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L’appel

du comité central
du Parti communiste
italien
aux fascistes
(1er août 1936)
L E S C A H IE R S DU M O U V E M E N T O U V R IE R / N U M E R O 4

Le 4 mars 1933, cinq semaines après l’arrivée d’Adolf Hitler au


pouvoir, les Izv estia publient un article affirmant que l ’URSS est le seul
pays au monde à ne pas éprouver d’hostilité à l’égard de l’Allemagne, “e t
cela in d ép en d a m m en t de la fo r m e e t de la com position du g o u vern em en t du
R e ic h ”. L’ouverture en direction de Hitler était nette. Au même moment,
Staline confie à Radek le soin de maintenir des contacts étroits avec le
conseiller de l’ambassade allemande, Hilger, et avec l’ambassadeur
allemand lui-même, Broskdorf-Rantsau. Tout au long des années 1935­
1936, le conseil de l’ambassade soviétique à Berlin, Bessonov, relayé à
partir de 1937 par l’attaché commercial David Kandelaki, mène des
tractations discrètes avec les autorités nazies.
Ces négociations en coulisse laissent des traces publiques. En 1935, sort
à Moscou et à Paris une biographie officieuse de Staline, sous-titrée “Un
m on de n ou veau vu à travers un h o m m e ”. L’auteur officiel en est Henri
Barbusse, membre du Parti communiste français, qui a travaillé sous le
contrôle étroit d’un agent du NKVD, Alfred Kurella, chargé de vérifier la
conformité absolue de l’ouvrage avec les exigences du Kremlin. Rien n’y
est donc laissé au hasard. Cette hagiographie contient un signal politique
très net, qui a été ignoré au moins par les amis de l ’URSS en tout genre :
une formulation antisémite jointe à un jugement positif
sur le programme nazi ;
“H itler, écrit Barbusse, n ’est lu i a u ssi que le h au t-parleu r e t r a g e n t du
ca pitalism e , to u t détro u sseu r de ju ifs qu 'il soit. M a in ten a n t qu ’il s 'e s t f a i t
sa crer su per-em pereu r, sa po litiq u e consiste à re n ie r le p ro g ra m m e n ational-
so cia liste q u i Va h au ssé au trône. P ou r ne p a s déplaire à la p u issa n te
R eichsw ehr, il élim ine d e ce p ro g ra m m e to u t ce qui, p a r la su ite d ’un
calem bou r (le m o t socialiste), y a va it p u d o n n er le ch an ge et apparaître
com m e d ém ocratiqu e à une A llem a g n e retom bée en e n fa n ce” (p. 296).
Le programme national-socialiste était donc un bon programme,
au moins dans les mots... 11 ne s’agit pas là d’une maladresse de plume
de l’auteur du F eu ou de son conseiller politique. Un an plus tard, par
Togliatti interposé, Staline reprend ce fil de façon beaucoup plus
développée avec Mussolini, en insistant sur ta valeur du programme
fasciste de 1919, en proposant de former un Front populaire
pour l’appliquer et en dénonçant la division entre fascistes et antifascistes
en Espagne et en Italie.
Le contenu de l’appel souligne qu’il ne s’agit pas seulement d’une
manœuvre diplomatique : même s’ils se trouvent parfois des deux côtés de
la barricade sur le plan militaire, comme en Espagne, l’appareil stalinien
est prêt à faire alliance avec l’appareil fasciste contre les masses ouvrières.
L’alliance répétée avec les nazis contre la social-démocratie allemande à la
fin des années 1920 et au début des années 1930, qui a engendré la division
systématique de la classe ouvrière, est ici poussée à son terme.

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L’A P P E L A U X F A S C IS T E S

Front populaire
pour réaliser
le programme fasciste de 1919
Ce texte — dont le titre ci-dessus, qui en reflète exactement le contenu,
est donné par les Cahiers du mouvement ouvrier — a été rédigé par Togliatti,
et publié dans le n° 8 de Stato Operaio, en août 1936

TOUT le peuple italien ! Aux que s’accroît de jour en jour la menace

A ouvriers et aux paysans ! Aux


soldats, aux marins, aux avia­
teurs, aux miliciens ! Aux an­
ciens combattants et aux volontaires de
la guerre d’Abyssinie ! Aux artisans, aux
d’une guerre plus grande, d’une guerre
mondiale.
Pourquoi les promesses faites au
peuple n’ont-elles pas été tenues ? Pour­
quoi notre peuple ne parvient-il pas à se
petits industriels, aux petits commer­ reprendre et se trouve jeté dans des
çants ! Aux employés et aux techni­ guerres à répétition, qui devraient le sor­
ciens ! Aux intellectuels ! Aux jeunes ! tir de la misère, et aggravent toujours
Aux femmes ! plus, au contraire, sa misère ?

Italiens ! Italiens !
Vous avez salué avec joie l’annonce La cause de nos maux et de nos mi­
de la fin de la guerre d’Afrique, car, dans sères réside dans le fait que TItalie est
vos cœurs, il y a l’espoir de voir enfin dominée par une poignée de grands capi­
s’am éliorer vos pénibles conditions talistes, qui parasitent le travail de la na­
d’existence. tion, qui n’hésitent pas à affamer ie
On nous a répété que les sacrifices de peuple dans le seul but de s’assurer des
la guerre étaient nécessaires pour assurer bénéfices toujours plus élevés et qui
le bien-être du peuple italien, pour garan­ poussent le pays vers la guerre pour
tir le pain et le travail à tous nos ouvriers, étendre le champ de leurs spéculations et
pour réaliser — comme Ta dit Mussolini augmenter leurs profits.

