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CINQUIEME ANNEE. — N° 10. VENDREDI 7 MARS 1924.

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Bulletin Communiste
'0R6ANE DU PARTI CO M M U N ISTE ( S . F. I. C .)
142, Rue Montmartre, Paris HEBDOMADAIRE Le Numéro : 50 centimes

SOMMAIRE
Le 5e A nniversaire de r Internationale Com m u­ M iéciatsev). — « Lu i » (E. Préobraiensky). —
niste (Boris Souvariné). — Actes ' du Comité L ’Année Economique 1923 (E. V arga). — Le
Exécutif de l ’Internationale Comm uniste. — L a « Cours Nouveau » du Parti bolchevik ; Contre
IIIe Internationale (R. A lb ert). — Souvenirs sur le Fractionnism e (Pravd a). — L ’Opinion des
la Fondation de la IIIe Internationale (Hugo M ilitants. — Nos Crim es (B. S.). — A la veille
Eherlein). — Lénine êt la question agraire (P. de la Révolution u t. CldiagniUur).

Le Cinquième Anniversaire
de l’Internationale Communiste
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3 —* e cours précipité des événements ne rer et prospérer... ; et nous éprouvons le be­
J laissera pas l’Internationale Commu- soin de nous rassembler à chaque occasion
7 * f niste célébrer Ans la solennité son pour nous dire : nous sommes là !
' | premier jubilé. Le Congrès mondial LTnternationale Communiste peut célébrer
que nous devions tenir à Moscou fièrement son cinquième anniversaire, elle
pour ce cinquième anniversaire est reculé. aussi. Elle a tenu ses engagements : c’est tout
Tous nos Partis communistes sont, engagés à dire. Elle a lutté sans trêve à l’avant-garde
fond dans le travail absorbant ou 'dans des du prolétariat mondial. En cinq ans, elle n’a
luttes acharnées. A peine si notre presse peut pu donner à la classe ouvrière la victoire
arracher à l’actualité pressante un lambeau de mais elle lui a donné la certitude de vaincre.
place pour le consacrer à la commémoration Elle est devenue sans conteste l’unique force
d’aujourd’hui. ralliant les combattants de la révolution so­
La Russie révolutionnaire a créé la coutume ciale.
des fréquents- anniversaires : chaque événe­ Ce lustre écoulé, si riche de péripéties et
ment mémorable, chaque institution originale d’alternatives dans la lutte furieuse des clas­
de la république soviétique sont l’objet rie ses, si fréquemment éclairé d’espoir et assom­
fêtes qui prennent le caractère du stimulant bri de revers, si ensanglanté de répressions,
et de la leçon. Les grandes dates de la révolu­ est aussi plein d’enseignements pour l’avant-
tion, les défaites de 1905 et les victoires de garde consciente du prolétariat. Il faudra son­
1917, les étapes de la vie du Parti, les créa­ der les événements où l’influence communiste
tions du prolétariat, les faits marquants des est intervenue, analyser le jeu des forces,
dernières années sont autant de prétextes à apprécier notre rôle : nous en tirerons une
réunir des foules et à exalter leur ardeur au expérience salutaire pour la Révolution.
travail après leur ardeur au combat. Mais à l’heure où nous sommes, il ne nous
Christian Raikovsiky, dans une allocution à est même pasi loisible de dresser un bilan, —
ses camarades d’Ukraine, à la veille de les encore moins de fouiller ces dernières années.
quitter pour rejjoindre son nouveau) poste de C’est à peine si nous pouvons hâtivement po­
Londres, évoquait cette succession d’anniver­ ser la question la plus urgente : Où en som­
saires et dégageait le sens profond de leur mes-nous ? et esquisser un commencement de
célébration. Nous sommes, disait-il, comme les réponse.
