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LEON GAMBETTA

EXPOSE SUR LE DISCOURS DE GRENOBLE, LE 26


SEPTEMBRE 1872

Plan

I _ La remise en cause de l’idéologie conservatrice.

A _ L’opposition a l’héritage révolutionnaire.


B _ Une conception politique dépassée et réactionnaire.

II _ L’ «émergence d’une couche sociale nouvelle ».

A _ Caractéristiques de cette couche sociale.


B _ Son rôle politique.

III _ L'idéal républicain.

A_ Le renouveau idéologique.
B _ La volonté d’installer la République.
INTRODUCTION

Le texte qui nous est présenté ici,est un extrait du discours prononcé le 26 septembre 1872 à
Grenoble par Léon Gambetta.. Il est tiré de l'œuvre Les plus beaux discours de Gambetta . Celui-ci
est né le 2 avril 1838 à Cahors. Il est issu d'une famille d'immigrés italiens. C'est un élève brillant
qui fait des études de droit à Paris à partir de 1857. C'est également à cette époque qu'il s'engage
dans l'opposition républicaine. Il acquiert une certaine notoriété de par sa grande éloquence et ses
oratoires violents dénonçant le 2nd Empire.
Il est élu député radical de la Seine en 1869 et face au désastre de Sedan, il devient partisan de la
guerre à outrance et refuse de négocier les accords de paix avec la Prusse. Ainsi lorsqu'il devient
ministre de l'intérieur et qu'il reçoit l'administration de la guerre en septembre 1870, il entre en
conflit avec le reste du gouvernement provisoire, sa position étant jugée trop radicale. Il est alors
destitué par ses collègues et remplacé par Jules Simon. Il part pour l'Espagne afin de marquer son
désaccord avec la politique du gouvernement.
A son retour, il débute une campagne de discours de grande ampleur dans le but de défendre
l’établissement définitif d’un régime républicain qui n'est à cette époque qu'un régime provisoire, et
qui est ainsi loin d'être définitivement installé.
En effet la république n'existe que depuis le 4semptembre 1870, date à laquelle elle est proclamée à
l'hôtel de ville de Paris. Elle remplace le 2nd Empire qui disparaît après la défaite de Sedan.
Le caractère fragile de ce nouveau régime s'illustre, lors des élections législatives de février 1871
où les monarchistes favorables à la paix l'emportent largement au détriment des républicains ainsi
que lors du pacte de Bordeaux qui a lieu quelques jours plus tard lors duquel l'Assemblée nationale
désigne Adolphe Thiers, un orléaniste comme « chef du pouvoir exécutif de la république
française ». L'Assemblée précise à cette occasion que le système de gouvernement qu'elle instaure
n'est que provisoire. Cela s'explique par le fait que la question de la nature du régime législatif n'est
que secondaire face à la priorité d'installer la paix.
C'est dans ce contexte et par réalisme politique que Gambetta décide de chercher de larges soutiens
à la forme républicaine du régime en dehors du prolétariat traditionnel. C’est tout le sens de son
parcours à travers la France qu'il débute lors des vacances parlementaires de l'automne 1872 et
durant lequel il se transforme en « commis voyageur de la République ». Ainsi Il entame une série
de discours lors de banquets privés dans toute la France. Ceux-ci visent à rallier à l'idéal
républicain, les campagnes et les provinces traditionnellement royalistes comme ici la Savoie qui
vote traditionnellement en faveur des monarchistes. Il cherche à instaurer la République de façon
définitive et pour cela il se fait l'émissaire de ce régime politique en tentant de former un grand
rassemblement politique favorable à l'instauration de la République.
Dans ce discours, Gambetta débute de la ligne 1 à 11 par la dénonciations des anciens régimes ayant
dirigés la France qui n'ont pas su prendre en compte la Révolution et les changements qu'elle a
entraîné.
Ensuite, de la ligne 11 à 30, il décrit l'émergence d'une nouvelle couche sociale appelée à jouer un
rôle politique important dans cette nouvelle République.Il poursuit de la ligne 30-37 en parlant du
renouveau intellectuel du parti républicain. De la ligne 54 à 62, il énonce ses recommandations afin
d'asseoir la République.
Donc dans un premier temps nous allons aborder la remise en cause de l'idéologie conservatrice,
avant de voir dans un second temps l'émergence d'une nouvelle couche sociale et enfin nous
étudierons l'idéal républicain.
I – La remise en cause de l'idéologie conservatrice.

