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REVUE BIBLIQUE
PUBLIEE PAR
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE
J. GABALDA, ÉDITEUR
RUE BONAPARTE, 90
1919
OCT 1 7 1959
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES
{suite) (1)
11
[suite) (2)
appui sérieux que Sédécias comptât parmi les petits peuples médi-
terranéens. Pendant ce temps, des troupes imposantes, dans les-
quelles, à côté des soldats de la métropole, prenaient place les con-
tingents des peuples tributaires (i), étaient descendues en Palestine.
Elles paraissent avoir suivi à peu près le même itinéraire que jadis
celles de Sennachérib. Rien ne leur a d'abord résisté. Trois villes
(1) Cf. RevU'- Biblique, 1916, p. 299-341; 1917, p. 54-137, 4ol-488; 1918, p. 3:{6-402.
avait fait ceux des Assyriens de Sennachérib (5i. C'est pour sonder
Jérémie à ce sujet que Sédécias l'envoya consulter par Pashûr et le
prêtre Sophonie (6 Or ce n'était pas de tels prodiges qu'il s'agissait.
.
(1) Jer., XXI, 11, 12.— (2) Jer., xxi, 13, 14.
(3) Ez., XXIV, 1, 2.
(4) Rien n'empêche, à proprement parler, i|u'il s'agisse d'une action symbolique réelle-
ment exécutée par le prophète. On notera toutefois la formule : >< Propose une parabole »
"ly^p 'lïî^Q). Ile se pourrait qu'il s'agît ici d'une simple allégorie prononcée par le pro-
phète.
8 REVUE BIBLIQUE.
— cuisse et épaule —
d'une viande de choix, avec les meilleurs os.
Il entasse alors du bois sous la chaudière, il chauffe avec vigueur
jusqu'à ce que se produise Fébullition, jusqu'à ce que la cuisson soit
complète (-2 A ce point de vue, le traitement di^in produit son effet,
.
(1) Ez., XI, .3. — (2) Ez., XXIV, 3-5. — (3) Ez.. x\iv, 6''.
Palestine (1). Qu'on accepte donc sans récriminatioa l'issue fatale ré-
Ces idées n'étaient pas neuves. iMais il y avait grande utilité à les
inculquer dans les esprits, à une heure de si dure épreuve, à un
moment qui devait avoir une influence immense sur l'avenir. De telles
déclarations étaient d'ailleurs opportunes à d'autres il égards;
y
avait d'autres illusions à détruire. A Jérusalem on comptait toujours
sur les moyens humains, sur
les secoui^s de l'étranger. Quels étaient
les peuples dont on pouvait espérer l'appui, il est assez difficile de
le dire. A s'en tenir à l'ambassade de l'an i, il faudrait mentionner
Édora, Moab, Ammon, Tyr et Sidon \2). Les hésitations de Nabucho-
donosor sur le chemin de l'Occident (3), la di^ision de son armée
à Riblah i), prouvent qu'Ammon. Tyr et sans doute Sidon, persé-
vèrent dans leur attitude rien ne semble indiquer quÉdom et Moab
;
lem, qu'augmenter des contingents dirigés contre Tyr dès le début de la campagne ? Il est
de décider la question avec des textes précis
difficile ; beaucoup d'historiens se placent au
point de vue de la seconde h)-pothèse.
(5) Jer., XLViii; VLix, 1-6: xi.ix. 7-22.
10 REVUE BIBLIQUE.
pharaon n'agira pas pour lui (Juda, dans la guerre, avec une grande
armée et un peuple nombreux, quand on élèvera des terrasses et
qu'on construira des tours pour faire périr beaucoup d'hommes (7) ».
renouveler les appréciations qu'en d'autres temps, Isaïe avait
C'était
formulées contre « La Superbe-qui-reste-assise (8) ». Le 12 du
dixième mois de l'an 10 (Janvier 587) (9 ), un an jour pour jour après
(1) Jer., II. 14-19, 36; etc.; xLvi, MO, 13-26 'au cas où plusieurs éléments de cet oracle
s'y appuie et la déchire (2); c'était dire avec netteté la vanité des
espérances fondées sur la vallée du Nil. Mais Ézéchiel allait plus loin.
Comme emparé d'Asdod (3),
avait fait Isaïe lorsque le tartan s'était
il montrait l'Egypte elle-même vouée au malheur et à la ruine. Le
crocodile, avec tous les poissons qui se seraient attachés à ses écailles,
sera retiré du tieuve et jeté dans le désert; le pays si fertile, privé
de ses animaux exterminés, dépeuplé de ses hommes mis à mort ou
dispersés parmi les nations, ne sera plus qu'une solitude désolée (4).
Il n'en faudra pas moins pour châtier l'orgueil du souverain (5), et
ce désastre se prolongera quarante années durant (6). On verra alors
les déportés d'Egypte revenir en leur vallée, mais pour ne plus cons-
tituer qu'un royaume très humble, incapable de dominer, incapable
surtout de jeter l'illusion en la maison d'Israël et de lui inspirer une
vaine confiance ;7). A la même époque appartient un autre oracle
dépourvu de datation (8). Il ne que développer un point parti-
fait
(1) Is., xwvi, 6. — (2) Ez., XXIX, 6, 7. — (3) Is., xx. — (4) Ez., xxix, 4, 5, 8, 9% 10,
11. — (5) Ez., XXIX, 3, g"». — (6) Ez., xxix, ll\ 12. — (7) Ez., xxix, 13-16; cf. Jer., xlvi,
26\ —(8) Ez., XXX, 1-19. — (9)^z., xxx, 3, 12aa, I8a«. — (10) Ez., xxx, 10, 18, 19. —
(11) Ez., xxx, 4, 5-9, 13-17», et, pour la captivité, 17^ 18''S. — (12) Jer., xlvi, 20-26. —
(13) Ez., xxx, 10-12.
(14) Jer., xxxvii, 4.
12 REVUE BIBLIQUE.
les oracles de Janv'ier à Mars (1) sont en relation avec cet épisode de
rhistoire du siège, il faut conclure que Tentrée d'Apriès en Palestine
remontait à quelque quatre ou cinq mois auparavant Août-Sep-
tembre 588;. En tout cas Jérémie, qui était sur les lieux, avait
apprécié l'événement de la même manière qu'Ézéchiel. Ils étaient, à
cette date comme en tant d'autres circonstances, en plein désaccord
avec leurs émules dans le prophétisme. Les faux voyants, dans leur
exaltation, ne se lassaient pas de dire et de redire « Le roi de Ba- :
bylone ne reviendra pas contre ce pays (2)! » Sans doute que. tout
en ouvrant son Ame à l'espérance et à la joie, Sédécias n'avait pas
dépouillé toute crainte. Il envoya Yukal et le prêtre Sophonie près
du voyant d'Anathoth pour le supplier d'intercéder devant Yahweli
en faveur du peuple !3). La réponse du prophète fut cinglante :
faites pas illusion en disant Les Chaldéens s'en iront tout à fait de
:
notre pays; car ils ne s'en iront pas. Et même quand vous auriez
battu toute l'armée des Chaldéens qui combattent contre vous, et qu'il
ne resterait d'eux que des blessés, ils se relèveraient chacun de sa
tente et brûleraient cette ville (i-i ». Un incident nous montre quelle
était à cette date la versatilité du peuple et de ses chefs. Lorsque
1 ennemi se préparait à attaquer la capitale, Sédécias avait fait une
alliance avec tout le peuple de Jérusalem; on était convenu « de
publier un alfranehissement, afin que chacun renvoyât libre son es-
clave et sa servante, hébreu ou hébreuse, et qu'il n'y eût personne
qui retint en servitude un Juif son frère (ô) ». Un tel accord rappelle
d'assez près l'ordonnance deutéronomique concernant le renvoi des
esclaves hébreux au terme de la sixième année (6). Etait-ce le motif
religieux de fidélité à la Loi qui, seul ou en part avec d'autres consi-
dérations, avait inspiré les chefs de Juda.^ On peut se le demander;
des critiques, remarquant qu'il s'agissait seulement du peuple de
Jérusalem, ont soupçonné qu'en prévision du siège, on se débar-
rassait volontiers des bouclies inutiles. Toujours est-il qu'au moment
où Chaldéens étaient à la poursuite des Égyptiens, les habitants
les
de Jérusalem étaient revenus sur leur décision ils avaient repris leurs ;
(1) Ez., XXIX, 1-16; XXX, 1-19. — (2) Jer., xxxvii, 18; cf. xxxvii, S. — (3j Jer., xxxvn. 3.
— (4j Jer., XXXVII, 7-9. — (5) Jer., xxxiv, 8-10. — (6) Deut.. xv, 12-18. — (7) Jer.. xxxiv,
11.
LAME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 13
qu'ils avaient fait à leur avantage pendant tout l'été. Jérémie eut
mission de protester contre cette injustice. Il se plaça naturellement
sur le terrain de la prescription deutéronomique, si longtemps mé-
connue par les pères, mise enfin à exécution aux jours d'extrémité,
alors que, pour éviter le châtiment, on se préoccupait de faire ce qui
est droit aux yeux de Yahweh, purs, de nouveau et dès la première
apparence de sécurité, misérablement violée. (Grandement coupable
est la rupture d'une alliance contractée au Temple, en présence de
leurs frères, Yahweh. pour les punir, prononcera contre les coupa-
bles un édit de liberté, mais... pour aller à l'épée, à la peste et à la
famine {2 Pareils au jeune taureau qu'au moment de contracter
.
alliance, ils ont partag-é pour passer entre les deux moitiés, Sédécias,
les chefs de Juda et les chefs de Jérusalem, officiers de la cour et
prêtres, et tous ceux qui ont fait cause commune avec eux, seront
livrés aux mains de leurs ennemis et de ceux qui en veulent à leur
vie, et leurs cadavres seront la pâture des oiseaux du ciel et des bêtes
de la terre (3). Yahweh va donner ses ordres à l'armée babylonienne
Avant que cet ordre ne fût donné, Jérémie, qui jusque-là allait et
venait parmi le peuple (5 voulut profiter du répit pour se rendre au
,
(1) Jer., XXXIV, 12-16. — (2) Jer., \xxiv, 17. — (3) Jer., xxxn, 18-21. — [i\ Jer., xxxiv, 22.
(5) Jer., xxxMi, 4*.
(6) Jer., xxxvii, 10-14. Cette demeure avait été transformée en prison.
(7) Jer., xxxvu, 15, 16.
14 REVUE BIBLIQUE.
tu ne sors pas vers les chefs du roi de Babylone, cette ville sera livrée
aux mains des Chaldéens qui la brûleront, et toi tu ne leur échap-
peras point (5). » A de nouvelles instances Jérémie fit face en ré-
futant les objections du souverain et en multipliant les supplications
mées toutes les âmes intrépides qui, tant de fois au cours des siècles
suivants, ont dû affronter la persécution et la mort pour la défense
des droits de Dieu et le respect de sa parole et de sa Loi aux grandes ;
luirendre la force nécessaire pour tenir une épée; bien plus, ses
deux bras vont être bientôt brisés (9). Et il répète ses prédictions
antérieures sur l'extermination et la dispersion des Égyptiens, sur le
rôle de Nabuchodonosor (10). Près de deux mois plus tard, le 1"^ du
troisième mois de l'an 11 (fin 3Iai 587 1
(11), le fils de Buzi reprenait le
même- thème. Comparant le pharaon, figure de l'Egypte, à un cèdre
magnifique, dont les rameaux servaient d'asile aux oiseaux du ciel,
d abri aux bêtes des champs, d'ombrage à une multitude de nations,
(1) Jer., .vxxYin, 19-23. — (2) Jer., xxwiii, 21-27. — (3) Jer., xxxviii, 28. — (4) Jer.
XXXIX, 11-14; XI., 1-6.
condamnés à se voir mêlés aux plus humbles enfants des hommes qui
descendent dans la fosse (4). Sans doute la nature inanimée elle-
même s'unira aux peuples pour le deuil du grand cèdre (5). Mais
quand, au séjour des morts, il sera couché parmi les incirconcis et
les victimes du glaive, tous ceux qui lui portaient en\âe seront con-
solés (6).
Cet enseignement avait une portée exceptionnelle au regard d'Ézé-
chiel. Jérusalem avait déjà capitulé qu'à deux reprises il y revint,
le 1" (7) et le 15 (8) du douzième mois de l'an 12 (Février-Mars 585) ;
(1) Ez., XXXI, 2-9. — (2) Ez., xxxi, 10. — (3) Ez., xxxi, 11-14\ — (4) Ez., xxxi, 14''.
1) Qu'on se rappelle, par exemple, les alliances de Saloraon et d'Achab avec Tyr.
(2 Ez.. xxvi, 2,
3) Ez., xxvii, 1-9», 25''-36. On remarquera que, dans les oracles contre le roi de Tyr,
Yahweh articule, comme
à propos de l'Egypte, le grief d'orgueil (Ez., xxviii, 2-6, 9, 17). 11
est aussi ([uestioa d'injustice et de violences rxxviii, 16, 18); on peut aussi relever une
note d'ingratitude envers Dieu qui avait comblé le roi de faveurs (xxvui, 12-14).
Le siège de Tyr par Nabuchodonosor fut très long, pour n'aboutir d'ailleurs qu'à des ré-
sultats imparfaits. <'e sont ces délais qui motivèrent le petit oracle d'Ez., xxix, 17-21.
(4) Am., I, 1-u, 3.
{:y) Os., IX, 1-9, et quelques autres traits épars. D'ordinaire Osée concentre son attention
sur le peuple d'Israël.
(6) Is., X, 5-34; xiii-xxm.
7) Sans parler de divers traits épars dans les autres oracles, cf. Jer., xlvi-li.
REVUE BIBLIQUE 1919. —
N. S., T. XVI. 2
18 HEVLE BIBLIQUE.
délices
Je vais profaner mon sanctuaire, l'orgueil de votre forre, les
de vos veux et lamour de vos âmes et vos fils et vos filles que vous ;
avez quittés tomberont par l'épée. Vous ferez alors ce que j'ai fait :
(1) Ez., XXIV, 19-23. — (2) Ez., ïxiin, 21. — (3) Ez., xxiv, 25, 26. — (4) Ez., xxxiii, 22'.
(5) Ez., ixiv, 27. — (6) Ez., xxxill, 22''.
parmi les nations, aujourd'hui pareille à une veuve; reine des pro-
vinces, maintenant soumise à la corvée (1). Les métaphores s'accu-
mulent pour exprimer l'inexprimable blessure, la misère sans pareille,
causées par les coups répétés de l'ennemi (2). Mais le poète ne s'en
tient pas à ces traits généraux. Il revit dans le détail toutes les phases
de la grande angoisse encerclement si étroit qu'on ne peut échap-
:
per (3), défense devenue impuissante devant les traits des assail-
lants (4), œuvre simultanée de l'incendie (5) et de l'horrible famine (6),
appels inutiles aux amants des jours de prospérité (7), aux vains se-
cours d'une nation qui ne peut arriver (8). Puis, après le renverse-
ment des remparts (9), c'est le spectacle des violences du vainqueur
qui pénètre dans la ville la destruction des demeures privées et des:
palais (10), puis, plus terrible que toutes les autres épreuves maté-
du Temple par les étrangers et le pillage de ses
rielles, la violation
(1) Lam., I, 1. — (2) Lam., n, 1\ 11'', iS'; m, 4, 5, 6, 47, 48, 53, 54; iv, 1. — (3) Lam.,
11,
22*"=; m, 7\ —(4) Lam., m, 12, 13. — (5) Lam., ii, 3"=. — (6) Lam., i, 11"'', 19'; ii, 11%
12, 19% 20'' ; IV, 3, 5, 7-10. — (7) Lam., i, 2''% 19». — (8) Lara., iv, 17; cf. l', 7''. — (9) Lam.,
H, 2''% 5^ 8, 9\ — (10) Lam., ii, 2% S"». — (11) Lam., i, 10. — (12) Lam., iv, 18". —
(13) Lam., ii, 4\ 21. — (14) Lam., ii, 2" : iv, 2. —(15) Lam., i, 19'^'. — (16) Lam., ii, 20<=.
captifs (1); il se lamente sur le départ des jeuues filles et des jeunes
gens (2), sur la misère, l'angoisse et les corvées du peuple (3).
traduire (8). Douleur sans égale, qui ne connaît ni trêve (9), ni con-
solation (10 Sentiment d'abjection
. qu'augmente le souvenir de i H )
retirait son propre appui (23). Sans doute il s'est montré dur et
sévère (2i), il a dépouille toute pitié (25 ,
oubliant les privilèges d'Is-
raël et de Sion 26), fermant ses oreilles à la prière (27) ou
<
mieux éten-
dant un nuage entre lui et Israël pour qu'elle ne puisse passer (28).
Mais, en même temps qu'il relève tous ces traits de rigueur, l'auteur
des Lamentations se plait à reconnaître que Yahweh a poursuivi
la réalisation d'un plan de sagesse. Il a agi dans une entière jus-
ne faisant d'ailleurs que réaliser des menaces depuis long-
tice (29),
temps proférées (30 seules les visions mensongères des prophètes
;
(1) Lam., I, 6''^; II, 6% 9''. (2) Lam., i, 18'. — (3) Lam., i, :J. —
(4) Lam., n, iV^; ni, 48, 49, 51. (5) Lam., i, i^. — (6) Lam., n, 10"''. (7) Lam.— —
I, 4<=-, n, 10'. — (8] Lam., i, 2% 4, 8% 9% 13% 16», 20»'; il, 5<^; in, 15, 16. (9) Lam., —
I, 12; n, 13; m, 19. —
(10) Lam., i, 9S 16^ 17", 21». (11) Lam., i, 11". —
(12) Lam., i, —
6*.— (13) Lam., I, :\ —
(14) Lam., i, 7% 211^ n, 16, 17'; m, 14, 46, 63.
; (15) Lam., iv, —
21». — (16) Lam., n, 15. —
(17) Lam., i, 8''. —
(18) Lam., in, 17, 18.
(19) Lam., I, 15'; n, 22"; ni, 2, 3, 9, 11, 43. —
(20) Lam., i, 12% 13; u, 4'; m, 1, 10;
IV, 11. — (21) Lam., i, 14% 15^ l'*»; n, 7% (22) Lam., I, 15». —
(23) Lam., ii, 3\ — —
(24) Lam., n, 20». —
(25) Lam., ii, 2". (26) Lam., u, 1=. —(27) Lam., m, 8. —
(28) Lam., m, 44. On remarquera d'ailleurs que, d'un bout à l'autre, les chap. n et m
mettent directement au compte de Yaliweii tous les maux dont souffrent la malheureuse
cité et tout le pays.
du peuple (1), dans la multitude de ces olïenses (2) qui ont souillé
Jérusalem et Israël (3), dans Ténormité de ces prévarications, plus
graves que celles de Sodome dont la peine fut si terrible (i). Dieu n'a
eu pour ainsi dire qu'à former une gerbe de tous ces péchés et à en faire
porter le poids à la nation (5;. Et l'on se plaît à insister sur les fautes
'
particulièrement graves de ces chefs spirituels, prêtres et prophètes,
qui, au lieu de conduire la nation dans les sentiers de la justice,
ont multiplié les violences et entretenu les illusions jusqu'à la
dernière heure, jusqu'au moment où le peuple lui-même, instruit
par l'épreuve, les a rejetés comme impurs et abandonnés à la colère
de Yahweh (6).
avoir examiné ses voies, de faire l'humble aveu de ses fautes à celui
qui seul peut pardonner (19), de l'invoquer jusqu'à ce qu'il regarde
du haut des cieux (20), jusqu'à ce qu'il fasse entendre sa réponse (21)
La violence des méchants, leur dureté envers
et réalise le salut (22).
les vaincus,ne lui échappent pas (23); il ne peut manquer de leur
rendre selon l'œuvre de leurs mains (2'*). Tous ces mouvements
d'idées tableau des malheurs du siège (25) et de la captivité (26), de
:
la cause inéluctable des maux sans nombre qui allaient fondre sur la
nation. Mais, s'il était rempK de menaces, l'héritage littéraire des
voyants renfermait aussi de nombreuses et magnifiques promesses.
Les livres d'Isaïe et de Michée, sans parler de ceux d'Amos et d'Osée,
contenaient des oracles on ne peut plus propres à exciter l'espérance.
Mais il est permis de penser que le peuple prêtait plus volontiers
attention aux paroles de ses contemporains. Or sur les lèvres de ces
derniers, il n'y avait pas que des anathèmes et des annonces de châ-
timent. Nous l'avons déjà dit (5) pendant tout le cours de sa longue
:
(1) Lam., V, 3, 14, 15. — (2) Lam., \, 16'-18. — (3) Lara., v, 7. — (4) Lam., v, 19-22.
prié d'intervenir pour que le champ ne passe pas, même transitoirement, à un étranger.
24 REVUE BIBLIQUE.
par une révélation divine (1), Jérémie se sentit encore poussé (2) à
conclure le contrat et à en accomplir avec soin toutes les forma-
lités 3). Le prophète avait grand besoin d'expérimenter en cette cir-
[I] Jer., XXXII. 6, 7. — (2) Jer., xxxii, 8'', 14. — 3; Jer., xxxii, 0-14. — (4) Jer., xxxii,
15. —(5) Jer., xxxii, 23, 24. — '6) Jer., xwii. 16-22. — '7) Jer., xxxii. 25. — (8) Jer.,
xxxiu, 1.
voyant revient sur les fautes qui ont amené le châtiment (2), sur la
gravité de la Ijlessure de Jérusalem, sur les coups que, la traitant à
la façon d'un ennemi, Yahweh lui a portés, sur le délaissement dont
elle a été l'objet de la part de ses amants d'autrefois (3). Mais c'est
xxv-xxxn entre i-x\iv et x\xiii-xi.Mn de même, dans la version des Septante, Jer.. xx\,
:
14- XXXI, 44 (=, avec un ordre dillérent, xlvi-u du texte massorétique) entre i-xxv, 13 et
xxxii-Li (= XXV, 15-xLV, 5 du texte massorétique).
(1) Jer., XXV, 2(5'' : « elle roi de Sésac boira après eux ». Le nom de Sésac ("î'w'kl*
désigne Babylone C'Il) selon le procédé d'écriture cryptographique connu sous le nom
i'at^'bas. L'alphabet hébreu étant divisé en deux sections (n *, D n) les dernières — —
lettres de la deuxième section remplacent successivement celles qui sont au début de la
sa faute, c'est vers lui que Yahweli dirige dabord ses regards; dail-
leurs, si Israël est fils par rapport à Yahweh, Ephraïm ne tient-il pas
la place de premier-né (1)? Aussi quand viendra le jour » annoncé, <.<
il sera délivré, le joug qui pèse sur lui sera rompu, les liens qui
impossible de les isoler les uns des autres. Les promesses d'ordre
matériel abondent : multiplication glorieuse des enfants d'Israël (16) ;
(1) Jer., XXXI, 8'' (Vulg. 9'). — [2] Jer., xxx, 7^ 8. — (3) Os., ii, 16 (Vuig. 14). —
(4) Jer., XXXI, 1, 2' (Vulg. 2, 3"). — (5) Jer., xxx, 10; cf. xlvi, 27, 28. — (6) Jer., xxxi,
14-16 (Vulg. 15-17). — (7) Jer., xxxi, 9'' (Vulg. 10''); xxxii, 37^ 44\ — (8) Jer., xxxi, 9'
(Vulg. 10'). — (9) Jer., xxin, i. — (10) Jer., xxxi, 7, 8% 20 (Vulg. 8, 9% 21). — (11) Jer.,
\xxi, 21* (Vulg. 22*). — (12) Jer., xxx, 20*: xxxi, 27'' (Vulg. 28''): xxxiii, 7, 11''. —
13) Jer., xxin, 3: xxx, 3. — ("14) .1er., xxxi 3, 6 (Vulg. 4, 7). — (15) Jer., xxx, 10'' ; xixi,
12 (Vulg. 13) ; \xiii, 37.
(16) .Ter., xxx, 19''; cf. xxnr, 3.
28 REVTE BIBLIQUE.
réédifi cation des demeures, des palais et des villes 1,; culture pro-
ductive des vignes plantées sur les montagnes de Samarie (2) gué- ;
(1) Jer., XXX, 18; \x\i, 3 (Vulg. 4). — (2; Jer., xxxi, 4 Vulg. .ôj. — (3) Jer., xxxi, 11 .-i>,
(4) Tel peut être du moins le sens de la phrase très difficile de Jer., xxxi, 21'' (Vulg. 22'') :
« car Yahweh a créé une (chose) nouvelle sur la terre : une femme entourera un homme »
Le grec porte : Ôtt éxtitcV K-Jpto; <îw-ripixv tlz y.xTasj-E-T'.v xaivr.v, èv <TMTr,ç>'.OL Tîîp'.e/SjffovTai
avôptoTtat; comme on le voit, des motâ sont traduits qui ne figurent pas dans Thébreu
massorétique. et le sens général est tout différent. Le syriaque porte : ^iv^ )^; ^o^oe
lii.^ . .-.tM |N-»ni \I^i[^ \i'^. Le mot --^M précise le sens de 22iDP ; le Pael de oi veut
dire aimer, caresser, exciter à l'amour. Pour le reste, le syriaque est conforme à l'hébreu.
Le Targum a une glose intéressante : bs^'w"! r^l H'iZT ii'J''ii1 NT"" 1"11 "it KH 1"'N
Nn'i'lix'^ "jirîjnl : « car voici : le Seigneur crée une (chose^ nouvelle sur la terre et le
(5j Jer., XXXI, 22 (Vulg. 23). — (6) Jer., xxxi, 23, 24 (Vulg. 24, 25 . — 7) Jer., xxxn, 43,
44. — (8) Jer., xxxni, 10, 11. — (9) Jer., xxx, 3; cf. m, 18. — (10) Jer., xxx, 4; xxxi, 26,
27, 30, 31 (Vulg. 27, 28, 31, 32); xxxiil, 7, 14. — (llj Jer., xxxii, 37, 41.
xxxn, 42. Le contexte immédiat, vers. 36-44, paraîtrait limiter à Juda ce
(12) Jer.,
trait et ce qui suit; mais des versets tels que 30 et 32 sont explicites dans le sens des
deux éléments du peuple considérés en leur ensemble.
LAME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 29
elle a été lamentablement violée (3). Aussi, reprenant son œuvre, c'est
avec chaque individu que Yahweh traitera désormais. Il écrira sa loi
dans tous les [cœurs dociles (i); il se manifestera directement à un
chacun, sans que. pour le connaître, on ait besoin des enseignements
dautrui (5). A chacun il pardonnera les fautes dont il pourrait
encore se rendre coupable, à moins qu'il ne s'ag-isse de le désolida-
riser de tout lien avec la faute nationale (6). De ces fidèles un nouveau
peuple se formera avec lequel, par une conséquence toute naturelle,
se trouvera conclue cette alliance au caractère nouveau, mais dont le
mot final pourra être le même que celui de jadis « ils seront mon :
peuple et je serai leur Dieu (7). » Pour leur bonheur et celui de leurs
enfants, ces fidèles auront un même cœur et suivront une même voie,
dans le sentiment d'une crainte salutaire de ce Dieu qui ne cessera
plus de leur faire du bien (8). Cette alliance nouveau trait dis- —
tinctif — sera éternellement durable ^9), étrangère aux vicissitudes
des choses dici-bas, comparable, en sa fermeté, aux lois les plus
inébranlables de la nature (10).
De ce peuple nouveau le chef sera évidemment Yahweh lui-même ;
ilsera le berger de ces brebis qu'il aura rassemblées (11 j. Elles lui
seront soumises (12), mais en même temps elles obéiront à Da^dd, leur
roi, que Yahweh suscitera pour elles (13). Celui-ci se plait en effet à le
déclarer à son peuple il donnera, pour représentants de sa per-
:
(I) Jer., XXXI, 28, 29 (Vulg. 29, 30}. Cf. Revue Biblique, 1918, p. 371 à 377.
^2) Cf. Jer., XI. —(3) Jer., xxxi, 30, 31 (Vulg. 31, 32). — (4) Jer., xxxi, 32 (Vulg. 33l.
— (5) Jer., XXXI, 33' (Vulg. 34»). — (6) Jer., xxxi, .33'- (Vulg. 34''); cf. xxxiu, 8. —
(7) Jer., XXXI, 32'- (Vulg. 33'-); xxxu,, 38. — 'S, Jer., xxxii. 39, 40. — (9) .Jer., xxxii, 40.
— (10) Jer., XXXI, 34-36 (Vulg. 35-37).
(II) Jer., XXXI, 9h (Vulg. 10'). (12) Jer., — xxx, 9'. — (13) Jer., xxx, 9\ — [M] Jer., m,
15; xxiii, 4. —(15) Jer., xxiu, 4'.
,
30 RKVUE BIBLIQUE.
(1) Jer., xxin, S»-. — (2) Jer., xxx, 21 (|''~N, S;y*D). — (3) Jer., xxiii. 5; xxx, 9'':
xxxiu, 15 (ce texte manque dans les Septante;. — (4) Jer., xxx, 21.
(5) Jer., xxin, 6; xxxm, 15. 16 (ce texte manque dans les Septante). Il semble y ayolr
un rapprochement intentionnel entre cette épithite et le nom du roi Sédécias [Sidqi-
Yâhû = Yahweh [est] ma justice;.
(6) Jer., xxxra. 17, 22 (manquent dans les Septante;. —
(7) Jer., xxxiii, 20, 21, 23-26
(manquent dans les Septante).
(8) Jer., xxxui, 4. —
(9) Jer., xxxm, 5. —
(10) Jer., xxxi, 37-39 (Vnlg. 38-40). —
(11) Jer., m, 16, 17. —
(12) Jer., xxxi, 23, 24 (Vulg. 24, 25). (13) Jer., m, 14. — —
(14) Jer., XXXI, 5 (Vulg. 6). —
(15) Jer., xxxi, il (Vulg. 12); xxxm. il. (16) Jer, —
XXXI, 11, 12 (Vulg. 12, 13); XXXIII, 11.
l/AMt; JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 3;
III
(1) Jer., xxMii, 9. — (2j Jer., m, 17. —(3) Jer., i\, 2. — (4) Jer., xwi, 13 (Vulg. 14).
— (5) Jer,, xxMii, 18.— (6j Jer., xxxni, 21''.
.
32 REVUE BIBLIQUE.
c'était sur la terre d'exil qu'il fallait faire reposer les espérances de
relèvement. Or, au moment où les compagnons de Sédécias y appor-
taient le recueil des visions dont le fils d'Helcia s avait été favorisé dans
I.'AME JLIVE AU TEMPS DES PERSES. 3:]
vrai, sans un rayon d'espoir. Mais, dans la grande vision (les fautes
et de la ruine de Jérusalem 5), l'idée du reste qui doit survivre
est sous-jacente à l'intervention de l'homme vêtu de lin marquant
au front ceux que doit épargner le cliàtiment ('6). A la page sui-
vante du recueil, pourrait-on dire, les jiaroles d'espérance se font
jour à propos de l'antithèse établie entre le sort réservé aux exilés et
celui qui attend les Palestiniens (7). On retrouve ces promesses
dans les épilogues de doux des longues descriptions de l'ino-ratitude
de .lérusalem et du peuple choisi (8 dans celui de la parabole des ,
viendrons, dans un
aux termes mêmes de cet appel.
instant,
Mais ce qu'il importe de noter auparavant, c'est combien urgente
était l'intervention du voyant, combien difficile allait être cette nou-
\elle phase de son ministère. Jadis, il avait prédit qu'au jour où ils
3'', 4, 6'.s, 11. — (7j Ez., M, 14-21. — (8) Ez., xvi, 53-63: xx, 39=.-44. — (9) Ez., xvii,'
22-24. — flO) Ez., xxxiii, 1-20.
REVUE BUil.tOLE' VJ[\>. — M. S., T. XVI. o
3t REVUE BIBLIQUE.
(2)Les oracles d'Ez., x\\iii-\xxix ue sont pas datés. Ils remontent à des époques sans
doute assez différentes les unes des autres mais on peut croire que le mouvement de
;
découragement auquel le prophète fait allusion suivit d'assez près la nouvelle terrifiante
de catastrophe qui avait atteint la Ville Sainte. D'ailleurs, après s'être manifesté dès
la
les premiers temps, ce mouvement se perpétua longtemps dans la suite.
(3) Ez., xxxui, 10. —
(4) Ez., xxxvii, 11. —
(5) Ez., xxxiii, 10»; xxxvii, 11" (dans les
deux cas il s'agit de la « maison d'Israël » en général). — (6) Is., xl, 27; xli, 8-10; xlii,
18-20, 23; XLiii, 1,8; etc. — (7) Ez., xxxiii, 30-33. — (8) Ez., xxxin, 30.
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 3o
venaient près de lui comme à une réunion intéressante et, assis tout
autour de la cour de sa demeure ou dans son modeste divan, ils
prêtaient une oreille attentive; il était pour eux un chanteur agréable
<{ui a belle voix et joue bien de son instrument (1). Mais ils ne
gardaient pas ses discours ;
on s'en apercevait à la manière dont ils
<lu livre d'Ézéchiel (7), celle qui renferme les prophéties relatives à
la restauration. Les oracles du premier cycle (8) notamment se sui-
vent selon un plan parfaitement satisfaisant, même du point de vue de
la logique la plus exigeante. En relevant ce contraste, ne serait-il
pas permis de penser que la disposition adoptée par Ézéchiel n'est
pas primitive ou du moins est assez artificielle? N'est-il pas vraisem-
blable qu'à la façon des autres voyants, le fils de Buzi prononça
(1) Ez., xwiii, 31', 32'. — (2) Ez., xxxiii, 31'', 32''.
(3) Ez., xxxui-xxxvii; xxxviu-xxxix; xl-xlviii. — (4) Is., ii, 1-4; iv, 2-6; mi. 10-16:
MU, 23-IX, 6; XI, l-9> 10-16; XII; etc. — (5) Mi., il, 12, 13; iv ; V; vu, 11-13, l.j-17. —
(6) Jer., xxx-xxxiii. — (7) Ez., xxxiii-xi.vni. — (s) Ez., xxxur-xxxvu.
M-i REVUE BIBLIQUE.
que nous avons signalée entre ces prophéties d'Ezéchiel et celles qui
leur correspondent dans les recueils des autres voyants, n'exclut pas
la présence de différences très caractéristiques. La plupart de ces
dernières tiennent aux idées maîtresses qui domiuent toute la prédi-
cation du fils de Buzi, spécialement à ses vues touchant la respon-
sabilité individuelle.
Au débute par deux séries de considérations préli-
fait, le livret
jugé selon ses œuvres 6;; ainsi, quoi qu'on en dise dans l'entourage
du prophète, s'affirmera la parfaite rectitude des voies de Yahweh (7)..
Uuau lieu donc de se laisser abattre ou décûurager,>chacun réforme
sa c^-ndnite. Yahweh ne veut pas la mort du coupable, mais sa
conversion et sa vie pourquoi donc la maison d'Israël moui-
:
yeux, les captifs sont des indésirables », qui peuvent fort bien de-,
mourer en Chaldée. Ce sentiment s'était déjà fait jour entre les deux
sièges de Jérusalem (2) et Ézéchiel en avait pris occasion d'affirmer
à nouveau le privilège des déportés (3 , déjà proclamé par Jérémie.
