imagine M. Lanza, à en juger par les allusions qu'il fuit à
cette institution. Maissurtout les sanctions des interdictions
relieuses. véritable forme originaire de la peine, sont tout
autre chose qu'une manifestation de ta peur et de la colère
animales. La fonction expiatrice de la peine, que M. Lanza
relègue tout à tait à l'arrière-plan, est essentielle et prépon-
dérante. QueM. Lama rejette, en les jugeant sévèrement, les
théories philosophiques qui, d'une façon purement verbale,
prétendent révéler le fondement de la justice expiatoire, rien
de mieux. Maisil est infidèle à sa propre méthode quand i)
méconnaît que la peine est, dès l'origine, expiatoire et quand il
néglige, ou à peu près, d'analyser et d'expliquer ce caractère
et cette fonction. – M. Durkheim a. dans su Dimion du Tra-
mit, établi lui aussi que la peine est une réaction émotion-
nelle; mais entre l'analyse, d'ailleurs sommaire, qu'il en
A.NAI.Ï.SK>. – |4K VIIUIT HÎîta 4000
donne et relie de M. Lanza, il y îi hi mémo difïéreuco
qu'outre
les théorie» du samliee ou (le la tnii^lc qu'a proposées
Ifaole anglaise d'anthropologie religieuse, et celles tjui ont
«HOprésentées daus l'Amira sociologique. Avec .M. Lmizu,
l'élude tle lii peine cesse d'être une dialectique nyant pour
objet de purs concepts niais elle n'est qu'incomplètement t,
objective, puisqu'elle ne considère, iltius le phéuomeue social
de la peine, que ce qui l'apparente a des phénomènes da la
conscience individuelle, en tiégligwint eu lui ce qui est spé-
ciliquenient fucïuI négligence d'uutiuit plus regrettable
qu'elle est inconsciente.
Si nous en avions la place, nous pourrions relever, sous les
mômes réserves, tout ce qu'il y a d'intéressau! dans tes deux
chapitres ultérieurs, où M. Latwa montre(fuels soitt les élé-
ments intellectuels, puis moraux, dont l'iulerveiititin rend
progressivement plus complexesla nature et la fonction de la
réaction pénale. L'esprit de la doctrine se marque clairement
dans les trois lois tendutirex ilcygi tenJtnse) à laquelle elle
aboutit la réaction pénale tend devenir impersonnelle; la
peine tend à s'individualiser (et il rieveuir un moyen pour l;i
rééducation du criinineh; enfin lu pénalité tend ù devenir
moins douloureuse et moins eflniyuute. A renoncé de ces
trois lois, M. Liinz» mttnche des indications qui, pour la pra-
tique, sont tout ù fuit heureuses; avec beaucoup de clair-
voyance, il démôle ce (pie la peine doit nécessairement resterl'
et ce qu'elle peut progressivement devenir. Il est remar-
quable, – et cela, croyons-nous, corrobore nos critiques,
que lu méthode psychologique de l'auteur suit beaucoup
moins en défaut quand il s'agit des (ormes de la pénalité
propres aux sociétés les plus élevées en civilisation notre
conscience individuelle atteint, en effet, assez facilement les
caractères que les institutions pénales perdent ou acquièrent
autour (te nous, dans les sociétés où nous vivons. Tandis
qu'elle iguore complètement les sources lointaines de ces
institutions, sources que seule l'étude de sociétéstrès diffé-
rentes des nôtres peut nous permettre d'atteindre.

J. MAKAHEVVICZ. – Einfuhrung in die Philosophie des


Strafrechtsauf entwlcklungsgeschiohtlicher Grund-
lage. Stuttgart, Knke, lUOti,p. XH-iuii, in-8.
Au prix d'un travail considérable, l'auteur fait une tenta-
4"O
fi I.'aX.NÉRS0UI0J.0ÛWK.
l'JUj-MUfi

tive méritoire pour rapprocher deux disciplines qui 's'igno-


rent trop souvent l'une l'autre, l'ethnologie
}uruli>(tie et lit
philosophie du droit pôuul. Les problèmes qu'il uborde,
nature du crime et de la peine, nature et limites de la
respon-
sabilité, – sont ceux-là mûmes que résolvent, suivunl une
méthode purement dialectique, les Introductions du droit
péual ou les Philosophies du droit pénal qu'on publie surtout
en Allemagne. Seulement, M. Mi'kHrewicxprcteud
appuyerses
théories, ses prévisions et ses projets de réforme sur l'histoire
comparée des institutions et sur les loisde l'évolution du droit
pénal. Sou information est étendue beaucoup de faits sout
réunis, et sur quelques points des indications originales out
été Uonuées (cf. p. ex. sur le crime de trahison, p. 125
sqq.i.
Ht surtout les idées émises depuis quelques anuées sur l'ori-
gine du crime et de lu peine ont été mises à leur plaee daus
une exposé d'ensemble et la matière de la
philosophie du
droit pénal répartie dans des cadres nouveaux élaborés au con-
tact des faits. Ce sont là des services importants
que rond
Al. Makarewicz sous bien des rapports son livre ressemble à
celui de Westermarck (cf. ci-dessus, p. } et préscule uu
intérêt du même genre. – Mais il y a trop d'aualogie entro les
recherches de notre auteur et celles que nous appelons socio-
logiques pour que nous laissions passer son livre, précisément
parce qu'il n'est pas négligeable, sans marquer nettement par
où sou dessein se distingue du notre.
Le chapitre idélinil lu philosophie du droit en
général, du
droit pénal en particulier. Il s'agit de déterminer, eu
s'ap.
puyaut sur la connaissance de ce qui a été, la direction de
l'évolution, ce qui doit être et ce qui peut être; ou encore de
découvrir, par l'histoire universelle du droit pénal, son
essence et l'idéal vers lequel il tend. Pour la
pratique, la
détermination de l'idéal nous fournit un critérium qui
per-
met de juger les institutions et
d'apprécier la valeur des
réformes ou des in lerprétu lions
juridiques, de distinguer
entre ce qui est progressif et régressif. Ou ne
peut pas repro-
citer à M. Makarewicz de aie pus savoir ce
qu'il fait ni oit il
va lui-même présente sa rnéthude comme uuc combinaison
de la méthode delà avec celle
l'ert/kiehendt Hechtsivim-mcliufl
du droit naturel. Dans le droit uaturel, lolaleineul
étranger à
l'esprit historique, il introduit l'idée d'évolution, et, grâce à
ta connaissance de l'histoire universelle, il peut
échapper au
subjectif hmedont le droit naturel est vicié.
AmvsK*. – i.k oHorr pesai. 471
Kl. en effet, ni la négation do l'évolution, ni lu méthode a
priori ne sont essentielles au droit naturel; et l 'anthropologie
juridique de Po»t et de beaucoup do ses successeurs n'est
qu'un droit naturel a posteriori et ôvolulionnisle. Il y « droit
naturel partout ou uu système d'institutions est considéré
connue l'expression des tendances psychologiques univer-
selles de l'individu humain et des conditions l'sycholo~iques
universelles de lu vie sociale. Co qu'apporte de nouveau la
philosophie évoluliouuisle, c'est l'idée que la nature humaine.
et par suite le système d'institutions qui l'exprime, sô réalise
peu Ii peu dans le temps. Pour M. Makarewicz il y a ou
quelque sorte deux natures humaines, celle des peuples de
mttui-e qui explique la forme primitive des institutions et tout
ce qu'elles ont de grossier et d'absurde et l'autre, la naturo
humaine do l'avenir, qui s'exprimera dans un droit que nous
entrevoyons seulement comme uu idéal; et l'évolution, c'est
le passage continu, dans le temps et à travers les vicissitudes
historiques, de l'une de cea deux natures ù l'autre et d'un
système juridique primitif à un système ié'al. La détermina-
tion h posteriori de la loi d'évolution tend donc au foud au
môme but que la déduction du droit naturel.
Ce que nous entendons pur sociologie juridique est tout
autre chose. Il nous parait que ce qui doit être recherché, ce
sont les relations nécessaires des institutions avec les coudi-
tions sociales dans lesquelles olles apparaissent, chaugent et
disparaissent. Nous cherchons les lois d'un déterminisme
sociologique suivant lequel les institutions juridiques se
lient nécessairement aux institutions juridiques, le droit
«l'une société à sa religion, à son organisation économique
W, en définitive, à sa structure; – au lieu de poursuivre lu
loi d'évolution selon laquelle s'accomplissent les destinées do
l'humanité se cherchant elle-même et se réalisant peu il peu.
Kl quand il s'agit d'applications pratiques, notre attitude
di flore également. 11ne nous {tarait pas qu'en prolongeant
par la pensée la ligne d'évolution suivie par l'humanité là
supposer que cette ligne ait été déterminée dans une for-
mule simple), on puisse prévoir rationnellement ce que
sera, ce qu'il faut tâcher que soit l'avenir, Nous demandons
qu'on recherche quelles sont les conditions d'apparition, de
transformation, do disparition, quelle est la fonction utile de
l'institution qu'on déclare caduque ou souhaitable; bref,
qu'on juge de la valeur de la possibilité des i étonnes par
i~i i/asskk sucioi.otiivvii. luos-tww

rapport a une société d'un type déterminé et i'i> raisondo ce


qu'on suit de la structure de ce type et des lois de sa vie.
Kt sans doute, M. Makarewicz applique souvent en fait la
méthodeque nous défendous. Nous pourrioos relever toute uue
série du petites monographies, ou de critiques des doctrines
antérieures qui sont inspirées de l'esprit que iious voudrions
voir régner dans la science. C'est qu'unlie la Yrigleiehentle
ttffhlJtwmtuxehaftet ce que nous appelons la sociologie juri-
dique, il n'y a pus destitution de continuité et quelu première
s'achemine vers lu seconde. Mais le sentiment du relativisme
et du déterminisme sociologiques n'apparaissent chez M.Ma-
karewiez, comme chez beaucoup d'autres, qu'à propos des
problèmes particuliers, au contact direct des faits; il n'influe
pas. ou il influe fort peu sur la philosophie générale, tintre la
méthode d'enquête sociologique caractérisée (p. iii avec une
assez grande netteté et les conclusions générales de la doc-
trine, il n'y a pas. nous semble-l-il, de liaison logique: la
recherche sociologique reste eu quelque sorte extérieure il la
philosophie du droit pénal qui s'y superpose; elle n'en est pas
la source. L'impression d'ensemble que laisse le livre. c'est
qu'il exprime la philosophie, très raisonnable, mais très lar-
gement subjective, d'un homme qui sait beaucoup et que la
pratique de l'histoire et de l'ethnologie a affranchi de beau-
coup de préjugés.
Le chapitre fl est un effort pour définir le crime et lu peine
par rapport aux faits sociaux en général et aux autres formes
d'infractions et de sanctions en particulier. C'est, en somme,
toute uue théorie de la moralité appuyée sur une série de dt'li-
nitions qui constituent toute uue sociologie générale. Le des-
sein généra de ce chapitre est excellent. Sous certaines
réserves, nous croyons à la fécondité d'indications comme
celles qui sont données sur la nature des normes et des sanc-
tions (p. -44-80),sur les défauts de la théorie du ik'lit naturel,
sur le crime de trahison, dans lequel M. Mnkarewicz voit le
crime fondamental, l'acte antisocial par excellence (p. 122-
IHof. Seulement, comme il serait facile de battre en brèche
toutes les définitions générales qui ouvrent le chapitre et de
montrer tout ce qu'il y a de superficiel et d'a priori dans cet
utilitarisme, dans ce déterminisme mi-économique, mi-reli-
gieux dont M. Mnkarewiez s'inspire pour fixer le critère à
l'aide duquel il classe les sociétés (p. 2i-2î>), bref, dans toute
cette philosophie de la société 1 Quelleconception de la reli-
AN.UYSKS. – LE DKOIT PESAI. 473

f;ion trahissent, de hi part d'un homme qui a étudié i'iUhnu-


logie, des phrases comme celle-ci « Au plus bas degré (de
l'échelle sociale!, les représentations religieuses peuvent se
ramener à une anxiété générale-, à un sentiment dVIIroi(tcvtint
la violence des phénomènes uaturels et devant l'énigme de lu
mort; ou pourrait nommer celte époque I» période de lu snu-
vngerlo irréligieuse! »
'Le chapitre III d'Évolution du crime) est un curieux mé-
lange it'iudicalioug qui marquent les t-ésuUnlsde la recherche
compnriitive et de thèse» ou de classiliealions où l'on recon-
naît l'influence d'idées que l'étude des (ails n'n pas touchées.
M. Makarcvvicz y indique fortement que le crime est une
lésion do lit société, non de l'individu que l'homicide et le
vol ne sont pas les premiers crimes punis que c'est au. con-
traire uu problème que de savoir commentlu société eu est
venue à prohiber l'homicide et le vol. Klil u'est pas i mli liè-
rent que ces propositions soient présentées commedésormais
acquises il n'y » pas beaucoup de livres auxquels, de préfé-
rence à celui-ci, on pourrait renvoyer le lecteur qu'on vou-
drait instruire de ces choses. M. Makarewicscdistingue trois
phases dans l'évolution du crime: dans la première, les inté-
rêts de la société se confondent avec ceux des plu*fort», des
chefs, le crime c'est l'attentat aux prérogatives des chefs;
dans la secoude. le crime se confond avec le péché, c'est l'of-
fense faite aux dieux daus la troisième, enfin, le crime est
l'acte nuisihlea la société désormaiscapable de se penscrelle-
même comtne un être distinct, sans se confondre avec ses
chefs ni avec les fantômes religieux ués de son imagination.
Dans ces cadres, – que nous croyons d'ailleurs largement
arbitraires, – M. Makarewicz groupe et interprète les faits
d'une manière souvent intéressante ce qui est relatif au rôle
des vieillards, à révolution du vol i*p.1 -VI»,liilsqq.),uncertuin
nombre des observations sur le tabou(p. Itilsqq., ISWsqq.i,
tout le passage où sont étudiées tes fiair et la genèse de la pro-
liibitionde l'homicide {p. 171)sqq., I!l8sqq.). mériteraîtdétre
relevé; l'auteur s'y montre informé et sa doctrine est instruc-
tive.
Mais, dans ce même chapitre, comment M. Muknrevricz
peut-il, sans s'apercevoir qu'il viole le principe fondamental
de la méthode induclive, exposer comme il le fait la genèse
de la religion qui. «comme chacun suit », dérive du culte des
ancêtres, et révéler en passant comme s'il ignorait tout a fait
47t L'.IXXKK suuioi.OillUL'K. IWKt-tUOQ

lu complexité des faits et la difliculté du problème, l'origine du


totémisme et du tabou (p. W5 sqq., 101, 164); comment ne
s'aperçoil-il pas qu'il tait, aux doctrines qui ont établi le
caractère religieux de lit criminalité primitive. une concession
purement apparente, quand il vient plaquer, si j'ose dire, la
religion sur un droit pénal constitué en dehors de toute
représentation religieuse, dételle sorte que. même dans la
seconde phase, dite religieuse, le droit pénal u'est religieux
qu'il la surface et par occident Si lit sociologie consiste,
comme nous le croyons, à rejeter les prénotions, à recon-
naître que nous ignorons la véritable nature des faits sociaux
et par exemple de la religion et de ses rapports avec la
morale et avec le droit, a essayer enfin lente meutet prudem-
ment, de constituer au contact des faits de nouvelles notions,
alors, en dépit de tous ses mérites* il y a loi» d'un livre
comme celui de M. Makarewiczà l'œuvre d'un sociologue.
Nous nous répéterions en exain i liant du môme point de
vue les chapitres suivants. Nous signalerons seulement ce
qui eu fait l'intérêt.
Le chapitre IV (l'Evolution de la peine a le très grand
mérite d'enregistrer, comme définitivement acquise, la doc-
trine qui refuse de voir dans la vengeance privée et dans la
composition l'origine de la peine. La vengeance privée est
seulement un équivalent pénal (Strafmrrogal) et c'est
assez tard que la société, eu la réglementant, la fait entrer
daus le droit pénal proprement dit et lui permet ainsi d'exer-
cer une influence sur l'évolution de la peine. La peine est
essentiellement une réaction sociale dans l'analyse qu'il
fait de cette réaction, M. Makarewicz y distingue trois élé-
ments la vengeancesociale propremcnùlite, les peines«patrt-
amilex»» et l'élément sociul. Nousne pouvons pas lui accorder
que ce dernier élément soit d'importance secondaire, ni que
l'influence de la religion sur la peine se réduise à lui donner,
à une certaine phase de l'évolution, riiwn sakralm Hei-
ijexehmack; mais, sous cette réserve fondamentale, nous
voyons dans ce chapitre la première tentative importante d'un
dénombrement méthodique des diverses réactions dont la
peine est la résultante. L'idée que c'est la variation de l'impor-
tance relative de ces diverses réactions élémentaires dans lit
réaction totale qui donne à la peine des caractères différents
dans les différentes sociétés, est une idée féconde.
Le chapitre V étudie la formation d'un droit pénal interna-
ANAI.ÏSKS. – I.K DUOITl'K.VU 473

titmnl tes sociétés in férieurcs Imitent le plussouvent l'C'trau-


Itereu ennemi ou tout «11moins ne lui reconnaissent pas de
droit. Comment eu soulelles arrivées ù le protéger et à punit-
des crimes qui nu les lèsent pas directement ? Le sujet est
du plus hum iutûiôt M. Mittotrewiczn au moins le niérilodo
le poser.
Le chapitre Vf traite de l'évolution de l;i responsabilité, de lu
responsabilité collective a la responsabilité iudividuelled'uue
part, de lu responsabilité objective à la responsabilité subjec-
tive de l'uulro. Les explications proposéesde la responsabilité
collective nous paraissent négliger ce qui est essentiel, la
contagion de la fuute religieuse; mai», sauf dauslelivre récent
do M. Westermarck, te problème n'avait jamais été abordé
méthodiquement il faut savoir gré a M. Makarewlez d'avoir
aussi distiiiguôdes cas U'èsdiUùmulsqueroncoufoiHltoujours;
sur la responsabilité des pcrxoniu* morales en droit contem-
porain, par exemple, il faitdes remarques parfaitement justes.
Le principal intérêt du chapitre est dans les monographies,
trop exclusivement juridiques malheureusement, sur la ques-
tion de lu complicité,qui est fortement rattachée il celle de ta
responsabilité collective et sur celle de la tenMite, rattachée
à l'étude de la responsabilité objective. – Dan»tout ce qui
concerne le passagede la faute objective à la faute subjective,
il y aurait bien des idées intéressantes relever, mais des idées
de délitil dans l'ensemble, la doctrine manque de netteté.

< GLÔTZ. – Études sociales et juridiques sur l'anti-


quité grecque. – Paris, Hachette, 19O(J,p. 303 in-lC.
M. Glotz réunit dans ce volume des articles qui ont paru
.-intérieurement, soitdansdiverses revues, soit dansleDiction-
naire de Darentberg et Saglio l'Ordalie, résumé d'un livre
analysé dans YAnnée Sociologique (tome Vlll, p. 4«0)j lo
Serment; l'Exposition des enfants la Marine et la Cité de
l'épopée à l'histoire, intéressante contribution à l'étude des
tiaucralies atliénienues rapprochées des cadres de l'adminis-
tration maritime dans la cité homérique; les Jeux olympi-
ques; l'Étude du droit grec, indications sur l'iulérét sociolo-
gique de cette étude, a rapprocher de l'article de Jlitzig, Die
lleâutumj lies attgiïeckmheH Uechts fiirdie terglekkendeHeckl.t-
•rmemehaft (in Zeitschr. fur vergleich. Hechtsw., XIX.
lld., 1900, p. 1 sqq.).
•V*<5
9 I.'a.SSKB IBOii-KIOH
SOUtULUUlUl'K,
te principal article, sur la Itel>i;»unet le droit criminel,
est inédit, mulsil n'est qu'une exposition, torleleguulo d'ail-
leurs, des idées générales contenues dans Je grand ouvrage
de l'auti'ur sur La solidarité du la famillt itans le droit criminel
eutiivee ef Anitù's(ieii/lwji<itu\t. VIII*p. -iOii).
M-(îlotz enseigne que lu droit sort. de la religion et reste
longtemps eu rapport avecelle. Maislu religion n'a pas, dit-il,
eu Grèce, la même iiitluouce qu'ailleurs; on n'y commît pas le
formalisme étroit et te sacerdoce ue confère pus une forte
autorité sociale. La pensée grecque, active et tournée vers
l'action, entrattie, sous l'influence des besoins nouveaux, le
droit dans des voies nouvelles. Longtemps, lu religion peut.
s'élargir et satisfaire les aspirations nouvelles. Mais un mo-
inuul vient où te respect du passé arrête la religion dans son
adaptation progressive longtemps bienfaisante, soninfluence
sur le droit se restreint à mesurequele droit prend conscience
do sou utilité propre; itse sépare d'elle et même s'y oppose*,
it ne reste plus alors dans le droit que des résidus stériles de
religion.
Telles sont les thèses essentielles, présentées in almtiacto
elles sont justifiées ainsi qu'il suit. Originairement le droit
sort de la religion lu solidarité domestique, dans laquelle
M.Glotzvoit, comme on suit, le phénomène essentiel qui com-
mande tout le droit grec archaïque, est liée à la religion de la
famille; la Oi;v. droit intiafamilial. est l'expression de celte
religion; et la ôum-,qui préside aux relations iuterfamillaies,
emprunte elle aussi, à un animisme grossier il est vrai, un
caractère religieux. Une première évolution se produit, au
cours de laquelle le parfait accord du droit elde lu religion se
maintient lu solidarité plus largo do la cité vient limiter la
solidaritéélroiledela famille;les rapports inlei-familiaux pren-
ueat un caractère juridique et moral nouveau, par une trans-
fusion constante tle la 0:;i;; dans la ô'.xr,. Pendant le moyen
âge hellénique, alors que s'accélère la dissolution duyiw»;sans
que la cité réussisse encore à assurer sou autorité, il y a rup-
ture entre le droit et la religion celle-ci progresse, celui-là
recule: à l'anarchie défait, la religion oppose une conception
idéale de la justice, non plus familiale mais civique et même
nationale. La religion fuit l'intérim, jusqu'à ce que lo droit
nouveau, qui s'élabore eu memetemps que la cité grandit, soit
enélatde remplacer le vieuxdroitdes •;«•«,qui tombe en ruines
11y a là, suivant M. GloU, une loi historique; it rappelle le
AXALV4K4. – LK tMWIT PKXAt, t"7

rôle de Moïse et de Mahomet, i/tusiruineui a rmue duquel la


religion agit sur le droit et tend il le moraliser, c'est la doc-
trine de lu souillure; le meurtre du membre d'un vivo; par
celui d'un autre ;£-/), devient un péché a l'expiation duquel
tout le monde. et non plus seulement le >; de la victime
est intéresse. Celle fiction que lu religion exerce alors sur te
droitt'st si profondequele droit pénalclnssiqueeu porte encore
lu marque la procédurereste. dans une large mesure, rituelle,
le jugement a toujours des eunicteres qui le font ressembler
à un oracle, la répression divine s'associe à la répression
humaine, supplée a sou insuffisance. Mais ((tiand la cité
est souveraine, et surtout quand la démocratie triomphe, le
droit extro dans des voies nouvelles, pendant que la religion
s'immobilise; ledroitdevientessenliellement laïque, rationnel,
progressif, tandis que la religion conservatriée dégénère en
superstitions ou inspire des doctrines qui n'ont plus d'iu-
lluence sur l'action. M. Glot/ avait antérieurement cherche li
établir comment la responsabilité était devenue individuelle
eu droit positif à Athènes, tandis que la religion maintenait le
principe de la responsabilité collective. Ici il montre comment
le droit ne conserve certaines formes d'origine religieuse,
l'imprécation, leserment.qu'en leurdouuanl un contenu nou-
veau, purement laïque-
11 n'y a pas lieu do revenir ici sur les réserves que M. burk*
heim a du formuler au sujet de toutes ces théories, la pro-
mière fois que M. filolz les a exposées icf. Antuvxociahtjique,
loe. cit.). Dansces /«</«, cependant, oùrérudition tient moins
de place, où les idées générales sont mieux en lumière, les
défauts sont plus choquants, surtout cette espèce d'idolâtrie
que l'autour professe à l'égard «le la Grèce, en particulier
d'Athènes, et qui éinousse assurément son sens sociologique
il semble trop qu'il croie à unejusticeet à une vérité absolues
vers lesquelles les Athéniens, grâce à leur individualisme et a
leur rationalisme miraculeux, auraient orienté l'humanité.
Mais ce qui est plus grave, c'est la manière même dont
M. (îlotzposele problème des rapports de ta religion et du
droit pénal. Il est encore asservi au préjugé qui consiste à
voir dans la religion « des préjugés », « lu superstition des
rites et des formules » (p. 2 et 3 L'idée ne lui vient pas que
In religion exprime, en termes étranges sans doute pour
l'esprit positif, des réalités; il ne se demande pas ce qu'il y a
sous une croyance comme la croyance à la contagion de la
474 l.NXKK sociuLuiiiyi'K. 19iK-llltM

souillure, de quelfait réel cette croyanceest ht représentation.


Et nou seulement ce rationalisme étroit rend les phénomènes
religieux inintelligibles – pourquoi ht doctrine de la souil-
lure s'élablit-elle a point nommé pour rendre des sorviees
juridiques et moraux? mais le problème des rapports de la
religion et du droit perd toute importance sociologique. Si In
religion est un ensemble d'iibsurdités, l'hiduemie. qu'elle
exerce sur lo droit pénal est purement accidentelle a un
moment, une idée bizarre comme celle dela souillure a surlui
une action favorable, un autre momentelle lo paralyserait
sil ne savait pas s'en nflrancltir. Le vrai problème est tout
autre qu'y a-t-il de religieux dans le droit pénal, quel rap-
port y 'a-t-il entre la manière dont une société exprime sa
nature dans son système religieux d'une part, dans ses insti-
tutions pénates tfel'autre ? Si M. Glolzse faisait de lu religion
l'idée que nous essayons d'en donner ici, il n'y a pas une de
ses thèses essentielles qu'il no fallût remanier ou tout au
moins trausposer.et beaucoup de questions en outre se pose-
raient à lui, qu'il ue soupçonne mémo pas. Ht ses précieuses
recherches seraient alors, croyons-nous, infiniment plus
fécondes.

AI. HAXDMLSMAN. -Die Strafe lui poluisch-schleslschen


Hechte im 12. und 13. Jahrhundert. Xeîtschr.fiir cri-
(jlckhentli-HeclUme.,XVIII. Bel., UKfôp. iâu-iOS.

Depuis le milieu du xn* siècle, l'empire polonais est formé


de principautés qui ont leur vin juridique propre; l'historien
doit donc étudier le droit de cliacunes d'elles pour préparer
un tableau d'ensemble du droit polonais a celte époque Tel
est le but de lu monographie, écrite par M. llnndelsnmn dans
le séminaire de M. Kohlcr, sur le droit pénal silésieu des
xrn'ni xin*siècles.
Nous y saisissons les institutions pénales au moment où le
système de la vengeance privée achève de disparaître devant
ia répression publique, non sans la marquer fortement (!•>
son empreinte. Jamais, à notre avis, l'analyse de ce phéim
mène, qui s'observedans une foule de sociétés, n'a été poussée
.•issezloin on se contente do formules un peu simpliste!
I ne bonne étude de la matière aurait cependant un vif intérêt,
en particulier pour la théorie de la prohibition de l'homicide
M. llandclsinau n'entre pas dans cette étude, mais il ;i lié-:
Ax.av.stts. – uk imorr i'ksai- f,<> ~)

soigneusement marqué lo caractère complexe de la réaction


péiiiile.
La peine porte. dans tes textes, ù la fois les noms de
ptena, culpa, rinttietu, justifia Kiloest encore une vengeance
privée quelques eus, très rares d'ailleurs, do vengeance,
se produisent encore mais surtout ce sout les vengeurs
«lui exercent la poursuite, qui peuvent l'arrêter eu pardon-
nant, eu faveur de quoi lu pouvoir publie exige une com-
position des coupables avant do leur faire grâce. Knmémo
temps. la peine est In sanction d'un crime public le crime est
un atteulat aux droits du priuce, i'i la paix publique, il excite
la colère de Dieu; c'est au nom de Dieu et de lu paix que te
prince poursuit le criminel, ennemi public. til néanmoins
la peine reste si bien une vengeance privée dont le priuce
est l'exécuteur qu'il parait normal que le fils du t'oiidamnô
exécuté songe à le venger sur le prince lui-même..Subsidiai-
lement, l'influence de l'Église s'exerce pour fuire de la peine
uncpéuilcncH et un remède moral.
La peine capitale est encore, ù l'état presque pur. lu mise
hors lu loi l'exil et la mort sont peines équivalentes; l'exil
>'«t un moyeu de fuir lu mort, ta mort la sanction de la
rupture de ban mais seule l'autorité publique, et non plus tes
particuliers, exécute le cas échéant la sentence capitale. La
iinfiscation accompagne ta mise hors la loi..Mais la peine
capitule est l'achetable. Le rachat est de droit, eu quelque
-orte, bien que le taux reste tout d'abord à l'nrhitriiire
du prince; avec le temps uu turif lixe s'établit. L'Église a favo-
i isé cet adoucissement de la peine elle combat en principe la
peine de mort qui ne tatisse pus au coupable le temps do se
repentir; des raisons d'ordre économique agissent dans le
même sens. A coté du rachat ligure la commutation de la
peine capitale en servitude pénale.
Ou trouvera dans cet article des renseignements sur tes
sources, un tableau des peines, quelques faits de responsabi-
lité variant avec la situation sociale et de responsabilité col-
lective des unités territoriales.

.1. KOULKK. – Das chinesJsche Strafgesetzbuch. '/Ml-


*chr. lUrtergU'khendeHechtsw. XV11I.Bd., 1008,p. 181-22*.

A l'instigation de M-Koliler, l'interprète allemand à Tsing-


tau, M. II. Moolz, entreprend une traduction intégrale du Tu-
4b'O l/NNKKMiclol.uiiiyl'K
lUtti-IOUtt

Inntf-k-li, le coilo pénal chinois dont Stnuutou, au début du


XIX"siècle, u traduit seulement I» partie lu plus ancienne,
l.u. Ce sera là un document infiniment précieux pour lu
science du droit comparé. Le fragment publié se rapporte au
brigandage.
MAIU.'CU.– La nuova fllosofla del diritto orlmtoale. Itoma,
Liiesiiirr-
Dltr.NOstiCUN. Posltirisohe Begrundung des philosophi-
soboa StrafrechtB. Berlin. Walllier.
l'ABST. – Die allgemeinen Lehren des Strafreohts. Halle,
J.M. Heinlumll.
J. KKESM AHIK.– Beitràge aur Beleuohtung des islamitisohen
Strafroclita mit RUcksicht auî Théorie und Praxis in der
Turkel. Leip%i|;<Uiockhuus.
CKÊMA/.V. – Le code pénal de la Corée. Séoul,
imprimerie
llodgc
l'GOCONTI – La pena e H sietoma pénale del codice itoliano
Milanii,Socictaeditriveliiirariii.
F. VonI.1SZT. – Stratrechtliche Aufsàtze und Vortràge. Ucr-
li:i, fillltellliig.

XI. L\ RIvSl'ON.SAIIlMTt:
CRIMINELLK
Par M. FAfi:oxxET

C. AIKRCIER. – Criminal Responsibility. Oxford, Clareu-


dou Press, H)0u, p. -2'Aiiu-8'.
Le premier chapitre, dans lequel l'auteur pose le problème
qu'il veut traiter, est uue excellente leçon do méthode il est
rare que ta notion de ta responsabilité réelle soit déterminée
avec autaut do netteté. La responsabilité, c'est la qualité d'être
justement passible d'une punition, le mot justement se réfé-
rautau jugement qu'énonce, en dehors de tout parti pris doc*
triuiil, l'homme qui représente l'opinion qui prévaut aujour-
d'hui, dans la société uù nous vivons. Conformément à cette
opinion, il faut entendre par punition uue réaction essontiel-
lemeut rétribulive, intimidatrice et réformatrice seulement
d'une façon secondaire. « Une personne est tenue pour res-
ANALVilKS. – |.A REtniNBABILITlt CMUINKM.E 481
t.t., .m.·
ponsable qu;uul l'upinjoii publique éclairé»»de sou temps et
de son pays demande qu'une souffrance lui soit
infligée en
rt'tout- do la douteur qu'elle a elle-inômo infligée. » Le
pro.
blème de lu responsabilité, dit M.Mercier, consiste à détermi-
ner dans quelles circonstances cette opinion
publique
demande qu'il y ait poino. Qui doit-on
punir? Cola revient à
demander quelles sont les conditions dans lesquelles nous
ressentons ce malaise qui ne peut être apaisé que par l'in-
Iliction d'une peine? – Ces conditions sont
exprimées par la
formule il faut qu'un acte ait été commis qui soit »««/.Mais
qu'est-ce que c'est qu'un arle, et qu'est-ce que c'est malfaire
ùvrong-doiiig)?Cesont là des problèmesque, seule, la psycho-
logie scientifique, aidée de la psychiatrie, peut résoudre. Le
centre du livre est occupé par l'analyse des deux notions
Parte roltmlairt!et de malfaire, à laquelle s'enchaîne naturel-
lement l'étude des conditions morbides duns lesquelles l'apti-
tude à agir volontairement ou à mal faire disparaît, étude qui
seule peut faire connaître dans quelles conditions psycholo-
giques la responsabilité est pleine et entière. Les résultats de
la recherche sont exposés avec beaucoup de netteté p. 182et
chapitre VII. La fin du livre, outre des propositions pra-
tiques, contient une discussion des réponses faites par les
tribunaux aux questions poséeseu 1843 par la chambre des
Lords sur tes conditions légales dela responsabilité.
Le problème de la responsabilité est psychologique. Cette
formule de M. Mercier est équivoque.S'il s'agit de rechercher
pourquoi nous réclamons aujourd'hui, dans nos sociétés
européennes, que telles conditionssoient remplies pour qu'il
y ait responsabilité, cette rechercheest essentiellement socio-
logique. Eu eltet, les exigences de la conscience cet égard ne
dépendent pas de la structure universelle de l'esprit humain
individuet, puisque ces exigences varient d'une société à
l'autre. Ce qui est vrai (en gros tout au moins), c'est que
nous ue voulons puuir, aujourd'hui, que si le patient satisfait
à certaines conditions psychologiques. Le problème qui est
psychologique, c'est la déterminationexacte de ces conditions,
l'our être imputable, nous exigeons, par exemple, que l'acte
en général) soit intentionnel. Maisqu'esl-ce qu'un acte inten-
tionnel? Le sens commun le sent assez justement dans les
cas normaux mais seul le psychologue professionnel – qui
est nécessairement un psychiatre– peut l'exprimer en termes
définis et juger des cas difficiles. Les livres des aliénisles
I- DmiiiiKiu. Année sociol., 190M9(IG. 31
*8â JBOS-l'JOO
b'ANKteSOCIOLOGIQUE.
et des psychologue» peuvent nous servir. dans ht pratique,
à adapter notre conduite, aussi exactement que le permet
l'état actuel de la science, aux exigences de notre conscience
morale; la science nous aide à déterminer avec précision les
conditions dans lesquelles nous voulons qu'il y nit peine et a
juger si ces conditions sont remplies. Spéculativement, ces
mêmes livres peuvent nous permettre de donner une formule
plus rigoureuse des (tmilerata de notre conscience morale
M. Mercier, pur exemple, attache à la formule tel acte est
intentionnel, un sens beaucoup plus précis que le vulgaire.
Mais le problème de la responsabilité, problème essen-
tiellement sociologique, est d'un toul autre ordre.Cesdesi-
derata de ta cousciuucu, il faut les expliquer, à la fois dans
ce qu'ils ont de commun et dans ce qu'ils mit de variable chez
les diverses sociétés. Ici naturellement, la
pnychiàtrie et
même la psychologie normale sont incompétentes. Mais il
y
a plus ces desideratasont parliuUemeut inconscients ce sont
des états do la conscience collective, essentiellementaffectifs.
Il faut se garder, en les formulant, de les déformer. Seule
l'étude de leur genèse et de leur évolution peut permettre
non seulement de les comprendre, mais même de les ih'aire,
tels qu'ils existent dans la société où nous vivons. Il faut
que
le sociologue se défie, en un certain sens, des
suggestions de
la psychiatrie. Pour un aliéuiste qui garde, commeM.
Mercier,
le sentiment de ce qu'est, dans la réalité sociale, la
respon-
sabilité, cent autres le perdront complètement. 11y a là 'un
chevauchement des problèmes les uns sur les autres qui
explique bien des erreurs et la stérilité de bien des discus-
sions.
Lu livre de M. Mercier est très bien fait. Si nous
faisons, it
son propos, ces observations qui ne se rapportent à lui
que
très indirectement, c'est pour expliquer a la fois
pourquoi
nous n'entrons pas dans l'aualyse détaillée de ce
genre d'ou-
et
vrages, pourquoi cependant nous ne les passons pas tout
à fait sous silence.

B. ALIMENA.– Note polemiche intorno alla teoria dell


imputablllta. Naples, Luigi Pierro, 1ÏIO(i,p. 35 in-8".
Nous avons donné (t. Ill, p. 4-28;une analyse étendue du
principal ouvrage d'Alimena. Ces notes sont une réponse aux
critiques que lui a adressées Puglia, au nom de l'École d'an-
AN.UXSE*.
– LA ttBSPONSAIHUTtë
ClUBimU 483
lliropologio criminelle (/)< almni retmti < f'm- irrt~ruoul(er
rnpouiutiiiUla pennb, dans la Scaok positira, XIV). Alimeua
y proteste fortement contre l'habitude, qu'ont Ferri et ses
disciples, d'exclure « du positivisme » et de flétrir du nomde
« métaphysique» toute doctrine
qui fait une place aux idées
traditionuellesdu peine et de responsabilité. Eu quoi il
plei-
nement raison: c'est
l'Ëcolu anthropologique qui. eu mécon-
naissant que les droits pénaux sont eux aussi des faitu qui
obéissent ù des lois, manque gravement au principe de la
méthode positive. Voilà pourquoi nous avons signalé une
manifestation do l'esprit positif dans le» efforts faits par la
ÏW-hiscmln pour ébaucher une théorie
sociologique des ins-
titutions pénales.
Mais. cela dit, force nous est bien de reconnaître que celte
théorie, dont Alimeua seut si justement la nécessité, reste
chez lui bien embryonnaire, et l'on s'expliqun assez
quVIle
apparaisse à ses adversaires comme uuo concession irration-
nelle aux préjugés qu'ils combattent, ef non commeune réac-
tion scientifique contre des erreurs qu'ils ont commises. Mans
cette brochure, oit seules les idées directrices sont indiquées,
on voit bien qu'Alimena presseut certaiues
vérités plutôt qu'il
ne réussit à les dégager.
Il a le sentiment d'abord que les institutions pénales sont
autre chose qu'une survivance que maintiendraient seules,
contre les critiques de l'École italienne, les superstitions méta-
physiques et morales; il cherche à déterminer la nature de
la peine comme phénomène nécessaire de réaction sociale, et
aussi la fonction utile qu'elle remplit (cf. des formules assez
nettes p. 10et 13 .Seulement, faute d'une analyse sociologique
suffisante, cette thèse se distingue mal do certaines théories
syncrétiques auxquelles s'attaque la critique de Ferri: Ali-
mena n'est pas assez dégagé lui-même de certaines idées
chères aux illtliropoloilistes pour pouvoir défendre fortement
contre eux sa position.
De même, il a le sentiment que ta notion de responsabilité
morale n'est pas, comme l'enseigne Ferri, une fantasmagorie,
une idée absurde liée à l'absurde croyance an libre arbitre
mais que cette notion répoud à une réalité et que, même du
point de vue déterministe, il y a lieu de tenir compte de la
différence que tait la conscience morale entre le responsable
et l'irresponsable (cf. p. 21 et Û3-HU.Seulement, il prèle le
nanc à toutes les objections, je dirais presque à toutes les
48V1 i/asxèk sociouuuque. 4«u.i.|9«o

_.a_ ,.& _· -Il .'1.-


suspicions. cu laissant croire que ce concept de responsabilité
est uuosorte de mystèreque nous no pouvons sonder (e dobbi-
aino uccelturlo, anche quaudo ce ne sfugga il fondamento.
p. i't) et dont nous devons faire usage bien que nous ne le
comprenions pas.
liref, pas plus aujourd'hui qu'en 1899, nous no trouvons
chex Alinieuu cette théorie sociologique de la peine et do
la responsabilité que nous cherchons mais, comme alors,
nous lui faisons un mérite de protester, non pas au nom de
la tradition et du sentiment contre les conclusions hardies de
l'École italienne, mais au nom de la science pmitire contre la
critique par trop simpliste que cette école fuit de certaines
institutions.

(i. MORACHE.– La responsabilité. Etude de soolo-blo-


logie et de médecine légale. Paris, Alcan, 1906,p. IV 275
in-12.
L'auteur rêve d'une justice vraiment juste, miséricordieuse,
jugeant moins le {aitque le criminel, ne punissant que quand
il n'y a pas moyeu de faire autrement et se préoccupant alors
de rendre la peine utile au condamné lui-même. Il s'eu faut
que le règne de cette justice soit venu. Par ignorance, on com-
met encore aujourd'hui des crimes de lèse-humanité comme
au temps de la question préparatoire et des procès do sorcel-
lerie; ou punit encore des irresponsables parce qu'on ne con-
naît pas toutes les circonstances qui limitent ou annihilent la
responsabilité. Seule l'étude de la « biologie sociale » peut
permettre au magistrat d'en tenir compte comme la raison
l'exige; les magistrats criminalistes devraient recevoir une
éducation technique dont ce livre serait en quelque sorte le
programme.
II y est traité successivement de l'hérédité, du milieu
cosmique, de la race, de l'Age,de l'éducation, de l'alcoolisme,
des intoxications les plus communes, de l'hypnose. do l'hys-
térie et de l'épilepsie, du sexe, des diverses formes d'aliéna-
tion et de folie. Toutes ces conditions d'irresponsabilité
rentrent d'ailleurs dans la notion générale de déchéance phy.
sique, déchéance qui diminue la résistance de l'individu aux
agents de pathogénie morale et qui est due, en dernière ana.
lyse, à la misère.
S'il était mieux composé, plus précis, mieux écrit, ce livre,
ANAU'SKS. MUUAI.B KT DHU1T INTEHSATIONM 482

qui témoigne du beaucoup de bon sens, de modération et de


générosité, serait un bon travail do vulgarisation. Mais t'anar-
lyse de ta notion juridique de ta responsabilité et des notions
connexes y est proprement nulle.
Malgré teur titre, de pareils ouvrages ont en réalité bien peu
rapport au problème de la responsabilité ce qu'ils étudient,
ce sont quelques" unes des causes sociales, mais surtout les
causes physiologiques ot psychologiques de lu criminalité.
Cettecoufusiou mémo des deux problèmes est un phénomène
qui mérite de fixer l'attention. C'est elle qui obscurcit in
plus souvent les théories et les discussions relatives à la res-
ponsabilité. S'il y a irresponsabilité toutes les (ois que le
crime a ntio cause, it est ctair que, seule, l'École italienne a
raison, quand elle conclut qu'il faut rejeter comme défluitive-
ment. inacceptable le concept de responsabilité.

XII. MORALEET DROITINTKRKAT1ONAL


Par MM.BetitiiÉet P.u-coxnet

J. LAGOHtîKTÏK. – Le rôle de la guerre. fonde de socio-


logie générale. Préface de A. Leroy-Ueaulieu. Paris. tiinrd
et Hrière, 1900. p. XI-700.

Lelivre de M.L., dit le prospectus qui l'accompagne. « envi-


sage lé phénomène daus son ensemble et avec un esprit vrati-
tuent scientilique. 11y a là toute la guerre c'est nue véritable
i-Hcyvhpédicde la guerre et de la paix. Tous les points de vue
y sout fortement coordonnés, toutes les opinions y sont expo-
sées avec méthode et impartialité et discutées en toute indé-
pendance. Lu matière d'un grand nombre de publications, les
produits de patientes recherches qu'il épargne aux autres,
sont condensées par Fauteur eu nu livre la fois substantiel et
complet, grâce à sa sobriété et à sa concision et à de nom-
breuses notes et références. Ce n'est pas seulement le pro-
blème de la guerre, mais une îoule de questions adjacentes
et iucidentes qui y apparaissent sous uu jour nouveau, telles
que celle do révolution sociale, do l'origine tle l'échange, de
l'équilibre politique, de l'idée de droit, etc. ».
On mesure, à co programme, l'ampleur des ambitions do
l'auteur. Ou devine aussi, du coup, qu'il devait lui être dif-
480 l'ansék socioumiQUB. IWM'Jûtt

licite de traiter « scientifiquement » tous les problèmes aux-


quels il louche. M. L. nous offre du moins un répertoire com-
mode – qui serait plus commode s'il éttiit suivi d'un index
– de toutes ou de presque toutes les opinions formulées
pour
ou contre lu guerre. la il u le mérite, pour encadrer ces «auto-
rités », de proposer une classification des différentes forums,
des mobiles, des buts et des' conséquences et de ce qu'il
appelle enfin les [ourlions de lit guerre.
La matière est distribuée sous trois rubriques I. La guerre
impuhire. – H. La guerre encimijèeroutine moyenpour un but
sfie'nfiqne.– IH. La guerre enthugée commemoyenpour un but
gruau/m: Quelques réflexions sur 1 evolttlioudes sociétés pré-
cèdent, quelques autres, sur leur propres possible par lu subs-
titution progressive de l'arbitrage au conflit armé,suivent ces
trois parties.
La troisième est la moins neuve. L'auteur y discute les apo-
logies traditionnelles de la guerre apologies sentimentales,
religieuses ou scientifiques, apologies iutégralesou demi-apo-
logies Comte et Spencer. Il énumère les effets généraux do
lu guerre physiologiques et économiques, politiques el
moraux, intellectuels et même esthétiques.
Plus que ces tableaux généraux, les réflexions de la partie
précédente permettent d'espérer que les sociétés civilisées
renonceront progressivement aux procédés guerriers car ce
«lii'oii montre ici. conformément aux suggestions de M. Novi-
cow, c'est comment ces procédés manquent le plus souvent
leur but. Les mêmes buts pourraient être atteints du moins
pur des procédés plus économiques. Parmi les buts « spéci-
fiques » de ta guerre, l'auteur distingue ceux qui ne sont pas
envisagés et ceux qui sont envisagés comme « juridiques ».
Dans la première catégorie, il classe les guerres de pillage, de
conquête, de religion, de propagande, etc. Dans la seconde,
les guerres pour les « justes causes », employées comme de
véritables procédures juridiques. La distinction est plus flot-
ta nte que l'auteur parait le croire, et le sentiment juri-
dique se retrouve beaucoup plus fréquemment et plus primi-
tivement qu'il le pense, Ii l'origine des guerres, jusque dans
certaines formes du pillage et du rapt. C'est ce quefait remar-
quer M. Ruyssen qui commença, dans la Ilcratrrlertttrtaplrysiytev
et île morale < novembre1906), la publication d'études sur la
gunre et h droit. M. Ruysseu ajoute qu'il n'est pas nidifièrent,
au point de vue pratique, de se rendre compte que lu
guerre,
ANAI.YSBS.– U01ULK ET DHUIT IXTBHXATIOXAt 487

de très lionne heure, se présente comme une « voiede droit ».


Klle perd pur là même son caractère de force naturelle,
aveugle et nécessaire. Elle n'est plus qu'une institution, sus-
ceptible comme toute invention humaine d'être modiliée ou
môme abolie, – si surtout l'on démontre, comme l'entre-
prend M. Lagorgette, ou accumulant les faits, que c'est un
moyen de plus en plus inadéquat aux fins poursuivies.
Il reste que les guerres ne sont pas seulement des
moyens
délibérément employés elles répondent a des impulsions,elles
satisfont a des besoins do la nature passionnelle (combativité,
honneur, gloire, amour de l'émotion et du risque, etc.) avec
lesquels il faut toujours compter. C'est ce que M. L. rappelle
utilement daus sa première partie, qui serait plus démons-
trative encore s'il avait renforcé ici lesanalyses de la
psycho-
logie individuelle par celles de la psychologie proprement
collective.
C. B.

N.-W. S1BLEY and A. ALIAS. The Aliéna Aot and


the right of asylum. London, Clowes and Sons, 15)06,
p. XII-10I p. in-12.
Les parties essentielles do ce petit livre sont le texte de
YAtient Ad,la loi anglaise de 1905qui réglemente l'immigra-
tiou et l'expulsion des étrangers, un commentaire de cette loi
et un parallèle entre elle et la législation des États-Unissur la
mémo matière. On y trouve en outre quelques indications his-
toriques sur le traiteincut des étrangers dans le droit euro-
péen moderne et cher, les théoriciens du droit international
p. 1-17,31-42;et quelques considérations sur la manière dont
l'Angleterre concilie le droit d'asile, l'hospitalité offerte aux
réfugiés politiques, avec sa législation sur l'expulsion des
étrangers ip. 128-137).
1».F.

A. HRLLWIG.– Nachtràge zum Asylrecht in Ozeanten.


Zeilsrhr. fur tergkkhemkHeclttsw., XIX. M., i. Il., 1906,
p. VI-102.
Cet article ajoute do nouveaux faits, tous empruntes à
l'Océanie, à ceux que l'auteur déjà réunis dans le travail que
nous avons analysé ici (An»,soc. t. VII, p. WUi.Les observa-
iS8 CJOS-lVOli
l'a.NNKBSUCIOLOUtgUK.

lions analytiques do M. Ifollwig m rapportent presiiuo exclu-


sivement cette fois-ci à ce qu'il appelle lu droit d'asile des
étrangers, b'mmletuwjlmlil mais il entend le sujet de la
manière lu plus large et traite eu somme do la condition des
étrangers, «'efforçant de distinguer soigneusement selon qu'il
s'agit d'indigènes ou de blancs, d'étruiigers appartenant ou
nou à des groupes hostiles. Il semble que M. llelhvig veuille
réagir coutre le «dogme » suivant lequel, dans les sociétésinfé-
rieures, faut étranger serait nécessairement traite en ennemi
duquel ou ne reconnaît aucun droit. Mtiisnous ue voulons pas
essayer de dégager de ces remarques épuises une doctrine
dont M. Ik'llwig reuvuie l'exposé à une l'kitoHofihicdu droit
1/ «.v//equ'il prépare d'au Unit moins que nous mus expose-
liousà niécuuuaître sa pensée, connuenous l'avons luit, parait-
il, quand nous avons dit qu'il u'udinellait pa» l'asti» Imi/mirl
(.!«/(. soc, loc. cit.). Nous nous étions trompé sur ce point.
M. liellvvig oppose, aux éloges que des hommes comme
Koliler, Steiiiinelz, Muz»ireUa ont donné à son travail, notre
procèdent compte rendu qui était, dit-il, « désapprobatif ».
Mais la nature même de nos critiques explique cetto opposi-
tion. Ce que nous avons vise, ce n'est pas un défaut qui serait
propre aux recherches de AI. Ilelhvig nous avons au con-
traire rendu hommage à son érudition, à lu méthode critique
qu'il applique à l'interprétation des textes, ausoiu avec lequel
il s'efforce do replacer le fait qu'il décrit dans sou milieu
social. Ce que nous lui reprochons, c'est de s'en tenir a la
méthode de VUtlinoloi/isc/w Juri-iprmlniz c'est d'accumuler
des faits sous des rubriques qui ne résultent pas de l'analyse
approfondie de ces faits, mais qui sont empruntées telles
quelles à nos conceptions juridiques actuelles. L'élude des
faits doit mener une science imluctive à l'élaboration de
notions définies, distinctes des notions communes. A priori
ou peut affirmer que l'idée que nous nous faisons des fuit*
d'usih est fausse, c'est-à-dire qu'elle n'exprime pas l'essence
des faits puisqu'elle n'en a pas été dégagée méthodiquement.
La classification des cas d'asile en trois groupes asile des
étrangers, des criminels, des esclaves, peut, croyons-nous,
vicier toute la recherche. Car elle est faite de notre point de
vue, à nous, Européens du xxl siècle. Ce qu'elle traduit, c'est
l'intention qu'a l'auteur de déterminer l'iulluence que l'insti-
tution de l'asile a exercée, dans l'histoire, sur le sort des
esclaves, sur le droit pénal et sur le droit international. Mais
A.HAUfSKS. – UOIULK Kf BI101T ISTEKXATluXAl. 489

cequ'elle néglige, c'est la question préalable quel est, thms


les sociétés australienne» par exemple, le
groupe de faits
auquel appartiennent ce qui mo parait ôtre des (ails d'asile
quoi est le caractère essentiel de ces faits; quoi aspect encore
inconnu de la pensée collective de ces sociétés font-ils
appa-
raitre; à quels faits ailleurs observables sout-ils appareillé,
etc. L'EtlmoloyUcht /«r/spi-iufens. si curieuse des faits, est
étrangement indifférente on matière d'idées ou ne voit guère
ses représentants s'efforcer do sortir d'eux-mêmes, de former
au contact des faits desdélinilious nouvelles. Ils secouteuteut
le plus souvent des idées communes. C'est eu ce sens
que
uous approuvons pleinement M. Helhvig, quand il dit, pour
d'autres motifs, que l'esprit du droit naturel règne encore
dai» l'Ethnotogiwhe Jurixprudeus (p. 47i. Avec pleine raisou,
M. Koliler reproebe à deux Français, Clozet et Vitlomur,
d'avoir décrit les coutumes des indigènes de la Côte d'ivoire
daus les cadres du Codecivil (même revue, t. XVIII. 446).
p.
No pourrait-on pas dire, mulatii miilitmlix, que les cadres de
l'ltistoiro universelle du droit comparé, telle que la conçoit
l'autbropulogie juridique, sout, it peu de cliosu près, ceux de
notre droit à nous?t
C'est dans l'analyse minutieuse de faits ueUcmealdéfinis
que nous voyons la lâche urgente qui s'impose ai la science
comparée du droit. Aussi ne pouvons-nous adhérer au pro-
gramme que trace pour elle M. llellwig. Nous pensons avec
lui quo le procédé qui consistait à illustrer une proposition à
l'aide de faits choisis au husard, dans toutes les Roeiélés
humaines, a fait son temps que les institutions doivent être
toujours étudiées daus leurs corrélations naturelles, qu'il faut
se défier des généralisations hâtives. Mais nous ne croyons
pas que des mouographies comme celles qu'il propose d'exé-
cuter puissent faire beaucoup avancer la seiunee, tant que les
faitsy seront groupés sousdes notions qui ne lus expriment pas.
Sans doute, toute collection do faits et tle références est pré*
eieuse, de quelque manière qu'elle soit faite. Mais,loin de pen-
ser avec AI. llellwig que le travail théorique d'interprétation
des faits uu sera téeoiut que le jour où tut grand uotnhte de
monographies descriptives, faites du point de vue qu'il
indique, serait réuni, nous continuons à croire que l'analyse
des notions et l'interprétation provisoire, mais méthodique,
des faits doivent commander leur groupement.
P.F.
SECTION
QL'ATUIÉME
SOCIOLOGIE CRIMINELLE ET STATISTIQUE
MORALE

DESRÈGLES
ÉTUDE ETMORALES
JURIDIQUES CONSIDÉRÉES
DANSLEURTO.NCTlONttEMKST

I. – I-'ACTKIHS I)KLACRIMINALITÉ
SOCIAUX
(État économique, conf/ssiou religieuse)

l'or MM. Hai.bwauis ET Di'iimiui»

BONGER(W.-A.). Criminalité et conditions économi-


ques. Amsterdam, G.-P. Tierie, 1905,p. 750, gril, in N"
Ce volumineux ouvrage comprend deux parties. Lu première
est comme un recueil de morceaux choisis d'une soixantaine
d'auteurs qui ont traité accessoirement ou non de cette ques-
tion, depuis Thomas Morus et Jean Meslier jusqu'à liehel et
Laforgue, coupés ça et là de critiques on ne voit guère l'uti-
li té de cet assemblage assez confus de textes en toutes lan-
gues; nous n'y insisterons pas. Nous passerons de même
sur le premier chapitre de la seconde partie, où l'auteur
étudie « le régime économique actuel et ses conséquences »
c'est un exposé, d'après Kaulsky, des théories de l'école
marxiste, de la distinction de lu société en classes, de l'orga-
nisation monogamique de la famille. Le deuxième chapitre
traite de la criminalité il nous intéresse seul ici.
L'auteur définit le crime tout acte qui porte un grand pré-
judice aux intérêts de ceux qui disposent du pouvoir; il
l'explique, en général, par le développement des tendances
égoïstes, qui ne se serait eflectué que sous le régime do
l'échange et de la concurrence c'est ù mettre en relief l'exis-
tence d'une relation constante entre les actes délie!tiels et te
mode de production, relation d'ailleurs directe ou indirecte,
qu'il s'attache. – Les statistiques révèlent l'influence du
travail salarié des jeunes gens sur la criminalité juvénile, des
ANALYSES. – FACTRKBS SOCIAUX DE LA ailMIXAMTÉ 491

'h.JI:& -I:.I~la.I!.UA _h- 1-


coudiUuus d'habitation sur le caractère bon ou mauvais de
la eouduile, de l'absence d'instruction, de l'indigence ou de
lit gône, du fait d'upparteuir a telle ou telle classe, sur lu cri.
minante en général. Étudiant l'influence du mariage, d'après
les statistiques allemandes, seules bien établies, on constate
que les célibataires hommes commettent plus de crimes que
les mariés, sauf de dix-huit à vingt-cinq uns, icu particulier
plus de vols, sauf de dix-huit à trente ans), que les femmes
mariées, on revanche, commelteut plus de crimes que tes
non mariées rniais un peu moins do vols), que les veufs et
divorcés donnent d'ailleurs les plus hauts chiflres. Mais,
suivant l'auteur, il faut tenir compte do ce qu'il y a plus de
« bourgeois » panai les mariés de plus de vingt cinq ans que
parmi les plus jeunes, de ce qu'il y a plus de « femmes bour-
geoises » non mariées que de « femmes prolétaires », et de ce
que la criminalité des hautes classes est moindre que celle
des basses l'influence du mariage apparaîtrait dès lors très
incertaine. De ce que la criminalité de la femme, plus petite
que celle de l'homme, s'eu éloigne toutefois moins en Angle-
terre qu'eu Italie, l'auteur couclut incidemment que cette
différence tient moins à la nature do ta femme qu'a sa posi-
tion sociale, plus élevée dans le premier pays. Étudiant la
famille sous uu autre aspect, on constate qu'eu France, notam-
ment parmi les enfants naturels, les garçons courent deux
fois plus de danger, et les filles- quatrefois plus, que tes légi-
times, de devenir criminels; que, sur les enfants soumis a la
correction, à Paris, de 1874 à 1878,08 p. 100 ne recevaient
aucune visite, pas même de leurs parents, Enfin les statisti-
ques permettent d'attribuer une influence à l'alcoolisme (en
Allemagne 42 p. 100 des détenus abusent de l'alcool;, au
régime pénal «puisquepartout les récidives augmentent, sauf
eu France depuis la loi de83i, à limitation considérée comme
multiplicateur de t'action des autres causes lia criminalité
étant plus forte dans les grandes villes).
L'auteur classe ensuite les crimes en quatré catégories: éco-
nomiques, sexuels, par vengeance, politiques, d'après les
motifs qui portent à les commettre, Il distingue dans la pre-
mière catégorie les faits de. vagabondage et de mendicité
ils augmeuteut eu hiver, à raison du chômage et du caractère
plus pressant des besoins sans doute, et suivent assez exacte-
ment la courbe des conditions économiques 2° les vois et
('rimes analogues ils donueut lieu la même remarque, et
ta l'ax.nkr sogiommiioub. tOOS-liiiH»

soûl doue imputables surtout à Ut misère 3» les vols à main


urmùe et actes de 'mêmenature; ils subissent moins nettement
t'iiinucnco des saisous et dos prix ¥ les banqueroutes frau-
duleuses, falsifications, etc. qui se produisent surtout dans
la «cliasobourgeolso », eu raison dos relations économiques.Il
note que, parmi les crimes sexuels, les viols et attentats à lu
pudeur sont plus fréquemment commis par les célibataires:
niais si beaucoup de gens uo se maricut pas. cVst, dit-il, pour
des motifs économiques. Quant aux crimes par vengeance ion
il rattache assez bizarrement en uu même groupe les infanti-
cides), il les explique pur la concurrence économique en géné-
ral; ou par la jalousie sexuelle, résultat du pouvoir habituel
trop grand que lhomuie exerce sur la k'iiime, résultat lui-
même de J«iforme du mariage dans le régime économique;
actuel; ou, ettliii, par le bus ni veau moraldos classes pauvres.
– Telles sont, dégagées d'une foule de développements,anec-
dotes, citations, las parties de ce livre qui reposent apparem-
ment sur uu examen sérieux des faits. L'auteur conclut que,
puisque le crime est la conséquence da l'organisation écono-
mique actuelle, il suffirait donc de transformer celle-ci pour
qu'il disparaisse.
Ne retenant de toute cette étude que les tableaux qui y sont
reproduits, nous devons noter d'abord le caractère entièrement
équivoque de certains d'outre eux que veut dire, pour nous,
habitation bonne, assez bonne, très bonne, ip. 477-78 .conduite
bonne, douteuse, mauvaise, très mauvaise (ibid.et p. 479-80),
éducation bonne, défectueuse, mauvaise (p.oiî8-o9/, caractère
bon, douteux, moins mauvais, positivement mauvais (p. oHtii,
indigents, ayant le strict nécessaire, passablementaisés, aisés
et riches, ip. 41)1i, nlorsqu'ou ne nous renseigne pas le moins
du jnouilfsur le sims où ces expressions ont été prises par les
auteurs dus statistiques Pourquoi reproduire des tableaux
qu'où déclare d'avauce inutilisables ip. 5UU-S0I, iiOiïi, et
d'autres qui, faute d'éclaircissements, restent incompréhen-
sibles (p. S;k1 V – l'assous a l'interprétation immédiate des
statistiques en vue d'établir la forte criminalité des jeuues
gens, l'auteur rapproche Je pourcentage des criminels de
moins de il ans par rapport «ux criminels, et le pourcentage
des jeuues gens de 10a 21 ausp«r rapport « la population totale
(où il compte par suite tous les enfants de moins do 10 ans),
ce qui abaisse notablement ce second rapport, mais ce qui
fausse la comparaison (p. 467-68) ailleurs, notant l'augmen-
AXALÏSRS. – KAflTKUHSSOCIAUXDE M CRIMINALITÉ 493

talion des récidives, il conclut: «au lieu d'améliorer, la prison


rend plus mauvais » (p. 580) comme si Ton ne pouvait pas
dire aussi bien maigri' la prison, la criminalité augmente
atllours encore, constatant qu'il n'y a pas de résultats sta-
tistiques assez assurés touchant certains points <p. 493 et 499),
il n'eu conclut pas avec moins de netteté on un sens. – Ces
quelques remarques suffisent, pour établir que l'auteur n'a ni
choisi, ni élaboré ses données avec les précautions qui conve-
naient particulièrement ici.
Huant à la thèse en elle-même, qui prétend expliquer les
crimes et délits par les seules conditions économiques, elle
peut se présenter sous deux formes
1° Comme un certain nombre de crimes consistent en un
manquement a des régies do droit économique, on croit qu'on
dehors du régime économique actuel, ils seraient inconce-
vables, qu'ils tirent donc do ce régime tout ce qu'ils ont de
réalité. Sans doute, s'il n'y avait plus do commerçants, les
banqueroutes ne seraient plus possibles, et, dans un régime de
communisme véritable, los crimes coutre la propriété privée
auraient disparu. 11reste savoir si, dans ce nouveau régime,
des lois et règlements d'autre espèce ne s'appliqueraient point
a la production et ù la distribution des richesses, et si des
tendances et passions ne pousseraient pas toujours certains
hommes à enfreindre la nouvelle légalité. Ce qu'on explique
par ces conditions économiques, ce sont certaines des formes
que revêt te crime dans la société en question, mais non le
crime lui-même, soit qu'il résulte de mauvais instincts inhé-
rents à l'homme a des degrés variables, soit qu'il représente
un ensemble d'irrégularités impliqué nécessairement dans
tout organisme social.
•2"Mais ou ne s'en tient pas au caractère des manifestations
criminelles ou prétend les rattacher par un lien causal plus
ou moins complexe à des phénomènes économiques. Nous ne
discuterons pas ici l'explication des « formes sexuelles » de
la société (mariages, prostitution) par le mode de production.
Toujours est-il qu'on impute, non sans raison, à tels groupes,
if telles périodes, caractérisés économiquement, certaines
variations de lu criminalité totale. Mais ces groupes sont en
même temps caractérisés a d'autres rapports, et on peut se
demander s'il est d'une bonne méthode, par exempte, d'ex-
pliquer l'accroissement du nombre des vagabonds et voleurs
par le chômage considéré sous son seul aspect économique,
494 l'anhêr soeioumiyuE. 1905-1 doit

ni nnn
et non rr.n..l.f:r2.1. v m.. v
parleseonditionsmorales, paresse, ualMtudosvicieuaes,
relâchement du respect des droits, qui se peuvent rencontrer
en même temps quele chômage, mais qui Ue s'y rattachent
point par un lien nécessaire, puisque qu'elles manqueraient
dans uu pays à organisation ouvrière très avancée (assurance
coutre le chômage], et puisqu'elles se produisent aussi it l'oc-
casion de faits non essentiellement économiques (en temps de
guerre, ou de révolution, souscertains climats, etc). Il semble
que la criminologie, aussi bien que la science économique,
gagneraient à ce que leurs objets soient distingués nettement,
à ce que dans l'une on retienne l'aspect moral ou immoral de
la vie sociale, dans l'autre son aspect économique simplement
à ce qu'on s'efforce daus l'une et l'autre d'établir des rapports
entre dos faits du mêmeordre, au lieu de rattacher artificiel-
tement un ordre a l'autre. L'inutilité de ce gras ouvrage, en
dépit de lu musse des lectures qu'il suppose, résulte bien de
ce que l'auteur a méconnu ces conditions générales de la
recherche sociologique.
M. II.

BLAU(Bni-xoj.– Die Krlminalltàt der deutschen Juden.


Berlin. Louis Laiam, 11)00.p. 15, in-8.
Le 140*volume de la Statistikilesiteutscheit
lli-khxdtt'ufl-obje)
contient de très précieux renseignements sur la criminalité
par confession religieuse de 1883a 1901. Ces vingt années ont
été divisées en deux périodes décennales M8H2-l8(JIet 1892-
1901; et c'est la moyenne annuelle de chacune de ces deux
périodes qui nous est donnée.
Dans l'ensemble, la criminalité juive est sensiblement infé-
rieure à celle des autres confessions. Sur f 00.000habitants de
chacune, parvenus à l'âge de lu majorité pénale (abstraction
faite dela population militaire) il y avait, de 1882-1892,annuel-
lement 784Juifs condamnés contre 963 protestants et 1031ca-
tholiques. Il est vrai que si l'on compare les deux périodes,
on constate que la criminalité juive a crû plus
que celle des
autres religions l'accroissementa été de
16,3 p. 100pour les
t8
catholiques, de p. 100 pour les protestants et de 32,1 p. 100
pour les juifs. Maiscette augmentation porte uniquement ou
à peu près sur une seule et mémo
catégorie de faits délic-
tueux ce sont les infractions aux lois sur le travail des
femmes et des mineurs, aux lois sanitaires, à celles
qui pres-
ANALYSES. HAUTBUHSSOCIAUXDB U CRIUlVAUTli 495

criveut le repos domiuiual. Ce» derniers délits à eux seuls


constituent ta majeure partie de l'accroissement
constaté ce
co
qui s'explique par fait que la loi n'ex.istaitpas encore dans
la première période. D'autres part, si tes
juifs l'ont violée plus
que les chrétiens, il ne faut pas perdre de vue que la popula-
tion juive contient proportionnolloment
beaucoup plus de
de
sujets susceptibles lu violer. Seuls, eu effet, les chefs d'eu-
treprise tombent sous le coup de cette loi; or plus de la
moitié des juifs (57,0 p. 100) remplissent cette
condition,
alors que la proportion dans l'ensemble de la population est
beaucoup plus faible (£8,1)4p. 100).
Voilà qui indique le caractère distinctif de la criminalité
iuive olle est essentiellement professionnelle. Les crimes et
délits auxquels les juifs prennent un» part plus grande que los
autres groupes confessionnels sont surtout ceux
qui sa com-
mettent dans la vie industrielle et commerciale or plus de
la moitié des juifs appartiennent à ces sortes de professions.
Il est donc nature) qu'ils participent dans une proportion
également élevéeà la criminalité correspondante. Cependant,
dans l'ùtut actuel da nos connaissances, nous ne pouvons pas
savoir si cette contribution est proportionnellement plus
élevée pour les juifs que pour les autres cultes: car on ne
sait pas de quelle mauiôre les dilléreiites religions se répar-
tissent entre les différentes professions
D'uu autre côté, nous devons noter certains délits pour
lesquels les juifs montrent un penchant que lu raison précé-
doute ne saurait expliquer ce sont les injures, duels (que
M. Blau attribue à la vivacité de leur tempérament), certains
attentats ù la moralité publique (séduction et adultères) alors
qu'au contraire pour le viol, la sodomie, etc. ils sont au des-
sous de la moyenne.
11est intéressant de constater que si, pour des raisons con-
nues, les juifs comptent plus d'usuriers que les chrétiens,
cependant leur penchant ce délit, pris en lui-même, est très
faible (1,2 condamnationspour 100.000habitants).
Combien il est regrettable que la statistique française n'en-
registre pas les renseignements nécessaires pour qu'il soit
possible d'instituer, chez nous, de semblables comparaisons 1
ED.

KADATINI.– Prinoipl di oriminologia ooUettivaooa spéciale


rigardo aUediaposizionidel oodioepenale italiano. Cataïuaro.
49C 1,'AN.NfiE SOCIOLOOIQl'E. 1908-400»

Il LACRIMINALITÉ
SUIVANT
I/AGKHTUî BKXR
l'nr M.G.Richard

K. Wl'I.FI'EN. – Die Krlminalitœt der Jugendlichen. –


Conférence fuite à Dresde et ù Erlurt en mars et niai 1908,
édili'c par les soiusde l'Associationcentrale allemande pour
la préservation de la jeunesse, p. 38, in 8".

L'objet de celle eonfureiieeesl.de montrer lo couflit de l'es-


prit éducatif et de l'esprit juridique dans le traitement de
l'enfance coupable. La victoire du premier sur le second n'est
pas encore assez décisive. De là l'tnsufllsauce des résultats
obtenus. Emit Wulflen termine eu indiquant la condition tou-
dumentiile que doit remplir un établissement éducatif de
redressement l'analogie avecla vie de famille. Mats il y faut
des ressources qui manquent encore.
Gît.

GRANIER (Cauilli:). – La femme criminelle. Paris, Doin,


liluG,p. 464.
I.e livre de M. C. (irauier, inspecteur général des services
administratifs au miuistère de l'Intérieur, est divisé eu deux
parties, dont l'une traite de la criminologie générale, l'autre
de la criminologie spéciale.
Dansla première partie, l'auteur cherche quel est le rapport
de la criminalité des sexes. Il corrige l'erreur commise au
détriment de la femme par les criminalistes qui prennent
pour postulat l'égalité numérique des sexes les femmes sont
plus nombreuses que les hommes. Il rectifie ensuite une
autre erreur, celle-ci à t'avantage de la femme, en complétant
la statistique des condamnations par celle des arrestations.
Enfin il montre qu'il faut tenir compte de certaines variations
sociales telles que celles (lui élèvent la contribution des
femmes aux crimes citez les ouvrières russes. U conclut que
le rapport de la criminalité fémininea la criminalité mascu-
line est comme I à 7. Il discute ensuite les différentes hypo-
thèses émises pour rendre comptede cette différence.Il écarte
l'explication biologique (Lombroso)et se rallie à l'explication
sociologique (Quételet).
AN.U.VSK4. – LA ttlIUIlN ALITÉSUIVANTt*ACIS ET IK KRXB
497
ceci le conduit do la criminalité générale à la criminalité
sllécinle. Il y a des criminalités féminines, non une crimina-
lité unique. M. Grauier étudie successivement la criminalité
maternelle (inlautieide), sexuelle (adultères, crimes contre
l'amanti, acquwthe (vols têmiuim), colltetite (politique;. Son
effort tend à trouver la note proprement fémiuino dans cha-
cune de ces classes de crimes. La méthode
qu'il suit est plutôt
anecdotique que proprement historique. Les dernières pages
du livre sont consacrées à l'étude de la
répression l'autour
cherche comment elle pourrait être différenciée selon les
sexes et s"élèveà cette occasion contre la tendance
égalitaire
qui porte ù assimilera l'excès la femme à l'homme.
Eu traitant de la répression, l'auteur note
l'iulluencequ'ont
exercée sur elle les variations de l'assujettissement de ta
femme. Peut-être aurait-il pu faire
une place cette recherche
dans chacune des parties de l'œuvre sans d'ailleurs en chan-
ger le plan.
G. R.
B.
TIIIVOL(M.\ – Criminalité juvénile. Lyon,
impr. Schneider.