A _ L’opposition à l’héritage révolutionnaire.

Dans le premier paragraphe du texte, Gambetta commence par opposer deux conceptions de
la société : il y a ceux qui nient les apports de la révolution de 1789 et ceux qui les défendent. Il dit :
« … En France on ne peut pas s’habituer, depuis quarante cinq ans, dans certaines classes de la
société, à prendre son parti, non seulement de la Révolution française, mais de ses conséquences, de
ses résultats. » Gambetta utilise des termes vagues lorsqu’il parle des opposants a la Révolution
française, il utilise les termes « on » l1, « certaines classes de la société » l2, ou encore « ces
hommes » l6. Il s’agit en fait des notables traditionnels, des hommes qui sont hostiles aux progrès
institués par la Révolution française. Le terme de « classe » fait clairement remarquer une fracture
entre les hommes face à la Révolution. Certaines classes ont été révolutionnaire tandis que d’autre
se sont montrés hostile au changement.
Et Gambetta associe implicitement cette classe hostile aux adversaires de la République. Il dit l1
« depuis quarante – cinq ans ». Il fait référence au début du règne de Charles X (1824-1830) au
cours duquel un retour aux valeurs de l’Ancien Régime s’est fait ressentir. Les adversaires de la
Révolution sont ici les notables partisans d’une restauration monarchique. Il s’agit des grands
notables, des propriétaires fonciers, des hauts fonctionnaires et aussi des notables de la bourgeoisie
qui même s’ils ne se sont pas issus de l’aristocratie possèdent les attributs des groupes dominants.
C’est cette élite qui est au pouvoir, elle se trouve dans les institutions représentatives, les
administrations centrales et locales. Pour Gambetta, ces dirigeants sont déconnectés de la réalité
comme on le voit de la ligne 5 à 7 : « On se demande, en vérité, d’où peut provenir une pareille
obstination ; on se demande si ces hommes ont bien réfléchi sur ce qui se passe » et ligne 10 : « …
comment ils peuvent fermer les yeux à un spectacle qui devrait les frapper ». Pour lui, les notables
font sciemment abstraction des évolutions apportées par la Révolution. A la ligne 3 et 4, Gambetta
fait allusion aux conséquences et résultats de la révolution, il s’agit pour lui des idéaux de 1789
c’est-à-dire du suffrage universel (qu’il aborde plus loin dans le texte), des droits de l’homme, des
libertés fondamentales comme la liberté de réunion, de presse et d’association qui ne sont pas
respectés par les monarchistes. Pour Gambetta, la République doit se fonder sur ces idées.

