Você está na página 1de 5

Les informations qui suivent sont évolutives dans le temps, en fonction de l’avancée de notre

réflexion et des connaissances scientifiques sur le sujet.

Réflexions sur le biomonitoring du risque cancérogène au moyen des tests de mutagenèse

Sommaire

I- Introduction
II- Définir la génotoxicité des environnements pour mieux prévenir tout processus de
cancérogenèse environnementale
III- Tests de génotoxicité et surveillance biologique des sujets potentiellement exposés à
des cancérogènes : à propos de la diversité des tests
III-1. Les tests d’imprégnation génotoxique
III-1. Les tests d ’action génotoxique
IV- Stratégie de recours au biomonitoring du risque cancérogène et choix des protocoles
IV-1 Stratégie de recours au biomonitoring
IV-2. Protocoles de biomonitoring
IV-2.1. Choix des tests et recrutement des populations
IV-2.2. Notions de confidentialité et limites interprétatives
IV-3. Notions élémentaires d’éthique
V-Conclusion

I-Introduction

L’application des tests de mutagenèse à la prévention et à la surveillance biologique du risque


cancérogène est une démarche qui, certes, demeure à ce jour rare, mais qui est de plus en plus
souvent envisagée par les médecins du travail. Cette démarche entre naturellement dans le
cadre de la prévention des cancers professionnels qui représente pour tous les acteurs de la
prévention des risques professionnels une préoccupation majeure, du fait de la gravité de la
pathologie et de la fréquence des nouveaux cas attribuables aux facteurs professionnels (entre
5000 et 20 000 cas par an en France). Cependant, la mise en œuvre de cette prévention
demeure délicate, du fait des effets très différés des cancérogènes, de la chronicité des
expositions multiples et complexes, de la durée de ces expositions couvrant souvent des
décennies et de l’absence de signes cliniques suffisamment précoces.

II-Définir la génotoxicité des environnements pour mieux prévenir tous processus de


cancérogenèse environnementale

A l’évidence, la prévention des cancers professionnels est une démarche particulièrement


complexe dans laquelle ni la métrologie d’ambiance, ni les examens médicaux n’apportent de
solutions pleinement satisfaisantes pour de nombreuses raisons que nous n’évoquerons pas
ici. Dès lors, il apparaît important de s’interroger quant à l’apport et la place de la surveillance
biologique faisant appel aux tests de mutagenèse. Il est admis que la plupart des processus de
cancérogenèse environnementale procède par les trois stades successifs que sont l’initiation,
la promotion puis la progression. Le stade de l’initiation correspond à l’étape de mutagenèse.
C’est le stade au cours duquel le patrimoine génétique cellulaire passe de l’état natif à l’état
muté. A l’issue de ce processus de mutagenèse environnementale, une ou quelques cellules

1
sont dites initiées et donc potentiellement cancéreuses. Ainsi, la relation entre mutagenèse et
cancérogenèse apparaît évidente. Il existe d’ailleurs un certain nombre d’arguments qui
soutiennent cette relation :
- la principale cible moléculaire des cancérogènes est l’ADN,
- l’activation des proto-oncogènes en oncogènes est liée à leur mutation,
- l’inactivation des gènes suppresseurs de tumeur est liée également à leur mutation,
- l’existence probable de mutations spécifiques d’ agents cancérogènes donnés
(signature),
- la forte corrélation entre activité mutagène et cancérogène
Il existe néanmoins un certain nombre d’arguments qui établissent clairement que les
cancérogènes environnementaux ne procèdent pas tous par la voie de la génotoxicité. Notons
en effet que les agents promoteurs sont cancérogènes et qu’il existe des mutagènes non
cancérogènes
Au total, la mise en évidence de la génotoxicité des environnements doit être considérée
comme un moyen complémentaire d ‘évaluation du risque et donc de prévention des cancers
professionnels.