FORMES
QUKI.QUKS PàRTICUMKttKS
DECRIMINALITÉ
Par .M.G.Hiai.inu

C. BERNALDODEQU1ROS. Criminologia de los delltos


de sangre en Espana. Madrid, l'JOO,p. 128, in-18.

L'auteur se propose de ramener à un seul type social, siuou


juridique, tous les crimes de sang distingues, parfois trop sub-
tilement, par lu législation espagnole, d'en faire la statistique
et d'en étudier la répartition entre les classes, les cercles de
culture et les parties du territoire. Cette recherche doit mon-
trer la part des différents facteurs (race, latitude et altitude,
sécheresse et pluie, densité de la population, niveau de la
culture intellectuelle) à la formation des courants homicides
et par suite, elle aide à trouver le remède.
L'induction statistique impose une conclusion indiscutable,
c'est que l'intensité de la criminalité sanglante en Espagne
y
est encore l'indice d'une civilisation arriérée. Toutefois les
causes du délit sont plutôt éthiques qu'économiques. C'est
dans les provinces les plus incultes que la violence des mœurs
– Année sociol., 19O&-190G.
t' DniKiiKiii. 3gg
498 i.'a.nkb soejoLOtnyuE. luos-luou

est ta plus grande. Eu Espagne, le mépris de luvie humaiue ol


l'analphabétisme marchentdo pair.
Peut-être l'auteur s'est-il trop coutenlé d'une élude statique
de l'homicide et u'a-t-il pas donne uue attention suffisante
aux causes de rythmes de la crimiuiilité, que les tables dres-
sées pur lui nous penuetteut de constater. Du 1883 à 1900, le
ehillre de la erimiaalité homicide s'abaisse trois fois, de l;i
façon la plus notable, pour se relever ensuite. De 1883à 1885,
il tombe de 9.127à 7.981 de 1888à 1890,il passe de 9.985 à
8.021 eufin, après ôtre remouléu 8.91 1 eu 1891,il redescend
graduellement jusqu'à 5.4B7eu 1894.
1895 tt.«93
1896 8.«âl
1897 8.i:»t
1893 ¡
8.KTI
1899 9.081
1900 U.337

Depuis lors, on constate uue marche ascendante. A quelles


causes ou conditions peut-ou attribuer ces variations La cul-
ture générale de l'Espagne ne se transforme pas ainsi, non
plus que la compositionethnique ou ladeusitêdesa populatiou
ou que son activité économique générale. Faut-il faire inter-
venir les variations du prix des denrées, notamment le bon
marché du vin ? La question mériterait d'être examinée.
ti.l\.

R. STADE.– DerpolitlscheVerbrechernnd seine Gefan-


gnishaft. Leipzig,DOrflinget Franke, p. 104.
Le crime politique est la lésion d'un droit commise eu vue
de servir uu parti. Il se présente d'abord à t'observateurl'
comme une dégénération de l'altruisme, mais une analyse
attentive y découvre presque toujours l'intervention de
l'intérêt persouuel, sous une forme ou sous une autre. Ni le
droit ni l'éthique ne doivent distinguer le crime politique du
crime vulgaire; sinon, il faut admettre que la fin peut justi-
fier le moyen, qui ici sera tantôt l'assassiuat, tantôt la difla-
matiou machinée avec la plus froide cruauté on vue d'at-
teindre, dans la personne d'un do ses représentants, un
parti que l'ou déteste. L'indulgence accordée au crime poli-
tique, met donc en péril les acquisitions les plus précieuses
de la conscience morale.
ANALVSKS.– FORMESPAaTIUl'LIÊHE!!1>Kt:MMI.\AI.!TK 4<I'J
r~ -1
Ou uo peut davantage songer it assimiler le crime
politique
mi cas (le légitime défense (Notioehr).
L'analogie entre le
révolutionnaire contemporain et le chrétien persécuté roiis
l'empire romain est invoquée à l'appui de cette assimilation,
mais elle uo soutient pas l'examen. En résulle-t-il
qu'il ne
faille pas spécialiser le traitement du crimiuol
politique t
Telle n'est pas la conclusion de Heinbold Stade. Il admet la
nécessité de ne jamais confondre tlaus la
prison le criminel
d'occasion et le criminel professiounet. Le criminel
politique
peut être admis à bénéficier de cette différenciation des trai-
tcinculs, mais elle devrait cesser dûs que l'ou se trouverait
eu présence d'une habitudo invétérée tel serait lo cas de lit
diJIniiinlion professionnelle, si répandue aujourd'hui.
(i. it.

LISZT (V.),hOEFFLEH,KOSENFKU), lUDUHCCH.


– Verbreohen
und Vergehen wider das Laben, Kœrperverlotzung, Frei-
heltsdeUkte. Berlin,0. 1.iebmann.
MATIHAS[\ – Die Sittliohkeitsverbrechen mit besond.
BerUoksioht.der Verirruagendes Oeschlechtsbetriobes. Hor-
lin, Keutcr.
V.XLOS(K.-C. -LaMafia, -\olassobre lu criiniuulidad enSii-ilia.
Madrid.
ULASIO(A.uk). Lamala vita a NapoU. Hicerchedi Sociologia
criniinule. Napoli,l'riore.

IV.– LE SUICIDE
l'Ai»MM.tk-IIKBKUl
Rf tlAlU\v.u:US

H.A. KHOSE,S. J. – Der Selbstmord in 19 Jahrhuudert


nach seiner Verteilung auf Staaten und Verwaltuags-
bezirke, mit eiuer Karle. Freihur^ i. H Herdcr
1). VIIl-lll, iu-8.
Ce travail a pour objet, non de dëtermiiier les causes du
suicide, mais d'établir lu maniera dout il s'est développé au
cours du six" siècle. La recherche des causes est ajournée à
un prochain ouvrage dont on uous promet la publication
coin meprochaine.
BOO l.'AS.NKR SOOIOLOOIQl'K.
10051906

L'auteur se propose surtout d'établir le réel accroissement


des morts volontaires depuis le commencement du six* siècle,
dans tu généralité des États européens, contre certains
auteurs qui l'avaient mis eu doute; en Norvège seule il y a
une diminution constante. Non seuletneut la tendanceau sui-
cide augmente, niais rien ne permet de prévoir qu'elle soit A
la veille d'une régression. Comme le {aitest très peu contesté,
peut-être pourrait-on trouver qu'it y a un peu de luxe Inu-
tile dans cette ample démonstration mais, chemin faisant.
l'auteur tait, en dehors de cette question même, quelques
remarques intéressantes.
Pour pouvoir prouver sa thèse, il a très sagement divisé le
siècle eu trois périodes distinctes qui ne peuvent que dilft-
cilemeul être comparées entre elles, parce que ta valeur des
données statistiques à ces trois époques est très Inégale. Il »
pu ainsi établir que, si le développement du suicide est géné-
ral en Kurope, lu manière dont il s'est développé est très dilïé-
rente suivant les États. L'ordre dans lequel ils se classent nu
point de vue de leur tendance au suicide varie très sensible-
mont d'une période à l'autre. Ce qui frappe, c'est l'éuormité
de l'accroissement que l'on constate en France. De1836 à
1870, la France se classe parmi les pays où la fréquence du
suicide n'est que moyenne, et il ne vient même qu'au huitième
rang parmi ces derniers (104 suicides pour uu milliou).
De 1X71)à !iJl>0,elle passe dans la catégorie des pays les
plus éprouvés, dépassant même la Prusse et l'Empire alle-
mand.
Un autre fait intéressant signalé par Krose, c'est que, si l'on
suit la marche du suicide dans tes dillérentes régions d'un
même pays. au cours de ce même siècle, on observe que la
répartition est beaucoup plus hétérogène au début qu'à la fin.
Il s'est produit une sorte de nivellement général. La consta-
tation n'a, d'ailleurs, rieu qui doive surprendre. A mesure que
les voies de circulation et de communication se développent,
les différences morales qui séparaient primitivement les pro-
vinces s'ellacent; la civilisation, sous tous ses aspects, devient
plus homogène.
On trouvera dans ce livre d'utiles renseignements sur les
sources statistiques dans les différents États et sur leur
valeur respective aux différents moments du siècle.

ED.
AXALTsUU. LU Sl'IClUB 501

ROST (Hans). – Der Selbstmord als sozlalstatlstlsche


Erschelnung KBIn,J. I». Baeliem, 1908,p. VIII-115,in-8°.

Après une introduction où des considérations historiques


et momies sur le suicide sont présentées dans un esprit nette-
meut catholique, l'auteur examine d'abord la fréquence de
ce phénomène dans les différents pays européens. La France
est celui oft il se développe le plus; eu Allemagne, s'il y a
«lécroissauco dans la seconde moitié du xtx" siècle, on note
de nouveau uno forte augmentation de l'JOOà 1903 i la Saxe
et l'Allemagne moyenne et du Nord en sont le principal
foyer i. --Étudiantcomment le suicidevarieil distingue: l"/«
facteurs subjectifs. A. le sexe tics femmesse tuent trois fois
moins que les hommes) Il. tthje. Les chiffres sont ici un peu
divergents pour la ville et la campagne avant trente et uu
ans on se tue plus dans les villes, et, de quarante et un à
cinquante ans, dans les campagnes (où les vieillards sont
d'ailleurs plus nombreux). Les suicides d'enfants augmentent
en France, en Angleterre, dans les grandes villes. Le nombre
des suicides par rapport aux personnes de chaque groupe
d'Age hausse nettement de vingt et un à treute ans (déjà de
quinze à vingt ans chez les femmes), baisse de trente-el un
à quarante, hausse ensuite très nettement, et d'une façon
continue, jusqu'à soixante-dix ans (chez les femmes toute-
fois, dès cinquante ans, il y a diminution*. C. l'état nu
tvf/anl de lu famille (influence du célibat, surtout cher, les
femmes, du veuvage, du divorce). D. /« confession reli-
flieuse. On peut comparer au point de vue suicide les can-
tons suisses, les états allemands, et les villes allemandes (la
grandeur de la ville n'exerce pas d'inllueoeei suivant que la
population est en majorité catholique ou protestante; on
peut, notamment en Bavière, mettre en rapport le nombre des
suicides avec le nombre des membres de chaque coufessiou
(les huit cercles réalisant chacun uu ensemble de conditions
de vie homogèue, commed'ailleurs les villes;: on trouve tou-
jours que les protestants se suicident beaucoup plus, jusqu'à
élever, par l'effet d'une sorte de contagion, le nombre des
suicides des minorités catholiques (plus fort que dans les
régions de majorité catholique) quant aux juifs, en Bavière,
ils se suicident plus que les chrétiens, presque autant que les
protestants. L'auteur célèbre à ce propos l'action moralisa-
504 I.'AXNÉR iVOu-iUOtt
SOCIOLOGIQUE.
triée- de lu confession auriculaire, et du catholicisme en
géuéral. B. In motifs. Ouse tue plus sous l'influence des souf-
frunct's physiques à la ville qu'à In en in pagne on se tue
beaucoup pur folto mais tout suicidé n'était pus (ou. Heller,
à Kicl, a fait l'autopsie do 300 suicides des deux sexes
43 p. 100 étaient irresponsables. 89 p. 100 ue relaient
pus.
18 p. 100 laissaient Incertain. 1) attribue d'autre
part à
l'alcoolisme 47.(5p. 100 do ces cas. Eti/ia il relèvedes troubles
mentaux caractérisés chez 30 p. 100 seulement de ceux qui
tentèrent de se suicider, mais furent sauvés. Les pertes d'ar-
gent, soucis de nourriture, malheurs de famille, influent sur-
tout sur les (eut mesjusqu'à ce point 2" le* facteur*olijee-
tifs. A. U'dfaçon*dieerse»île se tuer varient suivant l'Age (les
eufuuts de huit à douze aus se jettent par la fenêtre, de douze
à quinze uns se pendent», lo sexe (les femmes se noient ou
l'empoisonnent), le pays (on emploie eu Italie et en Suisse
les armes à feu, en Angleterre on s'empoisonne et en France
ou s'asphyxie plus qu'ailleurs), le genre de vie (à la
campagne
ou se pend deux fois aillant qu'à la ville, en Bavière).Ce
qui
frappe, c'est la distribution régulière, chaque année, pour
chaque pays, de ces divers procédés chaque ville, clinque
région, est caractérisée sous ce rapport. B. les Minonsexercent
une influence très nette on se tue plus en mai,
juin et juillet,
moins eu octobre, novembre, décembre, janvier on se tue
surtout au mois de juin; l'auteur accepte d'expliquer le fait
par l'action de la chaleur qui tnet du reste quelque temps à
s'exercer, et aussi par l'accroissement do la tristesse, au spec-
tacle «le l'universel renouveau, chez ceux qui souffrent. Il
mentionne, sans la discuter, l'opinion de M. Diirklieim (que
la longueur plus grande des jours en été multiplie les trotte-
ments sociaux). – 3° 7mfacteur*xociitiur. A. la profusion (il
reproche aux mattres le nombre des domestiques femmes
qui se tuent). B. l'élut milihiiiv. Les suicides sont ici particu-
lièrement nombreux; l'auteur veut eu voir la cause dans les
mauvais traitements, et l'impiélédont leschefsdonnentl'exem-
ple. C. Les tilles donnent deux à trois fois autant de suicides
que les campagnes.– Le livre se termine en forme de sermon.
On ne comprend pas bien quels principes ont guidé l'auteur
daus ta classification qu'il présente des facteurs du suicide.
Pourquoi appelle-t-il les saisons des facteurs objectifs, l'âge et
le sexe des facteurs
subjectifs 'L'individu n'est-il pas, dans
l'un et l'autre cas, soumis ir l'action de lois naturelles (surtout
ANALYSES.
– J.KSUIOIDB îlOà
puisqu'on ne relient ici dessaisons que la température), c'est-
n-dire objectives, au sens de la critique kantienne? – Pour-
quoi les espèces du suicide (poison,corde, etc) sont-elles quali-
fiées, (paiement de facteurs ~ccf)'~ ? Le choix qui en est
fait résulte cependant do préférences apparemment bien
personnelles du moûts, si le subjectif a ici quelque part,
c'est celle-là qu'il conviendrait le mieux de lui reconnaltre.
Mais n'est-ce pas commettre une confusion que d'appeler fac-
teur, au même titre que les motifs même du suicide, le pro-
cédé d'exécution? Ou bien la diversité des instruments
implique une différence essentielle entre les suicides accom-
plis à l'aide des uns ou des autres, et alors il y aurait lieu
d'étudier séparément Atous les points de vue ces catégories;
ou bien elle ne constitue qu'une modalité du suicide, et alors
on doit simplement en rattacher l'étude (dont l'intérêt reste
incontestable) h celles d'autres modalités le lieu (maison,
rue, etc. i, la présence ou l'absence de dernières dispositions,
la maladresse (ceux qui se blessent seulement), etc. – Pour-
quoi ranget-il la situation do famille, la confession reli-
gieuse parmi les facteurs subjectifs? Pour la première, la
confusion est inexplicable; étudiant la seconde, fauteur attri-
bue à la confession auriculaire (on ne voit pas du reste
pour quelle raison) un rôle essentiel mais si la confession
est source d'une transformation morale de l'individu, elle-
même est un rite, une institution sociale, et reutre donedaus
la troisième catégorie.
Pourquoi enlln appelle-t-il les motifs des facteurs: subjec-
tifs ? Subjectifs, ils peuvent l'être en ce que l'individu se tuo
pour des raisons qui le concernent; mais l'auteur remarque
lui-même que la proportion des divers motifs reste constante
ou presque dans un mémo pays, et très voisinede pays à pays
il y aurait donc entre un groupe donué et les motifs qui pous-
sent certains membres de ce groupe il se suicider un étroit
rapport, c'est-à-dire que les motifs devraient, quelque person-
nels qu'ils apparaissent, être considérés comme des produits
sociaux à vrai dire, on conçoit que dans une société donnée
les causes du désespoir se renouvellent avec régularité, et que
cette régularité se traduise dans la constance mêmedes motifs
du suicide. Mais encore, en quel sens ces motifs sont-ils des
facteurs ? Ce n'est pas le désespoir pur et simple qui suinta¡i
rendre compte du sucide, c'est, à vrai dire, une forme particu-
lièretqueledésespoir revêt dans certains cas, quiimplique sans
601 L'*NN£k SUC10I.OUIVUE. 1905-1900

flAlllA
doute Otta
ces tnt\t itn nnttimn rtfttr
motifs /tnnjlSl!n.i.«
comme de? conditions. .«!
mais – ..J
ne résulte point
d'eux seulement. Eu d'autres termes, la coustaneo (approxi-
mative uu reste) qu'où peut noter dans les motifs n'exprime
rien d'autre que lu stabilité dos conditions sociales générales
dans le groupe considéré elle est de même ordre que
la régu-
larité avec laquelle les âges et les sexes fournissent tour cou-
tiogent auuuel au suicide. Ou peut penser que si ces motifs et
ces conditions physiologiques générales jouaient seuls, il
y
aurait dans tous les groupes une égale proportion de suicides;i
mais les vrais facteurs sont ceux qui fout que, parmi les
désespérés de toutes catégories, il se produit dans un groupe
plus de suicides que dans un autre.
Cette confusion et ces équivoques ne sont pas les seuls
défauts it relever dansce livre. Il présente un tableau de neuf
états européens avec les chiffres de leurs suicides et de leur
consommation d'alcool, et déclare qu'il y a entre ires chiitres
une exacte relation (p. 7-1-72) or cela n'est vrai que pour les
extrêmes (Danemark, Angleterre et Norvège), mais ne l'est
pas le moins du monde pour les six autres, Il donne d'autre
part, un tableau des suicides par moi*,distingués d'après leur
cause (trouble d'esprit, et toute autre Il insisté sur la hausse
des suicides de la première sorte aux mois d'été,
pour mettre
au premier plan l'action de la chaleur. Maisla même hausse
se marque, un tout petit peu moins, très nettement
toutefois,
dans la seconde sorte de suicides, où cette action est peu con-
cevable (p. 80). En somme, bien que l'auteur se montre
assez informé, et consacre à l'analyse îles faits la plus grosse
partie de son étude, l'inspiration de cet ouvrage est surtout
pratique; c'est une adaptation des données de la" science où
celles-ci risquent parfois de se déformer.
M. H.
KuDHltiLKZ(F.i. – Influencia del estad; civil sobre el auioidio
en Buenos- Ayrea [Archivesdel'ulquintritt.Criminologia
y Ciencias
Afines'

V. LE SÏSTKMKPÉNITE.VTIAIRR
Par M. G. Richard

BAERNREITHER. <D' J. M). Jugendfûrsorge und Straf


reeht in den Vereinigten Staaten von Amerika. Ein Bei-
ANALYSES. LE SYSTÈMEPKSITËNTIAI1U! SOS

trag zur Erziehungspotitik uuseier Zeit. Leipzig, Duncker


et llumblot, 4905, p. 303, gr in*.

L'auteur de cette importante publication est nutricliieu


visiblement il écrit pour détourner son pays de chercher
exclusivement en Allemagne la solution d'un des plus
graves problèmes posés à la politique éducative de notre
temps.
On peut distinguer deux parties dans l'œuvre de Baern-
reither. C'est d'abord une introduction ou la méthode compa-
rative est appliquée h l'étude tles rapports entre la préserva-
tion do l'enfance et le droit pénal. C'est ensuite une étude
plus complète de la solution qu'ont apportée à ce problème le
caractère optimiste des Américains du Nord et In souplesse de
leur droit public. permettant l'allianee de l'État souverain,
de ln société locale et de l'initiative privée.
Nous retiendrons de cette introduction la comparaison des
institutions françaises, anglaises et allemandes, celles-ci
envisagées au double point de vue du droit et de la pédagogie.
Pourquoi l'auteur a-t-il laissé de côté les efforts de la Itelgique
et ceux de la Suisse? Les efforts et les succès des petits États
sont-ils donc négligeables?a
Dans la seconde partie, les chapitres les plus impor-
tants sont la cinquième (où l'on trouvera une intéressante
histoire des établissements d'Elinirn et de Concord' et le
sixième consacré,à l'Institution toute américaine de la \no-
bation.
L'auteur nous met en garde contre la disposition il croire
que le système dit d'Elmira constitue un adoucissement de la
répression. La discipline éducative qu'il substitue à la disci-
pline purement répressive est ait contraire très rigoureuse, vu
l'inertie mentale et la débile volonté des sujets auxquels elle
s'applique. Quant à la prnhation, elle ne fonctionne guère
qu'au Massachussets c'est une très remarquable application
du principe de la solidarité morale. Maiselle présuppose la
culture protestante, la participation des femmes à la vie
publique, une tradition démocratiquesut yeneris.L'applicabi-
lité de cette institution est donc limitée il y aurait grand
danger à lu géuéraliser inconsidérément.
G. R.
SKCT10N
CINQUIEME

SOCIOLOGIE ÉCCKSOMIQIK

I. – TRAITÉS
ÉTTDB8 OÈXÉRA-LES.
l'ar MM.Fr. Smuxuet M. IUiuvachs

EFFERTZiOm»). Les antagonismes économiques. Avec


une introduction par Charles Asulku. Paris. Giard et Briôre,
19ÛG,XXVlU-8<KSp.,iu-8'\
Dans cet ouvrage M. Efferlï reprend la doctrine générale
d'économie déjà exposée dans une œuvre antérieure, Arlttit
und Mm, est y apportant des compléments et des correc-
tions, et y ajoute une théorie des antagonismes sociaux, et
spécialement économiques, que ce premier ouvrage n'avait
pas systématiquement exposée. Comme la discussion que
nous nous proposons de faire de cette œuvre à coup sur con-
sidérable sera en grande partie faite de critiques en quelque
sorte préjudicielles, nous n'entrerons pas ici dans une ana-
lyse détaillée de tout le contenude ce livre, qui serait souvent,
d'ailleurs, difficile a résumer; et renvoyant pour ce détail à
l'œuvre même, nous ne ferons ici, avant cette discussion,
qu'indiquer sommairement t'ordonnance générale de I œuvre
et ce qui en est nécessaire à l'intelligence des remarques
surtout générales que nous voulons présenter.
Le système de M. Kiïerlza pour thèse centrale et essentielle
le principe que l'auleur appelle principe ponaphysiocratique:
daus tout Lien la science économique doit considérer deux
éléments, le tramil qu'a coûté ce bien, mais aussi et enmême
temps la somme de facteurs naturels, physiques, ce que
l'auteur appelle la tene, qui y est contenue. Ne sont équiva-
lents que des biens contenant la même quantité et do travail
et de terre, ou dont le quotient « travail terre » est le même
un bien contenant une forte proportion de travail et une
faible proportion de terreest intransformable en un bien cou-
tenant une forte proportion de terre et une faible de travail.
En gros, les biens du premier genre sont des biens qu'on peut
A.V.U.VSBÏ. – IÎTUDBS GÉtO?RAM«. ïlUITlis 50"

appeler biens do
fll* fttflit.V de PliitiêVa
culture atet Mttï
qui n(VHiwtnnAn<lnn( A 1s. n.itlMfnni:nÉ.
correspondent à la satisfaction
«les besoins de civilisation de l'homme (exemple un livre) i
taudis qu'au second genre appartiennent les biens de noitr-
riture (aliments, pain, viaude, etc.) qui correspondent à la-
satisfaction des besoins premier» et physiques do l'homme.
Le problème de l'économie est do rechercher comment la
différence entre la satisfaction des besoins obtenue par l'homme
et le travail qu'elle lui coûte sera la plus grande possible. Une
première section est doue cotisacrée à rechercher et à élabo-
rer los formules qui répondent à la solution de ce prublème
pour la société. Une seconde section étudie l'économie des
individus, les procès d'acquisition individuelle, c'esl-a-dire à
la fois d'homme ù nature et d'homme à homme, et pour cela
établit uue théorie de l'échange, avec application aux cas da
répartition observés dans l'économie dite bourgeoise et capi-
taliste. Dans cette double recherche, le calcul do M. Eflerta
s'attache à tenir compte concurremment de l'élément terre et
de l'élément travail et à déterminer ce qu'il en résulte dans
les diflérenlcshypothèseson se pluce successivementl'analyse.
Lu première section étudie les conditions do la pmduelitité,
c'est ù-dire des processus producteurs d'homme à nature, la
seconde étudie les conditions do ta rentabilité, c'est-à-dire des
processus d'acquisition, y compris celui d'homme à homme,
qui, pour l'auteur, n'est pas un processus producteur.
Sur ces bases peut désormais s'établir, guidée par une vue
générale des antagonismes sociaux, divisés en antagonismes
de concurrence et de destruction, une théorie des antagonismes
économiques, spécialement restreinte aux antagonismes ren-
contrés dans lu société présente entre les intérêts des individus
(rentabilité) et l'intérêt de lu société (productivité).
Le livre s'achève par uue section de conclusion pragma-
tique, où l'auteur expose comment le système socialiste pono-
physiocratique réduit au minimum ces antagonismes, et
ind ique les raisons de le préférer à d'autres systèmes.
Ce bref aperçu extérieur ne donne qu'une idée très impar-
faite de l'abondance de matière, soit générale soit spéciale,
accumulée dans ce livre et qui, il faut le dire, n'est pas aussi
bien ordonnée qu'il serait souhaitable pour l'intelligence de
ses thèses. Un homme pénétré d'un système, comme est l'au-
teul\ omet souvent de mettre en tête et explicitement les pro-
positions fondamentales dont il part ou qu'il suppose, et c'ost
au lecteur de faire ce travail de reconstruction analytique
&08 l/AS.NÉK SQUloLuaiQl'C. 190tS-t9Utt

progressive. Un «perçu de ce genre ne donne pus non plus


une idéedu ton de l'exposé, qui passe de phrases abstraitement
techniques et mathématiques a des boutades pittoresques,
a une ironie âpre, à des tirades écrites de verve et volontaire-
ment faites pour heurter les « philistins », ou bien it des consi-
dérations d'ordre éthique et métaphysique, d'uu caractère et
d'un ton sentimental et personuel, qu'on ne s'attendait pas a
trouver au milieu do cette construction scientifique d'appa-
rence. Nous ne pouvons qu'indiquer ces côtés si divers d'uno
«uuvretrès curieuse et nous devons ici concentrer notre étude
sur les grands points de méthode et postulats de théorie
qu'implique la partie proprement économique de ce système.
U. Ch. Andler duns l'introduction qu'il a mise à ce livre et
M. Adolphe Laudry en divers articles écrits l'occasion de
sou apparitiou ont eu raison de proclamer que M. Efferlz était
méconnu et que l'inattention ou l'indifférence du public scion.
tifique pour sa doctrine étaient imméritées. Cette doctrine est
en effet ut) des cllurls les plus originaux qui aient été faits
dans cet ordre de spéculation depuis les doctrines déjà clas-
sées et connues qui, bien que déjà entrées dans l'histoire, se
partagent encore la direction de lu plupart des esprits. Mais
est-ce à dire qu'elle donne, ainsi que le disent volontiers ses
inlrotlucteiirsauprès du public français, une orientation génia-
Itiinent neuve et féconde a lu science économique ? Nous
devons dire nettement que nous no le pensons pas. L'écono-
mie de M. KITertzeslbien moins opposée et mente bien moinss
supérieure qu'il ne le croit et ne le dit, soit il l'économie qu'il
appelle bourgeoise, soit à l'économie socialiste antérieure,
spécialement marxiste. Elle procède de la mémo direction
d'étude, elle repose sur les mêmespostulais; el bien loiu que
que cette direction d'étude nous apparaisse comme la voie
véritableet ces postulats comme la base définitive dela science
économique future, nous considérons que la discipline écono-
mique ne sera proprement science qu'à la condition de prendre
une tout autre voie, et de se fonder sur une tout autre base i
et si l'fvuvre de M. Ellertz se distingue de ces a-uvres anté-
rieures, c'est peut-être par un effort de systématisation abs-
traite intrépide, qui exagère et rend encore plus nets lesviees,
à notre avis radicaux, de tous les travaux de cette espèce, et
par le manque, plus grand qu'aitteurs, de cette somme de
matière positive qui se trouve être mise dans beaucoup de ces
travaux, peut-être illogiquement eu rigueur, mais par une
– iStubesuèxéiulks. trmtiU
ANAI.YSRS. so9
uécessilôde fait confusément sentie, et qui arrive ainsi à en
masquer ou en atténuer l'idéologie fondamentale. Nous avons
déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'indiquer ces
réserveset critiques de principe. Bieu qu'elles ne portent spé-
cialement contre M. Kfïertz, comme l'indique ce que nous
venons de dire. qu'au degré près, nous allons les reprendre
ici. puisque cela parait être encore nécessaire. Nous aborde-
rons ensuite les thèses qui, dans cet ordre général d'étude,
sont propres il Al.Kllcrtz.
1. – « Le système d'Eflerlz, écrit M. Audler, est d'abord
i'ellorlle plus vigoureux qui ait été teuté pour constituer une
nonomiepolitique pure(p. iv) ». Or, si nous regardons au pro-
blème essentiel qui est posé et suivi à travers toute l'œuvre
d'Ëfîertzetqui commande toutes les théories spéciales qui y
sont présentées, il ne parait pas douteux que ce problème ne
soit le problème de « l'optimum de l'économie » (« Le dernier
problème de l'économique qui consiste à déterminer et à réali-
ser roptimuin de récoiiomieou l'intérêt économique.«, p. 34).
Qu'est-ce à dire ? Est-ce que le problème de l'optique paire est
de déterminer et de réaliser la combinaison de lentilles qui
donue la meilleure lunette ? Si l'expression de physiologie
pure était usitée, appellerait-on problème de physiologie pure
la recherche de la meilleure diète ? Est-ce un problème de
mécanique pure que de déterminer les conditions d'une
machine à vapeur parfaite? II y a là une impropriété do
termes initiale et ce n'est pas une chicane de mots que de la
relever tout d'abord, car elle est grosso do conséquences.
f/i Encllet, d'une part, il ne viendrait a l'idée de personne
que, do la science pure et de la science appliquée qui se cor-
respondent, c'est par la science appliquée que l'étude doive
ou même puisse commencer, si du moins elle veut être autre
chose qu'un empirisme, (II peut y avoir un empirisme abs-
trait. et même oserons-nous dire, un empirisme a priori qui
n'en sera pas moins un empirisme.) Avant donc uueéconomie
appliquée, même abstraite, qui traite le problème de l'écono-
mie optima, nous demanderons, même dans l'hypothèse où
cette méthodedite abstraite serait la bonne, une économie pure
propremenldilc, qui traite le problèmede l'économie touteourt,
c'est-ù-dire qui fasse la théorie des phénomènes économiques
pris objectivement eu eux-mêmes etd'un point de vue causal,
et non pas en considération d'un certain but à réaliseret d'un
point de vu» Idéologique.
QIO 1905-1900
I.N.NÉESOCIOLOOIQl'B.

b) D'autrepari, des qu'on s'est aperçuqu'un problème ainsi


posé est un problème do science appliquée, un découvre &ans
peine que, bien loin d'être le problème dernier ou le problème
unique de l'économie, mômecommescieuce appliquée, il n'est
qu'un des multiples problèmesquipeuvent être proposés a cette
science appliquée, et qui sont aussi nombreuxque les lins qui
peuvent ôtre attribuéesou conçues à l'activité économique de
1 homme.M. Elîertzcherche tout le long de son livre, soit pour
l'individu, suit pour la société, les conditions d'une différence
maxiina entre la satisfaction des besoins par lu consommation
des biens et le travail nécessaire a la production do ces bieus
mais pourquoii'écoaoïnieappliquéo n'aurait-elle pasaussi bien
à chercher les conditions d'une difléreuue minima1? C'est la
position du problème qui conviendrait à un ascète ou à une
société d'ascètes. Pourquoi u'aurait-ellepasàse poser de tout
autres problèmes que ceux du maximum ou du minimum de
cette différence,parexemple, le problème des conditions d'un
abaissementproportionnel, ou d'une élévation proportionnelle,
des deux élémeutssatisfuctionet peine àlafois?Pourquoiencore
n'atirait-elle pus à considérer d'autres termes que la satisfac-
tioudesbesoiusetle travail de productiou?L'opliqueappliquée,
en tautqu'optique, n'a pas de raison de chercher dos lunettes

1. M. KUortt, il est vrai. «jutililiu que-lque part il' « Ode absurde »


un homme 'lui entendrait ainsi son intérêt mais île i|Ui'l droit?
L'etudu de l'iulvril't économique de lu société, telle ijue la fait Al. lilVertz,
impli'[Ue encore un autre postulat linuliste. i|ui su trahit uussi dans une
incidente de la prOfiue de NI. An<ller:« 1.inlérét économique est évidem-
ment d'assurer au plus gxund nombre tltr consommateurs le maximum de
biens consommables avi'c le maximum du loisirs l|i. vu a. 1, 'intérêt 0<:u>
m>iuii|Ui.' (If la sm-iétr lui que délini par M. Klftrtz n-viunl it w qui.' lu
diflëivnci.' cnti'O la sutUftiction et la peine soit moyennement, pur finlivida
de cette société, lu plus furte possible mai» c'est une qui-st ion que du savoir
si ton olitieinlm cette moyenne plus forte en assurant une satisfaction
iiuixiiiia en consuiiiination et loisir it un certain nombre, d'individus et
suuli.'iiienl une sutisfaclion liiniléi; & tous les autres, ou bien en assurant
au plusgniml nombre possiblu d'individus I» plus t;rande satlsfuetioii pua-
siblf, mais limitée- pour tous. L'no furmulc lellu i|Ue celle du M. Andler,
ilonr, ou bien est o.|invoi|ue, ou bien n'est nulleineiit évidente. M. ËITertz,
bien <ju"ildise, un un endroit not animent (p. 300), ne pas poser comme un
idéal riiv|)otliêse il'une société à distribution égale, en fuît, raisonne sunn
ces»- eoiniiiu si. dans U: piiiblému de l'Intérêt i-oonoiiii(|uu niuvimum de lu
société ou du l'intérêt moyenmuxiiiiuui des membres du cette société, celtu
hypiitbriu était tu .suuluù considénir mais pourquoi, d'un point de vuu
éeoniimiijuu, te prtihleine ne serait-il pas à poser uui-si bien dans toute»
les livpotiiises de distrihntioii inégale- possible, et un clioit il faire entre
ces hypothèses et l'hypothèse d'une distriliution égule ui)it|uuiuent pour des
raisons économitjuva
A.VAtVSBS. ÉTUDES UÉXÈH.UKS. TRAITÉS 5f| 1

qui ne (iéfunnuul pas, plutôt que des Iuuelles qui délorinoul.


La physiologie appliquée, entant que physiologie, étudier»
imliilérenimeiil les moyensdo produire la mort ou les moyens
de l'éviter. A tout preudre, el mômecommeproblème de science
appliquée, le problème que M. tëllertz, ainsi que d'autres
théoriciens avant et depuis lui, a voulu traiter est donc
choisi entre d'autres uous verrons plus loin si les raisons de
ce choix sont couscieutcs et si elles doivent nous satisfaire
(ci-dessous ni).

H. Faisons abstraction de cette préoccupation à caractère


finaliste inconteslable qui domine toute l'œuvre, et considé-
fous dans ce travail ce qui se*rapproche d'une économie pure
strictement entendue, c'est-à-dire, ce qui tendrait à constituer,
selon les termes de M. Audler, « une science des conditions
économiques qui subsistent indépendamment des variations
de l'état sociat >> (p.ivj. Esl-il vrai, comme le dit M. Audler,
que, conciliant la préoccupation de Rodbertus et celle dos éco-
nomistes psychologues, M. Effertz retrouve, d'une part, les
faits économiques primitifs indépendants de tout régime
d'échange, de tout régime de propriété et do répartition, les
faits et relations entre les laits qui sont vrais dès qu'il y a des
hommes qui essaient do suffire à leurs besoins économiques,
et, d'autre part, les besoins simples auxquels, ou dépit de leur
variété, se ramènent tous ces besoins, et la loi de variation du
besoin (Introduction, même pagei L'économie pure de
AI.Ellertz roule tout entière sur deux notions, terre et travail,
ot une troisième, la uotion de valeur d'usage. Ce sout là en
apparence notions simples et générales, et M. Eflertz semble
ne pas avoir songé qu'il fut nécessaire d'en établir une déflui-
tion précise. S'il l'eût fait, il se fut aperçu que, telles qu'il les
emploie, telles qu'il en a besoin dans sa construction, elles
sont complexes et même confuses, d'une part, et, d'aulre part,
relatives à un certain état historique, i uu certain stade des
représentations collectiveset ne sont nullement indépendantes
de tout état social. Nous retrouverons plus bas la notion de
terre. Pour la notion du travail, elle est eu fait identifiée
avec la notion do peine mais, outre que celle-ci même est
loin d'être simple et générale, et serait probablement rempla-
cée avec avantage par la notion d'eflort, cette réduction du
travail à la peine, qui ne tient compte ni du travail exercice
agréable et devenu normal de l'activité, ni du travail devoir
512 I.ANNÊK SlK'.lOL0(ili)UK iWHMVW

moral ou religieux, qui cependant ont joué et jouent


encore un rôle économique important', ou bien est arbitraire
et subjective, et par conséquentsuns valeur géuéralede science,
ou bien se réfère à une notion do travail qui ne se rencontre
sous cette forme préciseque dans une certaine classe et uuocer
taine société, à l'idée du travail pour l'ouvrier moderne (et
encore ne l'exprimo-t-elle pas tout entière M. KfTertzlui-môme
y ajoutera ultérieurement d'autres éléments, par exemple, un
élémeuUl'Iiouiieuretde déshonneur, p. '290sqq.) la construc-
tion basée sur elle est doue tout arbitraire ou tout étroitement
relative. Quant à la notion de valeur d'usage, outre qu'elle
apparaît très complexe daus les explications mêmes de M. Ef-
itortz 'p. î>l-Si>et combine des éléments divers eux-mêmes
bien mal définis, il est tout à fait arbitraire de lui donner à
titre universel uu râle dans l'économie ([d'en fait elle n'a pas
eu, ou n'a pas eu également partout, et que seule donc une
certaine conception de ce qui doit être, et non de ce qui est,
peut lui attribuer (cf. ci-dessous m).
Avecces notions premières, cette économie, qu'où nous dit
être indépendante de l'état social, a un besoin essentiel, ou eu
tout cas fait un usage essentiel, d'au moins deux lois, une loi
de l'attitude psychologique de l'homme, individu ou société,
dans ses démarches économiques, et une loi des relations éco-
nomiques entre les individus la première est la loi connue
sous le nom de loide l'utilité limite, loi de décroissauce des
besoins à mesure qu'ils sont satisfaits, loi dont M. EfTerlz
reporterhonneuràBernouilli etqu'il appelle d'après ce mathé-
malicien loi de mmmm sortis la seconde est la loi d'échan-
ge connue sous leuom de loi de l'olïre et de la demande. Ces
deux lois sont-elles donc d'une généralité applicable à toute
société humaineet fondent-elles une économiethéorique géné-
rale antérieure et supérieure à toute étude des phénomènes
plus ou moins particuliers effectivement rencontrés dans les
champs divers de notre observation positive? Nous avons
déjà plusieurs fois touché à cette question. Nous reprendrons
ici nos remarques seulement en quelques mots.
ai Quelle que suit la fortune présente de la première de ces
lois, qui en a fait une base généralement acceptée de presque
tous les économistes actuels, ou peut noter d'abord que, môme
1. Cf.notiirmiii-nt
.Marshull.
Thesociali>omililUies of économie chimlnj,
Economie Journal, mardi 1907,<;tl'iUndi*
cili'-eplus loin ilu MaxWi-bôr
(p. iiSSj.
AN.UWIK. – KlfUKS CKXKIUI-KS. T1U1TISS SJ3

admise, dès qu'il faut passer d'uu besoin à un autre besoin et


compiirei' entre eux des besoins différents, ou bien elle reste
purement verbale ou tautologique, ou bien elle a besoin
d'être complétée par des apports de fait
qui indiquent les
valeurs comparative»effectivement établies, et il
apparaît que
ces éléments de fait, sans lesquels on ue
peut dépasser te
cercle de tautologies,dépendent des états sociaux et des diver-
sités de tempset de milieu. Maïs il y
plus. Il y aurait lieude
la ressaisir eu elle-mêmeet de la soumettre a uue
critique
rigoureuse, et l'on s'apercevrait, croyons-nous: qu'elle n'est
pas d'une vt!I'Jté gèué1'llle, elmémc qu'ello est d'unevI'rilé par-
tielle assez limitée; i« que, dans les cas mêmes où elle
s'ap-
plique. elle n'est pas universelle 3° que dans certains cas, au
contraire, existe uneloi In verso *• et surtout que le passage
tic l'application de cette loi dans l'économie individuelle Ason
application dans une économie collective, même encore peu
complexe et peu avaueée,u'est pas fait de façon satisfaisante,
n'est fait qu'au moyen de pétitions (te principe, et
que. s'il
ne l'est pas autrement, c'est vraisemblablement
qu'il ne peut
l'être et que, desqu'ou se place dans l'économie d'une soeiété,
surtout assez développée,cette toi perd à peu près toute signi-
fication. Disons donc.si l'on veut. que cette loiest indépen-
dante de l'état social, mais en ce sens qu'une fois un état
social donné elle n'est plus d'utilité pour nous
expliquer les
phénomènes économiquesde cet état social.
b) Venons à la théorie de l'échange in abstracto et à la toi
do l'offre et delà demande qui en est l'essence. D'abord,
ainsi que nous l'avons déjà remarqué et ainsi du reste
qu'il
est accordé par certainsdes théoriciens qui remploient, le
jeu
de l'offre et de la demande ne fixe pas un prix ab integro au
mieux, il ne fait que ramener ou que tendre à ramener le
prix de marche d'un produit au niveau du prix réel ou de lu
valeur de ce produit dans le milieu donné quel que soit le
nom qu'on prétère, ce prix réel ou cette valeur exprime une
estimation non pas individuelle mais sociale préexistante; et
tant qu'on a pas rendu compte de cette estimation même, on
n'a pas expliqué le phénomène à expliquer. Mais,
pour en
rendre compte, on voit qu'il n'est pas possible de prétendre
se placer en dehors de tout état social. Ce n'est pas tout. La
théorie de l'échange oudu marché contient en elle-même des
implications sociales.Elle est si peu indépendante de tout
(Hat social qu'au contraire elle suppose an état social telle-
_I 'L"IOJ.i-1300.
K. DmKHRiM.– Axiinlvsudol., .n.
33
SU l'.VN'.VKË SUUIOLUOigt'K. l'JOJ-tilUU

meut avancé et spécial que, niAmudans nos sociétés coiitem-


poraines où révolution économique a produit lus milieux
les plus développés et les plus spécialisés en ce sens, il no
s'est p«s encore trouve être complètement réalisé. Nou suule-
meutcelte tlièorie suppose: une appropriation préalable, une
propriété susceptible tt'aliêiiiiliou, susceptible d'aliénation a
ta volonté du propriétaire, l'institution du coulrut par accord
«lesvolontés, et spécialementdu contrat d'éeli;ingo et de vente
(et des faits que nous «vous eu l'occasion de citer, et d'autres
qu'on pourrait présenter eu nombre, moutreutduus combien
cie sociétés et pour combien de parts de la vie économique,
ces diverses coudil ionsfout défaut, en totalité ou ett
partie, et
par conséquent combien la théorie (lui les impliquées! pré-
caire et relative). Mais encore, et ceci il été, je crois, moins
remarqué, culte théorie implique, pour arriver à établir
quelque chose, une certaine condition économiquesdes échan-
gistes, ou au moins de l'un «l'entre eux, très particulière- et
très dépendante d'un certain état social
u'impliqoe-l-clle
eu
pas, ellet, nécessairementque deux échangistes*»!! présence
ttbouliamit « conrfun ishion elfe ne inènoiiiit à rien)? Mais
cela est unehypothèse toute gratuite et illégitime, si l'on no
suppose pas que l'un au moins des échangistes est tenu, pour
une raison ou pour uue autre, d'aboutir, et cette situation u«
peut provenir pour lui que dune certaine condition écono-
mique, dépendante d'un étal social déterminé, et plus exacte-
ment encore duu certain étiilde la répartition. (Je donne seu-
lementici lui exemple schématique simple A veut vendre
un cheval à 400, 1)en veut acheter un à *iO le
prix, nous
se
dit-on, fixera entre 350 et 400. Xon. Si A n'est pas
obligé,
pour une raisou quelconque, lie vendre son cheval et peut
attendre, si Mn'est pas obligé d'en acheter un, le prix pourra
ne pis se fixerdu lotit et aucunéchange n'être conclu. Et si la
théorie signilie seulement que. si l'échange se conclut, le prix
se fixera entre 350 et iOO,elle n'a plus de portée, car elle a
besoin, pour expliquer quelque chose dans les phénomènes
économiques, de supposer »/ue l'échange se (era et non pas
qu'il ne se fera pas;. Enfin cette théorie suppose l'existeuce
d'un marché libre, au sens précis et complet oii l'ont défini les
théoriciens les plus rigoureux de l'école
mathématique, et
est-il besoin de montrer qu'un tel marché absolument libre
n'a vraisemblablement pas encore existé en aucune société
pour aucun produit ou objet de commerce. que les innrcliés
ANAUSI». – liïUDKS OKNKIIAI.KS. înAITKS 5JS

•lin s vu rapproeneni 10 puis dansles sociétés économiquement


les plus avancéescomportent encore des éléments
qui ne les
rendent pas absolument libres en ce sens, et que
justement
1rs marchés les plus couraulset les
plus directement mûlêsàà
la vie économique journalière', à lu satisfaction
propre et
clirecte des besoins, (et par exemple, entre tous, les marchés
de muiiui'wuvrej «usont fort éloignés, même dans ces sociétés
avancées?Y
Une cluctriite construite sur cette double base a donc une
valeur purement hypothétique ,s«/»/ww les
(/tu- phénomènes
économiques soient les phénomènes d'un marché libre où les
IraiisactUuiHsont réglées par l'olïre et la demande et Faction
des hommes uniquement dirigée par la loi
psychologique
énoncée do la satisfaction décroissante des besoins, telle et
(elle chose doivent se passer. Les théoriciens
récents, adeptes
ili' ctetlo méthode, ne nient pas ce caractère essentiellementt
hypothétique et mêmele ineUeittnxnliisitemenl eu évidence1
reste donc, pour les critiquer: là voir s'ils se lien nonl exae-
tementdans leur hypothèse et u'iiitt-odnisent pas iucousciem-
inent. dans le cours de leurs déductions, d'autres éléments
de fait ou d'autres postulais plus ou moinsarbitraires, et s'ils
tirent de leur hypothèse toutes k><déductions possibles sans
choix arbitraire ou a posteriori et à attendre In coufron-
latiou de cette construction avec l;i réalité économique et à
examiner si elle nous en fait ce que nous voulons
i't pouvons y comprendre et à quelleseonditions..Mais, chez
M. ElTertz, il lie semble pas exister, ou en tout cas il ne se
manifeste pas, tino conscience nette de cette valeur purement
hypothétique de toute sa construction. U est vrai qu'il se
réclame expressément, diverses reprises, du droit de simpii-
lieret d'abstraire, de négliger un élèuiottt qui complique ou
qui n'est que secondaire pour suivre d'abord l'élément essen-
tiel et primordial et ce procédé, en ellel, est en principe tout
à fait légitime, mais l'usage en est réglé et limité par ta nature
même de l'objet étudié et par lit fiu de I éludequi en est faite
• t-luiqui voulant expliquer le mouvement d'une locomotive
lirait successivement, poursiini>lilici • l'analyse, abstractiondu
frottement, abstraction des roues, abstraction du charbon,
abstraction de la vapeur, n'arriverait pas finalement à eu expli-
I Oi-jhM. Wulras ilûlitiissiiillïroniiinic]»»litii|ue
puiv lit lluVirii;
do la
'l.'tcniiimttiondusprixsous un ri-niiiH'hypolkêli'iuc deliltre ooneurri'iieo
uloiihu* IKeiiHoiuk
politiquepure,p. »i).
Il 10
Ii I.'aNXIÎK slICIOLOliUJfE. 190ô-t(JO(S

quer grand'cliose. Sans douteM. Etïertz se flatte de rétablir


et réiutroduire ultérieurement un à un les éléments qu'il a
ainsi écarté» d'abord mais il ne le fait pas toujours pour
tous et notamment il ue le fait nulle part pour tous ces
éléments de la vie économique réelle dans beaucoup de
sociétés humaines et inôaiedans tes sociétés économiquement
lus plus avancées dont sou étude, par des postulats conscients
et surtout inconscients, fait une abstraction radicale qui
exigeait uue justification.

III. A vrai dire, si M.Etïertz n'a pas donné cette justifi-


cation et môme n'a peut-être pas songé qu'elle pût être
demandée, c'est, je crois, que, connue j« l'ai déjà remarqué
pour M. Landry ce qu'il élabore et construit sous le nom de
science économique est non pas une élude de l'économie
réelle, mais uue étude de l'économie véritable ce n'est pas
une discipline positke, mais c'est une discipline normative.
Avec plus de netteté et d'intrépidité systématique qu'aucun
de ses devanciers, M. Ellertz distingue et oppose l'intérêt
en» et l'intérêt />»»«<»"/ des hommes (soit individus soit
sociétés) l'intérêt vrai, ce n'est autre chose que ce que
M. Mertx juge être tel, ce qu'il lui parait l'UiSoullIlhle,uUI'fi1al,
de juger ainsi l'intérêt putatif c'est ce que les hommes, les
intéressés eux-mêmes, jugent ôtre leur intérêt, tnais cela ne
fait pas question pour M.Ellertz ils ont tort. Sans hésitation
il assigne pour tâche à la science économique de déterminer
l'intérêt mu" des hommes ainsi entendu si elle étudie
l'iulérét putatif, c'est pour en établir l'eneur, et pas un
moment il ne semble lui être venu à l'idéo que la science
économique aurait peut-être plutôt pour objet premier et
essentiel d'étudier l'intérêt des hommes tel qu'ils l'euten-
dent en (ait9, et non pas tel qu'il nous parait à M. Kflerlz, à

1. Par exemple,approximation pourlaloi du nontransformuliilité


« (p.84),
approximation irftslarge u,!; lu loi suivant luqunllel»»sbiensà quo-
tlonl travuii-k-rro
petit vontIvsbiun* do nourriture,et l«-sbiensà quotient
«ravail-torregrandl'-s biensde culture(p. 89-00)théorie<•exaltée urfe
lu distributionentrele capitalcl le travail (p. 318);supposition,pourde»
faisonsde simplification, i|ii«letravail productifdu cupitulislomoyensuit
••fiaià xuroip.327).OudoncJl.Klfcrl*roclilicWl les résultaisobtenuspur
<-c-9 t
simplifications?
2. Annéesociologique, t. VIII.p. fiHi-.SB.
3. Nousdisonsl'inlùrtl tel que les hommesl'entendenteffectivement,
non pas tel qu'ilsdisentoucroientoux-iut-nius l'entendre.
AKMASKS. – RTUOE* lràNÉ!UI.RS. TOUTES 511

moi ou à mM J** AI lk_ »«l i *s) SI ^ï _m.. I II. A 4 M M


d'autres, qu'ils devraient l'entendre, et qu'avant de
déclarer que cet intérêt tel que l'entendent les hommes est
une erreur, elle devrait conuneucer par le comprendre et pur
l'expliquer, et mémo que c'est I» sa tâche propre, sn tâche
unique, un jugenïeut sur cette façon d'entendre son intérêt
n'étant plus alfuire do science économique, mais d'éthique.
Assurément celte conception dela science économique n'est pas
propre à M- MerU elle date de loin dans la discipline éco-
nomique, et elle a même tellement pénétré dans les habitudes
de travail et les directions d'esprit de tous les économistes
qu'il est très difllcile et très long de s'en dégager et do s'en
détaire. M. Kllertza le mérite d'avoir pris conscience et donné
une formule explicite de cette attitude « A côté do l'intérêt
vrai, il y a l'intérêt putatif. La différence entre l'intérêt vrai
cl l'intérêt putatif déeoulp des erreurs de l'homme. L'absence
d'erreur n'est qu'une coïncidence heureuse. Le cas général
est celui d'une différence entre l'intérêt vrai et l'iulénH
putatif. L'erreur est inlinie. Cependant il y a de nos jours,
et il y a eu pendant toute la carrière historique de l'homme,
une erreur prédominante qu'il faut connaître sous peine de ne
comprendre rien ni à la vie quotidienne ni it l'histoire c'est
que les individus croient que leur intérêt économique con-
siste à augmenter leur revenu net en argent Il (p. 145-140).
Voila un point central et caractéristique, et voilà où le carne»
1ère normatif inconscient de toute cette économie se révèle
pleinement. Bien que ce soit aller contre toute une longue
tradition, bien que cela puisse paraître même aller contre le
bou sens, je crois pouvoir dire, et je pense avoir l'occasion
dans uu travail ultérieur de montrer sur un exemple topique
que s'il y a une erreur ici, et une erreur essentielle qui a pesé
et pèse encore sur toute la théorie économique, c'est détenir
cette croyance pour une erreur sans pour cela retomber dans
cette chrématistique que M. Efferlz écarte avec dédain, ta
science économique, pour comprendre ta cie quotidienne et
l'histoire –je reprends l'expression môme do M. Kfferlzqui est
un précieux aveu, – c'est-à-dire pour accomplir son objet
propre, pour connaître et expliquer la réalité économique, et
non pas pour déterminer un idéal économique plus ou moins
rationnel, doit cesser de considérer, par une appréciation
apriorique et arbitraire qui préjuge de la question môme, ce
fait, en effet capital, comme une immense et universelle
erreur; et ce faisant elle arrivera effectivement, je crois pou-
ttlK L'ANNÉE
.<Oi:iul,ulityl-K.
lUOÔ-IUUU
voir l'affirmer, à s'apercevoir que ce n'en ni plis une, même
du point de vue oti se place ta théorie économique tradition-
nette, passivement suivie eu cela, coniino en plus d'un autre
point du reste, par M. KlTertz.Mais, si cette pierre angulaire
de selconstruction lui est retirée, o» pourvoir combien la soli-
dité totale en est compromise
Au foud je crains que les thèses mêmes ori^iu;iles et propres
de M.Kllertz ne soient viciées de ce mémo caractère normatif
fondamental. Il est exact, et M. Kffertz est le premier &le
dire, même il s'eu félicite, que l'idée mère de sa doctrine
(à savoir que toute la vie économique (le l'homme implique
deux éléments, un élément de matière extérieure, ce qu'il
appelle la terre, ce que les auteurs appellent d'ordinaire la
nature, el un élémunt d'action humaine, ce qu'il appelle, ainsi
que les auteurs, le travail) u'est qu'uue banalité. Cequ'il y a
d'original en sa doctrine est ce qu'il construit sur cette bami-
lité. Mais à quelprix ? Il est exact que lu théorie, longtemps
en faveur, qui rendait compte de la valeur des biens
unique-
ment par la somme de travail incorporée en eux, ne peut. en
tant que théorie explicative des faits positifs, résister à des
objections décisives et maintenir sa valeur générale (resterait
d'ailleurs, au point de vue de l'histoire des doctrines, et pour
apprécier avec justice les auteurs qui lui ont donné le plus
de retentissement, a voir si elle n'avait pas elle aussi chez eux
le caractère d'une doctrine normative plutôt que d'une théorie
explicatrice de la réalité, maisce. n'est pas ici point de
vue). M. KlTertzpense y substituer la théorie vraie en affir-
mant que, dans tout bien, il faut toujours considérer d'une part
sans doute la somme de travail, mais d'autre part aussi lit
somme de terre qu'il représente, et le rapport de ces deux
quantités. Mais sur quoi repose cette affirmation (qui. pour
être répétée avec insistance et sous bien dos formes en tous
les points d'un livre, ne prend pas d'autre valeur que celle
d'une affirmation tant qu'il n'est pas donné de démonstration
a l'appui et quel en est au juste le caractère 1 Est-ceune
pro-
t. O n<;serait pas m» nipontlrcsur eu point i|u<?<rinvo<|uvr Im
|i)?«sino-icsoùM.EITitUiiitlh|uuuxpliuili-iiiuul cumuleéttuil un principe
ilhiquel.l'aillouri,semble-
t-il, urbilrairo)(|in>dans su doctrine|irulii|U»
l>!sinltWtsvraissoienttonuspour sapwioiirs aux instiiicUpululifs.le*
intérêts(iélinitlfsaux provisoires,etc. Carce quisje dis est que celledis-
tinctionopriori.pi«.nièiiieù lilro<rii)-|iotlièi>e
ilonnéepourguidoà l'ana-
la faussedanslo principeim'-nie
lysoi'conciiiiii|uc. cl, l>iunloinde l'aider
a comprendre la réalité«iconomiquo. l'en ompftcliedéllnilivcinent.
.VXU.V>Ki – KTUDIK UKXKHAI.KS. Tlt.UTB» %|ft

position qui veut rendre compte de In valeur dos biens telle


qu'elle leur est elTectivementreconnuedans notre économie?a
A ce compte, I analyses'urrôte a mi-chemin,et il finit, comme
ou l'a déjà fait et comme M. Kllertz uo l'ignore pas du reste.
rcmoulw jusqu'à l'élément de limitation, qui seul, dans cette
théorie, et tant pour le facteur terre que pour le fucteur tra-
vail, détermine en dernière analyse quels biens ont une
valeuret la valeur qu'ils ont. Si ce n'est pas une théorie posi-
tive, qu'est-ce donc Le facteur 'erre et le facteur travail
«mit, nous répfete-t-ou, irréductibles l'un à l'autre, iiitrmis-
formables l'un en l'autre, etc. mais pourquoi ? Pourquoi,
lorsque dans uu bien un certain élément a, par exemple,
est dû à l'exercice d'une activité organique, cet élément a,
dans les considérations de M. KHerte.comptet-it comme
terre, si cette activité organique a etfi le travail d'un bœuf,
ramené a la terre que coûte ce bœuf en élevage et en nourri-
ture, et comptet-il comme un élément tout di Itèrent et irré-
(luctil)le, si celte activité organique 11été le travail d'un
homme, non ramené a IIIterre que tout pareillement coûte
cet hommeeu élevage et eu nourriture? Kst-ceque le calcul
ne serait pas identique et la réduction identiquement la mAnie
pour un propriétaire d'esclaves exact économiste, qui recher-
cherait si, pour une production donnée, il lui est plus avanta-
geux d'employer des bœufs ou des esclaves? Pourquoi est-ce
que,<{i<fKiiNf</>'ntm-oHomii/Hc ;»», le travail del'homme lie se
résout pasenla quaiililéd'aliinents, de matière,de terre, qui est
nécessaire à produire un homme et à l'entretenir en vie et eu
force ? Ktpourquoi donc, de ce point de vue économique pur,
est-ce que l'élément travail ne se ramène pas à l'élément terre,
«t cedernier, du reste, il l'élément de limitation naturelle, dans
la mesure et dans les cas où il y a effectivementet nécessai-
rement une telle limitation ? Pourquoi, sinon à cause d'un
postulat éthique inconscient, ou du moins non explicite, qui
fait que .M.Kllertz donne au travail humain, parce qu'il est
((tort ctpciued'uu être humain, une valeur propre et irréducti-
bleaux éléments matériels et physiques qui suflisent économi-
quement à le produire? Mais ou bien un tel postulat prétend
avoir valeur de théorie positive il n'en peut avoir que si
et dans la mesure oi't on peut nous le montrer existant et
agissant effectivement dans la vie économique réelle, au
moins virtuellement et comme tendance et où donc
M. KfferUa-t-il lait celle démonstrationet comment la ferait-
520 i/vn.nkb socioumiyl-K. IW-WIH»

il générale et universelle, fonderait-il indépendamment de tout


état social comme il le prétend, In valeur positive de ce
principe, alors qu'il n'est peut-être mômepus, oulro d'nutres,
élément objectif des sociétés actuelles les plus élevées? Ou
bien ce postulat n'a que tu valeur d'une allinnutioii senti-
mentale et subjective; et alors toute lit doctrine qui se fonde
sur lui ne prend elle pas elle-même le caractère d'une cons-
truction sentimentale et subjective?'f
J'ui pour qu'il n'en aille pus beaucoup autrement, de l'autre
thèse essentielle à laquelle M. Elferlz altacho la plus haute
importance et dont la méconnaissance attire aux auteurs qui
s'en montrent coupables ses plus méprisantes critiques, lu
distinction et l'opposition de lit productivité et de la rentabi-
lité. H ne s'agit pas seulement dans cette théorie d"ôludier les
divergences possibles de l'intérêt social et de l'intérêt indi-
viduel dans le même ordre d'intérêt. Démarquons que, tout en
ayaut défini une rentabilité vraie < eu valeurd'usage et eoûlen
travail) opposée il une rentabilité putative (en revenu et coût
en argent', notre auteur ne fait l'analyse que de lu seconde.
Dès lors. puisque la productivité est définiepar lui a priori est
valeur d'usage et est coûts terre et travail, il est bien évi-
dent qu'il trouvera des oppositions eutro la réhabilité puta-
tive et elle. Mais, d'un poiut de vue positif, ce n'est là qu'une
pétition de principe, tant que l'on a pas inoutré que l'estima-
tion des biens produits en valeur d'usage et en coûts travail et
terre est l'estimatiou objectivement pratiquée par la société;
etcette démonstration n'est pas donnée et sans doute ne peut
pas l'être. De même, pour l'opposition entre le procès d'acqui-
sition d'homme à nature et le procès d'acquisition d'homme
à homme, qui suppose une certaine définition des biens con-
sidérés comme des produits et, une foiscettedéfini tion expli-
citée, cette opposition n'est qu'uue tautologie. De même
encore, la négation de la productivité de certains processus
s'arrête à des considérations toutes superficielles le dar-
danariat lui-même peut être productif (même au sens de
Al. Ëflertzi, s'il a pour effet de reporter des activités produc-
trices d'une production pléthorique sur une production défici-
taire. En réalité, la condamnation de ces processus, la con-
damnation de l'acquisition d'homme à homme, est éthique
plus qu'économique, mais d'une éthique à demi-incousciente
et qui demeure en tout cas toute subjective, et n'a pas comme
telle de place légitime dans une théorie de science positive.
ANALV8BS. iSTUDBS««NéftALKS. ÏIIAlTlfci Sgt

Itestodonc que cette définition de la productivité soit une défi-


nil ionarbitraire et » priori qui indique simplement ce que
fauteur tient pour rationnel de considérer comme lu mesure
do la bonté vraie d'une économie au point de vue de l'intérêt
rrai des hommes et nous en revenons ainsi
toujours à ces
postulats normatifs htdèmoulrés qui donnent ù toute lu cons-
truction fondée sureux le earactèred'unesiinpledémonstralioH
circulaire. Kt les exemples pourraient s'en multiplier (par
exempte tout le chapitre si curieux et si frappant l'vdOttm-A-i
n'a de sens que si l'on admet d'abord ce postulat d'éthique,
ici toute subjective, que l'iudividu doit rendre à la société
autant qu'il en reçoit). Kt ainsi du reste.

IV. Mais, dira-t-on, ce caractère normatif étant admis,


n'est-ce pas non seulement un oxercice d'esprit légitime
comme tout exercice d'esprit, mais uno spéculation théori-
quement et pratiquement utile que d'analyser, dans l'hypo-
thèse d'un tel idéal proposé a la vie économique de la société,
les dilïérenees entre la réalité présente et cet idéal? Resterait
a montrer que parce qu'un théoricien aura formulé pour une
société un certain idéal économique, et même parce que les
individus do cette société auront pu y adhérer avec leur raisou,
cet idéal aura par là quelque chance d'être réalisé ou réali-
sable si l'ou n'a pas une conception purement « arlificialiste »
de la vie des sociétés, tout ce travail n'aboutit donc à rien
tant que l'on n'a pas établi que. dans la société considérée, les
transformations indiquées sont objeelirementprobables ou
possibles; In preuve faite que notre œil soit un appareil d'opti-
que fort imparfait n'a conduit personnea essayerdes'enpasser
ou de le remplacer; et certain médecin de comédie bien
counu a beau démontrer qu'un bras se nourrit aux dépens
de l'autre, il ne convainc pas le patient qu'il convient de l'en
;imputer. Nous croyons, pour notre part, que môme une doc-
trine téléologique de refonte sociale intégrale, comme est le
socialisme, peut et doit actuellement se fonder sur les bases
positives que fournit à cette heure la science sociologique, et
qu'avant de la dépassor et d'anticiper sur le futur, comme est
forcée do le faire une doctrine d'action, il doit rigoureuse-
ment établir ce que dans cette anticipation il sait vraiment
et ce qu'il ne sait pas et ne fait que postuler.
Mais, cela môme mis à part, il faut voir que eus doctrines,
même une fois admis leurs postulats normatifs, conscientsou
jiï l.'AWKK 190J-19UO
SOUtOLOUIQl'B.
inconscients, n'avancent et n'atteignent a quelques résultats
qu'en appelant sans cesse au secours de tour déduction, el en
y incorporant d'autorité des éléments de (ait, des propositions
positives d'observation sur la réalité économique, qui, par
malheur, et notamment dans l'espace présente, sont loin
d'être établis et peut-être eu ellet est-il diflicile qu en soit
autrement l'attention de l'auteur éluut concentréesur la cons-
truction idéologique, et nos collections de faits économiques
vraiment bien observés et décrits étant encore ce jour bien
incomplètes et fragmentaires, le constructeur pressé non seu-
lement est tenté de ne prendre dans ce fonds que ce qui con-
vient ù sa thèse préconçue et à négliger ou ne pas voir le
reste, tuais encore est forcément incliné se satisfaire d'af-
iirmalions hâtives el sans preuve et de généralisations
grossières et sans critique U serait trop long ici de relever.
dans 1 œuvre de M. Kffertz toutes tes propositions de fait,
nécessaires-â ses raisonnements, qui n'ont pas de fondement
objectif ou sont sujettes à des réserves tellesq u'il est illégitime
d'eu rien tirer de vulable, même a titre provisoire et hypothé-
tique. Nous noterons seulement celles qui sont comme des
nœuds de la chatne si elles ne tiennent pas, rien ne tient.
I" U ne su!llt pas à la doctrine de M. Kiïertz d'invoquer le
fuit, en ellet incontestable, que la terre, que l'élément nature
dont peut disposer l'homme est limité; il lui faut en outre
que cet élément terre soit Mntifvment limité. Il est donc
obligé de reprendre pour son compte la célèbre affirmation
malthusienne que la population croit plus vite que les subsis-
tances et de lu tenir pour une vérité de fait indiscutable;
mais justement elle a grand besoin d'être discutée enfuit, au
cours du xix' siècle, tes choses paraissent bien avoir donné tort
aux prévisions malthusiennes, Il se peut que ce soit une appa-
rence mais il faut le montrer. Il se peut que ce soit le
résultat de contingences mais il faut montrer qu'elles ou
d'autres, analogues d'effet, ne sont pas renouvelables. 11faut
montrer que la limitation de l'accroissement do la population
qui s'observe a des degrés divers dans beaucoup de pays, est
un phénomène restreint, ou peu durable, ou sans effet sur la
déduction eu question, Il faut montrer que. si c'est bien la
mise en exploitation de pays neufs et la révolution opérée
dans les conditions de transport qui ont abouti à mettre en
échec, du moins quant à ses conséquences pratiques, la loi
du rendement non proportionnel, les effets heureux de ce»
ANU.VSt» – KIl'UK* UK\Ktt.M.KS. THMÎI'.S 5g3
~Jl.. __A.
phùnom&nesvont, dans uu avenir prévisible, cesser ou dimi-
nuer, et que dans ce même avenir prévisible le recours ù
des extensions nouvelles est physiquement impossible ou très
limité, et mille ou titîbte lu chimee de nouvelles Ir.insfonnii-
tions techniques ou sociales rendant ces extensions;écouomi-
quement possibles.
i|ucinent H est indnhitabte
possibteit. notre indubitable que lu
ta iju;iiitito
quantité de
charbon existant sur noire globe est limitée; il est dune loi-
sible il un théoricien de construire sur ce fait des spéculations
plus ou ntoius pessimistes eu n'est <{U°uuvain jeu d'esprit
tant qu'il u'est pas établi que cette quaulité limitée sera
épuisée dans un avenir prévisible et iiu'ù ce moment-là
d'autres sources de chaleur ou d'énergie ne lui seront pas
substituantes. De même pour tes subsistances et pour les pro-
duits où hi part de terre est considérable. Kous ne trou-
vous dans nutre autour aucune de ces diverses preuves,
cependant toutes indispensables à sa thèse. Par contre, s'il
avait pousse son analyse de l'élément terre comme nous
l'avons plus haut indiqué, s'it l'avait ramené à l'élément
économique de limitation, et s'il avait recherche tes raisons
do cette limitation, il aurait été conduit ù examiner si
dans cel ordre de production elle ne tient pas, en exacte el
dernière analyse, il ceque la production y impliqueessentiel-
lement des processus organiques, et que jusqu'ici la science
technique de l'homme n'a pas réussi uni n'a réussi que dans
une faible mesurai à pouvoir hâter ou produire à volontéces
processus organiques, ainsi qu'elle a pu et su le (aire pour
les processus simplement mécaniques ou physiques ou chimi-
ques, essentiels a d'autres ordres de production mais qui
oserait dire qu'elle n'y réussira pas et par quelles preuves
définitives? Kt si elle y réussissait, que deviendrait toute lit
fantasmagorie eilcrtzieune ? Kilo ne vaudrait plus que comme
explication du passé de l'humanité mais pour ce rôle même
il faudrait qu'elle fut plus rigoureuse et eut moins largement
simplifié le réel. De raisons d'appauvrissement iudôfiiû non
cont pensable du sol. nous n'eu trouvons de nettement for-
mulée dans notre auteur qu'une seule la restitution au sol
des sels nutritifs conleuus dans les piaules consommées ne
.vernit pas opérée, du moins eu Occident, par ce fait que les
matières fécales humaines sont, pour des raisons d'hygiène,
menées dans les Ileuves et de là dans la mer. « Cet antago-
nisme «entre l'intérêt du présent et l'intérêt dit futur) nous
explique la durée relativement courte des empires oeviden-
524r l.'ASNKB SOCIOLOOIQl'K. 1(1051906

taux et la durée si longue des empires orientaux. Loin pire


roniaiu a été ruiné par la doiieu nuuima qui a appauvri la
campagne romaine, puis l'Italie et la Sicile, puis l'Afrique,
mats qui ta singulièrement enrichi la fertilité de la mer Médi-
terranée et a énormément augmenté le poids de ses poissons »
<p. 245i. On sera peut-être tenté de prendre un tel argument
pour une boutade ou uue plaisanterie à l'examen, je crois
qu'il est sérieusement présenté et qu'il y a lieu par consé-
quent d'en noter l'évidente faiblesse (même dans nos sociétés
civilisées contemporaines la part des matières fécaleslivrées
au tout à l'égoutest relativement très faible et de plus le tout
il l'égout ne va pas le plus souvent à la mer, mais revient au
soli et de le présenter comme un type caractéristique des
arguments de fait dont se contente notre auteur en des points
d'articulation essentiels à sa doctrine.
i' Mais il est peut être encore plus curieux d'observer qu'eu
même temps qu'elle implique une limitation de l'élément
terre à un taux iudémontré, elle implique d'autre part une
illimitntion de l'élément travail it nu degré qui appelle les
plus grandes réserves. Admettons que la théorie de la pro-
ductivité et de la rentabilité et de leurs contlits soit en elle-
même sans objection. Ce n'est établir que sous condition et
sous le bénéficed'une autre démonstration nécessaire la lésion
de l'intérêt social par un certain régime de production que
de montrer que cette production a intérêt à rester inférieure
au besoin social corresponduut. Il faudrait démontrer eu
outre que porter cette production au niveau de la pleine satis-
faction du besoin correspondant n'entraînerait pas d'autre
part une diminution de la production correspondant à un
autre besoin social et par suite une lésion de l'intérêt social1
égale ou peut-être supérieure à la lésion supprimée. Autre-
ment dit, cela n'avance guère de démontrer que pour chacun
des besoins, un régime économique donné aboutit à une satis-
faction imparfaite il faudrait, avant de conclure à une lésion
de l'intérêt social, établir qu'une satisfaction intégrale, ou
même seulement moins imparfaite, pourrait être réaliséecon-
curremment pourtous ces besoins. Or, dans cette démonstra-
tion, qui du reste n'est même pas tentée par notre auteur, on
rencontrerait comme ua postulat indispensable, je crois, si
l'analyse était complète, que l'œuvre productrice sociale put
disposer de l'élément travail en quantité illimitée ou relati-
vement illimitée postulat qui se heurte à beaucoup d'objec-
ANA1XSRS.– ifrUDUSUÉNÉRALIM.TlUITifc 535

tiens de fait. – Et d'autre part, plusieurs des théories de


M. Ellertz ont besoin do no pas tenir compte du fait (applU
cation inverse cependant de lu loi de inensurn sortis) que la
peineaugmente plus quo proportionnellement à la quantité de
travail> car il n'est pas discuté de façon satisfaisante si et
dans quelle mesure et quels cas une augmentation ou une
moindre limitation de satisfaction l'emporte ou non sur une
augmentation ou une non diminution do peine nécessaireà
l'obtenir. Mais, pour en décider, il faudrait des observations
défait que l'auteur n'a pas à sa disposition.
3° Toutes les frappantes oppositions que M. Kfîerlz tire de
sa distinction des biens de nourriture et des biens de culture
reposentsur l'affirmation defait que, dans les premiers,la part
d'élément naturel ou de « terre » est grandeet celle du travail
petite, dans les seconds, inversement, la part du travail
grande et la part de terre petite: le pain d'un coté, un livre, de
l'autre, sont les exemples favoris par lesquels il illustre sa
thèse. A vrai dire, ils sont A.peu près les seuls. L'auteur ai
beau dire que ces propositions sont des approximations
ip. 90i. Avantde fonder tout un système de conclusions sur
une telle base, un inventaire uu peu complet et méthodique
des biens classés par l'auteur en biens de nourriture et biens
de culture aurait été nécessaire. Mais je craindrais qu'il ne
réservâtdes surprises: est-ce qu'une perle qui a coûtéle travailI
d'une plongée renferme moins de terre et plus de travail qu'un
morceau de pain qui a coulé le travail du semeur, du mois-
sonneur, du batteur, du meunier et du boulanger? Kl les
exemples n discuter seraient nombreux. Etquid des biens
qui ne correspondent ni à un besoin de nourriture ni à un
besoin de culture, même entendus largement, ou correspon-
dent à la fois à l'un et l'autre? J'ai peur, que l'autour, sui-
vant une tournure d'esprit que nous avons vu lui être essen-
tielle, n'ait été entraîné ici encore à ne songer qu'aux besoins
auxquels il attache lui-même de l'importance et à oublier de
considérer tous les autres besoins auxquels beaucoup d'hom-
mes en attachent une aussi grande, à ne tenir pour bien de
culture que ce que lui-même reconnaît vraiment pour tel, en
faisant bon marché do beaucoup ou do la plupart des biens

i. Avrai dire, ouun endroit(p. It9), M. Eflerteparait <>n faireum>


abstractionexplicitepour sitnpliflor u (Cfplus haut
les ruisunnunieiito
p. ÎH.V1G) maisil ne les simplifiepas,il en viciotoulnla |>i>H<;o.en
s'abstaitintd'envisager
lespossibilités iiousollun»
<|tiu inriii|iiiT.
52G I.'a.N.NKK sociOLuiUql'g. I90U-J90U

qwV» (ait, objectivement, les hommes civilisés apprécient à


titre debiens de culture; et qu'ainsi il ne pusse à coté du pro-
blème et des difficultés de fait eu se satisfaisant d'une cous-
truction normative toute subjective et arbitraire.