Celte fois c'est aux Palestiniens que le voyant s'adresse (ii. ils per-
sévèrent dans les prévarications séculaires, dans ces fautes qu'à plu-
sieurs reprises il s'est plu à relever comme des exemples typiques de
l'infidélité d'Israël (5); et ils oseraient revendiquer à leur profit la
possession du pays, sinon l'œuvre même de la restauration!... Illusion
profonde sont voués à la mort
! Ils ceux qui seront dans les ruines :
'!) Ez., XXMII, 24. — (2; E/.., \i, 15. — (3 Ez.. \I, 16-20. — (4t Ez., \X\iil, 25\ —
.11 Ez., wxiii, 25, 26; cf. XMii, 6-8, 11-13, l.'.-17. — 6) Ez., xwiii, 27; cf. xi, 21. —
Ti Ez., wxiii, 28. — (8) Ez., xxxiii, 29.
".I) Ez. V, 1-4 (cf. Is., M, 13''; VII, 3; \, 20-22; olc). — lo; Ez.. ix, 2'>, 3'', 4, 6'>, 11.
38 REVUE BIBLIQUE.
attribue à ces chefs, c'est de retirer les exilés des divers pays où ils
(Ij Ez., XXXIV, 1-10. — (2) Ez., XXXIV, 2-4. — (3) Ez., \x\iv, 5, 6. — (4) Cf. Am., mi,
:-9; vni, 1-3; Os.,T, 10-14; Tii, 3-12: Is., T. 8-17; xxvili, 14-22; Mi., HI, 1-4, 9-12; Jer..
XXII, 1 -XXIII, 2. — (5) Ez., XXXIV, 7-10.
(6) Ez., XXXIV. 11, 15. — '"'
Ez., xxxiv, 14.
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 3")
de ténèbres, il les fera sortir du milieu des peuples (l); il aura une
particulière sollicitudepour les plus faibles, il pansera les blessées et
Son action toutefois ne s'exercera pas indis-
fortifiera les débiles (2).
tinctement envers toutes les brebis. Un jugement préludera à leur
rassemblement, qui se continuera pendant tout l'exercice du gouver-
nement divin 3). Yahweh discernera avec soin entre brebis et brebis,
béliers et boucs (4), brebis grasses et brebis maigres (ô), condam-
nant les béliers et les boucs et les brebis grasses (6). Il ne semble
pas qu'il faille voir dans les béliers, les l)Oucs, les brebis grasses, des
catégories diverses de coupables ; il s'agit partout des puissants. Si
l'on voulait à tout prix distinguer des nuances différentes, on pourrait
songer, d'une part, à ceux qui, à des degrés divers, sont dépositaires
de l'autorité et, de l'autre, à ceux que leur seule richesse met en une
situation avantagée : encore faudrait-il se demander si cette distinc-
tion correspond vraiment au milieu que le prophète a en vue. En
tout cas, aux uns et aux autres, ce que Yahweh reproche c'est leur
dure oppression de ce qui est pauvre, de ce qui est faible. Nous assis-
tons à une scène de pâture et dabreuvage. Pour avoir une bonne
place à la pâture et à l'étang, boucs et brebis grasses heurtent du
flanc et de l'épaule, donnent des coups de cornes jusqu'à écarter et
mettre dehors les brebis débiles (7). Ce n'est pas assez de leurs :
pour sauver ses bre])is maigres, pour qu'elles n'aient plus à brouter
ce que les pieds des puissants ont foulé, à boire ce qu'ils ont troublé,
que Yahweh exercera avec persévérance le jugement (9). Ses bien-
faits seront pour ceux-là seuls qui s'en montreront dignes. Il les ra-
mènera sur leur propre sol, sur les montagnes d'Israël, dans les
vallées et dans tous les lieux habités du pays; là ils paîtront dars
de gras pâturages et reposeront en un bon bercail (10). Là il fera
avec ses brebis une alliance de paix, écartant les bêtes féroces, afin
qu'on puisse demeurer avec sécurité dans le désert et dormir dans les
forets (11). Comblée de bénédictions, arrosée de pluies bienfaisantes,
la terre se couvrira d'une végétation de renom et donnera ses pro-
duits en abondance (12 La sécurité sera complète quand le peuple
1.
naîtront que parfaite est l'alliance conclue par Yaltweh avec eux, qu'il
est VTaiment leur Dieu et qu'ils sont son peuple (1 .
portée contre les anciens souverains, soit pour mettre plus parfaite-
ment en relief le caractère immédiat de l'action divine, soit encore
pour prévenir toute suspicion de la part des Chaldéens, Ézécbiel insiste
peu sur ce roi des temps nouveaux auquel Isaïe, Miellée, Jéréniie et
déjà Anios avaient consacré tles pages si élevées et si éloquentes; le
titre même qu il lui attribue, prince, /tr/s/' —
comporte quelque —
cbose de diminué.
Au retour des Israélites en leur pays il semble à première vue
qu'une grave difficulté s'oppose. La terre de Juda est occupée par les
descendants des habitants anciens que Nabuchodonosor y a lais-
sés '9i; mais surtout elle a été envahie par de nombreux étrangers
qui, venus des pays environnants, ont occupé les places abandonnées.
N-ir: . — (4) Et.., XXXIV, 23. — (5) Ez. \x\iv, 23, 24: xwvii, 24, 25 ("1*1" ''T^i*). —
(6) Ez., wxvii, 24 (DniSî? Tp^). — ^7) Ez., xxxvii, 25. — 8 Ez., xvii, 22, 23.
les champs laissés en JacliL're par les exilés. Il y a des Edomites, des
Moabites, des fils d'Aminoii. peut-être déjà des habitants de l'an-
cienne Philistie et jusqu'à des Arabes du désert (li. Peu importe.
Yahweh, qui confondra une multitude de nations pour retirer les
exilés de leurs terres (2), Yahweh, qui humihe le monde païen pour
glorifier son peuple, n aura pas de peine à rendre à Israël le pays
que celui-ci La plupart des immi:.;rants qui occupent
doit habiter.
la Palestine, ont profité du malheur de .luda pour témoigner de
leur jalousie et de leur haine: ils ont participé au pillage, multiplié
leurs rires et leurs méchants propos à l'heure du désastre, dévasté,
convoité le pays (3) jusqu'au moment où ils ont pu s'écrier:" Ha!
Ha! les ruines éternelles sont devenues notre propriété (i). » Aussi
le a-t-il de nouveau mission de s'adresser aux collines
prophète
aux vallons et aux ravins, aux ruines désolées et aux villes
d'Israël,
abandonnées (5) pour leur dire que Yahweh a parlé dans sa jalousie
et sa fureur contre ce reste des nations et contre l'Idumée qui, le co^ur
lout joyeux et le mépris dans l'àme, se sont adjugé son pays pour
eu faire leur proie; elles aussi, les nations qui entourent Israël por-
teront leur opprobre (G). Parmi ces peuples, il en est un qui vient
d'être désig-né par son nom et contre lequel portent avec une force
toute particulière les traits renfermés dans l'oracle que nous venons
d'analyser. C'est le peuple d'Edom; Yahweh lui consacre une pro-
phétie tout entière (7), dans laquelle il formule les censures les plus
graves. Malgré les liens de parenté qui les unissaient à Israël, les
Edomites lui ont toujours manifesté des dispositions hostiles et une
haine implacable (8 Mais cette antipathie s'est exprimée avec une
.
(i/t Cf. Neh., Il, 10, 19; m, 33, 35 Vulg. iv, 1, 3i: iv, I (7): vi, 1; etc. Sans doute oa
ne peut pas conclure d'une façon absolue de ce qui existait en 44.'> à ce qui se produisit
aussitôt après 587; néanmoins, si le mouvement d'immigration n'a pas dés l'origine
entraîné tous les groupes dont parle le Mémoire de Néliéinie, il a du. pour plusieurs
d'entre eux, se produire de très bonne heure
(2) Cf. Ez., \\\iv, 12, 13, 27, 28, 29. — (3; E/.., wwi, 3.
(4; Ez., wwi, 2, en lisant, avec le grec ipr.ijLa , riîZ^T ou iT^'^Gw au lieu de r'*Z2,
« hauteurs » (le même mot qui désigne les hauts lieux !i éternelles.
(5) Ez.,\x^\I, 4, 6 : cf. Ez., M, 3. — (Gj Ez.. wwi, 5, 7. — 7) Ez., \\\\. — 81 Ez., \xxT, 5"»
0) Ez., \\\v, 5'.^''.
(10) (I Reg., XXIV, 2; il est vrai qu'on iiienlionne des bandes de Chaidéens, de Syriens.
42 REVUE BIBLIQUE.
leur profit de cette détresse (1). Une telle conduite n'est pas seule-
ment injurieuse pour Israël : c'est Yahweh lui-même qui a été bravé,
Yahweh qui habitait ces montagnes (2). Aussi ne se bornera-t-il pas
à chasser Edom comme il fera les autres peuples (3!; il le traitera
de Moabites, dAmmonites et qu'on ne dit rien des Edoniites: toutefois le mot 2"^N Syrie
XXXV, 11, —
(5) Ez., XXXV, 2-4, 5-9, 14, 15. — (6) Ez., xxxvi, 8, 10, 33, 35''.— (7) Ez.,
quera à les sanctifier. Il fera sur eux une aspersion d'eaux pures, et
les lavera de toutes leurs souillures et de toutes leurs ignominies (I ;
prospérité (8).
Bien que répétées sans doute h plusieurs reprises, semble que ces
il
Il Ez., \\x\i, 25. — (2) Ez., M, 18. — (3) Ez., x\, 39''. — (4) Ez., \i, 19: \xx>i, 2H. —
(5;Ez., XI, 19-.3, 20'; xxx\i, 26, 27. — (6 Ez., \vi, 60, 62\ — (7) Ez., xii. 20''; xxwi, 28''.
sont ces exilés qu'il fera sortir de leurs tombeaux et qu'en forme de
peuple il ramènera dans leur pays i3). L'œuvre de résurrection,
en cllet, s'opère en deux phases. Les ossements se réunissent, des
muscles, de la chair, de la peau les recouvrent, ils reprennent une
forme humaine; de même les Israélites épars se grouperont à nouveau
en une masse, en une forme do nation V». Mais les ossements n'ont >
dire néanmoins, c'est que la métaphore dont Ézéchiel se sert pour annoncer la renais-
sance disraid suppose que l'idée de la résurrection des défunts était compréhensible pour
ses auditeurs, ne leur était pas entièrement étrangère cf. .lob., xi\, 23-27, dont le sens
est d'ailleurs très difficile à fixer).
(7) Ez., xxwii, 15-28. —(8) Ez., xwvii. IG. 17. 20. — :'.('
Ez., wwn, 18, 19.
LAME JCIVl': AU TEMPS DES PEllSES. 4 5
(jui a divisé la nation. Ce sont tous les tils d'Israël sans distinction
qui les préservera de tout retour vers les œuvres du passé (3) en la :
infâmes idoles. Leur conduite était devant leur Dieu comme la souil-
lure d'une femme et c'est ce qui a provoqué sa colère et déchainé le
châtiment (9). Or ils n'ont pas compris le sens de l'épreuve. Ar-
rivés sur la terre d'exil, ils ont continué leurs prévarications. Et
c'étaitun déshonneur pour Yahweh, une profanation de son saint nom
lorsque, parmi les nations où ils étaient dispersés, on disait « C'est :
son peuple, c'est de son pays qu'ils sont sortis (10), Ils le compren-
(l)Ez., wxvii, 21, 2"-^2, 25". — (2 Ez., \m, 55. — (3) Ez., wwii, 23'''«, 24''. — (4) Ez..
wxvu, 23''.i, 26'''«, 27''. — {:>} Ez., xwvii, 22, 2i% 25''.J. — (G) Ez., wwii, 26''>, 27% 28''.
46 REVUE BIBLIQUE.
dront eux-mêmes un jour. Quand ils auront été purifiés, quand leur
cœur et leur esprit auront été changés, quand Yahvveh aura fait pour
eux l'expiation, ils rougiront au souvenir de leurs aliominations, ils
fermeront la bouche de confusion, ils se prendront en dégoût (1);
ils seront humiliés même quand ils compareront leur conduite à celle
j'aieu pitié de mon saint nom; c'est à cause de mon saint liom que
vous avez déshonoré parmi les nations au milieu desquelles vous
êtes allés... (ï) ». Ainsi le but de Faction de Yahweh. dans l'oHivre
du salut et de la rédemption de son peuple, c'est l'honneur de son
nom, son propre honneur. Aussi bien, ce principe a-t-il une portée
autrement générale. Dans une autre prophétie, où il finit en l'appli-
quant aux interventions miséricordieuses de l'avenir (5), Yahweh
l'a d'abord appliqué à celles du passé. C'était par égard pour son nom
afin quïl ne fût pas profané aux yeux des Égyptiens devant lesquels
il avait fait connaître qu'il ferait sortir Israël de la vallée du Nil,
que, malgré leurs crimes, Yahweh avait tiré les fils de Jacob de la
maison de servitude (6); la même raison avait motivé les pardons
successifs après les infidélités du désert (T). Cet honneur de son nom,
cette gloire personnelle, Yahweh veut les acquérir au regard d'Isrard
et au regard des païens. C'est cette même finaUté qui est exprimée,
lorsqu'il déclare qu'il veut « se g-lorifier », « se sanctifier », c'est-à-
dire se montrer glorieux, se montrer saint, ou affirmer sa transcen-
dance, selon l'élément fondamental de l'idée de sainteté. Ainsi par
l'œuvre de purification qu'il accomplira en faveur des Israélites, il
21, 22, 23, et aussi \\, 39"; dans \iii, 19, on parle de « profaner « Yahweh lul-rnènie :
^nis* niS'^inn*) et xxxix, 7 C&J 'i;r'~p~iZkL*~n.S SmN N'^), on emjiloie le verbe SS" jPiel
et Hiphil) qui évoque l'idée de profanation cérémonielle (souiller, rendre impur, au point
de vue rituel et légal). Ce terme se retrouve à plusieurs reprises dans la Loi de sainteté
à propos du nom de Dieu, tout comme dans Ezéchiel (Lev., xvni, 21 xix, 12; xx, 3 xxi, ; :
6; xxu, 2, 32).
(1) Ez., VI, 9; XVI, 61, 63; xxwi, 31. — (2) Ez., xvi, 54; cf. m, 5-7 et v, 6, 7. —
(3) Ez., XXXVI, 22=':i, 32'; cf. xx, 44''.
(4) Ez., XXXVI, 21, 22''. — (5) Ez., xx, 44\ — (6) Ez., xx, 9. — (7) Ez., xx, 14, 22.
i;ame juive al' temps des perses.
« Vous saurez que c'est moi, Yahweh, qui frappe (11 ) » ; « Yous saurez
que. moi, Yahweh, j'ai répandu mon courroux sur eux 1
1-2; •>
;
« Toute
(1) Ez., \\\vi, Ti. D'ailleurs on trouve dans le raèine verset Je sanctilierai mon grand :
nom, qui est déshonoré, parmi les nations au milieu desquelles vous lavez déshonoré,
(2)Ez., xwin, 22, 25. — 3) Is., \u, 21-29; xuii, 8-13; xuv, G-8: XLvni, 1-16. (4) Ez., —
A, 17;xxi, 22, 37(Vulg. 16.32); xxviii, 10.— !5)Ez., xvii, 24. — (6) Ez-, v, Î3 (cf. xvii, 21».
(7) Ez., \i, 7, 13% 14''; VII, 4, 27; xi, 12; xii, 15, 16, 20; xnt, y, 14, 21, 23; Xiv, 8; x\,
7; XVI, 62; \\, 38, 44: \xii, 16; xxm, 49; \\iv, 24, 27; XW, 5, 7, 11, 17; xxvi, ti ;
wviiu 23, 24; XXIX, 9, 16, 21 ; x\x, 8, 19, 25, 26: \KXli, 15; xxxiv, 27; x\xv, 4, 9, 1%
15; xvxvi, 11, 36, 38; Xïxra. 6, 13, 14, 28; etc.
(8) Ez., M, 7, 14'-; VII, 4, 27: XI, 12; Xtl, 16, 20; \ni, 2:i ; v\l(, 16; \\UI, 4'); \\i\, 24,
27; XW, 5, 7. 11, 17; xxvi, 6: xxviii, 24: x\iv, 16, 21; \v\, 19, 26; xxxv, 4, 9; xxxvi,
38; xxxvii, 6, 14; etc.
(9; Ez., XIII, 9, 14, 21: \iv, 8; wi, 62; \\, 38; WMii, 23; xxii, 9; x\xv, 12; x\x\i,
11; etc.
(10) Ez., VT, 13^ cf. \ii, 15; \v, 7; \\, 42, 44; x\\, 8, 25. — ;il) El., vri, 9. — (12) E/..,
wil, 22.
48 REVUE BIBLIQUE.
chair verra que c'est moi, Yahweli qui l'ai allumée [la llainme dévo-
rante] (1) » ;
« Ils sauront ma vengeance
formule sert (2) » ;
etc. Cette
les poursuivait pour leurs crimes, et à mesure que sur eux s'abattaient
les fléaux, les enfants d'Israël ont dû apprendre que c'était Yahweh qui
les frappait : la première partie du livre d'Ézéchiel est toute pleine de
cette idée (3). C'est comme un nouveau mode d'éducation, se substi-
tuant à celui des bons procédés et des attentions délicates, dont la fail-
qu'après avoir brisé les barres de leur .joug' et les avoir délivrés de
ceux qui les asservissaient . son Dieu aura, en effet, assez de puis-
sance pour ramener les exilés au pays qu'il avait juré, la main levée,
de donner à leurs pères 7) ». lorsqu'il aura renouvelé son alliance
avec eux 8) et (jue. les multipliant outre mesure, il les comblera de
bénédictions dans le pays renouvelé (9). Il le saura (juand il aura
discerné les motifs mêmes de l'action divine, entièrement indépen-
dants de ses propres mérites (10 Le sens de la locution ne saurait
.
(1) Ez.,\\i, 'i(Vulg. \\, 48); « r. \\i, 10(5). — (2) Ez., x\v, 14. — (3 Ez., vi, 7, 13% 14'';e(r.
— ('(j Cf. Ez.. \M, 6-34; \\. 5-8, 10-13; elc. — (5) Ez., xxxvii, 6, 13, 14. — (6) Ez., \\\iv,
27. — (7! Ez., x\. 42. — [S; Ez., xvi, 62. — (9) Ez., xxxvi, 11. — (10) Ez., xx, 44.
LAME JUIVE A[ TEMPS DES PERSES. 40
IV
gypte dispersés parmi les peuples, s'il doit les ramener dans le pays
de leur origine, c'est sous la réserve expresse qu'ils n'y seront plus
qu'un humble royaume, le moindre des royaumes, réduits en nombre
et incapables de s'élever au-dessus des nations et de les dominer, inca-
pables de redevenir un objet de confiance pour la maison d'Israël,
Ezéchiel(ii, 1, 3, tj. 8: m, l, 3, 4, 10, 17, 25; etc.) et que l'on traduirait plutôt par « fils
d'homme » que par l'expression plus solennelle « Fils de l'homine ». est à peu près
synonyme de D~X ou r\S', et signifie « homme ». On peut la rapprocher de la formule
usuelle en syriaque ^^. Dans le livre d'Ézéchiel, où elle ne vient que sur les lèvres de
^ ahvNeh, elle sert à mettre en relief la petitesse de l'homme au regard de Dieu. On sait
que, dans le livre de Daniel et dans certaines apocalypses apocryphes, la même locu-
tion, appliquée au Messie, une tout autre portée; mais le sens fondamental demeure
a
le même (cf. Dan., vu, 13; Livre dHénoch, xlvi, 3; xlvui, 2; lxii, 5, 7, 14; lxiii.
11;
i.xtx, 26, 27, 29; Lxx, 1 ; lxxi, 17). Dans ces livres d'ailleurs (Dan., vin, 17: Hen.. lx, 10;
i.xxi, 14), la locution, appliquée à des hommes, prend le même sens que dans Ezéchiel.
(2) Is., xvm, 7, après 1-6; xix, 16-25, après 1-15: xxiii, 15-18, après 1-14. — (3) Is.. u.
1-4. — (4) Jer., XLViH, 47; xux, 6, ."ÎQ.
(4) Ez., XVI, 53. Le texte porte : r''2*w'-D»NI (Q'rè[y]) : ^nri2lr) "jnmiUJ-rNt ''nsui
:î)^2x:^ -Ti:2i piçc (Q'rè[i] : p-nu;) n•^2U7-n^f•^ n^riini aip (QTê[y] .- n^ntz;)
ri:~jhn2 'lT'i2w' Q'rê[yl : ri2U). On noiera que le Q'"rèj] âpp«ie le plus souvent
la forme ri2w' contre la forme îTi2*Ç : du Kt'ib'' 'la première fois néanmoins le Kn'ih''
a lui-même ":nni2r). Quant à ces termes n''2ï7 ouJ113tZ^, ils expriment d'ordinaire, ou
bien l'idée abstraite de captivité, ou bien l'idée concrète, quoique générale, d'un groupe
de captifs. D'où, même pour notre passage, la traduction assez fréquente : « Je ramènerai
les captifs de Sodome. » Mais précisément cette idée de captivité ne va pas à propos de
Sodome, dont les habitants ne sont pas allés en exil. Or. dans .lob, xui, 10, cette locu-
tion,appliquée à Job lui-même, ne pent vouloir dire que rétablir dans l'étal ancien, :
ramener l'état ancien. Rien ne s'oppose à ce qne cette signification soit adoptée à propos
d'un groupe ethnique tout aussi bien qu'à propos d'un individu et telle est, en ellét, la
signification la plus naturelle dans le texte qui nous occupe. Pour la fin de la phrase, le
texte massorétique -|':ri2*»l* r*2L.'' ne donne pas de sens acceptable; il faut, d'accord avec
le grec (xaî àjtouTp£4>w Tr.v àitocxpoçYiv (7oy), lire ^r)'';^kù* ''r2\L*'l. On a ainsi : « Et je
retournerai leur sort, le sort de Sodome et de ses filles, et le sort de Samarie et de ses
filles : et je retournerai ton sort au milieu d'elles. »
(5) Ez., \vi, 55. — (6) Ez., xvi, 61. — (7) Ez., xvi,
52''.
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. .1
(1) Ez., XVI, 52', 5*3-58. — 2) Ez., \\i, .4. — > Ez.. wi, 61.
52 REVLE BIBLIQUE.
Edomites (6), aux PhiUstins i7), aux Tyriens (8), aux Sidoniens (9\
aux Égyptiens dO) doit leur apprendre, tout comme aux Israélites,
qu'il est Yahweh. leur faire reconnaître sa propre vengeance; l'œu-
vre de restauration en faveur des Égyptiens tendra, elle aussi, à
la même fin (11). Le caractère, le mode de ces interventions doivent
être tels que ceux qui en seront l'objet ne puissent se méprendre sur
celui qui en est l'auteur. Comme Vahweh le dit à propos de Sidon 12 1
,
(1) Ez.. \x, 9, 14, 22. — (2) Ez., xxxm, 20, 21, 22, 23. — (3) Ez., xxxvi, 21, 22, 23. —
(4) Ez., XXV, 5, 7. — (3) Ez., xxv, 11. — (6) Ez., xxv, 14. — (7) Ez., xxv, 17. — (8) Ez.,
Il Ez., \\x\iii-x\\ix.
.
o4 REVLE BIBLIQUE.
. (1) Ez., xxxviii-xxxix. — (2; Ez., XXXVIII, 8% 16\ — (3 Ez.. xwvin. 8. 12'", 14''. —
(4) Ez., xxxvni, 11''. — (5) Ez.. xxxvin, 12'';^.
LAME .RIVE AU TEMPS DES PERSES. 5b
(1) Ez.. xxxvin, 2; cf. ixxix, 6. Il n'y a pas à chercher à identifier le souverain dont il
est ici question avec «fuelque personnage historique, contemporain d'Ézéchiel. Gog appar-
tient à l'avenir éloigné, à des temps assez indéterminés, mais certainement lointains; si
Ézéchiel s'adresse à lui. c'est par une ligure de style et afin de rendre son oracle plus frai>
pant (\x\viu, 2; xxxix, 1). Mais on peut, au point de vue linguistique, chercher à éta-
hlir des rapprochements qui renseigneraient sur l'origine du mouvement de peuples qui
va être décrit. Deux de ces comparaisons méritent de retenir l'attention celle avec Gôgi, :
qui, dans une inscription d'Assurbanipal (Cylindre B, col. IV, 1. 1, 2: cf. Eherhard Schra-
DEH. Keillnsch riftliche Bihliot/ie/., Sammlung von assyrischen und babylonisclten Tex-
ten in t'mschrift und i'bersetzung, II, p. 178-181, note 102 apparaît comme roi de ,
Sahi, au Nord-Est de rAssjT-ie; celle avec Gùgn, forme assyrienne (cf. parmi les inscrip-
tioHS d'Assurbanipal, celle des Annules du Rassam-Cylinder. col. II, 1. 95: E. Schradeb.
op. cit.. p. 172-173) de Gygès, roi de Lydie. On a aussi pensé à Gagaya. qui, dans les
Lettres de Tell-el-Amarna { KeiUnschriftliche Bibliothek, t. V, p. 5) désigne des Barbares
du Nord: En toute hypothèse, c'est vers le Nord qu'il faudra chercher le séjour et le point
de départ de Gog (cf. Ez., ixxis, 2, 6). Ici d'ailleurs îl ai'paraît avant tout comme le chef
des armées appelées au combat suprême, sans qu'U faille se préoccuper outre mesure d'en
préciser la physionomie, nécessairement un jieu vague et mystérieuse. Le nom de pays
Magog (xxxviii, 2, le H de direction s'est détaché du mot précédent, nïlX, pour se placer,
à la façon d'un article, devant le nom propre, 513*2") pourrait être traité comme étant en
rapport de dérivation avec ilj (au moyen du O locatif : pays de Gog), soit que le nom du
roi ail été artificiellement déduit de celui du pays, soit que dérivé le nom du pays ait ô,té
de celui du roi. La seconde hypothèse ne doit pas être retenue-, on trouve, en effet, dans
Gen., X, 2 un peuple de Magog parmi les fils de Japheth et au milieu des nations de l'Asie
Mineure nouvelle indication touchant le point de départ de la grande révolte. H est pro-
:
bable que c'est l'invasion des Scj-thes, à lépoque de Josias. qui a servi de prototype pour
la description des grands mouvements de la lin des temps.
'3) Kz., xxvMii, 2, 3; \\\i\, 1. 11 faut, en ellet. dans la locution *wN"' N'il*:, regarder
"w n:1 comme un nom de |)sys, de la même manière que Szn '^U?*2. La traduction
prince souverain (à l'instar de ÏTNirî
'J~i. grand prêtre) de Mé^ék'- et Tùb'';ll
« » ne parait
pas vraisemblable.
(4) Ez., xxxviii, ."), 0.
:j6 revue biblique.
(1) Il n'y a pas lieu, en effet, de songer ici aux Cossiens, à propos de U?i;.
(2) Ez., xxxix, 2, 6. — (3) Jer., iv, 5 - vi, 30; cf. Se, i.
(4) Ez., xxxvTii, 4-7, 15. — (5) Ez., xxxvui, 9. 16a?. — (6) Ez., wxviii, 4, 7, IG""^; \xxi\, 2.
plus profond que celui qui leur avait été d'abord attribué, pour
annoncer une réalisation nouvelle, plus complète et moins indigne
de la parole de Dieu 5 .
Mais pour quelle fin Yahweh a-t-il mandé Gog, la-t-il attiré sur la
pourrait-on dire, plus universaliste que les fins qu'il a eues en vue
jusqu'alors. Ses interventions présentes tendent à l'instruction immé-
diate des nations, des puissances hostiles. Si, en etfet, Yahweh les a
amenées sur la terre d'Israël, c'est pour leur faire essuyer le désastre
seul capable de leur que jamais plus elles
donner la leçon salutaire
n'oublieront. Dès qu'elles foulent le sol en quelque sorte sacré, Yahweh
sent le courroux lui monter aux narines (6 Il procède aussitôt au .
épée, guerre civile, peste, meurtres, pluie, grêle, feu et soufre s'abat-
tent sur la malheureuse armée, pourtant si fière de son nombre (8 .
(1) Ez., wxvui, 10-12. — {•>) Ez., xxxviii, 13. — 3) Ez., wwiii, 17. — 4) Jer., iv, 5-vi,
30; So., I. — (5) Cf., par exemple, l'interprétation des soixante-dix années de .lérémie
(Jer., XXV, II, 12) dans Dan., ix, 24-27.
(6) Ez., xwviii, 18. — (7) Ez., xxxvni, 22'. — (8) Ez., wxviii, 19 22. — 9) Cf. Am., v,
18-20; Is., \m (noter les vers. 6, 9); Jer., iv, 23-26; Se, i, 7-18.
r.8 REVUE BIBLIQUE.
grande place dans les visions apocalyptiques; mais alors ils seront
mis en connexion avec la suprême catastrophe qui bouleversera
Tordre cosmique actuel. C'est ainsi que Yahweh fera tomber des
mains de Gog l'arc et les flèches (l)f qu'il l'abattra lui-même avec tous
ses bataillons sur les montagnes d'Israël et sur la face des champs (2),
qu'il le donnera en pâture aux oiseaux du ciel et aux animaux sau-
vages (3). Bien plus le châtiment ira se propageant jusqu'au pays des
envahisseurs (4). La déroute sera telle que pendant sept ans, les
Israélites —
après ce dernier combat, ils n'auront plus besoin d'armes
— se chaulferont avec les sept espèces de dépouilles que l'ennemi
aura laissées derrière lui, sans qu'il leur faille aller chercher du bois
dans la forêt i5). Le désastre sera tel quil ne faudra pas moins de
sept mois pour enterrer les cadavres (6); on les déposera dans la
vallée d'Abarim, à l'Est de la Mer Morte, au Nord-Ouest du plateau
de Moab (7), c'est-à-dire en deliors de la Terre Sainte. Telle sera
la multitude des cadavres que le lieu de leur sépulture fermera
(1) Ez., XXXIX, 3. —(2) Ez., xxxix, 4', Tr.-— (3) Ez.. xwix, 4''. — (4) Ez., xxxix, 6. —
(5) Ez., XXXIX, 9, 10. — (6) Ez., xxxiv, 12.,
(7) Ez., xxxix, 11°. Le texte porte D'i'inyn "la, « la vallée des passants. » Sans doute
tel pourrait être le nom de la vallée, et ce nom pourrait s'expliquer par un chemin très»
fréquenté qui la traverserait ou la suivrait; on a aussi pensé que les passants étaient
ceux qui composaient les armées de Gog lui-même. Cette dernière interprétation est
invraisemblable, puisque, d'après le vers. 11'', elle recevra un nom nouveau en rapport
avec les armées de Gog. D'autre part, il est assez étrange que le mot nll^V soit employé
avec deux sens différents en deux versets très rapprochés (vers. 11" et vers. 14, 15; ici les
D''*11jr sont ceux qui « passent » dans le pays à la recherche des cadavres de lennemi).
En partant de l'indication géographique que fournit le vers. 11 (« à l'Orient de la mer '
[MorleJ nombre de commentateurs songent à une région et à une vallée en rapport avec
»),
cette montagne d'Abarim (D'IIS"" 1.1 simple différence de vocalisation) dont est ques-
;
tion à propos de Moïse (Num., \xmi, 12: wxiii, 47, 48; Dent., wxii, 4;i) et qui est en
connexion avec le mont Nébo.
(8) Ez., XXXIX, H»;.''. Au lieu de D'ill^HTIX XTl nGOriT dont la traduction (d'ordi-
naire : « et elle [la vallée pleine de cadavres] fermera la voie aux passants ») présente de
sérieuses difficultés grammaticales, les Septante (:ial 7tepioixoSoiJ.ï)ffoj(7iv tb T:spt(TT(5(j.iov zffi
fermeront la vallée ») ont traduit comme s'il y avait NlinTlX îlQDnl (nlIlirriTIX aurait
été ajouté pour fournir un sens quand le texte déformé fut devenu inintelligible), ce qui
donne une signification bien mieux adaptée au contexte.
à
LAME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 59
rait le pays 2 Voilà pourquoi il faudra que les habitants les ense-
.
VI
(1) Ez., XXXIX, 13. — (2) Ez., xxxix, 21-29. — (3) Ez., xxxix, 21, 23-26 ([26»] « et ils [les
peuples étrangers] porteront...., [26'] quant ils [les Israélites] liabileront.... »). — (4) Ez.,
XXXIX, 22, 27-29.
T;AME juive au temps des perses. 61
seraient, le jour venu, une de ces forces avec lesquelles il faut comp-
ter; elles seraient, poussées par leur foi en la parole de Yahweh,
raël et le placer « sur une montagne très élevée (5) », dans laquelle
il n'est pas difticile de reconnaître la colline même du Temple. Il
(1) Ez., xL-xLviii; on sait toutefois qu'un petit oracle contre l'Égjpte (x\ix, 17-21) est
(4) Ez., viii, 1. — (."i) Ez,., XL, 2. — (6) Ez., xlvii-xlviii. — (7) Ez., xl, 5 - xlii, 20.
62 REVLE BIBLIQUE.
C'est k
voyant qui, dans son récit, est obligé de les séparer, d'en
accentuer la suite et le développement, pouvant d'ailleurs adopter à
cet égard l'ordre que lui inspirent ses convenances et ses préoccupa-
tions personnelles. Quand le sanctuaire est construit, le prophète
est témoin de la rentrée solennelle de Yaliweh (1).
comblera de bénédictions (i). Mais cette vie sera encore, elle aussi
et à un double point de vue, conditionnée par les circonstances
actuelles. Non seulement, en effet, elle est présentée comme tenant
à la terre actuelle, s'y exerçant et s'y développant, mais encore, le
culte de Yahweh qui en est l'élément primordial est conçu à l'instar
du culte actuel. Par culte de Yahweh on entend très nettement ici
(1) Ez., XL, 5 -xui, 20. — (2) Is., IV, 5 6. — (3) Is., Ii, 2, 3; Mi., iv, 1, 2; cf. Is., xi,
ga, lo»». _ (4) Is., xvili, 7; wui, 18. — (5) Jer., m, 17; XXXI, 5 (Vulg. 6), 11 (12), 22 (23);
xxxiii, 11, 18, 21, 22 (18), 21, 22 manquent dans les Septante. •— (6)Ez., xx, 40. — (7) Ez.,
1"édifice salomonien (-5; étaient situées à rextrémité des deux retraits des murs
vingt coudées.
(8) Ez., xu, 21'', 22. — (9) Ez., xli, 3, 4. — (10) I Reg., vi, 20. — (11) Ez., xu, 15^-20,
26. —(12) Ez., XLI, 21% 23-25. —(13) I Reg., vi, 4, 14-16, 18, 20-22, 29-35. — (14) Ez., xu^
5-7, S*', 9% 11; cf. 1 Reg., VI, 5-10. — (15) Ez., xli, 8% 9\ 10. —(16) Ez., xl, i9'v (en
lisant avec les Septante [xal ètcI Séxa àvatJa8[Aûv àvÉoaivov en' a-jxô] lil"* TlT^yD^I
^"'N 11!?'' (' et on y montait par dix degrés », au lieu de I'iSn iS^i Tit7N* ni^2?a21, « e
faut que le Temple soit, autant que faire se peut, séparé de tout
contact profane, susceptible de porter atteinte à la sainteté divine.