Les monarchistes refusent les évolutions apportées par la Révolution, ce qui pour Gambetta
est contraire aux idées des Républicains. Il remet en cause la vision de la société de cette classe
dirigeante.
B– une conception politique dépassée
Depuis la révolution et durant le siècle qui suit, la société française a subi des
transformations en profondeur. Ainsi l'ordre social de l'Ancien régime a définitivement disparu et la
société a évolué. Cependant Gambetta reproche aux conservateurs de ne pas tenir compte de cette
évolution dans leur manière de conduire la politique. Pour lui, ils dirigent le pays sans prendre en
considération les conséquences de la révolution, et selon lui cela s'explique par le fait de leur
incapacité à évoluer idéologiquement.
Ainsi on note à ligne 4, « on se demande, en vérité, d’où peut provenir pareille obstination ».
Pour Gambetta, l’idéal des notables est pour eux, celui d’une société hiérarchisée de manière
immuable. Ils sont restés du temps de l'Ancien Régime. Pour eux, les individus naturellement
inférieurs doivent reconnaissances à leurs supérieurs en échange de services rendus aux paysans. Il
ont donc une vision traditionnelle qui montre une idéologie figée, incapable d'évoluer dans laquelle
persiste des comportements aristocratiques et des schémas sociaux classiques.(« comment ils
peuvent pus longtemps conserver de bonne foi les idées sur lesquelles ils prétendent
s'appuyer »(ligne 7). Cette position est appuyée par le fait que malgré la révolution, les notables
dominent localement certaines régions rurales, qui demeurent ainsi un soutien aux monarchistes.
Gambetta leur reproche également de jouer sur la peur de la population afin d'établir leur
domination politique. Ainsi ligne 43-44, « on a cherché ainsi à alarmer le pays que, depuis soixante
quinze ans, les partis rétrogrades dominent et exploitent par la peur ». Les monarchistes utilisent la
peur de la population qui redoute de voir toute contestation de l'ordre. Elle craint les soulèvements
populaires et garde en mémoire par exemple, l'épisode de 1848. Les conservateurs cherchent ainsi à
associer le parti radical dont est issu Gambetta à la base, aux révoltes qui ont marqué les années
suivant la révolution, notamment la Commune qui a éclaté l'année précédant ce discours. Gambetta
dénonce cette assimilation ligne 40 « partout ils ont dit que le radicalisme était aux portes avec le
cortèges des spectres , de malheurs et de catastrophes qu'il doit nécessairement trainer après lui ».
Gambetta illustre également cette position qui nie les apports de la révolution en citant des
exemples historiques, à ligne 48 « c'est de la peur qu'ils ont tiré leurs ressources, les réacteurs de
1800, de 1815, de 1831, et de 1849! » . Ici il fait allusion aux différents épisodes historiques qui ont
marqué une négation des apports révolutionnaires et un retour vers l'Ancien Régime. Ainsi en
évoquant 1815, il parle de la restauration avec Louis XVIII et Talleyrand qui met en place une
monarchie constitutionnelle sans aucun caractère parlementaire dans laquelle le roi a des pouvoirs
très étendus (art 14) et où la chambre des députés est élue selon un suffrage censitaire très restreint.
Il évoque également l'année 1831 qui marque le début de la monarchie de juillet avec Louis-
Philippe alors qu'à l'origine c'est une révolte populaire qui a entraîné la chute de Charles X. Il
appuie cette idée selon laquelle les révoltes populaires laissent place à des mouvements
conservateurs avec l'exemple de 1849, date à laquelle ont lieu les élections législatives qui voient
les conservateurs l'emporter largement. Ceux-ci instaurent alors l'état de siège après une
manifestation montagnarde et mènent une politique sous le signe de la répression avec notamment
l'épuration du personnel politique qui se poursuit après le coup d'État mené par Louis Napoléon
Bonaparte en 1851 que Gambetta évoque ligne 49 « le coupe-jarret de 1851 » . Il regrette
également « l'impuissante réaction du 8 février 1871 » ligne 52, qui fait référence à la victoire des
monarchistes aux élections législatives, ceux ci étant pour la paix à la différence de certains
républicains.
Ainsi Gambetta dénonce le mouvement conservateurs qui semble déconnecté des réalités politiques
([…]comment ils peuvent fermer les yeux à un spectacle qui devrait les frapper. » (lignes 7-8) et
qui utilise la peur de la population afin d'éviter tout changement.
Cependant un changement lent s’opère en douceur dans les habitudes sociales et politiques des
hommes à la chute de l’Empire, et qui entraîne la formation d'une couche sociale avec le
renouvellement progressif des élites politiques qui semble se mettre à l’œuvre.
II _ l'apparition d’une nouvelle couche sociale.
A _ Caractéristiques de cette couche.
Le fait important abordé par le texte est l'émergence dans la vie politique d'une nouvelle
couche sociale. Il annonce ici le remplacement des notables traditionnels, identifiés aux
monarchistes, par un nouveau personnel politique républicain : la petite et la moyenne bourgeoisie
provinciale (je cite) : « Oui, je pressens, je sens, j’annonce le venue et la présence, dans la politique,
d’une couche sociale nouvelle … ».