V. – Maisenfin, môme admises toutes les hypothèses, même


accordés tous les faits dont cette construction l'Hertziennen
besoin, que nous c.xplique-1elle donc. au total, de lu réalité
économique 1 (|ucl apport constitue tello pour la science
économique? Nous n'essuierons pas ici dY'ludier si et dans
quelle mesure elle est unecontribution utile et neuveà l'éco-
nomie mathématique la question et In discussion de l'écono-
mie mathématique méritent d'Otre prises d'abord eu elles-
mêmeset indépendamment de iiotreauteui' présent. Nousnote-
rons seulement que cet appareil mathématiqueparait bien à
divers endroits lui faire illusion que, parce que ses opéra-
tions et transformations d'équations sont d'un point à un
autre mathématiquement exactes, la valeur objective des
formules où il aboutit lui apparaît par là ôlre fondée, alors
que toute la question est de savoir si la première équation
n'est pas arbitraire et s'il est fonde il y mettre les éléments
qu'il y met et dansles relations où il les met a ces moments,
M. Kllcrlz procède d'habitude pur aftirniulious mais ces
affirmations ne sont pas des raisons. Nous n'avons pas la place
nonplus de discuter tous les réstiltatsaiixquels notre auteur se
félicite d'arriver pur relie voie et de reconnaître si, confrontés
avec la réalité, ils ont quelque valeur. Nous ne prendrons que
deux exemples. I" l)e sa longue théorie mathématique de la
l'échange, M.KITertzarrive à tirer quelquesloisgénéralespour
les variations historiques des prix, dont le résultat eu gros
est que « les prix des biens de nourriture augmentent, taudis
que ceux des biens de culture diminuent historiquement »
ip. 211-1:2..Je serais curieux de savoir par quels faits statis-
tiques valables l'auteur pourrait vérifier l'exactitude de cette
affirmation de fait. i" De sa théorie du salaire, il tire cette
conclusion que « lesalaire baisse par quatre raisons contre une
qui tend à l'augmentation » (|;i formule est de M. Audler, pré-
face). Je demanderais alors qu'on nous dise pourquoi, avec
la hausse incontestable pt générale des salaires que la seconde
moitié du xix' siècle a vu se produire, la théorie a été contre
dite par le fait. et qu'on nous montre qu'elle ne le sera pas
encore.
ANALYSES. ÉTODKS «KNÉPALKS. mUTKS h'1 i

Nousaurions encoro nombre d observations il opposersur


plus d'un point, et notamment sur toute cotte théorie d<?w
uuUiBonisiiicssociaux il laquelle l'auteur ot les commentateurs
atuichent tant de prix: mais ceci sort des problèmes écono-
miquesproprementdits et par sa généralité relève plutôt d'une
étude de sociologie générale nous ne nous en
occuperons
donc pas ici. Au total, do toute celte personnelle cuuslruc-
lion et de ce grand effort systématique, il nous semble
que h»
profit do science positive ressort assez miuco. « Lelecteur
aura certainement déjù remarque dans ce livre, dit
quelque.»
part M. KHerlz, que les grandes vues sont supérieures »
l'exposition (les détails » i.p. Mil. J'iucliiieniis u être de l'opi-
nion exactement opposée. Les idées directrices de toutecelte
«uuvrouuus paraissent, onI'h vu, n'avoir, an point de vue(l'une
science économique positive, qu'une valeur subjective, arbi-
traire et artificielle, et par suite n'être pas appelées de ei>
côté il être fécondes et d'avenir. Mais, par contre, en beau-
coup de points du développement, on rencontre des observa-
tions pénétrantes, des vues de fait ingénieuses, des suggestions
intéressantes et neuves, mais toutes de détail et dont, par le
défaut de In synthèse toute factice ou il les accroche tant bien
Huemal et par lu prédominance d'une imagination toujours
dirigée vers les constructions idéologiques et finalistes, l'au-
tenr ne tire pas tout le parti qu'un esprit de science pourrait
y trouver.
FhaxçoisSijuami.

IWHKTO(Vufhkdo). – Manualedi economla politica cou


una introduzione alla scieuzu sociale. Milano. societa édi-
trice librnria, 1900»p. xxxvi-u8u.in- 18".
La lecture du nouvel ouvrage de M. Vilfredo l'areto est
déconcertante sous plus d'un rapport. A voir ce livre plus
petit qu'un bréviaire, on pense trouver un résumé, un manuel
courl et concentré et c'est, en plus de cinq cent pages com-
pactes une série de développements touffus, touchant l'écono-
mie politique, mais bien d'autres matières encore, relevés
de figures géométriques, d'équations, de courbes, et entre-
mêlés de citation, d'extraits de périodiques ou de brochures
récentes. Pour arriver à la partie proprement économique,
il faut traverser deuxlongscliapilres. L'un, intitulé Principes
jti'iiénnix. insiste sasusdoute sur le but propre de la science.
52S L'ANNÉE 19Q5-I9UO
SOUIliUHiKiUB.
qui est de découvrir l'uniformité des phéuomènes et leurs
lois, sur le seul critère de lu vérité, l'accord avec la réalité,
sur l'utilité de reteuir les affirmations seules qui se peuvent
vérifier par l'expérience toutefois. dans le corps do l'ouvrage
nous ue trouverons pas des observations et des séries de faits.
muis des analyses d'idées et des notations abstraites. L'autre,
iulitulé Iulroducliuu û lu Science sociale, est ïïïî essai do
définir les relations morales par opposition aux relations
logiques et objectives, et pose In question des conditions
d'existence, dans lit société humaine, des sentiments, institu-
tions, coutumes ou attend que l'auteur va essayer de repla-
cer, dans cet ensemble, les données économiques mais il se
trouve (ju'il fait le contraire.
En réalité, dès le troisième chapitre, il se préoccupe de
définir l'objet de l'économie politique par opposition à tout
cela elle étudie, dit-il, les actions logiques, répétées, estgrand
nombre, qu'accomplissent les hommes pour se procurer les
objets qui satisfont leurs goûts:ou suppose, d'ailleurs, l'homme
arrivé au monmiluiiilnuHenolionejraele dece qui lui convient.
Au terme de cette double simplification, les éléments à com-
biner sont sans doute homogènes, mais trop nombreux pour
qu'on puisse les étudier avec les seuls moyens de la logique
ordinaire il y faut la logique des mathématiques. La
méthode de l'économie politique pure ainsi formulée, l'auteur
l'applique iinmédintementâ l'étudedu problème, fondamental
peuse-t-il, de l'équilibre économique entre les goûts des
hommes (ou plutôt de l'homme, homo economicus) et les
obstacles,fondés sur les conditions les plus générales do la vie
t nécessitéde partager avec d'autres, d'échanger un produit
contre un autre, etc.) il s'établit un équilibre; on peut l'expri-
mer pur une ligne qui joindrait tes points où les goûtse balan-
cent, où lesobstacles s'équivalent; cette ligne est dite la ligne
d'indifférence c'est le fiu du fin de l'économie politique
pure.
Nous n'insisterons pas sur la double exposition, l'une géné-
rale et superficielle, l'autre définitive et poussée, de cette
théorie. Nous passerons également vite sur les trois derniers
chapitres la population, les capitaux fonciers et mobiliers,
les phénomènes économiques concrets. C'est là, dans la pen-
sée de l'auteur, que les principes d'abord abstraitement déga-
gés doivent être mis en œuvre pour l'explication du réel mais
là encore les théories (de Malthus, de la rente, quantitative
AXtUSKS. – KH'IMjS OKNBHAI.RS. TUAITÈS 62»

<lola monnaie, (lu commerce international) tiennent ln plus


grande place.
Ce livre ne nous offre peut-être pas l'occasion la meilleure
d« soumettre a une critique sérieuse lu méthode de l'école
abstraite, sa théorie de l'utilité limite ou de l'ophôl imite, ses
postulat» et conclusions pratiques aussi nous contenterons-
nous d'en avoir signalé le caractère un peu trouble, original
sans doute, paradoxal par endroits l'imagination abstraite
.'t une érudition bieu fantaisiste s'y mêlent en "tout caseurieu-
jt'inenT
Machios Halbwauis.

U'HICIITHALiKuuAnk). La formation des richesses et


ses conditions sociales actuelles. Notes d'économie
politique. Paris, F. Alcau, I#OC.xxvu450 p. in-8".
Ce livre réunit de façon assez curieuse des tendances qui
combleraient devoir s'exclure un souci de science expéri-
mentale otdecounaissauces (ondéessur l'observation des faits,
et un attachement, que l'auteur ne semble pas avoir éprouvé
par une critique intégrale, a des thèsesqui. pou rétro tradition-
nelles dans l'enseignement économique, ne sont pas pourtant
objectivement fondées ou bieu procèdent d'une méthode oppo-
sée a la méthode expérimentale véritable un scrupulo
(l'information variée et étendue, uu soiu de connaître les
lliésesadversesou divergentes, eten mômetemps une attitude,
sur plus d'un point, qui semble un sirotait que la discussion
uu l'extension des faits connus et desopinions ne peuvent que
«litlicilement modifier l'idée, souvent précise et explicite.
•le toutes les études de fait «fui, en presque toutes les théories
>le la science économique, restent à accomplir ou même à
i'iitreprendre pour qu'une théorie positive puisse être vain-
blement fondée, et de la réserve scientifique qui d'ici là doit
-imposer aux conclusions, et eu même temps, en presque
tous les sujets, la formulation affirmative et sans restriction
•le l'une des solutions entre lesquelles justement ces études
••iicorea faire permettraient seules de choisir en rigueur, et
notamment la présentation, sur presquetous les poiuts.decou-
clusions pratiques qui supposent résolus des problèmes décla
tés ouverts. Que la tendance de ces couctusions et de ces
directions pratiques soit telle ou telle ne nous importe pas
iiu point de. vue
~mnW mas auo méthodologique
amcvaavW nv6u~uu eu '1.1t~"JtI"
ou direction
quelque U11-GCLIVO
t'.t)t)t.Ht))!'o–Annt-t-<"<-))').. 11Jf);¡-IIIOIl, 35
530 UWi-1'JOtf
L'ANNÉESUClOlOlUOi'K.

quelles soient, elles out justement ce défautque, sur les mômes


bases, des conclusions différentes ou contraires peuvent être
('gaiement établies. Il sera utile de voir, sur tous tes principaux
points d'une science économique théorique et appliquée
successivement passé» en revue, à quoi aboutit cette alliance:
Production, vuleuretprix, rente, intérêt, monnaie;– Richesse,
luxe, capitaux et revenus, propriété, salaire; commerce et
liberté des échanges ressources publiques, impôt, dette
crises et leurs remèdes-, – L'État et.ses fonctions, la justice
sociale, solidarisait1, socialisme, etc. Luissaut de coté, comme
nous le faisons, on le sait, toujours ici. la part de doctrine
d'application, nous aurions, sur lu classilicatiou des matières
de science proprement dite que ce plan met en évidence, à
répétmles observations que nous avons eu l'occasion de pré-
senter à diverses reprises et qui nous ont servi à loudei' le
plan ici adopté nous ne les reprendrons donc pas il propos
de cet ouvrage et indiquerons seulement que, cela mis il part.
un lecteur déjà informé et averti pourra retirer du profit des
indications, faits, renseignements réunis dans ce travail.
A vrai dire, ce sera surtout de la part négative ou critique. Pour
la part positive, ce que nous appellerions lit direction sociolo-
gique, ce qui seul pourrait renouveler et assurer les bases de
la théorie économique, bien que soupçonné et effleuré par
endroits i par exemple,dans le chapitre sur la valeitrel te prix,
dans le chapitre sur l'Étal et la conscience collective:, fait est
Sommedéfaut dans l'ensemble, et il nous suffira de noter que
M. d'Eitchtbal range M. Durckheim fv/Viparmi tes sociolo-
gites organicisles, entre Schipffie et Novicowet Wonus, pour
indiquer qu'à cet égard l'information de fauteur est fortement
en défaut.
V. S.

BENOISTiChaiilks). – L organisation du travail. <Lacrise


de l'Étal moderne Tome I. Le Travail, le Nombre et l'État.
Enquête sur le travail dans la grande industrie. Paris, Plon-
Nourrit, 1905, 400 p. iaH".
Ce n'est guère moins qu'une philosophie sociale complète,
théorique et pratique, que, si l'on se rapporteà llntioduction,
cette œuvre pense arriver. Une révolution économique et une
révolution politiqueont décidé de l'orientation de notre société
contemporaine: le Travail d'une part et d'autre part le Nombre
– ISTl'Dg*
ANAMSgS. OÈCdlUMU.
TIUlTlSS H3i
I~
sont devenus les éléments dominateurs de celle société et ont
prise grandissanteHtlrl'Kliit. Étudier letravuilauuquadruplo
point de vue, travail eu soi. circonstances du travail, maladies
du travail, thérapeutique du travail, est. l'objet de e<Houvrage.
Mais, par des réductions successives, et après que l'introduc-
tion s'est passéeen do vastes exposés sur la transformation du
système économique, la transformation politique et l'avène-
ment de la démocratie, le mouvement des idées politiques et
sociales au cours du xix" siècle, la tendance de la législation
et l'action de l'Klat trnnformées par l'avènement du Nombre,
le corps mémodu livre se trouve finalementêtre, non pas l'é-
tude du travail en général, mais l'étude du travail dans uu
seul pays, la France, et même, dans ce pays. d'une branche seu-
lementdela production, t'iudiistrie.dansi'iitdtistrieelleuieme,
l'étude (fe la grand" industrie seule, dans cette grande indus-
trie, l'élude seulement des principale* industries, cl, pour
chacune de ces industries, seulement uue monographie des-
criptive d'un seul établissement ou d'un seul groupe produc-
teur, sur un plan uniforme et sobre qui considère successi-
vement . L'orgauisation du travail, les conditions du travail,
durée du travail, salaires, modes do rémunération, etc. Dans
ce volume sont contenues les éludes de cette sorte relatives
aux mines, à la métallurgie, à la construction mécanique, à
la verrerie, à l'industrie textile. Si l'on trouve dans chacune
d'elles uu certain nombre de renseignements et données de
fait, d'ordinaire assezbien choisis et non sans critique, souvent
provenant d'une information ou d'une enquête personnelle,
si l'on retrouve les qualités d'observation des éludes anté-
rieures de l'auteur dans uu ordre de fait analogue, il est
cependant difficile sur ce premier volume d'apercevoir com-
meut viendront se joindre tes autres parties indiquées, ce
qu'elles seront, et comment une synthèse à portée générale
pourra être tirée, ainsi qu'on nous l'annonce, de toutes ces
particularités ainsi simplement juxtaposées, et de caractériser
au juste les procédés et la valeur de la méthode d'étude adop-
tée par l'auteur. Il est donc préférable, avant de vouloir juger
ce travail, d'attendre la fin de Puwvre.
F. S.

SKMfi.MAN (KmviN It. A.). – Prinoiples of économies, witli spé-


cial référenceto amertenn conditions,l.nmion,l.onjfmans.ID05.
xv-613p., in-8 (Butinesindications bibliographiques
fri'-ncruU's.
S3a 190:>-t90ti
t/ANNKKSOCIOI,ll()lt>CK.

Effort d'organisation nouvelle de I» iimlk-re. A cùté de partie»


assoit neuves et sauf une utilisation anse» originale de IVxjJé-
rienvenmérienine, le corps théorique reste plus attaché qu'on
aurait pu s'y attendre aux positions traditionnelles «le l'École).
l'KICK (1.. L.}. -The etudy of économie history. EconomieJourn,,
mardi 1900. p. 12-32'Kfforl métbodoluffique).
l'EI'TV (William). – Œuvres économiques- Trtid. de l'ungluia
par II. Diisaauze et II. l'usquier. l'rél'ave de Albert Suhalz. l'aria,
(iiard et Hrière. 1005, 2 vol., \x-728 p. in-fc"(traduction ulile).
IIA1.DAM-:(ll.-H. – Modéra logioians and eoonomlo méthode.
Iiconam. Jonc»., thV. 1905, p. 4O4-UO4.
i:OLSON (('). – Cours d'économie politique pnift'ssô à l'Kcole
des putilselohaussi'e». t. III, t r0 partie.Leslinances publiqucHcl
le budget do la Franco. Paris, (iiiilluiiinin, 1905. 447 p., in-8.
(Cf. les C. lt. des lûmes précédents. Année sociot., t. VI, p. 449.
50 et t. VIII, p. aaO-22).

S«:H.MOLLi:U;T,rtTAV – Principes d'économie politique. Trad.


française par (J. l'Ialon, t. III et IV, l'ari», liiard et llricrc, 1905-
i»0G, OUI et O| p. iii-8.
WKIHCU(Max). Roscher und Knies und die logisohon Pro-
blemen der historischen Kationalôkonomie. Il, IW.Svlimolkr's
x
Jltb.. 10US,4, p. 8!)-IS0et 1900. 2, p. 81-ISO.

SMITH (Uoiikht 11). Thé measure of industrial eoonomy or


the science of économie industrial production. Hcoiwm.Journ.,
mairli 1900, p. 32-05Kffort puur délinir avec précision la nolion
et indiquer tes conditions d'une théorie de cette mesure).
l)U<:ilt(Kahl). – Neuere Schriften flbertheoretisebe Natlonalo-
konomie. Arch. f. Sozialuùs., XXIII, t, p. 128-37 (Hevue uritique
utile).

II. SYST1CMES
KlîUXOMIQUKS
l'ur MM.li. Boupgin.
M.Il aliiwai;»»
et HKihianii.

SALVIOLl(G.i. – Le capitalisme dans le monde antique.


Études sur l'histoire de l'économie romaine. Traduit sur le
manuscrit italien par A. Bonnet (Bibliothèqueinternationale
d'économie politquej. Paris, Giard et Brière, 1006, 82 p.,
in-8\

L'antiquité est-elle vraiment parvenue à uu système éco-


ANALViiKS. – SÏ*TÈUB* ÈCDSOMIQ0KS 533

_ev a __w. 1
nomique très pareil à celui de notre économie moderne, ou
bien au contraire en est-elle restée à un système moiusu vaueé,
celui de l'économie familiale ou tout au plus de l'économie
urbaine, dans la terminologie de Bûcher ? Mors que, avec
Hûcher,presque tous les économistes antérieurs et postérieurs
qui s'eu sont occupés tiennent lu dernière thèse pour hors de
(|uesliou, les historiens de l'économie admettent volontiers
la première et la détendent même aprement parfois (cf. les
polémiques de von Uelow contre Bûcher) et se plaisent il
signaler les analogies entre l'économie de la Grèce ou de Rome
et notre système économique actuel. C'est ii vider ce débat
eu posant mieux et traitant plu» exactement lit question
que M. Salvioli a voulu consacrer ce travail ce n'est rien
prouver contre les économistes que d'établir que dans l'anti-
quité il y a eu dr l'industrie, du commerce, du capital ce
qu'il faut savoir, c'est la place qu'a tenue cette industrie, ce
commerce, ce capital, dans l'ensemble de la vie économique
antique; ce qu'il faut examiner, c'est si le capitalisme pro-
prement défini a trouvé dans ces sociétés les conditions
nécessaires à son existence et surtout à son développement.
Étant posé que l'économie capitaliste est « ce mode [nous
dirions régime, de production qui se fait sous la domination
et la direction du propriétaire du capital ip. 10; et que
les conditions eu sont « une classe qui a le monopole virtuel
des moyens de production, une classe ouvrière privée des
moyens de production, un système de production en vue de
l'échange sur un grand marché » (p. 18), M. Salvioli va
rechercher si ce que l'on peut ou veut appeler le capitalisme
antique, spécialement dans le monde romain et à l'époque de
la concentration de la richesse du monde à Rome, se rap-
proche de ce capitalisme, moderne et en présente les coudi-
tions caractéristiques. Pour cela il étudie les origines de cette
richesse romaine, il en analyse la composition et la formation
parle capital mobilier et son emploi en prêts, usure, etc.,
par les placements fonciers et la concentration de la pro-
priété terrienne il note la part subsistante et l'importance
de la petite propriété. L'organisation do la production reste
dominée par le régime de la production domestique, ou par
celui du métier, exclusifs de la grande industrie. La produc-
tion agricole présente également des caractères propres.
Ht le capitalisme que l'on peut rencontrer alors diflèrc pro-
fondément du capitalisme moderne « ce capital est utilisé à
S3i 1,'aSNKBSOCIOtUOIOUB.
iWKMt>06

des emplois improductifs, à l'exploitation des paysans, à des


prêts usurairesaux propriétaires, à lu terme des douanes, des
impôts, au change des monnaies, aux opérations financières
avec les rois tributaires. » L'activité dos capitalistes romaius
ue produit pas; elle ne crée pas des valeurs (p. 241). La cons-
titution économique do cet ensemble n'est pas simple au
système familial, à l'économie naturelle, dont l'importance
reste toujours grande, s'ajoute uno économie urbaine, et
des phénomènes d'économie monétaire très notables mais
deux faits en donnent le caractère ditléreutiel « l'absence
chez les juristes do lu notion de capital comme source
indépen-
dante de biens, comme facteur de production; l'absence de
toute règle juridique sur le travail libre, à laquelle corres-
pond dans tes langues classiques l'absence d'un mot qui
traduise exactement l'expression travail » (idée moderne de
travail où sont liées l'idée de fatigue, de peine et l'idée de
fierté, p. 275). Enfin M. Salvioli nous donne une vue de la
transformation économique profonde qui marque ta fin de cet
empire, le manque croissant de numéraire, phénomène
curieux dont toutefois il ne nous explique pas suffisamment
les raisons, et qui amène un retour à l'économie
naturelle, le
bouleversement des grandes situations, la disparition de l'es.
clavage, la constitution d'une classe de petits propriétaires
fonciers, le renforcement de l'artisanat, etc. Après toutes ces
études, intéressantes et claires, la conclusion de M. Salvioli
présente des généralités assez peu nettes la réalité histo-
rique est complexe, ne se laisse pas ramener à des for-
mules, il y a des différences entre des phénomènes analogues
rencontrés eu des sociétés et à des époques diverses; tout
cela n est pas nié par nous, mais n'entame
pas la légiti-
mité ni des études comparatives ni des constitutions de
types, si elles sont faites avec ta critique qui convient. Il
vaut mieux retenir surtout de cette conclusion les
proposi-
tions limitées à l'objet précis du travail l'écouoinie
antique
n'a pas connu les conditions du capitalisme moderne et
par
suite n'a pas connu ce capitalisme ni ses
conséquences.
C'est ainsi uue contribution au problème général du
rap-
port des systèmes économiques avec les régimes de la pro-
duction.
cF. cS.
A\msK«. – SÏSTèMBS litU»!(0MK>UK4 535

C.YHO(Gkokuks). Beitrage asur alteren deutsohen Wirt-


schaftsgeschichte und Verfassungsgeschlehte. Leip-
zig, Veit et C", 1903, I3â p., in*.
.M.Caro, spécialisto d'histoire suisse, réédite sous ce titre
sept études parues antérieurement dans des revues d'érudi-
tion. Ces études sont très courtes, traitent de sujets voisius,
concernent le même habitat géographique, d'où des redites
inutiles M. Caro eût dri bien plutôt consacrer ses efforts à
«ystémnliiserdaus un travai) d'ensemble les résultats minus*
«îles de ses dissertations. Quant nu sujet même do ces disser-
tations, c'est le régime domanial à l'aube du moyeu âge daus la
régionde Saint-Gallet de Zurich ou trouvera là-dessus un cer-
tain nombred'indications daus 1. Die GrundtmsilzwleiluHfjm
iler .Vardmtsckweteund den ungmtsendena lamaun indien Slam-
mesgebietenzur Knrolingerseit IV. Xur Agmrgexcbtchtt der
l~rdoslxeheveismulaugruu~.eurtma(~rGiete routlOLis,;ctrnl~.laltr-
nnderte; VI. Xur(letehichteder (Inmilhemeha/'t in derAonlosl-
trhweis; \ll. XurVerfimungs-utiilU'irtsclialhueschichtedesKIon-
/</*ShtSiillen, vornchmtifh tain 10.bis mm13. Jahrhitnderli'. –
l)o l'analyse des diplômes et autres documents d'archives,
M. Caro ne tire pas grand'chose de nouveau il essaie bien
d'établir quelques inductions sur la proportion du nombre
des donations faites à l'Église portant sur un ou plusieurs
lieux, avec ou saus serfs; mais que vaut cette statistique
l'iiibryonnaire, quaud nous avons un nombre ridiculement
restreint de textes, et alors quo M. Caro lui-môme veut ex-
clure l'hypothèse de la reconstitution économique du passé'?
Les faits les plus sérieux qui tendent à se dégager des dis-
sertations de Af.Caro, c'est la persistance des libros à l'épo-
que carolingienne et lu lenteur de l'évolution, sociale peu de
différences, au point de vue du rapport des classes, entre le
ixr siècle et le xn" ce qui, entre ces deux époques, a
changé en Suisse, ce sont les formes politiques (développe-
ment du pouvoir des chefs locaux, du lien fédéral, de la pro-
priété des cités); tnais est-il vraisemblable que ces transfor-
mations politiques ne recouvrent pas des transformations
sociales ? Uece que AI. Caro, ne l'ait pas vu, il ne s'ensuit pas
que cela n'ait pas été.
Cl D
G. B.
ùHi 1,'aSNKK SOCIOLOUM'K 1903-1900

FLIMM (Hkiim.v.s.n).
• Der wirtsolmftliche Niedergaug
Freiburgs i. Br. und die Lage des stadtischen Grund
elgentums 1m14.und 18. Jahrhunderten. Ein Beilrag zur
Geschichte der gescblosseneti SladtwirUcliaft- Kurlsrulic,
Urauu, 1908. p. 180, ia«» iVolkswirtschaM. Abliamtl. der
Badiscben Ilocliscliuleii;.

Dit us les pays occideutaux. ou constate au xv"siècle une


décadence des villes. ("est vrai delà France ce l'est de l'Alle-
magne. Mais eu France, on n'a petsencore étudié scientifique-
ment le phénomène, tandis qu'eu Allemagne, derrière Hegel,
Sohni, K. liiiclier et Sombart, un groupe d'énidits ont essayé
d'analyser ses causes. Pour M. Flumiii, dont le travail est
rigoureux:, minutieux, profondément érudit, ce phénoiiiène
est caractéristique du passage de l'économie urbaine» l'econA-
mie nationale. Le droit de marché accordé en 1120a Frihourg
détermine le développement de lesclasse des mercatoivs ce
commerce, surtout celui des céréales et du bétail, les enrichit:
dans la ville. libre, les étrangers aiiluent, la Population est
abondante, la rente foncière élevée. Le point culminant de
ce stade de développement est attetut en 1300. Mais en dehors
de la ville se sont développés des pouvoirs seigneuriaux qui
tendent à lutter contre elle, à organiser une concurrence de
cites secondaires, qui drainent unelarge' partie de la richesse
jadis absorbée par Fribourg. Friliourg doit se défendre au
régime de la liberté, succède le régime de la corporation, de la
réglementation Aoutrance, qui aboutit à faire reculerle c h i (Ire
de la population, àdimiuuer lit rente foncière, ù augmenter
l'importance des biens de main-morte. Ces diverses proposi-
tions sont développées et prouvées en deux livres, dont le pre-
mier est consacréà déterminer lescauses de la décadence, la
régression de ta population depuis la fin du xiv* siècle jusque
vers 1300, environ le travail statistique de M. Flfimm, ses
précisions, surtout sa prudence sont tout-à-fait dignes
de remarques. Le second livre concerne un autre aspect
de cette décadence, la diminution de la rente foncière; ici,
l'érudition de M. Flamm n'est pas moins sûre, précise, minu-
tieuse, tirant spécialement parti de la liste des ventes d'im-
meubles à l'encan et des ventes libres grâce à son analyse.
il peut critiquer la thèse de Sombart sur la formation du capi-
tal isine non seulement les mercatom sont des capitalistes
– SÏSTÈMKS
ANAI,¥SB«. ÈCONDUIOUBS 837
avant ue posséder la terre, c'est-à-dire avant d'ôtre rftwnnim
devenus
des nobles, mais il faut reculer aux xi*et xir siècles
l'époque
de lu plus grande élévation de la rento foncière,
que Sombart
lixait entre 1200 et 1400.A la fin de ce que I1»» est convenu
d'appellw le moyenâge, il s'opère à Krf bourguncertainnombre
de reformes, dont AI. Flumm no dit
pas si elles sortent de la
conscience précise de la décadence survenue ou de tendances
idéologiques particulières leur 4tlture incohérente prouverait
que ces réformes n'étaient que des expédients conçus et exé-
cutés au jour le jour (I. Il, ch. nu la déprécialion de l'inté-
rèt, l'établissement du droit de se racheter des rentes perpé-
tuelles, I» défense d'abattre des maisons, ta lutte contre le
développement delà main-morte, telles sont les réformes que
les corporations Jribourgeojses croyaient
aptes à urrôtor leur
ruine. Cette ruine, déterminée par des causes externes et
générales, était incoercible. Si un certain nombre de villes,
est Alleniiigo.en ltalie, ue l'ont pas subie, c'est qu'elles étaient
plus fortes que les seigneuries féodales, sorties elles-mêmes
d'autres conditions sociales; les plus fortes ont monopoliséle
commerce, et ont constitué, en Allemagne, la Hause, les plus
plus faibles sont devenues les capitales peu vivantes des
princes territoriaux. Ainsi l'étude de M. Flamm rejoint les
travaux de Geeriug pour Baie, de Schmoller pour Strasbourg,
rie Strieder pour Augsbourg;surtout, par sa précision scieuti-
lique, elle renforce l'hypothèse de K. Iïucher sur la succession
des systèmes économiques, et donne l'exemple de travaux
analogues sur la « geschlossone Stadtwirtachaft », dont les
caractères spécifiques sont parfaitementétablis ici.
G. B.

IIKYNEN (R.) Zur Entstehung des Kapitalismus in


Venedig. Stuttgart-Berlin, Cotta, IU0S,p. 139, ia-8>.(Miiu-
chenerVolkswirtschaftliche Sludien, ligg. vouL. Brentauo
u. W.Lotz,7 1 ).
Ia thèse de Sombart' sur les origines du capitalisme a été
édifiée avant qu'aient été produits les travaux d'analyse qui en
devaient être la base nécessaire; et, par malheur, les travaux
d'analyse qui sont aujourd'hui publiés en Allemagne ont pour
objet apriorique de discuter ou de renforcer la thèse de Som-

1. Aniu'exociolngique.i.
VI. p. «3 Cf.t. VIII,p. »i|.
538 l'anvkk sociolomouk.190i-l90B

biirt. C'est un peu le cas de l'étude de M. Heyuen, qui, à


la suite do Simonsfeld, Kretschniayr, tlartmaun, Daniels,
Selimeidler, Fuulu, s'en est pris à l'économie ancienne de
Venise, surtout pourcritiquer la thèse de Sombart. II est vrai
que son étude repose sur une documeutution riche, sur l'ana-
lyse précise et exacte des textes, de sorte que le défaut de
méthode signalé plus haut est compensé par la minutie de
l'argumentation. 11en ressort qu'à Venise ce n'est pas la rente
foncière qui a constitué le capitalisme. Le sol n'a été acquis
que lentement par les familles riches et les monastères des
rentes en nature, il n'était pas possible aux Vénitiens de tirer
«les capitaux d'entreprise, elles servaient it l'entretien des
habitants, et dépassaient si peu leurs besoins qu'ils dureut
chercher ailleurs des moyens de subsistance. Exportant le sel
de leurs salines, ils organisèrent des flottes, qui devinrent un
«Mémeutimportant dans les combinaisons politiques des puis-
sauces de l'Adriatique, qui furent surtout le lieu nécessaire
entre l'Orient et, par Pavie, l'Europe occidentale. Le premier
traité de commerce de Venise avec Byzance est de (.>9t.
En 1082, les Vénitiens ont le monopole du commerce dans
l'empire d'Orient à partir de 1123,ils possèdent des comp-
toirs dans les cités asiatiques; ils dominent si bien tout
l'Orient, qu'ils utilisent à leur profit les croisades, aboutis-
sant normalement il la spoliation des empereurs grecs. A cette
date, il y a longtemps que le capitalisme vénitien existe les
dates de Sombart sont de bien loin devancées.
A l'élude générale du développementéconomique de Venise,
M. Heyuen a joint, dans ses chapitres iv et v, une étude sur
l'organisation intérieure du commerce maritime dans cette
ville. C'est un autre sujet. M. Heynen le traite toutefois avec
érudition et clarté. A ta catégorie des entrepreneurs (mtreator,
louant une place pour lui et ses marchandisessur un navire;
tioceltiem, capitaine et commerçant, propriétaire du navire
faisant le commerce), il oppose celle des capitalistes, généra-
lement organisés eu sociétés de crédit selon trois formes juri-
diques assez bien déterminées, Vimprestitum, ou prêt à la
grosse, la rwjudia, commandite où le capital reçoit les 2/3
des bénéfices, la collegantia, véritable société commerciale.
La eompagnia est autre chose c'est une société temporaire de
parents et alliés, opérant en plusieurs endroits cette forme
juridique d'association tend à disparaître devant le facteur,
employé salarié de l'entrepreneur ou du capitaliste. La des-
AXUVSRS. – SYSiftUK* ÉCONOMIQUE* 530

criplio» concrète de lu maison des Mairono, au xn* siècle,


permet de mieux saisir le mécanisme analysé par M. Heynen
et d'exclure, avec lui, la classification trop rigide de Sombart.
tt. B.

MANTOUX(Pauj. – La révolution industrielle au


XVIII" siècle. Kssai sur les commencements de la gruiule
industrie moderne en Angleterre. Paris, Société nouvelle de
librairie et d'édition, liKJO,SU p. iu-8°.
Nous classons cet ouvrage dans cette section, parce <iue,
bien qu'ayant pourobjet défini l'élude d'il ne formed'industrie
la « grande industrie moderne »), il étudie si largement les
origines, les conditions et les suites de l'avènement de cette
forme de production qu'il arrive en somme a traiter des clé-
ments constitutifs de toute l'économie moderne.
Une première partie, consacrée aux AntMtlents, étudie
d'abord la forme ancienne de l'industrie, en surtout
comme exemple ta vieille et grande industrie anglaise de la
laine, en analyse les caractères, les (raitsdistinctifs, y note les
transformations en cours et tes influencesretardatrices qui s'y
opposent. En second lieu, un tableau nousest donné de l'essor
commercial,qui, suivant l'auteur, va être l'antécédent décisif
de l'expansion iudustrielle (commerce extérieur et intérieur,
colonies, voiesde communication, canaux). Le troisième fae-
tour antécédent qui nous est présente est ta transformation de
la propriété foncière, qui se produit à ce moment par l'effet
d'une réforme économique de l'agriculture, qui fait reprendre
H poursuivre les enclosures, diviser et approprier lescommu-
uaux, et acheverainsi la disparition de la yeornanry, en créant
ainsi une classe de prolétaires.
La seconde partie, intitulée Grandes intentions et grandes
nous montre d'abord endeux chapitres très nourris,
~·rrtr~~prises,
la formation et le développement du machinisme dans l'indus-
trie textile du coton, la succession des inventions qui, tour à
tour, rompent et rétablissent l'équilibre entre la filature et le
lissage, la constitution des premières fabriques ou réunions
de métiers mus par une force mécanique dans ta filature, puis
dans le tissage, la concentration industrielle en certains dis-
tricls, les commencements de la grande production moderne
avec ses crises et te régime de liberté peu à peu conquis. Un
troisième chapitre nous expose alors la transformation, inde-
610 l'axnkk «letoumiytii i'J0J.|90G

pendante mais parallèle, et qui devait finalement coulluer,


réalisée dans l'industrie du fer par l'inventiou et lu générali-
satiou des procédés de fonte au coke et de puddlage, lu cons-
lilution des premiers grands établissements métallurgiques,
leur localisation dans les districts milliers et te développement
concomitant de la production houillière. Un dernier chapitre
apporte à la constitution lie lit grande industrie moderne sou
dernier élément postérieur aux autres, maisqui devait achever
de lui donner sa forme caractéristique, le machinisme à
vapeur, en nous retraçant l'évolution qui a couduil de tel
machine à eau et la pompe à feu jusqu'à Watt et a la fabri-
cation et l'utilisation industrielles de lu machine à vapeur.
Une troisième partie, intitulée Les fomàptenees immédùtles,
étudie l'action de cette transformation industrielle sur
t'homme et sur la société. « ce grand mouvement qui, est
transformant le régime de ta production, et changé dit môme
coup, pour la collectivité tout entière, les conditions mêmes de
la vie » (p. 849) Action sur la constitution externe de la
société, la population, son accroissement rapide, sa localisa-
tion modifiée, la formation de grandes villes industrielles;
Action sur la constitution interne, sur les classes de la société,
et d'abord formation d'une classe nouvelle, la classe des
grandes manufacturiers, ses origines, ses caractères, ses traits
distinctifs, sa « conscience de classe » et sa place dans l'en-
semble; et, d'autre pari, développement et situation nouvelle
de la classe ouvrière, formationet recrutement du prolétariat
industriel, du personnel des fabriques, condition ouvrière;¡
législation des pauvres; Actiou sur ta législation et l'attitude
de l'État à l'égardde la vieéconomique,régime de la non-inter-
vention, prohibition des coalitions, abrogation des règlements
et des fixationsde salaire, et réactioncommençanlede la collec-
tivité contre ce laissez-faire absolu dans le mouvement huma-
nitaire et les premières ébauches d'une législation du travail.
On voit à ce seul sommaire l'ampleur de cette univre; mais
on n'y voit pas la richesse et la sûreté de l'exposition, la docu-
mentation à la fois nourrie et aisée, l'intelligence et la sou-
plesse de toute l'élude.
L'auteur de ce remarquable ouvrage a réfléchi sur la
méthode qu'il s'est proposé d'y suivre. C'est délibérément et
par choix qu'il veut être et ne veut qu'être historien s'il est
informé et tire volontiers parti des analyses, des classifications,
des théories môme, faitesparla science économique.s'ilconnaît
ANAI.VSKS. – SVSTÈMISS KCOKUUIQUK* !iit

.a A _f2v 1_ -ta. 4'&


bi«u, et souvent met à profit, les critiques faites aux travaux
ou a lu méthode des « historieus hislorisaut », il lie s'en
applique que davantage, semble-t-il, et do façon expresse et
insistante, à donner à son œuvre les caractères différentiel»
d'un travail d'histoire écuuomique et à se réclamer, par oppo-
sition a toutes autres, d'une méthode historique propre. Tant
pour cette direction méthodique consciente et voulue et par
les progrès dont elle témoigne sur les pratiques antérieures
des historiens, que par l'importance du sujet et par la valeur
du travail lui-même, cette œuvrevaut d'être prise el examinée
comme un type d'étude et il vaut d'essayer de noter ici tout
à la fois en quoi elle tient et eu quoi elle se dégage de l'étudo
historique proprement dite et eu quoi elle tend et en quui elle
inimquc a être une élude sociologique.

Comme traits subsistants de la pratique traditiouuelle des


historiens, nous noterons
1° Plus encore que la part du pittoresque, du détail litté-
raire ou de l'anecdote, qui, quoique à noter, est en somme assez
faible (p. S5, p. itîK, par exemple), la place et l'importance
donnée à l'histoire, a la biographie des individus rencontrés
dans l'étude. S'agit-il d'uue invention technique, d'une trans
formation d'institution, d'un commencement d'organisation
économique nouvelle, ce n'est pas seulement en note et à titre
de renseignement accessoire ou de curiosité auecdotique,
c'est dans le texte, comme une partie même du sujet traité et
fin élément de l'explication possible qu'on nous raconte de
chaque individu directement mêlé à cette invention, à cette
transformation ou à cette organisation, où il est né, qui il
était, comment il avait vécu, etc. Nombre de ces portraits,
faits visiblement avec amour, sont du reste fort agréables
mais sont-ils directement utiles à l'étude économique qui est
l'objet du livre? Si encore l'auteur tendait a donner aux
actes individuels une influence essentielle et décisive dans les
phénomènes à expliquer, peut-être cette emprise de la biogra
phie se défeudrail-elle, et encore dans la mesure, faible sou vent,
oi'ila biographie d'un individu explique ou contribue à expli-
quer l'acte de lui que l'on a à considérer. Mais justement,
comme nous le verrons, dans les cas où l'action originale
d'une spontanéité individuelle a le plus de chances d'être déci-
sive, M. Manloux nous montrera que ce sont des conditions
générales et impersonnelles. et extérieures a ces spontanéités,
6*9 l'a.N.NBR 1903-1900
SOCIOLOfUQl'B.

qui reudentcomptede» phénomènes économiques étudiés. Est-


ce que pour cette preuve négative tout cet effort et cette mise
en vedette étaient nécessaires? Ou n'est-ce
pas là plutôt une
survivauce d habitudes qui, dans une histoire
reth-chie, per-
dent tout leur objet?f
2" Nous relèverons en second lieu, survivant «liez notre
auteur, cette alliance caractéristique et un peu contradictoire
par laquelle les historiens se fout une règle constante de ranger
et d'exposer tes faits dans leur succession
chronologique, alors
et en même temps que. dans lu recherche et la détermination
de ces fails. ils lie font, malgré qu'ils s'en défendent,
pas
autre chose que de « l'Itisloire à l'envers », c'est-à-dire eu
reinuutniit la suite du temps. Toutes les suites des faits
pré-
sentées dans ce livre sont appelées et choisies à raison de leur
point d'arrivée et nou pas de leur point de départ. Le ques-
tionnaire jeté sur ce qui fut avant, est fait en partant de ce
qui tut après. Kt nourUuit cet ordre réel n'apparaît pas. A
vrai dire, M. Mantoux. plusieurs reprises, commence |>ien
par tracer le dessin du phénomène ou de l'institution arrivés
à leur plein développement, avant d'eu reprendre
l'historique
'têtes des chapitres, pammi; mais cela semble
toujours une
introduction ou un éclaircissement préalable et le fonds de
l'exposé est toujours fait suivant ta suite des dates. Cette pra-
tique n'a pas seulement contre elle de n'être pas sincère elle
présente le danger de rendre l'étude incomplète et de favori-
ser une illusion sur le résultat obtenu. Si (et c'est le cas
ici)
la présentation de ces successionsveut être autre chose
qu'un
pur annalisme et prétend, au moins en quelque mesure, à faire
comprendre ce qui suit il laide de ce qui a précédé, on peut
voir que cette voie est en réalité une voie de
synthèse, et non
et
d'anulijxc, qu'elle en comporte toutes les difficultés et les
chances d'erreur. Pour rendre compte d'un neuve en
prenant à
leur sourceet les suivant jusqu'au confluent les différents ruis-
seaux dont il serait forme, il faut être sûr qu'on les connaît
tous et comment le saurait-on avec certitude autrement
qu'en
remontant le cours du neuve, en notant tous les confluents
et remontant à sou tour chacun des affluents, c'est-à-dire en
faisant d'ahord l'analyse, voie régressive, au lieu de la
syn-
thèse, voie progressive? Donc,par cette pratique, l'étude nrest
jamais assurée d'être complète, et même il n'y a pas moyen de
savoir exactement où et dans quelle mesure elle ne lest
pas,
en quel endroit et jusqu'à quel point l'antérieur
qui nous est
A\AI.VSE>. – SVSTKUI» KCOXOMIQLR* JJiJ

donné est inégal au postérieur <{tienous voulons comprendre.


Un succédai de cette pratique, à la tois effectiveet inaufli
sautillent consciente, de l'histoire à l'envers est l'habitude de
rapporter le passé au présent, c'est-à-dire a Indate ou travaille
l'historien, de diriger sou investigation en se guidant sur ce
présent, d'apprécier le pliénomèue ou l'institution étudié par
comparaison avec le phénomène ou l'institution qui y corres-
poud dans ce présent. Mais cette base de recherche ou ce
terme de comparai.*»!),ainsi détermiius est tout arbitraire et
risque de tromper. M. Mautoux ne s'est pas gardé de cette
pratique tentante et commode « Ko comparant le sort des
ouvriers d'autrefois a celui des ouvriers d'aujourd'hui. »M
p. 47). « Essayons de comparer au cultivateur anglais d'au-
jourd'hui celui qui vivait sur l'ancien openfield fp. 13C;j ou
«ucore, Liverpool actuel opposé smLiverpoolriel'époque et udiêe
(p. PO; les exportations aux années considérées comparées
uvec l'exportation d'aujourd'hui (p. 840), etc. Et les exemples
pourraient se multiplier; on peut même dire que ce procédé
est constant dans l'ensemble do l'exposé et se retrouve au
cœur môme do l'étude L'industrie de la laisse du milieu
du xviii" siècle n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui; l'indus-
trie du coton, aujourd'hui telle et telle, n'était alors que ceci
et cela l'Angleterre qui est aujourd'hui le pays de la mélal-
lurgie était alors sur le point de manquer de fer.etc. Kt enfin
la thèse centrale, l'étude de la constitution do la grande indus-
irie, de la naissancede ses conditions et de ses éléments, de la
production, de ses conséquences, est toute pénétrée et guidée
par la considération de l'état actuel des conditions, des élé-
ments, et des effets actuels de la grande industrie (directe
ment actuel ou tout au moins contemporains l'étendue de la
période importe peu à notre critique, si cette période n'est pas
choisie pour des raisons objectives). A vrai dire, s'il est pré-
sumable que la grande industrie ait acquis aujourd'hui sa
forme caractéristique etatleint son type, il n'est pas illégitime
de partir de la considération de ce présent pour étudier le
passé qui le prépare; mais alors ce n'est pas en tant que présent,
c'est en tant que typique, que ce présent est une base d'étude
et la comparaison légitime: et, comme notre auteur n'a nulle
part établi explicitement cette présomption qu'il est ou effet
typique, sa position, même si elle est en fait bien fondée, ne
laisse pasd'ôlre vicieuse en principe, car elle n'est bien fondée
que par une chance heureuse ou par un choix d'instinct et non
OU I.»NSÉB
stiClUMMIIOliK.
IVOS-itMO

pas de raison. Et au reste, pour beaucoup de phénomènes plus


ou moins généraux considérés autour do ce centre, il n'y a pas,
eu fait plus qu'eu principe, de raison de prendre pour base
d'nppréciatiou et de comparaison WOSplutôt que 1850 ou
187C. Une comparaison ainsi faite est une mauvaise appli-
cation de la méthode comparative qui fait bien gratuitement
tort à cette méthode, n'ajoutant rien d'objectivement utile a
l'exposé et ne pouvant mener à aucun résultat de science.
S»Vu autre trait caractéristique des travaux d'historien,
lié du reste au précédent, qui se retrouve également ici est
rindisliucliou entre une recherche des origines et une
recherche des causes, entre une description d'une évolution
et une explication de cette évolution, ou du moins, s'il n'y a
pas complète indistiuctiou, un choix entre ces deux voies et
une préféreuce donnée a lit première au détriment et mônio
à l'exclusion de l'autre. Un phénomène, une institution, est
rencontré dans la matière à étudier et parait avoir une cer-
taine importance on recherche ou et quand il a commencé.
oi'i et quand il est apparu pour la première fois, et on
s'efforce de le suivre de ce point au point considéré. Kt sou
vent le travail s'arréle là. ou du moins le meilleur de l'effort
est donné à ce seul travail. Mais a quel prix peut on s'ou
satisfaire? Un esprit aussi averti que celui de M. Manloux
aperçoit bleu que ce n'est pas là expliquer le phénomène ou
l'institution, que ce travail fait laisse à rechercher, non seu-
lement par quelle cause ce phénomène a commencé, cette
institution est apparue, au moment et au lieu où il les ren-
contre pour la première fois, mais encore par quelle cause
ce phénomène s'est continué, cette institution développée, de
la façon et avec la suite clu'il nousdit. Et un historien tel que
lui ne peut pas alléguer qu'il décrit seulement, sans cher-
cher à expliquer. Car. presque toujours, dans cette recherche
des origines, il aboutit explicitement à un résultat d'ordre
causal par exemple, tout l'intéressante recherche des pro.
mières formes des transformations techniques et des inven-
tions dont l'application a marqué la constitution de la grande
industrie aboutit à montrer que ce n'est pas le fait même de
l'invention ou de la transformation technique découverte qui
en explique l'application, qu'une invention susceptible de
transformer la forme de production ne transforme rien tant
que d'autres éléments ne sont pas donnés; l'historique
détaillé et précis de la constitution de la grande industrie
ANALY8nt. SVSTfalBS
KC0N0M1QUKS 8W
aboutit à montrer qu'elio est antérieure à la machine
à
vapeur et aux formes modernes du machinisme et n'ou
cède doue paa, etc. Qu'est donc tout cela sinon uu pro-
résultat
causal négatif, do la forme « Tel phéitomèue n'est
pas cause de
tel autre, soit parce que cet autre se rencontre avant
lui, soit
parce que cet autre ne se produit pas dès que et par cela seul
que. celui-là est douuô » ï L'historien se limiterait-il à cette
«uvre d'explieatton négative, par doute de
pouvoir atteindre
jamais à uu résultat causal adirmalif, à une explication
tive ? Mais sur quelle raison de posi-
principe et uou de pure haut.
tude se fonde cette réserve ? La preuve
quelle ue tient pas à
la matière est que notre auteur, eu plus d'un
point, ainsi que
nous le verrous, atteint à des explications véritables et affir-
matives? Pourquoi ne pas en faire partout
l'eutieprise, ou au
moins la tentative, et limiter arbitrairement sa tauhe à moins
qu'elle oie peut donner?– D'autant que cette méconnais-
sance de la possibilité et des conditions exactes d'une véritable
explication eutraluo d'ordinaire l'historien à se satisfaire
d'explications toutes verbales un eu trouve ici moins qu'ail-
leurs; cependant on voit encore invoquer, en uu endroit, la
« force des choses u (p. 425), ailleurs une «
irrésistible
»
poussée (p. 454), ce qui est proprement expliquer le fait
parle fait lui même

Mais, si l'on retrouve ainsi dans cette œuvre la trace ou la


survivance des habitudes du pur historien, on
y aperçoit
aussi par contre des tendances et des procédés de méthode
qui témoignent d'un nouvel esprit. Non seulement, comme
nous lavons déjà indiqué, l'auteur se inoutre informé des
données et des résultats de l'analyse
économique, fait un
emploi te plus souvent judicieux du vocabulaire économique,
apporte même en plusieurs points une précision propre à des
(lélinilioiisde notions (par exemple notion de machine,
p. 180,
notion de capitalisme, p. 370;. L'infiltration
sociologique ne
se recounait pas à ces traits seuls, qui
pourraient rester
extérieurs; elle est. plus intime et essentielle. Ce livre n'est
lias, comme c'est le cas de tant de travaux d'hislorieus, une
pure description d'un ensemble de laits choisi comme objet

1. Notonsl'iwore.l.U'ii <|u«vv.défautnu soit pas spèciuluax historien.*


nuairlulniiomlnv«l'upprMulionssulij.-ctiviisot
•lunsunofuuvmde science «Unri^iim-odiaux»,p. <|uidétoni-n!
sonliiiH'iiliilt's
479;Lesouvrierssont-
ilsplusou moinsheureux, 3«p. chap. u, etc.
t.. Ouiikoeiu.
K. nu~ – Aiinûo A-h
sociol.,
4U0S-I906. as
ii40 L'ANNÉE 190ii-lfl0
SOOrOLOUIQVE.
d'étude sans raison objective (par exemple, pour cette raison
si fréquente qu'il n'a pas été étudié), défini et limité par des
cadres traditionnels ou dos contingences historiques ou géo-
graphiques (périodes habituellement distinguées, ordre de
faits classiquement considéras ensemble, personnage ou loca-
lité comme centre de groupement eto. Cette umvrc est une
réponse, tin essai de réponse à un problème généra) el de
caractère scientifique, l'avènement d'un certain ensemble éco-
nomique, lu « révolution industrielle » qui a marqué lu cons-
titution de notre économie contemporaine est ce qu'elle a de
plus caractéristique. Sans doute l'auteur, dans ce problème,
limite sa recherche, géographiquement, chronologiquement;
niais il lu fait eu se préoccupant d'atteindre l'époque la plus
caractéristique dans le pays le plus caractéristique et de
préparer les études comparatives et complémentaires qui
pour une investigation totale devront être faites sur les autres.
Il se limite ainsi, mais, dans ces limites, il vise à l'eusemble et
au général, est se rendant compte, contrairement à la croyance
si familière aux historiens, que l'étude de l'ensemble doit
précéder et préparer et peut seule guider utilement l'étude du
détail. Si de cel ensemble il ne prétend pas faire une étude
intégrale et exhaustive, s'il y choisit des groupes de faits
auxquels il limite sou étude, il fait ce choix non pas au
hasard, au petit bonheur de la découverte ou des sources
utilisables, mais avec réllexion, avec le souci de prendre des
groupes types, correspondant à tous les grands phénomènes
caractéristiques de l'ensemble considéré l'industrie do la
laine comme type de l'ancienne industrie et de l'évolution
qui lui est propre, l'industrie du cotou comme type de l'in-
dustrie sans attache dans le passé qui va devenir l'exemplaire
môme de la grande industrie moderne, l'industrie du fer
comme type d'une autre forme de grande industrie, et, avec
l'industrie houillère, comme éléments essentiels du grand
facteur de l'industrialisme moderne, le machinisme à va-
peur, elc. Ailleurs, c'est le type de l'exploitation paysane,et de
la transformation agricole, le type du yeoman. le type du
grand fermier, du grand propriétaire foncier nouveau modèle,
le type du marchand, de l'inventeur, du lanceur d'inventions,
de l'industriel, du patron de grande industrie, clu'il nous pré-
sente et s'efforce d'atteindre, sans doute avec une tendance
au détail particulier et il la personnification en des exemples
concrets et individuels, mais, jusque dans les plus indivi-
A9ULTWI. – Sïsï&MIM jilMKaMKfl'IK 547

duelleg <Ie ces monographies, avec une analyse de forme


générale et qui aboutit à des éléments iiii|ior»onne]s et objec-
tifs, représentatifs et caractéristiques d'uu ensemble ou
d'une classe.
Les résultats les plus nets de toute l'élude sont des propo-
sitions de caractère, et même déjà souvent i\u formule, socio-
logique I" C'est un apport il l'étude des relations outre tes
différentes brandies de l'économie, spécialement entre lu
commerce et l'industrie, et à lu détermination de celle qui
mène le mouvement on nous donne un bon ensemble de
fuits tendant à prouver qu'à ce moment en Angleterre
Il l'essor commercial procède et peut-être y détermine –
les transformations de l'industrie » ;p. 75 12°C'est un
apport, encore plus considérable, à l'élude des relations entre
lu iech niqueel l'économie. Kn même temps qu 'on nousmontre
la technique être. contrairement à l'opinion commune,
assez iudépeuduule de ht science, les inventions capitales.
dont lu portée a été si gronde, provenir toutes, sauf nue ou
deux, de l'empirisme de praticiens ignorants, on établit, avec
beaucoup de force, par une suite de cas qui reproduisent les'
mêmes faits, que l'invention d'uu procédé nouveau, d'une
technique nouvelle ne produit pas l'adoption ni l'extension
de ce procédé et de cette technique, que cette adoption et
cette extension ne se produisent, l'invention faite et parfois
assez longtemps après, qu'à de certaines conditions et par des
causes économiques, et réciproquement que le besoin d'une
invention semble ia susciter, que la nécessité économique
d'une transformation de la technique semble la produire i
contribution importante et topique non seulement au pro-
blème des rapports entre la technique et l'économie et il la
discussion de la thèse qui a fait des transformations techni-
ques le moteur des transformations économiques, mais
encore à la discussion de la thèse sociologique plus générale
que l'invention et l'imitation sont explicatifs des phénomènes
sociaux ici ou bien le phénomène social qu'est l'exten-
sion d'une technique est expliqué par un autre phénomène
social (une certaine situation économique du marché du
produit, ou du produit intermédiaire, etc.), et l'invention de
la techniquen'est alors qu'une condition et non pas la cause, ou
bien le phénomène social (une certaine situation économique!
explique à la fois l'invention et son extension, bien loin qu'il
soit expliqué pr elle. 3° Plus intéressantes encore peut-
54$ i'axxÉk .-ouiui.uuiyiK l'JUMftOtt

être sont, au point de vue de la portée sociologique des résul-


tats, les explications par de véritables causes, auxquolles la
recherche atteint à plusieurs moments In cause de la trnns-
formation agricole trouvée en dernière analyse dans l'appli-
cation (t'ttu esprit commercial a l'exploitation agricole, qu'a
amenée un changement dans la condition sociale des grands
propriétaires fonciers ta cause du développement de l'indus-
trie du coton en grande industrie, plus rapide et plus typique
que celui des autres industries textiles, trouvée non seule-
ment dans les élémentsextérieurs, marchés, débouchés, pro-
grès techniques, etc. qui existeraient aussi pour d'autres.
mais encore et proprement dans l'absence de traditions pour
cette industrie neuve, et dans sa création par des hommes non-
veaux lit décision, d'action et la hardiesse de
ces hommes nouveaux expliquées olles-môiiiespar l'effet d'un
déclassement social, qui mettait toute la catégorie d'hommes
où se sout en fait recrutés ces chefs d'entreprise, dans la
situation de n'avoir rien il perdre en risquant tout et dans lu
nécessité de tenter le nouveau, ne pouvant plus rien par l'an-
cien (il y a même lu, en puissance, une contribution à la
théorie de In formation et du rôle des classes économiques
qu'il serait sans doute fort intéressant de dégager et de
mettre au point'-
Si cette étude aboutit à des résultats de cet ordre, pourquoi
donc se réclame-t-el le d'une méthode d'historien ot ne se
range-t-elle pas plutôt sous une méthode sociologique ? A
vrai dire. si ces résultats sont bien atteints par elle, nous
leur donnons ici une valeur et une forme explicites, et peut-
être aussi une importance, que l'auteur ne leur donnerait pas
ou au moins ne donnerait pas a eux seuls. Ces propositions.
qui nous paraissent valoir par leur généralité possible, par
leur approfondissement et élargissement ù tenter ou à pré-
parer, il semble que l'auteur y arrive sans le chercher, par-
fois connue incidemment, en tout cas sans s'y tirreler, une
fois qu'il les a atteintes, pour les formuler au mieux, les
étudier en elles-mêmes et est pousser, autant qu'il serait pos-
sible, même dans le cadre de l'élude, l'analyse, la discussion
critique et l'utilisation explicative. Dans l'ensemble df
l'exposé, elles restent confondues sur le même plan, et sans
attention particulière, avec la masse des simples constata-
tions de fait, ou des simples propositions empiriques ou
toutes particulières.
ANAI.VSKS. SYSTKUKS KCOKtiUlgUBS £49

i.» “»__» » • _•#


Mtils, si cette œuvre n'est pas sociologique de principe, ce
u'ost pas seulement que lu sociologie de M. Mantoux, comme
il arrive aux historiens, reste ainsi virtuelle et seulement ù
moitié dégagée. Il y a plus. Il y a une réserve voulue, une
attention a ne pas aller plus loin dans ce sens. qui, je crois.
implique une fausse Idée et une méconnaissance de ce que
serait uu travail sociologique en pareille matière. Lorsqu'il
-arriveà M. Mantoux de préciser la position et la méthode de
l'historien par opposition à d'autres, le trait par on il ta
caractérise est presque toujours le même cette méthode a le
souci de la complexité e de la continuité du réel, se garde
des catégories trop claires, des distinctions systématiques
trop nettes, des explications trop simples (p. 18, pur exemple
et passitn); à une théorie « qui séduit par sa valeur explica-
tive » (tes industriels di>xixasiôcle seraient puromeutet simple-
meut les successeurs des marchands manufacturiers du xviu"),
M. Mautoux oppose qu' « entre lu lilialiou logique et la suc-
cession réelle des régimes économiques, il y a pince pour
toutes les résistances provoquées par l'intérêt et le préjugé »
(p. 380-81). « Au point de vue économique ou philosophique,
dit-il ailleurs, lorsqu'il s'agit de définir et de classer les phé-
nomènes, l'ou doit se borner à considérer leurs caractères;
mais ait point de vue historique, il faut teuir compte de ce
qu'un pourrait appeler leur volume ou leur masse, de leur
action effective sur les phénomènes environnants, de tout ce
qui détermine la fllintiou concrète des faits, différente de la
dérivation logique des principes et des conséquences »
(p. 187-88).Maisoù donca-ton vu qu'une étude de sociologie
positive pouvait se coutenter des Illiations logiques et se
désintéresser des successions réelles, et qu'il fallût récourir
à la méthode des historiens pour prendre en considération
« l'acliou effective sur les phénomènes environnants » ou
tenir compte « des résistances dues à l'intérêt ou au pré-
jugé » ? Et est-il besoin de renvoyer par exemple, ici même,
au rompte rendu du livre d'EITcrtz,pour indiquer que l'esprit
historique n'est pas seul ni indispensable pour critiquer les
classifications artificielles, les distinctions arbitraires, les
théories explicatives simplisles et séduisantes mais idéolo-
giques et éloignées des faits? Seulement cette critique ne fait
le procès. ni des classifications naturelles, ni des distinctions
bien fondées, ni des théories explicatives à lu fois précises,
inspirées de l'observation du réel, et générales, extensives,
5,'iO l/ANNliR
SOCIULOIStgUK.
ttHJ-J-t'.Mi

constitutives d'une science. Si M. Mautoux oppose aux théo-


ries économiques trop simple» la réalité des faits, c'est <|u'il
prend ces théories sous une forme en effet trop simple, qu'une
sociologie positive ne leur (toiiue plus (p. ux. théorie des
crises, p. 251-53,et autres théories, piissim» mais. s'il les eut
prises, ou même pour su part constituées, sous la formocom-
plète et précise qu'elles peuvent revêtir, il y eut gagné d'aller
plus avant et plus vite tlnns la voie de l'explication véritiible
et d'apercevoir des causes et des régularités là où il s'arrête ù
de simples coustatulions et croit ne trouver que des particu-
larités ou des contingences Je crois justement que ce qui
manque à cette œuvre, ce qui y laisse flotter une certaine
gène ou une certaine indétermination, c'est qu'elle n'ait pas
été conçue et organisée tout entière et jusque dans le détail
par uu esprit de théorie sociologique, au sens positif que uuus
vouons de dire. Par exemple, notre auteur so donne beau-
coup de peine à distinguer la grande industrie dont il va
s'occuper, de tu grande industrie qu'oit a signalée et qui a
existé uvnut la période du la révolution industrielle et cela
ne va pas sans dilllcultés ni quelque arbitraire, et liualement
il est obligé de la caractériser par un épithète tout extérieure
(graude industrie moderne); la notion d'industrie capitaliste
qui court à travers l'tmivre reste, eu plus d'un endroit, non
.seulement complexe, mais contuse croit-on qu'il eût été inu-
tile et inefficace de distinguer uetlenieut, dans la grande
industrie dont ou étudie lu constitution, ce qui ost forme et
ce qui est régime, et ce qui est rapport avec le nyxtème écono-
mt'/tte ulnns notre vocabulaire i, et d'apercevoir que ce n'est ni
la forme en elle-même, ni même le régime eu lui-même forme
et régime en effet, on peut l'accorder s'il y u lieu, rencontrés
auparavantl'un et l'autre) qui fout la nouveautéet la transfor
mation caractéristique de toute notre économie moderne, mais
que cette nouveauté et la raison de cette transformation déci-
sive est la rencontre Aula forme de la grande production acte
le rèjime rit; la libre entreprise ilanx un systhue économique
d'échange médiatet mondial Ce n'est pas purementet simple-
ment une forme d'industrie que d'instinct M. Mauloux a senti
qu'il vouhiit étudier; le problèmequ'il s'est posé,c'est celuidu
rapport d'une forme sous un certain régime avec le système
économique lui-même eut-il perdu à le formuler explicite-
ment et à formuler de la même manière toutes les questions
que rencontre une telle étude? Ce n'est pas s'éloigner du réel
AXAlïSKS. smÊUiCX KUOXOMigUB* 551

.i.
el se jeter dans 1.les .n.a.
constructions .H_~ _0. _n_. w
logiques et artificielles que
d'analyser co réel avecdes catégories claires mais précises, et
que d'y chercher des relations à forme générale, bien que tou-
jours proches délit douuéede fuit, car seules ces catégories
et ces relations doiment une iulelligence véritable de la com-
plexité même du ce réel.
V.S.
F.S.

JtVNBR(Ina). – On the crises of 1837, 1847 and 1867 in


England, Franoe and the United States. L'niversily
Studios publishedby tlie Universilyof Nebrnska, vol. V,
n" 2. Lincoln Nebrnsku, HW.'i,47 p. in-8'.
Ce travail semblait au début poser la question des crises
comme il a été indiqué ici il y a quelques années qu'elle
devrait être posée1 les crises, nous dit-on, doivent être étu-
diées, non pus au point do vue d'un idéal d'orgauialion éco-
nomique d'où elles apparaissent comme des phénomènes
anormaux, mais, puisqu'elles sont régulières et périodiques,
comme des phénomènes normalement produits dans le sys-
tème économique actuel et au point de vue de leur (onction
dans ce système. Mais l'auteur n'a pas tiré dola question posée
en ces termes tout ce qu'elle comportent ce qu'il nous donne
ensuite u'est qu'une description analytique des circonstances
et conditions dans lesquelles se sout produites ces trois crises
do 1837, 1847 et 1857, distinguant pour chacune les causes
lointaines, les causes occasionnelles, les mouvements du com-
merce et les opérations financières, dentelles paraissent résul-
ter mais il ue recherche pas à proprement parler quelle est
la fonction des crises, quel rôle elles jouent elles-mêmes, à
quoi elles T<'K<.Il y aurait d'aitteurs quelques réserves a faire
sur la valeur do certaines des données employées et le carrac-
tère arbitraire, ou tout au moins hâtif, de certaines aflirmalious.
F. S.

THROOI*KNGL\NI)<Mixniki.On spéculation in relation


to the world's prosperity 1897-1902. L'uiversity Stu-
dios publislied by the Umversityof Nebraska,vol. VI,n°I II,
1O0G,Lincoln Nebraska. 87 p. iu-8-.
Ce travail réunit un assez notable ensemble d'informations

I. AnnéemciatogUiue.
t. VII,p. 680S88.
Sftg t'ANNIÎB SOCIOLOGIQUE. 1905.JW»

sur le mouvement économique do ces années 1897-1902aux


Étuis-Unis et eu Europe, mouvements (te la production, des
transactions, des prix et mouvement du marché financier et
des atlaircB de bourse et de banque, et pense pouvoir établir
une variation de la prospérité mondifileet étudier les rapports
uvec les mouvements de lu spéculation. Mais cette notion de
prospérité et i'uppréciation que l'auteur en fait restent assez
incertaines et semblent pour une part un peu trop subjectives
(courbes représentant « l'impression générale do l'auteur »
sur le mouvement de la prospérité des États-Unis, de l'Alle-
magne, de l'Angleterre et do la France, p. 2 et 30). Et du reste
la base d'observation parait être véritablement un peu trop
courte, et trop proche de nous, pour être sil renient étudiée et
interprétée seule, sans risques graves d'information insuffi-
sante et d'interprétation hâtive et mal (oudée.
F. 8.

MANNSTAEDT(Herawcu). Die kapitalisttsche Anwen-


dung der Masohluerie. lena, Fischer, 1905, VIH04 p.
io-8».
Cet ouvrage veut être uneréfutation de la théorie de l'armée
de réserve industrielle; il s'agit d'établir que l'introduction
des machines, si elle déplace des ouvriers, ne diminue point
la demande du travail, qu'il s'établit toujours en fin de compte
une compensation: cette vieille formule est l'occasion d'une
revue des doctrines de quelques anciens économistes sur les
conséquences du machinisme.
Ricardo et John Stuart-Mill croyaient que t'instinct des
travailleurs ne les trompe point entièrement, que toute amé-
lioration qui immobilise du capital aux dépens du fonds des
salaires est pour eux un danger: éventualité rare sans doute,
parce qu'en pratique c'est l'épargne, et non le capital circu-
lant, qui est absorbée dans ces innovations, mais, pense du
moins Ricardo, éventualité effectivement réalisée dans quel-
ques cas. Ce danger, pour Senior, n'existe qu'en théorie
(l'emploi concevable de trop d'ouvriers a la construction des
machines pouvant entraîner une diminution du fonds des
salaires), et, pour Mac Cul loch, reste chimérique (le nombre
des ouvriers occupésétant déterminé par le capital circulant,
lui-même invariable). Marx, au contraire, insiste sur les con-
séquences de l'accroissement du capital constant aux dépeus
ANALYSBS. – HVKTÈMBS
KCONOB1QUBS 553

du variable, sur l'action de moins eu moins attractive du


capital, de plus eu plus répulsive des machines, par rapport
aux travailleurs.
A Ricardo, l'auteur reproche d'avoir méconnu lesconditions
de la méthode abstraite (die isoliermetliodel supposer qu'un
agriculteur laisser» une moitié de sou champ en friche, par-
ce qu'il gagne autant à exploiter l'autre avec des machines,
qu'ainsi te revenu l>rut(re venunet plus fondsdessaluiresjdimi-
înieni, c'est oublier que l' « hommeéconomique » est toujours
conscient de son intérêt, et que son intérêt est toujours lu
poursuite du maximum de satisfaction au prix du minimum
d'efforts; c'est négliger aussi les circonstances sociales con-
crètes dans le cadre desquelles l'évèuement se produit, ici le
régime do la concurrence. – Manifestement ces formules
demeurent équivoques; entre le maximum do satisfaction et
le minimum d'efforts, il peut y avoir opposition: l'intérêt,
dont la conscience est supposée toujours présente, n'est donc
pas lui-même bien défini. Quant à la concurrence, Ricardo
procède du moins logiquement, lorsqu'il l'écarté pour envisa-
ger l'altitude do l'individu isolé, et dégager une loi de ten-
dance en quoi la méthode ubslraileoblige-t-elleà retenir une
condition concrète, la concurrence, et dispense-1- elle d'en
retenir d'autres, un monopole de fait, par exemple, ou un
ensemble d'habitudes sociales, propres à balancer faction do
celle-là ?
Nous n'examinerons pas en détail tes nombreux cas oir,
suivant l'auteur, du travail serait demandé quelque part
chaque fois que les machines en dégagent ailleurs tout ce
qui est ainsi prélevé sur le fonds des salaires devrait y retour-
ner par quelque voie ou sous quoique forme (réserve d'amor-
tissement ou plus-value, accroissement de salaire ou dimi-
nution de prix). Ou no semble se préoccuper ici ni de ta
durée, ni de l'ampleur des oscillations. Ou admet bien qu'il
y aura des changements brusques d'occupation « mais une
persoune habituée au travail et a l'effort peut passer facile-
ment d'une profession à l'autre » (p. ttô). La eltet le nombre
des travailleurs industriels anglais, de 1 84 à à 1881,a aug-
menté bien plus vite que la population. Toutefois le fait
invoqué ici pour appuyer une proposition qui parait bien
apriorique aurait besoin lui-même d'être analysé nous
no savons point si cet accroissement a mainteuu intacte la
proportion entre les métiers à haut et à bas salaires, à lougne
a^V l.'ANSliK S«r.tOI.OOH)l'K. «905-tUOC

et a moyenne durée de travail or cela n'est pus indifférent.