De là aussi les parvis. Une première cour intérieure carrée
(1) de cent coudées de
huit degrés l'espace environnant (3) nouvelle mesure il ne semble pas qu'une
: —
pareille terrasse existât dans l'édiQce salomonien en vue d'accentuer l'isolement —
de la demeure divine et de mettre en relief la sainteté de celui qui y réside. Trois
portes donnent accès à cette cour, par l'Est, le Nord et le Midi (4) dans le parvis
:
ou. en rapport avec lui, dans les portes elles-mêmes, sont des tables pour la prépa-
ration des sacrifices (-5), des chambres pour les prêtres (6 qui, avant de faire leurs
fonctions, doivent quitter leurs vêtements profanes et en revêtir de sacrés (7). Le mur
extérieur du parvis se continue de chaque côté du Temple lui-même-, là, il est en
relation avec deux autres séries de chambres, réparties en trois étages, en retrait
l'un sur l'autre, séparées par une allée (8). Complétées de chaque côté par une
cuisine 9), ces deux de chambres servent aux repas sacrés des prêtres (10
séries c'est 1 :
là aussi qu'ils déposent leurs vêtements liturgiques après les cérémonies ;llj. C'est
ainsi qu'en contact immédiat avec la demeure divine, on ne trouve que des per-
sonnes et des objets consacrés : des prêtres revêtus de leurs saintes parures, des
victimes préparées pour le sacrifice et, de ce chef, déjà sanctifiées. Yahweh ne
sera immédiatement entouré que de sainteté. — Derrière le Temple, à l'Ouest et
tous les édifices salomoniens, sacrés et profanes. Il n'en sera plus de même désor-
mais. Une
cour extérieure entourera tout l'ensemble dont on vient de parler, inter-
rompue seulement, en arrière de la demeure divine, par le grand magasin. Elle s'élè-
vera de sept degrés au-dessus.du terrain environnant 14 trois portiques y donneront 1 :
accès U-J,. eu face de ceux du parvis intérieur, séparés de ceux-ci par un espace de
(1) Ez., XL, 28-47. — (2) Ez., XL, 47. — (3 Ez., xl, 31, 34, 37. — (4) Ez., xi., 28-37.
— (5) Ez., XL, 38-43. — (6) Ez., sx, 44-46. — (7) Ez., xuv, 17. — (8) Ez., xlu, 1-12. —
(9)Ez., XLVi, 19, 20.— (10) Ez.. xlh, 13. — (11) Ez., xlh, 14; cf. xliv, 19.— (12) Ez.,
xu, 12; (les vers. 13-15" sont consacrés à des mensurations d'ensemble). — (13) Cf. 11
cent coudées (l). Ces cent coudées représenteront la largeur de la cour au delà du
pavé qui longera les murailles extérieures et sur lequel seront bâties trente cham-
bres dont on ne précise pas l'emploi. Il est possible qu'en connexion avec les
(2)
cuisines placées aux angles de la cour :;;, elles servent aux repas sacrés des laïques.
Un mur de cinq cents coudées de côté entourera ce parvis extérieur « pour séparer
le sacré du profane » (4). Voilà, en eftet, la préoccupation constante qui se manifeste
dans les dispositions prises en vue de la construction de l'édiflce. Le mur dont
on
vient de parler a spécialement pour but d'isoler la demeure divine de la demeure
royale, de telle sorte
que le seuil du palais ne touche plus le seuil du Temple (5; ;
il
Yahweh, pourra habiter avec eux pour jamais (7\
cette condition seulement,
Isoler le sacré du profane, cela veut dire encore, isoler ce qui est
plus saint de ce qui l'est moins. C'est ce que montre clairement la
situation faite au Temple futur au milieu du pays renouvelé.
Au moment où on le partagera, la demeure divine prendra place dans une bande
réservée allant de la Méditerranée au Jourdain et comptant vingt-cinq mille coudées
de longueur ]\'ord-Sud 8j. Cette bande n'appartiendra à aucune tribu en particulier:
mais, en souvenir du passé, elle sera située entre les territoires de Juda et de Ben-
jamin (9). Elle sera divisée, dans le sens de la largeur en trois zones. Celles de
l'Ouest et de l'Est appartiendront au prince (10), qui ne pourra rien en aUéner à per-
pétuité en dehors de sa famille, en faveur d'un esclave, par exemple 'il). La zone
intermédiaire sera carrée, avec vingt-cinq mille coudées de côté (12). On pratiquera
y
trois subdivisions dans le sens de la longueur. Les deux subdivisions septentrionales
auront ensemble vingt mille coudées de longueur (13;; elles constitueront la part
prélevée pour Yahweh et jouiront d'un caractère sacré 14;. Celle qui est le plus
au >ford sera réservée aux prêtres et traitée comme très sainte (1.5); c'est au milieu
d'elle, isolé encore par une bande de terrain de cinquante coudées 'IG), que se trou-
vera l'emplacement destiné au Temple et à ses parvis (17). La deuxième subdivision
territoriale sera pour les lévites qui y habiteront, sans en aliéner la moindre par-
celle (18). En6n la dernière subdivision, avec seulement cinq mille coudées de long,
sera pour la ville et appartiendra à la maison d'Israël. La ville elle-même se dressera
au milieu, formant un carré de quatre mille cinq cents coudées de côté (19 avec ,
trois portes sur chaque face, chacune portant le nom d'une des tribus (20). Elle
s'appellera Yahweh-kunmâh ^^Yahweh est là) (21); bien que séparée du Temple par
une partie de la portion des prêtres, par celle des lévites, elle sera une Ville Sainte.
(1) Ez., XL, 19, 23, 27. — (2) Ez., XL, 17, 18. — (::!) Ez., xlm. 21-24.
(4) Ez., XL, h; xLii, 15-20. II faut lire sans doute, en conformité avec une suggestion des
Septante (vers. 17, nr^/yc, au lieu de xaXajxo;), ni'SN. coudées, au lieu de D'-p, roseaux.
Une muraille de cinq cents roseaux de côté — l'''" 12 — ne cadre pas avec le contexte.
(5) Ez., xLHi, 8\ —
(6) Ez., xLm, 7, 8\ 9'. — (7) Ez., xliu, 9''; cf. 7\
(8) Ez., XLv, 1 ; xLvm, 8. — (9) Cf., d'une part, Ez., XLvni, 7 et, de l'autre, xLvni, 23. —
(10) Ez., XLV, 7, 8^ XLViii, 21, 22. — (11) Ez., xlvi, 16-18. — (12) Ez., xlv, 1»y; xlvui, 20'.
— (13) Ez., XLV, Vi (en lisant, avec les Septante [st/.odt yyk\.é.^t(\, « vingt » au lieu de
i( dix » |D'''^iu" au lieu de ITliry] et en combinant les données de xl\ui, 9, 10, 13). —
(14) Ez., XLV. 1; XLvni, 9, 14; cf. 21. — (15) Ez., XLV, 3, 4; XLvni, 9-12. — (16) Ez., xn.
2''. — (17) Ez,, XLV, 2* [cf. 3^ 4^ XLvm, 8'', lON. — (18) Ez., xlv, 5; XLvni, 13, 14. —
(19) Ez., XLvui, 15'', 16. — (20) Ez., xlvui, 30-34. — (21) Ez., \i.\iii, 35.
08 REVUE BIBLIQUE.
comme sur un trône, au milieu des enfants d'Israël (1) ; selon le mot de Jéréniie (2),
chaque tribu. Elles ont toutes pour leur possession et territoire des bandes de terrain
allant de la Méditerranée au Jourdain (5) : zones qui d'ailleurs sont partagées au
sort entre les fils d'Israël et les étrangers établis au milieu d'eux (6;. Les zones de
Dan, Aser, Nephthali, Manassé. Ephraïm, Ruben, Juda sont au Nord (7), celles de
Benjamin, Siméon, Issachar, Zabulon, Gad sont au Sud (8) de Jérusalem. Comme
on le voit, la situation respective des tribus est changée Dan n'a plus qu'une pos- :
passé (12): celle du Sud en revanche, descendant jusqu'à Cadés, semble dépasser
l'antique frontière historique (13 .
C'estpar tous ces degrés croissants de sainteté que Ton arrive jus-
qu'au Saint des saints, la demeure proprement dite de Yahweh (14).
Comment mettre davantage en relief la sainteté par excellence? On
peut se demander si la pensée et la vision prophétiques ne débor-
(I) Ez., xuii, 7% 9''. — (2) Jer., m, 17. — (3) Ez., xLvni, 17. — (4) Ez., xlvih, 18, 19.
(14) D'après Ez., xuii, 12, la montagne du Temple tout entière parait être « saint des
façon elle n'y tient une place comparable à celle qu'elle occupe dans
la vision suprême du fils de Buzi. Il convient donc de se demander
si, en ce domaine, le voyant de Chaldée, éclairé par la révélation,
(1) Le tracé de frontières conyentionnelles en ligne droite, sans tenir compte ni des
montagnes ni des vallées, ne parait guère réalisable en pratique. D'autre part, quoi qu'il
en soit de l'égalité des portions en kilomètres carrés, il est difficile d'admettre qu'au
point de vue du séjour et des ressources nécessaires à la vie, une bande de terrain située
dans le négéb puisse être comparée à une bande de terrain appartenant à la Galilée. A
moins que déjà l'on ne se meuve dans la perspective d'une terre plus ou moins complè-
tement renouvelée (cf. Ez., xr.vii, 1-12)!... Nous voisinons ici avec le domaine privi-
légié des apocaljpses.
(1) Ez., XLiu, 1. — [2) Ez., XLUi, 3 : cf. Ez., i et viii-xi. — 3) Ez., \Liii, 2ii'/. — (4) Ez.,
xLin, 2'>. — (5) Ez., xuïi, 4. — (6) Ez., xliv, 1, 2.— (7) Ez., xlvi, 1, 2''. — (8) Ez.,
XLUI, 5*. — (9) Ez., XLiii, 5''. — (10) Ez., xun, <>, ~\ — (11) Ez., xuii, 7''-9«, 10'?, iV".
— (12) Ez., XLiii, 10% 11.
(1.3) Ez., XL, 47.
LWME JIIVE AU TEMPS DES PERSES. 71
tion (1). Il coudée sur une base haute d'une coudée. Il est
se dresse en retrait d'une
formé de mais inégaux, chaque bloc supérieur étant
trois blocs carrés superposés,
en retrait d'une coudée sur le bloc inférieur et plus liaut que lui le bloc supérieur :
est muni d'une « corne » à chaque angle. Des degrés placés à l'Orient permettent
de monter à cet autel. —
Sans insister davantage, disons que la forme de cet autel,
influencée peut-être par l'art babylonien, diffère de ce que consacrent les législations
et descriptions des autres livres de l'Ancien Testament. Aux autels décrits par le
de côté, et sa hauteur était de dix coudées (4); rien n'indique l'existence d'étages
en retrait les uns sur les autres.
chiel ne parle pas. La comparaison des rites de dédicace donne lieu aux remarques
suivantes. De part et d'autre, ils se développent pendant sept jours (8). De part et
d'autre, le premier jour est marqué par le sacrifice d'un taureau pour le péché (9)-,
la chair en est brûlée en dehors du sanctuaire (10 . Mais — première différence
— tandis que dans la loi lévitique on se borne à mettre du sang avec le doigt sur
les cornes de l'autel, répandant le reste à la base (ir, l'onction avec le sang est
beaucoup plus développée dans Ézéchiel (12). En deuxième lieu, pour le sacrifice
pour le péché des six derniers jours, Ézéchiel prescrit un jeune bouc (13): la loi
lévitique, un taureau comme au premier jour (14 En troisième lieu, aux sacrifices .
pour le péché des sept jours, Ezéchiel ajoute l'holocauste d'un jeune taureau et d'un
béUer lô,, ce dont la loi lévitique ne parle pas. En quatrième lieu, Ezéchiel parle,
1 propos de l'holocauste, d'un assaisonnement de sel (16), que la loi lévitique ne
mentionne qu'au sujet des offrandes non sanglantes (17). En cinquième lieu enfin,
la législation lévitique une onction de l'autel avec
indique à plusieurs reprises
l'huile (18), ce dont Ézéchiel ne dit rien. —
du huitième jour, l'autel ser- A partir
vira à ses usages normaux on y offrira l'holocauste et, pour les autres sacrifices, il
;
(1) Ez., xLUi, 13-17. — (2) Ex., xx, 26. — (3) Ex., xxvu, 1, 2, 4-8. — (4 Au moins
d'après II Chron., iv, 1.
(5) Ez., xLiu, 19-26. — (6) Ex., xxix, ll-l'i, 36, 37; xxx, 28; XL, 10; Lev., vni. 11, 15:
Num., vu, 1. — (7) Ex., xxix, 1-37. — (8 Ez., xuii, 25, 26; Ex., xxix, 36, 37.
(9) Ez., xuii, 19 ; Ex., \xix, 36. Remarquer la similitude des expressions :
''~2~'J2
*1D
rN'Cn^ (Ez.. xLiii, 19); nN"i2n 1S (Ex., XXIX, 36 dans Ex., xxix, 14 on lit ; Xl~ rN'Cn,
( il est péciié ». en parlant du taureau]). Remarquer aussi, pour désigner la consécration
'Ue-mème, à cùté des formules seiiil)lables .nZ'En-PN ll^^l Ez., XLin, 26] et ""Din i
ra-iSiTS:; [Ex., XXIX, 37 : très légère différence de particules], des différences assez
saillantes ("1"^ InS^^ Inx lirrai [Ez., \uiu 26] et inx I['^^"pl [Ex., xxiv, 37;\ diffé-
(3) Ez., \Liv, 6\ — (4) Ez., XLiv, 1: — (5) Ez., \uv, 4. — (6) Ez., xliv, :'•, 8. —
(7) Ez., XLIV, 7, 9. — (8) Jos., IX, 27. — (9) II Reg., xi, 4-8.
(10) Esdr., n, 43 (Nch., vu, 46 [Vulg. 47]); vin, 20. La forme "'Jin: est une forme ^
d'adjectif, analogue, quant à sa dérivation [cf. le participe passif du syriaque \vi^]
du participe passif iM2p ; les wV'inim sont proprement les « donnés ». '^.
"
(11) Esdr., II, 55 (Neh., vu, 57).
I
LAME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 73
On a voulu dire que, dans cette \-ision suprême, le prince était dimi-
nué à l'avantage du clergé. La réflexion n'est pas juste. Dabord
il porte le même titre de iv'isV que dans les autres oracles de la
restauration terme peut-être intentionnellement sulistitué à celui
:
il est vrai, qu'aux jours des grandes solennités il est davantage con-
(1) Ez., XLvn, 21-2.3; cf. Lev., xvu, 10, 12; Num., xv, 14.
(2) Ez., XL, 17-19; xLvi, 21-24. — fS) Ez., xlai, 9; cf. vers. 1. — (4) Ez.. xxxiv, 1-6.
(5)Les anciens rois avaient à l'occasion offert eux-mêmes, semble-t-il, des sacrifices
(I Sam., XIII, 9, 10; II Sam., m, 17, 18 ;cf. 1 Chron., xvi, 2, etc.): xxiv. 25 (cf. I Ctiron..
XXI, 26-30); I Reg., m, 4 (cf. II Chron., i, 2-6); etc.
(6) Ez., XLVI, 2. — (7) Ez., XLvi, 8, 10. — (8) Ez., xuv. .3.
74 REVUE BIBLIQUE.
par rapport aux hauts lieux, on comprend que c'est d'eux qu'il
s'agit à cet endroit les lévites sont les descendants des prêtres des
:
hauts lieux. La situation qui leur sera faite aura le caractère très
marqué d'un châtiment : la droite de Yahweh s'est levée sur eux (9) ;
(2) Ez., XLiv, 11, 14. — (3) Ez., \lviii, 12, 13 (Ez., xl, 45 ils sont appelés prêtres comme
les fils de Sadoc dont il est question aussitôt après [vers. 46]). — (4) Ez., xu, 21, 22. —
(5) Ez., XLiv, 13% 15, 16. — (6) Ez., xl, 46; XLII, 13, 14; XLIII, 19, 24; etc.
(7) Ez., xLiii, 19 (la formule « prêtres lévites » paraît, en eBet, s'appliquer à tout le
clergé, dans lequel on met ensuite à part les fils de Sadoc^. — (8) Ez., xliv, 10, 12". —
(9) Ez., XLIV, 12'^^. — (10) Ez., XLIV, 10\ 12^ï, iS^. — (11) Ez.. XLi?, 15": cf. xl, 46; XLUi.
19; XL VIII, 11. — (12) Cf. II Sam., vui, 17 ;i Chron., xviii, 16); xv, 24, 25: etc.
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 75
la place qu'au point de vue logique ce statut occupe par rapport aux
codes du grand recueil législatif. Le Deutéronome ne distingue jamais
entre prêtres et lévites (7); il ne parle que de prêtres-lévites i^8),
de prêtres fils de Lévi (9j, Il n'emploie le terme de « lévite » qu'à
propos du lévite, généralement pauvre, qui « séjourne dans tes
portes '), c'est-à-dire dans les villes et villages du pays; c'est d'or-
aussi pour déclarer que dans tout le désir de son àme, il se décide
si,
(1) Ez.. \i.iv, 15\ Il serait évidemment téméraire de vouloir prétendre que les désordres
<iui déshonoraient les hauts lieux n'aient pas trouvé accès au sanctuaire de Jérusalem,
même avec la connivence des prêtres (cf. II Reg., x\i, 10-18; \xi, 4-8; \\ui, 6, 7). Mais
il quand même certain que l'orthodoxie avait moins à se plaindre de l'attitude d'en-
est
semble du clergé hiérosolymitain que de celle des collèges «acerdotau\ des hauts lieux.
(2) Ez., xLiv, 23. —
\3j Lev., x, 8-11. (4) Ez., xuv, 24'. —
(5) Deut., xvil, 8-13: xix, —
17; XXI, 5. — (6) Ez., XLiv, 24''.
(10) Deut., XII, 12\ 18», 19; XIV, 27, 29; xvi, 11, 14: xxvi, 11, 12, 13. On a noté plus
haut que Deut., xxxi, 25, il était question des Lévites en un sens plus large.
76 REVUE BIBLIQUE.
ils ne furent pas admis à monter à l'autel de Yahweli (3). Une dis-
tinction de fait fut établie entre les membres de l'ancien clergé
hiérosolymitain et ceux de l'ancien clergé des hauts lieux. On dirait
que cette situation de fait est présente à l'esprit d'Ézéchiel et qu'il
veut l'ériger en principe en en apportant la justification. Dans la
loi lévitique, la distinction des prêtres et des lévites est à la base de
tous les règlements hiérarchiques (i). Elle est d'ailleurs fondée, non
sur un incident historique, mais sur la descendance généalogique :
les prêtres sont les descendants d'Aaron par Éléazar et Ithamar (5),
les lévites sont les autres membres de la tribu de Lévi (6i. D'autre
part, le code lévitique attribue une place fort importante au grand
prêtre, dont il n'est pas question au programme cultuel d'Ézéchiel.
Le seul fait d'appartenir à la famille de Sadoc ne suffira pas à
assurer aux prêtres — c'est d'eux surtout, sinon exclusivement, qu il
païens : ni raser leurs tètes, ni laisser croître leurs cheveux sans les tondre [7 ^
— Les prêtres n'épouseront pas d'étrangères, mais seulement des jeunes filles Israé-
lites; ils ne prendront ni veuves — exception est faite toutefois pour les veuves
de prêtres —
femmes répudiées 10). D'après la Loi de Sainteté, il est interdit
, ni
au prêtre d'épouser une femme prostituée ou déshonorée, une femme répudiée (11)-,
au seul grand prêtre il est interdit de prendre une veuve 12;. — Les prêtres ne
doivent pas se souiller par le contact d'un cadavre humain : exception est faite
néanmoins pour la dépouille d'un père, d'une mère, d'un lils. d'une fille, d'un frère.
d'une sœur non mariée ;i3). Mais alors un rite de purification s'impose et, au bout
de sept jours, quand il veut officier dans le parvis intérieur, le prêtre doit offrir
(1) Deut., xvm, 6-8. — (2) Il Reg.. xxiii, 8. — (3) II Reg., xxm, 9. — (4) Ex., xxix.
1-37; XXXIX, 1-31: Lev., vni; ix ; XXI, 1-16; Num., m. iv; vin, 5-26; wii. 16-28 (Vulg.
1-13); xviii; XXXV, 1-8. — (5) Lev., i, .">; etc. (on notera que, d'après II Sam., vm, 17,
Sadoc descendait d'Achitob). — (6) Num., iv.
(7) Ez., XLiv, 20. — (8) Lev., xxi, 5*. — (9) Lev., xix, 27. — (10) Ez.. XLiv, 22. —
(11) Lev., XXI, 7. — (12) Lev., xxi, 14. — (13) Ez., xliv, 25.
L'AME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 77
un sacrifice pour le péché 1). Mêmes règles et mêmes exceptions pour le prêtre
dans la Loi de Sainteté (2 , ;
mais, quand il s'agit du grand prêtre, aucune exception
n'est admise (3^. La Loi de Sainteté ne fixe pas la durée de l'état d'impureté con-
tracté par le prêtre; mais une autre section des lois lévitiques parle de sept jours (4).
Cette section renferme en outre des développements touchant la manière dont se con-
tracte l'impureté et les rites purificatoires (5). Ces derniers consistent surtout en
aspersions; il est d'ailleurs possible que, dans Ezéchiel, le sacrifice pour le péché
suppose l'état d'impureté disparu et ait pour objet de préluder
des à la reprise
fonctions. — Notons enfin laau prêtre de manger de tout animal
défense faite
mort ou déchiré (6). Cette prohibition figure pareillement dans la Loi de Sain-
teté (7). Bien plus cette loi déclare impure toute personne née dans le pays ou
étrangère qui mangera pareille nourriture (8 . Déjà d'ailleurs le Code de l'alliance
interdisait aux Israélites de manger la dépouille d'un animal qui avait été déchiré
par un autre animal (9).
A ces règlements généraux se rattachent ceux qui concernent les revenus des
prêtres. Ils n'auront point d'héritage en Israël (10). La portion qui leur est réservée
autour du Temple est trop petite pour entrer en ligne de compte (11); et il est
facile de constater la différence qui existe à cet égard entre le statut ézéchiélien
des prêtres sera Yahweh lui-même ,13), et le fils de Buzi parait se complaire à
reprendre cette formule du Deutéronome (14). Sans doute le ministère que ces
prêtres rempHront auprès de Yahweh devra suffire à contenter leur cœur. Mais
d'autre part. Yahweh mettra à leur disposition ses propres revenus : oblations,
victimes offertes pour le délit ou le péché, ce qui aura été voué par anathème (1-5 ,
prémices des premiers fruits de toutes sortes, toutes les olirandes, prémices des
pâtes et gruaus ^16). Ici encore les règlements d'Ézéchiel tiennent le milieu entre
ceux du Deutéronome et ceux des lois lévitiques. D'après le Deutéronome, qui ne
parle pas des sacrifices pour le péché et le délit, les prêtres devaient avoir l'épaule^
les mâchoires et l'estomac des victimes, gros et petit bétail, offertes par les fidèles,
autrement dit. des sacrifices pacifiques; ils devaient avoir les prémices du blé,
du vin nouveau, de l'huile, de la toison des brebis '17|. En revanche, les lois lévi-
tiques déterminent avec une grande précision les tributs que le dispositif d'Ézéchiel
se borne à énoncer (18).
(1) Ez., xLiv, 26, 27 (lire probablement, 2<y', au lieu de iP^ni2 "iinNl, « et après sa
pureté » [sa purification] : irN*2"i2 "iinx*!, « et après son impureté » [Syr. jLa ^îoo
vaI^^^1^v^^J).
(2) Lev., x\i, l'.i, 2. — (3) Lev., xxi, 11. — (4) Num., xix, 11 (il s'agit d'ailleurs de
l'impureté contractée par les Israélites en général). — (5) Num., xix, 11-22. — (6j Ez.,
XLiv, 31. — (7) Lev., xxu, 8. — (8) Lev., xvn, 15, 16. — (9) Ex., x\ii, 30 (Vulg. 31).
(10) Ez., XLIV, 28. — (II) Ez., XLV, 3, 4 ; xlviu, 9-12.
(12) Une ordonnance de la Loi de Sainteté (Lev., x\v, 32-34) suppose que les lévites ont
des villes, avec des cliamps de pâture situés tout alentour. Code On lit ailleurs dans le
Sacerdotal les dispositions concernant ces villes et banlieues (Num., Ce «lui xwv, l-S).
nempèche pas de lire aussi, dans le Code Sacerdotal comme dans Ézécbiel, qu'Aaron n'aura
pas de part dans le pays, que Yahweh sera son héritage (Num., xvni, 20).
(13) Ez., XLiv, 28. — (14) Deut., x, 9; xvui, 1, 2 (cf. Gen., xlix, 7). — (15) Ez., xliv, 29.
— (16) Ez., XLIV, 30. — (17) Deut., xvni, 1, 3, 4.
(18) Cf. Lev., u. 3, 10: VI, 9-11 (Vulg. 16-18); vu, 9, 10; Num., xvni, 9, pour l'obiation
78 REVUE BIBLIQUE.
mitres et caleçons (3). Mais ils les quitteront avec grand soin dans les chambres voi-
sines du Temple avant de reparaître au milieu du peuple autrement ils lui commu- ;
niqueraient leur sainteté (4), et l'on comprend qu'il s'agit d'une sainteté rituelle.
Dans les lois lévitiques, abstraction faite du costume du grand prêtre (5), on men-
tionne un plus grand nombre de vêtements sacerdotaux et la terminologie est légère-
ment différente C6)-
propos de souligner, au sujet du personnel du Temple
Est-il à
comme au sujet du territoire, cette gradation dans la sainteté à
mesure que Ton se rapproche de la divinité? Au plus loin, les laïques,
mais déjà séparés de la foule profane par les murs du parvis exté-
rieur et jusqu'à un certain point sanctifiés ;
plus près, dans le parvis
intérieur, mais à distance de l'autel, les lévites; puis, tout près de l'au-
tel, les prêtres. par leur appar-
Et ces derniers, uou seulement saints,
tenance à une famille sainte, dont l'attitude fut noble dans le passé,
mais encore sanctifiés par le revêtement des parures consacrées.
Il nous reste à parler en quelques mots du futur rituel. Dès que
l'on songe à le comparer aux documents du Pentateuque, deux
remarques s'imposent. — Il faut d'abord se souvenir que le Déutéro-
nome n"a rien d'un rituel; on n'y trouvera donc qu'à titre tout à fait
ou nnJD; — Lev., vi, 19, 22 (26, 29); vu, 6, 7; Num., win, 9, 10 pour les sacrifices pour
le péché ou pour le déht (DU^N ou riK'ûri): — Lev., \xvii, 21 et Num., xvui, 14 pour
l'anathème ou Din; — Nura., xviii, 12, 13, pour les prémices des premiers fruits ou
"ill^Sn n'iw'NT. — Lev., vil, 14, 32; Num., wiii, 11, 19, pour les sacrifices pacifiques,
ala'5ï7, et les offrandes ou niDIiri (Cf. Deut., xii, 6, 7, 11, 12,17 : etc.) ;
— Num., w. 2(i,
(6) On parle à propos des prêtres (Ex., wviu, %0-43 xxxix, 27-29 Lev., vi, 3 [Vulg.
; ; 10] ;
viii, 13) : de tuniques (nirO; Ex., xwiii, 40; xxxix, 27; Lev., vm, i.j; "D, Lev., m.
3 [10]) de lin ("::, Lev., vi 3 [10], au lieu de DTlwS dans Ezéchiel: Ex., xxxix. 27
donne comme étoffe le '\à'é, peut-être le byssus ou le coton), de ceintures "ûj^N. Ex..
xxviii, 40 et Lev., vni, 13, sans désignation de l'étoffe; avec l'addition ITUTD UJU/*.
« byssus retors » dans Ex., xxxix, 29), de caleçons de lin ("3 ^DJDQ. Ex., xxvui, 42,
Lev., VI, 3 [10] au lieu de OTïTS IcaDD; dans Ex., xxxix, 28, l'UTD ttT'i:' ~nrî •id:3'2)
de 7nitres de lin {ï\TJ2^n. au lieu de "'"1X3, sans désignation d'étoffe, Ex., xxvm, 40;
Lev., VIII, 13; ttr^y ni"n;r::n ''>V2, dans Ex., xxxix, 28). — Sur l'ordre de quitter les
ornements dans le parvis intérieur, cf. Lev., vi, 4 (il).
L'A.Mb; JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 79
(1) Deut., xm-. 8; cf. Lev., xiii-\iv. —(2) Ex., xx,22-xxiu, 19. — (3) Ex., xxxiv, 10-26
- (4) Deut., XII, 6, 7. Il, 12, 26-28: etc. — (5) Deut., xvi, 1-17. —(6) Lev.. x\ni. .38.
80 REVUE BIBLIQUE.
tributs doivent aboutir (1), parce que c'est lui qui, au nom du peuple^
aura à pourvoir aux liturgies sacerdotales Sous sa forme actuelle, le
texte hébreu ne sig-nale cette intervention qu'à l'occasion des sabbats,
des néoménies et des fêtes, de toutes les solennités de la maison d'Is-
raël (2 mais le contexte et une heureuse variante des Septante nous
;
(1) Ez., XLV, 16. — (2) Ez., ALV, 17, 22-24, 25; \lm. 4-7.
(3) Ez., xLvi, 13-15. Au lieu de ni273/*71, « tu feras [Ezéchiel, ou le peuple] » l'holo-
causte (vers. 13) et l'oblation (vers. 14), le grec (noiriasi) a nil7îr% « il fera (le prince) ».
Au vers. 15, au lieu de lil*!?'', « ils feront », le grec (TtotriaeTe) a 1t?"n. Les leçons sont un
peu indécises.
(4) CL 1 Sam., xiu, 9, 10; II Sara., vi, 17, 18; I Reg., m, 4; viii, 62-64; xv, 15; etc.
(5) Num., xvin, 20-32; sur la manière dont les lévites recueillent la dime, cL Neh., \,
38'', 39 (Vulg. 37\ 38).
(6) Neh., X, 33 (Vulgate 32). — (7) Ex., xw, 11-16. — (8i Ez., xlv, 13-15.
ne parlent guère avant l'exil (1), mais qui est en rapport avec le
sentiment profond de confusion que, dans même après le pardon et
les temps messianiques, la conscience et le souvenir de son péché
doivent laisser en l'àme d'Israël (2). Les sacrifices mentionnés au
programme d'Ézéchiel sont Foblation ou minhàh i^3 l'holocauste :
,
(1) On sait que ces livres ne parlent pas des sacrilices proprement expiatoires TïH'Cfl
et D'éii. Toutefois, a propos de la restauration du culte au Temple sous Ezéchias, les
Chroniques (II Chron., xxix, 21, 23, 2i) signalent une riN'Cr; de sept boucs en vue défaire
expiation pour tout Israël.
(2) Ez., XVI, 54, 61, 63; xx. 43; xxxvi, 31, 32; etc. — (3) Ez., xui, 13; xliv, 29; xlv, 15,
17, 24, 25; XLVI, 5, 7, 11. — (4; Ez., 39; xlv, 15, 17, 23, 25; XLVi, 4,
xl, 6, 12, 13. —
(5) Ez., XLV, 15, 17; XL\i, 12.— (6) Ez., xlv, 17, 24, 25; xlvi, 5, 7, 11, 14. — (7) Ez., xl,
39; XLii, 13; XLIV, 29; XLV, 17,19, 22, 23, 25. — (8) Ez., xl, .39; XLU, 13; xliv, 29; xlvi,
20. — (9) Deut., XII, 6, 11, 27, etc. (le sacrifice pacifique est d'ordinaire désigné par le
terme général de HZ"). — fio) Cf. Lev., i-vu; etc. — (11} Lev.. xxiii, 19.
(12) Lev., XIX. 21, 22. On notera que la Loi de Sainteté parle d'ordinaire en termes
généraux des sacrifices faits par le feu (Lev., xxni, 8, 27, 36, 37); toutefois elle signale
avec précision l'holocauste ([ui doit accompagner l'offrande de là première gerbe (Lev., xxni,
12); elle insiste longtemps sur les sacrifices de la fête des Semaines (Lev., xxju, 17-20).
(13) Nura., xxviii, 7, 14, etc. — (14) Ez., xliv, 21.
(l.î) Ez., XLVI, 13-15. — (16) Ex., xxix, 38-42; cL Lev., vi, 2-6 [Vulg. 8-13]); Num.,
xxvin, 3-8. — (17) Ez., xlv, 17 ; xlvi, 1, 3-5. — (18) Ez., xx, 12, 13, 16, 20, 21, 24; etc.
— (19) Deut., V, 12-15.
(20) Lev.. \i\, 3, 30; xxiii, 3, 11, 15, 32, 38;
x\n, 8; \x\. 2, 4, 6; xwi, 2, 34, 35, 43.
Plusieurs de ces textes, qui ne concernont pas directement le sabbat hebdomadaire,
pré-
sentent cet intérêt (|uils adirment la relation étroite qui existe entre l'idée de sabbat
et
lidée de repos : il en est de même dans telle des références qui suivent.
(21) Ex., XVI, 23,25,26; xxxi, 13-17; xxxv, 2, 3 ; Lev., xvi, 31 ; Num., xv, 32-36; XXVIU, 9, 10.
RBVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XVI. 6
S2 RE\UE BIBLIQUE.
la néoménie (1), qui tient une si grande place dans l'histoire ancienne d'Is-
les fêtes annuelles. L'année est divisée en deux parties, de telle sorte que l'on
consacre, avec l'adoption du nouveau calendrier qui fait commencer l'année au prin-
temps, le souvenir de l'ancien qui faisait commencer l'année agricole au septième
mois. On a ainsi :
souillures qui pourraient provenir des fautes d'erreur ou d'ignorance (5). Ni le Deu-
téronome Code Sacerdotal ne parlent de cette fête
ni le ;
— la fête du 14 du premier mois, fête de la Pàque et des Azymes; elle dure sept
jours (10);
— la fête du l-î du septième mois, qui dure pareillement sept jours (11 1.
Le Deutéronome, qui d'ailleurs ne marque pas de dates précises, mentionne les
trois grandes fêtes annuelles de la Pàque avec les Azymes (12), des Semaines (13)
—
le calendrier ézéchiélien ne signale pas cette fête, des Tabernacles (14); la pre- —
mière et la troisième de ces fêtes durent sept jours, comme dans Ezéchiel. Les lois
lévitiques — y compris la Loi de Sainteté gardent la fête des Semaines (15) et —
renferment des règlements précis concernant les fêtes du premier mois (10) et du
septième (17).
Au point de vue des rites observés dans ces solennités, qu'il suflise
d'établir la liste et le parallélisme suivants :
l'un le matin, l'autre le soir (20); sans parler de la mlnhûh personnelle du grand
(1)E7.., XLV, 17; \LVi, 1'', (1, 7. — ('2) I Sam., \\,5, 18, 24, 27, 34; II Reg., iv,. 23 ; I Chron.,
xxni, 31; Il Chron., \ui, 1'!; wil, 3; Ara., >ni, 5; Os., v, 7; Is., i, 13; etc. —
(3)Nam., \, 10; xx\ui, 11-15,. — (4) Ez., \lv, 18. — (5) E/., xLV, 19, '->().
(6) Ez., \LV, 20. Il faut- lirç, avec le grec (èv tm ÉpôoïK.) 5xr,vl tiia tou javô;), '^'j^yCZ
yJinS "înxi, au lieu de U?~n2 nyi^k^S, qui ne donne pa-; un sens satisfaisant.
