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Rappel de ce que l’on va faire à ce cours : poser la question de savoir si les définitions créatives

dans les systèmes de Lesniewski sont ou ne sont pas synthétiques a priori, sont ou ne sont pas des
jugements synthétiques a priori. L’enjeu est de taille parce que si c’était le cas, on pourrait dire que
l’ontologie (et peut-être même la protothétique, mais cela reste à démontrer) de Lesniewski sont
compatibles avec la théorie kantienne du jugement, ce qui nous permettrait d’avoir une
interprétation logique. Il ne s’agit pas de logiciser la Critique, mais le propos est de trouver une
fondation transcendantale à un type de logique, à savoir la logique de Lesniewski.

Remarque : (III,27) (inscription en marge du texte) : III = numéro du volume de l’Académie de


Berlin, deuxième édition de la Critique de la raison pure ; 27 = numéro de la page ; À = 1781 ; B =
1787.

INTRODUCTION
I De la différence entre la connaissance pure et la connaissance empirique

Chez Kant, nous sommes confrontés à de multiples difficultés, et déjà rien que par rapport au titre.
Analysons-le. D’abord, il s’agit d’une introduction. Chez Kant, ce sont dans les introductions, les
remarques et les appendices qu’il met en jeu l’impact de la philosophie transcendantale comme
telle, et de la démarche critique. Or ici, nous avons une introduction qui doit nous permettre de nous
donner un fil d’entrée, ce qu’il appellera « un fil conducteur », et ce, pour entrer dans ce que Kant
lui-même a appelé la métaphysique de la métaphysique qu’est la Critique de la raison pure. Si vous
voulez, d’un point de vue architectonique, vous avez la Critique de la raison pure qui est en même
temps une propédeutique et en même temps une métaphysique, et il le faut bien, puisque
l’entendement ne peut pas faire abstraction de lui-même, et donc nous sommes obligés de partir de
la sensibilité (Esthétique transcendantale).
Quel est l’enjeu ? C’est la théorie du jugement, c’est-à-dire : y-a-t’ il des jugements synthétiques a
priori ? Les autres types de jugement sont déjà connus, par Leibniz.
Donc une introduction, à savoir un lieu où Kant met en oeuvre véritablement ce qu’il va faire, et il
nous le dit. Kant dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit, il ne triche jamais.

Tous les mots du titre sont importants. « Unterschied », c’est la « différence ». Quand Kant utilise
ce terme, cela veut dire que l’on différencie quelque chose par rapport à autre chose. Cela veut dire
que poser un terme implique immédiatement que l’on en pose un autre qui soit, si vous voulez,
comme la contre-épreuve du terme posé. Or quel est le terme que l’on va poser ? C’est le terme de
« Erkenntnis », c’est-à-dire « connaissance ». Kant nous dit déjà dans le titre qu’il va différencier ce
qui est connaissance (Erkenntnis, qui est un terme générique) de ce qui n’est pas la connaissance,
c’est-à-dire la non-connaissance, ce qui ne relève pas de la théorie du jugement. Poser un terme,
c’est eo ipso poser le corrélat de ce terme.
Dès que l’on a cette notion de connaissance, on la divise et l’on constate que dans les deux cas,
qu’elle soit pure ou qu’elle soit empirique, il s’agit de connaissance. Kant utilise le même terme
pour la connaissance pure et la connaissance empirique. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire
que, chez Kant, quand il y a une différence à l’intérieur d’un concept générique, différence qui a
l’air analytique (pure ou empirique), il y a toujours implicitement un troisième terme ; dans toute
division il y a un troisième terme et ce troisième terme est toujours le temps. Le temps et, selon la
seconde analogie de l’expérience, l’espace.
Donc quand Kant s’interroge sur la différence de la connaissance pure et la connaissance empirique,
ce qu’il fait c’est : 1 : il différencie ce qu’est la connaissance de ce qui ne l’est pas. 2 : à l’intérieur
de ce qu’est la connaissance, il distingue par le même terme ce qui est pur et ce qui est empirique.

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Cela fonctionne par division, et chaque fois que nous avons une division, il y a chez Kant, dans
toute analyse, un troisième terme - comme dans toute synthèse - qui est toujours le temps. On va
voir le rôle du temps dans cette différence entre connaissance pure et connaissance empirique.
Justement, c’est le sens de la différence entre pur et empirique.
Que veut dire « connaissance pure » ? C’est la connaissance telle qu’elle n’est pas donnée dans
l’expérience. Il s’agit cependant d’une connaissance, et il est donc légitime de se demander ce que
peut être une connaissance qui n’a pas de rapport avec l’expérience. Qu’est-ce que cette
connaissance pure ?
La connaissance empirique, quant à elle, c’est l’expérience, c’est le x de l’objet transcendantal = x.
Puisqu’il y a une opposition entre « pure » et « empirique », il est légitime de se demander quel est
le rôle du temps et de l’espace dans cette distinction, eu égard au fait que c’est justement
l’inscription de l’expérience, dans l’espace et dans le temps, qui va nous permettre de différencier la
connaissance pure de la connaissance empirique.
Rien qu’en lisant le titre, nous avons déjà appris beaucoup de choses. Nous savons qu’il y a un
troisième terme, le temps, qu’il faudra mettre en évidence. Nous savons que Kant utilise le même
terme (connaissance) pour ce qui est pur et empirique. Donc on peut se demander ce qui ne serait
pas connaissance pure et empirique, c’est-à-dire qu’on peut légitimement se poser la question de
savoir ce que serait une non-connaissance pure. Et de la même manière, il est légitime de se poser la
question de savoir ce que c’est qu’une non-connaissance empirique. Qu’est-ce que c’est que
l’empirie sans connaissance, d’une part, et d’autre part, qu’est-ce que c’est que le pur a priori sans
connaissance qui l’accompagne ? Vous avez toujours dans les distinctions kantiennes un non-dit
qu’il convient d’interroger et qui généralement donne la clé de ce qui est dit. En effet, qu’il s’agisse
de la connaissance pure ou empirique, il s’agit d’une connaissance, et pour poser le concept de
connaissance, Kant va d’abord poser ce que n’est pas la connaissance. Pour distinguer ce que n’est
pas la connaissance, il faut caractériser du point de vue pur et du point de vue empirique ce que
c’est que la connaissance. Ce que dit Kant :
« Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, il n’y a là absolument aucun doute ;
car par quoi le pouvoir de connaître serait-il éveillé et mis en exercice, si cela ne se produisait pas
par des objets qui frappent nos sens et en partie produisent d’eux-mêmes des représentations, en
partie mettent en mouvement notre activité intellectuelle (activité de l’entendement- traduction
Renaut) pour comparer ces représentations, les relier ou les séparer, et élaborer ainsi la matière
brute des impressions sensibles en une connaissance des objets qui s’appelle expérience ? Selon le
temps aucune connaissance ne précède donc en nous l’expérience, et toutes commencent avec elle.
Tout est dit dans cette phrase.
Quand Kant dit « toute notre connaissance », il exclut par là ce qui ne serait pas notre connaissance.
Dans le titre, il avait posé la possibilité de ce qui ne serait pas la connaissance, et dans ce deuxième
temps, ce qu’il fait maintenant, c’est caractériser l’expérience comme connaissance. Or toute notre
connaissance commence avec l’expérience. Attention, c’est important, l’expérience, ce n’est pas
que le pouvoir empirique. Puisqu’il s’agit de la distinction entre connaissance pure et connaissance
empirique, il ne faudrait pas croire que toute notre connaissance qui commence avec l’expérience
ne relève que de la connaissance empirique. La connaissance pure est également comprise dans
l’expérience, dans la totalité de notre expérience. Donc dire que notre connaissance commence avec
l’expérience, cela ne veut pas dire, loin s’en faut, que toute notre connaissance commence avec,
comme il le dira après, la sensation brute, puisqu’aussi bien, nous ne pouvons avoir de sensation
(Empfindung) brute, hors de nous, que si nous avons un pouvoir, une activité de nous représenter,
activité de nous représenter qui est elle-même double, qui est en même temps l’activité du Gemüt
(de l’esprit) à être passif, ce sera la sensibilité, et l’activité du Gemüt à être actif, ce sera
l’entendement. Dans les deux cas, il s’agit d’une activité de l’esprit. Attention, si vous dites que la

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sensibilité est simplement pathologique, passive, comme dirait Kant, c’est faux : la sensibilité est un
pouvoir actif, mais c’est un pouvoir actif d’être passif, c’est l’activité d’être passif. Kant va opposer
l’activité d’être passif, pour le divers brut de la sensation, à l’activité d’être actif, c’est-à-dire les
concepts purs de l’entendement. Comme nous ne pouvons pas faire abstraction de notre propre
entendement, nous sommes bien obligés de distinguer la sensation, le divers pur de la sensation,
alors que ce divers pur de la sensation est toujours déjà soumis à la connaissance comme telle,
qu’elle soit pure ou empirique.
À cela j’ajoute, pour complexifier le texte, qu’il n’y a pas de connaissance génétique chez Kant.
Kant, et c’est un point capital, ne fait pas une génétique de la connaissance, mais il essaie de mettre
en évidence à la fois les conditions de possibilité de ce qu’est la connaissance et d’autre part, les
conditions de possibilité de ce que n’est pas la connaissance, c’est-à-dire que l’on retrouve les deux
parties de la Théorie transcendantale des éléments, l’Analytique transcendantale (ce que l’on peut
connaître) et la Dialectique transcendantale (ce que l’on ne peut pas connaître).
Donc quand Kant utilise le terme d’expérience, il ne faut pas croire qu’il s’agisse uniquement du
divers brut de la sensation, bien au contraire : la notion d’expérience implique déjà la double
activité de l’esprit : l’activité d’être passif, c’est-à-dire la sensibilité et l’intuition, l’espace et le
temps, et l’activité, le pouvoir d’être actif, c’est-à-dire l’utilisation quasi automatique de la machine
déterminante qu’est l’entendement, c’est-à-dire, l’application (Anwendung) des concepts purs de
l’entendement (qui sont au nombre de 12, il y a 4 catégories et 12 concepts purs de l’entendement).
J’insiste que l’expérience n’est pas l’abstraction de notre entendement parce que nous ne pouvons
pas faire l’abstraction de notre entendement. Dans l’expérience, se joue déjà de la mise en forme du
divers pur de la sensation, se joue déjà les conditions a priori de la connaissance pure, c’est-à-dire
les concepts purs de l’entendement, c’est-à-dire le pouvoir actif de l’esprit.

On voit bien que Kant parle du « pouvoir de connaître ». L’idée de mon interprétation est qu’il ne
faut hypostasier aucune faculté chez Kant. Il est faux, à mon sens, de dire que nous avons la
sensibilité qui est coiffée par l’entendement, ou encore de dire l’imagination puis l’entendement et
puis la raison. Cela ne se passe absolument pas comme cela : l’esprit est UN, le Gemüt, mot
mystérieux, comme le dit lui-même Kant, est UN, et cet Un a un pouvoir ; ce pouvoir est le pouvoir
de déterminer et le pouvoir de recevoir l’objet de la détermination, c’est-à-dire l’Empfindung, le
divers de la sensation, c’est-à-dire le déterminable. On ne peut parler de déterminable que si, au
préalable, nous avons délimité les conditions de la détermination ; c’est la raison pour laquelle Kant
dit que le pouvoir de connaître est « éveillé et mis en exercice ». C’est la totalité du pouvoir de
connaître qui est mise en exercice, c’est-à-dire aussi bien les formes pures de la sensibilité et les
concepts purs de l’entendement.
Donc nous avons un donné, l’Empfindung du divers pur de la sensation, qui en fait n’existe pas. Il
est complètement faux de mettre en doute son existence, mais il est impossible d’autre part, de
saisir ce qu’est ce divers brut de la sensation puisqu’il est toujours déjà soumis aux conditions
transcendantales de la connaissance, à savoir : la collusion applicative des deux pouvoirs, des deux
activités de l’esprit, à savoir la sensibilité et la raison. Donc en même temps, il y a le divers pur de
la sensation, qui met en éveil nos facultés de connaître, mais cette mise en éveil de nos facultés de
connaître n’est possible que si, au préalable, ces facultés de connaître sont d’ores et déjà mises en
éveil. Donc il y a là une circularité, mais Kant, sous peine de tomber dans l’idéalisme absolu, est
bien « obligé » (philosophiquement) de mettre en évidence une extériorité à la connaissance.
Notons que Kant dit « par des objets qui frappent nos sens » (Gegenstanden-objets). Qu’est-ce
qu’un objet pour Kant ? Un objet n’est pas une chose. (cf. Heidegger « Qu’est-ce qu’une chose ? »
très bel ouvrage et très éclairant pour notre propos).

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Ce qui met en exercice notre pouvoir de connaître, ce sont « des objets qui frappent nos sens ».
Mais l’on ne peut parler d’objet que si, au préalable, les conditions de l’objectité ont été mises en
oeuvre, c’est-à-dire, à la fois, l’application schématisante des concepts purs de l’entendement sur
les formes pures a priori de la sensibilité, qui constitue l’objectité de l’objet, c’est-à-dire, en fait, le
remplissement, par la création du temps, du x, de l’objet transcendantal = x, qui n’est rien d’autre
que l’expérience elle-même. Nous n’avons donc d’objet, que si nous avons un déterminable, qu’est
le x, lequel n’est pas, comme on le dit souvent chez les commentateurs, le corrélat de l’unité
universellement synthétique de l’aperception. C’est faux. Le x, c’est simplement le déterminable de
l’expérience qui nous donne les conditions réfléchissantes de possibilité d’un objet, lequel objet est
un phénomène qui « frappe nos sens » afin de mettre en éveil ce qui a toujours déjà été mis en éveil,
à savoir, nos facultés de connaître ; la faculté, donc l’activité passive de recevoir la représentation,
et la faculté active de détermination de cette représentation.
Notons bien, et c’est important, que dans les deux cas, Kant parle de représentation. Dans un texte
resté célèbre, il produit une déduction métaphysique du concept de représentation, déduction dans
laquelle il explique que la représentation est le terme générique, et que « tout est représentation » ne
veut pas dire qu’il n’y a pas d’extériorité à notre esprit (notre Gemüt) ; au contraire : nous ne
pouvons saisir le contenu de l’Empfindung qui affecte notre Gemüt, que par des représentations.
Donc, du fait même qu’il y a un divers brut de la sensation, il est toujours déjà objet, et donc,
comme toujours déjà objet, il a toujours déjà mis en oeuvre nos deux pouvoirs/activités de
connaître, à savoir la sensation d’une part, l’intuition d’autre part, et enfin l’entendement, qui lui est
actif, il est activité d’activité, tandis que la sensation et l’intuition sont des activités de passivité,
mais ce sont des activités, ce sont des pouvoirs du Gemüt.

... en partie produisent d’eux-mêmes des représentations, en partie mettent en mouvement notre
activité intellectuelle pour comparer ces représentations, pour les lier ou pour les séparer, et
élaborer ainsi la matière brute des impressions sensibles en une connaissance des objets qui
s’appelle expérience. C’est la confirmation de ce que je viens de vous expliquer : il faut bien qu’il y
ait, au préalable, liaison, séparation et élaboration de la matière brute des sensations, c’est-à-dire, en
fait, la position a priori des conditions réfléchissantes de l’objectité, pour que nous puissions, dans
un second temps seulement (mais second temps qui n’est pas un temps empirique, ce n’est pas le
temps temporel, c’est un temps logique, transcendantal), parler de la matière brute des sensations.
Si vous voulez, du point de vue synthétique, le temps et l’espace jouent toujours, ils sont toujours
déjà là, la schématisation est toujours déjà active, ce qui est assez proche de l’interprétation de
Heidegger, mais je m’en sépare radicalement en disant que si le schématisme transcendantal est
toujours déjà là, c’est qu’il constitue le divers même de la matière brute de la sensation, qui, dès lors
qu’il est déterminé comme déterminable n’est plus un déterminable pur, et pourtant, il faut bien
qu’il y ait un déterminable pur, c’est-à-dire, le pur x de l’expérience, pour qu’une détermination soit
possible sur des représentations diverses, à la fois actives et à la fois passives.
Ce qui est en jeu ici, dans « la liaison ou la séparation et l’élaboration de la matière brute des
impressions sensibles en une connaissance des objets qui s’appelle expérience », vous noterez bien,
comme je l’ai dit, que ce n’est pas la matière brute des impressions sensibles qui est les objets.
L’objet est préalable dans ses conditions d’objectité que sont les déterminations de l’objet
transcendantal = x. Dès lors que nous avons un objet, c’est alors que nous pouvons parler
d’expérience. Il n’y a pas d’expérience sans objet, et il n’y a pas d’objet sans intuition, sans divers
pur de la sensation, mais il n’y a pas, par ailleurs, de divers pur de la sensation sans qu’au préalable,
il n’y ait la détermination a priori de l’x de la représentation, c’est-à-dire l’expérience comme telle.
Tout est toujours donné dans l’expérience à titre d’objet d’une part, mais d’autre part, cet objet est
suscité par la mise en éveil de nos facultés à l’occasion (attention ce n’est pas l’occasionalisme de

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Malebranche) de la rencontre de ce qui constituera le divers de la sensation qui, en tant que telle, est
purement heuristique : le pur divers de la sensation, cela n’existe pas. Essayons d’imaginer ce que
pourrait être ce divers de la sensation ! Ce serait quoi ? Quelque chose d’informe ?? On ne sait pas
ce que cela pourrait être puisque le divers, d’emblée, est mis en forme, par la double activité, à la
fois par la sensibilité et par notre entendement. Mais il faut bien néanmoins, comme le dit De
l’Amphibologie des concepts de la réflexion, que la forme pure de la sensibilité et de l’entendement
requièrent un contenu, et ce contenu nous est donné, c’est-à-dire qu’il met en éveil lui-même ce qui
le rend lui-même possible. Il y a donc une circularité. Les commentateurs, même du vivant de Kant,
se sont interrogés pour savoir s’il y avait une extériorité véritable à la représentation. Oui, sans
aucun doute ! Mais ce divers pur de la sensation ne nous est pas accessible. Essayez d’imaginer ce
que c’est ! Rien ! C’est un rien puisque d’emblée, ce divers pur de la sensation est mis en forme par
l’activité de la sensibilité et l’activité des concepts qu’est l’entendement, sous la forme d’un objet,
objet qui est une détermination de l’x déterminable de l’expérience comme telle.
C’est la raison pour laquelle Kant insiste : selon le temps, aucune connaissance ne précède donc en
nous l’expérience, et toutes commencent avec elle. Mutatis mutandis : selon le temps, qui n’est pas
un temps empirique, puisqu’il n’y a pas à proprement parler de génétique de la connaissance, mais
un temps logique, qui ne cesse de soulever des difficultés que nous ne pourrons élucider que lorsque
nous aurons le schématisme architectonique, comme concept à notre disposition, ce que nous
n’avons encore.
Et confirmation de mon commentaire : « Mais bien que toute notre connaissance commence avec
l’expérience (L’expérience est toujours déjà donnée, fût-ce sous la forme de l’x indéfiniment
réfléchissant de l’expérience), elle ne résulte pas pour autant toute de l’expérience. C’est ce que
nous avons déjà vu puisqu’aussi bien l’expérience est constituée de deux activités, l’activité de
passivité de l’esprit et l’activité d’activité de pouvoir à proprement parler qu’est notre entendement.

Remarque suite à question sur le temps logique.


Quand je dis le temps logique, c’est un double temps si vous voulez : c’est le temps de la
schématisation architectonique qui est en même temps le temps de la pensée ; il ne faut pas oublier
que Kant dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit : donc quand il écrit cela, il est en train de faire des
abstractions sur son propre entendement pour dégager le divers pur de la sensation ; et selon le
temps, le temps de la réflexion, et donc le temps philosophique de la schématisation
architectonique, il est possible de mettre en évidence, et seulement à ces conditions-là, le divers pur
de la sensation, puisque le divers pur de la sensation, ça n’existe pas ! C’est donc un concept
heuristique. Donc c’est à la fois le temps de la raison, mais Kant dira, semble-t-il, le contraire un
peu plus loin, on verra par la suite ; ce n’est pas le temps du commencement, c’est le temps
originaire, c’est-à-dire le temps des conditions pures a priori de ce dont il est question.

Mais bien que toute notre connaissance commence avec l’expérience, elle ne résulte pas pour
autant toute de l’expérience. J’insiste ici. La distinction est capitale. Il y a deux perspectives mises
ici en oeuvre par Kant. Il dit «mit der Erfahrung» et puis «aus der Erfahrung». Ces deux
prépositions renvoient à des choses bien précises chez Kant. Le mit sein de la représentation chez
Kant est lié à la catégorie de la relation, c’est-à-dire que ce qui se joue là-dedans, c’est comme s’il y
avait un principe de causalité qui nous permettrait ou qui permettrait à ce divers pur de la sensation
de constituer notre expérience. Ce qui n’est néanmoins pas le cas parce que nous savons que,
justement, «aus der Erfahrung», c’est-à-dire du point de vue de la catégorie de la modalité, tout ne
résulte pas de l’expérience. Donc il y a déjà deux perspectives architectoniques mises ici en oeuvre,
à savoir le mit sein et le aus sein. Cette distinction est tout à fait capitale. J’insisterai
particulièrement sur le aus sein, l’être-à partir de, puisque l’être-à partir de c’est celui à partir

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duquel, c’est celui qui nous permet de penser ce à partir de quoi la connaissance est possible, c’est-
à-dire notre esprit, notre Gemüt, terme le plus vague, Gemüt en allemand, c’est le terme le plus
vague possible.

Car il se pourrait bien que notre connaissance d’expérience elle-même soit un composé de ce que
nous recevons par des impressions, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (à l’occasion
simplement des impressions sensibles) produit de lui-même, addition que nous ne distinguons pas
de cette matière élémentaire, tant qu’un long exercice ne nous a pas rendus attentifs à ce qui est
ainsi ajouté et habiles à le séparer.
Encore une fois, c’est une petite phrase où Kant met tout en jeu. Analysons-la.
«Car il se pourrait bien que notre connaissance d’expérience elle-même». Remarquez que l’on est
passé des conditions de possibilité de l’expérience à l’expérience de la connaissance. Nous avions la
connaissance de l’expérience et maintenant l’expérience de la connaissance. Ce n’est pas la même
chose.
«...notre connaissance d’expérience elle-même est (soit) un composé de ce que nous recevons par
des impressions...», mais cette réception par des impressions est en fait le fait d’une activité de la
passivité de la sensibilité ; «...et de ce que notre propre pouvoir de connaître à l’occasion
simplement des impressions sensibles produit de lui-même...». Ici c’est très important parce qu’en
fait ce qui est ici en jeu, ce n’est pas tant l’entendement pur tel que Kant le décrira plus loin,
puisqu’il limite ; l’entendement pur c’est une machine à déterminer, par concepts, de manière
déterminante. Or ici il met une restriction et il dit : « à l’occasion simplement des impressions
sensibles ». Cela veut dire que ce n’est pas la totalité du pouvoir de connaître qui est ici mobilisé ;
mais c’est ce pouvoir de connaître pour autant qu’il soit l’occasion simplement des impressions
sensibles. On retrouve la circularité et abyssalement Kant envisage là implicitement un entendement
non intuitif qu’il va opposer à l’entendement intuitif. Nous n’avons pas d’intuition intellectuelle, et
nous n’avons pas d’intellect intuitif. Donc notre propre pouvoir de connaître « produit de lui-même,
addition que nous ne distinguons pas de cette matière élémentaire tant qu’un long exercice ne nous
a pas rendus attentifs à ce qui est ainsi ajouté et habiles à le séparer». Or «Übung» est le terme
générique pour «exercice» et nous avons « uns darauf aufmerksam1 ». C’est très important :
L’exercice, c’est l’exercice de la Critique de la raison pure elle-même. Donc l’exercice qu’est la
critique elle-même ; et c’est de nouveau « darauf aufmerksam », c’est-à-dire «à partir de quoi» .
Donc selon la perspective de la modalité, à partir de quoi les caractères déterminants qui constituent
le divers de la sensation est toujours déjà donné. Il est semi-constitutif si vous voulez, quasi
régulateur (formule de mon cru). Ce qui est important à comprendre dans cette phrase, c’est que
Übung, c’est bien l’exercice, et cet exercice c’est l’Überlegung, la réflexion et cette réflexion c’est
l’activité de la critique elle-même. Kant est en train de nous dire qu’il va commencer la critique, il
le fait, moyennant les différentes abstractions qu’il a déjà faites, mis en place ; il a posé l’objet
transcendantal = x implicitement, il a posé le temps originaire de l’expérience, il a posé le pur
divers de la sensation, qui en tant que tel, n’existe pas, et enfin, il nous dit que cette opération
d’abstraction, de séparation, de comparaison, c’est bien l’exercice même qu’est la critique, qui le
permet et qui le met en jeu.

1 aufmerksam - attentif,ive.
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Questions diverses :

concernant le temps :
On va reprendre la phrase : «... selon le temps aucune connaissance ne précède en nous
l’expérience, et toutes commencent avec elle». Donc toutes connaissances commencent avec
l’expérience. Originairement, c’est-à-dire de manière transcendantale dans le temps, c’est-à-dire
comme détermination a priori de l’x, de l’objet transcendantal = x qu’est l’expérience elle-même,
second moment du temps. Ce que Kant met ici en jeu, c’est en fait tout le schématisme
transcendantal. Quand il dit «selon le temps», il s’agit du temps originaire, or le temps originaire est
ce qui est «caché dans les profondeurs de l’âme humaine», c’est-à-dire, le pouvoir de l’imagination
qu’est la schématisation. Donc double aspect du temps, mais certainement pas une génétique de la
connaissance. On pourrait être tenté de croire qu’il y a le divers pur de la sensation qui vient
imprimer notre intuition, etc. Non ! Réfléchissons une seconde ! Qu’est-ce que cela peut-être que ce
divers pur de la sensation ? Ça n’existe pas. Il n’y a de divers pur de la sensation que si, au
préalable, les conditions de possibilité de l’objectité de l’objet, c’est-à-dire de l’expérience elle-
même, nous sont données, c’est-à-dire la schématisation de l’x, de l’objet transcendantal = x. Mais
Kant est bien obligé de procéder de cette manière-là puisqu’il ne peut pas faire l’abstraction de
l’entendement - l’entendement ne peut pas faire abstraction de lui-même - d’une part et d’autre part,
il ne peut pas dévoiler toutes ses cartes, ce n’est pas possible, il ne peut pas tout dire en même
temps, et donc il y a des implicites. Et ce que j’essaie de mettre en évidence, ce sont les implicites
qui sont déjà en jeu. Et ce qui me légitime a le faire, c’est que j’ai en tête l’architectonique de la
raison pure, qui est en fait la mise en oeuvre dans la Théorie transcendantale de la méthode, de
l’ensemble de l’exercice (Übung - terme générique de l’exercice qui est la Critique de la raison
pure). Donc, encore une fois, cela veut dire que l’exercice qu’est la Critique de la raison pure,
l’exercice même de la critique a lieu dans le temps, selon un temps, et originairement dans le temps.
Et il faudra ajouter, avec la seconde analogie de l’expérience, l’espace. Le temps est indissociable
de l’espace chez Kant. Des commentateurs ont souvent dit qu’il y avait un primat du temps sur
l’espace chez Kant (notamment à propos de la théorie du schématisme transcendantal), mais c’est
faux. En fait, s’il doit y avoir un primat entre l’espace et le temps, c’est bien plutôt l’espace qui
aurait le primat sur le temps. En effet, si vous faites une expérience phénoménologique comme nous
invite à le faire Heidegger, et que vous découvrez le monde ambiant (l’Umwelt qui nous entoure) ;
la découverte de l’Umwelt dans notre Umsicht (le monde ambiant dans notre vue ambiante qui
balise de significations la spatialité qui nous entoure) est d’abord bien entendu l’espace et pas le
temps. Le premier rapport, phénoménologiquement, avec le monde extérieur, c’est l’espace et pas le
temps. Le temps, c’est le sens interne ; ce qui est premier, c’est le sens externe. Nous ne pouvons
prendre conscience du temps que si nous avons au préalable une conscience de l’espace. Il y a un
primat de l’espace sur le temps. Cela c’est pour chez Heidegger, mais Kant, lui, est un homme du
XVIII, où le primat de la raison est bien là, l’entendement est toujours le principe de l’unité, et donc
Kant part du sens interne vers le sens externe, mais en fait, du point de vue synthétique, du point de
vue de l’expérience comme telle, c’est le sens externe qui est premier par rapport au sens interne,
pour autant qu’il soit possible de les distinguer. On peut les distinguer de manière transcendantale,
mais il n’est pas du tout certain qu’on puisse les distinguer de manière empirique évidemment.

Concernant la différence d’interprétation entre Peeters et Heidegger :


Pour Heidegger, l’objectité est le fruit de la schématisation, purement et simplement. La
schématisation du temps donne l’horizon de prédonation des objets. Pour Peeters, c’est une
interprétation géniale, certes, mais ce n’est pas ce que dit Kant. Au contraire, il faut bien que les

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conditions de possibilité de l’objectité de l’expérience elle-même soient données pour que l’horizon
de prédonation de l’objet soit donné, c’est-à-dire l’espace et le temps comme activité de l’esprit,
comme activité de la passivité. Ce n’est pas tellement différent de ce que Heidegger dit, c’est plutôt
une autre approche, une autre perspective. Heidegger fait une interprétation phénoménologique de
Kant ce que Peeters ne fait pas : il reste à l’intérieur de Kant, Kant et rien que Kant.

Concernant le x :
La variable x, le x, c’est en fait le concept réfléchissant de l’expérience possible. Qui dit expérience
dit à la fois entendement et sensibilité, c’est-à-dire espace et temps et concepts purs. Il est faux de
penser que le x est le pur donné de la sensation. Puisqu’au contraire, ce sont les conditions de
possibilités réfléchissantes de la position d’un concept sous lequel je peux subsumer la
connaissance qui, elle, est infinie. Le divers de la sensation, dès lors qu’il est donné il est inclus, il
ne peut être donné que s’il est inclus dans l’objectité de l’objet. Ceci est un point fondamental.

----------------------------------- cours 2
Questions diverses :
Concernant la non-connaissance pure :
C’est un des points les plus complexes chez Kant. Vous avez les 4 tables dans l’Analytique des
concepts et l’ Analytique des principes : la table des jugements - la table des catégories - la table des
principes - la table du rien. Du point de vue de la métaphysique classique, la table du rien, c’est le
lieu où Kant va évaluer et distribuer en fonction des catégories, l’être de raison, l’ens rationis, c’est-
à-dire le possible en tant que tel, le quelque chose de possible du point de vue ontologique. Cette
table du rien a néanmoins une positivité dans la mesure où elle nous permet de construire ce que
Kant appelle lui-même une non-chose, l’Unding, que nous ne pouvons pas connaître, puisque c’est
une non-chose, mais que nous pouvons penser, et si nous la pensons correctement (et nous pouvons
la penser dans la mesure où l’entendement, comme faculté des concepts ne cesse de déterminer ce
qu’il se donne à lui-même, c’est-à-dire la non-chose en l’occurrence), on doit la penser en fonction
de la table du rien, c’est-à-dire des 4 manières possibles sous lesquels se décline le rien. Le concept
de non-chose est extrêmement abstrait : le concept de non-chose c’est la limite externe de
l’ontologie, et par là-même c’est ce que le x de l’expérience ne parvient pas à déterminer, c’est, si
vous voulez, la limite extérieure du x de l’expérience, du x de l’objet transcendantal = x, qui est
(comme on l’a vu) le concept réfléchissant de la totalité de l’expérience possible. Comme on l’a vu
chez Kant, dès que l’on pose un concept on pose immédiatement un concept complémentaire. Et
donc si l’on a la totalité de l’expérience possible, on a la totalité de l’expérience non possible.
Exemple qui est le plus important pour Kant, c’est la morale. La morale est un fait de la raison
(«factum rationis»), la liberté comme concept suprême est un en soi, c’est un ens rationis, être de
raison que l’on ne peut pas connaître, mais que l’on peut penser. La limite externe de l’x
transcendantal, ce serait par exemple la liberté. La question alors serait : comment inscrire la non-
chose, déclinée selon la quantité, c’est-à-dire la liberté, comment rendre compossible cette
détermination de la non-chose avec l’expérience dans laquelle nous vivons, à savoir la distribution
des catégories plus l’espace et le temps ? En d’autres termes, et c’est le vieux problème leibnizien et
baumgartenien, comment rendre compossible la causalité par liberté dans la causalité naturelle, eu
égard au fait que je vous rappelle que le jugement «tout effet a une cause» est un jugement
synthétique a priori, et non pas «toute cause a un effet» qui est un jugement analytique a priori.
Donc tout effet a une cause ; il y a, il doit y avoir des manifestations de la liberté dans la nature,
mais nous ne savons pas, et Kant est très clair sur ce point, nous ne saurons pas et nous n’avons
jamais su s’il y a eu quelque action morale dans le monde. Mais s’il y en a eu une, alors
nécessairement, elle aura lieu dès l’expérience, dans l’expérience, et rendra dès lors compatible la

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non-chose, c’est-à-dire la connaissance pure vide qu’est la liberté, le fait de la raison dans la nature
du monde naturel qu’est le monde de l’expérience possible.

Du côté de la liberté, il y a une non-connaissance empirique qui est d’emblée remplie ou


transformée par la maxime de l’action. Donc à chaque instant de ma vie, je me donne une action
dont je dois voir par après si elle est conforme à la loi morale. Je me donne des maximes et ces
maximes sont contingentes. Ces maximes participent de la connaissance empirique si vous voulez,
bien qu’elles ne déterminent que la manière dont j’agirai dans la nature en conformité avec celle-ci :
si je marchai au plafond je n’y arriverai pas. La connaissance empirique de la morale est soumise
évidemment aux lois de la nature.
Qu’il n’y ait pas d’inscription de la loi morale, formelle et vide dans la nature, cela, Kant nous dit
que nous n’en savons rien. Il n’y a donc pas de connaissance empirique de la loi morale. Par contre
nous pouvons avoir une connaissance et une maxime dont on dira qu’elle devrait être conforme à la
loi morale pour que l’action soit vertueuse. Nous tombons alors dans l’antinomie de la raison
pratique entre la vertu et le bonheur en vue du souverain bien, etc., je n’entre pas là-dedans.
Tout cela fait partie de l’Unding du point de vue de la perspective de la connaissance, cela fait
partie de la non-chose, mais que l’on peut évidemment penser, mais que l’on ne peut pas déterminer
à titre de chose. Je vous rappelle que pour Kant, la chose ce n’est pas l’objet, la chose, c’est ce qui
est simplement donné là.

Question : la matière indéterminée est-elle une non-chose ?


Comme on l’a vu, la matière première indéterminée, on n’y a absolument aucun accès. Il est tout à
fait certain que cette matière n’existe pas dans la mesure où dès lors qu’elle est, elle est déjà objet.
Effectivement on pourrait interpréter, mais alors cela serait faire du x, de l’objet transcendantal = x
un concept déterminant et non plus un concept réfléchissant, en disant que le x, c’est effectivement
la matière indéterminée. Il y a des passages dans le texte où il est possible que ce soit ce que Kant a
en vue dans la mesure où il parle d’objet transcendant à propos de l’x. Mais ce sont des passages
très complexes qu’il faut mettre en perspective.
Ce qui est important, c’est que la matière brute de la sensibilité, la pure matière, est toujours donnée
sous le joug de l’unité, Kant est un homme du XVIII, et l’entendement est la source de l’unité et
donc le divers pur de la sensation nous est donnée sous l’unité de l’entendement et donc l’on
pourrait dire que la notion d’objet renvoie (ce serait un peu pinailler mais bon on pourrait) à la
notion de chose comme analogiquement la matière de la sensation renvoie à son extériorité. On
ferait une analogie de ce type qui tient la route. Mais c’est assez compliqué pour penser la matière
pure de la sensibilité, mais de fait, cette matière est totalement indéterminée, mais elle n’existe pas
non plus. Mais attention, l’existence n’est pas un prédicat réel. Donc en fait, on ne peut strictement
rien en dire : ni qu’elle existe, ni qu’elle n’existe pas, en dehors de la contradiction qu’il y aurait à
la poser comme étant un pur divers indépendamment radicalement des formes de l’intuition et de
l’unité de l’entendement. Donc identifier le x avec le pur divers de la matière elle-même de
l’expérience, et non pas l’expérience en tant que telle, déjà formée, c’est audacieux, mais c’est une
interprétation qui a été faite, que je ne partage pas, mais qui a été faite, interprétation qui permettrait
de positiviser (avec beaucoup de guillemets) cette matière qui est néanmoins là (Kant dit que les
corps sont des phénomènes, et donc que s’il y a des phénomènes, c’est qu’il y a des noumènes, des
choses en soi, et donc effectivement, cela serait quelque chose comme cela...) Notez alors qu’on en
arriverait à dire que le pur divers de la sensation, avant même que logiquement il ne soit objet (ce
qui est impossible) serait la chose en soi justement. Dès lors que ce divers de la sensibilité, cette
pure empirie vagabonde se donne à nous, la chose en soi serait d’emblée transformée en
phénomène, cela de toute façon.

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Mais peut-on identifier dans la non-chose la chose en soi et ce pur divers de la sensation ? Oui dans
un certain sens, une lecture phénoménologique vous dira oui ; Heidegger vous dira oui. Mais une
lecture qui insiste plus sur l’unité de l’entendement vous dira non. Hermann Cohen vous dira que
c’est impossible, que la chose en soi, ce n’est pas cela. (Il y a trois sens possibles de la chose en soi
chez Kant, nous verrons cela plus tard).

Concernant la différence entre mit der Erfahrung et aus der erfahrung :


J’essaye avec le texte allemand de comprendre la Critique de la raison pure en mettant en évidence
des structures architectoniques, et ces structures nous sont données principalement par des
propositions. L’allemand est une langue synthétique, les préfixes ont une importance capitale, le
verbe ne venant que déterminer le préfixe. Chaque préfixe est une perspective. Dans le paragraphe
étudié, nous avons «mit der Erfahrung» et «aus der erfahrung». Toute notre connaissance ne
commence pas avec l’expérience, nous avons donc un «mit sein», un être-avec, et d’autre part, nous
avons l’aus sein, ce dernier a à voir avec la modalité.
Nous n’aurons pas l’occasion de voir toute la structure architectonique de la Critique, et je ne ferai
que signaler les perspectives, mais néanmoins j’insisterai sur une perspective, celle de la modalité ;
la catégorie de la modalité et les concepts purs de l’entendement qu’elle subsume, qui sont des
moments (attention lorsque l’on vous dit qu’il y a 12 catégories, c’est une profonde erreur : il y a 4
catégories et 12 moments ; qui dit moment implique du temps). La catégorie de la modalité, c’est-à-
dire en fait les conditions de possibilité de l’expérience, de telle sorte que les conditions de
possibilité de l’objet de l’expérience sont en même temps les conditions de possibilité de
l’expérience de l’objet. C’est le Principe suprême de tous les jugements synthétiques a priori, qui
est un principe constitutif puisque c’est ce principe qui permet de comprendre que le monde est
écrit en formule mathématique. Et cela reste un grand mystère pour tous les savants et ceux qui s’en
occupent. Pourquoi cela marche ? Et donc, la modalité nous situe, situe le sujet pensant, son Gemüt
(esprit) par rapport à l’impossibilité de l’expérience, à l’effectivité de l’expérience et enfin à la
nécessité de l’expérience. Ces trois concepts purs de l’entendement, ces trois principes purs a priori
de la connaissance peuvent être subsumés sous la catégorie de l’aus sein, étant entendu que l’aus
sein, c’est le «à partir de», (aus), «à partir de l’expérience».
Il faudra faire se correspondre en même temps le «à partir de l’expérience» (et nous savons que
toute notre connaissance ne résulte pas de l’expérience) avec les principes purs a priori de la
connaissance de l’objet, et nous aurons à ce moment-là, la limite de l’aus sein (l’être-à partir de), en
l’occurrence l’expérience.
Ce que je pose pour le cours est de savoir si sous cet aus-sein, sous cet «à partir de l’Erfahrung», on
peut penser la fondation architectonique d’une logique formelle qui, de toute façon, relèvera de la
quantité; logique qui a ceci de particulier qu’elle permet par exemple de formaliser l’Unding, la
non-chose, le quasi-objet (formellement il y a moyen de le construire et de travailler avec lui) ; en
d’autres termes, n’y a-t-il pas moyen, à partir de l’aus-sein de construire une ontologie ?
Attention, on prendra garde immédiatement, au fait que Kant n’a de cesse de dire qu’il ne veut pas
faire une ontologie, qu’il ne fait pas une ontologie, qu’il préserve le nom «prétentieux» d’une
ontologie a son Analytique transcendantale. Il ne veut pas faire une ontologie, donc ce n’est pas la
peine d’essayer de voir si l’on peut construire une ontologie à partir de ce qui est impossible. Mais
pourtant, d’après mon interprétation de la perspective de l’aus sein, l’aus sein rend possible une
logique formelle synthétique que Lesniewski appelle ontologie et qui est dans mon vocabulaire (si
vous voulez dès qu’un concept est saisi dans une formalisation ontologique, il passe du statut de
concept au statut de simulacre de concept et dès qu’il est hypostasié (si j’écris la formule de
l’ontologie à titre d’hypothèse comprenant la notion de non-chose, et puis que je démontre et que je
l’hypostasie), j’obtiens un simulacre de simulacre que sera la logique formelle de Lesniewski. Cela

10
veut dire que l’entendement, le Gemüt, est toujours en discrépance par rapport à lui-même.
Discrépance, cela veut dire une différence à soi qualitative qui n’a de cesse de se régénérer à l’aune
de la mère de l’apparence, l’apparence méthodologique, c’est-à-dire prendre la philosophie pour des
mathématiques ou les mathématiques pour la philosophie, et ce n’est pas symétrique ; il s’agirait
d’occulter, d’obnubiler littéralement; obnubiler sous la forme d’un simulacre, et par simulacre
j’entends étymologiquement le terme «simul» qui veut dire «en même temps» ; «simulacre» vient
du latin «simulacrum», construit sous la racine «simul» qui veut dire «en même temps», et qui
renvoie au radical indo-européen «sem» voulant dire aussi «en même temps».
Lambert écrit à Kant une lettre très importante suite à la dissertation de 1770, il l’invite à
mathématiser la raison pure. Il nous dit qu’il y a un simulacre dans la raison c’est-à-dire en fait, une
subreption de l’espace et du temps dans la raison, ce qui est à l’origine de la démarche kantienne,
l’Übung, l’exercice critique, qu’est la réflexion transcendantale, et dont je dis que ce simulacre de la
pensée, ce «simulacre dans la raison» (Lambert) est précisément ce que j’appelle la logique
formelle, en l’occurrence l’ontologie au sens de Lesniewski, au sens où elle est strictement
ontologiquement neutre, c’est-à-dire qu’elle ne parle pas du monde, mais des manières de parler du
monde. Ce qui veut dire que l’on évite l’hypostase, on ne dit pas ce qu’est le monde, mais on dit ce
que c’est qu’appeler le monde.
Question : n’est-ce pas toujours ainsi ? Pas du tout; cf la bildtheorie, le Tractatus. Si cela ne marche
pas, c’est que Wittgenstein lui-même abandonne cette optique philosophique, mais il n’est pas du
tout certain que le second Wittgenstein soit plus pertinent que le premier. A mon avis, le Tractatus
est plus pertinent que le second Wittgenstein, et reste d’actualité, cf. «Ce dont on ne peut parler il
faut le taire» (Wiitgenstein).
Maintenant, est-ce qu’il y a toujours cette médiation du langage, c’est-à-dire du parler du parler du
monde ? Pas nécessairement. Il y a toute une philosophie, qui tire son origine chez Brentano, de la
référence directe, peu connue ici, et déjà Husserl dans une certaine mesure, aussi Karl Stumpf,
Anton Marty, ...l’école de Vienne et de Varsovie. Ces écoles disent que l’ontologie est vraiment la
manière de parler du monde, l’ontologie dit le monde, dit les rapports de monde. Pas plus pour eux
que pour Kant et que pour nous, le monde n’est un donné comme cela, il est certes unifié par
l’entendement, mais il est néanmoins diversifié, nous ne sommes pas une matière compacte, nous
sommes divisés, il y a individuation, et s’il y a individuation il faut bien qu’il y ait activité de
l’esprit, c’est-à-dire activité logique, cette fois de détermination, et toute détermination est une
négation et l’on peut le démontrer (c’est pas si facile à faire, mais il y a moyen). L’idée de la
référence directe n’est pas une idée incongrue. Le seul problème, c’est alors que l’on a une
ontologie directe, or Kant a montré que l’ontologie (qui est plus proche de Leibniz que celle de
Lesniewski) a menée à des impossibilités et à des contradictions.
Vous comprenez que nous naviguons entre deux eaux : l’on va faire une ontologie (alors que Kant
dit que l’on ne peut pas le faire et qu’il dénonce Leibniz et surtout Wolff), en hypostasiant le
simulacre de la raison. Mais Kant n’a jamais remis en question ce simulacre de la raison, c’est-à-
dire la présence du temps et de l’espace incongru, c’est une subreption subreptice dans la raison, et
dès lors je prends cela et me dit : voilà un lieu subreptice, il y a une «faute» transcendantale, une
erreur transcendantale plutôt (pour parler comme Kant) à savoir une hypostase, une saisie (Einsicht)
par l’esprit de ce temps et de cet espace dans la raison, que je détermine comme ontologie formelle.
Mais pour cela il faut d’abord montrer au préalable qu’il y a des jugements synthétiques a priori en
ontologie formelle, donc en logique, et donc la question centrale est : est-ce que les définitions
créatives de Lesniewski sont des jugements synthétiques a priori ou non ? (= optique de ce cours).
On verra, c’est loin d’être simple !!!

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Suite de la lecture commentée de l’introduction :

C’est donc pour le moins une question qui a encore besoin d’une recherche plus poussée et que l’on
ne peut régler sur la première apparence, que celle de savoir s’il y a une telle connaissance,
indépendante de l’expérience et même de toutes les impressions des sens.
Encore une fois, Kant est ici tout à fait abyssale. Prenons le texte allemand. La question (Frage) est
une recherche (Untersuchung). C’est une recherche de quoi ? La question a «encore besoin d’une
recherche plus poussée et que l’on ne peut régler sur la première apparence». Or, le texte allemand
dit «... nicht auf den ernsten Anschein sogleich abzufertigende Frage ....» . Pour le terme
«apparence» nous avons bien le terme «Anschein» qui renvoie à tout le champ sémantique de
l’Anschauung, du Schein, de l’Erscheinen, etc., le phénomène, l’apparence, l’apparence
transcendantale qui n’est pas la même que l’apparence sensible, etc. Ce qui m’intéresse
particulièrement c’est que c’est du point de vue de l’apparence, c’est «und nicht auf de: ernsten
Anschein», cela veut dire que l’on ne peut régler sur la première apparence, ce qui veut dire que
Kant semble indiquer que selon la première apparence (ernsten) il semble évident que nous ayons
une connaissance indépendante de l’expérience.
Vous voyez combien ce texte est génial puisque il s’agit bien... , Kant met en oeuvre ici tous ses
concepts, dans cette petite phrase. La question est : est-ce qu’il y a une telle connaissance
indépendante de l’expérience (Erfahrung) ? Selon toute apparence (Anschauung) il y a
effectivement une telle connaissance. Mais pourquoi selon la première apparence ? Qu’est-ce que
c’est que cette première apparence ? C’est celle qui serait ce qui est indépendant de l’expérience et
même de toutes les impressions des sens. Or c’est exactement ce que Kant cherche, mais il nous dit
il y a une apparence à le faire, donc on peut se poser la question de savoir si... si et pourquoi Kant
convoque... et si l’apparence que nous aurions et qu’il y aurait une telle connaissance indépendante
de l’expérience et même de toutes les impressions des sens.... Donc quelle est cette apparence ?
Nous sommes laissés en suspens, et Kant n’approfondit pas ici cette première apparence, mais cette
première apparence relève de la mère de l’apparence, c’est-à-dire de la confusion des usages
mathématiques et discursifs de la raison. C’est tout à fait génial parce qu’il dit après : on nomme a
priori de telles connaissances et on les distingue des connaissances empiriques qui ont leur source
a posteriori, c’est-à-dire dans l’expérience. Donc Kant ne dit pas qu’il n’y a pas, selon une
première apparence, une connaissance indépendante de l’expérience et de toutes les impressions des
sens puisqu’effectivement, nous savons qu’une telle connaissance existe.
Quelle est à votre avis cette connaissance ? Cette connaissance pure a priori totalement
indépendante de l’expérience et même de toutes les impressions des sens, c’est la logique
évidemment. C’est très intéressant que Kant dise que l’on ne peut régler sur la première apparence,
c’est-à-dire en fait sur la logique, la question de savoir s’il y a une telle connaissance indépendante
de l’expérience et même de toutes les impressions des sens. Mais tout d’abord et le plus souvent,
comme dit Heidegger, une telle apparence renvoie à la logique, ce qui ne fait qu’apporter de l’eau à
mon moulin, puisqu’effectivement, je vais essayer de montrer que la logique formelle, que j’appelle
quasi kantienne, tel qu’on va la voir chez Lesniewski, est effectivement le lieu d’une apparence, ce
qui ne veut pas dire que, en tant que lieu d’une apparence, qu’elle ne soit rien, mais elle est peut-
être la déclinaison du rien et une manière de déterminer, de donner un contenu à l’Unding, la non-
chose, mais nous sommes alors dans le royaume de l’apparence, du point de vue métaphysique bien
sûr, parce que du point de vue logique nous ne sommes pas du tout dans l’apparence, la logique,
elle détermine, elle met en oeuvre ses concepts, donc de son point de vue la logique formelle n’est
pas une apparence, mais dans l’interprétation métaphysique et architectonique de la critique que
l’on peut en faire l’on dira que la logique formelle renvoie au simulacre de la raison, dénoncé et mis

12
en évidence par Lambert, et repris par Kant sous le terme générique de l’apparence transcendantale
dont la mère, la source, l’origine, est l’usage subreptice des mathématiques dans la connaissance
discursive.

Question concernant le passage de la connaissance pure a priori à la logique :


La phrase de Kant est étrange. Il dit «c’est donc pour le moins une question qui a encore besoin
d’une recherche plus poussée et que l’on ne peut régler sur la première apparence». Or ici
«apparence» c’est le sens fort de «Anschein», ce n’est pas une première impression vague que l’on
aurait comme ça. « .. que celle de savoir s’il y a une telle connaissance indépendante de
l’expérience et même de toutes les impressions des sens». Cela veut dire que nous avons à notre
disposition une telle connaissance indépendante de l’expérience et même de toutes les impressions
des sens ; or, cette connaissance, c’est précisément la logique, et donc, le propos de Kant est ici
double : il dit d’une part que l’on ne peut régler l’expérience d’après la logique, c’est alors la lecture
positive, et la lecture négative, du point de vue critique, c’est de dire : si l’on accepte l’apparence, il
y a quand même un lieu, un espace et un temps, pour une logique formelle. Dans les deux cas, Kant
dit qu’on «nomme a priori de telles connaissances et on les distingue des connaissances empiriques
qui ont leur source a posteriori, c’est-à-dire dans l’expérience».
Notez bien que les connaissances empiriques ont leur source a posteriori c’est-à-dire dans
l’expérience, et pour le mot «source» c’est «Quelle». Quelle, c’est le terme générique de l’origine,
ce n’est ni l’Anfang, le début, le commencement, ni l’Ursprung, l’originaire. Kant reste ici encore
relativement vague avec le mot source. Notons bien que dans tous les cas, que ce soit a priori,
empirique, a posteriori, il s’agit toujours de connaissance dans l’expérience. C’est tout à fait
étonnant parce qu’il dit que les connaissances empiriques ont leur source a posteriori, c’est-à-dire
dans l’expérience, mais il n’y a rien d’autre que l’expérience. Ce que l’on cherche ce sont les
conditions de possibilités de cette expérience. Y-a-t’il une connaissance qui ne vienne pas toute de
l’expérience, mais l’expérience est toujours déjà autoconstituée, et ma réponse pour ce cours est :
oui il y en a une qui a un statut particulier que Kant n’a pas thématisé à proprement parler, donc il
faut traquer dans les recoins de sa pensée, c’est-à-dire la logique formelle au sens développemental
du terme. Quand il vise ici la logique qui est pure a priori, il s’agit de la logique analytique, c’est la
logique d’Aristote. (suite à remarque : La logique transcendantale, elle, elle n’est pas donnée dans
une apparence).

Questions à propos de la matière brute :


-La matière brute, la sensation cela n’existe pas. Kant est un penseur du XVIII et il ne peut penser
l’expérience que sous l’aune de l’unité, unité donnée par l’entendement. Il n’y a donc pas un
principe unificateur du divers autre que l’entendement. Cela veut dire que la matière brute de la
sensibilité en fait n’existe pas. Cela serait, l’en soi du phénomène, qui est heuristiquement
nécessaire, mais dont on ne peut savoir de quoi il s’agit. Dès lors que nous avons l’Empfindung et
l’Eindrück (l’impression), le divers de l’impression ou de la sensation est déjà un divers qui est
informé par l’appareil du Gemüt (les concepts purs de l’entendement et les formes a priori de
l’espace et du temps). Donc parler de rapport entre le divers pur de la sensation et la logique, c’est
faire des sauts assez considérables, et il semble qu’il n’y en ait pas. Sauf que l’on pourrait imaginer
que la logique formelle, dès lors qu’elle serait l’hypostase d’une hypostase, un simulacre de
simulacre, ayant aboli par là l’espace et le temps qui pourtant lui sont constitutifs (en tout les cas
dans sa version développementale), aurait la possibilité de rendre compte de ce divers absolu, sans
forme, de la sensation. Mais pour cela, il faut d’abord qu’il y ait un tel divers. Kant dit bien qu’il est
nécessaire, mais nous ne savons pas ce que c’est, et en fait, pour nous, cela n’existe pas. Il faut

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deuxièmement qu’il soit saisi dans une forme logique, et troisièmement il faut que cette forme
logique soit hypostasiée sous la forme d’une ontologie formelle. Est-ce que c’est possible ou non ?

-voir la lettre que Lambert écrit à Kant après la Dissertation de 1770. Il dit deux choses qui seront la
base de la Critique. Il dit : il faut mathématiser la raison. Wolff a déjà fait la moitié du travail et
l’autre moitié reste à faire, et cela n’est pas compliqué. Ce n’est pas compliqué sauf que Kant va
déceler ce qu’il appelle la mère de l’apparence, c’est-à-dire l’apparence méthodologique au début
de la méthodologie transcendantale, c’est-à-dire prendre les mathématiques pour la philosophie et
l’inverse. Il y a aussi un autre élément dans cette lettre où Lambert dit à Kant qu’il y a dans la
raison l’influence subreptice de l’espace et du temps, et il dit que ça c’est un simulacre.
Lambert est naïf à l’époque, il n’anticipe pas toutes les difficultés qu’il met en oeuvre en disant cela
à Kant, il dit qu’il est facile de repérer ce simulacre et de le supprimer. Kant dira qu’il n’est pas du
tout facile de le circonscrire et le supprimer, bien au contraire, il est l’apparence transcendantale
elle-même. L’idée d’une logique formelle, c’est, si vous voulez, c’est dans la discrépance et la
raison avec elle-même, dans la différenciation de la raison à elle-même dans la position d’une idée
d’une critique de la raison pure comme exercice, comme réflexion opératoire, c’est de poser que cet
espace et ce temps dans la raison, espace et temps qui ne sont pas, ce sont des riens, ils relèvent de
la table du rien, seraient peut-être le lieu pour penser une logique pure formelle, et qui soit
néanmoins a priori et synthétique. Le but du cours est d’essayer de montrer que dans cet espace-là
très précisément, il y a la place chez Kant pour penser des définitions créatives au sens
développemental du terme. D’où la deuxième partie du cours, l’ontologie à proprement parler,
c’est-à-dire : est-ce que les définitions créatives chez Lesniewski sont synthétiques a priori ou non ?
Si ce sont des jugements synthétiques a priori, c’est ce qu’il fallait démontrer. Si ce n’est pas le cas,
alors on a un problème. On va voir. Je n’ai pas la réponse, j’ai des soupçons de réponse.

-Toute cette logique que l’on essaie de construire, ce serait la structure de la non-chose, que l’on
peut penser, que l’on peut même construire avec des formules. Et que l’on peut connaître. La
question est de savoir si cette logique que l’on peut construire, connaître et penser dit quelque chose
du monde. Et là la réponse est catégorique : c’est non ! Car ces logiques développementales ne sont
pas des logiques qui se basent sur la référence directe c’est-à-dire qui diraient les choses. Ces
logiques développementales sont apophantiques, mais sont ontologiquement neutres, elles ne disent
rien du monde, mais uniquement des manières d’en parler.
Vous allez alors peut-être rebondir et poser la question de savoir si chez Kant nous avons une
philosophie du langage. La grosse difficulté de cette démarche est qu’il y a effectivement, non
thématisé, quelque chose comme la philosophie du langage dans la Critique. Ce n’est pas thématisé
pour de multiples raisons. D’abord la problématique de la philosophie du langage n’est pas du tout
une problématique qui a cours dans la métaphysique allemande du XVII, ce qu’on ne dirait pas de
même dans la métaphysique française.
Il y a un implicite et tous ces implicites (la mère de l’apparence, la philosophie du langage, la
logique formelle développementale, et toutes ces choses-là), se trouvent en fait dans la
Méthodologie transcendantale et plus précisément dans la Discipline transcendantale, et plus
précisément encore dans l’Usage dogmatique de l’entendement. Tout se trouve là. S’il y a un texte à
lire, c’est celui-là. La difficulté, comme la Méthodologie transcendantale est et n’est pas la
méthodologie de la Critique, la question est de savoir quel est le lien entre les conditions de la
systémique praxique qu’est la Critique, c’est-à-dire la déduction transcendantale d’une part, et
d’autre part la méthodologie transcendantale dans son usage négatif, c’est-à-dire la discipline. C’est
cela qu’il faut mettre en rapport, du point de vue strictement kantien.