Cette « couche sociale nouvelle », expression qui va « marquer », est pour Gambetta
composé du « monde du travail », du « peuple lui-même » c'est à dire les petites boutiques, les
petits propriétaires et les petits industriels qu'il affirme représenter et que les opportunistes opposent
aux grands négociants et industriels. Il dit aux lignes 20-21 : « N’as-t-on pas vu les travailleurs des
villes et des campagnes, ce monde du travail à qui appartient l’avenir, faire son entrée dans les
affaires politiques ? » Elle est représentée par les commerçants, les artisans, les employés, les
instituteurs, les médecins pour les professions libérales.
Cette couche sociale est née d'une part, grâce à la fin des privilèges lors de la révolution française.
Tous les individus ont le droit désormais à la propriété. Le propriétaire se trouve concerné par les
sujets politiques. Les opportunistes, dans la lignée des constituants de 1789, ne voient pas la
propriété comme facteur d'asservissement mais, nous dit Gambetta, comme un « signe supérieur et
préparateur à l'émancipation morale et matérielle de l'individu ». La généralisation de la petite
propriété est aux yeux des républicains la conséquence de la révolution. La France compte déjà 24
millions de propriétaires; par conséquent, loin de vouloir lui porter atteinte, ils sont les premiers à
défendre la propriété et à vouloir qu'un plus grand nombre y accède.
C'est aussi le développement des moyens de transports et d'échanges et surtout le progrès de
l'instruction qui donnent à certains individus la possibilité d'améliorer leurs conditions et de s'élever
par le travail. Depuis 1789, l'individu s'enrichit peu à peu par le travail et par l'école. Ainsi ss
descendants, de plus en plus cultivés, nourrissent des ambitions plus hautes. Pour Gambetta, la
connaissance a crée une nouvelle génération qui s’accorde avec les valeurs républicaine. Il décrit
cette génération aux lignes 11à 13 : « N’ont ils pas vu apparaître, depuis la chute de l’Empire, une
génération neuve, ardente quoique contenue, intelligente, propre aux affaires, amoureuse de la
justice, soucieuse des droits généraux ? ». Gambetta fait partie de cette couche sociale puisqu’il est
lui-même fils de commerçants qui a fait des études supérieurs de droit. Son histoire personnelle
donne du relief à sa vision de la nouvelle classe politique dont il est l’exemple même.
Les mots utilisés par Gambetta pour caractériser ce nouveau groupe politique est important. Il
n'utilise en aucun cas le terme de classe sociale. Il s'agit du peuple et surtout il ne veut pas créer une
opposition et appeler à une agitation des classes populaires ce qui va pourtant lui être reproché.
Gambetta est justement dans une perspective d'union, de réconciliation des classes. L'idée d'une
lutte des classes aboutissant à la révolution sociale est toujours étrangère aux républicains.
Gambetta refuse toute idée socialiste.