Pour démontrer, oitlin, que le travail des femmes et des
enfants n'est pus venu déranger l'équilibre, l'auteur argumente
aiusi ou tes maris de ces femmes restent occupés, et «lors
l'accroissement du solaire do la famille aiusi obtenu entraîne
des dépenses qui occupent les ouvriers dépincé»; ou leurs
maris eux-mêmes sont déplacés, et alors ce sont tes femmes
qui nourrissent leurs maris mais rien n'est changé. – II
semble bien que précisément, dans ce dernier cas, toutes tes
conditions d'existence d'une armée do réserve industrielle
soient réunies. En tout cas, on ne voit point qu'il y ait, pour
la science économique, un profit quelconque à tirer de ces
raisonnements qu'on peut bien dire « eu l'air ».
M. H

1* KISKKK (J.. – Die àlteren Bezlohungen der Slaven und Tm-


kotataren und Germanon und ibre sozialgesoblohtliohe Be-
deutung. Vierteljahmhrifl f. Sozial.u. Wirtivhtifltifesvh..ll\. Bd.,
2-3 11., p. 187-31)0cl 4 H., p. 4OS-573(l'Huile touffue mais nuiirric
et utile: a signaler mit-iiitUhtJtlr d'utilisation linguistique iis.se/,
intéressante,

HAKI'KK ;ltni.n.p;. – Die Entstehung der grossen btlrgerlichen


Vermogen im Mittelalter. Silunullers Jhb., tous. s. p. 235-72
(D'après le livre de Slrieder sigiiiilê Année Suviot., t. VIII,
p. ûil Cf. ci-dessus le livre uiinly.se de lleynvii, p. !>37).

i:l(O »;.(. – Làndiicher Grundbesitz von Stadtbûrgern im Mit


telalter. Jléb. f. Xatimialfil:il. Stal., juin 10U0.|). 7-21-43(Colilri-
liiilinii iitissià une discussion, pat- les faits, de lu thèse (te Som-
ixirl; <f. indication |mVvdenU>).

PIHKN.NK;IIkshi'. –Note sur la fabrication des tapisseries en


Flandre au XVI' siècle. Vierkljnhrscli. f.S-jz.u. W'iitscli.-yeH-h.,
IV, lld., 2. 11., p. 335-339(Constitution d'un capitalisme puurk-
commerce d'cxportiitiou échappant à économie urbaine; domi-
nation du commerce sur la production).

SIIADWKI.I. (.VnTHi.»:. Industrial effleienoy A comparative


study ot industriel Ufe in Engtand, Germany and America
New-York, Koiikiiuuis, I00G, 3 vol., xitt-3ili et X-48Sp., iu-8 (Iteau
suji>l,t'l (îtTurlpersonnel dinforination et d'iinuty^e, innis nuil"
hiMii'euscinent un peu ^ùlt'tH par un Kutici lintif d'aboutir a des
conclusions prali(|iies. Néanmoins matière abondante et assez
utilisable).
AmvSKS. BSI'ÉUB*
UUI.APHODk'UTIOX B!i5
KV (l'iiAMt
W. Vfci I,.). – Modéra
(I-itAMv.
!)• Modem induatriali&m.
induatrialism. An
Anouttine 01'Mie
outtine of tlu>
indiuttrial di-gunixatiuii us seen in the hmlory,
imluslry, and
problcin» of Knglntiil, The tnited States und (ieruuuiy' New-
York, Apple-ton, lOOi, xiii-30O p., in-8 (Kcm«r«iuul)le
rxposé
d'ensemble, ai la fuit» clômerilaire et scientifique, dos phéno-
mènes dominateurs que le développement contemporain de
l'industrie n produit dans le système économique de uni ions les
plus avaueées exemple» Huriuut américains; vues sur les oon-
cluAioiw pratiqui's et les lnuuslornuttiuns à prévoir et à
prôpa-
rt-r).

WKBKIt
(.Max).Die protestantisohe Ethlk uud dor « Oeist »
des Kapitallsmus. II. Die Berufsldee des asketlschen Protes-
tantismus Ank. f. Smialuix* XXI, I, p. i-110 ;.Suit<> du Irurail
siffunlé, t. IX, p. 471; anulyse tes Kiuu-cptioiiB du métk-r. du
devoir profcssiiuinel. tic l'iu-livitc l'-cononiiiiuo, du la rct-ltcrcbc
de la rirhcKHc,(fui w>mml dtyajréfs de l'ascétisme
|>r<>te!tliuilfl
«mi montre tes rapports l'iroilx avec le» direction» d'action du
« capitaine d'indusl rie u moderne. Étude fort iiitvi-rssiinti* dont
les coiisêqueiK'es seraient à pousser).

lilSHKI-: (I'iikukhick A.).– Communistlo Bocieties in the United


States. l'olitical ncience quarUrly. dêe. lt>05 ilnlêressaiit. l.islc
(ios suciété» de ce type qui oui élu successivement fondée»,
causes de leur disparition;.

HVIÏICKN (Kaki.). – Die Auswanderung als WeUwlrtsehaît


liches Problem. SchmtUer'a JltO., 1900, I, p. 83-90.

K.MIMIN(OTïu).-Zur Lehre von der Wirtschaftskrisen Ilei-


delherg, Winler, 1903, VIII-8 p., in-8.

III. KSI'IvCKS
I)KIA PRODUCTION
Par M. Y.Simxxu

Lu spécilicalio» de la production, depuis la grande et


lu'i-sque universelle division en agriculture, -commerceet
industrie, jusqu'aux distinctions «>u agrégations) les plus
et détaillées des industries détachées tou ntp-
l>iocliéesiles unes des autres, ou des produits respectivement
fabriqués par les diverses unités productives de notre économie
<<<mpliqui}e, est uu phénomène économique général qui,
mec toute sa diversité de fait, toutes les relations qui s'y inaui-
ii'sk'iit, toutes les influences et les causes qui y agissent el tous
S56 I.N.VÊK SOlîlOtofligUK. 4905-I90*

les effets qui eu dérivent, est une part du champ économique


indispensable et importante à étudier. Elle peut se comparer,
dans l'ordre de la production, û ce qu'est le phénomène des
elasse*'konomitfues,dans l'ordre de la répartition (de mémo
que les régimeset les [ormes<tela productionpeuvent se mettre
en parallèle avec les institution* de la répartil ion;et que l'en-
somhle de représentations collectives que constituent, surtout
au point de vue de la production, les phénomènes de valeur
et de prùe, ont pour symétriques ces autres représentations
collectives que sont les élémntUdela n'/)«//i«»o«).Nous n'avions
cependant pas ouvert cette rubrique jusqu'ici, faute do livre
à y placer de façon propre la plupart des travaux, eu effet,
annexent ou mèleti1 1 éludedes phénomènes de ce groupe à celle
de la forme ou du régime de la production et, cette année
encore plus nettement que dans les auuées précédentes, oit
trouvera sous le rubrique Formesde ta productiondes ouvrages
qui, comme on le remarquera, traitent iudistiucteineul de
tous ces divers phénomènes. Nous avons cru utile cepen-
dant de l'ouvrir eu quelque sorte pour mémoire, sauf à ren-
voyer, pour une boune part de la matière à y mettre, à ces
autres sections.
F. S.

Résultats statistiques du reoensement général de la population


effectuéle 24 mars 1901 (.Ministèredu Commerce; Direction
du travail), t. IV. Uéaullals généraux,Paris, Imprimerie natio-
nale, l'JOO,XXVJ-998 p., in-4 (Acôté des résultats démogra-
phiques, analyse et commente brièvement,en les présentant
dans des tableaux résumés, le* résultats concernant ta réparti-
tion professionnellede la populationactive française. Présente
a la fois,et compare brièvementen signalant toutes les difficul-
tés d'une (elle entreprise, la répartition professionnellede tous
les principaux pays).

HAACKB – Die berufliehen Verhàltnisse der Italie


(IIki.vkivh).
nischen Bevôlkerung, nach don tirgcbiiissen der Volkszûh-
lung von «01. Jhbb.f. Sathmalûk.u. Stut.,Juli, 1905,p. 82-04.
THOMSON – From the oottou fleld ta thé cottonmlU
;Hou.axi>).
A sludy oftho industriel transition in NorlliCarolina. Londres,
Macmillan,11)00(Cas intéressant dévolution dans la spécifien-
tion de la production comment un pays qui n'accomplissait
que In part agricole d'une production s'est mis à développer
aussi latransformation industrielledu produit).
ANALYKKS.– tlÉOlUKSDE LA PROWGTJUK 5H7

KM.I.OD(Cahi-î.– Beitràge zurFrago naoh der Produktlvitat


der Arbeit und der Bevolkerungsvertetluag auf die ver-
scbledenen Erwerbszweige. I. Diel'roduklivitlll in der l.umi-
wirlschall. ScInnolhr'sJlib.,J'JOii,3, p. 1-28.
ANOKKW (A.l'ivrr). –Theinfluence of the crops upoa business
in Amerioa. Quart.J. uf. tivon.,may 11)00,p. 323-52.
IIL'lilIKS(J.) – Llverpool banks and bunkers 1760-1837. Mis-
tory of cin;onf<lanc«Bwhich trave rinc to the iiidustry and of
mon who foundcd and dcveloped it. London, Simpkin, 1905,
260p., in-8.

IV.– HlvUlMES
W.I.APHOOUCriON
Par MM.G.et H.Hoeitrtfv

La production économique concernant les trusts et les car-


tels, iiprès avoir été extrêmement abondante, est encore con-
sidérable: mais elle ne présente pas les progrès ni l'utilité que
la science pouvait ospérer. Par les publications untérieures,
des résultais avaient été obtenus. D'abord, elles avaient ras-
semblé une énormo quantité de faits se rapportant aux indus-
tries les plus diverses et à l'univers entier. Puis, les phéno-
mènes avaient été analysés; parmi beaucoup d'expositions
pures et sèches, on avait vu des ouvrages dont les auteurs se
préoccupaient d'atteindre les éléments et les (acteurs écono-
miques. Enfin, ces éléments et ces facteurs avaient été classés
pur la réflexion méthodique de quelques théoriciens. Arrivée
à ce point, l'élude devait faire ellort pourr le dépasser elle y
est encore bornée, attendant un travail d'explication et do doc-
iiiue. Ce qui serait à faire consiste, semble-t-il, eu ceci.
D'abord, établir positivement, rigoureusement les causes. Lo
phénomène apparaît avec toutes ses données, dans toutes ses
modalités le moment est venu do l'expliquer scientifique.
meut, tin second lieu, ses conséquences, qui ont inspiré tant
de polémiques on de dissertations, peuvent être aujourd'hui
l'objet d'une étude également scientifique. Assez de faits ont
tHérecueillis pour fournir à cette étude les observations pré-
cises dont elle a besoin, 11 y a là matière pour des travaux
sociologiques de haute portée. La considération de leurs résul-
tats présu niables fera juger plus sévèrement les ouvrages qui
nous sont oflerts.
558 I.'aXNKR*OCIUL00K)l?K.
IU0ii-t»05

ETTINGEH(Markus).– Die Regelung des Wettbewerbes


lm modernen Wirtsehaftssystem. I. Tell, Die Kar telle
la Oesterretch. Kineorieutiereude DarstelluugderpesiiU
lichen Uestimmungen sowie der Vertragstechnik flstprroi-
chischer Uuteriiehmerverhuude unter Beriicksicbligung
ihrer Struklur uiid dor herrsehenden Preislehre. Wien.
Hof-Verlags-u.Univi'rsiUUs-Buchhatlnlung,190S,p. UX-jfVî
in 8».
Dans sa préface, M. Eltinger déclare qu'il s'est proposéde
mettre quelque clarté dans les notions concernant l'organisa-
tion juridique et pratique des cartels. Dans son introduction,
il reconnaît que, lu question juridique étant lu plus impur-
taute eu Autriche, il lui » subordonné I» question proprement
économique. Il eu est ainsi. De plus, le livre tout entier est
superficiel, et superficiellement théorique. C'est, eu réalité,
une suite d'essais sur les cartels de prix, ta réglementation
de l'industrie par les organes collectifs, les divers types de
cartels, les méfaits de la libre concurrence, etc.

llinST iFhancis \V.i. – Monopolies, trusts and kartells.


London, Melhuen, s. d.. p. VIH-17Diu-8".
Deux parties dans cet ouvrage. 1° Les monopoles en géné-
ral histoire des monopoles (depuis l'antiquité), monopoles
publics liscaux et autres, monopoles de transport, les mono-
poles dans lit loi anglaise. i» Trusts, cartelset autres combi-
naisons modernes buts et formes, cartels allemands, trusts
américains, trusts et combinaisons en Angleterre. Des
remarques intéressantes, quelques bons résumés; mais sur-
tout des allégations, des exemples arbitrairement choisis, des
généralités inutiles.

PAPli (Ehxst). – Der deutschen Braunkohlenhandel


noter dem Einfluss der Kartelle. Xtitsch. f. d. «ex.
Staatsw., 1906, 2. H., p. 234-271.
Comment l'industrie dépend des cartels; historique, orga-
nisation influence de l'organisation sur le nombre et la gran-
deur des établissements; comment los cartels dominent et
dirigent le marché.
.mUtRS. – • HKtilUi»DE LA PRODUCTION <JW

LKVV (Hhkmann).– Die Stahlindustrle der Verelnlgten


Staaten von Amerika (Voir plus loin sur l'ensemble de
l'ouvrage, p. 872).
Dans l'industrie de l'acier, aux Ktats-Unia, le trust a «lé
l'aboutissement do lu tendance des industriels à organiserl'
roxploitiitioii « combiuée», e'estadire l'union de l'exli-aetiou
ut de l'industrie de fabrication, pour échapper à lu
dépeu-
dauce des producteurs de minerai (p. 7iii. Il a eu des effets
considérables sur la diminution des (rais de production, obte.
nant les plus basses redevances pour l'exploitation des mines,
réduisant les frais de transport par l'acquisition (te vaisseaux
i't de chemins do fer, achetant un meilleur
compte soit com-
bustible auprès de sociétés (lui sont ses filiales. U politique
du trust n'a pus pour objet de monopoliser à tout
prix le
marché il laisse subsister ses petits concurrents pendant les
conjonctures favorables, pour ne pas subir, en temps de crise,
les pertes du matériel sans emploi (p. 141M80).Dansl'indus-
trie des rails, toutes les entreprises sont aujourd'hui com-
binées le trust a une forte situation, parce qu'à cette indus-
trie de production en gros et à bon marché il fournit les énor-
mes capitaux dont elle a besoin. De même, dans l'industrie
du matériel de construction, produits lourds, industrie de
masse, le trust trouve des conditions favorables. Au total, la
concentration augmente à mesure «[u'ou pusse de ta produc-
tion du fer à celle de l'acier. Ou dit généralement qu'elle s'ac-
complit d'autant plus facilement que le produit brut mono.
polisé a plus d'importance relative parmi les éléments des
frais de production, et que le travail manuel en a moins; elle
devrait donc être plus forte dans la production du fer brut
que dans les industries d'achèvement des produits lourds
or les faits sont contraires à cette interprétation; c'est qu'en
réalité la production de masse qui a lieu dans ces industries,
où d'immenses progrès techniques remplacent le travail ma-
nuel par les machines, est favorable aux grandes entreprises
et aux trusts (p. 2âi>).Ce sont ces conditions de la production
dans la grande industrie moderne, avec la possibilitépour une
minorité d'industriels de monopoliser le produit brut, qui
paraissent être les causesde lu constitution des trusts (p. 333;.
Ces conclusions lie sont pas seulemenl intéressantes par
leur précision elles montrent quels rapports de causalité
x60 I.'aNNKKSOi:il>LOMOl'fi.
49U5-I906

peuvent exister eulre une {orme de production et un régime


industriel. Sans doute nous avons eu il dégager de l'ouvrage
de M. Levy, dont nous critiquons plus loi» la conception
générale et le plun, ce qui concernait le régi nie, dont nous
nous occupons ici mais nous n'avons pas détruit par la tes
relations positives des deux questions au contraire elles
apparaissent avec une clarté beaucoup plus grande pur suite
de la détermination, de la distinction méthodique que nous
avons laite. Et cela confirme les observations concernant 1 uti
lité des recherches définies leur valeur dépend souvent de la
précision avec laquelle les problèmes sont posés.

MARX (Paul). – Die Unternehmerorganlsatlon in der


deutschen Buehbinderei. Kin Ueitrag zur Fronder freien
Iuteresseuvertrelungett itn deulscueu Ënverbslebcn. Tiibin-
gen, Mohr, 1905, p. XV-i5» iu-8\
On connatl bien aujourd'hui, dit l'auteur, les organisations
patronales dans la grande industrie, notamment sousla forme
des cartels on a uu peu négligé la petite industrie et l'artisa-
nerie. D'autre part, quand on a étudié la petite industrie,
c'est surtout du point de vue politique, dans ses rapports
avec l'État on a généralement laissé de côté l'économieelle-
même, l'agencement et l'activité propre des organisations.
C'est pour combler ces lacunes dans le sujet choisi par lui,
et avec l'intention de traiter surtout les parties nouvelles,
que M. Marx a composé le présent ouvrage, Il y a apportéun
faveur de l'arlisanerie et des organisations patronales de la
petite industrie une sorte de prédilection dangereuse pour
l'information et l'interprétation des faits. Ses tendances, ses
préférences subjectives apparaissent clairement. D'autre part,
ces dispositions ne trouvent pas de contrainte ou de limita-
tion dans un plan méthodique.
Le premier chapitre du livre comprend des recherches sta-
tistiques sur In capacité d'organisation des pillions de la
petite industrie en Allemagne. Après un historique et des
généralités ou inutiles ou manquant de précision, l'auleur
s'occupe de la grandeur des établissements, et montre que les
petits et les moyens sont les plus favorables à l'organisation
syndicale du patronat 11décrit aussi le développementdes
grands établissements, des fabriques, souvent très différen-
ciées, qui. faisant la production en masse, lie concurrencent
.mi.v*Ks. – miiiiUKs iik 1,1 i*ikiiui:tion soi

pas les établissements de moindre grandeur. Il montre la


répartition territoriale des établissement», l'accroissement du
nombre et la répartition des personnes employées, la coucou-
tration de la population ouvrière dan* les villes et surtout
dans les grandes villes, le rapport du nombre desouvriers un
nombre des patrons. Il étudie ensuite, après ces
préliminaire»
longs et variés, halunitngen, la législation qui les régit, leuri-
activité, leur lutte contre la concurrence et pour le maintien
et l'augmentation de lu clientèle, leurs tarifs, caisses de
secours, organes de placement, règlements do compagnon-
nage et d'apprentissage le BuHilitetttscIterhuehhindmunutKjeu
'.fondation, statuts, activité); le Yerlmtulder llHchbimtermei&ter
Hayerns,et les autres syndicats régionaux, en suivant partout
le même plan histoire, statuts et organisation, activité.
Cette description d'uu syndicalisme patronat n'est pas
définie il s'y confond, uon seulement des parties hislo-
riques et administratives qui devaient être rejetéesou écour-
tées, mais aussi des descriptions de forme économique mal
définies elles-mêmes et mat posées commeconditions de
l'élude du sujet. L'auteur indique un certain nombre de
rap-
ports numériques qu'il présente comme iuléressaul le déve-
loppement du syndicalisme exposé par lui rapport de la
grandeur des établissements ou du nombre des ouvriers à la
population ou au développement industriel mais ces rapports
ne sont pas rigoureusement établis, et surtout ils manquent
d'une discussion et d'une interprétation tout à fait nécessaires
pour des relations aussi complexes. Le plus souvent on ne
dépasse pas la couette superficielle et comme le revélenienl
statistique des faits. De même, quand il décrit l'activité des
syndicats, des unions, l'auteur s'en lient généralement à la
lettre des documents statutaires, des circulaires, rapports et
règlements sans doute ces documents ont une valeur propre
et objective, ils manifestent des situatious de fait et des inté-
rêts collectifs; mais leurs effets, leurs résultats, leurs réac-
tions méritaient une exposition ou tout au moins une recher-
cbequi ont fait défaut.

CROMBÊ(Joseph). – L'organisation du travailàRoubaix


du XVe siècle à la Révolution. Lille, Robbe, 1900.
p. XIII-13*, in-8°.
Ce livre est du type:de ceux [qu'il ne faudrait pas faire.
K. Di'Hkimi».Annéesociul.,I'JOj-1900. ;{,
:>'>£ i.wnkk siiciin.iiMigi.'R. tno.Viuim

toutes les questions y sont mtdievelrécs, île sorte que. fina-


lement, on lie suit si on a afTaira à une étude sur le régime
»u la tonne de l'industrie, sur la caractéristique des élusses
sociales à Roubaix ou ta politique ouvrière do l'anciou
régime. Le système corporatif, organisé eu 1584,les règle-
ments do fabrication dont les égards, nommés par l'éehevi
nage, sont chargés de surveiller l'application, surtout lu lutte
••litre Lille, la vieillo cité industrielle, et le plut
pays où le
travail est a peu près libre, voila les points sur
lesquels
M. Grombé nous apprend quelque chose; encore sur la der.
niére trouvera-ton fies idées plus justes, plus
systématisées
dans le travail récent de M. A. de Saint-Léger (/.« rimlilé
iiiitmtrirlle entre In tille de Lille et le filât pmjx,etc., dans
limalexde l'Est et du Nord, juillet-octobre 1900). Rien sur les
salaires, et un chapitre tout entier sur les impositions qui
pèsent sur les fabricants, rien sur le nombre des industriels.
i't ii plusieurs reprises des données sur la
population globale
de Roubaix; ces lacunes et ces impedimenta
prouvent assez
lé manque do méthode de l'auteur. Nulle
comparaison entre
les résultats et son travail et ceux qui peuvent ôtre tirés
d'études similaires; nulle conclusion, par suite,
qui en
dépasse les maigres résultats de montre de quelle façon la
révolution douanière de 1780, ln graudo révolutiou politique
et sociale de lïHft-ITM)pourront agir sur la
fabrique roubai
sienne.
(i. H.

STMKDKItiJagob.i. –Die Inventai» der FirmaFugger au»


dem Jahre 1527 Kingeleitel uud
lieruusgegobeii. Tû-
biugen, Laupp, MO», p. XII-127 in-8- (ZeitHehriftfur die
ijemmte Staulsmeiixeliaft, Krgâinaugxhefl).
¡.
Aux travaux do Scliulte. Khrenberg, Hâbler, M. Strieder
ajoute une publication curieuse, celle de l'inventaire dressé,
en ISâ7, a la snitc du décèsde Jacob
Fugger, mort sans enfoui,
et à qui succéda son neveu Antoine. Le précédent inventaire
connu de la maison Fugger est de 1511. Celui-ci
comprend,
dans l'opuscule de M.Strieder, 114
pages; les renseignements
qu'on en peut tirer ont été groupés dans une introduction de
56 pages. Nous avons donc affaire à un tout petit travail. Là,
oui été analysées les diverses parties de l'inventaire bilait.
dressé en vue de la déclaration
pour l'impôt; bénéfices
ASALVSKS.– HBOIllKS UK | PKoUOCTION 5(J3
«leISMa. IIÎÎ27;
Wlîï'f » t • • • i
passif, dans l'ordre des comptoirs do l'isiitru-
prise; actif, comprenant fo résumé des iuventuires spéciaux
dus mémos comptoir», eu tout environ 173.600
florin», le
^butinbuclt, ou liste des mauvaises affaires, le Wee/mltwlt,
liste des débiteurs, le llnffmr/i, livre des
prôts Al'empire. Puis
suivent un certain nombre d'indiealiuus sur les monnaies et
tes poids employés dans 1» texte, et. eu très
petit nombre, sur
k's innrcliuudUes et tes prix tes hisser,
grands proprié-
taires do iiiiues du cuivre et d'argent eu
Kspiigncet dans
leTyrol, joignaient, ta banque, l'industrie de ht toute des
métaux et le commerce du ces produits, écoulés surtout
par
leurs comptoirs de Stettiu. Hreslau et Anvers. La
publication
de M. Strieder ajoute, on fait, peu de choses a ce
que nous
savions sur les Puggerati xvr siècle; elle
précise cependant,
t:e qu'avait de complexe uno pareille
entreprise; mais,
d'autre part, par l'absence de totalisations, de toute réduc-
tion critique des valeurs anciennes aux valeurs modernes,
l'Ile ne peut être utilisée commodément ui fournit-de dou-
nées immédiates à la synthèse.
G.B.
1IAKMS (Bkhnhahu). – Darstellung und Kritik der Wirtsohafts
und Betriebssystematlk im Sombartschen «
Kapltalismus ».
SchmoltersJlib., 1U05,4, p. 151-98(Discussiondétaillée de I»
définition cl clnsHilicalion«!<•«Wirlseliaflsforincnet lielricbs-
n.rmen oxposéos pnr Sombnrt. l'nrall ignorer les
critiques non
allemandes qui ont (>U>faites de cette tentative. Cf.Annéesnciol
VI,p/407-77).
ia.MMKHUS(Hbiim.). Der romisohe Gutsbetrieb als wirt-
achaftlloher Or^anlsmus nnch den Werkcn des Cato, Varro
und Columella. Leipzig, Dieterich, 1900,p. Y1IM00,in-s.
KHKENHEtu; (Uiciuhi.) Die Unternehmungen der Brader
Siemens, k-nn, Fisirher, i906, 2 vol. in-8» iConlinucla serin
d'études consacrées par cet autour aux grandes maisona d«;
commerce ou d'industrie. Cette série pourrait, servir à étudier
le rùle de l'individualité des fondateurset chefs deces maisons
dan»le développement de l'entrepris» ol ses
rapports avec en
régimede la production «>tsonévolution).
MAIIAIM (Ehnrst). – Les débuts de l'établissement JohnCoche-
rillàSeralng YievU-ljahrs. f. Soeial-u. Wirtsch.gtsek, III. IJd.,
4. IJ.,p. 027-48et siiiv. (U'aprôs des documents inédita.Cf. note
précédente).
501 L'AXNÉKS(lt:iUI.OU10L'K.l'JUD.IODU

At 'C1, AHt;J ) – Descommunautés de sociétés f amiliales d 'indus


trie et de culture. – Mimtlueon, Jmp. Herliin, 1UU5,p. 105in-8.
VuGËl.STEIN (TnKouuit>. – Neuere Uteratur uber das amorika
nisohe Trustwesen Archir. f. SorMn-m., !9tW, ». 1) p. 534
B56(Uibliogrupliie cuiuuuMitéc).

VVALKBK
( l' h ancis). –The german ateel syndikate. Quart, joum.
vf Econ., umy 1900, p. 353-398 (Historique, stulintique prix,
débouelii'», marclii').
LKSCL'ItK.(J.). – L'évolution du cartell dans la grande indus-
trie allemande de la houille et du fer IW>tftcon. polir, I9»r>.
p. 308-80.
Ml'SSICV ^Ikniiv H.}. – Oombination in the mlnlng industry.
Ni'w-York, Culumbia Univ., Studics in liistorv, économies h
public luw, XVIII, 3.
KtKKBlUOE (rii.-li; a. STEIUIKTI' (J.K. – The modem trust
company. New-York, Matmillitn, 1900, p. 309in-8.
KKCK(II.A .). Der Centralverband deutsoher Industrieiler.
1876-1901. Hcrlii), Culk-iitag, 190-21905. 3 vol. in-8 (Ouvrage
documenté, mais l'auteur ayant élu Imiglcmps a la tète de l'ins-
titution est un peu prévenu).
SCHMOLLKK((àisrAv). – Das Verhaeltnis der Kartelle sum
Staate. Schmoller'sJltb., 190S,4, p. 325-0*(Commiiuicntion, rcviii-
et complétée, faite ù lu rûuuioii du Vcrvin fur So%ialpol?tikV

At.EKUACH il-.}. Une nouvelle organisation industrielle.


Étude sur les procédés et institutions de la fondation Cari
Zeiss à Iena l'a ris, (iianl cl liriêrc, i'JOO,in-8.
(i ASTINEAi:iMarckli. De l'état actuel de la participation aux
bénéfices en France. Paris, Honvalol, Jouve, |«08. p. 482 in-8.

SCIIENNA((i ).– La teoria economica délia cooperadone. Vol. I.


I falti dellii luoperaziiine l)ci pHncipali stali. l'alcrmo, Itoher.
1905, p. MV-aSOin-8.
SCHWAHE.– Ueber die Betriebsmittelgomeinsahaft der deut
schen Eisenbahnen. Xchmolkr's Jhb., 1900. l. p. 189-198.
MEYEU(H.-K.). – Municipal ownersbip in Oreat Britain. l.on-
don, -Muvmillau, \<M, in-8
HHEKS(Khskst). – Les régies et les concessions communales
en Belgique. Paris, Giard cllirii-rc. 1900, in-8.
l'I.ATK (A.). – Munioipal8Ozialisinu8 und staedtisches Anleih
wesen in England. SilimoUer* ihh I90C. i, p. r.l-82.
AXAUMiS.
– KOHUKS
|,k u l'itOI>lu:TIU\ 3i}5

V. POHMKS
DKLAPROMOTION
Pur M. H. Roi'uuim

STEINMANN(Ahtiuhi. DieostsohwelzerischeStiokerei-
Industrie. lUickbick und Ausschuu. Eine volkswirtscliad-
lichsoziale Studio, mit eiuem Auliang iiber die saniliiri
schen Verliiiltnisse in der ostschweizerischeii Stiekereiln-
dustrie. Zurich, Radier1» Erben, 1U05,p. Vlil-*0» iu-8».

L'objet de ce livre n'est pas simple. Il est descriptif et doc-


trinal, il expose la réalité et il développe un idéal industriel
<-tadministratit au (ond, la
description est faite pour servir
les vues d'une poliUqueéconomiqtie. Ace dessein nousn'avons
rien à objecter un principe, mais c'est à plusieurs condi-
tions, auxquelles le préseut ouvrage uo parait pas satisfaire.
D'abord l'utilisation de l'analyse de la réalité
parla politique
économique n'est scientifique que si cette politique u'a rien
de subjectif et d'à priori celle de M. Steiumann ne
présente
point toute garantie à cet égard. Il manifeste pour la produc-
tion nationale en géuéral, et, en particulier,
pour l'espèce
iliudustrie dont il s'occupe, et enfin pour certaines institu-
lious qui lui semblent se rapprocher de ce
qu'il appelle lui.
même uu idéal, des dispositions sentimentales, une faveur
d'affection et de passion qui imprègnent souvent la démons-
tration et parfois conduisent la discussion a la
polémique. La
disposition même du plan est inquiétante l'auteur traite du
« présent »de l'industrie et de son
«avenir», c'est-à-dire qu'il
traite des solutions protectrices do l'industrie,
sujet propice
aux développements subjectifs et aux anticipations(1re
partie,
notamment ch 3), avant d'aborder le « passé», qui
comporte
It'lude précise des faits et des institutions (2*partie – Second
défaut, qui aggrave le premier. Il était nécessaire que les
leux objets de l'ouvrage, descriptif et pratique, fussent soi-
gneusement distincts dans toute l'exposition. Nous concevons
môme que le second n'aurait dû venir qu'après l'épuisement
<lupremier, en fin d'inductions et de conclusions,les
proposi-
tions de politique (syndicaliste, interventionniste, etc.) sui-
vant et appliquant les résultats de l'étude positive. Loin
qu'ili)
»a soit ainsi, les deux points de vue sont constamment ou
œnfondus ou substitués l'un a l'autre, de façon que la poli-
Sflti I.'ANXKK SOCIOUHIIQUK.Wlfâ-lSIOl)

tique Industrielle geue l'an;ilyse et que l'analyse ne conduit


pas en sécurité à la politique industrielle.
En soi, d'ailleurs, la partie du travail qui nous intéresse
proprement ici, celle qui concerne la situation de l'iuilustrie,
renferme des données intéressantes, La (locuinentalion est
abondante, uvecdcschilTres, des tableaux, on lu statistique est
bien utilisée. La description de l'industrie, avec ses vues
d'ensemble et ses discussions de détail, fournit beaucoup de
renseignements et de conclusiolls a retenir. – L'auteur
montre d'abord l'importance de cette industrie eu Suisse, les
dangers qui la menacent (concurrence étrangère, crises), les
moyens de protection employés ou proposés (surtout coopé-
ratifs ou syndicaux;. Puis il décrit les débuts de l'industrie,
son développement, sou organisation actuelle (producteurs,
vendeurs puU'ons, courliem; plus particulièrement les formes
de l'industrie, a domicile ou en fabriqun; enfin les institutions
qui se proposent actuellement le relèvement de l'industrie
(coopératives, associations ouvrières). Tue troisième partie
exposespécialement les manifestations del'activité du'entrai-
Vvrhand der Mwktrei-IudiHttric les mesures prises par lui
sont analysées et discutées. Une quatrième et dernière partie
indique ce qui a été tait depuis la chute et la reconstitution
du Yerlmmt(1803), et termine par l'énoncé des principes qui.
selon l'auteur, devraient inspirer la poliliqueinduslriollc d'une
semblable association.

Pol'të ^Jkssk Emfualktj. The clothtag industry in New


York. Universityof Missouri Sludies. Socialscience séries.
Vol. 1. Publ. by the University of Missouri, Sept. 1905.
p. XX 339 iu-8\
(Jet ouvrage est divisé en deux parties par la date de 1880.
qui, d'après l'auteur, marque dans l'industrie des transforma-
tions profondes. La premièrepartie décrit les origines, le
sys-
tème de production employé avant 1880(fabricants en gros.
travail a la fabrique ou à domicile), la division du travail
alors nsitée, Jes salaires, la durée du travail et lliygièno. La
deuxième partie montre d'abord comment s'est renouvelé
le personnel ouvrier; décrit et explique le
développement
du travail à domicile, les variations de la divisiou du travail
étudie Je mouvement des salaires et indique les causes qui
ont pu le déterminer expose Jes systèmes de paiement du
mUTSKS.
– KoltHBS
DKl.\ PIIODCUTION Sttï
salaire (aux pièces, au temps, à lu tache combiuuiauu des
deux premiers systèmes), les conditions domploi (durée du
travail, hygiène), les revenus et les dépenses des ouvriers.
les mesures de réglementation prises par l'État, tes travail
leurs (label), tes consommateurs (ligues);
analyse l'uni vre
des trado uuiuns; décrit le swentiug System enfin conclut
sur tes causes du développement de l'Industrie du vêlement
a New York et sur l'élut actuel de ce
développement.
Toute cette matière repose sur une bonne documentation
taux de salaires, résolutions syndicales sont recueillis et utili-
sés avec soin très précise a été l'observatiou des faits, uotam-
ment sur le sulairo relatif, les déplacements de la maiu
«l'u'uvro, la division du travail. Et pourtant les conclusions
attirent bien des réserves c'est que la démonstrationest sou-
vent insuffisante. Pur exemple, au chapitre premier, l'nutetir
attribue aux transformations des habitudes sociales,
qui
imposent à certaines catégories d'individus (intellectuels,
employés, etc.; dos vêtements propres à bon marché ou des
uniformes, la substitution du commerce de confection à la
friperie cette causalité possible est seulement expose, sans
induction et môme sans détcrmimiliou d'évaluation et du
mesure il n'est pas question. De même, pour lu diminution
de l'emploi des femmes dans l'industrie considérée, îles
« causes » suut indiquées, qui réellement sont des hypothèses
plausibles, et non des causes scientifiquement valables,
c'est a dire des rapports établis. De môme encore les causes
possibles du maintien des salaires ue sont point démontrées.
Il est vrai qu'elles sont sans doute déinoiitrables maisail-
leurs l'auteur explique le swcaliug sysleni comme un ellet
des forces cosmiques qui produisent des bouleversements
dans l'omploi et l'adaptation du travail (p. 28(ij et ici tu
démonstration nécessairement échappe. Aussi n'ost-il pas
étonnant qu'en lin de compte tes conclusionsdu chapitre ter-
minal manquent de solidité les faits auxquels elles se
réfèrent soûl intéressants, mais l'élude positive, méthodique
et décisive de ces faits a trop souvent fait défaut pour leur
assurer pleine valeur.
Ce qui remplace l'élude n'en lient pas lieu c'est de l'a
priori. Parexemplc. In discussion des mesures réglementaires
prises par les travailleurs et par les consommateurs fp. 38i
*p| est une discussion théorique d'idées, non de faits; la dis-
cussion du |bel, nolJtmnienl.esl fuite du point de vue du con-
S68 l.'ANXÈK VM-iVQH
SOCIOl.OlilQlE

sommateur-type. tes causes favorables ou défavorables an


développement et à l'action des trude unions sont prôsupim-
sues, non démoutrées, et même parfois non démontrables. Lu
description du sweuting syslem conduit à une théorie des
classes qui semble préalable à t'élude particulière. D'autre
part l'a priori tient au subjectif: sur plusieurs points, l'auteur
parait de parti 'pris, contre les ligues de consommateurs, par
exemple, pour le patronat contre les trade unions.
Néanmoius, sous les préventions, l'a priori, les conclusions
même, ou peut retrouver la matièreutile desfaits mais quels
sont ces faits? De la critique qui précède il ne se peut pas
qu'on ne retire l'impression que les faits eux-mêmes sont
présentés dans une grande confusion. Le livre est ordonné,
mais le sujet ne l'est point. Au chapitre u de la première
partie, l'auteur traite des systèmes de production el d'emploi
il brouille,dans le détail même, et notammentdans son déve-
loppement sur le rôle des intermédiaires ou tacherons, deux
séries de questions, les unes se rapportant au régime, et les
autres à la forme de la production. Le chapitre correspon-
dant de la deuxième partie i.eli.n> présente le même défaut.
Le chapitre ri traite du budget ouvrier et expose les détails
mêmes de ce budget: le sujet du livre disparait ici pourlaisser
place à une description do classe économique, Surtout le cha-
pitre vin. sur le sweating syslein, manifeste l'incertitude et
l'indécision du dessein de l'auteur, des généralités sur le
sweatiug, et, plus encore, sur ta fabrique, sur la sous-entre
prise, ne dissimulent pas des malentendus et des obscurités
de fond, même des erreurs, qui proviennent de ce que les
notions directrices ont manqué ou ont été confondues. Du
toutes ces observations il appert que l'auteur a composé une
monographie d'industrie sans déterminer scientifiquement
son objet propre et sans distinguer les questions qui lui
ont paru se rapporter à l'industrie étudiée.

h'RAHNE(Cum;. – Die Textilindustrie im Wirtschafts-


leben Schlesiens. Ibre wirlschaftlichen uud technischeii
Grundlagcn, historitl»-<ikonomischeGestaltung und gegen
wârlige Bedeulung. Tubingen, Laupp, 1905, j>. KU-iVi
in*.
Dece livre M.Frahne a voulu, ainsi qu'il le dit dans sa pré-
face, faire un tout rassemblant des données et des matériaux
Fttnldgs lix t<A YNOU~(:tu1 â6'J

jusqu'ici dispersé» et souventd illicites à atteindre, li u voulu


replacer l'industrie textile danslu vieéconomiquedo lu Silésie
il a été conduit par là, dit-il, à une étude historique et u une
étudetechnique. Par souéleudue.pur sa complexité,purcequ'il
» d'indéfini et d'illimité, unpareil objet cause une
inquiétude
<|ue l'exécution justifie. l,;i première partie du livre traite de
la Vieéconomique de la Silésie c'est connue une
préface di-
Kénéralilés à la muuograpliie d'industrie. Maisa quoi tend
cotte préface ? comment attribuer une
valeur scientifique, une
valeur do fondement et d'explication, à cet ensemble
compo-
site
à In connaissanceduquel la préseuteiriouographie apporte
justement un élément réputé nécessaire Territoire, popula-
tion, plantations et compositiondes terrains, répartition de la
propriété, (aune, hydrographie, chemins de fer, économie,
nombre des exploittalious,des moteurs, répartition des indus-
iriesel des travailleurs, production telles sont les matières
île l'ensemble. Est-il complet? Non. car la vie
économique de
la province n'y est pas décrite, ou plutôt résumée, tout entière
Kl pourtant de l'économie il déborde dans la géographie, lu
Sùologio. la botanique, sansqu'on puisse attribuer adjonctions
mi limitations à autre chose qu'à l'arbitraire de l'auteur. Ad-
mettonstoutefois qu'elles soientobjectivement fondées la jux-
taposition de descriptions rapides, de tableaux sommaires n<>
donnepasdela vie économiqueuueconuaissance réelle parmi
ces représentations fragmentaires, qui se refusent à la colié-
ronce, le tout échappe sans se constituer. Onne saisit pas ptus
son unitéquesou rapportau sujet du livre. Lan1partie est plus
consistante eu même temps que mieux déterminée mais son
utilité est aussi contestable. Elle traite de l'industrie textile
'u général éléments, conditions, produits. C'est uue sorte de
résumé encyclopédique du textile ue devrait-on pas supposer
l'uunues ces généralités Y car où se limiter ? où descendre.
>l élémentsen éléments La conception extensible du sujet
n'a pu se fixer que par les préférencespersonnelles de l'auteur.
Les caractères de cette conception se retrouvent dans la
iloeumentaliou. Elle est abondante jusqu'à l'excès, riche et
précieuse du reste, rassemblant les renseignements histo-
riques, administratifs et statistiques, pleine d'indications
précises, aboutissant sur quantité de points à unn univre
achevée d'histoire où ou peut se référer et puiser, mais
inégale et confuse. Inégale trop de matières sont touchées.
"l trop diverses, pour qu'il ait pu en être autrement; aussi y
IHO lUUii-ITOS
L'ANGESOClOLUOtylB.

a-t-il uieu des endroit» ou les données sont incertaines, tes


sources pou sûres, les références de vu leur médiocre ou de
présentation négligée. CouCuse entre les documents écono-
miques et ceux de nature diOérenle il y a llottement; et, de
plus, lu personnalité de l'autour intervient ici comme dans !n
détermination du sujet. C'est elle qui choisit entre les voies
multiples ouvertes à la recherche, qu'elle pousse ou limite
dès lors sout à craindre les décisions de seuliiueul et les pré-
jugés doctrinaux, d'autant plus que l'auteur laisse paraître
des préoccupai ions théoriques et mémo dos dispositions com-
batives (not. p. 124).
Ces réserves faites, voyous la disposition de l'ouvrage. La
première et la deuxième parties ont été analysées il y eu a
deux autres, l'uue de développementhistorique, et In dernière
de description présente. L'histoire est faile successivement de
l'industrie du lin, du colou, de ht laine, de la soie. Dans cha-
cune de ces subdivisions l'auteur suit les vicissitudes de
l'industrie et expose tes évèuemeulsdont el les ontt p»dépendre.
– Prenons pour exemple ce qui concerne lu laine p. 1C9-iO3>
L'auteur remoule aux débuts de l'industrie, chez les (ici-
mains, dans 1'économiodomestique, la suit dans les couvents
du haut moyen-âge, montre sa formation dans les temps
modernes décrit lu première technique, les conditions du
travail, lus corporations, le développement de l'industrie
urbaine; le rôle des marchands et leur contrôle corporatif de
monopole (xut° et xiv" siècles); recherche les causes qui ont
pu retarder les progrès industriels, situation politique, état
des moyens de transport, faiblesse de la technique, disper-
sion des forces de travail, guerres, concurrence de l'Angleterre
et île la Hollande; expose la réglementation corporative, pui*
la libération des règlements à partirdu xvic siècle; montre la
transition entre le métier corporatif et l'entreprise capitaliste,
décrit l'industrie nu xviu° siècle, puis au xixr progrès tech-
niques, salaires, durée du travail, concentration locale, travail
à domicile. Mais cette fin de la m"partie ne fait qu'introduire
à la iv'7 dans celle-ci, l'auteur, sans prétendre donner de l'état
actuel une description complète et achevée, passe en revue lit
statistique des personnes employées et des établissement-
dans l'industrie textile et dans .-es branches; montre la
situation de la petite industrie et de l'industrie a domicile,
la répartition géographique: puis entre dans le détail des
branches industrielles (lin, coton, laine, soie;, et, pour clia-
XSALUM. – KUHUKBPB LA WtODUCTIrt.V 37 1

«une, expose les faits concernant la localité, Ja tachuique, tu


production, les débouché»,l'organisation syndicale.
Ainsi ce sont là les parties qui rouirent dans le
sujet précis
de l'auteur, eu sou sens restreint; et pourtant 011ne
peut
manquer d'être frappé du ce qu'elles ont, daus leur plan
môme, de complexe et diudéfinL Le détail du livre couttrme
«elle impression. Que vient faire la
statistique des ouvrier»
soumis il l'assurance-accidents à lu fin du
paragraphe eoucer-
uanl le développement historique de l'industrie du cotou
ip.
t«8>Quel est le rapport entre la statistique de*établisse
mouls et do la production et l'analyse du la réglomeutatiou
corporative (p. 179;, dons le paragraphe concernantl'histoire
industrielle do la laine ? Pourquoi, dans ce même paragraphe,
une description générale de l'industrie à domicile,mêlée à la
description parliculiôrede la brandie d'industrie considérée ?a
Lu succession ou la juxluposiliou des douoées, souvent, ne
s'explique poiul; l'ordre positif n'existe pus. Or, s'il ou est
ainsi, c'est essentiellement parce que tes questions diverses
abordées par Tumeur uo sont pas déterminées et distinguées
régimeet forme d'industrie, technique et administration, eou-
«lilionouvrièrcclorganisalioudu marché, rien u'esl réellement
classé, objectivementdéliai pour la recherche et pour l'étude.
Aussi ue s'élonnera-t-ou point que cet ouvrage, riche elsrtre-
uictit utile, ue soit pas eu soi très instructif.
Qu'apporle-t il, ou eflet, daus ses conclusions Hitsuque de
très général et très vague, Il constate surtout le progrès de
l'industrie, la production accrue et bien organisée; mais des
conclusions de scieuce, des formulations de rapports et de
lois font. défaut. Ou saisit dans le détail la cause de cette
lacune, ou plutôt de cette insuffisance générale c'est la fai-
blesse des démonstrations, ha conception du sujet a conduit
l'auteur à accumuler dans sou ouvrage les généralités ces
Ki'iiéralilés, données en guise d'explications, ne sauraient
valoir commetelles. La même conception l'a conduit a utiliser
<-ui»me règles générales les conclusions particulières d'ou-
vrages de seconda ntaiu. Enfinnombre de déiiuinslralions ori-
ginales ue sont point concluantes: des corrélation!) sont attes-
tées sans être prouvées des causessont préjugées, encoreque
probables; d'autres sont alignées, sans détermination, sans
iléinouslnitiou réelle: telles lus circonstances qui soûl dites
avoir agi sur te développement de l'industrie linièrc au début
«lu xixc siècle, ou sur le développement do l'industrie de la
&"42 I.'aSNKK sOCIul.OC.lytK. IWi-WOO

lame au moyeu-Age;telles encore les mesures prises par Frédé.


rie 11 au xvtu" siècle, et qu'il était nécessaire d'expliquer, en
établissant positivement leur valeur causale.

LBVY'IIkhmann). – Die Stahlindustrie der Verelnigten


Staaten vonAmerlkain iliren heuligen Produklions-und
AbsatïVerliiiltnissen. Berlin, Springer, li»0S,p. Vlll-Htlt
in-8".
M. Levy s'était proposé d'étudier les progrès
accomplis
aux KtatsUnis par les industries qui ont pour but la produc-
tion des objets (abriqués, terminés et achevés, cette question
lui paraissant la plus grave de celles que comporte le «
péril
américain ». A l'épreuve, il reconnut que son projet, éliiit
irréalisable, faute de temps et eu raison de l'état et de I» valeur
des sources il utiliser. Il chuisit alors comme objet d'étude
une industrie déterminée, celle de l'acier, qui n'a paseucoro
inspiré de travaux sérieux, et il résolutderechercher, sinon les
lois, du moins les tendances auxquelles a obéi cette industrie
dans son développement.
Comme le déclare M. Levy, une pareille recberclte est
dillicile l'utilisation scientifique des sources est délicate,
laborieuse, parfois impossibie. Pour être exposé aux
moindres chances d'ignorance et d'erreur, il a poussé lo plus
loin possible son enquête sur pince et sa documentation, Il en
résulte que cette documentation est considérable et d'ungrand
prix. Des chillres, des tableaux presque partout, des extraits
de journaux spéciaux et de rapports, une expositiou très
dense, une analyse très déliée, beaucoup de matière, solide et
variée voilà sur quoi repose l'ouvrage, et ce qui lui assure de
la valeur, indépendamment de tout jugement sur lit méthode
et les conclusions.
Si maintenant on en vient là, ou doit d'abord reconnaître
que l'ouvrage n'est pas un, mais triple. et que chacun des
trois sujets qu'il traite doit être considéré il
part. Outre la
forme d'industrie dont le titre du livre semble promettre In
description, et qu'il décriten eiïet, il expose un régime d'in-
dustrie, celui du trust, et enfin il discute la question de l'éco-
nomie de la production, de lit rentabilité. Môme la
première
question se subordonne à la seconde, qui tend à la troisième,
laquelle parait, à mesure qu'on avance, capitale et essentielle.
Cette complexité de problèmes résulte de la uaturedes choses:
– V'OBMRS
ANALYSES. I>KLA MIOI)M:T«>N 5T3
niais combien le livre, quiest fait pour les élucider, eulgagné
en clarté, en vigueur, s'ils avaient été définis, si les termes
en avaient été posés avec la détermination Pt la netteté dési.
rables! Dans le courudu les différents points de vue
auxquels so place l'auteur semblent Jlotler; et les questions
particulières n'attirent point tout l'intérêt et ne comportent
point tout l'enseignement qu'eût valus une conception ordon-
née, méthodique, vraiment une, malgré la pluralité des pro-
hlèmes questions des prix, des (rnis de production, do la
politique industrielle du trust, des droits dédouane, etc.
On a analysé plus html la première de ces parts mais il y et
lieu d'estimer ici, une fois pour toutes, la valeur générale des
démonstrations de AI.Levy. Elles portent In conséquence du
défaut initial de ta conception el du plan do la confusion
dans l'indication des phénomènes et de leurs causes présu-
mées, dans la discussion, où l'énonciation des causes de diffé-
rents degrés est constamment mêlée à l'exposition des faits
d'autre part, étant donné ta complexité des questions et la
succession des points de vue, une certaine rapidité qui multi-
plie les hypothèses sans tes conduire à mie preuve suilisanle.
Néanmoins la matière du livre et la méthode de l'auteur sont
assez,bonnes pour réduire ces défauts au minimum la plu-
part des démonstrations, non seulement sont intéressantes,
mais sont solides, bien conduites, concluantes, justifiant les
prévisions fondées sur elles. Ou pourra eu (aire état pour lu
théorie de la rentabilité, des trusts ou des formes d'industrie.
Quant à cette dernière question, la matière est la suivante.
L'auteurexpose d'abord les causes qui ont accru la production
du fer et de l'acier auxÉtats-Unis besoins nouveaux (de rails,
navires, wagons, clous),industries nouvelles (fer-blanc, fil de
fer, machines agricoles); ces besoins et ces industries dépen-
dent surtout du développementagricole (machines, moyens
de transport, boites pour les conserves, etc.), Puis il étudie
la production des matières premières gisements, transports,
production de l'acier brut, procédés. 11 passe ensuite à la
fabrication dos différents produits industriels: rails, matériel
tie construction, ii) de fer, fer blanc. Enfin il termine eu
décrivant la situation actuelle elle est caractérisée par la
diminution de l'importation, que favorisent les richesses natu-
relles du pays et lu substitution des machines aux travail-
leurs manuels. Contre cette exportation les pays européens
pourront lutter par l'achèvement et le perfectionnement du
îiT t- '/anskk siu:iiii.oiin>i>: l'JOii-JUOB

travail, qui dépendent de riiinéH(»rationde la condition miHi1*-


rioltt' ut intellectuelle des travailleurs.
La partie lit plus importante de l'ouvrage, concerne,
comme nous l'avons dit. In rentabilité de l'hi'lustrie de l'acier
dans les rUals-Unis mais l'autour ue marque pas assez la
liaison de cette étude avec celle do la forme et du régime. A
partir de la production du fer brut, il rechercheles premières
causes qui ont in Huésur la diminution des frniset sur le ren-
dementde l'industrie (le sout: l" dus découvertes de gisements
de minerai; û"des diminutions volontaire» et raisonnées des
frais, soit techniques, soit économiques (par exemple,'orgn-
uisalioit des débouchés}. Le progrès conliuue dans te même
sens durant les viugt-ciuq demiC-resaimées (p. il sqq.i.
D'abord, de nouveaux gisements sont encore découverts, dont
la richesse augmente énormément la production surtout, de
grandes améliorations techniques sont réalisées. Le rempla-
cement du travail manuel par le machinisme a pour consé-
quence une très forte diminution de la part des salaires dans
les frais de production et celle diminution est encore accrue
pur l'exploitation a ciel ouvert d»us les nouveaux gisements.
Les frais de transport sont aussi considérablement diminués
par l'amélioration de la technique du chargement et du
déchargement et par l'amélioration des transports eux-mêmes
'construction de docksperfectionnés, do bateaux rapides).
Le principal phénomène qui agit sur les prix du fer et de
l'acier. et par suite sur In rentabilité de l'industrie, c'est ta
demande de l'agriculture. I)e la prospérité de l'agriculture
dépend donc la rentabilité de l'industrie. Toutefois, il faut
considérer aussi l'influence des droits de douane, qui peuvent
maintenir les prix en période de dépression économique, et.
en temps de hausse, rendre rentables les entreprises les moins
perfectionnées et sans combinaison ou fusion. Eu temps de
crises, la rentabilité est soumise à trois conditions nécessaires:
perfection technique, bonne situation commerciale, exploita-
lion combinée (p. U»-I40i.
Quant aux industries de fabrication, en particulier, ou
constate que le mouvement de leur exportation dépend des
richesses naturelles du sol et du remplacement du travail
manuel par les machines. Les droits protecteurs ont servi à
augmenter production et profits mais leur absence n'eut pas
empêché le progrès industriel et la rentabilité. Pour l'avenir,
la rentabilité parait durable tant que dureront tes richesses
*X.U.VnK-. – litKMK* 1)K l.\ I'Muih OÏ<»X ST8

<ltis»! et la bonne Icrfitiiiiitn qui emploie un


grand nombre
d'excellentes machines et nu petit nombre d'ouvriers bien
qualifiés.

WOU'T iIIkumimm Der Spessart. Sein Wlrtschafts-


leben. A»ch«ITenbiir{ç,V. d. Krehscheu Huchhaudluuiî.
\yMV>,p. XI-482 in-K".
Ce livre est le résultat d'un séjour d'étude do duux années
tlansle Spt'ssnrt (hnuclo franconienne du Main, eullttvièroi.
A son enquête l'utitcur n adjoint de vastes lectures, d'on il n'a
HxeluHeu de ce qui » été écrit sur |o Spessarl. Muni de cette
double docuinentalion, s'est proposéde décrire I' « organisme
économique » constitue»par «elle région géographique. – S'il
y n réellement organismeéconomique, c'est ce que l'ouvrage
doit apprendre; s'il existe entre le sol et l'économie cbe
rap-
ports que l'auteur qualifie de logiques, c'est à l'ouvrage qu'il
faut le demander quoi qu'il pu soit, l'auteur a voulu faire et
fi fait une monographie complète du
Spegsnrl, et ce dessein
inquiète quant a la malièro qu'il comporte et quant il la con-
ception qu'il indique et aux dillicultés de disposition aux.
quelles il pouvait se heurter. Voyons comment il a été réalisé.
La matière, c'est toute l'économie du Spessart on
n'y per-
çoit point do lacunes. La documentation présente le caractère
île perfection qu'on pouvait attendre des internions et du tra-
vail de l'auteur. Le nombre, le détail, l'intérêt des
renseigne-
ments fournis atteint le plus haut point concevable. L'en-
'luôte sur le Spessart nété poussée en tous sens dans l'espace
i't dans le temps, et tes donnéesrecueillies répondent en
quan-
tité et en valeur à l'étendue de la recherche. Knparticulier.ee
qui concerne les industries du Spessart est d'une grande pré-
lisiou et d'un grand prix. Il y a donc dans ce tivre un nmns
de matériaux très utiles, indépendamment de toute élabora-
tion scientifique.
Or cette élaboration «st justement ce qui laisse à désirer.
Toute l'économie du Spessart est dans cette
monographie
mais d'abord il s'y ajoute bien des parties qui ne sont point
fcouomiques en second lieu l'économie el le reste se trouvent
traites avec beaucoup de confusion Ou va voir comment la
matière économique, et, plus particulièrement, les données
se rapportant aux formes de production, par lesquelles l'on
trage nous intéresse ici. sont répnrlies dans le plnn.
:>7ii i.'anxkk sucKii.oiiiQt k. lau.i-i'.iou

L'autour ne paraît pas avoir conçu toute In (tiittcultè et


aussi toute la portée d'un plan scientifique. Le Spessart étant
une région forestière. agricole et industrielle, il a réparti dans
ces trois subdivision! forêts, agriculture. industrie, la
matière de suit livre, économique ou mitre Pour les forêts,
il commence par l'histoire des domaines, expose lu situation,
le climat, lu nature du sol, la végétation, les espèces de bois,
les modes d'exploitation et là, abordant enfin l'économie, il
montre comment les différences de l'exploitation dépendent
de la qualité de la propriété puis il décrit la répartition de lu
propriété, mais constamment il mêle la technique et l'admi-
nistration ù l'économie et, dans sa préoccupation des mesures
de détiiil et avec sou souci de tout dire, l'explication propre-
ment économique lui échappe. Le reste du livre, qui concerne
l'agriculture et l'industrie, est encore plus mal distribué il
est découpé en trois périodes, purement historiques ou admi-
nistratives, avant, pendant et après le gouvernement de Dal-
berg, et, dans chacune de ces périodes, l'agriculture et l'in-
dustrie sout uniformément rapprochées et traitées l'une après
t autre. D'ailleurs, le détail présente généralement lo même
désordre, ou le même défaut d'ordre positif. Peuplement, dis-
position des terrains, formes d'exploitation agricole,. types de
cultures et de villages agricoles, exploitations industrielles
annexes, verreries, forges, nombre des ouvriers occupés,
salaires, sulines, mines tel est le résumé de la première
période, le tout mêlé de digressions, de revues et danticipa-
tions, de réllexions et de variétés. Et il en est ainsi pour tes
deux autres périodes, traitées de la même manière éiiutné-
rative.
Mais ce qu'il y a de pire, dans un semblable plan, ce n'est
pas la confusion de la matière et des sujets, c'est la confusion
des questions. A chaque instant, on verse de l'économiedans
la moraleoudans l'administration. Et pour ce qui est de l'éco-
nomie elle-même, on touche successivement à la production
et à la répartition de la propriété, à In division et à la situa
tion des classes économiques. La monographie du Spessart
comportait-elle toutes ces questions ? demandait-elle qu'elle»
fussent posées, étudiées? Soit; mais à la condition d'être
classées, et à la condition aussi que l'auteur se préoccupât
d'établir leur rapport dans les faits et de montrer les relations
existant entre les phénomènes qui se rapportent à l'une ou à
l'autre. C'est ce qui a manqué.
AJULISIM. – FORMES DK LA MKUWCTIOK 577
Parmi ces questions, il en est toutefois qui se
présentent
avec un développement plus systématique, sans doute
parce
que la réalilé les ofîruit à l'auteur à un degré supérieur de
détermination ce sont celles qui ae rattachant à la forme de
la production industrielle. Dès le début de son livre, l'auteur
est amené ù distinguer les industries qui
emploient des
ouvriers qualifiés de fabrique, celles qui emploient des
ouvriers nonqualifiés venusdo loin, euftn cellas qui
emploient
des travailleurs ù domicile (p. 20). Sur cette base
morpholo-
gique il construit toute la dernière partie de sou travail (p. 298
sqq.). Il décrit plusieurs zones d'iudustries dilléreules.
I" Industrie de fabrique dans la ville et la contrée d'Aschaf-
fenburg. L'industrie s'établit et se développe ù la ville, où elle
draiue les travailleur» des villages voisins
(statistique des
ouvriers, salaires, habitation, alimentation). – 2° Industrie
rurale. A. En fabrique daus tes localités trop
éloignées d'As-
chalïcnburg pour permettre les allées et venues des ouvriers
entre la ville et ces localités. On constate un rapport direct
entre l'industrialisation du pays et l'augmentation delà
popu-
lation, et uu rapport inverse entre le nombre moyen d'hec-
tares d'exploitation agricole par famille. B. A domicile dis-
séminée, pour la broderie de perles (analyse du rôle des
ouvriers, de l'entrepreneur, de l'intermédiaire, agent ou fac-
teur) groupée, dans la région d'Aschaffenburg, pour la coti-
fection l'auteur attribue la constitution et le
développement
de cette industrie à la surpopulation, à la surabondance de
main d'œuvre rendue disponible par ta cessationd'anciennes
industries (filage,tissage), a la' diminution des parts hérédi-
taires du sol morcelé par les lois successorales (organisation
du travail à domicile, répartition des ouvriers, salaires,
régime de vie). – il" Industrielle passage les travailleursdes
régious éloignées d'Aschaffcuburg y viennent chercher des
occupations saisonnières à la fabrique. – 4° industries spé-
ciales (surtout les grès).
A chacune de ces quatre subdivisions économiques corres-
pond une subdivision géographique bien déterminée, Il appa-
rait môme que c'est lu considération des caractères géogra-
phiques qui a inspiré à l'auteur sa recherche des caractères
économiques c'est pour cette recherche une cause d'insuffi-
sance et «l'erreur. On ne trouve pas le principe
économique
de la classification des industries faite par l'auteur: cette clas-
sification est tantôt régionale, tantôt morphologique et quant
K. Dchkiikih.– Annïw
siiciul.. 1905-1
'J(lfi. 37
$18 i.'annëb sociologiouk.1905-190»
aux doux deruiôreâ catégories, eUes ne relèvent duucuue
conception systématique. Et pourtant la documentation
sérieuse, l'enquête prévoyante de l'auteur le conduisent, mal-
gré la coufusiou de»douuées et des notions, à des coud usions
économiques»intéressantes, positives et fermes. Il y a rèelle-
raeut une di((éi-enciuliui\économique des régions du Spessart
que l'étude u distinguées; cette différenciation dépend de lu
rentabilité du travail là où une forme d'industrie cesse d'être
rentable (en fabrique, par exemple), uue autre commence (a
domicile) le déplacement Initial de la main d'œuvre dépend
de la rentabilité foncière (des parcelles agricoles) le travail
qu'elle laisse disponible cherche uu emploi industriel. U eut
été du plus grand intérêt et de ta plus grande utilité de pou-
voir suivre jusqu'à ces conclusionsune démonstration métho-
dique qui les eut préparées.

Note sur la morphologieéconomiqueet les monographies


d'industrie.

On mesure par les analyses qui précèdent l'importance et


la valeur du travail consacré aux formes de la production et
aux questions connexes. Parmi les sujets do l 'économie,c'est
un de ceux qui attirent le plus l'attention des travailleurs. De
cet empressement résulte uu labeur utile, qui fournit à lu
science une quantité de matériaux considérable et tmecollec-
tiou d'expériences. M.iis d'autre part il est manifeste que les
conclusions de ces travaux, leur valeur proprement scieutill-
que, leur coulingeut d'acquisitions positives ne sont pas en
rapport avec leur nombre, leur étendue, leurs qualités d'in-
formation. On se propose dnus ce qui suit de rechercher pour
quelles raisons il eu est ainsi et à quelles conditions il pour-
rait en être autrement.

1. – Une première cause de faiblesse, tout extérieure et


superficielle, mais générale et constante, qui, en se renouve-
lant ou en se prolongeant, perpétue l'incertitude ou l'erreur,
c'est la contusion des termes. Presque aucun des livres ana-
lysés ne possède do vocabulaire économique précis et défini.
Dansle détail, passe encore; on peut l'attribuer à des négli-
gencesde tédaclion mais quand il s'agit de la dénomination
de concepts géuèraux, de tôles de chapitre, de sujets d'étude,
.mUSKS. – HIUUIÎS ItK LA PIIOUL-CTIOM 870
tli kn^L dI a^kB
I .M.«4^ V% Il
la chose devient ççrnvc. Pur exemple, un mot revient sou.
vent. et un peu partout c'est le mot « système ». Quand
il est suivi d'une détermination, bysIAiii»
d'exploitation,
système industriel, lo lecteur «'en lire uisémeul encore con-
vient-il de remarquer que l'aisance est
d'uutiiulplusgraude
que la détermination est plus précise, et que, par exemple,
système industriel peut prèier à des équivoquesque ne permet
guère système d'exploilaliou. Mais souvent toute espèce de
délermiiinlfou fait défaut et alors la précision de définition,
d'explication et de compréhension devient Impossible. Le
mot système est peut-être uu mot commode; mais il
importe
de te réserver a l'ensemble des faits et des relations
qui carac-
térisent un élut économique, comme l'expression « système
économique »so trouve employée ici même.
Privé de In fausse commodité do ce premier vocable,
qu'on
applique à des choses biatt différentes, le travailteursera forcé
de chercher, pour les désigner, le mot convenablo, le mot
pro-
pre. Il ue se servira plus, arbitrairement ou capricieusement,
de ces termes do « forme » et de « régime », que de bonnes
définitions doivent fixer dans l'usage; il no confondra
plus
« organisation » et « politique », la premièreétant
l'expression
du développement interne des institutions économiques, la
seconde l'expression des mesures extérieures et concertées,
souvent artillcielles, qui s'y appliquent du dehors. Enfin,
quand, des concepts généraux, il passera aux éléments les
mieux élaborés dos objets particuliers de la science, il util»-
sera les déterminations et les précisions que cette élaboration
a permises; ainsi Il ne se contentera pas de parler do divi-
sion du travail, comme te fait M-Pope, mais il mettraà profit
l'uiiiilyse et le vocabulaire délié que Bûcher et son école ont
employés pour l'élude des phénomènes divers qui se rappor-
tout à lu division du travail.

1 Nous sommes conduit à rapprocher ici analyse et


vocabulaire. En effet, Tuu dépend de l'autre les termes
peuvent être bien définis quand les questions le sont elles-
mêmes. Et d'abord, pour en revenir à ces questions de (orme
et de régime qui tiennent la principale place dans les
ouvrages dont il s'agit, il est nécessaire de les distinguer et de
les séparer en toute netteté. Continuellement, on l'a vu, les
auteurs mêlent et confondent les deux séries de rapports, les
rapports technologiques et morphologiques et. les rapports
580 >OClUl.lltllOl'l!.1905-1906
I. ANXKK

juridiques par lesquels ttue Industrie peut être déterminé»


par suite continuellement le sujet se dérube, et aussi t'expN-
caliuu. Une forme de production est décrite, par exemple lu
production en fabrique ou la production en rnunuttreture dis-
séminée un lu suit, on rherche à eu comprendre le dévelop-
pement, et brusquement ou s '«perçoitque l'uulcur a abau-
donné la morphologie pour l'étude des relations de droit qui
existent entre le pulroii, le tâcheron et l'ouvrier. Comment,
des lors, saisir et dûliniiler l'objet du l'étude ? comment
atteindre les causes en cette analyse mouvsiute? La précision
rigoureuse de semblables notions est d'autant plus nécessaire
qu'elles sont encore très compréheusivea,et que l'effort des
travailleurs pourrait s'employer utilemeut a distinguer Ira
notions secondaires qu'elles impliquent. D'autre part, ainsi
qu'il a été indiqué ci-dessns isect. III. les phénomènes de
spécialisation, s'ils se tient aux formes de la production,
toutefois, est tant qu'ils regardeut la matière ou l'objet de la
production, demandent à être mis il part, et raugés dans un
groupement nouveau. Les industries auraient donc à être
étudiées non seulement daus leur régime et leur forme, mais
dans leur objet ou leur matière, c'est-à-dire d'après leur
espèce même. Cette nouvelle distinction, conforme aux
besoins de l'analyse, lui serait sans doute très profitable.
En attendant, il serait fâcheux d'introduire de la confusion
daus les «(«testions q«i paraissent avoir acquis
aujourd'hui
leur déteriniuatiou c'est pourtant ce qui arrive. Entre les
phénomènes qui manifestent l'évolution des institutions et
ceux qui manifestent les tendances et les volontés normatives
et parfois arbitraires d'individus mu de groupements direc-
teurs. entre l'organisation économique et la politique écono-
mique, la démarcation est dès à présent tracée elle n'em-
pêche pas les auteurs de s'égarer et de brouiller les questions
et les recherches. On l'a vu surtout daus le livre de M. Stein-
mann. Cette erreur est particulièrement grave parce
qu'elle
expose ù confondre le réel avec l'artificiel, le positif avec l«
conjectural. Elle empêche même l'attention de se porter sur
les problèmes principaux, fondamentaux, que dissimule une
couche parfois épaisse de mesures plus faciles il connaître et
à replacer dans leur succession historique en tout
cas, l'esti-
mation exacte des rapports entre ces mesures et les institu-
tions auxquelles elles s'appliquent risque de devenir
impos-
sible, faute de distinction et de clarté.
ANAI.ÏSKS. PKlIMIK »H I.A IMIillUXTION 581

La clarté et ta distinction sont aussi nécessaires dans les


questions qui intéressent la production et la répartition, il y
a là deux séries de problèmes entre lesquelles le départ scien-
tifique est fait, et qui sont en voie de bonne organisation
pour le travail, la recherche et lit connaissance c'est com-
promettre cette organisation, c'est eu compromettre les résul-
tats que de confondre ce qui doitètre séparé. Sans doute les
mêmes phénoinèucs économiques se présentent souvent avec
doux faces, dont lune regarde la production et l'autre la
répartition les mêmes institutions soûl à la fois des insti-
tut ious de production et des institutions de répartition:
mais si les fonctions sont différenciées, l'analyse doit les distin-
guer autrement les deux ordres de faits ne sont pas nette-
ment connus en eux-mêmes, et leurs rapports ne sont pas
élucidés par le rapprochement empirique de l'étude. Le livre
de M. Pope illustre ce défaut constamment il verse des
questions do production, qui devaient constituer le sujet,
dans les questions de répartition; et cela sans préparation,
sans explication, sans que le lecteur au moins puisse aviser
aux distinctions nécessaires. Traitant de la forme et du
régime de la production dans une industrie donnée, il en
vieut, comme tout naturellement, a traiter des modes de
rémuuératiou des employés, du salaire et de ses variations,
et des revenus ouvriers, comme si l'étude, parce qu'il y a là
une industrie et des individus qu'elle emploie, devait
comporter uécessairemeul et uni meutcette sorte de descrip-
tion circulaire où les objets se succèdent sans que réellement
les problèmes soient posés. Dans le détail do l'exposition,
l'absence de détermiuatiou méthodique cause une perpé-
tuelle confusion.