— "cette haute justice sociale, qui, de­ Cette poignée de grands capitalistes
puis toujours, est l'aspiration des multi­ parasitaires ont fait des affaires d’or avec
tudes en lutte âpre et quotidienne pour la guerre d’Abyssinie, et ce sont eux qui,
leurs plus élémentaires conditions d ’exis­ aujourd’hui, chassent les ouvriers des
tence”, pour donner la terre à nos pay­ usines, qui veulent faire payer au peuple
sans, pour créer les conditions de k paix. italien les dépenses de la guerre et de la
De nombreux mois se sont écoulés colonisation, et menacent de nous entraî­
depuis la fin de la guerre d’Afrique, et ner dans une guerre plus grande encore.
aucune des promesses qui nous furent Seule Tunion fraternelle du peuple
faites n’a été tenue. Au contraire, les italien, réalisée par la réconciliation
conditions de vie des masses ont empiré entre fascistes et non-fascistes, pourra
avec la fin de la guerre d ’Afrique, alors abattre la puissance des requins dans
10 7 fl
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notre pays et arracher les promesses puissant appareil policier, qui coûte au
faites depuis des années aux masses po­ pays plus d’un milliard par an.
pulaires et jamais tenues. Quarante-trois millions d’Italiens tra­
vaillent et peinent pour enrichir une poi­
L’Italie peut donner du pain à tous gnée de parasites.
ses enfants !
Italiens ! Qui sont les ennemis du peuple ?
(...) La richesse (de VItalie) n’est pas Italiens !
la propriété de ceux qui l’ont créée. Les ennemis de notre peuple, les en­
Elle est aux mains de quelques cen­ nemis de tous les travailleurs manuels et
taines de familles, gros financiers, capi­ intellectuels, qu’ils soient fascistes ou
talistes et grands propriétaires fonciers, non fascistes, sont ces brigands qui s’ap­
qui sont les maîtres effectifs de toute la proprient le fruit de notre travail, qui se
richesse du pays et qui en dominent moquent bien du sort des masses popu­
l’économie. laires et ne songent qu’à augmenter leurs
Cette poignée de possédants sont les profits et leurs rentes.
responsables de la misère du peuple, de Ennemi du peuple est le comte Volpi,
la crise et du chômage. Ils ne se soucient qui a des intérêts dans treize sociétés,
nullement des besoins du peuple, mais avec un capital de 2 milliards de lires (...),
seulement de leurs propres profits. (Suit une longue liste nominale des
Peu importe à ces gens-là que des “ennemis du peuple ", avec le nombre de
millions d’ouvriers de l’industrie et de la leurs milliards, que nous épargnerons au
terre soient privés de travail, que des lecteur, NDT. )
milliers et des milliers de jeunes soient Voilà les grands magnats du capital,
réduits à une oisiveté forcée, que la jeu­ qui empêchent l’union de notre peuple,
nesse sortie des écoles ne trouve pas en dressant fascistes et antifascistes les
d’emploi, alors que, si l’on utilisait cette contre les autres, pour nous exploiter
grande force aujourd’hui désœuvrée, on tous, en toute liberté.
pourrait multiplier les richesses du pays. Ce sont eux, les parasites du travail
Les requins capitalistes affament le national et du génie italien, qui ont
peuple, jettent les ouvriers sur le pavé, confisqué la liberté du peuple, qui ont
aggravent l’exploitation de ceux qui tra­ bâillonné les travailleurs, les techniciens,
vaillent et abaissent les salaires, pous­ les intellectuels, fascistes et non fas­
sent à la ruine les paysans, les petits in­ cistes, pour mieux les exploiter et les as­
dustriels, les petits commerçants et les servir.
artisans. Ce sont eux, les grands accapareurs
Au peuple, qui s’enfonce dans la mi­ de la richesse du pays, qui ont corrompu
sère, on dit qu’il faut faire la guerre et notre vie publique et enrichi certains
qu’il faut aller se faire tuer pour remplir hauts fonctionnaires et hiérarques de
les coffres-forts. l’Etat et du Parti fasciste — hier pauvres,
Les requins ne veulent pas payer les alors qu’ils possèdent aujourd’hui des
conséquences de la crise qu’ils ont villas, des automobiles et des capitaux
eux-mêmes provoquée : bien au contrai­ bien placés — pour en faire des servi­
re, ils extorquent à toute la nation les teurs complaisants.
milliards qu’il leur faut pour combler le Ce sont eux, ces brigands qui nous
déficit de leurs entreprises ! ont conduits à la guerre, parce que la
Les requins imposent au pays une dé­ guerre augmente énormément leurs pro­
pense annuelle de six milliards de lires fits et leur offre l’opportunité de nou­
pour la préparation de la guerre. velles rapines, de nouvelles et plus
grandes accumulations de richesses.
Et, pour tenir sous le joug le peuple
affamé, pour lui imposer les plus durs
sacrifices, les requins ont besoin d’un Peuple italien !