hommes primitifs qui, chaque matin, saluent Zinoviev, an dernier anniversaire de la Ré­
le soleil parce qu’ils ont douté de le revoir ja­ volution bolchevique, avait renoncé volontai­
mais après sa disparition dans le crépus­ rement aux phrases pompeuses d’usage cou­
cule... ; nou!s, après les journées que nous rant dans ces sortes' de circonstances : il pré­
avons vécues, après nos années terribles de féra consacrer un article sévère à la situation
luttes et de sacrifices, nous sommes comme de son Parti, faire une critique sérieuse et
étonnés d’être vivants, de voir nos œuvres du­ évoquer les tâches d’avenir. Nous suivrons ici

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258 BULLETIN COMMUNISTE

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son exemple en essayant de nous rendre cune distinction entre les races et d’avoir
compte de l’état de notre Internationale. noué des liens solides avec les peuples oppri­
La dernière année nous a été dure. Recon­ més des colonies. Il est impossible encore de
naissons-! e franchement. Notre Parti bulgare, se faire une idée exacte de la pénétration des
un de ceux dont nous étions le plus fiers, a idées communistes dans les masses innombra-.
été vaincu dans une lutte meurtrière. Notre blés des esclaves d’Asie et d’Afrique. Mais il
Parti allemand, dont les progrès sont pourtant est sûr que nous avons entrepris là un effort
considérables, a donné une grande déception dont, les répercussions seront funestes à l'im­
à toute l’Internationale, avec ses erreurs d’Oc­ périalisme européen, et que la bourgeoisie re­
tobre. Notre Parti norvégien s’est coupé_ en doute par-dessus tout.
deux. Notre Parti russe, le fondateur, le guide, L’avenir immédiat de. l’Internationale Corn'
le conseiller de toute l’Internationale, est di­ miuniste dépendra pour une grande part de sa
visé-.. conduite à l’égard de ses trois principales sec­
Voilà pour les traits les plus accusés d:e no­ tions, de Pmssie, d’Allemagne, de France, et
tre situation. Quant aux autres, on les connaît aussi de l’attitude de chacune de ces sections.
dans l’essentiel. Nos Partis de Pologne. d’Ita­ Notre devoir primordial est de chercher la li­
lie, de Yougoslavie et de Roumanie ont suhî gne juste à adopter dans les affaires de nos
de sauvages répressions ; ils ont tenu le coup, trois grands Partis.
ils subsistent, et ils croîtront rapidement aux La « question russe » est certainement la
premières circonstances propices ; mais l’illé­ plus ardue. Le seul de nos Partis qui soit au
galité les a réduits à un rôle restreint, sauf le pouvoir ne peut pas se diviser sans qu’il se
premier, dont faction a été remarquée dans produise fatalement, au bout d’un certain
les grandes grèves de l’an passé. E;n Autriche, temps, comme Zinoviev l’a bien expliqué, une
en Angleterre et en Belgique, où se trouvent compétition pour le pouvoir. U importe donc
trois des plus fortes sections de la 2e Interna­ de supprimer au plus vite les oppositions ac­
tionale, nos Partis sont extrêmement faibles, tuelles, et c’est en atteignant leurs causes
comme en Espagne. En Tchécoslovaquie, qu’on y parviendra. La cause de la crise poli­
nous avons un très grand Parti mais qui n’a tique est dans la crise économique, et la cause
pas encore, été mis à l’épreuve. Nos Partis de celle-ci est dans les méthodes défavorables
Scandinaves et des Etats baltiques, de Hol­ de production. Produire, — tout est là. Pro­
lande et de .Suisse sont stationnaires. Reste, duire à un prix exorbitant, inaccessible aux
pour l’Europe, notre Parti français. masses des campagnes et aux ouvriers, ce
C ’est certainement un des plus importants n’est pas produire. Pour rendre le Parti capa­
de la nouvelle Internationale, l’importance ble de venir à bout de ses difficultés écono­
s’évaluant non seulement par le chiffre des miques, il faut une pleine coopération de tous
effectifs mais par la situation et le rôle poli­ les membres ; c’est pourquoi la question de la
tiques. Actuellement, il est hors de doute que « démocratie ouvrière » dans le Parti s’est po­
nos ennemis mêmes considèrent le Parti Com­ sée, c’est-à-dire la possibilité assurée à l’en­
muniste français comme une force avec la­ semble du Parti de concourir à la solution des
quelle il faut compter et qui grandira dans problèmes en jeu et à la direction de l’Etat.