Lev., XVI. — (10) Ez., xlv, 21-24. — (11) Ez., xlv, 25. — Deut., x\i, 1-8. — (13) Deut., (12)
XVI, 9-12. — (14) Deut., xvi, 13-15. — (15) Lev., \xni, 15-21; iNurn., \xvni, 26-31.
—
(16) Lev., \xui, 5-14; >'um.,xxAaii, 16-25; Ex., xu. — (17) Lev., win, 34-36, 39-43; Num..
XXIX, 12- .39.
(18) Ez., XLVI, 13-15.
(19) Sous ce tilre nous désignons la réglementation des sacrilices de Num., xwui-xxix.
(20) Num., xxvni, 3-8.
1. AME .ILIVE AL TEMPS DES PERSES. 83
prêtre 1). Au temps du roi Achaz 2), il n'était question que de l'holocauste du
matin et de la minh-'ik du soir, puis de l'holocauste et de la minh''ih du roi.
— Sabbat : holocaustes de six agneaux et d'un bélier, avec autant de luinhôth
arrosées d'huile (3). — La Loi de Sainteté ne parle que du repos et de l'assem-
blée 4 . — Autre loi sacerdotale holocaustes de deux agneaux avec niinJj.'lh
:
texte du même code (17 s'explique avec une grande précision?... Dans Ezéchiel, —
comme dans le Deutéronome, la Loi de Sainteté, l'autre loi sacerdotale (18), l'usage
des Azymes doit être observé sept jours durant. — Rien dans Ezéchiel d'une solen-
nité particulière pour le premier et le septième jours; le Deutéronome parle seule-
ment de l'assemblée du repos du septième jour (19); la Loi de Sainteté parle du
et
repos et de la convocation sainte du premier jour et du septième (20); de même
l'autre loi sacerdotale 21;. -^ Ezéchiel ne dit rien de la présentation de la première
gerbe dont parle la Loi de Sainteté ;22). Quant aux sacrifices, ils consistent, d'après —
Ezéchiel chacun des sept jours, en des holocaustes de sept taureaux et de sept
:
sept agneaux et d'un bélier avec minhùth et libations; en plus, le sacrifice d'un boue
pour le péché (26).
— Néoménie du septième mois comme à celle du premier mois (27). Le Deu-
: —
téronome n'en parle pas. —
Peut-être en souvenir de l'ancien début de l'année
agricole, cette néoménie revêt dans la Loi de Sainteté 28) une solennité particulière :
annoncée par le son du cor, elle est marquée par un repos solennel, une convocation
(1) Lev., n, 12-16 Vulg. 19-23). — (2) II Reg., xvi, 15. — (3) Ez., xlm, 4, 5. — (4) Lev.,
wiii, 3. — ,5) Num., \\\m, 9, 10. — (6) Ez., xlvi, (j, 7. — (7) Num., xxvni, 11-15. —
8) Ez., \Lv, 18. — 9) Ez., ïLV, 21'"^. — (10) Deut., \vi, 3. 4, 8. — (II) Lev., xxra, 4-14.
— (12) I\uin., \xvui, 17. — (13) Ez., — (14) Deut., xvi,
XLv, 21'. — (15) Lev., 2, 4''-7.
xxni, 5. — IH) Nuit)., wvm, 16. — — (18) Ez., xlv,
(17) Ex., sir. Deut., xvr, 21''; 3, 4»,
8^; wni, 6''; Num.,
Lev., xxvm, — (19) Deut., vvi, — (20) Lev., xxni,
17''. — 8'".
7, 8.
21) Num-, xxviir, 18, 25. — Lev., xxiu, 9-14. —
(22) Ez., xlv, 22-24. — (24) Lev.,
(23)
wni, 12, 13. 25) Lev. — , xxui, 8\ — (26) Num., wvni, 19-24. — Ez., xlv, 20. — (27)
,28) Lev., x\ui, 23-25.
84 REVUE BIBLIQUE.
sainte, des sacrifices. L'autre loi sacerdotale énumère ces sacriQces holocauste :
d'un taureau, de sept agneaux, d'un bélier, ^\qc minhàth et libations; bouc pour le
péché {{]. Oa est loin du programme ézéchiélien. — La législation du grand jour
des Expiations, le 10 du septième mois, est longuement développée dans la Loi de
teté 6), la fête dure pareillement sept jours mais avec un huitième jour de clô-
(7J,
ture (8), consacré, comme d'ailleurs le premier, par une convocation sainte et un
repos solennel (!)). — Ezéchiel ne dit rien des huttes de feuillage sur lesquelles
s'étend la Loi de Sainteté (10). — Pour les huit jours, la Loi de Sainteté parle en
général de sacrifices offerts par le feu (11). L'autre loi sacerdotale détaille ces sacri-
fices. Au lieu de l'holocauste de sept taureaux et sept béliers, avec un sacrifice pour
le péciié (un taureau le premier jour, un bouc chaque jour (12), on a. chacun des
sept jours, un holocauste de deux béliers, de quatorze agneaux, puis de treize,
douze, onze, dix, neuf, huit, sept taureaux — en diminuant chaque jour d'une unité
— avec les minhùth et libations correspondantes; le sacrifice d'un bouc pour le
péché (13); le huitième jour, avec le même sacrifice pour le péché, on a un holocauste
d'un taureau, de sept agneaux et d'im bélier 14).
1) Num., x\i\, 2-(J. — (2) Lev., wiii. 2G-32. — (3j Num., xxix. 7-11 ; cf. Lev., xvi. —
(4j Ez., XL\, 25. — (5) Deut., xm, 13-15. — ((i) Lev., xxiii, 33-36 avec l'annexe des vers.
39-43. — (7) Lev., ïxiii, 34, 39% 41, 42. —
(8) Lev., xxni, 36'', 39''. — (9j Lev., xxiii, 35,
36''. 3!»'' (de même dans l'autre loi sacerdotale, cf. Num., xxix, 12% 35\ — (10) Lev., xxni,
40-43.-- (11; Lev., xxni, 36. — (12)Ez., xlv, 22-24.— (13) Num., xxix, 12-34. —(14) Num.,
XXIX, 35-38.
(15) Ez., xi.vi, 14. — (1(5) Ez., xlv, 24; xl\i, 5, 7, 11. —(17) Num., \x\ui, 5-7. —
(18) Num., xxviii, 9. —(19) Num., vvvui, 12, 13, 14,20, 21:xxix. 3, 4, 9, 14, 15, 18, 21,
24, 27, 30, 33. 37.
(20) Ez., XMii, 27''^ -(21) E/., xl\, 15''. — (22) Ez., xliii, 27''.i. — (23; Ez., xwvi, 8-15,
30, 33-38; etc.
LAME JUIVE AU TEMPS DES PERSES. 85
'3) Ez., XLVii, 1, 2. — (4) Ez., xlvii, 3-5. — ^5) Ez., \i.vil, G, 7, 12. — (6) Ez., \i-Vii, 8.
— ^7) Ez., XLVII, 9, 10. — (8) Ez., xlmi, 11. — 9) Ez., m.mi, 12.
(lOi Vide sitp^ra, p. 63 sv.
86 REVUE BIBLIQUE.
tique cette parole lui aura paru viser une situation qui n'était pas
;
notables par rapport aux rituels proprement dits. De ces faits on peut
donner diverses explications. D'aucuns diront que la révélation divine,
dans l'esquisse d'un programme qui ne devait jamais être réalisé ici-
bas, a rendu le prophète indépendant des règlements même les plus
autorisés. Mais on peut dire aussi que, pendant la captivité et dans le
milieu chaldéen, subsistait toute une série de législations de détail con-
cernant le culte du vieux sanctuaire et qu'aucune d'elles n'avait encore
pris le dessus jusqu'à évincer les autres; dans cette hypothèse, les
traits de la vision suprême du fds de Buzi seraient empruntés, tantôt
à l'un, tantôt à l'autre de ces recueils. Le décret de la Commission
Biblique concernant le Pentateuque permet d'envisager qu'à l'époque
de l'exil des éditions très variées du rituel primitif étaient en circu-
lation et d'admettre cpie celle qui a prévalu est le fruit d'un impor-
tant travail de revision, de comparaison et de codification.
(1) Lev., MX, 2: XX. 8, 24'', 26; xxi, 8, 15, 23; XXII, 2, 9'', 16'', 32; etc. On trouve
d ailleurs, à propos d'autres ordonnances, des formules qui évoquent sensiblement la
même idée.
88 REVUE BIBLIQUE.
(l)Ez., xLv, 9, 10; suivent (vers. 11, 12) quelques indications sur les valeurs respectives
des mesures.
NOUVELLES NOTES
SUR LE MANUSCRIT PALBIPSESTE DE JOB
HIEROSOLYMITANUS SANCTAE CRUCIS X. 3«) li
m'a été ouverte grâce à une démarche auprès de MS"" Porphvrios, archevêque du Sinaï et
locum tenens en l'absence du Patriarche Damianos, faite par M. le Professeur Phocyli-
dis ([ue je prie d'agréer mes très vifs remerciments. Je remercie également l'ancien biblio-
thécaire de 1912. l'archimandrite Hippolyte Michaïlidis de son bon accueil et de son appui,
et les bibliothécaires actuels, archimandrite Photios loannidis et prêtre Clément Xénos,
des facilités qu'ils m'ont données pour l'accomplissement de mon travail.
00 REVUE BIBLIQUE.
ci-dessous, les lettres dont la lecture n'est pas certaine, lors même
que l'espace occupé est garant de la leçon, sont marquées d'un point
au-dessous; lorsqu il va doute entre deux variantes, des points rem-
placent les lettres non lues, afin qu'il ne soit pas introduit dans le
Le manusont actuel. —
L'étude du texte sous-jacent m'a conduit
à un examen assez minutieux de la structure du manuscrit actuel.
compose, dans sa reliure présente, de io cahiers, dont
Celui-ci se,
22 quaternions complets, deux cahiers de six feuillets et un de sept.
Cette analyse correspond à un système de signatures que l'on re-
trouve dans la marge inférieure des premier et dernier feuillets de
chaque cahier. Toutefois un feuillet, le quatorzième du manuscrit
actuel, a été déplacé accidentellement entre le temps où ces signatures
ont été apposées et celui où le manuscrit a élé paginé; sa véritahle
place est entre les feuillets 209 et 210, car il porte la signature /.s'
(1) L'iadicaliou sur la véritable place du f. 14 est coafirmée par le contenu de ce lolio,
la suite du texte est donnée par les mots : i'ho; àsr) Èy.-j&'sv) ||
(f. 210i tjjiîv èittsâvEi; de
la lettre à Sophrone, 'Otio)? rij^pava: r,!xà; qui porte dans le ins. le numéro 2<>0. cf. P. G.
;î2, 643-648. Le déplacement de ce feuillet et sa mise en place actuelle viennent sans doute
de ce qu'il est isolé comme le f. 7; le relieur a voulu composer un quaternion 7-14,
après avoir relié un ternlon 1-6.
(2) Il manque, comme il fallait s'y attendre, le premier téuillet du cahier 1 et le dernier
du cahier 25: je nai pas cherclié à déterminer si les cahiers 2 et 3 sont irréguliers ou
incomplets.
i3) 'lepOTOÀoti'.T'.xr, Bio>.io6r,y.r„ III. p. 83.
NOUVELLES NOTES SL'U LE MANUSCRIT PALIMPSESTE DE JOB. IH
7.:', aux ff. 161', 177', 185% 193', 201% et d'autres plus ou moins
vZ
rognées par le couteau d'un relieur y;' au f. 29% $'; au f. 97% : -,
Le manuscrit de Job. —
Papadopoulos-Kérameus a écrit que la plu-
part des feuillets du manuscrit actuel provenaient du manuscrit de
Job; il est vrai que le total des feuillets reconnus aujourd'hui dépasse
notablement celui indiqué en 1912 (60 (2) au lieu de i2), mais la
liste suivante doit être complète ou à très peu près 1, 3, V, 6, 7, IV, :
* *
XVIII 169 * * * *
162
Enfin le feuillet 7 appartient à la deuxième moitié du cahier XIX,
qui était vraisemblablement le dernier.
Le manuscrit de Job se composait donc de 152 feuillets environ;
dont soixante conservés dans le manucrit de Sainte-Croix, se décom-
posant comme suit :
/.?<.s.-29 à savoir: 1, 0, 7, 154, 155, 100. 102. 103, 104. 167, 108,
172, 175, 178, 180, 183, 185, 187, 192, 19V, 195, 197, 198, 201, 205,
200, 211, 213, 214.
Identifit's : 7 soit : 157 = xxxiii, 13-19; 101 = xx, 24-xxi, 2; 105
= XVI, 8-13; 100 = XIX, 2-9; 109 = xxxviii, 40-xxxix, 5; 200 =
XX, 8-16; 212 des: xxxi. 16.
Restent à étudier : 24, qui sont groupés par paires de la faron
suivante : 3-4; 14 (isolé, cf. supra); 15r)-159; (157)-158; 170-177;
171-176, 173-17V, 179-184, 181-182, 180-193, 203-208, 204-207, 210-
215.
Eucènc TissKRAXT.
NOUVELLES NOTES SUR LE MANUSCIUT PALIMPSESTE l>E JOH. 93
Post-scriplum. —
l'ii aurèt de six jours à Jérusalem, du 11 au
ir> mars 1919, ma
permis de revoir le palimpseste de .lob. Toutefois,
ayant été frustré inopiuément d'une séance de travail, sur laquelle je
comptais pour reviser mes lectures et rechercher s'il se trouvait dans
certaines marges des variantes hexaplaires, je préfère ue pas publier
les pages nouvellement déchitlrées, où subsistent plusieurs leçons
douteuses.
Deux feuillets, nouvellement identifiés et lus (f. ;î = xv, 27 v.y}.
ï-O'.TtZVf — 3i GâvaTCç et f. i = XVI, 12 y.ot.\ z-j y.-r; irsYscOy; Ïmz à'v ; ojcx-
v;ç — 18
•:t5:XauoOY;- :p2ç ztTTTcv -sTsîtai) complètent le cahier YII, dont
le schéma s'établit comme suit :
E. T.
94 REVUE BIBLIQUE.
'"
yinoaxa an ifiov iva riov
,'S yaoii)
mansQ f.iio6coTOç
'
Eotiv yao âsvâoo) sXttiç
La dvTOV
10 Ef ⣠TTcToaig TsXevvrjOsi
TO OTSki/OÇ aVTOV
'^
^-4no dofirjÇ vèaroç av
6r]0si
5 7l£Q VSOffVTOV
J.. irA
j.. vr, ^''^yfvrjo as Tskc-VTr^oaç
(IJ/6T0
ErjQUvdTjOOVTUL
''-Avoq 6s y.oiurjHsiç ov
il) liirj araOT?]
ï. 205, 1. 11-12 o-j [i.y\ ix/.iTTO scripta sup. ras. 1". 194, 1. 3 iljy.;tj] ^ic pio SASavEV
1. 4 uSam] jS sup. ras.
'Fi. -Fi. : <?' opov ajToj èra^aç ; leclio aj-wLv] ceila vid. 'Fi. 5'. Alia unius lin.
notula in rag. sin. scripta est ad lin. 12.
.NOUVEIJ.es .notes sir le manuscrit P.VIJMPSESTE de job. 9:i
Xeaaç
-^ iioaç avTov hç tsaoç -/.ai
M/EXO
10 K.ai ^nsorrjOaç avxio ro
TTOOOiOTTOV OOV
Kui s'iansaruArj
yrjoai'
XV '
YTtoXaêoJv û£ eXiï»a!^
EuriXTjOsv as novor
yaavooç
'
ÈXey/iov fiS sv (irjnu
1.') oiv y.svoig
'Fi. <7' -Fi. : c' o'jTw; iipo-rooy.iav É/aTTo-^ àvoçi'j; àTroXÉTî-.;. Notae 3 linn. ad v. 19 et
ffoSor <7
''
Ei'o/og Si QTiuaoïv arouu
roc oor
Kai ov Ôicy.QivaQ Qriuaru •'•*• £;î>î^lw y> wcr-rav
''
EisyBai 06 To 001' ovoua
y.ui jurj êyw
fa as yctkrj oov y.arauao rjvx:... w[
Tvorjos oov . . .
-
'
T/ ;'ao ,«?; nocoTOç uroç
'
5 '•'
Tt j'«o olÔuç. 01 y. oiôaui^v o[i.'.>'.av
toTipo^ '
Kuioz ir rjuir
/.luortyoooui
MsyaXojq vneQSallor
io rcoç \ù.uJ.ry/.aç,
u/.ovs
scripturn sit iii tine lin. 1" aut post verbum axo-^s in lin. 2', minime distinximus.
'Fi. : b' -Fi. : t'. xal àvÉ5r,v â)|j,'!/Y]i7a; ivav-!a tw beôi; àvat'oriv in cod. Colb. et Nicetae
catena, cf. not. ad loc. -'Fi. : t'. ^Fi. ^Fi. : n'. Catena mg. sin. implef.
NOLVEÎ>LES NOTES SUR LE MANUSCRIT PALIMPSESTE DE Ktf,. 97
yl à H eoQuxu ui'uyys
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REVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XM. 7
98 REVUE BIBLIQUE.
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îAliam notam in mg. sin. fere evanidam légère nequivimus. 2pi, . «'. Aliae notae in
mg. dext. ^Fi. t'. Nota 2 linn. in mg. sin. ad lin. 11.
:
NOUVELLES NOTES SLR LE MANUSCRIT PALIMPSESTE DE JOB. 99
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' ^ E6è£Xv'i,avxo ôs oi
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oxrjOav fioi
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f. 154', 1. 15 EiôovTc; vid. certum, pro iôôvte; (A : lôoreç). Cat. mg. dext. implet, nulla
reperjlur nota in mg. sin. f. 154. Nulla apparet nota in utroque mg.
1 Fi. : a '•
oùx èvôoWei ô tiôvoç (lou.
100 REVUE BIBLIQUE.
7i£Q -/.ai xç
^710 as OUQXWV f.lOV OV/. Sf.1
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15 -^ Tiç yaç av ôiorj yQU(fr}vai
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YiToXaêojv oe awcpap o tjLivato; Xéysi
5 Xov 7] syu)
•*
TlaiôsLav svTQonrjç in(ov)
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) H ds Svoia avTOv rsffOûp
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Oxav âoxrj rjârj sottj
Qi)(6ai
f. 195% 1. 6 [lou vid. abbrev. 1.8 Twe-rîtoç] m; vitl. in sumina linea scripl.
dv unodavw
Ov yuQ anaXXaS,(i) xriv a
itayiav f.iov
^ ^ly.aioovvrj as tiqogs/wv
r> 01' /.irj 7iQoa}f.iai
naçavo/Mor y.xdtx^ . .
[
5 orj 6ç
EjisXdovorjÇ as ultm
ui'uyy.rjç
' **
3Itj s/si Tiva TtaQQtiaïav
Ivavxiov avxov
10 H ncoç inLi(aXsaa/.isvov
dvxov siaaxovosrai
dvxov
' '
^AXXa ôr] avayysXoi v^av
^Nota 5 aut 6 linn. fere evanida in me. sin. ad lin. '2-5. -Fi. : ol /otno:'.
102 REVUE BIBLIQUE.
sxçvSrjaav 7
ITQëaSiTfii ds nûvTSZ snuv Trapi'7T[avTo '
5 kaXovvTEç
^axTvXov smOsvTSç
eni OTOuari avrojv
^" Oi de ay.ovoarTSç nèoi c-
a^ay.Xirai'
yaïQoq dvvaOTOv
fia aXSoi
^Toua âe x,t]Qaç svXoyrj
oav fia
10 ^^ zJiyaioavrriv ôs ài'âa
dvy.aiv
'Hfiffi(/.auiirjV ôa y.Qiiia
10 a âinXoiâi
' '
OffiHaXfioQ rifiTji' vvipXajv
15 710 vç âa /(uXcvt'
f. 214, 1. 2-3 £7:av3(7Tyi(7av (ut in cod. A.) probabilius vid. f. 214% 1. 1 v ult. in ras.
1. 10-11 svoeôuzïiv] £v et u in ras. e\ Eoeôot/.stv (lect. .cod. A) ut vid.
'Fi. T. -Fi. : &• lomor o'. iy/o/-:-;. Aliam in mi;. ilext. ad lin. 7 non legimus no-
tara.
.
/viuoa
*"
^irsronl/u âe uiXu~
o uÔLy.iuv cAcyovr
10 çaasi
Si 0)0
'
w y.x. . . .
15 ÊTTf vâarog
5 TTOoeiosrai
-' IlosoSvTSooi ay.ovaavxiî;
1.101 71O0OSO/0V
EaiionriOuv de int X7] surj
jSoiXrj
nooosHevxo
Kai nsQi/uosig ayivovzo ono
xs avxotç sXuXovv
-•*
QansQ yrj âixl'wau noooôe
15 yof.i£rri i'sxor
'
f. 16-2\ Job, XL. i:-:il
N'otam 2 linn. non legi in mg. siu. ad lin. 1. Latena mg. dext. iinplet.
104 REVUE BIBLIQUE.
*^ Eav yerr^TUL 71Xrif.if.1vQa
ov fir] uiaSTjHt]
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ovQiay.riç (iiSXov
Ev i-isv yrj y.uvoiy.iDr r/j
lo avoir siài
iScholion ad Num. xxvii, 8 vid. referre, cura liereditas apiid Hebraeos solis danda sit
filiabus, quae fratres minime habuerint; verbum àvTiXsyci valde dub. ; prima
in lin. notae
fort. To 7tpay[xa. ^jvjota ut in cod. Regio Montefalconii, cf. Fi. not. ad loc. •NuUa
vid. nota in utroque mg.
LES CITATIONS BIBLIQUES D'ORIGENE
DANS LE DE PRINCIPIIS
I. — Histoire du texte.
et II, éd. par P. Koetschau), les Homélies sur Jérémie (t. III, éd. par E. Klostermanw),
le Commentaire sur saint Jean (t. IV, éd. par E. Prelsciien), et le De Principm (t. V,
éd. par P. Koetschau). Les autres ouvrages sont cités généralement d'après la Patrologie
furent un peu plus tard, et aussi avec un peu moins de rapidité. Mais
quelque temps auparavant, Rufin avait déjà publié une version
latine du premier livre de l'Apologie de Pamphile ce dernier :
Gex. 49, iO(De Princ. iv, 1, 3: p. 297. 28) : Certissimum est defecisse principes'
ex Juda, sicut scriptum est. et duceni ex femoribus eius. usque([UO venif- ille cui
repositum est^ Constat ergo quia venit ille cui repositum est, in quo et exspectatio
gentium est*.
Ps. 71, 7-8 {De princ. iv. 1, -i; p. 299. 24 ss.) Orta est enim « in diebus eius ius-
:
titia et multitudo pacis' » permanens usque ad finem-, qui finis ablatio lunae appel-
lata est; et dominatur « a mari usque ad mare et a flumioe usque ad fines' terrae.
1. Pacis : om. Pa. 2. Ad finem : in finem Pa. 3. Fines -f- orbis Pa.
Le te.xte grec (id. p. 299, il ss.) lit pacis qu'omet Pa et porte seulement îrspâT'jv
Tïi? oJzouaÉvr,;. Rufin cst encore plus exact ici. La citation du Psaume n'est pas litté-
rale, mais l'allusion ne saurait être douteuse.
(1) Cf. P. KoETSCHAi, /. cit., p. LXXIII ss. L utilisation par Rulin dune précédente
traduction permet dans une certaine mesure d'expliquer la hâte avec laquelle il put
achcTer les deux premiers livres du De principiis.
':>) Les citations de l'Apologie sont indiquées par le sigle Pa.
.
Os. 3, 4 {De princ. iv, I. 3, p. 297, 9 et 25; : Per dies multos sedebunt filii Isra-
liel sine rege'. sine principe : non erit hostia- nec altaie, nec •
sacerdotium, nec '
responsa
1. Sine rege om Pa; 2. Non erit hostia nec est sacrificium Pa;
: :
3. Nec nec —
neque : —
neque Pa. La citation se retrouve deux fois dans la même
page. La seconde fois, Rufin ne traduit pas nec responsa. qui existe pourtant dans :
le grec.
Is. 4. 4 (De princ. ii, 10. 6: p. 180. 16) Abluet dominus sordes filiorum et filia-
:
de Pa est évidemment une erreur, qui pourrait provenir dun copiste. Un des ras.
de Pa, Ab a fait la correction expurgavit. Cf. Origène. in Jerem. hom. ii, 2 (t. II,
p. 18, 31 s.); in Luc. hom. 14 (lo. v, 134); in Luc. hom. 24 (lo. v, 179).
Is. 6, 2-3 [De princ. iv, 3, 14; p. 340, 14 duabus quidem operiunt faciem dei, :
duabus vero pedes, et duabus volant clamantes' ad invicera sibi etdicentes Sanctus, :
sanctus, sanctus, dominus sabaotb, pleiia est universa terra gloria tua.
1. Duabus volare eos et clamare Pa. Le style indirect est remplacé par
le style direct dans la nouvelle traduction de Rufin.
Is. 47, 14-15 {De princ. u. 5, 3; p. 136. 14) : Habes carbones ignis, sede' super
eos; ipsi erunt tibi adiutorio. Cf. De pr. ii, 10, 6; p. 180, 18, la même traduction,^
où hi remplace ipsi.
torium. Dans ce dernier passage, Origène ou son traducteur Rufin rapporte la cita-
tion à Jérémie. Saint Jérôme, in /.s. ad h. 1. lit sedebis, comme Pa.
Matth. 1, 23 ]>e princ. iv. 1, 5; p. 300, 16) Virgo enim in utero' concepit et :
peperit Emmanuhel, quod est interpretatum nobiscum deus. (Cf. Is. 7. 14, 13). -
tatur Pa. La traduction comme Pa, abrège le texte grec (id. p. 300, 1 : -/.oà Its/.ev
uîbv xa\ TÔ ovoijLa aÙToy). Les deux variantes de la traduction complète se retrouvent
dans la Vulgate actuelle. Elles n'affectent d'ailleurs pas le sens.
Matth. 10, 8 = Mt:. 13. 9 (De princ. iv. 1, 2; p. 295, 24) : Apud praesides et
indices adducemini propter me in testimonium' ipsis et gentibus.
JoAN. 21, 25 {De princ. ii, 6. 1 ; p. 140, 9) : Ne ipsum quidem mundum capere '
avoir une première fois traduit par à peu près, selon son souvenir, Rufin en repre-
nant le texte du De principiis y laisse les variantes telles qu'Origène les avait intro-
duites.
Col. 1, 15-16-17 \Dc princ. ii 6, 1 ; p. 139, 18' Imago invisibilis dei. primoge-
:
nitus omnis creaturae... in ipso creata sunt omnia - visibilia et invisibilia, sive
'
troni, sive dominationes, sive principatus sive potestates omnia per ipsum et in ipso
:
partie du te.xte sont connus d'Ofigène et ont été ailleurs traduits par Rufin. Cf. De
princ. ï 7, 1; p. 86, 15 quae in caelis sunt et quae in terra; ii, 9. 4: p. 167, 19
: :
quoniam in ipso et per ipsum creata sunt omnia, sive quae in caelo sunt, sive quae
in terra, visibilia et invisibilia. Avant d'admettre dans notre passage un oubli de
Rufin, il est plus facile de penser à une omission de la part du copiste qui a tran-
crit le manuscrit d'où dérive notre texte actuel. 3. illi in illo Pa (G). :
Illi est la forme à laquelle s'est arrêté Rufia; cf. De princ. tv 4. 3, p. 352, 5 ss. :
section suspecte du point de vue orthodoxe ait pour origine des scru-
pules dordLre théologique (1). La famille a, la meilleure, comprend
trois manuscrits un Atigiensis (Karlsruhe) du x'' siècle (A); un
:
Ex. 19, 19 {De princ. m 1, 22; p. 239, 38) : Moyses loqiiebatur, deus autem res-
pondebat ei cura' voce.
1. cum : om. ^ qui suit ici le texte grec : inî-/.GÎvaTo otov?; («Y/., ih., 1. 12;.
tion a pour objet de se rapprocher du texte grec cité par Origène : -apatr.Xwaw aù-
-ojç Ir/ o'j/. è'OvHi remarquer d'ailleurs que la citation es*
(id. ib. 1. 6 ss.). Il faut
fortement abrégée par Rufin qui ne traduit pas le début aJTo- -apîtv.'oaàv i-' oj : ;j.c
6£w, de sorte que les trois mots propres à B ont toute chance d'appartenir au scribe
plutôt qu'à Rufin lui-même.
Is. 27, 1 {De princ. m 2, 1 ; p. 245, 24) : Gladiura dei insurgera super draconem,
serpentem perversum'.
1. perversum A-; tortuosum 3. Cf. De prinr. n ,s, 3 p. 157, 4) inducam
: : :
prêtes latins depuis Tertullien emploient le mot tortuosum ou torsum (Tert.,. Tor-
tuosum a aussi passé dans la Vulgate et rend mieux le sens de l'hébreu comme
celui du grec.
Is. 66, l'6 (17) {De princ. ii 10, 6; p. 180. 19) : Sanctiûcabit eos dominus in igné
ardenti ^
1. ardenti : ardente p
Cf. id. ib., p. 256, 25 a quo Salomone plus esse quod docet-, id. ib., p. 256, 26
: :
et ecce plus <a> Salomone hic. Selon Koestchau aurait ici conservé la bonne |i
leçon, qui n'est pas celle de la Vulgate, mais qui est aussi plus rare.
Rom. 9, 18 {De princ. m, 1, 21, p. 235, 24) : Ergo quem vult miseretur, et quem
vult indurat. Dices ergo mihi : quid adhuc queritur'?
112 REVUE BIBLIQUE.
1 Petr. 3, 18-21 (De princ. ii, 5, 3; p. 136, 4) : Quia Christus mortuus' qui-
dem carne A'ivificatus autem spiritu ; in quo pergens praedicavit his spiritibus, qui in
carcere tenebantur, qui increduli fuerunt aiiquando, cum exspectaret dei patientia-
in diebus Noe cum fabricaretur arca in qua pauci, id est octo animae salvae factae
sunt per aquani, quod et vos simili forma nunc baptisma salvos fecit.
1. mortuus : mortificatus |i, qui traduit beaucoup plus exactement le 'iavatcoOs'i; du
texte grec. 2. cum exspectaret Dei patientia B : exspectarent dei patientiam A;
exspectarent dei patientia a; exspectarent dei patientiam a. La leçon de fi, qui s'écarte
d'ailleurs de la Vulgate : quando exspectabant dei patientiam, a les plus grandes
chances d'être originale; en tout cas, elle coïncide avec le texte grec tel que le cite
ailleurs Origène, m Joan. vi, 35 (t. IV, p. 145, 14) : ots àr.z^ioiy}-:o î] to3 6îou [xaxpo-
6u[jiia. On peut rapprocher la citation du même passage faite par Rufln, Com. in
Syrnb. Apost., 28; P. L. 21, 364 A : quia Christus mortificatus carne, vivificatus
autem Spiritu, qui in ipso habitat, eis qui in carcere conclusi eraut, descendit
spiritibus praedicare, qui increduli fuere in diebus Noe.
des corrections, leurs copistes ne font pas preuve d'un esprit aussi
éclairé. Au plus pourrait-on remarquer, dans les textes bibliques une
tendance plus marquée à se rapprocher de la Vulgate de saint Jérôme.
uns : inspirainen ((j.), les autres inspirationem (a). La vg. hieronymienne traduit ^
spiraculum.
2 Macch. 7, 28 {De princ. H, 1, 5; p. 111, 16) : R^ogo te fili, respice ad caelum '
etterram et omnia- quae in eis sunt, et videns haec scito quia deus haec cum non
essent fecit.
1. ad caelum a : caelum y 2. omnia a : ad omnia y. Le texte grec, suivi
par les autorités anciennes et par notre Vulgate s'accorde avec les mss. « pour
mettre la préposition devant caelum.
.
Ps. 44, 1-3 {Ue princ. iv, 1, 5; p. 299, 18 ss.) Canticum pro diiecto... lingua eiiis :
calamus scribae velociter scribentis, decorus specie super ûlios horainum, qiioniam
efïiisa est gratia in labiis eius '
1. eius : luis y. Eius est conforme au texte grec : âv /cîXs^tv aùrov {id. ib.,
p. 299, 7). Tuis est daas la Vulgate. D'ailleurs ici Origène cite le psaume par voie
d'allusion. Lorsqu'il en donne le texte exact, il lit aussi h •/v.'wii aov; cf. in Joan.
I, 39, t. IV, p. 50, 1!) et 20).
20, 7 {De prinr. la, 1, 12; p. 214. 32) : Seduxisti nos Domine et seducti
sumus, tenuisti et potuisti
IJÉR. 1. potuisti Cy est
'.
Matth. 5, 39 (De princ. ni, 1, 6; p. 202, 17) : Ego autem dico vobis non '
resis-
tere malo.
l.non Y : nolite a. Ici encore la leçon de y est la meilleure, car le grec
porte (id. ib., p. 202, 5) : ;at) àvricn^va:. Cf. Origène, in Exod. hom. 10, 1 ; P. G. 12,
369 D Ego
: autem dico vobis non resistere malo.
Matth. 22. 11 ss. (De princ. ii, 5, 2; p. 134, 23 ss.) : lugrediens rex videre dis-
c'umbentes, qui fueraot invitati, videt quemdam non indutum' nuptialibus indumen-
tis. et ait ei : amice, quomodo introisti hue-, non habens indumentum nuptiale.'
Tune ait rainistris : ligantes ei pedes et manus. mittite eum foras in tenebras exte-
riores : ibi erit fletus et stridor dentium.
1. indutum a : vestitum y: de même la Vulgate. 2, introisti hue : iuic
intrasti y; de même la Vulgate. cf. Origène, Com. in Mfttth. wii, 24 : P. G. 13, 1-548 A.
(1) P. KoET>cii\L, /. cit., p. \cvi s. L'.\nonyme ad Januarium est indiqué par le sigle
Jan.
r.EVlE BIBUQtE 1919. — N. S., T. XM. 8
114 REVUE BIBLIQUE.
Job. 8, 9b De in-inc. ii, 6, 7; p. 147, 6). Nonne umbra est vita nostra super
terram * ?.
Matth. 16, 27 {De princ. ii, (i, 3, p. 143, 8) : Qui venturus est in dei patris
gloria' cum sanctis angelis.
1. in gloria dei patris, Jan., peut-être avec une réminiscence de la finale du
cantique Gloria in excelsis ])eo.
Marc 10, 18 (= Le 18, 19) (De princ. i, 2, 13: p. 47, II) : Nemo bonus nisi unus
deus pater '.
grec jtaxrlp. Cf. m Joan. I, 3.5 (t. IV, p. 4.5, 11) oùSs't; àyaSbç d lù] Oîbç ô;:aT7]'p.
:
JoATV. 10, is (De princ. i\ 4, 4; p. 353, 15) : jNemo toUit a me animam meam.
sed ego pono eam abs' me-. Poiestatem habeo ponendi eam^. et iterum potes-
tatem habeo adsumendi eam''.
1. abs me : a me Jan. 2. me -{- et iterum Jan. 3. eam animam : :
meam Jan. 4. et potestatem habeo iterum sumendi eam Jan. Ce nouvel ordre
Joan. 16, 12-13; 14, 26 (15, 26) [De princ. i 3, 4: p. 53, 19) Adhuc multa :
habeo quae vobis dicam', sed non potestis illa modo capere; cum autem venerit
paracletus- spiritus sanctus, qui ex patre^ procedit, ille vos* docebit omnia, et com-
monebit vos omnia quae dixi vobis.