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L’A P P E L A U X F A S C IS T E S

Unis-toi pour libérer l’Italie de ces l ’étape actuelle, ce que nous proposons,
canailles, qui disposent de la vie de qua­ c 'est l ’expropriation fiscale. Ou bien les
rante-trois millions d’italiens, qui affa­ heureux possédants seront expropriés,
ment notre pays et le mènent à la ruine, à ou bien nous dresserons la masse des
la guerre permanente ; unis-toi pour faire anciens combattants contre ces obstacles
payer aux requins les dépenses de la et nous les renverserons. Que ceux qui
guerre et de la colonisation ! n ’ont pas donné leur sang donnent
Les requins doivent payer ! maintenant leur argent” (Mussolini, Il
Le peuple italien a déjà fait trop de Popolo d ’Italia, 10 juin 1919).
sacrifices. Nous étions d’accord avec ces pa­
L’argent pour payer les dépenses de la roles en 1919. Nous le sommes toujours
guerre, l’argent pour donner du travail à aujourd’hui. Les riches, les capitalistes,
nos ouvriers et pour améliorer les condi­ les heureux possédants doivent payer.
tions d’existence du peuple italien, pour Que l’on réalise un prélèvement pro­
poursuivre les grands travaux d’assainis­ portionnel et progressif sur tous les pa­
sement interrompus, pour cultiver ration­ trimoines supérieurs à un million ! (...)
nellement les millions d’hectares à l’aban­ Que l’on confisque tous les bénéfices
don du fait de l’incurie des latifondiaires des sociétés supérieurs à 6 % !
— notamment dans le Sud et les îles —, Tous les requins, les Volpi, les Done­
pour construire des égouts, des routes, des gani, les Morpurgo, les Pirelli, les Conti
hôpitaux, des écoles dans le Sud, des ter­ et Compagnie, tous ceux qui ont tiré
rains de sport pour notre jeunesse, pour al­
leurs avantages et leurs superbénéfices
léger le fardeau des impôts sur les masses
des sacrifices du peuple et de nos sol­
populaires, cet argent, ce sont les Volpi,
dats, que tous ceux-là soient contraints
les Donegani, les Pirelli, les Morpurgo, les
de restituer l’argent volé et soient traînés
Ruffo, les Tournon, les Pavoncelli et
devant les tribunaux, comme ennemis de
Compagnie qui doivent le donner.
la nation !
Les promesses doivent être tenues !
Peuple italien ! Combattants
d ’Afrique !
Tandis que nous supportions les nou­ On nous a promis le pain : nous vou­
lons que le pain soit garanti à tous !
veaux sacrifices imposés par la guerre,
tandis que nos soldats versaient leur Peuple italien !
sang sur la terre d ’Abyssinie, tandis Soldats, chemises noires, anciens
qu'on arrachait à nos femmes leur bague combattants et volontaires d’Afrique !
de mariage pour financer la guerre, les Le comité central du Parti communiste
capitalistes et les requins faisaient de d’Italie, dans l’appel qu’il vous a adressé
belles affaires au mois d’avril dernier, à la veille de la
Les sacrifices pour la guerre, on les a guerre d’Afrique ( “Sauvons notre pays de
demandés aux ouvriers, aux travailleurs, la catastrophe ”), vous a dît :
aux pauvres gens, aux familles des com­ “Il n ’est pas vrai que la conquête
battants, aux soldats et aux chemises éventuelle de l ’Abyssinie puisse ré­
noires : maintenant, c’est au tour des re­ soudre le problème du chômage et amé­
quins de payer ! liorer les conditions de vie des tra­
Mussolini a dit, en 1919, lorsqu’il vailleurs italiens (...). Même si VAbyssi­
s’agissait de payer les dépenses de la nie devenait colonie italienne, cela n ’ap­
Grande Guerre : porterait aucun progrès aux travailleurs.
“Les caisses sont vides. Qui doit Les profits coloniaux iraient aux
donc les remplir ? Certainement pas banques, aux spéculateurs et aux socié­
nous, qui ne possédons ni maisons ni tés concessionnaires, tandis que les dé­
voitures, ni banques ni mines, ni terres penses de la colonisation entraîneraient
ni usines, ni billets de banque. Ceux qui des impôts plus élevés pour le peuple
doivent payer sont ceux qui le peuvent. A travailleur. ”
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Camarades, frères, amis, les commu­ Pas plus que n’est à vous la terre pri­
nistes ont eu raison ! se aux Abyssins. De cette terre, se sont
Le chômage augmente et de nom­ appropriés les riches, les capitalistes, les
breuses usines travaillent à effectifs et à millionnaires.
horaires réduits. Et le chômage augmen­ Si demain, poussés par le désespoir,
tera encore dans les prochains mois, bien vous êtes contraints (si on vous y autori­
que les sanctions aient été levées, car se) à émigrer en Abyssinie, vous y serez
toutes les ressources du pays sont em­ exploités par les mêmes patrons italiens
ployées à la préparation d’une nouvelle qui vous exploitent ici, vous y serez trai­
guerre. tés comme de pauvres nègres, vous don­
La misère des masses s’aggravera nerez à nouveau votre sang pour enrichir
parce que la poignée de parasites qui su­ les patrons italiens, vous devrez vous
ce le sang de la nation veut faire payer plier à la discipline militaire, à des mil­
les dépenses de la guerre et de la coloni­ liers de kilomètres de votre village, sous
sation aux pauvres, aux travailleurs, aux un climat qui détruira votre vie.
paysans, aux petits commerçants, aux La terre qu’il vous faut, paysans
employés. d’Italie, nos frères d’Italie méridionale et
des îles, c’est la terre qui appartient à ces
A ce jour, la guerre d’Afrique a coûté
nobles et à ces grands agrariens, les­
presque 20 milliards de lires. L’occupa­ quels, bien souvent, ne savent même pas
tion de l’Abyssinie et la colonisation
où elle se trouve.
coûteront encore de nombreux milliards.
Le gouvernement augmentera les impôts Cette terre, vous ne l’obtiendrez que
directs et indirects, recourra à de nou­ si vous vous unissez et si vous luttez
veaux emprunts obligatoires, ratissera unis avec les ouvriers contre le petit
tout ce qu’il pourra de l’épargne interne, groupe qui domine la nation.
fera appel au capital étranger, auquel il
faudra payer des intérêts élevés, Il n’est pas possible d’attendre plus
Le pain et le travail que nous vou­ longtemps !
lons, nous ne l’obtiendrons que si nous
nous unissons tous contre les gros capi­ Chômeurs ! Exigez du travail, ou
talistes, qui ont gagné énormément dans exigez au moins un subside pendant tou­
cette guerre et qui se préparent à tirer te la durée de votre période de chômage,
profit de la conquête en en faisant sup­ un subside qui vous permette de vivre,
porter les dépenses aux masses. avec vos familles, comme des êtres hu­
mains.
On nous a promis la terre : nous vou­ Ouvriers ! Exigez que l’augmenta­
lons notre terre ! tion de salaires que l’on vous promet soit
Paysans ! telle qu’elle vous permette de vivre di­
gnement ; exigez le respect absolu des
La terre que vous voulez, c’est la ter­ contrats de travail, la semaine de 40
re italienne. La moitié de cette terre est heures payées 48 heures, laquelle, tout
entre les mains d’un propriétaire sur en améliorant vos conditions de vie, re­
cent, tandis que quatre millions d ’ou­ lancera le marché intérieur et permettra
vriers agricoles n’ont pas de terre. de remettre au travail une partie des chô­
La terre italienne que vous travaillez meurs.
est aux mains des princes Spada, Doria. Paysans ! Exigez une répartition des
Borghese (etc., suivent douze autres produits plus favorable au métayer ;
noms, NDT) et de toute cette vieille no­ faites échec à l’augmentation des fer­
blesse décrépie qui s’accroche comme mages et exigez leur diminution ; de­
une gangrène sur le corps de notre Italie. mandez la liberté de cultiver ce que vous
Cette terre, la terre de votre pays, la décidez sur la terre que vous travaillez,
terre que vous cultivez depuis des ta liberté de mettre en vente vous-mêmes
siècles, cette terre n’est pas à vous. les produits de votre travail ; demandez