3. C'est ainsi que, dans les ouvrages dont on vient de


s'occuper, à la confusion des ternies et des questions s ajoute
une troisième sorte de confusion, celle des sujets. Mais ne
tient-elle pas à la conception même de ces ouvrages, à la con-
ception monographique, qui ordonne et distribue les recher-
ches autour d'une industrie ou même d'une région indus-
trielle ? et s'il en est ainsi, ne faut-il pas couda muer cette
conception, dont les ellets sont dommageables pour la
science ? La question est d'autant plus grave qu'une partie
considérable de la production économique se fait sous la
forme de ces monographies dont les travaux de MM. Slein-
s**2 l'ansiîh sijcioi.ogiouk. !905-t9(itt

mauii, Pope, Frahue, Levy et WollI nous oltreul dos types


représentatifs.
Il est certuin que les conditions du travail sont favorables
au choix de cette forme, que souvent môme elles
lïmpiiseiil.
La documentation, en matière économique. so
présente génè-
ralemeut dans des cadres d'industrie ou dans des cadres
régionaux. Les enquêtes se fout aussi par industrie et parl'
région. D'autre part, les travailleurs qui «bordent des sujets
d'économie out le plus souvent besoin de connaissances lech-
niques qui, pour être précises, doiventtVre-limitées. Il arrive
aussi que de purs techniciens, des hommes de
pratique, coù-
signeut par écrit les résultais do leur expérience. Il est impos-
sible de fermerà la science économique toutes ces voies d'accès
de matériaux utites ou utilisables, de tarir ces sources
qu'on
peut songer à améliorer, mais uoti à remplacer, du muin»
actuellement. L'objet de ces monographies d'industrie se pré-
seuto avec une simplicité telle
quelles peuvent solliciter la
recherche et retenir un travail appliqué et consciencieux.
Elles exigent moins
de maîtrise que de soin, moins de
vigueur dogmatique que de qualités dans l'information et
dans la direction du travail. Klles peuvent se
prêter commo-
dément à l'organisation «lel'élude
économique, à sa distribu-
tion entre les travailleurs. De la leur incontestableutilité. On
a vu cette utilité appuratlre dans la
critique môme des
ouvrages imparfaits qui ont été analysés plus haut: leurs
défauts l'ont amoindrie, mais ne l'ont"
pas anéantie. N'est-il
pas possible de concevoir îles monographies qui, en évitant la
confusion dans les termes, éviteraient aussi toute confusion
dans tes idées, dans les questions, dans
les sujets traités, qui.
sans cesser d'être complètes, offriraient à la science écono-
mique une matière scientifiquement élaborée ?a

4. – Ln première condition, c'est


que cette matière elle-
luéme soit vraiment, strictement économique. Or il n'en est
presque jamais ainsi. A In masse souvent considérable d'ob-
jets, de questions et de problèmes qu'une monographie d'in-
dnstrie emporte avec ellu s'adjoignent d'ordinaire des hors-
d'œuvre qui nu fout que compliquer et embarrasser
l'expo-
sition. Tantôt la description économiquesu double d'une des-
cription technologique, comme dans l'ouvrage de M. Knihne;
et la position des problèmes économiques est retardée,
gênée,
parfois obscurcie d'autant. Car s'il est évident que l'économie
ANALYSIM.– KOHMES1>KLA PRODUCTION WA

fuit état de flnnaiilAratiniltt


^tllt dft considérations tiwlinnlnnrîmiAa
toclinologiqttes, ilil ne
nn Vaut
l'est naa
pas
moins que l'économie est uutre cime que 1» technologie, et
qu'en matière de recherche économique le terrain tout entier
doit être réservé à l'économie. Tantôt, et c'est un cas plus fré-
quent encore, la description économique cède lu place au pur
récit historique, dans lequel sont confondu»des éléments do
toute sorte, biographique», administratifs, politiques, au gré
lie lu chronologie. Il échappe aux auteurs que I histoirene
saurait êtro qu'un procédé de recherche, comportant des
règles propres d'investigation et de critique, et que sou rôle
se borne à fournir des matériaux de bonne qualité pour une
élaborai ion scientifique relevant d'une discipline spéciale.
Tantôt enfin ta description économique s'ajoutent, sur tous
les points où l'économie touche à des données géographiques,
géologiques, botaniques, etc., des développements accessoires
se rapportant aux sciences diverses auxquellos reviennent ces
données; et l'élude économique perd alors peu à peu son
caractère, son sens et sa portée pour se foudre dans une couvre
indistincte où les limitations sont purement arbitraires. Il est
nécessaire que les monographies d'industrie soient soustraites
à ces causes de confusion et d'erreur et débarrassées de toute
matière qui ne serait pas économique.
Mais, dans l'économie elle-même, de nouvelles distinctions
s'imposent. Les ouvrages que nous avons analysés nous ont
paru pécher tantôt par uu excès de généralité, comme celui
(le .M.Frahue, tantôt par titi excès de comme
celui de M. WoHI. Dans le premier cas, la monographie
repose sur un fond préalable de considérations, de définitions,
de résumés inutiles ou même dangereux comme des pré-
jugés; dans te second cîib, elle s'attarde à des curiosités
locales ou individuelles, négligeables pour uneétude positive-
Les auteurs ont le tort de croire que leur œuvreserait incom-
plète si elle manquait d'un piédestal disproportionné, ou si
elle rejetait ces détails que la documentation ramasse, mais
que Il science n'utilise point. Les données les plus menues
sont utiles à condition qu'elles puissent prendre place dans
les démonstrations scientifiques, et les généralités sont
admissibles, elles sont môme désirables et nécessaires, quand
elles résultent de ces démonstrations bien conduites au cours
de la monographie.
Or, ces démonstrations ne sont possibles qu'à de certaines
conditions auxquelles les ouvrages analysés ne nous ont point
581 l'annkk sociologique. 190U-190O

paru satisfaire pleinement. La première condition, c'est d'évi-


ter tout ce qui est de pure actualité. L'attenliou s'y porte aisé-
ment, comme souvent lu réclame et parfois le scandale mau-
vaise préparation pour nue éltule scientifique. La connaissance
positive estdiftieileen ces matières qui touchent aux préoccu-
patious du jour. Or, et c'est la seconde condition, toutes
préoccupations subjectives, quel qu'en soit d'ailleurs l'objet,
doivent être bannies et refoulées elles apportent avec elles,
non seulement des causes sentimentales d'erreur, mais des
causes intellectuelles de confusion. Enfin, s'il est bon qu'une
monographie ait uu sujet bien défini, il est dangereux que
ce sujet suit compris dans une période trop courte, dans
laquelle les expériences sont trop rares, les séries de phé-
nomènes trop brèves pour que l'observation suit féconde et les
conclusions importantes. On a vu plus haut tout ce que uoa
auteurs ont perdu à l'inobservation de ces règles d'uue éco-
nomie scientifique.

8. – Comment donc, eu les observant, une économiescien-


tifique pourra-t-elleètre réalisée dans des monographiesd'in-
dustrie ? Nous avons dit plus haut pour quelles raisons ces
monographies nous paraissent légitimes et utiles il s'agit
maintenant d'indiquer les meilleurs moyeusdeletiradaptatiou
aux besoins de la science.
En premier lieu, la classification. 11est admissible que les
monographies rassemblent toute la matière utilisable sur une
industrie donnée, ou sur une branche de celte industrie, ou
sur un groupe d'industries; mais que cette matière soit clas-
sée, qu'elle soit répartie dans les cadres d'uue économie posi-
tive. Cela ne veut pas dire qu'un dogmatisme rigide pèsera
sur l'enquête et sur l'observation des phénomènes; cela veut
dire que les travailleurs disposeront les résultats de leurs
recherches selon les lignes claires et précises du plan métho-
dique qui s'élabore, se remplit et se perfectionne par l'effort
des théoriciens et au contact des faits, a l'épreuve du travail
lui-môme. Ayant conçu ce plan, dans sou ensemble, dans ses
détails et dans ses rapports, les travailleurs ne feront plus de
l'histoire, ou des histoires: sociologiquement, ils traiteront
des questions.
Nous avons été frappé de ce fait que, tout en se rapportant
principalement à certaines formes de production, et en four-
nissant sur ces formes quantité de renseignements, les livres
ANALVSIK. FOItUKSDU LA PRODUCTION 585

analysés plu» haut n'en présentaient point une étude soeiolo


Kique, i>imômeune élude méthodique, ni uue étude complote;
et qu'il en était de môme pour les sujets connexes, ou acces-
soires, ou mémoadventices, qui sout réunis mi sujet principal.
C'est qu'eu réalité tous ces sujets sont abordés confusément
fiucours d'une étude qui ne les a pas définis au préalablu les
sujets sont abordés sans que les questions soient traitées,
sans que les auteurs aient ou l'intention de les traiter. La
recherche et l'élaboration économiques se tout en quelque
sorte empiriquement, au hasard de la rencontre on ne sent
pas la volonté directrice de l'économiste qui connaît les
questions, ce qu'elles impliquent, ce qu'elles demandent, les
obscurités qu'elles présentent, les explications qu'elles
réclument, et qui porte où il est néessaire l'effort de l'inves-
tigation et de la démonstration. On pourrait devenir .ssez
rapidement historien de l'économie. si toutefois cette tâche
pouvait se suffire à elle-même, et n'était pas seulement la
préparation de la tache proprement scientifique; tnais on ne
s'improvise pas économiste une éducation, une formation
préalable est nécessaire pour employer au profit et au progrès
delà science le labeur d'enquête et de documentation. Encore
faut-il ajouter que cette formation doit-être très positive et
méthodique.

0. Dans l'exécution, c'est précisément lu méthode qui


nous a paru presque toujours absente ou incomplète ou défec-
tueuse. Aucuu des ouvrages que nous avons analysés ne pré-
sente, non seulement l'élaboration, mais la recherche de
faits disposés pour une étude sociologique. C'est pourtant là
qu'il faudrait tendre; ce devrait être le but de l'investigation
historique ou de lenqtièlu bien conduite. Mais la plupart
du temps nous avons des enquêtes on des histoires sans
Iiroilt, saus acquisition de matériaux ordonnés et préparés.
L'œuvre accomplie est toute provisoire; elle semble attendre
qu'un économiste survienne pour choisir dans l'exposition
les éléments de son travail spécial. C'est là une conception
fâcheuse et dangereuse de In production scientifique. Il est
nécessaire que, dès les premiers pas de sa documentation, le
travailleur songe la constitution des séries de (ails, des séries
de chiiTresquipermetlront,âleur tour, la recherchedes causes.
Kneffet rétablissement de relations causales est l'objet véri-
table des travaux dont nous nous occupons. Ils valentdans la
680 L'ANNKK 1903.1900
SOCIOLOUIQUR.

mesure où ces relations sout démontrées ou étudiées faute


d'une semblable démonstration ou d'une semblable étude, ils
demeurent travaux de pure érudition, ou d'histoire, ou de
curiosité. Ou n vu plus haut tout ce qu'y ont perdu des
ouvrées faits avecsoin et très richement documentés La fai-
blesse d'uue bonne partie do leurs conclusions vient de là
généralement ils n'emportentpoint de conviction scientifique-
ment fondée. Au contraire, on peut estimer quelle serait la
force des conclusions de travaux qui joindraient à une aussi
bonne qualité de lu matière la vigueur et la sûreté de la
méthode scientifique. D'abord les sujets monographiques
seraieut réellement épuisés; les conclusions particulières
seraient définitivement acquises. Puis et surtout, des éléments
solides seraieut obtenus pour une connaissance générale des
phéuomèuesetdes funclious de l'économie; morceaupar mor-
ceau, lu scienceserait fuite. tëu ceqoi concerne tes formes do lu
production, pour lesquelles uousavous noté l'iniporlancebiute
du travail économique, malheureusement mal dirigé, quel-
ques séries de bonnes monographies, de bous livres condui-
raient à l'élaboration d'une théorie positive.

AFTALION(Alhkhti. – Le développement de la fabrique


et le travail à domicile dans les industries de l'habil-
lement. Paris. La rosé elTeuhi, li)00, 313p. in 18.
Dansles industries de l'hahillemeut audix-neuvième siècle,
l'évolution s'est manifestéedans le sens d'un développement
de la production en fabrique telle est ta propositionque cet
ouvrage a pour objet de démontrer. L'auteur décrit d'abord
l'évolution qu'il a constatée recul de la petite industrie et du
travail sur mesure devant les progrès de la production eu
grand et de In confection puis développementde l'industrie à
domicile; enfin progrès récents de la fabrique. L'étude est faite
ensuite spécialementpour la bonneterie (bonneterie de l'Aube,
bonneterie de soie dans le midi, bonneterie de laine dans le
Nord et lu Somme), l'industrie de la chaussure, l'industrie du
vêtement, la lingerie; chacun de ces chapitres se termine pur
uue brève revue de la situation do la fabrique à l'étranger.
Dans une deuxième partit!, l'auteur délimite lesdomaines res-
pectifs de la fabrique et de l'industrie à domicile la fabrique
accapare la production des marchandises de qualité moyenne,
et, du moins au début, se borne au gros travail; parfois se
ANAI.VSKS.– KOHMKSI>K U\ IMIODUUT1ON 587

vunwuueni aussi des types d'exploitation mixte


qui combi-
nent les deux formes de production en tes associant. Dans
une troisième partie, railleur détermine les facteurs de l'évo-
lution décrite, en tant surtout, semblet-il,
que ces facteurs
peuvent en expliquer et faire prévoir la suite. Contre la
fabrique se présentent les frais et les salaires relativement
plus élevés, la réglementation du travail dont le travail à
domicile est indemne, le» fluctuations de la mode et de lu
demande, la dilliciillé de la direction mais elle a
pour elle
l'augmentation des besoins, la régularité des livraisons, les
qualités de la surveillauce. les avantagea de la division du
travail et du machinisme. Enilii, dans une quatrième
partie,
l'auteur montre les conséquences sociales du
développement
de la fabrique, en tant qu'elles intéresseut la cuudilion
ouvrière; il fait voir qui» la fabrique tend nu relèvement des
salaires, à la suppression ou a la diminution du
chômage, à
l'amélioration des conditions du travail par la réduction de la
durée et l'application des mesures d'hygiène. Les conclusions
indiquent la probabilité de la résistance de l'industrie à dumi-
cile en
mêmetenipsquedes progrès de la fabrique; elles appel-
lent uue législation conforme à l'évolution et favorable ta fa-
brique, mais siins restriction absoluede i'iudiislriea domicile.
On voit, à ces conclusious, les préoccupations
pratiques,
(railleurs nullement dissimulées, de l'auteur; on
aperçoit
aussi l'iiidécision do sa pensée. L'ouvrage est clair, conçu avec
beaucoup d'intérêt, exécuté avec soin. après une enquête
«tendue et uue bonne documentation mais où tend-il, et à
quelles décisions réglementaires conduil-il, ou à quelle poli-
tique sociale nettement définie ? On ne le voit pas. La des-
cri pilou du présent est pourtant exacte, pousséedansle détail
mais 1 examende l'évolution est-il satisfaisant, est-il
expli-
catif ? On ne peut l'afllrmer les causes ne
sont point démon-
trées, cl mêmeles conditions ne sont point toujours mises en
lumière, Ue là sans doute l'incertitude finale. D'ailleurs, elle
n'enlève point à l'ouvrage sa valeur propre de mouogrcnuie
• t contribution utile à l'étude de la fabrique.

1UKSSKI1. -Zur Entwlcklungsgesohichtederdeutsohen


Grossbanken mit besonderer Hûcksichl auf die Kouzen-
Iralionsbestrebungen. i' Aufl. – lena, Fischer, 1901»,
xn-
&K>p.,in-8°.
:;11" L'A.498 SOCIOLooiQUE.IIIOtl.n06

tt?thr.,r CI a.
JËIDBLS iOttoi. – Das Verhraitnia der deutsohen
Grossbanken zur Industrie mit besonderer Beriicksich-
tigungderrTiseuinduslrie.Stuals-u.soziahviss. Korschungen
hgg. v. Schmoller u. Sering. B. XXIV. 11.-2. – Leipzig,
Duticker u. IIuiuLlot. 190S,xii-27l p., iu-8°.
C'est uu sujet intéressant et important que celui de ces
deux livres. Le développement des grandes
banques est ui>
dns laits les plus considérables de l'économie
contemporaine
il sollicite l'explication sociologique, surtout si l'on
y joint la
recherche et l'étude des rapports qu'il présente avec d'autres
faits tels que le développement industriel et Ju concentration
capitaliste. Il semble que ces rapports peuvent élucider avec
précision des causalités qu'on suppose et qu'où uttirme sou-
vent avec une grande généralité entre les phénomènes de
l'économie industrielle et financière. Mais si l'intérêt sociolu-
gique du sujet est manifeste, sa dilllculté ne l'est pas moins.
D'abord il se renferme dans des périodes modernes fort
limitées, et par suite peu favorables à l'expérimentation scien-
lin'que Puis la documentation. pour tout ce qui touche le
développement des entreprises industrielles et, plus encore,
des grandes sociétés anonymes de la
banque, est souvent des
plus malaisées les sources se dérobent ou sont pleines du
dissimulations ou de mensonges intéressés. Enfin, des faits
tels que l'évolution industrielle ou l'évolution financière sont
d'uue ampleur otd'une complexité si grandes qu'ils se prêtent
mal à l'examen scientifique il faut
y apporter des détermi-
nations, des distinctions et des choix qui comportent des
difficultés nouvelles et lie peuventêtre faits qu'avec
de précaution. beaucoupfi
De ces difficultésdiverses l'un de nos deux auteurs a mieux
triomphé que l'autre. AI. Riesser s'est uu peu égaré dans les
généralités inutiles, dans les historiques non indispensables.
dans les résumés brefs etsecs de renseignements
M. Jeidels, au contraire, a strictement défini sonhétérogènes.
sujet; il l'a
limité à certaines industries; et encore, dans ces conditions.
l'a abordé avec un souci constant des
précisions et des sûretés
méthodiques. Si l'un des deuxouvragesest supérieur à l'autre,
c'est surtout en raison de ces différences de
conception et de
direction.
Le livre de M. Riesser, dont la
première édition a éle
publiée en 190?;,est un recueil de dix conférences,
qu'il a
– PulUtBSDB I.A l'ttÛOBCTIOX
ANALYSES. 889
remaniées et augmentées dans sa seconde édition.
Après uno
introduction, où il expose le rôle de lu banque dans la vie
économique, M. Kiesser décrit la *ituation économique de
l'Allemagne au momentde la fondation des premièresbanques
importâmes vers 1860et fait l'histoire des banques de la
première époque, jusqucu 1 870.Il procède do même pour la
période qui s'étend do 1810 à 190a. Knsuite il décrit le mou-
vement de concentration dans les
banques durant la même
période; en indique les causes générales et particulières
• développementdu crédit, émissions urbaines, complication
de la technique); passe en revue les facteurs
qui ont cou-
tribué à étendre et accélérer ta concentration (constitution de
cartels, crise de 1900, fondation de Vl'nitetl stutes steet cor-
poration, du syndicat de l'acier à Dûsseldorf) décrit les voies
elles formes de la concentration, soit locale, soit nationale
(voie directe, par augmentationde capitaux, fusions d'affaires
ou de banques, création de filiales ou do
rapports durables
pour l'intérêt commun; voie indirecte, par créationde com-
mandites, filiales, agences, caisses de dépôts). Puis l'auteur
examine très rapidement l'influence de lu concentration des
banques sur celle de l'industrie il conclut que lu concen-
tration de l'industrie est due à des causes
intrinsèques, tech-
niques et économiques, et qu'en général la concentration
des banques n'a pas eu sur elle d'effet, tout au moins d'effet
déterminant, t'initiative du mouvement étant partie de l'in-
dustrie. Enfin l'ouvrage se termine par un résuméde la situa-
tiou créée par la concentration, par une revue de ses
avantages
et de ses dangers, par une estimation de l'avenir.
On peut juger, par cette seule analyse, de ce qu'il y a d'in-
suffisant dans lesdémonslratious de M.Uiesser la recherche,
l'évaluation et l'explication des causes manquent de rigueur
et de solidité. Les causes sont généralement jetées dans l'ex-
position ou distribuées d'une manière uu peu scolastique,
non développées, non induites. L'action causale réelle
échappe l'étude reste superficielle, elle ne dépassepoint les
probabilités. C'est d'autant plus regrettable que l'ouvrage
((•présente un grand labeur, qu'il renferme une quantité de
renseignements, de données, de descriptions particulières.
sur lesquelles auraient pu s'établir des conclusions
positives
de bonne qualité.
Le travail de M. Jeidels vaut davantage. Les conclusions.
précises, découlent de démonstrations serrées, qui utilisent
690 l'annbk sociolouiquk. i'JOS-liwo

directement, et de près, les chiflrcs et los tableaux et toute lu


documentation bien classée. L'investigation et l'exposition
paraissent conduites par les termes mêmes des problèmes que
l'auleur s'est posés avec lucidité; un l'olmrve notamment
dans le chapitre où II étudio l'influence dus
banque» sur le
développement de l'industrie, sujet de première importance
et de portée sor.iulogiu.ue.que nous avons vu sacri lié
par
M. liiesser. Les causes économiques décrites et
interprétées
par M. Jeidels offrent un sens précis et positif. D'ailleurs
quelques réserves sout ci («ire. Lu démonstration présente
assez souvent une forme purement logique les explications
techniques ue se résolvent pas toujours en facteurs sociolo-
giques et restent partois commeex térieuresau sujet; il arrive
que des accumulations de faits ne conduisent pas à des cou-
clusious décisives, que des questions sont posées sans indica-
tion de solution, que le raisuiineineut est tendu,
massif,
obscur. A ces réserves près, le livre est bon et utile.
11commence par la description du fonctionnement des
banques industrielles. Deux faits principaux apparaissent
tendance des banques à rassembler et grouper toutes les
affaires d'une même entreprise industrielle eu
conséqueuce,
liaison de plus en plus étroite de la banque et de l'industrie,
et, daus cette uuion, supériorité des grandes banques, qui, eu
raison de leur puissance capitaliste, concentrent et uccu-
parent toutes les affaires industrielles. Ensuite est exposé le
développement de ces grandes banques (classement des faits
et des procédés de développement). Puis l'auteur montre
comment se sont établis les rapports des grandes
banques
avec l'industrie, et comment s'est accomplie la
conquête de
l'industrie par ces banques participation directe et contri-
bution à la constitution du capital-actions,
comptes courants
et crédit, émissions (rôle du consortium),
participation à l'ad-
ministration des entreprises. Enfin vient l'étude de l'influence
des banques sur le développement de l'industrie. L'auteur
montre la difficulté do ta question le phénomène est récent,
et. en raison des tendances diverses des banquiers, on n'y voit
pas encore bien clair. Deuxquestions se posent: 1° lesbanques
exercent-elles une influence sur les progrès de la concentra-
tion dans l'industrie ? 2° ont-elles l'initiative ou suivenl-olles
les tendances industrielles ? Ces deux questions sont étudiées
en ce qui concernent les entreprises isolées, les
groupements
industriels. l'ensemble de l'industrie. La conclusion est que
A.MALÏS8S. VALKUK,l'HIX, MWJNAItt 59 1

les banquessuivent le mouvementindustriel en


encourageutit
ht conceiilriitiou qui puniît leur ôlro favorable lus ententes
auxquelles elles sont amenées sont conduites pur tes combi-
nnitsunaindustrielles, nu lieu que chacun»*Unsbanques pour.
suive une clientèle particulière; elles sont subalteruisées
par
la direction industrielle; elles accentuent la concentration
des industries les p)us concentrées et les plus
développées.

HKPITHK(Bi>.>.– Le mouvement de concentration dans tes


banquesallemandes, l'iiris, Uoiisseiiu,1903.200p., in-8" <tru-
vuil utile'.
KI'HHAIM (II. – Organisation und Betrieb elner Tuohfabrik.
SSeitteh.f. d. ges.Slaatsw 19U5,4. II., p. S93-004.{fctudetech-
nif(ueel de détail l'auteur insiste sur le rôle et l'importance
de lu direction patronale;.
(iOTHKIN(Kbkriiahd). – Die Konzentratlon in
Kohlenbergbau
und das preussisohe Berggesetz. Arehicf. Hutialwistenscliaft,
21. 1)., 1905,S. 11.ill.storique et étude de lu législation)
S.VNCKK ;). – Hat neuerdings der Orogsbetriebauf Kosten
desKleinbetriebesinder deutsohen Industrie zugenommen.
Jhbb. f. NttôoualiUt. «. Stat., Kelir., 1900,p. 212-23(l)ocuinonle.)
l'RINGSUICIM (Orro). Neuere Literatur ttber Qrossund
Kleinbetrieb in der Jjandwirtsohaft. Anh.f. SosialuïM. «.
Suiklpol., XXI.i. p. S6C-7i. (Hevuc critique utile et intères-
Hiintv.)
SIKVIÎItS(Ckohu). Fabrlk und Handwerk. llandelskaininern
und llandwerkskammerii. lictruchlungen au« der Praxis.
Sckmoller'iikb.,1906,2, p. 255-74.

(Josbk).– OieUrsaohen dea Ueberganga von der


Kt'I.ISCIIKIi
Handarboit zur masohineUen Betriebsweise um die Wcndc
du»«8. undin dererslen Hiilftedes t9. Jnhrliunderls.SchmoUer's
Jhb., 1900,2,p. 31-80(Intéressant.)

VI. VALKl-R,
l'HIX.MONNAIK
ParM.K.Sm*m

Questions monétaires contemporaines, par MM.Paul


ALGLAVE, I-it.iknBROCARD,
PaulCAUëN,EdouardDOL-
592 iA.nnkk soi:iut,ouiytie. «905-1906

LÉANS, KitMANUKt. FOCHIKn, Rïnb LAPARGE, Jkcouiss


LYON, Christian PAULTUK, Léon POL1ER, Bahtuélkmy
RAYNAl'l). Préface par MM. P. Cauwès, A. Souchou,
M. Itourguiu. Puris, Laroseel Tenlii, 1908, xu-882 in-8»
p.
Ce volumineux ouvrage réunit un ensemble d'études fuites
par un groupe de jeunes économistes (dont plusieurs déjà
sont auteurs de travaux notes) travaillant auprès des profes-
seurs Cauwés,Souchon l'tlloiirçtuin. Lapremière,intitulée uu
peu largement La monnaie H les prit, et qui a pour auteur
M. Dollôans,est surtout négative seproposaut de rechercher
si l'on peut mesurer les variations de la valeur de la monnaie
à l'iiide des variations de prix, et si, en second lieu, on
peut
découvrir au moyeu de ces données de fuit tes causes des
variations du pouvoir d'achat de la mounuie. fauteur énu-
mère les travaux ou documents qu'il commit sur chacune
de ces questions, et indique les difficultés théoriques et pra-
tiques rencontrées par la recherche expérimentale eu ces
minières. Mais,de ce qu'une étude est difficile, il ne s'ensuit
pns qu'elle ne doive ni ne puisse pus être fuite de ce qu'elle
exige beaucoupde critique, beaucoup de prudence, beaucoup
d'ingéniosité, dans ie choix et dans l'emploi dos données et
surtout dans l'interprétation des faits ressortant de ces don-
nées, on ne se trouve pas en droit, -si vraiment la méthode
positive seule peut aboutir eu cette matière et si la méthode
«priorique elle-même y sent le besoin de recourir a une
« vérification » de fait qui est une véritable
expérimentation.
– de renoncer à cette étude avant d'y avoir mis toute cette
critique, cette prudence, cette ingéniosité qui sont néces-
saires. il ne semble pas que l'essai de M. Dolléans ait atteint.
à ces divers égards, les limites du possible, ni môme
qu'il ait
tenté de le faire et à vrai dire une telle
entreprise dépassait
«le beaucoup le cadre et sans doute aussi le
temps donnés à
ce travail; mais alors il eût peut-être mieux valu ne
pas
l'aborder ou eu limiter plus modestement
l'objet, que de
faire en ce sujet capital œuvre hûlivc et
inégale au dessein
indique. Nousne reprendrons pas ici en détail tous les points
on il noussembleque l'auteur
conclut trop vite à l'impossibi-
lité dcconcliire. Notons seulement que. sur un certain nombre
de points essentiels, sa critique de l'utilisation
possible de
certaines donuéesporte sur la valeur absolue de ces données
mais cela ne suffit pas car. si les données d'une
série, toutes
mivsm. – VAtKun, pittx, mokn.mk Sj,j
ao Qnnl
inexactes, sont imJ..f.·.
toutefoisl.n.toutes inexactes de lit môme
r'eit-à-dira si leur valeur relativement aux (ails (tiçon
veut atteindre par elles est constante, leur série m.e l'on
en tant mm
série est l'exacte expression de ta série reello des
faits or, if
semble justement que ce soit souvent lo cas ici et
que, par
conséquent, l'étude expérimentale soit possible au
données prises eu série et en valeur relative moyen des
par rapport à
elles-mêmes; en tout cas, avant de conclure négativement
il eût fallu discuter aussi cette valeur relative L,
Plus limitées, mais plus positiveset avec
plus de résultats à
retenir sont à notre avis les deux études
qui suivent, lune
sur la Production de l'or, par M. Lucien
Brocard, l'autre sur
la Production de JTirjrar, par M. Léon Polier.
Principaux
ceutres de production, technologie
(développée surtout daus
l'étude de M. Polier, mais cela
sejustille par l'influence nue
les changements survenus dans les
procédés de traitement des
minerais argentifères ou partiellement argeutifôresonieue
sur
l'évolution économique de cette
production), statistique de la
production globale et par régions (M.Polier notamment s'est
heurté à d'assez grandes difficultés eu
entreprenant de déter-
miner la part de l'argent produit à titre de sous
produit, c'est-à-
dire accessoirement à une production d'autres
métaux mais
cette recherche était en effet essentielle
pour l'interprétation
économique, et il y a procédé avec ingéniosité et vraissem-
blance, sinon avec une certitude que ta nature et ta
qualité des
documents existants ne permettaient pas
d'atteindre) inter-
prétation économiquedes mouvements do cette production et
de ses conséquences; enfin vues sur les
probabilités d'avenir
•îoncernant chacune de ces productions tel est le contenu de
luueetde l'autrede cesétudes. Nous noterons en
passant que
M. Brocard a laissé passer dans son
développement plusieurs
jugements subjectifs et extra-économiques (par exempte,

I. Nulons»noopposition entrele mut eXlumolxociul ti-îi oui


>ltoutà fait surprcnunleetarbitrai» objectif
etne peut que etvetdes(nnmlentén-
•lus 1 auteurvoulunlclisliiiKu.M- .-litrelesindexnntnlwmqui ne tiinnetil
l>ascomptedo nmporlanreet fit-l'emploii|««marchandises
•n tiennonlcomplu,appellece premierjiointdo vueobjectifcelt lo relit qui
second
-••«*•comiin'si le pointdovuesocialn'étaitpusobkclif«t romnmsi l>-
pn'iniiTpoint de vue .Haitplus uljjwlif<|uule sicond. – Heiimniuoiis
-ueoteijuc l'informationliibliogrupliiqui". biuni|a'<k-niiue,parait uussi
nscj! rapide ainsielle U«cite (te Walsli«jncThe meamiremtnl of Mit
orneraieschange value,alors<|iicThefontlamenlul m-oblem o t manetaru
clence(Cf.ici 111*1110,
t. VII,p. 859)dit m«m« ttUt«ur,t>laitbeaucoupplut
i'u|Kirtautpour l'ûtuiiupK-s«utu.
K. DinKHKiM. Amivc sociol., I9«:i-f!)00. :tj(
304 l'a.VNKESûClOLUlilUUK.
1905.1001)

p. 200, « guerre abominable », p. '213-14sur lu matu dtauvis


jaune) qui conlraslentnvecle ton généralement objectif et éco-
aomique de son étude; l'idée dominante de son travail est dt>
mettre en évidence le rapport entre les conditions technique*
et naturelles et lus conditions économiques et sociales de lu
production de l'or dans tes divers centres miniers successive-
meut mis en exploitation, entre la nature du gisement et
du miuenii, les procédés d'extraction et d'obtention de l'or
qu'elle entraîne, ht situation géographique des gisements,
d'uue pari, et, d'autre part, lu forme de petite jnoyenue ou
grande industrie, lu catégorie, l'esprit et les habitudes
sociales des producteurs, lit nature et les conditions de lu
main-d'œuvre. Pour la production de l'argent, les problèmes
ûcouomiques à poser étaient plus complexes à raison du rôle
complémentaire de l'argent-, soit comme monnaiesoit comme
produit marchand, et des changemeuts divers, directs et indi-
rects, qui ont pu iulluencer sa situation économique ttuule-
(ois celui des usiges non monétaires tie l'urgeul n'a pas été
poséet traité explicitement est-ce faute de douuées?;. Comme
il est naturel, c'est surtout vers l'explication de la .gruudr
dépréciation contemporaine de l'argent que l'auteur a oriente
sou étude et sa discussion il réunit des faits,
compose
des séries de données traduites en graphiques utiles;, et ne
recourt des raisounoinenlsaprioriques (pur exemple,
p. 302ei
suiv.)que pour préparer uue constatation expérimentale, dont
il prend la confirmation et riulirmaliou de son hypothèse tel
du reste il aurait pu se passer de ce détour d'iuducliou ou
tout au moins il ydoune une forme plus déductive
qu'elle n'a
en réalité) au terme, il se trouve ajouter aux deux causes
ordinairement indiquées, – l'accroissement de la
production
de l'argent et les démonétisations de la monnaie a étalon
d'argent en divers pays,– une troisième cause, la production
croissante de l'or, qu'il met en relief de façon intéressante et
assezneuve il atteint endivers endroits, de son
exposé, ù des
(acteurs sociaux qui sont, à notre avis, d'uue grande
portée
explicative et dont, je crois, il aurait pu tirer encore davan-
tage s'il s'y était arrêté et en avait approfondi l'étude (pur
exemple,p. 308, le jeu théorique d'une loi économique apriu
rique et simpliste contrarié par l'attribution il'or, dan.i l'opi-
nion, publique,d'une valeur sociale accrue, précisément parce
que c'est eu l'or seul maintenant que t'on a confiance pour
assurer la fonction monétaire).
AXALYkKX. – VAI.KWI, l-M\, MuN.VMK -|i(Ci

L'étude de M. H. itaynuud sur ta baisse de l'aiyeul w.().w»


île l'or reprend en partie, par uueuulro voie, le
problème traité
dans l'essai précédent ot cela est fâcheux, s·
parce «ju'il m>
semble pas que les auteurs nient
communiqué assez pour
coordonner utilement leurs efforts, eu supprimant les redites,
eu évitant de recourir à des documents dilfôreuls sur l«s
mômes séries de faits sans en discuter lu mérito
comparé, et
surtout en mettant d'accord leur conclusions, ou bien, s'ils se
tenaient l'un et l'autre à des résultats différents, eu discutant
réciproquement ces divergences. Le lecteur qui trouve dans
le môme livre, p. 310 (M. Polier) « La conclusion
parait donc
certaine. L'argent ne remontera pas le courant do baisse
que
lui imposent à la fois et su production et celle de l'or », l't
p. 35t(M. Tiaynnud) « Mnsomme et pour conclure, la baisse
de l'argent parait momentanément arrêtée, sans
qu'on soit
bien certain de ne pas ta voir recommencer », ne peut
qu'être
surpris de voir aiusi laissé à sa propre critique le soin de
rechercher, en reprenant le dotait de chacun des exposés,
si ces doux affirmations flnalos ne s'opposent ou ne se diffé-
rencient qu'en apparence, ou bien si l'uneest plus fond<o
que
l'autre, et laquelle.
Quant aux autres études, plus particulières, spéciales ù la
question monétaire en certains pays, nous ne pouvons que
les signaler ici La politique monétaire des p/ujs producteur*
d'argent et les campagnesbimiHtaltinte.it en Katofie,par René La-
large; Lit circulation jiitnaahv et li>*crtemsdu change en Uttlh
et en Kxpayne,pur Kininanuel Kochier; L'abolition du cours
forcée» llussie et en Autriche, par Paul Caben (cette dernière
claire et précise); Lu question moni'taire en KxWème-Orknt
par Paul Alglave; La question monétaire en Chine et au Ja/mn
parChristiau Paultre; La politique mom'lairedes Républiquesd<-
l'Argeidine et duBrésil, par Jacques Lyon, «élevons seulement
en tôle de la première (celle de M. Lafarge) une affirmation
« L'étalon de longueur a une fixité peu près absolue,
puis-
qu'il est une partie du méridien terrestre qu'où peut consi-
dérer comme immuable », parce qu'elle lémoigue non seule-
meut d'une ignorance de la définition actuelle à la fois
scientifique et légale du mètre et des raisons qui ont lait
renoncer à la définir en fonction du méridien terrestre, mais
encore, ce qui est plus grave, d'une méconnaissance des qua-
lités et propriétés que la science actuelle demande à un éta-
ton de mesure et des caractères auxquels justement elles'at-
590 l'aX.VKK Mli;iUI.OtilQlK. lUOS-iUOO

lâche pour obtenir de bonnes unités cette notion


scientifique
de la mesure avait été très exactement précisée dans l'ouvras
de M, Bourguin. La mesuretk ta tuteur, que l'auteur aurait du
connaître.

JOHNSON(JosgpuFaeKcu.i.– Money and ourrency In rela-


tion to industry priées, and the rate of intepest. Nos-
ton. (iinn a. Co., l»0o, x-398 p., in-8°
Entre les nombreux ouvrages qui ont traité de lu monnaie,
celui-ci, qui aborde le problème dans son ensemble, se dis-
tinguera par plusieurs caractères notables.
Dès le principe il traite de la monnaie comme d'une entité
économique indépendante et il met en évidence la notion de
prix et qu'unfait. dans le monde des affaires, elle passe avant
la notion de valeur. Il veut réagir contre la tendance des éco-
nomistes à considérer la monnaie comme un simple moyen
d'échnuge et a l'éliminer dans leurs spéculations ultérieures
pour s'attacher indépendamment d'elle aux éléments de la
production et de la consommation, il veut montrer qu'on ne
peut l'omettre ainsi, qu'elle est elle-même un bien économique
et qu'il faut étudier et reconnaître son rôle comme telle sous
peiue de ne pas comprendre les faits économiques de la vie
réelle. Dans la suite des chapitres nourris de ce
précis, on
trouvera une étude claire, souvent assez positive, de tous les
phénomènes principaux où se manifestent son rôle complexe:
nature et valeur de la monnaie, nature et usages du crédit,
olïres et demandes qui concernent spécialement la
monnaie!
échange intérieur et échange extérieur, relations de ia mon-
naie et du crédit avec les prix, avec le taux de
l'intérêt, le
prix et son importance économique, monnaie métallique, sa
commodité, métaux précieux, monométalismeet bimétallisme
monnaiendnciaire,monnaiedecrêdtt,parlicularitésdelaques-
tion telle qu'elle se pose aux États-Unis présentement, enfin
valeur de l'étalon d'or. L'auteur indique lui-môme, comme
devant être les caractéristiques de cet exposé, le sens
partieu-
librement important qu'il découvre aux phénomènes du
prix,
l'analyse qu'il donne de la demande de monnaie, l'étude qu'il
fait du crédit comme soutenant des relations avec les
prix et
le taux de l'intérêt, réclaircissementdesnotionsdew monnaie
de commodité», monnaie fiduciaire et monnaie de crédit. On
peut en effet reconnaître sur ces divers points un mérite propre
AX.VI.V<i:S. – VAUtl'H, l'KK. HO.VXAIK 597

ii ce Pour nous ici, ce <|iii nous paritH |« plus cligne


d'être retenu, c'est l'effort pour retrouver à lu monnaie su
valeur et sou rôle comme bien propre et pour donner aux
phénomènes du prix toute leur signification. Nous troov*»-
i ionsmême que dans cette voie l'auteur no va peut-être pas
assez franchement et assez loin, et que ce retour à uu point
<le vue positif en une matière tellement déformée par une
idéologie hâtive de l'économie traditionnelle pourrait, pour-
suivie jusqu'aux bout, conduire à plus de nouveauté dans les
résultats: mais il lie faut pus oublier que ce livre est un
exposé d'ensemble à forme de précis élémentaire et ue pou
rail sans doute pas s'enter dans des recherches de cette
sort»1. Onapprécient le nombre et le choix des faits réunis
dans ce travail et sur lesquels les différentes théories pré-
sentées cherheut à s'appuyer de façon directe.

W1L1JMANN i.MuKitAY
Shii'lky). Money Inflation in the
United States. A study in sociul pathology. New-York.
Lmulou,l'uluam's Sons, lU0î>,xn-240 p. iu-lti.
Cette étude a pour caractéristique de sofondersur uneana-
lyse de psychologie économique qui nous tire des banalités
traditionnelles données d'ensemble pour fondement à toute lu
vie économique il y a ici un effort pour atteindre et analyser
les éléments psychologiques qui interviennent spécialement
duusuucerlaiu phénomène économique,les mouvements dïu-
Ihilion de la monnaie. C'est dans des considérations sur les
états éniotionnelscommesourced'actiou, sur lesprocessussub-
conscients, sur la suggesttbilité des individus et des groupes,
sur l'action de l'isolement intellectuel, que l'auteur trouve
d'abord l'origine des mouvements populaires en général dans
les mouvements pour uneintuition de la monnaie agissent, en
outre, des forces spéciales, influence des droits de propriété,
considérée dans un gouvernement démocratique, effet de la
possession de la richesse, influence des occupations et iutéréls
d'une communauté rurale, caractère essentiellement conser-
vateur des populations rurales. Dans une seconde partie plus
étendue, l'auteur vérifie alors par une revue de fait quelles
conditions économiques et sociales se sont rencontrées du us
lès divers mouvements d'inflation produits aux États-Unis au
cours du \ixr siècle et ont (ail que Jes facteurs analysés dans
la première partie se soient trouvés exister et agir. I) y a là uu
j'i* t'AXXKKSUChlUMIQUK.
190S-tUOli

punit de vued'étude fort intéressant et uouveuu. Nous regret-


lerous seulement({lie la psychologie où se (onde cet lo analyse,
pouru ne part, paraisse être un peu iiprioriquo, au moins dans
lu forme d'exposé, et surtout qu'elle ail lu défaut «ten'être pus
suffisamment une psychologie) sociale, uue psychologie de
groupes. Nous croyons que, si l'auteur avnit fait. effort eu ce
sens, il aurait abouti ù dos résultats plus précisément expli-
catifs et plug objectivement vrais. (I semble aussi que ce soit
un peu « priori et par des idées préconçues que l 'au leurtraite
de pathologique cette psychologiequ'il analyse en tout cas,
it y aurait eu lieu de montrer au juste eu quoi elle est pat lut
logique. Il ue sutlil pus pour cela d'iudiquer qu'elle est diffé-
rente de celle que nous conceconscommenormale, il faudrait
In montrer différente de «'Ile qui est abjeelireim-itt iinnimlr.

KHAL'S(Oskabv.– Die arUtotelische WeMheorie in ihren


Beziehungen zur den Lebren der modernen Phyokologen-
sobule. Zeitseli..f. tl. gen.SlmatmU* l'JUu,Up. Ull-W.
Tl'OAN-».\».\NO\VSKY;Mii:«.w.C. – Snjektivlsmus und Objek-
tiviemus in der Wertlehre (Karl DU-lil'Unvid Hicnrdos•iniml
ttoictsditr VolkswirtmliaftiindKvKicuerunç. Arcli. f. HusiaMt*
XXII,2, p. Î557-04.
SMITH(Jamks('), – Intertemporary values of the distribution
of theproduco intime, l.ondon,Keganl'aul, \Wô. lao, p. i»-8
KNAP1»lU.-Ka.). – StaatUche Théorie des Geldes. heipzijç.
Dunckcru. Humblot, 1905,x-398,p. in-8. (Ouvrage important,
montra l'action de la collectivitécl do IKlat dans le phonomine
monétaire).
U>TZ(Walthek). – G. F. Knapps neue Qeldtheorfe. Scttmuller*
Jhb., 1900,t, p. 357-71Analyseet critique du précédent,1.
DUPuVILLK(Almusd).– La monnaie (Bibliothèque d'économie
sociale). Paris, Lecoffrc, mm, in-8(Petit livre de vulgarisation,
avec quelques*utiles détails techniques ou d'expérience person-
nelle;.
<:u.\ANT(Ciuiiuis A.). Priociples of money and banking
New-Yorh,llarper, l'JOU,2 vol., OM)p. in-8 important et uctii
en certaines parties).
l'A LUIN (Jacuubs). – Les changes étrangers et les prix,
l'aria, (iuilluuuiin,190S(Ouvrageunissant il unishasi; d'analyse
ahslraittr une utile et compétenteélude des faits;.
ANAI.V$K',4. l:b,tW BF KI~OHO.1l1l1!KS 500

m.v tt v JL. < t < h.


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iMtiik. a. Hlal., Mure19t>0, p. 289-.M7(CunHiuï>rubl<>
i«t utile ivii
niun u( iniaceil wiif de nombreuses dunncon do Alita).

i.ONRAI)(J.). – DieEntwlokelungdesPrel8ttlveau8inderletz-
ten Dezennien und «1er(k-utsi-lif mul cng-liaclto (ietreùlclwdurr
in dcn let/.len Jalu-fii. J/>6b. f. NalimalM. u. Mat., Pohr l'JOO,
p. 198-211(fcludi-|)i(H-isi> ot tompèti'nto).
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del. Uic Miinalsproisc dos tielreiilcs in l'aris untoi' di'in Hinlhiss
der Homo.Jhbh.. f. NnH<>wtMk. H. Stat., Mig. 1903, p. 2.»û-H5.
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HKISS ;Ct.}. – Das Wahrungswesen in Ohina auf den Philip
pinen, in Panama und anderen Silberwâhrungslandern.
Sehmolter's Jhb., 1905, i. p. 305-9i.
KKEHSTADT(U.). Die Spekulation, ihr Begrtff und ihr We-
son. Schmoltei-'sJlib.,1905. i, p. SS5-3U4(l'Huile întôrcssunte, ntaix
qui rente assez extérieure et np vu pus à l'essence Hienraclôrix-
lique cl neuve à dégager du phénomène; point de vue soc inf-
pulitiquo plus que strict ornent scientifique).
KIJCJIS (Cari. Johaxnks;. – Ueber st&'dtisohe Bodenrente und
Bodenspekulation. Aich. f. Smiahriss., X.VII,3, p. C3I-CC3:
rUONEll (Joii.). Der Orundbesitzwechsel in Berlin, 189B
1904. Berlin, G. Heimcr. l'JOO, in-8.

VII. CLASSES ÉCONOMIQUES


l'ar MU-M. Il auwaciiset P. Siuianu

SKE (HENRI;. – Les classes rurales en Bretagne du


XVIe siècle à la Révolution. Paris, Glard el Brière, IftOB,
xxxvi-644p. in-8".
«W l'aS.VKK SOClULOGIOL'ti. l«0âl90«

Pendant le moyen âge, l'évolution qui en Bretagne trans-


forme l'esclave en serf et celui-ci en vilain franc s'est achevée
»l y a toutefois un double intérêt étudier les classes rurales
«tanscette nouvelle période. Ou peut se deiuauder si ces popu-
lations, sitôt émancipées, oui maintenu leur a vuuce,ou sielles
sont plus durement exploitées que dans les autres provinces
d'autre part, c'est seulement à l'époque moderne qu'on petit
se représenter d'une manière concrète et détaillée tour exis-
tence et leur condition sociale.
Après avoir mentionné quelques traces du servage et de
l'ancienne mainmorte (l'useinent de Roluinet le droit de juvei-
guerie, la quevaise), limitées il un très petit nombre de pay-
sans, alors que tous les autres, juridiquement, lie se distiu-
guent plus des roturiers, l'auteur étudie l'organisation et le
régime de la propriété foncière. – La propriété seigneuriale
tplus souvent très petite en Bretagne qu'ailleurs, soumise a
l'aveu, aux droits de rachat, de lods et ventes, mais exempte
des devoirs de sergentise et de corvée, et
impliquant seule le
droit de juridiction et l'autorité, comprend I" le domaine
pro-
the, seule propriété véritable du seigneur, elle môme divisée
eu «) la retenue tchateau, bois, landes, prairies, étangs, etc.i.
exploitée directement d'ordinaire, b) les métairies, (terres de
culture, prés, etc.) non toujours d'uu seul tensiul, mais for-
mant un ensemble complet d'exploitation agricole, affermées
ainsi que les moulins, d'ailleurs sources les plus notables de
revenus, e) en Basse-Bretagne seulement, où prédomine le
domaine eongéable, les convenants, qui en sont parfois ta
par-
tie la plus importante; "2°les mouvances,
appartenant aux
tenanciers, nobles ou roturiers, grevées de redevances et de
devoirs, soumises à la juridiction du soigneur, puisqu'en Bre-
tagne fiefet justice se confondent. La propriété paysanne est
moins distincte de la propriété noble qu au moyen âge,
puis-
la
que qualité du possesseur importe moins que la condition
originelle de la terre les tenures, môme peu étendues, for-
ment chacune un petit domaine complet dans
lequel les
diverses catégories de terres sont représentées. La noblesse
parait posséder plus du sol en Bretagne qu'aillcurs; les pay.
sans détiennent deux fois plus deterreque les bourgeois, sauf
«fans le voisinage des villes où le sot appartient surtout il des
avocats, hommes de lois, juges, etc; la propriété paysanne est
plus morceléequ'ailleurs.
Les tenanciers doivent, à chaque succession ou mutation,
A.NALYMt*. – «XASSKS iteOXUHlqCKS MM

faire l'aveu, et tous tes vingt ou trente aiu se soumettre à une


réformation générale des rôles rentiers, d'où des frais. et, au
casd'hnpiiuisscmenlde l'aveu, de fortes amendes; ils acquit-
tciil des reulos, légères, et en soin mepeu variables; les rede-
vances personnelles et les corvée»ont une faible importance
en revanche les droits de mutation, perçus pur le seigneur,
sont de lourdes charges par leur droit de juridiction, les sei-
gneurs imposent eux-mêmes à leurs sujets l'exécution de ces
devoirs, et le Parlement et les États, dont les membres sont
pour la plupart propriétaires de fiefs, jugentex leur faveur en
dernier ressort eu (lu les teinturiers supportent avec peine les
banalités, qui se sout élevées excessivement, et les dîmes. –
II semble qu'en France il y ait eu, au début du xviu' siècle, une
d('*cadeucede ce régime seigneurial, et, dans la secondemoitié
du siècle. un effort en sensinverse et une aggravation générale
des charges Eu Bretagne cette décadence parait moins marquée
i les revenusdesseigneurs, a quelques exceptions près, n'ayantt
point fléchi), en vertu des libertés provinciales favorables aux
privilégiés, et parce que les propriétaires nobles y rêsideut
plus volontiers. Toutefois il y eut, dans la seconde période en
question, sinon création de nouveaux droits, du moins exten-
sion abusive de ceux qui existaient déjà corvées extraordi-
naires, réclamation des arrérages des rentes il un taux et
suivant un appréci arbitraire. Cela est surtout visible dans
la pratique, de pluseu plusfréquente, d'alféagera denouveaux
tenanciers, naturellement à des bourgeois ou à des paysans
aisés, des portions des bois seigneuriaux et des terres vagues.
sur lesquels les paysans exerçaient jusqu'ici des droits d'usage
•affouage, pâturage) réaction seigneuriale caractérisée, que
souligna du reste un sérieux mouvemeut de protestation (pro-
cès, violences, etc.).
Les seigneurs donnent en location une partie de leurs biens
de même les roturiers riches, et aussi certains fermiers et
métayers qui sont en même temps propriétaires l'organisa-
tion et le régime des terres louées permettent de définir la
condition des locataires 1"les fermiers (de plus en plus uom-
breux, exploitant un bien de dimensions variables constitué
surtout par des terres labourables) doivent, outre la rente,
des corvées distinctes, et sont soumis aux banalités, signe
d'une sujétion temporaire. La rente est soit fixe (fermage pro-
prement dit), soit à moitié grains (métayage),soit mixte (bail à
détroit». Le métayage parait plus répandu que le fermage en
d»t I.SNISKSOClot.OlUgl'K.
IWKi-tUU»

Bretagne. A ta (in du xvw"siècle, onconstate une hausse mtor


mille dos rentes (elles doublent on 30 au»), explicable non pur
hi hausse des prix, ou la plus grande productivité, mais pur lu
tendance déjà relevée des propriétaires à tirer de leur bien tout
le parti possible ils profitaut en ce sens d« ces nouvelles con-
ditions elles-mêmes; 2°In domaine congénbtc, particulier a la
Hretagnu, forme intermédiaire entre lu (erine et lu tenure,
assure au ilomanicr lu seule propriété des « éili liceset superfi-
ces ». mais uo le garantit pas contre une éviction (cungeinont»
toujours possible, Presque toutes les charges qui frappant les
tenanciers héréditaires posent sur lui. La coutume s'introduit
d'ailleurs de « baillées » d'une durée de neuf ans. et renou-
velables moyennant un commission assez, «'levée. Mais daus
ta seconde moitié du xniv siècle, l'accroissement des rentes
(déjà plus fortes que celles des fermiers) et des commissions,
ta multiplication des congémen ts, les abus (mesures et upprô-
cis arbitraire»* expliquent que les paysaus réclament impé-
rieusement l'abolition de ce genre de contrat 3"le comptant,
limité au comté nantais et applicable seulemeul aux vi-
gnobles, mode de location plus voisin encore de la tenure que
le précédent, cède le plant de vigne à perpétuité et à titre
héréditaire au cultivateur, moyeunaul une petite partie de la
récolte; 1" le louagede main-d'œuvre agricole dûlinil la classe
des journaliers et domestiques, qui comprend 1/4 ou 1/S do
la population eu général leurs salaires augmentent, mais
infiniment moins que les prix ils subissent des chômages,
et se voient retirer de plus en plus l'usage des communs.
A ces charges s'ajouteut, pour les tenanciers- paysans et
locataires du sol, celtes qui résultent des impôts royaux les
États réussissent à faire retomber sur eux tout le poids des
impôts de nouvelle création eux-mêmes 'capitation, ving-
tième) à ta milice échappent les seuls paysans qui jouissent
de quelque aisance.
Pour supporter une telle exploitation, les paysans auraient
besoin de mettre leur sot de mieux en mieux en valeur en
1733 les 3/5 des terres sont incultes; mais des causes nom-
breuses de stagnation sont assignables, en particulier l'archi
lecture du sol eu Bretagne, qui prédispose à l'épurpillemenl,
à l'isolement. Sans doute ils produisent plus de grains qu'ils
c'en consomment mais ils tes considèrent « coin meun secours
que la nature leur fournit pour payer leurs fermes, leurs
fouages, leurs capitations et autres subsides » s'ils trouvent,
AN<tl.V*fi!>. CLASsK»KCUSOMIUI'K-- Ouï

liiittHl'industrie rurale, un supplément de gaiu, te profit en


revient surtout aux murcliauds. Les descriptions contempo-
raines do leurs habitations, surtout les inventaires «près
décès du leur mobilier et de lotir liabillomont, nous mar-
quent le bus niveau de leur vie matérielle.
Nous ne nous demanderons pas quelle est l;i valeur histo-
rique de cet ouvrage il représente apparemment uu effort
très laborieux d'information, de collection el d'interprétation
de documents il nous apporte une (|tiaiitilû considérable de
faits et de chiffres, et les présente avec un réel souci d'exacti-
rude et d'impartialité. Moispuisque c'est un objet réellement
social que l'élude s'est proposée, c'est du point de vue socio-
logique qu'il nous intéresse de l'envisager.
Ce qui frappe, c'est qu'il y a dans ce livre deux parties.
l'une oit les rapports de. dépendance sociale entre les diffé-
rents groupes en Bretagne sont analysés, l'autre où c'est la
nature du sol, l'exploitation agricole et la situation écono-
mique des babilmits dont ou nous présente le tableau.
Or ces deux études sont en somme juxtaposées, chacune
est traitée pour olle même, sans qu'on voie quels éléments
de l'une et de l'autre sont réellement explicatifs de l'existence
et do lit forme des classes. – Ksice, coin meil semble parfois,
la dernière? Est-il vrai que la condition sociale de chaque
liomnie suit déterminée par sa richesse, par la quantité de terre
«tdeproduitsqu'il possède? Alors, pourquoi met-onau premier
pian l'engcmhlcdusliens de dépendancejuridique, les relations
du teuaucierau seigneur, les contratsqui subordonnent le fer-
mier ou le domauier au propriétaire? Pourquoi range- t-ou
daus la catégorie des propriétaires seigneuriaux le noble
pauvre, obligé défaire métier de cultivateur et de vendre lui-
même ses produits, et dans celle des propriétaires roturiers li,
paysan aisé qui afferme ses terres? Pourquoi range-l-oi) dans
la môme classe le paysan propriétaire, qui loue ses terres
pour prendre à bail celles d'un seigneur, et le petit fermier que
le non renouvellement du bail réduira à l'entière misère 1
Pourquoi traite.t-on séparément du fermier, du domanier, du
coin planleur, alors qu'aucune inégalité économique générale
n'apparall de l'un à l'aulro 1 – Ksi-ce que c'est « le genre
d'occupation principal auquel se livrent ses membre» qui
iléfluit la elusse La condition économique et sociale des
populations rurales dépend-elle essentiellement du « régime
dt»la propriété » ? Alors ou ue voit pas l'utilité de passer en
BW l'axskk sooiot.ociyiK t'.ioô-i'joi;

revue tousles éléments de lu production agricole en Bretagne,


depuis lu culture dû blé uulr jusqu'à ai le pro.
grès des défrichements, ni le genre de l'alimoutation l'his-
torien peut éprouver une satisfaction d'érudit a nousapporter,
sur ces questions, des documents rares ils n'ont ici le plus
souvent qu'uu intérêt de curiosité ces chapitres no « com-
plotent » réellement pas ceux où les modalités de ta propriété
et de la locatiousont analysées, mais sous prétexted'illustrer,
à l'aide de donnéescouerèles, la distinction desclasses d'abord
présentée, ils l'obscurcissent.
C'est toutefois une impression inexacte que donne, et, sans
doute, qu'a éprouvée l'autour, lorsqu'il rassemble dans la
notion de « classe » un eusemble de caractères et de détails
empruntés assez arbitrairement à l'étude économique et juri-
dique il semblequ'il gagisse là d'une» classification » faite
«prfts coup, à laquelle aucune réalité déiiuie ne correspon-
drait. Mais il a lui-même indiqué des manifestations uon
équivoques d'une « conscience de classe u déjà effective, et
l'on s'étonne qu'il n'eu ait point fait le centre et le point de
départ de sa recherebe. Il note, à la fin du xvui' siècle. une
réaction seigneuriale, qui est un mouveinent d'eusemble, qui
a même en quelque sorte son organe directeur dans le Parle-
ment et les États ne pouvaitil déterminer quels éléments
de la noblesse, quelles parties du pays aussi étaient le mieux
représentés dans ces assemblées, et si ces pratiques abusives
nouvelles, par leur place dans la région considérée, par l'épo-
que précise où elles out lieu, ne manifestent pas en eflet comme
une représentation et une tendance commuue à certains
groupes définis? Il se peut que certuiues parties de la noblesse
seules y aient eu part, que certaines aussi aient poussé cette
réaction plus loin que les autres, et que des causes sociales
de ces différentes attitudes se laissent entrevoir. H note
qu'à
la même époque un mouvement de révolte se produisit
parmi
les roturiers il se borne à en donner idée
par quelques
petits faits », à la manière de Taine mais ou voudrait
savoir quelles catégories de la population se sont les
pre-
mières, et se sont le plus énergiquement soulevées, dans
quelle mesure et dans quel ordre les autres les ont suivies, si
ces rébellions ou ces protestations furent isolées ou s'étendi-
rent à des groupesétendus, si elles furent spontanées ou con
certées il se peut que les domestiques aient eu une autre
attitude que les journaliers, que les fermiers et les doma-
AXAMSKS. – t:|.ASSKs KCQ.NOMIOIKS 005

niers n'aient __s_r


point été d'accordentre eux, ni avec ceux-ci.
Sur tous ces points on ue trouve guère que des indications,
dispersées au gré des catégories juridiques or, si l'on lie
peut parler de classe que dans lu mesure où une conscient
sociale, au moins latente, se développe dans un groupe. ce
sont bien do telles questions «ju'il faut résoudra en vue d'éta-
lablir l'existeuce et de déterminer les caractères des classes
dans une région «bordées d'abord, elles auraient est tout cas
conduit il retenir, des données économiques et
juridiques,
« olles-lùseulement qui s'y rnltnchaieut, a mieux limiter ulnsi
l'étude, età la pousser dès lors plus à fond dans les directions
moinsnombreuses où l'on se serait arrêté.
M. H.

IIKMKKLI)(Eisa (i. Fftmtly monographs- The liislory


of hveuty-four families living in the middle west side ut
New York City. New York, the James Keinpsler l'riuling
Company, 1905, 150p. in-8°.
Ces vingt-quatre monographies de famille ont été établies
l>iirMiss Herzfeld suivant la méthode que pratiquent à Hnr-
nard College les étudiants en sociologie elle consiste à insis-
Iit sur la psychologie des groupes plus que sur leur carac-
ole économique, et se propose non de dresser des budgets de
iiimille, mais de reproduire eu toute sa complexité et son
détail l'histoire et la vie des ménagesétudiés. L'auteur faisait
,i cesfamilles des visites régulières, pour les encouragera1\
l'épargne, comme « penny provident collector » ce lui lui
i occasionde pénétrer réellementdans leur intimité.
Dans une introduction développée'p. S-iiO;on a dégagé,
groupé et classé les résultats de toute sorte de l'enquête, de
(açon à présenter une description de valeur générale, qui
-applique à l'ensemble des familles observées et même à
Imitela catégorie sociale correspondante. Après avoir déter-
minél'emplacement des maisons, l'aspect duquartier, la natio.
milité d'origine des (umilles (principalement irlandaises et
allemandes) et la subsistance des sentiments et antipathies
<l<r race 'Allemands et AnglaiscontreIrlandais, ensemblecontrc
II'*Italiens, et avecceux-ci encorecontre les uègresi. l'auteur
jusseaux caractères mentaux et habitudes intellectuelles
inaptitude » raisonner), aux lectures, aux décorations plus
ou moins artistiques du Ingemeul,aux goûts musicaux, aux
COtt i.'axnkb mh:iuui«U(.>vk. «Wj-tvvu

distractions mondaines ihuU et « rackets », « clubs », « getillc


man frieud u, etc.). aux superstitions nombreuses et bizarre*
touchant le bon et le mauvais sort, aux croyances et prati-
ques à l'égard de lu grossesse, de l'enfantement et de l'allai-
tement, du buptème'les prénoms, Ictrnjet jusqu'à l'église, etc.
du mariage, de la mort, des funérailles (dépenses fortes et
obligatoires), à l'attitude vis-à-vis de la religion (c'est la dis
tauco «fui détermine lu fréquence îles visites ù l'église les
mariages entre catholiques et protestants ne sont pus rares-,
mais ou n'aime pas à raisonner de ces malièresï, vis-à-vis des
médecins, des hôpitaux (tendance à changer souvent d'hôpital
sans bonne raison, refus de laisser vacciner tes enfants), aux
idées et pratiques politiques, de caractère toujours sentimen-
tal, aux relatious entre voisins 'facilita donner et à prêter,
absence d'intimité domestiqueeu général).
Les données proprement économiques sont ensuite présen-
tées, mais comme accessoirement, dans une étude d'ensemble
sur l'organisation et le bien être de la famille, et non sans
une certaine sécheresse un peu voulu» c'est, après un tableau
des salaires et des occupations des membres de ces familles,
le chômage i refusen ce cas d'accepter un travail à plus bas
salaire. disposiliou d'un crédit large et de longue durée. répu-
gunnee à se laisser secourir.; tes dépenses (environ la moitié
du revenu est consacrée ù la nourriture, un quarlau loyer; le
gaspillage marche de froutavec la pau vretéi. et, à titre d:exem-
pie, un était détaillé des dépenses d'une famille pour un mois
l'épargne, rare, l'assurance, gunérnlecn matièrede tunéraiJlos:
le logement (description minutieuse d'un appartement
typi-
que i; l'entretien
dela maison (quelques lettres de locataire-
au conseil de saule) les déménagements, en moyenne npre*
ou an et demi de résidence, pour tes motifs d'ailleurs tes
tdus
divers; les relations conjugales (les hommes voient pou leurs
femmes; pour celles-ci le mariage est un mal nécessaire;; la
conduite des parents envers les enfants (ils les alimentent
mal, se soucient peu de leur instruction, les obligent à de
durs travaux); les relations entre personnes du même,sam:
(elles impliquenten géuéral nombred'obligations (resslricle»:
parfois il y a relâchement, ou rupture).
Puis vient la reproduction des monographies elles-mêmes
en tète de chacune on indique ta durée de l'observation (de 4à
20 mois), l'âge, l'aspect physique, l'étal de santé, le caractère
des membres de la famille; on raconte ensuite l'histoire de
AN.UVSK.J. – CtâBSKS éCOSOUIflUKS WJ

celle-ci, depuis la période unlérieuro à san îfniaigratbu


mention est fuito do toutes tes naissances, mariages, décès,
maladies, changement» de liuu el do profession, qui s'y sont
produits. Ces«iiiumoialionsne laissent patid'etrcun peu mono-
tones et fastidieuses. Quelques-unes acquièrent toutefois une
valeur réellement, dramatique par la nature des faits qui s'y
trouvait rapportés, oltuirtout parce que l'intérêt se trouve
concentré sur une personne (n° 4, îtutamnient, l'histoire dp
Sarah Mulligaii, et, n" 7, celle de Mnrgaret 0' Xeilli. Le
récit est, d'ailleurs, relevé fréquemment par des expressions
et Iragmeuts de dialogue comme stéréotypés, et qui «ardent
toute leur saveur.
11nous est dit, dans la préface, que ces monographies fon-
deraient un elltnotogisle à opérer uit rapprochement entre
les mœurs des primitifs el celles dont tes « tellement housus »
forment le cadre. Celte idée paraît bien avoir été présente
constamment ù l'esprit de l'auteur. – De fait, lu méthode ici
suivie ressemble de façon singulière aux procédés d'obsurva-
tiou des explorateurs qui, à propos d'un groupe, recueillent
le plus de détails possible do toutes tes espèces el visent sur
tout à la reproductiou littérale. Celte succession de pli ruses
brèves dout chacune renferme uu fait, avec sa date très sou
veut, donne l'impression de notes de carnet, prises au lil de la
conversation, à l'occasion des événements et des objets, et
simplement juxtaposées suivant l'ordre chronologique. –
Sans doute ces matériaux sont repris, dans l'inlroilnclion. et
classés eu quelque mesure, mais on ne voit pas au m>mde
quel principe méthodiquement choisi. La distinction propo-
sée entre les faits ethniques ou de psychologie sociale et les
faits relatifs à la famille manquede clarté. S'atlache-t-on mix
groupes concernés'? Maisles croyances et pratiques relalivcs
aux soins à donner aux mitants, au baptême, au mariage, aux
fuuérnilles, étudiées daas la première partie, se rapportant
eu réalité aussi a l'organisalion de la vie familiale; d'autre
part, il parait bien factice de Irai ter dansle premier chapitre
«les relations outre voisins,et des relations entre parents dans
le second, Insiste l-on plutôt sur l'opposition entre la psycho-
logie des groupes, et leur base matérielle Un étudie d'une
[jurt les livres, les gravures el ornements, les instrumenta
musicaux, et ensuite l'appartement, l'économie ménagère,
les dépenses; d'un cillé les enterrements, de l'autre l'assu-
rancefunérailles; ici les croyances relatives au mariage, la
co« {.'année stiuiui.ot;ivt-K ma-tuo»

les relultutu conjugales toujours l'aspect économique dos


groupes est détache du reste, et a priori sacrifié.
C'est que te but est bien ici d'envisager le groupe social
considéré t'ila manière d'une tribu, caractérisée surtout par
ses croyances et coutumes superstitieuses. Or on peut se
demander si des faits à ce point individuels, et en nombre si
limité, permettent une détermination de ce genre. Notamment,
comme il s'agit d'émigrés chez qui les sentiments d'origine
ne se sont pas entièrement eflncés, nous ne savons point si
une bonne partie des propos et pratiques rapportés n'ont pas
un caractère traditionnel (il nous faudrait connaître encore
les mujurs des catégories sociales étrangères dont ces familles
tirent leur origine; et nous ne savons pas non plus s'ils
s'expliquent, et dans quelle mesure, par ta situation écono-
mique actuelle (ce qui serait encore un moyen de trancher
cette première question au moins négativement!.
Rn dehors de la monographie, ces faits perdent en somme
toute signification précise. Quant aux monographies elles-
mêmes, elles restent difficilement utilisables en l'absence de
données complètes sur la situation matérielle des familles
étudiées. Des enquêtes conduites de cette façon peuvent
suggérer des problèmes (ce qui a sansdoute son intérêt), mais
n'aident à en résoudre aucun.
M. II.

SCHNAI'l'KK-AIiNDTil)' liorniKiu. – Vortràge und Auf


satze. Herausgegebeu von D'Loisleitlin. Tubingen, Laupp,
1906.vut-320 p., iii-8».
De ce recueit posthume, où, à l'exception des monographies
de village du Haul-Tuunus 1I88.H1,sont réunis les priuci-
paux essais publiés par M. SchnapperArudt sous diverses
formes et à diverses époques, nous retiendrons surtout ici les
deux qui traitent des questions de méthode intéressantes,
l'un intitulé Théorie et histoire i/p la statistique de l'économie
privée (budgets familiaux, etc.), 1903, l'autre Mcthodoloiju-
des enquHexsodiiles, 1888 len considération surtout d'uni'
enquête sur l'usure dans les campagnes;. L'idée qui domine
dans l'un et l'autre est de préconiser en ces matières, eu eu
chérissant encore sur les recommandations de Le Play et de
son école, lu monographie détaillée et minutieuse d'une seule
famille, d'un seul intérieur, d'un seul petit groupe, de préfé-
AN'AUsti». – UUSSU> KtiUKUttlOUK* Ù09

reuce à toute enquête plus large de basa et forcément moi us


particulière d'observation. Au cours de ces exposés, l'expé-
rience personnelle et réfléchi» acquise par l'autour, soit
tliins ses travaux d'enquête directe et d'observation con-
temporaine, soit dans ses recherches d'histoire de l'économie
privée, lui suggère un certain nombre de remarques fondées
et utiles, notamment sur In difficulté de saisir ou d'observer
ou surtout de quantifier de façon valable, de façon correcte,
certains éléments d'un budget familial, certaines données
cependant importantes de In situation économique d'uu
ménage, certains articles cependant essentiels d'un iavea-
taire privé intégral. On trouvera, dans quolques-uns des
twsais reproduits dans la suite du livre, des exemples intéres-
sants d'application de ces préceptes, pourune pavt malheureu-
sement négatifs (budget de deux compagnons cordonniers
du xvn*siècle, intérieurs juifs à la fin du xvn* siècle, budget
d'un ouvrier peintre de cadrans de montre de la Foret noire,
monographie d'une ouvrière liugère de Sottabe, Niihukele, le
morceau lo plus achevé et le plus typique de tous ces essais,
soigné et fini, semble-t-il, avec amouri. Mais, pas plus que tes
autres défenseurs de cette méthode, M. Schuapper-Arndt ne
semble se rendre compte et par suite n'avise à se défendre
de l'inconsciente pétition de principe qu'impliquent taut la
théorie que la pratique de cette observation monographique:
ou bien l'unité particulière observée, personne, famille, com-
mune, est prise au hasard, et alors que tirer d'une telle
observation et comment savoir ce qui y est particulier, excep
lionne], et ce qui y est régulier, caractéristique? mais d'ait-
leurs aucun de ces observateurs n'accepterait pour l'objet de
son étude celte seule valeur de hasard. Ou bien cette unité
particulière observée est choisie et prise parce qu'elle est
représentative d'une certain ensemble d'unités semblables
ou analogues, ou du moins parce qu'elle est supposée telle
i'ii fait, les hommes qui pratiquent cette méthode opèrent
un général dans un milieu qu'ils connaissent ou qu'ils ont
préalablement étudié, et il se peut qu'ils fassent ce choix ou
admettent ce postulat, sans s'en rendre un compte explicite.
mais ce n'en est pas moins de ce choix et de ce postulat que
dépendent toute a valeur et toute la portée possiblede leur Ira
vail et un mélbodologiste devrait justement nous dire corn
ment ce choix peut être consciemment (ait ou à quelles con-
ditions ce postulat valablement admis. P. S.
– Anw »i»-i«t.,190M'J0(ï.
K Ih-mciiMH. 3»
i;io i,'annkb socioi-oiayoK. iw!M<joii

Recueil de matériaux sur la situation économique des


Israélites de Russie, d'après l'enquête de ta Jewish
Colonisation Association, t. I, Paris, Félix Atcan, liluft,
i.v-440 p. in4°.