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Poursuite de la lecture :

Cette expression n’est pourtant pas encore assez déterminée pour indiquer tout le sens contenu
dans la question posée. On a coutume de dire, en effet, de maintes connaissances dérivées de
sources d’expérience, que nous en sommes capables ou que nous y avons part a priori, parce que
nous ne les dérivons pas immédiatement de l’expérience, mais d’une règle générale, que toutefois
nous avons elle-même empruntée à l’expérience. Ainsi dit-on de quelqu’un qui a sapé le fondement
de sa maison, qu’il pouvait savoir a priori qu’elle s’écroulerait, car il n’avait pas besoin d’attendre
l’expérience de son écroulement réel. Mais il ne pouvait cependant le savoir entièrement a priori,
car que des corps sont pesants et que par suite si on leur retire leur appui, ils tombent, il faut bien
auparavant en avoir eu connaissance par expérience.
Cela n’a l’air de rien, mais c’est fichtrement compliqué ! .....
«Les corps sont pesants», ça c’est un jugement synthétique a priori. «Les corps sont étendus», ça,
c’est un jugement analytique a priori. Les deux sont de connaissance, mais l’une par analyse et
l’autre par synthèse.
Ce qui vient complexifier c’est que s’il y a une synthèse, c’est qu’il y a une analyse et s’il y a une
analyse c’est qu’il y a une synthèse. Le texte ici est complètement circulaire. Ici, ce que pense Kant,
c’est la possibilité de jugement analytique a posteriori. Dans la classification des jugements, nous
avons les jugements synthétiques a posteriori, synthétiques a priori, analytiques a priori et puis il y a
un trou. En fait ce trou, c’est les jugements analytiques a posteriori. En voilà un exemple dans le
texte. Ces jugements nous seront d’une grande utilité parce que l’on va mobiliser de tels jugements
dans la construction de la logique pure a priori qu’est l’ontologie de Lesniewski.

Kant va encore plus loin et c’est important parce que cela veut dire que même la logique formelle
que l’on va essayer de construire dépend de conditions transcendantales, de la logique
transcendantale, quand elle ne vient pas remplacer la logique transcendantale loin s’en faut.
Nous entendrons donc, en ce qui suit par connaissances a priori, non celles qui ont lieu
indépendamment de telle ou telle expérience, mais celles qui sont absolument indépendantes de
toute expérience. «Absolument», c’est le terme que Kant utilise dans l’idéal transcendantal pour
signifier «de tous les points de vue possibles». Leur sont opposées les connaissances empiriques ou
celles qui ne sont possibles qu’a posteriori, c’est-à-dire par expérience. Mais parmi les
connaissances a priori, on appelle pures celles auxquelles rien d’empirique n’est mélangé. Ainsi
par exemple, la proposition : tout changement a sa cause est-elle une proposition a priori, mais non
point pure parce que le changement est un concept qui ne peut être tiré que de l’expérience.
Ceci est très troublant : on peut se demander si on ôte de l’a priori tout ce qui, de près ou de loin,
tout ce qui directement ou indirectement est lié à l’expérience, ce qui va resté ! Qu’est-ce qu’il reste
dans le champ d’abstraction que Kant opère dans cette introduction sur la connaissance brute qui est
pure a priori ? Qu’est-ce qui va rester ? Qu’est-ce que cela sera que cette logique, puisqu’il s’agit
d’une connaissance, de cette logique pure a priori, sans aucun rapport avec l’expérience, ni direct ni
indirect ?

II Nous sommes en possession de certaines connaissances «a priori», et même l’entendement


commun n’en est jamais dépourvu
Cela est très troublant : que nous soyons en possession de certaines connaissances a priori, soit,
mais que Kant nous dise d’une part que cela relève de l’entendement, et cela nous pouvons

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l’admettre, mais de l’entendement commun, et l’on peut se demander qu’est ce que l’entendement
commun vient faire ici et mieux : cet entendement n’en est jamais dépourvu. Qu’est-ce que c’est
qu’un entendement commun qui ne soit jamais dépourvu de connaissances pures a priori ?

Il importe ici d’avoir une marque, à laquelle nous puissions distinguer sûrement une connaissance
pure de celle qui est empirique. Or le mot «marque» (Merkmal), est aussi le caractère dans le sens
très précis de caractère de concept. C’est très intéressant parce que de tous les points de vue
possibles il y a une marque, c’est-à-dire un caractère de concept, nous ne savons pas encore lequel,
mais ce que nous savons par contre, c’est que du simple fait d’avoir une marque implique qu’il y
aura une division, c’est-à-dire une analyse et c’est bien ce que dit Kant : unterscheiden - distinguer,
donc distinguer l’un par rapport à l’autre. La marque du pur a priori sera distinguée de la
connaissance empirique et nous avons besoin pour ce faire d’un concept.
Notez que d’emblée Kant se place dans la perspective de l’entendement ; alors que dans le premier
paragraphe de l’introduction nous étions sous l’influence de la catégorie de la quantité et que Kant
parlait plutôt du divers de la sensibilité, de l’expérience en tant que telle, ici nous sommes passés à
l’autre perspective qui est celle de l’entendement. Et l’entendement, ce qu’il fait, il juge, et il juge
au moyen de concepts et les concepts ont des caractères et les caractères de concepts sont ce qui
pourra unterschieden, distinguer ce qui est pur de ce qui est empirique. Kant ne va pas simplement
dire qu’on peut diviser le concept (on ne sait pas encore lequel, mais vraisemblablement ce sera le
concept d’expérience) entre connaissance pure et connaissance empirique, mais il dit : l’expérience
nous enseigne bien que quelque chose (aliquid) est fait ainsi ou autrement, mais non que ce ne
puisse être autrement. Donc il y ajoute l’idée de nécessité. Nous sommes donc bien régis par la
catégorie de la modalité : dès qu’il y a nécessité, il y a modalité.
Kant va faire une espèce de regressus : à partir des conclusions et de ce que nous avons vu du
premier paragraphe de l’introduction, nous en étions arrivés à une connaissance pure a priori. Et
maintenant Kant, dans le deuxième chapitre de l’introduction, va en faire la déduction. Et ce,
comme suit :
S’il se trouve donc, premièrement, une proposition qui est en même temps pensée (zugleich) comme
comportant nécessité, elle est alors un jugement a priori. Tous les mots sont importants. «Satz»-
(proposition) est un terme générique et «grundsatz» cela veut dire principe au sens originaire du
terme. (rem : «Nécessité» est souligné chez Kant, ce dont ne rend pas compte la traduction de la
Pléiade). «Urteil» - jugement a priori. Donc, une proposition pensée avec sa nécessité est un
jugement a priori.
Si en outre elle n’est dérivée d’aucune autre, que de celle qui est à son tour elle-même valable
comme proposition nécessaire, elle est absolument a priori. À votre avis qu’est-ce que c’est que
cette autre proposition nécessaire ? On est au niveau de la proposition (satz) et non pas des
principes (grundsatz). On va y arriver aux principes, mais on n’y est pas encore. Satz +
Notwendigkeit = Urteil ; la proposition + la nécessité est égale au jugement.
Ici il y a une double nécessité, et alors la proposition est absolument a priori. Ce qui est en question
ce sont les Axiomes de l’intuition. Et les axiomes de l’intuition, c’est bien effectivement
«grundsatz». Kant entre dans l’Analytique des principes. Dans cette introduction, ce qui est assez
génial, c’est qu’il met à plat tout ce qu’il va faire, il rassemble les pièces de son puzzle. Il nous a
expliqué quel était son problème et maintenant on entre directement dans le coeur du débat, c’est-à-
dire l’analytique des principes. Et on commence par les axiomes de l’intuition, et effectivement, les
axiomes de l’intuition ont pour fonction de nous montrer ce qu’est un principe absolument a priori,
c’est-à-dire nécessaire.
Si on fait une déduction empirique, s’il y a un premièrement, il y a nécessairement un
deuxièmement :

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L’expérience ne donne jamais à ses jugements une universalité vraie ou rigoureuse, mais seulement
supposée ou comparative (par induction), si bien que cette universalité doit proprement signifier :
pour autant que nous l’ayons perçu jusqu’ici, il ne se trouve pas d’exception à telle ou telle règle.
Si donc un jugement est pensé selon une rigoureuse universalité, c’est-à-dire de telle sorte
qu’absolument aucune exception ne puisse être permise comme possible, il n’est pas alors dérivé de
l’expérience, mais il est valable absolument a priori. L’universalité empirique n’est donc qu’une
montée arbitraire de la valeur qui concerne la plupart des cas, à celle qui vaut dans tous, comme
par exemple dans la proposition : tous les corps sont lourds ; là où, en revanche, l’universalité
rigoureuse appartient essentiellement à un jugement, elle renvoie à une source particulière de
connaissance pour ce jugement, savoir à un pouvoir de connaissance a priori. Nécessité et
universalité rigoureuses sont donc des caractéristiques certaines d’une connaissance a priori, et
sont aussi inséparables. Mais comme dans l’usage de ces caractéristiques, il est parfois plus facile
de montrer la limitation empirique que la contingence dans les jugements, ou qu’il est plus
éclairant de montrer l’universalité illimitée que nous attribuons à un jugement que sa nécessité, il
est opportun de se servir séparément des deux critères en question, dont chacun est par soi
infaillible.
On voit bien ici qu’il règle ses comptes avec l’empirisme, et le problème de l’induction.
Nécessité et universalité rigoureuse. Les concepts ont un peu l’air de tomber du ciel ici.
L’universalité est la synthèse des jugements selon la quantité. La nécessité est la synthèse des
moments de la catégorie de la modalité. Ici Kant nous met de nouveau sous l’influence de la
modalité et de la quantité (comme plus haut) et donc au premier abord, ce que serait cette
connaissance nécessaire et universellement rigoureuse, c’est évidemment la logique. Mais attention
jusqu’ici Kant prend un soin énorme à ne pas parler de logique. Et ce n’est pas un hasard, car pour
lui, la logique, il faut la dévaloriser complètement ; il n’empêche que la logique transcendantale est
une logique. La logique analytique, il la dévalorise, mais la logique transcendantale, est quand
même une logique, il faut voir en quoi. Le terme sous-jacent ici qui traverse le texte de manière
subreptice, c’est la logique : dès que vous avez nécessité et universalité rigoureuse, vous êtes dans
des jugements analytiques a priori c’est-à-dire en fait, dans un premier temps en tout cas, dans des
jugements logiques. Kant veut montrer d’abord qu’on a des connaissances nécessaires et
universellement rigoureuses, ça c’est le premier point, et deuxième point qu’il y a des jugements
synthétiques a priori.
Ce que Peeters cherche : entre les deux qu’est-ce qu’il y a ? Entre les jugements analytiques a priori
et les jugements synthétiques a priori, est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose comme des
jugements analytiques a posteriori : cela serait un peu monstrueux cela ! Mais essayons. Si vous
avez en tête un système logique comme l’ontologie de Lesniewski, vous ne pouvez pas dire que
c’est une succession de jugements synthétiques a priori. Cela fonctionne de manière analytique,
c’est une logique, logique formelle. Et pourtant, il faudra bien qu’à un moment ou à un autre l’on
parvienne à penser qu’il y a là de la synthèse et c’est la raison pour laquelle le point important est le
problème de la définition. Parce que si l’on parvient à montrer que les définitions sont créatives,
c’est-à-dire qu’elles permettent d’introduire de nouveaux termes dans le système, qui ne sont pas
encore donnés, qui ne sont pas compris dans le concept du sujet de la proposition, pour autant que
les jugements ontologiques soient des jugements d’inhérence, alors nous avons une définition
synthétique a priori. Or cela a été démontré. Maintenant, il faut voir comment l’articuler dans le
système kantien.

17
Cours 3

Remarque : Il faut d’abord avoir des distinctions théoriques en vue de montrer si une fondation
transcendantale de la logique de Lesniewski est possible, ou en tous les cas ne contrevient pas aux
prescrits kantiens de la logique. Tout kantien bien formé vous dira que c’est complètement
hérétique de concevoir une logique formelle qui soit en même temps kantienne. Ce que j’essaie de
montrer est qu’il est possible de construire une logique formelle, que j’appelle quasi-kantienne, qui
repose sur les conditions de possibilité a priori de la science ; science prise au sens cosmique c’est-
à-dire au sens transcendantal du terme et architectonique.

3. La philosophie a besoin d’une science, qui détermine la possibilité, les principes et l’étendue de
toutes les connaissances « a priori ».
Le paragraphe 3 est central en ce qu’il présente une véritable concrétion du vocabulaire kantien tel
qu’il l’utilisera tout au long de la Critique ; on y trouve beaucoup de mots qui sont centraux dans
l’ensemble de l’oeuvre. D’où l’utilité de se référer au texte allemand.
Ce titre nous dit beaucoup de choses. Il nous dit déjà que la philosophie a besoin d’une science.
Cela peut vouloir dire deux choses. Premièrement, que la philosophie est une science, et
deuxièmement, qu’il y a une propédeutique scientifique à la philosophie, ce qui nous renvoie
immédiatement à la question de savoir de quelle science il s’agit. En d’autres termes, dans le
deuxième cas, quelle science peut remplir les conditions de possibilité de la philosophie ? Nous
pensons immédiatement aux sciences logico-mathématiques, mais Kant semble les évincer tout de
suite puisqu’il dit «une science qui détermine la possibilité, les principes et l’étendue de toutes les
connaissances « a priori ».
Tous les mots sont importants :
La science qui détermine, donc par des jugements déterminants, donc des jugements dont on a le
concept, c’est-à-dire l’entendement qui vient déterminer les données de la sensibilité. Et je répète
que la matière de l’intuition n’est pas le pur divers du phénomène que nous n’aurions qu’à
« épeler » comme Kant le dit, parce que tout simplement ce pur divers n’existe pas. Nous n’avons
pas d’accès à un pur divers ; la matière de ces jugements sera la forme de l’intuition. Donc, la
matière de la détermination par l’entendement, et qui est discursive, est la forme ou plutôt les
formes de la sensibilité, à savoir l’espace et le temps.
Qu’est-ce que ce jugement détermine ? Il détermine la possibilité (Möglichkeit), qui est le premier
concept de la catégorie de la modalité et qui signifie l’accord supposé entre nos facultés de pensée
d’une part et le mode de donation des objets d’autre part. Si une telle science est possible, à savoir
celle qui détermine la possibilité, alors elle doit aussi déterminer les principes (Prinzipien). Rappel :
Kant a écrit la deuxième partie qui s’appelle « l’analytique des principes » qui expose les conditions
a priori, et pour le dire en une phrase : comment la nature est écrite en formule mathématique pour
les catégories physiques et d’autre part, comment la mathématique pure est-elle possible pour les
jugements mathématiques ? Ce qui est important est la mise en parallèle, la coordination qui est
faite entre la possibilité, les principes et l’étendue (Umfang).
Il est important de noter que c’est bien la science, et non la philosophie, qui détermine la possibilité,
les principes et l’étendue ; comme si possibilité, principe et étendue étaient toujours déjà donnés ;
donnés et réfléchis, via un jugement réfléchissant, dans l’amphibologie des concepts de la réflexion.
Umfang. Traduire Umfang par étendue est à la fois correct et incorrect. Correct, car dans le
vocabulaire courant cela veut bien dire l’étendue. Mais c’est le terme que Kant utilise avec
« sphère » (notamment) pour parler de l’extension d’un concept. Nous constatons que la possibilité,
les principes et l’étendue (c’est-à-dire l’extension, et s’il y a une extension, il faut qu’il y ait un

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concept) et donc l’extension de toutes les connaissances a priori constituerait une science, une
philosophia perennis dont cette science serait la condition a priori.
Dans le titre Kant met donc en évidence que la philosophie a à voir avec la science (je n’en dirai pas
plus pour le moment), qu’elle est probablement pour lui une science, et que cette science doit être
différenciée des sciences dures (mathématiques et physiques) par la détermination de la possibilité,
des principes et de l’extension de toutes les connaissances a priori.
Cependant Kant n’exclut pas que cette science utilise ou mette en oeuvre des jugements
synthétiques a priori (nous allons le voir) à la fois mathématiques et physiques. Je vous rappelle que
pour Kant, la philosophie est à la fois une science et une propédeutique à la science ainsi qu’ il
l’explique dans l’Architectonique de la raison pure. Et d’autre part, la délimitation au sens le plus
fort, c’est-à-dire la délimitation définitive, les limites infranchissables, entre la science, que serait la
philosophie d’une part, et d’autre part ce qui correspond bien à la possibilité, aux principes et à
l’étendue de toutes les connaissances a priori, c’est-à-dire les jugements mathématiques et
physiques, Kant les distingue toujours. Mais les distinguant, il les fait remonter à la même source de
connaissance, « les facultés supérieures de connaître », à savoir la mère de l’apparence ; apparence
qui consiste à prendre les mathématiques pour de la philosophie et la philosophie pour des
mathématiques. Apparence méthodologique, transcendantale qui est la mère de l’apparence dans la
mesure où il y a subreption, comme l’avait déjà remarqué Lambert, de l’espace et du temps dans la
raison ; or la topique transcendantale nous contraint de procéder à la réflexion (Überlegung)
transcendantale, c’est-à-dire la réflexion qui doit nous permettre de rapporter des représentations à
leur origine a priori (sensibilité et entendement) donc la subreption du temps et de l’espace dans la
raison, moyennant la réflexion transcendantale, est réfléchie comme si elle était une chose traversée
dans l’espace et le temps, qui s’écoule dans le temps et qui se situe dans l’espace, et surgit
l’apparence dans la mesure où la raison ne peut pas ne pas se penser autrement que comme une
chose, une Ding, chose au sens le plus fort, tombant par là même dans l’apparence de la raison, qui
est justement cette subreption de l’espace et du temps en celle-ci.
Donc par ce titre on apprend énormément de choses.
Possibilité, principes et étendue de toutes les connaissances a priori. Donc il n’y en aura pas
d’autres que celles mises en évidence par Kant. Il s’agit du terme déjà rencontré, celui de
Erkenntnisse, connaissance, et a priori, c’est-à-dire sans égard pour l’expérience.

Mais ce qui a bien plus de portée, c’est que certaines connaissances quittent même le champ de
toutes les expériences possibles et, au moyen de concepts auxquels jamais on ne peut donner un
objet correspondant dans l’expérience, ont l’apparence d’élargir l’étendue de nos jugements au-
delà de toutes les limites de l’expérience.
Tout est dit. Analysons. Pourquoi Kant dit que cela a bien plus de portée alors que c’est ce qu’il va
dénoncer, à savoir l’outrepassement des limites de la connaissance par des concepts auxquels
l’entendement est incapable de fournir des limites ? C’est parce que ce dépassement des limites de
l’expérience par certains concepts renvoie directement à la pensée de l’en soi, pensée de l’en soi qui
est régie de manière régulatrice par le factum rationis (le fait de la raison) qu’est la liberté.
Comprenons bien que si l’on trouve des principes a priori qui fixent l’étendue, donc l’extension de
la raison pure, nous aurons par là même délimité a priori un champ de légitimité pour la morale, en
tous les cas pour l’en soi qu’est la liberté (qui elle-même débouchera sur la Critique de la raison
pratique, la Métaphysique des moeurs, etc.). Il fallait que dès l’abord de la Critique de la raison
pure, Kant plaça la liberté comme au moins possible, et c’est précisément elle qui est en jeu lorsque
la raison se pensant elle-même (se représentant elle-même en tombant nécessairement dans
l’apparence transcendantale, c’est-à-dire la subreption de l’espace et du temps dans la raison) utilise
des concepts qui quittent le champ de l’expérience possible. On pourrait croire que Kant va dire que

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là est la limite de l’expérience possible, et nous ne pouvons pas aller plus loin ; c’est vrai qu’il dit
cela, mais il dit surtout : Attention certains jugements ont l’apparence d’élargir l’étendue de notre
jugement au-delà de toutes les limites de l’expérience, et cela n’est pas un vide, cela relèverait
plutôt de l’Unding, la non-chose, qui comprend la liberté.
Comme concept architectonique dans ce paragraphe, nous avons entre autres « das Feld », le champ
de toute l’expérience possible. « Au moyen de concepts auxquels jamais on ne peut donner un objet
correspondant dans l’expérience (il s’agirait d’un usage transcendant des concepts purs a priori) ont
l’apparence (on tombe dans l’apparence transcendantale - Anschein, terme générique pour
l’apparence) d’élargir l’extension...». Les termes sont importants. Kant parle d’élargir (Umfang,
c’est donc l’extension et non pas l’étendue) « ... de nos jugements über alle Grenzen derselben zu
erweitern den Anschein haben. » (« nos jugements au-delà des limites et même de toutes les limites
(limites définitivement fixées) de l’expérience »).
Mais est-ce que l’extension du champ légitime de la connaissance a priori ne renvoie pas à l’objet
transcendantal = x ? On serait tenté de dire que ce concept qui outrepasse les usages légitimes de la
raison déterminante atteigne l’objet transcendant (qui n’est pas l’objet transcendantal = x), lequel
objet transcendant peut être saisi sous un concept, concept qui serait la détermination réfléchissante
du concept d’objet transcendantal, en d’autres mots, (il) serait à nouveau la forme de l’x inconnu et
inconnaissable de l’expérience, pour autant que les limites, l’extension de nos jugements aient
étaient respectées. Là va se poser le problème, c’est ce que va nous dire Kant :

C’est justement dans ces dernières connaissances, qui vont au-delà du monde sensible (Sinnenwelt),
où l’expérience ne peut donner aucun fil conducteur (leitfaden), ni aucune rectification, que se
situent les investigations de notre raison(vernunft), que nous jugeons par suite de leur importance
bien plus précieuses et de visée finale beaucoup plus sublime(erhaben) que ce que l’entendement
(Verstand) peut apprendre dans le champ des phénomènes, où, au risque même de nous tromper,
nous osons tout, plutôt que d’abandonner des recherches aussi importantes, soit par hésitation
devant l’entreprise, soit par dédain et indifférence. Ces problèmes inévitables de la raison pure
(reinen Vernunft) elle-même sont Dieu, la liberté et l’immortalité.. Et la science dont la visée finale
avec toute son armature est proprement dirigée vers la seule solution de ces problèmes s’appelle la
métaphysique, et son procédé est au début dogmatique (dogmatisch) c’est-à-dire que sans critique
préalable du pouvoir ou du défaut de pouvoir de la raison pure pour une si grande entreprise, elle
en entreprend avec assurance l’exécution.
Notez bien que Kant parle encore de connaissance, ce n’est pas la schwärmerei (délire). Il s’agit
donc bien de connaissances qui s’étendent au-delà des limites définitivement fixées de l’expérience
possible et donc qui, par là même, ont la possibilité de penser, mais non pas de connaître la
transcendance et l’objet transcendant en particulier qui en est la forme. Ces connaissances vont au-
delà du monde sensible, alors que nous l’avons vu dans les paragraphes précédents, Kant avait bien
dit que la connaissance se limitait au monde sensible. Ici on voit très clairement que ces
connaissances vont au-delà du monde sensible. Mais à quel prix ? À quel prix peut-on outrepasser
les limites du monde sensible ? C’est au prix de la charpente elle-même (ceci est capital) de
l’ensemble de la Critique, c’est-à-dire le fil conducteur, que Kant ne fait ici qu’annoncer, et qui
correspond à la structure a priori de la raison, des facultés supérieures de connaître (entendement et
raison), et qui est en fait le fil conducteur de l’ensemble architectonique de l’ensemble de l’oeuvre.
Nous n’avons plus donc de fil conducteur, et pourtant il y aura bien un système des idées
transcendantales. Si on a perdu le fil conducteur, on a eo ipso perdu la rectification et c’est au-delà
du fil conducteur et de sa rectification (c’est-à-dire l’entreprise proprement critique au niveau de
l’analytique des principes et des concepts), que se situent les investigations de notre raison.

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Dans un premier temps nous avons donc le dépassement des limites de l’expérience possible, en
abandonnant le fil conducteur et les rectifications que ce fil conducteur contient par lui-même
(puisqu’il est fil conducteur et donc il rectifie ce qui lui échappe, ce qui ne lui correspond pas).
«...investigations de notre raison que nous jugeons par suite de leur importance ». Donc on a
d’abord la position négative du contenu de la raison, c’est-à-dire le dépassement de l’expérience
sensible, nous tombons alors nécessairement dans l’apparence (Anschein) et pourtant nous avons
encore des connaissances, mais nous sommes dans des jugements apparents, donc qui ne nous
donnent aucune connaissance.
« investigations de notre raison que nous jugeons par suite de leur importance bien plus précieuses
et de visée finale beaucoup plus sublime que ce que l’entendement peut apprendre dans le champ
des phénomènes ». La raison négativement est la limite de l’expérience possible, mais positivement
elle est le lieu de la connaissance de ce qui ne relève pas du fil conducteur de l’expérience et qui par
affinité transcendantale, nous ramène à la visée finale la plus sublime, à savoir en définitive, la
liberté bien entendu. Notez qu’il s’agit d’une visée finale, et que le sublime renvoie au jeu des
facultés qui a toujours chez Kant, une définition morale : c’est bien de la liberté qu’il s’agit.
L’ensemble de la science dont a besoin la philosophie, en tant que science, comme je l’ai dit,
requiert la position d’un fait, et le seul fait que nous ayons à notre disposition dans tout
l’appareillage de notre raison et notre sensibilité, le seul fait que nous ayons c’est la liberté, c’est le
fait de la raison. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : Kant ne met aucunement en doute
l’existence des objets extérieurs à nous ; il ne tombe pas dans le scandale de la philosophie qu’il
dénonce ou croit pouvoir dénoncer chez Descartes (quoique chez Descartes les choses sont
beaucoup plus difficiles et complexes).
On voit bien qu’ici : Kant nous dit que la philosophie, en tant que connaissance, a besoin d’une
science ou bien elle est une science (on a les deux : la philosophie a besoin d’une science et la
philosophie est une science). On voit bien que cette science fait bien plus qu’épeler des phénomènes
puisqu’elle renvoie à la visée finale de l’esprit (Gemüt) ; dans des connaissances qui vont au-delà
du monde sensible et au-delà de tout ce que l’entendement peut apprendre dans le champ des
phénomènes. Je vous rappelle que la connaissance, au sens fort chez Kant, si elle ne se limite pas à
épeler des phénomènes, dépasse le champ des phénomènes et ce, de manière positive et non de
manière négative comme on pourrait le penser.
Et alors, le petit bout de phrase assassin : « au risque même de nous tromper », et ici il faut bien
comprendre que nous allons nécessairement nous tromper. Pourquoi dit-il « au risque même de nous
tromper » comme si nous avions la possibilité de ne pas se tromper ? Cette question qui n’a l’air de
rien ouvre à une question beaucoup plus fondamentale que je qualifierai très simplement : est-ce
qu’il est possible de ne pas penser ? Qu’il soit possible de ne pas penser la pensée, c’est-à-dire
pratiquer la critique de la raison pure, ça oui ! Nous ne sommes pas tous Kant bien sûr, il n’y a pas
que des kantiens qui soient bons philosophes dans le monde.... L’enjeu est de savoir, puisqu’il y a
un risque de nous tromper, pouvons-nous éviter ce risque ? Dans l’état de nos connaissances que
nous avons jusqu’à présent, c’est non ! Il n’est pas possible d’éviter ce risque, nous tombons
nécessairement dans l’apparence.
Mais, et Kant renverse à nouveau la perspective et nous dit « ... nous osons tout, plutôt que
d’abandonner des recherches aussi importantes, soit par hésitation devant l’entreprise, soit par
dédain et indifférence. ». Kant est mouvant, il change de perspective, d’une phrase, d’un bout de
phrase à l’autre. On a l’impression qu’il condamne et en fait il ne condamne pas ; on a l’impression
qu’on a affaire à quelque chose de négatif (dépasser le champ de l’entendement) puis il dit
directement après « mais nous osons tout », et là apparaît l’apparence, mais ce n’est peut-être pas si
mal qu’apparaisse l’apparence parce qu’alors nous pouvons penser l’immortalité, la liberté et dieu.
Vous voyez que Kant oscille au moins entre deux perspectives qui sont contenues dans

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l’amphibologie que comprend le concept de philosophie comme science. Si la philosophie doit
avoir une science, c’est soit la Critique soit ce qui est au-delà de la Critique, mais dont la Critique
aura montré les conditions de possibilité, à savoir la pensée sublime cette fois ; ce que Kant fera
dans la troisième Critique (de la faculté de juger), la pensée sublime de dieu , de la liberté et de
l’immortalité. Il faut bien comprendre que parfois d’un bout de phrase, parfois d’un mot à l’autre
Kant change de perspective. Pour parler très simplement on a l’impression que c’est positif, mais en
fait c’est négatif, et l’inverse. Et ceci est voulu, longuement réfléchi ; c’est ce mode de
raisonnement tout à fait particulier qui consiste à poser une chose et son contraire en même temps,
en l’effectuant, ce qui caractérise la pensée kantienne, la pensée proprement transcendantale.
La question sous-jacente : est-ce qu’on peut ne pas penser ? Je n’identifierai certainement pas la
pensée à la pensée kantienne, bien sûr, mais la question reste posée : est-il possible d’imaginer un
humain qui ne pense pas ? Question troublante, moralement abyssale, et qui nous implique dans
notre pratique philosophique et notre pratique d’homme et de femme de manière extrêmement
prégnante. Il faut bien constater que l’on peut ne pas penser.
Ce qui veut dire aussi, attention, que toutes les interprétations de Kant en terme de conscience et
d’inconscience sont fausses. L’unité universellement synthétique de l’aperception ce n’est pas la
conscience, cela n’a rien à voir. Gardons à l’esprit que Kant trouverait légitime, mais ce serait
dommage, cela serait une erreur, de ne pas penser dieu, la liberté et l’immortalité. Ce serait un recul
effrayé devant le sublime de la raison qui se manifeste sans concept dans la liberté, fait de la raison,
fait très mystérieux. Kant sait qu’il est là au coeur de toute son oeuvre et dit « soit par hésitation
devant l’entreprise », donc il y aurait quand même une conscience, une intuition, c’est très difficile
à dire, à délimiter ; « une hésitation, un dédain ou une indifférence» mais qui sont toujours
possible : on n’en est pas moins homme, et ceci est important, on n’en est pas moins homme parce
qu’on ne pense pas dieu, l’immortalité et la liberté. Mais nous laissons s’échapper alors la
perspective sublime de la raison qui en définitive donnera sens, le sens ultime de l’ensemble du
criticisme et permettra la science, la philosophie, de se développer comme science, à savoir ce que
Kant a dit toute sa vie : la finalité de la philosophie c’est la morale, c’est-à-dire le fait de la raison
qu’est la liberté.
Donc on avait l’impression de parler de tout à fait autre chose à savoir de la science que constitue la
critique de la raison pure, et nous voilà renvoyés l’air de rien, subrepticement, à la finalité ultime de
l’homme et de la philosophie (parce qu’on ne peut pas distinguer les deux, jusque dans leur
dénégation), c’est-à-dire la liberté.
Ce n’est pas tout. Parce que dieu, l’immortalité et la liberté sont des « problèmes inévitables de la
raison pure ». « Problème » chez Kant c’est Aufgabe, et Aufgabe veut dire « tâche ». Par convention
on traduit par « problème» car chez Kant « problème » a toujours une connotation morale. Quand
vous voyez chez Kant le mot problème, vous pouvez être certain qu’il s’agit de la liberté. Ces
problèmes sont inévitables c’est-à-dire que l’entendement qui va déterminer au-delà des
phénomènes, l’entendement débridé, sans fil conducteur, ouvre à la possibilité de la raison et de ce
fait là même, dans l’illusion, l’apparence. D’où problème inévitable de la raison pure elle-même,
c’est-à-dire la pensée de dieu, la pensée de la liberté comme fait de la raison, et la pensée de
l’immortalité de l’âme.
Mais les choses se compliquent et prennent une saveur supplémentaire parce que Kant dit
immédiatement après : « Et la science (notez bien le mot, la philosophie a besoin d’une science)
dont la visée finale avec toute son armature est proprement dirigée vers la seule solution de ces
problèmes s’appelle la métaphysique, et son procédé est au début dogmatique, c’est-à-dire que sans
critique préalable du pouvoir ou du défaut de pouvoir de la raison pure pour une si grande
entreprise, elle en entreprend avec assurance l’exécution. » Nous voyons encore ici une extrême
contraction du texte de Kant qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait ; il est en train de décortiquer le

22
concept de science pour nous montrer que dans ce début de l’oeuvre (nous n’avons encore rien
comme concept, il faut bien commencer quelque part), il pose d’emblée que la philosophie a besoin
d’une science et s’il y a une science alors c’est la métaphysique. Rappelez vous qu’on a vu au début
que la métaphysique, la science, pouvait être soit la Critique soit une propédeutique à la Critique. Se
pose la question de savoir si la métaphysique, comme science, et il ne fait pas de doute que la
métaphysique pour Kant soit science (le tout est de voir ce qu’il y a dedans) est-ce que cette
science-là est la même que la science dont a besoin la philosophie comme telle ? La réponse est
oui ! Le procédé de cette science est au départ dogmatique (c’est-à-dire l’usage par concept) parce
que précisément, dans la Méthodologie transcendantale, le premier chapitre (la Discipline de la
raison pure) la première section (la Discipline de la raison pure dans l’usage dogmatique), Kant
explique que c’est là qu’est la mère de l’apparence. Ce que nous décrit ce texte, c’est l’apparence
transcendantale. Dès que nous faisons de la métaphysique, et il est indispensable que nous en
fassions, nous tombons dans l’apparence. « C’est l’usage dogmatique de la raison » que l’on ne peut
éluder. Il est impossible de ne pas commencer par un usage dogmatique et notez bien que cet usage
dogmatique, loin d’être dévalorisé par Kant, comme on le dit souvent, mais c’est foutaise, la
dogmatique, « c’est-à-dire que sans critique préalable du pouvoir ou du défaut de pouvoir de la
raison pure pour une si grande entreprise, elle en entreprend avec assurance l’exécution. » La
critique dont il est ici question c’est évidemment la Critique de la raison pure. Critique qui est
préalable puisqu’elle est une propédeutique à la métaphysique et en même temps la métaphysique
elle-même.
« du pouvoir ou du défaut de pouvoir » : n’oubliez pas que toutes les facultés sont des activités,
même la sensibilité est la faculté active de la passivité.
Donc, la finalité de la Critique est, à ce stade-ci du paragraphe, la métaphysique et la métaphysique
est une science dont le procédé est dogmatique au début et dont le contenu est pensée de dieu,
l’immortalité et la liberté dont nous n’avons pas d’équivalent, d’application (Anwendung)
déterminante. Anwenden est un terme important chez Kant. Il l’utilise pour l’application des
concepts purs de l’entendement, c’est-à-dire le schématisme des concepts purs de l’entendement.
Remarquez combien il est subtil : « sans critique préalable du pouvoir ..» ; là on se dit que la
métaphysique est possible et donc que nous devons avoir au moins un pouvoir de penser dieu,
l’immortalité de l’âme et la liberté. Et puis il rabat immédiatement cette possibilité en parlant du
défaut de pouvoir, et ce défaut de pouvoir de la raison pure est une possibilité, elle est au moins
aussi possible que le pouvoir lui-même. Est-ce que cela veut dire que nous avons un choix : choix
entre l’usage du pouvoir de la raison vers la métaphysique ou non ? C’est un problème qui du point
de vue kantien est résolu : nous n’avons pas le choix. Mais on peut se demander et réfléchir de
manière peut-être plus contemporaine sur Kant, et se demander s’il n’y a pas là quand même une
question philosophique qui se pose à nous encore aujourd’hui. À mon sens, si l’on veut faire de la
métaphysique, quel que soit le contenu de la métaphysique, même si le contenu de la métaphysique
n’est plus dieu l’immortalité et la liberté, il faut maintenir la possibilité d’une métaphysique comme
science, comme philosophie perennis, pour autant qu’on y adhère. Pour Peeters la philosophie est
pérenne; c’est une vision très classique de la philosophie.

Or, il semble bien naturel, dès que l’on a quitté le sol de l’expérience, de ne pas ériger aussitôt,
avec des connaissances que l’on possède sans savoir d’où elles viennent et sur la foi de principes
dont on ne connaît pas l’origine, un édifice, sans s’être assuré auparavant de son fondement par
des recherches soigneuses, sans avoir donc plutôt posé depuis longtemps la question : comment
l’entendement peut-il parvenir à toutes ces connaissances a priori, et quelle étendue, validité et
valeur peuvent-elles avoir.

23
Kant revient à la perspective de son troisième chapitre de l’introduction, en posant les limites
auxquelles peut parvenir l’entendement a priori (donc il ne s’agit pas des limites a priori de la
sensibilité ni de la raison). L’entendement est la faculté de détermination des concepts, l’image que
je reprends toujours c’est celle d’une machine, l’entendement est une machine à déterminer, à
appliquer des concepts.
«... ««au-delà du sol de l’expérience », sol délimité par la sensibilité.
« sans savoir d’où elles viennent » est une référence à l’amphibologie des concepts de la réflexion
et à la topique transcendantale; c’est les lieux de la raison auxquels doivent être attribuées les
différentes représentations (sensibles ou intellectuelles)
« sur la foi de principes », il s’agira de les trouver. Kant va plus loin : ce sont des principes « dont
on ne connaît pas l’origine ». L’origine ici, c’est bien l’originaire (Ursprung) et non le
commencement (l’Anfang). Kant semble dire que d’une part il est possible de quitter le sol de
l’expérience, que l’on peut construire un édifice au-delà de l’expérience, mais nous ne savons pas
en quoi s’originent les principes qui vont garantir la solidité de son fondement. Kant ne parle pas de
fondation, mais bien de fondement, ce qui renforce l’idée de l’originaire.
« des recherches soigneuses », c’est la Critique de la raison pure.

Il n’est de fait rien de plus naturel, si par le mot naturel on entend ce qui devrait se passer de
manière convenable et raisonnable ; mais si on entend par là ce qui arrive habituellement, il n’est
rien, au contraire, de plus naturel et de plus compréhensible que la longue absence de cette
recherche (Kant fait référence au passé immémorial de la philosophie). Car une part de ces
connaissances possède de longue date la fiabilité et donne par là bon espoir pour les autres,
quelque différente que puisse être leur nature (d’où le danger bien entendu). En outre, quand on est
sorti du cercle (Kreis) de l’expérience, on est sûr de n’être pas réfuté par elle.
Kant utilise ici une métaphore (Kreis), ce qu’il fait assez peu. Elle répond à celle de la sphère qui
est égale à l’Umfang (l’extension) ; Kant parlera souvent de sphère d’un concept. (Il y a une
géométrie formelle de l’entendement à faire, cela a déjà été fait d’ailleurs par Stephen.....). Le cercle
de l’expérience renvoie à la sphère de l’entendement.
L’attrait d’une extension de ses connaissances est si grand que l’on ne peut être arrêté dans sa
marche en avant que par une claire contradiction sur laquelle on heurte.
Kant vise aussi ici l’extension des sciences mathématiques à la philosophie et à la raison. Mais la
question est de savoir si l’utilisation, « l’usage » des jugements mathématiques (essentiellement,
mais aussi jugements physiques) dans la raison mène à une contradiction (Widerspruch -
contradiction au sens logique).
Mais cette contradiction peut être évitée, pour peu que l’on soit prudent dans ses fictions, qui n’en
demeurent pas moins des fictions (Erdichtungen)

Question : les contradictions ici évoquées sont-elles en rapport avec les antinomies de la raison ?
Oui bien sûr. Ici Kant ne parle pas encore d’antinomie, mais il en voit les conditions de possibilité.
Ici on est en train d’osciller, et c’est ce qui est difficile dans ce passage, entre le légitime et
l’illégitime, sans qu’il nous ait dit clairement ce qui était légitime et illégitime. Il nous dit qu’il y a
les concepts suprêmes, la visée finale de la raison, l’immortalité de l’âme, la liberté et dieu, et
d’autre part l’expérience possible ; il nous parle des limites de l’usage de l’entendement, mais il
nous dit d’autre part que l’entendement est incapable de se fixer à lui-même ses propres limites, et
donc il outrepasse la limite de la sensibilité pour déterminer d’autres concepts. Quelle est la
légitimité de ces autres concepts ? Il nous dit qu’elle est très importante pour la visée finale de
l’esprit humain, l’humanité cosmopolitique d’une part, et d’autre part, ce qu’il nous dit ici c’est
qu’elle nous mène à des contradictions. Pour le moment ces contradictions sont logiques, ce sont

24
des subreptions, des fautes de logique. Mais nous verrons que d’un point de vue transcendantal ces
contradictions ne sont pas de simples subreptions logiques, mais au contraire elles renvoient à
l’apparence, à l’apparence transcendantale, et donc à la solution critique de l’apparence, ce qui sera
l’étape ultérieure. À voir dans la Dialectique. Là, Kant pose le système des idées de la raison pure,
et puis de l’apparence et puis de l’apparence transcendantale. Ce qu’il va montrer c’est que la
subreption de l’espace et du temps dans la raison provoque une antinomie ou un paralogisme
(suivant les cas), c’est-à-dire une faute, qui au départ est une faute de logique, mais qui va beaucoup
plus loin qu’une faute de logique, et nous verrons éventuellement la pertinence dans la fondation
architectonique de la logique chez Kant ; c’est-à-dire voir si en faisant une logique formelle quasi
kantienne on ne retombe pas dans les contradictions, les apparences que Kant avait mis tant de soin
à mettre en évidence, et ce sera le cas. C’est là qu’une métaphysique proprement kantienne
intervient et pour cela j’utilise des concepts de discrépance et de simulacre.
Donc ces contradictions mènent à l’antinomie.

La mathématique nous donne un exemple éclatant du point jusqu’où nous pouvons parvenir,
indépendamment de l’expérience, dans la connaissance a priori. Or elle s’occupe bien d’objets et
de connaissances simplement dans la mesure où on peut les présenter dans l’intuition. Mais cette
circonstance est facilement négligée, parce que l’intuition en question peut elle-même être donnée a
priori et se distingue donc à peine d’un simple concept pur.
Par affinité transcendantale la distinction entre le simple concept pur de l’entendement (comme
moment d’une catégorie, ce n’est pas la catégorie) et la forme de l’intuition (l’espace et le temps)
est infime, la limite est infime. C’est radicalement différent pourtant, mais la délimitation est
infime, et cela c’est l’affinité transcendantale ; ce serait le lieu où s’origine cette affinitésimal (Kant
connaît le calcul infinitésimal) de l’origine des facultés ; origine non pas au sens d’une génétique de
la connaissance (que Kant ne fait pas), mais la pensée de l’originaire, c’est-à-dire la pensée où
l’esprit humain est confronté a ses propres limites, a son pouvoir et à ce qui est le plus dissimulé au
fond de lui-même, c’est-à-dire au pouvoir de l’imagination en fin de compte ; donc la faculté
centrale de l’affinité transcendantale ce sera l’imagination.

Dans l’Esthétique transcendantale Kant parle du concept d’espace et du concept du temps. Or


l’espace et le temps ne sont pas des concepts, ce qui a fait dire que Kant est maladroit. Ici il semble
faire la même erreur, car il dit « l’intuition peut elle-même être donnée a priori et se distingue donc
à peine d’un simple concept pur », et donc comme si les formes de l’intuition étaient de nouveau
des concepts. Or c’est faux. Les formes de l’intuition sont effectivement formes de l’intuition, c’est
l’espace et le temps qui ne sont pas des concepts. Mais du point de vue de la décomposition
architectonique de l’idée, activité praxique de la Critique de la raison pure, la décomposition des
concepts en d’autres concepts fait que si l’on prend le concept générique d’Erkenntnis
(connaissance), ou de Vorstellung (représentation ; Kant fait une déduction métaphysique du
concept de représentation), nous voyons qu’effectivement les différentes distinctions conceptuelles
ramènent l’espace et le temps sous lesquels, comme concept, on peut subsumer l’intuition. C’est
pourquoi il est important de comprendre que la matière de l’expérience, ce n’est pas le contenu de
l’intuition, mais la forme de l’intuition. Cela est fondamental. Le problème dans cette lecture
rétrojective ou architectonique, c’est qu’il faut déjà tout connaître pour pouvoir la comprendre, ce
qui est d’ailleurs le problème de tous les grands textes philosophiques classiques.
Kant ici dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Il est en train de réfléchir avec nous, nous le suivons dans
le coeur de la réflexion, c’est cela qui est prodigieux chez Kant et que Peeters n’a pas trouvé dans
d’autres auteurs, peut-être Husserl qu’il ne connaît pas assez. À part Platon, comme l’a montré
Delcominette, Peeters n’en voit pas beaucoup d’autres.

25
Sous l’influence d’une telle preuve de la puissance de la raison, l’impulsion qui nous pousse en
avant ne voit plus de limites (Grenzen).
Il y a deux concepts architectonique chez Kant : Grenzen et schrenken (?), les limites et frontières à
la fois. Les limites de la connaissance sont immuables2. Très simplement dit, les limites de la
connaissance, c’est le point où la connaissance est arrivée. Les frontières de la connaissance sont les
limites que l’on ne peut pas dépasser dans la connaissance légitime. La raison a une tendance
naturelle a outrepassée son pouvoir en prenant prétexte de la proximité des formes pures de
l’entendement et des formes pures de la sensibilité, donc des concepts purs de l’entendement et de
l’espace et du temps (« à peine distinguable d’un concept pur »). Tout se passe comme si, à cause de
cette collusion intime entre la confusion que l’on pourrait faire entre l’entendement et la sensibilité,
la raison croit voir son pouvoir étendu et la raison, dès lors, nous pousse en avant et ne voit plus de
limites.
Remarquez que l’air de rien, subrepticement, nous sommes partis de la question claire (comment
l’entendement peut-il parvenir à toutes ses connaissances a priori ?) pour en arriver à quelques
lignes plus bas à l’apparence transcendantale, à l’affinité transcendantale, aux pouvoirs affines de la
raison (c’est-à-dire à l’espace vide de la raison - très important) et tout cela en une page. C’est de
l’hyper condensé, Kant avance petit pas à petits pas pour nous mener là où il veut, c’est-à-dire qu’il
y a des connaissances a priori ; pour le moment nous n’en savons encore rien. C’est bien cela qu’il
pose comme titre de ce troisième chapitre de l’introduction.

Ensuite vient une image qui est des plus connues de Kant et qu’il faut bien comprendre :
La colombe légère qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance pourrait s’imaginer
qu’un espace vide d’air (leere Raum) lui réussirait mieux encore.
L’espace vide, qui est impossibilité pour Descartes. Il est très intéressant de voir qu’une intuition
vide sans concept serait le leere Raum de l’espace. Et immédiatement après Kant fait référence à
Platon :
Pareillement Platon quitta le monde sensible parce qu’il posa de si strictes bornes à l’entendement,
et se risqua au-delà, sur les ailes des idées, dans l’espace vide de l’entendement pur.
Il vient de parler de l’espace vide d’air, c’est-à-dire sensible et maintenant il parle de l’espace vide
de l’entendement pur. Nous sommes en train de baliser ici, avec la théorie des Idées platoniciennes,
l’espace vide de la raison, l’Unding de la raison, la non-chose qu’est la raison et qui est néanmoins
saisissable par réflexion transcendantale dans la table du rien qui clôt l’Analytique des principes.
Il ne remarqua pas que tous ses efforts ne lui faisaient gagner aucun terrain, car il n’avait sous lui
aucun point où s’appuyer, et où appliquer ses forces pour changer l’entendement de place. Mais
c’est un destin habituel de la raison humaine dans la spéculation, d’achever aussi tôt que possible
son édifice, et ensuite seulement de rechercher si le fondement en est bien aussi posé. Nous
cherchons alors toutes sortes d’excuses pour nous consoler sur sa solidité, ou encore pour écarter
plutôt un tel examen ( Übung) tardif et dangereux.
« examen » - « Übung » - c’est toujours « critique », c’est la Critique de la raison pure. Cet examen
critique est dangereux. La Critique met l’esprit en danger dans ses connaissances.
Or, ce qui, pendant la construction, nous garde libres de tout souci et soupçon, et nous flatte par
une apparente profondeur, le voici. Une grande partie, et peut-être la plus grande, de la tâche de
notre raison consiste en divisions des concepts, qui, bien qu’elles ne soient que des explications ou
éclaircissements de ce qui avait déjà été pensé dans nos concepts (quoique de manière confuse),
sont cependant estimées équivaloir à des connaissances nouvelles, du moins selon la forme,

2 n!est-ce pas plutôt les frontières ?


26
quoique selon la matière ou le contenu elles n’étendent pas les concepts que nous avons, mais ne
fassent que les distinguer. Or, comme ce procédé donne une réelle connaissance a priori qui
progresse de façon sûre et utile, la raison fait passer, sans même le remarquer, sous l’effet de cette
illusion (apparence), des affirmations de toute autre sorte, où elle ajoute à des concepts donnés
d’autres concepts tout à fait étrangers, et cela a priori, sans que l’on sache comment elle y
parvient, et sans même laisser une telle question venir à la pensée. Je vais donc tout de suite
commencer par traiter de ces deux sortes de connaissance.
Voyez ici le souffle kantien, tout à fait extraordinaire. On est en train de parler de l’espace vide de la
raison, de la non-chose qu’est la raison. Ce qui est très intéressant c’est que Platon a outrepassé les
limites de l’entendement parce qu’il a limité les pouvoirs de l’entendement en donnant tous les
pouvoirs à la raison. Kant peut dire cela, car pour lui, l’Idée est nécessairement un concept de la
raison.
« une grande partie, peut-être la plus grande de la tâche de notre raison, donc de notre faculté
supérieure de connaître, consiste en divisions ». Or nous ne pouvons diviser que des concepts. C’est
la raison pour laquelle si vous prenez le Gemüt, l’esprit, que vous en ayez une idée à laquelle
correspondrait un concept de la raison, la raison divise, et elle divise en : sensibilité et entendement.
Mais ce qu’elle obtient, ce n’est pas la sensibilité ni l’entendement, c’est le concept de la sensibilité
et le concept de l’entendement. Il n’y a donc aucune contradiction dans le chef de Kant dans
l’esthétique transcendantale, lorsqu’il parle du concept de temps et du concept d’espace. Kant est
clair. La raison divise et qui dit division dit troisième terme. On divise et ce qui est divisé est
analysé et ce qui est analysé peut être synthétisé. Or dans toute synthèse, il y a un troisième terme,
et qui est toujours le temps.
La question devient : n’y-a-t’il pas dans toute division, c’est-à-dire dans tout concept en définitive,
du temps ? Kant est catégorique, c’est non ! Néanmoins il y a l’unité universellement synthétique de
l’ aperception, qui est donc synthétique. Or dès qu’il y a synthèse il y a du temps, et probablement
de l’espace. Il y a donc un temps et un espace a priori co-constitutif de l’originarité affine de l’
aperception transcendantale. C’est génial ! Quand on a ça, on peut faire une déduction d’abord
métaphysique et puis transcendantale de l’esprit humain, de jure et de facto, comment on peut
connaître le monde hors de nous de manière scientifique et dans notre vie quotidienne. Notre vie
quotidienne n’est pas l’objet de Kant, mais, qui peut le plus peut le moins. Si l’on peut comprendre
comment fonctionnent la mathématique et la physique, on peut comprendre comment nous
fonctionnons de ce point de vue là.
Ce qui est proprement humain, c’est la morale, et la morale a bien sûr un autre traitement, mais elle
s’inscrit déjà ici dans la Critique de la raison pure.

27
Cours 4
Il faut pratiquer la Critique de la raison pure en même temps que la lire. Ce qui est génial chez
Kant : l’auteur nous dit ce que nous devons faire en le lisant, et ce qu’il nous dit, c’est si vous
voulez, qu’il nous faut repérer de la même manière que lui, c’est ce que j’appelle la lecture
rétrojective qui est un mode que vous trouvez chez des grands philosophes (cf la préface de la
phénoménologie de Hegel, Platon, Pascal, Heidegger,...)

Question relative à la fin du cours précédant


La perspective suivant laquelle Kant aborde le temps dans l’Esthétique transcendantale et dans
l’Analytique transcendantal est tout à fait différente. Dans l’Esthétique il nous dit que les choses,
effectivement, s’écoulent dans le temps. Ce n’est pas le temps qui s’écoule, mais les choses qui
s’écoulent dans le temps. Cela veut dire que comme on l’a vu dans le paragraphe 3, la matière de
l’expérience, c’est la forme, c’est-à-dire le temps et l’espace comme forme de l’intuition. Donc la
matière est en fait la forme. Et donc le pur divers de la sensation, comme on l’a vu n’existe pas, il
est d’emblée dans l’espace sécable et s’écoule dans le temps.
Pourquoi Kant fait-il tout cela ? C’est tout simplement pour pouvoir montrer comment des
jugements synthétiques a priori sont possibles du point de vue mathématique et du point de vue
physique. Donc il a besoin de l’intuition en mathématique et en physique. Ensuite l’on verra qu’il y
a d’autres jugements synthétiques a priori.
Quand on parle de l’unité universellement synthétique de l’aperception, il faut bien comprendre que
dès lors que nous avons un concept et que comme le dit Kant (cf. paragraphe 3) on ne peut que
diviser dogmatiquement le concept, si vous faites une analyse, alors vous pouvez faire une synthèse.
Donc en fait, il n’y a pas d’analyse sans synthèse et pas de synthèse sans analyse. Or Kant est tout à
fait clair sur ce point : toute division dyadique est analytique et toute division triadique est
synthétique car elle «injecte» le temps, et le temps c’est la synthèse. Donc, cela veut dire que la
synthèse de l’unité de l’aperception est dans le temps, comprend du temps ; Kant dira qu’elle est la
création du temps, du temps humain j’entends. Mais la création du temps humain signifie en même
temps les conditions de possibilité pour nous de connaître le temps «objectif» pour autant que l’on
puisse dire ce que c’est, sans en passer par les mathématiques et la physique.
Cela veut donc dire que la synthèse de l’unité de l’aperception s’écoule toujours dans le temps. Là
où cela devient extraordinaire, c’est que dans la deuxième analogie de l’expérience, Kant dit que
l’espace est premier par rapport au temps. Quand on lit l’esthétique transcendantale, on a
l’impression que c’est le temps, comme sens interne, qui prime sur l’espace. Et quand on lit les
analogies de l’expérience, et ce qui est normal puisqu’il parle de l’expérience, s’il y a primat, c’est
bien plutôt le primat de l’espace que celui du temps. Or, et c’est très important, parce que s’il n’y a
pas de temps sans espace et pas d’espace sans temps, ce qui est je pense le cas pour Kant, alors à ce
moment là, l’unité synthétique de l’aperception est spatiale aussi, c’est-à-dire que pour nous elle est
corporelle. On a une aperception de soi, pas uniquement comme être s’écoulant dans le temps et
(donc aussi ?) occupant un espace. Donc c’est l’unité même de notre «conscience», de notre être,
qui est une unité qui se déploie dans la création du temps et de l’espace.
L’aperception comme unité originaire de la création du temps et de l’espace. Unité originaire
comme lieu où s’originent les déterminations du temps et de l’espace, de la pensée comme telle.
La pensée n’a de cesse de déterminer, et d’autre part, comme on l’a vu (paragraphe 3) à dépasser
l’expérience, produire l’apparence et porter des jugements synthétiques a priori sur la liberté,

28
l’immortalité et dieu, ce qui nous est interdit puisque que nous n’avons pas d’entendement intuitif
ni d’intuition intellectuelle.
L’unité de l’aperception ce n’est pas de la conscience. L’aperception et la conscience ce n’est pas la
même chose. Là il y a du flou. Pour Kant, c’était très clair car pour lui la notion de conscience est
une notion morale à son époque. Même chez Heidegger, lorsqu’il parle de la conscience, dans une
seule occurrence, il s’agit de la conscience morale.
Pour Kant il ne s’agit pas d’une conscience réflexive à la Sartre, conscience qui se donnerait des
objets et créerait le temps et l’espace. Selon la Spaltung3 philosophie, ce que Heidegger reprochait à
Descartes, à savoir que le sujet pensant se poserait devant lui, l’étendue comme essence des corps.
Heidegger dénonce cette Spaltung philosophie, où le sujet et l’objet comme deux entités différentes.
Chez Kant, cela n’est pas cela du tout. Là, Heidegger a vu très juste dans son interprétation du
schématisme, c’est-à-dire que dans l’unité universellement synthétique de l’aperception, il y a la
synthèse de la récognition (première édition) et d’autre part, vous avez toujours une synthèse de
l’imagination productrice. Dans la deuxième édition, l’imagination productrice est à distinguer de
l’imagination reproductrice. L’imagination productrice est celle de laquelle dépend le schématisme
transcendantal. Or le schématisme transcendantal, du point de vue de la qualité, c’est la création du
temps. Et si on suit les secondes analogies de l’expérience, où Kant montre que le temps est
décidément totalement indissociable de l’espace, et donc dans le «synthétique» de l’unité
originairement synthétique de l’aperception il y aurait le temps, mais il y aurait aussi l’espace. Donc
on ne pourrait pas dire, ce qui est pour nous aujourd’hui évident, mais c’est révolutionnaire pour
l’époque, que nous avons un corps, mais nous sommes notre corps, nous sommes spatiaux, notre
spatialité et nous nous écoulons dans le temps, et s’écouler dans le temps, c’est occuper de l’espace.
Ce n’est pas une conscience du temps. On ne peut parler de conscience du temps que dans un seul
cas extrêmement précis, c’est dans le cas de l’intuition formelle dans les jugements synthétiques
infinis. C’est un cas tout à fait particulier, une exception.
Au lieu de parler de conscience, il vaudrait mieux parler d’aperception, mais le problème c’est que
ce mot n’est plus utilisé de nos jours, et il a aussi plusieurs sens en philosophie (comme conscience
aussi d’ailleurs). D’ailleurs qu’est-ce que voudrait dire «conscience synthétique» ? Ainsi si je
prends par exemple Descartes, cela voudrait dire que l’idée claire et distincte a d’emblée l’idée
innée de son essence. Ce n’est pas faux, c’est même vrai, mais (seulement) dans la cinquième
méditation, au point le plus haut du point de vue synthétique ; vous voyez que ce n’est pas la même
chose. Maintenant vous allez me dire que du point de vue cartésien nous sommes dans l’ordre de
l’analytique tandis que du point de vue kantien, on est dans l’ordre synthétique des raisons. C’est
presque impossible de comparer Descartes et Kant. Et Descartes, justement, parle de conscience. Le
«je pense» est la conscience. Il fait la spaltung philosophie parce qu’il isole moyennant un artifice
théorique (dans le paragraphe 64 des Principes de la philosophie - premier livre) et dit « moyennant
une notable différence (et notable renvoie aux caractères des concepts, idées pour Descartes) je
peux passer de la pensée comme essence de la substance pensante à l’étendue comme essence de la
substance étendue ». Donc, si vous voulez, il y a un moment (mais c’est un artifice, Descartes dit
que cela n’en est pas un, mais je ne vois pas comment on pourrait le comprendre autrement, une
abstraction de raison raisonnante, c’est-à-dire il fait comme si il y avait un moment, la matrice vide
de toute substance possible, mais ce ne serait qu’une matrice formelle. C’est génial. Cependant
immédiatement Descartes revient et dit qu’il ne fait pas d’abstraction de raison raisonnante, je ne
fais que des abstractions de raison raisonnée, et donc dans ses conditions-là, la notable différence
perd de son originalité, et alors il faut expliquer comment (et on ne peut le faire que dans la sixième
méditation) on peut passer du «je pense» cartésien à l’espace cartésien.