1. habeo quae vobis dicam : habeo vobis dicere Jan. 2. paracletus :
consolator Jan. (et ,) 3. ex pâtre : a pâtre Jan (et Vulgate). om. Jan. 4. vos
1. Cor. 12, 3 {De princ. i 3, 2; p. 50, 2) : Nemo potest dicere dominum lesum'
nisi in spiritu sancto.
1. Dominum lesum ^cf. De princ. i 3, 7: p. 59, 6: ii 7, 4, p. 151, 19' :
2. Cor. 13, '^ {De princ. ii 6, 7; p. 146, 24) : Aut documentum' quaeritis eius
Gai.. 3, 3 (De princ. i 3, 4-, p. 52, 11) : Ciun coeperitis spiritu, nunc* came perfi-
cimini-.
1. nunc : om Jan 2. perficinciini : consummamini Jan (cf. Vg. consuiM-
memini).
[,ES CITATIONS BIBLlQrES IVORIGKNE. Ii5
Col. 2, 9 {De princ. ii 6, 4; p, 144. (î) : id quo inhabitat oranis pknitudo deitatis^
corporaliter.
1. deitatis : divinitatis Jan. (etVulgate). Deitatis se retrouve ap. Origène-
Rufin. in Gen. hnm. fi, .3: P. <',. 12, i!)7 c.
Le travail accompli dans tous ces cas est très évident. Lauteup
des extraits, ou l'un de ses copistes, ou peut-être même l'éditeur ne
s'est en aucune manière soucié de l'exactitude matérielle de s'a trans-
cription. s'est laissé ûuidé par sa mémoire plus que par sa vae,
Il
mieux que lui, et serrer de plus près l'original grec les autres, plus :
qua sane velut peritis iam et scieittibus loquens, dum brevller Iransirc
si quid novi di.risse risus est... neque in his libellis neque in su-
pei'ioribus praeterniisi, nisi si qua forte iam in superioribus dicta
repelere etiam in his posterioribus voluil et brevilatis gratia aliqua
ex his resecare commodiun duxi (2j ». Le IduI de Rufin est de faire
connaître au public latin l'œuvre d'Origène; il travaille en vulgari-
sateur, non en savant, et ne se croit pas obligé d'apporter, dans ses
méthodes, une exactitude scrupuleuse dont personne alors ne se
souciait, pas même saint Jérôme, qui fut cependant le plus ardent
de ses adversaires.
Grâce à la Philocalie, qui nous a conservé d'importants fragments
des deux derniers livres du De principits, nous pouvons exactement
nous rendre compte des imperfections ou des lacunes du travail de
Kufin. Nous constatons d'abord l'omission par le traducteur d'un
certain nombre de références bibliques qui existent dans loriginal.
Job. 40, 14 {De princ. m 6, 3-, p. 284, Tcstim.) : liât diabolos « principium
piasmatiouis Domini », ut « inludatur ei ab angelis •>, qui e.xordii amisere virtutem.
Cette citation nous est conservée par saint Jérôme. Ep. ad A vit. lO; P. /... 22.
1009. Elle fait partie d'un long passage sur l'apocatastase et les diverses transfor-
Lev. Il, 14 [De priw. IV o, 2: p. o2.j. 7 : tÔ (Jiàv aÀoYOv yur:;; laTÔ'êaOat à7:a-
YOpiudfXEVOt.
Il n'v a ici qu'une allusion. Ruiin, laisse de côté dans sa traduction deux lignes
du texte grec.
(1)
3: t. V, p. à, 11-18.
Pmefatio Rufini
(2) Ante Praefatio Rufini, t. V, j). 1S»4, 2-10. Cf. Ri uni ad Jleraclium J'cro-
lib. 111,
rutio in Explanationem Origenis super ep. ad Rom. P. C, 14, 1294 Ltiam n addere •
cliqua videor et cxplere quae desunt, aut brcviare quae longa sunl >. Rufim Apol. in
Hier. P. L., 21* 559; S. .lÉROME, ApoL. 1, 7; /'. /.., 23, 402; id.. I, S: P. L., 23,403.
I 21,
Sur méthodes
les de traduction de Ruiin. on peut encore voir la préface de W. H. v.\n de
Sainde Bakhuysen à l'édition du Dialogus De recta in Deum pde (G. C S., Leipzig 1901),
p. L\i ss., ou la préface de A. ENCELitiiEciix à lédition de la traduction des discours
de saint Grégoire de Nazianze (C. S. E. L., XLVI, Vienne 1910), p. WIII ss.
LES CITATIONS BIBLIQUES D'ORIGÉNE. 117
£• ô Xx6ç ;j.ou v/.ojaÉ [j.ou /.*. ic7pâT|X tat"; Si populus meus audisset me et Israhel
63'o?ç |AOj £'. l;:opHÛ9r,, èv tw [jiyiSev;. av xol»? si in viis meis amlulasset, in nihilum
âyOpoù; aùrwv £Ta-s;vcoj.it, /.ai iTt'i tou; utique inimicos eliis humiliassem.
La fin de manque dans Ruiin, mais elle manque aussi dans le meilleur
la citation
par les autres témoins du grec. Il est donc, dans son entier original: mais il a pu
être raccourci par eu aurait laissé tombé les derniers
Rulin, qui, par négligence
mots, ou bien abrégé par du cod. Lucullanus. M. Koetschau penche vers
le copiste
cette dernière solution, à laquelle je me rallierai aussi. Rufin aurait donc traduit
le texte complet; la lacune est à mettre sur le compte d'un scribe.
Matth. -3, 22 [De princ. IV 3, 4: p. 330, 7i : h;f<> ol li^t,) Oa^v oç =àv ôoy.^Orj tw
iosX'jw ajTou.
La citation manque dans le texte latin. Dans le grec, Matth. ô, 22 est immédiate-
ment suivi de Matth. 5, 34. Le début de cesdeux textes est le même; les deux cita-
tions latinescommençant également par ego autem, : l'omission peut être le fait du
Lucullanus. plutôt que celui de Rufin iKoetschai /. , cit., p. ciA ;
cL p. cwvii.
Rufin n'a pas cette citation. D'ailleurs il a très fortement abrégé tout le passage
où elle se trouve, et les lignes 3-12 de la p. 331 du texte grec sont sans équivalent
dans le texte latin.
hi TÔJ œavspo) Iv rjxy/.X -=p'.TOjxrj' àXÀ' 6 Iv y.pû-Tfo îojBxïoç, y.oC'. -£ptTO[xrj xapôtà; 3v -vîû-
aaTi, où YpiaaaT:.
Rulin, ici encore supprime tout un passage, qui comporte la 2^^ moitié d'un para-
graphe et le paragraphe suivant (p. 332. 11-333, 28). Le passage fait d'ailleurs bien
partie du texte du De principiis et n'a pas été introduit en cet endroit par les excerp-
teurs de la Phiiocalie. La
beaucoup mieux assurée par le grec, et
suite des idées est
l'on ne voit à la suppression de Rufin d'autre motif que le désir d'abréger, ou peut-
être une manière de protester contre l'interprétation allégorique de la Bible qui se
donne ici libre carrière (Cf. Koetschau, /. p. civ). c
Rom. !», .3 De princ. ni 1, 19; p. 231. 10) : toS l-'-. -a'vTor/ Oîou.
Rom. 9, 8 [De princ. n 3, G (22); p. 332, 9) : oj ^àp Ta Ti/.va -f^ 7xç,y.o; -x\j-.% -i/.ict
-'•j Oeoîj.
Ces mots ne sont pas traduits par Rufin. Ils font, dans le grec, partie d'une série
de quatre citations : I Cor. 10, 18; Rom. 9, 8; Rom. 9, 6; Rom. 2. 28-29. La
deuxième et la quatrième sont omises quatrième est au début d'un passage laissé
: la
de côté. La deuxième est peut-être oubliée par mégarde, car elle commence comme
Ii8 , REVUE BIBLIQUE.
la suivante par une négation. Il n'est pas impossible que le Lucullanus soit respon-
sable de cet oubli.
Rojvi. a, l(j iDeprinc. m 1, t!i, p. 233, 8 et !)) : où -oi OîXovio? oùo'ï xou Tpéx.ovToç,
Le grec cite deux fois ces paroles; Rufm omet les deux fois la citation.
DeuK lignes du grec qui se terminent par cette allusion scripturaire sont rendues
m latin par cette simple et expéditive formule ; et alla qiiam plurima.
[îXlTiofxsv oùv tf,v /.X^CTtv yj[j.tov oTt où -oÀ- Videte enim vocationem vestram, fra-
Xol aofol y.arà aâ(:,/.a, où zoXXoi ojvaio't, tres,quoniamnon raulti sapientesinter VOS
où 7ioXXo\ £VYHV£t;- àXXà xà [jLwpà Tûij x6ap.oj secundum carnem, non multi potentes,
èJjeXcÇaTo 6 ©eoç, Yva /.atatT/ûvr, xoj; non multi nobiles, sed quae stulta sunt
fO(foÙ5, /.ai -f^ dy^^'^i ''^^ f* iiouGsv/jfiéva mundi clegit deus...
sÇeX^Çaxo ô ôeôç, /at xà [x-q ovca, "voç èxsîva et ea quae non sunt, Ut ea quae erant
Tài Trpo'rspov è'vxa xaTapyrJar, xa'i ij.>| xau- prius destrueret. Non ergo glorietur (car-
yrjarjiat oàp? èvwmov 6eou. nalis Israhel) ; ...non inquam glorietur
caro in conspectu dei.
Une partie de la citation est omise dans la traduction, sans doute à cause de
riiomœoteleuton. .le note tout de suite quelques divergence^ : videte pour rendre
pXé^tojxev; fratres est ajouté; de même inter vos.
Cette citation manque chez Rulln-, peut-être est-ce une négligence du traducteur.
Peiit-être ïaissi, Ruûn ne voulait-il pas interrompre par ce texte intermédiaire la
suite de la citatioq Rom. 9, 18-19 + Rom. 9, 20-21, qui se trouve brisée dans le
grec. Jl e&t possible d'ailleurs que l'omission soit seulement le fait du Lucullanus.
(liOKTSCHAU, /. cil., p. cwxii)-
où elle n'était qu'un détail de style. Une ou deux fois seulement, les
Otnis-sious semblent intentionnelles et résultent d'une méthode de
traduction insuffisante; c'est le cas des deux passages, iv Jî. 5, p. 331,
3 §s., IV 3, 6, p. 33â, U ss., qui sont fortement abrégés dans la tra-
,,
àXX' où [xaxpàv (î-otcvcîTE ; Tpiwv yxpTjaïpwv Non longe abeatis; iter tridui abibitis,.
-op£Ûc7c!jOc, xa\ tàç ^uvatxaç Oowv xaTaXcf- sed uxores vestras relinqiiite, et infantes
-i-E. vestros et pecora vestra.
remarquera que ce texte n'est pas emprunté littéralement aux Septante c'est une :
mosaïque dont les éléments sont empruntés à deux chapitres et à quatre versets de
l'Exode. La mention des enfants et des troupeaux vient, de Ex. 10, 9. Là où Origène
s'est permis quelque liberté vis-à-vis du texte sacré, Rufin suit cet exemple et rap-
REVUE BIBLIQUE.
Ps. 85. 13 {De princ. iv, 3. 10 (26): p. 338. 9 : Et liberasti animam meam de
inferno inferiori.
Ce verset est cité à la fin de 3 lignes qui n'ont pas leur équivalent dans le texte
de la Philocalie. A la suite de Robixsox Philokalia, Introd.. p. xxxvii), Koet-
SCHAU (/. cit., p. civ s.) admet que ce passage n'est pas une interpolation de Rufin.
mais qu'il y a une lacune dans le texte grec. L'explication du Ps. 85, 13 est si
proprement origénienne, dit-il, que la possibilité de l'attribuer à Rufin doit être
regardée comme exclue. D'autre part, la suite des idées est beaucoup plus satis-
faisante dans le texte latin que dans le texte grec. Les excerpteurs de la Philocalie
auraient pu omettre trois lignes par négligence: — ou, plus vraisemblablement
encore, un copiste les aurait maladroitement laissées tomber. On peut noter dans la
citation de Rufin le comparatif inferiori. Le grec portait donc x7.t'.jtepoj, tandis que
les LXX lisent le superlatif zaTwTâTOj.
Matth. 5. 28 {De princ. iv, 3, 4 ;20 : p. 330, 24). Qui autem inspexerit mu-
lierem ad concupiscendam eam, iam moechatus est eam in corde suo.
La citation ne figure pas dans le texte grec. Elle fait partie d'une série de réfé-
rences bibliques : Ex. 20, 12 (cf. Eph. 6, 2-3; ; Ex. 20, 13-10: Matth. 5, 22; Matth.
5, 34: Thess. 5, 14 (cf. Rom. 14, 13). Rufin omet Matth. 5, 22 et introduit Matth.
5, 28 après Matth. 5, 34. L'allusion à Rom. 14, 13 est également omise par Rufin.
Matth. 7, 6 {De princ. m, 1. 17; p. 22G, 34) : ut non sanctum canibus mittatur'
nec' margaritae' iactentur 'ante porcos' quo 'conculcent cas pedibus', et insuper
conversi rumpant.
L'allusion évangélique se trouve seulement dans le texte de Rufin. mais l'ensemble
de la pensée est correctement rendu par cette traduction, à laquelle on ne doit
Matth. 10, 10 (T)c princ. iv 3, 3 (19); p. 327, 23 ss.). Sed et illud quomodo possi-
bile videtur observari, in his precipue locis, ubi acerrima hiems gelidis exasperatur
pruinis, ut neque duas tunicas, neque calciamenta habere quis debeat.
Tout ceci est ajouté par Rufin, au milieu d'une série d'exemples destinés à
montrer qu'il ne faut pas prendre à la lettre tous les préceptes évangéliques. il se
peut que Rufin ait traduit un passage qui aura disparu du texte actuel de la
Philocalie (cf. Roetschau, /. cit.. p. cxxxiii). Les mots gelidis exasperatur :
Udlai à'v âv aanxio xai andôw xaôrîixsvoi Olim h\ sacco et cinere iacentes paeni-
[i£T£vdr;aav èyYJç YîvoaÉvou tou aMTîjpo; twv tentiam egissent, si factae fuissent apud
bp!.(ii^ aù-rôjv. eos virtutes quae apud alios factae sunt.
Matth. 24, 14 [De princ. iv, 1,2: p. 29-3. 25 Praedicabitur hoc evangelium in :
omnibus gentibus.
Ce texte manque dans la Philocalie. Mais il figure dans le latin de lApol. de
Pamphile et du De princ, au milieu d'une série de citations, entre Matth. 7, 22
=
Le. 13, 26i et Matth. 10, 18 (= Me. 13, 9 Koetschau, p. 295 not. ad h. 1. .
suppose une lacune du grec, ce qui est au moins aussi vraisemblable qu'une addi-
tion du latin. L'accord des deux témoins est une garantie en faveur de Rufîn.
Ka\ TÎv;; ai aÏT-ai Toii ai/pi lai/.'o? à/Gp'.j- Quomodo verbum caro factum sit et
-t'vr,; aÙTÔv y.x-xîiîr/.i-toi:, /.ai nâvTr, av- qua de causa usque ad formam servi
Opio-ov àv3i)>T,3svai. susclpiendam venerit.
Rien ne correspond en grec à cette allusion. Tout le passage d'ailleurs est très lar-
gement traduit d'après les idées beaucoup plus que d'après les mots Koetschai, ad
h. l. et p. cxxxin rapporte l'allusion biblique à 1 Cor., 12, 11 : '/ividens sin'/uUs
prout vult. Le rapprochement est beaucoup plus sensible avec Art. Ap. 2. 4 : proni
spriritus sanctus do.bat l'ioqui ilUs.
AcT. Al'. 9. 1.3 De prinr. m 2, -3: p. 2-33, 6) : etiam si Paulus llle sit de quo
dicitur : Cvas electionis est mihi iste . aut Petrus adversiim quem portae inferi non
praevalent.
Les mots entre crochets ne figurent pas dans nos manuscrits. Ils sont introduits
par Delabue dans son édition du Di principiis. peut-être d'après un manuscrit
actuellement disparu. Origène connaissait ce passage des Actes, et le citait comme il
est ici: cf. in Ep. ad Rom. ii, 14: /'. G.. 14, 916 A : et ipse vas electionis.
Rom. 7, 18 {De princ. m, 1, 20; p. 23-3. 20-22 : ita ergo est et quod dicit apos-
tolus, quia virtutem quidem voluntatis a deo accepimus, nos autem abutimur voluu-
tate vel in bonis vel in malis desideriis
Le texte grec n'invoque pas l'autorité de l'apôtre pour affirmer que nous avons
reçu de Dieu le faire et le vouloir. La référence à Rom. 7, 18 est donnée p;ir
Rom. 8, 35 [De princ. m. 1, 12: p. 215, 21) : quis nos separabit a caritate dei,
quae est in Christo lesu? tribulatio, an angustia, an famés, an nuditas, an periculum,
an gladiiis ?
Cette citation, et le contexte qui l'entoure n'ont pas leur équivalent en grec. L'en-
semble du passage d'ailleurs est plutôt paraplirasé que traduit. Roetschau, p. cxxxi\
se demande si les quelques lignes dont fait partie le texte de Rom. 8, 3-5 ne seraient
pas empruntées à un autre ouvrage d'Origène. Question insoluble.
Rom. 9, 17 {De princ. m, 1, 14: p. 220, 30} : ut per ipsum nomen suum nomina-
retur in uni versa terra (Cf. Ex. 9, 16).
L'allusion biblique est purement et simplement ajoutée au texte. Origène écrit :
£?ôwç z'o: Y.cà Tov oaoato ays:, et Rufin transpose : scit qua via etiam Pharaonem
adducere deberet, ut per ipsum nomen suum nominaretur etc..
Heb. 12, 6 {De prinr. m, i, 12; p. 215, 17) : quem enim diligit dominus, corripit
et castigat; flagellât omnem filium quem
autem recipit.
Cette citation amenée dans le même contexte où tout à l'heure nous avons trouvé
Rom. 8, 35 appelle les mêmes remarques. La
présence simultanée de deux frag-
ments scripturaires en un nous pousserait à croire que ce passage n'est
seul passage
pas l'œuvre d'un traducteur. Le grec serait-il alors incomplet? ou Rufin aurait-il
emprunté à un autre livre d'Origène ? Ou tout de même ces quelques lignes seraient-
elles de lui ?
Ex. 25, 40 (t.c. De 'princ. iv, 2, 6 (13^ p. 316, 11) : r^oir^inç, -âvta v.7.-'x -ov tûhov
;
vocables essayés par Piufin ne sont classiques dans les anciennes versions latines :
et sicutamktuni mutabis eos, sicut ves- et sicut operton'um mutabis eos et niuta-
timentum mutabuntur. buntur.
La première traduction est plus exacte que la deuxième. Le fait à signaler ici
ECCL. 1, 9, 10.
Quid est quod factura est.^" hoc ipsum Quid est quod factura est? ipsura quod
quod futurura est. Et quid est quod créa- futurum est. Et quid est quod creatum
tura est? hoc ipsura quod creandum est. est? Hoc ipsura quod creandum est. Et
Et nihil recens sub sole. Si quis quid lo- nihil est omnimo recens sub sole. Si qui
quetur et dicet ecce norum est hoc, iam
: ioquetur et dicet : eccc hoc novxtm est.
fuit id in saeculis. quae fuerunt ante nos. iara fuit id in saeculis quae fuerunt ante
nos.
est? ipsum quod futurum est. Et non est omne novum sub sole, quod loquatur et
dicat ecce hoc novum est. Iara enira fuit in saeculis pristinis quae fuerunt ante
;
nos. La version de saint Jérôme est tout à fait différente de celles de Rufln, celles-ci
au contraire se rapprochent beaucoup l'une de l'autre; mais elles présentent assez
de variantes pour avoir été faites directement l'une et l'autre sur le texte grec.
EccL. 10,4.
Matth. o, 4.
terra... quam raansueti et mites haere- Beati mansueti quia ipsi haevedilate
dilate percvpient. possidebuni terrara.
Rom. 9, 19-21.
.
1 Cor., 2, .s.
même mot oo;/,;. Cf. OiiuiKNE. inJercm. hom. 18; t. III, p. 1G2, 17; in Lam.
f'ragm. 107; t. III, p. 273, 2-1. Le début de ce texte est encore cité en grec et en
latio, T)e prinr. rv, 1, 7; p. 305. l et 13; De priur. iv, 2, 4: p. 312. 12 et 28. La
traduction de Rufin ne présente d'autres variantes que l'alternance des principum
huius mundi p. 305 et huius saeculi 312), alors que le seul mot aïw/ figure en
grec.
Tenlatio vos non comprehendat uisi Tentatio non adprehendat nisi humana
hiimana.
Cf. Obigè^'e, iiiEp. ad Rom. vu, 12-, P. G. 14, 1133 A : non adprehendat.
2 CoB. 13, 3.
Ici nous n'avons pas moins de trois mots différents pour rendre un seul terme
grec.
Rom. 2, 4-5.
Gal. 5, 17.
— id. —
répugnât adver- caro adversum spi-
sum spiritum. ritum pugnat.
m, 4, 4; p. 269, 32 id. ; p. 266, 20 id. ; p. 269, 19
La même page 269 offre ainsi trois traductions du même terme grec.
Ei'H. 6, 12.
De princ. m, 2, 1 ; III, 2, 3; p. 248, 26 III, 2, 4; p. 252, 19
p. 246, 17
Cf. OBKiÈNE, in Gen. hom. î), 3; p. G- 12, 214 A luctamea est nobis non adver- :
Heb. 8, 5.
De princ. u.a, 7; m, 6, 8; p. 290,2 vi,2,G(13), p.317, iv,2,6 (13),p.31.S.
p. 147, 4 similitu- exemplario et um- '27 exeinplari et um- 33 caelestium eicem-
dini et umbrae de- brae des. cael. braedes. cael. plaribus et umbrae
serviunt caelestium. deserviunt.
I\, 3,12(24) ;p.341,
23 umbrae et exo.m-
plari des. cael.
Le texte grec est conservé pour deux de ces passages : p. 31.5, 1-3 et 317, 12; il
Gen. 49, 1 [De princ. m, -5, 1; p. 271. 19) : Convenite ad me filii .Jacob, ut i\\\-
nnntiem vobis quid erit in novissimis diebus — ccl post novissimo^i dies.
Obigène, C. Cefs. vu, 7 (t. II, 1-59, 27) lit I-' ix/â-wv t-ov TjuLspôJv; cf. in Gen.
hom. XV, 9; XVII, 1 (Lo. viii, 20.5, 282) : in novissimis diebus. Le cod. Lugdunensis
et S. Augustin, C. Faust. 12, 42 ont également in novissimis diebus.
Lev. 16. 8 [De princ. m, 2, 1 ; p. 24.>. 3) : Sors una domino, et sors ima apo-
pompeo, id est tj^ansmiasori).
Job. 40, 20 {De princ. l, -5, -5; p. 77, 16 adduces autem in hamo draconem
aposlatam, id est refugam.
Sàp. Salom. {De princ. i, 2, -5; p. 33, 10) vapor est enim virtutis dei et
7, 2-5 s. :
clnoqqola, id cst manaf io gloriae omnipotentis purissima. Splendor est enim lucis
aeternae et spéculum immaculatum inoperationis dei et imago bonitatis eius.
manatio omnipotentis
gloriae purissima, et splen-
dor lucis aeternae et spé-
culum immaculatum ino- spéculum immaculatum spéculum immaculatum
perotionis si.ve virtvti^ dei h'£^yfîai, id ext inopera- paternae cirfi'lis inope-
et imago bonitatis eius. tionis dei. rationis'jiie.
Cf. le texte grec de ce passage, in Joan. xui. 2.5 (t. IV, p. 249, 31); C. Ce/s.
VIII, 14 (t. H, p. 231, 13 . On voit ici toutes les étapes de la traduction. Le terme
128 REVUE BIBLIQUE.
grec d'abord simplemeot transcrit et expliqué par un mot latin: puis traduit par
deux mots entre lesquels le choix est laissé; enfin rendu par deux termes qui
s'ajoutent I'uq à l'autre. Si liufin s'était servi dune version toute faite, on ne com-
prendrait pas ces hésitations et ces variantes.
Is. 10, 17 [De princ. iv. 4. G 33.; p. 3.>0, 24 : Et comedet sicut loenum vi.>/>-
id est materiain.
Matth. .5,4 \J)i- prinr. u. 3, i\\ p. 123, 10) : terra quam salvator in evangelio
mansnetis et mitibus repromittit.
Ici encore, deux termes différents traduisent un seul mot grec; ces deux termes
se retrouvent ii, 3, 7; p. 12-3, 17 : terra... qualn niansueti et mites haereditate
percipient. Mais ii, 3. 7, p. 126, 10 et iir. (i. 8, p. 289, 31 mansueti apparaît seul,
comme étant définitivement préféré.
Eph. I, 4 (De princ. ui, 5, 4; p. 274, d) : Qui elegit nos ante consfitutionem
mundi, et hic constitutionem mundi xc~Taf,olriv dixit, eodem sensu quo superius
interpretati sumus intellegendam.
Avant ce passage des Ephésiens, Oriiiène citait Matth. 24, 21 attribué par erreur
à l'évangile selon Jean, l'erreur vient-elle de Rufin.' oij constitidio traduisait déjà
xataSoXij. Cette traduction a une histoire, et Rufin s'en explique longuement dans
l'Apologie, I, 2.j; 1'. L., 21, 5G3 C : ^'on idipsum autem zxTaooÀr; quod constitutio
sonat. Unde et et rerum novitatem, et sicut
nos propter paupertatem linguae
quidam ait sermo latior et lingua felicior sit, conabimus non tam
quod graecorum et
verbo ex verbo transferre, quod impossibile est quam vim verbi quodam explicare
circuitu etc. —
Cf. Oaic.KNE, //( Maith. serm. 71 (Lo. i\, 378); .Iéuômk, //( £//. ad
Eplu's. I {P. L. 26, 547); Orici-xe. in Joan. xix. 22 (t. IV, p. 324, 17} explique
également le sens précis du mot xaTa6'//.r;. On est en présence d'un terme technique
en quelque sorte, d'où les explications d'Origène dans le commentaire sur saint
Jean. La traduction latine de ce terme présente des difficultés spéciales. Mais Rufin
se croirait-il obligé à tant de phrases s'il avait déjà une version latine couramment
admise, et s'il s'en servait pour rendre les citations de son texte?
PniL. I, 23 Jk-piiiir. I. 7. .j; p. 9:!. l.jj : optarem enim rcsohi. rcl redire, etes.se
cum Christo.
Plus loin {De princ ii. Il, .5; p. 188. 1;. un troisième terme apparaît seul : coartor
autem e duobus, desiderium habens dissn/cl et cum Christo esse.
Tons ces cas sont très remarquables, parce qu'on sent le travail
p. 20.5, 2
i;tho avTiôv Ta: l'.Ot'/a; 7.3(po;a; y.x'. iaoaÀto i^i/.ôj Ta; X'.Oivaç zaïoia; c.t' avztôv /.a", la-
7ap"/.;vaç, ori'o; îv toï; nqoorâyfj.aaC [xciu oaX'^i cap/.iva; ottoj; âv to?ç dixau'maal jxo'j
roosjwvTX'. za\ Ta or/.aTÔiuaTâ U.CJ -.ijXâja'OT:. irop^joivTai /.ai Ta rrooorccyuaTié 'j-oj z.'jkiij-
aw3'.v.
Auferara eorum lapidea corda et im- Auferam lapideum cor (d> cis, et im-
niittam eis carnea, ut in praeceptis meis mittam eis cor carneum, ut in i'isiifica-
incedant et iustitia^ meas çustodiant. tionihus meis incedant et praecep!ii mea
custodiant.
Ps. 8. -1 [De princ. ii, 3, 6: p. 124, 14) : videbo caelos opéra digitorum tuorura.
Cf. Psalm 8; P.d.. 12. 1184 D
ORICÈXt: in ôti clvoyat toJ; oJoavou; ïi-;a Trriv :
oazT-iX'.ov jo-j. Jlbôme, Ep. 100. 7: P.L., 22. 840 Et dicitjs quod luos in gaeco non :
habeat. Verum est, sed in haebreo legitur Samacha. quod interpretatur caelos tuos
Ps. 103, 4 (De princ. ii S, 3; p. 1.56, 17) : qui facit angelos suos spiritus et
ministres suos ignem urenteni.
Cf. Origexe, in Psalm., 103; P. G.. 12, 1.561 A : 6 -o\o>i toJ; àvyiXoj; ^ùtc-j.
.Ikrôme, Ep., 106, 65 P.L , 22, 860) : qui facis angelos tuos spiritus. Pro quo
in graeco invenisse vos dicitis : ô -oi-ri/ toJ: àYyÉXojc aÙTOj, id est : qui facit angelos
suos.
Ps. 148, -5 De princ. ii, 1, -5; p. 111, 22) : Ipse dixit et facta sunt ; ip.<!e mandavit
creata sunt.
Cf. OrigÉne, g. Ccfa. Il, 9 (t. I, p. 136. 9 : aiTo; i\-2... xù-'o; ï'ti-iD.7.-o: C. Ois.
[l, 60 t. II, p. 130, 20): id. Cependant, in .lonn., ii 14, t. IV, p. 71. ,5; : ô Oïô; i^.-i...
»£T£iXaTO.
Prov. 8, 22 {De princ. i, 2, 1 : p. 28, -V. Cf. Oiuc.i-NE. in./oan. w, 39 (t. IV,
\. 381, 31).
UEVLE BIBLIQUE 1919. — N. S. , T. XVI. 9
130 REVUE BIBLIQUE.
Is., 66; 22 {Deprinc. iri. 5. 3; p. 273, (i] : Erit caelum novum et terra nova quae
ego faciam permanere in conspectu nieo. dicit dominus.
Saint Jérôme, traduisant ce passage, dans la lettre à Avitus 9, P.L., 22, I0(i7 lit
comme Rnfin dans le texte d'Origène [As'vstv et porte l'inGnitif permanere. Les mss
des LXX, nABQ lisent [i.bn: à l'indicatif.
Matth. 25, 29 (/Je princ. il, 11, 4 ; p. 187, 31) : Omni habenti dabitur et adicietur.
Cf. Origènk, in Joan. xxxii, 7 (t. IV, p. 436, 6) : -av-l Toi ï/ovii ôo6ï5as-at zaï
T.poi-z^r'^iizy.i. Cf. HaUTSCH, Op. cit., p. 77 S.
JoAX. 5, 19" {Th- princ. i, 2, (i : p. 35, 1 : Omnia quae fa cit pater, baec et fiiius
facit similiter.
Cf. Orioène, in Joan. xiii, 36 't .IV, p. 261, 23 : * y^/ ^^^'^ ~'^-7Î ''
"'^''^'ipî
-.tj-.x xvX
ô uîôs ôaofw; T.oiiî.
JoA>. 14, 23 {De princ. I, 1, 2; p. 17, 27) : Ego et pater veniemus et mansionem
apud eura faciemus.
Cf. OuiGÈNE, in .lerem. hom. a m, 1 (t. III, p. 55, 23 : ivô) zoà ô -a-rjo aou
iXz-j'JO'J.tOy. r.ooç (xÙtÔv y.x: aûvr^v nap" aùifo -otr,'j6;j-sfJa. (]f. HaltSCH, op. cit., p. 153 S.
Col. 3, 3 (Deprinc. ii, 6, 7; p. 146, 23 : Vita nostra abscondita est cum Christo
in deo.
Cf. OrigÈxe, in .Joan. xx, 39 (t. TV, p. 380. 30) : f^ rwir, fj^rov /.iv.^-jr.-nf. ajv tw
•/ptax(T) h Tw 0£w; in Matth. Com. XIl, 33; P. G., 13, 1057 A : f, Imt, y,;j.îov /.Éy.pj-Tat; in
Ep. od Hom. V, 10; P. G., 14, 1048 C : cum Christus manifestattis fuerit qui est vita
nostra abscondita in deo. Deprinc. iv, 4 (31> p. 354, 21, Koetschau lit la même
citation : vita vestra abscondita est cum Christo in deo. Les manuscrits de la classe a
ont nostra au lieu de vestra, c'est-à-dire la leçon habituelle d'Origène au lieu de la
Rom. i, 1-4 {Deprinc. n, 4, 2 : p. 129. 12) : Paulus, servus lesu Christi, vocatus
apostolus, segregatus in evangelium dei, quod ante promiserat per prophetas suos
in scripturis sanctis de filio suo, qui factus est ei ex semine David secundum carnem
qui praedestinatus est fiiius dei in virtute secundum spiritum sanctilicationis ex resur-
rectione mortuorum lesu Christi domiui nostri.
Le plus-que-parfait promiserat, que porte le ras A. doit être préféré au parfait
'proinisit attesté par les mss Py : il est la leçon lue par Origène, in Ep. ad Hom. i, 4;
P. G. 14. 847 B. Mais Koetsghau accepte dans le texte la leçon qui pradestinatm
est. Les mss A et C lisent destinatus e.^f^ qui me semble meilleur. Oa lit en effet, in
LES CITATIONS BIBLIQUES DORICEXE. 131
Ep. ad Rom. i, 5; P. (/. 14, 8-19 À : observandum est enim quia non dicit : qui prae-
destinatus est filius dei iii virtute secunduni spirituin sanctificationis, sed qui desti-
natus est filius dei. Quamvis enim in latinis exemplaribus praedestinatus soleat
f la
en
traduction de Kufin reproduit bien le texte biblique d'Origène et
est une version directe.
Au reste, il est possible de faire la contre-épreuve, et de mettre
les uns en face des autres les textes bibliques traduits par Rufin dans
le De principiis d'Origène. et les mêmes textes cités par Rufin dans
ses œuvres originales. Ici, sans contestation, Rufin devait se servir
de la version latine en usage dans son milieu; peut-être parfois citer
de mémoire, sans avoir un extrême souci de la littéralité. Ce qu'il y
a de siir, c'est que les deux séries de citations présentent de nom-
breuses variantes. Une comparaison complète est d'ailleurs difficile :
Non cessaturos principes ex luda neque Non deficiet princeps ex luda neque
duces ex femoribus eius, usquequo ve- dux de femore eius, usquequo veniant
niat ille cui repositum est, regnum scili- ea quae reposita sunt ;aut velut in aliis
cet, et usquequo veniat exspectatio gen- exemplaribus babetur : veniat cui reposi-
tium. tum est), et ipse est exspectatio gentium.
M.\L. ;], 3.
Deprinc. ii, 6. 10: p. 180. 20. Corn, in Syinb. Ap. 34; P. L. 21, 369
B. — 370 A.
Sedens dominus conflabit sicut aurum Ecce veniet domiuus omnipoteus et
et argentum populum suuni, conflabit et quis sustinebit diem adventus eius, aut
purgabit et fundel purgatos filios Inda. quis sustinebit aspectum eius? quia ipse
ingreditur sicut ignis conflatorii et sicut
berba lavantium, et sedebit conflaus et
purgans sicut argentum et sicut aurum.
.
La citation de RuJin est beaucoup plus complète et beaucoup plus littérale. Même
dans les parties communes, il est facile de noter les diverirences des deux textes.
De princ. ii, 6, 7: p. 14G, 12. Coin, in .<i/nil>. Ap. 19; P. L. 21. ;377 B.