Ce volume est In traduction du premier des deux tomes


d'un ouvrage paru en 190'»en langue russe, et qui contenait
les résultats d'une gronde enquête entreprise en 1H98pur la
Jewish Colonisation Association. Trois délégués delà société
étudièrent d'abord sur place la situation des juifs de la zone
de résidence, agriculteurs et artisans, en même temps qu'ils
rassemblèrent des données fondamentales sur la population
juive de celle région. D'autre part, un millier de correspon-
dants 'non rétribués en général!, en particulier les fabhnis,
envoyèrent des renseignements sur 1302 localités. Kulindes
spécialistes visitèrent 20K domaines agricoles, procédant a
un examen minutieux des exploitations, et interrogeant
chaque colon en présence de ses voisins. Cet elTorl collectif
d'information était d'ailleurs rendu nécessaire par lu pau-
vreté de la littérature et l'imperfection des données statisti-
ques relatives à cette région. Après ces indications sur la
marche des travaux, l'Introduction rappelle l'histoire de l'éta-
blissement des juifs en Russie, et indique la répartition
actuelle et le mouvement de la population juive dans les
•2'->
gouvernements de la zone.
Dans ta partie suivante, consacrée aux agriculteurs juifs des
colonies, tous les éléments essentiels de teur condition éco-
nomique sont successivement envisagés, d'abord d'ensemble,
puis dans chaque grande région nombredescolons, étendue
•le la terre cultivée et sa répartition (grandeur moyenne de
l'exploitation nombre de familles pour chaque catégorie
de biens, pourcliaque forme d'exploitation .avec deux ou plus,
avec un, sans travailleurs!, pour chaque régime d'exploi-
tation (cultivant par eux-mêmes, par main-d'œuvre, ne culti-
vant pas! nombre et étendue des terres amodiéeset atlennées
par les juifs: constructions, cheptel, matériel; procédés et
genres de culture; bénéfice net ou gain par famille; popula-
tion s'occupantâ la fois d'agriculture et d'autres industries;
organisation et degré de l'instruction. Dansla troisièmepartie,
pour déterminer la situation des artisans juifs, on passe en
revue, do la' mômefaçon leur proportion par rapport à la
AtfAI-VSBS.– (XASSKS IÎCOKOMIQCBS 611

population juive totale, à la population artisano totale, dans


(«avilies et dan» les districts; leur répartition par catégories
de métiers; la composition des ateliers (grandeur moyenne,
nombre de patrons, d'ouvriers. d'apprentis); te travail des
femmes juives; l'apprentissage; les conditions du crédit,
l'achat des matières premières, l'écoulement des produits;
les salaires et te chômage.
En réalité on ne s'est pas home il reproduire tels quels ces
matériaux les préoccupations d'où ('lait sortie l'enquête
avaient «vidomtuent un caractère, pratique, et tout en prépa-
rant pour l'élaboration scientifique éventuelle cette abou-
(lance de données, ou y a de suite cherché une réponse à
linéiques questions générales et pressantes.– Dans quelle
mesure, pur exemple, les juifs réussissent-ils en agriculture?
C'est iU'liliciellement qu'ils y (urenl attires, que leurs colo-
nies turent constituées, dans la première moitié du xi.v siècle
(entre 1 8-40e t 1K50surtout), et ils préféraient d'abord d'autres
métiers: niais, pour diverses raisons, ces anciennes occupa-
tions étant devenues pour eux moins lucratives, et en dépit
des nombreuses mesures édictées contre eux dans lu suite
(interdiction d'acheter des terres eu 186V,interdiction d'en
louer pur les règlements dits « provisoires » de I88i, et, eu
Pologne, de I8U1>,ils s'adonnèrent de plus en pins à l'agri-
culture. La situation peu prospère, malgré tout. du plus grand
nombre tient sans doute en partie aux caractères propres de
la race, aux besoins plus nombreux,qu'ils doivent parfois
à leur tradition (frais du culte, instruction, dot), mais sur-
tout à lu médiocrité de leurs terres, et à leurs procédés pri-
mitifs de culture dans les régions riches eu terre noire
ftchemosion), et de climat chaud, coin mela Bessarabie, où
ils appliquent les méthodes intensives et se tournent vers les
cultures spéciales, ils atteignent les meilleurs résultats.
Quant aux artisans juifs, qui effectivement lie fuieiif point
les métiers pénibles (tin tiers d'entre eux, nu contraire, s'y
consacrent, comme tailleurs, cordonniers, boulangers, etc.
quelles sont les raisons de leur bas niveau économique, et
dé leur technique médiocre? Ils s'exercent rarement à leur
métier chez un patron chrétien, dans un atelier ayant des
traditions professionnelles leur apprentissage est nul ou do
très courte durée; d'autre part. le chômage tes condamne à
dés changements brusques et incessants de profession; enfin
lés consommateurs, paysans ou citadins pauvres, n'ont point
012 I.ASXKK SUiauUHlIgtîR. IDOS-iUUIl

a! -t! n.. ~U_L!


de hautes exigences aiusi s'expfiquo la mauvaise qualité de
tours produits, et leur trnviiil gros. Toutes ces conditions
pressent aussi excessivement sur leurs salaires; mais surtout
leur agglomération, en raison des restrictions légales, dans
des villes et des bourgs où ils forment parfois la moitié de la
population adulte, le manque, dès lors, de correspondance
entre l'offre et la demande, et te manque aussi du crédit qui
permettrait de produire pour des marchés éloignés, demeure
la cause la plus claire de leur détresse.
11faut attendre la traduction de la seconde partie de l'ou-
vrage (grande industrie, misère et bienfaisance, instruction),
pour juger de l'étendue et de la portée de cette enquête. Ou
peut reconnaître dès maintenant que ce travail do collection
de faits a été etlectué suivant une méthode et avec un souci
de précision qui donnent toute garantit»aux travailleurs.
M. H.

CHIOZZAMONEY t.. liw- – Riches and poverty. London,


Melliuen, 1903, xx-338 p., in-8».
Ce livre est une large revue, un peu rapidement faite,
l'auteur lui-même le déclare, d'un grand nombre de sujets
importants. Revenu national, globalement considéré, répar-
tition de ce revenu entre les dillérenles catégories de revenus
familiaux, biens des riches et biens des pauvres, richesse
accumulée, te capital et ceux qui le possèdent, le sol et les
propriétaires et revenus fonciers, les capitaux mobiliers et
les profits comparés avec les salaires et la condition des
ouvriers, les conséquences de tout ce système de réparti-
tion, et spécialement la destruction de capital tontes ces
vastes matières sont successivement abordées; sur chacune
d'elles des faits, autant que possible des chiffres, sont apportés,
un peu gros, un peu simplifiés, choisis et mis en œuvre pour
étonner et frapper, résumés en formulescourtes et accompa-
gnés de graphiques simples et frappants aussi (par exemple
la moitié du produit national pris par un neuvième de la
population, un tiers du produit national pris par un tren-
tième de la population. plus de la moitié de toute la
richesse de la nation possédée par un soixante-dixième de la
population, elei. Une seconde partie passe en revue les ins-
titutions, tentatives, projets, tendant à une organisation de
l'économie qui remédie à ces défauts, depuis ce qui concerne
ANAI,ÏSK». – JNSTITUrtONSUK LA HtifA RTITIUN 6*3

l'eufauce jusqu'à ce qui touche la vieillesse, depuis lit ges-


tion économique des entreprises jusqu'à l'impôt. – Le carac-
tère de tout ce livre est, on le voit, de pratique et de propu-
gande plus que de recherche purement théorique et positive.
Néanmoins, et sous bénéfice des vérifications et des recours
aux sources plus détaillées et plus techniques, si cela est, sur
quelque point, reconnu désirable, cet ouvrage pourra rendre
dus services au travail scientifique, au moins de premier
débrouillement.
F. S.
SIMMKL ((iKoiwi).Zur Soziologie der Armut. A/cA.f, Satinl-
m'is.s\,XXII,
1, p. J-30(l'articulante RucMologiqiu'
de cette couche
sociale xi elle est une classe;.
HAI.I..VVOI/I'A(H.J. La bionfaîsanoeau point do vue sociolo-
gique. /loi'.i/Vcchi.pol.. 1900.p. 189-2U8.
SOMBAItT i\VEi«sK«;. Studiea zur Entwickelungsgeschichte
des nordamertkanlsohen Prolétariats. Aici,, f. Sjn<ilui*$.,
XXI.I, p. 210-30;2,p. 308-340;3, p.556-011.;Ah..tx)t<nten faits,
observationset idée» titillationpolitique,niveau de vie, condi-
tion sociale; aboutit à des vues sur l'avenir du mouvement
ouvrier eUlusocialismeaux Kt<its-lJiis<|uel'autour n développés
dans un ouvrageultérieur).
MICHELS (ItoHKiiT).Proletariat und Bourgeoisie in der sozla-
Ii8ti8ohen Bowegung Italiens. Studien zu ciner Klassenund
Herufsunalysedes Sozialisniusin italien.Arch.f. iioziatwiss.,XXI,
2, p. 347-il©(Intéressantquoiqueun peufragmentairecl rapide).
MOMUëKI'O'aui,). – Neueresossialstatisti8ohe
Erhebungen deut
scher Arbeiterverbânde. Arelt. f. Snzialteiss.,XXI. p. 24805
(Hcvuc critique utile d'une série de travaux dont les princi-
paux ont déjà lilé analysés ici même, t. VIII,p. !>>>3t»q(|.).
IIICISS(Ci,.i. Die Kosten der Arbeit und der Lebenshaltung
der Arbeiter in den Vereinigten Staaten von Amerika.
Schmoller'sJltb.,190G,I, p. 311-SGilntéiessc aussi lu théorie de
l'économiede lu production).

VIII. INSTITUTIONSUKLA RÉ1MUTITIUK


Pur M. II. Hovrgix

FRISCH (Waltueh). Die Organisationsbestrebungen


der Arbeiter in der deutschen Tabakindustrie. Staats-
61* l/ANNKK 1903-IVW
SOC10LOQIQU&
u. sociulw. Forseliuugeu, hgg. v. SchmoIIer u.
Soring.
Leipzig, Duncker u. Huinblut, 1908,vm-io-* p., in 8".

M. Friseli s'est proposé d'écrire une


monographie utile a lu
connaissance du syndicalisme ouvrier en Allemagne. Il a
estimé que la grande part de l'ucliou
politique daus les syu.
dicats reiulail lu méthode
monographique indispensable
pour démêler les questions et serrer de près l'organisation!
Nou sans difficultés, il a étendu sa documentation aux dit-
férentes sources, archives, journaux
corporatifs, comptes
rendus, etc il y a joint une enquête personnelle.
La première partie de l'ouvrage décrit le mouvement des
cigariers en 1«t8 et daus les années suivantes: grâce aux
conditions économiques favorables, et à la faveur d'un mé-
lange d'Idées politiques, une association est fondée eu 1848 et
elle expose les premières revendications ouvrières (minimum
de salaire, restriction des femmes,
règlement de l'appren-
tissage, conseils de conciliation); desunions locales, très auto-
nomes,sont chargées des rapports avecles patrons. La seconde
partie décrit le second mouvement, de 18(55à 1878 organisa-
tion ceutralisée, sous une influence
politique surtout lassa-
iienoe, et, à côté, tendances et organisations
fédératives
dissentiments et courants divers; grèves nombreuses, ellorls
des organisateurs syndicalistes pourles diminuer et les
régle-
menter; démocratisation et spécialisation croissantes des
organismes syndicaux résultats matériels, mouvement des
.membres; dissolution par l'État en 1878. La troisième partie
étudie le Heutschcr TiihukarbeUerterbantt constitution
pro-
gressive à partir de 1880 sous forme mutualiste; activité du
syndicat tluranl des conjonctures défavorables (augmentation
du travail à domicile, du travail des femmes, abaissement du
salaire) grèves de plus en plus dirigées et organisées pro-
grès généraux d'organisation, mesures de mutualité et de
protection, services et organes, situation légale, rapports avec
le mouvement syndicat national et international. Les
qua-
trième, cinquième et sixième parties traitent respectivement
du Vereiudeutxiher Ziyarrennortùnr, des
syndicats Hirsch-
Duncker, des syndicats chrétiens.
Dausces différentes parties, solidement documentées, avec
des citations intéressantes et instructives,
l'exposition est
surtout historique la chronologie est suivie; le récit continu
indique les mouvements politiques, les courants d'idées, les
– INSTITUTIONS
ANAI.ÏSKS. OKU Illil'AHTITHiS 015
uiuvrcs personnelles do direction, les tendances, les carac-
tères, les actions qui se heurtent. L'analyse sociologique,
pour laquelle il y a cependant ici d'excellents éléments, est
négligée, obscurcie, méconnue. Préparée commeelle l'était pur
l'investigation historique nécessaire, mais préalable et limitée
à son objet propre, elle pouvait être pourtant d'uue grande
précision et aussi d'une grande utilité. Sur les faits propre-
ment sociaux impliqués par le sujet, sur la constitution, les
tranformations et les fonctions des organes syndicaux, sur
les conditions économiques qui «mt pu déterminer leur for-
mation et leur activité, sur les phénomènes de conscience
collective qui accompagnent leur fonctionnement, il y a dans
le livre même une matière à laquelle il mauqued'avoir été
répartie et élaborée méthodiqueiueut en vue de ta recherche
et de l'étude sociologiques.
Si ce dessein méthodique eut été réalisé, l'ouvrage aurait
comporté des conclusions plus termes et plus sures que celles
qu'il présente. M. Frisch déclare qu'eu somme le nombre des
syndiqués est faible relativement au nombre total desouvriers,
et il attribue comme causesà cette faiblesse la décentralisation
de l'industrie, le travail des femmes, le travail domicile, l'in-
lluence de la politique mais ces causes ont-elles été démon-
liées réellement? Non; tout système positif de démonstration
a même fait défaut. Kl c'est dommage: il y avait là un sujet et
des conditions d'étude du plus haut intérêt. M. Friscli pré*
tend. eu particulier, que les rapports du syndicalisme avec la
politique ont été nuisibles à l'organisation syndicale; et,
jugeant sans doute iusuf lisante sur ce point son exposition,
d'ailleurs souventtendancieuse à cetégard, il ajouteici, comme
preuve, que le syndicat n'a recueilli beaucoup de membres
que là où le parti socialiste était fort, et qu'il n'en a réuni
que 1res peu là où le parti socialiste était faible mais, en
l'absence d'une analyse rigoureuse des faits, cette constatation
pourrait tendreà prouver justement le contraire, à savoir que
les progrès syndicaux on été la conséquence de la propagande
et du mouvement socialistes. De telles incertitudes auraient
été impossibles avec une conception et un traitement scienti-
fiques du sujet.

KI.LESS (Kn.). Die atteste deutsche Oewerksohaft Die


Organisationder Tabak-undZigarrenarbeiter bis zuniErlasse
des Sozialislengc8Rt7.es
(YolkswirUch.Abhandl.d. bad. Iloch-
lilli t.NNÉE SOOIUWUIQDK.
I9IIJ-I91MJ
schulo, VUltid., 2 Krg. lui. Karlsrtihe, ttraun. t9t>5. v-OS p..
in-8 [.\ l'om parer avec li> précédent.).
Kl. Y;H. T.). Labour movement in Amerioa. Londres. Mac
millau. 1005, in-8.
Studiea in amerlean trade unionism. Edit.'d l>y Jut-ol»if. H.h.i.an-
dkii a. Ci'orge K. Baknkït Louduu, llodiicr a. Stoiiirhloii. 190f>,
3»7 p., in-8 (Héiinkm d'études précises et utilos).
Vum WlKSE il. SkisHse der Entwiokeluog der Arbeiter
organisationen in den Vereinigten Staaten von Amerlka.
SvtcnolkrsJlib., 4. p. 303-24.
IDOÎS,
IAZAHI) (Max' – Problèmes syndicaux français.
A propos du
ixl uoiifrrt's iiatioual de* truviiilloura du livre. Ue«. d'Ara», polil..
l»0:i, p. ;7:-8O3-
VVAH.NK ;t'it*sK JtuiN; – The ooal mine workers. A sliid.v· in
• Ittlwr orfrnnizntiong. New- York, f-otijj;iniinH,1U03, s-ast
p.
ilOMMUNSUoiix H. – Type» of ameriean labor unions the
long shore men of the Great lakes. Quart, i of. lieon., iwv.
I9U5. p. 59-83 (SuitodcK études intéressantes tlojn sijrnalêra).
TKOKLTSCII(\V.) u. mitSUIimi) – Die deutsohen sozial-
demokratisohen Qewerkschaften. Cntei-suiluiiigcn und Mato-
fialien tiber ihiv (ît'ofîrapliisolie VL'H)reitun>f,J890-I903. Merlin.
lleymann,l'Jl>ii.xvi-4*5|>.( in-8 Ouvrage important de documen-
tation}.
WILLOI.'UIIHY –
(WiLLUM-FitAXKHs). Employers' associations
for dealing with labor in the United States. Quart. J.
of
Bcon., iiûv. 1006, p. Ilû-JKO (Insliltilion à distinguer des syndi-
cats patronaux ordinaire», qui sonl surtout institutions de
pro-
ductioii, Cf. plus haut, sert, iv; l'élude présente n'insiste uas
d'ailleurs sur ce point et n'est que directement descriptive).
I.AS CASES (Lko.n.). – L'assurance contre le
chômage en Alle-
magne. Paris, (iiartl et Brière, 1900. in-8.

IX. ÉI.ÉS1KNTS I»EI.KRtil>AttTITK>N


l'arM.M.ll.ttttw.«ns
ETP.Smu.vo

FEURSTEIN – Lohn und Hauahalt der Uhren-


(Heinricii).
fabrikarbetter des badischen Sobwarzwaldes. Karls-
ruhe, BrauascheHofbuchdruckerei, 1905,xm-208p. in-8*.
Entrele travaileu fabrique et le travail à domiciled'abord
ANAI.ÏSJSS. –
KI.IÎU BNTS. DE I.A nKl'AKTITJON 617

.l.
unns 1l'industrie
Pt .1 -t L_W _1_ 1- r.'t_
eu concurrence, horloger© de la l'orel Noire
baduise, des rapports d'étroite dépendance depuis cinquante
an» se sout établis. Ce n'ost pas seulement un noyau iudis-
pensable d'ouvriers très qualifiés, ce sont aussi les anciens
procédé», que la production nouvelle a reçus et retenus
de l'ancienne do là, nu reste, son intériorité vis à vis de
l'horlogerie wurternhergeoise voisine, économiquement plus
concentrée, et plus prompte a introduiredans la technique les
perfectionnements les derniers en date. D'autre part, dans le
développement môme des fabriques le travail à domicile
trouva de nouvelles raisons d'être, puisqu'il oflrait aux pro-
ducteurs une main d'œuvre supplémentaire et à meilleur
compte.
Le salaire, eu raison du rôle joué par la division du travail
daus l'industrie considérée, est surtout calculé aux pièces. Ua
des inconvénients de cette méthode est ici particulièrement
saisissable outre la complexité des données à intervenir
(quantité et difficulté relative du travail la qualité de sou
produit reste encore incertaine aux yeux du travailleur,
puisque l'appréciation et l'épreuve en est d'abord très arbi-
traire, et surtout s'eftectue longtemps après sa production, et
hors de sa présence. Une diminution continue du taux du
salaire va ici de pair avec une intensification progressive du
travail conséquence ordinaire du travail aux pièces. Un
autre retranchement représente les outils et matériaux déli-
vrés à l'ouvrier: celui-ci peut sansdoute lesacheter au dehors
mais il s'aperçoit vite que le Raiu de la différence entre le
prix courant, et le prix à lui imposé, est bientôt balancé par
une baisse de son salaire. Enfin l'absence de tarifs (le taux
étant parfois fixé au terme du travail seulement), la diversité
et l'inégalité des besognes attribuées à un môme ouvrier,
l'arrêt du travail mêmo, par insuffisance de débouchés ou
simple retard dans l'arrivée des matériaux, la durée indé-
terminée des inventaires, le règlement par acomptes et le
paiement du solde à de longs intervalles, sont autant de
facteurs d'insécurité du travailleur et d'occasions d'abaisse-
ment du salaire.
Après cette étude de la forme de la rémunération, l'auteur
cherche à déterminer son montant elïeclif, ou le salaire dit
nominal (d'après les états du personnel établis annuellement
par les entrepreneurs, et transmis par eux, avec indication
des salaires, aux fonctionnaires chargés de fixer le revenu en
CtS l.'AXNtiKS0CIUI.0U1O.UB.
190M900.

vue de l'impôt». Dans l'ensemble, la quantité de l'offre et do la


demande semble la cause principale des différences. Ce n'est
point seulement parce que qualifiés, c'est parce que leur
recrutement est difficile, que certains ouvriers (mécaniciens,
ciseleurs, etc.) ont de hauts salaires aussi les apprentis,
dans ces branches, sont-ils payés comme de jeunes ouvriers
C'est ou raison de la possibilité du travail à domicile, et du
travail féminin, dans certaines autres, que les salaires y sont
bas. Il se manifeste, en même temps, une tendance des em-
ployeurs à obliger au travail dans la fabrique les membres
do lu famille de l'ouvrier et à diminuer d'autant le salaire
de l'un et des autres. Lucomparaison des tableaux de salaires
dressés pnr fabrique permet, d'autre part, d'établir l'in-
fluence, sur le salaire, de la modalité de l'entreprise (campa-
gnarde, urbaine, avec travail supplémentaire à domicile,
spécialisée, ricins en débouchés, etc. en mémo temps que de
l'espèce du travail.
Quant au salaire dit n'W, ou pouvoir d'achat du salaire,
l'auteur en donne une « illustration %»à l'aide de budgets
ouvriers où, duraut une période de trois mois à un un, les
dépenses et recettes ont été indiquées jour par jour par les
intéressés. Il constitue ainsi, pour chaque ménage, deux
bilans, l'un physiologique, où il compare les aliments con-
sommés en fait aux types d'alimentation reconnus normaux
(par te physiologiste von Voit;, l'autre économique, contre-
épreuve des informations détaillées, et en même temps
résumé de la situation du ménage. Écartant les cinq plus
favorables et les quatre plus défavorables, considérés pour
des raisons diverses comme exceptionnels, il constate que
les quinze budgets restants révèlent une tendance générale à
élever les recettes à uu certain niveau, où, sauf une exception,
jamais le salaire du chef de famille n'atleiut à lui seul d'où
la nécessité de gains supplémentaires (travail de la femme,
travail à domicile, etc.). Les dépenses elles-mêmes sont dis-
tinguées d'après leurs objets l'auteur estime que plus le
ménage est pauvre, plus il s'attache à augmenter la part des
dépenses « sociales a ou qui se voient (vêtements, mobilier;,
aux dépens des autres.
On ne voit pas bien le sens de la distinction ici établie entre
la forme et la matière de salaire l'étude des caractères du
salaire aux pièces dans cette industrie intéressante et précise,
nous fait connaitre les procédés dont le patron peut se servir
AmVSliS. KLKMKNT.,DR LA IIKPAliriTlON (J19

pour diminuer te «ahiiro,dont il se sert réellement, puisque


les ouvrierslui en tout grief. Ou attend que l'étude du salaire
pffecllf ttous apprenne dans quelle circonstances, et dans
quelle mesure. il les utilise mais l'auteur ne le peut, parce
<|u'il étudie m»étal, et non une évolution, ttes salaires; alors
tous les inconvénients d'une recherche de ce genre, diversité
très grande des professions, différence des conditions
propres
«lechaque entreprise, se manifestent à plein toute couclu-
;ion quelque peu générale devient impossible. Une étude de
salaire vraiment scientifique s'ellorcerait de déterminer le
mouvement du salaire dans chaque branche, dans chaque
entreprise, et aurait chance tie découvrir, entre les mouve-
ments étudiés, dos rapports, abstraction fuite des dilléreuces
de branche il branche, et dusiue à usine or c'est a l'étude
de ces dilléreuces que s'en lient, eu somme, la. présente
recherche. Ce qui nous intéresserait, ce n'est point le chillre
actuel du salaire dans les diHéreules catégories du métier,
c'est la série de variations, et l'ensemble des causes,
qui ont
eu un lei résultat l'étude des modalités, et sous-variations,
serait utile et scientifiquement abordable après celle-ci seule-
ment.
Onest frappé, d'autre part, de la disproportion entre lesoiu
apporté à l'établissement de ces budgets, et le peu do résul-
tats qu'on en peut tirer. Les bilans physiologiques reposent,
à vrai dire, sur des hypothèses, et, d'ailleurs, la profession
au sens étroit étant ici un facteur assez négligeable, ce n'est
point sur cet aspect qu'il convenait surtout d'insister. Mais
les bilaus économiques eux-mêmesn'ont pas grande signilka-
tion. Ils ne permettent même point de connaître si c'est la
dépense qui se règle sur le revenu ou l'iuverse. Ils le pour-
raient seulement si l'on était en mesure de comparer après
plusieurs années, les budgets d'une mémo famille, ou de
familles de même espèce, d'établir dès lors la persistance de
certains niveaux de vie, si tel est le cas. Ils auraient aussi
l'utilité, dressés à de longs intervalles, de révéler des varia-
lions importantes dans les salaires et le coût de la vie. Ici
encore, c'est une série de données succemrn qui seule aurait
quelque valeur. Bien plus, quinze budgets dits typiques (puis-
que l'auteur estime les autres exceptionnels), môme dans uue
seule industrie et une même région, expriment encore des
conditions trop diverses (composition de la famille, genre de
l'occupation et sont aussi en trop petit nombre, pour qu'uue
•iï'> l.A.NNKK 1905-I90G
Sll(:lol.0l!IVl!K.
interpolation se puisse correctement efloctu»r
effectuer. M6m«
Môme pour
exprimer l'état actuel des besoins et tendances, ils ue suffisent
pus.
M.H.
KYAN (Joun A). – A living wage. Ils ethical and économie
aspects. With an introduction by Richard T. Ely. New-
York, Muemillan, 1906,xvi-SiOp. iu 10.
Ce livre est un exposé doctrinal, fait par un prêtre catho-
lique, protesseur de séminaire, d'une théorie chrétienne du
salaire fondée sur la notion de liviug woge(individuel et tami.
lial). Ktimt donné ce point de vue, la part d'étude positive et
proprement scientifique qu'il peulcontenir y est donc. comme
il faut s'y attendre, purement illustralive et accessoire, et lu
préoccupation de l'auteur est moins de savoir si le living wage
est un principe qui ait eu ou acquière en fait une valeur dans
la détermination objective des salaires que de montrer
par
des considérations morales et économiques, et en se couvrant
de l'autorité du pape et des auteurs catholiques, pour
quelles
raisons ce principe doit être adopté par les âmes chrétiennes.
On voit que, par cette direction
Idéologique et normative, ce
travail ne rentre pas dans notre cadre.
F. S.

UIAI'MAN(S.J.). Some aspects of the theory of wages in


relation to practioe. Manchester, Ileywood, i»05 (O'inUVI
scientifique).
HUWXKV(A.-L.; (nid WOOU^kohws 11.).– The stattstics of
wages in the United Kingdon during the 19>'>Century.
l'îirl. XIV. KiigitiL-uriiigand rthipbuildtiig.E. AveragesIndex
iiiiinbcrHn. gênerai résulta. Jour», of the statisticil suc, mardi
«905.p. 1iS-9<î;Suitc des éludes et analyses de faits déjà signn-
lées ici).
JOIINSPN(Alww S.). The effect of labor saving devioes
upon wages. Quart. J. ofKcon..nov. 1905,p. 8G-J09.
Untersuohungen aber die Entiohnungs methoden in der dont-
sohen Eisen-und Marchinenindustrte. Berlin, simion, »aot>.
in-8.
COUHTIN(HAuruT). Ueber die
WirknngenderStabilisierung
von WerkstàUen-Arbeiter. ZeiUch.f. d. ges. Staalsu-m.,1900.
AXWI.ÏS8S.– ACTIONDB é.'kîAT *l!ll I.A V1B KCONOHlgUK
«21
•2,p. 272-309(Discussion de certaines parts de travail de M.Z wi-
iliniwkSedenhorst unal.ysé ici l'unni/c derniCTo, p. 045).

Von iiOKIIM.liAWKUK (Kuuk.n). Zur uouesten Llteratur Uber


Kapital und KapltalzUiB. Zeitsch. f. VoWsinnxch.,Sastalpol. u.
Vemvtt., t906, v-vi. Il, p. 443-Ot(Éludent discussion des travaux
rëcunU et position de t'aulour « tour l'-gurd. Ne menli><uue
pas
le travail do .M. Landry étudie ici, t. Vlil, p. S72-87).

IISJIKH(Ikving). – The nature of capital and inoome. New-York,


Mai'iuillaii,1900, xxu-428 p., iu-8 ;i'.t>t importantouvrage nous
est parvenu trop tard pour que noua puissions en donner dons
ce'volume un compta rendu suffisant. Méthodeabstraite, tem-
Ijùrèf d'observation à caractère peut-Mro iiicunscicinment socio-
Idfrique).

X. ACTIONDK L'ÉTAT SUHLA VIK KtlONOMlQIIK


l'ar M.II. llonuiix

tiRUNZEL(JosKi>n). – System der Industriepolitik


Leip-
zig, Duncker. u. Humblot. 1905, vi-3!)3p. in-8.
M. Grunzeldéclare dans sa pré(:ice qu'engagé par le succès
de son System lier Handelspolitilc*à composer un novclu
ouvrage, il s'est proposé d'en faire une synthèse utile de
monographies et de travaux très nombreux. Qu'est-ce que
l'industrie et qu'est-ce quela politique industrielle? M.Grun-
zel, après avoir indiqué les différents sens du mot, prend
l'industrie comme l'ensemble des entreprises servant à la
transformation des produits naturels. Admettons cette défini-
t ion comme toute la discussion qui la précède, elle est fondée
>ur l'usage de la langue, poussée d'ailleurs ù une grande pré-
i-ision, et non sur la réalité des faits. Quelle que soit la forme
•l'activitéqui s'applique à l'industrie ainsi définie, elle doit
compter avec des phénomènes capitaux qui sont, d'une part,
l'accroissementénorme do la productivité, et, d'autre part, les
maux inhérents à la vie industrielle (uniformité du travail,
antagonisme des classes); en second lieu, elle doit counaltre
aussi exactement que possible, les branches de l'industrie et
leur clarification, dont M. Grunzel discute les principes et le
plan. Dans ces conditions, la politique industrielle est

I. Cf.Annéesociologique,
l. VI, p..iï3-!i.
622 i/axskk sociolocjqvb. tW.-I90tt

l'ensemble des mesures par lesquelles l'État ou les corpora-


tions publiques cherchent h régler l'activité industrielle
d'uu pays de [a manière la plus favorable à l'économie. Ces
mesures peuveut so rapporter à l'économie tout entière, ou
aux relations que tes branches industrielles ont entre elles,
ou ù la lecluiiquo économique, ou enfin à lu politique sociale.
Il apparaît iiuniédiulenient que celle notion de Ui politique
industrielle est illimitée et indéfinie. D'abord comment
peuvent s'établir ses règles' et que faut-il entendre par une
réglementation favorable à l'économie? L'existence même de
la politique industrielle et sa direction initiale paraissent
dépendre, non de constatations de (ait, mais de postulats
idéaux ou .sentimentaux qui ne sout même pas formulés et
diseutésici. D'autre part, que comprend-elle, ou plutôt quene
eompreud-elle point? u'est-ellcpas infiniment extensible? avec
l'adjonction ou la confusion de la politique sociale, a quoi uc
touche-t-el le pas 7 Kl, d'ailleurs, eu général, comment seront
déterminées ses interventions? M.(imuxelpsirlede ses devoirs:
sur quoisoul-ils fondés, et en faveur do qui doivent-ils se mani
tester? La seule manière positived'éltidicrel d'exposer la ques-
tion était de rechercher et d'analyser, en premier lieu, les
organes, et, en second lieu, lesfonctions de lu politique indus
trielle. Les organes quels sont-ils, et en quelle mesure ? l'État,
les institutions publiques, les intéressés eux-mêmes Les
fonctions en quoi cousisleiitelle, quoi s'e1 tendent-elles,soit
pour la production, soit pour la répartition ? Ainsi, plongeant
dans la réalité, et se détenniuaul d'après les faits eux-mêmes,
le travail pouvait présenter de la politique industrielle une
description objective, évitant les indécisions doctrinales, les
interprétations arbitraires, serrant de près une délinition et
une explication scientifiques. On va voir à quelles difficultés
Ri « quelles incertitudes M. (iruuzel a cédé dans ta disposition
et l'emploi de sa matière si abondante, et d'ailleurs si concien-
cictiseinent élaborée.
Il commence par montrer le développement de l'industrie
depuis l'antiquité jusqu'aux temps modernes, où il décrit la
formation de l'industrie différenciée; il expose et analyse la
production industrielle d'aujourd'hui (statistique générale et
statistique par pays). II décrit ensuite les systèmes d'exploi-
tation industrie domestique, arlisanerie (métier indépen-
dant, division du travail, outils, relativement peu d'aides/,
fabrique (division du travail technique,machinisme, nombre

A.NAI.V.SBS. ACTION UK L'KTAT SUIt LA MB KCONOMKJl'K 623

relativement grand d'ouvriers); et le passage de l'an de ces


systèmes à l'autre. L'artisnnerie mène ù l'entreprise, qui est
surtout la mise à la disposition de l'industrie des connais-
sances et des ressources de l'entrepreneur. 11est quatre formes
d'entrepris» travailleurs indépendants, travailleurs dépen-
dants, travailleurs dépendants avec courtier intermédiaire,
swealiugsystem. L'arlisauerie s'étend successivement aux
travaux précédemment domestiques; elle croit eu spécialisa-
tion et prépare ainsi l'avènement de la fabrique. Après avoir
indiqué les caractéristiques de la fabrique et les conditions
du travail et du marché avec lesquelles elle est en relation,
M. Grunzel en expose les définitions législatives, puis eu dis-
cule t'origine, les avantages et les inconvénients. Enfin il étu-
die la répartition actuelle des différents systèmes d'exploita-
tion selon tes ditlérentes branches d'industrie il analyse
cette situation groupe par groupe et métier par métier dans
les divers pays.
Après deux chapitres sur les moyens et les forces de
l'exploitation industrielle (machines définition, modes d'ap-
plication, historique, développement, animaux, eau, vent,
vapeur; statistiques) et sur l'extension de t'industrie (condi-
tions, groupement i,M.Grunzel fait l'histoire et la théorie de
l'organisation industrielle corporations, colberlisme, liberté
industrielle, limitations proposées, situation des divers États
a cet égard. Suivent quatre chapitres sur les sociétés indus-
trielles, qui sont classées, d'après teur but, eu sociétés par
actions, se proposant la production en commun, carlellsel
trusts, se proposant la réglementation communede ta produc-
tion, unions, syndicats et chambres, se proposant la repré-
sentation d'intérêts communs; – sur tes cartelIs et les trusts;
sur la représentation des intérêts industriels institu-
tions d'Ktal et associations libres (syndicats patronaux sur
les exploitations collectives (Klat et communes'. L'auteur
aborde alors successivement la protection ouvrière en faisant
la revue des législations par questions (travail des entants,
des femmes,des adultes, repos hebdomadaire, protection des
travailleurs durant le travail, garantie dn salaire, protection
du contrat de travail, assurances ouvrières, organes de pro-
tection ouvrière), et en décrivant la grève, le syndicat, et les
institutions servant à améliorer la situation ouvrière, telles
que crèches, écoles, caisses d'épargne; puis les mesures de
IKtot en faveur de ta petite et de la grande industrie: puis,
«24 i.'anxkk souioLotiigi'S. IV05-1M

chapitre par chapitre, l'enseignement professionnel, tesexpo-


sitions et les musées, la protection do la propriété indus-
trielle, la statistique industrielle (conditions. description par
branches et par pays), les mines.
L'ouvrage n'est pas conclu; à cela rien d'étonuant, puisqu'il
vrai dire il n'est pas composé, il comprend uneénorme quan-
tité de renseignements qui, nécessairement, pour être acces-
sibles à la lecture, ont été rangés sous diverses rubriques,
mais dont l'arrangement ne correspond à aucun plan métho-
dique. Pourquoi les rubriques se succèdent-elles ainsi plutôt
qu'autrement, ou n'en voit même pas de raison positive.
Quant au détail des chapitres, il présente souvent le plus
grand désordre souvent les faits sont simplement juxtaposes,
de même que les conditions et les causes attribuées aux phé-
nomènes; ainsi, au chapitre v, les conditions de l'extension
industrielle, décrites par l'auteur dans réuumération sui-
vante densité de la population, développement de lu consom-
mation intérieure, classe ouvrière active, matières premières
et capitaux, législation avancée, protection suffisante, moyens
de communication, situation géographique favorable; quelle
est la valeur relative précise de ces diverses conditions?'f
D'autre part, en raison de l'indétermination du sujet, et à It
faveur de cette confusion de détail, à chaque instant débordentt
dans ce traité de politique industrielle la description d'insti-
tutions ou l'exposition de mesures qui ne s'y rapportent point
que viennent y faire les sociétés commerciales, ou les caisses
d'épargne, ou les crèches? Ainsi comprise, la tâche de
l'auteur est illimitée; et pourtant c'était déjà trop de l'avoir
presque partout doublée en donnant à l'exposition de la poli-
tique industrielle la substructure mal définie d'une descrip-
tion économique qui est souvent de la statistique non éla-
borée.
On eût préféré, sur les questions de politique industrielle
ou sur les questions connexes, un effort positif de précision
doctrinale. Parfois des appréciations subjectives ou des pré-
jugés en tiennent lieu. A plusieurs reprises, l'auteur nous
parle des avantages ou des inconvénients de telle institution,
de telle mesure c'est ta que l'a priori se glisse ou éclate, que
les préférences sentimentales, généralement étouffées, repa-
raissent, tandis que les phénomènes cessent d'être évalués
objectivement. Ou bien il se contente de propositions habi-
tuelles, et comme routinières, sur des faits qui n'ont pas
AKALÏSB*. – ACTION PK t'iSTAT SOH LA VJK KCOKOUIQUK «2S
,I.t .tl1_a c.vs._
elé scientifiquement étudié». Surtout, trop d'affirmation» *4
préseulout rapidement, sans discussion suffisante. Ainsi, Au
début même de son livre, M. Grunzel nous offre un
plan de
classification induslrielle qui n'est pas établi démonstrative-
ment plus loin, p. 65, il expose l'hypothèse que la fabrique
serait née de lu concentration et de J'augmentation delà
popu-
laliou urbaine, avec besoins uniformisés,
Bans que cotte liypo-
Ihtae soit réellement induite et démontrée plus loin, enfin,
dans toute la partie (lui concerne particulièrement la
protec-
tiou ouvrière, sou manifeste souci d'exactitude et
d'impartia-
lité et sa mise au courant étendue et précise ne rendent
que
plus apparentes et choquantes les lacunes et tes faiblesses qui
procèdeut du défaut général du plan et de la conception.

HARMSfBenNnAR»). – Arbeitskammera und Kauftnanns-


kammern. Gesetzliche Interessenverlreluugen der Unter-
nehmer, Angestellteu und Arbeiter. Tûbingen. Launp, 1906,
ni-liOp. in-8".

Dans cette conférence développée, M. Harius traite la ques-


tion de lu représentation légale des ouvriers et des
employés.
Après avoir exposél'utilité delà représentation ouvrière dans
les institutions de politique sociale, il so prononce
pour des
chambres mixtes cù le patronat, déjà représenté dans les
chambres do commerce, aurait néanmoins sa place, en raison
de sou rôle estimé prépondérant daus l'économie actuelle. Il
montre quelle devrait être l'organisa lion de ces chambres de
travail (branches, nombre, conditions d'éligibilité, fonctions).
Pour les employés, il prévoit des organes
spéciaux, Knuf.
mannskammern, répondant ù la spécialisation des employé»
et au degré de leur organisation actuelle, inférieure à celle des
ouvriers. Ce petit travail procèded'un esprit réaliste, non sans
préjugés, mais voyant assez clair daus les questions qu'il pose.

IIOKMANN (K.). – Kommunale Sozialpolitlk in der Sohweiz.


Arch. r. Sotwhm., XXII.2. p. 407-523(Pointfie vue d'adminis-
tration pratique; revuede» nuMurctt divomos prises nu tcnlvcx}.
CKKUCII(Wii.iiBi.ii).– Die "Wirkungen der deutsohen Bo'rson-
8teuerg680tZg6bungr.Zeitscltf. d. yen.Staattwiss.,«905,3, l>.4fll-
520.
«lOLODKïZ
(Michaki.). Staatsaussioht fflberdie Hypothekeu-
baoken. SchmoUer'sJhb.,1905,3, p. 181-200;4, p. 199.334.
K. Oiiikiikiii. – Auaiîi»su«ii>l.. |90.tO0(i. 40
020 I-'ANNKK lOUS-l'JOU
SOCiûtOUIyt'B.
ANTON (t;U.). Studiea sur KolouialpoltUk der Nledor-
lande I.Die UoliKuckurindustricuulJavuumidieKingeboiviuMi.
Jhb., lyOfi,», p. 97-150.
Schmollcrs's

xi. iîoonomh;*si»icgiau:s
l'ili MM.(i. ETIl. llumil.lN
HTM.HaMIWAUHS.

TAY1.OK(Hënrv.-U.i. – An introduction to the stndy of


agrieultural economics. New York, Macinitlau, vm-327p.
in- 12.

Après uue introduction de généralités, M. Taylor exutniiu>


les facteursde lu productionagricole, terre. capitaux, travail
leurs propriétés économiques et leur valeur relative, fertilité
et productivité do lu lerre, machinisme agricole, variations
quantitatives et qualitatives de la productivité du travail
puis. les principes directeurs de l'exploitation agricole, du
type ancien, où le cultivateur produit pour lui, el du type
moderne, où le cultivateur produit pour le marché commer-
cial l'organisation de l'exploitation, culture intensive et
extensive ia grandeur des exploitations, les conditions qui
la déterminent: les conditions qui déterminent les prix des
produits agricoles, variétés de l'offre et de la demande la
distribution des revenus, l'estimation de la valeur du sol
cl de l'exploitation les moyens d'acquérir le sol lo fermage
et la propriété aux États-Unis et en Angleterre. – 11y a des
vues et des développements intéressants dans ce petit traité,
il y a môme des rudiments d'étude positive; mais cela est
dispersé dans lesdiverschapi très, où aboncientles géuéralité?,
les expositions abstraites, les idées a priori.
II. K.

SCHAUBK iAdui.Fi. – Handelsgeschichte der roma


nischen Vôlker des Mittelmeergebiets bis zum Ende
der Kreuzzuge. Munich-Berlin, 190G, xix-816 p., in-N
(llandbuch der mittelalterlichen und noueren Ocschichlv
hgg. von < von Belowu. P. Meinecke).
II y a dans le gros ouvrage de M. Schaube de gros défauts
de méthode. Pour quelle raison considérer à part, dans le
moyen âge, le commerce méditerranéen ? N'y al il pas un
ANAI.YSKÏ.– liC()X<IUIKSM>ÊCIA|,BK 087

grave danger à isoler les phénomènes économiques retoutis


dos pliéuoinènes identiques doul le reste de
l'Europe estalorB
lo théâtre ? N'est-ce pas s'interdire non seulement de com-
prendre exactement cas phénomènes, mais de saisir leurs
liens, leur sons honorai, leur valeur sociologique 7
1)'autre ptirt, cette histoirede commerce est bien plutôt une
géographie commerciale: les ditlôreutes régions de l'Europe
méditerranéenne sont successivement abordées, et ainsi l'on
ne voit pas tout do suite les analogies du développement com-
mercial de chacune d'elles, permettant de dessiner les traits
d'une évolution générale du commerce au début du
moyeu
âge les mudos pirticuliers do l'économie commerciale ne
sont pas étudié» daus leur ensemble, et il faut par
exempte
se reporter au chap. xxvu,consacré aux foires de
Champagne,
pour trouver un exempleconcret de cette économie, exemple
dont on doit s'interdire de généraliser I» signification; rien
non plus sur le personnel commercial, de sorte
i|ue les
graves problèmes posés par les êrudits modernes, comme
G. von Below, l'irenne et tant d'autres, sur l'existence, sur les
rapports du grand et du petit commerce sont négligés le phé-
nomène essentiel des marchés, qui, après Rielschel et
Huvelin, devient un des grands facteurs de la vie urbaine,
n'est pas traité, sinon subsidiairemenl, et toujours selon la
méthode de l'histoire descriptive, au chap. xlvii. On peut
même vousidérer que lestrois derniers chapilresde l'ouvrage,
consacrés aux routes, à la politiquedoiiauière des cités et des
princes, aux poids et monnaies, au droit commercial et con-
sulaire, ne sont que des -appendices d'expédient destinés à
recevoir les renseignements qui n'ont pu prendre place dans
les précédents. – Enfin le livre de M. Sehaube est à la fois
une histoire de seconde main, et, sur certains points, un tra-
vail original: de là résulte que sa documentation en fait de
sources est très limitée, iiisuflisainmeut critique, réduite aux
textes de langue romane et hellénique, que sa bibliographie
est sujette à caution, pleine de lacunes et d'inutilités. –J'in-
siste sur les défauts de méthode de M. Schaube, à qui ou
reprochera surtout de s'être incomplètement rendu compte
delà vaste entreprise qu'il assumait. 11 n'empêche que son
travail constitue un immense répertoire de faits qui, grâce
aux tables des matières et alphabétique, pourront être
repérés et utilisés.
< b.
028 mos-iouo
i.'asnbk !>uuiai.ooiQVK.

FREYTAG ((VF >.– Die Entwkkelung des Hamburger


Warenhandels, 1871-1900. Berlin. Putlknmmer und
Muhlbiecht, 1906, vm-106,p. iu-8».
Ce livre débute par une courte histoire du commerce hani-
bourgeois jusqu'en 1871. Hambourg, ville hanséatique,
n'hésite pas ù enfreindre les prescriptions de la Hanse quand
ses privilèges à l'étranger sont en jeu (accueil de 1' « engliscire
court » ); elle profite de l'émigration des marchands d'Anvers,
chassés par lu politique espagnole; elle offre seule la sécurité
dans l'Allemagne du xvu" siècle, agitée par les guerres.
Elle entre, au xvur siècle, en relations avec les colonies fran-
çaises des Indes Occidontules, et ensuite avec les États-
Unis en môme temps elle renouce aux allures mysté-
rieuses et cachotièrcs du vieux commerce, pour des pra-
tiques plus franches, et le plein jour de la publicité. Sa pros-
périté est menacée par le blocus continental Hambourg,
chef-lieu du département des Bouches de l'Elbe, se trouve à
deux doigts de lu ruine/Elle se relève, et progresse lenlemeul:
c'est au milieu du siècle seulement qu'elle développe son
armement et s'intéresse aux chemins defer c'est en 1870que
la navigation de l'Elbe est enfin libre, et en 1871 que lu fur-
mation de l'Kmpire assure aux navires allemands une protec-
tion eflicaceau dehors.
La période qui est l'objet propre de l'étudeest divisée net-
tement eu deux phases par l'entrée de Hambourg dans le
Zollvereiu il 889).Pourchacune on étudie le développement du
commerce: 1° par rapport aux différentes espèces et variétés
de produits; 2° avecles divers pays; 3° eu tant que déterminé
par certains facteurs principaux.
lr" phase. L'exportation croit plus vite que l'importation
jusqu'en 1880, ensuite c'est l'inverse (comme d'ailleurs pour
l'Allemagne en général, de plus en plus grande nation indus-
part le rapport des poids aux valeurs s'élève,
triel le i. D'autre
eu raison de la nature différente des marchandises, et de la
baisses de prix. Hambourg fournit l'Allemagne de nombreux
produits bruts ou à demis ouvrés, et objets de consommation,
tandis que de pins en plus l'importation des objets fabri-
qués diminue. A l'exportation, les objets de consommation
augmentent jusqu'en 1880, puis diminuent, taudis que lea
objets fabriqués augmentent alors très nettement. – Bien
ANALYSKS. – ÉCONOMIES BP&UIALRS 620

que tes produits venus d'EurapB l'emportent toujours, l'im-


portation transatlantique s'est développée beaucoup plus
vite il semble qu'un même déplacement se marque dans
l'exportuliou (politique protectionniste des états européens
depuis 1870). Lu position dominante de l'Angleterre est de
inoins eu moins assise. Au reste c'est avec le sud de l'Amé-
rique (cufôi,plus qu'avec le nord, que Hambourg est en rela-
lions. Lecommerce liambourgeoissubit, dans cette période,
l'influence des alternatives de prospérité et de dépression
dans l'industrie, de la politique commerciale et de ses vicissi-
tudes. L'aduptaliou reste, toutefois, imparfaite, entre un orga-
nisme commercial qui date de la Hause, et l'industrie alle-
mande, à peine et trop vite née, préoccupée de racheter par
le bau marché de ses produits sa technique imparfaite.
fr phase. Ce n'est pus do sou gré, mais sous la pression
effective du gouvernement allemand (p. SB) que Hambourg
entra dans le Zollverein au reste, uue fois la mesure décidée,
l'opposition désarma vite, et )es appréhensions tirent place à
une pleine confiance. Importation et exportation croissent
bien plus vite que précédemment, l'importation d'un mouve-
ment toujours un peu plus lent. A l'importation, l'augmenta-
tiou esta peu près la même pour les trois catégories de produits.
A l'exportation, on note un accroissement sérieux des produits
bruts (mais Hambourg sert ici surtout d'intermédiaire, et
c'est le signe de l'augmentation de sa flotte), une stagnation
pour les objets de consommation (continue depuis 1880),et,
pour les objets fabriqués, un accroissement moyen. – Les
relations de Hambourg avec l'Angleterre (mêmetendance que
pour la première phase], la France, le sud-ouest, le sud-estet
le nord est de l'Europe (gros développement eu ce qui con-
cerue tes deux dernières régions), l'Amérique du sud, les
États Uuis (l'exportation dimiuue, l'importation augmente;,
les Indes, le Japon, l'Afrique, l'Australie, sont examinées en
détail. Le développement de l'importation transatlantique
exprime eu somme la mise en relation de plus en plus directe
avec les pays producteurs, Parmi les influences dont le
commerce subit alors le contre coup, l'auteur relient surtout
la crise financière mondiale de 1890, et l'épidémie de choléra
à ta même époque, le tarif Dingley, la situation trouble des
pays sud-américains, toutes sources de dépression.
L'ouvrage se termine par une comparaison entre le com-
merce de Hambourg et celui des ports concurrents (Brème,
030 l'anNÈK rJOU-lDUtl
StmiOl.OliKJL'B.

Anvera. Londres et Llverpool) dans le simple exposé, précis


et méthodique, des faits, ou devine
que l'orgueil patriotique
de l'auteur allemand trouve sou compte.
L'analyse des fluctuations du commerce de Hambourg est
conduite avec une réelle sûreté il est d'une bonne méthode
de déterminer d'abord le sens gênerai de cette évolution,
puis
do 1« retrouver, plus ou moins modifié ou contrarié
par des
facteurs propres, dans les mouvements élémentaires et parti-
culiers, relatifs à tel groupe de marchandise et mômetel pro-
duit spécial, ou à la mise en rapports de
Hambourg avec tel
eouUuent et mômetel pays. 11 y a d'autre part un intérêt
scientifique à déterminer quels rapports étroits unissent le
commerce et le système économique en général, dans cette
expérience de la transformation d'un port indépendant jus-
qu'ici. lié par des relations originales avec l'étranger, et
fondant là dessus sa puissance, en uuepnrtie intégrante d'uno
nation et d'un empire, soumise désormais à ses lois et
orientée suivant ses tendances. L'auteur, ici,
pose toutefois
uu problème, plus qu'il n'avance vers sa solution. II ne suffit
pas, en effet, à côté de l'évolution du commerce, de retracer
les événements principaux de la vie
économique de l'Alle-
mague. Sans doute ceci agit sur cela mais comment, par
quels intermédiaires ? Cela est d'autant plus a fixer qu'entre
tes crises financières, par exemple, ou les changements de la
politique douanière, et le mouvement du commerce, ce sont
les commerçants eux-mêmes qu'on trouverait, avec leurs
coutumes, leurs interprétations, leurs prévisions, dont le
jeu
ne se laisse pas lui-môme détermiuer d'avance.
M. Il.
CAKCOPINO (Jébùmb). La Sicile agricole au dernier siècle de
la République romaine. Viertelj.f. Sodai- u.
Xl'iitsch.-Bcseh.,
IV, Bd., J. H., p. 128-185(Kludeintéressante. Comparaisonavec
le présent. Technique et conditionsde la
production non meil-
leures, mais le rapport it la populationa changé. l,e régimede
la propriété).
ANDEKSON(Wii.bbhtL.l. The country town. Astudy of rural
évolution. New-York, Baker a Tylor, «900,in-8.
FITK(Emkhsoh».). The
agrioultoraldevelopmentof the west
during the civil war. Quart.J. of. Seon.,tel». 1906,p. 259-78.
Untersuchuiigen betreffend die RentabUitât der sohweizeri-
aohen Landwktsohaft. Bcrn, W.vss.1906,HO p., in-8.
ANAU'SKS. KCOSOMtKS *1'KCIAI.K* tiïl

l'A.lSCIIK (il. Die Zuokerproduktlon der Welt. Ihn- wirt-


ttclinfliichc Itedeutting. Leipzig. Tcuhner. 11*03.|>, iv-338, in-8

OABNELL (Prof. E.).' Die BIlHezeit der deutsohen Hanse.


llattaitiotiG (it'scliichle vottdor 2. Jlitlflo iIck XIV. Uis/.um ltmU'ii
Viertel des XVJahrl). Hoiiin, (i. ltciim-r J906. 3 vol., |i. xvu-474
cl ny-501.

l'.U'K iKussï). – Der deutsohe Braunkohlhandel unterdem Ein-


fluss der Kartelle Zeiitch. f. d. ijcs. Htaulmita., l'JOO2, p. S!34-27t.

KUGOK (Alkxandkh). – Die nordeuropaïschen Verkebrswego


im frUhen Mittelalter und die licduutuiif <tcr WikiiiKcr fur du-
Knlwicki'lunt; desi.'uropiiiscliLMi ilundels und dt-r ouiopuischen
Soliiffahrl. Viertclj. f. Social- u. \Vi/7.wA.-f?f.«./i IV. lld., 2, II.,
p. 227--7.
MDKLKKU(Johann;. – Das Rodwesen Bayerns und Tlrols im
Spàtmittelalter u. «u Beglnu der Neuzeit. Viertelj. f. Social, u.
W'irtsvh.-gesch., III. Ht! 2-3, II.. p. 361-421».et 4. II., p. 5SS-020.
itll'1-KV (William '). – The truukliue rate System. A distanci-
turilT. Quart. J. of. Ecou., (eh. 1900, p. 183-210 (A classer aussi
si-t-t. VI».

S(;iliNi:il)i:n (A.i. – Zur RentabilitatsbereobuungderPersonen


und OOterzttgo unter Xti^rundclegung <icr Vcrhnltuissc dcr
hadini'hcn SlaatscMBonbalineii.Zeitsch. f. <l. yex.StaatnrUss., 10UU,
-i, p. 'Ji-tiS ( I n tù rossenussi la sud. VI).
SIXIIÏMK SKCTION

MOKPHOLOGJK SOC1ALK
l'ar M.llii.uwtnis

I. l. l'Ol'ULATIO.N

JACQUART (Camillk). – La dépression démographique


des Flandres. Essai sur la natalité de l'arrondisse
ment de Thlelt.
Annalesde Sociologiepubliées parla Société
belge de Sociologie, tome 11, 1905.Paris, Alean, Bruxelles,
Schepens. p. 88-204.
L'arrondissement de Thielt <Flaudre occidentale; a été Je
siège des phénomènessuivants au coursdu xix* siècle à par-
tir de la décadencede l'industrie linière daus les Flandres,
aggravée vers ISÎGparuuecrise alimeutaire et une épidémie,
ralentissement marqué de la nuptialité, et de la natalité,
sensible durant presque tout le siècle; à partir de 18925,ta
situation économique s'améliore eu Belgique et daus toute
1 Kurope, d'où augmentation
de In nuptialité; mais, tandis
qu'il en résulte, daus les arrondissements de Thielt, de Rou-
1ers et de Courlrai, un relèvement de la uatalité, la natalité
continue sou mouvement de baisse (commencéeu 187îîjdans
les autres parties de la Belgique, et dausl'Europe eu général,
a quelques exceptions près. L'élude de la fécondité
par com-
munes dans l'arrondissement de Thieil apprend que les pro-
grès do la natalité de 1880 à 1900 out été le plus sensibles
daus tes communes agricoles. – Ces faits invitent h penser
que le facteur économique influe nettement sur la natalité,
et, toutefois, que sou action peut ne pasêtre la mémo suivant
les milieux sociaux l'augmentation do la natalité a partir de
WJîi se constateen eflet dans des parties de la Flandre carac-
térisées par leur pauvreté, leur iguorauce et leur moralité, et
non daus les autres. L'auteur conclut « l'affaiblissement de
la natalité à l'époque actuelle est volontaire;elle a pour cause
ANALYSES. LA pUpü4ATlON 033

une disposition maufnlo


mentale nwi 8e t*Anetn~t
qui cn répand .,L.1.1.n
de plus en plus, et _1
qui
est relative à l'interprétation do l'importance du milieu éco-
nomique, la tendance générale de l'homme cultivé moderne
à maintenir et a élever le niveau de son existence mate-
rielle ».
L'auteur est évidemment préoccupé de rattacher lu fùcou-
dilé directement aux tendances des hommes il essaye d'une
synthèse outre les théories économiques (Cauderlier), et psy.
chologiques (Arsène Duinonl).C'estévidemnieuluuprogrè$que
de substituera l'uction tu taledesforces économiques celle de la
représentation que se font les hommes de leur conditionet de
leurs fins pratiques; mais il explique cette représentation
môme, presque uniquement, pur la profession, lu richesse,
eu d'autres termes par les forces économiques; ou peut se
demander si dos tendances telles que le goût de l'épargne, ou
le désir de s'élever socialement, ne résultent pas est partie
d'influences sociales d'espèce autre, et si, à côté do la protes-
sion, etau même titre, la religion, les traditions morales, la
constitution de la famille, et en général les conditions mor-
phologiques de vie, ne méritaient pas d'être retenues.
M. H.

A. N. Kl/ER. – Statlatlsche Beltrage zur Beleuchtung


der ehellelten Fruohtbarkeit, 3" Abschnitt. Chris-
thtnia, Jacob Dybwad, 1905, p. Xill-223, grd in-8°.
Dans un volume précédent, dout il a été rendu compte ici,
l'auteur étudiait la fécondité légitime comme un fait brut,
défini par opposition à la stérilité dans le mariage; il l'envi-
sage, à présent, dans ses variations quantitatives, en compa-
rant les mariages au point de vue du nombre des eufants:
il est intéressant de déterminer dans quelle mesure ces nou-
velles recherchescouflrnioulou complètent les résultats anté-
rieurement obtenus.
Un premier ensemble d'ohservaliQus porte sur la proportion
des ménages de chaque nombre d'enfants telle qu'elle ressort
des statistiques pour chaque pays. Retenons les plus iustruc.
tives – à Berlin la plupart des ménages (14, 2 p. 100) com-
portent 2 enfants; a mesure que le nombre des enfants
augmente, le nombredes ménagosdiminue, sans qued'ailleurs
ces diminutions successives soient égales (l'auteur remarque
notamment que de 9 à 40 et de 11 à 12 les décroissances sont
034 i.'ann-kk sncmi.oiiiui'R. tuthi-iiioti

peu sensibles, commesi tes nombres ronds met iz exerçaient


une attraction). Il se trouve. d'ailleurs, que les ménagesà I ot
î enfants, par rapport aux ménages existant en 1885, »out
moins nombroux que les naissances d'un premier ou d'un
deuxièmeeufaut par rapporta touteslesnaissances enregistrée»
de 1880à ifô ce qui peut s'expliquer par la fécondité décrois-
sante des mariages, par l'immigration qui introduit a Berlin
des famillesdont la fécondité correspond aux conditions de la
campagne, par le nombre des veufs et des séparés que lu
seconde statistique seule retient. Eu Saxe les ménages peu
féconds sont moins nombreux, les ménages féconds plus
nombreux qu'à lierliu ce qui peut tenir à ce qu'on coin pure
un pays à population stable a une ville en croissance rapide
où les mariages sont de moins longue durée, à ce que la Saxe
aussi, présente une nombreuse population paysanne et indus-
trielle. Eu Lorraine, où l'influence allemande est moindre, les
ménagesa i, i et 3 enfantssont plus nombreux qu'eu Alsace.
Eu Norvège les mariages sont plus féconds à la campagne que
dans les villes, dans l«s villes qu'a Christiania, à Christiania
qu'à Copenhague et Berlin. En Hongrie, deux faits sont à
signaler entre les nombreuses nationalités (distinguées
d'après la langue; on ne remarque que de très faibles diver-
gences; à comparer les villes et les campagnes, on relève que
les ménages de I à 2, mais aussi de II à 13 enfants, sont plus
nombreux dans celles-là, ceux délia 10enfants danscelles-ci.
En France, comme on ne connaît que les enfants en vie nu
moment du recensement, il faudrait faire intervenir des cal-
culs do mortalité, pour que la comparaison avec d'autres
pays puisse s'eflecluer correctement l'auteur se borne à rap-
procher les uns des autres les départements les plus et les
moins féconds. En Hollande, c'est dans les grandes villes
maritimes, Dordreçut et Rotterdam, que se manifeste la plus
grosse fécondité, en raison sans doute de leur population
mêlée. En Grande-Bretagne, à examiaer des statistiques très
partielles, il apparaît que les familles à 5 enfants sont le
plus nombreuses (lesfamilles à 6 enfants c» Hollande), et que
les très grandes familles f 10enfants et plus sont fortement
représentées. Aux États-Unis (Massachusetts) on trouve plus
de ménages à nombreux enfants parmi les immigrants que
parmi les Américains mais, faute de connaître la duréo des
mariagescomparés.on n'en peut rien induire. En République
Argentine, où l'émigration joue le même rôle, les (amitiés
ANAl.VSKS. | l'UPULATlUtt 03 B

italiennes et espagnoles sont plus fécondes (|tio les familles


allemandes el française» elles (oiiiprennonldailliMirs surtout
des ouvriers, et non, comme celles-ci, des marchands et des
artisans I» profession est ici à considérer.
Omiscette complexité de faits et d'explications, l'auteur
parvient à dégager, ici comme dans son étude antérieure.
i'mlluence constante de quelques facteurs généraux, en pru
mier lieu de la durée du mariage. Cette action se fait sentir
parfois d'une façon très nette, et d'ailleurs compréhensible
à Berlin, pendant les 10 premières aimées de mariage, lu
répartition des ménages par nombre d'enfants paraît dépendre
uniquement de la durée ensuite, les ménages qui ont do 1 à
(>enfants sont entre eux dans des rapports à pou près cons-
tants pour toutes les durées, mais lu répartition de ménages
à plus de 6 enfants varie encore très nettement, après 2Wans,
avec la durée du mariage sur un grand nombre de cas (avant
10 ans de mariage) comme sur une longue période (après
20 ans), le jeu normal des lois physiologiques est très saisis-
sable. Parfois cette action est réelle encore, mais peu intelli-
gible à comparer Budapest et la Hongrie, on constate qu'àà
mesure qu'on envisage des ménages plus féconds, à mesure
aussi se prolonge la durée de mariage durant laquelle les
pourcentages de Budapest < pourtous les nombres d'enfants)
l'emportent sur ceux de la Hongrie ainsi, pour les ménages
à t enfant, Budapest l'emporte pendant la ("année de mariage,
pour les ménages ù 2 enfants pendant les 2 premières, à 3
pendant les 3 premières, et ainsi de suite l'auteur déclare ne
pouvoir rendre compte de cette surprenante régularité. Cette
influence bien constatée oblige, duus les comparaisons,à tenir
compte du temps écoulé depuis la conclusion du mariage.
Une application remarquable de cette méthode concerne la
Frauce et ses départements. Ce qui risquait d'obscurcir les
rapproehemenlseutre groupes de ménages d'un même nombre
d'enfants de région ù région, c'est, qu'ou ignorait l'influence
exercée par la mort et le divorce, qui pouvait être très inégale
ici et là ne retenant que les mariages qui out duré de 10à
24 ans, nous écartons pour une bonne part cet élément per-
turbateur dès lors, dans le Finistère, le Pas-de-Calais et la
Corse, le pourcentage des familles à i enfantsdevient de 15à
17, celui de la Seine, de la Côte-dOr, du Lot-et-Garonne de
48 à 30 (ait lieu de 21,4 contre 28,7); le pourcentage des
mariages à 1 enfant devient, dans le l.ot-eL-6arolllle.de 41,7,
036 l/ANNKK
souut-UliiyUB.1905-1908

et, dau»le Fwistèro, de 10,1 (au lieu do 51,80 et 19,25) o'esl-


à-dire que les différeuces se réveleut à la fois plus nettes et
plus fortes.
L'âge qu'avait la foin nie au moment du mariage est uu
secondfacteur dont l'influence est très visible ou trouve ici.
commedans l'étude précédente, que la fécoudtté du mariage
est plus grande lorsque la femme s'est mariée plus jeuuo. Il y
a toutefoisune limite intérieure, qu'où peut détermiuer avec
précision on comparant, à Berlin, les chiffres obtenus pour les
femmesqui se sont mariées à 16, à 17, à 18, à 10 ans, et tes
chiftres moyens pour les femmes qui se sont mariées entre
10 et 19 ans; or, pour 10 aus, le nombre des mariages a
I eufuutdépasse nettement, de 2à 0 enfants moins nettement
les nombres moyens, tandis que pour 8 enfants et au delà
c'est l'inverse tes résultats pour cet âge sont donc défavo-
rables pour 17 ans au contraire ils sont exceptionnellement
bons, pour 18, encore bons, mais moins, pour li)et 20 moins
bons encore, Au fiiil, plus lu femme se marie jeuue, plus la
période de fécondité légitime s'allonge. Tous ces résultats
confirment ceux de l'étude précédente. Plus,est petite la
différence dàge entre tes deux époux, plus augmente le
uonibredesfamilles nombreuses,»! part iculierquaud l'homme
est plusâgé, de 0 à 5 ans à Berlin, de S à 10 ans en Norvège,
que la femme. Quant à l'âge où l'homme se marie, toutes
autres choses égales, il parait exercer une influence très nette
sur la fécondité plus il est élevé, plus augmente la propor-
tiondes ménages à 1 eufautet plus diminue celle des ménages
à 0 enfants et davantage mais le rôle de ce facteurest étudié
très sommairement, et d'après les seules
statistiques norvé-
{,'ieuues.
Aprèsquelques indications très courtes sur le rôle des fac-
teurs sociaux, lieu de l'habitation, situation sociale, d'où il
ressort, comme pour l'étude précédente, que les villes, et,
dans les villes, les quartiers riches,
comptent le plus de
ménages à petit nombre d'enfants, l'auteur conclut, 11note
surtout ce qui resterait à établir, pour éclaircir encore toute
cette matière à savoir le terme de lu période effectivede la
fécondité, et les particularités des diverses phases de cette
période,ce qui ne pourrait s'effectuer qu'en déterminant avec
plus de précision l'intervalle qui sépare les naissances, dans
chacune des catégories définies par la durée du mariage et
l'âgede la femme a son début. Il faut espérer que Kiœr ne se
ANAI.YSKS.– M POPULATION 637

contentera pas d'avoir indiqué ce nouvel aspect de la ques.


tion.
Cesétudes sont très remarquables. L'auteur s'y montre sou-
cieux à lu fois do no pas méconnaître lu complexité d'uu phé-
nomène qui doit êtreen relations avec tant d'influencessociales
diverses, de marquer, là où ii le faut, les lacuneRdes données,
le défaut provisoire d'explication stitisfuisanle, nt toutefois
d'isoler certains facteurs généraux, tels que la durée du
mariage, de rapprocher les données de telle sorte que cette
action apparaisse dans sa pureté. Il applique en somme la
méthode de l'abstraction scientifique à une matière qui y est
particulièrement réfructairc; tes résultats limités, mais solides
d'une telle recherche, répondent bien a l'edurt qu'ils ont
exigé ce sont des pierres d'attente nécessaires.
M.H.

MKLIUOT(I'aui.).– La répartition des langues en Belgique.


Journal(le la Sociétéde statistiquede l'art», octobre 1805,p. 33H-
3S0.
MKt'KIOT (I'ai-i.).– La population do l'Empire allemand et de
Berlin en 1905. Journaltle la SociétéiU-statistiquede Paris,juin
1900,p. 202-211.
GIIKKVIN. Premier dénombrement de la population en Boli-
vie. Journal de la Sociétéîle la statistique de Paris,janvier I90C,
p. 25-33,février 1900,p. 70-78.
CUHDTTHAÏ*. Natalité et mortalité des enfants de familles
ouvrières de Copenhague par rapport au nombre de pièces
de leurs appartements. Journal de la Société tle statistiquedu
Paris,janvier 1900,p. 17-24.
Ilt'BEHT(MiciitiL). – Valeur comparée des coefficientsqui me-
surent les mouvements des mariages et des naissances Jour-
nal dela SociétédestatistiquedeParis,janvier 1006,p. 5-17,

.VACQUAKT (Emilb).– Les mouvements de la population et de


la richesse privée de la France au cours du dernier quart de
siècle. Journalîle la Soc. de statixt. de Paris, octobre 1 905»
p. 335-
338 (Ces mouvementssont présentés, dans un tableautrès dé-
taillé, pur départements. Laconclusion de l'auteur, est contre
M. Cauderlier, qu'il n'existe aucune dépendance réelleentre la
démographie d'un peuple et In situation économiquede ac*
habitants)
U38 CMtxÈk siMiioLouigiiK. 1803-iïOr»

Wvimi.LON ii.»cytiî.s – De la mortalité parisienne, du oalcul


de la mortalité à Parts. Journal de ta ifuvictê<k stutisliqur <U-
l'ai U,mai I90C. p 101-100 (Hépouso u la comniuiiivutioii «lu t»r.
l.oewenthal dont il a <>U-rendu compte ici l'an dernier;.

NKWSHUMIK(Aiatan; ur SÏKVKNSUN. The deoline of human


fertility in the United Kingdom and other oountries, as
shown by oorreoted birth-rates Journal “/• ihe royal «(utMicil
Society, vol. LXIX. part 1. 31" inarcli 1800, p. Iii-87.