29
Notez que dans les Paralogismes de la raison pure, il y a la proposition «je pense». La première
proposition que nous avons, c’est «je suis», et puis seulement «je pense». Dans l’unité
universellement synthétique de l’aperception, il demande là «qu’est-ce que je suis ?». Là, la
démarche est à peu près similaire à celle de Descartes. Et qu’est-ce que je suis ? De jure, je suis une
unité synthétique a priori, c’est-à-dire une unité du temps et de l’espace schématisé, c’est-à-dire
dans la création du temps homogène dans lequel je m’écoule spatialement. Et ça c’est
extraordinaire.
Vous voyez que la perspective n’est pas la même entre la possibilité des jugements synthétiques a
priori qui ne concerne que l’intuition en général (c’est-à-dire le concept d’intuition , en général cela
veut toujours dire un concept ), du point de vue de l’analytique transcendantale où là nous sommes
au niveau de l’unité de l’aperception, unité qui contient aussi du temps et de l’espace. Mais ce n’est
pas le même, l’imagination ne fait pas le même travail dans le schématisme et dans l’unité de
l’aperception. Si on comprend bien cette différence entre le rôle de l’imagination productrice dans
le schématisme des concepts purs de l’entendement et dans la déduction transcendantale, en fait, le
problème de l’objet et de l’idéalisme absolu tombe de lui-même, il n’existe pas. Or c’était une des
premières critiques du vivant de Kant, ces correspondants lui écrivent qu’ils ne savent pas très bien
où placer l’objet : est-ce qu’il est en nous, hors de nous, hors de l’intuition, c’est quoi cette
histoire ? Est-ce que l’intuition est une réalité empirique ? Qu’est-ce que c’est que cet en soi, les
phénomènes ? Etc. Kant ne peut que répondre toujours la même chose : vous confondez le
schématisme et la déduction des catégories, ce n’est pas le même rôle, cela n’a pas le même objet.
Le schématisme appartient à l’analytique des principes, l’imagination productrice, la synthèse de
l’imagination productrice appartient à la déduction transcendantale, c’est-à-dire à l’unité
universellement synthétique de l’aperception. Il n’empêche que Kant dit aussi : il y a un «je suis»,
la première proposition qui me vient à l’esprit c’est «je suis», évidemment ! Et «je pense», mais je
suis d’abord. Et je suis quoi ? Je ne suis pas comme on l’a souvent caricaturé une espèce de cloche à
fromage où on aurait des fromages qui seraient l’intuition, et puis la cloche à fromage qui serait
l’entendement, et puis la super cloche à fromage qui serait la raison. Ce n’est pas du tout comme
cela fonctionne ! Tout est en même temps, l’esprit bouge, ... s’écoule dans le temps tout le temps ; il
ne faut pas le voir d’une manière concrète, c’est une question de jure dit Kant. De facto on peut le
voir dans des jugements, mais de jure, non. De jure on va aux principes des jugements et là on est
tout le temps dans le temps et cela veut dire qu’il n’y a pas cette espèce de hiérarchie des niveaux.
Kant dit bien qu’il y a des pouvoirs supérieurs de connaître, mais dans un autre passage il dit que la
forme de l’expérience, et non la matière, est le temps et l’espace. Si c’était la cloche à fromage, ce
serait les fromages eux-mêmes, or Kant ne dit pas cela, il dit que la première cloche c’est la matière
de l’expérience......(?).
Il faut penser comme Kant pour le comprendre...
Concernant la question à propos de l’innéisme des catégories
Les catégories ne sont pas innées; elles sont le fil conducteur, la structure architectonique qui nous
permet de comprendre comment s’organise la Critique et pourquoi Kant dit que la critique est en
même temps la propédeutique à la métaphysique et la métaphysique elle-même. Les catégories ce
n’est qu’un fil conducteur. Que subsument ses concepts ? C’est toujours l’unité toujours en action,
l’unité de l’entendement et de la sensibilité, ce qui nous renvoie au problème de l’affinité
transcendantale qui est la clé de tout. Kant nous dit qu’elle est ancrée au plus profond de l’âme
humaine. On doit méditer et penser ce que cela veut dire. Ce qui est certain, c’est que cela a à voir
avec l’imagination productrice, et donc avec l’activité de schématiser. Ici l’interprétation de
Heidegger est ici vraiment solide, lorsqu’il dit que la forme de l’intuition c’est l’horizon de
prédonation des objets dans l’unité, c’est la synthèse en fait de l’unité de l’aperception.

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12/10/2010

1. Quelle est la différence entre jugement analytique et


jugement synthétique et qu’est ce qu’un jugement ?

« IV. De la différence des jugements analytiques et des jugements synthétiques.


Dans tous les jugements, où est pensé le rapport d’un sujet au prédicat (si je considère
seulement les jugements affirmatifs, car l’application aux jugements négatifs est ensuite
facile), ce rapport est possible de deux façons. Ou bien le prédicat B appartient au sujet A
comme quelque chose qui est contenu (de manière cachée) dans ce concept A ; ou bien B est
entièrement hors du concept A, quoique en connexion avec lui. Dans le premier cas, je
nomme le jugement analytique, dans l’autre synthétique. Des jugements analytiques
(affirmatifs) sont donc ceux dans lesquels la connexion du prédicat avec le sujet est pensée
par identité, tandis que ceux dans lesquels cette connexion est pensée sans identité doivent
s’appeler justement synthétiques. On pourrait encore appeler les premiers jugements
explicatifs, les seconds jugements extensifs, car ceux-là n’ajoutent rien, par le prédicat, au
concept du sujet, mais le décomposent seulement par analyse en ses concepts partiels, qui
étaient déjà pensés (quoique confusément en lui) : tandis qu’au contraire, les seconds
ajoutent au concept du sujet un prédicat qui n’était pas du tout pensé dans le sujet, et
qu’aucune analyse de celui-ci n’aurait pu en tirer. Par exemple, si je dis : Tous les cors sont
étendus, c’est un jugement analytique. Car je ne dois pas sortir au-delà du concept que je lie
avec le corps, pour trouver l’extension, comme jointe à lui, mais je dois seulement
décomposer le concept, c.à.d. me faire conscient du divers que je pense toujours en lui, pour
y rencontrer ce prédicat ; c’est donc un jugement analytique. En revanche, quand je dis :
Tous les corps sont pesants, le prédicat est quelque chose de tout autre que ce que je pense
dans le concept d’un corps en général. L’adjonction d’un tel prédicat donne donc un
jugement synthétique ».
« IV. Von dem Unterschiede analytischer und synthetischer Urteile
In allen Urteilen, worinnen das Verhältnis eines Subjekts zum Prädikat gedacht wird, (wenn ich nur
die bejahenden erwäge, denn auf die verneinenden ist nachher die Anwendung leicht,) ist dieses
Verhältnis auf zweierlei Art möglich. Entweder das Prädikat B gehört zum Subjekt A als etwas, was in
diesem Begriffe A (versteckterweise) enthalten ist; oder B liegt ganz außer dem Begriff A, ob es zwar
mit demselben in Verknüpfung steht. Im ersten Fall nenne ich das Urteil analytisch, in dem andern
synthetisch. Analytische Urteile (die bejahenden) sind also diejenigen, in welchen die Verknüpfung des
Prädikats mit dem Subjekt durch Identität, diejenigen aber, in denen diese Verknüpfung ohne Identität
gedacht wird, sollen synthetische Urteile heißen. Die ersteren könnte man auch Erläuterungs-, die
andern Erweiterungs-Urteile heißen, weil jene durch das Prädikat nichts zum Begriff des Subjekts
hinzutun, sondern diesen nur durch Zergliederung in seine Teilbegriffe zerfällen, die in selbigen schon
(obgleich verworren) gedacht waren: dahingegen die letzteren zu dem Begriffe des Subjekts ein
Prädikat hinzutun, welches in jenem gar nicht gedacht war, und durch keine Zergliederung desselben
hätte können herausgezogen werden. Z.B. wenn ich sage: alle Körper sind ausgedehnt, so ist dies ein
analytisch Urteil. Denn ich darf nicht über den Begriff, den ich mit dem Körper verbinde,
hinausgehen, um die Ausdehnung, als mit demselben verknüpft, zu finden, sondern jenen Begriff nur
zergliedern, d.i. des Mannigfaltigen, welches ich jederzeit in ihm denke, mir nur bewußt werden, um
dieses Prädikat darin anzutreffen; es ist also ein analytisches Urteil. Dagegen, wenn ich sage: alle
Körper sind schwer, so ist das Prädikat etwas ganz anderes, als das, was ich in dem bloßen Begriff
eines Körpers überhaupt denke. Die Hinzufügung eines solchen Prädikats gibt also ein synthetisch
Urteil ».
Question : En quoi consistent le changement et l’impact du changement de liaison

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entre le sujet et le prédicat chez Kant ?
Réponse : Le changement dans la théorie du jugement de Kant, c’est bien qu’il est
tourné vers l’objet. Nous avons la force de l’intuition, et Kant ne cesse de dire que nous avons
un accès immédiat à l’objet. Que signifie l’objet ? Qu’est ce que ça veut dire que
l’entendement a un accès médiat (et non pas immédiat) à l’expérience, c.à.d. à l’objet ? Un
jugement, c’est un lien entre des concepts, donc de toute façon, il faut des concepts. Un
concept n’est jamais immédiat.
Kant a l’air de faire une identité entre objet et expérience, pourquoi ? Le pur divers de
la sensation, on n’y a pas accès, parce que ce qui nous est donné dans la sensibilité est
préformé par les formes de la sensibilité, c.à.d. par l’espace et le temps. L’espace est matière
de ce qui s’écoule dans le temps, c.à.d. la durée. Cela n’explique pas la confusion apparente
entre l’objet et l’expérience, qui sont pourtant très différents. En quoi sont-ils différents et
pourquoi Kant peut-il les mettre sur le même pied ? Sous les concepts, on peut subsumer les
objets. Comment articuler objet, expérience et objet transcendantal = X ? Ce problème
traverse toute la Critique.
Prendre conscience = « bewußt werden ». Quel est le rapport entre la conscience et
l’objet transcendantal = X ? Puisque, ici, il n’est pas encore question de l’aperception. Est-ce
que les jugements a priori, qui ne sont pas à proprement parler des jugements d’expérience, ne
subsument rien ?
Qu’est ce que ça signifie concept en général ?
L’ensemble des caractéristiques, donc définition en compréhension, qui nous donne selon la
coordination prédicamentale, un concept. Ce concept, dit Kant, est une représentation
commune.

« Les jugements d’expérience, comme tels, sont tous synthétiques. Il serait en effet absurde de
fonder un jugement analytique sur l’expérience, car je n’ai pas à sortir de mon concept pour
former le jugement, et je n’ai donc besoin pour cela d’aucun témoignage de l’expérience.
Qu’un corps soit étendu est une proposition qui tient a priori et non un jugement
d’expérience. Car avant de venir à l’expérience, j’ai déjà toutes les conditions pour mon
jugement dans le concept, d’où je ne puis qu’extraire le prédicat selon le principe de
contradiction, et prendre par là en même temps conscience de la nécessité du jugement,
nécessité que l’expérience ne m’enseignerait jamais. En revanche, quoi que, dans le concept
d’un corps en général, je n’inclue pas du tout le prédicat de pesanteur, ce concept désigne
pourtant un objet de l’expérience, par une partie de celle-ci, à laquelle je puis donc encore
ajouter des parties de la même expérience autres que celles qui appartiennent au premier
concept. Je puis à l’avance connaître analytiquement le concept d’un corps par les caractères
d’étendue, de l’impénétrabilité, de la figure, etc., qui sont tous pensés dans ce concept. Mais
j’étends maintenant ma connaissance, et, retournant à l’expérience, d’où j’avais tiré ce
concept de corps, je trouve aussi la pesanteur, toujours jointe aux concepts précédents, et je
l’ajoute synthétiquement à ce concept comme prédicat. C’est donc sur l’expérience que se
fonde la possibilité de la synthèse du prédicat de la pesanteur avec le concept de corps, parce
que les deux concepts, bien que l’un ne soit pas contenu dans l’autre, appartiennent
cependant l’un à l’autre, de manière toutefois seulement contingente, comme parties d’un
tout, celui de l’expérience, qui est elle-même une liaison synthétique des intuitions ».
«Erfahrungsurteile, als solche, sind insgesamt synthetisch. Denn es wäre ungereimt, ein
analytisches Urteil auf Erfahrung zu gründen, weil ich aus meinem Begriffe gar nicht
hinausgehen darf, um das Urteil abzufassen, und also Zeugnis der Erfahrung dazu nötig
habe. Daß ein Körper ausgedehnt sei, ist ein Satz, der a priori feststeht, und kein
Erfahrungsurteil. Denn, ehe ich zur Erfahrung gehe, habe ich alle Bedingungen zu meinem
Urteile schon in dem Begriffe, aus welchem ich das Prädikat nach dem Satze des

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Widerspruchs nur herausziehen, und dadurch zugleich der Notwendigkeit des Urteils bewußt
werden kann, welche mir Erfahrung nicht einmal lehren würde. Dagegen, ob ich schon in
dem Begriff eines Körpers überhaupt das Prädikat der Schwere gar nicht einschließe, so
bezeichnet jener doch einen Gegenstand der Erfahrung durch einen Teil derselben, zu
welchem ich also noch andere Teile eben derselben Erfahrung, als zu dem ersteren gehörten,
hinzufügen kann. Ich kann den Begriff des Körpers vorher analytisch durch die Merkmale der
Ausdehnung, der Undurchdringlichkeit, der Gestalt usw., die alle in diesem Begriffe gedacht
werden, erkennen. Nun erweitere ich aber meine Erkenntnis, und, indem ich auf die
Erfahrung zurücksehe, von welcher ich diesen Begriff des Körpers abgezogen hatte, so finde
ich mit obigen Merkmalen auch die Schwere jederzeit verknüpft, und füge also diese als
Prädikat zu jenem Begriffe synthetisch hinzu. Es ist also die Erfahrung, worauf sich die
Möglichkeit der Synthesis des Prädikats der Schwere mit dem Begriffe des Körpers gründet,
weil beide Begriffe, ob zwar einer nicht in dem anderen enthalten ist, dennoch als Teile eines
Ganzen, nämlich der Erfahrung, die selbst eine synthetische Verbindung der Anschauungen
ist, zueinander, wiewohl nur zufälligerweise, gehören ».

Que signifie concept en général ? Ce sont des concepts de concepts. La grande


difficulté, c’est que « Begriffe überhaupt », donc concept en général. En général, ça veut
dire, qui a un rapport, à tous point de vue, au concept. Donc parler d’un concept en général,
c’est parler d’un concept de concept. Kant dit que les concepts en général sont liés à la notion
d’architectonique. Il y a une occurrence du terme architectonique. Qu’est ce que ça vient faire
là dedans, qu’est ce que ça veut dire ? Qu’est ce que l’architectonique ?

Un plan de composition qui trace des divisions pour arriver aux principes de connaissance a
priori et à la science de la philosophie transcendantale. C’est quoi la science de la philosophie
transcendantale ? C’est celle qui atteint l’ensemble des principes a priori.
Quel serait ce plan ? Qu’est ce que Kant dit de ce plan ? Il trace des divisions entre
jugements synthétiques et analytiques. Qu’est-ce qu’on divise ? Il parle d’une source
commune entre l’entendement et la sensibilité. Comment est-ce qu’il en parle ? Elle est
inconnaissable, cette source commune entre l’entendement et la sensibilité. C’est le problème
de l’affinité transcendantale, lieu métaphorique, car définitivement inconnaissable, lieu où
s’originent (mais sans génétique de la connaissance), lieu originaire, ou topique, où
s’enracinent, de manière totalement dissimulée à notre aperception, les différentes facultés.
Il y a une récurrence dans le texte du vocabulaire ce qui est caché, dissimulé, de ce
qu’on ne voit pas directement, difficile à comprendre et qui nous laisse sur notre fin, et
justement, c’est à propos des jugements analytiques a priori. Alors que ça a l’air tellement
simple. A chaque fois qu’il parle des jugements analytiques a priori, il y a une petite
parenthèse qui dit « à ce qu’il semble ». Il dit qu’ils n’augmentent pas la connaissance, à ce
qu’il semble. Il dit que le prédicat est caché dans le sujet. Le vocabulaire de tout ce qui est
caché doit nous évoquer le lieu topique où s’originent la sensibilité et l’entendement.
Le jugement analytique est une division du concept. Quel est le lien entre la division
du concept avec ce qui est dissimulé, et cette intuition, qui est là, apparemment donnée ?
(mais dont il ne parle pas quand il s’agit des jugements analytiques a priori).
Il y a là un nœud problématique avec les jugements analytiques a priori qui ont l’air
tellement évidents. En fait, c’est loin d’être évident. Ce qui est dissimulé aussi, c’est la
métaphysique naturelle. Et cela complique les choses si on veut comprendre ce qui est
dissimulé en nous et d’autre part, ce qui est dissimulé dans les jugements analytiques a priori,
et pas synthétiques a priori.
Dans les jugements analytiques, il y a une pensée plus confuse qui devient plus claire.
Kant dit que ce sont des jugements explicatifs. Est-ce que ce « confusément » aurait un

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rapport avec l’idée obscure chez Descartes, par rapport à l’idée claire, étant le jugement
déployé explicatif comme tel ? Est-ce que c’est pertinent ou pas ? Descartes croit que par la
pure pensée, il peut atteindre la connaissance, or il faut l’expérience. On revient à notre
question de départ : qu’est ce que l’expérience, par rapport à l’objet, que Kant se donne dans
ce texte ? Il a l’air de se donner l’objet, même quand il parle des jugements analytiques a
priori. On peut se demander (question que Peeters soumettra à l’examen) :
Est-ce qu’on ne peut pas imaginer des jugements analytiques a posteriori ?
Kant n’arrête pas de dire qu’il faut arriver à l’originaire. Mais il y aura toujours quelque chose
de caché. Le temps et l’espace sont constitutifs et non pas régulateurs. Dès que l’on a un
objet, il est forcément dans le temps et dans l’espace.
Est-ce que ce qui est dissimulé dans les jugements analytiques, ce n’est pas également
quelque chose comme de l’espace et du temps ? Kant n’arrête pas de dire, à chaque fois,
quand il s’agit des jugements analytiques, il y a quelque chose de caché, quoique
confusément. Qu’est ce que ça veut dire, ce confusément. Il y a tout un vocabulaire de ce qui
est caché et ce vocabulaire réfère au schématisme transcendantal, c.à.d. à l’imagination
transcendantale. C’est là un horizon conceptuel qui ramène au schématisme. Dans les
jugements analytiques a priori, est-ce que ce qui est dissimulé, c’est aussi les formes a priori
de l’espace et du temps (dans lesquelles s’écoulent les objets qui constituent l’expérience) ?
Comme tout objet s’écoule dans l’espace et le temps, ce qu’on pourrait découvrir de caché,
c’est l’espace et le temps. Le moment de l’analyse n’est que le moment de la saisie de ce qui
est toujours déjà là, dissimulé derrière tous les autres objets. Mais en disant cela, il n’y aurait
plus de différence entre analyse et synthèse, or, il doit y en avoir une. Ce qui est presque
dissimulé ou presque présent, dire que c’est simplement le temps et l’espace, ce n’est pas
suffisant, pourtant il y a un lien. Quel est-il ?
D’un côté, il y a ces expressions du mystérieux, du pas immédiat et de l’autre côté, il y
a le principe suprême des jugements analytiques, c’est le principe de non-contradiction.
Il cherche le principe suprême de tous les jugements analytiques, c’est le principe de non-
contradiction. S’il y a division, il y a quelque chose qu’on divise. Donc, s’il y a une analyse,
ça veut dire qu’il y a une synthèse. Or la synthèse, c’est le temps. La synthèse, chez Kant,
implique toujours le temps. Comment peut-on, à présent, les jugements analytiques à priori,
sans aucune référence à l’intuition, ou allusion à l’expérience (c.à.d. à l’espace et au temps),
contiendraient malgré tout, de manière dissimulée, du temps ? Il faut quelque chose qu’on
coupe, donc il faut une matière. Le jugement analytique c’est l’explication du concept de
sujet, et il y a quelque chose de dissimulé, il semblerait que ce soit l’espace et le temps. Quel
est le rapport entre les jugements analytiques a priori et a posteriori qui sont également le
résultat d’une division. Dans un jugement analytique, il y a une étape de division et de
découverte. Quand on a divisé, on arrive à quelque chose qui ne peut pas être autrement, donc
qui a priori. Avant d’arriver à un jugement analytique a priori, il y a un petit quelque chose, un
déploiement.
Pourquoi Kant n’en parle pas ? Il y a une raison, il ne peut pas avoir oublié. Il parle
directement du jugement analytique a priori et contrairement au jugement synthétique, il
n’envisage pas les jugements analytiques a posteriori, comme cette étape originaire préalable
à la constitution du jugement analytique a priori. Si c’est parce qu’il a écrit après, pourquoi
fait-il appel au concept architectonique ?
Il y a plusieurs sens à l’architectonique. Le plan, quelle est sa nature ? Ce plan est il
synthétique ou analytique ? Ce plan représente quoi ? C’est le plan de l’expérience ? Non.
C’est le plan de la pensée. Qu’est ce que ça veut dire ? C’est la condition de la pensée de la
pensée, en vertu d’un fil conducteur. La pensée de la pensée suit un plan, c’est des concepts
de concept. Kant dit métaphysique de la métaphysique, à propos de la Critique. Quel est le
rôle de l’espace et du temps dans le plan ? Le plan, est-il métaphorique et en quoi fonde-t-il

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ou est-il fondé sur des jugements analytiques a posteriori, implicitement. En quoi est il fondé
implicitement sur des jugements analytiques a posteriori, qui ne sont possible que s’il y a des
jugements synthétiques a priori, sinon, il n’y aurait pas d’expérience possible. Pistes : principe
de non-contradiction et architectonique. Il essaie de déterminer les principes des principes.
Dans ce mouvement, la faute serait d’aboutir à une contradiction. Le plan est-il analytique ou
synthétique ? Analytique. Un plan, c’est quelque chose qui est déployé dans l’espace et dans
le temps. C’est le plan de la pensée de la pensée. Or, on voit que le plan est analytique.
Comment concevoir que l’analytique se déploie dans le temps et dans l’espace pour constituer
la pensée de la pensée, la métaphysique de la métaphysique?
S’il y a de la pensée, il faut qu’il y ait de l’espace et du temps. Nous ne sommes pas dotés
d’intuitions intellectuelles ni d’un entendement intuitif.
La pensée de la pensée suit un plan. Le plan a un lien avec le fil conducteur, quel est ce
rapport ? La pensée se prendrait elle-même comme objet de pensée. Comment un objet de
pensée peut-il se prendre lui-même comme objet de pensée ? C’est une question réfléchissante
et qui soulève la question de l’abstraction. Qu’est ce que ça signifie que la pensée se donne
comme objet de pensée, alors qu’elle est elle-même pensée de la pensée, la pensée ?
La pensée n’est pas une chose, elle ne peut pas être un objet. Pourtant la pensée pense
« quelque chose ». Qu’est-ce que ça signifie ce « quelque chose » ?
Tout part de l’expérience.
C’est quoi les conditions de son exercice « ubung »? C’est la critique de la raison pure. Qu’est
ce que c’est ? L’exercice d’un exercice. La pensée ne peut pas faire l’économie de
l’expérience. On ne peut pas hypostasier la pensée ou la raison. La pensée ne pourra jamais se
surpasser. Elle est dans l’expérience. La métaphysique traditionnelle, comme dogmatique,
disposition naturelle ou sceptique est un échec, le système est un échec. L’exercice de la
raison qu’est la CRP est pourtant une métaphysique de la métaphysique. Qu’est ce que ça veut
dire alors qu’il refuse la métaphysique traditionnelle ? Comment Kant appelle l’opération de
l’esprit qui permet de s’autolimiter ? La réflexion transcendantale pense ses propres
conditions. Elle a pour but d’éviter l’apparence. La réflexion transcendantale est l’exercice de
la CRP qui est un devoir, et là intervient la liberté. Que vient faire le devoir là dedans ?
Pourquoi la réflexion transcendantale qui réfléchit les représentations rapportées à leur origine
sensible ou intellectuelle, conceptuelle ou dans l’espace et le temps, en quoi cette réflexion
est-elle un devoir et implique-t-elle et la liberté ? Dans l’exercice de la raison, on tombe dans
l’apparence. L’exercice correct de la raison, c’est l’exercice critique de la raison, c.à.d. la
CRP. Mais pourtant, la CRP n’est pas encore la philosophie transcendantale, et aussi, la liberté
n’est pas l’objet de la philosophie transcendantale. La CRP est une propédeutique. La CRP est
l’idée de la philosophie transcendantale. La philosophie transcendantale évite la mère de
l’apparence, mais ça on n’y arrivera jamais. Pourtant, Kant dit que nous avons des jugements
mathématiques et les jugements physiques sont des jugements synthétiques a priori. Où les
placerions-nous par rapport au plan ? Les jugements synthétiques a priori seraient ce qui nous
permettrait d’éviter la mère de l’apparence et qui nous permettrait d’avoir les jugements
analytiques a priori. Quel est le rôle du plan, du fil conducteur et de l’architectonique ? Qu’on
n’aille pas en dehors. Oui, mais qu’est ce que ça veut dire ?
La pensée déborde largement le connaître chez Kant. En quoi est ce que la liberté a un rapport
avec l’architectonique ? Le plan est tracé par l’exercice de la Critique. Comment la pensée de
la pensée pense la liberté, l’autre de la pensée ?
S’il y a un trait, il y a un espace. C’est une métaphore. Quel est ce rapport entre cet espace
dont nous ne savons encore rien, l’architectonique et le plan. Quelles sont les propriétés de cet
espace métaphorique où on trace des lignes ou des points. C’est une métaphore de l’espace, de
quel espace s’agit-il ? Nous n’avons de pensée qu’empirique, c’est le début de la Critique.
C’est le scandale de la philosophie de mettre ça en doute. Kant pose l’espace d’une

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métaphore. Réfléchissons cet espace. Dans la CRP, c’est un labyrinthe, les perspectives
changent tout le temps. Derrière une ligne, il y a toute une architecture logique, que l’on voit
si on bascule sur le côté. Dans la CRP, les perspectives changent tout le temps. Il y a le temps
originaire et le temps logique, qui va tout déployer pour se rabattre sur le temps originaire. Il y
a une simulation du temps originaire par un temps logique et discursif, qui se déploie selon
certaines règles. Il y a un seul temps, mais il se divise en deux. Pour comprendre le temps, il
faut effectuer quelque chose de logique pour arriver à une conclusion qui était déjà donnée au
départ. Que seraient ce temps et cet espace logiques et quelle est la nature de cet espace et de
ce temps originaires qui se déploient? Le contenu du pensé n’est pas le contenu du connaître
(liberté, immortalité et Dieu). Et il y a l’espace et le temps logiques. Cet espace logique ou ce
temps logique sont dans le domaine de l’anamorphose de la pensée se pensant, nous sommes
dans le domaine de la métaphore. C’est un espace créé par un mouvement, le mouvement de
la pensée. L’activité de la pensée obsédée par devoir rendre compte d’elle-même. Elle crée un
espace en entrant en mouvement. La pensée qui essaie de se penser crée un espace, mais il n’y
a pas d’objet. Elle est tout le temps à rebours par rapport à elle-même. La pensée qui essaie de
se penser crée un espace, mais elle n’a pas d’objet, et se pensant elle-même, elle ne fait que
courir sur elle-même. Elle est toujours en décalage par rapport à elle- même. Se pensant, elle
est dans le lieu métaphore où l’apparence surgit, puisque nous ne pouvons pas penser sans
espace et du temps, donc il y a toujours la subreption possible de l’espace et du temps. Elle ne
cherche pas quelque chose qui est à l’extérieur, pas d’extension, son problème est à l’intérieur
d’elle. Elle ne cherche pas à connaître un objet, mais un mode de connaissance. C’est
exactement cela que Frege appelle la pensée pure. Cet espace étrange dont nous devrons
trouver les propriétés est l’espace formel que nous allons trouver chez Frege et Leśniewski.
Ce temps et cet espace constituent l’espace et le temps logique des systèmes de Leśniewski et
de Frege. Il faut une idéographie, c.à.d. l’anamorphose de la pensée pure. Cette pensée pure
est toujours en décalage par rapport à elle-même, puisqu’elle se pense comme objet d’elle-
même. Elle pense dans le temps quelque chose qui est dans le temps. L’image de la souris est
intéressante, mais elle est limitée par la sensibilité. Nous avons la sensibilité qui nous limite.
Jusqu’à Kant, la métaphysique c’était la souris qui court dans sa roue. Il faut mettre fin à cette
fièvre du système et pour ça il faut que la sensibilité vienne limiter l’entendement. La pensée
est bien obligée de s’actualiser dans un temps et dans un espace, se pensant. Elle s’écoule
dans l’espace et dans le temps d’une manière indéfinie. Si nous réfléchissons de manière
transcendantale sur cet espace et ce temps, nous trouvons qu’ils ont des propriétés
particulières.
Pour jeudi, à réfléchir. Cet espace, c’est l’espace de l’idéographie frégéenne, l’anamorphose
de la pensée pure.

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14/10 /2010

On est arrivé à dégager une notion très problématique, et un peu bizarre, l’espace
logique, dont nous n’avons encore aucune propriété.
D’autre part, nous avons vu la notion d’architectonique et de plan.
La troisième grande notion que nous avons vue est le principe de non-contradiction
comme principe des jugements analytiques. Attention, aussi, dans les jugements analytiques,
il y avait une synthèse dissimulée.
Ces trois problèmes capitaux pour la compréhension de la Critique sont posés,
maintenant, il faut essayer de les mettre ensemble, il faut essayer de comprendre comment ça
marche.

1. L’architectonique et le plan
Cette architectonique est une métaphore, que Peeters appelle anamorphose, utilisant
par là un terme frégéen (l’idéographie étant considérée comme une anamorphose de la pensée
dans cet espace justement extrêmement problématique qui est cet espace de l’idéographie, et
l’espace de la construction des systèmes de Leśniewski). Donc l’architectonique est une
anamorphose de la pensée.
Mais une anamorphose de quoi ? On avait vu que c’était en même temps la pensée de
la pensée, la métaphysique de la métaphysique, mais sans omettre le fait qu’il n’y avait pas
de régression à l’infini, puisque la pensée se déployant nécessairement dans l’espace et dans
le temps est toujours en action et se donne comme objet quelque chose qui est toujours en
action également. Donc, il y a une espèce de discrépance entre les « deux pensées » (mais ce
n’est qu’une seule et même pensée bien sûr), c.à.d. une différence à soi spéculative qui est
temporalisée et spatialisée, dans laquelle s’enracinerait l’apparence transcendantale (le fait
d’injecter la méthode mathématique en philosophie et la méthode philosophique en
mathématique).
La notion de plan est liée à la notion de fil conducteur. Le fil conducteur est ce qui va
véritablement permettre le déploiement de toute l’analytique (l’analytique des principes : la
table des jugements, la table des catégories, la table des principes, la table du rien – les quatre
tables de l’analytique et puis la table des idées transcendantales, mais ça c’est dans la
dialectique). Le fil conducteur sera le fil conducteur de la métaphysique. Kant annonce l’idée
d’une métaphysique qui serait la CRP, tout en disant que la CRP ne serait que les
prolégomènes à cette métaphysique.

Question : Dans cette séparation dans le temps entre une pensée pensante et une
pensée pensée, entre ce sujet et cet objet, Kant va-t-il faire l’hypothèse qu’il y aurait quelque
chose de commun ?
Réponse : Il faut faire attention à deux choses : la forme commune ce sera l’unité
universellement synthétique de l’aperception. Ce n’est pas l’unité de la conscience, c’est
l’unité de l’esprit. La pensée de la pensée, ce n’est pas la pensée se donnant comme objet, la
pensée. C’est la pensée qui se déroule et qui pense la pensée se déroulant elle-même. Il n’y a
pas du tout chez Kant, comme la très brillamment montré Heidegger, un sujet devant un objet.
La philosophie kantienne n’est pas une philosophie du sujet devant l’objet, l’objet fût-il le
plus abstrait possible, c.à.d. la pensée elle-même. La pensée de la pensée, c’est toujours la
même pensée qui se déroule dans le temps et dans l’espace. On ne peut pas hypostasier la
pensée se pensant, ça ce serait du Descartes, mais Kant ne fait pas cela justement. D’emblée,
l’unité universellement synthétique de l’aperception est synthétique, donc elle est dans le
temps et dans l’espace. Ce déploiement de la pensée de la pensée ne peut pas, pour des raisons
méthodologiques, être la pensée sujet devant la pensée objet, sinon il y aurait une régression à

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l’infini (la pensée de la pensée de la pensée, qui unifierait la pensée sujet et la pensée objet).
Or Kant prévoit l’objection et dit très clairement qu’il n’y a pas de métacritique. Pour Kant, il
n’y a pas de métaphilosophie, critique qu’il adresse à Fichte.

Question : Est-ce que l’architectonique est un concept ?


Réponse : C’est un problème considérable. La manière la plus proche d’approcher de
définir ce qu’est l’architectonique, c’est parler de métaphore. Mais parler de métaphore, c’est
encore ne rien dire. L’architectonique n’est pas que le simple plan de la Critique, c’est une
anamorphose, et en même temps c’est un labyrinthe qui bouge en fonction des différentes
perspectives, selon lesquelles on va aborder cela. L’interprétation de Peeters, c’est ce qu’il a
appelé l’idée schème. Or nous savons par le paragraphe 59 de la Critique de la faculté de
juger qu’il n’y a pas d’hypotypose aux idées. Ca veut dire que l’idée schème de
l’architectonique est toujours déjà cette activité rétrojective de pratique, de praxis de la CRP
qui constitue par là même la philosophie transcendantale.
D’où la question du plan et du fil conducteur qui reste un mystère, ça a l’air de tomber
du ciel, il faut bien le dire. Mais ce n’est pas le cas, il y a des justifications internes au
déploiement de la métaphysique transcendantale, donc la bonne métaphysique, la
métaphysique comme science qui justifie très exactement l’usage des quatre tables. Quand
Kant dit qu’il introduit le fil conducteur, il l’introduit effectivement et il faut le suivre. Il nous
le propose, et se faisant nous le mettons en œuvre dans le labyrinthe de la Critique, comme
une perspective, qui est celle de l’entendement. Mais dans l’Introduction, Kant disait que le fil
conducteur est déjà présent au niveau de la sensibilité, et ça c’est très troublant. Puisqu’il n’y
a pas de principe d’unité des formes pures de la sensibilité, si non l’unité universellement
synthétique de l’aperception, si l’architectonique est une idée qui s’accomplit dans une praxis
(la praxis étant la philosophie elle-même, le fait de faire de la philosophie), se déploie dans le
temps et dans l’espace. Ici, nous pouvons affirmer que c’est dans l’espace aussi, nous ne
devons pas dire « probablement dans l’espace », car notre corps est notre première réalité,
nous sommes donnés dans l’espace, d’abord, avant de nous penser s’écoulant dans le temps.
Notre immédiateté est spatiale et non pas temporale. Kant semble dans l’Esthétique
transcendantale donner un primat au temps sur l’espace, comme il le fera dans le schématisme
transcendantal, mais c’est parce qu’il est dans une perspective tout à fait particulière.
C’est difficile de répondre puisque l’architectonique est une idée. Une idée n’est pas
schématisable pour Kant. Il faut concevoir que cette idée s’objective dans une praxis comme
déploiement de quelque chose, et ce « quelque chose », c’est les concepts de la raisons. Ils
sont eux seraient l’activité même de la pratique, de la construction architectonique de la
Critique de la Raison Pure. Il est impossible de se donner toutes les perspectives en même
temps. L’idée même de la pensée de la pensée nous renvoie à cet espace abstrait qui est aussi
temporelle. En effet, l’écriture idéographique se fait aussi dans le temps, dans cet espace et
dans ce temps bizarres, qui renvoient à un espace et à un temps métaphoriques qui ont des
liens très intimes avec la métaphore qui est une anamorphose qu’est l’architectonique. Tout
cela se tient. Tout cela dépend des perspectives que l’on prend. La thèse de Peeters, c’est que
tout cela se tient intimement. C’est la seule possibilité de fonder de manière transcendantale
une logique formelle. On ne peut pas dire que l’architectonique c’est une chose, c’est une
activité. Mais le problème avec Kant c’est que toutes les notions qu’il introduit sont des
activités de l’esprit. Et c’est la raison pour laquelle il utilise un terme aussi vague que
« Gemüt » pour désigner l’esprit, parce que tout est activité en ce y compris, l’esprit lui-
même. Spécifier l’esprit, on risquerait de tomber dans l’hypostase, or c’est justement ce qu’il
faut éviter à tous prix : l’hypostase de la raison, de l’entendement, ou de la sensibilité.

Question : Peut-on dire que l’architectonique est construite par disjonction (par

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complémentaires qui ne s’opposent pas) ?
Réponse : J’aime beaucoup l’idée de disjonction dans le plan, parce que c’est
justement cela qu’il se passe, tel que le pense Peeters. Une disjonction, pour Kant, c’est une
analyse. Mais nous avons vu que se dissimulaient dans ces analyses, la synthèse et la question
du temps. La lecture du plan en fonction des disjonctions, Peeters parlerait plutôt de
perspectives, mais le terme est correct, se déploie aussi toujours dans ce temps et cet espace
étranges. Le plan bouge lui aussi. Le temps participe au fil conducteur. Le fil conducteur,
Kant ne peut le déployer que dans l’Analytique, mais qu’il a déjà présent au niveau de
l’Esthétique transcendantale. Et c’est pour ça qu’il y a cette disruption dans le plan de la
Critique (donc la table des matières) entre l’Esthétique transcendantale et l’Analytique
transcendantale. La perspective est une perspective de biais. La Critique ne se construit pas de
manière linéaire, c’est une erreur de penser cela. D’où la question du statut de la disjonction,
ou de la disruption, dans le plan qui lui-même bouge. Ce plan est celui de notre raison, parce
que c’est l’architectonique de la raison pure (c’est le titre du troisième chapitre de la
méthodologie transcendantale). C’est la raison pure elle-même, dans son activité auto-
productrice de concepts qui est visée, et de déterminations de la sensibilité (de l’espace et du
temps), étant elle-même dans la sensibilité (espace et temps). La pensée est une machine folle
de détermination, mais elle est en fait, hyper rationnelle parce qu’elle a le principe de non-
contradiction. Il y a quand même l’unité qui reste présente pour lui, et cette unité est le propre
de l’entendement, même si elle est synthétique. Et donc, l’architectonique de la raison pure est
à la fois l’idée schème et en même temps, pensant cette architectonique. L’esprit construit le
plan et l’architectonique. Le plan est toujours déjà donné mais il nous échappe, il nous file
entre les mains si nous voulons le reconstruire. Et nous devons le reconstruire si nous voulons
comprendre l’architectonique, qui est l’activité de la raison en fonction d’un plan, d’un fil
conducteur.

Question : Quand il avance, Kant prend d’abord une perspective qui serait la
sensibilité, et après l’entendement. Est-ce qu’il aurait pu prendre d’autres perspectives ?
Réponse : Si tu prends les prolégomènes à toute métaphysique future, qui est en fait
l’ouvrage explicatif, il part du fil conducteur. Il parle de la métaphysique, il ne parle plus de
l’esthétique. Il change complètement la perspective, ce qui rend cet ouvrage beaucoup plus
difficile à lire que la Critique. Il y a des moments où on sent que Kant réfléchit à d’autres
temps et à d’autres espaces, il ne ferme jamais toute possibilité à un autre temps et à autre
espace.

Question : Pouvons nous revenir à la notion de division ?


Réponse : Donc, Kant parle plutôt d’analyse. Pour qu’il y ait analyse, il faut qu’il y ait
quelque chose à analyser. On peut analyser de manière dichotomique ou de manière
trichotomique. Toute analyse qui induit une synthèse est trichotomique chez Kant, c.à.d.
implique le temps. Mais même les analyses dichotomiques, qui sont en principe totalement
indépendantes de l’espace et du temps, dissimulent, ont en elles, un potentiel dissimulé
d’espace et de temps, parce qu’on ne peut pas imaginer une analyse sans synthèse et une
synthèse sans analyse. Ca revient à la question de ce fameux point d’interrogation de la table
des jugements, c.à.d. les conditions de possibilité des jugements analytiques a posteriori que
Kant semble négliger. Et pourtant il ne les néglige pas, et comme par hasard, il vise cette
notion là dans un exemple, c’est celui de la maison. Précisément, c’est dans un exemple, et les
exemples, pour Kant, sont des béquilles de la pensée. Le statut de l’exemple est extrêmement
complexe dans l’écriture kantienne.
L’architectonique est une activité qui est toujours en avant d’elle-même, en
discrépance par rapport à elle-même. On a l’impression que quand on la pense, elle

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s’hypostasie sous la forme d’une anamorphose dans un temps et un espace qui ne sont pas
simplement le temps dans lequel les choses s’écoulent et l’espace dans lequel nous sommes.
Ce n’est pas que ça. C’est ça parce que l’esprit ne peut pas faire l’abstraction du temps et de
l’espace, de même que l’entendement ne peut pas faire abstraction de lui-même, c’est une
condition fondamentale, sinon, il n’y aurait plus de pensée. Mais il n’empêche que ce temps et
cet espace auxquels nous sommes arrivés, ces espèces de temps logique et d’espace logiques,
s’inscrivent dans l’espace et le temps généraux, mais ne sont pas exactement identiques au
temps dans lequel s’écoulent les choses et l’espace dans lequel elles se trouvent.

Question : Quelles sont les propriétés de ce temps et de cet espace ?


Réponse : Il y a un problème, c’est que pour Kant, toute pensée est empirique, on ne
peut pas penser en dehors de l’expérience. Donc, ça veut dire que cet espace et ce temps ne
peuvent pas être en dehors de l’expérience. Et nous n’avons de concept qu’empirique, ou bien
les concepts purs, qui ont un autre statut, mais il ne s’agit pas de cela ici. Attention, nous
sommes quand même dans l’expérience et que nous sommes, malgré tout, soumis à l’espace
et au temps communs. Partir de la réflexion transcendantale semble être une piste, dans la
mesure où si on utilise la catégorie de la modalité dans la réflexion transcendantale, nous
obtenons les concepts de forme et de contenu. Or nous avons vu une phrase étrange dans
l’introduction où Kant disant que le contenu de l’expérience de l’objet, c’était la forme de
l’intuition (et non pas sa matière). Est-ce qu’il n’y a pas dans cette forme-là (et quelle est-
elle ?) une piste pour cet espace et ce temps logiques un peu particulier ?

Question : Si toute pensée est empirique, comment pouvons nous penser des intuitions
pures a priori ?
Réponse : Nous pensons l’intuition a priori dans la pensée empirique. Nous ne
pouvons pas faire l’abstraction de la pensée empirique. Nous sommes des êtres de chair et de
sang. C’est le déploiement de la pensée empirique qui pense ses propres conditions de
possibilité, au fur et à mesure de l’avancement de la Critique. Et c’est la raison pour laquelle
la Critique n’est que l’idée d’une science possible et n’est pas la métaphysique comme telle.
Encore qu’on puisse discuter sur ce point, du point de vue architectonique, justement. L’idée
est de ramener, de penser cet espace et ce temps (ce sont des formes vides sans concepts)
comme l’intuition pure (mais qui n’est pas vraiment l’intuition pure). L’intuition pure devrait
être rapprochée de ce temps et de cet espace, qui sont la forme comme contenu de la matière
de l’expérience. Il y a là un nœud problématique qu’on devrait essayer de dénouer. Comment
pourrait-on faire ?
On peut se demander si cet espace et ce temps logiques ne sont pas des intuitions
formelles qui seraient pensées dans une projection, une espèce de projection rétrojective,
c.à.d. la position d’une idée logique qui se déploierait dans l’intuition formelle ? C’est
possible, mais c’est très particulier car dans l’intuition formelle, il n’y a pas l’idée d’une
prédétermination du graphème logique, géométrique ou arithmétique. Il n’y pas cela. La
géométrie est une activité. C’est très compliqué de distinguer tout ça. Selon Peeters, ce temps
et cet espace des graphèmes logiques, qui sont vraiment le temps et l’espace de
l’écriture, de la création de la logique formelle, en termes transcendantaux, sont bien sûr
dans le temps et dans l’espace (sinon il n’y aurait pas de graphème possible) mais sont
une anamorphose (une déformation de l’esprit) qui peut être hypostasiée,
éventuellement, sous la forme de simulacre, comme dit Lambert (le correspondant de
Kant). Et donc, c’est une espèce de dessin de second ordre, de graphème de graphème qui
serait cet espace logique. Il pense à Frege et à Leśniewski.
C’est dans cette discrépance, différence à soi de la raison lorsqu’elle se pense, qui
n’est pas l’activité folle, parce que la sensibilité limite l’entendement, sinon la colombe qui

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croit pouvoir s’envoler etc., vous connaissez le texte. On sent bien que c’est dans ce décalage,
dans cette disruption de perspective, dans cette discrépance à soi, se faisant tout le temps,
même dans des frontières, des limites, extrêmement strictes et définitivement fixées, là, se
joue quelque chose. Alors ce qui se joue, c’est la pensée pure a priori, c’est les conditions de
possibilité des mathématiques, les conditions de possibilité de la métaphysique pure, de la
physique pure, et Peeters aimerait ajouter, de la logique pure. Mais ça, il faut le démontrer
parce que Kant ne le dit pas. D’où l’idée de prendre comme modèle de la logique pure, celle
de Frege, ou celle de Leśniewski, et donc d’inscrire ces logiques pures dans l’espace et le
temps. Il y a bien une inscription spatio-temporelle de la formalisation dans l’espace et dans
le temps. On ne construit pas un système logique n’importe comment, surtout dans des
logiques non-standards, comme Leśniewski (et même chez Frege qui est standard). Les
propositions logiques se dessinent dans l’espace. Mais dans quel espace ? Est-ce que c’est
vraiment l’espace de la géométrie ? Peeters ne le pense pas. Il pense que c’est autre chose, ce
serait éventuellement cette forme qui serait en même temps matière de l’expérience. Mais,
l’expérience et l’objet, on a vu dans le texte que Kant passait aisément de l’un à l’autre,
pourtant c’est différent. Donc, il y a là un problème réel, et la thèse de Peeters est que cet
espace et ce temps logiques, qui ne sont pas l’espace et le temps quotidiens, mais qui se
passent dans l’espace et le temps quotidiens, sont en fait un simulacre de la raison.
Un simulacre, c’est le terme qu’utilise Lambert dans la recension qu’il fait de la
Dissertation de 1770, qu’il envoie à Kant et qui est à l’origine de l’idée même de la CRP.
Cette notion de simulacre est un concept central chez Lambert et chez Kant. Même s’il ne
l’utilise pas, c’est ça qu’il a en tête. Que nous dit Lambert ? Il y a un simulacre du temps et de
l’espace dans la raison. Lambert, mathématicien et géomètre, veut mathématiser la raison. Et
Kant dira qu’on ne peut pas le faire, car c’est justement ça la mère de l’apparence. C’est dans
cette distinction, par réflexion transcendantale, qu’on va pouvoir distinguer ce qui relève de
l’hypostase de simulacre, ce que Peeters pense être la logique formelle pure, et le simulacre
du simulacre, qui serait une hypostase complète de la raison. Le terme de simulacre est un
terme particulier. Simul : racine « dans le temps ». La notion même de simulacre contient dans
ses caractères l’idée d’un temps, et sans doute d’un espace. Quand Peeters utilise simulacre,
c’est au sens philosophique qui implique le temps et qui est en même temps une hypostase.
Qu’est-ce que ça veut dire une hypostase se pensant dans le temps ? On est de nouveau aux
limites du pensable, heureusement que nous avons le principe de non-contradiction et le
principe d’identité qui nous empêchent de devenir fous. Nous sommes là dans un nœud
problématique et philosophique de toute première importance et qui est l’objet du cours.

Question : Revenons sur la phrase « le contenu de l’expérience est la forme de


l’intuition et non pas sa matière ». Est-ce qu’on peut entendre donc la forme comme étant
plutôt la possibilité, et donc le contenu de l’expérience n’est jamais un objet, il est toujours un
déploiement des possibles d’un objet. On ne rencontre pas un objet, mais toujours un
déploiement dans l’espace-temps des possibilités. Est-ce que c’est ça qu’il veut dire par
« forme de » ?
Réponse : Peeters croit que c’est juste de dire ça. Mais le problème : il dit en même
temps que la forme est une matière et que la matière est une forme. On sait qu’il dit que
l’intuition est la matière de l’entendement et que l’entendement est la matière de la raison.
L’intuition est en même temps matière et forme.
Question : Elle est matière et elle a une forme. Ce qu’on rencontre c’est le déploiement
de cette forme.
Réponse : Tout à fait, Peeters pense que c’est juste, la formulation de la phrase : « elle
a » ou « elle est » une forme. Elle a une forme, incontestablement, puisqu’elle s’écoule dans
le temps et dans l’espace. Est-ce qu’elle n’est pas aussi une forme ? Ce serait une intuition

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formelle nous semble-t-il, mais n’y a-t-il pas une autre voie que l’intuition formelle ? C’est
celle-là que Peeters cherche, évidemment, mais il n’a pas trouvé.

Question : Nous avons trouvé la notion d’homogène et d’hétérogène. C’est des mots
qu’on comprend mieux. Evidemment, il y a un risque d’hypostase et de précipitation
instantané. Catastrophe, ça pourrait nous faire l’économie de penser le cours. On pourrait
passer de l’un à l’autre vu que la mathématique étant l’hétérogène, la logique étant
l’homogène. Si on voulait comprendre la méréologie, est-ce que ces notions d’homogène et
d’hétérogène ne feraient pas partie du contexte dans lequel on est ? Ne serait-ce pas là que se
trouve la notion physiologique de l’erfarhung ?
Réponse : Le problème posé est la question de l’extralogique et du logique, de
l’hétérogène et de l’homogène. Nous sommes là dedans bine entendu. Et Kant dit clairement
que le schème du nombre c’est la succession de l’unité à l’unité dans l’homogène. Il y
insiste particulièrement. C’est la raison pour laquelle Peeters a repris chez Leśniewski cette
notion d’homogénéité qui est évidemment kantienne. Kant, à chaque fois qu’il pose un terme,
pose son contraire, donc si on dit homogène, on dit aussi hétérogène. Et ce que Peeters essaie
de voir avec nous c’est les conditions de possibilités de cette hétérogénéité qui est liée à la
synthèse du temps, et de l’espace, et qui requiert un espace logique. Dès lors que le graphème
logique est écrit sous la forme de formule (ces graphèmes, ce sont des formules), il y a une
perte de l’hétérogénéité dans l’homogénéité du graphème lui-même. La question c’est de
savoir les rapports entre cette hétérogénéité au graphème, c.à.d. à l’écriture logique, et d’autre
part, l’extralogique, l’expérience quotidienne dans laquelle nous sommes tous, toujours et
dont nous ne sortirons jamais.
On a trois temps, pour le moment :
- Le temps dans lequel nous nous écoulons – la forme pure de l’intuition.
- Le temps comme intuition formelle – le temps et l’espace de la géométrie.
- Ce temps et cet espace logiques.
Ces derniers ne seraient compréhensibles qu’à partir de la théorie du schématisme, des
nombres et de la création du temps, c.à.d. au niveau des catégories mathématiques, c.à.d. la
quantité et la qualité. Pourquoi ? Parce que la catégorie de la quantité nous permet de penser
la succession de l’unité à l’unité à l’unité dans l’homogène (qui détermine le schème de la
quantité), et d’autre part celui de la qualité qui crée le temps, et l’espace aussi, sans doutes. Or
il se fait que les deux premières catégories de la quantité et de la qualité, sont des catégories
mathématiques, justement, et pas les catégories physiques.
C’est dans le rapport de schématisation entre les catégories mathématiques, et la forme de
l’intuition qui est, elle, néanmoins, la matière de l’expérience, que se situe cet espace logique.
Cela soulève la question la condition de possibilité d’une philosophie du langage, d’une
philosophie du graphème, une autre pensée de l’espace et du temps. Il y aurait là ce concept
mystérieux d’affinité transcendantal, ce lieu mystérieux où s’origineraient les facultés elles-
mêmes.
On sait ce qu’on recherche et on l’a balisé au moyen de concepts kantiens et quasi-
kantiens (l’extralogique n’est pas un concept kantien, le concept d’hétérogénéité n’est pas non
plus un concept kantien au sens où Peeters l’envisage). On a balisé la question qu’on se pose.

Question : « A la CRP appartient par conséquent tout ce qui constitue la philosophie


transcendantale, elle est l’idée complète de cette philosophie transcendantale, sans être elle-
même encore cette séance puisqu’elle ne s’avance dans l’analyse aussi loin que l’exige
l’appréciation complète de la connaissance synthétique à priori ». (B28-A14)
Réponse : C’est le gros problème de cette introduction, mais on a déjà beaucoup
d’éléments pour répondre. C’est le nœud de l’architectonique qui est ici soulevé. D’un côté

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elle est propédeutique, et de l’autre, elle est l’idée. C’est toute l’amphibologie qui il y a entre
la matière et la forme (donc du point de vue de la modalité) quant à la science qu’est la
métaphysique. Il y a plusieurs manières de comprendre cela. Quand Kant parle d’idée, Peeters
entend toujours cela comme une activité de l’esprit. Donc c’est l’esprit faisant la philosophie
transcendantale, qui forcément est alors sa propre propédeutique. La propédeutique ne s’arrête
pas avant ce qui est la philosophie transcendantale, puisque la propédeutique est guidée par
l’idée de la philosophie transcendantale, que nous avons dans notre esprit.
Comment la CRP est et n’est pas en même temps la philosophie transcendantale ? La
clé de la réponse, c’est qu’il y a une idée. Cette idée est pour Peeters rétrojective, c.à.d. que
c’est à partir de sa décomposition que l’on peut reconstruire l’ensemble. C’est la
décomposition qui nous donne la philosophie transcendantale, que l’on peut reconstruire selon
une perspective déterminée (qui est celle de l’architectonique) la CRP.
Notre point de départ, c’est l’idée de la raison pure, l’idée de la science
transcendantale. C’est la seule chose que Kant pose au début : l’idée de la philosophie
transcendantale. Cette idée de la philosophie transcendantale et la propédeutique à la
philosophie transcendantale se confondent dans la CRP, mais selon deux perspectives
différentes. Peeters parle de rétrojection et non pas de projection parce qu’il y a d’abord la
position d’une idée comme activité, à partir de laquelle on peut reconstruire, avec Kant lui-
même, que nous sommes obligés – à titre d’exercice – de pratiquer nous-mêmes quand nous
voulons faire de la philosophie. La CRP, c’est la philosophie de la philosophie. La philosophie
transcendantale n’est rendue possible que parce que nous en avons l’idée, qui est une
invitation à une pratique.

