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c ontrez comment les artistes à travers le portrait photographique

depuis 1960 traitent de la question de « l¶identité sociale ». 

e portrait photographique accompagne la photographie depuis le début de l¶existence de


celle-ci, en 1826, posant sans cesse à ses pionniers le problème de son réel sens. Qu¶est-ce
qu¶un portrait ? Les artistes, apposant leur singularité personnelle, ont tenté de le deviner,
d¶en dessiner les contours et de comprendre à quel point le portrait importe à la photographie.
S¶agit-t-il à travers un portrait de suggérer quelque chose ou bien d¶identifier pleinement
l¶individu ? Chaque modèle porte son histoire, son vécu, son caractère, et mieux encore : sa
place dans la société. Le visage et le corps serait alors un témoignage d¶une certaine identité
sociale.
Ainsi, si la mise en scène des personnages est empreinte de leur contexte social, le portrait
devient une traque de l¶individu, à la recherche de cette identité que chacun affirme dans sa
propre société. Qui-suis-je, sinon un produit social, modelé par cette société qui est mienne ?
Très vite, la majorité des villes auront leur studio, accueillant toutes classes sociales
confondues pour se faire tirer le portrait, en groupe ou seul.
Cependant, les artistes chercheront à donner à ce « portrait social » tout son sens, et prendront
des initiatives toutes différentes ou du moins contrastée pour définir ce que représente pour
eux « l¶identité sociale ». De ce fait, le portrait, qu¶il soit social ou non, subira des mutations
esthétiques liées à l¶histoire sociale et culturelle et à l¶histoire de l¶art, comme aux révolutions
technologiques.
Œci, il s¶agira de montrer comment ces artistes traiteront le sujet d¶identité sociale, à travers le
portrait photographique, depuis les années 1960, période d¶après-guerre mêlant effroi et réveil
du monde et de la société, jusqu¶à nos jours. Dans un premier temps, l¶on étudiera le portrait
photographique comme le témoignage d¶une identité sociale volontaire et affirmée, ou
l¶appartenance à une société représentée comme pilier et fierté de la personne. Ensuite, l¶on se
penchera sur les portraits photographiques employés comme dénonciations d¶une identité
sociale non volontaire, accordée par des préjugés et des idées préconçues néfastes de la
société. Enfin, l¶on achèvera cette réflexion en traitant du portrait photographique comme
illustration d¶une identité sociale définie par une vocation par laquelle l¶individu s¶affirme
dans la société.

uans certaines photographique, l¶on ressent aux premiers abords une affirmation certaine de
l¶identité sociale de l¶individu qui pose. Souvent prises en groupes, ces photos démontrent
avec justesse la volonté des hommes de représenter leur société avec fierté. Guy Hersant,
photographe français, en constatera l¶ampleur lors de ses nombreux voyages durant lesquels il
fera des ethnies sa principale inspiration. Rassemblant plusieurs personnes d¶une même
société, du Nigéria au Mali, d¶une même couleur de peau, d¶une même banlieue ou d¶un
même groupe social, le photographe laissera à ses sujets une expression libre et fera ressortir
de ses clichés une affirmation de la personne en tant que membre d¶une société ainsi que le
rôle qu¶il y occupe (nous en avons l¶exemple lorsqu¶il photographie un groupe de femmes
pratiquant un même travail). Ainsi, l¶identité sociale est traitée de manière élogieuse,
montrant avec brio tous les liens qui relient des Hommes d¶une même ethnie, d¶un même
groupe social et combien ceux-ci peuvent se définir par leur place dans la société qu¶ils
occupent. Il s¶agit donc ici d¶une société au sens le plus humain du terme, une société qui
n¶aurait guère perdu les liens qui l¶unit. Sur ces photos, les hommes n¶ont d¶identité que celle
qui leur est sociale

Le projet de Robert Milin « Cleunay : ses gens » en 1999 rappelle les photographies de Guy
Hersant dans la mesure où il s¶agira du témoignage de l¶appartenance de l¶individu à une
société et l¶affirmation de ce lien qui les unit. Il construit son œuvre à partir de ses rencontres
avec ses voisins, se constituant grâce à eux un recueil d'histoires locales (collectives et
personnelles), de textes et de photographies. En effet, les grands panneaux dont il ornera la
ville de Cleunay, notamment celui d¶un portrait féminin, serviront à illustrer la ville et les
gens qui en font parties en revendiquant cette unité. Des portraits d¶individu qui posent dans
l¶unique but de représenter leur ville, leur société. Robert Milin a donc pris l¶initiative de
donner tout son sens à l¶identité sociale de ces gens, les utilisant comme totem de leur lieu de
vie, de leur société.

Dans ces photos, souvent prises en voyage, les artistes tendent à souligner le lien inextricable
qui unit le peuple et sa société et ainsi créer l¶image d¶une identité sociale pleinement
assumée et objet de fierté. Cependant, au-delà de cette aspect de l¶individu en total accord
avec sa société et définit par celle-ci, persiste des photographies qui désignent une totale
controverse de cette vision. En effet, certaines sociétés enchainent l¶individu dans des
préjugés dont il n¶est guère responsable. Des préjugés qui lui sont néfastes et donnent de lui
une identité sociale qu¶il ne veut cautionner, trop plastique et superficielle.