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L 'A P P E L AU X F A S C IS T E S

la restauration des petits crédits à taux contre un adversaire qui en était totale­
favorables pour les paysans, exigez la ment dépourvu.
suspension des mises sous séquestre. Les “fils à papa” et les grands hié­
Employés ! Exigez l’augmentation rarques reçoivent des médailles et ren­
de vos salaires, avec priorité pour les sa­ trent chez eux : mais personne ne s’in­
laires les plus bas, qui ne permettent pas quiète du sort des soldats et des che­
de vivre. mises noires.
Travailleurs, vous tous à qui Ton a Exigeons la démobilisation et le re­
promis des logements décents, faites tour au pays des soldats et des chemises
échec tout de suite aux expulsions pour noires d’Afrique orientale.
ces retards de loyers qui dérivent des Les souffrances en Afrique ne sont
conditions économiques précaires, dont pas terminées ; et, en Europe comme
souffrent les travailleurs. dans le reste du monde, s’accumulent les
Il faut réaliser rapidement un plan de nuages annonciateurs d’une épouvan­
développement de l’habitat populaire ur­ table tempête.
bain et rural, bénéficiant de l’hygiène et Les communistes vous ont dit, dans le
des facilités que permet le progrès de la Manifeste d’avril 1935, que la guerre ita-
civilisation. lo-abyssinienne aurait excité les Etats les
Ouvriers ! Paysans ! Employés ! plus agressifs, qui veulent résoudre par les
Petits industriels, petits commerçants, armes les graves problèmes de l’heure.
artisans ! Exigez la réduction des im­ C’est ce qui se passe sous nos yeux.
pôts qui vous accablent. Demandez un
moratoire pour toutes vos dettes envers Hitler et le Japon, qui menacent la
le fisc ou envers des créanciers privés. paix du monde, se voient encouragés
dans leurs intentions criminelles par les
Demandez un allégement fiscal spé­ succès des forces armées italiennes en
cial pour les populations du Sud et des Afrique.
îles, les plus touchées par la crise.
Sur le Rhin, comme en Europe cen­
Travailleurs, demandez le droit de
trale et orientale, dans les Balkans et en
contrôler vous-mêmes les prix de gros
Asie, les foyers de guerre ont pris feu.
des denrées alimentaires pour lutter
contre la vie chère et rogner les griffes Demain, peut-être à l’improviste, les
des gros commerçants et des spécula­ armes de mort surgiront dans le ciel de
teurs qui affament le peuple (...). nos villes et notre peuple sera décimé :
Anciens combattants d’Afrique, nos femmes et nos enfants trouveront la
exigez le doublement des indemnités de mort dans des souffrances atroces et des
démobilisation et un emploi garanti. mutilations épouvantables — comme
sont morts les femmes et les enfants
Mutilés, blessés, invalides de la d’Abyssinie —, et notre Italie deviendra
guerre d’Afrique, unissez-vous aux un vaste cimetière
mutilés et invalides de la Grande Guerre
pour exiger une pension qui vous per­ Ce massacre n’est pas inévitable.
mette de vivre dignement. Le peuple tout Nous pouvons l’éviter à la condition
entier soutiendra votre lutte (...). de nous unir pour imposer l’abandon de
Peuple italien ! La guerre a pris fin la politique étrangère actuelle de l’Italie,
en Afrique depuis des mois. Mais la dé­ en faveur d’une politique de paix inter­
mobilisation n’est toujours pas décrétée. nationale.
Nos soldats et les chemises noires, sou­ Hitler déclare ouvertement qu’il veut
mis à de dures épreuves et proie de la guerre. Il déchire brutalement les trai­
toutes les maladies, n’ont pas regagné tés et menace de mettre le feu à l’Europe
leurs foyers. et au monde. Le peuple italien ne veut
Seuls sont rentrés chez eux les “fils à pas capituler face à la menace hitlérien­
papa” et les grands hiérarques : ceux qui ne. Le peuple italien veut la paix (...).
ont fait la guerre avec des discours, les La politique étrangère actuelle de
héros à bon marché de l’aviation lancée l’Italie a sacrifié l’indépendance de
,1 |
L E S C A H IE R S DU M O U V E M E N T O U V R IE R / N U M E R O 4