Question : Ces choses qu’on a dites « toujours », ou « nécessaires », ont-elles un statut


particulier ?
Réponse : On se place sous la catégorie de la modalité, c’est la forme et le contenu.
Les concepts purs de l’entendement selon la catégorie de la modalité (le nécessaire, le
contingent, le possible, l’impossible) ne sont pas seulement constitutifs. Ils ont un statut tout à
fait ambigus dans la CRP, parce qu’ils sont en même temps régulateurs. C’est cela qui les
rendent particulièrement intéressants parce qu’ils permettent ainsi de rendre compte d’une
multiplicité de perspectives. Mais ce sont bien des concepts et le simulacre est toujours là.
Nous tombons toujours nécessairement dans l’apparence transcendantale. Or la nécessité,
c’est la modalité.
Même l’entendement commun a des connaissances pures a priori. Il y a une métaphysique
naturelle, et ce serait un manque, le système s’effondrerait si on oubliait la question morale (la
liberté, l’immortalité de l’âme et Dieu). L’idée de la CRP et de la philosophie transcendantale
est, selon La philosophie du comme si chez Kant (WEINGER), une hypothèse. Cela ne
pourrait n’être qu’une hypothèse, on peut l’interpréter comme ça, même si Peeters ne le pense
pas.

Question : Est-ce que la lecture rétrojective n’est pas simplement faire de l’histoire ?
En faisant cette lecture rétrojective, on crée des concepts, en se retournant.
Réponse : La question de l’histoire, c’est tout à fait troublant. Kant met l’histoire de la
pensée, l’histoire de la philosophie et l’histoire de la logique dans le même sac. Et il dit ce
sont les sciences qui servent de vestibule à la science. Cette question met en corrélation
l’histoire de la raison pure, (qui est quand même le quatrième chapitre de la Méthodologie
transcendantale, dont Kant dit que ce n’est certes pas l’essentiel, mais qu’il est là pour la
complétude du système. Ca n’est pas rien) et l’histoire de la logique (qui donne naissance à la
logique transcendantale). Toutes deux sont des sciences qui sont le vestibule à la science elle-
même (la science de la raison pure). Il y a un rapport entre la question de l’histoire de la

13
raison pure (que Peeters appelle l’historicité transcendantale) et la logique en tant que logique
formelle. Tout ça demande de longues démonstrations dont on fera pour le moment
l’économie.

Question : Revenons à la confusion entre objet et expérience.


Réponse : C’est deux perspectives différentes. Dans le texte, on a vu qu’il utilisait à la
fois l’un et l’autre. Quand il utilise objet, c’est qu’il a en tête le principe suprême des
jugements synthétiques a priori (les conditions de possibilité de l’expérience de l’objet sont en
même temps les conditions de possibilité de l’objet d’expérience). Quand il parle
d’expérience, c’est d’emblée cette étrangeté, la forme-même où ce donné divers de la
sensation, dont on a vu qu’il n’existait pas à proprement parler, se donne. Comme nous
n’avons de pensée qu’empirique, c.à.d. dans l’expérience, nous ne pouvons penser que dans
l’expérience. Et même la pensée de l’objet qui rend possible cette pensée dans expérience
dépend la pensée dans l’expérience. Il y a là un cercle et Kant l’assume tout à fait. C’est le
cercle de l’Analytique des principes.

Question : Par rapport à la phrase donnée au début par Baptiste, Françoise a trouvé une
phrase qui serait peut-être en rapport : « Si même ici en général, un élargissement de notre
connaissance est possible et dans quels cas ils l’est, nous pouvons considérer une science
permettant seulement une appréciation de la raison pure, de ses sources et de ses limites
comme propédeutique au système de la raison pure. Une telle science peut se nommer CRP ».
Réponse : L’aspect de la propédeutique c’est la fixation des limites indépassables de la
connaissance et de l’expérience. Il faut mettre en relation avec la propédeutique dont parle
Baptiste dans son texte et aussi avec l’idée de la science transcendantale qu’est aussi la CRP.

14
Cours 7
Idée d’une logique transcendantale. Voir le texte de Kant
D’après ce qu’on vu sur l’idée, quelle est l’idée d’une logique transcendantale ?
E on ne peut d’abord qu’en avoir qu’une idée tant que l’on a pas commencé à la mettre en oeuvre.
Kant annonce ce qu’il va faire (cf il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit)
P Il y donc une lecture rétrojective, Kant annonce ce qu’il va faire en posant et en rétrojetant si je
puis dire à partir de l’idée, et il y a le fait qu’il n’y a pas d’hypotypose qui soit conforme à une idée.
Comment joindre ces deux aspects ?
E : il y a à faire le travail de lecture comme la pensée est une activité...
Pourquoi Kant dit «idée» d’une log transc et pas concept d’une log transc ?
E : idée car il y a pas d’empiricité.
P : C’est seulement en partie correcte. Qu’est-ce qui différencie l’idée d’un concept ?
E : il y a pas besoin de réfléchir pour le concept,
P : sauf dans un jgt réfléchissant sans concept, dans un jugement esthétique par exemple où il faut
trouver le concept ; et Kant fait usage du jugt réfléchissant dans la CRP et pas seulement dans la
CFJ.

Kant dit qu’on n’a de pensée qu’empirique


Attention la distinction idée-concept est capitale

Et Kant dit que les idées sont les concepts de la raison. Comment articuler cela ?
E ...on ne peut pas faire l’expérience d’une idée ..
P Qu’est-ce que ça veut dire qu’on ne peut pas faire l’expérience d’une logique transcendantale si
on ne peut pas faire l’expérience d’une idée ? Or on peut faire l’expérience d’une logique
transcendantale !
E il parle d’idée dans le titre mais il ne parle absolument pas d’idée dans le chapitre
P : Exactement. Dans ce titre, Kant va poser une idée que nous avons, l’idée d’une logique
transcendantale et cette idée nous vient de la philosophie transcendantale elle-même et on avait vu
que posant l’idée d’une philo transcend Kant posait une espèce d’oxymore dans la mesure où il
posait en même temps la propédeutique à cette idée (de sorte que la CRP était à la fois la philo
transcend quant à son idée et en même temps la propédeutique à la philo transcend elle-même). Or
ici ce que nous retrouvons c’est la même chose. Donc il est nécessaire s’il doit y avoir une philo
transcend que nous ayons au moins l’idée de cette philo transcend, mais ici Kant va plus loin car il
va parler de l’idée d’une logique transcendantale. Donc il reste à expliquer deux termes :
L’idée : c’est la rétrojection qui nous précède toujours déjà et que nous devons réaccomplir, elle est
différente du concept dans la mesure où bien que nous n’ayons que des concepts empiriques, le
concept est délimité, mais il n’empêche que c’est l’idée d’une logique. Dans la vulgate kantienne
vous ne verrez jamais que Kant pose la logique en temps qu’idée ; les gens lisent mal les textes,
c’est aussi simple que ça ! Pourquoi Kant s’autorise à dire, apparemment de manière un peu
surprenante, «idée d’une logique», qu’est-ce que c’est ?
E : ....
Rem suite à l’intervention inaudible où il est question d’image P : s’il n’y avait pas la
schématisation des concepts purs a priori de l’entendement nous ne serions pas dans l’expérience ;
la schématisation vient avant, même si dans l’interprétation de Heidegger, vous avez l’idée de
l’image schème qui vient après (pour autant qu’il y a un avant et un après du point de vue logique)
E ...
C’est l’analytique transcendantale elle-même qui est l’accomplissement de cette idée.
Il est impossible de rassembler par subsomption sous un concept ce que serait la logique
transcendantale par rapport à la logique générale. Ce qui est important à comprendre c’est qu’ici,
par la simple position d’une idée, Kant ne fait pas comme on l’a déjà vu, et s’il avait utilisé le
concept, cela aurait été le cas, à savoir une division d’un concept entre logique transcendantale et
logique générale. Or ce n’est pas du tout le cas.
Donc je reprends ce point central : il n’y a pas un concept de «logique» qui serait divisé (cf les
divisions de concepts, les analyses vues la semaine dernière) en logique générale et logique
transcendantale. Pourquoi y a t’il cette dissymétrie ? Pourquoi ne pas mettre sur le même plan la
logique générale et la logique transcendantale ? C’est une question fondamentale!
E : n’est-ce pas l’une qui est extraite de l’autre par la critique. Cette extraction serait par ex
rechercher dans la logique générale ce qui serait nécessaire .... Pas de logique transcendantale sans
logique générale mais elle a un statut différent. Ce statut serait la forme générale cad ce qui est
commun à tout, il est là avant mais il est là dedans; ça ne précède pas, se montre en même temps
que ce que l’on voit et ce serait la forme de la pensée.
P : Si je résume il y aurait une dyssymétrie entre log gén et log transcend qui ne sont pas
subsumables sous le concept de logique car la logique transcendantale présuppose la forme qu’est la
logique générale, la forme de la pensée qu’est la logique générale. Est-ce cela que tu veux dire ?
E ...
Réponse P : Si on dit que l’idée est la forme alors, cf amphibologie des concepts de la réflexion, il
faut un contenu, une matière. Or si l’idée c’est la logique transcendantale, cela voudrait dire que la
matière serait la logique générale, or il dit que le contraire. Piste féconde mais ...
Pourquoi une telle dyssimétrie eu égard au fait qu’il est acqui que s’il n’y avait pas de logique
générale il n’y aurait pas de logique transcendantale non plus. Ça c’est clair puisque la logique
générale c’est la logique de l’usage générale de l’entendement, cad la log gén de l’usage de
l’entendement pri dans son concept, cad de manière absolue, cad sous tous les aspects possibles de
cet usage, fût-il analytique ou dialectique.

Je voudrai approfondir (et sera utile pour Lesniewski) cette idée de «décalage», cette discrépance,
cette différence à soi de l’idée par rapport à sa propre condition de possibilité qu’est la logique
générale ; logique générale qui n’épuise jamais, ça c’est formel, le contenu de la logique
transcendantale. L’esprit posant l’idée, le Gemüt se donne l’idée qu’il a déjà et, au lieu de diviser
des concepts comme on était habitué à ce qu’il le fasse, donc diviser le concept en logique pure ou
logique général et logique transcendantale, ce n’est pas ça, ici Kant introduit une différance, une
discrépance, une différenciation, une disruption entre la log transcend et la logique générale
analytique. Il est vrai que cette distinction (discrépance/disruption), doit être comprise dans le sens
où une des conditions de possibilité de la logique transcendantale est la logique générale. Mais Kant
dit qu’elle est purement formelle. Et comme toujours chez lui, s’il y a quelque chose de formel, il
faut une matière. Alors la question devient (et ça ça nous intéresse particulièrement pour le cours de
logique) : quelle est la matière de la logique générale, distincte de la logique transcendantale en tant
qu’elle en est la condition de possibilité intellectuelle ? On cherche donc la matière de la logique
générale pour Kant ?

E Kant divise en logique générale pure (celle de la forme de la pensée, celle qui fait donc
abstraction de tout contenu) et logique générale appliquée (qui nécessite des principes empiriques et
psychologiques)
P : vous utilisez le bon terme : abstraction. La logique formelle fait abstraction de tout contenu. Cf
l’adage kantien : on ne doit pas dire «abstraere aliquid» mais «abstraere ab aliquo» = on ne dit pas
abstraire quelque chose mais abstraire à partir de quelque chose ; l’opération d’abstraction ayant
lieu sous le reliquat, le reliquat de l’abstraction, cad ce qui reste. Mais si la logique générale fait
l’abstraction de tout contenu, quel est ce contenu dont elle fait l’abstraction ? Est-ce simplement la
logique appliquée ou y a t-il autre chose ?
E les intuitions pures
P en quoi est-ce que les intuitions pures seraient la matière de la logique générale dont celle-ci fait
l’abstraction dans la pensée ? Donc ici logique générale et pas logique transcendantale
E espace et temps comme forme de l’intuition serait le contenu de la logique générale ;;; plutôt la
forme en tant que concept...
....
P suite à la réponse : on anticipe un petit peu : c’est vrai que nous sommes toujours déjà dans la
pensée empirique et donc nous ne pouvons qu’en abstraire qu’à partir de la pensée empirique ses
conditions de possibilité (sensible ou intellectuelle) ; mais ici la question est plus précise : kant
distingue de manière dyssymétrique la log transcend et la logique générale car la logique générale
est la condition de possibilité de la logique transcendantale. Première question : est-ce que l’inverse
est vrai ? Évidemment. Deuxième question : si la log gén est une simple forme, mais chez Kant, s’il
y a une forme il y a une matière, toujours ! Et donc quelle est la matière de la logique formelle
analytique, ce qu’il appelle la logique générale. Donc il y a deux questions bien distinctes

E : ce serait la pensée qui est la matière de cette logique générale


P : c’est juste. Mais quoi dans la pensée dans la mesure où nous l’avons vu longuement, la pensée
n’existe, n’est, que si elle est donnée dans l’espace et le temps.
E : c’est dans le déploiement, la pensée c’est un déploiement, dans les formes de ce déploiement il y
a quelque chose de constant. La pensée bouge, elle a des objets, etc mais il y a quelque chose qui est
le même indépendamment de ses objets, et donc cette matière a des formes qui sont toujours là et
qui sont nécessaires. Et c’est cela que l’on essaie d’extraire.
P : en terme kantien si je traduis, cela voudrait dire que la matière de la logique générale, le contenu
de la logique générale, c’est l’objet transcendantal = x.
E : c’est la pensée qui essaie de saisir cet objet, mais la pensée serait la matière elle-même.
P : c’est juste mais comment concevoir alors que la pensée est l’espace et le temps , c’est la création
de l’espace et du temps en eux-mêmes, en même temps que l’application des concepts purs de
l’entendement, comment ce tout indissociable de la philo transcend peut-il être la matière de la
forme que serait la logique générale ; il faut affiner la perspective.
E : par exemple une tautologie, ou la contradiction, ...pendant que la pensée se développe elle ne
peut pas accepter la contradiction, dont la pensée peut prendre des formes particulières donc cette
matière....
P : si je simplifie à outrance, alors la matière de la logique formelle ou générale (c’est moi qui
ajoute formelle) serait la syllogistique d’Aristote et les principes. Est-ce que ce n’est que ça ?
Kant dit que la logique est le vestibule de toutes les sciences et il dit cette phrase célébrissime : la
logique n’a pas fait un pas depuis Aristote, moyennant quelques petites améliorations (que lui-
même a apporté).
Effectivement : d’un côté c’est vrai que la matière de la logique générale (formelle) c’est la
syllogistique d’Aristote d’une part, comme vestibule de toutes les sciences, et d’autre part, c’est (ce
qui est plus important pour nous) les grands principes, à savoir, ce qu’on a vu jusqu’à présent : le
PC; on verra plus tard que le principe d’identité et le principe du tiers exclu jouent un rôle au même
titre de principe. (Il utilisera bien le terme de «Principiens» et non «Grundsetzen» ; précision suite à
une question posée par étudiant la semaine dernière ....)
On peut bien concevoir que la syllogistique d’Aristote, la logique classique ne peut pas être
contradictoire, mais est-ce qu’elle épuise totalement le champ du non contradictoire ?
E : après Kant il y a eu d’autres logiques. Par ex Frege met en évidence d’autres règles de logique et
par ex pour démontrer la syllogistique on a besoin du calcul des prédicats.
P : on ne peut incontestablement pas nier qu’il y eu quelque chose après. Frege en est la clé dans la
mesure où il nous dit clairement, mais c’est assez étrange : il nous dit que pour l’arithmétique, Kant
s’est trompé dans la mesure où les jugts arithmétiques ne sont pas synth a priori. Il faudra
comprendre ce que cela veut dire. Par contre Kant a vu juste pour la géométrie, les jgts
géométriques sont effectivement des jug synth a priori. Remarquez que je ne parle pas de logique
mais bien de l’arithmétique et de la géométrie. D’où se posera immédiatement la question : est-ce
que la logique frégéenne est oui ou non analytique ou synthétique ? Dans son opératoire syntaxique,
elle est analytique, là il n’y a aucun doute. Mais la construction du jugement, là, c’est beaucoup plus
compliqué. Il n’est pas du tout certain que la construction du jugement logique chez Frege soit
simplement analytique.
Est-ce que cela voudrait dire que le contenu de la logique générale ou en général (cad le concept de
la logique) ce serait d’une part la logique transcendantale qui a un statut sublime (au sens kantien)
et il y aurait la logique générale, différente de la logique en général, dont la forme serait la logique
formelle, dont le contenu, la matière, serait à la fois la syllogistique d’Aristote et la logique jusqu’à
Kant et d’autre part les grands principes (PC - tiers exclu - identidé et on a vu que ces trois
principes étaient déductibles les uns des autres ; Kant le dira dans l’analytique des principes); tout
cela est juste mais cela ne répond toujours pas à ma question à savoir : quelle est la matière de cette
logique prise en général ?
E : ne peut-on dire que c’est les formes de la pensée ?
P : quelles formes de la pensée ? C’est quoi les formes logiques de la pensée ?
E : la déduction dans le sens de l’inférence ? Voir les règles de transformation des
propositions, ..tautologies.
E jugement anlytique pour la log générale et jugt synth pour la log transcend. Dans «qu’est-ce
qu’une chose» Heidegger nous dit pq kant a du inventer une autre logique puisqu’il s’agit de
trouver une logique entre des hétérogènes (sujet-objet)
Kant utilise dans un sens très précis le terme d’homogénéité. Lequel ?
Je vais recentrer le débat pour qu’on y voit.
Moi je ne me satisfait pas dans l’interprétation que le contenu analytique ne soit que des tautologies.
Ce qui est effectivement le cas pour Kant. Tautologies reposant sur des grands principes qui en
garantissent la validité inférentielle. L’axiomatique par ex, même contemporaine relève de la
logique générale analytique au sens kantien.
Maintenant, il y a peut-être autre chose là-dedans car on peut se demander : on dit que la logique
générale fait l’abstraction, mais de quoi fait-elle l’abstraction ? De ce qui est empirique dit-on.
Quand on procède à une abstraction il y a toujours un reliquat. Quel serait le reliquat, donc ce qui
reste de la pensée empirique dans laquelle nous sommes toujours déjà (il n’y en a pas d’autres),
dont nous avons fait abstraction de la matière (cad l’empirie elle-même) pour ne garder que la
forme, ce qui nous donnerait le passage du synthétique à l’analytique. Mais nous avons vu que le
concept de l’analyticité était lui-même extrêmement problématique puisque premièrement il fallait
envisager sans doute les jugts analytiques a posteriori, et d’autre part nous avons vu que toute
analyse supposant une synthèse, il y avait une question de temps. Si je reviens avec mon histoire de
temps, c’est que l’idée d’homogénéité est utilisée par Kant, dans sa définition du schème de la
quantité qu’est la définition du nombre. La schématisation du nombre cad l’addition successive de
l’unité à l’unité (dans l’homogène). Cet homogène là dont il parle, c’est l’intuition formelle.
Ma question devient : quel est le rapport entre l’intuition formelle de l’homogénéité et la logique
formelle ou la logique générale ? Et, est-ce qu’il y a un rapport pour Kant, si oui lequel et si non
pourquoi ? Ici on commence à interpréter.
E : l’être ? ...inaudible
P : le problème c’est que Kant dit que l’être est simplement la position, selon le point de vue de la
modalité. A mon avis on ne peut pas dire que l’être est ce reliquat. Il faut faire attention à
Heidegger. La CRP nest pas une ontologie, et donc il n’y a pas une philo de l’être chez Kant. Bien
sûr qu’il dit qu’il réserve le nom prétentieux d’une ontologie à son analytique transc et donc c’est
bien dans son analytique transcend qu’on doit trouver, s’il y a des linéaments quelconque d’une
ontologie potentielle, mais en tout cas elle n’est pas explicite. Donc je ne partirai pas de la question
de l’être.
E : l’esprit ? Kant dit bien que notre connaissance procède d’une source fondamentale de l’esprit....

P : ma question est (je vais la poser comme ça) : est-ce qu’il est légitime de dire que l’intuition
formelle de l’homogène cad de l’espace et du temps serait ou pourrait être la matière de la logique
formelle analytique ?
E : kant dit bien qu’on ne peut pas se passer ni de l’intuition ni de l’entendement, et c’est bien que
les tautologies ne suffisent pas, il faut qu’elles s’alimentent sinon elles ne disent rien. Puis Kant dit
que les pensées sans contenues sont vides, ... Une des matières serait la sensibilité, espace et temps
P : l’espace et le temps sous quel point de vue ?
E : d’un point de vue transcendantal, ce n’est pas un espace physique, ... Font parties des conditions
de la possibilité ;.. Ici Kant dit que pas d’entendement sans sensibilité, est-ce qu’on doit mettre la
sensibilité comme condition de possibilité de l’entendement ?
P : ... donc disons que les formes de la sensibilité sont la matière de la pensée, en même temps la
matière de la pensée et la constitution de cette pensée, on a vu ce décalage permanent. Donc quand
Kant dit que la logique générale ou en générale (ce qui n’est pas la même chose) fait l’abstraction
de tout ce qui est empirique, c’est ce qu’il dit, (mais) il ne dit pas que la logique générale fait
l’abstraction de la forme de l’expérience. C’est pour cela que je disai tout à l’heure que le contenu
de la logique générale cela pourrait être la matière (le contenu, = a peu près synonyme à la matière).
Donc ce serait l’objet transcendantal = x, éventuellement, c’est une suggesion que je fais. Mais
alors se pose la question de savoir quels sont les rapports entre cet objet transcend = x (qui est
quand même encore mystérieux, le x de l’expérience), quels sont les rapports, dans la triangulation,
entre l’x de l’expérience, l’intuition formelle de l’homogène qui suppose l’espace et le temps
comme forme de l’intuition (deuxième pôle) et troisième pôle du triangle ce serait : ce serait le
contenu ... est-ce qu’une telle intuition formelle peut être la matière de la logique formelle ?
Dans mon interprétation c’est oui : l’intuition formelle est, peut être, sous certaines conditions (on
va voir lesquelles), conçue comme le contenu de la logique formelle. Je ne l’appelle plus alors
«logique générale» ou «analytique» mais «logique formelle quasi kantienne» ; quasi kantienne
parce que ce n’est pas exactement ce que dit Kant. On entre dans le domaine des interprétations. Il
n’empêche que cette conception de la logique repose sur les textes de Kant et donc reste la
triangulation, à titre problématique, dont je vous demande de me dire ce que vous en pensez.
Comment mettre ensemble ces concepts qui sont présents dans le texte : il parle d’abstraction de
logique appliquée, de forme, de matière, encore une fois tous les concepts sont mobilisés mais on
sent bien qu’il veut distinguer la logique générale de tout contenu, mais qu’est-ce que ça veut dire
que distinguer la logique générale de tout contenu si ce n’est en en laissant la forme. Mais est-ce
que cela voudrait dire que la forme de la logique générale serait la même chose, ce qui serait tout à
fait intéressant du point de vue logique, que la forme de l’intuition formelle. Donc ma question est :
est-il possible de concevoir (et à mon avis c’est le cas) que la matière de la logique formelle, qui fait
l’abstraction de tout ce qui relève de la sensibilité, donc il reste quelque chose, il en reste que la
simple forme, au moins négative, dans la non chose, l’Unding, et donc cette prédonation, cet
horizon de prédonation de l’ intuition formelle serait en fait la matière, le contenu indissociable de
la forme qu’est la logique formelle analytique ou la logique générale. Ce qui voudrait dire, pour le
dire très simplement, que si on interprète cette interprétation (un peu hérétique j’en conviens), alors
on peut concevoir de manière kantienne le simple fait (et c’est pour cela que j’en reviens avec les
jgts frégéen) que l’on retrouve cet espace logique dont on a parlé la semaine dernière qui serait
exactement le contenu de la forme qu’est la logique en générale.
Et donc on pourrait alors parler de logique formelle mais qui serait évidemment analytique dans sa
simple forme (quand on fait une déduction ou une axiomatique c’est clairement, purement
analytique, il n’y a pas de doute là-dessus) mais la construction des jugements et des système
slogiques, elle, relève de l’espace et du temps, et donc on était arrivé à cette pensée encore
mystérieuse et qui va s’éclairer dans la suite, de cet espace et ce temps purement logique qui serait
en fait identique à la forme de la logique pure analytique avec ceci que, le contenu de cette dernière
est bien entendu dans la lettre kantienne la syllogistique d’Aristote et les grands principes de la
pensée (PC tiers-exclu identité).
E : pour avoir poser cette logique analytique il y a bien dû avoir une synthèse quelque part et donc
cette synthèse reprendrait le schéma kantien ?
P : c’est ce que je veux défendre
------------------------

E : ... Le temps et espace sert à construire la logique mais le résultat n’est plus quelque chose qui
est dans le temps et dans de l’espace (?) ...syllogisme, est-ce que c’est la forme de cet espace
comme s’il était tracé avec des traits , et ... Comme syllogisme, c’est le quadrillage de cet espace,
donc sans espace .. En même temps elles sont l’invariant, ce qui est hors du temps et de l’espace, de
cet espace logique;;;
P c’est juste mais il faut ajouter que l’entendement sans la sensibilité est aveugle. On ne peut pas les
dissocier de manière absolue, certainement pas. Sensibilité et entendement et la source commune
qui est sans doute l’affinité transcendantale. Il est vrai que les grands principes logiques balisent
véritablement la pensée; la pensée ne peut pas être prise en contradiction avec elle-même, pour
Kant. Kant n’est pas paraconsistant donc c’est la logique de tout ce qu’il y a de plus classique.
Ceci dit, si on s’accorde que la logique est malgré tout une connaissance, si elle est une
connaissance (évidemment il faut être d’accord sur ce point) elle nous apprend quelque chose. Or je
dis, en terme kantien, que nous apprendre quelque chose, c’est synthétique. C’est le terme qu’il
utilise pour cela. Or il n’arrête pas de dire que la logique générale est analytique ; mais nous avons
vu que dans la décomposition de l’analyticité, se dissimulait quelque chose de caché, au plus
profond de l’âme humaine, quelque chose comme un espace temps que j’ai appelé l’espace temps
logique. Donc si la logique est une connaissance, elle doit avoir une matière et je vous propose de
voir que l’espace temps logique qu’on était parvenu à abstraire serait la matière de la logique
formelle. Donc l’espace -temps de la logique qui n’est pas l’intuition formelle en tant que telle, qui
a lieu dans l’intuition formelle, et donc à l’intérieur de l’intuition tout court (cad l’intuition qui est
sensible, cad dans les formes que sont l’espace et le temps), cet espace logique là est le contenu, est
la matière de la logique formelle. Ce qui ne veut pas dire que cette matière de la logique formelle
puisse être dégagée des grands principes logiques qui sont les grands principes de la pensée, de
toute pensée.
Le saut que je fait et que Kant fait aussi à mon sens, c’est qu’il dit que la logique est néanmoins une
connaissance. Une fois que le système logique, que ce soit la pensée de Frege comme logique des
prédicats étendus (donc la syllog d’Aristote amplifiée) ou que ce soit les systèmes de Lesniewski,
on voit que n’importe quel système est le déploiement analytique d’un axiome, axiome purement
analytique, donc nous sommes dans la logique formelle, mais qui se déploie dans l’espace et dans le
temps de telle manière que pour les systèmes de Lesniewski, on a dit qu’il n’y avait pas de
théorème non prouvé ou de thèse non prouvé d’un système formel ; Ce qui n’est pas sans soulever
d’importantes questions quant au théorème de Gödel, qui lui dit justement qu’il y a des thèses ou
des théorèmes non décidables à l’intérieur d’un système formel suffisamment puissant comme les
principia mathematica ou la thérie des ensembles de frankle. Il y a un problème à gérer très
compliqué du point de vue technique, et on va essayer d’y voir clair.
L’hypothèse de travail heuristique que je fais c’est que la matière, le contenu de la logique formelle
analytique, c’est cet espace temps logique qui n’est pas la forme de l’intuition mais qui a lieu dans
l’intuition pure, donc dans l’espace et dans le temps ; qui n’est pas l’intuition formelle parce que
l’intuition formelle est la réflexion de l’intuition au profit, par exemple de la géométrie ou de
l’arithmétique, alors que la logique n’est ni la géométrie ni l’arithmétique, il faut faire une
distinction. Donc il y aurait un troisième, une troisième forme d’espace et de temps qui sont le
déploiement de quoi ? De l’espace et du temps concret.
Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est vrai que les principes et un système axiomatique, dès lors qu’il
est démontré est une fois pour toute vrai. Il est non seulement valide mais il est vrai. Il est toujours
vrai, ce sont des tautologies. Mais le déroulement, cad la position concrète dans l’espace et dans le
temps logique, des différentes thèses qui constituent ce que j’appelle des ontologies partielles, au
sens de Lesniewski, ces thèses et ces théorèmes se déploient dans l’espace et dans le temps. Et se
déployant dans l’espace et dans le temps, ces thèses et ces théorèmes sont le déploiement
synthétique (??) de l’opérateur d’éternité espilon qui est, à savoir le epsilon de toute l’ontologie de
Lesniewski.
Un système axiomatique de L ça se présente sous la forme
-d’un axiome
-De définitions
-De thèses (ou théorèmes)
L’axiome a ceci de particulier qu’il est un biconditionnel, qu’il utilise de chaque côté du
biconditionnel un opérateur qui est l’opérateur epsilon. Cet opérateur, c’est la première lettre du
verbe «être» en grec : esti (il est). On verra ce que ça signifie dans la matière des propositions.
Retenons que cet opérateur que l’on retrouve des deux côtés de la biconditionnelle (ce qui
caractérise l’axiome par rapport à une définition) est aussi appelé : opérateur d’éternité. Pourquoi ce
nom ? Parce que le epsilon de l’ontologie ne contient aucune flexion temporelle. Donc il n’y a
aucun temps attaché à l’epsilon, le epsilon ne signifie certainement pas «est actuellement». Donc il
est appelé «opérateur d’éternité» et la définition de l’éternité, elle n’est pas une durée infinie mais
un présent permanent. Essayez de concevoir cet oxymore que le présent permanent, vous allez
tomber sur un problème car c’est irreprésentable. Un présent permanent, c’est un instant. Donc
l’opérateur d’éternité est à mettre sous la catégorie de l’instant
A partir des définitions, on va voir qu’elles sont créatives, nous pouvons poser un certain nombres
de thèses qui contiennent chacune l’opérateur epsilon, et qui sont le déploiement dans l’espace et
dans le temps de l’intuition, de l’opérateur d’éternité. Il faut bien voir que les systèmes logiques de
Lesniewski, qui reposent sur l’epsilon sont véritablement le déploiement analytique dans l’espace et
dans le temps, et donc une synthèse, qui, une fois démontrée redevient analytique, est analytique a
priori, c’est bien de la logique dont on parle ; mais la simple inscription de l’axiome, des définitions
et des thèses suit un ordre particulier (on ne peut pas faire n’importe quoi), on peut déduire de
manière analytique mais l’inscription des thèses est toujours contextualisée chez Lesn cad doit être
inscrite dans l’espace et dans le temps. Mais quel espace et quel temps ? S’agit-il de l’espace et du
temps concret ou du temps abstrait pour reprendre les catégories cartésiennes. Je rappelle que pour
Descartes, l’espace concret, c’est l’espace divin, et l’espace abstrait, c’est la durée.
Le epsilon de l’éternité c’est le temps concret cartésien. Le déploiement temporel des différentes
thèses de l’ontologie régies par le epsilon c’est le temps abstrait, cad le temps dans lequel nous
vivons.
Mais est-ce qu’il s’agit simplement, en contextualisant spatio-temporellement les différentes thèses
et théorèmes de remplir le temps ? En d’autres termes, s’agit-il à la fois de la création et du
remplissement du temps comme Kant l’indique au sujet des schématismes des concepts purs de
l’entendement sous le régime de la quantité et de la qualité, cad des catégories mathématiques (c’est
bien de cela dont nous parlons) ?
À la fois oui et non, cad que s’il y a inscription possible spatio-temporellement des différentes
thèses qui constituent chaque fois une ontologie partielle fermée, close sur elle-même, mais
contenant un nombre indéfini de thèses toujours en expansion (les systèmes de Lesniwski
s’emboîtent les uns dans les autres, en expansion à l’infini) sans qu’il y ait jamais un théorème non
prouvé d’un système formel, alors on peut dire que cette inscription relève effectivement du temps
abstrait, cartésien, mais présuppose toujours déjà que nous ayons la catégorie de la quantité de la
quantité (?), cad la position de l’homogène, de l’espace et du temps homogène dans lequel les
thèses vont être déployées d’une part, et d’autre part de la création du temps puisque en fait en
posant (c’est métaphysique ce problème) la simple question du déploiement de l’epsilon instantané
permanent qu’est l’epsilon de l’axiome de l’ontologie, on crée le temps. Donc le surgissement
logique (c’est purement logique !) de l’epsilon comme opérateur d’éternité revient à créer le temps
et à le remplir. C’est le remplissement et la création du temps sont dans l’homogène, le fait du
schématisme des concepts purs de l’entendement.
Cela veut dire que : le temps logique, tel que nous avons essayé de le mettre en évidence, n’est
possible que si au préalable les concepts purs de l’entendement regroupés sous les 4 titres des
catégories à titre de moment ont été schématisés dans l’intuition pure. C’est la raison pour laquelle
il faut considérablement distinguer l’intuition pure de l’espace et du temps logique abstrait, qui est
en fait le temps logique (et l’espace) dans lequel se contextualisent les différentes thèses et
théorèmes constituant une ontologie partielle cad en fait une «partie» d’ontologie. Je reviendrai sur
cette notion de partie d’ontologie. Est-ce que c’est clair ??????????????

Cet espace-ci (il montre le tableau) est l’espace du tableau ; bien sûr c’est l’espace concret, mais si
l’on pense à l’opérateur d’éternité, je suis obligé de l’écrire sur le tableau, donc je le rends concret,
mais sa signification est éternelle, est l’éternité, et ce sera même l’éternité de la vérité. Donc bien
sûr je suis obligé par ce que j’appelle un simulacre d’en passer dans la formalisation spatio-
temporellement déterminé et contextualisé sur le tableau, mais ça ce n’est que la face apparente, ce
n’est que l’avers de la pièce parce que ce que représente le tableau, c’est un espace et un temps qui
ne sont pas nécessairement le temps et l’espace cartésien, orthonormé, l’espace et le temps
analytique, ce n’est pas du tout cela. C’est ça, bien sûr c’est ça, on ne peut faire l’abstraction
orthonormé chez Kant, certainement pas bien entendu ! Mais ce n’est pas dans ce temps et cet
espace-là que s’inscrivent les différentes thèses qui sont le déploiement de l’éternité, et je peux en
écrire une infinité jusqu’au moment où je veux, tant que je veux. Et cette infinité constituerait
l’ontologie générale ; donc si on pouvait avoir tout les mondes possibles dans lesquels on aurait la
totalité infinie de toutes les thèses possibles de l’ontologie, Kant dirait alors : nous serions dieu et
effectivement, là apparaît la subreption et le simulacre de simulacre puisque bien entendu nous ne
sommes pas dieu, nous n’avons pas d’intuition intellectuelle ni d’entendement intuitif. C’est la
raison pour laquelle nous sommes bien obligés de dire que (et je m’insurge violemment contre
certains commentateurs) les thèses et théorèmes de l’ontologie de la méréologie et même de la
protothétique (les 3 systèmes de Les) sont contextualisées, et contextualisées dans un espace et un
temps un peu particulier que je vais un peu vous imager la semaine prochaine en vous parlant de la
logique de Frege. Là on fait davantage apparaître la spécificité de l’espace abstrait qu’est cet espace
et ce temps logique particulier, mais qui bien entendu s’inscrivent dans l’espace et le temps
quotidien, concret, et donc relève bien entendu de la schématisation mathématique de la quantité et
de la réalité, le remplissement et la création du temps, et sans doute de l’espace, comme je me plais
toujours à le dire ; on voit très bien ici que cela se confirme puisque certes il s’agit du déploiement
de l’epsilon d’instantanéité ou de présent permanent, mais on voit bien que l’analyse de cet epsilon
dans les différents epsilon des thèses de l’ontologie requiert des moyens logiques (on ne fait pas
n’importe quoi bien entendu, on démontre et si on démontre c’est au moyen d’opérateurs et de
fonctions logiques donc analytique, d’accord) mais le résultat de ces fonctions et ces opérations
logiques et analytique s’inscrit nécessairement dans l’espace et dans le temps, ce qui, je vous le
montrerai, ne serait pas le cas des principia mathematica. Les principia math de russell et
Whitehead sont totalement décontextualisés (pour des raisons logiques très profondes). Je ne vais
pas dire que Les a raison et Russell a tort, ce sont deux visions de la logique tout à fait différentes.
Je vous demande de bien comprendre que l’espace et le temps dans lequel se déploient les
différentes thèses infinies de l’ontologie sont le déploiement de l’epsilon d’éternité qui lui-même
s’inscrit dans un temps et un espace à l’intérieur de l’intuition pure et de la forme de l’intuition,
espace et temps.
Si je vous montre maintenant rapidement un exemple frégéen (Peeters inscrit une formule au
tableau que j’ai pas capté (s’il n’y avait que ça de non capté1 ): une proposition frégéenne, rappelez
vous s’écrit comme suit : pour une proposition universelle affirmative, proposition en a, vous voyez
que l’idéographie de Frege occupe un espace. (et ici c’est une proposition extrêmement simple,
mais il y a des propositions qui occupent des pages et des pages, de signes d’inférence). Ces signes
d’inférence s’inscrivent nécessairement dans l’espace et dans le temps. Or on voit bien même si
c’est d’abord très intuitif, que l’espace occupé par cette formule n’est pas le même espace occupée
par cette lampe, ce n’est pas la même chose. On voit bien que l’espace occupée par cette formule
n’est pas l’espace de l’intuition formelle de la géométrie, Frege ne construit pas une telle géométrie
en faisant de tel jugement, en créant son idéographie, et c’est la raison pour laquelle j’ai tellement
insisté que l’idéographie est une anamorphose de la pensée, et que cet espace-temps logique dans
lequel nous errons(ah ça oui ! celle qui transcris tout cela peut le confirmer), nous cherchons notre
lumière, lui aussi est soumi à la schématisation transcendantale, mais n’est pas que cela ; il est autre
bien entendu, il est rendu possible par la schématisation transcendantale et ne peut en aucun cas
contrevenir aux lois de la pensée. Mais on voit bien que cet espace n’est pas l’espace de l’intuition
formelle, la formule de Frege, ce n’est pas un carré. De la même manière, pour Frege, c’est surtout
valable pour l’espace tandis que pour Les, c’est valable pour le temps, ex :
Pour le temps : on voit bien que le temps logique afférent aux différentes thèses n’est pas le temps
simplement dans lequel nous nous écoulons, mais ce n’est pas non plus l’intution formelle du temps
qui rend possible l’arithmétique. C’est autre chose, c’est un autre temps, c’est un autre espace et il
faut bien comprendre que cet autre temps et cet autre espace sont irréductiblement liés,
intrinsèquement liés de telle manière qu’il n’y a pas d’espace sans temps et de temps sans espace, et
que s’il devait y avoir un primat, comme déjà dit, ce serait un primat de l’espace sur le temps.

Rem suite à suggestion à propos de la sempiternalité


Une fois qu’une thèse a été démontrée correcte, elle est éternelle ; elle rejoint l’instantanéité de la
vérité qu’est donnée dans l’epsilon ; à partir du moment où elle a été, et même de tout temps, elle

1 et ce n!est pas de l!humour


est pour toujours, que nous soyons ou que nous ne soyons pas là, qu’il y ait un univers ou qu’il n’y
en ait pas, qu’il y ait une intuition formelle ou qu’il n’y en ait pas. Ici cela n’a pas d’importance, la
vérité, pour Les, est éternelle car je peux en produire un jugement d’éternité. On va voir toute la
théorie du jgt de Lesn et comment le racrocher à la théorie du jgt kantien (ce n’est pas simple)
Rappel de la leçon précédente :
On a vu : L’espace temps logique qui n’est pas exactement l’intuition formelle ni la forme de
l’intuition, et qui était le contenu de la logique générale parce qu’on a vu que dans la notion
d’analyse était dissimulée du temps et s’il y a du temps, il y a forcément, d’après moi, de l’espace.
En terme logique cela se vérifie complétement.
On a essayé de cerner cet espace et ce temps logique, et je vous ai donné l’exemple d’un système de
Lesniewski et de l’opérateur d’éternité, et puis j’ai donné au tableau une proposition de Frege, qui
est beaucoup plus spatial, qui permet mieux de se rendre compte de cet espace qui n’est pas
vraiment un espace géométrique orthonormé mais qui est quand même un espace et donc
évidemment est soumi à l’espace comme intuition formelle, mais ne s’identifie pas avec l’espace
géométrique tel que nous le concevons habituellement. Il s’agit donc d’une autre dimension de
l’espace, enfin je dirai plutôt : un autre type d’espace qui renvoie à un temps assez particulier qui
est en fait le déploiement analytique de l’opérateur d’éternité dans un système axiomatique
correctement déduit.

Ce qui veut dire que toutes les thèses du système axiomatique sont en fait analytique mais que leur
déduction , leur inférence et leur sens surtout, leur interprétation, leur sémantique est synthétique
puisqu’elle implique l’espace et le temps.
Donc on a là un champ d’investigation qui est nouveau. Peu de commentateurs, seulement quelques
linéaments chez Cassirer. Le but est de trouver une fondation transcendantale à la logique de
Lesniewski, cad une log non standard.
Et donc ce que l’on doit essayer de voir c’est la compatibilité entre la conception kantienne des
définitions et la conception lesniesw. des définitions. En effet, les définitions chez Les sont
créatives, cela veut dire que ce ne sont pas de simples commodités typographiques comme l’écrivait
Russel et Whitehead en 1910 dans les Princ math.
Pour Russell et Whitehead, (log standard) les définitions n’appartenaient pas au lang objet mais au
métalangage et étaient superflues ; elles étaient simplement un gain de temps, une «commodité
typographique», mais paradoxalement, les définitions, bien qu’elles fussent tout à fait artificielles et
inutiles sont, dit Russell, les propositions qui nous apprennent le plus de choses, puisqu’elles
amènent, elles permettent d’introduire de nouveaux opérateurs, de nouveaux foncteurs, ou autres
prédicateurs adhoc comme dirait Carnap. La définition russellienne appartient donc au métalangage,
elle est une commodité typographique donc en fait elle n’a aucune utilité, et à la différence des
définitions chez Lesniewski qui sont créatives, elles sont explicites, elles appartiennent au langage
objet et permettent de l’étendre ad infinitum en introduisant chaque fois de nouvelles catégories
sémantiques qui sont en nombres infinies, ce qui veut dire que il n’y a pas de propositions non
prouvées d’un système formel, ce qu’il faudra réfléchir par rapport au théorème d’incomplétude de
Gödel (on va mettre en perspective les systèmes de Lesniewski et les théorèmes d’incomplétude de
Gödel adapté à la prothot de Les ; on verra qu’il y a des difficultés majeures).
Évidemment, de telles définitions, vous ne les trouverez pas chez Kant, il est impossible que Kant
ait pensé des défin constructives math; pour lui, ce que nous appellerions une définition
constructive mathématique, cela serait un jugement synthétique a priori. Là je vous donne la
réponse, mais il faut le démontrer.
Voir pour cela le passage (l’usage dogmatique) où Kant parle des définitions, de différents types de
concepts, et ce qui nous intéressera plus particulièrement, c’est les définitions des concepts
mathématiques.

1
Schéma des différents types de définition que nous donne Kant ; cf texte sur l’usage dogmatique
Il y a une grande division à faire : la définition des concepts mathématiques et il y a tous les autres
concepts : concepts empiriques, concepts purs a priori, concepts impossibles, concepts vides (cf son
ex de montre de marine), la définition du rien, : ce sont des concepts discursifs, donc qui utilisent
des concepts; donc ce sont des concepts de concepts. Donc une définition philo n’est pas fixée une
fois pour toute pour Kant, elle doit être clairement proportionnée.
C’est très mystérieux de savoir ce que cela veut dire que cette proportion dans la définition d’un
concept philosophique. Je n’ai pas trouvé une signification précise de cette notion de proportion ; il
semblerait que Kant fasse référence à la géométrie (la théorie des proportions) mais Kant nous dit
bien que les géomètres qui essaient de faire de la philo bâtissent des châteaux de cartes. Pourquoi
utilse t’il ce concept de proportion ? On peut spéculer mais à mon avis il y a quand même une
contamination de la géométrie, et ce n’est pas un hasard : dans la mesure où Beck ou Lambert
avaient dit à Kant qu’il fallait mathématiser l’ensemble de la raison pure ce qu’avait commencé à
faire Wolf, et Lambert écrit à Kant en disant que la tâche sera facile à terminer. Évidemment il a
fallu à Kant 11 ans pour démontrer que c’était impossible et il a écrit la CRP. Ce qui est certain du
point de vue historique, c’est que la méthodologie transcend est un des premiers textes écrits de la
CRP (avec la dialectique transcend), ce sont donc les textes les plus anciens et il est vraisemblable
d’après les réflexions et la «Kant philologie» que tout simplement ce soit des réminiscences de
concepts géométriques.
Maintenant le problème qui va se poser c’est que d’une part on a des concepts discursifs, qu’on ne
peut pas vraiment définir, pour le dire très simplement, et puis nous avons des concepts que l’on
pourrait presque qualifier d’intuitif ou qui mobilise de l’intuition. Mais c’est assez compliqué parce
qu’en fait tous les concepts mobilisent de l’intuition, nous n’avons de pensée qu’empirique, dit
Kant. Mais il y a des concepts un peu particulier qui mobilisent davantage d’intuition : c’est les
concepts mathématiques. Il nous faut réfléchir sur ce que sont les concepts mathématiques.

Les «concepts» mathématiques

Et d’abord savoir quel est le sens du terme ‘concept’ quand Kant parle de concept mathématique.
Comment comprendre même intuitivement le concept mathématique de 12 ? En quoi est-ce un
concept et si c’est un concept, en quoi mobilise t’il l’intuition ? Et une intuition pure puisque c’est
un jugement synthétique a priori !
E : c’est pour représenter un espace ..(suite à l’ex de Kant : 7+5 = 12)
P : Son exemple, c’est pour montrer la corrélation entre l’espace et le temps, et c’est faux qu’il n’a
pas pensé au nombre infini, au nombre imaginaire, etc. C’est historiquement faux. Mais cela ne
nous dit pas en quoi un nombre est un concept. Est-ce qu’on ne serait pas plutôt tenté de dire que le
nombre «12» serait plutôt un objet qu’un concept. A votre avis ?......
Il faudrait partir des concepts philo : les concepts philo sont indéfinissables, et quand on lit la CRP,
il n’arrête pas de définir chaque fois qu’il utilise un terme. Oui mais ce ne sont pas des définitions
complètes comme il dit lui-même, ce sont des définitions proportionnées. Et on revient à ce concept
de proportion, concept géométrique s’il en est un.
Partez peut-être des concepts discursifs, qui constituent des jugements, même des jugements
synthétiques a priori, qui ne sont pas nécessairement mathématique ou physique, par ex «tout effet a
une cause» (jgt synth a priori) et la classe à part qu’est la classe des concepts mathématiques, et
pourquoi, à votre avis, les appelle-t-il «concept» ? Je vais poser la question autrement : est-ce que la
notion de concept est la même, est-ce le terme (begriff) qui est le même a le même sens dans les
deux cas : en philo et en math.

2
E on peut par ex percevoir le concept de 12 comme ce qui nous permettrait d’intuitionner toutes les
douzaines empiriques. On peut lui prêter le pouvoir de subsumer l’expérience sous ce concept ;
puisqu’on peut le faire avec le concept de table, pourquoi ne peut-on pas le faire avec le concept de
12 ? En cela on peut l’apercevoir comme un concept.
P : c’est juste, c’est tellement juste que c’est la définition du nombre chez Russell. Est-ce que Kant
a pensé ça ? Ce n’est pas explicite qu’il est pensé le nombre comme purement extensionnel (comme
en logique contemporaine). D’autre part, même si c’est une définition extensionnelle du nombre
12 , c’est-à-dire la classe de toutes les classes qui contiennent 12 éléments, dont le parcours de
valeur est effectivement le nombre 12, en quoi cependant est-ce un concept quand même ? Pourquoi
utilise t’il cette notion de concept alors que si on prend la classe des classes qui contiennent 12
éléments, il faut certes avoir un concept classificatoire, qui serait celui de toutes les classes
contenant 12 éléments, et qui permet alors de constituer la classe des classes qui contiennent 12
éléments, ce qui est la définition extensionnelle classique et russellienne du nombre 12. Mais
néanmoins cette possibilité d’interprétation est-elle la seule interprétation ? N’y a t’il pas un autre
sens que ce sens intentionnel lié à l’extension de la définition du nombre comme classe de classe.
Cette définition est juste mais c’est une définition contemporaine du 20 s. Mais cela permettrait
d’expliquer effectivement que le concept de nombre serait en fait le concept classificatoire de
classe, de classe de classe cad ce qui définit les nombres. Interprétation féconde

On peut peut-être au préalable se demander ce qu’est un nombre pour Kant. Et si c’est une classe de
classe, il faut comprendre en quoi le jgt qui le mobilise est un jugt synthétique a priori. Et en quoi
Russell et d’autres avant (dont Bolzano) ont essayé de montrer que ces jugts impliquant un concept
de nombre quasiment dans le même sens chez Bolzano, mais on s’achemine vers la définition
extensionnelle de nombre, on ne trouve pas cette notion de concept classificatoire et surtout, d’après
Bolzano, (et ses successeurs, )les jgts sont analytiques.
Donc la question est double si vous voulez; le problème sous deux perspectives différentes :
comment comprendre le concept 12 (une piste : 12 serait la définition d’une classe de classe,
concept classificatoire qui serait le concept 12) et dans ce cas nous n’aurions aucun psychologisme
chez Kant, et nous aurions une conception contemporaine du nombre (20 siècle).
N’y a t’il pas une autre signification du nombre ? Et en quoi ce concept classificatoire, de classe de
classe, permet-il de dire que 5 + 7 = un jugt synthétique a priori ? Ce qui ne va pas de soi. D’un
point de vue russellien, les deux affirmations sont contradictoires, puisque pour Russell, le jugt est
analytique a priori. Or Kant dit bien que ce sont des jugts synth a priori cad qui mobilisent non
seulement la forme de l’intuition dans sa médiateté par rapport à l’immédiateté du concept et à la
schématisation, et d’autre part l’intuition formelle dans laquelle le temps et l’espace sont dessinés et
dans lequel les choses s’écoulent dans le temps et dessinés dans l’espace, et dans lequel nous
pouvons construire des jugts synth a priori. Cela veut dire aussi, si Christophe a raison, et c’est très
tentant de le suivre, que les concepts de nombre ne sont pas des concepts abstraits. Là c’est génial,
car si c’est cela que Kant veut dire, à ce moment là Kant est carrément frégéen ou Frege est tout à
fait kantien, ce qui est en partie vrai, quoique Frege soutenait que les jugts arithm sont des jugts
analytiques a priori tandis que les jugts géométriques sont des jugts synthé a priori au sens kantien.
Frege a fait la philo, il a bien lu Kant.
Nous sommes ici dans la définition du nombre, cad dans l’arithm. Est-elle analytique ou synth ?
pour Kant c’est clair, elle est synthét? Pour Russell, elle est analytique. Comment faire ?

E : ...reprise de Kant : il n’y a que le seul concept de grandeur qui se laisse construire cad représenté
a priori dans l’intuition ; les qualités au contraire ne se laissent représentées que dans l’intuition
empirique.

3
P : La différence est celle de la différence entre les catégories math et les catégories physiques, donc
la qualité qui ne peut se représenté que dans l’intuition empirique = catég physiques ; les catégories
math elles ne mobilisent que l’intuition pure. Effectivement, l’arithm se base sur des quanta
(quantum plutôt), cad des quantités. La définition de la quantité : le schématisme de la catégorie de
la quantité, c’est l’addition successive de l’unité à l’unité dans l’homogène. Et nous retrouvons cette
idée d’homogène que nous avons évoqué à propos de l’espace et du temps logique.
Et donc la déf du schème de la quantité semble problématique dans la mesure où elle peut sembler
circulaire. Je rappelle que le schématisme dépend de l’imagination productrice ; et donc le schème
producteur de la quantité est le schème qui produit des nombres; or il semble que kant, quand il
définit ce schème, (l’addition successive de l’unité à l’unité dans l’homogène) se donne ce qu’il
veut montrer cad le concept de nombre. Il ne le définit pas. Il dit comment on peut créer dans
l’homogène une succession de nombre, mais il ne nous explique pas en quoi c’est synthétique a
priori, quoi qu’il s’agisse de l’imagination transcend et donc de l’intuition formelle, et deuxièment,
la question est de savoir si il ne se donne pas ce qu’il veut démontrer cad toujours le même
problème, cad ce concept de nombre qui est très mystérieux. Chez Kant, c’est très mystérieux de
comprendre ce qu’il veut dire par concept de nombre au point que des phil aussi éminent que
Hintikka, disent qu’en fait la philo des mathé de Kant est en fait ce que nous appelons aujourd’hui
la logique, la logique formelle.
E : il utilise les mêmes termes qu’on retrouve en logique.
P : mais là y aura un choix à faire, choix épistémologique qui sera difficile à faire. Parce qu’on est
ultra kantien ou on ne l’est pas. Si on prend tout il va falloir faire un peu de gymnastique pour ne
pas suivre la thèse de Hintikka qui est très tentante et qui est aussi féconde et n’est pas sans reposer
des arguments très forts, car effectivement, ces jugts synt a priori, moyennant la loi de l’induction
mathématique, qui est pourtant analytique, (Peano l’a montré) permettent de fonder
axiomatiquement les nombres.
Je vous rappelle que Poincaré, grand math, disait que la loi de l’induction math n’est pas une loi
analytique mais synth a priori. Mais dans un sens un peu différent du sens kantien, certes, mais
néanmoins il utilise bien les termes en référence à Kant, en disant que la loi d’induction math
mobilise beaucoup plus que la simple raison mais mobilise en même temps, par la complexité de
ses opérations, l’intuition et donc la synthèse a priori de cette intuition ; cela veut dire en fait que
l’opérateur de succession serait en fait un opérateur synth a priori, ce qui va à l’encontre de toutes
les interpr classiques du nombre puisque généralement on considère que l’opérateur de succession
dans l’induction math comme étant purement analytique sinon on ne peut pas compter 1 + 1 = 2, en
tous les cas dans ces axiomatiques là. Or Poincaré ne dit pas ça, c’est un des seuls, il dit que ce n’est
pas vrai, la loi d’induction math est une loi synthé a priori. Ça ouvre certaines perspectives ;
Hintikka n’a peut-être pas tout à fait tort mais maintenant nous voilà avec l’avis de Poincaré, et puis
nous avons la déf de Christophe qui est la déf extentionnelle du nombre dans les princi mathe. Et
puis nous avons encore ce concept de nombre qui demeure encore jusqu’à présent mystérieux, mais
dans Kant, on voit que ces concepts sont construits alors que les autres ne le sont pas.

Concepts construits (math) et concepts déduits (discursifs)


S’interroger sur la construction du concept, en quoi est-ce que le concept math est un concept
contruit alors que les autres concepts sont des concepts discursifs, des concepts déduits (ou
subsumés) ?
....
Rem : Le concept de triangle n’est pas un triangle. Aucun géomètre dirait que «ceci» est un triangle.
Ce que dit Kant dans le texte est à prendre avec beaucoup de précaution. Kant dit que c’est

4
l’universel (et pas le général)dans le particulier (pour le concept math), tandis que dans les concepts
philo c’est le particulier sous l’universel.
Donc la construction d’un concept math ça veut dire, c’est rendre l’universalité du nombre dans une
particularité qui est l’intuition formelle de l’espace et du temps.
Cela ne nous dit toujours pas en quoi le nombre est un concept construit.

E : il montre comment on peut contruire cette démonstration (ex somme angles= 180 degrés); cette
construction et donc pas le triangle, est indépendante du triangle qu’on a dessiné, c’est une sorte de
geste, actions valables pour tout triangle, comme compter jusqu’ à 12, de la même façon, peu
importe comment on compte.
Ce qui est valable, c’est pas le triangle mais c’est une construction autour du triangle suivant des
règles fixes de construction. C’est de la construction que sort l’universalité et pas de l’ analyse du
triangle lui-même
P : exactement. Kant dit «construit». Ce sont les seuls concepts qui sont construits. Analyse correct.
On peut analyser le concept de triangle tant qu’on voudra, on ne trouvera jamais que la somme des
angles fait 180 degrés. Donc il y a deux niveaux l’universel dans le particulier ; ce qui a pour
conséquence et ça c’est fondamental, c’est que le concept de triangle, en tant que concept construit,
n’est pas obtenu par abstraction. Ça c’est fondamental.