Pour lui, le République doit se fonder sur ce nouveau groupe de travailleurs, le peuple qui grâce à
l'instruction mérite de participer à la construction du régime. Pour lui ils sont plus compétents que
les monarchistes qui ne doivent leur pouvoir politiques que grâce à leur position sociale et leur
richesse comme il dit ligne 22 : « […] et qui est loin, à coup sûr, d’être inférieure à ses devancières
[…] ». La république de Gambetta est une méritocratie de talents. Gambetta annonce ici en fait la
montée des classes moyennes et leur rôle à venir dans la construction de la république.
B _ Son rôle politique.
Si Gambetta se concentre sur le monde rural, c'est qu'il constate la montée en puissance de
cette nouvelle couche sociale dans les conseils municipaux et les conseils généraux.
Cette « couche sociale » née grâce à la démocratie est à son service lignes: « Oui, je pressens, je
sens, j’annonce la venue et la présence, dans la politique, d’une couche sociale nouvelle qui est aux
affaires depuis tantôt dix-huit mois, … »Ce renouvellement du personnel politique intervient au
niveau local « depuis tantôt dix-huit mois » avec le 30 avril 1871 un succès républicain aux
élections municipales. Les républicains combattent donc les notables au niveau des pouvoirs locaux
comme il le dit lignes 14-15 : « Ne l’ont-ils pas vue faire son entrée dans les Conseils municipaux,
s’élever, par degrés, dans les autres conseils électifs du pays, réclamer et se faire sa place de plus en
plus grande, dans les luttes électorales ? ».
La politique qui a été réservée jusque là, selon Gambetta, à « une élite plus ou moins éclairée, plus
ou moins capable, abritée derrières des grands airs de dédain, injurieux pour les petits » va
désormais tomber dans les mains du petit bourgeois, de l'ouvrier, du petit capitaliste et du paysan.
Ces élections sont essentielles pour les républicains car les représentants élus peuvent encadrer le
monde rural et le petit peuple urbain. Pour Gambetta l'instauration de la république selon ces
valeurs doit passer par le peuple, qui détient par essence le pouvoir. C'est pour cela que celui-ci
insiste sur l'instauration du suffrage universel, qui est un idéal révolutionnaire essentiel pour les
républicains. Gambetta nous parle du « nouveau personnel politique électoral » comme du
« nouveau personnel du suffrage universel » (ligne 20). Le suffrage universel permet au peuple de
prendre les décisions et lui permet de prendre conscience de lui-même, de son rôle et de son pouvoir
politique. Le suffrage universel qui existe depuis 1848 concerne l’élection présidentielle ainsi que
les élections législatives. Pour Gambetta : « Il est certain que chaque système électoral correspond à
un système social et que toutes les fois qu'un régime électoral fonctionne pendant 2, 4,10, 15 ans, il
crée, entendez le bien, à son image une nouvelle classe politique et sociale » (A.N 1873)
.

L’émergence de « couches sociales nouvelles » qu’observe Gambetta est due à l’apparition de


valeurs républicaine et va a la fois pouvoir assoir cette République. Ces couches sociales sont par
définition républicaines car elles sont le résultat d’une alliance de classes différentes mais proches
les unes des autres, et aussi, car ses membres se sont construits d’une manière démocratique et
personnelle. Elles sont les héritières de 1789, leurs valeurs leur permettent d’intégrer la vie politique
et de soutenir un nouvel ordre politique et social, la République.
III_ L'IDEAL REPUBLICAIN
A_ LE RENOUVEAU IDEOLOGIQUE