les prochaines batailles. Nos succès seront Le Parti a bien compris l’urgence de réa­
conditionnés par une ligne de conduite juste, liser cette « démocratie ouvrière » intérieure
une cohésion intérieure solide, une activité et le Comité Central a voté une résolution très
toujours en éveil. Mais l’oubli ou la, mécon­ nette dans ce sens. Nous conseillons à tous de
naissance de ces conditions nous vaudraient relire cette excellente résolution (B. G., n° 51)
des échecs, des crises, un fractionnement et que, pour notre part, nous soutiendrons de
peut-être pire. Or, il paraît que nous avons notre mieux. De l’application de cette résolu­
dans notre Parti des inconscients qui estiment tion dépend l’avenir du Parti et de la Révolu­
que les choses vont trop bien et qu’il est temps tion russes.
de provoquer de nouveaux déchirements à des Ce n’est pas tout. Dans les polémiques inté
fins inavouables et encore inavouées. Les sabo­ Heures auxquelles se sont livrés nos camara
teurs du communisme nous trouveront sur des russes, il est arrivé l’inévitable, c’est-à-dire
leur chemin, cette fois encore, comme leurs des excès et des appréciations injustes. Nous
prédécesseurs. Nous leur dirons deux mots, à avons ici, quant, à nous, montré ce qu’avaient
la prochaine occasion. Pour l’heure, il suffit de mal fondé certaines propositions de l’op­
de constater que notre Parti est un des espoirs position, et certaines exagérations de la majo­
les' plus légitimes de toute l'Internationale et rité. Nous avons jugé de notre devoir de dé­
qu’il dépend de lui de le justifier. fendre le Parti russe contre lui-même, de ren­
Hors d’Europe, l ’Internationale Communiste dre justice aux uns et aux autres selon que
a surtout étendu son influence en Asie. C’est les uns ou les autres étaient victimes de la
un de ses traits originaux que de ne faire au­ passion de la lutte. Nous n’en démordrons nas.
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Notre attitude n’a rien de la neutralité ; elle die savoir tenir compte du rôle subjectif des
est dictée par la conscience de l’intérêt supé­ révolutionnaires, auquel les S. R. faisaient à
rieur de la Révolution, lequel exige de tous tort une part exclusive, et des conditions
ceux qui ont fait la Révolution de la continuer objectives de la situation, qui hypnotisaient
ensemble. Le rôle de l'Internationale doit- être par trop les mencheviks. Il s’agit de trouver
de maintenir l’unité du Parti russe, et pour dans le mouvement allemand la ligne juste en­
cela d’écarter tout ce qui ferait obstacle au tre l’objectivisme et le subjectivisme excessifs.
travail en commun. Lénine, dans les luttes de C’est ce que l’Exécutif a fait, tout en évoquant
tendances, ne ménageait pas ses adversaires : des questions d’ordre général qu’il faudra dis­
mais il savait apprécier ce qu’il y avait de bon cuter à loisir.