Comment Frege définit le nombre 12 ? Il dit : je prends deux phrases le nombre des apôtres est 12
et le nombre de chevaliers de la table ronde est 12. Classiquement, avant lui, mais il me semble que
Kant fait exception, il dit qu’on abstrayé, on faisait l’abstraction de 12 à partir de ces propositions,
et donc on obtenait une définition par abstraction des nombres. Or Frege dit que c’est faux, car c’est
pyscholo, imprécis, et cela ne nous dit pas ce que c’est 12.
Pour Frege, 12, c’est la classe équinumérique de toutes les classes de 12 éléments, donc on en
revient à une déf pré-russellienne, sauf qu’il utilise le concept d’équinuméricité extentionnel ;
chaque fois qu’on a une classe de 12 éléments, ces classes de classe (même si c’est pas son voca),
c’est le parcours de valeur de ces classes de classe qui constitue les nombres comme tel. Donc les
nombres sont construits et pas abstrait.
Il donne un autre exemple géométrique qui est peut-être plus parlant. Prenez une droite et puis il
dit : quelle est la direction de la droite ? D’habitude, on fait l’abstraction dans l’espace géométrique
et on dit que la direction de la droite «a» c’est un segment qui va par exemple de «a» vers «b». Il
dit que c’est faux; comment il faut définir la direction de la droite «a» ? De manière purement
extensionnelle : par toutes les droites parallèlles à la droite «a» ; la direction de la droite a c’est
donc l’ensemble de toutes les droites parallèlles à la droite «a». C’est la défin extention de la
direction d’une droite. Pour les nombres, c’est la même chose.
On trouve à mon avis, mais je suis pas tout à fait Hintikka et Pierre obon, je suis peut-être plus
proche de Kant ; je pense que c’est ça que Kant veut dire, et j’ai interprété dans un texte : les
nombres pour Kant ne sont pas des concepts mais des objets en fait, des objets construits dans
l’intuition. Mais que l’on peut saisir sous la forme de concept ; mais il faut bien comprendre que
l’on peut analyser le concept de triangle, qui est un concept, un triangle, c’est un concept (ex : je
peux dire que cette image est triangulaire, mais cela ne définit pas le triangle et un géomètre ne dira
jamais que c’est un triangle); donc je peux analyser le concept de triangle tant que je veux, je
n’aurai pas les propriétés géométriques qui me permettent de construire le triangle, le seul vrai
triangle. Mais alors cela pose la question fondamentale suivante : est-ce que LE triangle, en tant que
tel, est-il transcendant ou immanent ? Est-ce que nous sommes dans la philo des math de Kant, dans
un univers «»»» platonisant»»»» à la Frege ou complètement «»»nominaliste»»»» à la Russell
(second)?

5
E mais il y a le concept de l’unicité, de un. ... Construire c’est bien mais il faut bien qu’au départ on
ait un «un».
P le concept de l’unicité c’est l’addition de l’unité à l’unité de l’homogène.
Le problème est le même qu’avec l’autre ex de Kant, l’assiette. Kant donne des ex géométriques
parce qu’intuitivement c’est plus parlant. mais le problème est le même : l’assiette, on peut la
dessiner, schématiser le cercle pour identifier l’assiette et dire que cette assiette est circulaire et de
la même manière l’unité comme addition de l’unité à l’unité en fait est défini par le schème de la
quantité dans l’homogène. Dans les deux cas, j’ai une présupposition, et là tu as raison, et ce qui est
présupposé c’est l’intuition formelle qui est le produit de l’imag prod. Et donc on ne peut pas
séparer la conception kantienne de l’imag prod de la théorie des nombres comme objet, et pas
seulement comme concept. Cf la différence entre le concept de nombre et l’objet qu’est par ex le
triangle ou le cercle alors que l’ex de Kant dans le schématisme transcend, c’est une assiette. Mais
une assiette n’est pas un cercle ! Une assiette est éventuellement circulaire, mais ce n’est pas la
même chose : circulaire c’est un concept, et le cercle c’est un objet.

Donc sommes-nous dans un univers quasi frégéen platonisant ou univers nominaliste au second
Russell ?
le concept de Frege est tout à fait kantien mais il dit quand même que les jgts arith sont des jgts
analyt et il donne l’ex : Pour lui Kant a sous estimé la puissance de l’analytique, il dit : je ne pourrai
pas subsumer sous l’unité universellement synth de l’aperception tous les habitants de l’empire
d’Allemagne, alors que je pourrai constituer la classe de tous les habitants de l’empire d’allemagne.
Donc la déf extentionnelle analytique que donne Frege dans le cas du nombre de très grands
nombres, il l’oppose à la déf du nombre comme objet chez Kant. Donc il y a une opposition : il dit
que la puissance de l’analytique dépasse de beaucoup l’unité universellement synthétique de
l’aperception qu’est l’unité de la pensée. Donc il se sépare quand même de Kant, ça c’est clair. Il dit
aussi que pour la géom il est ok avec Kant. Ou on dit que Kant s’est trompé qu’il a dit vrai pour la
géom et pas l’arith mais c’est assez gênant...
E : dans l’ex de Frege, il sort des math pour critiquer les math. On est dans la philo alors.
P : oui : il compare deux concepts : habitants de l’empire d’allemagne et l’unité de ce concept, qui
est l’unité originairement synthé de l’aperception. Mais il dit que l’unité originairement synthé de
l’aperception ne me permet pas de penser les grands nombres. Tandis que la déf exten me permet de
construire des classes avec de très grand nombres.

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Rem sur la notion de proportion dans la définition.


Voir à ce sujet le texte de Peeters : texte sur la théorie des déf kantiennes en rapport à Platon, texte
qui explique comment la réhabilitation des Idées de Platon mène à une conception du nombre
comme objet et pas comme concept ; comme objet construit mais dont nous pouvons avoir un
concept. L’intérêt de l’affaire est que si on considère que l’architectonique est une architectonique
synthétique, à ce moment là l’idée de Lambert de mathématiser la raison, ce serait une
mathématisation de l’architectonique, ce qui n’est pas absurde, mais c’est impossible mais ce n’est
pas absurde, ce n’est pas du non sens pour Kant.
Ce qui est important à comprendre c’est comment cette théorie de la proportion qui fait référence à
la géométrie et à l’architecture, et à mon avis on ne sortira pas de là, renvoie elle aussi, (et pourtant
il n’y a qu’une seule occurence du terme, j’ai regardé dans la kantconcordance), à l’idée schème de
l’architectonique : est-elle mesurable ou non ? Est-elle synthétique a priori ou ne l’est-elle pas ? La
question avait été posée de savoir ce qu’elle était en définitive. On en était arrivé au résultat qu’elle

6
n’était pas une chose, elle est en fait un rien, un rien qui se déplace, une anamorphose, ce terme est
utilisé dans les commentaires de Frege, ce n’est pas un hasard si je le prends. On considère
généralement que l’idéographie de Frege cad l’écriture des concepts dans l’espace et dans le temps
logique est une anamorphose de la pensée pure (= terme de Frege); donc j’utilise ce vocabulaire en
disant que l’architectonique serait l’ anamorphose de la critique, cad l’idée de la philos transcend et
la philo transcend elle-même, toujours en discrépance l’une par rapport à l’autre, donc soi par
rapport à soi, mais dans un labyrinthe qu’est la critique, labyrinthe dont j’ai dit qui bouge en même
temps qu’on s’avance dedans, d’où les différentes perspectives ; idée de perspective que d’ailleurs
Kant reprend sans doute à Leibniz. (cf à ce sujet l’excellent ouvrage de Michel Serres :Leibniz et
ses modèles mathématiques - sa thèse de doctorat avant qu’il ne commence à déconner !); il est
vraisemblable que kant tire l’idée des jugts analytiques et synthétiques de Leibniz; la notion est
inventée par Leibniz. Et l’idée d’architectonique il est vraissemblable qu’il le tire aussi de Leibniz
parce que Leibniz aussi est le penseur des perspectives, là aucun doute là dessus.

E sur transfini, cardinal,..concept «aleph 0» ? Hybride comme nombre comme objet et ;;;;cardinalité
de l’infini, du transfini,...
P si nombre est cardinal il est extentionnel, c’est un objet.
Pas mélanger la cardinalité d’un ensemble avec l’affinité transcend
Kant dans les antinomies de la raison pure pose le problème de l’infini en acte et dira comme
Lesniewski plus tard avec l’opérateur d’éternité, qu’il est irreprésentable. Cantor ne dit pas autre
chose mais il le pose en terme de cardinal, premier cardinal transfini de l’ensemble des naturels. ;;;
Pensable mais pas connaissable comme l’opérateur d’éternité : il est pensable mais pas
connaissable : on peut pas connaître l’éternité mais on peut la penser, ce qu’on ne peut pas c’est la
représenter mais on peut penser à l’aide de concept.
E : pq pas un concept de l’irreprésentable ?
P : il y a un concept de l’irreprésentable : l’unding, le concept de la non chose qui est néanmoins
une représentation, c’est une représentation de l’irreprésentable
E : à propose de l’Un plotinien....
P Kant on peut l’interpréter comme ça : dire que le pendant de l’unding c’est l’unité
universellement synthétique de l’aperception, et donc que l’unding, c’est la forme de l’objet
transcend = x, c’est une des interprétations classique de Kant mais qui est fausse à mon sens. Mais
on ne peut pas comparer l’Un plotinien avec l’unité kantienne, ça n’a rien à voir;
E : c’est pas ça. Sur la logique... Que peut-on dire sur l’unité ?
P : L’unité est le premier concept de la catégorie de la quantité (on peut parler de l’unité); il ne parle
de rien d’autre que de l’unité
Et il y a le concept des nombres mais les nombres sont des objets

7
Cours 9
Rappel : on a fait un très grand pas la semaine dernière dans la mesure où on a vu que ce que Kant
appelle les concepts math ont comme référent en fait les objets, et ce qui est tout à fait particulier,
c’est que Kant qualifie les objets math d’universel mais d’universel dans le singulier, ce qui veut
dire que, comme nous n’avons pas d’intuition intellectuel, cela veut dire que les nombres par ex ou
l’espace géométrique ne sont pas le produit d’une abstraction (puisque pour avoir une abstraction,
selon les propres termes de Kant, il faut une comparaison, une réflexion et une abstraction
proprement dite) ; donc puisqu’il n’y a qu’un seul individu qui est le singulier qui est en même
temps l’universel, on peut le qualifier de concept, mais d’un autre ordre qu’un concept empirique.
Pourquoi bien que les concepts math soient des objets on peut quand même utiliser la notion de
concept ?
E Bien que les concepts math soient des objets on peut quand même utiliser la notion de concept.
C’est une construction, peu importe le dessin que l’on fait, la construction qu’on fait peut être faite
sur n’importe quel dessin qui suit la même construction ; donc il suffit d’un ex pour avoir quelque
chose d’universel.
P : (Rem importante suite à intervention: Kant utilise «objekt» et pas «gegenstand» pour «objet» ce
qui veut dire que l’objet math est déjà constitué dans l’intuition formelle).
Pq Kant ne se trompe pas quand il parle de concept math alors que les objets math sont des objets
construits, donc dans l’intuition au moyen de concept ? c’est parce qu’on peut décomposer
analytiquement (et nous avons vu les problèmes que cela soulève) n’importe quel concept math,
nous ne trouverons pas par ex que la somme des triangles donne 180 degré. Il faut qu’il y ait une
démonstration, géométrique en l’occurence, démonstration dans l’intuition formelle en fonction
effectivement du concept et le résultat de cette démonstration, (et c’est pour cela que Kant parle de
dessin quand il s’agit de géométrie, et de compter quand il s’agit de l’arith), a lieu effectivement
dans l’intuition formelle, et non pas simplement dans la forme de l’intuition, bien que bien entendu
l’intuition formelle présuppose la forme de l’intuition.

La profonde originalité de Kant dans cette matière est de concevoir les objets math comme
constructible à titre d’universel dans le singulier. Kant est le premier a dire cela puisqu’avant lui,
depuis l’antiquité, chez Aristote, les nombres sont obtenus par abstraction et nous avons vu déjà que
l’abstraction est le point délicat à traiter dans la mesure où Kant, qui n’arrête pas d’abstraire en fait,
ne souscrit pas à la thèse que les nombres soient abstraits et donc se rapprocherait d’un Frege voir
d’un Lesniewski sur ce point. En voir la pertinence

Autre point capital avant d’entamer Lesniewski : c’est la question tjs pas résolue qui est de savoir si
l’espace et le temps logique dégagés en analysant le concept a priori d’analyticité et qui nous
permet d’engendrer des jgts synthétiques a priori, ce que sont les jgts math, géométrique ou arithm ;
donc est-ce que ce temps logique est le même que l’intuition formelle, dans laquelle nous pouvons
contruire les objets math (arith ou géométr) ? Il semble que nous ayons (entre beaucoup de
guillemets, c’est pédagogique) trois temps :
- nous avons la forme de l’intuition pure dans laquelle toutes choses s’écoulent
- Nous avons l’intuition formelle, cad en fait une réflexion de la forme de l’intution prise en elle-
même. Dans cette intuition formelle, il y a les conditions de possibilités de l’arith et de la géom au
titre de jgt synthéti a priori, et ensuite,
- Ce troisième temps, spatio-temporellement déterminé que j’ai appelé pour le moment le temps
logique ou les systèmes logiques, idéographiques (Frege et Les) qui sont des anamorphoses de la
pensée pure telle qu’elle peut se manifester («schein» comme dit Frege), apparaître, dans ce temps
et dans cet espace qui bien entendu ne peut pas contrevenir aux lois de l’espace géométrique

,! 1
analytique, cartésien, ou euclidien disons, mais qui néanmoins a un statut différent que la forme de
l’intuition. Donc il faut essayer de comprendre comment articuler le temps logique et l’espace
logique, (espace qui est requis par le temps), et d’autre part, le résultat de cet espace et de ce temps
logique dans lesquels peuvent s’inscrire des jgts logiques dont je considère qu’ils sont
synthétiques a priori (ce qu’il faut prouver), donc en quoi est-ce que le résultat de cela nous donne
des nombres ?
Donc comment se fait le passage, qui n’est pas évident, entre ce temps et cet espace logique que
nous avons dégagé, et d’autre part la forme de l’intuition ? L’enjeu est capital puisque c’est toute la
philo des math, toute la philo transcend qui sont en jeu, en tout les cas du point de vue math et
métaphysique.

Il y a deux possibilités :
1. Ou bien on dit que ces deux espaces, la forme de l’intuition et l’espace logique (espace-temps,
c’est chaque fois espace-temps) se réduisent à la même chose, mais vu sous des perspectives
différentes. Et ce serait la raison pour laquelle Kant parle bien dans l’esth transcend de concept de
temps et de concept d’espace. Comme il parle ici de concept de nombre, alors que ni le temps ni
l’espace ni le nombre ou la figure géométrique ne sont précisément des concepts. Il s’agit pour
l’espace et le temps, des formes de l’intuition qui, réfléchies, donne l’intuition formelle, et d’autre
part, il s’agit des objets mathém.
Ainsi dans cette première possibilité, il y aurait une particularité : l’universel dans le singulier, ce
serait un mode d’abord, d’aborder, si vous voulez, l’espace-temps comme forme de l’intuition en lui
conférant des propriétés particulières qui ne peuvent pas contredire les propriétés euclidiennes, mais
qui néanmoins se différencient de la forme de l’intuition dont les objets qui y sont compris
pourraient dans le projet logiciste, être considérés comme le résultat, par ex, d’une axiomatique (par
ex celle de Peano qu’on avait vu en BA1 )
Là cela pose d’énormes problèmes : c’est très tentant comme solution car cela explique l’utilisation
par Kant du terme concept pour les objets math, l’espace et le temps. Or il y a une immense
littérature sur la question : est-ce que Kant s’est trompé ou non pour savoir s’il utilisait le terme
concept et pas le terme d’objet ou de forme. La raison en fait est celle que l’on vient d’évoquer

Autre aspect de cette solution tentante : c’est l’aspect architectonique : puisqu’il s’agirait de deux
points de vue différents, ces deux points de vue s’enracinent dans la connaissance ex principiis (par
principe) et pas par donnée (ex datis) selon une anamorphose, cad une déformation de la forme de
l’intuition pure eu égard au fait que le concept d’anamorphose, qui ne se trouve pas chez Kant mais
chez Frege, est un concept qui appartient à l’architectonique transcend dans la mesure où il
manifeste, par son existence même, une infinité de perspective qui chacune constitue avec les
autres, une palette d’interprétation, mais avec ceci de particulier, qu’il n’y a qu’un angle de vue ou
l’anamorphose disparaît, se résoud dans la peinture (pensez à l’anamorphose de Holbein lejeune, la
tête de mort sur le tableau). Cela veut dire qu’il y a une multiplicité de perspective mais il y en
aurait une, celle de l’anamorphose de la pensée pure, qui serait la bonne, celle qui nous permet
d’entrer dans le système de la philo transcend. Ici c’est la distinction entre analytique et synthétique,
cad entre le concept et l’objet. Donc c’est une porte d’entrée qui bien entendu ressemble très fort à
la porte d’entrée de Kant.
Ceci ne résoud pas tous nos problèmes loin s’en faut. En effet, une axiomatique qui viendrait fonder
l’arith au moyen, comme l’axiomat de Peano, de la loi d’induction math dont nous avons vu la
semaine dernière qu’elle pouvait être interprétée analytiquement ou synthétiquement par Poincaré,
cette axiomatique est analytique.

,! 2
La question devient : est-ce qu’une axiom tel que Peano, axiom qui permet de fonder l’arith,
mobilise t’elle l’espace et le temps logique que nous avons dégagé en torturant un petit peu le
concept d’analyticité. La réponse est non. Il faut bien faire attention : les axiomatiques sont
purement analytiques ; avec ce problème soulevé la semaine dernière : problème de Poincaré qui
considère que la loi d’induction mathémat et même l’axiomatique de Peano en elle-même, est trop
compliquée pour être simplement analytique, elle mobilise trop d’opérations de l’esprit pour être
analytique a priori et est donc synth a priori ; ce qui le mène à dire qu’il est illusoire de penser que
l’on puisse fonder la totalité de l’arithm dans la logique, dans quelques lois logiques fondamentales,
cad le projet logiciste lui-même.
Comprenez bien que (c’est un peu abstrait) c’est parce que la loi d’induction math serait pour
Poincaré, synthétique, que les axiomatiques qui ont comme tentative de fonder l’arithm sont
analytiques et voués à l’échec, et Poincaré dit qu’il s’agit là d’une illusion (le projet logiciste de
Russell). Cela veut dire qu’il faut comprendre pourquoi le projet logiciste est mis à mal par la non
analyticité de la loi d’induction math.
Or cette loi d’induction math n’est pas sans rappeler la théorie des définitions de Lesniewski. On va
voir pourquoi et comment.
Bien entendu il faut mettre un bémol : quand Poincaré utilise la notion de synthétique a priori, il dit
bien que synthét n’est pas exactement dans le sens de Kant. Ce qu’il faut comprendre c’est en quel
sens il l’utilise. À mon avis, il l’utilise précisément dans le sens de cet spatio-temporalité logique
dans laquelle toute idéographie peut être construite selon le schème de la quantité, à savoir,
l’addition successive de l’unité à l’unité dans l’homogène. = déf du schématisme transcend pour les
nombres. Schème qui permet donc l’addition (1+1+1, etc) que l’on peut interpréter de manière
déterminante, en vocabulaire kantien, comme étant l’équivalent de la loi d’induction math pour
autant que cette loi soit interprétée à la manière de Poincaré et non pas à la manière de Russell.
Vous voyez, il y a des restrictions très importantes dont il faut tenir compte dans cette interprét

E : Est-ce que Poincaré utilise des mots comme «nouvelle», «nouveaux», «nouvelle connaissance»
et donc quand il parle de synthétique c’est aussi quelque chose de nouveau.
P : oui. Non seulement il dit «nouveau» mais il dit «construit», il utilise le vocabulaire de Kant
mais il dit quand même que ce n’est pas tout à fait dans le même sens que ce sont des jgts synth a
priori. À mon avis, c’est la question de la nature du temps, du temps de l’opérateur de succession
que en fait Kant n’aurait pas pu penser et qui diffèrerait, (ce n’est pas une vue de l’esprit), qui
diffère du temps et de l’espace logique dans la mesure où l’opérateur de succession qui est à la base
de la loi de l’induction math nous permet d’engendrer des nombres par l’opérateur, par la
succession et l’axiomatique et donc de manière telle qu’elle ne corresponde pas exactement au
schématisme transcend cad l’addition succesive de l’unité à l’unité dans l’homogène.
Ce qui en fait renvoie à une question beaucoup plus fondamentale à mon sens, métaphysique celle-
ci : c’est de savoir s’il y a une communauté, est-ce que c’est la même chose, ou il y a équiformité
entre l’espace temps logique synthé a priori et l’esp temps déterminé dans la critique par le schème
de la quantité, schème de la quantité qui suppose donc une homogénéité.
Si vous avez lu mon livre sur Les , vous avez vu que ce problème d’homogénéité est une des
questions les plus complexes, question philo plus que logique d’aillleurs : car il ne s’agit pas
seulement de voir, comme le disait kant, l’homogénéité des nombres, mais aussi l’homo de
l’espace- temps dans lequel les nombres sont construits, par rapport à leur condition de possibilité,
que serait l’espace et le temps logique mais qui ne relèverait pas d’un projet logiciste. Ça devient
compliqué car ça demande de voir le néologicisme développementale (pas le temps) : en deux
mots : le projet logiciste mis à mal par Gödel et Tarsky (année 30) ; déjà Russell avant considérait
que le projet était un échec. Suite aux th de Godel et Tarsky, nécessairement ce projet était un échec.

,! 3
Il y a depuis une vingtaine d’année un courant très important aux states (notre dame, une des
meilleurs unif us) le courant néologiciste qui est un néofréganisme, qui est tout à fait intéressant
pour nous ; il n’y a pas de néo Lesniew, y a un Les tout court qui est suffisamment puissant pour
comprendre le néefréganisme. L’ enjeu : = neutralisation des théorèmes d’incomplétudes ; si c’est
possible, alors il faut neutraliser les théorèmes d’incomplétude, d’où des démonstrations de
consistance et de complétude qu’on peut établir à partir de l’ontologie de Lesn et précisément de la
théorie des déf créatives et explicites.

Donc nous avons résolu quelques problèmes (!). D’autres surgissent, ce qui me paraît important
maintenant c’est de réfléchir sur l’espace et le temps logique par rapport à la spatiotemporalité de la
forme de l’intuition réfléchie en intuition formelle. Donc, y a t’il homogénéité, et si oui laquelle, eu
égard au fait que nous savons que l’espace, en tout cas pour Kant, cet espace logique est un espace
euclidien et qui ne pose pas de difficulté majeure. Il faudrait peut-être voir avec les géométries non
euclidiennes ce que ça donne, serait intéressant ; voir si cet espace logique a des propriétés encore
plus étrange et de toute façon, tel que Kant et tel que Les les présente, les caractéristiques de cet
esp-temps logique s’inscrivent dans le temps et dans l’espace que Les dira commun, intuitif, et que
Kant appellera forme de l’intuition. Il ne s’agit pas dans la construction et la position d’un objet
math de sortir du temps, c’est au contraire : faire une synthèse de temps, une synthèse d’espace, qui
se déploie de toute manière dans le temps, temps qui est la forme, pris comme forme de l’intuition
pure. On ne sort pas, ceci est capital, du fait que nous n’avons pas d’entend intuitif, donc nous
sommes incapables par notre entend de générer la synthèse, il faut que l’imagination productrice
génère la synthèse à partir du temps de la forme de l’intuition, qui sera alors le contenu de la forme
que sera le concept ou l’objet. = théorie du schématisme transcend.

Question : s’agit-il d’un schématisme réfléchissant ou déterminant ? Question très difficile car dans
l’option de la criti de la raison pure, il s’agit bien évidemment d’un schème déter. Mais on peut se
poser la question à mon sens, de savoir si le caractère synth a priori des déf créatives de Lesn ne
requiert pas un jugt réfléchissant dont la finalité est précisément de trouver le concept et par voie de
csq de construire l’objet math.
La finalité du jgt réfléchissant cela serait la création d’une nouvelle catégorie sémantique qui nous
permet de créer un nouvel objet qui par ailleurs est construit dans la déf elle-même. Et donc le
nouveau, le concept de la constante ou de l’objet défini (c’est au deuxième degré attention, c’est la
logique du deuxième ordre, donc le concept du concept) serait le concept que le jugt réfléch vise à
trouver, puisque je vous rappelle qu’au départ, un jugt réfléchissant esth par ex est un jugt réfléchi
sans concept, il faut le trouver.
La question de savoir si c’est un jugt dét ou un jugt réfléch sans concept, est une possibilité que je
laisse pour le moment ouverte. Je ne trancherai pas, nous n’avons pas encore d’élément
suffisamment logique pour pouvoir trancher

2. L’autre option, c’est que ça mache pas !

E : la proposition «la somme des angles d’un triangle = 180 degrés» = propo et non objet. Par
contre le triangle est un objet. Est-ce que tous les deux sont contructions ?
P : oui ; Kant est clair il dit bien que les concepts math sont des concepts construits et donc les
proposit conceptuelles (qui utilisent par ex le concept de triangle) sont construites et réfèrent à des
objets eux-aussi construits dans l’intuition formelle. Les jgts arith et géom qui utilisent des concepts
sont également des concepts construits; donc il y a une double construction. Il est très intéressant de
voir qu’elles ne sont pas identiques. On ne construit pas un objet math (triangle)comme on constuit

,! 4
un concept math(le concept de triangle), ce n’est pas la même opération. Pour les distinguer il faut
revoir toute la th du concept de Kant, pour différencier les concepts math de tous les autres concepts
qui sont eux discursifs, fût-ce t’ils les concepts qui représentent rien , la célèbre unding ou les quasi
objets en terme logique Lesn.
Donc deux perspective architectonique différ mais qui reposent toutes deux sur une construction du
concept et de l’objet. Le danger, ce contre quoi Kant nous met en garde, c’est de croire que à la
manière de la construction des objets mathém, l’architect de la raison pure serait construite comme
un objet math. Ça ce serait la mère de l’apparence, ce serait de croire, et je répète ce point capital :
que parce que nous avons la possibilité de construire des objets math, nous pouvons transformer
l’anamorphose qui constitue l’espace-temps de ces objets math serait la même construction que
l’architectonique elle-même, cad en fait que l’architect serait géométrique et arith et non pas
conceptuelle.
Notons bien que Kant dit avec ironie que si le philo s’occupe de faire la géométrie, c’est un
verbiage inutile, mais si le géomètre s’occupe de la philo, il construit des châteaux de cartes. Notez
que la métaphore du cha^teau, de la maison, et d’autre part, il faut remarquer que les géomètres
construisent quand même quelque chose tandis que les philo ne construisent rien. Alors, même si ce
quelque chose est un château de cartes, pourquoi c’est un chateau de cartes ? Précisément, parce
que la mécanique si vous voulez, la praxis de l’architectonique n’est précisément pas construite
comme un être math qui se déploierait dans le temps et dans l’espace, c’est autre chose ; c’est une
combinaison de concepts et d’intuitions qui constituent la pensée de la pensée, ce que Kant appelle
la métaphy de la métaphy qui est le point de départ de la compréhension de la CRP.
Et donc se tromper, tomber dans cette apparence, voudrait dire que la pensée de la pensée ne serait
que math ou logique, ce qui évidemment est faux, la rationalité ne se limite pas au principe de
bivalence logique, même si évidemment le principe de bivalence logique nous donne un accès à la
rationalité, et d’autre part, Kant nous dit que construire l’architectonique de manière math, ce n’est
rien autre chose qu’accomplir le projet de Wolff, repris par Lambert, à savoir, effectivement, la
mathématisation de la raison.
Or cette math de la raison, qui est donc une pure apparence, est ce que j’appelle un simulacre, en
vous rappelant bien que dans la notion de simulacre, vous avez le radical «sem» «simul» qui veut
dire «en même temps», donc il y a subreption du temps et de l’espace dans la raison, ce qui a pour
conséquence de provoquer un simulacre qui lui-même hypostasié donnerait un simulacre de
simulacre. Mais alors, ce qui est fascinant, c’est que, de toute façon on va tomber dans l’apparence,
c’est une apparence transcend, donc y a pas moyen de l’éviter, on va tomber dans l’apparence, et le
fait de tomber dans l’apparence est fécond puisque c’est ce qui va nous permettre dans la fondation
transcend de montrer que le temps et l’espace logique sont adéquats ; c’est du lieu d’une apparence
que l’on va pouvoir fonder la logique formelle, si tant est qu’il est correct de dire (et je reviens tjs à
la même chose) qu’il existe ce temps et cet espace logique d’une part, et que les déf créatives soient
des jgts synthé a priori.

E : quand on prend un syllogisme, par ex en Barbara, est-ce que c’est une construction ?
P : il y a les deux interprétations. Pour Kant un syllog en barbara c’est pas une construction, c’est
purement analytique, discursif. Il est clair là dessus : depuis la logique d’Aristote pas
d’amélioration, sauf une toute petite (la sienne, seul cas d’immodestie chez kant) ; c’est donc
discursif pour lui, mais on peut l’interpréter d’une autre manière, ce qu’à fait Granger et ce que fait
en un sens évidemment Lukasiew. Intéressant de prendre l’axiomatisation de Luka pour voir si on a
affaire à des jugts synth ou analyt.

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,! 5
Question-réponse :
E : on a distingué les concepts math construits et les concepts discursifs. On a donc deux types de
concepts différents et en même temps on parle d’ espace-temps logique qui lui est plutôt est du côté
des concepts philo et d’un espace-temps - quantité/homogène- qui lui est l’espace-temps du côté de
la construction
P : ça c’est la lettre kantienne. Moi je n’associerai pas le temps et l’espace logique du côté des
concepts, pas de manière immédiate en tout cas. Dans mon vocabulaire, il faudrait un simulacre de
simulacre, cad qu’on prendrait l’espace et le temps logique et qu’on l’hypostasierait en des formes
précises, qui sont idéographiques, anamorphiques, par rapport à la pensée pure, comme dit Frege,
pour obtenir cet espace temps d’emblée déterminée.
Et donc on ne pourrait pas dire à ce niveau là que l’espace temps logique soit l’espace temps du
concept, mais ce n’est pas non plus l’esp temps strictement construit de l’intuition formelle. C’est
quelque chose entre les deux en fait. Là où c’est fécond à mon avis, c’est que ;;;
qu’est-ce que ça veut dire un simulacre (le mot est difficile à comprendre) ? C’est une
différenciation de temps et d’espace, une distorsion du temps et de l’espace dans la raison, donc
apparence transcend dans lequel nous tombons de toute façon, même s’il y a moyen de résoudre
cette apparence de manière critique, et donc il y aurait un lieu, une topique comme dit kant, une
topique qui permettrait de déterminer métaphysiquement le lieu dans la philo transcend où
s’enracinerait la possibilité d’une logique formelle du type de Frege ou Les ; cela ne marche pas
pour Russell, cela ne marche que pour des logiques non standard ; et là on a quand même des
indications très importantes avec des écoles intuitionistes de math qui s’inspirent directement de
Kant, mais ce n’est pas la même chose, c’est une école fondationnelle des math qui récuse le
principe du tiers exclu et comme par hasard c’est le troisième des grands principes de la pensée que
Lesn ne reconnaît pas. Il y a une communauté de vue entre l’intuitionisme (brouwer, ..) et
l’intuitionisme de Les : or cet intuitionisme là s’inscrit directement dans la conception kantienne du
temps et de l’espace, directement. Et donc on a des pistes, on ne délire pas...

E : le nombre en soi, est-ce un concept ? (P : non) Si c’est un objet alors ce n’est pas un concept,
alors il n’est pas construit alors il existe sans la raison !
P : Le nombre en lui-même est un objet, ce n’est pas un concept ; et là tu vas trop loin dans le
platonisme éventuel (car c’est pas certain) de Kant ; vous verrz dans l’article que je vous ai passé, il
ne va pas jusqu’à hypostasier les nombres mais il dit que ce sont des objets ; sont-ce des objets
transcendants avec beaucoup de guillemets au sens Platon ? À mon avis non, mais néanmoins Kant
réhabilite la notion d’idée platonicienne avec justement une double restriction : 1 elle ne peut pas
être math justement, géom contrairement à ce que disait Platon et 2 elle ne peut être hypostasié
comme le faisait Platon.
Ce qui me permet de dire qu’une idée non hypostasiée est une activité de la raison, c’est la façon de
penser l’unité par ex de l’idéal transcend, donc la totalité infinie de tous les prédicats infinis
possibles, cad la totalité de l’univers du pensable, qui serait pensable, irreprésentable évidemment,
c’est dieu, et néanmoins pensable sous une forme conceptuelle et dont il serait possible de montrer
une corrélation, je dirai, avec l’espace temps logique voir mathém ; et là je pense à l’arith transfinie
de Cantor, les cardinaux tranfinis. Encore faut-il savoir si l’on peut attribuer un cardinal transfini à
l’idéal transcend, c’est un problème qui reste entier, qui n’a pas été traité ou peu jusqu’à présent

Donc qu’est-ce que c’est que ce simulacre ? C’est la subreption, comme dit Kant, de l’espace et du
temps dans la raison. Hypostasier ce simulacre, ça consiste à créer des objets, hétérogènes, qui ne
sont pas homogènes ; et l’hypostase de cet hypostase nous donnerait notamment les nombres et en

,! 6
fait, la réalisation au sens de la création du temps et de l’espace, logique telle que défini par Kant, à
la fois dans le schématisme transcend et dans la déduction transcend des catégories deuxième
version (textes tout à fait centraux). Mais cela ne résoud pas la question de savoir s’il y a
homogénéité entre les deux espaces et les deux temps; cette question là n’est pas encore résolue.

E toujours en rapport avec la distinction entre le construit et le discursif, Kant distingue entre la
sensibilité et l’entendement, puis il va chercher les conditions de possibilité, et par ex, dans
l’entendement, il va trouver les catégories. Et du côté de la construction va t’il aussi faire une
critique de l’usage de l’activité de construction, et va t’il en déterminer des conditions de
possibilité ?
P : Oui la réponse , c’est important, c’est justement le point de départ de la critique. Cf la lettre de
Lanbert où il utilise la notion de simulacre, et justement Lambert dit qu’il y a moyen de math
ématiser l’ensemble de la raison, mais dans un sens différent de Wolff, c’est le défi qu’il lance à K.
Kant médite et dit que c’est impossible, mais cet impossible est un rien ; d’où la célèbre table du
rien qui correspond à la quatrième forme, cad la modalité des 4 tables de l’analytique, donc en fait
les conditions de poss de l’expérience et en particulier de l’expér math qu’elle soit géométri ou
arith.
E : quel serait un ex de condition de possibilité d’une construction dans le temps logique math ?
P : C’est l’espace et le temps qui sont les condit des math et géom; c’est l’intuition formelle et là
Kant est très clair ; c’est l’intuition formelle de l’espace qui nous permet de dessiner le triangle, (qui
n’est pas l’objet triangle bien entendu, ce n’est qu’une imitation) et le temps pris comme intuition
formelle qui permet de fonder l’arith.
Mais attention cette fondation des jugs synth a priori (arith ou géom) n’est possible que parce que la
totalité des facultés de juger sont en oeuvre dans la construction du jugt. Il est évident, que les
concepts purs de l’entendement qui sont des synthèses, jouent au niveau de la création des nombres
et donc des jugts synth a priori math ;
de la même manière que, et on est très proche, et le risque de la subreption et du simulacre est tout
le temps permanent, de la même manière que l’architect se déploie également dans l’espace et dans
le temps mais là il faut ajouter l’idée d’anamorphose (qui est présente chez Kant) ;
donc la limite entre la géométrisation de la raison, l’objectif de Lambert, et la réalisation géniale de
Kant, critique qui dit que c’est impossible, cette limite est ténue, et c’est la raison pour laquelle
Kant parle bien d’apparence ; une apparence, c’est quand même quelque chose qui apparaît, qui
nous apparaît lorsque nous pensons et que cette apparence est transcend, cad qu’elle est nécessaire a
priori, nous ne pouvons pas faire autrement que de «»»tomber dedans»»».
Donc il y a une similarité formelle comme dirait Les ou un isomorphisme intentionnel, comme
dirait carnap, entre la structuration des jgts synth a priori math et des jgts discursifs, mais qui se
comportent comme s’ils étaient math, mais c’est un «comme si» qui relève de l’architectonique, de
l’architect et philo des math ; d’où la différence entre les géomètres et les philo.
C’est un fil hein puisque c’est une apparence transcend, on tombe tjs dedans parce que nos facultés
se génèrent elles-mêmes et ne cessent de fonctionner, l’entend n’arrête pas de déterminer, et
heureusement qu’il n’arrête pas de déterminer et qu’il y a la sensibilité pour le réfréner pour le dire
simplement.
Évidemment on peut compter, mais nous ne faisons pas que compter ou penser l’espace en terme
géométrique, ce serait de la folie furieuse (je plains l’homme qui vivrait ça, qui ne pourrait penser
qu’en comptant et se situer dans l’espace que au moyen de l’espace géométrique). Là quand même
la notion de l’Umwelt heideg est très précieuse et implique quand même que nous ne pouvons
absolument pas confondre la forme de l’intuition et l’intuition formelle : ce sont deux choses tout à
fait différente.

,! 7
Donc compter n’est donc pas seulement si vous voulez dans le temps, c’est une autre opération qui
mobilise la totalité de l’appareil conceptuel et intuitif, même la raison, les facultés supérieures de
connaître pour construire ces objets mathém. Pq ? Parce qu’il y a tjs une synthèse et la synthèse,
pour faire court, c’est le temps et l’espace ; dès qu’il y a synth il y a analyse et dès qu’il y a analyse
il y a synth et , prenez l’ex de la craie. Si j’analyse la craie, je la casse en deux, je peux remettre
bout à bout les deux morceaux, et j’aurai ma craie entière, et là je fais une synthèse. C’est à peu près
le même fonctionnement chez kant ; je fais une synthèse et je peux l’analyser, et entre les deux il y
a un temps et un espace, mais c’est le même fonctionnement : la craie c’est un objet mais c’est le
même fonctionnement avec les concepts mais c’est plus compliqué;

E : donc quand construction cela montre qu’il y a un espace temps math et quand il y a idéographie,
ça montre qu’il y a un espace temps logique ?
P : ça c’est ce qu’il faut démontrer, mais c’est ça l’idée effectivement. Cela veut donc dire, ...
Pq cela serait fonder transcendantalement ? Parce qu’il relève des deux catégories math, (la qté et la
qualité) cad la création du temps et la création de l’homogène qui constituerait ce temps logique qui
relève de la schématisation. D’où le problème de la schématisation sans concept ou avec concept,
etc.
Donc effectivement, la simple position d’un axiome, donc d’une manière très concrète, la position
d’un axiome, c’est la création du temps, du temps logique. Il est évident que ce temps logique
n’épuise pas le temps ni de la pensée, ni le temps physique dans lequel nous nous écoulons, nous
vivons tout simplement. Il s’agit d’autre chose.

E : Ne pourait-on pas parler d’engendrement plutôt que de création ?


P : non, kant est tout à fait clair. Pas engendrement mais création du temps; pas de doute pour Kant.
Le schème de la réalité, c’est bien la réalité, donc la res, donc ce que Aquin appelle l’acte essendi de
l’être ; c’est la création du temps du point de vue de l’imagination transcend ; ce qui plaide très
fortement de l’interprétation de l’objet transcend = x comme n’étant pas, bien entendu, du moins à
mon sens, le corrélat intuitif de l’unité universellement synthé de l’apercetion dont la conscience
serait une partie ou qui serait une partie de la conscience, mais ça c’est un autre débat.
Kant parle bien de création, et ce qui est intéressant, c’est que ce sont les catégories math et pas
physique ; donc il ne parle pas de création physique ici mais de création math, ce qui nous autorise
à dire que dès qu’on pose une idéographie, ne fût-ce qu’un axiome, nous créons le temps et nous
nous (?)donnons quelque chose de l’homogène.
Quel est le statut de ce temps et de cet homogène et de l’espace temps qu’il contient? C’est ce qu’on
doit voir ; proposition de le voir chez Les en ayant tjs en tête des ex frégéen parce que c’est très
parlant, l’idéographie de Frege est tellement visible (!), tellement complexe aussi, qu’elle fait
apparaître les choses plus immédiates que la logique et même l’idéographie de Lesn. Qui est très
complexe aussi mais qui ne répond pas aux mêmes lois logiques que l’idéogr de frege

E : si on montre qu’il y a quelque chose de synth a priori, ce serait une façon de créer le temps
P : tout à fait c’est une façon de créer le temps du point de vue math. Si on trouve quelque chose de
synth a priori (mon flaire dit que c’est dans les déf qu’on va trouver, elles sont créatives cad
qu’elles apportent quelque chose, donc il y a quelque chose comme de la synthèse) alors on a de la
création du temps et de l’homogénéité. Lesn pose la question de l’homogénité et de l’hétérogénéité
puisqu’il dit que les sc math ont pour fonction de capter l’hétérogène en homogène; la logique
formelle, telle qu’il l’a conçoit, c’est justement la disparition, l’absorption complète de
l’hétérogénéité dans l’homogénéité au prix de l’hétérogénéité elle-même, qui est reléguée dans
l’extra logique, ce dernier étant ce qu’il faut penser par abstraction à partir du temps et de l’espace

,! 8
logique, c’est le quasi objet, ou bien, dans une autre interprétation, c’est le monde concret dans
lequel nous vivons ; il y a deux interp possibles, et il est possible de montrer que ces deux interp
étaient compatibles l’une avec l’autre, mais moyennant une mobilisation conceptuelle très lourde.
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On a tous l’idée de ce qu’on va faire !
À lire ses notes sur Lesn. Première partie.
Protho = logique des prop élém
L’approche présémantique.

Dans texte sur Lesn : il y a trois sens de création :


- la création du temps par la catégorie de la réalité
- La création des objets
- La création au sens des déf créatives.
Lesn récuse toute création de nombre qui ne repose pas sur quelque chose d’intuitif. Ce qu’il vise
aussi c’est le projet logiciste ; il a une aversion viscérale pour Russell, il découvre l’amérique en le
lisant.... En tout les cas, il ne veut pas de terme abstrait, de termes généraux abstraits que seraient
les nombres, (il ne comprend pas Frege) toutes les déf doivent être extentionnelles ; il est contre la
création d’être mathématique dont on n’aurait aucun rapport intuitif. D’où la question : qu’est-ce
que c’est que l’intuition chez Les ?

,! 9
Cours 10

Si on prend comme paradigme la log standard (version simplifiée des PM , cf livre première ), on
qualifie les log non standard (dont celle de Lesn) de néo-aristotélicienne. Pq cela ?
Pour une raison fondamentale; en 1879 Frege avait catégoriquement modifié (et définitiv semblait-
il ) le statut d’une proposition logique en supprimant la forme s est p et en la transformant en une
fonction conceptuelle dont la barre d’assertion est le prédicat universel de toute proposition valide à
l’intérieur du syst axioma, idéographique ;
Pour Frege une prop se dit que, par ex pour tout x, que x est la propriété phi est un fait ; donc
modification radicale du schéma aristotélicien.
Ainsi Frege passe d’une fonction math à une fonction conceptuelle , csq = nouvelle déf du concept.
Pour Frege «maison» n’est pas un concept, mais «être une maison» est un concept parce que c’est
une propriété;
ce qu’il faut bien comprendre, c’est la distinction que fait Frege entre les propriétés d’objets et les
caractères de concepts. Les caractères de concepts sont les notae cartésiennes, donc ce sont tous
les composants qui font partie de l’analyse du concept et sans lesquels ce concept ne serait pas, il
n’aurait pas d’essence. Les propriétés des objets, c’est par ex de l’existence. Or l’existence est un
prédicat du second ordre et non pas du premier ordre. En d’autres termes, on ne peut jamais
confondre la propriété d’existence qui est une propriété d’individu avec le caractère qui serait le
caractère d’existence cad le caractère de concept car on ne peut pas déduire l’existence à partir des
caractères intrinsèques au concept.
Cela veut dire que pour Frege, il y a ce que l’on a appelé le platonisme (avec beaucoup de
guillemets) de Frege qui signifie que les fonctions math et essentiellement arithm et les fonctions
conceptuelles renvoient à des parcours de valeur qui n’existent pas in abstracto (comme on pourrait
le croire, attention) mais bien au contraire, in concreto, mais elles sont transcendantes. C’est le
fameux «»»»»»platonisme»»»»» de Frege.
Donc un concept pour Frege est :
1 une représentation commune dont la dénotation, l’extension est d’abord les objets qui sont
subsumables sous ce concept et
2 deuxièmement l’ensemble de ces objets subsumables qui correspondent au concept classificatoire
de l’ensemble
3 et enfin le parcours de valeur, cad le domaine de vérité, ou de validité (ça dépend) en logique
bivalente, des cas qui vérifie effectivement le concept classificatoire.

Chez Lesn ces deux (?) points sont radicalement distingués. On a affaire à une log néoarist, ce qui
veut dire que il va revenir à une forme propositionnelle antérieure à celle de Frege, en tous cas dans
l’ontol , mais d’un autre côté, qui est complètement formalisé.
Et la formalisation idéographique de Lesn ne ressemble pas du tout à l’idéographie frégéenne
bien sûr mais néanmoins a des caractéristiques propre dont les plus importantes sont d’une part :
La caractéristique de parité (périté - parfois)
La caractéristique d’équiformité
Toute expression pour Lesn est un token d’une part (c’est pas le cas pour Frege et chez Russell
encore moins). Un token c’est une marque concrète, écrite, c’est le soufle, c’est un nominaliste
absolu, concret, qui exprime une proposition.
La prop a une forme ontol du type s est p, A eps a (plus exactement) et d’autre part
Quand je dis «A eps a», le petit a n’est pas à proprement parler un concept, par ex ce livre est
rose,;;la couleur n’est pas un terme abstrait, ce n’est pas un terme général, c’est ce que L appelle un
terme partagé.

1
Il ya ainsi trois types de termes :
Les termes (ou mots) singuliers
Les termes fictifs
Les termes partagés

Attention donc, quand je dis : Russell est un logicien, «être un logicien» n’est pas un concept pour
Lesn, c’est un terme partagé qui nous permet non pas de classifier distributivement, comme chez
Russell, un ensemble qui serait la référence secondaire d’un concept, mais au contraire simplement,
distributivement, énumérer l’extension. Les noms partagés ne peuvent pas être des noms abstraits
(c’est ça qui est important).
Il y a deux preuves de récusation radicale des termes abstraits, ce qui fait de L un nominaliste
absolu, alors qu’on place Frege plutôt dans les platonisants. Ici donc différence tout à fait
fondamentale. Mais cette différence a pour csq que si je dis par ex : l’homme est un animal, cette
prop pour Lesn est fausse.
De nombreux savants ont essayé de trouver une langue pour exprimer la pensée de L. Le polonais
n’a pas d’article, on s’est dit, comme le latin n’a pas d’article, essayons en latin. Donc traduction
des propo ontolo de L en latin, ... mais la proposition en latin reste fausse pour Lesn.
C’est troublant de dire que cette prop est fausse, alors que pour Aristote, «l’homme est un animal»
est une proposition vraie. Si je dis : pour tout x il y a des x tel que x est un animal, = prop fausse
pour Lesn. Pq ? Car il y a plus d’un objet qui est un animal et donc animal est compri comme terme,
soit collectif, soit général, et non pas comme un nom partagé.
Le statut des noms partagés est extrêmement compliqué. Difficile de savoir comment différencier le
nom général d’un nom partagé. Lesn fait la différence et démontre l’impossibilité des termes
généraux. Pour le comprendre intuitivement, il faut se rappeler Peano (cf son axiomatisation) ; dans
son formulaire de math il dit qu’à un moment il a l’idée de l’epsilon , eps au sens de «est», donc
l’idée d’une relation
(Troublant d’un point de vue métaphysique mais c’est un autre problème). Il a l’idée de cette
relation : «est» et il dit : je transforme l’epsilon de ce «est» de la propositionnalité aristotélicienne
(ce n’est pas ses termes, mais c’est le sens) en un signe apparenté qui est dérivé de l’epsilon et qui
est le signe de l’appartenance.
On ne peut pas dire chez Lesn, par ex si je dis : Russell est un logicien ; il est faux de dire que
Russell appartient à la classe des logiciens. La gestion du distributif dans l’ontologie exclue la
notion d’appartenance pour définir une classe distributive.
Ceci doit vous faire sentir, dans un premier temps, la différence entre la classe des logiciens, avec le
signe «appartenance», la classe étant générée par l’appartenance, par le fait d’être un élément de...,
et d’autre part, les noms partagés qui répondent à l’opérateur d’éternité (espsilon). Donc là il y a
une différence absolument fondamentale
Donc la position de Lesn est différente de celle de Frege, elle est plus proche d’Aristote, mais elle
est différente puisqu’il n’y a pas de termes généraux, et elle n’est pas la position math de la théorie
des ensemble, du signe «appartenir, appartenance», bien que en méréologie on a besoin de
l’opérateur «élément de», qui est synomyme de «partie de», mais dans l’ontologie ce n’est pas le
cas.

La question : compte tenu du point de vue logique et non métaphys, de ce qu’est une propos
élémentaire de l’ontologie par ex A é a, quelle est la nature de cet epsilon ? Je vous ai dit qu’il était

2
l’opérateur d’éternité, et par éternité, il fallait comprendre être un présent permanent et non pas une
durée infinie (ça c’est la durée), l’éternité est irreprésentable.
Le problème logique, sémantique comme dit Lesn (et puis métaphy ensuite) est évidemment de
savoir comment une propo avec un eps d’éternité peut ne pas admettre les termes généraux ou
abstraits, qui seraient «»»»»platonisant»»»», mais au contraire, dans un nominalisme radical, où
chaque expression est un token, une marque écrite, concrète, dite, concrètement un soufle, qui
éventuellement a la propriété d’être équiforme (même forme) d’une autre expresssion, autre
expression qui est néanmoins spatiotemporellement différente de l’expression dont elle est
équiforme. On est confronté à un problème grave, sémantiquement parlant : on a affaire d’une part,
à des propos ontologiques un peu particulière, ni frégéenne, ni aristoté, ni ensembliste, et d’autre
part, on a l’opérateur d’éternité et enfin, toutes les expressions sont des expressions
spatiotemporellement déterminées en tant que token, qui sont éventuellement équiformes à d’autres
marques, token ; ils ont la même forme mais elles sont différentes parce qu’elles sont localisées et
temporalisées d’une autre manière. Cela veut dire que toute expression d’une prop ontolo chez Lesn
est contextualisée, cad spatiotemporellement déterminée.
La question métaphy et non plus sémantique alors : est-ce que le epsilon est spatiotemporellement
déterminé en tant que foncteur d’éternité ? Ça c’est notre grande question.
Voilà donc pour le panorama rapidement dessiné.

Comment résoudre d’abord la difficulté sémantique, donc d’abord purement logique, et puis diffi
métaphy : est-ce que le eps comme opérateur d’éternité est spatiotemporellement déterminé eu
égard au fait du statut organique des axiomes, cf. il y a tout un appareillage syntaxique derrière
cette question, qu’un axiome est une propos organique, à savoir : qui contient l’opérateur d’éternité
des deux côtés du signe d’équivalence ; et donc on peut se demander si à l’intérieur même des
axiomes, la répétition de l’opérateur d’éternité epsilon est équiforme, et donc spatiotemporellement
déterminé ou non, dans un axiome (un axiome, c’est une proposition évidente par elle-même).
Donc comment concilier cette contextualisation éventuelle de l’epsi (Lesn a écrit là dessus, textes
très compliqués) et d’autre part le fait que c’est un opérateur d’éternité, sans tomber dans le piège
de dire que l’eps est spatiotemporellement déterminé en tant qu’écriture mais renvoie, aurait comme
signification sémantique l’Un , le présent permanent. Ce n’est pas le cas, c’est pas comme ça que
cela fonctionne. L’epsilon en tant que tel manifeste de manière immédiate son caractère d’opérateur
d’éternité.
Comment essayer de résoudre cette difficulté sémantique et cette difficulté métaphysique ?

E : lesn parle des choses qui sont. Donc il faut nécessairement se mettre dans l’espace-temps. Si eps
pour parler des choses qui sont. Donc je vois pas comment l’eps n’est pas aussi spatio temp car
sans cela il y aurait une contradiction.
P : c’est bien la question que je pose. c’est bien «les choses qui sont» chez Lesn. C’est juste mais ne
pas oublier la neutralité ontologique forte. Donc une prop de l’ontol ne parle pas du monde mais des
manières d’en parler. Très important.
Grande difficulté. On peut se demander : qu’est-ce qui parle de ce qui est ? Dans le texte chapi 11
(fondement des math) Lesn dit il choisit le nom d’ontologie pour son système logique en référence
au participe présent du verbe «être» (ontos) ; il s’agit bien des propriétés principales de l’être. Slmt
le problème c’est que l’être ne connote aucune propriété, ce n’est pas un genre comme disait
Aristote et Lesn ajoute «et ne connote aucune propriété». Il dénote tout et ne connote rien, c’est
donc un terme vide cad toujours faux.
Alors le problème = il est très difficile de savoir à quel moment on commence à parler de ce qui
est ,ou à partir de quel moment on sort de la neutralité ontologique forte, pour passer à la neutralité

3
ontologique faible cad en fait, (et ça c’est un problème intrasystématique, difficile à résoudre et
d’ailleurs insoluble) à savoir à partir de quel moment on passe de la gestion du distributif à la
gestion du collectif, cad la méréologie dans l’ontologie, cad, est-ce qu’il est possible et comment, de
dériver les propositions méréologiques, qui elles traitent semble t’il de ce qui est concrètement,
dans l’ontologie, qui elles parlent des manières de parler du monde.
Donc le problème = complexe. Si on s’en tient à l’ontologie ss il ne faut pas négliger la neutralité
ontol forte mais cette neutralité ontol forte a pour propriété de neutraliser la contextualisation de
l’epsilon. Lesn le dit bien : il dit par ex que l’eps est sans aucune flexion temporelle. Il n’a ni passé
ni présent ni futur, il n’ a même pas de négation, le non-être est impossible pour Lesn. Ce qui veut
dire que tout prédicat (par ex la négation est considérée comme un prédicat chez lui, donc tout
prédicat en ce compri la négation, sont à rapporter au prédicat et non pas à l’epsilon. L’eps apparaît
vraiment comme une entité, mais entité dont on ne peut dire qu’elle est absolue parce qu’elle n’est
pas absolue du tout, elle signifie clairement le «est» d’une propos ontologique.
Mais seulement du point de vue sémantique, la question est de savoir si le présent permanent
qu’elle signifie, puisqu’elle n’a aucune flexion temporelle, n’a aucun prédicat, aucun attribut qui
peut lui être attribué, est-il (cet opérateur) encore spatiotemporellement déterminé eu égard à
l’organicité des axiomes. Ça c’est un problème de métalangage qui n’est pas résolu, ce problème là
n’est pas résolu. Ça c’est donc pour répondre au premier point de la réponse.

Le deuxième point c’est : quelle est la limite de l’ontologie ? L’ontologie c’est la gestion du
distributif cad l’ontologie ... (?), la méréologie pas, c’est la gestion du collectif. Or dans le collectif,
dans les classes collectives ( rappel : toutes les cl collectives se contiennent elles-mêmes, une classe
vide n’existe pas, une classe unaire se confond avec son unique élément, etc) ces classes collectives
peuvent être engendrées par l’opérateur «être élément de», ce qui est impossible en ontologie (cf
conformément à la leçon de Peano) mais en méréologie c’est possible. Et donc vous voyez que il y
a une distorsion assez grande entre
- la gestion du distributif qui ne reconnaît pas la notion d’ensemble ou sinon de classe distributive
au sens russellien, mais dans un sens dérivé puisqu’il n’y a pas de terme abstrait, et d’autre part
- la gestion du collectif, du méréologique, qui reconnaît des opérateurs ensemblistes comme
l’opérateur d’appartenance, d’ingrédience, de partition, de complémentarité, d’extériorité,.. bref la
plupart des opérateurs ensemblistes mais dont le sens change très considérablement par rapport à la
théorie des ensembles.
Donc on est confronté en fait à trois systèmes (cf il y a la protothétique là derrière avec son
métalangage surpuissant, qui est très compliqué) donc la question (à laquelle vous ne pouvez pas
répondre) : le métalang de la prototh (de la logique étendue des propos d’un ordre quelconque) est
applicable à la méréologie cad jusqu’à quel point l’explication technologique 32 permet d’inscrire
la méréologie dans l’ontologie. Enjeu est donc de taille : comment rendre compatible, inscrire plus
exactement le collectif dans le distributif, alors qu’ils sont manifestement tout à fait antinomiques.

Avant d’aborder le problème du temps chez Lesn, la temporalité des systèmes, on devra d’abord
résoudre le problème de la contextualité des systèmes, puis de la temporalité des systèmes, et quand
on aura une idée claire de ce qu’est la temporalité des systèmes nous pourrons décider si les déf
sont synthétiques a priori, cad si elles s’inscrivent effectivement dans l’espace et dans le temps,
autrement dit, quelle est leur contextualisation, si tant est qu’il n’y en a une.