.Spiritus vultus nostri Chiistus dominus. Spiritus vultus nostri Christus dominus,
cuius diximus quod in umbra eius vive- comprebensus est in corruptionibus no-
DKis in gentibus. stris, in quo diximils : sub umbra eius
Cf. Dr py/nc. iv. 3. lo 20 : p. :]44. 3. vivemus in seutibus.
Sicut enim fulgur c .•nanmo caell ful- Sicut fulgur de Oriente resplendet usque
get usque 'jd ^^uriunum cacli. ita erit et in occidentem, ita erit adventus lîlii bo-
adventus (liii bominis. minis.
I Cor. 2. 10.
... Spiritus enim omnia scrutatur, etiam Et Spiritus sanctus est qui scrutatur
alla dei. etiam alta dei.
Cf. De princ. ii. î), .3 : p. IG!», 17.
De princ. ii, 3, 2; p. 1 1.3, 2. Com. in Si/ ml. A p. 4.5; P. I., 21. 384.
Necesse est autem corruptibile lioc in- Oportet enim corruptibile boc induere
duere incorruptionem et mortale boc in- incorruptionem et mortale lioo induere
duere immortalitatem. immortalitatem.
Cf. Apol. in Hier, t, 7: P. L.,, 21,
546 C.
II CoK. .5, 10.
Omnes nos stare oportet aute tribunal Quia omnes nos stare oportet antt'
Phil. r. 23.
De pruic. I. 7, 5: p. !)3, 15. Apol. in Hier, i, 20: /'. A.. 21. -364 C.
Optarem euim rcsohi. vel redire (î Melius est reri-rti et esse cum Christo.
esse cnm Cliristo.
1 Thess. 4. 17.
De princ. it, 1 1 . <> : p. ISD. 17. Coin, in Si/mb. Ap. 43; P. L., 21,
382 B.
I Petr. 3. 18 s.
Qiiia ChrisUis mortaas quidem carne, Quia Chrislus ///or/("^cr^f«s carne, \ivi-
vivillcatus autem spiritn; in qno pergens ficatus autem spiritu qui in ipso liabitat,
praedicavit his spiritibus. qui in carcere iis qui in carcere conclusi erant descen-
tcnehantur, qui incrediili fuerant ali- dit spiritibus praedieate qui increduli
(jujuio, eum exspectaret dei patientia fuere in diebus >'oe.
in diebus _\oe.
nous pouvons nous fier à ces traductions, pour y retrouver non pas
seulement la pensée, mais les termes mêmes de la Bible origénienne.
Si Rufîn a bien traduit les citations du De principiisy celle de ses
publications qui lui a été le plus violemment reprochée, on a le
droit de lui faire plus facilement crédit lorsqu'on étudie ses autres
ouvrages 3;.
(1) Cf. II. B. Sn\ete, An introduction to l/ie old Testament in cjreeh, Cambridge, 1900,
p. 78 ss.
(2) Cf. H. B. SwETE, op. cit., p. 59 ss. ; B. Bakdemiewt.r, Gescldchte der althirchlichen
Literatur, II ' (Fribourg, 1903), p. 84 s.
(3) Ce qui esl dit dans ce paragraphe s'applique à bien plus forte raison au texte du
Nouveau Testament. Si Origène n'a pas fait pour le X. T. le travail de revision qu'il avait
accompli pour les LXX (cf. in Matth. XV, 14; P. C, 13, 1293;, il a souvent noté ou discuté
des leçons divergentes et surtout il a été amené à choisir dans ses commentaires ou ses
;
homélies un texte donné. Cf. E. jACQtiER, Le Xouveav Testament dans l Eglise chré-
tienne, 1. II (Paris 1913), p. 373 s.: E. Preuschen, Bibelcitatc bei Origenes, Zeitschrifi
fur die Xeu testamentlische Wissenschaft, 1903.
LES CITATIONS BIBLIQUES D'ORIGENE. 135
même ;ivec les fragments que cite Justinien dans sa lettre à Mennas.
Des passages trop courts, isolés de leurs contextes, peuvent être in-
terprétés de toutes les façons. Saint Jérôme, comme Justinien étaient
pour Origène des accusateurs sans pitié. Ils oubliaient facilement les
déclarations du Docteur d'Alexandrie dans la préface du De principiis,
sa distinction fondamentale entre la prédication ecclésiastique, le
dogme qui doit être reçu par tout le monde, et les opinions libres
sur les passages discutés. Ils citaient sans atténuation des textes que
peut-être Origène commentait et expliquait en détail. Peut-être
M. Koetschau a-t-il trop volontiers suivi leur exemple en introduisant
parfois dans du De principiis, au milieu de la traduction de
le texte
Rufin, une phrase malsonnante empruntée à la lettre à Avitus, ou
aux anathématismes du cinquième concile œcuménique. Rufin faisait
le contraire, et adoucissait autant qu'il le pouvait la pensée d'Origène
pour la rendre acceptable à ses lecteurs latins en quoi il avait tort.
:
ils sont bien à leur place, et sauf un nombre infime ne sont ni ajoutés
ni retranchés.
Cette constatation valait d'être faite. Il reste à souhaiter qu'un
historien reprenne de plus haut et de plus loin une étude d'en-
semble sur Rutin. Cet esprit médiocre, mais ce bon travailleur, mérite
bien la reconnaissance de ceux qui lui doivent de pouvoir lire encore,
si imparfaitement que ce soit, le De principiis d'Origène.
>«oveiiibre 1918.
Gustave Bardv.
MÉLANGES
texte arabe devait dériver d'un texte syriaque '2). Maintenant le fait
tion qui a été portée contre cet Apocryphe par l'archevêque de Goa
<à la fin du xvi'^ siècle (condamnation sur laquelle nous reviendnmsj
montre que ce prétendu Évangile avait pénétré dès avant cette époque
dans l'Inde chez les chrétiens du Malabar.
Ils étendirent leurs vêtements par terre, et Jésus s'assit dessus. Ils lui tressèrent
une couronne de ilaurs et la lui posèrent sur la tête en guise de diadème. Et ils se
votre chemin ».
Introduction du R. P. Peelers, p. v.
(1)
("et épisode n'existe ni dans l'arabe ni dans une rédaction arménienne, publiée
(2)
inlégralenient pour la première lois en 1898 {fntrocl.. p. wim, et dont le R. P. Peeters
donne la traduction.
138 IlEVUE BIBLIQUE.
mordu pat- un serpent, et qui, emporté par ses parents, est guéri par
le petit roi. auprès duquel il passe.
Dans un autre chapitre, qui suit immédiatement dans les deux
manuscrits syriaques et que ne donne pas larabe, tigure encore un
serpent, et il semblerait qu'une sorte d.'at(raciion a juxtaposé cette
seconde histoire de serpent à là première; mais, intercalée ou non
dans le récit primitif, elle est la seule des deux qui mérite d'être
examinée, en même temps que leur commune introduction,
« Je lui ai fait une belle et bonne action, et il m'a rendu le mal ». Jésus lui dit :
« De quelle façon lui avez-vous fait le bien et vous a-t-il rendu le mal? » L'homme
dit : « Je l'ai trouvé en hiver, raidi de froid. Je le mis dans mon sein et, arrivé à
la maison, je le déposai dans une cruche de terre, dont je fermai l'ouverture. Et,
quand j'ouvris la cruche pour l'en retirer, l'été venu, il se jeta autour de mon cou
et s'y enroula. Il me tourmente, et je ne parviens pas à m'en délivrer ».
Jésus* dit : « Vous avez mal agi et lui avez fait tort, sans le savoir. Dieu a créé
son endroit ». Et .lésus dit au serpent « Descends de dessus cet homme et va-t'en :
vivre sur le sol ^k Et le serpent se détacha du cou de l'homme. Et cet homme dit :
u Eu vérité, vous êtes roi, le roi des rois, et tous les enchanteurs et tous les esprits
deux parties
Cette bizarre petite histoire peut se diviser en :
—
Un homme prend chez lui un serpent, raidi par le froid,
auquel il veut sauver la vie; le serpent se montre ingrat, non point,
sans doute, en tuant Thomme, mais en le tourmentant;
—
L'affaire se trouve portée devant lEnfant Jésus, jouant le rùle
de roi et de juge. Le petit roi donne tort à l'homme, tout en le
débarrassant du serpent.
y a là tine combinaison de deux thèmes folkloriques, le thème
Il
CHAPITRK I
Le Serpent i.\(iRAT.
SECTION A
(1) Avertissement de lauteur, en tt-le du Second Recueil de fables ', publié en 167.S
de son forfait » (causam facinoris), il répond : « C'est pour qu'on apprenne à ne pas
rendre service aux méciiants {?>'p. qnis discat prodesse improbis). « —
Quant à La Fon-
taine, il a changé du tout au tout dénouement
le ce n'est pas le serpent qui tue l'im-
:
prudent villageois ; c'est le villageois qui, à coups de hache, tue le serpent ranimé et
devenu agresseur. Et la fable finit par cette réllexion consolante sur les ingrats :
(2) Joannes de Bromiard, Summa Prccdicantium (éd. de Lyon. Iô27}, ('•. IlII. Grati-
tvdo, 17.
3) Dans sa Ballade WXVI, dont la source parait être la même que celle de lEjem-
plum de Bromiard, le poète Eustache Deschamps (mort en 1422) a aussi le paysan qui
<c cavait [creusait] terre » et qui trouve un serpent u ainsi que mort » KKuvres complètes,
Paris, 1878, I, p. 120).
.MI::L\>{GES. lil
Le Bodliisattva était jadis un ascète dans l'Himalaya et avait réuni autour de lui
cinq cents |
c'est le chiffre ordinaire pour dire un grand nombre] autres ascètes, ses
disciples. Un de ceux-ci était d'un caractère intraitable. Ayant trouvé un serpent, il
Quelque temps après, étant allé dans la forêt, avec les autres ascètes, et y étant
resté quelques jours, il voulut, au retour, donner sa nourriture au serpent, qui devait
avoir taira. « Viens, mon cher fils, viens manger: » Ce disant, il mit la main dans le
récipient. Le serpent, irrité d'avoir jeûné, le mordit, et l'ascète mourut.
(1) Les segments creux du bambou, entre deux nœuds, servent de récipients pour divers
usages {Xote de M. Iktrtli).
(2) Velu, en pâli (sancrit venu), « bambou , avec le suiïixe ha, qui a souvent le sens
d'un diminutif (A', de M. Barlh).
MÉLxVNGES. 143
SECTION B
Un homme, monté sur un chameau, traverse une forêt, dans laquelle un incendie
a été allumé par l'imprudence d'une caravane. Du milieu des flammes, une cou-
leuvre [un serpent venimeux, dans le texte original] le supplie de lui sauver la vie.
« Sans doute, se dit le voyageur, ces animaux sont les ennemis des hommes : mais
ment, est intitulé Livre des Lumières ou la Conduite des Roijs. composé par le sage
Pilpaij, Indien, traduit en français par David Sahid d'Ispahan. A Paris, chez Siméon
Pirjet, IG-ki. C'est la traduction (faite, en réalité, par l'orientaliste Gaulmin) d'un livre
persan, qui a été traduit plus littéralement, en anglais, de nos jours, par Edward B. East-
wick, sous de Tiie Anvur-i Suhaili, or the Lighls of Canopns... (Hertford, 1854).
le titre
— Au sujet de la table de La Fontaine et de son original oriental, on trouvera un grand
nombre de notes, rapprochements, etc., dans le commentaire de M. Henri Régnier sur
l'Homme et la Couleuvre (édition mentionnée plus haut); dans les liemarqiies de
M. René Basset sur un conte berbère Contes populaires berbères, Paris, 1887, pp. 140-
144); dans la Bibliographie des auteurs arabes, de M. Victor Chauvin, fascicule II (Liège,
1897), pp. 120-121; dans l'antschatantra, de Théodore Benfey Leipzig, 18.VJ), Introduc-
tion, g 36; dans l'édition des Gesta Romanoruiii, de llermann Oesterle.\ (Berlin, 1872 1,
aussi les bonnes actions sont très estimables, et quiconque sème la graioe des bonnes
œuvres, ne peut manquer de recueillir le IVuit des bénédictions. » Cette réflexion
faite, il prend un sac, et, l'ayant attacbé au bout de sa lance, il le tend à la cou-
leuvre, qui se jette aussitôt dedans. L'homme retire le sac et en fait sortir la cou-
leuvre, lui disant qu'elle peut aller où bon lui semble, pourvu qu'elle ne nuise
plus aux hommes, après en avoir reçu un si grand service.
Un renard, qui passe par là, est prié de mettre fin au dilVérend. L'homme lui ayant
raconté de quelle manière il a retiré le serpent des llammes, au moyen du sac, qu'il
exhibe, le renard déclare que cela est impossible. <; Si le serpent veut entrer dans
ca petit sac pour me convaincre, ajoute-t-il, j'aurai bientôt jugé votre affaire. — Très
volontiers, » dit le serpent, et, en même temps, il rentre dans le sac. Alors le re-
L'homme aussitôt lie le sac et le frappe tant de Ibis contre une pierre, qu'il as-
somme le serpent.
(1) Le conte en quesllon a été extrait par M. Aug. Cherbonneau d'un livre arabe, sans
nom d'auteur, dont le titre signifie Le Conteur (l'anecdolcs, ou Délassements des
esprits et des dmes [Journal Officiel, n" du 1" août 188ii).
(2) A propos de ces arbitres, feu l'abbé J. A. Dubois, missionnaire dans l'Inde, fait cette
en sens contraire au sien, faites par le serpent, puis par les divers
par l'abbé Dubois [op.cit., p. 63), où un crocodile tient la place du serpent. Ce crocodile,
apprenant qu'un certain brahmane, qu'il rencontre, va faire le pèlerinage sacré du Gange,
le prie de \'\ transporter, parce que, dit-il, la rivière où il vit est souvent à sec. Le
braiimane, par compassion, l'y transporte « dans son sac de voyage {sic) ». Suit l'ingrati-
tude du crocodile; puis la vache et l'arbre (un manguier) arbitres, et enfin la ruse du
renard, qui fait rentrer le crocodile dans le sac.
RKVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XVI. 10
146 REVUE BIBLIQUE.
d'un certain homme à l'égard d un autre homme, véritablement son bienfaiteur. Il ne s'agit
nullement des prétendus « bienfaits », dont la vache, dans La Fontaine, s'attribue le
mérite, « bienfaits « qui, de la part d'êtres comme les vaches ou les arbres, n'ont abso-
lument rien de libre et, par suite, n'ont le droit de réclamer aucune reconnaissance. On
peut citer, à ce sujet, le conte du Panlchalaatra, La reconnaissance des animant et
l ingratitude de l'homme Un paysan tire d'une fosse, dans laquelle ils sont tombés,
:
Un tigre, s'étant couché sur le trou d'un serpent venimeux, est mordu et meurt
de sa blessure. Un ermite (bouddhiste), qui passe, hii rend la vie. Le tigre, aloi's
déclare que son droit de
de dévorer quiconque a osé entrer « sur son
tigre est
crainte, les autres par intérêt personnel ou par hostilité contre les hommes. Seul le
lièvre, consulté en dernier lieu, voit que le tigre « oublie les principes saints, qui
obligent à la reconnaissance envers un bienfaiteur ». Et il sauve l'ermite en faisant
par ruse, périr le tigre : il feint de ne pouvoir se bien rendre compte des faits,
que si l'on se transporte sur les lieux. Quand il y est, avec l'ermite et le tigre, il
invite ce dernier à se coucher de nouveau sur le trou du serpent. Le tigre le fait- il
est mordu et meurt. « O ermite, dit alors le lièvre, ne sais-tu pas que le ti^re e^t
ingrat de nature et féroce? Une autrefois, garde tes bienfaits pour de meilleures
gens. ')
que ce conte a été inséré dans le livre des Lois laotiennes, qui le fait
suivre de cette note « Toutes les afiaires semblables doivent être
:
lire penser que cette dernière partie viendrait, elle aussi, de l'Orient.
Il) .\dhémard Leclère, Contes laotiens et Contes cambodgiens (Paris,
19031. p. 90
JW REVUE mBLIQIE.
à Belgrade,
Là, c'est saint Sahbas qui sauve uu serpent du feu. eu lui tendant son bâton, et,
un instant après, le serpent est déjà enroulé autour du cou de son libérateur et
lui. renard, puisse prononcer son jugement avec impartialité ». Le serpent l'ayant
Sabbas donne au renard sa bénédiction avec ces mots que nous ne nous chargeons
pas d'expliquer Dieu fasse que, nulle part, on ne puisse sans ta présence pro-
: <-
Va serpent, dans une forêt, a été lié, tout de son long, à des troncs d'arbres par
des pâtres. Va passant le délie et le rcchoiiffe. A peine ranimé, le serpent se jette
sur l'homme et le serre à l'étouller. <>
Pourquoi me rends-tu le mal pour le bien?
dit l'homme. — .Te fais ce qui est de ma nature. » répond le serpent.
L'affaire est portée devant le renard. Celui-ci déclare ne pouvoir Juger, s'il n'a
pas sous les yeux l'état de choses, tel qu'il existait au moment où l'homme est inter-
venu. Le serpent est lié de nouveau, et alors le renard lui dit de se dégager, s'il le
peut.
1) Archiv fiir slavisclie Pfiilologie, i (1876), p. 279. — Dans un autre conte serbe Wuk
Steplianowitsch, KaraJschitsch, Volksm;crchen der Serbe», BcrUn, 1854, n 3 \ le serpent, "
fables avec moral isations pieuses, rédigé vers l'an 1300, probablement
en Angleterre. La version des Gesta, très mauvaise, du reste, a ceci
de particulier, que le renard est remplacé par un philosophus, lequel
est également le seul arbitre (1).
Dans un conte roumain l'a le juge n'est pas un " philosophe »
,
ramasse le serpent, qu'il met dans son sein pour le réchaufTer. Quand le serpent
reprend ses sens, il s'enroule autour du vieillard et le serre à le faire mourir.
Suit la consultation des arbitres, qui sont ici un bœuf, puis un àne. Alors les con-
testants se présentent devant le roi David. lequel les renvoie sans rien décider.
Finalement, ils rencontrent le jeune Salomon (qui, daprès ce que le vieillard Fa
entendu dire à ses valets, lui paraît un garçon d'esprit). Et c'est le jeune homme
qui, avec l'autorisation de son père, tranche l'afTaire, en fournissant au vieillard
l'occasion d'assommer le serpent (4).
Lévi, professeur à l'École des Hautes Études, oH're une singulière combinaison du thème
du Serpent reconnaissant avec le thème du Serpent ingrat (manu.^crit du Midrascli
Tanlioaina, décrit par Buber dans son édition de cet ouvrage, p. 157) Un homme, por- :
tant un pot de lait, rencontre dans la campagne un serpent ijui gémit. Pourquoi gémis-
lu.'' — Parce que j'ai soif. Mu'as-tu donc dans la main ? Du lait. — —
Donne-m'en, et je te
montrerai un grand trésor, qui pourra l'enrichir. » L'homme donne du lait au serpent, et
celui-ci le mène à une grosse pierre sous cette pierre, l'homme découvre un trésor, qu'il
:
emporte chez lui.... Alors, brusquement, le serpent reconnaissant devient un serpent in-
grat, qui saute sur l'homme et s'enroule autour de son cou, en disant « .Te vais te faire
:
CHAPITRE II
Des petits paires, en gardant leurs vaches, ont coutume de jouer au roi. Celui
qui est élu par ses camarades, a son vizir, son kotwal (préfet de police) et autres
officiers. Un jour, ces enfants voient passer un brahmane qui pleure et se lamente
Le petit roi se le fait amener et apprend de que, dans un procès d'une importance
lui
capitale, le râdjâ du pays lui a très injustement donné tort. Avec l'assentiment du
râdjà, le petit roi évoque l'affaire à son tribunal, et sa perspicacité et son ingéniosité
lui font rendre justice au brahmane (3).
(1)Ce conte arabe dAli Cogia, raconté à Galland par un certain Hanna, Maronite
d'Alep, venu à Paris en 1709, est résumé, à la date du 29 mai de cette même année, dans
le Journal manuscrit de Galland, conservé à la Bibliothèque Nationale.
(2) Lai Behari Dey, rollc-tales of Benr/al (Londres. 188:V, n" 12. G. H. — Daman I,
Bengali Folldore. Legends frotn Dinajpur, dans Indian Antiquary, Vol. I (1872),
p. 345.
(3) La manière ingénieuse dont le petit roi trancbe le procès, n'est pas sans rapport
avec la ruse du renard dans Quelques mots sur ce procès ne seront pas de
« Pilpay ».
trop Un brahmane très pauvre s'est expatrié pour chercher fortune, laissant à la maison
:
sa femme et sa mère. Peu après son départ, un mauvais génie, une sorte de démon, prend
la forme de l'absent et s'établit dans sa maison, en disant qu'il a trouvé en route de quoi
vivre. Quelques années se passent, et le%'rai brahmane revient. Conilit entre lui et l'occu-
pant, d'apparence identique; procès; jugement rendu par le râdjà en faveur de celui qui
est en possession, c'est-à-dire de l'intrus; désolation du brahmane. L'aft'aire étant portée
devant le petit roi, celui-ci, prenant un vase à étroite embouchure (ou un bambou creux),
décide que le vrai brahmane se reconnaîtra à ce qu'il pourra entrer dans ce vase (ou dans
ce bambou). Le brahmane se récrie en pleurant; le mauvais génie, changeant de forme
une nouvelle fois, s'empresse de faire ce que le petit roi exige. Aussitôt le petit roi ferme
l'oritice du vase (ou du bambou), et fait jeter au feu contenant et contenu.
Ce dénouement est, ce nous semble, apparenté au conte bien connu des Mille et une
Nuits, Le Pécheur et le Génie. Enfermé depuis des siècles dans un vase scellé, puis mis en
liberté par un pêcheur qui a ouvert le vase, le génie veut tuer son libérateur. Alors celui-ci
MELA^^GES. 151
Dans l'uii des deux contes bengalais (celui de feu Damant), deux
détails, dont le second surtout semblerait insignifiant, sont à relever :
feint de croire que le génie n'a pu tenir dans un vase. Blessé par ce doute inju-
si petit
levte hindoustani de Mir Cher-i Ali Afsos par l'abbé Bertrand, p. :554. [Afsos, écrivain
iiindou musulman, né à Delhi en 1754, mort à Calcutta en 1809]. —
B. Jiilg, Mongolisclie
M.vrchen... Geschichte des Ardschi-Bordschi Chan (Iimsbruck, 1868), p. 63 et suiv. —
Sur la littérature, toute d'importation, des Mongols, et l'action du bouddhisme tibétain,
on peut voir notre travail Les .)ioncjols et leur prétendu rôle dans la transmission
des contes indiens vers l'Occident européen (Revue des Traditions populaires, 1912),
pp. 339-341.
(2) Il ne sera peut-être pas sans intérêt de voir (pielle transformation, prosaïque el
utilitariste, le thème héroïque a subie dans un conte oral du district de Mirzipour, Inde du
132 REVUE BIBLIQUE.
que nous avons résumés. Ainsi, dans le conte indien que rellète le
livre mongol rHistoire d'Ardji-Bordji^ quiconque passe dans le voisi-
dans un procès mal jugé par un tribunal officiel: il fera aussi acte
à' ingéniosité pour que le bon droit triomphe.
interpréter le testament de leur père par le pelit roi, et ils la sagesse dont
admirent
il a fait preuve. Ils lui demandent qui lui a enseigné cette sagesse. L'enfant répond (jue,
sous l'endroit où il siège, est le trône, orné de pierres précieuses, qui appartenait jadis
au Mahàràdjîî Vikramàditya. Les quatre frères déterrent le trùne, et sa valeur en espèces
sonnantes leur permet de vivre princièrement (!).
MÉLANGES. 153
démon remplace ici cet autre être malfaisant, le serpent, que, dans
« Pilpay », la ruse du renard fait entrer (ou plutôt rentrer; dans le
CONCLUSION.
(1) Voir, dans notre travail Le Lait de la mère et le Coffre floUanl {Revue des ques-
tions historiques. 1908), les pages .363-364: p. 13-14 du tiré à part.
MELANGES. lo5
scu visitator... sub Ezechiele Patriarcha circa .\. Ch. ô70 vivebat Christianorum in :
l^erside linitimisque Indiarum regionibus curam gerens. llinc sermonera Indicum calluisse
dicitur, ex quo librum Calilagh et Damnagii syriace reddidit.... » Assemani affirme —
{p. 222) que Bud Periodeutes lit sa traduction syriaque peu après la première traduction
persane {projïme post primam persicam), c'est-à-dire après la traduction en pehlvi, faite
par Barzùi, médecin de Chosroi-s le Grand, roi de Perse de 53) à 579), traduction aujour-
d'hui perdue. Et Assemani ajoute que la traduction syriaque fut faite « sous le même Chos-
MÉLAiNjGES. 157
Emmanuel Gosgcix,
Correspondant de l'Inslitut.
Il
roës et, — il insiste. — « d'après la source indienne » et ([uidem ex fonte Indico sut'
eodem Chosror Persarum rege). — En 1876, M. G. Bickell publiait le texte et la traduction
allemande de la version syriaifue. retrouvée en t<S71 par feu Albert Sacin dans un monas-
tère clialdéen près de Mardin (vilayel de Diarbekii).
Et voici déjà qui est bien étrange Ce n'est pas dans les premiers,
!
des mystères (VÉleusis, dans les Mémoires fie iJiistitni, Académ. des Inscr. et B.-L.
t. XXXV% IP p.. I99r,.
—
Les grands Mystères d l.leusis. Personnel. C< remanies, dans
les Mémoires..., t. XXXVII, 1904. —
Les Mystères d'Eleusis. Pari*. 1914. C'est cet
ouvrage que nous citons sans autre indication.
définilit' —
Loisy, Les Mystères d'Eleusis,
dans la lievue d'histoire et de littérature religieuses, 1913, p. 193-225. —
Les divers articles
du Dictionnaires des antiquités de Saglio, et de l'Encyclopédie de Paulj-Wissowa.
RoHDK, Psyché, 2« éd. —
CinuppE, Griechische Mythologie, sans ouif^v Lobeck, Aglao-
piiamus, Kœnigsberg, 1829, lib. I : Eleusinia.
xMÉLANGES. i;;9
dans son épouvante, adressé des reproches à la déesse. C'en est fait,
Démophon ne sera pas immortel, mais il jouira d'un honneur incor-
ruptible, parce qu'il est monté sur les genoux de la déesse et a
reposé sur son sein.
Pour que la colère de Déméter soit calmée, il faut qu'on lui bâtisse
un temple et un autel hors de la ville et des murs au-dessus du Cal-
lichoros, sur une colline élevée. Elle établira des mystères; on les
célébrera pour l'apaiser et se la rendre favorable (1).
La déesse alors se révèle, tout le palais est rempli de splendeur.
Puis elle disparaît, et les tilles de Métanire passent la nuit à l'apai-
ser (-2 . On biUit le temple et l'autel.
sans cesser d'être déesse. De là elle peut exercer son pouvoir et elle
frappe la terre de stérilité. Le sol ne laisse pas sortir la semence,
retenue cachée par Déméter. En vain les l>œufs tiraient dans les
champs le soc recourbé de la charrue, en vain le froment blanc était
répandu sur la terre.
La race entière des hommes allait périr par la famine, les habi-
tants de l'Olympe n'auraient plus ni présents ni sacrifices. Zeus se
résout à calmer la déesse irritée, mais ni Iris, ni aucun des dieux
n'y réussit. Il faut qu'Hermès pénètre dans l'Iladès et décide Aido-
neus à se séparer de son épouse. Il y consent, mais après qu'elle a
mangé un pépin de grenade. Pour avoir pris ce léger aliment, elle
doit à l'Hadès le tiers de son existence. Elle pourra passer les deux
tiers de l'année auprès de sa mère dans l'nlympe en compagnie des
(1) à)"/' avE [Aoi vviôv TE [xéyav y.at Pwîaov ûtî' «ùtù) ]
XcuyovTtov 7:à; crjiio; -juat jc6).iv aîjtûtî
T£t-/o;, 1 Kat/./.'.-/6pou xaÔÛTiepÔEv, stcI 7rpo'J'-/ovTi xo/.wvô). | ôpy.a 5' aOtr; «"vwv ÛTioB'i^ffou.at, io; âv
ëTteixa I
s-Javï'w; ipôovTs; à(J.ôv vôov î>,â(7/.o'.(jO£ (v. 270-27i).
ceux qui vivent sur la terre, ceux qui les ont vus car celui qui n'est !
pas initié à ces choses saintes et n'y participe pas, n'aura jamais un
sort égal, après avoir disparu dans les vastes ténèbres (1) ».
(3) Dion. V, 49 : zaî AY;(jLY;Tpav (jlsv 'laditovoç èpaa&eïaav tôv xapivôv toO atto-j ô(i>pr|(7X76ai.^
MELANGES. 103
tions sacrées. Ce n'est pas l'immortalité qu'on leur promet. Tous les
survivance des ombres. Us savaient aussi
(irecs croyaient' alors à la
qu'on peut améliorer leur sort par des libations et des sacrifices. Ce
n'est donc pas sur ce point que porte l'innovation. Mais désormais une
vie heureuse après la mort sera garantie d'avance par les deux
déesses à ceux qui auront vu leurs mystères. Non pas sans doute que
lavue opère d'une façon magique. La phrase est conçue sur un fvpe
de parallélisme qui oppose la vue accordée aux initiés au sort de
ceux qui ne sont pas initiés aux sacra. La vue n'est donc une garantie
que parce qu'on est associé au culte, participant aux sacra, assuré
de l'amitié des déesses. Or c'est là ce qu'aucun culte grec n'avait
promis. C'est en cela précisément que consiste la nouveauté. Mais,
qu'on le note bien, la religion ne cesse pas par cela d'être nationale
pour devenir individuelle. Les rites sont accordés à Eleusis et ne
pourront jamais être pratiqués que là. Tout ce que pourra faire
Athènes sera d'en attirer à elle une très minime partie. Le secret,
comme celui de presque tous les cultes particuliers, est confié aux
familles sacerdotales d'Eleusis. Ces familles seront réduites ou trans-
formées, il faudra toujours avoir recours à elles pour obtenir d'être
initié.
(1) Paris, 1914. La iiiande autorilé de M. Foucart ou plutôt ses raisons ont entraîné
M. Lécrivain, art. Mystères dans le Dictionnaire de Saglio.
MELANGES. 165
(1) CeUe opinion des anciens est encore la plus répandue parmi les modernes Ar;[xr,xTi?
(2) Du Cretois orja; pour y.piOai Etijni. magn. 2t34, 12) ou de Sria; forme dorique pour
Σia{ sorte de blé, épeautre. Ar|W est une forme hypocoristique.
(3) Schol. de Lucien, édité d'abord tlans le Rhein. Mus. xxv, Dial. mer. vn, 4 : Trpôaxîi-
ta'. Sh Taï; 'cpazéî^air xai jxK/.axoùvTo; xaxa(TXî-jac(i.£va âu-çoTÉptov fsvàiv alôoTa.
166 REVUE BIBLIQUE.
mait sur l'autel, et les cendres, mêlées aux semences, assuraient une
bonne récolte. C'est de nouveau la fertilité du sol unie à la fécon-
dité féminine, comme le scoliaste de Lucien l'a remarqué expressé-
ment (5).
(2) C'est ce que Théodoret dit tout uniment [Therap. m, 84 dans V. C. lxxxiii. 889) :
TGV y.téva tov v-jvatx£Ïov (o-jtw oè to y-jvaixîtov ôvojAatïovai \j.ôùw)) év xoî; 6e<7;j.oçoptO'.; Tiapà
tôv T£TEA,£(7[Jl£V<l)V '(•^••ilXVf.Gl^ Tl|Xr,î àEtOÛjJLSVOV.
et des pastophores.
Les textes d'Hérodote ne sont donc point la preuve d'une tradition.
Ils n'en sont pas moins fort intéressants. Car cet observateur curieux,
et initié aux mystères, a pu constater des ressemblances entre les
cultes. vraiment, et en tenant compte de la discrétion qu'il
A-t-il
s impose, indiqué des points de contact?
i'i) Inscr. graec, \ii, 5, n" 444. L'inscription, de l'an 263 av. J.-C, rattache l'arrivée
de Déméter à l'année qui est pour nous 140S av. J.-C, sous Érechtée : as' oC Ar,ur,-ïip
(3) II, 60 La ressemblance entre ces f(5tes et celles de Déméter n'a donc pas la portée
que lui attribue M. Foucart. A Boubaste on tenait une foire avec des réjouissances qui!
sont obscènes, mais sans caractère religieux, et la déesse n'est pas Déméter. 11 s'agit'
donc d'une rencontre fortuite que nous ne voulons pas dissimuler; les femmes descendent
le iS'il dans des barques al' ôè -wOâ!^o-j<7i ^owaai tàç èv tv) ttôXi taÛTr, Y'-^^aixa;, al' oè èp-j
(4j II, 61 : èv Se Bouirîpc tîÔai wç à'vâyoucri ty) "{iji ty;v ôpii^v. e'i'priTai TrpÔTspôv [xof (il, 40)1
TijTtTOvxat [.lèv
l'àp Sr, (ji£Tà Trjv 9u(T£y)v Trâvxeç xai îiSaai, [ji-jptàSiç xâpTa 7io>.).al àv9p(j'>7iwv' tovI
Se TÛTTTovTai, ou |xot Ôaiov Èatt "/iyEiv. le doit être à cause d'Osiris, qu'il ne veut ])as nooj
plus nommer ii, 132 ni ({uand il parle évidemment de ses mystères, ii, 171.
(5) II, 123 àp3(ifiY£T£iJ£tv ôà xwv y.âTw AîyjTiTioi )iyovai Ar/jXYjTpa xal Atov^cov. CL il, 122.
Rampsinite descend vivant dans l'Hadèset joue aux dès avec Déméter; il gagne et il perdl
tour à tour. Le goût du symbolisme naturaliste a amené M. Stein à dire que Rampsinitei
perd quand il sème et gagne quand il récolte. Mais Hérodote ne songe pas à la déesse du]
grain. Il brode sur un thème égyptien, l'enjeu demeurant indéterminé. CL Maspero,!
Études de iinjl/i. cl d'arcli. égyptiennes, m, p. 378 Satni descendit dans la tombe dej :
(7) I, 14.
MÉI.ANGES. 169
Isis une déesse grain, et iM. Foucart en fait une déesse de l'agricul-
ture.
Isis est une divinité multiforme, et il n'est pas impossible de trouver
dans les textes des allusions à son pouvoir sur les travaux des champs
et sur la sage organisation des humains. Mais ces textes sont loin
d'épuiser sa physionomie. Et quand Isis aurait été tout d'abord,
comme le pense iM. Maspero (2), la terre noiredu Delta, fécondée par
le limon du Nil, ce n'est pas sous cet aspect purement local quelle
a pu être transportée en Grèce. A défaut de preuve —
-
et elles font
(2) Histoire... i, p. 132. — De fon côté .M. Eriiian a écrit : « Les renseignements nous
manquent sur la nature priinilive de la{La religion égyptienne, p. 32.)
déesse Isis >'.
(3) Le AÛTiov Tieoiov ou plaine de Aw; {hymne hom. 122); Callimaque, hymne XV.
(4) Lagrange, La Crète ancienne, p. 99.
(5) Claldien, De raptu Proserp.
(6) Odyss. V, 125 ss.