chez eux, il voulait que la majorité en fasse Quant aux perspectives de la révolution alle­
son profit et il ne négligeait rien pour assurer mande, ce n’est plus une question allemande
une bonne collaboration avec la minorité. Voilà mais internationale. La situation économique
l’exemple qui doit nous inspirer. Nous, asso­ de l’Allemagne dépend étroitement du déclin
cier à des condamnations et à des représailles général du capitalisme, dut sort du traité de
contre la minorité serait rendre la crise irré­ Versailles, donc des rapports entre les Alliés,
médiable. Nous ne ferons pas cette faute. de l’intervention des Etats-Unis, etc. On ne
Enfin, s’il est compréhensible que les bol­ peut traiter séparément le problème révolu­
cheviks, entraînés par une certaine logique in­ tionnaire allemand, vu sous cet angle : ce sont
térieure dui combat, se livrent à des attaques les perspectives générales de 1a, révolution qu’il
injustes, il serait intolérable que ces attaques s’agit de tracer, Nous avons déjà rappelé que
soient renouvelées dans le Parti français par notre IIIe Congrès mondial l’a fait, et pour no­
des camarades qui n’ont pas l’excuse d’être tre part, nous nous tenons au point de vue qu’il
échauffés par les coups donnés ou reçus. Le a formulé.
communiste français qui se permet de diffa­ La « question française » a été résolue, il y
mer Trotsky en France est un irresponsable a un mois seulement, par le Congrès de Lyon.
oui un fourbe. Que celui qui a le goût de cet Là encore, nous nous en tenons aux décisions
exercice aille chez les « résistants » ou les dis­ prises, que nous trouvons toujours excellentes.
sidents, et au plus vite : on l’y accueillera à Le danger de droite, qui existe chez nous
bras ouverts. comme partout, a été vigoureusement refoulé.
La cc question allemande » est plus accessi­ Les raisons « objectives » invoquées précédem­
ble aux militants français, en tant qu’elle porte ment par Treint comme par la droite alle­
sur les fautes commises dans le passé. Ce n’est mande pour justifier les fautes de la Direction,
pas révéler un secret que de dire que l’opinion ont été réduites à leurs justes proportions et
de l’Exécutif, quand elle fut connue des prin­ les fautes condamnées. Le bureaucratisme, au­
cipaux militants du Parti français, n’a fait en tre caractéristique classique de la droite, in­
général que confirmer leur opinion sur les carné précisément par Treint, a été dénoncé.
erreurs d’appréciation ou les fautes tactiques Les erreurs dans la tactique du front unique,
commises par les dirigeants du mouvement tendant à faire perdre au Parti sa physionomie
allemand!. Le seul membre de la direction de propre, à lui faire renoncer à son initiative, à
notre Parti qui se posât en champion de la le subordonner à des groupements irresponsa­
droite allemande, Treint pour ne pas le nom­ bles, erreurs dont Partisan a été précisément
mer, ne convainquit jamais aucun de nous. Treint, ont été répudiées. Ainsi, les principa­
Nous sommes donc d’autant plüs à notre aise les manifestations de la, mentalité de droite ont
pour approuver les thèses de l’Exécutif sur la été très nettement perçues par le Congrès de
situation du Parti allemand. Lyon qui les a enrayées. Il n’y a qu’à persé­
Si l’on examine de sang-froid le caractère vérer dans cette voie.
des tendances allemandes, on constate chez la Ce qui ne veut pas dire que nous n’ayons
droite une propension à tout ramener aux rai­ pas de grandes questions à résoudre qui sont
sons objectives, et chez la gauche l’inclination encore intactes, non encore abordées parce que
à donner le pas aux facteurs subjectifs, c’est- le Parti est encore trop à la merci des brouil­
à-dire essentiellement à son tempérament ré­ lons et des empêcheurs de travailler en rond.
volutionnaire. Les raisons objectives sont im­ Il faudra s’attaquer au plus tôt à toutes ces
portantes mais pas au point de décharger le questions si délaissées. De tous côtés, d’ail­
Parti de ses responsabilités ! Les facteurs sub­ leurs, des camarades d’initiative les posent.
jectifs, pour importants qu’ils soient, ne doi­ Que le Parti se montre capable de les aborder
vent pas nous conduire à des actions d’avant- toutes et de résoudre les plus pressantes : c’est
garde se détachant de la masse. Lénine a mon­ la grâce que nous lui souhaitons en cet anni­
tré à merveille que la supériorité des bolche­ versaire de l'Internationale Communiste.
viks sur les S. R. et les mencheviks avait été Boris SOUVARINE.

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