III-Tests de génotoxicité et surveillance biologique des sujets potentiellement exposés à des


cancérogènes : à propos de la diversité des tests

Il apparaît, au regard de ces éléments, particulièrement nécessaire de déterminer


l’importance des expositions des populations aux agents génotoxiques. De manière
coordonnée, il est également très utile de déterminer les conséquences biologiques précoces
de ces expositions. A cette fin, il a été défini des biomarqueurs d’exposition et des
biomarqueurs d’effets génotoxiques.
Les biomarqueurs d’exposition correspondent au dosage du toxique et/ou de ses
métabolites (bio-métrologie),ou encore à la détermination de la génotoxicité des fluides
biologiques. Les biomarqueurs d’effets génotoxiques cherchent à déterminer la fréquence et la
nature d’événements biologiques survenant très précocement et de façon contemporaine à
l’exposition.
Parmi les tests de mutagenèse susceptibles d’être appliqués à la surveillance
biologique des populations exposées à des environnements potentiellement cancérogènes, il
existe donc des tests d’imprégnation et des tests d ’action génotoxique qui peuvent rendre
compte de la survenue de mutations géniques, de mutations chromosomiques, de mutations
génomiques et/ou de lésions primaires de l ’ADN.
III-1. Les tests d’imprégnation génotoxique
Les tests d ’imprégnation consistent à effectuer, par exemple, d’effectuer le dosage du
toxique et/ou de ses métabolites, le dosage des thio-éthers urinaires, ou, pour ce qui revient
aux tests de mutagenèse, à déterminer la mutagénicité de fluides biologiques (test d ’Ames
appliquées aux urines).
III-1. Les tests d’action génotoxique
Les tests d’action consistent à déterminer les altérations du patrimoine génétique. Ils sont
répartis en tests de mutations géniques (locus HPRT, locus TK, antigène A, gène de
l’hémoglobine, gène de la glycophorine A), en tests de mutations chromosomiques (test des
micronoyaux (± FISH (Fluorescent in situ hybridization)), aberrations chromosomiques), et
en test de mutations génomiques (test des micronoyaux (± FISH)). Il existe en outre des tests
qui évaluent les altérations primaires de l’ADN (test des comètes, synthèse non programmée
de l ’ADN, échanges de chromatides sœurs, adduits à l ’ADN) c’est à dire les lésions qui
précèdent les processus de réparation de l’ADN. Ces lésions primaires sont donc transitoires,
ce qui conduit à de grandes discussions concernant leur inscription au sein des tests d’action

2
ou d’imprégnation. On peut en effet considérer qu’il s’agit de tests d’imprégnation puisque les
lésions sont transitoires, mais on peut également considérer que les lésions moléculaires
observées au niveau de la molécule d’ADN sont le résultat d’interactions effectives avec le
matériel génétique.

IV- Stratégie de recours au biomonitoring du risque cancérogène et choix des protocoles