Ôi la photographie a souvent fait des preuves en tant que témoignage mélioratif, il s¶avère
qu¶elle puisse également dénoncer avec ferveur. Cette affirmation se justifie à travers les
œuvres de plusieurs photographes ambitieux dont le but est de pointer du doigt certains
préjugés déplaisants que la société instaure et placarde au visage d¶individus. Quels sont donc
ces identités sociales que la société donne sans laisser la singularité s¶exprimer ? Michel
Journiac, en 1974, donnera une réponse à cette question en se travestissant durant 24h enfin
de démontrer en quoi la conception de la femme en 1960 pouvait être corrompue. S¶appuyant
sur l¶époque de tous les bouleversements, sociaux comme politiques, cet artiste s¶engage à
donner un point de vu critique à la vie quotidienne sclérosée des femmes, bercées par un
quotidien alanguissant, mécanique. Sur ces photos, la femme ± en l¶occurrence Michel
Journiac ± est objet de désir, bonne à tout faire, et prend place dans la société comme telle. Il
s¶agit donc de traduire les aspirations d¶une certaine bourgeoisie de l¶époque qui se complaît
dans l¶acceptation aux principes de la société capitaliste occidentale, prônant travail, famille
et confort domestique. Ainsi, Michel Journiac dénonce une image préconçue donnée aux
femmes par leur société, et une identité sociale qui est donc erronée par des « codes »
superficiels qui l¶irriguent. Une identité sociale qui dénature la femme.
Cindy Sherman, en 1977, reprendra ces principes en questionnant l¶identité sociale à travers
des portraits de femmes stéréotypés, faisant ressortir un certain paraître grotesque qui
interroge l¶image féminine, encore une fois. La question que semble se poser ces artistes est
la suivante : Mon identité sociale est-elle ce que la société veut faire de moi ?

Enfin, l¶artiste Raphael Efti, en 2002, réalisera une série de photos nommées Esthéticiennes
qui suivront cette idée de « masque social ». En effet, ces clichés représenteront des femmes,
dénuées d¶expressions, vêtues de leurs tenues de travail, sur leur lieu de travail. De ce travail
découle l¶idée que ces femmes ne sont qu¶un triste reflet de leur situation professionnelle et
qu¶elles n¶ont d¶autre essence que celle de leur groupe socio-professionnel. Elle ne semble
présenter aucun trait singulier, leurs visages sont placides et laissent penser que seule leur
fonction dans la société les définit. Leur identité sociale est encore une fois impersonnelle.

ette question pourrait trouver une réponse dans le dernier axe de cette analyse, si l¶on se
penche plus attentivement sur ces portraits photographiques qui donnent à l¶individu l¶image
de sa vocation ou l¶image qu¶il décide, de son plein grès, d¶offrir à la société. Son identité
sociale est donc totalement dépendante de son bon vouloir et prend les formes qu¶il souhaite.
Jacqueline Salmon, en 1996,étudiera ce point de vue ci puisque dans une suite de photos
rassemblées sous le titre ºntre centre et absence, elle fait dialoguer les visages des plus
grands créateurs de notre temps (architectes, cinéaste, philosophe) comme par exemple
Jacques Derrida avec des architectures qui donnent une version matérielle de leur démarche
profonde. Ainsi, ces personnes s¶affirment sur leur portrait photographique comme détenteur
d¶une identité sociale étroitement lié à leur vocation et à leurs idées, voire même à leur génie.
C¶est donc une identité sociale artistique que ces personnes désirent montrer d¶elles avec
fierté.

L¶on retrouve des idées similaires chez la photographe ambitieuse et impudique Nan Goldin,
qui n¶aura pas froid aux yeux lorsqu¶elle se prendra en photo, en 1992, après s¶être fait battre
par son copain, un œil au beurre noir, à la manière d¶un journal intime marginal dévoilé au
monde. Cependant, si sa démarche semble provocante et volontairement choquante, il n¶en
demeure pas moins, qu¶à la manière de ces artistes qui exposent leur art, que Nan Goldin ne
tend pas seulement à surprendre. Elle affirmera que c¶est en étalant publiquement sa vie et son
histoire qu¶elle réussit à mieux se comprendre elle-même et à s¶accepter tout en s¶identifiant
dans la société. Il s¶agit donc d¶une identité sociale qu¶elle se donne volontairement,
cherchant sa place dans la société.

Pour conclure, il est essentiel de noter que malgré l¶évolution des techniques depuis 1960
ainsi que l¶avancement constaté des idées et des mœurs, la photographie n¶en est pas moins
un art expressif qui tend à affirmer, dénoncer ou donner de soi une image que la société
accorde ou que l¶individu impose lui-même à cette société. Si les artistes souhaitent tous
mettre en image cette même identité sociale, de manière critique ou non, les siècles dans
lesquels ils vivent leur donnent cependant certaines libertés et certains accès à la provocation
que le temps ancien n¶accordait guère. Le portrait photographique restera donc un témoignage
et une illustration singulière de chaque identité sociale possible, donnant à la personne qui
l¶observe une représentation fidèle de ce qu¶il souhaite dégager, se synchronisant au siècle qui
l¶accompagne. Cependant, que ce soit la situation des femmes dans les années 60 ou la
négation totale d¶une personnalité autre que professionnelle dès le 21ème siècle, les artistes
tendent tous vers un seul objectif : Faire parler l¶identité sociale à travers des visages, des
corps et des expressions. Faire parler le portrait photographique.

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