E : eps me fait penser aux Idées platoniciennes ;;; on avait vu l’epsilon dans la phrase et au-dessus
l’epsilon,...l’éternité

4
P : attention : l’eps dans la première prop = axiome. L’eps de l’axiome, et c’est une question
technique, est-ce que l’eps de l’axiome est le même que l’esp des propositions qui sont
analytiquement déduites à partir de cet axiome ? Question pas simple car on dit que même si les
expressions sont contextualisées, il n’empêche que leur opérativité logique, donc syntaxique, suit
les règles analytique d’inférence et le métathéorème de complétude est valable dans tous les cas de
figures, sauf dans la protothé (mais pour des raisons que je n’évoque pas pour le moment).
Donc il y a effectivement une différence entre les deux, et il semblerait que le premier, celui de
l’axiome, soit platonisant, mais ce n’est pas le cas, et que les autres soient contextualisés, mais c’est
à la fois le cas et n’est pas le cas non plus. C’est justement cela que l’on va essayer de résoudre.
E : je pensai justement qu’il y avait la même relation qu’entre les Idées et les choses,..
P : le problème c’est que le eps de l’axiome et le eps des propositions ontolog, ils sont équiformes,
cad qu’ils ont la même forme, mais l’équiformité est une relation d’identité faible et de réflexivité
faible, ce qui veut dire simplement que tous les eps ne sont pas égaux entre eux. Donc eps n’est pas
réflexif, il est semi réflexif en fait. Et donc effectivement l’eps de l’axiome, qui se trouve des deux
côtés du signe de l’équivalence, il est équiforme à lui-même, équiforme, quel qu’il soit, à l’autre eps
de l’axiome, et enfin équiforme aux eps des prop analytiquement déduites des axiomes selon les
règles analytiques de déduction.
Or qui dit règles analyt de déduction dit que nous ne sommes pas dans la contextualisation, les
règles analytiques de déduction ne sont pas contextualisées, ce sont des règles d’inférence, donc on
démontre par déduction naturelle.
Grande difficulté qui est au fond de comprendre quel est le statut de cet eps ; il faut ajouter à la
difficulté que le statut de l’eps va être modifié quand on va introduire la notion de catégorie
sémantique qui sont le propre des déf créatives. On va voir là une difficulté supplémentaire dans le
cas des déf parce qu’elles sont créatives. Il faudra voir en quel sens un eps peut être créatif, cad,
vraiment, a le pouvoir de créer un être logique nouveau alors que il n’a aucun prédicat, aucun
prédicat ne lui appartient. C’est un «est» éternel qui pourtant peut-être équiforme à des «est» à des
epsilon d’autres propositions qui sont contextualisées mais en même temps, il y a amphibologie , ls
sont déduits formellement, cad non contextualisés. Vous voyez la tension : d’une part
l’analytiquement déterminé ou déduit, qui est donc non contextualisé, et d’autre part le fait que
l’équiformité, la périté des parenthèses a pour csq que toute expression (toute et donc même l’eps)
est contextualisé, avec éventuellement le cas particulier de l’axiome.

E : image du point de fuite. ..et voir différentes perspectives...


P : toutes les thèses d’une ontolo partielle donnée, cad un système ontologique clos quelconque est
le déploiement analytique (donc ce point de fuite comme image est une bonne image par rapport à
l’eps d’éternité qu’est donné dans l’axiome,ou dans la déf, il y a des règles très précises,. ); mais
elle ne résoud pas le problème de l’équiformité de l’eps qui serait ce point de fuite avec les eps
équiformes qui sont analytiquement déduits et qui eux sont temporellement déterminés.

Il faut bien comprendre comment fonctionne un système chez L ; vous avez axiomes, déf, et puis
des thèses et des théroèmes qui sont déduits analytiquement. En fait toutes ces thèses et ces
théorèmes et les déf (qui ont un statut particulier, ce sont des thèses du système, contrairement à ce
qui se passe chez R et W) sont le déploiement analytique de l’eps. C’est donc l’eps de la proposition
de départ, quelle qu’elle soit, qui est déployé dans l’ontologie partielle constituée d’un nombre
toujours déterminé qui peut être infini, mais non pas infini en acte, tjs infini en puissance, de thèses
et thèorèmes qui sont donc le déploiement de cet eps d’éternité.
Mais ça c’est la règle de compréhension de ce que c’est qu’un système, qui est donc contextualisé,
mais il faut bien comprendre aussi ce que c’est qu’un contexte. Le terme de «contexte» que j’utilise

5
dans le livre est un terme kantien. Les lesn parlent aussi de contexte mais chez eux, ce sont des
contextes parenthésés en fait ; c’est la syntaxe, je vous montrerai des ex.
Toute expression est contextualisée dans l’espace et dans le temps, c’est cela que cela veut dire.
C’est vrai d’un point de vue syntaxique aussi, mais du point de vue syntaxique, ce qu’il y a de
supplémentaire, c’est que la contextualisation comme telle joue sur les règles de parenthésage
idéographique ; c’est une question d’écriture. Cette idée que c’est un problème d’écriture, de token,
de marque écrite concrète, nous fait penser au problème de l’anamorphose frégéenne rencontré dans
l’écriture de l’espace. Si on parvient à dégager (ce serait extraordinaire) un point commun entre
- cet espace logique frégéen qu’on a beaucoup parlé, de l’anamorphose de la pensée pure et
- le temps logique de l’epsilon, évidemment, alors on a résolu notre problème et on a donné une
nouvelle définition de l’éternité, et du déploiement de l’éternité dans le temps (qui n’est pas
classique, qui n’est pas cartésienne).

E : on avait vu la possibilité de trouver l’universel à partir d’un singulier, ici on parle de prop qui
ont un statut particulier comme les axiomes et les déf, et elles, elles ont un autre rôle (ex on utilise
l’axiome d’eps, on construit quelque chose); parce qu’on l’a construit qu’on pouvait démontrer les
triangles. A partir d’un ex, et c’est pour toujours.
On passe d’un token singulier à quelque chose qui est éternel en fait et une fois qu’on a posé
l’axiome on vient d’ouvrir un nouveau déploiement pour pouvoir poser après une nouvelle déf,
nouvel axiome, etc. On ouvre pour toujours. En fait c’est presque un point de vue
P : oui. Mais cela éveille la question de savoir quel est le singulier temporel à partir duquel on
pourrait penser cet universel qui serait l’éternité. Est-ce un instant ? Alors que l’eps n’a aucun
prédicat, donc aucun prédicat temporel, aucune flexion temporelle, il est extrêmement difficile de
savoir de quoi il s’agit exactement. C’est pas une durée, ça peut pas être «est actuellement», cela ne
peut être une actualité, et en fait Lesn explique cela dans un texte de 1913, qui s’appelle : «la vérité
est-elle éternelle ou éternelle avec un commencement ?» en polonais, il y a un jeu de mots et une
contradiction (comme aussi en français). Dans ce texte (on a traduit par sempiternel) il explique
quel est l’atome de temps à partir duquel on peut déployer l’éternité de la vérité. Texte à voir.

Je retiens l’idée que de la même manière que pour Kant, pour l’objet mathématique nous avons
l’universel dans le singulier (non dans le particulier, c’est très important), de la même manière nous
avons chez Lesn l’éternité dans, et là il faudra déterminer quelle est la singularité du temps, de cet
abs-temps, instant qui est quand même en tant que marque tjs spatiotemporalisé dans son écriture
concrète, dans une propos, cad dans un système logique.
Attention quand nous parlons de tout cela nous ne faisons parler que de thèses logiques qui
s’enchaînent les unes à la suite des autres, par inférence. Il ne faut pas perdre cela de vue, ce
questionnement métaphysique est important bien sûr mais nous ne parlons que de système
analytique logique, syntaxiquement logique. Mais Lesn nous demandait lui-même d’en faire une
étude sémantique ; il est un des premiers d’ailleurs à faire la distinction entre syntaxe et sémantique,
il est le premier (très important) à faire une distinction entre langage et métalangage.

Cette différence aura une importance capitale pour lui puisqu’en fait la prototh, donc le premier des
3 systèmes, fonde le métalangage et les règles de déduction, d’inférence, et le métalangage qui
donne les règles de construction et d’inférence des thèses, à l’intérieur des systèmes axiomatiques.
Or il se fait que ce métalang utilise également l’opérateur eps d’une part, et d’autre part l’opérateur
méréologique d’ingrédience. Cela devient plus compliqué; et troisièmement, ce métalangage
s’inscrit dans l’axiome, dans le premier axiome de la protothétique que néanmoins ce métalangage
permet de construire correctement.

6
Donc cela fonctionne de la manière suivante : vous avez l’axiome et Lesn compte à la manière de
Gödel : le premier mot, le deuxième mot, le ... et il construit tout son métalangage à partir de cette
notion, du comptage des mots sans une expression donnée ; c’est les axiomes. Et en même temps,
tout le langage se déduit à partir de ça. C’est fantastique.
Mais en même temps, on peut se demander s’il n’y a pas imprédication puisque c’est ce
métalangage qui nous dit en même temps comment on peut faire pour introduire correctement et
validement une thèse analytiquement dans le système, et notamment une définition. Donc on est
confronté là à une difficulté particulière pour les déf dans la mesure où c’est le métalangage qui est
purement syntaxique qui est fondé dans les axiomes syntaxicosémantiques, qui doivent nous
permettre de donner une directive de création, de dérivation des déf à partir d’un eps numérisé dans
le métalangage utilisant la notion d’ingrédience, donc ça veut dire que tel mot est une partie ou le
tout d’une expression ou ce que Lesn appelle une essence, au sens métaphy du terme, et cet essence
est quelque chose de concret pour lui, c’est une marque écrite, c’est l’intérieur d’un sous-
quantificateur ; donc il faut tjs ramener cette problématique à des questions de syntaxes, c’est bien
l’écriture des systèmes dont on parle. Comment à partir de ces notions on va pouvoir mettre en
évidence les règles de déductions, constructions et de créations surtout, des déf et de n’importe quel
le autre thèse du système qui des thèses et des déf construites ?
Donc constructivisme, nominalisme radical. Les systèmes s’autoengendrent les uns les autres et
s’emboîtent les uns dans les autres, mais bien entendu, pratiquement, c’est bien intégrer des
ontologies partielles dans d’autres ontologies partielles au moyen de règles et de lois qui elles sont
tout à fait analytique (je risquerai «a priori», mais cela nous le verrons un peu plus tard).

E : en des mots plus simples cela veut dire quoi1?


P : cela est difficile d’expliquer cela en des mots simples car c’est compliqué :
On a un axiome. Un axiome est une thèse organique. Ça veut dire que de chaque côté du signe
d’équivalence de l’axiome, on peut trouver le eps qui, comme marque, comme token, marque écrite
sont équiformes. Donc ont la même forme mais ne sont pas les mêmes : différents mais équiformes.
Il y a en fait trois axiomes à la protothé; on n’en verra que le premier qui est en fait la loi de
transitivité.
Comment ça fonctionne ? Le métalangage qui a pour fonction de décrire et de donner des règles de
construction de toutes les thèses du système et les directives d’introduction de nouvelles thèses par
extentionnalité, détachement, sustitution et déf, donc ce métal est construit à partir du premier
axiome, selon une numérotation. Donc on prend le premier axiome comme une marque écrite, on
numérote chacun des signes de cette expression axiomatique, et dans le métalangage ça devient
quelque chose du genre :

Rem : Peeters fait un dessin au tableau des symboles quantificateurs (crochet en haut)(par rapport
au sous-quantificateur) à l’intérieur duquel inscriptions et au regard duquel correspond des
numéros : 1 2 3 4
Désolé pour le nom dessin mais je sais pas si cela aurait été plus clair !

Ceci est une proposition du métalangage qui a comme correspondant : donc ça veut dire : le coin
supérieur gauche, (il faut le prendre comme une marque écrite) est le premier terme, suivi du coin
supérieur droit pour en faire une proposition. Donc cette prop est en fait métalinguistique par
rapport à la forme de l’axiome qui commence par une série de point 1 2 3 4...(je vous expliquerai
après). Premier mot, deuxième, troisième, jusqu’à la fin de l’axiome, donc on a une numérotation

1 ah que jʼaime cette question !


7
à la manière de Gödel. Sera utilisé par ? pour montrer l’incomplétude de la prototh (autre
problème).
Donc tout le métalangage est construit de cette manière là, déductivement à partir de la description
du premier axiome, mais ce métal a comme propriété de nous donner les règles d’inférence et les
directives d’introduction des nouvelles thèses. D’où on peut se demander s’il n’y a pas
imprédicativité du premier axiome qui en un sens, si vous réfléchissez bien se précède lui-même
puisque c’est à partir de lui que l’on va donner les règles de sa propre construction, donc il se
précède lui-même, il est tjs déjà là alors qu’il n’existe pas encore puisqu’on n’a pas encore donné
les règles de sa construction. Et cela est indiqué dans le métalangage par l’utilisateur d’un foncteur
méréologique qui est le foncteur d’ingrédience alors il faut imaginer conceptuellement ce que cela
veut dire. Le foncteur d’ingrédient est une partie ou le tout de quelque chose. Si je dis par ex que
ceci est l’ingrédient de du quantificateur :

-----------re dessin d’un coin (signe du quantificateur) à l’intérieur duquel il y a le symbole de


l’epsilon et «ingr»

Il faut bien se rendre compte que cette proposition qui appartient au métal contient le foncteur
méréologique d’ingrédience qui signifie que ce signe qui n’est effectivement que le premier signe
d’un quantificateur (cf le coin) est en même temps ou soit ou soit ou en même temps la totalité ou
une partie d’un quantificateur d’une thèse qui leur a permi de construire.
Alors la question : si vous prenez une prop, elle est en même temps, ingrédient d’un système
propositionnel, c’est une ontologie partielle et donc on peut dire que la prop est ou bien ou bien ou à
la fois, la totalité du système de l’ontologie partielle ou une partie de cette ontologie partielle. Et ce
n’est qu’après-coup, qu’à posteriori que nous pouvons décider si effectivement c’est une partie ou
le tout. Mais rien a priori ne nous permet de le faire.
Donc si vous ajoutez à ceci que le métalang utilise l’eps d’éternité, ça veut dire que d’éternité, on
peut dire qu’une proposition à la fois suit et précède toute proposition qui la précède ou qui la suit,
de toute éternité, mais la vérification se fait a posteriori. Et qu’est-ce que nous trouvons là, eh bien
un jugt synthétique a priori évidemment !

E : ne ressemble pas au problème de l’autoréférencement du langage et Lesn sait qu’il y a tjs de


l’autoréférence parce qu’ il l’a créé mais en même temps, il va se servir d’un guide : l’intuition ou
l’ok avec les pairs pour arriver à dire : ... fictif... de part et d’autre de l’axiome, autres termes qui
vont donner une direction qui est en rapport avec l’intuition
P : effectivement, dans un axiome les termes importants, c’est pas l’eps. Ça c’est clair car c’est à
partir de ce qui est avant et après que l’on va pouvoir déduire, inférer. Donc il faut des termes à
inférer. Si tout système est le déploiement analytique de l’eps de l’axiome, il n’empêche que la
déduction à partir de l’axiome se fait à partir des termes de l’axiome et pas à partir de l’eps
Quand à l’intuition. Chez les logiciens, il y a tjs un terme non défini : chez Frege c’est objet, chez
Russell c’est individu, chez Lesn, c’est intuition. Pour comprendre cela ...pause !!!

E : sur rapport de la possibilité en acte et le schème de relativisation


Toute prop, je me place ici au niveau du métalangage, est tout ou une partie de n’importe quelle
propos qui la précède et qui la suit. Ça c’est le schème de relativisation. Effectivement, si on suit ce
schème, cela implique qu’il n’y a aucun théorème non démontré d’un système formel et donc le th
d’incomplétude ne joue pas et donc par voie de csq c’est que nous avons tjs un nombre fini et
déterminé ou infini potentiel de thèse dans un système d’ontologie partielle. Mais la médiation

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c’est le schème de relativisation donc la question est de savoir si c’est un schème déterminant ou
réfléchissant. Il me semble clair que c’est un schème déterminant au sens kantien.

Le principe de relativisation des thèses, explic numéro 32. Qui dit tout simplement qu’une thèse est
un ingrédient, donc elle a en même temps tout ou partie de n’importe quelle thèse la précédant ou la
suivant, c’est ce qui permet de fonder l’emboîtement des systèmes. Cad qu’à partir d’une thèse on
peut déduire pls thèses différentes, et chaque fois, chaque thèse différente donnera naissance à une
ontologie partielle différente, un système différent ; et ces systèmes différents sont composés non
pas d’un nombre infini en acte de mondes possibles, d’ontologies possibles, mais tjs d’un nombre
finis ou infinis en puissance de thèses à démontrer dans cette ontologie partielle.
Cela veut dire, et donc cela va très loin, parce que les termes mêmes des systèmes, les noms des
systèmes, sont eux-mêmes des noms multiples, des noms partagés. Donc il y a une infinité
potentielle d’ontologie, bien qu’il n’y ait qu’un seul axiome.
Il y a une Infinité potentielle de méréologie, bien que là les axiomes se distribuent de manière un
peu différentes mais en fait se résument à un axiome. Et donc ce schème de relativisation est ce qui
permet d’engendrer chaque fois une nouvelle thèse à l’intérieur d’un système ou d’autre.

E ce jgt déterminant qu’on avait vu qu’il était analytique ..


K : attention : un jugt déterminant n’est pas nécessairement analytique.
jugt déterminant synthétique a priori. Important chez K les jugts math, sont synth a priori
déterminant et non pas réfléchissant ; on avait introduit les jugts réfléchissants sans concept au
niveau architectonique et non pas au niveau du jugt déterm arith ou géom.

E : foncteur d’ingrédience ?
P : Ingrédient, cela veut dire deux choses. Être une partie, ou être le tout de quelque chose. C’est les
deux sens en même temps et c’est le contexte spatiotemporel qui nous permet de choisir. Ce
foncteur d’ingédience est utilisé par Lesn en deux endroits différents qui apparemment n’ont rien à
voir, du moins dont la jonction est très difficile à faire, c’est d’une part en méréologie extens
classique et dans les métal de la proto et de l’onto. Or il y a là une question d’inter ; la
démonstration n’a pas encore été faite, de savoir si le métalang de la proth et de l’ontol vaut aussi
pour la méréologie. On l’attend depuis 62.
Donc au départ, le foncteur d’ingrédient, c’est un foncteur méréologique qui permet d’engendrer
des classes collectives ou des collections, à savoir, donc chaque fois cette amphibol quant à savoir si
l’élément,.. (enfin, il y a un théorème qui dit que élément, ingrédient et partie sont équivalents). Si
je m’en tiens à l’ingrédience, rien ne permet de dire a priori si l’ingrédient d’un tout est une partie
ou la totalité de ce tout.

E : ;; on compare la partie propre au tout, .. L’ingrédient est défini sur base de partie propre et de
tout, cela veut donc dire qu’il serait avant..
P : oui c’est ça.
Plusieurs axiomatiques mais il y a une axiom basée sur la notion d’ingrédience d’abord. Ce qui est
assez troublant, de construire une axiomatique sur un terme amphibologique. Attitude d’esprit un
peu particulier où d’habitude les logiciens visent à l’universalité, etc ici c’est pas ça.
E : lié au fait aussi où on est dans quelque chose qui est autoréférentiel ...
P absolument ; c’est que toutes les classes se contiennent elles-mêmes en définitive. On en revient à
ça. L’univers se contient lui-même, etc, bien sûr.
E : Mais il y a l’intuition
P : Pls sens à l’intuition

9
Au sens le plus évident : au sens de l’intuition sensorielle je dirai, sens le plus commun. On trouve
ce sens chez Lesn
Et puis on trouve le sens de intention phénoménologique de signification qu’on trouve aussi chez
Lesn
Et puis il y a l’intuition comme l’intuition pure, cad puisque nous sommes dans un système
constructiviste, à outrance je dirai presque, c’est l’intuition dans l’espace et le temps dans lesquelles
les thèses et théorèmes peuvent être déduites analytiq à partir de l’axiome. C’est ce que j’appelle
l’intuition pure, en référence à Kant. E P :Espace temps logique (par rapport à l’espace temps
empirique)
Ces trois sens coexistent et on ne sait pas exactement ce qu’il entendait par intuition. Il semblerait
que ce soit le premier sens le plus courant chez lui, sens le plus trivial. Donc avoir l’intuition de
certaines présuppositions : «a est un objet» par ex; c’est une intuition. Ce qui s’écrit A e a.
Se pose alors, et je rétorque alors que la proposition sur le rien, qui est une prop vraie, puisque selon
les règles de la biconditionnelle, deux termes faux donnent une prop vraie, dont nous n’avons
absolument aucune intuition. Nous n’avons pas d’intuition d’un quasi-objet, cpt on peut le
construire par l’intuition, et là il faut comprendre l’intuition au sens d’intuition pure. Dans un sens
que j’interprète moi comme étant kantien. Ce fameux esp logique dont on a parlé.

E ; le «avoir conscience de» chez K dans l’intro qu’on a vu ; cela pourrait faire écho à cela ?
P : le terme est tellement vague chez Lesn; ce serait entre «avoir conscience de» entre le premier et
le deuxième sens entre «avoir l’intuition de certaines présuppositions» et l’intention phén de
signification. Chez Kant pas d’intention phén de signification !
E ..comprendre pq kant n’a pas utilisé ce mot là, voir que l’on se trouve dans ce m^me inconfort
plus ou moins au même endroit.
P : oui mais avec ceci que c’est ce qui est dissimulé au plus profond de l’âme humaine. C’est donc
l’imagination transcendantale, l’imagination originaire. Tout cela est à démontrer dans les textes et
syntaxiquement aussi; voir comment ça marche.

10
E : Question sur l’unité universellement synthétique de l’aperception :
L’unité universellement synthétique n’est pas la conscience. Je sais que Kant dit que la conscience
doit accompagner toutes mes représentations et que tout est représentation. Néanmoins on ne peut
pas confondre l’unité originairement synthétique de l’aperception avec la conscience. Pq ? Parce
que la conscience n’est pas originaire.
Donc, quand vous avez le concept d’unité, qui est un concept qui vient de l’entendement, c’est le
concept qui fonde tous les concepts purs de l’entendement en tant qu’il forme «un» dans les
fonctions des jugements ; originairement signifie qu’il faut rapporter l’unité à son origine
transcendantale, cad à ce qui est le plus dissimulé dans les profondeurs de l’âme humaine cad en
fait vraisemblablement dans l’affinité transcendantale et donc le lieu où l’imag productrice éclôt
(vous savez que K est vague sur ce point et ce pour des raisons tout à fait cohérentes); donc ça, c’est
pour le terme «originairement.
Quant à «synthétique», ça c’est le gros problème parce que, comme on l’a vu souvent, la synthèse
implique le temps et l’espace (comme je me plais à le rappeler).
Le problème c’est que le temps, c’est la forme de l’intuition du sens interne tandis que l’espace est
la forme de l’intuition du sens externe, et donc en principe, il semblerait que l’unité originairement
synt de l’aperc contienne du temps parce qu’elle est synthé ; et en effet, tout jgt synthé, comme dit
K, est divisible en trois parties, cad les deux parties analytiques qui constituent le jgt, et le troisième
terme qu’il attribue à l’imagination transcend cad à une détermination a priori du temps (et sans
doute de l’espace comme je l’ajoute toujours). Donc le problème, cad que originairement, cad
rapporté à sa faculté d’origine, l’espace et le temps d’une part, et l’unité de l’aperception d’autre
part ne relève pas des mêmes facultés, et donc il est légitime de se demander comment il se fait que
dans l’unité originairement synth de l’aperception, il y a une intervention du temps au niveau de la
synthèse.
La raison en est qu’on ne peut pas imaginer l’unité de l’aperception sans imaginer que l’aperception
est constamment, pour le dire très simplement, en mouvement dans la mesure où l’entendement, par
ses concepts a priori, est une machine à déterminer par concepts. Si c’est une machine à déterminer
par concept, il y a implicitement compris (entre beaucoup de guillemets) dans cette machine, le
concept de temps, puisque comme pensée de la pensée, comme on l’a vu, la pensée se déploie
toujours dans l’espa et le temps, et l’on peut donc dire que l’unité de la pensée contient elle-même
une synthèse de temps, cad en fait la synth opérée par l’imag transcend dans la doctrine du
schématisme.
Ce qui ne manque pas de soulever des problèmes infinis puisque la question sur l’unité univ synt de
l’aper relève de la déduction transcend des catégories (deuxième version) alors que la première
version attribue la synthèse du temps à l’imag productrice cad au schématisme. Donc il semblerait,
cela a été souvent dit, que K ait commis quelques redondances entre le schématisme d’une part et
d’autre part, la déduction transcend des catégories. C’est faux : dans la mesure où l’unité de
l’aperception, qui est synthétique parce que l’aperception se déploie tjs dans le temps et que ce
déploiement dans le temps n’est que la synthèse de concepts dans des jgts et qui dit jgt, que ce soit
analyt ou synth, implique nécessairement le temps, cette unité originairement synth de l’aperception
est rapportée à l’imagination transcend sans égard au fait que l’imag transcend dans le schématisme
pourrait non pas simplement déterminer le monde dans lequel nous sommes et qui serait commandé
par la conscience, interprétation fausse, mais au contraire, c’est ce que j’ai appelé la vision
horizontale du schématisme cad en fait le schématisme comme condition de poss du remplissemnt
perpétuel, infini en fait, de l’objet transcend = x.
En d’autres termes, cela signifie que l’unité originairement synthé de l’aperception ne relève pas du
même domaine d’application que le schématisme des concepts purs de l’entendement. En effet
l’unité orig synt de l’aperc a pour fonction de montrer comment originairement l’application

1
‘Anwendung’ de n'importe quelle forme de jgt cad de n'importe quelle forme dans lequel agit un
concept pur de l’entendement, contient du temps (puisqu’il s’agit d’un concept synthétique, il y a
forcément dit K un troisième terme et ce troisième terme c’est le temps) et d’autre part ce qui
constitue dans le schématisme la ,,, pour vous donnez l’ex des catégories math qui nous intéressent,
c’est par ex l’unité de l’unité dans l’homogène, l’addition de l’unité à l’unité dans l’homogène, cad
en fait, les jgts synth a priori qui sont rendus possible par l’imag transcend qui unie des concepts.
Je sais que K dit que le schème transcend est une représentation intermédiaire entre l’‘entendement
et la sensibilité ; soyons très prudent ; cette qualification du schème n’est compréhensible que d’un
point de vue architect, cad du point de vue, non pas de la description d’un intermédiaire entre
sensibilité et entendement, mais bien plutôt l’affinité qui correspondrait à l’unfang, la sphère du
concept suprême de toute philo transcend cad l’unité originairement synthé.
Donc le schématisme math, du point de vue de la quantité, c’est la création du nombre si vous
voulez, et du point de vue de la réalité, la qualité, c’est la création du temps et vraisemblablement
de l’espace. Donc le questionnement du schém transcen = un questionnement horizontal (ainsi
appelé pour des questions pédagogiques) cad c’est l’imag transcend qui produit ce rien, l’intuition
vide sans concept ; ce rien qu’est l’intuition, qui vient balisé la forme de toute expérience possible,
à savoir le x radicalement indéterminé de l’objet transcend. On voit donc bien que l’unité et la
synthèse qui sont à l’oeuvre, d’une part dans la déduction transcend des catégories et d’autre part
dans le schématisme transcend, sont deux synthèses différentes, mais qui bien entendu, dans
l’opératoire de l’activité de l’esprit, sont une seule et même synthèse bien entendu. L’esprit n’est
pas en train de découper des synthèse quand nous vivons.
Ces synthèses sont une, mais nous devons les distinguer parce que en fait la déduction transcend est
une déduction juridique, question de jure, qui doit nous expliquer à quelles conditions l’unité
originairement synth de l’aperception peut s’appliquer, comprendre en elle-même les limites de
l’expérience possible, que dans la première édition, K appelle «l’objet transcend = x». Le
schématisme a une tout autre fonction. Il montre la condition de possib de la création de l’espace et
du temps dans des jgts synth a priori, qu’ils soient math ou physiques, et donc constituent comme
l’a très bien montré Heidegger dans son Kantbuch de 29 l’horizon de prédonation de l’x, de
l’indéterminité réfléchissante de l’expérience, à l’intérieur (intérieur métaphorique bien entendu) de
ces formes a priori et horismatique que sont l’espace et le temps.
Horismatique = horizon, la limite.
Pq horismatique ? Parce que toutes les déf de Kant (Peeters a cité Aristote...) sont des déf
horismatiques, cad des défi par abstraction et par soustraction ; et donc quand on dit que l’espace et
le temps sont des formes horismatiques de la sensibilité, cela veut dire que sans elles, par leur
négation, on supprimerait en même temps l’origine que serait la faculté où elles s’originent cad la
sensibilité, ce qui nous est bien entendu impossible ; c’est important car quand je dis horismatique,
cela veut dire que je me réfère non pas tant à l’intuition elle-même, qu’au concept de l’intuition
bien sûr. On avait, il y a deux semaines, bien montré la différence et montré comment on ne pouvait
pas confondre le concept de l’intuition et l’intuition elle-même et que donc il n’y avait aucune
contradiction chez K quand il parle du concept de l’espace et du concept de temps. On a vu que du
point de vue architectonique, c’était absolument cohérent.

Le problème est double : l’originaire pour K est tjs, selon l’amphibologie des concepts de la
réflexion, le fait de rapporter une représentation, et tout est représentation chez Kant, à la faculté où
elle s’origine cad pour lui soit les facultés supérieures de connaître (entendement ou raison) soit la
sensibilité. Mais il y a (comme on l’a vu) un moment où la forme de l’intuition devient matière de
l’entendement, du concept, la forme de l’intuition cad du temps et de l’espace, donc elle (la forme)
devient matière du concept et donc on peut légitimement se demander s’il n’y aurait pas, et K ne dit

2
rien à ce sujet (il dit que c’est le problème le plus enfoui dans les profondeurs de l’âme humaine),
s’il n’y aurait pas une origine commune, originaire, au sens logique et non chronologique bien sûr ;
est-ce qu’il n’y aurait pas une faculté originaire, qui serait vraisemblablement l’imag trascend ou
l’imag pure a priori dans laquelle s’origineraient les deux pouvoirs de connaître que nous avons à
notre disposition, à savoir l’entendement, la raison et d’autre part la sensibilité (espace et temps).
Donc c’est très compliqué à comprendre parce que K ne dit pas que l’espace et le temps
s’origineraient dans l’imag transcend, ce que laisserait supposer une interprétation de la première
critique (la déduction transcend de la première critique, en effet, dans la synthèse de l’appréhension,
K dit bien qu’il y aurait une origine dans l’imag transcend ; mais il revient sur ce point, donc il le
corrige en 1787, il atténue le rôle de l’affinité transcend, de l’origine éventuellement commune, en
insistant au contraire sur l’amphibologie qui a lieu dès lors que l’on attribue les facultés de
connaître à une origine commune, originairement commune cad à l’imag transcend ; raison pour
laquelle l’interprétation de Heidegger porte sur la première édition et non la seconde. C’est
important et légitime de sa part. Donc l’hypothèse de travail est de dire que, bien que nous n’en
sachions rien, et nous n’en saurons jamais rien, il est possible compte tenu des postulats de la
pensée empirique en général, il est possible qu’il y ait originairement, enfouie dans les profondeurs
de l’âme humaine, une faculté productrice de l’activité, et non plus de la faculté mais de l’activité
de l’entendement et des formes de la sensibilité, dont je rappelle qu’elles sont un pouvoir de
recevoir, une activité de recevoir, donc cette activité s’originerait dans l’imag transcend. c’est une
hypothèse de travail qui se tient si l’on tient compte 1 de l’amphibolo des concepts de la réflexion
(matière et forme, quatrième concept) et 2 les postulats de la pensée empirique en général qui nous
disent bien qu’il faut nécessairement qu’il y ait un accord entre les conditions de possib de l’objet
de l’expérience, et les conditions de possibilité de l’expérience de l’objet (ce fameux chiasme bien
connu chez K), qui signifie que la notion d’objet est problématique. Mais cette notion ne l’est pas
du tout, ou du moins il y a moyen de la résoudre si l’on tient compte que les postulats ne sont pas
simplement constitutifs de l’esprit ou de la connaissance ou de l’expérience plus exactement, mais
quasi régulateurs, cad qu’ils sont réfléchissants, ce sont des principes réfléchissants par rapport à
l’expérience déjà constituée et dans laquelle nous sommes tjs déjà comme dit Heidegger, tjs déjà
jeté ou déjeté comme il le dit très justement cad dans l’espace et dans le temps.

Maintenant, qu’est-ce que c’est que l’espace et le temps ? = deuxième question étudiante :
le sens interne et le sens externe
Pour faire court : le sens interne, c’est le temps, le sens externe, c’est l’espace. Le problème est le
suivant : quand on lit l’esth transcend, on a l’impression qu’il y a un primat du temps sur l’espace
car c’est par le sens interne que nous aurions conscience (et là K utilise le terme de conscience) du
sens externe, cad de l’espace. Mais si l’on veut bien tenir compte du fait que K n’est probablement
plus un penseur de la spaltung philo, donc une philo de la séparation du sujet et de l’objet, ce que
Heidegger a très bien montré, il est évident alors qu’il ne peut y avoir de primat du sens interne sur
le sens externe, cad du temps sur l’espace, et s’il devait y avoir une primauté de l’un sur l’autre, ce
serait plutôt de l’espace que du temps. Maintenant, il est vrai que l’espace ne se donne que comme
s’écoulant dans le temps, le fait de s’écouler dans le temps renvoie aux caractéristiques de notre
esprit, qui s’écoule lui-même dans le temps comme toute chose et donc le sens interne serait la
matière interne à la conscience de la forme que serait le pouvoir passif de l’intuition et le sens
externe (l’espace) serait la matière de la forme passive de l’intuition extérieure cad de l’espace. Or
si nous faisons une expérience toute simple dans notre vie quotidienne, nous voyons que ce qui est
premier, ce à quoi nous pensons en premier, c’est l’espace et pas le temps en fait. Nous sommes des
êtres corporels, nous avons d’abord une conscience de notre corps avant de penser que nous nous
écoulons dans le temps ou alors faut voir son psy !

3
Le sens premier auquel nous sommes confrontés est le sens externe plutôt que le sens interne.
Maintenant l’articulation du sens externe et du sens interne est complexe et demande justement, et
c’est là la déformation cohérente, anamorphique de l’esth transcend à savoir que on a l’impression
qu’il y a indépendance des facultés originaires de la sensibilité alors qu’en fait ces diverses facultés,
à titre d’activité ou de passivité ou à titre d’activité d’activité, le pouvoir d’activité, sont
indissociablement liés dans les jgts synth a priori. Donc parler déjà dans l’esth transcend de sens
interne et de sens externe, ce n’est rien faire d’autre que postuler la totalité de l’amphibologie des
concepts de la réflexion, des postulats de la pensée empirique en général et de la table du rien cad
de l’intuition vide sans concept.

Question étudiante : les mots ne simulent pas ?


La simulation de la fonction vient de l’idée du simulacre. Simuler la fonction c’est injecter du temps
et de l’espace dans la fonction.
Quand aux mots, on peut pas parler de simulacre, les mots ne simulent pas leur signification. Les
mots connotent des propriétés tandis que le simulacre simule des propriétés. Ce n’est pas du tout le
même mécanisme ! : il n’y a pas de philo du langage chez K (il y en a une mais elle est bien
cachée) ; donc la simulation, c’est la dissimulation, c’est du même ordre, du temps et de l’espace,
dans le symbole, dans la symbolique logique, formelle, produit un simulacre ; à la différence du
langage ordinaire qui connote et dénote des propriétés, mais ne simule pas ses propriétés, sauf dans
les cas particuliers, comme par ex la déformation de la parallaxe ou par ex dans l’anamorphose de
la pensée qui constitue justement ce fameux espace, ce fameux temps, compris dans l’analytique et
qui nous sert de déploiement à l’espace logique, formel dans lequel nous travaillons ; qui est un
espace simulé aussi : c’est très complexe ; cet espace n’existe pas évidemment, on ne peut pas
l’abstraire de l’espace cartésien, euclidien plutôt, dans lequel nous sommes, mais néanmoins il y a
un espace et là, le primat de l’espace est fondamental, il y a un espace qui est là, qui nous est donné,
que nous construisons. Ça c’est fondamental, pq ? Parce que cela veut dire que nous construisons
un espace logique et un temps logique qui ne sont pas la même chose que comme le sens interne et
le sens externe ; c’est autre chose, ce n’est pas non plus la forme de l’intuition qui sert à produire
des jgts synth a priori, mathématico-physique ; c’est autre chose encore.
E : c’est une pensée ?
Bien sûr c’est une forme de pensée ; attention comme c’est un espace et comme nous sommes bien
chez K, cette forme de pensée vient de la sensibilité. Mais nous n’avons pas d’intuition
intellectuelle.
E : ça peut être un texte qu’on lit
P : naturellement, mais le texte que vous lisez ne pose pas de problème ; il ne met pas en oeuvre
l’espace logique. On ne peut pas dissocier l’espace logique du concept d’idéographie cad de
l’écriture de concept. Alors le temps de l’écriture et l’espace de l’écriture du concept est justement
cet espace purement logique dans lequel la logique formelle quasi kantienne peut se déployer. Ce
qui fonctionne merveilleusement bien avec toutes les idéographies qui existent d’une part, et d’autre
part avec l’école intuitionniste en math.

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Comment se fait le déploiement de cet opérateur d’éternité, dans les systèmes qui sont chaque fois
le déploiement analytique de l’éternité dans le temps et dans l’espace. Ce qu’on va devoir
comprendre, c’est la conception du temps qui est sous-jacente à cette conception.

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E : question à propos de discrépance et simulacre
Quand en 1770 K écrit sa fameuse thèse d’habilitation, il n’ a pas encore élaboré le système
critique, et il reste dans la mouvance wolffienne, cad de penseurs qui envisagent un continuum
perceptif depuis les plus petites perceptions (Leibniz) jusqu’au concept le plus infini cad dieu
(première substance non créée). Donc il y aurait, et c’est le fameux optimisme leibnizien, un
continuum perceptif qui serait régi par les mêmes lois, à quelques niveaux que nous nous trouvions,
à savoir, que ce soit dans la sensibilité ou dans la raison. Généralement on représente la raison chez
Leibniz comme ceci : on fait des cercles concentriques et l’on dit que les lois qui régissent la raison
leibnizienne sont en même temps les lois qui régissent l’entendement divin, donc toute la création
faite par dieu. Et ça, c’est le principe de non contradiction. Je tempère immédiatement ce que je
viens de dire : il ne faut pas confondre chez Leibniz et chez Wolff, le principe de non contradiction
avec le principe de raison suffisante qui repose, pour faire simple, sur le fiat divin, qui relève
uniquement de la volonté de dieu cad de la suprême substance incréée et dont nous sommes
incapables, nous êtres créés, donc nous en sommes réduits à des volontés particulières. Pour dieu
que des volontés générales.
Dans ce contexte, Wolff (aussi mais moins Baumgarten), qui attiré par la rigueur mathé, et comme
tous les savants de l’époque, ont tenté de mathématiser la raison. C’est intéressant car il est bien
clair pour ces philo que les math sont un produit de la raison (qu’il soit construit ou pas construit on
met ça de côté pour le moment), qui repose sur un certain nombre de principes dont le plus élevé est
le PC. Mais nous savons que cela pose des problèmes dans les théorèmes d’incomplétude et
d’indéfinissabilité de la vérité.
Mathématiser la raison : l’idée que reprend Lambert (il est math et philo, spécialiste de l’optique) ;
il va inviter K à terminer le travail de Wolff, à savoir : mathé la raison. Mais pour ce faire, il y a un
obstacle dit Lambert, et cet obstacle, c’est le simulacre du temps et de l’espace dans la raison. Donc
la notion de simulacre, c’est le terme simulacrum ( deux occurrences et deux sens différents dans
l’oeuvre de Lambert : sens ici est unique, c’est un hapax en fait ) ; le simulacre, c’est donc du temps
et de l’espace dans la raison. K ne peut se satisfaire de cette solution car Lambert dit que la tâche est
simple d’éradiquer ce simulacre de l’espa et du te dans la raison, pour pouvoir la mathématiser de
manière strictement analytique à la manière de Leibniz. Car pour K, problème car s’élabore chez lui
d’abord l’idée des doubles facultés qui s’originent dans l’affinité transcend et qui sont en fait
radicalement opposées. Dire qu’il y a un simulacre du temps et de l’espace dans la raison, ça veut
dire que il y a pour K, une subreption (c’est le terme technique) de l’espace et du temps dans la
raison ; c’est ce que rend compte le terme de simulacre, qu’il faut comprendre ici
étymologiquement, dans son sens temporel, c’est donc «en même temps», mais c’est aussi la
représentation que la raison a d’elle-même lorsqu’elle se pense et par là même s’hypostasie alors
qu’elle ne peut pas être hypostasiée, étant en continuelle déploiement, instauration dirait Souriau, et
donc le simulacre de l’espace et du temps dans la raison loin d’être un quelque chose, comme le
pensait Lambert, qui pourrait être facilement éliminable dans le système de la raison, est bien au
contraire, une apparence transcend au sens kantien cad que lorsque la raison se pense elle-même
elle ne peut se penser que comme sil elle était une chose et dans le «comme si elle était une chose»,
il y a l’idée de simulation, de la pensée qui se simule comme chose, alors qu’elle n’est pas une
chose, en intégrant dans cette simulation (dissimulation - simulation : mêmes termes en latin,
mêmes concepts); donc la simulation et la dissimulation de la raison dans des hypostases.
Ces hypostases : mon hypothèse de travail consiste à dire que l’hypostase de la raison se pensant
elle-même, tjs en décalage par rapport à elle-même, ne peut pas faire autrement que s’hypostasier,
et la réflexion que ce que simule cette hypostase peut être rendu compte dans la logique formelle

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pour autant que l’on accepte l’idée qui est développementale (donc elle ne marche pas avec toutes
les logiques) que les symboles des logiques développementales, simulent des fonctions ; par ex : la
fonction de foncteur, de variable, de constante, de parenthèse, autant de termes qui peuvent eux-
mêmes être définis simulant de nouvelles fonctions (mais on doit voir la théorie des déf pour bien le
comprendre)
E : les fonctions sont créées ?
P : elles sont créées ; la simulation est produite par l’esprit, mais l’hypostase de cette simulation en
symbole est, elle, créée. La simulation en fonction est le processus temporel et spatial de la
dissimulation elle-même du temps et de l’espace dans la fonction logique.
E : donc on cache le temps et en même temps on crée un temps
P : exactement. En fait, ce qui se passe c’est que c’est assez compliqué à imaginer. Imaginer ce
temps qui apparaît et qui disparaît au fur et à mesure que l’on pense la raison elle-même. Puisque je
vous rappelle, et ceci est fondamental, que nous sommes sous les catégories de la quantité et de la
qualité (donc cat math), et je vous rappelle que le concept pur a priori de la réalité c’est la création
du temps. Or est ici en jeu la création du temps, car dans la simulation du temps qui est présent dans
l’espace et le temps de la raison, il y a simulation de fonction, qui en fait, dissimule ce temps et cet
espace mais sans jamais l’abolir. Parce que l’abolissement du temps et de l’espace dans la log
développementale est en fait impossible : c’est la déf même de la log développementale, à savoir
qu’elles sont contextualisées et contextualiser ça veut dire qu’elles sont spatiaux-temporellement
déterminées.

Nous sommes confrontés à une apparence logique (que je ne qualifierai pas de math) où le temps
apparaît et disparaît au fur et à mesure que l’on élabore le système logique comme tel ; eu égard au
fait que dès lors qu’une proposition logique est inscrite en tant que token, marque concrète dans
l’espace et dans le temps normaux, euclidien et newtonien, il ne s’agit plus alors de dire qu’il y a
dissimulation du temps : la fixation de l’espace et du temps dans la formule, dans l’opératoire des
ontologies partielles chez Lesn ou de l’idéographie chez Frege sont analytiques, purement
analytiques. Mais ces règles de déduction doivent nous permettre de déployer, développer la
création du temps à partir de l’éternité. Et c’est ça que j’appelle de l’opérateur d’éternité, un
simulacre. Et donc le simulacre de simulacre, c’est au moment où la dissimulation ou la simulation
d’une fonction développementale par un symbole dissimule le temps et l’espace pourtant qu’ils
sous-tendent, sous la forme d’un symbole logique (pas math).

Une fois qu’on a compris cela on peut se demander : l’apparence de la raison cad l’apparence qui
consiste pour la raison à se prendre elle-même pour objet alors que nous avons vu que étant
perpétuellement, automatiquement, machiniquement en pensée, la raison ne pouvait se saisir
comme une chose ; il y a une lecture rétrojective à partir de l’idée de ce que K appelle la critique de
la raison pure cad en fait l’attribution amphibologique des concepts à leur facultés originaires qui
nous imposent une différence à soi de la raison, donc la raison différente à elle-même dans son
autoposition réflexive qui consiste à déterminer ce qui serait une pure illusion dont nous ne
maîtrisons pas l’apparence mais qui est fausse évidemment, cad une intuition intellectuelle dont
nous sommes radicalement dépourvus.
La discrépance, c’est exactement la même chose que le simulacre, mais vue de l’autre côté cad non
plus vue du point de vue du résultat, de la production du simulacre de l’espace et du temps, que le
simulacre de l’espace et du temps lui-même cad le décalage (une discrépance cela veut dire un
décalage), une division, une division en partie en fait, ce qui est très intéressant du point de vue
méréologique d’ailleurs. Donc un décalage à soi, temporel et spatial, de la raison lorsqu’elle se
pense forcément rétrojective cad puisqu’elle projette une idée qui est l’idée de la critique de la

6
raison pure cad de l’amphibologie des concepts de la réflexion dans laquelle s’originent les
différentes facultés dont on voit qu’elles sont subreptices ; subreptices dans la raison en tant que
espace et temps simulant des fonctions logiques. Mais cela suppose que discrépance et simulacre
aient lieu, et il faut le démontrer, dans un espace et un temps déterminé qui n’est pas évidemment
contradictoire à l’espace euclidien dans lequel nous vivons, mais qui n’est pas non plus l’intuition
formelle dont ont besoin les math, l’arith et la géométrie, mais qui est un espace qui ne contrevient
pas à ces règles mais qui a un statut particulier en tant qu’il est exclusivement construit. Donc ce
n’est plus au sens math, la construction de l’objet math, (cf les concepts construits chez K) mais
c’est l’espace et le temps eux-mêmes qui sont construits par la raison ; ce qui est tout à fait troublant
puisqu’il y a séparation radicale entre espace temps d’une part et raison d’autre part. Et pourtant on
peut montrer que cet espace logicomathématique je dirai, est une pure construction de la raison et
c’‘est ce que Frege appelle (et il est un grand kantien) l’anamorphose de la pensée pure cad la
déformation de la pensée pure dans un espa et un temps purement construit. Il faudra voir
évidemment si ce temps et cet espace construit par la raison, cette raison qui postule un sujet
logique universelle, parce que nous construisons tous cet espace de la même manière, on construit
donc tous le même espace temps qui serait l’espace temps de la logique formelle ; postulant par là
une espèce de sujet logique universelle (chez Russell) que Lesn va condamner, en réduisant la part
pragmatique de création de l’espace et du temps cad de la production constructive de l’espace et du
temps de la logique dans la formulation d’hypothèses de la déduction naturelle.
Vous voyez comment on peut passer de la création de l’espace et du temps qui est synthétique
évidemment (nous sommes là en pleine synthèse) à , par l’idée d’un repli pragmatique radical, qui
est fondé dans les schèmes de relativisation des thèses et de hiérachisation,,,; ce repli pragmat a lieu
dans les directives de construction des déf, notamment, et ces directives constructives des déf sont
purement analytique. Mais nous avons vu que le temps compris dans cette analyticité agissait lui-
même de manière subreptice justement. (on a vu que toute synth implique une analyse et toute
analyse suppose une synthèse). Donc quand on dit que l’esprit ou la raison construit un espace et un
temps déterminé qui est le lieu où la pensée pure peut se déployer, sous une forme anamporphique
ou non, on peut en discuter, est le lieu de ce que Frege appelle la pensée pure ; pensée pure dont on
voit qu’elle n’est pas dissociable de la construction par l’esprit de l’espace et du temps logique ; ce
qui fonctionne pour Frege, du point de vue de la géométrie mais pas du point de vue de l’arithm (cf
= analy pour lui). Or un grand apport de Lesn est de montrer que non précisément : que ce soit
l’arith ou la géométrie, la théorie des nombres ou la théorie des touts et des parties, sont
contextualisées, cad construites dans l’espace-temps, qui est produit cad construit par non plus le
sujet log universelle mais est réduit, est produit dans la réduction de ce sujet logique universelle
dans la seule chose qui reste cad des démonstrations.
Et donc on voit comment on passe du synth a priori à un analyt a priori sans qu’il y ait de rupture, si
vous voulez. Cf les commentateurs disent tjs comme s’il y avait pas de communication entre les
synth et les analyti a priori et ces derniers on s’en tape ; comme si pas de commu entre les deux ; en
fait si, il y a commu qu’on voit très bien dans l’espace construit, qui nous permet de faire passer de
la synthèse sous la forme de l’analyse en sachant très bien que dans l’analyse il y a tjs lieu d’une
subreption de l’espa et du temps qui se dissimule dans la raison, laquelle simule des symboles math
en tant que fonctions infinis. Le grand apport de la log dévelop est précisément de montrer que cette
construction dans l’espace et dans le temps est infini potentiellement, et donc cela signifie qu’il n’y
a aucun théorème non prouvé d’un système formel chez Lesn et donc le théorème de gödel n’est pas
opératoire dans les systèmes de Lesn. Il y a moyen de démontrer (mais pas l’objet du cours) que la
protothétique est incomplète, conformément au résultat de Gödel, mais l’ontolo est elle complète et
peut nous servir dans le néologicisme lensiewskien, comme dans le néologic frégéen a fonder les
math, malgré les théorèmes d’incomplétude ; et ça c’est purement analytique. Bien sûr on pourra

7
rétorquer avec Poincaré, comme je l’ai dit, que la loi d’induction math sur laquelle repose l’axiom
de l’arith est une loi synthé, mais cette position de Poincaré, qui est géniale, ne recouvre pas
complètement le sens du synth kantien.

Discrépance et simulacre. On pourrait aussi montrer que ces concepts, sont opératoires aussi dans le
domaine métaphy et permettent de construire une métaphy authentiquement kantienne dans la
construction d’une architectonique dont le principe se rapprocherait (conditionnel = important) de
cette anamorphose de la pensée pure, telle que mise en évidence par Frege, ce qui ne manquerait de
nous faire tomber dans la mère de l’apparence cad l’apparence méthodologique ; et permet de
développer toute une métaphysique ; (cf sa thèse : métaphysique originale sur la base de la
métaphysique kantienne qui permet justement de combiner, sous les mêmes concepts de
discrépance et de simulacre, en même temps une nouvelle métaphysique kantienne et la possib
transcend d’une logique formelle.
Si vous dites ça à Renaud, il vous descend !

question
Création = espace et le temps par le schème de la qualité
Ce qui est construction = esp et temps logique dans lequel se déploient les systèmes de pensée pure
La production = jeu des facultés qui produisent leur propre activité cad que la sensibilité se produit
en tant que faculté de réceptivité et l’entendement se produit en tant que production de déterminité.
Rem : tout se passe en même temps.
On ne peut pas vivre sans produire au moins les conditions de possibilités de la pensée cad la
sensibilité et l’entendement. On ne peut pas faire l’abstraction de l’entendement ; ça c’est
impossible ; l’entendement ne peut pas faire l’abstraction de lui-même sous peine de n’être rien et
s’il n’est rien, il est un ens rationis, et nous entrons dans la métaphysique de l’unding, la non-chose,
etc.

E : Pour passer de la production de l’espace et du temps à la création du temps, on passe par la


construction de l’espace et du temps. P : oui
Discrépance, c’est pas une construction, c’est la représentation que la raison a d’elle-même. Si on la
construit, mais tout le monde n’est pas obligé de faire de la logique !
Synchronicité : tout se passe en même temps. Et le géomètre ou l’homme de la rue pensent et
doivent penser de la même manière; (sans penser la même chose), cad dans les limites du non
contradictoire et les limites de la sensibil et de l’enten etc, cad les concepts architect de la philo
kantienne.
Et cette synchronicité du point de vue de la faculté de juger philosophante (comme dit Fichte) cad
du point de vue de la réflexivité de l’activité philo elle-même, effectivement cette synchronicité est
en déploiement par rapport à elle-même et donc il y a une discrépance de la synchronicité à elle-
même de la raison projettée et rétrojectivement ressaisie dans un nouveau simulcacre, mais qui est
un simulacre beaucoup plus abstrait, qui serait l’hypostase non plus alors de la raison se pensant
mais l’hypostase de l’impensable, de ce qui serait, ;; ce dont la table du rien serait la mise en oeuvre
conceptuelle, mais c’est rien, c’est une non-chose. Mais là ce concept de synchronicité est un
concept réfléchissant et non plus un concept déterminant. Et dans la CRP on est tjs au niveau
déterminant et même chez Lesn, les schèmes que j’utilise sont des schèmes déterminants et non pas
des schèmes réfléchissants. Mais penser la faculté de juger philosophante, ce que K refusait de
faire, il le reprochait à Fichte, refusait car sous peine d’aller à l’infini, mais suppose effectivement
qu’il y ait une discrépance : c’est tjs la même : on n’a pas deux cerveaux, deux pensées, ;;;donc
implique une nouvelle discrépance mais qui est tjs la même puiqu’il y a synchronicité, tout se passe

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en même temps ; mais j’insiste aussi sur le fait que là dedans il faut passer l’espace évidemment :
lambert est parfaitement clair : il dit «c’est le simulacrum temporri ad spatii» et donc ce qui est
compliqué à comprendre et K semble ne pas le penser, mais ce n’est qu’une apparence, =: quel est
le rôle de l’espace dans la raison elle-même ? Au titre d’une représentation que la raison est
forcément par rapport à elle-même, représentation qu’elle se représente elle-même comme étant
spatio-temporelle. Mais alors se pose la question de savoir si cette spatio-temporalité de la raison se
pensant elle-même, est la même que la spatio temporalité de la construction de l’espace et du temps
logique dans lequel nous nous mouvons et qui ne peut pas contredire les principes de la géométrie
d’euclide. Les géomètres pourraient sans doute le montrer pour d’autres géométries que la
géométrie euclidienne. Rem : K n’évacue pas d’autres géométries possibles.
Oui, il est forcément le même parce qu’il n’y a qu’un seul espace et un seul temps bien entendu
mais la manière de construire, d’appréhender la représentation de l’espace et du temps varie en
fonction de la discipline (c’est pour ça que je vous ai demandé de lire la méthodologie) de la raison,
dans son usage dogmatique qui s’impose ; soit de faire des math, soit de faire de la logique, soit de
faire de la philo : trois disciplines qui sont radicalement différentes. Et donc quand je parle de
logique, je ne dis pas logique math simplement, mais je dis : logique formelle quasi kantienne parce
que K ne la pense pas. Enfin il y a un débat d’interprétation pour le moment : savoir si ce que K
appelle math, n’est-ce pas ce que justement nous appelons logique à l’heure actuelle. Cf Hintikka ;
c’est très tentant. Mais on peut montrer que la lettre kantienne ; ;;
Mais ce qui est certain c’est que le temps et l’espace dans lequel nous vivons, où notre esprit se
meut, il se déplace dans l’espace et dans le temps, il s’écoule dans le temps, il est tjs le même
évidemment mais il est appréhendé de manière différente : intuition formelle, construction de
l’espace-temps, forme de l’espace et du temps comme intuition saisie sous un concept. Alors vous
voyez la cohérence absolue du propos kantien parce que comme on l’a vu, il s’agit bien de saisir
l’universel dans le singulier, ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas d’abstraire à partir d’une
multiplicité de représentation un universel ; l’universel est d’emblée construit dans le singulier. Or
qu’est-ce que ce singulier du point de vue de la logique formelle quasi kantienne, c’est précidément
la simulation d’un symbole. Et quel symbole ? C’est ce que montre justement la nouvelle logique
dévelo, c’est une nouvelle constante ; et qui est synth a priori puisqu’elle est produite, construite
dans l’espace et le temps construit, qui n’est autre que la spatiotemporalité dans laquelle les
logiques idéogr se déploient les unes à la suite des autres. On pourra bien entendu s’interroger sur la
pertinence d’un tel projet puisqu’on a quand même les théorèmes de limitation qui viennent mettre
à mal le projet logiciste mais courant contemporain (states) : tentent de repenser l’arth sur des bases
frégéeenes en évitant les problèmes soulevés par les théorèmes d’incomplétude et d’indéfinissabilité
de la vérité. On peut reconstruire la totalité de l’arith à partir de l’ontolo de Lesn ; ça a été fait.

E : «cette proposition n’est pas démontrable» n’est pas possible ; P : impossible de la générer quoi
qu’elle soit grammaticalement correcte

E discrépance : est-ce que c’est pour la raison une manière pour elle de mesurer son échec dans
l’image?
P : oui; kant dit que cet échec se manifesterait de lui-même si on omettait quelques parties du
système, et justement c’est la ta^che de la morale. L’ouverture au champ moral de l’ens rationis
qu’est l’en soi de la liberté. Il faut pas oublier que chez K le concept suprême, c’est la liberté, et
dans cette interprétation, on ne fait rien d’autre que montrer comment une liberté, mais la liberté
créative de l’esprit peut (mais pas la même chose que la liberté au sens moral ) créer des êtres qui
ne se trouvent peut-être pas explicitement chez K mais qui se trouve interprétable à partir de sa
pensée ; il y aurait moyen de faire une déduction, fastidieux, à partir du concept de liberté jusqu’au

9
plus petit concept log formelle, bien que il n’y ait pas d’intellectualisme moral chez K, et qu’il y a
une rupture radicale entre la causalité par liberté et la causalité naturelle ; problème fondamental :
inscrire la causalité par liberté dans la causalité naturelle ; jamais oublier cette cassure. Mais
évidemment nous n’avons pas deux raisons : une seule raison mais avec des applications
différentes.