Face au nouveau contexte économique et social amené par la révolution, Gambetta évoque
le fait que contrairement aux autres partis, le parti républicain a su s'adapter à cette nouvelle
situation, à cette société moderne. Ainsi les républicains ont opéré une remise en question du parti
face à un ordre nouveau : les autres partis ne l'ont pas fait comme il le mentionne à la ligne 36 « et
alors, qu'a t-on fait dans le camp de nos adversaires? »
Ainsi de la ligne 31 à 36, Gambetta met l'accent sur la transformation du parti républicain. Il fait
allusion à la nouvelle génération du personnel politique qui le compose et qui fait suite à la
renaissance difficile entre 1852 et 1860, après que le parti républicain ait été réduit totalement suite
au coup d'État.
Cette nouvelle génération reconstitue le milieu républicain à Paris et dans les grandes villes après
1860, ceux ci bénéficiant d'une libéralisation du régime impérial.
Ses membres viennent principalement des professions libérales (avocats, médecins) et des
professions économiques et industrielles.
Les années de l'Empire autoritaire ont été pour les « démocrates » une période propice de réflexion.
Ainsi on assiste à un renouveau intellectuel par rapport à l'idéalisme de leurs ainés de 1848. c'est un
renouveau idéologique sous le signe du « positivisme » d'où la phrase de Gambetta ligne 33, « on a
senti qu'il y avait quelque chose de plus positif, de plus pratique ». On oppose volontiers ce
positivisme à l'idée romantique irréaliste des hommes de 1848, dont Gambetta fait état à la ligne 31
« on a senti que la démocratie actuelle (sous entendu les républicains)était sortie du sentimentalisme
un peu vague qui avait été le caractère dominant de nos devanciers » On note donc un contraste
entre ceux de l'ancienne génération appelés « quarante huitards » ou « vieilles barbes »et les
nouveaux épris d'efficacité même si ce contraste ne doit pas être surestimé car des membres de
l'ancienne génération jouent un rôle important au début de la IIIème République.
Sous positivisme, il faut comprendre ici la vision d'Émile Littré auteur de Conservation, révolution
et positivisme publié en 1852.(et non celle d'Auguste Comte dont la volonté est d'instaurer au
nom de la science, une hiérarchie gouvernée par les élites naturelles )Ainsi les jeunes républicains
croient en la possibilité d'une politique rationnelle que Gambetta qualifie à la ligne 36 « de plus
scientifique », fondée sur l'étude objective, « sociologique » de l'État, sur les besoins de la société
et sur l'appréciation critique des régimes successifs et des causes de leurs échecs.
Ce positivisme n'exclue pas la fidélité aux principes de 1789. En effet les républicains sont libéraux
et pensent que ces principes sont en accord avec les exigences du monde moderne, de la civilisation
moderne, synonyme d'ordre et de progrès.
Dans le domaine politique, les quarante huitards mettent l'accent sur l'égalité face à un système
censitaire alors que la nouvelle génération , face à un régime démocratique autoritaire considèrent la
liberté comme la valeur suprême.
Dans la pensée républicaine, il y a également un aspect anticlérical important. Il s'agit même d'un
anticléricalisme de plus en plus vif avec cette nouvelle génération . Cette évolution s'explique par
le ralliement massif du clergé et des catholiques militants au parti de l'ordre ainsi qu'au coup d'État
qui instaure un empire violateur du droit des libertés. D'autre part, cela s'explique par la prise de
position de plus en plus agressive des réactionnaires, des ultramontains (comme Louis Veuillot),de
certains évêques et du pape Pie IX qui avec son encyclique de 1864 « Quanta cura » condamne la
liberté de conscience,, la liberté de la presse , la démocratie et le progrès.
Ce renouveau idéologique au sein du parti tend également vers une plus grande modération qui doit
permettre l'établissement définitif de la République.
B LA VOLONTE D'INSTALLER LA REPUBLIQUE