l’Autriche aux projets annexionnistes de Nous voulons fonder une Italie forte,
l’Allemagne, incarnés dans l’accord aus­ libre et heureuse, comme est forte libre
tro-allemand, et à ouvert à l’hitlérisme la et heureuse l’Union soviétique, où, en ce
route du Brenner et de Trieste. Cette po­ moment même, 170 m illions de tra­
litique est contraire aux intérêts de notre vailleurs discutent de la nouvelle Consti­
pays. Ce n’est pas pour ouvrir Ja voie de tution, la Charte de la liberté, le statut
l’Adriatique à l’impérialisme allemand d’une société de travailleurs libres (...).
que six cent mille soldats italiens sont Des hommes comme Antonio Gram-
morts dans la dernière guerre ! sci, Umberto Terracini, Mauro Scocci-
Nous voulons que l’Italie exerce tou­ marro, Girolamo Li Causi, Giovanni Pa-
te son influence pour favoriser la réalisa­ rodi, Battista Santhià, Adele Bei, et des
tion d’un système de pactes d’assistance centaines et centaines d’autres, fine fleur
mutuelle à l’est de l’Europe, et pour y at­ de la classe ouvrière et du peuple italien,
tirer l’Allemagne ; nous voulons que défenseurs héroïques de la culture ita­
l’Italie stipule un pacte analogue avec lienne et des intérêts de notre pays,
l’Union soviétique, le défenseur le plus qu’ils aiment d’un amour sans égal et
ardent et obstiné de ta paix dans le mon­ auquel ils ont consacré leur vie, n’ont re­
de. Nous ne voulons pas nous prêter au culé devant aucun danger pour procla­
jeu de l’impérialisme anglais, représenté mer la nécessité de la réconciliation du
par le Parti conservateur de Grande-Bre­ peuple italien, pour faire une Italie forte,
tagne, qui cherche à détourner vers l’est libre et heureuse.
de l’Europe la tempête qui s’annonce. La
Mais ce programme ne pourra être réa­
paix est indivisible, et si elle se brise où
lisé que par la volonté du peuple. Actuelle­
que ce soit en Europe, tous les peuples
ment, le peuple lie voit pas encore la pos­
seront précipités dans la guerre (...).
sibilité de lutter pour un tel programme.
Actuellement, le peuple veut résoudre
(...) Les communistes font leur le les problèmes les plus urgents, les plus
programme fasciste de 1919, qui est immédiats et les plus angoissants : le
un programme de liberté ! (...) pain, le travail, Ja paix et la liberté pour
tous ; et nous sommes, nous, avec le
Peuple italien 1 peuple, et nous faisons appel à son union
Nous, communistes italiens, combat­ et à sa réconciliation pour la conquête de
tons pour renverser la domination des ces revendications qu’on ne peut ren­
capitalistes sur notre pays, pour arracher voyer plus tard.
les richesses de notre pays aux capita­ Le programme fasciste de 1919 n’a
listes qui en ont le monopole et pour les pas été réalisé.
restituer au peuple, qui les a produites ;
nous combattons pour fonder en Italie un Peuple italien !
Etat dans lequel tout citoyen aura le droit
au travail et pourra recevoir une rémuné­ Fascistes de la vieille garde !
ration selon la quantité et la qualité du Jeunes fascistes !
travail fourni ; un Etat dans lequel Nous, les communistes, nous faisons
chaque citoyen aura droit aux congés nôtre le programme fasciste de 1919, qui
payés, à toutes les assurances sociales, à est un programme de paix, de liberté, de
la retraite, aux frais de l’Etat ; un Etat defense des intérêts des travailleurs, et
dans lequel tout citoyen aura droit à nous vous disons : luttons tous unis pour
l’instruction gratuite, de l’école élémen­ la réalisation de ce programme.
taire à l ’université ; un Etat de tra ­
vailleurs libres, dans lequel tous les ci­
toyens jouiront de la plus complète liber­ Le programme fasciste de 1919 di­
té politique, liberté de pensée, d’organi­ sait : salaire minimum garanti aux ou­
sation et de presse ; un Etat qui sera aux vriers !
mains des travailleurs et gouverné par Pourquoi le salaire minimum n’est-il
les travailleurs (...). pas garanti ? Pourquoi le salaire reste-t-il