II. – LKSlilKHl'KMKNTS
HlJllAl'XICTl'HIiAINS

(îUILf.OI*( Jkani.--L'émigration des campagnes vers les


villes et ses conséquences économiques et sociales.
Etude d'ileoHomierurale H sue Me. Paris, Rousseau, -tflflS,
XXXVlII-îiiMJ p. in-N°.
On a jujçù à propos, <l;ins une introduction
liislorii|u«, «le
nous donner un u perçu du pliênoiirëuo étudié depuis les
temps
les plus reculés jusqu'à nos jours nous passons ainsi en
revue les lois Horaires des Homains, les croisades, la vie de
cour sous Louis XIV, eu uses diverses, nous dit l'auteur, du
morcellement des propriétés: des citations de divers auteurs
du wiii" etdu xix"siècle tendent à prouver qu'ons'est
préoccupé
de bonne heure «te la dé population rurale. Abordant les
plié-
nomènes démographiques dans la seconde moitié du xix*siè-
cle (la distinction de la population eu urbaine et rurale n'est
faite qu'à partir do I8iti, n'est détaillée par départements qu'à
partir de 18518,)ou convient d'appeler communes rurales
toutes celles dont ta population agglomérée ne
dépasse pas
2000 habitants, de distinguer d'ailleurs de la
population
rurale la population agricole où rentrent, avec teurs familles,
tous les individus résidant aux champs ou à la ville dont
l'agriculture est la profession principale (à l'exclusion des
propriétaires déterres eu fermages ou en métayage, mais non
de ceux qui font valoir par régie). L'émigration de la
popula-
tion rurale vers les villes (que l'auteur appelle, bizarrement,
éinigraliou suburbaine» apparaît dans les statistiques comme
un mouvement continu depuis 1840; elle ressort aussi de
l'augmentation ininterrompue du nombre des toute petites
communes, qui provient de ce que les communes de catégorie
immédiatement supérieure, dont la population décroît sans
r;
ANAI.YHK*. – I.KS (iHUUI'KUKNTK HUHAUX ET UHHAi.NN lY.i'J

cesse. descendent au rang de celles-là. La diminution conco-


mitante de lit population agricole (d'après les deux enquêtes
agricoles de 1882 et 1K02)peut «"étudier en décomposant les
agriculteurs I" eu chefs d'exploitation (propriétaires, fermiers,
métayers), el salariés; partout le nombre des premiers a aug-
menté et le nombre des seconds a diminué la diminution a
porté on purtietilior sur les journaliers, et, parmi les domes-
tiques de (orme, sur les servantes: 2° eu propriétaires et non
propriétaires; des premiers, ceux qui ue cultivent que lour
liioii ont augmenté en nombre, ceux qui travaillent en même
temps pour autrui ont décru des seconds, les régisseurs, jour-
naliers et domestiques de terme ont diminué, les fermiers et
locataires de terres, tes métayers ont augmenté; on explique
ces phénomènes par le passage dans la classe des proprié*
taires indépendants de nombre de journaliers propriétaires,
et dans In classe des fermiers et métayers non propriétaires
de nombre de journaliers propriétaires qui auraient vendu
leurs biens. Au total, le nombre des propriétaires est toujours
un peu plus important que celui des salariés, mais moins
élevé que celui des chefs d'exploitation. Kufln la diminution
constatée affecte bien moins les travailleurs agricoles que
leurs familles (à coup sur les enfants).
Quant aux causes l'auteur les distingue en I" « expulsives
économiques » la misère, le machinisme, la crise agricole
(abaissement du taux du fermage, absentéisme'; la baisse des
salaires agricoles ( probable de 8:! à 9i; mais leur augmenta-
lion depuis iiOans est nettei les cultures dépeuplantes (res-
source des chefs d'exploitation eu vue de supporter leurs
charges accrues) le morcellement de la terre, résultant des
lois successorales (lorsqu'il est poussé très loin: la très petite
et la grande culture sont causes d'émigration, mais la pro-
priété petite et moyenne attachent au sol). Aucune de ces
causes, ajoute l'auleur, ne sullit; ce qui agit, c'est « une infi-
nité de combinaisons entre plusieurs causes? i" « exputsi-
ves morales-sociales » les contacts plus fréquents avec les
villes, le célibat où sont condamnés les domestiques et jour-
naliers agricoles pauvres, l'habitude traditionnelle des voya-
ges, la monotonie de la vie rurale, l'idée que les professions
urbaines sont supérieures, l'hostilité à l'égard des grands
propriétaires fonciers, l'éducation mauvaise des femmes;
3° « attractives économiques » les besoins nouveaux, la
grande industrie et le gros commerce établis danstes centres,
040 I.*ANNIÎB-StiUlOLOdlgUK.
liWS-t'JOO
Im ui«m.m.
a *.m.a_ _a. ft~ ljl_ t_ ftft «d
les travaux publics, les salaires urbaine
supérieurs. les
faveurs prodiguées à l'industrie et aux villes, I»centralisation
des capitaux, les romans et journaux, les grandes
fêles;
4°« attractives morales sociales » $lesplaisirs et la vie facile
des villes (qui n'attirent pas lo seul paysan
propriétaire;,
l'instinct de sociabilité, la réunion dans les centres de tous
les « états majors », la certitude et la fixité du
gain des emplo-
yés, la frivolité des femmes, le service obligatoire. Les consô-
quences de l'émigration rurale sont classées également en
économiques et morales sociales nous retiendrons, parmi
les premières, la diminution on valeur,
malgré l'accroisse-
ment en quantité, de lu production agricole;
parmi les
secondes, la décroissance de la natalité dans les campagnes,
la plus grande criminalité des émigrés. Les remèdes
possibles
sont enfin énumérés quelques-uns sont inattendus, par
exemple le rapatriement d'autorité de tous les émigrés sans
ressources, la diffusion dans les campagnes de périodiques où
seraient notées les fâcheuses conséquences de la vie urbaine.
La dérivation du mouvement migratoire vers les
colonies,
l'organisation du placement agricole, sont des moyens plus
sérieux. L'auteur insiste sur les projets formés en vue de
faciliter l'acquisition d'un petit bien, sur le
développement de
l'instruction agricole, et de l'esprit d'association. Il
estime,
au reste, que l'abaissement du taux de la natalité est
plu» a
redouter que l'émigration.
Si nous avons tenu à présenter une
analyse exactede toutes
les parties de cette ouvrage, ce n'est
pas eu raison de sa valeur
scientilique. L'auteur se félicite de « ne pas avoir surchargé
l'étude detastidieusesstatistiques», et l'on peutlui rendre cette
justice qu'un bien petit nombre de ses affirmations s'accom-
pagnent des données numériques où elles trouveraient leur
nécessaire fondement. En revanche, suraucun des lieux com-
muns ou questions coutumières se rattachant de
près ou de
très loin à son sujet, depuis la crise viticole
jusqu'à la réforme
de l'Institut agronomique, il n'a
manqué de nous infliger une
succession indéfinie de développements décousus. 11 do
a,
temps en temps, cité assez longuement Le Play, D. Zollii,
Bourguin, Souchon ce sont les parties les plus intéressantes
du livre mais il cherche ses preuves avec autant de
sécurité
chez René Bazin, ou dans les Lectures
pour tout; et c'est ce
qui met –
vile en défiance. II importait toutefoisde
dégager
nettement une confusion fondamentale dont ce livre n'est
pas
ANAI.VSKS.– LES tillDL'l'KUBNTSKl'IUL'X HT k'IUlAI.NS OH

seul à témoigner, et qui ressort déjà du rapprochement du


titre et du sous titre ou nous présente un ouvrage surferai-
graliou comme une étude économique, et bien que, à raison
do sou objet principal, il convienne de reudre compte Ici de
cet ouvrage, on peut dire qu'il y est question le plus souvent
de tout autre chose que de morphologiesociale. L'auteur, au
début, distingue sans doute les deux points de vue (émigration
rurale et 6migration agricole), mais c'est, sinon pour tes cou-
fondre, du moins pour s'en tenir bien vite nu second, et ne
plus considérer le phénomène que dans ses causes et ses con-
séquences économiques. Or, c'est dos ledébut laisser échapper
précisément ce qui constitue l'émigration commephénomène
original. S'il faut entendre est effet (comme on l'entend ici)
par émigration agricole le simple passage d'ouvriers de la
terre, de domestiques- de ferme, de petits artisans, il Pélàl do
travailleurs de l'industrie, et, on général, un simple change-
ment de profession, le phéuomeue est bien économique, mais,
au point de vue de l'économie, il ne diffèreeu rien d'autres
phénomènes qui ne sont point concomitants d'un mouve.
ment migratoire, des déplacements do main d'œuvre, par
exemple, d'une industrie à l'autre, à l'intérieur d'une même
ville 011 peut même trouver que l'expression d'émigration
agricole prise eu ce sens est grosse d'équivoque. Si, mainte-
nant, c'est l'émigration rurale qui est réellement à étudier,
c'est-à-dire les déplacements de population des petites loca-
lités aux centres urbains, ou doit se demander de quelle
utilité peut être ludistinction desémigrauts pur profession, et
l'examen approfondi de leurs conditions économiques d'exis-
tence, pour la compréhension du phénomène dénature mor-
phologique ainsi défini. Ce que l'on considère ici, ce sont
surtout les variations de la densité delà population d'un lieu
à l'autre pur l'etfet de la mise en relation de l'un et de l'autre
pou importe que l'émigration se produise d'une campagne
peuplée d'agriculteurs vers une ville d'industrie, ou d'une
région de petites cités industrielles vers une grande ville où
les professions agricoles ne seraient p;ts moins représentées
q ueles autres si, dans les doux cas, l'émigrationest de même
direction, et de même intensité, il faudra dire qu'un même
phénomène morphologique est concomitant de changements
économiques très différents, sans que sa nature en soit le
moins du monde altérée.
11semble qu'à procéder ainsi nous risquions de négliger
K. Diiikiikw. Annéo sociol., 1905-1900. 41
6*2 (,'AKNlta 4905-JWIG
SOIU0UMMQ0B.
des conditions positives dont l'influence sur l'émigration
apparat incontestable par exemple, le morcellement de lu
propriété, ou lu constitution do grands domaiues. Mais, loin
de les négliger, nous les utteiguuus sous la seule forme où
elles soient réellement utilisables pour nous. c'est-à-dire
comme faits morphologiques car lu distribution des habi-
tants, ta forme do leurs groupements varie avec les divers
procédés d'exploitation, avec retondue des propriétés suivant
le degré de purcelluliou de lu terre, les nécessités spéciales du
la grande ou de la petite culture, les villages sont aggloméré*
ou non. voisins ou clairsemés c'est dire qu'il est possible de
retrouver les traits essentiels de la condition économique
dune région dans les modesdu rapprochement de ses habi-
tauts. et qu'une telle substitution est légitime quand ou y
trouve d'ailleurs avuntage,comme c'est ici lu eus. D'autre
part, outre ces conditions, il y a bien des tendances plus
malaisées à définir, attrait exercé par la vie urbaine eu
raison de l'indépendance et (les distractions qu'elle comporte,
traditions et habitudes lentement créées dans certains grou-
pes et qui portent les hommesà voyager et à chercher fortune
au dehors mais ce n'est pas une ôitumératiou. une série d'ob-
servations forcé mentpersonnelles et superficielles, qui aide-
tout à les déterminer; non mesurables eu elles-mêmes, ces
tendances se traduisent avec le plus de précision dans leurs
ellets, dans les migrations elles-mêmes, et leur existence ne
peulelre établie qu'à lusuite de véritables expériencesdilTéreu-
tielles, de comparaisons entre des régions où les conditions
ci-dessus indiquées sont identiques, et où toutefois des mou-
vements migratoires très différents se produisent. Dans lu
continuité même et l'accroissement progressif de certains (te
ces mouvements se laisse le mieux reconnaître lu formation
de semblables habitudes, sous l'inllueuee surtout des dépia-
déments déjà effectués. Ainsi ou comprend que l'étude
ces faits morphologiques isolément considérés est la seule
méthode propre à révéler tout ce qu'il y a d'essentiel dans
l'émigration, etque, ni des considérations économiques ni des
observations de mœurs plus ou moins étendues, ne nous eu
donneront à elles seules une connaissance proprement scien-
tifique.
M. 11.
A.NALïSES. – LES UKOUPKMBNT»UUIUUX ET l'HBAlNi 043

CLASSES (W.F), – Grossstadt Helmat. Beobaehtun-


gen zur Naturgesohlohte des Orossstadtvolks. Hani-
burg, Kiusl ScliulUe, 1900. p. XIV-&1, iu-12.
C'est une réunion d'articles de journaux et de revues, tou-
chnnt les conditions do vie du peuple dans tes grandes villes.
La forme est assezvariée de petits récits d'abord (tes enfants
du « cinquième état », l'ami des petits polissons), eu particn.
lier une histoire et une description des quartiers ouvriers de
Hambourg (liammerbrook. Hotheubtirgsorti; ensuite des indi-
cations lissez précises sur tes sociétés d'apprentis iLi'Iuliiujs-
remit?! à Snnet-Pauli, le grand faubourg de cette ville, sur
leur développement (ils comptaienttiuiuillierde membres eu
iWt-ii), teur organisation (gymnastique, excuriiiuus, eoiilè-
rences) ou nous dit à ce propos « l'essentiel serait que tous
les jeunes gens jusqu'à dix huit aus (tissent soumis a mit!
autorité » enfin des considérations plus générales, à propos
du mouvement ouvrier (fondé dans la nature, eu dépit des
tendances conservatrices des travailleurs allemands), du rôle
de l'Église dans tes grandes villes (critique de lu mission iniê-
m'u/v, incapable d'élaborer une pédagogievraimeut populaire).
L'auteur de ce livre s'inspire eu sommo du mémo esprit, et
poursuit à Hambourg la même tâche que certains « seule-
ment s » laïquesde Loudres, ou que la « Boys Brigade » de
Glascow; c'est une œuvre de réforme sociale, limitée a cer-
tains quartiers des grandes villes, et qui pourra devenir l'oc-
casion d'euquôtes d'un intérêt sociologique.
M. II.

J. DECORSE.–L'habitation et le village au Congo et au


Gharl. L'Anthropologie,1O05,XVI, p. 638-tiuU.
Le I)' becorse classe intelligemment un certain nombre de
types d'habitation d'un certain nombre de tribus du Haut-
Congo,et (luChari-Tcbad, puis il décrit et même toute d'expli-
quer la morphologie des villages. Cette fois il n'a pas la
même précision, et certaines do ses hypothèses se rapprochent
par trop des explications simplistes du patriarcat. Quantaà
la conclusion « le village est un épiphéuomènc de la v ie
sociale », il n'y a qu'à protester coutrede pareilles assertions.
M.M.
04 ir L'a.N.VKKSOCIOUlGUjl'B. 190S-190IJ

J. W. KËWKES. – The Sua's Influence on the Fora of


Hopl Pueblus. American Antrufiuloght, 1900. N. S. Vlll,
p. 88-100.
Le résultat de ces recherches est plus important que ne
croit l'auteur. Car non seulement il nous montre lliéliotro-
ptsme général qui a présidé à la construction de trois pue-
blos iSichumowi, Walpi, Hano), mais Il nuus l'explique, et
nous indique le processus par lequel les classes associéesse
sont n>éthodi<iuementgroupées, dans lepuehlo.parde remar-
quables dispositions des bâtiments.
M. M.

III. LKSFORMES
DEL'HABITAT

(JEN'ZMEH (Ewaid;. – Ueber die Entwickelung des Woh


uuugsweseus in unseren Grossstadten und doren
Vororten. LMuzig.A. W. Kateinauu, 1900, p. 1 1-2S,in-8°.
L'accroissement du nombre des villes en Allemagne depuis
un demi-siècleest un phénomènebien connu un 1871,un tiers
de la population habitait les villes (de plus de 2.000 h.); en
I8S)">,In mollié: en 1000, plus encore. A ces conditions uou-
velles du peuplement, les vieilles méthodes de la construction
se trouvaient mal adaptées mais l'extension des cités
profita
surtout à la spéculation, qui s'empara des terrains de ban-
lieue nias Voi-ijnmuhi.Delà une élévation des loyers (en 1878,
ceux de moins de «00 mks. représentent déjà un tiers du
revenu total), sans que les appartements s'agrandissent eu
proportion in Berlin. 49 p. 100, à Un-slau, S!»p. 100 des loge-
ments n'ont qu'une chambre qui se puisse chauffer; de la
aussi, à muse du prix des fonds, une construction réellement
peu extensive on compte, à Londres, par hectare, 138 habi-
tants: »00 a nerlin, 640 dans la Luiseutadt, 822 dans cer-
tains quartiers l'entassement, dans tout l'est et le centre de
l'Allemagne, est extrême icoutre Het 9 habitants par maison
a Brème et Lilbeck, on en trouve 47, 60, 03, à
Hambourg,
Breslau, Berlin i.
On aperçoit déjà et on applique un certain nombre de
remèdes à cette organisation défectueuse: a. Les
moyens de
A.N.U.ÏSBS. – LUS P0I1UKS OK L'HABITAT <H!i

transport multipliés contribuent, à Danzig et ù Berlincomme ii


Londres, ù constituer des citi'x h. Dans lu disposition dus bàli-
ments (Behauung*plan),on reuonee de plus eu plus û l'ancien
schématisme, aux ligues droites, aux formes augulaircs
on adoucit les pentes, ou sacrifie au pittoresque i variété des
perspectives, valeur architecturale des places formées de murs
contiuus, des maisons aux portes rares) surtout un tend à
distinguer des rues de circulation, où chaque sorte de véhi-
cule a sa voie propre, bien définie, des rues d'habitation, plus
étroites, mais élargies par les jardins de devant, du côté
exposé au suleil dyssymétric plaisante;on construit les blocs
non plus eu carré, mais eu long, avec peu d'épaisseur, ce qui
supprime les maisons de derrière; r. Les prescriptions de ta
police du bâti ment (grandeur de l'espace à laisser non bail,
nombre des étages, distance entre les maisons voisines/ sont
trop uniformes elles se devraient différencier, ainsi que les
précautions exigées contre l'incendie, et les conditions de
solidité, selon qu'il s'agit de maison commerciales, ou d'hnbi-
tations des faubourgs, etc cf. Au problème foncier (ttoden-
frage), plusieurs villes (eu particulier Francfort-su r-Meiuet
Saarbrûeken) apportent une intelligente solution par l'achat
en temps utile et la revente après mise en valeur de portions
étendues du terrain de banlieue la plus value trouve son
emploi daus des dépenses d'intérêt publie. L'expérience
révèle l'efficacité de ces méthodes, ainsi que des mesuresfis-
cales (substitution de l'impôl sur la valeur réelle à l'impôt
sur la valeur d'usage du soi en cette matière e. Enfin, une
saine organisation du crédit empêcherait le mieux les abus
de pouvoir des capitalistes constructeurs. – Toutes ces
réformes sont surtout réalisables dans les pnrtiesexccntriques
de la ville d'où une tendance centrifuge des habitants
un quête de logements à bon compte.
Il est toutefois remarquable que les parties centrales de
plusieurs villes sout transformées profondément, qu'ou
s'eflorce d'y édifier des maisons répondant aux exigences nou-
velles, que les municipalités consentent dcgrussaerilicespimr
élargir les rues, effectuer de nouveaux tracés, raser des pûtes
de maison, dans la vieille ville. Onprétexte le besoin de voies
plus importantes pour une circulation accrue mais la lar-
gour d'une voie est souvent cause d'encombrement, par ta
diversité même des courants qui s'y dessinent d'autre part,
des enquêtes récentes établissent qu'à Londres, à Cologne,
6SU L'ANNÉE 191)5-1906
SOCIOLOGIQUE.
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une *intense
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«feSsant*!»
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circulation »**»«.*&
*wtMfY«.
d_A_ _£
.1
peuts'effectuer commodément d»t>»
des rues (le 8 a 10 mètres seulement de largeur <à Londres,
diins l'Oldbroad street, un compte Ai voitures et 8J18piétons
par mètre de largeur et par heures. On met en iivunl lesprô-
occupations d'hygiène. Mais d'abord. ou ne met jamais bas
qu'une très petite partie des maisons malsaines, et les
sommes considérables aiusi employées sont perdues pour
d'autres œuvres sociales, et môme d'assainissement, peut-être
plus pressantes. A laisser les transformations s'accomplir
lentement, par le seul jeu de la construction privée, ou ne
méconnaîtrait aucun droit, car le propriétaire d'une maison
décrépite n'a pus plus do titre que tout possesseur d'un objet
détérioré à un dédommagement, et on atteindrait sûrement le
résultat, puisque, en présencedu la baissedes loyers par la con-
currence des meilleures habitations des faubourgs, les pro-
priétaires des vieilles maisons malsaines seraient amenés à les
reconstruire la ville se bornerait ici à réglementer et contrô-
ler la construction. Une intervention directe des pouvoirs
communaux ne se comprendrait, dans le centre, qu'au cas de
nécessité très pressante, et se produirait à meilleur compte le
plus tard possible. Au contraire, l'œuvre d'incorporation
des faubourgs, d'acquisition des terrains de banlieue, de
fixation des plans et prescriptions du bâtiment, doit ètro
entreprise nu plus tôt, sous peine, de laisser fuir le moment
propice. C'est d'ailleurs par le développement des régions
excentriques qu'on agit le plus utilement sur la condition des
vieux quartiers eux-mômes.
C'est là uu exposé ramassé, mais très riche et
péné-
trant, du problème de l'habitation tel qu'il se pose en Allema-
gne par le choix des faits, etdes questions, par les solutions
nettement indiquées, il révèle chez l'autour une expérience
très snre et une réelle fermeté de conception. – 11 s'est étendu
volontiers sur les transformations de l'intérieur des villes, et
il semble que lo regret de voirdisparattre les vieilles maisons
de Danzifî, c'est-à-dire une préoccupation esthétique ou son
timentale, l'ait surtout inspiré. JI argumente toutefois et
s'appuie sur des raisons qu'il importe de retenir.
On peut ad mettre ce qu'il dit de l'élasticité du rapport entre
le nombre des passants et ta largeur (les voies mais le besoin
de relations plus directes entre certains quartiers reste unu
raison très naturelle de nouveaux tracés la transformation
même des quartiers du centre en quartiers d'affaire? crée cer-
ANAI.YXgS.– LUS MOUVEMENTS
MNÏHATOinKS 0*7
n"'u '11-
tainement des courants do circulationplus intenses,et dans
de nouvelles directions il est de l'iutérôtdes régionsexcen-
triques que les chemins de pénétrationversl'intérieursoient
plus commodes. Ou peut admettre, d'autre part; que les
motifs d'assainissement sont souvent des prétexes,que
le but poursuivi est de satisfaire le besoinde logements
meilleurs mais est-il vrai qu'on y parviendraitmieux, et
aussi stlrement, en laissant les propriétairesdémolir et
reconstruire d'eux-mêmes? Ilse pourraitque ceux-ci,malgré
la pression exercéesur les loyerspar les constructions nou-
velles dans les faubourgs, conserventune situation privilé-
giée parce qu'ils sont au centre, trouventavantageencoreù
changer la destination de leurs maisons,à y aménagerdes
bureaux, des entrepôts, etc, au lieud'emprunterpourrecons-
truire. Surtout il semble que l'auteur établit une distinction
trop tranchée entre les démolitionseffectuéespar les pouvoirs
communaux, et celles qui résulteraientdela volontédespar-
ticuliers on peut concevoirque ceux-ciagirontdansle sens
del'intérêt communsous l'influencedetendanceset représen-
tations collectives,sous la pressiondes locataires, pourpro-
fiter de certains courants de population;et que les pouvoirs
communaux,alors môme qu'ils paraissentguidéspar despré-
occupntious d'esthétique ou d'hygiène,ou par un système
quelconque, obéissent en réalitéà des impulsionsdu même
genre. La rapidité d'exécution,dans cederniercas, que l'au-
teur juge inopportune, s'expliquepeut-êtreparle fait qu'ona
trop attendu déjà, et qu'on doit réparerle temps perdu,aussi
bieu et mieux que par le soucide pousserune idée jusqu'au
bout. M.li.

IV. LESMOUVEMENTS
MIGRATOIRES

BOSCO (Auousto). – Le correnti migratorie agricole fra


i vari stati e il collocamento degli emigranti. Roma,
Bertero, 1905,p. IX- 1 40,grand iu-8u.
Toute une partie de ce livre est constituée par des tableaux
statistiques, donnant, pour la plus grande partie des états
européens d'émigration, et pour les principaux pays d'im-
migration, dans les dix ou quinze dernières années, le
nombre des émigrants, le nombre des émigrants de la classe
CM "'ANNÉE 'iocMLoamut!. <9M.tce<i

agricole, les nombre» do chaque catégorie des premiers


et des seconds, distingués suivant le pays de destination
et do proveunuce (p. 78-146). L'auteur o'iKnore pas que
les statistiques do l'émigration sont sujettes à forte
caution
la notion môme d'émiRranl est des plus vagues entendrons
nous par là quiconque cherche du travail n l'étranger, ou
los seuls ouvriers manuels? Ceux qui s'établissent, ou
qui
séjournent temporairement? Ceux là seuls qui traversent
l'Atlantique? Nous attacherons nous aux définitions souvent
très étroites inscrites dans telle loi, ou à des critères tout exté-
rieurs i lefait de voyager par mer en troisièmeclasse, do rece-
voir un passeport gratuitement ou presque)? Compterons-nous
comme émigrants d'un pays ses naliunaux seuls ? Des statis-
tiques établies de points de vue si divers offrent de médiocres
garanties. Les statistiques des pays d'immigration ne corn»,
pondent pointa celles des pays d'émigration, parce qu'il y a
beaucoup de départs clandestins. La notion d'agriculteur, de
sou coté, reste mal définie les uns retiennent ceux
qui vivent
de pèche et de chasse, et môme les terrassiers et autres
manitiuvres d'autres excluent tous ceux qui ont moins de
douze ou de quinze ans peu de statistiques,
d'ailleurs, les
ont classés par paysdedcstiunUon.Il reste néanmoins possible,
au moins pouiTémigratioutransocéanique,
de parvenirà quel-
ques résultats généraux.
A comparer les deux périodes
quinquennales 1894-1898et
1899-1903,on constate que le nombredes émigrésaugmente
de moitié en Italie, des deux tiers en Danemark, a
triplé on
Autriche et en Norvège,quadruplé en Hongrie,
que le nombre
des immigrés a plus que doublé aux foils-Unis et au
Canada,
est resté presque le mômednns la
ltépuulique Argentine. Lais-
saut de cote les mouvements migratoires les
plus intenses qui
se dirigent vers les pays frontières, et tous ceux
qui ne
dépassent pas l'Europe et sont commele type de migration
intermédiaire entre les premiers et tes
migrations trans-
océaniques, demandons nous vers quels pays hors d'Europe
se dirigent tes émigrés de chaque
payseuropéen plus de la
moitié des Italiens vont aux Etats-Unis,la
plus grosso partie
du reste dans l'AmériqueduSud Autrichiens,
Hongrois. Alle-
mands, Suisses, Hollandais, Irlandais, Russes, Scandinaves
amuent aux États-Unis plus do la moitiédes
Anglais et Écos-
sais vont dans les colonies de la
GrandeBretagne. 1(>reste aux
Etals-Uuisencore les Espagnols vontauJIexique.à Cuba, dans
– LE*«OOVBUBSTS
ANAI.YS1H. MIOIUTOIRIK 049
la République Argentine, presque tons les Portugais au Brésil.
Daus quollo proportion les agriculteurs participent-ils a ces
mouvements ? En Italie et en Autricite, plus des deux tiers des
émigrauls sont agriculteurs, plus de la moitié dans les États
Scandinaves, plus d'un tiers en Allemagne et en Suisse, a peine
un cinquième en Grande Bretagne (où d'ailleurs les agricul-
teurs font une plus petite part encore de la population;. Ils
font près da la moitié des immigrés aux États-Unis, près de
la moitié dans l'Argentine, plus des trois quarts au Brésil.
Ils ont contribué plus que les autres a l'augmentation
récente de l'émigration, sauf dans l'Argentine où ils sont
un peu moins nombreux que précédemment. On aurait pu
croire que plus que les autres hommes, les agriculteurs sont
liés au sol, par des contrats de longue durée, parla propriété
de la terre, par la tradition, par leur inquiétude du change-
mont: toutefois, les difficultés croissantes auxquellesl'agricul-
ture européenne est exposée, la résistance des paysansqui les
rend capables des rudes travaux non agricoles si nécessaires
en pays neufs, en somme le rapport de 1'aQroet delrr demande
établi, malgré les distances, sur le marché international,
rendent assez compte de ces faits.
Il reste à étudier, après ces résultats de l'émigration, le
mécanisme et les organes par ou s'effectue l'établissement (il
collocamento)des émigrants» et à en apprécier le jeu. – Eu
Italie, ta loi de 1001vise non seulement des mesures de police
(refuges dans les ports, hygiènedes navires) et detu tellejuri-
dique (règlement des controverses, recherche desmanœuvres
dolosives), mais aussi l'assistance économique propre des
émigrants, par des officesde protection et d'information, des
sociétés de patronage a l'étranger, eu vue de procurer du Ira-
vail au nouvel arrivant; des associations privées poursuivent
le même but. D'autre part, lesentrepreneurs de transport, soit
par lours représentants locaux, soit jmr l'intermédiaire
d'agences, renseignent ceux qu'ils enrôlent, leur promettent
du travail, leur consentent des prêts. Mais le plus souvent, ce
n'est pas l'action de ces institutions publiques nu privées,
c'est la tradition et c'est l'exemple de leurs compatriotes, qui
détermine les migrations italiennes: il y a dans la classe
populaire italienne, surtout à la campagne, une solidarité
régionale diffuse, qui s'intensifie à mesure qu'on descend à
à des groupements plus restreints, cité, village, etc c'est
pourquoi les Italiens émigrés tendent il se concentrer (même
OSO I905-190O
I.'aN.NKKSOCIOLOGIQUE.

dans les campagnes où ils préfèrent pour cette raison la


culture intensive), et a attirer auprès d'eux lours parents
et amis restés en Europe. En Allemagne, l'État s'est assuré
les moyens d'intervenir dans le domaine de l'émigration,
en vue aussi bien de répandre la culture et l'influence
germaniques dans le monde que de protéger les émigranls
de là lecaractère spécial et limité des licences délivrées aux
professionnels du transport (rettori), ce qui permet a l'État
de détourner vers telle direction qu'il lui plaît les courants
migratoires, de là les avantages réservés aux sociétés d'émi-
gration qui acquièrent des domainesétendus, centres désignés
d'établissement allemand, de là aussi la défense aux représen-
tants des États outre-mer d'encourager l'émigration par des
moyens factices, gratuité du transport, etc, parce qu'elle ne
profite alors directement qu'à l'étranger. EiiAllemagneencore,
comme en Suisse, en Hongrie, en Angleterre, et bientôt en
Autriche, fonctionnentdes officesd'information, oùs'adressent
d'ailleurs moins les manœuvres et paysans que les jeunes
commerçants et les ouvriers qualifiés. Cette préoccupation de
diriger au mieux les émigrants s'est fait également jour, avec
plus ou moinsde force, dans les pays d'immigration. Aux
États-Unis, malgré les règlements très restrictifs et presque
hostiles des derniers temps, la concentration des ouvriers
dans les villes,le caractère plus particulièrement anarcbique
de l'émigration temporaire, forme récente, ont obligé à envi-
sager la création d'offices d'information dans les ports. Au
Canada, plus libéral, toute une organisation administrative,
(dépôts pour le logement temporaire, officiers d'information
attachés aux trains) s'occupe de distribuer les émigranls dans
le pays. En [(«publique Argentine, où les conditions d'admis-
sion sont encore plus indéterminées, In loi assure le logement
et la nourriture pendant plusieurs jours après le débarque-
ment, et le transport gratuit nu lieu de leur travail, des émi-
grants là encore un ofllce, qui est comme une Bourse du
travail, met en relations l'entreprise et la main-d'œuvre. –
En somme, malgré tout. l'émigration reste, d'ensemble, un
phénomène spontané ses irrégularités et débordements s'ex-
pliquent moins par les influences artificielles intéressées que
par l'inconscience et l'ignorance de ses l'Iéments constitutifs
individuels.
On ne peutque savoir gréa M. Boscode nous avoir présenté,
en soixante tableaux-soigneusementélaborés, les chiffres ofli
AXALYSHf. MM MOUVEMENTS
HIQlUTOIRBi 051

ciels les plus importants, jusqu'ici très dispersés, qui se rat-


tachent à l'émigration On ue peut qu'apprécier aussi à leur
valeur les renseignements détaillés et surs qu'il nous apporte
sur les institutions de l'émigration. Sur ces données, on peut
dès maintenant entreprendre une étude analytique des mou-
vements migratoires internationaux, tout au moins détermi-
ner la possibilité, et I» fécondité éventuelle, de cette étude.
L'auteur, de son côté, ayant voulu s'en tenir à des constata-
tions générales, il n'y a pas à lui faire grief de n'avoir point
envisagé tels aspects du phénomène, ni posé tels problèmes
qui intéressent plus particulièrement les sociologues. Toute-
fois, quelques propositions, présentées dans la forme comme
des explications certaines du phénomène même et de ses
variations, valent d'être examinées de près. Suffit-il, d'abord,
pour caractériser les causes,voire une partie des causes,de ces
migrations, de l'expression d'ailleurs courante :« mise en
rapport de l'oflre et de la demande du travail sur le marché
international » ? En ce cas l'émigration serait un phénomène
d'ordre économique dans son origine, et il faudrait pour en
rendre compte étudier surtout l'abondance ou le défaut de
main d'œuvre ou de travail dans les pays mis en relation.
Mais l'émigration comme fait social est avant tout et unique-
ment un déplncementdegroupes, qui peut se produire eu effet
entre paysdo situations économiquement opposées, mais dont
les caractères et les variations sont en eux-mêmes d'espèce
originale. Il y a dans les paysde départ et d'arrivéedes repré-
sentations collectives touchant l'émigration, dans les groupes
d'émigrés eux-mêmes une fois arrivés une tendance à se rap-
procher entre nationaux, ou à fusionner jusqu'à certain degré
avec l'étranger, et, avant le départ, une représentation des
groupes qu'ils quittent et de ceux qu'ils vont rejoindre, qui
sans doute peuvent refléter partiellement les conditions éco-
nomiques, mais qui sont d'unautre ordre, et forment, au vrai,
l'essentiel du phénomène. Les remarques de l'auteur lui-
même Btirrémigralion italienne, le rôle qu'y jouent la solida-
rité de la famille, du village, de la province, 1'urbanisme »
des Italiens qui les porte a se rapprocher à l'étranger, sur
l'émigration allemande, la mesure où elle résulte detendances
colonisatrices, de la pensée d'une expansion germanique sous
la direction do l'État, ouencore sur l'émigration des Suisses,
et la nostalgie de leur paysqui les empêche de constituer ail-
leurs des élablisscmenlsdll rables, contenaient bien le germe de
052 LANN-KR SOCIOLOGIQUE. 1905-190»

cette .i:l:.v..l:
nnli~n 1.·i.t:
distinction. htudier Y.
les .t.u.1-
migrations dans leur forme,
c'est-à-dire comme des déplacements de groupes, c'est bien
les t'attacher aux formes des groupements antérieurs, qui
a'exprimeut dans les représentations et tendances collectives
considérées c'est en ce sens que l'émigration est un fait de
morphologie sociale.
Dès lors, on ne peut accepter simploment la proposition
que l'incertitude et l'irrégularité des mouvements migratoires
résulte de « l'ignorance des conditionsdu marché par les indi-
vidus qui y participent »;si l'on considère, dans l'émigration,
uniquement les faits économiquesqui y correspondent, on est
un ollet tente de rapprocher ces afflux excessifsd'ouvriers des
phénomènes que l'économie politique étudie sous le nom de
chômage, de surproduction, etc., etdattacher une importance
considérable au développement d'institutions régulatrices,
telles que bourses du travail, bureaux de placements, etc
même alors il reste à savoir s'il faut chercher les causes des
faits en queniondans les démarches ouattitudes individuelles,
ce qui est très discutable. Mais l'émigration, en tout cas, ne
se décompose point eu une série de déplacements individuels,
puisqu'elle n'est telle qu'a partir du moment où, aux pre-
miers voyages et établissements isolés de « pionniers » plus
hardis, succèdent des déplacements de masse. Celte erreur
apparaît d'autant plus remarquable ici que l'étude portait sur
des mouvements dune amplitude très grande, et dont le
caractère proprement social p'élait pas douteux.
M. 11.

EMIGiiATIOXS-STATISTIK. i. Emigration pendant les


années 1900-1902. llelsingfors ilKK».Hel.singfors 1900.
2- Emigration pendant les années 1903 et 1904,
liidiwjt t'U tÏHlanit* ojfkieW,SUitixlik,seci. XXVIII, i vol.
88 et 48 p. iu-4°.

Ces deuxvni urnesouvrent unesérie nouvelle des publications


de la statistique officielle de Finlande. L'émigration joue
depuis longtemps un rôle important dans la vie sociale linlau-
daise depuis 1899elle a augmenté dans des proportions con-
sidérables et même inquiétantes; elle mérite donc une étude
approfondie. En dressant, en 1895, le plan d'une enquête sur
l'émigration, le Bureau de statistique avait demandé au gou-
vernement, non seulement de faire remplir par ses fonction-
AXALT8KS. – I.KS MOUVEMENTS MIUlttTOIHKS 053

itaires des formulaires appropriés, mais d'envoyer dans les


régions {ii-incipaloinent atteintes par l'éinigratiou des enquê-
teurs chargés de rechercher sur place les causes du phéno-
mène. Cette enquête ne fut pas réalisée, pour le grand dom-
mage de cette publication car on n'a ici qu'un travail statis-
tique, excellent du reste, au lieu de l'étude sociologique qu'au
eut sans cola été en droit d'espérer.
Cette lacune est d'autant plus regrettable que l'émigration
est Kinlaade se manifeste par des caractères spécifiques quela
statistique révèle sans toujours les expliquer. Elle est en
somme localisée à une région déterminée, la bande côtière du
golfe de Bolliuie, et y présente uue plus grande intensité dans
l'ensemble des communes suédoises que dans l'ensemble des
communes danoises. Depuis 1891),le reste du pays prend à
l'émigration uue part plus grande qu' auparavant; mais l'Os»
trobothnie dépasse toujours, et do beaucoup, les autres
régions, relativement et absolument.
D'autre part, ainsi qu'il est dit plus haut, l'émigration s'est
accrue éuorinéineiit depuis 1899 elle suit uue marche ascen-
dante jusqu'en lt>02et reste encore très élevée eu 1904. Elle
atteignait, en 1902, 04,8 p. 100 de l'accroissement physiolo-
gique du puys entier; et, si un preud la région ostrobolhnicnne,
elle égalait dans une partie (gouvernement d'Uleâborg) et
dépassait do 100 p. 100 dans l'autre (gouvernement do Vasa)
l'accroissement physiologique.
L'opinion publique eu Finlande a généralementattribué cet
accroissement anormal à des circonstances essentiellement
contingentes la politique d'oppression alors suivie, et en
particulier la menacedu service militaire sous une forme reje
tée par ta ivpruscululiuu nationale (loi de juillet 1901Certains
faits parlent en faveur de cette explication. JJe 1899à 1904, et
pour les étnigrautsdc sexe masculin, la proportion desgroupes
d'âge 20-40 ans est plus forte que de 1893à 181)8;les groupes
•10-23uns constituent la moitié, les groupes 10-30ans plus des
deux tiers desémigrauts en Ostrobothme l'émigration, pour
le groupe IG-25 ans, atteint presque le dixième de lu popula-
tion du même Age. Pourtant l'explication ci-dessus parait
moins satisfaisante si ou remarque que, dans toute la Scandi-
navie (Danemark, et surtout Suède et Norvège) la courbe des
émigrations, de 1893à 1902, suit exactement la mémo marche
qu'eu Finlande, y comprisla brusqueitm'imioii à partir de1899.
Une cause plus générale et de nature plutôt économique a dû
6S4 L'.VNSKE ISOS-IW»
SOUlOLOlUQUB.

agir a cote (tes contingences politiques. A défaut de 1 unquôte


projetée pur le Bureau de statistique, une étude de la répar-
tiliou des émigruuls par groupes d àgo et par professions eu
Suède et eu Norvège, et la comparaison de cette réparti lion
avec lu statistique finlandaise pourrait apporter quelques
lumières.
Il y a d'autant plus de motifs d'accueillir avec critique les
explications généralement reçues, que lu répartition dcsémi-
gruuls par professions a ruiué uue opinion courante eu Fin-
lande, à savoirque lïitaigratiou.qui se recrute surtout (huisles
classes agricoles, attendrait do préférence les non-proprié-
taires. La statistique montre tout le contraire. En preunut les
émigrauls de sexe masculin au-dessus de vingt aus, le groupe
des possesseurs de terres (propriétaires et fermiers atteint
pour l!)U0litol un total de 13.738émigrants, celui des non
possesseurs ouvriers agricoles, etc.; 7.742. Eu séparant du
premier groupe les leuauciers (<<~K</ c, pour les rattacher au
second, on obtient, il est vrai, uu excès du deuxième groupe
sur le premier (M.235contre 12.145;. Mais il faut natturelle-
ment considérer le rapport du nombre des émigrnnls à laforce
numérique totale de chaque groupe dans le pays. Les statisti-
ques démographiques finlandaises ne permettent pas de faire
le départ exact, car elles confondent sous la rubrique « agri-
culteurs» tous les groupes agricoles. Maisou peut allinner que
le second groupe 'tenanciers et prolétariat agricole; est plu-
sieurs fois plus nombreux que le premier (de i 3 3 fois sans
doute); la proportion des éinigrauls est donc sensiblement
moindre dans ce groupe que dans le premier.
D'autres constatationsstatistiques montrent que le penchant
à l'émigration est plus enraciné dans la classe propriétaire
paysanne que dans les autres. L'émigration du prolétariat
agricole et industriel et des domestiques augmente fortement
en l'JOIet \W1, et diminue en IÎHJ3moins que daus la classe
des paysanspropriétaires maisen Moi,la diminution, qui se
maintient au même taux dans cette dernière classe, atteint de
très fortes proportions dans les autres; l'émigration est donc
moins sujette aux fluctuations dans la classe paysanne.
Une autre différence qui se marque dans le caractère de
l'émigration paysanne et urbaine est que les paysans qui émi-
grent laissent plus souvent derrière eux leur famille que les
émigrants des autres classes. Si ou considère les émisants
mariés de sexe masculin, on voit que, de 1900à lOfK.
ANALYSES. – LES UUCVgllBNTS WQtUltOiaBS 050

«musla dussedes agriculteurs, de 77 à au p. 100 ¡


– artisans, de 59 à 75 –
– ouvriers d'usine, de 33 à 8U –

ont laissé eu part mit un ménage Il est d'ailleurs remarquable


que les proportions ci-dessus varient beuucoupdausles groupes
ouvriers, et atteignent en 1901-190»,au plus fort de lit crise
politique, plus du double de la proportion pour 1903et l90i,
taudis que les diillres correspondants pour lu classepaysanne
ne subissent pas de fluctuations aussi sensibles. II parait
bien du reste, en juger parla constance relativementplus
grande du nombre (les femmes et des enfants qui émigrent,
que le reste de la famille aille suuvent, au boutd'un certain
temps, rejoindre le mari émigré.
Les statistiques Uuluuduisus permettent de poser encore
d'autres problèmes; mais elles n'en fournissent pas la solu-
tion.Il est à espérerque l'enquête sur place demandée en IH9ÎJ
sera accordée par le gouvernement ou entreprise par l'initia-
live privée; car «Ile seule permettra de tirer du problèmetout
l'enseignement sociologique qu'il comporte
.1.l'omoT.

L. SCIIMIDT. – Geschichte der deutsehen Stftmme bis


zum Ausgange der Vôlkerwanderung, I. Abt. I, 2, 3
(Quelleu und Porschungen ztir alleu Uescliichte und Geo-
graphie, hrsgg. v. Sieglin, 7, und 10.Il 1,Berlin, Weidmann,
1904eHUOa, 231 p., iu-8°.
L'iutruductiun trailedes sources, et expose (p. 20-48)ce qu'où
sttil de l'état social des Uermaius avant les iuvusious. l'uis
l'auteur suit les mouvements des Guths avant l'invasion des
Jluusdans son livre I ceux des Ostrogoths jusqu'à lu fonda-
tion de l'empire italien dans sou livre II, et ceuxdes Wisigoths
jusqu'à la fondation de l'empire de Toulouse danssou livre III.
L'ouvrage est une excellente collection de textes méthodique-
ment rassembles et soigneusement discutés.
P. F.

1. Ilest à noter que la publicationétudiéeici no Ifcntpas comptedu


courantde retour des «migrants,dontla ronsidûralionseraitnalurelle-
dansuneùtutt.st-umptiMemaible*ebiffres
inuntinilispciisablu se tronvont
sousuneformeabruti.1dansl'Annuairestulistiijuode Fiulando.
SEPTIÈME SECTION

DIVERS

I. – SOCIOLOGIEKSTIIÉTIQUK
ParM.lli'iiKur

,1. D'ANCONA. – Lapoeaia popolare italiana. Livorno,


Raff-Giusli, 1906, 57t p., in-8".
Ce n'est pus uu livre tout nouveau, mais la réédition fort
augmentée d'uu livre déjà excellent. Ce u'egt pas qu'il soit
fort commode, surtout pour les lecteurs qui ne peuvent que le
consulter sans être déjà familiers avec le sujet traité.
M. d'Anconn établit qu'il y a une poésie populaire italienne.
C'est un premier point. Plus exactement, il y a dans la poésie
italienne une veine populaire et indigène, quelque chose qui
ne dérive ni de l'antiquité, ui de la littérature française ou
provençale. Si loin que les textes nous reportent, on la suit.
Elle se perpétue et s'épanouit dans les recueils de poésies
anonymes en dialecte, qui na sont pas datées.
Si l'ou fait abstraction de chants de circonstance, do chan-
sons politiques, dont les auteurs d'ailleurs, poètes populaires
il est vrai, sont souvent connus, les œuvres de cette poésie
populaire sont communes à toute l'Italie. Ce sont de courts
poèmes. Kinpetti,Slmmlntti,<A£.,de caractère plaisant, galant
ou moral. La thèse de M. d'Aucoua est que l'identité des
versions de ces poèmes dans les diverses parties de l'Italie
n'est pas fortuite, autrement dit que tous les poèmes sembla-
bles dérivent d'ull même modèle, mais aussi que les divers
modèles ont la même origine. Les chansons do l'Italie conti-
nentale sont d'origine toscane, a tulles enseignes que la tra-
duction dans les dialectes locaux est souvent imparfaite et
pleine de loscauisines. Les versions toscanes, d'autre part,
dérivent d'originaux siciliens. Les versions siciliennes
présentent eu ellet, eu raison de la perfection des rimes,
A.VALÏSKï. SOUIMMJUIKKSTHBtfQUB 051

du I» linisim logique des vers, les caractères d'originaux.


(/(tiuuriiiil de portait par les provinces continentales A
la Sicile esMI constant?S'est-ll produit une fois pour toutes?
M. ri'Aucoua nous assure que le trésor des poésies populaires
d'origine sicilienne ne s'est pas augmenté dans les derniers
siècles, alors que. en Sicile môme, les genres anciens restent
inépuist's. D'ailleurs, dans cesderniens siècle»précisément, les
parties de l'Italie ont vécu fort à l'écart les unes des autres.
Si l'on remonte nu contraire à l'époque où les princes de la
maison du Holtenstaiifenont régtié dans l'Italie méridionale,
on constate que la Sicileétait alors intimement mêlée à la
vie du reste do ta Péninsule et en condition d'exercer sur
elle. par l'éclat nouveau de sa civilisation, une influence
notable. C'est alors que la poésie sicilienne fut connue à
Florence où les lettrés semblent avoir été, toujours ou sou-
vent. curieux de poésiedialectale. l)n Florence elle se répan-
dit partout,
Dans cette poésie sicilienne, peut-être y avait-il un peu de
poésie populaire ou paysanne. Mais elle est, pour beaucoup,
la poésie de cour des lettrésattirés par Frédéric JI et les siens.
La poésie sicilienne n'est populaire que parce qu'elle était
dialectale. La poésie toscane n'est pas populaire, parce que
le toscan est devenu langue commune. La première a cultivé
dos genres où le poète de rencontre pouvait aller de pair
avec l'homme de lettres; c'est l'alliance constante du lettré et
du versilkiiteur populaire qui a fait sa prospérité, au lieu qu'à
Florence, l'invention des poètes prenant d'autres chemins,
la poésie populaire finissait par se réduire au bagage tradi-
tionnel.
De la poésie populaire italienne, il nous est permis de
remonter à la poésie populnire en général, en faisant toute-
fois cette réserveque, commel'auteur nous 1p.fait remarquer,
les versificateurs populaires italiens ont affectédes coquette-
ries de lettrés. Ce qui constitue la poésie populaire, c'est la
tradition infidèled'œuvresde poètes qui peuvent avoir été des
littérateurs de métier. Elle nediffère pas de la poésie savante
par ses procédés d'invention, mais par le caractère du milieu
auquel elle s'adresse, par sa reproduction surtout orale, par
la condition même do ses auteurs. M. d'Ancona nous montre
combien peu elle est locale. Kilo l'est moins que la poésie
savante. Les poésies populaires de contrées fort lointaines dit-
fèrent surtout par le tangageet se ressemblent comme se res-
E. nuiiKitisitt.– Annie soclol.,4WKM9MI. 42
tt»
658 l'A.WN'BR 1903-I9Û6
SOMOLOOIQl'B.
nnml.l..n.1
semblent1.IAvA_ .1W.
les sociétés d'artisans f
et de paysans par lesquelles
elles sont faites.
H. H.

P. E. PAVOL1N1.– Cantl popolarl greol. Milan, Païenne,


Naples, R. Saudrou, 19U0,200 p., ia-8°.
L'auteur s'est proposé surtout de nous donner une réédi-
tion des Canli del popologreco, publiés au milieu du dernier
sîôcle par Niccolo Tommaseo. Il les dispose dans uu autre
ordre dont il indique, dans un index, lu concordance avec
l'édition originale et il y fait un certain nombre d'addi-
tions dont l'origine est également indiquée' daus un index
spécial.1..
La collection est répartie entre sept lubriques i° Chantons
des Clephtes, complaintes et élégies populaires sur les héros
de lindépeudauce 2" Chants historiques, dont deux sont
relatifs à la prise de Constantinople; 3° Chanta familiers, qui
comprennent des rimes enfantines, des chansons tradition-
nelles du nouvel au (Saint Basile), du printemps (l'hirondelle),
puis des élégies 4° Chantssur Charon,petits poèmes tradition-
nels très peu variés de type dont le héros est Charon, c'est-à-
dire la mort ou le diable; 8" Hallatks et romances, contes dru.
matiques en vers, parmi lesquels nous retrouvons la fameuse
chanson du pont de l'Arta 6" Chants d'amour, petits poèmes
de quelques vers seulement, court développement
lyrique
d'une seule idée 7° Distiques.
Populaires, ces poèmesle sont parce qu'ils circulent dans le
peuple. Mais ils ne le sont pas au môme titre et ce ue sont pas
choses de même espèce. Seulement, ces espèces diverses con-
courent à former un genre. Les rimes enfantines et les chants
de fêtes ressemblent peu aux complaintes des clephtes. Les
unes sont les œuvres de poètes anonymes, qui sont des voixdu
peuple. Les autres sont comme des gestes traditionnels et par-
ticipent aux caractères du rite et du langage. Entre les deux
il faut placer les ballades et les contes, qui sont hors du
temps
et viennent de partout. Par contre, les quatrains et sixains
amoureux, qui ressemblent fort aux petits poèmes dont traite
le livre de M. d'Ancona, sont plus loiu encore que les com-
plaintes sur le chemin de la poésie consciente. Mais des contes
aux légendes et complaintes héroïques, le passage est insen-
sible l'un verso dans l'autre. Les poètes conscients répètent
ANAI.ÏSES. –
SOCIOf.OCIK KSTHlÎTIyUB 659

I mm tlkanl tatt fliAinna


inconsciemment les thèmes st>* In ê u».ttf
de la traditiont»n et,
«.t ^»i_
pour peu que
leurs œuvres se répètent et que leur répétition se rattache à
uue occasioa, elles prennent à leur tour le caractère
imper-
sonuel et rituel des contes, retraius et dictons.

H. H.

A, CIIMAUZOW. – Qrundbegrlffo der KunstwisBemohaft.


Leipzig, Teubncr, 1905, XI-350 p., m-8°.

C. FUUNËSS JAYNE. String Figures, A study of Ciats Oradle


ln many Lands. New-York Serilmer, 1900(Buimc étude
compn-
tive d'un jeu).

R. l'OECJI. – Beobaohtungen uber Spraohe, Qesàngo undTanze


der Monumbo. Mittticiluntjcn der (mtfiropologisç/teitUowÙgnltufttw
Wien, 1903, p. 23U-237(Danses masquée»; les chants no «ont plus
compris par la tribu où ils sont olmatés).

R. AVKLOT. – La musique ohez les Pahouins, les Ba-Kalai, les


Esblra, leslveïa et les Ba-vili (Congo français). AiUh-o/iotoyh;
190», p. 987-293.

P. KLOSli. – Musik, Tana und Spiel inTogo. Globm, 1900, vol.


LXXXIX, p. 939. p. 10, sq.

il. 1*011ATTA.– Das javanische Drama. MiUlwihingender twthrw


pologixchen Getseltschaftin Wien, IUOC,p. 278-307.

C. 1IUELLKH.– Parodlstisohe Volksreime aus der Oberlausitz.


Zeitscftrift der Venins fiir Vollislnmde, 1905,p. 274-282.

TU. KOC1I. Aûfànge der Kunst im Urwald. Indinnci-Hantl-


zeichnungcn auf seinen Ueison in lirasilien gpsnmmclt. llcrlin,
E. Wnsmuth, 1905, p. 4, in-8".

WILKE. – Beziehongen der west-und mitteldeutsohen zur


donauiandisoben Spiral-Mâanderkeramlk. MîtU'iluugea der
antlu-upoloQWiheuGeaiUsehaftin Wkn, 190$.p. 248-201)(Origine des
ornements spirnloïdes de la ot'-i-amique |)i'i-liistorii|iio).

Ë. U. HA1>1)ON The Dog-Motive in Bornean Art. Journal


o/ the Anthropologie^ imtUute, 1900, XXXV, p. 113-133 (inté-
rcssunlu étude comparée de dessins d'ornementation et de
tatouages, développement de style).
(SOU L'ANNÉE SOCIOLOUIVUK. ittOS-JOOU

II. – TKCIINOL001K
Hismet M«s..
t'ar MM.lii-UEin.

L. WODON. – Sur quelques erreurs de méthode dans


l'étude de l'homme primitif. Instituts Solmij; Trtttttux
île sociologie;Notes et Mémoires, lusc. 4. Bruxelles, Miscli
etThrou, -1908,87 p. in-8°.
L'inslllut Solvay nous donne une critique des idée» de
M. K. Bûcher sur l'économie des primitifs et cette critique
inanqued'équauimité. L'autour prend la peine de nous démon-
trer daus ces courtes pages qu'une image des premières
sociétés faite de traits choisis, pris aux arriérés du monde
moderne, risque d'être inexacte. 11 y Il sans aucun doute
beaucoup de généralisation hâtive chez l'auteur critique
et des lacunes dans ses connaissances ethnographiques
Néanmoins la critique un peu négative de M. Wodou
ne nous empêche pas d'être séduits encore par la thèse,
à laquelle il s'attaque ou dernier lieu, sur la contusion
primitive du travail avec les autres modes d'activité. M.Bûcher
pense que, dans cet état de confusion, le rythme qui est une
des formes de l'activité collective. a été le principe de l'orga-
nisation des techniques économiques. Assurément nous som-
mes loin de nier que l'activité des premières sociétés n'ait eu
aucun caractère pratique, que la nécessité économique pure
n'en ait pas été même souvent le mobile. Mais ce qui nous
importe avant tout, c'est l'aspect que prennent ces mobiles
dans les consciences où ils agissent. L'objet de la sociologie
est-il de constater les nécessités physiques qui s'imposent aux
sociétés humaines ou d'étudier comment celles-ci se sont
adaptées elles-mêmes à ces nécessités physiques? Ces distinc-
tions entre les diverses provinces de l'activité dont M. Bûcher
fait état, nous les retrouvons. nous aussi, ailleurs. Maisil faut
en chercher la raison dans la mentalité des hommes réunis
en société. Une théorie des représentations dans les sociétés
primitives est nécessaire à l'explication des faits de croisement
entre l'esthétique etl'économie. C'est ce qui manque a la thèse
de Bûcher, laissant ouvertes les contradictions qu'on lui
reproche. Mais toutes ces études sont encore incomplètes. On
les commence par où l'on peut. H. H.
ANALÏSKS. – TKCIItiOMXUK 001

M. SCHMIDT. Indianerstudien in ZentralbraslHen


Brlebnlsse und etlwologlsoheBrgebnlasoeinerReise
ln den Jabren 1900 bis 1901. Berlin, Heimer, IWB, XIV-
4SGp. iu-S».

Les observations de M. Sehinidt ont porté d'une part sur


les Gutito, qui habitent la région marécageuse du haut Fara-
guîiy et d'nutro part sur les tribus riveraines des sources du
Schingu (principalement les Bakiuri), que K. voit den Stei-
uen nous a déjà fait connaître. Cette double monographie
iutoresse surtout la technologie. L'auteur consacre en parti-
culier nue étude approfondie au tressage dont il classe métho-
diquement les divers types'p. âll.sqq. p. 330, sq.) Il s'efforce
en outrede prouver flue les motitadécoralifs qui se retrouvent,
peints ou gravés, sur de nombreux objets (masques, plat»,
gourdes, etc.) dans la région des sources du Schingu dérivent
des figures produites nécessairement par le fait même du
tressage (p 372 sqq. p. 410) la démonstration bien conduite
et appuyée d'excellentes illustrations parait concluante. Nous
aurions donc ici un nouvel exemple d'un phénomène fort
général et important l'ornement géométrique répète, en la
modifiant, une forme qu'uneaclivité toute pratique a produite,
et qui n'avait d'abord aucun caractère esthétique. Ces motifs
géométriques sont d'ailleurs désignés par des termes concrets,
(par ex. memclui – poisson) et sout parfois modifiés de ma-
nière à représenter couveulionuellemeutdes objets naturels
(p. 38i, sq).
Ou trouvera aussi dans cet ouvrage plusieurs vocabulaires
(ch. IV et XVHl), ainsi que des renseignements sur l'organi-
sation sociale et le droit (eu. XIII et XVII), et sur le régime
économique (p. 201, 310 p. 425 sq.) le défrichement d'une
nouvelle partie de la forêt se fait par le travail commun de
tous les jeunes hommes du village et donne lieu à une fête;
(cf p. 420 sq. le texte d'un chant que les travailleurs chantent
lorsqu'ils quittent le village et lorsqu'ils y retournent).

N.-VV.THOMAS. – Australian oanoes and Rafts. Journal


oftheAnlhropolatjiatl Imtilute, 1905,XXXV, p. 56-7».
Cette courte monographie est un véritable modèle de cou-
science littéraire, d'érudition, d'exactitude ethnographique.
002 l'ASNKËSOCIOLOÛIQUK.
iitOi-lDIJO

Elle n'est mêmepas saimrésultats importants pour lu socio-


logie générale des Australiens, si à la mode aujourd'hui, ollo
servira à fixer les aires des deux ou trois types de civilisation
entre lesquelles la science a (ira probablement ù répartir les
diverse» tribus. On trouveraip. 7») une carte technologique
très claire clos types deetinuls. Ces types, Lieu établis sont les
suivants 1»d'ùcorce«,/d'unepièce, //)de pièces cousues 2° de
bois creusés;3° à balaueler«/.simple, b) double 'Aies radeaux,
allant de la forme simple do la pièce du bois Ilottant au
radeau composite jflg. 2,3, 5, G, 7). De ces instruments ceux
a balanciers sont évidemment d'origine Xéo-guiuéeuiie, Mé-
lanésienne, leur extension géographique le prouve, comme
leur forme. Les autres sont indigènes sans aucundoute, et Pou
remarquera la netteté des frontièresd'usage ducanot d'écorce,
et la façon dont, uue lois de plusse singularisent les popula-
tions du S.-E. Australien.
Il y a d'intéressantes remarques sur,les cas d'oubli des pro-
cédésîle navigation p il mais toutes les conclusions ue nous
sembU'ut pas aussi impeccables que la description des laits.
M. M.

W. liOGOKAS. – The Chukchee..Mnterial Culture. Jesup Nortli


J'.uific Kxpwliliou..Uruen'i-*
uf ihc AméricainMm-mo/»• Xattunl
HMonj. lyOû,l.ciden, Urill,iu-4".
K. IIAIIN.– Das Alter der wirtschaftHcUon Kultur. Hcidflhory.
WintiT. lOO'i,in-8.
.1. l'AiiML.– Grundriss eines Systems dor ModizinichenKul-
turgeschisohto. Kuilin,Kiu^cr,lyuii, Urf p., iu8";Un considêiv
t'hi~uit-t;de
l'histuiit; detala)t<LfJcc)f)f
im/dwiiie
(-.ttmue
cuimno
indi~ojubtctueot
indissolubloiiifiitltiucu
iùc ù eciic
colle de
de
la civilisation ainsi soeinluL'iijiie
ijiiojujssîbli-1.
M. lU.'Oli.NKH.– Das Buraerangwerfen. (ilnbu*,100"),v.>|.
t. xxxvni,p. ;t--4i, p. ut-oo.
E.OKAKHNKK. – Einigo Spoorformen dos Bismarck Archipels.
tilolitus,1U0S,vol. LXXXVIII,
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Gewinnung und die Zuberoitung der Nah-
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LXXXVHI.p.M0-U8.
ASALÏSKS. LE LANGAliR 003

I. DECOUSE. La Chasse et l'Agrioulture ohez les


populations
du Soudan. l'Anthropologie, 1905, XVIp. 480-473
(ttcaucoup de
généralités).
A. KHÀMKU. – Der Haus- auf Bootbau und den MarshaJlinseln
illtiWtltmak-lnsetn). Arc/iiv fiir Anthropologie. N. F. III, 19UB,
ji. 289-309.
J. KKINOL Dloletzten Spuren urâltestea Ackerbaues in Bûd-
bayern. f.'tofaw, 1900,1.XXXIX.p. 189,sqq.
J. IIOOI'S. WaldbaOmeundKulturpflauzenlmOermaiilschen
Altertum. Slrattliouif, Truluior, 1903, xvi-080, in-S».
li. JIKRINUKlt. – Zu ï|jaçï und sur Qesohiohte des
Wagons.
Zeitschr. f. vtrQl. Sprachfoisch, 1004, XI., p. 217-234. SCHK.NKEL
ibitt, p. 234-2W.

1. TErTSrif cl K. l'Iris. – Etimographteche


MlttheUungen
aus den Komitaton Kronstadt und Fogaras in
Siebenbttrgen.
Milthrilungeu <leranlliropologisclien(iestllsehaft in Wien, 1908, p. 133
IS4 {l'opiilulinn roumninc; mobilirret insIrumciitR; poteries («*-
liistoriqiifK cl iltk'urution moderne).
S. WKISSKMiKlKi.– Speise undGebaekbei den Sadrusssichen
Juden in ethnologischer Beziehung, Globus, 1900, LXXXIX,
p. ;:i-:jo.

III. LKLANOAOK
l'ur M.A..Meiukt

Fh. Nk;k. F1NCK. – Die Aufgabe und Gllederung der


Sprachwissenschaft. Halloa. d. S.,li)05, VllI-oop. in-8°.

Parler est l'acte d'uu grouped'individus; et cet acte procède


de l'esprit de ces individus; il ne faut donc pas étudier los
langues comme des choses, mais commedes actes qui tradui-
sont l'esprit des peuples; la psychologie moderne qui no re-
connaît aucune réalité aux représentations montre que c'est
une illusion de traiter les langues comme des réalités. Sans
contester en un certain sens la légilimitéde la grammaire des-
criptive et de la grammaire historique, M. Finck leur dénie
donc une valeur scientifique véritable; la classification généa-
logiquedes langues ù laquelle conduitla grammairehistorique
n'a pas de valeur profonde, et il faut la remplacer par une
604 l/ANNliK JSMM909
SOCIuUHilOUK.
classification fondée sur la manière dont les langues expri-
ment les rapports entre les choses
Tel est, semble-t-il, l'essentiel des idées de M. Finck; c'est,
ou le voit, une critique de toute la linguistique actuelle,
aussi mesurée dans lit forme que radicalement négative dans
le fond. II est permis de ne pas souscrire à cette négation.
Tout d'abord, une langue est évidemment une réalité; le lin-
guiste n'a pas à se soucier de la nature des réalités psychiques
il constate que certains sujets ont ta capacité d'émetlre cer-
tains sons associés certains objets, etde comprendre des sons
jiireils émis par d'autres et associés aux mêmes objets; il ne
lui faut pas plus pour affirmer que les ceu très nerveuxde ces
sujets présentent des particularités déllnies; c'est affaire aux
psychologues de déterminer la uature de ces particularités; tes
sous émiset entendus sont le seul objet de l'étude du linguiste,
qui se borne it déterminer les relations de coexistence et de
succession entre ces phénomènes. Et il s'agit là de réalités
sociales, puisque les individus d'un même groupe doivent
parler d'une même manière pour être compris, que le sys-
tème linguistique leur est imposé par ta communauté et
qu'aucun sujet u'a le droit ni le moyen de lo modifierarbitrai-
rement. Dire que l'on ne peut expliquer une lsusgueque par
l'esprit du peuple qui la parle, c'est se payer de mots car
cet esprit ne peut être saisi que dans lu langue môme et dans
les autres institutions du peuple étudié; ceci revient donc à
dire qu'il faudrait étudier les rapports entre la langue et les
autres iustitutiousdu peuple; assurément, il serait précieux de
marquer des rapports définis de ce genre, et M. Finck rendrait
uu grand service en montrant de pareils faits mais tant
qu'il ne donnera pas d'exemples précis, il sera malaisé et
savoir même ce qu'il entend par là. Enfin, s'il est vrai que les
langues expriment de manières très diverses les rapportsentre
les choses, suit-il de là que les hommes qui parlent ces langues
conçoivent pour cela les chosesde manière très différente? Le
latin dit Pétri liber, le français,litre de Pierre ce sont là deux
groupements diflêrenU; y a-t-il deux manières dillérontos
de concevoir les rapports d'appartenance en latin et en fran-
çais ? Un classement des langues au point de vue où se place
M. Finck aurait un intérêt linguistique; il est permis de se
demander si la psychologie des peuples en tirerait de grandes
lumières.
A. M.
ANALYSKS.– |,B tANOAOK QQg

W. IIORN. – UnterouGlrongen zur neuengllsohen Laut-


gesohtehte, Strasbourg, 1905, p. I0S iu-8' (vol. 98 des
Queltenund Fovscltunyen).
Toutes les langues communes supposent l'apprentissage
d'un dialecte plus ou moins déliai par des individus
ayant
des parlers divers; il y a donc action de ces parlers sur la
langue commune et de lia langue commune sur ces pariers;
et c'est un des principaux problèmes posés à l'étude des
langues modernes que de mesurer l'étendue de ces influences
respectives, et d'en rendre compte. Il y u des laugues qui
reposent essentiellement sur un dialecte dominant,et dans la
constitution desquelles l'inlluence des pariers locaux est rela-
tivement minime: le français, qui est la langue de Paris, est
du uoinbre.il y eu a d'autres où de fortes influences de dia-
lectes divers apparaissent dès le début; c'est le casde l'anglais,
et ceci tient à des raisons'qu'on aperçoit aisément, au moins
en partie d'abord Londres, où s'est formé l'anglais commuu,
setrouve presque au poiut de rencontre de plusieurs dialectes
et, eu secoud lieu, la population de Londres a grandi très
brusquement au moment même où s'est constitué l'anglais
commun la langue s'est donc fixéeà un moment où liaville
présentait des prononciations variées, celle des anciens nabi •
tants, d'une part, celles des immigrés de province de l'autre
M. Horn moteu évidence ces influencesdialectales; et l'un des
principaux objets de sou ouvrage est de montrer combien,
au xvii°siècle, les prononciations de l'anglais commuu étaiou t
diverses et dialectales. L'anglais moderne porte encore très
largement la trace de cette variété.
Mais cette émigraliou de la province à Loudreset l'impor-
tance prisoparla capitale ont eu pour conséquenceune grande
extension de la laugue commune; M. Horu remarque que les
éléments de lu population qui sont ailleurs le plus conserva-
teurs, à savoirles cultivateurs ruraux, tendent à perdre toute
importance en beaucoup de régions; le patois est donc tout
pénétré de tangue littéraire, ce n'est souvent que de l'anglais
littéraire patoisé, et ceci se traduit par un grand nombre de
formes mal patoisées; voici l'exemple que donne d'abord
M. Horn l'anglais liglit, prouoncé laitd dans la langue com-
mune, est encore li/J daus le patois du Nord; dès lors sur tel
autre mot oa l'on a la mémo diphtongue ai de tout autre ori-
066 L'AN'XIJB tOQS-1900
SOCtOtOGIOUK.

gine on fait i/ soit dilixfdetlitait, où bien l'on complique les


deux procédés, et l'on fait lai/t de light. M. Hom relève une
foule de faits de ce genre et en conclut que l'influence de la
langue littéraire sur les patois anglais a été immense.
Enfin, dans une troisième partie, fauteur met en évidence
l'influence delà graphie sur la pronouciation. Cette influence
est sensible, mais bien moins qu'elle ne l'est en allemand par
exemple, prouve d'une action moindre de l'école et des textes
imprimés.
Les trois parties de l'étude de M. Horu montrent donc éga-
lement l'action d'influences sociales sur lu formation de l'an-
glais. Ona critiqué divers détails de l'ouvrage; mais. dausl'en-
semble, les conclusions semblent justes, et peu des travaux
indiquent mieux commentles conditions sociales déterminent
le développement des langues modernes.
X. M.

W.SCHULZK.Zur Gesehichte lateinischer Bigenna-


men. Berlin, l'JOi,p. U-Î7in-t* (M>lmndtumjmtl. lion, (lesdt-
«•Aii/fi/wWisxewithaftenzu (iOttinf/vn,pbil., liist. CI., N.-P..
V, 5).

Malgré sou étendue, cet ouvrage du savant linguiste do


Berlin ne touche qu'à uue partie de la question des noms pro-
pres des personnes eu latin et n'eu traite que certains chapi-
tres mais il 1nstraite à fond, et il repose sur une étude toits-
plète (le tous les faits épigraphiques; ce n'est pas une série
de suggestions étymologiques lancées au hasard M. Schulze
s'efforce de déterminer des types généraux, et c'est ce qui
donne à son livre – du reste plein de remarques curieuses
– une valeur
scientifique durable et qui le destine à demeu-
rer pour longtemps lu base des études sur la question, et en
fait uu modèle pour toutes les recherches de ce genre.
Ceux qui étudieut l'organisation de la famille ù Homene
pourront ignorer les faits consignés dans ce livre, et notam-
ment sur l'emploi des nominn de fimeitomina (qui ont été
les vrais noms à date aucienne) et des coijnomina. Au point de
vue linguistique pur, auquel il est tait, c'est un recueil iné-
puisable d'observations sur la formation des noms propres
latins. Si on le signale ici, c'est a un autre point de vue,
celui de la composition des groupes d'hommes qui par-
laient le latin. M. Schulze montre en effet que les noms oui
– l,g lANOAOE
ANALYSES. 067
été forméssuivantdosmodèles
vant desmodèles diversdanslesdiverses
divers dansles dtwamesrestons
régions
de l'empire où le latin s'est répandu, et que ces modèles
dépendent en quelque mesure de ta langueindigèneque te
latin a supplantée.Laplusgrandepartiede l'ouvrageest con.
sacrée à la déterminationde l'élément étrusquedans l'ono-
mastique romaine, et il apparat! que des centainesde noms
romains sont d'origine étrusque, que plusieurs types très
importants do nomspropres sontdes typesétrusques il y a
donc, dans les populationsdo languelatine, unélémentétrus
que très considérable et cet élément s'étendbeaucoupplus
loin qu'on ne serait porté à le croireau premierabord;ou a
trouvérécemmenta Napleune série d'inscriptionsfunéraires
en grec oi'il'on voitunétrange mélangede nomsosques,grecs
et étrusques(v. l'ouvragede M, Scliulze,p. 02).La variété
d'originedes sujetsparlantlatin explique l'aspecttout parti-
culierdela langue latineet la rapiditéduchangement linguis-
tique en latin. Le livrede M. Schulzo,précieuxà tantd'autres
égards, a le grand mérite de faire toucherdu doigtla com-
plexité des populationsde languelatine.
A. M.

EDGAR (Nicolas). – Les expressions figurées d'origine


cynégétique en français, Upsala, 1ÎI00(Thèse de doc-
torat), 1 broch., 92 p. gr. iu-8".
Chaque groupe social est caractérisé par un vocabulaire
propre, auquel il arrive pourtant que ta langue générale fasse
des emprunts. M. Nicolinétudie ici la catégorie des emprunts
faits par lu langue générale au vocabulaire des chasseurs
l'emprunt a déterminé le passage au « seus figuré».
Malheureusement, on ne peut pas trouver que l'auteur ait
tiré du sujet toutes les contributions qu'il pouvait apporter à
la sémautiquo générale, et spécialement il la construction
d'une sémantique sociologiquc. Il remarque sans doute, avec
raison, que l'emploi figuré des expressions cynégétiques n'a
pas une source littéraire ou savante, mais s'est produit dans
la langue courante des groupes qui emploient ces expres-
sions. Il suffit de jeter un coup d'reil sur ses listes d'exemples
pour s'en convaincre, car ils sont tirés surtout de lettres, de
mémoires, de-récits familier». Mais, il restait une foule de
distinctions à faire, que l'auteur néglige. Onest frappé de voir
que les mémoires de Saint-Simon, le llaron île Fœnnte
OOEI t.'AN~e $OCMt<UMQt;N iMtt'i90C

d., .Wr..ie_e t~– ~t– -t- f~


de d'Aubigné et beaucoup d'œuvres classiques out fourni des
citations à l'auteur. Ceci prouve que les « métaphores »
cynégétiques étaient caractéristiques. de ta langue des cercles
aristocratiques; et nos écrivains classiques, qui frayaient
avec eux, les leur ont empruntées. Ont-elles été répandues
dans les classes intérieures? C'estau moins douteux pour une
partie de ces expressions. La transformation du sens de
meute, ameuter, par l'emploi méprisnut qu'il indique, n'a pu
se faire que dans des cercles aristocratiques. La chasse a
courre, plaisir seigneurial, n'a pu fournir do métaphores qu'à
la langue des seigneurs. Si la volerie a été daus le haut
moyen âge permise au peuple, ello est devenue ensuite uu
privilège féodal, et il est difficile de croire que les termes de
de son vocabulaire soient restés, même au sens figuré, dans la
langue du peuple après la disparition de la chasse elle-
même. fi faudrait, pour savoir si les termes de chasse ont
pénétré la langue des classes moyennes ià défaut du peuple),
étudier les textes de source populaire, surtout les lettres
écrites par des petits bourgeois ou des gens des basses
classes.
D'autre part, il serait intéressaut de suivre au xix*siècle
l'évolution des expressions cynégétiques figurées, et leur fré-
quence dans la langue générale. D'un côté, en effet, la chasse
s'est répandue daus toutes les classes, surtout la chasse eu
plaine, et sa diffusion à dû contribuer à généraliser les méta-
phores cynégétiques; de l'autre de nouveaux sports (courses
de chevaux, etc.), ont supplanté dans la viedes cercles aris-
tocratiques la chasse à courre, et les expressions figurées
tirées de ces sports ont dû, dans la concurrence, lutter avec
succès contre les expressions tirées du vocabulaire do lit
chasse. C'est évidemment dans ce sens que devrait être
orientée une étude vraiment féconde de la langue des chas-
seurs et de sou influence sur la langue générale.
J. PnlHOT.