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Question concernant sur l’analyticité éventuelle des jugts arith.
Jgts arith et géom sont synthétiques dans la mesure où il font appel à l’intuition pure, plus
exactement à l’intuition formelle. K donne des ex : les doigts de la main, le 5+7, et la figure géom
de l’assiette. Ce sont des jgts synth car il y a intervention de l’espace temps dans le schème math de
l’addition successive de l’unité à l’unité dans l’homogène ; cet homogène, c’est l’intuition formelle
qui est en même temps l’espace et le temps (les deux sont indissociables). Donc les jgts sont synth
car on ne peut pas tirer de (si je prends une somme, l’addition successive de l’unité à l’unité dans
l’homogène) je ne peux pas tirer le résultat d’une somme des nombres qui la constituent. Il faut
donc une autre opération, et cette autre opération est une opération de schématisme. Mais qu’est-ce
que ça veut dire le schématisme ?
Tel qu’il est présenté dans la première édition de la critique, c’est une détermination a priori du
temps. Cela signifie que les nombres que l’on additionne les uns aux autres dans l’homogène (donc
dans l’intuition formelle) constitue une synthèse, de quoi ? De deux nombres, la synthèse étant le
fait de l’espace et du temps. Cela n’explique pas en quoi le schématisme transcendantal explicite
l’addition elle-même. Si vous voulez, il y a deux points de vue qu’il faut bien distinguer :
1 le schème qui nous donne l’addition successive de l’unité à l’unité dans l’homogène, ça donc c’est
la règle déterminante du nombre arithm (et géométrique pour Kant) et d’autre part
2 il y a les nombres comme tels, les nombres qui sont les seuls définissables ss cad qui sont comme
des objets.
Mais qu’est-ce qu’un jgt synth a priori arithm ? = jgt qui prend des objets, qui a des objets a sa
disposition cad les nombres, et qui en fait une synthèse. Cette synth donc en l’occurrence c’est une
opération arithm. La difficulté est de comprendre en quoi une opération arithm est une synthèse.
E : ça ne peut être qu’une synthèse
P : non, ça pourrait être autre chose. Si vous prenez le jgt «tout corps est étendu», eh bien vous
pouvez additionner, pour autant que ce soit des nombres, ce serait en géométrie, vous pouvez
additionner le prédicat d’extension au sujet «corps», et ce serait un jgt analytique cependant.
E «étendu» oui parce que cela fait partie de la définition du corps
P oui mais le problème c’est que dans les jgts arith comme dans les jgts géom, c’est le résultat de
l’opération cad de l’égalité ou de l’équation qui n’est pas donnée dans les nombres, cad les objets
que sont les nombres. Mais ça ne résoud pas le problème. Ce que je veux vous rendre sensible au
fait que la synthèse de l’espace et du temps ne résoud pas ce que c’est que l’opération arithm qu’on
fait sur les objets que sont les nombres. Pour comprendre ça K est très avare d’explication, il ne dit
vraiment pas grand chose. Il donne un ex (c’est très rare qu’il donne un ex) et c’est l’ex de
l’assiette : il dit vous imaginez une assiette et on lui attribue la qualité de circularité. Il dit qu’il faut
qu’il y ait un dessin de cette assiette dans l’intuition formelle de l’esp et du temps pour que la
synthèse soit possible qui me fait dire que l’assiette est ronde ou circulaire. Là il y a une synthèse
qu’on voit bien puisqu’elle est géométrique ; dans le cas de l’arithm c’est différent : la synthèse,
c’est l’opération arithm elle-même jointe avec le résultat de l’équation ; si vous voulez c’est le «+»
et le «=» qui constitue la synthèse. Cela veut dire que la synthèse a priori n’est pas donnée dans
l’opération d’addition puisque la synth a priori, comme schématisme, elle est l’addition successive
de l’unité à l’unité dans l’homogène, elle est bien plutôt donnée dans l’égal, dans le résultat de
l’équation : c’est pour cela que 5 + 7 = 12, et vous ne trouverez jamais le nombre 12 dans 5 ou 7;
Est-ce que c’est résoudre le problème ? Non. Car, et c’est complexe à comprendre, car, si K nous dit
que la synth a lieu dans l’équation, dans l’égalité, ce qui est le cas, il ne résoud pas le problème de
l’addition comme telle, cad qu’il ne résoud pas l’opération arith comme telle. Cette opération
arithm comme telle, elle est également définie par le schème, par le schématisme transcend cette
fois (imag productrice) et pas par le schématisme reproducteur (imagination reproductrice). Ex : le
schème de l’imag produ de la qualité, c’est la création du temps. Les catég math sont la qualité et la

1
quantité, il y a donc d’une part l’addition successive de l’unité à l’unité de l’homogène et d’autre
part, la création du temps. C’est dans la création du temps que se joue la qualité, et je rappelle que
la réalité qui est un moment de la qualité, est forcément synth puiqu’elle est la création du temps
lui-même ; c’est si vous voulez, la représentation que nous pouvons avoir de l’intuition formelle
qu’est l’espace temps dans lequel nous allons pouvoir inscrire les objets que sont les nombres. Est-
ce que c’est résoudre le statut de l’opération lui-même ? Oui car les mots (???) dans l’homogène
sont fondamentaux cad que si l’addition n’avait pas lieu dans l’homogène, elle serait impossible.
Donc nous devons d’abord, et c’est là que se situe la synthèse de l’opération, nous devons d’abord
avoir à notre disposition l’intuition formelle comme matière de la forme de l’intuition pour opérer,
cad un espace-temps objectivé si vous voulez, pour pouvoir additionner, pour pouvoir opérer,
calculer tout simplement.
Donc on voit que dans les jgts math arith, il y a une double synthèse de l’espace et du temps :
D’une part la synthèse a proprement parler, qui est celle que K met en évidence, c’est l’égalité (12
n’est pas compri dans 7 et 5) et d’autre part, il y a la synthèse de l’opération, l’addition, la
soustraction, la multiplication, la division, cette synthèse là est donnée non pas tant par le
schématisme que par la considération de l’homogène.
Frege dit que les jgts arith sont des jgt analytiques. Pq ? Il dit que dans le cas des grands nombres,
une synthèse est impossible. Cf son ex on peut subsumer tous les habitants de l’empire d’allem, et
on peut les compter : déf extentionnelle ; tandis que la déf kantienne qui serait une déf
intentionnelle ne nous permet pas de rendre compte de la totalité des habitants d’alle. À partir de
cette déf extentionnelle, il suffit de compter. Ce qui veut dire qu’il faut établir des concepts
équinumériques, (même nombre) pour établir, non pas par abstraction mais par comparaison et par,
je dirai, faisceau de convergence équinumérique, des nombres comme tels ; ex : le nombre des
chevaliers de la table ronde est 12 et le nombre des apôtres est 12 ; je n’abstrais pas le 12 (et 12 il le
prend en référence à K) à partir des chevaliers de la table ronde ou des apôtres. Bien au contraire, je
dis qu’il y a équinuméricité entre les chev et les apôtres, PQ ? Pour extentionnellement constituer
un ensemble dont le cardinal sera 12. Or cette opération-là nous dit Frege est purement analytique,
car elle ne fait pas appel à l’abstraction. Je rappelle que pour K, l’abstraction se divise en trois
parties : il y a la comparaison, la réflexion et l’abstraction proprement dite. Frege veut faire
l’économie de ces trois opérations qu’il juge psycholo, et c’est la raison pour laquelle il vise une déf
exclusivement extensive des nombres.
Le problème, c’est que c’est reculer la difficulté dans la mesure où pour Frege, les nombres sont des
entités objectives ; il y a le fameux platonisme de Frege, Frege pensait que les nombres naturels
existaient dans une transcendance, très mystérieuse (on ne sait pas très bien de quoi il s’agit, ce
troisième règne de Frege qui serait le lieu des nombres) ; est-ce que ce n’est pas reculer le problème
de la synthèse ? Oui à mon avis mais il y a quand même un problème : dans la begrischrift il y a la
fondation de la suite des nombres de manière purement analytique ; et si on resonge au projet
logiciste, il s’agit bien de fonder la totalité de l’arith dans quelques lois aussi exactes que possible
de manière purement analytique. Comment on fait ça ? On le fait grâce à une axiomatique. Cette
axiomatique elle est purement analytique (rappelez vous l’axiomatique de Peano, elle nécessite la
loi de l’induction math, et l’opérateur de succession, purement analytique, pour construire la suite
des nombres, et tout simplement pour pouvoir dire que 1 suit 0 et que 1 + 1 = 2. C’est une opération
purement analytique. Là-dessus Poincaré réagit et dit que la loi d’induction math est beaucoup trop
complexe, elle fait justement appel à beaucoup trop d’opérations synth pour être analytique. Est-ce
que Poincaré pense la synth de la même manière que K : non! Il y a des points communs mais il y a
des différences ; en effet Poincaré limite la synth à la loi de l’induction math tandis que K la réserve
lui à l’ensemble du jugement, selon la double modalité qu’on a vu : l’égalité et l’opération. Donc là
divergence. Pour frege l’arith est purement analytique. Dès lors qu’on a une axiomatique

2
consistante donc non contradictoire qui permet de fonder les nombres (1+1+1, etc, le successeur de
0 étant 1, le successeur du successeur de 0 étant 2, etc) dès que j’ai cette loi d’induction math et
l’opérateur de succession (le S) je peux fonder analytiquement l’ensemble de l’arith, c’est ce qui a
été fait. Est-ce que cela résoud le problème kantien ? La question est : le fait que je peux démontrer
la succession de l’unité à l’unité dans l’homogène de manière analytique et non plus synth, résoud
le problème de l’homogénéité cad en fait de l’égalité d’une part et de l’opération d’addition
(soustraction, division, xtion) d’autre part ? Pour Kant non! Pour Frege : oui ! Il y a là une position
philo et math tout à fait différente. Il faut argumenter.
Commençons par argumenter à la manière de Frege : il dit que la succession des nombres dépend de
la loi d’induction math qui est analytique et donc je n’ai pas besoin de l’homogénéité de l’intuition
pour opérer l’addition. C’est cela que ça veut dire : dire que la loi d’induction math est analytique
signifie que je n’ai pas besoin de l’homogénéité de l’intuition formelle pour opérer le jugt synth qui
est en fait un jugt analytique. Est-ce que c’est résoudre le problème de l’addition ? Le problème de
l’addition est résolue de manière analytique chez Frege et chez Peano (chez tous les logicistes du
début du siècle passée) par l’opérateur de succession (S). Est-ce que l’opérateur de succession est
analytique ou synthétique ? Alors là on tombe dans la controverse : Poincaré d’une part, Frege
d’autre part. Il semblerait que la loi d’induction math soit suffisamment puissante pour considérer
l’opérateur de succession comme un opérateur analytique. Bien que Poincaré dise que c’est pas
vrai. Faut tjs garder en tête la position de Poincaré. Est-ce que c’est résoudre le problème, en
d’autres termes, est-ce l’opéra de succe de l’unité à l’unité résoud ou non la synthèse comprise dans
l’addition kantienne ? Là il faut distinguer deux points :
1 le premier point (et c’est le coeur de ce cours) c’est que K parle des jugts arith (je laisse de côté
pour le moment des jgts géom) tandis que Frege, lui, parle des jugts logiques. Ça n’est pas la même
chose. Quelle est la différence ? C’est que la logique se veut analytique a priori, elle est le
déploiement analytique, en fonction de théorèmes et de déf et d’un vocabulaire donné, d’un certain
nombres d’opérateurs qui doivent nous mener à un système consistant, complet, etc (la métathéorie
vue il y a 3 ans). Donc la logique est analytique, en tout les cas, elle se veut analytique. Il y a des
exceptions : la log intuition n’est pas analytique mais synth. Là l’arithm ne fonctionne pas du tout
de la même manière ; elle fonctionne à l’intérieur, si vous voulez, elle se rajoute aux lois logiques
fondamentales, et épuise ses lois logiques fondamentales tout en ajoutant une information
supplémentaire, pour le dire très simplement ; et cette information supplémentaire, c’est la
définition. Si on a la déf des objets math, on dépasse, on déborde de manière prégnante, le cadre
logique qui est purement analytique. En effet la loi de succession ou d’induction math nous donne
le successeur mais ne nous donne pas, (elle l’utilise implicitement mais ne nous donne pas) la déf
analytique de l’addition. Donc là il semblerait qu’il y ait encore une synthèse possible ; synthèse qui
ne serait plus logique mais une synthèse math, arith. Le but du cours, j’essaie de montrer depuis le
début, c’est qu’il est possible que dans ce schéma kantien, de contruire une logique qui réponde aux
critères d’une logique cad qui est pure a priori, l’anamorphose de la pensée pure au sens frégéen du
terme, mais qui en même temps, suppose la construction de cette espace logique dont on a bcp
parlé, lequel ne peut pas contrevenir aux règles et aux lois de l’espace euclidien cad la constitution
de l’espa et du temps dans lequel nous vivons.
La difficulté est maintenant de comprendre comment l’addition peut avoir en fait un double sens.
D’une part un sens logique dans la loi de l’induction math, (c’est bien S + SS, donc le successeur
plus le successeur du successeur, qui est donc analytique analytique) et d’autre part l’addition
kantienne qui suppose l’homogène. La difficulté est de rendre compte de ces deux sens différents :
l’un étant analytique, l’autre étant synthétique, et rendre compte de ces deux sens à l’intérieur d’une
même théorie. Frege n’y arrive pas, c’est pas son ambition au niveau de l’arith, il le fait au niveau
de la géométrie. Kant lui va le faire, mais cela suppose qu’on ait une nouvelle logique kantienne qui

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soit conforme à l’intuition formelle et qui permette de dégager l’esp logique dont on a parlé, qui ne
contrevient donc pas à l’espace euclidien et qui est en fait le «lieu», la topique, pour utiliser le
vocabulaire kantien, où la pensée pure frégéenne se schématise. Si nous trouvons une règle de
schématisation transcendantale qui nous permet de schématiser cad de déterminer l’espace - temps
de la pensée pure, alors on aura réussi à montrer que l’addition est synthétique.
Donc il y a deux étapes : l’addition qui est analytique du point de vue logique, elle est synthétique
du point de vue arithm (position kantienne) ; ce qu’on essaie de faire : c’est une troisième voie, qui
serait : une logique formelle qui a un statut un peu particulier dans la mesure où elle suppose une
intuition, c’est pourquoi le principe du tiers-exclu n’est pas valide en elle (comme dans
l’intuitionisme de Brouwer ...).
La difficulté c’est de comprendre comment cette logique doit répondre aux règles de la log formelle
(je laisse ici de côté la question du pragmatisme) cad les lois de déduction, par ex la déduction
naturelle, qui sont des lois purement logiques. Mais d’un autre côté, ces lois qui sont purement
logiques, qui sont analytiques présupposent un quelque chose, et ce quelque chose, cet aliquid c’est
cette forme d’espace et de temps dans laquelle il y a une détermination a priori en fonction des
opérateurs mises en oeuvre, notamment pas Lesni cad l’opérateur d’éternité et le déploiement
analytique du temps à partir de l’opérateur d’éternité, et ce de manière purement analytique.
Cette log formelle que j’appelle analytique, parce qu’elle suit les règles de déduction analytique, il y
a le lieu pour l’inscription d’une synthèse de l’espace et du temps, qui est comprise intrinsèquement
dans les opérateurs logiques, et donc les opérateurs logiques, par ex l’opérateur d’éternité, (mais il y
en a d’autres, on va les voir) l’opérateur d’éternité est un opéreteur synth, il n’est pas un opérateur
analytique même si l’ensemble du système logique n’est que le déploiement de cet opérateur. Et
donc on peut construire un système purement analtique, à la Lesniewski, avec cette difficulté que
sont les déf qu’on va voir, de manière purement analytique, en utilisant l’opérateur synthétique
d’éternité et en ajoutant des termes synthétiques qui sont donnés par les déf. Et là se pose la
difficulté et la très grande originalité de Les, c’est de considérer que les déf sont des déf que
j’appelle moi «synth» tandis que chez R et W, les déf sont de pures commodités typographiques qui
n’apportent rien, qui sont simplement des racourcis, avec des paradoxes comme le dit Russell en
1903, qu’il ne qualifiera plus de paradoxe en 1910, que c’est dans les déf qu’on apprend le plus de
choses. Russell tranche et dit qu’il y a pas de paradoxe mais il n’y a que des commodités
typographiques. C’est exactement le point sur lequel Lesn va prendre le contrepied de Russell.
Maintenant on voit plus clair ! On voit que chez Kant, du point de vue arith mais pas du point de
vue logique (attention, logique kantien) on a deux formes de synthèses : la synth de l’égalité de
l’équation et la synthèse de l’addition ; donc synth qui ne sont pas identiques. D’autre part, on a
l’anlytique a priori chez Frege. Entre les deux, on essaie de construire un système logique, qui est le
système de Lesn, qui permet de rendre compte de l’analyticité des lois logiques à l’intérieur d’une
intuition formelle, cet espace-temps que nous n’avons pas encore bien déterminé, et qui s’épuise
dans sa détermination puisque c’est un schème déterminant, qui s’épuise dans sa détermination
spatio-temporelle au sein, par ex de l’opérateur d’éternité, qui épuise véritablement, qui absorbe (et
il y a une loi d’absorption d’ailleurs) véritablement l’ensemble de l’espace et du temps dans un
symbole. Et ce symbole, qui absorbe la totalité de l’esp et du temps, donc la création du temps et
l’addition de l’unité à l’unité dans l’homogène, donc l’homogène est absorbé dans la création du
temps, c’est ce que je pense être le propre de la logique de Lesn, et en tout cas, c’est très important
parce que ça nous permet de déterminer ce que c’est que cet espace-temps, qui en fait intermédiaire,
la logique dont nous cherchons les caracté ; cet espace-temps logique qui disparaît, si vous voulez,
au fur et à mesure que le système se déploie dans l’esp et dans le temps ; et ce symbolisme-là est ce
que j’appelle un simulacre de simulacre. Pq ? Parce que la notion de simulacre implique le temps
effectivement, et je l’étends à l’espace (ce qui ne pose pas de difficultés théoriques chez Les), et il y

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a hypostase formelle de ce simulacre dans une formule, dans un opérateur, par ex l’opérateur
d’éternité qui véritablement détruit ou absorbe la totalité du temps et la totalité de l’espace. On voit
par là que cet espace-temps que nous cherchons, nous ne pouvons le saisir qu’à travers sa
réalisation cad la création du temps et de l’espace, qu’à travers la schématisation déterminante que
constitue en fait la symbolisation mathématique ou logique, mais logique mathématique cette fois.

Donc il faut bien distinguer trois niveaux :


- on a la logique formelle analytique dénoncée par Kant : il dit qu’elle est vide.
- on a les jgts arith qui sont synthé a priori, comme les jgts géométriques.
- et on a ce troisième terme, qui est en fait la synthèse des deux premiers, comme tjs chez Kant, cad
en fait, à la fois le développement, le déploiement analytique qui absorbe le temps et l’espace ; de
sorte que chaque fois que l’on pose une nouvelle thèse ou un nouveau théorème dans ce système
spatio-temporellement déterminé, on schématise l’espace et le temps qui dès lors se transforme,
sont transformés si vous voulez, en une intuition formelle, mais sous la manière d’un simulacre de
simulacre, ce qui permet évidemment de compter, ça permet de poser des objets, et là nous
revenons à Kant à la philo des math de Kant ; cela permet de poser des objets : 1-2-3, et des
opérations. Mais ces opérations et ces objets sont absorbés cad que dès lors qu’ils apparaissent, ils
détruisent ils annihilent l’esp et le temps dans lequel ils s’inscrivent. Donc en fait, cet esp-temps
intermédiaire qu’on cherche depuis le début du cours, en fait, n’existe pas. C’est une intuition vide
sans concept ; c’est un rien qui est d’emblée absorbée dans sa logicisation dès lors que dire, ne fût-
ce que dire : l’opérateur d’éternité est son déploiement, c’est déjà absorbé la totalité du temps, la
création du temps qui est chaque fois renouvellée chaque fois qu’on pose une nouvelle thèse ou un
nouveau théorème et en même temps de l’espace puisque toute expresssion est contextualisée
spatiotemporellement, ce que montre le métalangage (cf extrait de ce que je vous ai passé).

E: Frege n’a t’il pas justement caché toutes ces relations de successions etc; en fait, il y a un
moment synthétique mais il a été rassemblé en un coup dans quelque chose qui est avant ; et donc à
partir du moment où on rejeterait ce troisième règne, alors on ouvre la possibilité de commencer à
créer ; ;; il a déjà mis tout ce qui est possible, donc tout ce qui est possible est déjà là, tout axiome
ou théorème ne fait que restreindre, donc il n’y a plus rien de nouveau alors que si justement on ne
met rien au départ, et qu’on laisse chaque symbole s’introduire étape par étape, et qui donne lui-
même sa possibilité, alors on commence à avancer dans quelque chose qui chaque fois ajoute et
ajoute.
P : effectivement rem pertinente, à ceci près que pour Frege, même avec cet histoire de troisième
règne, l’opération arith demeure analytique dans tous les cas de figure
E parce que c’est déjà fait : par ex 1+2 = déjà à 3. Donc il n’y a plus que de l’analytique après.
P : oui effectivement, c’est la transcendance des nombres dans le troisième règne. La question est de
savoir si les opérateurs : + - : x et l’égalité font partie du troisième règne ou pas ; sont-ils donnés
dans le trosième règne ; n’ya t’il pas nécessité de faire appel à autre chose, au sens frégéen du terme
qui nous permette de construire des jugements ? Frege se donne la part belle en disant que ça ne
marche pas pour l’arith mais ça marche pour la géométrie. Le problème c’est le concept
d’équinuméricité qui a fait couler beaucoup d’encre ; ce concept d’équinuméricité est très difficile à
comprendre parce que dire que deux choses ont le même nombre, ce n’est pas faire l’abstraction du
nombre à partir de deux choses mais c’est construire deux extensions qui sont identiques cad, selon
le principe d’extensionnalité, qui ne forment qu’une seule extension. Donc cela veut dire que la
signification (attention c’est sinn und bedeutung, et on traduit généralement par sens et dénotation,
mais attention en allemand, c’est sens et signification et pas dénotation justement); alors la
signification de ces deux jugts (le nombre des apôtres et le nombre des chevaliers) réfèrent selon le

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principe d’extensionnalité à deux entités équinumériques qui en fonction du principe
d’extentionnalité sont nécessairement les mêmes, en vertu de ce concept un peu mystérieux, il faut
bien le dire, d’équinuméricité dont on peut demander d’où il sort. Il y a beaucoup de logiciens qui
se sont demandé ce que c’est et qui ont même dit que c’est un concept synthétique et non pas
analytique, comme le pensait Frege ; à tel point que l’ex de Frege est cohérent bien sûr mais l’ex
géométrique qu’il donne avec l’équinuméricité des droites qui sont parallèles, pour les déf de la
direction de la droite a, c’est l’ensemble des droites qui sont parallèles, est une opération
synthétique. Alors que Frege dit que l’équinuméricité dans la détermination du nombre 12, de
l’extension 12 est analytique. Ou bien Frege se contredit ce qui est impossible ou bien nous devons
chercher.

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Le simulacre de simulacre au fond c’est, ...


Le simulacre c’est la création du temps et la création de l’espace dans l’homogène qui de manière
subreptice ,,, entre ou intervienne dans la raison, dans les facultés supérieures de connaître dit Kant.
L’hypostase de ce simulacre de simulacre cad la création du temps et de l’espace cad le contexte
spatio-temporel des systèmes consiste à absorber l’esp-temps dans l’hypostase logicomathématique.
Cela veut dire que dès que je pose un symbole, par ex dans une nouvelle catégorie sémantique je
pose une déf synth avec une nouvelle constante, j’abolis l’esp-temps, le contexte donc, qui me
permet d’établir et de créer ce nouveau symbole logicomathématique. Mais dès lors qu’il est
hypostasié, dès lors qu’il est posé, comme dite Miéville posé «dans ma bibliothèque», je ne peux
plus le changer. Cf ce qu’on a vu : le signes, les tokens de la logique math lesniw simulent en fait
des fonctions, et c’est la simulation de ces fonctions qui sont remplies par tous les symboles
logicomathématiques qui aboli le temps et l’espace, dès lors qu’ils sont posés. Ce qui a comme
conséquence immédiate qu’il n’y a pas de théorème non prouvé d’un système formel ; et ainsi cela
permet de passer à côté, vraiment de contourner les théorèmes de Gödel d’incomplétude puisqu’il
n’y a aucun théorème non prouvé d’un système formel puisqu’il est chaque fois le remplissement et
l’abolition du temps et de l’espace cad de son contexte. Et comment est-ce cette abolition a lieu ?
Par la simulation que les symboles prennent dans la formalisation logicomathématique. Donc si je
reprends un ex simple : l’opérateur d’éternité absorbe la totalité du temps et de l’espace de manière
synthé et simule l’éternité, donc simule en fait le présent permanent. La simulation de ce présent
permanent signifie l’abolition du temps et de l’espace et pourtant, et c’est là qu’il y a amphibologie,
l’opérateur d’éternité ne se déploie que dans l’espace et dans le temps. Donc on a un double point
de vue : on a le point de vue du simulacre cad la subreption de l’espace et du temps dans la raison,
dans les facultés supérieures de connaître, et en même temps, le simulacre de simulacre qui est la
simulation par ce symbole de la disparition, de l’abolition, de l’absorption de l’esp et du temps cad
de la création du temps selon la qualité, la réalité, et la quantité cad l’intuition formelle dans
l’homogène qui constitue la synthèse possible à la fois de l’égalité dans l’équation et du signe de
l’opérateur d’addition, soustraction, division, multiplication.
Donc ce qu’il faut bien comprendre c’est que : entre le simulacre et le simulacre de simulacre il y a
une opération de simulation, les symboles simulent autre chose qu’ils ne sont, et cette simulation
des symboles en autre chose qu’ils ne sont, et qui est en fait synthétique, c’est ce que je vais
montrer, consiste à abolir le contexte spatiotemporel et par là même (peut-être) à prouver,
comprendre ce que c’est que c’est que cette anamorphose de la pensée pure de Frege qui elle est
purement analytique.
Donc le point central entre le simulacre et le simulacre de simulacre, c’est la simulation que les
symboles prennent dans un système. Un système qui est spatiotemporellement déterminé, et dès lors

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qu’une thèse ou une théorème est posé, avec cette distinction des déf qui ont un statut particulier,
statut créatif, abolissent le temps et l’espace. Une fois que c’est posé, c’est posé une fois pour
toutes. Et pour comprendre cela Les utilise le concept d’équiformité qui n’est pas l’équinuméricité
de Frege (attention), le concept d’équiformité, c’est d’avoir la même forme. Avoir la même forme
cela veut dire que deux tokens, par ex les deux «s» dans Lesniewski ne sont pas le même symbole
mais des symboles équiformes cad différents dans l’espace et dans le temps. Et donc la simulation
de ces deux symboles dans le nom «Lesni» serait en fait une simulation de deux symboles
équiformes qui se déploient dans l’espace et le temps nécessairement, puisque ce sont des tokens, et
étant déployé dans l’espace et le temps, absorbent véritablement l’esp et le temps puisqu’ils sont
une fois pour toutes posés. Une fois pour toutes posé, c’est très important du point de vue des
catégories physiques : il n’est pas possible de revenir en arrière ; le temps chez Les est un temps
éternel qui va dans un sens. Mais alors cela pose des problèmes métaphysiques très considérables
parce que l’éternité se définissant comme un présent permanent, peut-on dire qu’il n’y a pas de
réversibilité du temps ? Là on doit faire référence à la physique de Newton. Je considère que la
physique de Newton comme étant le modèle physique utilisé par Kant. Il est sans doute possible de
l’utiliser pour d’autres systèmes géométriques, mais ce n’est pas l’objet du cours.
Donc le concept central, c’est la simulation.

E : quand Les dit qu’il parle des manières de parler du monde, est-ce qu’on peut voir ça comme des
manières de penser le monde ?
P : problème complexe. En principe non. Dès lors qu’un signe est posé, il ne relève plus de la
pensée, il est posé en tant qu’objet. En effet, dans toute démonstration de Les, il faut d’abord que
nous ayons un objet pour ensuite pouvoir construire une thèse qui va éventuellement utiliser des
symboles équiformes mais qui ne sont pas les mêmes.
La question de la pensée est compliquée ; il y a deux références où Les fait référence à la pensée,
c’est dans l’intuition phéno de signification et c’est dans le problème de l’intuition. Or ces deux
problèmes ne sont pas développés par Les et on a vu que le problème de l’intuition est multiforme
chez lui et très difficile à interpréter. Moi je l’interprète de manière kantienne cad est dans
l’intuition ce qui est constructible dans l’intuition cad est en fait spatiotemporellement déterminé.
Miéville n’est pas d’accord avec cette interprétation ; pour lui, l’intuition c’est vraiment l’intuition
de «je vois ce paquet de feuille», c’est l’intuition triviale, et ce n’est sans doute pas faux, c’est
présent chez Les, mais je pense qu’on peut aller plus loin. Dans mon projet je vais plus loin. On
peut discuter pour savoir si c’est pertinent ou non.
concernant la pensée : il n’y a pas de terme abstrait chez Lesn ; est-il possible d’avoir une pensée
sans terme abstrait ? Oui, sans aucun doute. Mais d’autre part, la pensée se résorbe, étant elle-même
spatiotemporellement déterminée, étant déterminante dans l’espace et le temps ; dès lors qu’elle est
logico mathématiquemernt déterminé ou formellement déterminé, abolit le temps. La pensée
s’abolit au fur et à mesure qu’elle fonctionne, pour le dire très simplement ; au fur et à mesure que
la pensée établit des théorèmes analytiquement elle abolit le temps et l’espace. Et donc cela veut
dire que cette abolition du temps et de l’espace est le simulacre de simulacre. Et donc on peut dire
que le simulacre de simulacre, contre ce que disait Lambert qui est à l’origine de toute cette
réflexion, c’est l’abolition de la pensée. D’où le concept de discrépance qui lui tend à montrer au
contraire que dans ce simulacre de simulacre jouait quand même de la pensée cad un décalage à soi
dans une hypostase de la pensée mais sous une forme logicomathématique.

E : quand on fait un jugt synth a priori c’est aussi un simulacre de simulacre


P : ce qui est le simulacre de simulacre ;;;;; le jugt arith n’abolit pas le temps. Puisque la synth du
temps et de l’espace a lieu dans l’addition ou dans les opérateurs et dans l’égal de l’équation, on

7
peut dire que, si tu veux, il y aurait une double absorption du temps ce qui est évidemment très
difficile à conceptualiser puisque une fois;;
en fait il faudrait dire que l’opération d’addition, etc, est une abolition du temps, oui, mais qui ne se
déploie que dans l’égalité. Donc je dirai, je dois réfléchir à ce problème, mais je dirai que dans
l’égalité, il y a au contraire un surgissement du temps, il y a création du temps et de l’homogène
parce que 7 + 5, il n’est pas dit que c’est homogène, il faut la poser cette homogénéité. Et donc je
dirai que les deux synth qui ont lieu dans l’addition et dans l’équalité de l’équation ne sont pas du
même ordre. Il est vraisemblable que l’une dépende de l’imag transcend et que l’autre dépende
d’une autre schématisation, probablement sous une forme d’hypotypose, comme K le dit au 59 CFJ,
mais qui est très difficile à comprendre parce que l’hypotypose fait référence à l’idée or Kant ne dit
jamais que l’égalité de l’équation est une idée. Intéressant ce point : en fait Peano le dira, il dira que
la relation d’appartenance est une idée. Une idée qui se schématise mais sans temps. C’est
troublant ; la schématisation de l’idée de relation chez Peano est purement analytique et abolie le
temps dans la loi de l’induction math. Or il n’y a pas chez K de loi de l’induction math, il n’en a pas
besoin puisque la loi de l’induction math, si on exclut Poincaré, est analytique. Or la philo de la
logique de K, du point de vue strictement analytique n’a pas besoin d’induction math. Donc je dirai
que la pensée se schématise de manière différente dans les opérations sur les nombres et dans
l’égalité de l’équation, en ce sens que l’égalité de l’équation serait le résultat de la schématisation
des opérations sur les nombres, les nombres étant des objets. Et là, il y a un point commun entre
Frege et K.
Mais ce problème de la pensée est compliqué parce qu’on parle d’opérateur d’éternité mais c’est
impensable, l’éternité est littéralement impensable mais on peut la poser, on peut la construire, et
c’est là que la logique formelle telle que je la conçois va beaucoup plus loin que la logique
analytique kantienne, c’est dans la mesure où elle permet justement de montrer qu’il y a quand
même synthèse dans la logique sans que cette logique ne se confonde, conformément à la thèse de
Hintikka, avec les math qui seraient, en fait ce que nous appelons aujourd’hui la logique. Il y aurait
un autre espace, un autre lieu qui est conforme au prescrit kantien et qui est cette abolition de l’esp
et du temps dans l’anamorphose de la pensée pure qui se contextualise au fur et à mesure qu’elle se
déploie dans l’espace et dans le temps.
Ça ne résoud pas le problème de la pensée, c’est dire seulement comment cela fonctionne. En fait le
problème de la pensée dépend de la diaphorologie transcendantale (terme de Coulou) cad en fait de
ce que j’ai appelé la discrépance, donc en fait c’est l’établissement de la topique transcend à partir
de l’amphibologie des concepts de la réflexion. Mais là = coeur de la critique (pas objet du cours)
mais c’est là que cela se passe, on peut dire que c’est dans la mère de l’apparence, donc le rapport
entre mathématisation et discursivité que se joue la pensée, philosophique en tout cas

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L’homogène, c’est l’intuition formelle. Cela veut dire que nous avons la forme de l’intuition,
l’espace et le temps, les formes de l’intuition et puis les formes de l’intuition réfléchies comme
telles nous donnent un espace et un temps déterminé qui sont homogènes et qui permettent la
construction des nombres et des figures géométriques.

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Cours 13

Lecture d’articles
Petite disgression pas tout à fait lesniewskienne.... Sur cette page 1
La subreption a ceci de particulier qu’elle est l’apparence même du temps et de l’espace dans la
raison, mais ce n’est qu’une apparence, il n’y a pas de schématisme possible
E Comme j’aurai l’apparence de dieu ?
P Non ce serait faire subrepticement, donc par subreption, donc entrer dans la définition de dieu
l’espace et le temps.
E Une grandeur infinie, ;; on reprendrait les catégories kantiennes (cause du monde;;;)
P Oui par ex.
E L’erreur dans la pensée
P : mais c’est plus qu’une erreur, c’est une apparence cad que on tombe nécessairement dedans.
E sauf à faire tout le temps une réflexion transcend
P oui, ça c’est la solution critique de l’apparence transcend.
EQu’on sait pas tjs faire.
P : si
E Oui mais dans l’après coup. Vous dites tjs «nécessairement», parce que c’est tjs après qu’on
réfléchit ?
P Oui. c’est après coup que l’on se rend compte qu’il y a subreption de l’esp et du temps
E et les préjugés on les connaît pas (apparemment j’aurai pas dû mélanger ou du moins formuler la
question comme ça)
P les préjugés sont opposés chez Kant à l’autonomie et donc dans l’évitement de la subreption se
joue aussi l’autonomie morale, donc le fait de se donner sa propre loi morale. Vous retrouvez une
telle subreption dans l’antinomie de la raison pratique avec la vertu et du bonheur
E loi qu’on doit mais qu’il faut vouloir
P oui mais cette loi est vide. Elle dit simplement ‘tu dois’
Devoir intérieur, il est intérieur
l’antinomie de la raison pratique consiste à dire que la vertu est la cause efficiente du bonheur et le
bonheur est la cause finale de la vertu ; si vous réfléchissez, cela dit a peu près la m^me chose, mais
cela ne dit pas la même chose. Il y a subreption de la causalité, efficiente ou finale dans l’antinomie
qui est purement raisonnable. C’est ce type de subreption là.
E ok, causalité
P causalité qui n’a pas lieu d’être puisque le problème de la liberté est l’inscription d’une action
dans les lois de la nature cad le principe de causalité ; la causalité naturelle et la causalité par
liberté. Or dans la causalité par liberté il y a autonomie mais aussi espace et temps puisqu’il y a
quand même une causalité ; mais la subreption consiste à confondre causalité par liberté avec la
causalité naturelle et l’ex qu’on donne tjs, c’est la gravitation de Newton (je peux pas marcher au
plafond) ; donc la subreption, c’est l’émergence subreptice de la causalité par liberté dans la
causalité naturelle bien que s’il faut qu’il y ait une action morale, et nous ne savons pas s’il y en a
jamais eu et il n’y en aura probablement jamais nous ne pouvons pas faire autrement que inscrire
notre liberté via les maximes que l’on se donne comme causalité naturelle dans la nature
E c’est un postulat
P non c’est pas un postulat. Les postulats de la pensée enpirique en général et les postulats de la
raison pratique
E mais la raison pratique, ce n’est que postulat. Il faut postuler
P oui mais qu’est-ce qu’on postule ? On postule l’auteur (?) intelligible de la nature.
E postuler pour qu’éventuellement elle soit effective
P oui mais on sait qu’on y arrivera jamais ; vous ne trouverez jamais une maxime qui ait la même
nécessité de la nature; par déf puisque la maxime est contingente et la loi naturelle est nécessaire.
D’où justement le problème de la causalité naturelle qui subrepticement apparaît dans la causalité

1
par liberté; et là il y a apparence. Et ça c’est parce que dans la morale, la maxime qu’il faut trouver
est une maxime réfléchissante qui est tjs contingente par rapport à la loi qui elle ne l’est pas, qui est
elle nécessaire.

Lesniewski le retour !
En fait il y a une controverse dans l’école polonaise entre Luka, Les et Tarsky au sujet des déf
créatives et du métathéorème de Lindenbaum, et des axiomes masquées.
Résumé des thèses :
Pour Russell, les déf sont explicites mais appartiennent au métal et ne sont donc ni des règles ni des
thèses du système; elles constituent un paradoxe (= ce qu’il dit en 1903) dans la mesure où elles
n’appartiennent pas au syst des PM, ne sont que des abréviations qui doivent nous faire gagner du
temps (commodités typographiques) ; mais le plus important surtout, c’est qu’elles n’appartiennent
pas au langage-objet.
Tant Luka que Les vont réfuter cette déf des déf ruselliennes. Pour eux les déf sont internes, elles
appartiennent donc toutes 2 (soit comme règles chez Luka, soit comme thèses chez Les) au lang-
objet et non pas au métalangage.
La controverse tourne autour du fait suivant : Luka prétend que les déf créatives cad
développementales sont en fait non pas des thèses du lang-objet mais des axiomes masqués et il
prend à l’appui de cette thèse le métathéorème de Lindenbaum qui dit que toute forme définitoire
avec une binconditionnelle ne peut pas être une thèse du système. C’est un métathéorème assez
complexe, je le signale seulement (trop complexe pour l’expliciter). Ce à quoi Les répond : non !
Les déf créatives ne sont pas des axiomes masqués, en fait ce ne sont pas des axiomes. Les déf
reprennent la catégorie sémantique de base donnée par l’axiome de la prototh d’abord, de
l’ontologie ensuite ; axiome qui donne la catégorie sémantique de base cad la catég de l’epsilon
(dans le cas de l’ontologie) ou de la biconditionnelle (dans le cas de la protothétique) qui fixe, si
vous voulez, le niveau du discours à l’intérieur du langage-objet auquel se place ce lang-objet et
donc l’axiome lui-même et les déf qui vont en découler.
Se pose immédiatment la question qui nous intéresse : savoir si à l’intérieur des déf créatives et
développementales, est-ce que les catégories sémantiques avancées, données, créées (ce sont des
déf créatives) sont elles purement syntaxiques ? C’est l’interprétation de HDukew. Ou bien sont-
elles également des objets, ce qui serait conforme au nominalisme radical de Les, et cela aurait
pour csq : si les nouvelles catég sémantiques introduites par les déf créatives sont des objets, eo ipso
les déf créatives sont synthétiques a priori ! Cad que l’objet introduit par la nouvelle déf créatives
développementales ne fait pas partie de la bibliothèque des catégories sémantiques déjà données,
construites, et donc fondent une nouvelle catégorie sémantique.
Il y a deux lectures possibles de la log des catégories sémantiques : soit comme description
linguistique structurelle de toute propos, fût-elle du langage ordinaire. Soit la considération de ces
nouvelles catégories sémantiques, donc de l’enrichissement de la catégorie sémantique, comme des
objets, mais attention : objets qui ne peuvent être des hypostases parce qu’elles ont un caractère
opératoire à l’intérieur du système et du lang-objet, mais qui dans mon vocabulaire, relèvent
précisément du simulacre dans la mesure où l’être défini par la déf créative, cad la nouvelle
catégorie sémantique, est spatio temporellement déterminé par le jugt qui l’a crée , (le jugt donc la
déf qui l’a crée), puisque la déf a pour fonction non pas d’expliciter des notions déjà connues,
comme c’est le cas chez Russell, mais d’introduire de nouvelles catég sémantiques, que l’on
reconnaîtra dans la bibliothèque de celles que l’on possède par parenthésage particulier. On peut
dire que (et ceci est important) les symboles nouvellement introduits à l’intérieur de la nouvelle
catégorie sémantique, simulent la fonction synthétique a priori de faire partie de cette nouvelle
catégorie sémantique.....

2
E peut-on faire une analogie avec l’objet transcend = x au niveau quantité qualité ? Puisque l’objet
transcend n’est que dans les conditions ; il est pas effectif tant qu’on n’a pas une intuition ; on sait
rien en dire
P si on peut dire ! c’est un concept réfléchissant. Et on peut en dire plus, mais ce n’est pas vraiment
mon objet. question cependant pertinente car l’objet transcend = x est un concept réfléchissant dont
la signification ou la dénotation est l’expérience elle-même, expérience en tant qu’elle est
synthétique. Donc on peut dire que les déf créatives sont une détermination, donc la nouvelle
catégorie sémantique introduite est une détermination de l’x, de l’objet transcend = x. Mais
attention, au niveau des déf créatives nous nous situons au niveau des jugts tandis qu’au niveau de
l’objet transcend = x les jugts déterminent le x mais ce qui est le résultat de la détermination, c’est
l’expérience. Ici le résultat de la classification des catégories sémantiques n’est pas l’expérience,
c’est le langage-objet.
E on peut pas le voir comme une expérience ?
P non! C’est pas une expérience au sens kantien.
E : non mais il y a un token, un espace temps, création.
P oui ça c’est ce que je veux montrer : il y a un espace temps parce qu’il y a contextualisation, il y a
création du temps et remplissement du temps dans les déf créatives, donc il y a une schématisation
créatives. Si vous interprétez la détermination de l’objet transcend = x comme une schématisation,
donc a priori, alors vous pouvez dire en effet que les déf créatives sont en effet une détermination
de l’x de l’objet transcend = x. Mais le problème c’est que le x qui est déterminé ce n’est pas en tant
qu’il est transcendantal, c’est en tant qu’il est inconnu. C’est x donc pur inconnu. Donc, l’idée c’est
qu’on ne sait jamais a priori, du point de vue des déf, quelles catégories sémantiques on va
introduire, c’est libre, on a une liberté totale.
L’idée des déf créatives, c’est qu’au delà des 16 foncteurs dyadiques de la log des propositions, on
peut introduire une infinité de foncteurs.

E : quand on parle de la catégorie sémantique introduite dans l’ontolgie est-ce qu’on parle de la
catégorie S/NN ?
P S/NN, c’est en ontologie.
E par contre dans la prototh, c’est S/SS. Et tout autre qui introduit S/SS c’est un symbole qui simule
la fonction de faire partie de la catégorie de S/SS.
P oui exactement
E : simuler, participer, donc ça se rapproche
P oui bien sûr ça se rapproche. La question est de savoir si ...
En fait on utilise de nouveaux symboles pour la nouvelle catégorie sémantique et principalement de
nouvelles parenthèses ; c’est le parenthésage qui marque la nouveauté de la catégorie sémantique.
Maintenant, on peut décider après-coup, ou selon les besoins du système, quelle type de catégorie
sémantique on a besoin : soit S/SS soit S/NN ou d’autres, il y en a de beaucoup plus complexe
évidemment ! Ce qui est important, c’est que nous avons un nouvel objet.
Le centre de mon interprétation consiste à dire que non seulement la grammaire des catégories
sémantiques a une fonction syntaxique ou syntaxico-sémantique, (fût-elle appliquée au langage
ordinaire, puisque Les dit que même sans avoir recours à la théorie des types qu’il remplace par la
théorie des catégories sémantiques, il aurait quand même utilisé cette théorie pour analyser le
langage dans toutes ses dimensions), première interprétation possible, c’est l’interprétation
classique. Deuxième interprétation que j’ajoute et qui j’espère est correcte : les nouvelles catégories
sémantiques, étant de nouveaux objets, ils appartiennent à un jugt synth a priori. Ce qui m’autorise
à parler d’objet, c’est le nominalisme intégral de Les qui impose que tout ce qui est est
véritablement comme token, comme marque concrète spatio déterminé dans le temps. Et donc c’est

3
en tant qu’elle est spatio déterminée dans le temps à titre de token qu’elle simule le rôle de nouvelle
catégorie sémantique cad la création d’un nouvel objet. D’où ... on peut dire que la nouvelle
catégorie sémantique est une détermination a priori, déterminante de l’x réfléchissant de l’objet
transcend = x. Donc il y a un rapport entre les deux, mais ce n’est pas tout à fait la même chose car
dans la déf créative vous n’avez pas l’import(?) transcend. Ce qu’on cherche c’est une fondation
transcend de la logique, ce qui ne veut pas dire que la log elle-même soit transcend ; ce n’est pas la
même chose !
E quand on introduit l’axiome de l’ontologie on introduit au moins 3 choses : thèse, symbole et une
catégorie sémantique. Lesquels sont objets ?
P en fait les 3 sont des objets en tant que sont des marques qui simulent une fonction. Mais ça c’est
des objets, je dirai, des objets symboliques. Les axiomes = un peu particulier parce que les axiomes
sont organiques. Dans le cas d’un axiome, ce qui compte c’est que le signe de l’ axiome cad la
biconditionnelle dans la prototh ou l’epsilon d’éternité dans le cas de l’ontologie, fixe simplement la
catégorie sémantique dans laquelle on est cad le parenthésage adéquat qui nous indique très
précisément l’allocution propositionnelle de base cad la catégorie sémantique 1.
À l’intérieur de cela on peut produire une interprétation qui dit que non seulement il y a simulation
d’une fonction par n’importe quel symbole formel d’un axiome organique, mais que de surcroît ce
qui est défini dans la déf à partir de la catégorie sémantique de base de l’axiome, c’est un nouvel
objet, nouvel objet qui a un statut différent car, il est aussi un token comme les marques de la déf ou
de l’axiome, mais c’est un nouvel objet synth car il ne figure pas ni dans l’axiome (forcément) ni
dans le definiens (le définissant) de la déf. La question est : quelle est la nature de ce nouvel objet ?
Est-elle selmt une méthode d’analyse qui doit nous permettre d’éviter l’antinomie de Russell, ce qui
est sa première fonction ? Ou bien peut-on aller plus loin en interprétant philosophiquement le
nominalisme de Les et dire alors : qu’il s’agit en plus d’un objet au sens très concret du terme dans
la mesure où la catég sémantique nouvelle nous sert (l’image qu’on utilise tjs, c’est la bibliothèque),
se trouve dans la biblio, nous pouvons l’utiliser mais elle existe, bien que l’existence ne connote
aucune propriété, elle existe et ne peut être reprise avec un autre parenthésage. Cela veut dire
qu’une fois qu’elle est donnée à titre de nouvelle catég sémantique, on peut l’utiliser pour créer de
nouvelles catég sémantiques ; et ce qui fait la distinction entre les deux, encore une fois, c’est le
parenthésage inscrit en tant que token qui, à mon avis, délimite un objet nouveau et cet objet
nouveau est exactement ce qui correspond à la déf kantienne des objets mathématiques cad un
objet. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas et dire que Kant est un nominaliste au point de Les.
Je dis que les déf stricto sensu math chez Kant définissent des objets et que dans le cas de Les et la
log dévelop les déf définissent aussi de nouveaux objets. La question métaphy et logique qui se
pose c’est : est-ce que ces objets math tels que définit par Kant dans les déf ss, d’une part, et d’autre
part les nouveaux objets définis par les déf créatives sont du même ordre. On peut argumenter. À
mon avis, c’est du même ordre parce que je considère, il me semble que les déf créatives elles-
mêmes, en ce qu’elles sont créatives et qu’elles appartiennent au langage objet, ceci est très
important, définissent quelque chose de nouveaux de manière synthétique en posant une extériorité
au vocabulaire de base dont nous disposons, et cette extériorité est la simulation par un
parenthésage nouveau d’un nouvel objet qui est en fait la nouvelle catég sémantique. À ce titre, la
construction, et c’est ça qui est important, la nouvelle catégorie sémantique est construite et cette
construction de la nouvelle catégorie sémantique correspond très exactement à la construction de
l’objet math chez Kant. Cela signifie que la log formelle, telle que je la conçois, peut être intégrer
dans l’appareillage définitoire kantien mais non pas au titre de la log kantienne cad analytique a
priori, dont nous avons vu les particularités, bien que nous ayons vu que la log analytique a priori
créait un espace temps tout à fait particulier, et cet espace temps particulier est l’espace et le temps
dans lequel s’inscrivent les tokens ; or que sont les tokens ? Les tokens c’est précisément les

4
symboles inscrits dans l’espace et dans le temps qui nous permettent de définir moyennant
l’introduction de nouveaux signes simulant, donc ayant pour fonction de simuler quelque chose de
nouveau cad une nouvelle catég sémantique qui, si cette interprétation est correcte, est bien un objet
au sens kantien. D’où je rebondis sur la question posée : si c’est correct, alors ça correspond à une
des explications, à un des sens de l’objet transcend = x. Et donc là nous avons dégagé un espace
logique comme on l’avait vu, cet espace log est en fait l’espace de l’idéographie lesni, c’est aussi
l’espace dans lequel les tokens peuvent être inscrits, créés, construits, et le résultat de cette
construction nous donne au sens strictement kantien un jugt synth a priori dans la mesure où rien
dans la déf ne me permet d’induire récursivement, comme dit Miéville, ce que c’est que cette
nouvelle catégorie sémantique. Donc nous n’en savons rien, nous devons la construire mais nous ne
savons pas ce qu’elle est. Nous pouvons la définir et donc en fixer les limites, en fixer la
signification et le sens mais en aucun cas la déf créatives ne nous dit quelle est cette nouvelle catég
sémantique. On est pris dans un tiraillement, et comme je l’ai déjà dit : ou bien on considère les caté
sémantiques comme un outil d’analyse, mais il n’empêche que même si on les utilise comme un
outil d’analyse, nous devons les considérer en tant que telle, dès lors qu’elles sont inscrites dans
notre bibliothèque de catég sémantique, et à ce titre, étant inscrites, et c’est ça qui est important,
dans l’espace et dans le temps cad construites en tant que nouveaux membres de notre biblioth des
catég sémantiques, à ce moment là, l’obtention de ces nouvelles catég sémantiques, qui n’appartient
pas au définiens comme définiendum, nous donne un jugt synth a priori. Et donc ce qu’il fallait
démontrer cad que les déf créatives ou développementales sont effectivement des jugts synth a
priori ce qui a pour csq qu’une log kantienne formelle est possible sans contradiction et donc
qu’une fondation de la log formelle au sens de Les, principalement dans le sens contextualisé cad
spatio temporellement déterminé, est possible et dès lors on peut construire une log formelle
conformément au prescrit kantien qui n’est pas la même chose que sa philo des math, même si c’est
très proche puisqu’il s’agit de la log formelle. La différence entre la log formelle de Les, étudiée à
l’aune du kantisme et la philo des math de Kant, c’est que dans la philo des math de Kant, qui
repose sur des jugts synth a priori, il n’y a pas ce rôle de simulation par le symbole d’une fonction.
Tandis que dans la théorie de la nouvelle catég sémantique créative, les symboles jouent la fonction
d’être de nouvelles catég sémantiques pour autant que le parenthésage-token (donc inscrit) soit à
chaque fois différent, chaque fois que je définis une nouvelle catég sémantique. À ce titre je peux
appliquer mon schème, et là c’est un schème au sens kantien, schème de relativisation (cf les textes
distribués) et de stratification, qui me permettent d’emboîter les systèmes les uns dans les autres,
l’ontol dans la prototh et la méréologie dans l’ontologie et les déf créatives à l’intérieur de tous ces
systèmes cad à l’intérieur du definiens que l’on a déjà donné dans le système, qui produit
véritablement un nouveau definiendum qui est arbitraire, et ça c’est important, il est arbitraire et il
est synth; en d’autres termes je peux construire n’importe quel nouveau foncteur, n’importe quel
nouvelle catég sémantique pour autant que je respecte les règles d’intro des thèses cad les règles
d’intro des nouvelles caté sémantiques cad les thèses de déf. Ça c’est le principe. Si on parvient à
faire cela on a résolu notre problème, on a pu montrer que la création des nouvelles catég
sémantiques est effectivement synth a priori puisque je n’ai pas besoin de recours (dans cette
interprétation) à la fonction syntaxicosémantique des catégories pour construire une nouvelle catég
a priori qui de fait à le statut d’une chose, c’est un nouvel objet ; ce qui ne laisse pas de soulever
d’immenses difficultés puisque un objet ne connote aucune propriété et dénote tout objet de
l’univers, ce qui n’est pas le cas d’une catég sémantique dont le champ est beaucoup plus restreint
bien entendu. Donc parler de chose ou d’objet pour qualifier les nouvelles catég sémantiques nous
fait tomber dans un simulacre, les symboles simulent leur fonction sémantique et dans un simulacre
de simulacre, dès que nous l’hypostasions comme objet cad pour parler comme Miévielle, quand on
met cette nouvelle catég sémantique dans la bibliot de nos catég sémantiques déjà obtenus.