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soumis à l’arbitraire patronal ? Pourquoi tal, à taux progressif, pour parvenir à


les contrats de travail ne sont-ils pas res­ une expropriation partielle de la richesse.
pectés ? Pourquoi sont-ce les patrons qui Mais tes grands capitalistes ont dé­
commandent en Italie et n’en font qu’à fendu bec et ongles leurs coffres-forts,
leur tête ? Et quand vous, les fascistes, tandis que les petits industriels, les com­
réclamez le respect des contrats, vous merçants, les artisans et les paysans sont
vous trouvez face à un mur, le mur de la en train de se ruiner.
puissance des patrons, qui vont même
jusqu’à vous menacer.
Le programme fasciste de 1919 di­
Lors des deux dernières séances du
sait : révision de tous les contrats de
conseil national de la confédération des
fourniture d’armements, et confiscation,
syndicats de P industrie, la majorité des
à hauteur de 85 %, des surprofits de
dirigeants syndicaux de province, sous
votre pression, s’est prononcée en faveur guerre.
de l’augmentation des salaires, pour la Mais, en 1922, les requins firent dis­
semaine de 40 heures payées 48, Mais, soudre la commission parlementaire
par les manœuvres, les suspensions et les d’enquête, tandis que de nouveaux sur­
renvois, les patrons ont pu empêcher profits se sont accumulés entre leur
qu’il vous soit donné satisfaction. mains pendant la guerre d’Abyssinie.
Dès novembre 1934, le Comité corpo­
ratif central votait une motion stipulant Le programme fasciste de 1919 di­
que le tarif de tout travail aux pièces de­ sait : suffrage universel au scrutin régio­
vait être négocié entre patrons et ouvriers. nal, qui assure la représentation propor­
Cette motion n’a jamais été appli­ tionnelle des électeurs et la participation
quée, et les tarifs du travail aux pièces des femmes à la vie politique, comme
restent soumis au seul arbitraire des pa­ électrices et comme éligibles.
trons, lesquels réduisent ainsi les sa­ Bien au contraire, toute liberté poli­
laires, annulant ainsi de fait toute possi­ tique a été supprimée, la liberté de presse
bilité de faire respecter les contrats qu’ils et d’association a été supprimée, tandis
ont eux-mêmes signés. que l’Etat corporatiste a garanti à une
poignée de parasites le contrôle de toute
Le programme fasciste de 1919 di­ l’économie du pays.
sait : le paysan veut la terre ! Toutes les représentations de l’Etat et
Les paysans n’ont pas eu la terre. Et, des communes sont désignées d’en haut.
lorsqu’ils la possèdent, les grands pro­ L’infériorité de la femme a été inscrite
priétaires et le fisc la leur reprennent par dans les principes mêmes de l’Etat cor­
le jeu de contrats léonins ou d’impôts poratiste (.,.).
confiscatoires, ou encore par toutes
sortes de prélèvements obligatoires, de Fascistes de la vieille garde !
contrôles ou de cultures forcées. Jeunes fascistes !
Aucune des promesses de 1919 n’a
Le programme fasciste de 1919 di­ été tenue.
sait ; nationalisation de toutes les Les syndicats, soustraits à la libre di­
usines d’armement et de munitions ! rection des ouvriers, n’ont désormais
Mais les grands industriels ont fait d’autre fonction que d’interdire aux ou­
approuver un programme d ’industrie de vriers de faire pression sur les patrons
guerre qui leur assure des profits juteux, pour défendre les droits des travailleurs.
tandis que tous les risques sont supportés L’Assemblée parlementaire est sous
par l’Etat (et donc par la nation).
le contrôle des requins et de leurs em­
ployés, et aucune voix indépendante ne
Le programme fasciste de 1919 di­ s’y élève jamais pour la défense des inté­
sait : impôt extraordinaire sur le capi­ rêts sacrés du peuple.
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L E S C A H IE R S DU M O U V E M E N T O U V R IE R / N U M E R O 4