A. MEILLET. – L'état actuel des études de linguistique


générale (Leçon d'ouverture du cours de grammaire com-
parée au Collège de France). Reçue des idées, IU06, p. 290-
308.
Le développement des études de linguistique a mène à poser
le problème des causes du changement, et ces causes ne
AmVSKS. – LK UIHUIW 009

pourront être PAAniinilntt


reconnuesnna que nni* l'examen Aaa
par l'nvaman des /tnnAliinna
conditions
socialesdans lesquellesse trouventles languesétudiées.

A. MEILLET.– Quelques hypothéses sur des Interdlo-


tlons de vocabulaire dans les langues indo-euro*
péennes; 19 p. (nondans le commerce mariageJ. Ven-
(Iryes).
L'absencedu nomindo-européende l'oursdans une partie
du domaineindo-européens'expliquesansdoute par l'inter-
diction de prououcerlenom de l'ourseu certainescircons-
tances.Autres exemplesanalogues.

A.VANGËNNKl'. Sur l'origine dea runes. Hevuede»tradition*


populaires,1900,p. 73-7»(l'olygénèse des alphabets européens.
Les signes alphabétiquesdérivent des marquesde propriété).
TABLE DES MATIÈRES

PHKMltiKK PARTIE
MÉMOIRES ORIGINAUX

I. – Ma&eet droit individuel, par M. Huvblin 1


II. – Contribution Atrne étude oui, In représentation collective
de la mort, par M. 1t. Ukhtz W
III. – Note sur le droit et la caste en Inde, par M. Bouolk 138

DEUXIÈME PARTIE
ANALYSES
PKEM1ÉHKSECTION. – Sociologie générale.
I. COMBITION IIKNÉUALKDELASOCIOUlfllK. MKTIIODOLOGIK.
l'ar MM.
Biasuim,DmiïHriu,
Ai-uia,llutul, Hulktioj.
Waxwbh.su. – Esquisse d'une sociologie 10»
Jakkklrvitcii. – Nature et sooiété 471
Spbanuer. – Die Qrundlagen der GesehiobtswisBensohaft 173
Navilm!. – La sociologie abstraite et ses division» 176
Renie br sïntbèsk iiistobkji'r I7<i
Erhabdt. – Ueber bistorisohes Erkennen 170
Paoano. – L'oggetto e le leggi della sooiologia 170
Notices iso
II. – TKAITÉS GÉNÉRAUX
l'orM.Uiit-cLC.
– Abris»der Soziologio iwt
8CIIAKFKI.K.
Vox M.vvii. – Begriffund GUederung der Staauwisseiischalten 183
Blaceiiar. – The Eléments of Sooiology18*
Noticrs 186
III. QUESTIONS tiÉNÉHUKS IHVKIISKS
ParUll. Ltnc.FAcr.usssr,
Boiuit,l'Alwci,
Ilounilcg.
Pbtrucci. – Originepolyphylétiquo. homotypie et non-oompara-
biUtè directe de* sociétés animales 18tt
SOCIOLOUICALPAPEU8 188
Khaus». – Der Voelkertod H 190
07* TABLE DES MATIKRKS
A.JÈ
m. 4ht a^ife k –
Heiuv. Dio Physiologie wuorer Weltgenohlohta «ut
IsfiitAM.– The final Transition 191
Nu«x Ctn'M. – Sooioiogyand Social Progrès» ivt
ïiionsui. – Der Eituelne und die Oesellsohaft 192
R«\TKÎVTKII.NATIOSUBDB SOCIOLOUIg 193
Hosuxo. L'origine sooiale délia oosoiensa m
Notices j94
IV. ['.SYl'.Hol.OWli DES(illOl't'KS
l'ar II.M.I'amvi,Audi»,U<ih.iC.
t.
Srii.uicn.– ta pïlcologia oollettiva {94
I. \cumm. La psychologiede»individus et de» société»chos Tatne,
hi»torien des littératures 195
tiiHun – Philosophie der Mode 197
Notices ^7
V. ÉTIIOI.OOIKCOI.I.KtTIVi:.
KM» DECIVILISATION
t'ar MM.lî.ivi.itet K»UuNxtT.
HiiiBAi:. Le Paysan des Fjord» de Norvège isx
(Jww. – Der doutsche Volks-und StammMChaneter ?0
Ukuiolt. Weltgesohiohte t V. Sudosteùropa und Osteuropa.. 201
BAxMiHi. Das russiBoheVolk in soinen Sprichwartern. 201
Hbinsh. The Negro Raoeand Enropean Civilisation. 208
Kotim 202
VI. U «LKSTIOX
DELAKAC8
Car M. Ciuii.i.<£.

lloi-z£.– L'Aryen et l'AntliroposccioIogie • mt

DEUXIÈMESECTION. Sociologie fle%euse.


I. IMIILOSOI'JIIKKKI.Inii:i:.SK,
CONClilTIOXii(ifiSÉKALKS
l'ar MM.
IIiuhitcI M«<«-.
Crawley. – The Tree of Life joi
j. BovdKixvkah.– The Foundations ol Religion 210
Wisnt. VoBlkarpsyehologia. II. Mythus und Religion 210
Rsinacu. Cultes. Mythes et Religions l. Il un
SiiiMEL.-Acontribution to tbe Sooiologyof Religion. 219
Jkvoss. Religion in Evolution nu
Obiilï». – Die religiœse Bewegungin Wales m
Notices jg*
Il. .<ySTȻKSHKI.K.IELX
.1. – Ueliyivm des sociétés inférieure».
1-ar M. Mai»».

Fu ueh. The Beginniagsoi Religionand Totemism


amoogthe Aue-
tralian Aiorigines ii3
Vax Gesmei-. Mythes et Légendes d'AMtra!ie. 33a
Tiioii.vs. The religions Idea» 0! the Arnnta 229
LangluiiParker. The Enahlayi Trih« 230
TAIILKUKSUATIKHKS 073
I»iia7t.– Two years amonj New ChiinetnGannibsls
«a
KTB»sitt«nri. Die Religionder Giliaken m»
• ïo"- Report on the Ethnology of ttta Statlomh ot British.
Columbia m
Willoiohuï. Notes on the Totemism et the Becwana. m
Tuudvvkt Juïce. «. Noteson the Bthnegrapby of the Ba-Mbala
«39
Lirai». Notes sur les Manoagnet ou Brames m
Huiimkh.– im I.indedesFeUsohe«
m
l-'NiîTnK I.uosqwiêiie.- Ethnographie du TonWoseptentrional »l
Ci BoNirur. – Monographiedes Hani Caolan jja
– Monographie cet Mana Quau-trang «3
– Monographie des Mans Cham on Lam-dien m
Skb*t ht BuaoRN, Pagan Raoes et the
Malay Péninsule.. 24$
Jsx«s. – The Bontoo Igorat
86,
Itou. – Negritos ot tambales 4511
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B. – tifliyioHHNationales.
Pu 1t.lt«»«.
KsiitN.– Die aeyyptlBoheKeligion
Uvi. Le Népal JT!
BourrK. Marrakech
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II. IMiQÙmsuuivermlhlea.
('M». lit Kll.lO.
KiEisou l|i-u.. – Early Christian Ireland ta
Notiiir» m
III. SYSTfolES
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IIBSCROUPESSECO.\l>A|ltES.
I.KSSECTES.
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Par H.Halm.
Die
im Seiralter Jesn religtasen Be wegungeninnerhalb
des Judentums
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IV. CUI.TKS SPÉCIAUX


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I'iimbb. Adonis, Attis, Osiri* «0
N»"ce* m
V. CROVANUKâ hT PBATIUI'KS DITESPOPI'UIIIKS
l'«r M.lluaiit,.
8ki«i.i.ot. Le Folk-lorede Franae t. Il
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M<mcM 8ïs
VI. U MACIK
ParJIH.HuscRr,
U»i«set Ku«.o.«i.
Mies». – L'origine des pouvoirs magiques dans les sociétés ans-
traliennes g»
WiKOMAs». Magie und Zaoberei im alten Aeoypten «9

H Dcniiimm. Année socio)., I»05-IWO. 43
0;^ ÏAHLKPK$MATIKIIBS
Sghamjiî. Bijdrage tot de Henni» van des God«dienst der Dajak»
879
van tondait en T»jan
LynxTiioiimiikk, The Place ol Ma'jic in tl»e iatelleotual history ïï9
oIEurop»
XoTicn • • ÎS0
vn. cwitanck* i-rr iiitks owcrunant i.ks «»*to
" TafJl. IkiitiiT.
I»pn«. taoroyanoe Ala vie tuture et ta culte des mort» dan*
raatiquitô israélite
8St
ti>TICRS
VIII. - LEtUTl'KI.
– Lfeatefulritv religieux ellet flfle*. •
l'or H.«««.
AnxHoui- – 8abbat and Woohe M3
\Vestehm\rck. – Midsummer Customa in Morooco 2SU
Noticbb 2«'J

B. –CMitumiet complèteset liites manuels


VitSIM.IIcuibicl Mal.
Ca-Axu kt llK-fBï. L'Agnistoma • • &d
21»
I
Mommbht.– Mensohenoplerbei den alten Hebraoro
Cosybkuiiî.– Htttt«l9 *rm»norum 292
Noticb» ï1-»
C. – Mécanismes
rituels tlivers.
"tir MSI.Mm– cl lié Ksi M.n:r..
Votii. – Hopi Proper Nanws *"l
– oraibl Natal Caatoim and Cérémonies 291
– Die Taate im Brchristentum
Rkndtohi'i». 29'»
Notice» • • • 2!>7
1). – Rites oraux.
*'•«*
VosoïiiGotn. – TiichgebeteundAbendinahlsgebete
Noticbs 3UU
E. “ Objets et lieux de cultes.
far a. J1av«s.
Niswex. – OrienUUon 30(»
KowEBo. Dober oie Bahosder Hopi SOI
Noms» 3U|
*' IX. RB'HKSKST.VrKWS KKI.IO1KUSHS
A. – lieprésenlutionsitli'jieunes iVélrexel de phénomène»naturels.
l'*r MU.Htmiucl Mac»».
Hramr. Etude sommairede la représentation du Tempsdans la
302
Religion et dans la Magie S05
Dsknctt. -AttbeBaokolthe Black Mans Mind
GwAH-Notice eipUoatWedelExpoBitlondBthnographiereUgieuse. 312
tkblb »tt* uxnium
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«««C.IICB. Die Siebi»» imd Nemumhtim Kultut der Orleahen
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PEIIII.IN\), Unohapltre d'al'rologle ArabloO-1I81gaobe,
S.laToltl. Vogelweide, 31/1
NoTICB» 31a 315
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I». – Heiiriaentutiumitesêirea spirituels.


Vu il. JUeu.

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I. JlhTUOOOI.Oi.lK
l'ar 1UI.UtiuiHiia
et ïxu^\xM.
KonuiB. – Les Eléments
sooiologiquesde la morale.. ri*
Bl.»t.Bh quête d'une morale positive •( v "i
070 TAULK DUS UATlËIISi

Undhv. – Principes de morale rationnelle 35i


Muhsuikua. – Die neuen Hethoden der ethnolofllBchenJurlgpru-
dans 3R9
KottuKt 871
1

II. I.KIHtOITBTI.AJIUltAI.K K.NOHNÉHAL


Par MU.HotHiii:AiMut,I'aiuiui,Limk.FArLusstr,
l)iitMi>m.

BunouEnEMKH. –Systemder Rechts-undWirtsehafts-philosophie.III.


Band 371
Uiermnu. – Juristiscbe Prinsipienlehre 3Ht

02i.a GmssKiiiK. Les principes sooiologiques du droit oivil. :i*i
Huxciii. Le Aggregasioni umaae e il feoomeno giuridioo ti
»7fi
Mickli. – La Norma giurldioa 377
I'iiui.h. – L» realta sociale e il problema etioo 3"u
WissTisimAncK. – The inHaence ol magie on sooial relatlonsbips.. 380^
Micki.i.– It diritto quale f enomenodi oredensa oollettiva 381
Colo«\. Lefonti del diritto e laorodenta 381
DnrRt. Ii diritto greoo elassioe e la soeiologia W
Hiciiaiib.– Les lois de la solidarité morale 382

III. SUKL'ÉVOLUTION«K^KHALK DU II)KKJ


MOUAI.KS
l'ar M.UtiikHim.
WR«TBtwAtkCK.
– The orijln and development «I the moral ideas
VOl.I 383.-

IV. ETMORAUX
liVSTkJll«JURIDIQUES
CarM.Uciikheim.
Mever. – WirUehaft und Recht der Herero 39$
Ihle. – Oie Herero :i»5
Kouler. Ueber des Reobt der Herero. 398
– – ZumHeehte der Papuas 398
Fak)fx(l. – La morale obinoise 39»
Notice» 399

V. ORGANISATION SOCIAUi
l'ar N. Dimmu».

L\x«. – The «eoret ot thé Totem 400


Heruant. – Evolution économique et sociale de certaines peu-
plades de l'Amérique du Nord «ou
Swantok. – The Development ot the Clan System and o! Seoret
Eooietiesamong the N.-W. Tribes 409
Notcb • *1»

VI. 1/OHGANfSATIONPOLITIQUB
P
l'ar MM.UvnuiiK, AtKo.ixEt
et Bouciè.

Fn.«6B.– Lectures on the earlj history ol tha Xingship 4Mi


Albbecht.– Ornndriss des osmanisohen Staatsreobts 410
Vniita.– De l'esprit do gouvernement démocratique 417
Norias **°
TXUt.KUU UATIKIIK> t)T7

VU I.OKfiAXIÏATJON IHUHWIÏQOK
l'ar SI. Iktuuwm,
A. – i.a fnmillr.
Muoiie. – Malabar Uw and oustom i»0
D'Amoii ne Jv«.uxni.LE. – L» lamille oeltiqu» 4*4
Knumt. -Bh«-unïFamlUenr«ob.td9rHebraer
«J
J-KciiuvuK Cran di doctorat sur l'histoire
matrimoniale Iran-
?•»•• 1<9
D« IjAwviiw. Bas pactes successoraux dan* lanolen droit tràn'.
••«. ^j*|
«i-wox. La succession des bâtards
dans lanoienne Bourgojiie 43s
l'(oTII:1\1 liC
B. – l.t mariât)!.
IIhyuk. Uarriage and divoroe
Ilot. ^v
l'évolution du divorce. '• 4M
J\J.iI,L.IIIII. Etudo aur 10 droit dea g
tuutes da Berry .mari6a d'apr~s 10. ooa.
yfg
Kra • • • 2
C – lu moral?xe.i nette.
l'ar U.H.t«.
Khu-ss. – SûdslavUoho
Volkgûberliafsrungen. j»
Not'^ iw

VIII. |.K OltUirIIKl'IHII'KIÉTÉ


l'ar U.K.I.im.
M\««;tïtiï. -Le droit de propriété «t !e
régime démocratique. «- '
Coxti. – L» proprieta lundiaria net paisato e nel
prasente 415
l»rre.:ia:i. fn orijinas naturella» do la propriété tm
NoriùKs *li ,,
IX. IIKUITDKSOltLKiATIOXS.
IlilOITCONTIIAcrra
l'ar 31.Urveits.
Bbini. – L'obbUgatione nel diritto romano
mi
Mauamlla. – L'origine del prestito nel diritto iodiano us
Lagonealogiadel prestito noir antioo diritto indiïns. m
Sw-ouop».– BaitraioeMirgrieohisohen R lohUgesohiohte 451
Schauu. Der Kampfgegen den Zinswuoher,eto
43s
Balviuli. La dottrina dell1usnra seoondoi oanooùti, eto «3
Sculi»ssu\xx. – Praesoriptionej und
praescripta verba jui
Notices • • 46.i
X. I.KItHOIT l'liNAI.
l'ar 31.rAi:i:ii\\t:t.

\xi\. L'Vmanesirao nel Diritto pentle ma


Makabbwicz.– Eintiihrung fn die Philoiophie dea Strafraohu, été 469
Oto-ra. Etudes sooiales et juridiques «sur
l'antiquité graoyte. 4T3
078 T.VI1LK
UK*MAT1KIIKS
1
UtNHisLsmw.– Die Strate im palttiioh-aoMatischeiiReohte im 12.
nnd 13. J ahrhundert 478
Koiiun. – Das ehineusche StralgesetBbuoh 47V
Novice* 180
XI. 1.VttKSI'UJiSAWMTfi
CMJHNKI.I.K
Tir M.Kaiuism.i1.
Muictta. – Crjminsl RoiponiibUlty MO
Ai.iiiK.n. Note poUoiiohe iatorno alla teoria dell' iwputabllita 482
Mnittnu:. – L* responsabilité. m
VII.- MtlIUU:KTllttOIT INTHUXATIom
CarMM.Bul.iCet Fahwvh-.
I.m: iKrri;. – Le r4!e delà guerre 485
Siuutf el Am*.– The Aliéna Aot and tbe riglitof asylum 4H7
IIkllwiu. – Nachtraga sum A»ylrecht in Oteanien 4S7

gL'ATUIÈMMSUCTIO.V.–Sooio'om criminel et statistique morale.


i fil mieilei l'èijlmi juridique»el umraln ciitsitlerées
dans leur f<jiiclivnnei>n'nh.
I. K.\rJTI-LHS SUCIAI'X M.I.AHIUMINAI.ITK
HtaWvoiiumiijiie, confessionrrtiyieiiseK
l'ar MU.II.U-H»
jicii- vtUiiuiimii
– Criminalité et conditions économiques 4(iu
Don-ukii.
Bi.ir. – Oi« Kriaiinalitat der deutschen Juden VJi
Notice 49:1
ii. i.achi.minai.itksuivant i.wk kt i.e sexk
CarM.(i. Iticimti'.
Wci-m.s. – Oie Kriminalitœt der Jugendliohen 4W
«iiu.vieii. – La femme criminelle 49U
XoTii.it 497
III. lili iJl'HI.ijLKS
FHKUK.S l'ARTlCLLItltl.S UKClUMINAUTK
l'arM.ri. It11.11.t1ti'.
Ucusui»'. iik yriuos. – Crintloologia de los delitos de sangre on
B*p3m W7
Stxuk. – Dorpolitwcne Verlireoher und seine Gefaengnisbatt 498
Nuiicks 499
iv. i.k snciiiK
far 1151. lli'n«Hnit et lljtiimtuii».

Kiiuse. – Der 8elb*tmord im 19. Jahrhundert 49»


IIom. Der Selbstmord als »ozialstati*UgeheErsoheinung. SOI
Novn:>: 5J4
V. I.KSYSTKBE l'fcflTBNTIAIIIB
l'or U.U.Rica«nu.
UiKiisitniTBEii.
– JugendlOréorge und Strafreoht in den Tereinigten
Staaton von Amerika 501
TAUI.KI>KSMATIÈRK» <J10

CINUUIfrtlK SECTION. Sooio/o*/e économique.


I. ËTL'IMK
UfcXÉIWI.B.
TRAITÉS
l'ai- MM.
K.Siviumi
vl thuinua».
Kitkiiu. – Los antagonismes économique) sou
t'Aitiiio. – Matinale <U «oonomia politioa :$;
D'Hiciitiiu.. – La formation des riohessaset «esconditions sociales
aotuelles l>î'i<-
Hkmjisi. – L'organisation du travail.. ski
Notices ijl
M. SïsTfmt»foUMWIUL'l»
l'or MM.
li. Uoinoii,
M.IUj.i.vucih
«| F. Siuiimi.
S UA-iou.– Lecapitalisas dans lo mondeantique S3i-
Giiiu. – Beitr»ge eur «elteren deutsohenWirtscbaitsgeschiohta
und Verlastungsgeschiohte :i;i;,
Fuwi.. – Oie wirttohaltliaha Hiedergaag Fraihurga-l.-Br aau
IIkvmîn.– Zur Entstebunj de3 Kapitalismusia Venedig SUT
Mantuix, – La révolution industrielle au XVIII*aieclo 33»
Hïnkii. On the orises oi 1837.1847and 1857in England. France
and tho United States t;,t
Tiiuuoi-E.viii.Axu.
– On spéculation in relationto the worl.16 pros-
perity «97-1902 Mj-
Manvstakot.–Oie kapitalistische Anwendungdar Maschinerie.. l&i
Notice» Bii
III. – l-Sl'i-Ct-îI»KLAl'IlUIlL'i'.l'IMX
l'ar M. Sjukm..
Nouues {,50

IV. III':(,IMK^
llli l. l'IlUltl'CTIUN
l'ar UM. <-tII. H..u.s.
IvttLiucit.– Die Regelung des Wettbewerbes im modernen Wirt-
sohaitssystem. I M8

IIihst. Monopolies, trusts and kartellj M8
I'ahk. – Der deutsohen Braunkohlenhandelunter dem EinOnss
derKartetle Sott

Lkw. Die Stahlindttsttie der VereinigtenStaaton von Amerika tt'i
.Maux. Die Dnternohmerorganisation in der deutschen Buchbin-
derei 500
CiuiuiiK.– L'organisation du travail à Roabaii du XV' siècle a la
Révolution soi
Stiiiebbii. DioInventur der Finna Fuggeraus dom Jabre 1587.. Mi
XotlCE< SOÏ

v. fuiiuks ni' ml'iioinvriox


ru)i. 11.i!u.iN.
– Die ostsohweiserisohe Stiokorsi Industrie 4Ji&
.Sti:i.>;ii.ikn.
l'oi'E. – The olothing industry in New-York 50U
KnAwn.– Die Textilindustrio im Wirtsohaltsleben Sohlegions. 0G8
Lkw. DieS. tablindustrie der VoreinigtenStaateu von Amerika. uM
680 TAllI.B ~1é8 ïtATlh~ltli~

n.. ennrarwi
Woit-K.– DerSpessart. hain
8»in WiWan6sttalrhan
Wirtsohattsleben UM
La morphologie économique et les monographies d'industrie !rfï
Akmuox. – Le développement de la fabrique et le travail i dorai-
oile dans te» indwtries de l'habillement B8u
Hiksskh Zur Eat wioklungsgesobiQhte der deutaoben Oroisbanken I>87
Jkihel«.– DaiTerbadtnisderdeutioben OroubankenaurIndustrie. SWt
timu:n SU!

VI. VAI.KtH.l'UlX.MOX.NAIK
t'nr M V.Sihiasii.

Questions monétaire» contemporaines îi'JI


Jomnson.– Money aad currenoy ia relation to industry priées.. 5%
Wauu.iss. – Honey inflation in tbe Uniud States 607
Notites iî-'8

Vil. t:UKSKS ÊCOVOMIUL'ICS


ParMM.II.ii.uuvh»i-l K.A».mi.
Ses. –Loielane» ruralesen Bretagne du XVI*siècle i la Révolution. î>»S>
llKn*FEf.r>.
– Family monogrâpha 605
Aii.\pr.
SuiiNAi-fKii – Vorlrasgeund AHf»»Ue Ot>8
Recueilde matériaux sur ta situation économique des Israélites de
Russie • •lil0
Ooiuzza Mo.vkv. – Riches and peverty- «1-
Nonœ* 01»
VIII. INSTITCTIONS 1»KI.AItf.l'AKTITIilN
V*t il. II.Iloiw.ia.
l''ui.sai.'– Die Organiiationsbestrebungen der Arbeiter in der deut-
scben Tabakindustrie ni:t
NnTn:t> Cli

l\. (il.KMKXTS M LARÉPARTITION


l'trU». M. IIilhoaciis
et ! Siui.np.
l'Vrumiiis. – Lobn undHaushaltder Dbrenlabrikarbeiter des ba-
dischen SchwjMwalde» (>l(i
IIïan. – Aliving wag« Ciy
Norias 030

x. ai.tio.n i»ki.fcrvr si:k i.a vib £co.\omioi.:k


l'.ir M.11.lt«iu'.iy.
(iur.vEi.. – Sysiem der Inditstriepolitik ()M
IIaum,. – Arbeitskammern und Kaufmannskammern nia
.r:e <i*i
XI. fci:t>NOMIKS
SI'Éf:iAI.I-3
fi.
l'arHM. et ». Bonn.»i-l Hii.iiivaui~.
'I'avuih.– An Introduction to tbe study of sgricaltural économies. 020
SciiuuK.– Handelsgotchichte der roœanischen Vœlker des JUiitel-
meer^ebiets bis Mm Ende der Kreuzsfige nin
Vntitw. – Die Entwicklung des HamburgerWarenhandeis 1871-
1900 «i*
Norias <W0
TAIll.K
UK-JIAIIKIIKS (>g|

SIXIKMK SKCTION. Morphologo fiootote.


l'ai"M.lUiimAi
H".
1. I.Al'01'l'I.ATION
Jad;iaht. – La dépression démographique des Flandres tiïj
Kiaek. Statistisohe BeitrageiurBeleuohtung dereheliohen Ttv-
ohtbartoit. III «:«
Notice* rrj"
II. I.RS(iltOCI'KMKNTS
HL'U.VirX
KTritliAIIS
Unuuu. L'émigration des campagnes vera les viiles et ses con-
séquence»économiques et tociales vm
Classen. – Qrossstadt Heimat um
Decoiur. -L'habitation et le village au Congo et au Cbari k»3
I-'kwkks.-The Sun's Influence on the Forai of Hopi Pueblos OU
III. I.KSI-ollMESDEI.HAWTAÏ
(iKXKUKti.Uefcerdie Entwicklung des Wobnungswesens in uaae-
ren arosistadten oit
IV. I.KSMOIVEMKXTS
UKiHATUlHEi
Hosco.– La correnti migratoti e agricole Ira i vari sUti. etc OU 1
Emigratlons-Statistik tuï
Sciimiot.– Qescbichte der deutscben Staminé bis zum Anagangeder
Voslkerwanderung I (.jj

SKI'TIIÏMK SliCTION. O/Vera.


I. SOCIOMiiilKESTHIiTiyLK
l'acM.llt-miiT.
I)Am:osa. – La poesia popolaio italiana usa
I'avolini. Canti popolari greci O!i8
.Nonms liiiO
Il. YKiaiNOLOlilK
l»orJIM.lltvini, Ilinu cl S1ais>.
Wimiox. Sur quelques erreurs de méthode dans l'étude de
l'hommeprimitif unu
.seiiiMiT. Indianerstudien la Zentralbrosilion <îot
l'iiou.vs. – Australian Canoës and Halls util
Niiticks nCi
III. l.l; UXOAt.K
l'urSI.A. Munir.
Fixa. –Die Autgsbe und Gliederung der Spr4Chwisssnsckalt. «0;»
Houx. – Uatersncbungen sur neuenglischen Liutgesobicbto •><>:>
si:iui.7.k. Zur Geschiohtelateinischer Eigennamen iXH
l'.iiiun. –Lesexpressionsfigurées d'origine oyuégétiquaen français. <'g:
MïiixKr.– L'etit actuel des études de linguistique général* t:«S
– – Quelques hypothèses sur des interdiotions de vocabu-
laire dansles langues indo-européennes .7 t i-«'.i
n"I.M.
NlITIKKR \V { IHiU
IXDEX. DKS XOxMS D'AIJTKl'ItS

DONT LES THAVAUX SONT I/OHJET OW.NALÏSKS

ut" D'INDICATIONS HUlUOtHtAl'HKH'l^

Aliralitttu, ïï» lUyin-s, liiu


Ailiïan, SIM lUvli, Ï8I.iUi
AHalion. iSO IlL'vkiiiun. lin
Aicia-r, :uy iiviut :i:ii
Alt»!, iKl llt-tii)i'\rilz, :il"
Allinwlit. HC Dcnoisi, ô;)
AMaw, S9I IK'i'tlau, -Jiii
Alimi-Iiu, 4Ï2 lii'rni'IviT. îul
Alois, «S Uii-uliln-iui.'i-, :l 1
Al|)hanili-iy, Î'iO UeiUziEi. VU
AniL-lin.'atJ. r.A. 234 tk'HlicIwt. ï*î
Allfuliu.<I'J. liSU Iloitilliiii, GUS
AniIcTSiii, 2'J.i Iliamlii. XTtt
Anilersuii, UW ISii'l»rii»s>r. :i:ts
Amlav, 3K< Itic-rliiiK, r,i
Amlrcw, 887 lii.-s, :ijn
Amliï'W.s, 180 IlinuL-ch, îSii
Alllon. CSG liischoir, i70
Anwyl, ï«ï Bliic-knmr. 18i
Arbo'is di- JulKiinvill.' (.l"s 30^, 3*.J. Illiini-, 13»
Mt Iflaïi.i, VM
Arpw. 311 Uluu, Wi
Auclaii-, SGi Dli-ycT, 338
AuvrliticJi, Mt Blo<sl*;f, i/t
Avelut, fâi) HluciuiliuW. 285
iiualiii». o:>ii
Itncun. 311 Bouoinj, IiOi
It<i(!iils>li, 333 lioiimvr, Hu
IliU'i'iiri.'itlit'r, SOI Boite. 324
Bai-vlci-, 310,:i:i7 Ilonamirai, 3411
Bullml. Un ItotiKur, 41)0
Bnmklivr. m UoMfiwy. ÏV1
Ifiinvlvt, SCI nomitifuiis. -'70
Uari-y, Ko Itosehi'ioii, iOl
ilutsut. 31(i Uosco, lit*
lUIitrol. :UU, 350 Ilowley i'l W'oimI, VîO
Itau.lissln. 3ii Itoyd. 3iill
ISUKX
UKSNOUS
d'aUTKVUï 083
Buyd Kintkutr, 2l(l 1:IQlilllt', 261
Uu/luu-linwurk (von), Cil Cniiiii'r, 3!)|
Ili'dudUeoiir, 440 Urnwlvy, 304
Bree», £6t Criimazy. 480
RrewslwItaiululult, gij Crumlic, an
Bwydg. 317 Ortiiit'i-, !t<if)
Urk'slcy, m Craon. ï"(i
Uiiai, 448 Uuiiuml, 271. 2& 3'n
Drociiril, !)>j|
Uruolcs, su bauiu'll, (i:il
Brut-e. 35U Dalilli. iC4
Bruni, m Ouiiivillii<<(>. 4:i:i
Uruiiiiiiur, £81 Huila Vullu. lit»a
Bryw, 430 beuluv ut Wurtl. 180
Uttdilo, :(jo IhirurM*. «il."l
"»(?«". 031 Di-r.iuiilomaiirlic £•.<&
Uumiiijuti, tôt Du(irii-r, 180
llutvuu. ids Do llustos, 1S0
liurp'ss, aoi UeUpoile, Ml
Itushoe, jjii UunnuU, auj 310
Ùilcliiiur. oui Ik-piliv. li'.n
Ucsjilugncs cl Ihipuis-Ya
Calivii, i,f)| «ml*. 337
Guluml cl V. IKitiy. ïyu Diulil, £77, U13
Culdii, v.)!> DicU-ricli, :<%
Capurl, 201 Dlgucl. 344
CarvopiiK', 030 IHttw-U, i»U
Huivwllazlill. l, ^7;, Ilivun. aîiO
&"•<>• :u: i.,4 Uolll'illlS. V.lj
Cttfver iSivoiii. (ai Uomuszuttski ivuiii. 324
Chttluliunz, ;oï) Duultts Si>U
i:iiu|iiiiaii, «iu U«tIit, 3;*»
i;iiu|.iiiun ci liou^ius Knoup, :,d\) Divttî:, aii,S77 ï
Churviu. ci" 310
Uiiruiiivij,
Clu'vricr, î;s Duiiii, Si>!>
CIiIiizjiii Muiiey, m; Uui>m. 340
CliiuuiVMW, ti;,n Duivll, ÏM
Cltt-sci», ma
ClucM, 00j KlnT.-tinll, oBU
Colin, 405 i;.l.-r. 27S
Colin, iïj Kdgiir. Mï
Coliii'j, jjju l-IlkMlz iiOO
CoIimxu, :i«(i Klll-ellbor; îiO3
Cu'nOU..ijJ Klireun-iili. 3:8
Cuiuillullti on; Kiehlltal \> WJ
Culiuni. ;,U!| Kly, 010
Counoily, jet Ivu'tiurt, 427
Cunmil. :,(|.j K|iiiraiiu, •I>U1
Conrad y .s| Krliar.ll. |"«
Coiill (K.J. 4i:; M-mun. -•
Cunli il-'go). 481) Krusl, 3!>l
(.'miybeure, jqj i:it.ii(}.)i-. t>3»
Cuuk, 33^ livre, Ï8I
Cor.lt Trij>, KI7
Cumil, 447 Karjvnvl, 899
Cutiun, aou Khiii.'II, 2jâ
Court in. (wu 1-Vlla' ule), 310
681 INPEX
UESNO«SUAUTKL'US
f>
rurruiiii. *>io 32b
(iriippo,
l'%OUUrsli'iri. 016 Uuil!»n, 435
Pewkv». titV Uoillaumo, 43ii
Kiiick. rm (iuillutin di' Coi-son, gt&
Kiseliliard. 3 13 Guillou. 038
Fisflier. 275 Gulratul. »51
Flslior, «21 (JumimMils. t)63
Pitchetl. 8ï3 UuuUI, 333
Kilo, 030 GU|tl< 23!)
Klamm, 53B Gulnimin. ÏSJ
PwIiUt. !A)ï GOrillwf. 281. 28i. 337, 310
Powyot Vii-.rlhMUil. 281
Poucarl, 273 llauckc, &S6
Fouilltic. ;i5i llaus, 270
l'ovil!<>(>ln. 6'JÏ llutkiiiuim. 338
POrsIuinanri. 88» llu.i.lon, 0.VJ
t'ralmc. S>0» llai'|j|iiL, S5f
Fmiiclvc-. aoO llatia, COS
l'rayssi'. 270 Italiluui', !>32
Krawr, Jiï, STO,411 Hambruch, 2BS>
Pret)i«. :!00 iluiiiiltiiu, ii»«
Fivylag. CÏ8 llanilvUiiittu, 478
Priftk-rïii. 207 llurms. b».l, «25
Frio.llitiKt.-i-, SO» llainuili, 3it
Pria-li, 013 ilurri.'i<iii, ÏHî
Kuclis, i9!» llayus. <KB
Fuo.lli, £77 Hilrtler, î!>5
Furauss JuyiK', 0.VJ lleierti, 33U
IloilliOin, 333
Uassi'i-, 313 Iluiss. S», «13
Gaslvr, 339 ltclbig. 321
tiaslineiiu, 'Mi ItulUviK. â75. 2SU. îti. 100, 4UÎ
«fir-ki'ii. 334 Ilolniolt, 201
Gviu-Htut. 436 Ilenry. 31B
Ofiiiii'p (vun> ii7, 669 Ilermunn, 277, 298
Gi'imricli, :itO llcriuant, MU
(icnziiivr, G44 llurrinuriii, 881
Gi-rlucli, 623 lierlel, 338
Gi!c». 361 Hertz, 270
Giron, 3tg Moi7.Mil, IM).">
Glotz, 475 llimzcy, 321
Uuliivtd'AiviitlIii. 391 Ileynen, Îi37
Uuldsl.>iii. m, 333 IlilSonfcl.l. :til
Gulutlt'tz. UÎ3 Ilill Tout, 23J
Onllz (von .l.r 2'JS, at'J Ilirsl, ÏM
(ionlon. 3i!l Hitchcock. :i42
(iolln'in. SUI lloilgsou, Sltt
COrn-s, 350 lloiliiiunri. 6îj
Urat'liiivr, oai llouijkaas, 3.M
Grauivi'. 490 Uihl
lloops.
Uraul. 2io lloni, '•'>•'•
Gi-iuseriu(<lu la). 374 I 1u11xi·. ~M
Ul'eeilliflil, 420 ll<i'd«, :>•">*
(in.-ssmanii. 329 lla-lWiiiK. 3711
Groppali. 3*1 Jlnllcr. î". SB, ."Ilii
firun/iîl, (ijl1 iiuIht, :ms
Grupu, JOO,20i. SCi Hubert. 3ili
fNDBXMU M1USu'.UTKl'IH Ml

lluliort (M.), «57 .,¡¡.


HÛI
Kflnig,
lluglion, 557Krous, 491, 598
IlUKUt'l, 880 Krauu. 190, 4(0
llull (Bleanur). Ï64 Krftmer, iJ5,602, 0CS
lluinmolauer, 3Û8Kresmarik, 480
llurgcoiijc). J31Krolin, 33S
lluttuii, 350 Kronc, 49t>
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Miirx. 5U0 Opport. 32*
Muter, 351 Ojhvuld. ïitl
Mutliuws, *>3 OJlo. 3iS
Matliius. 499
.Muorer, ;li'j l'uiisclie. G3I
MtiuKS, 217 l'abst. *»»
Muyr (G. von). 1K3 i'OKUiio, 17'.)
Mazzarclla. 3C9, m l'agcl. C&2
M*ler. S77 l'alluiu, M)8
Mviltut, 008. CU9 Palumr, 33U
M.'lnliolil. StiSi SS8, 031
l'apo,
Mtiray. toi 331.l.
l>u|iilluut,
Mercadier sot l'orelo, Î>i7î
•MordiT. «0 l'arker, 3»
Meriugcr. Wi l'ursons, 294
Meuriot, «137 Paulin?. S02
Mflyer (P.). 3l»5 l'uvoliui, G3S
Moyer '11. H), j, Sut ftiisker. S»
Mlwli, 377, :J81 l'enlrizel. 334
Micliau.l, :i50 l'clruvci. 1SB, 4*6
Mlclicls, 0)3 l>et»eli. £77
Mielku, 339 l'i'ttv, &3â
Miller, ï.U t'r.idi-1-ur. 2i2
Mingus UU l'icovut, »il
Miaru, «8U l'ielcm, iii
Jloek, iJ3t l'ikv, 3!>1
Mombort. 013 l'inclic». 3jl1
Moiniiiirl, 291. 2U3 l'ironnw. iiî>4
.Monm'ur, 293 l'ischel, 8iii
Montcil, 316 Plaie, U(A
Montclius, ses l»olier, 5«i
Monlcl, 20» l'ope, W>
Moorv, 43o Tourat," 3SI
Morache, m IVatl, ÏM
MOIIor, (iïi freut»; 3(1l
Jlueller, 65!) JVicc. S3i
INDEX
ME*NOM»
UAUTKVft* 687.
t'i'higiUeim, iittl Bariori, 315
finis, Ml Bclmdi', 350
l'ruksvli. m Selmdro. s»î»
l'ugliu. 379 t-rliaellle, 180
Scliaff, 34t
Ou»»t<-I. 870 i-diuub, lia
Quirus(C. Ueiiuldudu), i'JÎ Scltuubc, (i'Jfi
Behell. 381. 317
Haud, BS.'i Hellomia, Util
lluli. î»3 Schilling, *oU
Uaillirucli. l'J» Huliiwietg, ;UO
riudi'nriaolioi-, 285,,'133 Kclilauoli, s'a
Uamsuy, 273, 3U3 .Sclilussiimiin. 464
Uutlige», 55£i Sclunidl(G.|. 317
Itttynauct, U)£ goluiiidl (M. «û3
B«>(l, Ï5I1 Bolmiidl (Mi, COI
Iteich, 334 fjehuioltor, !>3i, SOi
Hfinacli, 210,2XS,SKI3 Solirm|j|)or-Ari)dt. COH
«i-indl, 003 ScluieMer. Cil
Uulnsli. tOi Kvbrncdvr [U. vont. ^2i, aàl
Réitérer, 3SI Sehultc. 27T
Ueilswiiitcin. 833 Schulzc, CHG
fk-mlclllurrls, 873 MuliOck, 338
lU'ii.lloiir. 290 Schwube, !i«4
llriuifiali.t, 447 Scott Moncrioir. 281
Itûvlllu, 3S0 Si'billul, 27»
Hevon, 261 Sde, £,99
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liialiter, Ï53. 333,3S1 bVIiginan, S.'ii
liiesser, 887 Seurul, m, 337, 602
ttiploy. 031 Sliatlwoll, ssi
Rivol, 26t SiWcyut Alias, 487
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Hagui», iW Sikoru, 289
Itol, i37 Shuinul, 1UT,Ï19; 2U», 013
Humauo, 193 Skoul .1 BiuKiti'ii, 215
Hpschcr, 313 Skipwilli, Ï73
tliisi', 297 Slliull. 180
lt»s«nlVl(l. *«9 Sniilli illoliorli. S32
Uois, t80 Sniilli (J.-C. i. !»8
ItosBuL. 271 Sinyly. 280
Itossi, 1U1 SoIIutb. 297, SOI
Rost, !>01 Solduti, SSi
tlouso. ÏÎS Sullun. 2GI1
Undloir. 609 Solvuy, 104
itust. in Soniliurt, 013
Hyan, 620 Spoiicor, 2.>4
Itywr, 861 Spiess, «;>s
;iNrangor. t7f
Subutinl, Mtt Sin-cngm'et liislitorib, ^81
«ainOan. 325 S<|Uire, 87»
Suleeliy(NttjeokM.|. 2S5 Stade. 49S
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(suncko, (91 .Stepliun. «B.'i
.Slindbacli, 33» Stem, 4x0
usa 1K0KXriKSSOit» u'AUTKUHS

Htornborti,
Htornbort;. 231 Vlwlleaml, gg!
Slowarl Bit», 31V VoKolstf'm, tiO4
Hloetjuarl, 430 Volli. èute
Stolz. SKii
Slrulieo, 104 Wttul (.V.il.-). j>85
Htrfcder. ««2 Walkur. setf
Subrahmluli t'anlulu, 278 Wanl, (go
Swmiton, 409 Wufuo, me
Swubodu, 4SB Watweilui-, g(j<)
Webcr (Muv), ii3«, S85
Tukaiihl, 44* Wcdvtl. 4Bλ
Tuuiusslu, 4M \Vclsscnb<>rg, (J03
TuUBsig, MI9 Wonsdot-r. (80
Tuylor, 6Ï6 Weriuinglioir, 347
Tcii-lraucr. 333 Wcslerniaick. 2H<J,380,883, 430
Tuttner, ÏÏO WlipiîlwriKltl, 837
Tmitwli et t-'uolis. (UW Wherry, 29t
TliM (Ft. «6 Wleduitiann, 87», est, 338
Thiol il', van), 2SU Wiolttiul. 302
ïliivol, 497 WIoso (V). 180
Thomas CT-W.), *î». 275, C«i Wlogci(f,. viinj, Oia
Tlioiiipuoii, 881 Wflilniann, 597
Tboiimun(I!.), 4S6 Will ot K|iiiulcn, 2M
Tliorach, 192 Willoughliy, 3\H, 401,i20, «IG
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UUl'GLË, |jruf.ù l'tnn de Tuulutne.LesSci«ncessociale*en Allemagne. 2' éd. 1902.
– Qu'est-ce que la Sooiologie? 1907-
BOUHOËAL' ) i. Les Maîtres de la pensée contemporaine. A' «dit.iUiM.
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Le Malaisedelà pensée philosophique. I'JOâ.
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UAl'RlAt:L La Psychologie dansl'Opéra français (Autu-r, Itassini. Mnyerbeer).
UKI.Vol.VK J.. <l.).-t.»res lettres, »gréi;i:da philusupliie.L'organiiation de la
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Suite Hl»miUolUm<t«phtltiopMeemtmptmiU»»,(otmtUa-U, à«fr.BOlev»l.
DVIUHD((luCros}.*Question»do philosophie monta et sociale. ist.i.
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« les Maladies de la mémoire. 18*«dit.
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maki» amltmtiatalnê. t in.tln-16
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ZIIGLER.La Question sociale est une Question morale, trad. Palante.S*édit.

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4. *I>asTransformations, du pouvoir, par G. Tarde, de l'institut.
B.Morale sociale, par MM. G. Bblqt, MaucbuBkrkès, Kni'xscuvicc,t. Buis-
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DARLU, DKLIH>S, fOUBNIÉRE, MaIAPEBT,MOCH, l'AROD],C. SOREL (h'colt
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8. Le développement da Gattalioigma social dapais rencjoiioQeAer»m
nooarwn. par MaxTurmajim.
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)0.• Assirtanoe sociale. Pauvres et mmdlmti, par PAt't Stbauss, sdnateur.
Il. 'L'Êduaation morale datu l'Université. {Snteignemenistcoiulaire.tVur
MM. Lévv-Bmibl, UAU.V, M. Be»n»s,Kortî,Cmihis, IluarouT, Uiocai..
Vb. OiDll,Malapert, Bcwr. (RcoUdesUauteiËla,tesiociales,\:m-l'M).
1Î.*La llithode historique appliquée au Sciences sociales, par Climlet
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13. *(i'fiygiènesooiale.uatB.DucLAux.de rintlitttt.dlrecteurdol'instii. l'astc-ur.
1*.M Contrat de travail. U rile des syndicatsprofessionnels,par P. BvaeAV.
prof, i htFaculté libreda droit de Parie.
15.'Essai d'une philosophie de la solidarité, par MU.lutu.i-, n.u'ii.r lluis-
sux, Gicb,X. I.kon, Li Kontainb. K, BouTROui (Eeale lits Hautesatutte*
sociales).ï- «dit.
16..L'exode rural et la retour aux champs, par B.Vanubrvelue,prufesmaï
à t'Uaivani(à nouvellede Bruxttllot.
17.'U Educationde la démocratie, par MM. K.I.avissk,a. Cnoistï, Ch.Ssicso-
Bos, l>.Malai'Kiit, G. Unson, J. Uadahasu(Ecole Jes //iules EtuJetivc).
18. 'La Lutte pour l'existence et l'évolution des sociétés, pur J.-L. ui
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19. 'La Concurrence sooiale et les devoirs sociaux, par lu mèmk.
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l'Universitéde lionuea.
21.'La démocratie devant la science, par C. Bofai.É,jnof. da philusuptue
sociale A IX'niv.'rsité ilo Toulouse.{Hécomptntépar nm'Miit.i
ïî. •L98âpplioatious sociales de la solidarité, par MM. I'. Itnuix,Cit. Uiur..
11. JluXOU.l'Al'l.KT.KllHIN, SlKCnilKI),KllOUAIIHKI.. l'rclioe ik- M Léo»
Biil'RUKois Ecole îles llmtesElmlmuae., 1UO3-I'.UI). t.
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LKVY-SUHNEIDBR (L.). docteur
teur 68
sa lettre*
boa .aIDI-&8d.6 (i7<9.<813). {BOt, MhM. Mm ~M. «umm.ii.»-
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LlGUTRN8KRGBR (Á.).L.el."allieoa "8I'al.t!le,ln-8. 7 lr. 60
LII!8SK (A.). prot. au Cansorratuirodes Arts et Métiers.8.% statistique.
Sf~e.<w~ la-!0, l805. l fr. 50
lIABILLMAU (L.).t'euttntro ae tapaaor, alonnattqna. ta·8. i895. !Y ü.
DIACNfN (i3.). a'are et 1 vol. tn-8 avecergt u et et plaachot,
cart. t 906,
20 ft.
MAMMON (NH)Mt).*t.MéM~ des nateaess (8bioirode
fondationderio8dtut national, Donaparts, l'Acad6m1e;
membre de l'IuUlat). la-8 ca-
nuor, 03 grev., portmis,plans. 8 pl. bon texte et 2 autofflphu. 6t.
AIANDOUL(J.) la4omtuo
NàitGU!9Y(9.). iLo droit de propriété et .eIl'181".111--8. 8 rt.
régemo démoora-
tique. 1 'loI. io.t6. 1905. tr. 60
~S~r. –- <'–
,TbOIll. 1 vol. 10.8. t90t.
8 tr.
MAT4GRIN. "'elllb6",ae de vol. lu-12. t900, 9 fr,
MERCIER (ftl,.). Le. 0"aI8.. de ,ell. ,0alemp,ln.n. ~98. fi fr.
(répartitionde la sensibilité
tactiio).t vol. in-8 avec¡¡14ncb""i 90Cl. CItr.
IIIILHAUD(G.).Lepo.IfIY, el.. P" dOl~e.'I'I',ln-I6. t 902, 2fr. 60
MILLERAND. ¡"4GNOT, STROttt.. 1.a durée légale da 'raY8l1,
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MOMSTOV (8 outroduetion A 1'autatre romaine. L'rtnrratayte
~lriatore'que, lea br/tarncra «M7,M< d t'Aytur préronraine et les
canrnmtrrmentr clr Nwnr,ttaduit du russe turmcMt.DwM Avant-
proposde M. SAHM. RE~Mt),de l'insillial. 1 y.t. la-4uvoc 36 plarches
liorà tt-xte et 27 figuresdms le texte. t907. f fr.
MONNIEIt (Mureel)..Le drame chtoott. 1 Vol. In-t6.i900. 2 ff 60
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OYERRERCII (C. rè'Orll1C' de l'oa.C'laaeIll0al.. 2 vol. in·8.
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uaiam). vol. ia·!8. 79 édit. 1 b. Dàition sur papiertort. (Tradea- :1tr. 60
PARIS&T (C.), pt"t,,¡seur it l'Univel'Sit6tic Nane, '<11)““. selpma.
otoue de 0.111.. (01~errt.e. 10-8. )90<i. 2 fr.
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– *0e iroi phttoeophe.NrérIJrio le C. a)t~. tu-48. 8 fr. 110
Droite de l'homme. In-10. 3 fr. se
Proffrinien de foi du 7Cti7~·.'6e'e. ID.t6. 8 fr. 60
PMEZ (Bernard). MM dl!11. 2- édition
In-tt, t fr. 60
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M!LB)!ttT(L.Mh).t..B)t..)a-8. (C.ar.part'AMd<m!<&.n(atM.)7 7 fr. 60
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vidée ou critique du Kantisme. 20 édition t90t.l vol. In-8. 6 fr.
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«aitoapopulalremodeme.In46\t90S.(Cow\;><ti>r//MMtrf.) 8fr. 50
POOT.tMtré et «ggnta Cemtt. 1 vol, fn-18. 8 fr. 60
mAT(Lonii). Umi»Mm*»I>latoa><Aata«plMm«e).1 ». in-8.1900.»fr.
L'Art v* la beauté (Kaltiklea). t vol. in-8. «903. 6 Or.
Protection légale de» travailleur* (Ka). t vol.In-il. t 004. 8 Dr.60
V.Mrfi> mnférmce» tompomnl et volume«• fendenttqmréesehamm. 0 fr. 00
RECWUD {P.). t/orlglae d<mIdée» éclairée par laaelenee du latt-
tamo. 190». In- 13. i fr. 60
RKROltVIgR.det'IiMt. l'«hr«iire.Wo/ii>rfem*/'tfisfoiV<?.2«<Jd.l901.1n-8.7
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ROISEL. Vbroaolo«le dm (eiaps prihl«torlqae«. la-12. 1900. 1 fr.
ROTT(&t.).lrfirepré»nlallaDdlploma(k|iMi«« la Prane«anprtadea
«aotoBn mitaaea nafedéréa. T. l (U08-15&9).Gr.ln-8.«900,lafr.–
T.li(4559-l61U).Jr. In-8.1902. T.IIldeiU.ltfao^Gr.in-S. 1906.3»fr.
SABOTIER IC). t* BaBiMian» bwmiitt. 1 vol. in-ta.l«06. U.6.0
SAUSSURE (L.de). Payehal. de la ««loaiiMiUoa fran*. l.i-lS. 8fr. 60
84YO0S(E.), *Bl«<olre «énérale de* HoBBr»l*. 2*éd. r<rabé«.1 vol.
grand in-8, avw grav.ei pi. 1m»tente. 1800. Br. 16 fr. ReUé. SOfr.
WHIUBB (Ktttde* aar), par MU. Scuxibt, F.vicoxwn, Aitoit»,
XAVIEB LÉO»,S»«M.É,BAUMBSKMSa, UnEéCII, »« TALAY-
TlBAlESRBAHt»,
8.1011D'ECKAHOT, Il. tlCHTKiBKBGCR, A. Uvt. In-8. 19li(i. « ff.
8CHISZ.. Problèmedelà «racédleen Allotangne. In-». 1903. 1 fr. 36
8ECRÊTAN (H.). VmSociété et la morale. vol. In-13.1897.3 fr. 60
SEJPPEL(P.), professeurà l'Ecole polytechniquede Zurich. f.e« deux
Fronce* et leur* origines bNterloara. 1 vol. in 8. 1900. 7 fr. 50
SICOG.N £( K.) WoelallNm»e« monarflile. lo-J0 i 906. i fr. o0
SKtRZVNKKI (L.). *f.e procréa aoelal à « flo da mille aléele. Préface
d«M. Uo» Bounceois.1901. 1 vol. in-12. A fr. 60
S0BBM Albert), de l'Aead. fiant. Traité de Paris de «H»,Jn-a A fr. 60
TBMMERMAN, directeur d'École normale. Notion» de puyebologle
appliquée* kUpédagogieet la didactique. la-8,avec flg. 1903. 3 fr.
VALEN1INO (!>'Cli.). Xotenirarllndo. là-18. 1900. A fr.
VANBIËHVL1ET (l.-i.). payeaolocle hoiaaUie. 1 vol.in-8. 8 fr.
– La Mémoire. Br. io-8. 1893. S fr.
– Etudes de BMyebologle 1 vol.io-8. 1901. A (r.
– Causerie* pMyebologlque*. 2 vol. in-8. Chacun. 3 fr.
– K«quliM«> d'une éducation do ta mémoire. 190t. ln-10, 3 fr.
VERJtALK T ). l.a reparution dew bien* ceelém«llqae« nullona-
ll*é« dan» le département du HbAne. ln-8. 1900. 2 fr. 50
ÏITAUS.Correapondattce politique de Dominique de Cabre. 1904.
t vol. in-8. « Ir. 50
WYLM (0' A I. l,o morale nexuelle. 1907. la-8. S fr.
ÏAPLETAL.i.« récit de la eréatlon dana la Cienène.In-8. 3fr. 50
7.91LA(D.). Vem«oeatlomi aarleolea d>bier et «aajeard'bul. 189»,
1896. i vol. in-lï. Chacun. a fr. 60
-31 – F.AICJM.

TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS


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Aluni 3. »•> •i.lln.l.- A
Hi bumotit g»*1»
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Ati.tti.r i-î r!1, l>'l|irw!I |3 j Hu'i-tjvil Sm-ikit Yuy.
1 Cmiiuii .Mi I ltu|iuy iT "*1i»ii.»'
int'Jl > :'i t:di tlirn M lïfimiiri Mie 4;ru*3. 7 Hi-ivl,Viir,Ui I
AriKJttit ss ('tiriti'l i8 I HiirKIit-iiii s, 7 U11U1
AmliiU- lï ir i^iti'i-u iitf Vmi «
1(k lluïal 17 Hiira:iarl J«
Ar*"iii» »t il l".ti'f.:i «'[K~K"r.
j 1Mv>i),n.; 4
Aruuini.. t>>' » C.nitHi hrfi: ïl i Kiclillml il i iv ll.i-n.1 •(« fli*»ijoir< «1
Aiuold iliiiliow, : t:*r!»i:i m, «o jii'i. st.-v.«i «s s»
Arnlal i, », ta« i Ccii m L)Cti<M'K:t.< 3j Ij-i-vnl1
Mulii-y fi
4<lan »« «lOi.iliot «|i|"1 Kn.lm.li i,:
AlAt'V *».. Irai- 9t
»• UlitfituVi'Jtl« U i j Krvlm-. 19 lwmlt.H
*ul>iy >; Uluir, i.iu< M $ ic
Auenuu-li ih » Cliiitlloit ~I¡an i iKmùm» s. 1, j *'••«« r.
4lj«l,an iM Hilir* 'J. K j aJ«'«i>.>
iulaid i..<'> Cliiniuuvt-itii la. 11 i C»l'n' V. «o j J«e:l ï
Alain »-w •i Ctll\11touClly e| M>P>I JJa'n.-»
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' Cnhualllli «4 i Wm « jJJtttK't -raull. 3, <, II
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BaoelMtl <. C.tn Y. i. x9 ~j'Y.(,11 l-'is»r.| It t: Kai-ios 1 n
B.wh 13. 1'* U Ciiitaiiliïf u l'l!ll>l Il jf»rM.i> «, |t
Sayut j»< c. C.-t.' i.iii» », t. >;
« Flvury<!• « |huiilliii:ii.n
Bataillas '•> Oui'li.iui! |t P<jn->«^:riA.y.. 1
Koultk n
jIMUiiu j; 1 «"UIMIH |L 18 Kourailll. jf 7) j1KilKi>r.jr.l u
Bututcirv. s. IX t'J J Cxiirrvlle u, II, SI fouilÉ.i, 7, ilI 1K.)-l>
B<-U:m.y »', *nffnt «i i lounii.iv .i, s, » iKraiit/ |j
Bi'Uanl.-r IV <• Ci-pit iu-J:i!iùn 6i it"UUMli..t.
Pnn.-k si t; ts Ili^iclio.iui- a
te'M «s civs-on j s, ts i l'iule I
«s Lnt'otnl'i. •
Bnwnl 1» t Iki.-inhitv,- )« I KlllUqiu-1 li l.«.lj.- ,). »
lipiicil.il iV»n) al, !i > Iij'iiO .18 tialliirel 17|lj l.af.-ijri'
lti.|l(ii*|.|l:il!;tI.|<l<T *•
•'• llMtMi'U* s Giiiwiati iï l.llfuliUmv
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•B«T»rd (ï.i t*« liaiiy ri I (jailli»; V |J.«fMlit;iiiiv .VI 4a
tttfion m s, '•
« luroi ,Tli.i «7 !7 t l.a^aiiSe
Garofulo »l
«nii-lti 13. t >> Danliiv» t! Gwfclvr
:1 9 | l.ui-jint
«•nrardlA. 17 nauriac s. ». r iwrroy 11 Iji'aiido f
Boniatli |Ji" >•'« Hatilrat lA.i to 1 «<•'>>>• 3, «7 I J-»l"y »
Hem-ti'in 3 i> I)cIutI« |» i OH» i* t.:tMtp''t~r<* a
HtfrtauM 3:t lU'Iiiitaur fs fi.'ni-J'V.uvt k l.anJiy »
ll.llli.'lut. t>. «1i lnfoiii tiv j,
V «M* J7 I l.am-ui (lit!) y, lrJt
iierion St> (• ht'lsctiiix a (ilMrt. J1
Bf>tt:ttt>l *•' Ile I» »n««i>rii- < Uir .u.l-Teulon 17. Il, », t*
« t.au¡:
Ull|! y\1
liinH î, js, s:, Ik-llH» « (iln r| t.anso s
Illaii'- il.uum 17. V* •> H.l.ir.1 i:. (> 1 lioblot 3. « LatiiiMs |«
RIlOTlU S"
t l'i'hmili» e,i lio.lf.jri.ain ;i 1 |.al.i si
Illonriet 1i Ih'lMilvi- t. i, l.am# 17
« •i I»<-III*-ÏIT !'•i (!miiori
(ionii'i. |.i X. 9
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llonflniv Itiil IVroiMiuiiiny m i t'.tAtif iïl..| ;i K. 14 l.ai.-lt><i'di'
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Bouruvi- t*« Hrill.il *7 «iiimoj x 1.1*1» I ia.i «;.
Boiltrjm <ï. I J, «, J-. nnm«< de Vor^w n1 Cuta» 1, «, 11, xs l.f-f^vr* I .1* a, »»
Bootram iP.f inri blwa4W eero Cuyut a4 1* l.tfovr.
I l'Ulltlit «
'Brandon-filvnittir jti li Hr.»|it-r – Si l':
Ils~,r t .1: tet (el a, 1! l.rimirs t us
Ilituturliwfr «> Drt'yAK <' »l «allewt.
Nalleut R. « etIlIrmailK »
lira«rnr «")• Itr'^fU^ltrimn' fa ~) I l.<.«n
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r.r. ririuult K, 19 llaunt>|tim Nalet s tt.iMinurdon
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Li-rm-ttt'aqheu fA.I.. H
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F. ALCAK. 38

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tanin U.) îti Pires tlli'rnaril) 10, r> T niues'UU si
1 JO»>:irJ t5 l't'rifur 1» SainM'nul
Sli|»v Il, Il 13 T unrann l»
fatwin t» tvtti.vfw a Satalli"" 18 T up>l f>
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jllwr t». 19 !'Ili!i|ipo J.) », 1» s»u>«ire jo VYachorol ,(tt, t|
jtamMoj 13 l'HU.H" t» (wyo«« l«. so v alruliu.i 30
gïmlun t. M l'iat 10. 13. 1». J9 Sch«ftVr iî, is Yailaut 16
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Mamkr » U-il»l » £|i«iii#r. 3. ?,2.i, ï« Yinisi î\ «
Micis «, 9 lU:iol loi S.iimii» ii y.iplolkl 30
N«ï!!« 'AI I !<«:li'iiid IA.) Il Spir 1»,i! l'ii.T S
Na»il! ErueiU IUi;!i ly KpulltM n, lu 2 .vuil
Xaira in « KtM't-.ai:lui st»"iiT u t wakT b
Nr|il>li«ir S) ll-.oiily t» Sialli. jv •/ Ii» 10
NtuWvMinvtfci S:î HtVltij'l », ;« BlMluy Jevont 81, li 1 1 oili 3»

TABLE DES AUTEURS ÉTUDIÉS


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Ari-'oto 11. 1». » |
Miifj. l» tnvoÎMcr
Ii Il neauuvinr H
Anii'hno iSainl'i ti IKplcuro 11 leibnii t, It Saml-Kiinsn 1
A.'|flKtin (Sainu 11 ISratm*. 13 Leroux (l>I«r<| it Schiller U, n
A'fcenne t» »enwl Meaal. It, 13 l.iltrt tt, SO i
taon 1» i
P«ti«rb«tib 9, 13 Lui'rfco ta Schopviihauor
Ri'trvlan «
Bacon 13 1
Ficlil» 7, », 13 Maint.' dv Bina II Stratun di> Lainpttqae 11
BalthcMcmy Il ((iawiili IS Slaiilm (J. d«) » Slinonïiio it
Baur (Cbmtlinl t ICmali it Malelirat» lit Il, |» Socrats II
« it.
Bayl. (
J»Uï»u 1, M Mi>ii!m,«i Il Speuoorillorbarl). «, 8
Btîetboveti 1i |Hm»! 1» is Kiiinoia.
N|i|io:^»ti «, I), It, I»
J]«rn"iit(iUc is |
I1.II1C 9 .fk-Uichv », 5, 7 Sluarl Ht!) 9
Bismarck il. ih i
lltrliin. 11. M Ofciutni 1» Sully Pru'Jliotiiuiu. 8
lloininr (Aue.i « OlKlll 19 1iTiuih- M
30
Il Iloblio
Cilsar Franck Iloracd 19 Pali:<tnti:i. Il iThiiio
l' », t
Cbaœlcrlaîn u it>iii'.« 1 M
Conta tAuf.|. »,?,», ;u Pwral.
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Co-i«i!i t S Pnn | Yutiaira 13
Iw«ra j. tl l.:i!!i.u.-k !9
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Descartti» 9, tl l.ami

1113 – Imp. Uolttroz ri Marlincl, rue Saii:l-l)<motl, 7, l'.irlî.


BMLIOÏHÈQUË DK PHILOSOFIim GONÏEM^OKAHSË
bypohéa,,jjtJuVfes 76.JB.t>.t Jfjtr, #0 ettOfr.
W»m<>_»J,»-a,
BXïBAjr »U CATALOGUE
Stbaht Mill. Me» mémoltsM* 44. & (r. U. T«hih!. laUtOlqûetOrilalo S- M. Tfr.50
Système d» logions, a vol. W>Ir. – Les lois de l'Imftàllon. &• éd. 7 Ir. M)
Eaaal» sur la t*U(|lo», *• éd. 6 r. – L'opposition udhèr*oll«. 7 Ir. M
HiTHi»!itTSH>tcnii.Preia.prliio!pe».tl'iSil.iatr. – L'opUrton «t la foule, v* «dit. & h.
Principes de pejroholools. a «1, w Ir. 15 M)
Psvoùologla touiomlmM. Mval.
'!illolPII d. blolOgll. fi' ';<111. '1 ,1. q0 tr. Fuvu*ni,T. le r«»«. & fr.
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essais sur la progrès. 3* «M- 1 •'• » – la soolologte économique. 3 h. 7&
Essai» de politique, 4* éd. 1 fr. M
SiAiLi.Bi<e,.aHiirl*génl9daii8rart.3'Mr.
Estai» wUnlMqUeS. 3- éd. 7 fr. S» – la phllosopblé dé Renouvler.. Tfr. 'M
Be l'éducation. 10«éu. Mr. v. liMicHtiiu De l'erretir. 2« éd. B h.
JasUe*. 7 f». 50
F.. Hoormu.y. Eludes d'Wéftlr» d« ta
I.» rtl» moral de la btvntalBanea.. t fr. *u
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II. l.iciiTKBnBiioiMi. niobardWsgiiar. 10 fr.
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Problèmes de morale. – Henri Bêla* penseur. 3 fr. 75
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THOMA«.-i'éduo. des sentiments. 4'M. 5 tr.
Th. Hiuot. Hérédité payohologtqu*. 7fr.0O
Jf'W IUuh. La méthode dans la psyob. r> fr.
lapsyolioloo.»8aglalsoooi>teinp. "5
1 fr. 50 l'eipértenoe morale. -3 Ir.
ta psyobologle allemand» oontemp. Unvaui. Les Idées ï* da. 3 fr. 76
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psychologie d*a «entloieols. 1
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Psvotoloatt d*»ldé«sforeeà. « »ol. 15fr. Haiitchucho..– Ua timides et la Umldltt. Mr.
Tompèrsnïiit et «araotere. ?• M. T Ir. 50
r.i: 6aktkc. – L'unité donsl'être vivant. Tfr. 50
U moîwroeat positiviste. *• éd. 7 fr. 50 – Les limites du oomalssable. V éd. 3 fr. 75
le maniement idéaliste, t' éd. t W
Jf.
1 (; W Os*ir-l.uiMu<. Philos, russe oont.S*ù>l. 5 fr.
Psychologie du penpl» français. – Psyobol. des romanciers russes 7 fr. 50
La rrouce au point de »u» moral. 7 fr. W
Uwk logique de la volonté. 7 fr. 50
Esquisse psyeb. des peuples europ. W fr. Xayibh I.«ok. Phllosophl* de PlohU. 10 fr.
HleUsohe el riounorallsme. » £
7 fr. 50 OmwM. – LI religion de Véda. III fr.
le moralisai* de Kanl. M. 1 fr.
7 fr. M U Bouddha.
Hem. seolol. ie la moral*. Wmtin. – Vers le positivisme absolu par
B«m – logique déd. et Ind. 3 roi. W ('•
7 fr. SO
l'Idéalisme.
Û. aeiî et 'tnt«Ulyenoe. # edit. « fr.
– L'ennui. 5 tr.
10 r. Tahmcu.
Les émoUoos et la «olont*. 5 fr.
6 Ir. OLr.Y.-Psvoljologleiibyslol.etpatnol.
L'esprit et le corps. 4- é<lit. Le intérieur. '> fr.
La «010000 de l'éducation. 6' ti> 6 tr. Saint-I'ai'i. – langage
5 fr. Lvanc– Psychologie ratlonneu»..1 fr. 7S
Lia»i>. Bowarte».1/"»'"».
7 Ir. M llALiivr. Badical.pbUos. 3 vot. n Ir. 50
-8cl*uoeoo»IU»» etmétaph.5'e.l. r> fr.
V. Kiiugii. Uiparoleintérleurt.î'O.lit.
ai.ï*u. • UersIeanfllalsseonlenip.îi'e.l.Tfr.JO
Probl. d* resttaiUqtio oont. :>•«I. 1 fr. !<O Pai.astk. -Combat pour l'Individu. 3 fr. 75
Morale sans obligation ai sattoUvn. 5 fr. KoviiiiMiK Théories socialistes. 7 fr. 50
L'art au point de ioe soolol. «• M. & Ir. IIai'diai:. – L'osprit musical. r> fr.
aèrédlto et «duoatloo. »• «'lit. i fr. I.AUïHiEi.c. – Edgar Poe. 10 fr.
da l'atenlr. r.< «.ut. 7 (r M) Jaoih». – La sélection shes l'homme. 10 Ir.
l'Irréligion
H. Maiiios. Solidarité morale. «• «• !» fr. Hl-ïs*f.s – Evolution du
Croluttoa da )ugement.
]ugement. b
r. fr.
tr.
ScH.ii- 1 sHioai. – Sagsss» dans la *le- » fr. MVian. – la humaine. 7 Ir. M>
personnalité
Le monde oomme volonté. :t rm. Tilt u> ¡11.r.s,CistSTiM. – La sociologie génétique. 3 fr. 7">
J«m>»Suiu. -Le pessimisme- 1' «'lit- "fr M i<AZtai.AK. – La vie personnelle. :> fr.
Etud«3 mr l'enlano» I" fr. ll*uci<r.l'èvoiutloudelaloioatlu>!lqr». Mr.
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F. I'acuuh. L'ttottvlté mentale. Il) fr. r-iHirr. Le pré|ugé des races. '2*M. T fr. 50
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I'iskhlJaiiet.- l'autom.psyob..Voilit. 7 ir. îiO Philosophes contemporains. 3 fr. ">
II. Bi:ku«os. Matière et méoiolr».l1 é.l.îi fr. riiiixixo Transmis, des caraetéras. 5 fr.
Données Imméd. de la conscience. 3 fr. V» IU'.ciit. – Le «iteoès. 3 fr. 75
L'évolution créatrice. ~<U.:*i LcgL>.r. – Idées géuérde psychologie. 5 fr.
Pii.i.us. Laania iilillos. ISWIa l'AO.cli.m. " (r. Kaiimil'v. -P«ycb.del'Angleterr«conl. ifr.W
Cnr.Ms*. -RétumÂdelapnll.daSpenoer.tO fr. – les crises belliqueuses.
Si>vu:<iw. – la iuntlae. et l'expansion de la I.acomw. – lodlviduset soc chosTalne. 7.50
via 7 fr )0
m ItiKMASH. l'esthéliqn» musical*. & fr.
1. CATUT.-Eduo.doiniralonté.n'nt. t'i Ir. Hih»x les révélations de l'éorilur*> fr.
La orofuoo» f H > fr Naïiiac. fatt.nllon. 3 fr. V>
Dt:»iHiiu. OWIstondotraTall«ool«l. "fr. M) Dki.vaik.k. -VUsoolaleetédocntlon. 3fr.<i
le suicide, 'jtniti: su,-i,i.n!uiui'. fr. 50 (iiuKHcr.- SemUousct<«mlresponsablas.5fr.
L'unnée loolat. Aiuhl-* lS'JU-i/îil'JOO-1Pf>l. HcLor.– Etudes d* morale positive. 7 fr 'M
(itifii'Ht. l'tfr- KvKi.Lis. La raison pure. 5 fr.
li,ii,»l.i.'l--i .ri l'Ni-i. lï'r.l Il i.m (« Philos, do H. Sully Prndbomma.7 »
fr.Sf
UirTAVKl.i. ils. psychologie du socialisme Un wiwi »>i u. –Probl.de la conscience. :i 'r. 7*>
5- .I. 7 fr..Vi f.v< in -Idéalisme anglais au XVllI'gUcle.7 fr.M
I.FvY-HimiL. Philosophie dajaaobl. •'>ir. Enseignement et religion. :i tr. 'h
Philos. d'Aug. Comte. ï êilil. 7 fr. V; WvrsnMiM. – la physionomie. r> fr,
La morale«t la science des maori, r <•• t. 'ifr Ki:im. Belvetlus. I» Ir.

ar.jn – l'.mlmi.nuors |.im. I'alx IIHOKAKIi. – '-07.


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