(7) Theog. 969 ss. Ar^jx-Zitrip p.àv FIàoùtov HyeivaTO, oïa Oîâwv, |
'iaaîw r|p(oï (iiyeïff' ÈpaTYÎ çi/ô-
Tr,Tt I
vsitô £vi xpiTOAU), Kpïinfi; sv Tttovt ôr.jiw.
M. Georges Nicole (art. Triptolème dans Sagi.io) reconnaît que c'était la pensée des
(8)
anciens, quoique lui-même préfère létymologie de toiôsiv « fouler » et d'un dérivé dà>i(o.
Triptolème serait k le Tritureur ».
170 REVUE BIBLIQUE.
gion nouvelle. Et d'où peut-elle venir, sinon du pays qui, seul, entre
toutes les nations , attribue la souveraineté du monde inférieur
à un couple de dieux bons, qui seul, assure aux fidèles d'isis et
d'Osiris une vie réelle plus heureuse et plus durable que la vie
terrestre (2) ».
puisque toute âme devait suivre la même voie, passer par les mêmes
épreuves et arriver aux champs des bienheureux par les mêmes
moyens?
De plus ce secret était évidemment réservé aux serviteurs du dieu
des morts ou de son filsHorus. Les âmes n'étaient sauvées que si
elles avaient été les fidèles d'Osiris ou les suivants d'Horus (3).
(1) Pline, xviii, 24i, à propos des narcisses ^qui jouent le principal rôle parmi_
II. .V.,
les fleurs lors de l'enlèvement de Perséphone) namque et haec ter florent primot/ue
:
Il est difticile d'admettre que la déesse ait été remplacée par Déméter
et par Coré, se dédoublant sans cesser d'être elle-même. Si le dieu
est Osiris, il a dû être remplacé dans les mystères par Dionysos.
C'est bien que pense M. Foucart. Or, quoi qu'il en soit de la
ce
période athénienne, le culte de Dionysos est absolument étranger à
l'hymne homérique.
De sorte que le dieu et la déesse pourraient tout aussi bien être
d'anciennes divinités autochtones, innomées pour cela même ^^5), et
mises dans l'ombre par l'arrivée de Déméter et de Coré. auxquelles
seules les mystères étaient consacrés.
La représentation des drames sacrés à l'égyptienne a dû impres-
(1 '
Ordonnance sur les prémices Ditt. Syll. 20), où on les offre toiv 6eo'.v... toi t&'.uto/.e|io'.
v.a'. Tot ÔEo: y.a.'.-za: ôîat -/.ai toi EoooàO'..
(2) L. L, p. 90 ss. contre Dittenherger : Demn Plutona, Deam Proserpinam esse con-
xentimit editores.
(3) Inscription de Lacrateidés, l'^' s. ap. J.-C, 'E^' àpy. 1886, p. 19; C. 1. A. t. III, 1109
sous Hadrien: 'Ei' àpy. l'.iOO, p. "4 sous les Sévères.
(4) Op. laud., p. 207. '< M. Ziehen a fait observer avec raison que le dieu et la déesse,
qui tiennent une place dans la religion agricole d'Eleusis, ne paraissent pas avoir joué
un rôle dans les mystères. «
sionner les Grecs. Mais la race qui a créé le drame avait-elle besoin
d'une impulsion étrangère pour être amenée à mimer les actes des
dieux (1)? On ne trouve pas qu'à Eleusis des tentatives de ce genre,
quoiqu'on ignore la date précise de leurs commencements. Nous
avons essayé de montrer comment les rites d'Eleusis ont pu prendre
naissance comme lustratoires et propitiatoires.
Le lien féodal entre le serviteur d'Osiris et le dieu des morts res-
semble à celui qui unissait Déméter à ses initiés. Mais il y a cette
différence que l'initié de Déméter est déjà assuré de son salut de
?on vivant, tandis que l'égyptien n'aurait aucune garantie si l'on
n'accomplissait sur sa momie les minutieuses cérémonies de l'ouver-
ture de la bouche.
Il est vrai que de son vivant déjà il s'informait, en apprenant par
cœur le livre des Morts, de ce qu'il aurait à dire dans l'autre monde
pour échapper aux embûches de ses ennemis, et, si M. Foucart avait
prouvé que les révélations d'Eleusis contenaient un semblable itiné-
raire, la dépendance des Grecs serait évidente. Mais ce point est loui
d'èlre établi, comme nous le verrons.
Nous sommes donc obligé de conclure que l'origine égyptienne
du rite des mystères n'est point prouvée. Hérodote a cru que les rites
égyptiens étaient de vrais mystères. Mais il semble qu'il se soit laissé
entraîner par des ressemblances plus extérieures que réelles, et les
mystères dont il parle sont ceux d'Osiris qui correspondent à ceux de
Dionysos-Zagreus, non à ceux de Déméter et de-Coré.
(1) Croiset, Hist. (le la litt. grecque, III, p. 24 : « Il est certain ([ue, dans plusieurs
sanctuaires helléniques, le culte local a donné lieu, dès la plus haute antiquité, à des
représentations sacrées, dont on ne saurait contester le caractère dramatique ».
primé à tout l'ensemble des cérémonies son goût parfait elles de- :
vinrent, grâce à elle, une merveille et une fête pour les yeux; la
beauté des chants fut sans doute à la hauteur de l'ordonnance sinqile
et harmonieuse des spectacles, exhibitions d'objets divins, ou danses
sacrées, et les cortègeseux-mêmes n'étaient pas la moins belle partie
de la fête. Tout contribuait à évoquer dans les âmes des émotions
religieuses et nationales, car on célébrait une des gloires d'Athènes,
la plus haute, celle qui la montrait l'intermédiaire choisie par Dé-
mêler pour unir le monde hellénique dans un sentiment religieux
plus pur avec des espérances certaines pour l'autre vie, et pour ré-
pandre dans le monde entier le bienfait de l'agriculture et la civilisa-
tion dont elle était l'inventrice (1 .
1. — Le personnel officiant.
(1) IsocRATE, Panéy. 28 (Ar,(x.r,Tpo;) ôo-jCt,; owpîàç [oiTTà;] alTîcp (isyicr-ïi T-JY/.âvoootv oÔTat,
ToO; Tî xa,07to-J;, oî tov [xr, 6r,p'.woà); C'i'' '^î^à; 'xiv.o: veyova^i, xal tyjv Tc/.£t;^v, r,; ol [ASTaïXÔvTE;
Ttepî -£ Tf,; To-j pîov itlz-j-f,- y.a". to-j ffy(jL7ravxo; aiwvo; r,o:'o-Jî tàç £>,7t;ôa; iyo-ji'.'j. (29) oOtw;
r, 7:6)'.; Tr,(xtl)v où (xovov 6£05'.aw; à/,/.à y.al ^iXavGpwTtw; £a'/;£v, Mmz y.upta y£vo[i£vr, tocto-Jtwv
nuait en eux la vie naturelle, c'est que les principaux, les hiéro-
phantes surtout (1), perdaient leur nom. Ils étaient censés le plonger
dans la mer, et dès le moment de leur consécration jusqu'à leur
mort, il était et il devint de plus en plus rigoureusement interdit
de le prononcer (2). Ce n'est pas le fait d'une seconde naissance,
puisque le nom reparaît après la mort, par exemple dans les inscrip-
tions (3) ; mais c'est bien l'indice qu'on cesse d'appartenir à la
société civile ordinaire.
N'est-ce pas ainsi qu'en entrant dans certains ordres religieux on
prend un nom nouveau? On pourrait penser que ce ne fut à l'ori-
gine qu'un usage de convenance, comme dans un régiment le colonel
est le colonel, et non M. In Tel; mais la disparition du nom dans
la mer indique bien un sens mystique.
Le hiérophante, qui était en quelque sorte le grand prêtre d'Eleusis,
était toujours de la famille des Eumolpides. Son nom indique qu'il
était chargé de faire voir les choses saintes qu'il était donné aux
mystes de voir. Il prononçait aussi les paroles qui accompagnaient
les représentations, et l'ancêtre Eumolpe, « à la voix harmonieuse »,
indiquait déjà par son nom cette prérogative qui supposait certaines
qualités de la voix. Magistrat en même temps que prêtre, c'est-à-dire
unissant la juridiction au caractère sacerdotal, il avait la surveillance
des fonctions sacrées et prononçait en certains cas d'après le droit non
écrit, d'accord avec les autres membres des familles sacerdotales.
Le hiérophante était certainement nommé à vie. Anciennement
il n'était point obligé à la continence, du moins perpétuelle, car une
abstinence de quelques jours faisait partie de plusieurs rites grecs et
doit avoir été observée à Eleusis (4). La dédicace d'une statue élevée
par sa femme à un hiérophante en charge prouve le mariage, du moins
jusqu'au 1" siècle av. J.-C. (5). Mais un texte de Pausanias suppose
que le hiérophante ne pouvait pas prendre femme (6). D'après
Hippolyte, dont nous retrouverons le texte, sa chasteté était assurée
(1) Oa peut dire autant des dadouques, mais seulement, semble-t-il, moins complète-
ment et plus tardivement.
(3> Inscription citée par M. Foucard, p. 173 : OuvojjLa 6' ôaTi; lyw V-^ ôi?eo, Osafioç âxsî'^ù
M-^aTiy.ô; w/^t' aywv si; àXa Tropj-jpsr^v. A)./, 'oTotv si; [^axâptov Ë/.Ôw xad (iôpaipiov r.jxap,
(6) Pals, ii, 14, Par opposition aux mystères de Celées qui différaient en cela d'Eleusis
que le hiérophante n'était pas à vie, /.aijiCàvwv, ?;•; âOé/,15, xaî yv/aîxa.
t. ar l'emploi de la ciguë qui eu faisait
chirurgicale
ailleurs
Il est
que répète saint Jérôme (2) qui fait allusion
(1). C'est ce
à son impuissance 3), et Julien ('/n le compare en cela au
prêtre d'Attis l'archi galle.
donc très probable que
MÉLANGES.
le
un eunuque sans opération
(1) Philos. V, 1.
(2) Adv. Jov. I, 49 : Uierop hantas qunquc Alhcniensium usque hodlc cicutae sorbi-
4ione castrari. et postqt/am in pontificatum fuerint allecti, viros esse desinere.
(3) Epist. cvxui ad Agerucli. i905j : Hierophanta apiid Athoias erircit virum, et
aeterna debilitate fît casius.
(4) Or. V, 173 C : Outw ôè xai r.xçià. 'A6r|Va(oi; ol tûv àppv",Twv «TiToaEvoc Travaysiç zlni. zocl ô
'5) C'est ce qui paraît de droit à Servius à la lin du iv° s. ap. J.-C. Il note sur Enéide
M. 661 sacerdotes casti dum vila manebat
accipiebant, : nam hi qui sacra maxima
renuntiabant omnibus rébus, nec ultra in his nisi numimim cura remanebat. Herbis
etiam quibusdam einasculabantur. C'est l'exception rarissime qui devient la règle,
(6) FOI'CAKT, l. l., p. 211 s.
2. — Les initiés.
(2) Démétriiis voulait dès son arrivée eJ6ù; fi.jïi9r,vai -/.ai t/jv T£ÀeTr,v ârcadav à.Tzh xà>y [xi/.otôv I
â-/ptTwv ÈTionTixwv Ttapa/agiïv. To-jto 3è où 9£[A'.Tbv ^v oùoà yeyovôî upÔTspov, à)./.à Ta ;j.ix(ià
TO^ 'AvôscTTripiwvo; ètïaoîjvx-o, Ta Sa }j.îyilac. toû BoïjSpoiiiwvo;- è-côute-jov Sa ToO>,â-/iaTov àiio (
(3) Pals, i, 19, C Atagâcri oz tôv EiAKTUÔv /wp-ov "Aypat 7.a/oj[J.-vov /al vaô; 'Aypoiip»'
:
ÈCTlV 'ApTÉjJL'.So;.
4 i'ALlN. I, 14, 1-
MELANGES. 179
ne contient pas assez d'eau pour qu'on puisse s'y baigner tout entier,
mais il était aisé de disposer des bassins où cependant l'eau fût cou-
rante, et peut-être se contentait-on d'aspersions.
Mais si les Barbares avaient assez d'un bain pour se purifier, les
Grecs avaient recours à des lustrations plus puissantes. Clément d'A-
lexandrie le dit précisément à propos des petits mystères (3).
Nous ne savons comment s'opéraient les sup- ces y.aôapj'.a; on peut
poser conformes à ce qui se passait dans d'autres cas.
tout sur la façon dont les mystes devaient se comporter et sur les dis-
positions où ils devaient être. On les mettait au courant de la distri-
(1) Schol. AristOI'II. Plut. 845 . zaz: xà ixiy.pà (oa-îç 7Tpo/.â6apat; y.al 77p&âyve-j'7'.; tcôv
(2) Poi.\ \EN, Stratar/. v, 17 : tov T/tat^ôv, o\, tov -/.a6aptjLV/ te/o-jO'. toT; È/.iTTOTt tv^c-r,-
ptotç.
(3) Cl-EM. Sfrotn. v, il (|j. 373 Stiihlin) : ojy. àTîîiy.ÔTto; âpa xal twv (i-juTYipi'tuv twv tzolç,'
"E/.).ricriv àpyô'. jj.îv ~ol y.aOâjiff'.a, xx8à~îp y.ai toïç Bapélâpoi; -zo Àovtoôv. {i£Tà xaôra o' ia~i ta.
|xi-/cpà (i,-ji7Tr,p'.a ôioacry.a/.îa; T'.vj. vTrô^îciv l/_ovi^ y.al npo— apxaxE-jyj; twv (leÀ/.ôvxwv.
(4) Gorgias. 497 C : îOoaii;.ojv zl, J) Kx) '/.'./.'> z'.c,, oz; t» [x^yi/a y.S'X-jrtix:, Tzp'vi -rà ayLix^i.
iyta 6' ojy. o>(iY(V 9î|a'.7ov ilva:.
(5) Voir le passade cité ci-tlessus. et cf. Slrom. i, l (p. 11 Stûhlin], ou Clément dis-
tingue la connaissance ordinaire et l' ÏTro-tix-r, bziay.x, il y a ixj'7-:r,r,'.7. xà tî^ô \j.j<m\piu)y.
Et d'abord, dans sa pensée, les mystères d'Agra sont une des hontes
(2) xwi, 14 Acarnanas duo iuvenes per Initiorum dies non initial
TiTE-LivE, L., :
'emplum Cereris imprudentes religionis causa ciim cetera turba ingressi sunt. Facile
cos sermo prodidit absurde quaedain percunctanles, deductique ad antisiites tenipli,
</uum palam esset per errorem ingressos, tanquam ob infundum scelus interfecti
sunt.
(3) SoiiOL. Aristoph. Plutus, 1014.
(4) 'Aypa xat "Aypai -/wpvov noo r^; ttôXew; iv <!> -à. (xizpà [i-jffxiQpta iTriTî),£ÎTa'. [i.î(Ar,[ia
TÛ)v Ttept TÔv Aiôvjaov. Dans ce texte [xiixoiia signifie une représentation de faits relatifs à
Dionysos.
(5) L. L, p. 196 noie 4.
MELANGES. 181
nus était celle des mystères d'Halimous (5). Il n'y a aucune raison de
distinguer dans le texte de Clément aussi regardons-nous comme :
(1) Il n'est pas douteux (ju'il faille lire Aypa-. et non laya-., comme dans Potier et dans
Migne. Peut-être cette fausse lecture a-t-elle détourné l'attention de ce passage important.
(2) Protr. ir, 34 (p. 25 Stdhlin) à/là. ~à ijt,àv ètt'i "Ay^a [xvTtiîpia xal -à Èv 'A/.taoCvT'.
:
TTJç 'Attixï;ç 'A6y;vr|(7i 7tepiwpi(7Taf atTjfoc oè rfir\ xo(7[x,ixôv oî' te àywvs; xal ol qsaA/.o't ol Aiovûffw
s;itTe),ou(iîvoi, xaxôj; £7tiv£v£[xi(î[Ac'vot Le rapprochement entre Agra et Halimous,
tov o;'ov.
(3) A la suite du texte cité : A'.ovuao; yàp xaTc>,6îïv d: "A-.ôoj Y'-y.^\i.v/oç viyvôîi -r,v 6o6v
CTttiTy.veïTai S' aÙTtô spâas'.v <^7t;>, Hpoo-jjjivo; T0ijvo|ia, o-jx à\i.i'j()i- 6 ok (Afrôô; oO xaXôî...
xai Sr, 07ti(T«/v£!Tat Ttaps^ï-.v aOxw, d àvaÇeûçoi... [Jiaôwv oTî^pev J7Tav?,/,6ev a-j6i;' oO xaTa).a(i-
^âvei t'ov Hp6(ïy(tvov (èteOvt^xei yôp)" à5oaio-j[A£vo; Tfô Epaatrj ô Aiôvjffo; èzzl lô uLvr,jji.3Ïov ôpuâ
xa; r^aci-/r-i7.. x/à5ov o-jv rj-jv.y];, w; et-^/eiv. £xt£jxwv àvop^i'o-^ [xopio-j Gy.f^ilzz'xi rpoTtov È3£!^£tai
T£ T(ï) x).âo(o.
(4) Lucien [de^dea sijria, 28}, a propos des deux phallos gigantesques de Hiérapolis, dit
que 5(70t ça).>.où; Atovjdw ÈyEt'pOjTtv, Èv toïci oaÀXoïci xal àvôpa; vj/'-vo-j; xatî^oudiv, ôte-j (xèv
z'.vExa Èyà> ojx ÈpÉM. Ce silence est exigé parce qu'il s'agit d'un mystère. Le scholiaste
complète : oOSe yàp ôffiov... Trjv ahîav ÈpEïv xivaioîtav AiovOto-j xa-cayopEÛtov, itctp' ôffov xat
ô ça/Xô; Toy irsTropVEUXÔTO; Kopûêou Atôvjirov vT:ôjAvrîu.a, ixktOôv toûxov aOtôi Aiôvuuov
ÈxTETixÔTa l£,a£>r,; ty;? u-T.Tpô; (ir;vjTpx. Sur les divers nonis de Prosymnos, cf. Roschf.r,
Lex. v° Prosymnos.
Arnobe, Adv. nationes, v, 28.
(5)
La participation de Dionysos aux petits mystères est confirmée par un vase de
(6)
Crimée cité par M. Pottier addition à l'article Élensinin. dans Saclio, fig. 2630) qui
représente l'initiation d'Héraclès aux mystères d'Agra. Le héros est reçu par les princi-
pales divinités du mythe éleusinien, Déméter, Coré avec sa torche. Près de Déméter un
J82 REVUE BIBLIQUE.
petit dieu, tenant une corne d'abondance, est Ploutos plutôt que lacchos. On voit aussi
Triptolème et Dionysos, puis Aphrodite avec Éros à ses pieds... enfin une figure de femme
assise qui représente probablement les Grâces car selon Thémistius (Or. xx p. 288 éd.
:
Dindorf) « Aphrodite s'y montrait à côté du dadouque, et les Charités prenaient i)art à
;
l'initiation. «
(1) Clément l. l., « wùt'oç cï "Aiôy;; xaî Atôvjiroç, otew (JiaivovTat xa'i ),V|Vaï^o-jotv », oO ô'.à -:•/;/
IxéÔTîv ToC crtofiaTOi;... Tocroyrov ouov ôtà titîv sTroveiôtcî'îov r^; cnaù.^tixç, t£j/Oç)avx:av. Le dernier
mol est sans doute choisi comme une allusion aux mystères d'Agra, dirigés par le hiéro-
phante d'Eleusis.
(2) Hymne en l'honneur de Démétrio.s Poliorcète èvTa-jÔa [yàp Afj{j.-/]Tpa /.al]
: Avi(iriTpiov
àaa Ttapfiy' ô -/.atpô:. yr^ [lÈv Ta (7î(xvà Tf|Ç Kop*;; ji-jcTfjOta êp^E^' •>'0' TioirjO'ï)...
(3) M. Fonçait cite à l'appui Tertullien Apol. 10. Pcllas Altica et Ceres Rharia quae
sine effigie rudi pnlo et informi ligno prostat. Il faut cependant prévenir que les ms^.
dans cet endroit et ad nation, i, 12 lisent Pharia et non Rharia, pure conjecture qui n'est
même pas mentionnée dans l'édition de Vienne pour ad nationes.
(4) D'après M. Loisy
(/. l. p. 199), le cortège arrivé au pont du Céphise " ftait accueilli
par une t)ordée d'injures et de propos obscènes. » Celte opinion empruntée h M. Foucart
a été rétractée par lui, l. l. p. 334.
MÉLANGES. 183
()n en vint môme dans certains mystères à exiger une certaine per-
1) Formule de comédie, mais très approchée dans Aristophane (Ranae, 369 s.) : Toy-roi;
représentés par le dadouque) èv iri xeIetq tôjv [x-j(7Tr,pt(ov oià t6 toOtwv (des Perses) [xTcro;
/.li Toï; a),Xo'.; papgàpoi; sïpyetrôai twv '.£pwv, wcitep toï; àvopo^ovoiç, Ttpoayopî'jO'ja'.v.
3) La formule o'ït'.; y.sïpa; KaOapo; xat çiwvr.v (jjvetô; dans Celse (Orig. c. Cels 149.) et
Tliéon de Smyrne sous la forme négative, eïpY£<T9ai TrpoayopeveTai olov lo'j; y.îïpaç jxô -xaQocoà;
:'•. çwvrjv à^-JvîTov î/ovts; cité par Foucart, l. l. p. 311).
t) Aristophane, dont le chœur des grenouilles représente les mystes d'Eleusis comme
i bien vu le scoliaste, pose comme condition la pureté de l'esprit ou de l'àme : o<7ti;
T:ipo; ToiôivÔE Àôywv, r, voiavi [ir, y.aOapîJét (fta/ia?, 355) qu'il explique moitié sérieuse-
intmt, moitié en plaisantant.
5) PiiiLosTRATF, Vie (l Apolloiiius, IV, 18. D'après Suétone {Nero, 3i), Néron s'exclut
i-mêine : Eteusinis sacris, quorum initiatione impii et scclcrati voce prœconis sum-
iventur, interesse non ausus est. C'était après meurtre de sa mère.
le
(6) Cas cités par Celse (l. l.) ôd-rt; àyvbç àTvô jtavTo; ixiaoo: zat ôrw r^ 'l-^/ji o'jcièv <rûvoi5£
8- Pour Libanius la pureté des mains n'est plus <|u'un échantillon, avec celle de l'àme-,
184 REVLE BIBLIQUE.
initier des esclaves publics afin qu'ils pussent sans profanation tra-
vailler dans l'enceinte sacrée (3). Mais il y avait dans ce cas une
raison grave, et la difficulté de prouver la thèse en dehors de ce cas
n'est-elle pas un indice que normalement les esclaves n'étaient pas
admis?
Quoi qu'il en soit, l'exclusion des Barbares montre dans quelles
limites on doit entendre la religion prétendue universelle qui fut
prêchée à Eleusis. Ce n'est pas là que Paul aurait enqirunté sa
formule il n'y a plus ni grec ni barbare.
:
déjà purifiés par les petits mystères, avaient besoin d'une nouvelle
et plus complète purification. Le bain avait lieu cette fois dans la
il suit les idées qui opposent les mystères au christianisme, mais on reconnaît encore 1 an-
cienne t'onnule dans l'interprétation qu'il en donne [Corinth. or., 356, éd. Foerster. vi, 20) :
oJToi yàp xà t' a/j.7. y.aôapoïç ïlvai toîç [j.OaTat; sv xoivw 7tpoayopï-jO-j(Tiv, oiov ta; -/stfa;, viy
^^yjt'v, Tifjv swvriv 'EXAYiva; elvat.
(1) Dediosthène, Contra Naer. 21-23.
Texte cité à la note 7, page précédente.
(2)
FoucAKT, 1. ?.. p. 274.
(3)
(4) C'est la somme que paya le trésor des deux déesses, trente drachmes pour deux
esclaves publics (DiTTr.Ni5En(;i:r,, Syllor/e, 587, 1. 207] un particulier dépensait nécessaire-
:
(1) I'llt. Phoc. xxvin MÔttYiV ôà Ào-jovra -/otpîScov Èv KavGâpo) >,i[X£vt y.f,-o: (j-jvi\'x?ji. Le
:
Kanlharos un des ports du Pirée, Schol. Akistoph., Fax. 145. M. Foucart exclut les
était
lacs Rheitoi (Lenormant Eleusinia, p. 566) par linscription CIA., iv, i, p. 66, 1, 35, qui
situe pris du Dionysion la porte r, à)ao3 éHsXajvoj'rtv oî [xOTTa.. Ce n'est pas le chemin
d'Eleusis mais de Phalère. On allait au Pirée plus éloigné en cas de nécessité.
(2) M. Foucart n en parle pas, mais cf. dans l'article Eleusinia {Saglio. p. 565), le relief
oii l'initié, tenant le porc, est revêtu de la nebris. et Aknobe, v, 39 Ceres... triticeas :
(6) M. Foucart (p. 31(ij argumente du texte de Pliilostrate [Vie d'Apollonius, iv, 17) qui
place les Épidauria (Xirà -tp6ppr,T:v tî xal Ispsïa Se-jpo. La 7iooppri<7Î; était l'intimation aux
profanes : hpeta o^Cpo doit être le norn du jour suivant qu'on nommait aussi à> aSc aJo-Tat.
186 REVUE BIBLIQUE.
(1) Esciiine, contre Timartjue, 23, expliqué par le scholiasle : E:(7r,o-/£TÔ -rii; 6 Ityô-
!J.£vo; 7îîpiTT:ap/o; ô TTîotxaOai'poov tt,-/ £>ix).7]ffiav ctà yoipo-j èTiîffïa-'ixÉvo-j xal à'/.'/wv tivûv
xal rà •/.aôip'Tia Xaoùv k'ppiîtTîv v.z Tifjv 6à"/.aaffa/. Cf. Démoslh. Contra Conon. 39 tojç :
or,yzi; Toù; èx. tûv -/otpwv, oi; xaOaipovT'.v ôtav elffiÉvxi [liT/Mni T-Aliyo'noa;, OÙ dailleurs oi;
semble se rapporter aux porcs et non aux ôp-/st;.
(2) Plus facilement encore que dans le caà <le la histration de l'assemldée. jiuisqn'on était
au bord de la mer.
(3) Pendant le chdur des initiés qui sont en route pour Eleusis ou qui y sont arrivés.
Xanthias sent une odeur de porc rôti [Ranae, 337 s.). Mais il est d'ailleurs certain qu'on
immolait des porcs a Eleusis, .\ristopliane ne dit pas de quels porcs il est question. .Xan-
thias s'adresse à Coré . ù>z :^ôj ixoiM. Loisy {l. L.
-poaéirvjucri -/oipïtwv y.pîtiv. D'après
p. 200, note 5) u aux stations sur le chemin
l'allusion vise les sacrifices qui se célébraient
d'Athènes à Eleusis »; elle ne prouve donc rien pour le sacrifice antérieur aux Epidauries.
Mais elle peut être plus vague encore le scoliaste a pensé aux Thesmophories. ;
(5) Schol. d'Eschine, l. t., ... o'.à toOtwv tov; à/.aOâpToo: ôaîjxovxç xal TiTrvs'jaaTaTà-oXXfltx'.;
Èv03("Aoyv-a Taî; oiavoi'aiî tûv àvOpwicwv... êXxwv ^rpà; Ta bju.a.-0L xal titT-zrj ino/u>pit,<i>^ tïjç âx-
7.>.-/;r7taç. Les termes ont quelque chose de moderne, mais la penséo est conforme à lan-
( ienne tradition.
MÉLANGES. 18T
juod Liberi patris sacra ad purgationem animœ pertinebant, et sic homines eius
^ysteriis purgabantur, sicut vannis frumenta purgantur.
(3) In Phaedon. c. xiir Lobech, p. 41) iv toîç Usoï; y)yoCvto aàv aï 7;âvôri[j.at xaQapçôtr,
:
fixa ÈTîl Taûrai; aï àTroppr,-ÔTîoa'. '\i.z-7. Ta-jta; ffucràTEi; xal Èitl TX'JTa'.; (X-.ir,(Tî!;. £v té>£i ô'
ÉSOTÎTEÏat.
(5) 'A6r,v. uoXtT. 56 : TtoiATtwv Èit'.txî/st-a'. l'archonte éponyrne, car cela ne regarde pas
le hiérophante) t^; te Xfô ' Any.l-fiTziôt v'.vvojjLîvr,; OTav oiy.o-^çw'H \tû(7-:x'..
(2) C'est à quoi M. Foucart réduit les géphyrisraes (paroles de ponl), qui n'avaient
rien de ralo-xpo/oyca riluelle des Thesnaophoiies, d'après Hésychius, V Teçupiç.
(3) Cf. les textes qui vont être cités. Aristophane et le ]>éaa de Delphes.
MÉLANGES. 189
viens vers les groupes sacrés conduire les chœurs sur cette prairie,
agitant autour de ta tête la couronne verdoyante et riche en fruits
du mvrte... Debout, agite dans tes mains les torches ardentes lac-
chos, ô lacchos astre lumineux de la cérémonie nocturne. La prairie
est embrasée... lacchos, toi qu'on honore, qui découvres les rythmes
les plus doux de la fête, accompagne-moi ici auprès de la déesse
et montre que tu n'es pas fatigué d'une longue course. lacchos qui
aimes les chœurs, sois mon compagnon et mon guide (4). »
Ainsi durant ce jour et durant la nuit, tout retentissait du nom
de lacchos. Mais il n'avait pas de temple à Eleusis, et il fallait
qu'on s'occupât de lui donner
l'hospitalité avant qu'il retournât à
Athènes i5i. Qu'était lacchos? J'aurais préféré ne pas aborder cette
question difficile, mais on ne saurait l'éviter car elle commande
une autre question très grave, celle de la part de Dionysos dans les
mystères d'Eleusis (6).
Car, au iv" et au v' siècle, lacchos était certainement identifié à
Bacchos-Dionysos. Les textes de Sophocle et d'Euripide 7) ne laissent
dit soulevé par trente mille hommes. Théocyde qui connaissait les
mvstères crut reconnaître dans la voix qui retentissait au même temps
le iacchos mystique (5), et expliqua à Démarate que ce prodige an-
(1) Ft'Faxyoç.
(3) EuRip. Tr. 1229: fr. 589 [iSaiick). Cf. là/.y.a, sorte de danse à Sicyone. (.\thén. ij78 a)
et iay./o; porc. en Sicile (Athén., 98).
(4 vin, 65.
f5) y.xl ol î.aîv£TOa'. Tr,v owvtiV elvai tov [jl-j(ït'.zov
•.'ay.-/ov que M. Loisy (7. !.. p. 2u2)
traduit « le cri du mystique lacchos ». C'est une transposition comme celle de Plutarque
(Phoc. 28 i
/i/ov ?jÏ -/xt awvr^v... m: àvOptôirwv ô[/.oO TTO/Xtôv tov ;j.v;o-Tty.èv içayôvTiov ''.%y:/yi.
MÉI.ANGES. 191
et ils peuvent, et les autres (irecs aussi, se faire initier, et ils poussent
alors le iaccho^ ^1), semblable à la voix que tu entends ».
Il n'y a pas d'ailleurs de difficulté à rattacher Ix-A-^zq à la racine
([ui a donne ix'/r,. « cri ». et c'était l'opinion des anciens (2). Mais alors
il faudra dire avec M, Gruppe (3) que la nymphe océanide layr, qui
figure dans l'hymne homérique (i), est déjà une personnification des
cris qu'on poussait dans les mystères. Transformé en un jeune dieu,
ce iacclios aurait assez naturellement suivi Déméter à Athènes (5).
S'il n'est pas demeuré à Eleusis, le personnage d'un s'il y a fait
étranger, c'est qu'il y avait été supplanté par Triptolème. On com-
prend d'ailleurs assez aisément que les Athéniens le voyant auprès
de Déméter 1 aient pris pour une forme atténuée de Dionysos qui
était, d'après Pindare (6), le rAztlzz: de la déesse. Très naturellement
aussi on en fit le fils de Déméter — quelquefois même son époux —
et, plus souvent peut-être, le fils de Perséphone.
On ne le confondit jamais tout à fait avec le Dionysos thébain (7).
Une très bonno manière de l'unir à ce dieu tout en le distinguant
de lui. c'était d'en faire son fds. C'est ce qu'on trouve dans Nonnos (8),
dont le texte est intéressant parce qu'il distingue en même temps
lacchos de Zagreus, et les mystères aussi bien que les personnes.
Mais quoi cju'il en soit des origines dont nous ne prétendons pas
avoir dissipé l'obscurité, un fait est clair, c'est que la présence de
Dionysos aux mystères n'est relevée que dans son hypostase de lac-
chos. Incontestablement on parle de Dionysos à Eleusis, mais ce
en (lisant 7. qu'au temps- des guerres médiques lacchos n'avait pas encore de
l., p. llu)
personnalité. Sopliocle avait, dit-on, quinze ans le jour de la bataille de Salaniine.
(2) Etym. M. 46'i : r.xoà Tr,v la-^r;v Tr,v £v raï; /ooEvat; ';:-/o[).i-/r,'/ ivj-in-i -r^v por,v
yivîTai ïa/o; Y.od TT/.îOvaTiJ.w coij x Xxy.yo:.
(3) Griech. Mijth., p. 50 note 12.
f4) V. 419.
(5) Pais., i, 2. i. Près de l'entrée d'Athènes en venant du Pirée vaôç ia-A \ri\xrr.aoz :
àyâ^aaTa oà a*jTr, te za'i f, Tiaî; /.al oàoa i/wv "lax-xo:. lacchos tenant une torche, c'est
tout ce «luon sait de ses représentations figurées: rien ne marque mieux son rôle. Il y
avait même dans cette région un 'lax./sïov Put. Arist. 27: Alciphron, ep., m, 59).
(6) Islhm., VII, 5.
(7) Akr. Anab, n, 16, 3 : xa'ià-îo xal 'A6/;vaïoi A'.ovjffov tôv Atb; xal KôpTi; aéoo-^ni'.,
a).),ov To'jTO'/ Aiôvyijov" xx'i o 'Iax/_o; 6 (X'jffT'.xôç toOtw toi AtovCcrw, oO^î T(o t)rioat(V), ÈTràÔETat.
(8) \L\iii, 962 ss. Les nymphes de Marathon élèvent la torche nocturne de l'Attique
temps que le fils de Perséphone (Zagreus et le fils de Sémélé (le Dionysos thébain); elles
organisèrent des sacrifices à ranli(iue Lyéos et à Dionysos plus récent, et composèrent
un hymne nouveau pour lacchos venu le troisième : xal Tsmal; Tp'.crTriTiv èga/yî-jOriuav
'AOr;va'. xal "/.ovjv ô'i/'.riXzTtov àvîxpoOTa'/To TzrA'.-y.: Zayoéa x'JoaîvovT-; ôfaa l>po[x{cp xal
'lâ/-/M.
192 REVUE BIBLIQUE.
(1) D'après Pauly-Wissowa, v, 10i3 : [NuJCTiyJas; oà -/''p' ti/Awv Siépija; Èvôsot; \aw ola\-
Tf.01? Ijjlo/.e; [j-u/oùç [ 'E).£]uaïvo; àv'[àv8£(jia)]8îtç. E-Joï m 'légxxy/ w 'I[£TCai]âv [k'fjvoç £v6'j
arrav 'E»,âôo; [y]aç à[(jLo' ÈjvvaÉxat; [(pî).iov] c7r[(57c]Tatr ôpyt'wv ôff[!'wv 'Jo(]/.)jov [^x.Àîîet ff]£"
étaient assis, que pouvaient-ils voir avec ces colonnes qui barraient la
A^ue de toute part? Peut-être y avait-il un second étage, où une scène
eût pu être disposée. Plutarque (1 parle bien de ce second étage,
mais il y place des colonnes. Et si ces colonnes ne formaient qu'un
portique, la salle d'en haut n'ayant pas de toit, si c'était la salle du
spectacle, pourquoi les gradins de la crypte .'