Envisager de recourir à la mise en œuvre d’un protocole de biomonitoring des


populations exposées au moyen d’un ou de plusieurs tests de mutagenèse conduit à définir au
préalable un très grand nombre de critères. Il faut notamment définir la manière selon laquelle
sera inscrite cette phase d’évaluation du risque au sein de la démarche globale de prévention ;
il faudra également définir des protocoles non ambigus, fixer au préalable les modalités
d’interprétation des résultats, poser des limites interprétatives, tout en respectant les aspects
éthiques.
IV-1. Stratégie de recours au biomonitoring
En terme de stratégie, il faut considérer aujourd’hui que le biomonitoring du risque
cancérogène au moyen de tests de génotoxicité est un outil complémentaire dans la démarche
globale de prévention. Bien que pratiqué uniquement dans des laboratoires très spécialisés, ce
type de démarche est (ou devient) un outil à la disposition du médecin du travail qui ne peut
remplacer, dans l’évaluation des risques, les étapes fondamentales d’identification des
dangers et d’analyse des modalités d’exposition au poste de travail qui peut être complétée
par la métrologie d’ambiance. L’évaluation de la pertinence du recours au biomonitoring a en
effet besoin de ces informations. Autrement dit, préalablement à tout recours au
biomonitoring, il convient, d’une part, de mettre en place la démarche globale de prévention
avec étude des postes et monitoring de l’environnement de travail et, d’autre part, de respecter
les principes de prévention réglementaires consistant notamment à :
– rechercher des produits de substitution,
– réduire l’exposition,
– limiter le nombre de sujets exposés,
– mettre en place des protections collectives et individuelles,
– informer le personnel sur les risques encourus et les moyens de protection,
– adapter la surveillance médicale.
Ce n’est que complémentairement à ces opérations que peuvent être évaluées, en terme
d’avantages et de limites, la pertinence et la possibilité de recourir à un biomonitoring du
risque cancérogène au moyen de tests de mutagenèse.
IV-2. Protocoles de biomonitoring
IV-2.1. Choix des tests et recrutement des populations
A ce stade de la démarche apparaît la nécessité d’établir un protocole de biomonitoring
qui doit être strict, rigoureux et détaillé. Ce protocole devra en tout premier lieu clairement
établir les objectifs recherchés. Il convient, par exemple, de savoir si le but est de compléter
les mesures des niveaux d’exposition, d’évaluer la génotoxicité des environnements
professionnels, de rechercher les effets de potentialisation des cancérogènes, ou encore
d’évaluer l’efficacité des moyens de protection.
Ce protocole doit également définir au préalable les groupes à étudier et préciser à ce
niveau le nombre de sujets nécessaires, la nécessité de recruter ou non un groupe témoin, les
critères d ’inclusion-exclusion. Il convient également de dresser la liste des facteurs de
confusion intra- et inter-groupe (tabac, alcool, traitements médicamenteux, vaccinations,
examens radiologiques, pathologies virales, expositions extra-professionnelles, sexe, âge,
milieu socio-professionnel, milieu géographique).

3
La définition d’un protocole de biomonitoring impose également un choix parmi les
tests de mutagenèse. Les facteurs importants dans le choix des tests sont :
- les objectifs de l’étude,
- les propriétés du(es) cancérogène(s) (effets in vitro, modalités d’absorption et
d’élimination, tissu cible),
- la rémanence des anomalies observées,
- la pertinence des anomalies recherchées, considérant en effet que les actions
génotoxiques les plus graves sont les anomalies cytogénétiques (reflets de
mutations chromosomiques et/ou génomiques) et les mutations géniques ; viennent
ensuite, par ordre de gravité décroissant, les lésions primaires de l’ADN et les
adduits, puis la mutagenèse urinaire et la biométrologie (dosage des métabolites),
- les associations de tests.
Par ailleurs, le protocole de biomonitoring doit clairement fixer les modalités de
recrutement des sujets exposés. Il convient dans ce type de démarche de donner des
informations orales et écrites avant le début de l ’étude sur :
- les objectifs,
- les critères d’inclusion,
- les modalités (prélèvements, questionnaire, métrologie associée…),
- les limites interprétatives,
- le mode de rendu des résultats.
L’adhésion de la plupart des travailleurs exposés passe par une motivation et une
sensibilisation du personnel. En tout état de cause, leur inscription dans ce type de démarche
repose sur le volontariat, lequel se traduira par la signature d’un consentement éclairé après
remise d’une notice d’information. Il faut souligner que les témoins n’ont aucun bénéfice
direct ni indirect et que leur adhésion repose à l’évidence sur le volontariat, lequel se traduira
également par le recueil d’un consentement éclairé. La nécessité d’appariement des
populations exposée et témoin sur les principaux facteurs de confusion doit être prise en
compte au fur et à mesure du recrutement.
IV-2.2. Notions de confidentialité et limites interprétatives
La mise en place d’un protocole de biomonitoring passe également par l’établissement
d’un questionnaire médical et professionnel pour chaque volontaire exposé ou témoin. Le
recueil des informations médicales et professionnelles est effectué par le médecin du travail.
L’identification des questionnaires et des prélèvements fait appel à un codage garantissant
l’anonymat des échantillons au laboratoire et du traitement des données. L’ interprétation des
résultats doit se faire sur un mode exclusivement collectif et dans un but préventif et non
prédictif. En effet, individuellement, il n’y a à ce jour aucune signification, en termes de
risque pour la santé, de la présence d’un biomarqueur élevé. En outre, aucune interprétation
ne peut être faite en termes de susceptibilité génétique au cancer. Dès lors, les résultats
individuels n’entraînent aucune conséquence sur l ’avis d ’aptitude médicale au poste de
travail.
L’interprétation d ’une positivité d’un test d’imprégnation ne peut s’établir que par
comparaison avant/après exposition et témoigne de l’exposition effective des populations
quels que soient les moyens de protections individuels ou collectifs. La positivité des tests
d’action génotoxique témoigne d’une génotoxicité ou mutagenèse effective au niveau des
cellules prélevées. Elle peut s’accompagner de la détermination du risque relatif que
surviennent les dommages à l ’ADN ou les mutations quantifiées dans les cellules prélevées.
Il convient d’envisager dès le départ qu’un contrôle après action de prévention sera mis en
œuvre.
La négativité d’un test d’imprégnation témoigne du fait qu’aucune mutagénicité n’a été
détectable par le(s) test(s) dans les fluides biologiques prélevés. La négativité des tests