Au delà du renouveau idéologique des républicains, Gambetta met l'accent quant à


l'importance du rôle que ceux ci ont à jouer dans l'installation durable de la République.
En effet comme il l'explique de la ligne 59 à 62,il souhaite que le parti républicain réussisse à
installer le régime de la République de façon définitive. Ainsi dans ce but ils doivent se montrer
modérés comme le dit Gambetta ligne 57 « nous conduire pacifiquement, légalement en nous
réclamant du suffrage universel ». Il est conscient de la nécessité de présenter une image modérée et
rassurante de la République aux yeux de l'électorat le plus nombreux et attaché à l'ordre, notamment
aux yeux du monde rural car il a compris que sans le soutien des ruraux, il serait illusoire d'espérer
établir définitivement la République. Or les républicains souffrent de leur faible installation dans le
milieu rural et leur assimilation au parti de la guerre à outrance lié aux révolutionnaires parisiens.
Ainsi longtemps méfiant envers le monde rural qui est conservateur et le pilier du bonapartisme ,
Gambetta renoue avec le vieil idéal d'une démocratie rurale de petits paysans propriétaires de leurs
terres. C'est la fin de la dénonciation des ruraux, de l'exaltation des villes républicaines contre les
campagnes attardées. Ainsi il parvient à orienter progressivement le vote paysan vers les candidats
républicains.
De plus afin de se débarrasser de leur image négative, certains acceptent de faire liste commune
avec les hommes de l'ancien centre gauche.
Au delà de simples rapprochements individuels, Gambetta souhaite voir un rapprochement général
entre les différentes « tendances de gauche ». Sa stratégie doit permettre une large extension et
faciliter les rapprochements avec les libéraux . Ainsi Gambetta œuvre vers un rapprochement avec
les libéraux et notamment avec Thiers,. Ce dernier est certes un orléaniste, un conservateur,
Cependant avec la volonté de Thiers de vouloir consolider la République qu’il veut conservatrice,
une convergence s’opère en 1871 avec les Républicains qui se sont assagis. Gambetta fait le choix
de la modération et du compromis pour étayer une République mal assurée.Ainsi en parlant de
« sagesse » à la ligne 54, Gambetta répond à Thiers qui avait déclaré, je cite que « l'avenir est aux
plus sages ». Il lance par ce biais un appel à Thiers et à ses nombreux partisans afin de faire une
alliance dans le but de réaliser la République. Cependant pour asseoir définitivement cette
République, il faut également que cette alliance comprenne les radicaux . Cela suppose que ceux ci
doivent faire des concessions. Ainsi les radicaux doivent repousser leur rêve de République
démocratique et sociale. Le radicalisme est aux prises avec un difficile problème, celui de préserver
son identité sans compromettre le large rassemblement nécessaire afin de créer la République. Cet
effacement mi volontaire/ mi imposé du radicalisme est une des conditions nécessaires du succès de
la stratégie gambettiste.
Gambetta souhaite ainsi que tous les adeptes de la République se réunissent autour de cette cause
commune car selon lui , c'est la France toute entière qui va faire la république et pour lui la France
qu'il pressent et dont il vaut faire l'assise de la république est bourgeoise et petite bourgeoise, mêlant
intérêts et talents, commerce, artisanat, propriété rurale et professions libérales.
Conclusion

Dans son discours de Grenoble, Gambetta aborde de nombreux points et idées républicaines
pour convaincre le peuple de participer à sa démocratie, a son idée du régime à mettre en place.
Gambetta revient sur l'idée de la république issue des idéaux de la Révolution française que les
monarchistes nient. Mais c'est surtout sa vision du nouveau personnel politique qui va rendre ce
discours incontournable. Gambetta annonce que la nouvelle couche sociale est composée de la foule
qui l'écoute, que tous, dans les campagnes peuvent participer à un nouveau régime bien plus
démocratique que celui des monarchistes. C'est un discours politique de rassemblement de la petite
bourgeoisie des campagnes, des professions libérales des paysans.

Ce texte ne va connaître qu’un succès relatif dans les campagnes mais il va faire beaucoup de bruit
dans les milieux politiques. Les journaux nationaux, provinciaux ainsi que les politiques vont
attaquer Gambetta sur cette idée de nouvelle couche sociale qui sonne pour eux comme un appel à
la révolte populaire. Ils le présente comme un véritable révolutionnaire qui désormais a abandonné
son allure modérée et est décidé à attiser la lutte entre la démocratie et les classes dirigeantes. Thiers
ne s’exprimera qu’indirectement sur le sujet et de manière vague.
La progression électorale des républicains, les « nouveaux barbares » selon Albert de Broglie,
effraie les conservateurs. En 1873, Thiers se rallie ouvertement à une République conservatrice. Il
démissionne et est alors remplacé par Mac-Mahon ce qui annonce la mise en place de la monarchie.
Mais le comte de Chambord, petit-fils de Charles X exige le rétablissement du drapeau blanc. Cette
recherche désespérée d’un compromis est un échec et condamne la monarchie. Le régime politique
reste incertain jusqu’en 1875 ou la Troisième République est définitivement instaurée par l’adoption
de l’amendement Wallon qui instaure l’élection du Président a la majorité absolue des suffrages par
le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il confirme ainsi
officiellement la nature républicaine du nouveau régime. Et ce sont les trois lois constitutionnelles
sur l’organisation du Sénat et des pouvoirs publics qui fixent le régime. Les républicains deviennent
majoritaire a l’Assemblée à partir de 1879 et c’est Jules Ferry qui le premier va gouverner la France
Républicaine.

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