Vous rendez hommage à la mémoire La lutte à laquelle t’appelle le Parti


de Filippo Corridoni (1). Mais l’idéal communiste d’Italie est une lutte pos­
pour lequel Corridoni a combattu toute sible dans la situation actuelle de notre
sa vie était la volonté de conquérir pour pays.
la classe ouvrière le droit d’être maîtres­ Bien souvent, ouvriers et travailleurs
se de son propre destin. Le syndicalisme se sont retrouvés unis, dans les usines,
de Corridoni était l’expression de la lutte dans les assemblées syndicales, dans les
des exploités contre les exploiteurs. Cor­ clubs sportifs d’entreprise, dans les mu­
ridoni rêvait de la victoire des exploités, tuelles, dans les coopératives et dans
leur affranchissement de l’oppression ca­ d’autres associations, pour s’opposer aux
pitaliste. attaques patronales contre les salaires, à
l’aggravation des conditions de travail,
Fascistes de la vieille garde ! pour défendre les droits de leurs
membres, pour révéler les tricheries de
Jeunes fascistes ! certains hiérarques indignes et en de­
Nous proclamons que nous sommes mander le remplacement par des gens
disposés à combattre à vos côtés, avec honnêtes et capables de défendre les in­
tout le peuple italien, pour la réalisation térêts du peuple.
du programme fasciste de 1919, et pour Là où furent convoquées des assem­
toute revendication qui exprime un inté­ blées ouvrières, il a souvent été possible
rêt immédiat, particulier ou général, des d’élire aux fonctions de mandataires
travailleurs et du peuple italien. syndicaux et de responsables locaux des
Nous sommes disposés à lutter avec travailleurs conscients des intérêts de
quiconque veut vraiment se battre contre leurs camarades et décidés à ne pas se
la poignée de parasites qui saignent et laisser intimider par les menaces des pa­
oppriment la nation, et contre les hié­ trons et des hiérarques au service des pa­
rarques à leur service. trons. Bien souvent, ouvriers et tra­
Pour que notre lutte soit couronnée vailleurs unis ont désigné et désignent
de succès, nous devons vouloir la récon­ des commissions composées de cama­
ciliation du peuple italien, pour rétablir rades, qui vont négocier avec succès
l’unité de la nation, pour le salut de la avec les syndicats, avec les patrons, avec
nation, pour dépasser la division criminel­ les autorités, sur toutes les questions qui
le créée dans notre peuple par ceux qui concernent les différentes catégories de
avaient intérêt à en briser la fraternité travailleurs. Dans de nombreux cas, et
encore récemment, les ouvriers ont sus­
Donnons-nous la main, fils de la na­ pendu le travail pour protester contre le
tion italienne ! Donnons-nous la main, comportement des patrons, qui ne res­
fascistes et communistes, catholiques et pectent pas les contrats de travail et qui
socialistes, hommes de toutes opinions ! se rendent coupables de nombre de lar­
Donnons-nous la main et marchons côte cins aux dépens des travailleurs. Dans
à côte pour arracher le droit d’être les ci­ bien des cas, ils ont obtenu satisfaction
toyens d’un pays civilisé comme le
C - ). 1
2
nôtre.
Nous souffrons des mêmes maux.
Nous avons la même ambition : celle de
faire une Italie forte, libre et heureuse. (1) Filippo Corridoni (1887-1915) : syndicaliste-
révolutionnaire, dirigeant de la CQIL et interven-
Que chaque syndicat, que chaque club tionnniste, il fut tué en 1915 sur le front autri­
sportif d’entreprise (2) devienne le chien. Mussolini en fît un héros, incarnation “pro­
centre de notre unité retrouvée et active, létarienne’1du patriotisme italien (NDR).
de notre volonté de briser le petit groupe (2) Clubs sportifs d’entreprises : traduction im­
parfaite du “Doplavoro”, institution corporatiste
de parasites capitalistes qui nous affa­ mise en place par le fascisme dans les entreprises
ment et nous oppriment (...). pour développer la santé physique des travailleurs
par le sport. Le “Doplavoro” était regroupé dans
î ’“Opera Nationale Doplavoro”, organisation cor­
Peuple italien ! poratiste à l’échelon national (NDR).
L’A P P E L A U X F A S C IS T E S

Place aux jeunes ! rendre notre belle Italie forte, libre et


Jeunesse italienne ! heureuse.
L’hymne fasciste dit que "la jeûneuse
est le printemps de la b e a u t é Mais tu A toi, travailleur catholique !
sais qu’il n’y a pas de beauté sans tra­ Nous te tendons la main, travailleur
vail, sans une perspective d’avenir, sans catholique, parce que nous voulons,
ioisirs, sans possibilité de développer sa comme toi et avec toi, lutter pour la jus­
personnalité, sans amour et sans joie. La tice, pour la paix entre les hommes, pour
beauté se trouve dans une vie active et la liberté.
heureuse. Le véritable héroïsme, on le
trouve dans la grande émulation pour ac­ Dans son encyclique Quadragesimo
croître le bonheur et la culture des Anno, le pape Pie XI s’attaquait vigou­
peuples. reusement à la puissance économique
concentrée aux mains d’un petit nombre
Tu as droit à la vie, jeunesse d’Italie ! d’hommes, qui contrôlent le crédit et en
Unis-toi aux adultes, et lutte pour ton usent selon leur bon plaisir, et qui dispo­
droit à la vie, contre ceux qui te privent sent ainsi de la vie des peuples.
de travail, qui te contraignent à l’oisiveté Contre cette puissance, et pour
forcée et qui veulent t’envoyer au mas­ l’abattre, nous voulons nous unir à toi.
sacre pour s’enrichir sur ta peau.
Les communistes sont tes frères. Ils
Place aux jeunes ! Dans les usines, combattent courageusement contre les
les bureaux, les écoles, partout, place responsables de la misère du peuple et
aux jeunes ! Du travail pour tous les contre le fléau de la guerre. Comme les
jeunes ! A travail égal, salaire égal ! premiers apôtres du christianisme, ils
Place aux jeunes ingénieurs et techni­ abandonnent tout, et jusqu’à leur propre
ciens ! Place aux jeunes médecins 1 Pla­ famille, pour la cause du peuple.
ce aux jeunes écrivains et artistes !
Les communistes respectent et défen­
A bas les cliques qui ferment les dent tes opinions religieuses. Ils les dé­
portes à la jeunesse ! fendent contre ce sacrilège quotidien
qu’est l’exploitation des patrons, ces pa­
A toi, travailleur fasciste ! trons qui se disent chrétiens. Ils les dé­
Travailleur fasciste, nous te tendons fendent contre ceux qui souillent la ban­
la main parce que nous voulons construi­ nière du Christ dans l’agitation guerriè­
re avec toi l’Italie du travail et de la paix. re. Ils les défendent en combattant contre
la cause première de la corruption des
Nous te tendons la main parce que mœurs, qui est la misère, fille de l’ex­
nous sommes, comme toi, fils du peuple, ploitation que subissent les travailleurs
parce que nous sommes tes frères, parce de la part des riches et des requins.
que nous avons les mêmes intérêts et les
même ennemis. Nous te tendons la main, travailleur
catholique, parce que nous voulons que
Nous te tendons la main parce que tu soies à nos côtés dans la sainte et bon­
l’heure que nous vivons est grave, parce ne bataille pour le pain quotidien, pour
que, si nous ne réalisons pas tout de suite la paix entre les hommes de bonne vo­
l’unité, nous serons tous entraînés dans lonté, pour la liberté de ceux qui souf­
la ruine, dans la misère la plus noire et frent et qui n’ont d’autre richesse que
dans une guerre terrible. leurs bras et le noble sentiment de la fra­
Nous te tendons la main parce que ternité.
nous voulons en finir avec la faim et
avec l’oppression. L’heure est venue de
prendre la matraque contre les capita­ Les forces de la liberté et de la paix
listes qui nous ont divisés, pour qu’ils s’organisent dans le monde entier !
nous restituent ce qu’ils nous ont pris ! Italiens !
Nous te tendons la main parce que Les peuples s’organisent dans le
nous voulons, comme toi et avec toi, monde pour sauver la paix et passent à
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L E S C A H IE R S DU M O U V E M E N T O U V R IE R / N U M E R O 4