4
d’action démontre qu’aucune action génotoxique et/ou mutagène n’a été détectable au moyen
du(es) test(s) utilisés dans le tissu examiné.
IV-3. Notions élémentaires d’éthique
Une information des sujets sur les multiples aspects du protocole (objectifs, nature des
tests, conséquences éventuelles des résultats, interprétation …) doit être délivrée
collectivement et individuellement. L’inclusion des sujets doit être effectuée sur la base du
volontariat, chaque sujet devant se sentir totalement libre de participer ou non à l’étude. Les
tests doivent être effectués sur prescription du médecin du travail, garant de la confidentialité
et de l’éthique. Un rendu des résultats interprétés sur le mode collectif doit être effectué. Le
rendu des résultats individuels relève de la décision du médecin du travail.

V- Conclusion

En conclusion, le biomonitoring du risque cancérogène professionnel faisant appel à


des tests de mutagenèse peut être considéré comme une actualité. Plusieurs dizaines d’études
sont d’ores et déjà publiées dans les revues scientifiques internationales. Au niveau régional,
le laboratoire de Biogénotoxicologie (Service de Médecine et Santé au Travail, Faculté de
Médecine de Marseille) représente un pôle de compétence dans ce domaine et de nombreuses
études sont actuellement en cours (HAP, formaldéhyde, rayonnements ionisants). Nous
pouvons considérer aujourd’hui que le biomonitoring est un outil :
- complémentaire dans une démarche de prévention,
- non encore généralisable à ce jour,
- à dimension collective,
- nécessitant l ’établissement de protocoles très rigoureux,
- précieux lorsque la surveillance de l ’environnement est de réalisation délicate.
La mise en œuvre d’un biomonitoring du risque mutagène a pour but la détermination :
- de la présence effective des génotoxiques dans les fluides biologiques,
- des premières actions biochimiques des cancérogènes qui sont contemporaines de
l ’exposition,
- des événements cellulaires et/ou moléculaires consécutifs à l’action d’un agent
chimique ou physique donné

Ont directement participé à cette réflexion :


•Docteur Thierry Orsière
•Docteur Irène Sari-Minodier,
•Professeur Alain Botta,
Pour en savoir plus :
D. Marzin et F. Pillière. Perspectives sur l’utilisation des biomarqueurs. In : J.C. Pairon, P.
Brochard, J.P. Le Bourgeois, P. Ruffié, eds. Les cancers professionnels, Tome1, Paris :
Editions Margaux Orange, 2000, pp 287-314.

Você também pode gostar