5
Il est évident, comme vous l’imaginez, que les catég sémantiques ne s’introduisent pas n’importe
comment. Il y a des règles extrêment stricte qui se trouve dans l’article (sur la récursivité -
idéographie)

E quand vous dites que les déf créatives sont synth a priori, est-ce qu’on peut comprendre cela
comme : elles seraient synth, donc il y a quelque chose de nouveau parce qu’elles introduisent une
nouvellle catég sémantique. Elles sont a priori parce que grâce à la biblio, l’emboîtement nous
garantit qu’elles sont tjs valable
P oui ; ce qui garantit l’a priori c’est le schème de relativisation et de stratification des thèses,
E c’est l’emboîtement des systèmes
P oui c’est l’emboîtement des systèmes
E donc elles ne seront jamais contredites, donc elles sont valables tout le temps
P c’est ça
E donc elles ont tjs été valables si on veut
P exactement oui oui
E par contre le fait que l’on veut qu’elles soient aussi des objets, ça a rapproché dans Kant quand il
disait que l’objet math sont des objets et pas des concepts
P c’est ça
E donc il faut que cela soit aussi un objert. est-ce que c’est aussi à relier au fait que c’est des
particuliers universels ?
P alors ça, ça c’est l’objection qu’on peut avancer à mon interprétation dans la mesure où le
nominalisme radical me permet de dire que les catég sémantiques sont des objets. Objets qui
logiquement sont universels selon la déf de la log comme gestion du vrai et du faux ou en ontologie.
Maintenant peut-on aller jusqu’à dire que c’est l’universel dans le singulier comme le disait Kant ?
Ça c’est un saut interprétatif que je ne ferai pas. Car chez Kant, la notion de token n’est pas bien
défini, même si l’objet math n’est pas un véritable objet chez lui, comme on l’a vu, il n’empe^che
qu’il a l’universel en lui ; or chez Les il y a deux démonstrations de l’impossibilité des universaux
et donc il serait à mon avis faux de dire que les nouvelles catég sémantiques incarnent une
universalité dans le singulier. Il n’empêche que les caté sémantiques sont bien singulières. Mais il y
a une réfutation de l’universalité. Là dire que les catég sémantiques sont des nouveaux objets, à
mon avis, c’est la limite au-delà de laquelle on ne peut pas aller dans l’inscription transcend de la
log de Les car ou sinon on retombe dans cette problématique des universaux, qui seraient valables
chez Kant mais qui ne l’est pas, me semble t’il, chez Les. Pq en définitive ? Parce que les catég
sémantiques sont des tokens qui simulent des fonctions tandis que ce n’est pas le cas chez Kant. Les
objets mah chez Kant ne simulent pas la fonction ou ne simulent pas l’être math de l’objet puisque
c’est l’universel qui a ce rôle là. À mon sens, ce serait donc la limite de l’interpré transcend de la
log de Les. La question est : est-ce que cela invalide la thèse que j’avance (que les déf créatives sont
synth a priori) ? À mon avis non car on a les caractéristiques des jugts synth a priori, mais comme
j’ai dit, il y a une différence entre les jugts math chez Kant et les jugts logiques, quasi kantiens,
lesniews, différence dans la mesure où précisément, dans le cadre des objets math, il y a cette
universalité dans le singulier qui ne se trouve pas chez Les. Il y a conflit d’interprétation sur ce
point. Hintikka dit que la philo des math de Kant correspond très exactement à ce que nous
entendons pas logique. Si il a raison, à ce moment là on peut réintroduire l’universalité dans le
singulier chez Les mais tout en ayant en mémoire que Les le refuse. Donc ce serait une
interprétation possible mais cela ne serait pas du lesniewskisme stricto sensu. Je suis plus prudent et
tente de rester à la lettre de Les, pour moi la limite c’est l’universalité. Mais néanmoins il y a une
universalité quand même puisque nous avons des jugts synth a priori cad universel mais qui sont
variables, et c’est ça qui est intéressant, variables en fonction des nouvelles caté sémant, chaque fois

6
introduites dans la biblio, et qui une fois posées, sont universellement valides puisque le but de ces
systèmes emboîtés est quand même de produire des tautologies ; ce sont des systèmes logiques !
C’est donc de produire des thèses et des théorèmes qui sont des tautologies cad des prop analy a
priori. Donc la spécificité des déf créatives : elles sont synth et pas analytiques car tout simplement
parce qu’elles permettent d’introduire dans le definiendum (ce qu’il faut définir) un nouvel objet
qui simule une fonction d’analyse logique, syntaxicosémantique du langage mais qui en tant que tel,
en tant que quasi chose, parce qu’on ne peut pas parler à proprement dit de chose, est un token,
donc une marque spatiotemporellement déterminé qui a une fonction cad la fonction d’expansion du
système logique par emboîtement et la règle de l’emboîtement est un schème déterminant, et là on
rejoint le problème de l’objet transcend = x. Mais il est clair que la question de Sébastien est
pertinente : l’universalité a un autre sens chez Les et chez Kant. Chez Les l’universalité a le sens
d’un système logique qui produit des tautologies, tandis que chez Kant l’universalité math, d’abord,
c’est l’universalité d’un jugt et ce jugt ouvre à l’universalité dans le singulier cad dans un objet, or
pour Les, il n’y a aucun objet universel, ça c’est clair. Il peut y avoir des objets partagés mais dans
le cadre des catég sémantiques, on ne voit pas très bien ce que cela pourrait signifier ; il y a des
objets partagés cad des noms partagés qui permettent l’anlyse syntaxicosémantique du langage tel
qu’il se présente à nous, que ce soit lang logique ou vernaculaire, mais qui d’un autre côté, terme
partagé ou objet partagé qui ne sont pas des objets universels justement. Donc la question de
l’universalité, si mon interprétation est correcte, est à déplacé de la question de l’objet chez Kant, à
la question du jgt synth a priori chez Les. Notez que chez Kant également, les déf math en tant
qu’elles sont synth a priori contiennent également la nécessité de l’a priori ;
mais il y a une double nécessité dans ces jugts dans la mesure où nous avons d’une part la nécessité
de l’a priori de la déf et d’autre part la nécessité de l’objet cad du definiendum de la déf cad l’objet
math. Chez Les nous n’avons qu’un type d’universalité, c’est l’universalité a priori synth de la déf;
donc il y a des modifications, le but n’est pas de coller absolument Lesn à Kant. L’option = montrer
qu’il y a une fondation transcend, au sens kantien, possible, de la log, en l’occurrence de la log
spatiotemporalisée comme celle de Les. On peut aller plus loin dans le néologicisme lesniews qui se
rapproche là très fort des jugts synth a priori de Kant, sauf que ils sont analytiques ; donc là on
revient au début du cours et à l’ambiguïté de ces jugts analytiques chez Kant ; qui dit analyse dit
synthèse qui implique quand même la création du temps, le remplissement du temps ; et cela nous
le trouvons à tout les niveaux chez Lesn, que ce soit dans la position des axiomes organiques, des
déf créatives, des thèses et des théorèmes, de l’emboîtement des systèmes les uns dans les autres en
fonction du schème de relativisation et de stratification des systèmes. Ma thèse et là je suis sûr de
mon coup, c’est que ces deux schèmes sont des schèmes déterminants au sens kantien, qu’ils sont a
priori, synth et correspondent très justement à ce que Kant appelle l’imagination transcend.
Évidemment Lesn ne fait pas une théorie de la connaissance, il ne parle pas d’imag transcend mais
bien au contraire d’intention phénoménologique de signification. Un autre cours à faire : voir ce
qu’il entend exactement (il dit rien là dessus) par intention phénomé de signif d’une part, et de
l’autre fondation transcend dans l’imagination trancend déterminante et pas réfléchissante. Ce qui
est intéressant est de savoir si la position de la nouvelle catég sémantique dans la biblio des catég
sémantiques dont on dispose, si cette création, construction, est réfléchissante ou déterminante. Ça
c’est un problème, car si on applique le schème de stratification et de relativisation, c’est
nécessairement déterminant, mais je dirai que c’est formellement déterminant, et là, nous sommes
fort proche de l’objet transcend = x, tandis que la détermination de l’x en tant que nouvelle
catégorie sémantique est réfléchissante cad qu’il faut l’inventer ; il faut l’inventer, et contrairement
à Kant mais chez Les, il faut l’inventer et à l’infini. Il y a une infinité de nouvelles catégories
sémantiques, infinité en puissance et pas en acte, donc le cardinal de l’ensemble des caté
sémantiques im(?)prédicatives n’est pas = à l’(? Infini ? )0, c’est un infini en puissance ce qui mène

7
à la csq suivante : il n’y a aucun théorème non prouvé d’un système formel ce qui permet d’éviter
les théorèmes d’incomplétude de Gödel et de Tarski ; sauf dans la protothé où il y a une
démonstration d’incomplétude faite par Kanti (?) qui soulève des problèmes d’interprétation
considérable parce que : comment inscrire, emboîter un système ontol comme celle de Lesn dans un
système incomplet qui est celui de la protoht ? Cela soulève des problèmes de métalogi
extrêmement complexe puisque d’autre part la consistance de l’ontol et de la prototh ont été
démontré (et dès que c’est démontré c’est démontré!) ;

Donc différence et similitude certes, mais à mon avis dans le projet d’une fondation transcend d’une
logique pure, comme disait frege, l’analogon de la pensée pure, donc l’inscription de la pensée pure
dans l’espace et dans le temps, est tout à fait conforme à une vision kantienne, non pas de la log au
sens où lui l’entend, non pas tant des math au sens où lui l’entend, mais d’un nouvel espace dans
lequel une autre logique est possible, qui ne contredise pas au principe des jugts synth a priori et il
me semble que la log de Les, surtout dans la théorie des déf remplie cette fonction.

E Kant donne aussi des structures qui permettent d’inventer des nouveaux objets ad vitam eternam
Si un objet répond aux critères de quantité, qualité, relation et qu’il est possible ou nécessaire, cet
objet, dans le temps, existe.
P ce qui existe, ce n’est pas l’objet, c’est l’expérience de l’objet et l’objet d’expérience.
E mais il a quand même donné les structures pour qu’on puisse faire des expériences à l’infini
P oui dans les limites des postulats de la pensé en général
E Lesn donne aussi des limites
P c’est plus compliqué parce que Les donne des règles a priori analytique. Il ne faut pas oublier que
c’est de la logique. Toutes les démonstrations se font par déduction naturelle cad d’une manière
purement analytique. Donc il y a un jeu chez Les entre synth et analyt, entre le temps et l’absence
de temps et la création du temps et le remplissement du temps, qui correspondent très exactement à
la schématisation architectonique, en fait, kantienne, mais qui ne fonctionne pas de la même
manière que chez Kant. Il ne faut pas oublier que le questionnement logique chez Kant est placé
sous l’égide de la catég de la modalité qui est la plus compliquée car elle est semi-régulatrice, qui
nous donne précisément les conditions de possibilité de l’objet d’expérience eu égard aux
conditions de possib de l’expérience de l’objet. Là il n’y a pas de contre indication kantienne sinon
que il faut étendre les postulats de la pensée empirique en général à l’a priori analytique de la
démonstration logique ; ce qui n’est pas insurmontable dans la mesure où la déduction naturelle
purement analytique répond comme le dit Kant, au principe de non contradiction du tiers exclu et
d’identité. Maintenant va se poser un problème technique difficile à résoudre : précisément Lesn ne
reconnaît pas la validité du principe du tiers-exclu. Si par ex je dis «5 est rouge ou 5 n’est pas
rouge» ces deux propo sont fausses, or par subcontrariété elles ne peuvent pas être fausses en même
temps et donc le principe métalinguistique de bivalence ou du lang-objet du tiers-exclu est invalide.
Là difficulté majeure car Kant dit bien que le tiers-exclu est valide comme la non contradiction.
Donc comment comprendre le non respect du tiers-exclu chez Les, à mon avis, c’est en faisant de
l’hyper kantisme cad en allant plus loinque ce Kant a fait lui-même en utilisant son matériel cad en
disant : les thèses et théorèmes obtenus analytiquement dans un système comme celui de l’ontol ou
de la prototh sont des thèses spatiotemporellement déterminés ; c’est la spatiotemporalité cad c’est
l’intuition formelle qui est là en jeu, comme l’ont montré les intuitionnistes au sens math du terme,
qui fait que le principe du tiers exclu n’est pas valide. C’est parce qu’il y a précisément inscription
dans l’espace et dans le temps. Donc si je dis «5 est un objet» (et on ne peut pas dire cela chez Les
car un objet ne connote aucune propriété) et je lui attribue quelque chose par inhérence, ce jugt est
faux ; j’ai un autre jugt qui est faux ; eh bien, ces deux jugts sont faux, parce que leur inscription

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spatiotemporel est impossible et donc le principe du tiers exclu est lui aussi invalidé. Donc c’est en
prenant l’intuition comme intuition formelle chez Kant, intuition que l’on prend à la lettre, que l’on
peut invalider le principe du tiers exclu, avec cette autre limite que celle soulevée de l’universalité
(cf plus haut) = principe du tiers exclu que Kant reconnaît et que Les ne reconnaît pas. Donc deux
contreforts qui balisent le champ de l’interprétation lesni -kantienne.
Pas imple à comprendre car il faut pousser l’intuition formelle dans son dernier retranchement ;
rappelez vous que l’intuition formelle était la forme d’une matière et c’est cette matière qui était
l’espace et le temps que l’on avait mis en évidence, c’est cette matière précisémnt qui permet
d’invalider le princ du tiers-exclu ; mais il n’empêche : s’il y a matière, il y a forme et donc si il y a
invalidation du princ du tiers exclu dans la matière de l’intuition formelle, il faut que l’on retrouve
cette invalidation dans l’intuition formelle et a fotiori dans les lois de l’entendement et là on est
confronté à un problème d’interprétation kantienne. Car lui reconnaît les 3 gds principes comme
étant sans exception. On peut tjs jouer, et c’est ce que je fais, entre le principe de bivalence et le
princi du tiers exclu cad le princ métalinguistique de bivalence qui serait, lui, conservé par Lesn, et
d’autre part, l’invalidation du princ du tiers exclu. Logiquement cela pose un problème : comment
rendre l’invalidation du tiers exclu compatible avec la bivalence métalinguistique que Kant
reconnaît aussi, même si Kant ne fait pas la différence entre langage-objet et métalangage : c’est
Les lui-même qui va introduire cette différence dans l’histoire de la logique.
Ce que je vise c’est une fondation, je ne dis pas que la log de Les est une logique kantienne,
généralement dans mes écrits je dis qu’elle est quasi kantienne, elle n’est pas incompatible mais ce
n’est pas Kant non plus. Dans le cours on a vu beaucoup de points interprétatifs possibles, mais la
log que Kant a mis en évidence, on ne peut pas dire que l’ontol et la prototh sont des log
kantiennes ; non ! Elles sont compatibles et fondées transcend dans la philo kantienne mais ne sont
pas la log de Kant au sens où il l’entendait même si la log de Kant qui est purement analytique
comprenait la mise en évidence de cet espace-temps qui lui est bien le lieu et le moment où
s’inscrivent les différentes thèses, axiomes, déf et théorèmes de la log de Les, qui sont purement
anamytique, sauf dans leurs opérateurs, et la construction des catég sémantiques qui échappent à
l’analytique. Si vous voulez donc : le remplissement du temps et la création du temps chez Les se
fait par la création et la construction de nouvelles catég sémantiques, ce qui est la clé de voûte de
tout le système de Les.

E : quand on démontre que la sommes des angles d’un triangle = 180 degrés. Chez Kant on dira que
dans ce que l’on a inscrit au tableau, il y a un singulier, un token, en fait, : il y a universel. Lesn
dira : ce que l’on a fait là, le token, simule une fonction d’expansion du triangle.
P c’est ça
E : ainsi Les,lui, pense avec du temps, temps de l’expansion alors que Kant a hypostasié cette
expansion en un moment qui est universel. C’est comme cela que l’on peut comparer les deux ?
P oui tout à fait, pour autant que l’intuition formelle soit subsumée, comme dit Kant, sous la
création du temps cad de l’universalité. Donc il y a un jugt réfléchissant qui doit être fait ; donc
c’est ce que je disai : la forme de l’intuition formelle doit pouvoir devenir de manière réfléchissante
l’objet du schème, de la création et du remplissement du temps, condition pour que l’universel soit
appliqué (‘Anwendung’) à l’objet triangle comme figure à trois côtés.
E vous disiez schème de stratification et de relativisation. Ps ne dit-on pas règle ?
P pour deux raisons. La première parce que l’on conserve le terme de règle pour les déf de Luka,
cad des déf non créatives. C’est une convention. On oppose la notion de règle et la notion de thèse.
D’autre part parce que il y a des règles qui sont en fait les directives de constructions des sytèmes
qui sont données dans le métalangage de Les. Maintenant il est évident que le schématisme
transcend est la production de règles de détermination de l’espace et du temps en fonction de

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concepts. Donc il n’est pas faux de parler de règles dans le cadre kantien mais dans le cadre de Les,
ce mot a un sens très précis
E parce que les règles que l’on utilise pour créer de nouvelles déf, quelque part elles garantissent la
stratification.
P bien sûr; d’ailleurs la stratification, c’est une explication terminologique, c’est le métalangange 32
et 33 qui fixe la manière dont on va pouvoir inscrire les nouvelles déf, et comment on va pouvoir
inscrire les nouvelles déf dans l’emboîtement des systèmes. la clé, pour Les, c’est que le système se
développe comme cela à l’infini, c’est assez extraordinaire, on peut créer tout ce que l’on veut, du
moment qu’on suive les règles et ce à l’infini. Il n’y a aucun système logique infinitiste, au sens
classique en tout cas, potentiel, sinon celui de Les. C’est prodigieux parce que Kant dit lui-même
que la math est infini, que les jugts math sont infinis. Autre cours possible : voir la théorie du jugt
kantien notamment la théorie des jugts infinis dans la déduction métaphys. Développement possible
de la thèse que je vous soumets.

J’attends vos objections maintenant !!


E ps ne pourrait-on pas dire que l’univers est un objet ?
P deux réponses. La première réponse : l’univers c’est l’univers des manières d’en parler. Cf
neutralité ontol forte. 2 : on pourrait se demander : oui mais nous sommes bien dans l’univers, dans
un des mondes possibles bien qu’il n’y ait pas de logique des mondes possibles chez Les. Mais la
question de l’univers dans lequel nous nous trouvons est une question extralogique cad que la log
n’a pas le pouvoir de rendre compte de cet univers sinon dans des quasi-objets cad que la gestion du
distributif du U de l’univers de la prototh n’est pas le même que la génération de l’U synth de
l’ontol. Donc il y a une gradation dans les univers chez Les, mais sur ce thème, il n’a rien dit du
tout ou à peu près : il a juste donné la déf proto de l’univers ; ce qui est certain, c’est qu’on peut déf
la question de l’univers mais la question de savoir si l’univers dans lequel nous sommes existe est
une question qui n’appartient pas à la logique, tout simplemement parce que la question de
l’existence n’est pas un prédicat du premier ordre mais de second ordre cad qu’il quantifie sur des
propriétés cad une propriété de propriété comme déjà Frege l’avait mis en évidence. Il faut ajouter à
cela que l’on n’a pas chez Les une philo des mondes possibles. Pq ? Précisément parce que les
systèmes fonctionnent pas intuisuception (?), se déploient par intuisusception, et donc on n’a pas
besoin de mondes possibles puisque tous les mondes possibles sont déjà là, il suffit de les
construire. La question de l’acte du monde possible dans lequel nous nous trouvons n’appartient pas
à ce questionnement logique. C’est très particulier puisque comme c’est un nominalisme radical,
nous sommes vraiment au niveau le plus concret, donc au niveau des tokens, des marques écrites
dans l’espace et dans le temps, et en même temps, nous sommes au niveau le plus abstrait dans les
directives, les règles de construction des différentes thèses à l’intérieur du système, et ce, avec la
caractéristique supplémentaire que l’on ne peut pas abstraire, comme déjà chez Frege, le langage
des catégories sémantiques du langage ordinaire car si on pouvait abstraire la grammaire des catég
sémantiques de la grammaire ordinaire, nous postulerions l’existence d’un univers, ce que nous ne
pouvons pas faire, nous n’en savons strictement rien. Pq ? Parce que c’est une question
extralogique, ce qui ne laisse pas de soulever d’immenses problèmes : à savoir : quel est le statut de
cet extra logique par rapport aux logique dans lequel nous sommes cad ontol et prototh. Ex : la
méréologie, quelle est son statut ? Est-elle une logiq extralogique ou bien fait-elle partie de l’ontol ;
il y a conflit d’interprétation : les ontologues contemporains considèrent que la méréologie est une
expansion de l’ontol mais chez Les, ce n’est pas le cas. Luschei le montre très bien : la méréologie
est un système extra logique, donc qui n’appartient pas à l’emboîtement des systèmes. Maintenant il
y a une petite phrase assassine chez Luschei (un des plus grands commentateurs, un peu vielli..) : il

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dit que moyennant quelques aménagements faciles, il serait possible d’appliquer les règles du
métalangage de Les (proto et ontol) à la méréologie. Mais il n’a jamais produit ces règles soi-disant
faciles et personne ne les a jamais produites ! Travail à faire mais il n’est pas certain que cela soit
possible.

E on parlait de la contradiction possible. Est-ce que c’est possible d’ajouter une nouvelle déf dont le
développement arrive à des thèses contraires ?
P c’est techniquement impossible parce qu’il y a le schème de relativisation et d’emboîtement, il y a
la stratification qui joue, qui en fait, empêche la production de thèses contradictoire à l’intérieur du
même système.
E mais quand vous disiez qu’il accepte la contradiction, alors qu’est-ce que ça veut dire ? Il ne le
pose pas mais son emboîtement....
P il le construit mais il faut pas oublier que la construction se fait au moyen d’un foncteur S/SS de
biconditionnelle et que dès que tu as un terme vide ou fictif d’un côté (dans le rien par ex, la
contradiction absolue), les deux termes sont faux ce qui donne du vrai, en fonction de la table de
vérité du biconditionnelle tout simplement. Donc la propo sera vrai bien qu’elle utilise des termes
faux. Et donc il n’y a pas vraiment de contradiction puisque nous sommes tjs dans le vrai, et donc le
princ de bivalence est respectée et donc on peut continuer.

E mais c’est nous qui créons ces règles, ce n’est pas le système qui les crée.
P en fait si. Rappelez vous ce qu’on a vu avec la déf de la pragmatique. Certains commentateurs,
dont Vernant, disent que le repli pragmatique a lieu dans la position des hypothèses dans les
démonstrations par déduction naturelle. Je ne suis pas sûr qu’il a raison. En fait je pense même qu’il
a tort. En ce sens que dans la déduction naturelle tu n’as même plus cette position d’un sujet logique
universelle comme chez Russell (et peut-être chez frege quoique chez lui c’est plus compliqué) ;
chez Lesn il y a une dépsychologisation absolue du sujet et donc les thèses, par automatisme je
dirai, s’emboîtent, sauf dans un cas, c’est dans les déf créatives. Alors est-ce que c’est un sujet qui
crée une nouvelle déf créatives et donc une nouvelle catég sémantiques ? Ce n’est pas certain. Les
dit qu’il y a une intention phénoménologique de signification. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’en
dit strictement rien. Là il faut chercher. D’autre part, il y a le fait que le schème de relativisation et
de stratification des systèmes a une autonomie, et cette autonomie s’applique également aux déf car
les déf créatives sont des thèses du système donc elles ne sont pas métalinguistique, elles
appartiennent au lang-objet. Donc on peut dire, et c’est très troublant, qu’on aurait une espèce
d’automaticité de production des systèmes les uns à partir des autres, avec intervention, dès lors
qu’on pose une déf créative, ce que l’on fait tout le temps ; justement puisque c’est la position des
déf créatives qui permet l’expansion du système, à la différence de chez Russell.
E on pourrait comparer ça à un programme ? (ex d’un virus informatique)
P oui pour l’autogénération des thèses, déploiement sans fin et ce de manière analytique puisque
c’est par déduction naturelle (ou autre méthode déductive). Mais la grande différence c’est que le
virus tu le retrouves partout tandis que la catégorie sémantique elle est à un niveau et pas à un autre.
Donc il est impossible qu’une catég sémantique voyage dans le système. On peut l’utiliser mais tjs
dans le même sens et au même niveau sémantique. Mais n’enpêche qu’elle est sémantique donc elle
a du sens.
E le virus a été posé, il a été créé il ne s’est pas créé, donc moment synth au moment où on l’a posé,
on l’a posé et puis il est parti, donc ce n’est que le déploiement du virus
P oui c’est ça ok

E : émulation d’un Mac dans un PC !!!

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P toutes les thèses ne sont pas créatives, il n’y a que les déf qui sont créatives. Donc c’est pas sûr
qu’on puisse faire émerger la totalité d’un système ;;;
À partir d’une déf créative, tu peux construire un nouveau système de l’ontologie, c’est ce que l’on
fait tout le temps, (ou de la prototh, c’est ce que l’on fait tout le temps).
On dit qu’il y a une inscription nécessaire de l’ontol dans la prototh, il y a une priorité proto à
l’ontol, mais d’un autre côté, le métalangage de lontol contient totalement le métalang de la prototh
et donc l’ontolo contient, comprend la prototh. Donc ça va dans les deux sens, d’une part il y a une
fondation prototh de l’ontol mais d’autre part on peux dire que toute ontologie partielle cad tout
système, moyennnant axiome et déf de l’ontolo, contient la totalité de la prototh car le métalangage
(attention, pas le lang objet) sollicitée pour la création de cette ontolo partielle mobilise la totalité
du métalang et donc de l’axiomatique de la protot.
E : mobilise ou requiert ?
Le métalangage se construit à partir des axiomes de la prototh donc elle requiert, elle est nécessaire,
bien sûr, mais ce qui est important, c’est qu’elle mobilise le schème de stratification. Il faut pas
oublier que la clé, c’est la schématisation qui est en fait la schématisation arhcitectonique des
systèmes de Lesn. Pour moi la clé, c’est explic term 32 et 33 qui fixe les schèmes de stratification et
de relativisation, qui ne sont justement pas automatique. Là il y a un acte à poser, qui est la création
elle-même, même si cette création est a priori etc.

E que doit-on retenir concernant le jugt déterminant et le jugt réfléchissant ?


P : ce que Kant en dit : les jugts déterminants sont des jugts où l’application des concepts se fait par
la schématisation sur les objets d’expérience et expérience de l’objet. Tandis que le jugt
réfléchissant est un jugt sans concept, donc il faut trouver le concept, tandis que dans le jugt
déterminant le concept est donné.
Les schèmes de Lesn, ce que j’interprète comme étant les schèmes de Lesn sont des schèmes
déterminants puisque c’est à partir d’une thèse que l’on produit une autre thèse. Donc nous avons
tout notre matériel, donc il détermine la production d’une autre thèse. Exception : les déf créatives
E peut-on rapprocher cela de l’induction et de la déduction ?
P c’est délicat parce que comme il n’y a pas de log apophantique chez Kant, il est très difficile de
parler d’induction et de déduction des jgts. Il y a une déduction transcend mais cela a un autre
statut. Certains ont fait des rapprochements entre les jugts réfléchissants et l’induction mais cela ne
marche pas par ex dans la loi de l’induction math, qui pour Kant est déterminante et donc déductive
et non inductive.

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Question sur l’unité originairement synth de l’aperception et le schématisme :
P : C’est un des points les plus complexes de la crp. Dans le chap du schématisme transc cad le
chapitre qui inaugure l’analytique des principes, K met en évidence des êtres, des entités si vous
voulez, entités imaginaires, qui sont le produit de l’imag productrice (parce qu’il distingue 2 types
d’imag : l’imag productrice et l’imag reproductrice) et qui sont en fait, pour reprendre ses termes, la
représentation intermédiaire entre l’intuition pure (espace et temps)d’une part et d’autre part les
concepts purs de l’entendement. Il faut faire très attention parce que dans ce chapitre K nous montre
le schématisme que à l’oeuvre comme détermination a priori du temps. Mais comme nous l’avons
vu déjà longuement, on ne peut pas dissocier le temps et l’espace, et donc, comme l’indique
d’ailleurs son exemple, il s’agit d’une détermination a priori du temps et de l’espace, ce qui veut
dire pour nous, si je racroche au cours, que le schème de la quantité et le schème de la qualité, qui
sont les deux schèmes math (les deux autres, relation et modalité, étant physiques) sont en fait la
création du temps et la création des nombres dans l’homogène.
Cela veut dire que nous sommes en possession ( cela serait trop compliqué et surtout trop long
d’expliquer d’où viennent les catégories), qu’il y a des catégories, des concepts purs a priori de
l’entendement qui doivent s’appliquer (Anwendung) à l’intuition pure cad l’espace et le temps,
pour, et c’est ça qui est génial : le schème de la qualité c’est carrément la création du temps ;
donc puisqu’il y a une corrélation, nécessaire je dirai, entre l’espace et le temps, il s’agit donc
également de la création de l’espace. Ce qui veut dire qu’un jugt synth a priori (= problème très
compliqué, pas vraiment le temps de le voir en détail) est un jugt qui applique (Anwenden,
application - terme très important), de la Darstellung (la présentation) et non de la Vorstellung(la
représentation) ; donc la darstellung du concept dans l’espace et dans le temps. Donc cela c’est pour
le schématisme.
Donc qu’est-ce qu’un jugt synth a priori ? C’est l’application d’un concept pur de l’entendement
aux formes de l’intuition par la création et le remplissement du temps, et de l’espace bien entendu.
Attention : on représente, et c’est une erreur, généralement les facultés kantiennes comme étant
l’entendement, l’imagination, la sensibilité. C’est radicalement faux ! Ce n’est pas comme cela que
ça marche. En fait, si je devais donner une représentation imagée du schématisme transcend, je
dirai : plutôt que de dire qu’il s’agit de représentation verticale, bien au contraire, il s’agit d’une
représentation horizontale cad que l’unité originairement synthétique de l’aperception, par la
création et le remplissement du temps - occupe ce que Heidegger appelle l’Umwelt, puisque
l’intuition pure est un rien, c’est une intuition pure sans concept - qui balise l’espace et le temps
dans lequel nous vivons. = interprétation géniale de Heidegger (dans le Kantbuch 29).
Cette interprétation est controversée, et il est vrai qu’il y a des textes de Kant où il parle bien de
représentation intermédiaire, et il cite l’exemple de l’assiette. Ex qui n’est pas facile à comprendre :
il dit : vous prenez une assiette et vous appliquez le concept de circularité à quelque chose qui est
donnée dans l’espace et dans le temps cad une assiette. Le problème est le suivant : c’est qu’une
assiette est un concept ou un objet empirique tandis que la circularité est un concept géométrique et
donc l’application d’un concept géométrique à un concept empirique ne va pas du tout de soi mais
mobilise néanmoins le schématisme transcend puisqu’il s’agit de la création et du remplissement du
temps au sens géométrique du terme. Mais c’est interprétatif et je vous dis que le schématisme
transcend, cela fait 4 pages ou 5, c’est très bref et il n’en dit pas grand chose, il en dit beaucoup plus
dans les secondes analogies de l’expérience.

Maintenant la synthèse dans la déduction transcend c’est un tout autre problème qui est beaucoup
plus compliqué. En fait il s’agit de poser la question de jure, du droit : comment, de droit, les
concepts purs de l’entendement peuvent s’appliquer à des intuitions pures. Il s’agit (et si je reprends
mes représentations horizontales et verticales) : on peut dire que la déduction transcend est une

1
déduction de jure qui serait verticale, et qui mobilise, ... et selon la première ou la seconde édition
cela change : dans la première édition, il distingue trois types de synthèses qui doivent nous mener
aux concepts purs de l’entendement, ce qui est le but de la déduction. Dans la seconde édition Kant
ne mobilise plus qu’une seule imagination, qui est l’imagination productrice. Le problème, alors, est
qu’il utilise le même terme, imagination productrice, à la fois pour (Einbildung schraft ?) dans le
schématisme et en même temps dans la déduction trancend, mais le sens est différent ; cela
complique les choses : dans la déduction il s’agit de montrer comment de droit les concepts purs de
l’entendement peuvent s’appliquer aux formes pures et a priori de la sensibilité, tandis que le
schématisme transcend, dans cette vision horizontale, est carrément la création et le remplissement
du temps cad la projection de l’x indéterminé qui est l’expérience en tant que telle. Vous noterez
que dans la seconde édition (et là il faut bien distinguer les éditions) de la déduction transcend, le
concept de l’objet transcend = x disparaît ; il disparaît parce que ce n’est plus son objet. Tandis que
dans la première édition il y est encore question puisque là il s’agit de la synthèse du temps qui doit
nous fournir les concepts purs a priori de la sensibilité et vice versa puisque c’est une question de
jure. Donc il faut bien comprendre qu’il s’agit de deux problèmes différents. Très complexe.

Mais cela doit nous permettre de comprendre les jugts synth a priori qui eux nécessitent le
schématisme transcend cad la production de l’imag produc de la Darstellung cad de la présentation
du concept dans l’intuition pure. Si nous parvenons à montrer (c’est de là qu’on est parti et c’est là
qu’on va arriver) que un tel jugt est possible en logique, alors on aura montré que les déf créatives
sont en fait des jugts synth a priori et sont donc compatibles avec la philo kantienne de la logique.
Attention philo kantienne de la logique qui n’est pas la philo kantienne de la log pure analytique et
vide, qui n’est pas non plus la philo des math comme le soutient Hintikka, mais qui est une
troisième logique, un troisième espace que j’ai appelé la log quasi kant, qui est donc une log
formelle, celle de Lesn, qui est compatible à la fois avec l’intuition pure, la détermination du temps
et de l’espace et la créativité d’êtres nouveaux que sont les déf cad les definiendum, les termes
définis.
Pour répondre à notre question des jugts synth a priori, on sait que les nouvelles catég sémantiques
(on va pas entrer dans la grammaire des catég sémantiques c’est un autre problème) sont des objets.
Et si on parvient à montrer que les catég sémantiques sont des objets, donc indépendants (puisque
les thèses sont organiques) de la partie définitoire du definiens. Donc s’il n’y a aucun rapport entre
le definiens de la déf et le definiendum de la déf, à ce moment là on peut montrer que l’objet qu’est
la catég sémantique est un objet qui appartient au definiendum qui n’était pas constitué en aucun
cas dans le definiens et est donc synth a priori : c’est un nouvel objet.
Or il se fait que Les a produit deux démonstrations de l’impossibilité des termes abstraits. Ceci nous
intéresse particulièrement car si on le suit dans ses démonstrations on en arrive à la conclusion que :
puisqu’il n’y a pas de terme abstrait, puisqu’il n’y a pas de termes généraux, il n’y a que des objets
concrets et ces objets concrets sont justement les catég sémantiques.
Ces objets construits sont ce qui nous permet d’introduire de nouveaux termes qui sont les catég
sémantiques cad à la fois les types logiques au sens russellien du terme (cf la théorie des types) et à
la différence de chez Russell, c’est que chez Russell, les types sont de simples fictions (puisque les
classes sont des fictions) tandis que chez Les, qui est beaucoup plus radical que russell car il est
d’un nominalisme absolu, les types ne peuvent être que des objets concrets. Et les objets concrets
sont les catég sémantiques qui elles à la fois structurent le langage, ça c’est leur fonction syntaxique
(qu’on ne verra pas) et d’un autre côté dès lors qu’elles sont comprises dans la biblio (rappelez-
vous : dans la biblio de nos catég sémant parenthésées ; c’est important parce qu’il existe une
démonstration de la complétude de la prototh à partir de la propriété de parité et d’équiformité), les
objets que sont les catég sémantiques ont une indépendance par rapport à la structure syntaxique du

2
langage (Les le dit explicitement puisqu’il nous dit que même s’il n’avait pas voulu syntaxiquement
prouvé la structure syntaxique du langage il aurait quand même introduit ses catég sémantiques).
Cela veut dire que les catég sémant débordent dans leur fonction largement la syntaxe catégorielle
(la syntaxique du langage) et ouvre à la possibilité de nouveaux objets, objets qui ne sont pas
donnés par le definiens mais qui sont donnés par le definiendum, et là nous avons nos catég sémant
et dès qu’on les a cad en fait des expressions, quelles qu’elles soient (cela peut être des foncteurs, il
y a une infinité d’expressions possibles, il y a un infini potentiel), du moment que les parenthèses
(la propriété de parité est tout à fait fondamental), si j’ai des parenthèses chaque fois différentes
pour n’importe quel objet que je crée, j’ai une nouvelle, un nouveau définiendum, donc j’ai un
nouvel objet qui n’était pas compris dans le definiens qui permet de le définir. Ainsi j’ai défini un
objet qui ne peut pas être un objet abstrait, qui ne peut pas non plus être un objet obtenu, .. par ex le
triangle, les philo parlent tjs de cet ex ; il (?K et Lesn) parle bien du triangle générique mais ce
triangle générique est un objet pour le géomètre.

E en quoi les catég sémantiques sont des objets, qu’entend-on par objet ? Et le rapport avec objet
chez Kant

On a des types logiques chez Russell qui sont des fictions ; cela veut dire qu’ils n’appartiennent pas
à l’ontologie (pour faire court !)
Chez Lesn, les types logiques ont deux fonctions, et il les appelle «catégories sémantiques». C’est
d’une part la syntaxe catégorielle (et ça on ne s’en occupe pas pour ce cours, cf l’article distribuée
sur les méthodes constructivistes) et d’autre part les catégories sémantiques sont de nouveaux objets
qui sont définis à l’intérieur du système (que ce soit la proto ou l’ontol) et ont donc une réalité non
abstraite qui est le definiendum de la déf créative et qui n’est donc pas compris dans le definiens.
Ceci montre le caractère créatif de la définition. (il faudrait faire intervenir le métathéorème de
Lindenbaum mais c’est compliqué ; retenez qu’il y a un théorème qui dit que le fait qu’une déf n’est
pas comprise dans le definiens est en fait la caractéristique d’une déf créative ; c’est ce qu’on
appelle le métathéorème de Lindenbaum (école polonaise, disciple de Lesn et de Luka, tué par les
nazis)
Donc d’une part nous avons la grammaire catégorielle, d’autre part nous avons les objets et ces
objets sont des objets concrets. Et comment va t’on les distinguer, il n’y a pas de terme abstrait
puisque nous sommes dans un nominalisme absolu ? Les objets concrets peuvent être identifiés par
la règle de parenthésage et d’équiformité, ce qui est en fait très simple mais il fallait y penser : si
j’utilise ces parenthèses ( ) je suis à la catég sémantique 1. Si j’utilise cette parenthèse ^ ^1 j’aurai
mon objet 2. Ce qui est important à comprendre c’est que c’est la forme des parenthèses, que j’ai
dans ma bibliothèque des catég sémantiques, qui défini la catég sémantique à l’intérieur de laquelle
je peux définir n’importe quel être logique. C’est cela qui est fondamental. Rappelez vous en
logique classique standard, j’ai 16 opérateurs binaires ou dyadiques et j’en ai pas un de plus, chez
Les il y en a une infinité (infini potentiel) pour autant que j’ai à ma disposition une infinité de
parenthèse qui me permettent d’identifier les catég sémantiques. Ceci est fondamental ! Est-ce que
c’est clair ?

E dans l’axiome de l’ontologie, les déf récursives et donc la caté sémant déjà posée ?
P là il y a un conflit d’interprétation. En principe chez Les les déf ne sont pas récursives pour cette
raison là. On considère qu’elles sont créatives (bien entendu) mais sans récursivité. Cela demande
d’entrer dans des subtilités. Le problème de la récursivité est un problème courant. On dit qu’en dit

1 suffit de mettre ces symboles horizontalement et vous aurez ce que Peeters a dessiné ...
3
log standard les déf sont toutes récursives. En log non standard on pourra dire que les déf créatives,
parce qu’elles sont créatives cad parce que le definiendum ne se trouve nulle part, on l’a inventé, on
l’a créé, on ne peut pas construire une déf créative à partir de rien. Ce rien n’est pas n’importe quoi,
ce rien est nécessairement un objet mais un objet qui sera par ex un triangle, mais pas le triangle
abstrait ni le triangle caractéristique (isocèle, scalène, rectangle..) ce sera le triangle dont le
mathématicien connaît les propriétés et qui pour nous est un objet qu’on crée. Si vous vous rappelez
la théorie kantienne des déf des triangles, l’universel dans le singulier, c’est exactement ce que nous
avons ici cad un objet qu’on crée, donc indépendant de toutes les propriétés ( propriété de ne pas
posséder cad isocèle, scalaine, rectangle, etc) il me reste quoi ? Il me reste le triangle, triangle que
le géomètre comprend immédiatement et sur lequel il travaille et qui est un objet concret. Si ce
triangle est un objet concret et que les démonstrations de Les sont correctes (et elles le sont, croyez-
moi sur parole, elles sont correctes, consistantes) à ce moment là nous avons des jugts synth a
priori. Parce que les objets sont des objets concrets, mais évidemment cela suppose notre biblio des
caté sémant qui contiennent des objets ; et elles ne peuvent contenir que des objets puisque nous
sommes dans un nominalisme radical, absolu, il n’y a que des choses concrètes, aucun terme
abstrait ; il y a des termes fictifs et des termes partagés mais il n’y a aucun terme abstrait. Et s’il n’y
a aucun terme abstrait tous les termes sont concrets et comment on les distingue l’un de l’autre, eh
bien par la biblio des caté sémant. Ces caté sémant ne nous sont pas données, c’est cela qu’il faut
bien comprendre, elles ne nous sont pas données dans le definiens de la déf et donc;;; extérieur cad
synth. Et comme je les ai construit, je n’ai fait que déterminer l’intuition par mon parenthésage,
elles sont synth a priori.

E la semaine dernière on a vu que c’était pas l’universel dans le particulier


P j’ai vérifié les textes et il s’agit bien du singulier, il s’agit bien du singulier donc de l’universel
dans le singulier
E donc comme les objets math chez Kant
P oui. Effectivement en vérifiant les textes, Les parle bien du singulier parce que si on parle de
particulier, c’est un cas particulier parmi d’autres et donc cela signifierait que l’on a des termes
abstraits qui couvre une partition de réalité (puisque nous sommes en ontologie) qui serait abstraite.
Or j’ai relu les démonstrations par abstraction et la réfutation des déf par abstraction, il n’y a aucun
doute, ce sont des objets singuliers qu’il y a moyen de montrer par la théorie de l’équiformité cad en
deux mots : chaque objet est un token, il ne peut donc pas être un cas particulier d’un terme plus
général qui serait un terme partagé. Et donc le mathématicien quand on lui parle de triangle, il
n’imagine pas un triangle rectangle isocèle ou autre, il imagine un être concret, pour Les en tous les
cas, un être concret strictement nominaliste, et ce qui est important pour Les, c’est que cet être
concret, il n’est pas donné dans le definiens de la déf, il vient en plus ! S’il vient en plus il est synth.
Et comme la théorie ne mobilise que l’espace et le temps cad la création du temps et la création de
l’espace et l’application des catég pures de l’entendement j’ai un jugt synth a priori

E ces objets concrets dans un temps future on peut en faire une empiricité ?
P pour Lesn «empiricité» c’est déjà un terme ambigu, ça veut rien dire !
E ?? Son objet concret on doit pouvoir,...
P il est intuitif.
E intuitif mais alors dans une pensée ?
P ça c’est compliqué car en fait il ne dit rien là dessus. Il dit que l’on a une intention
phénoménologique de signification. C’est tout ce qu’il dit. Et d’autre part, il dit que nous avons
l’intuition des choses. Qu’est-ce que c’est que l’intuition des choses ? Au sens le plus trivial c’est
«je vois cette montre». On peut montrer que les systèmes de Les, étant des êtres

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spatiotemporellement déterminés par des concepts, moyennant un schème de relativisation donné
par la directive de construction 32-33 O, que ayant un schématisme de production des thèses et des
théorèmes à l’intérieur des ontol partielles qui sont, si vous voulez, le développement par
intuitsusception de toutes les ontol possibles (il y en a une infinité) qu’il s’agit d’un jugt synth a
priori. Et donc cela veut dire que l’intuition est construite là non pas dans le sens de l’intuition
concrète, ce qu’il avait certainement en tête, mais une intuition au sens kantien cad une intuition
formelle et spatiale. C’est une interprétation que je vous propose. L’interprétation la plus
couramment parce que c’est la plus facile, c’est de dire que c’est l’intuition de la montre. C’est trop
court ! Et cela n’explique rien : quand vous voyez la gramaire des catég sémantiques et la
grammaire catég, c’est épouvantablement complexe, il est évident que cela ne repose pas sur
l’intuition d’un objet. Sinon un axiome mais un axiome c’est une thèse particulière pour Les. Un
axiome a un statut tout à fait particulier, qui n’est pas abstrait mais qui est un terme concret. Et c’est
à partir de l’application de la propriété d’équiformité sur les axiomes qu’il est possible de construire
la totalité du métalangage, lequel métalangage qui repose sur l’axiome permet en retour de le fonder
et de donner toutes les directives de construction des déf synth a priori

E analogie avec les conditions de l’objet sont les conditions de l’objet chez K ? On est dans
l’autoréférence
P on n’est pas dans l’auto référence. Les règles appartiennent au métalangage, et les axiomes
appartiennent au langage objet. On ne peut pas mélanger les deux. Il applique la propriété
d’équiformité à l’axiome, au premier axiome de la proto, à partir duquel il construit la totalité de
son métalangage. Mais ce métalangage en retour, et ce sans imprédication par suite notamment des
règles d’imprédicativité, est formalisé et qui nous disent comment je peux introduire l’une ou
l’autre thèse a priori puisque j’ai un schème. C’est cela qui est important parce qu’il faut bien
comprendre c’est que le fait que les êtres, les entités logiques, sont spatiotemporellement
déterminés et que leurs règles cad les concepts a priori ce sont les règles que l’on applique à des
théorèmes et à des thèses pour les faire avancer cad pour produire de nouvelles thèses. Si j’ai une
déf, j’applique ce schème et je produit un nouvel objet qui est un objet concret. C’est pour cela que
le terme empirique me dérange parce que effectivement ce sont des objets concrets mais leur mode
de production (et ça c’est conforme à Kant, cf l’assiette) de ces objets et des thèses qui les
comprend cad les déf créatives sont des règles analytiques. Mais on a vu que dans l’analytique se
dissimulait du synth et donc les règles d’intro de nouvelles thèses ou dans les nouvelles thèses de
déf créatives, donc de nouveaux objets, sont a priori. Les thèses sont a priori, elles sont données, ce
sont des concepts qu’il faut appliquer, Darstellen, qu’il faut appliquer à quoi ? Eh bien à des objets
logiques cad à des ontologies partielles moyennant un axiome. Il me suffit d’un axiome pour
contruire la totalité du système. Il suffit d’un et d’une propriété qui est la propriété de parité ou
d’équiformité. Il ne me suffit que de ces deux choses et à partir de là je peux tout démontrer dans le
système de Les.

E on n’a pas tjs connu le triangle. Donc il serait possible avec le syst de Les de construire un
triangle
P ce serait le triangle idéal ; or il n’y a pas de triangle idéal. Le triangle c’est un objet concret mais
c’est le triangle du math, ce n’est pas le triangle isocèle.
E c’est des objets concrets mais pas empiriques
P il faudrait préciser en quel sens vous utilisez empirique
E qu’on pourrait intuitionner
P ça c’est le degré zéro de l’intuition = simplment : «je vois l’intuition de cette montre». Mais quans
je dis «je vois cette montre», je ne crée pas cette montre

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E le processus créatif c’est exactement comme on a créé un triangle
P oui cad on a démontré que le triangle n’était pas un objet général. C’est cela qu’on démontre.
Donc c’est un objet singulier.
Aspect pragmatique que Les n’aborde pas. Pas convaincant pour Peeters. S’il doit y avoir une
dimension pragmatique à Les, c’est dans la 32 explic terminologique cad ce que j’interprète comme
étant la th du sché transce où là effectivement il y a une activité de l’esprit de Darstellen, de
présenter les concepts purs dans l’intuition qui permettent de générer l’espace et le temps et leur
remplissement, etc. Mais pour Kant, rappelez-vous nous n’avons que des concepts empiriques : tous
les triangles sont empiriques, «triangle» c’est un concept empirique. Mais les concepts math ont un
statut particulier cad l’universel dans le singulier et c’est exactement la même conception que nous
trouvons chez Lesn.
J’espère vous avoir convaincu que le rapprochement est légitime.

E concret dans une pensée ??


P mais si vous voyez ce triangle, il faut que vous ayez des règles, des règles de détermination de cet
objet, même si c’est un objet concret. Il y a une opération de formalisation et l’opération de
formalisation elle est elle-même concrète mais il n’empêche que la formalisation de la montre, ce
n’est pas la montre. Même si le signe que j’aurai choisi par catég sémant est effectivement un signe
concret, cela ne veut pas dire que la montre qu’il symbolise soit la même chose. Donc il y a deux
types d’objet concret : les objets formels concrets et les objets de l’intuition au sens trivial cad le
monde qui nous entoure mais cela n’est pas la même chose.
E est-ce que les chiffres sont relativement différents du triangle ?
P pour Les, à la différence de frege, mais conformément à Kant, il y a un parallélisme entre les êtres
arithm et les êtres géométriques. C’est dans la th du schém transc : rappel : le schème de la quantité
c’est l’addition de l’unité à l’unité dans l’homogène (cf l’homogénéité de l’espace et du temps); et
pour la qualité, c’est la création du temps qui implique evidemment le temps et l’espace
géométrique comme le temps et l’espace arith. Dans l’esth transc, K dit bien qu’on ne peut
distinguer l’espace et le temps mais il le dit vite, et il faudra reprendre les secondes analogies de
l’expérience pour le démontrer.
La fondation de l’arith est fondée dans le schématisme.
Ici (Les) c’est autre chose. Kant n’a pas envisagé cette log formelle quasi kantienne, forcément !
Mais ce que j’ai voulu vous montrer c’est qu’il est possible de montrer, de créer de toute pièce une
log quasi formelle (parce qu’elle n’est pas tout à fait formelle au sens kantien) mais qui soit
compatible avec la th transcend kantienne, à la fois de la log et des math mais surtout de cette autre
chose qu’est l’espace et le temps logique qu’on voit à l’oeuvre, à la fois chez frege et chez Les, cad
des déterminations a priori de l’espace et du temps puisque chez Frege vous avez le dessin de la
begrischrift tandis que chez Les, chaque thèse est une détermination a priori, quelle que soit la thèse
(c’est pour cela que c’est a priori) de l’opérateur déternité epsilon contextualisé dans l’espace et
dans le temps. Et c’est pour cela que les thèses se déploient dans l’espace et dans le temps et sont
l’explicitation analytique (selon des règles de déduction naturelle pour prendre les plus simples) de
l’opérateur d’éternité de l’epsilon de l’ontol. Eps que Les utilise aussi bien dans la proto (premier
système) que dans l’ontologie (deuxième système) et dans la méréologie (troisième système). Il
reste une question à poser et je me promets de faire ce travail dans les mois qui viennent : savoir si
la méréologie comme système extralogique fonctionne comme logique quasi kantienne. Travail à
faire. Les commentateurs disent que cela serait possible moyennant certaines modifications
axiomatiques mais n’en disent rien de plus donc faut faire le travail.

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E dans les caté sémantiques parfois on voit les lettres : S pour «phrase», N pour «nom». Est-ce que
S est une catég sémantique ;;;; c’est un assemblage qui fait une catégorie ?
P l’analyse d’une proposition génératrice de nom s’écrit S/NN : S pour «proposition», N pour
«nom». S/NN me définit une catég sémantique. Si jamais je veux l’utiliser dans ma biblio et dans
mon vocabulaire je dois dire : (S/NN) défini comme catég sémantique, et c’est un objet. C’est un
objet qui a un double sens : c’est un objet parce que je l’ai écrit et comme token, et parce qu’il y a
une règle opératoire de syntaxe catég. Tout ceci est à comprendre dans le cadre de la quantification
catég, il y a beaucoup d’arguements qui vient encore étayer la thèse. Pas le temps ! 4 ans d’étude

E emboîtement des systèmes. Qu’est-ce que cela veut dire que toute thèse est relative à elle-même ?
P c’est l’ambiguité de l’opérateur d’ingrédience. L’opérateur d’ingrédience dit qu’une thèse ou un
objet est soit une partie de lui-même, soit une partie du tout. Donc il est amphibologique et donc si
on applique ce foncteur d’ingrédience à une thèse d’un système, on pourra dire que chaque thèse
étant ingrédient d’elle-même s’appartient à elle-même et donc en un certain sens se précède elle-
même puisqu’elle se produit ; et d’un autre sens, génère une nouvelle thèse (dans le deuxième sens
de l’ingrédience) du système, quel que soit le système, du moment que les règles de déduction et
d’intégration des thèses soient respectées. Question pertinente qui repose en définitive sur la
conception du temps et de l’espace chez Les, qui sont comme le déploiement d’un foncteur epsilon,
ce foncteur d’éternité se déploie dans une infinité de thèses qui sont spatiotemporellement
déterminées.
E pq une thèse est ingrédient d’elle même ?
P parce que le foncteur d’ingrédience, c’est : s’appartenir à soi-même ou appartenir à une partie ou
à un tout, pour faire simple disons appartenir à un tout. Donc la thèse qui s’appartient à elle-même,
elle est autoréférentielle, et étant autoréférentielle on peut dire qu’elle se précède elle-même
puisqu’elle se pose.
E Pq autoréférentielle ?
P parce qu’on a utilisé ce foncteur d’ingrédience, c’est arbitraire, il aurait pu utiliser un autre
foncteur (partie, élément de,..) mais il a choisi le foncteur d’ingrédience et mon hypothèse de travail
c’est précisément pour fonder l’explication 32 et 33 qui nécessairement ont besoin de ce foncteur
d’ingrédience. Mais il l’a utilisé ailleurs, il a utilisé ce foncteur parce que c’est le plus vague en fait
et le plus intuitif : une chose est ingrédient d’une autre, cela veut dire est une partie d’une autre,
mais aussi cela veut dire est une partie d’elle-même ; il y a une réflexivité, même une semi-
réflexivité du foncteur d’ingrédience par rapport aux autres foncteurs pour lequel ce n’est pas le cas.
Ceci dit il y a des démonstrations qui montrent qu’il y a équivalence entre le foncteur d’ingrédience,
le foncteur de partie propre et le foncteur d’élément, donc il aurait pu utiliser un autre, mais il a
choisi l’ingrédience, c’est le espilon, précisément parce que (et c’est à tester) dans le foncteur
d’ingrédience il y a inscription dans l’espace et dans le temps. Donc c’est vraiment un déploiement :
on part d’une thèse et on déploie, en fonction de règles bien entendu, règles extrêmement sévère,
mais chaque fois que l’on a produit une nouvelle thèse à l’intérieur du système, eh bien c’est un être
spatio temporel acquis ! Une fois que c’est démontré c’est acqui, qui nous permet de développer de
nouvelles thèses cad de nouvelles déterminations de l’espace et du temps en produisant de
nouvelles catég sémantiques cad de nouveaux objets et chacune de ces objets est synth puisqu’il
n’est pas compris dans le définiens de la déf. Et si cela est correct, alors les déf sont synth a priori et
donc relève d’un type de déf un peu particulière qui est en même temps proche de sa déf des objets
math (pas tout à fait) et qui est proche de sa déf des concepts purs de l’entendement. Donc c’est une
voie moyenne que je propose et on peut pas reprocher à Kant de ne pas avoir penser Lesn !

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E si on dit qu’un opérateur simule la fonction de faire partie d’une catég sémant est-ce qu’on peut
dire qu’il simule une propriété ?
P il simule une propriété puisque tu peux quantifier sur les propriétés. En fait tu peux quantifier sur
tout. C’est cela qui est génial chez Lesn. Tu peux construire une infinité de catég sémant (bien sûr il
y a des règles) et tu peux quantifier sur n’importe quel objet de n’importe quel ordre. Mais pas
n’importe comment, c’est en fonction de règles.
E alors il développe une propriété de l’objet
P tout à fait; et donc chaque fois que quelque chose est défini dans une catég sémant il définit un
objet
E mais parfois il peut exister plusieurs déf de symboles pour la même catég sémant, et alors là on
expose des propriétés différentes du même objet ?
P on dit qu’il existe une seule catég sémantique pour chaque symbole. Donc il n’est pas possible de
définir de deux manières différentes le même symbole. On aurait la même catég sémantique cad le
même objet par la propriété d’équiformité
E quand on a S/NN et une défi qui utilise cela c’est l’epsilon, la catég sémant c’est «S/NN» ou
«epsS/NN» ?
P c’est S/NN.
E il y a plusieurs déf qui tournent autour de celui-là ?
P je vois la question. On peut la réutiliser bien sûr puisque je l’ai dans ma bibliot ; mais je ne peux
pas construire à partir de cet objet, changer les parenthèses et introduire une nouvelle déf de mon
objet concret déf dans la caté sémant.
E cette réutilisation montre alors une nouvelle propriété ?
P ça montre une nouvelle propriété cad un nouvel objet tout simplement

E la méréologie, est-ce l’ensemble des ontolo partielles ?


P c’est ma thèse... C’est ce que je soutiens. Les ne dit rien. Il propose un fondement des math sur la
base de la méréologie mais le problème : la méréol est un système extralogique. Statut de
l’extralogique.
E extralog parce qu’il a affaire à des objets empiriques ?
P objets empiriques tandis que l’ontolo n’a affaire (ontolo neutre) qu’à des noms. Un nom est un
objet concret mais c’est un nom ! Donc quand je formalise cette montre, méréoogiquement je vois
la montre sur cette table, mais ontolo j’ai simplement une variable x cad une forme logique.
E implicitement le monde est là
P le monde est là. C’est un peu bizarre puisqu’on ne peut parler que des manières de parler du
monde mais la question de l’existence de l’univers n’est pas une question logique. Donc on est dans
un monde où la question de l’univers logique ne se pose pas et bien que l’on puisse créer une
infinité d’univers, mais l’existence on ne peut pas en parler
E on ne sait pas construire un objet contradictoire empiriquement
P même conceptuellement
E mais c’est aussi parce qu’on ne sait pas comment le construire empiriquement
E à la fois une pensée sur le monde et le monde qui réfléchit la pensée ?
P non c’est cela qui est particulier. L’ontologie est ontol neutre, elle est syntaxicosémantique et elle
ne parle pas du monde mais des manières d’en parler ; manières qui symbolisent quelque chose
, des êtres math ou logiques, mais l’ontologie se fout complètement de cette montre.
E c’est pour essayer une origine à cette logique
P l’origine pour moi elle est transcend

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La logique vient des axiomes. C’est de la logique donc forcément on part d’axiome de déf d’un
vocabulaire de base et de règles de déduction. C’est une log à part entière.
Il faut comprendre que la logique et le monde ce n’est pas la même chose. On ne parle pas du
monde, on s’en fout.
Les manières de parler du monde ne suppose pas le monde. Je me fous complètement du monde.
La question que vous posez, c’est l’origine des noms ; cette question de l’origine des noms n’est pas
une question logique. C’est le trésor de la langue, cela peut être une question phénoménologique,
mais pas question logique formelle. Ce qui m’intéresse ici c’est la logique formelle mais c’est pas
notre objet. Cela reviendrait à me demander d’où sortent les concepts purs de l’entendement chez
Kant.
..
Et je vous montrerai qu’elles ne sont pas innées d’une part, et,
l’acte de nomination des noms est symbolique chez Lesn , j’ai démontré cela.

E comment on peut penser des choses a priori alors que nous sommes des êtres d’expériences ?
P tu mets là en question la pertinence de la philo transcend elle-même. Cela a été fait. Là il y a un
acte de foi philosophique : ou bien on accepte la philo transcend ou non et les deux positions ont été
tenues même du vivant même de Kant. J’ai pas de réponse à cette question.
E dans ce cas ci on parle métaphysiquement
P à mon avis tout cela repose sur l’architectonique kantienne et la déformation de la pensée pure
frégéenne. Ça c’est mon substrat métaphysique mais ce n’est pas l’objet du cours non plus. Mais
derrière évidemment cette interprétation il y a toute une métaphysique qui est reconstruite, qui n’est
pas la métaphysique kantienne mais qui est inspirée d’elle et qui ouvre de nouvelles perspectives à
la notion même de métaphysique, me semble t’il; c’est ce que je propose, mais on peut ne pas
l’accepter et de nombreux philo n’accepte pas la métaphysique et disent que ce que je raconte c’est
du délire. Ça ne me dérange pas. La question est ouverte et c’est une question d’argumentation et de
cohérence ; ceci dit vous avez des philo extrêmement cohérent qui ne supportent pas la logique
transcend et qui disent que Kant n’a absolument rien apporté à la philo ; il y a des anglais qui disent
cela !
E alors le théorème de Pythagore est physique alors ?
P alors il est physique bien sûr; et c’est une branche importante de la philo contemporaine. Moi ce
que je veux montrer c’est une fondation transcend de la logique, celle d’une logique particulière,
celle de Lesn.

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