l’attaque contre la puissance de la poi­ Suivons l ’exemple de ces peuples


gnée de parasites qui, dans chaque pays, frères et, avec eux, nous sauverons l’Ita­
sont la seule cause de la misère des lie et de monde de la misère et de la
masses populaires et de la guerre. guerre.
Les victoires du Front populaire en Unité !
Espagne et en France, les victoires que Travailleurs et intellectuels socia­
les masses populaires sont en train de listes, démocrates, libéraux catho­
remporter dans d’autres pays démontrent liques !
que les peuples réagissent contre leurs
exploiteurs, au nom du droit à la vie, au Mettez toutes vos forces dans l’œuvre
nom de la liberté et de la paix. de réconciliation et d’union du peuple
italien, pour la constitution du Front po­
En Espagne, la lutte pour la défense pulaire en Italie. Ceux qui dominent ac­
de la liberté et la conquête du pain et de tuellement dans notre pays veulent main­
la terre a fait couler le sang généreux de tenir le peuple italien dans la division
milliers de combattants héroïques pour entre fascistes et non-fascistes. Levons
la cause du peuple. Le peuple espagnol haut la bannière de l’unité du peuple,
n’a pas reculé devant les plus grands sa­ pour le pain, le travail, la liberté et la
crifices pour défendre la liberté contre paix.
ceux qui voulaient la lui arracher et qui
tentaient de le diviser en fascistes et anti­
fascistes pour mieux l’opprimer. Tout le Peuple italien !
peuple d’Espagne a pris les armes, Fais que tous tes enfants se tendent la
vieux, jeunes, femmes et enfants, contre main, se reconnaissent comme frères et
les forces iniques de l’oppression poli­ luttent ensemble pour exiger que soient
tique et de la guerre, pour la liberté. tenues les promesses faites au peuple,
En France, la victoire du Front popu­ pour que les riches et les requins paient
laire a fait reculer les ennemis de la li­ les dépenses de la guerre et de la coloni­
berté et de la paix, ceux-là mêmes qui sation, pour que soient garantis à tous les
exploitent les travailleurs et les réduisent ouvriers le pain et le travail, pour que les
à la misère. Le peuple français uni a dé­ paysans soient sauvés de la misère, pour
fendu la liberté et a arraché d’impor­ l'amélioration immédiate des conditions
tantes conquêtes économ iques aux de vie des ouvriers et des employés,
grands capitalistes : augmentation des pour un logement digne pour tous les
salaires, semaine de 40 heures payées travailleurs, pour la défense et l’avenir
48, conventions collectives négociées de notre jeunesse, pour la paix, pour la
par des syndicats libres, comités d’entre­ liberté.
prise élus par tous les travailleurs au suf­ Tel est l’appel que t’adresse le Parti
frage universel et secret. Il va mainte­ communiste d’Italie, le parti qui lutte
nant faire le nécessaire pour améliorer pour construire une Italie forte, libre et
les conditions de vie des paysans, des ar­ heureuse.
tisans, des petits commerçants et des pe­
tits industriels.
Août 1936
Tout cela a été possible parce que la
classe ouvrière d’Espagne et de France
s’est unie et parce qu’autour de la classe L ’appel est. suivi d'une liste de signa­
ouvrière se sont unies toutes les couches tures de membres du PC d ’Italie résidant
de la population laborieuse et les à l’étranger (Paris et Moscou). La pre­
meilleurs éléments des intellectuels, au- mière signature est celle de Palmiro To-
delà des différences d ’opinions poli­ gliatti {Ercoli), membre du secrétariat de
tiques ou religieuses. l’Internationale communiste.

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