Deux choses cependant
sont certaines. La salle d'en bas ne comportait pas de crypte d'où l'on
eût pu faire surgir des personnages, comme d'une trappe ; ce point
est établi par les fouilles. D'autre part le texte de Plutarque qui
vient d'être cité indique, sûrement pour la, patrie supérieure, une
sorte de chapelle avec un lanterneau qui permettait d'éclairer les
objets placés dans cette chapelle. On peut songer à ces chapelles de
la Vierge où une ouverture placée au-dessus de la statue permet de
la mettre en pleine lumière. Cet anactoron (2) était probablement
élevé au-dessus des spectateurs.
Cette disposition des lieux «uggère la façon dont on procédait
pour montrer certains objets sacrés. Ils apparaissaient dans la lu-
mière, montrés par le hiérophante qui apparaissait avec eux (3). «
Mystes », dit la base de la statue d'un hiérophante, « vous me voyez
maintenant en plein jour, moi que vous avez vu paraître sortant de
lanactoron, dans les nuits lumineuses ».
Et c'était précisément l'ouverture de lanactoron qui répandait la
lumière dans la salle (4).
Ce point assuré nous pouvons conclure que la salle d'en haut n'était
pas sur le même dessin que celle d'en bas, car en bas il eût été im-
possible de voir de tous les gradins une chapelle ouverte. Le premier
étage était donc plutôt une salle de spectacle, la scène étant placée
un peu au-dessous de Lanactoron, quoique au-dessus des spectateurs.
Dans cette disposition on s'explique très bien comment un descendant
de Démétrius de Phalère osa faire placer un siège pour sa maîtresse
près de Lanactoron (5 .
ïTt' £oâçû-j; "/.lova; è6r,-/.ïv oûtoç v.oli toïç ÈKiax-jAioi; iné^v^lv^' àTioOav^vTO; 6è toOto-j MeTaysvTiç
ô "Exinirioç to Stdiî^wjia xal toùç avto y.tovaç êTrÉ<rTVi(7£' rb S' oraïov (le lanterneau] èiti toO
àvaxTÔpou Sevox)?); ô Xo/.apyEÙ; ixopyipwore. L'ancien télestérion détruit par les Perses était
plus petit, mais avait les mêmes dispositions.
(2) On le nommait aussi
lAÉyapov ou [xàyapov, or un (lEyapov est -JTrepwov oty.ri[xa {Suidas).
""Q (AUffxai, t6t£ ja' eïôet' àvaxxdpo-j èv. Trpoçavévra vj^iv ê^ àpYevvaï;, vjv ôè fteÔTjiiiptov.
(3)
Inscription citée par M. Foucart, l. l., p. 408.
(4) Plut., De prof, in virt., 10 : ô S' èvièc vevoixevoç xat [XEya su; ISwv, olov àvaxTÔpwv
ovotyo(ic'vu>v.
(5) Fragm. hist. grœc. iv, 415 : 'E>.eu(7tv; -re (fj(iTrip:cùv ovttdv, I6y)x£v aùr^ Ôpôvov Trapà xô
âvâxTopov.
MELANGES. l9.-i
La salle d'en bas était donc une crypte, destinée à demeurei* obs-
cure — la décoration intérieure n"a jamais été achevée — et plus
6. — Les représentations.
(1) Protr. II, 12 : Ar,à) 6à /.al Kopr) opàjia rfiri ÈYSvéaÔYiv (i-jaTixôv, /.xi Tr)/ 7tA(ivr,v xai rr.v
âpuavrjv xal tô T.v/boç, 'Els-jd'ic ôaoo-j-/£t. Clément ne s'est pas assujetti à l'ordre des
faits.
Métamorph. vi Per ego te frugiferam tua7n dexteram istam deprecor, per laeti-
(2) :
ficas messium caerimonias, per tacita sécréta cistarum et per famulorum tuorum
draconum pinnata curricula, et glebae siculae sutcamina, et currum rapaccm et
terrain tenacem, et illuminarum Proserpinae nuptiarum demeacula, et luminosarum
jitiae inrentionum remeacula, et caetera quae silentio tegit Eleusinis Atticae sacra-
rium.
,3) Paneg. 28. Arifirîtpo;... Trpô; toùç npoyôvob; r;|jLûv êùiJievwç oiaTsôsioïiç ix xwv eùepYeatwv
a; oC/ o'covt' a>,),oiç r^ toî: [isyL-^rjfiÉvoi; àxoûeiv.
190 KEVUE BIBLIQUE.
de boire, Baubo 'y.vy.-;-i'iXi-^yx -y. a-.oofa -/.y), i-tssty.vjsi r?î OstT)" r^ zï -ép-
Tze-ai -Y] '6'iiei r, A-/;w... r,'0£^ja tw Oîijj.aTi. tajT i'jii -y v.pùoiy. twv \()r-
r.yXz 5 r,£v lav.yiç ("/^if- "^ l-'-i'^ pir.-aG'/.t) "^itM^t Baucciç Jrb v.'S/-.z\z' r, z
kr^û CUV b/br^'ji {b)f)ty.. y.tizr,G vn 0'j;j.(o, zi:y.~z o aîiXcv xy^'cc. ivw -/uy.ï/ov
£V£y.£tTC.
(1) D'après Hésjch. pajoo) signifiexoi),ia. Dans Hérondas (<I>t).i(xîovc7ai (vi) 19], xo/.xivov
(5) Èv6r|(7£ correction de Hermann pour [iziôr^fji, répétition intolérable. J'ai ajouté la pa-
renthèse, d'après Diels; elle est nécessaire pour le sens.
(G) Adv. naliones, v, 25, éd. de Vienne.
MÉLANGES. VM
al que hystriculi (1) pusionis » puis viennent les vers cVOrphée (2) :
sic effata simiil vestem contra.rit ah imo obiecit que ocidis formatas
inguinibus res : Qiias cava succutiens Baubo manu — nam puerilis
ollis vultus erat — plaudit, contrectat amice. tiim dea... etc.
Depuis longtemps on cherchait dans les monuments figurés le
secret de l'énigme. Plusieurs types ont été proposés, et il n'y a au-
cune raison d'écarter celui qu'indique M, Foucart, d'une femme se
retroussant, reproduit dans de nombreuses statuettes de l'époque pto-
lémaique, qu'on peut voir au 3Iusée du Caire.
y avait beaucoup plus dans le texte, et le geste pour obscène
Mais il
qu'il fût, n'était pas aussi expressif que les textes. Durant les fouilles
de Priène, on a découvert dans le temple de Déméter et Coré de
petites statuettes, hautes tout au plus de 0,15 centimètres, dont la
description est assez scabreuse (3). Tous les types sont au plus tard
du iv" s. av. J.-C. On a l'impression d'une tête placée sur des jambes,
mais semble plutôt que, dans l'intention des fabricants, c'est le ven-
il
tre qui est modelé en tête. Quelques-uns ajoutent que la draperie re-
troussée forme la chevelure (i), mais ce point ne parait pas clair.
Il serait décisif pour l'attribution de ces statuettes à Baubo 5 Mais .
1) Ms. slriculi.
[2] V, 26.
(3) Figures 149-154 dans la publication allemande : Priene, Ergebnisse der Ausgra-
hungen und Untersucfiungen in den laltren 1895-1898. Berlin 1904. Les éditeurs con-
cluent à des objets employés dans le culte mystique de Déméter, du type de Baubo.
(4) S. Reinach, Cultes, mytlies et religions, iv, p. 116. s.
(5) Reconnue par M. Hermann Diels dans Poetarum philosophoriim fragmenta, p. 116.
(6) Bronzes grecs d'Egypte (1911), p. 32.
(8) On voit que M. Perdrizet, et avec raison, garde ici "laxyo; comme nom propre. D'a-
près M. Diels, suivi par M. S. Reinach [Rev. Arch. 1917, ii, y. 166) Ux-/o; est pour y.oîpo;
pudendtim muliebre, un porc (en Sicile) se dit ïax/o;. Mais il ne s'ensuit pas que {av./o;
ait eu le double sens de yoïpo;. Arnolie aura négligé le nom propre.
198 REVUE BIBLIQUE.
premiers siècles se sont fort scandalisés de cette histoire, dont ils ont
fait un reproche sanerlant au paganisme, oubliant qu'il en est d'aussi
que celle du rire rituel, qu'elle n'exclut pas. La Maternité est une
chose auguste ; c'était là cependant une singulière manière de l'ho-
norer. Et, dans cette hypothèse, le culte, qui n'aurait été d'abord
que maladroit et grossier, aurait évolué dans le sens de l'obscénité
pure et simple. Car il est douteux que les spectateurs d'Eleusis, si
émus qu'ils aient été d'impressions religieuses, aient répondu à l'exhi-
bition de Baubô, autrement que la déesse, c'est-à-dire par un brutal
éclat de rire (4).
qui semble résulter dun texte de Plutarque qui nous a été conservé
par Stobée. Le voici, d'après la traduction de M. Foucart : « L'àme,
au moment de la mort, éprouve la même impression que -ceux qui
sont initiés aux Grands Mystères. Le mot et la chose se ressemblent;
on dit tea£ut5v et TSAsTorOa'.. Ce sont dabord des courses au hasard,
de pénibles détours, des marches inquiétantes et sans terme à travers
les ténèbres. Puis,' avant la fin, la frayeur est au comble: le frisson,
le tremblement, la sueur froide, l'épouvante. Mais ensuite une lumière
merveilleuse s'otfre aux yeux, on passe dans des lieux purs et des
prairies où retentissent les voix et les danses: des paroles sacrées,
des apparitions divines inspirent un secret religieux. Alors l'homme,
dès lore parfait et initié, devenu libre et se promenant sans contrainte,
célèbre les Mystères, une couronne sur la tète; il vit avec les hommes
purs et saints; il voit sur la terre la foule de ceux qui ne sont pas
initiés et purifiés s'écraser et se presser dans le bourbier et les ténè-
la muse du poète comique : zal uo/./.à [xàv ys/.oiâ a' îIttsïv, Tîo/./.à oà TJiouôàia, /.%'. tt; ttj;
âopTr,; àccw; TîaiTX/Ta x.xl T/û'iav-jc vixr,cxvTa taivioOcÔat {Rauae, 389-393 >.
bres et, par crainte de la mort, sattarder dans les maux, faute de
croire au bonheur de là-bas
» 1). M, Loisy pense que cette course
/.y). Ar,:^ y.y.'. Kipr, st', -.xj-r^^t \t.vt II/.ijtojv àp-iiTeiE, \•^^zl oï p-iYî'/';
ZeJç. Mais cette autorité est suspecte (5), car elle distingue comme
deux parties dan^ les mystères, l'une attribuée à Coré et l'autre à
Déméter, alors qu ils étaient communs aux deux déesses, Déméter
ayant le rôle principal même dans le rapt de Coré. La dualité que
suppose le scholiaste dérange toute l'économie attestée par les autres
auteurs. Et il est assez étrange que M. Foucart en fasse tant de cas,
en même temps qu'il récuse un autre scoliaste parfaitement d'accord
avec saint Grégoire de Nazianze, sous prétexte qu'ils dépendent de
l'orphisme. Mais l'orphisme étant ici l'écho de l'ancienne tradition
(1) Stob , Flor., t. IV, p. 107, éd. Meineke, dans Foucart, p. 393.
(2) Loc. L, p. 205, note 4.
(3) Op. L, p. 475 ss. et déjà dans les Recherches su?- lorigine et la nature des mys-
tères d'Eleusis, 1895, p. 48.
(4) Schol. ad Gorgiam, p. 497 c.
(5) An même endroit le scoliaste attribue à Eleusis la formule des initiés d'Attis. Il a
pu lire le mariage de Déméter avec Zeus dans Clément d'Alexandrie [Protr. II, 15 .
M. Loisy [l. L, p. 217) semble admettre une évolution de la tradition, le « conjoint dans
le mariage sacré ayant été originairement Céléos plutôt que Zeus ».
MÉLAiNGES. 201
nous qu'une Coré est enlevée et qu'une Déméter est errante, et qu'elle
met en scène des Céléos et des Triptolème et des serpents, et qu'elle
fait certaines choses et en souffre d'autres; car je rougis de produire
à la lumière l'initiation nocturne et de donner à une chose honteuse
le nom de mystère. Eleusis sait tout cela et ceux qui contemplent ces
choses qu'on tient sous silence, et avec raison (1). » Personne ne nie
que l'enlèvement de Coré et les courses de Déméter aient fait partie
du drame mystique? Pourquoi pas les rapports de Céléos et de Trip-
tolème avec Déméter.
Ces rapports sont caractérisés par le scholiaste d'Aristide. Déméter
s'est unie à Céléos, père de Triptolème, qui lui avaient fait connaître
le ravisseur, et leur avait donné en récompense le froment (-2 1. Le
scoliaste ne dit pas quand eut lieu l'union, mais il indique cjue ce fut
avant la révélation des céréales, et la récompense spéciale accordée
à Céléos, tandis que le froment était ordinairement lié au nom de
Triptolème. L'hymne orphique parle de l'union de Déméter avec
le fils de Dipsaulès, qui lui avait révélé le secret des noces de sa fdle.
Le fruit de l'union est Euboulos (3).
(1) Or. XXXIX : 0-j6î Kôpr) tic r,|ji?/ âoTtâ^E-ra-. zal Ar,[xriTr(p Tt/.avâTat zal KsXsoû; tivoc; è::-
EtTàyîi -/al Tpt7tTo),î'[j,o-j; zai opizovra; -/ai xà aàv Ttotït, xà. oï Kinyj.^...
(2) Schol. Aristid. p. 22 : 'E).6o-JO-a Sa îi: t/jv 'AT-i-cr,v -/.al napà Keaeo-j xai Tpt7tTo>i|J.o-./ tÔv
r,pxa7tr,y.ÔTa (iaôoùaa, (xi(76ôv a-JTot? àTroôiôwiri tt,; [XYivjaeo); tôv ffïtov, TTpwxov à6£'7|xw;
o-jyYEvOfjLsvr, Ke/.ew ~ij(> TpiTCto/.î'fxou itaxpt.
(3) Ilymn. orph., 41, v. 5-9 : Ihpcrîfôvî'.av, "Ha6î; t' v.; "A6r,v Ttpô; àyav^v âyvbv Traïoa
Avo-aûXow ôSrjyvjTYÏpa Xay.oÙTX, ar,vvTrip' àyûov )iKTptov -//Jovio-j Ato: âyvoO, E'joo'jàov rslao-a
6sov 6vr)Tri; ûtc' àvâyxr,;.
202 REVUE BIBLIQUE.
évêque d'Amasia, qui écrivait vers l'an 400 (1), n'était point du tout
un ennemi de la philosophie morale des païens; mais c'est préci-
sément au nom de la morale qu'il attaque le culte de Déméter et
(1) 11 fait allusion de .Julien [P. G.. XL, ;<08) comme à un fait de son
;i l'apostasie
temps, 6 xa0' mais aussi à la disgrâce d'Eutrope (399 a|>. J.-C.,i; cf. Bre.tz,
vifià; piô;,
Sludien und Texte zu Aste7-ios vo7i Amasea, Leipzig, 1914. M. Bretz admet sans hésiter
lauthenticité de rèyKiôtiiov el; toù; âyîoy; [ii^Tj^oiz.
(2) P. G. t. XL, p. 324 « Oùx ix.îî tô xx-raSâo-tov -rà (7>toTîtv6v, xai al at\i\al toj
:
iîpoçâvTou Tupo; Tr,v lî'petav o-JvT-j/iai, jiovoy irpb? (Ji,6vr,v; Oùy^ al ).aji.uàÔ£û dêévvjVTai, xal
6 TToXùç xal àvapt'ÔiJLriTo; Syi|xo; rr,-/ (jWTYip;'av a'jTwv etvai voftiÇoyî-i tx èv tw ny.ôxi^ uapà rôiv
&-J0 7tpaTT6[Aîva ;
(3) Ad nationes,. ii, 7 : .Vo?! creditis poetis, cum de reîationibus eorum etiam sacra
f/uaedam disposueritis Y Cur rapitur sacerdos Cereris, si non laie Ceres passa est?
(4) On peut imaginer un lieu en contre-bas de la scène du premier étage, élevée elle-
même au-dessus du niveau de la salle.
ÔK 'AtTt;, Bùyfj\>yi(HLé\>oç 5e otà /.tovesou xal Tràaav à7Tï5pTK7[ji£vo": rr|V (rapxtXTiv yévEffiv.
vjXToç £v 'EXeudïvt ùnô ttoa/.w TTUpî zi).ù>\ là (icY<i).a xal âppïiTa [i-yatripia |îoà xal xî'xpaxï
/.î'ywv 'I=pôv Èrey.î Tzôt-nx xo-jpov (îpifjKi) Ppi(i6v, toutIo-tiv layyçiài tTXtJpôv. Le texte de Migne
conjecture Ttap7)Tï){i.Evo: au lieu de à7rripTi<j[iévo; (leçon des manuscrits), et c est la leçon
que suivent Foucart, Loisy, etc. (Reitzknstein, Poimandres, 93, à7nripxy)[xî'vo;). Mais c'est
remplacer par un truisme une remarque qui peut très bien s'entendre comme nous le
faisons dans le texte. Peut-être un médecin distinguerait-il entre impuissaace et infé-
condité.
MELANGES. 20:{
(7) Phil. V. 8, avant le passage cité plus haut : 'A6y;vaïo'. [x-joOvtî; 'EXc'jitvia, xal ètcioîix-
vjvtî; toï; èrtOTiTEÛovfft to iiiyx xat 6a'jtxa(7Tbv xxl Te),£tÔTaTov ètcoiîtixôv ixst (A-j(rcinpiov èv
partout. Claudien (2/ a noté ce trait, qui figure souvent sur les vases
peints. M. Foucart (3i conclut de cette publicité qu'il n'était pas repré-
senté dans les mystères. Mais autant vaudrait en exclure le rapt de
Perséphone. 11 faut toujours en revenir à la distinction des choses
que tout le monde savait et de celles qui devaient demeurer secrètes.
Le sens de l'épi de blé est demeuré secret lii.
(1) Suite du texte cité à la note précédente : 'O ôà nz%-/y, ojtô: iTf. /.%: Tia.ç.3. 'A'jr.vaîoi:
ô Tvapà Toù à-/aoay.-:rip{aTOj zoin-riÇi lùtioi [xifT-t. puis -/.rbinir, aC'h: ô Σpo;âv:r,: •/.. •:.'/).
(2) Je cite tout le passage qui montre l'empressement de la foule à entrer dans le téles-
terion brillamment éclairé. Enlèventent de Proserpine, i, 4 ss. :
divinitas, tota suspiria cpoptarum (dans .Migne tôt siparia portarum]. toium siyna-
:
culuni linguae simuîacrum membri virilis revelatur Adv. Valent. I, éd. de Vienne^.
D'autres ont dû penser à la renaissance dont le blé est le symbole. Cicéron {De leg. II, 63)
dit qu'anciennement en .\ttique on enterrait les morts, après quoi, frugibus obserebalur,
ut sinus et gremium quasi mati-is mortuo tribueretur, solum autem frugibus expiatum
MÉLANGES. 203
T. — Le symbole de l'initiation.
(2) Procl. in Tim. 293 c : èv toî; 'E/.îjTtvio'.: Upsû î'-î {lÈv tôv où|;avôv àï;oS),£'i/xvTe; èooôiv.
'Jî, y.o.-%o'fvlia.'i~ti ck îi; Tr.v yr.v" x-jî.
(5) 49'j, 6 ; cV :^ (r.uipa, ôvo -)r,[i07_oa; 7;/,Y)çâ)5a-/T£;, Tr.v [ikv npo; àvxTO> à; tr.v oè rpo; ô-jCT'.v
pris dans la boite et. après usage, j'ai déposé dans la corbeille, puis
de la corbeille dans la boite (2). »
(1) C'est ce qui semble résulter du texte d' Arnobe cité plus bas.
(2) 'Evr,(TT£-jaa, Ittiov tôv x-jxôwva, e/.aêov Èx xiff-rj?, èpyaffdfjievo; à.'iitHi\yf\^ eî; xot/.aOov xai
Èx xa>ô6ou Eiç xiff-rr.v [Protr. II, 21). Lobeck cYYej(j(i|j.£vo;.
Il n'y a aucun doute sur le but des mystères. Il était déjà indiqué
et en gage de sa bienveillance. Les rites ne deviennent pas pour cela de purs signes; ils
restent les moyens sacramentels de l'union mystique à Déméter. » On ne sait sur quoi
sappuient ces nuances et ce processus évolutif. Vu temps de Julien l'Apostat, on croyait
très fermement à l'efâcaclté des rites.
al; rOyotiv [ijr)6£vT£r. Ce ]Nh).âv6'.o;, historien alexandrin, avait écrit un llspl tûv èv
'EAe«<7ïvi fiuoTYiptoûv. Date incertaine (cf. Sisemihl, 1, p. 622}, mais avant le u' s. avant J.-C.
(4) Il excepte les mystères d'Eleusis de la suppression des rites nocturnes, De leg. n, 14 :
208 REVUE BIBLIQUE.
d'avis que les initiés n'ont pas à apprendre quelque chose, mais à
éprouver des impressions auxquelles ils sont préparés (i). » Et en
effet dans l'acte de l'initié qui nous a paru plus semblable à une red-
monde.
Alhenae hiae tum mitlta eximia ridentnr peperisse, tum nihil melius illis mysteriis,
quibus ex agresti iminanique vila exculti ad humanilatem et mitigati su)mis,...
neque solum cum laetitia vivendi rationem accepimus sed etiatn cum spe metiore
moriendi.
(1) Dupiis, L'origine de lotcs les cultes, t. IV. 369 : « La nature de l'àme humaine, son
origine, sa destination, ses rapports avec toute la nature, tout cela fut l'objet des leçons
que l'on donnait à l'initié. >>
(2) Sylvestre de Sacy, cité par Lobeck (p. 8) résumant l'opinion de Creuzer : « M. Creuzer
pense ([u'après avoir mis sous les yeux des initiés les représentations symboliques de la
cosmogonie et de l'origine des choses... l'on confiait aux époptes les vérités de l'existence
d'un dieu unique et éternel et de la destination de l'univers et de l'homme en particulier. »
(4) S^^ES., Dion. p. 48 k. 'ApicTOTE/Ti; àjioï xoù; T£T£À£arj.£vovi; oO [iaôsîv xi oîîv à'/.'/.à uaôeîv
-/.al 6iaT£6r;vai yîvoiJiEvoyç ôrjXovÔTi £7iiTï]ôetoj;. C'est bien la pensée de Dion Chrys. Or. XII,
33. Les spectacles étaient si beaux, si variés,que l'initié devait naturellement concevoir
une grande idée de leur sens, même sans aucune explication àpà ye tèv avopa tojtov [xtjôèv
:
(5) Cicéron (De natur semble dire qu'il ne resterait rien des mystères
deor. i, 42)
d'Eleusis si l'on adoptait l'opinion de Prodicos de Céos qui, d'après Sextus Empiricus
[Adv. math, ix, 18), assimilait Déméter au pain.
MÉLANGES. 209
Si bien que celui qui aurait vu en songe les mystères, sans entendre
les paroles, pourrait révéler ce qu'il avait vu sans être coupable
de sacrilège. C'est du moins ce qui semble ressortir d'un texte de
Sopatros (i).
Il est tout naturel de concevoir ces paroles comme donnant plus
de clarté au spectacle, en désignant les images, en prêtant une
voix aux personnages du drame sacré. Ce qu'on admirait surtout,
c'était la beauté des formules, si bien adaptées aux actes et qui exci-
taient l'admiration : c'était à qui ferait le plus d'impression, d'après
être instruit et armé des paroles qui devaient mettre en fuite les
monstres et triompher de tous les périls du chemin. Si les mystères
d'Éleu:>is sont apparentés par l'origine à ceux d'Egypte, nont-ils pas
été, eux une instruction secrète qui permettait aux mystes de
aussi,
sortir des enfers? La conséquence serait autorisée, mais le point
d'appui est précaire. C'est encore en dehors de la Grèce propre que
M. Foucart en a cherché un autre, dans les inscriptions dérouvertes
à Pétilia et à Thurii dans la Grande-Grèce 2. et à Éloutherna en
Crète (3).
Mais était-ce parce qu'il avait appris les mots de }>asse du chemin?
Le contexte indique seulement que c'était grâce à la protection de
(Ij Arist. Eleusin. \k 256 : xivi ô'à/.Àu) X''>?'W' ^, [XÛOtov 6a-^|i.aaTÔTîoat ç-r.jxai if -.(X/riÔTîdav r,
Tx ûpa)[ji£va [j.eî'Cm v'ry k'xTr>T,$iv îcye^J: ?, (J.à).)/jv eî; £ç;à[ii"A>ov xatsa-Tr) taTç àxoat; Ta ôpwîxâva.
(2) Elles sont environ du iv s. av. J.-C, dans les Inscript, gr. : Siciliae et Ilaliae, G38 ,
(l).To-J; TzgÇil 'Hpxy.Xî'a tî xai Aiôvjffo/ zaTtôvra; ôî; "A'.ôou npoTc'pov lôyo; âvOioe (H/r-
6f|Va:, zxi -rô Ôdiptro; tt,; èzcToï Tîopîîa; Tiapà tt,; 'E'/.vjafiioc^ ivoLÛrjxtj'Jx: (dans les Spuria de
Plalon, éd. Did., t. Il, p. 562).
(2) Ran. 137 ss. On trouve un grand lac, puis le bourbier des coupables, puis les bos-
quets de myrte des initiés, près de la porte de Pluton.
(3) Phédon, lvii : vijv 6' k'oi/.s ayîcrei; tî xai tteoioôo-j; jto/.Àà; àyc;v"à7:o rôiv ôciu)^/ tî y.x:
sèque des cérémonies. M. Loisy lui aussi insiste beaucoup sur la foi
des initiés. On voyait peu de choses, mais la foi suppléait à tout.
L'hypothèse de M. Foucart est écartée « La faveur des Déesses
:
(2) L. L, p. 220.
(3) Loc. L, p. 224.
(4) Op. laud., p. 493.
MELANGES. 213
Et cela est dit assez clairement par saint Astérios, évêque d'Amasia,
contemporain de l'empereur Julien. Nous avons déjà vu son texte.
Rappelons les derniers mots « Les flambeaux ne sont-ils pas éteints
:
(1) Texte très intéressant, parce (|u'il oppose les théologiens, qui s'en tiennent à la tradi-
tion, et les philosophes qui font du zèle pour rendre les rites vénérables (P. C. LXXXIII,
993).
(2) Dict. de Saglio, t. II, p. 577.
MÉLANGES. 215
quième (V).
Cependant il en coûtait sans doute au père de la mystique grecque
de condamner les mystères dont les spectacles lui paraissaient une
image imparfaite, il est vrai, mais une image, de la vision des
idées (5). Il imagina donc une sorte de conciliation. Avec une légère
ironie, à peine voilée, Platon fait dire aux initiateurs que l'enseigne-
ment bien compris des mystères ramène à la philosophie. D'après
ces sages " il y en a beaucoup qui portent la férule, mais peu sont
:
21 REVUE lUBLIQUE.
sonne ne se fait initier, mais bien des brigands et des pirates, des
groupes de femmes dissolues et de mauvaise conduite, qui donnent
de l'argent aux initiateurs et aux hiérophantes (7). » Le dernier trait
est excessif. 11 nous éclaire sur l'opinion du monde juif, dont les
Apôtres sans doute faisaient partie.
On se demande en vain ce que saint Paul aurait demandé aux mys-
tères. L'aspiration vers le salut éternel? Mais où était-elle plus ardente
qu'au sein du judaïsme? Le judaïsme lui fournissait, à l'encontre des
mystères, la justification obtenue par les œuvres de la Loi. Il n'en
voulut pas. Est-ce donc parce qu'il préférait le salut obtenu par faveur
à la façon des mystères? Mais sa théorie du salut déborde de tous
côtés les éléments matériels qu'ils pouvaient contenir. Le salut vient
de la foi, en même temps que du baptême, parce que la foi et le
vertu. Les initiés ont seulement un rang d'honneur. Dans les Œuvres de Platon, éd.Didot,
t. II, p. 372 C et D.
(4) C'est ce que dit Diodore (v, 48) des mystères de Samothrace.
(5) Ant. Rom. II, 19.
Jérusalem.
Fr. M.-.l. La (.RANGE.
III
Mais où trouver dans les écrits de saint Irénée un texte, un seul, qui
autorise cette affirmation? L'unique endroit où Irénée parle de pres-
bytres d'Asie, dune manière explicite, est ce passage très connu
dans lequel donne à Notre-Seigneur entre quarante et cinquante
il
d'Asie dans quatre passages du cinquième livre y4f/^^ Haei\ f 1), oùsaini
Irénée rapporte, encore sur le témoignage de presbytres « disciples
ont vécu entre les années 70-150 et qui ont pu converser avec les
apôtres ou leurs disciples immédiats » 1). A plus forte raison, on
ne devrait plus dire, comme un le fait couramment (2i, qu'Irénée
avait été l'auditeur d'autres disciples des apôtres que Polycarpe. Le
saint docteur lyonnais avait assez d'attaches avec les temps apos-
toliques sans qu'on lui en prête de nouvelles.
ment de ce qui lui était venu par l'intermédiaire des disciples des
presbytres. C'est faire trop d'honneur à l'évêque d'Hiérapolis, bien
qu'Eusèbe n'ait pas prouvé qu'Irénée avait tort de l'appeler « l'audi-
teur » de l'apôtre .lean. L'autre manière d'entendre ce texte, encore —
qu'elle ne soit pas la plus simple, me parait être la seule légi- —
time. Les presbytres de Papias sont des disciples des apôtres. Dom
Chapman a également bien traité cette dernière question, dans son
livre sur le presbytre Jean, un livre consacré exclusivement à l'exé-
gèse du prologue de Papias et dont les arguments me paraissent
irréfutables (5).
W. s. Rkillv, s. s.
(1) Op. L, p. 37.
(2) Albert Dufourq. Saint Irénée-, dans « les Saints », p. 57, et tant d'autres.
[5] John the Presbyter and the fourth 6'o.çpe/, Oxford, Clarendon Press, 1911; cf. /{./?.,
TV
Dans son excellente Etude sur les Versions coptes de la Bible [Revue
Biblique, 1896-7 M. Hyvernat a traité les questions suivantes
, :
1" nombre des versions coptes; 2*" ce qui subsiste de ces versions;
(1) Nous n'avons pu consulter les publications suivantes : H. Mlnier, Catalogne Gmé-
rai du Musée du Caire, "S"' 9201-9304, Manuscrits Coptes, Le Caire, 1916, qui contient
25 textes bibliques, appartenant pour la plupart au Psautier et au Nouveau Testament;
Studi Religiosi (1906) qui contient Luc vu, 22-26 édité ])ar Pistelli; G. Maspero, /iïMdes
Égyptiennes, I, Paris, 1883. Cette dernière publication contient quelques textes de l'An-
Nouveau Testament dont nous avons emprunté la liste à A. Ciasca, Sacrorum
cien et du
Bibliorum fragmenta copto-sahidica Musei Borgiani, vol. I, pp. 8-10.
MELANGES. 221
'V indique que le verset 3 est incomplet dans ses deux parties. « et b;
PREMIER GROUPE
TEXTES SAHIDIQUES
/. Ancien Testament.
MELANGES. 22:^
Le Caire, 1913.
p. 187),
Munier 2=: H. Munier, Catalogue Général du Musée du Caire, n°^ 9201-
9-304, Manuscrits Coptes, Le Caire, 191 G.
Mûn. = F. MiiNTER, Spécimen versionum Danielis copticarum
nonum eius caput memphitice et sahidice exhibens,
Rome, 178G.
MÉLANGES. 227
Londres, 1913.
Tuki := Raph.\el Tiki, Budimenta linguae coptae sive aegyptia-
cae ad usum collegii urbani de Propaganda Fide,
Bome. 1778.
Wess. 1,2,3,4=:^ Carl Wessely. Griecliisclie imd Koptisclie Texte theo-
logischen Inhalts, I, II, III, IV (Studien zur Palaeo-
graphie und Papyruskunde IX, XI. XII, XV), Leipzig,
1909, 1911, 1912, 191V.
Wess. 5 = Cari. Wessely, Sahidisch-griechische Psalmenfragmente
(Sitzungsbericlîte dcr kaiser). Akademie der Wissen-
schaften in Wien: philosophisch-historische Klasse,
vol. 155, I), Vienne, 1907.
Win. 1 := K.O.NVinstedt, Sahidic Biblical Fragments in the Bodleian
Library Proceedings of the Society of Biblical Ar-
chaeology, XXV, pp. 317-325: XXVI, pp. 215-221;
XXVII, pp. 57-64), Londres, 1903-1905.
Win. 2 = E. 0. Wixstedt, Some unpublished sahidic fragments of
the Old Testament (The Journal of Theological Studies,
X), Oxford, 1909.
Wor. = W. H. WoRRELL, The Coptic Psalter in the Freer Collec-
tion (Lniversity of Mchigan Studies, Humanistic
Séries, vol. X; The Coptic Manuscripts in the Freer
Collection, part I), New York, 1916.
Zoega = G. Zoega, Catalogus Codicum Copticorum manu scriptorum
qui in Museo Borgiano Velitris adservantur, Bome,
1810.
MELANGES. 229
GENESE
230
mL^NGES. 231
EXODE
A il)
Collection Bortiia
xvi, 1-3
XVII, 1-7
XIX. 1-lla
Z. 4 XXVI, 24b-, 25-36a*
_ Z. 32 XXIX, l-9a
B
Bibliothèque Nationale^ Paris
(I; Ces textes, excepté Wli, i" et xix, lll', ont été édités par Aiiiélineau (op. cit., Vil),
sans indication des Mss.
232 REVUE BIBLIQUE.
XX-XXIV
XXXI, 12- XXXIV, 32b*
C
A utiles collections
Berl. Ml frag. 813r. xv, llb% 12a\ 13*, 14b*, 15*, (Stern 1)
16*, 17*, 19'
LÉVITIQUE
A (1)
Collection Borgia
X, l-7a*
X, 8b*, 9-xiii, 39a'
XIV, 8a*, 8b-29b*
XV, 25b*, 26- XIX, 16a'
XIX, 34a*, 34b-xx, 16a* »
xxiii, 5-12 »
B
Bibliothèque Nationale, Paris
(1) Kditéa aussi par Amélineau (op. cit., Vlll) sans indication des Mss.
MELANGES. 233
Autres collections
Berl. BI or. in-f. 1605 II, 3a*, 3b-8b*. 9a*. 9b -11, 12', (Lemm 3i
f. 2 = Z. 5 13a-. 13b-16b*
m, r, 2a', 2b-5b*
BMC 953 XIX, 4-5,6', 7* (Sch. 3)
BN (?) XXI. 17b-, 18-21b*. 22-24 (fini (Am. li
NOMBRES
A (1)
Collection Borgia
(fini
(1) Édités aussi par Amélinéau (op. ril.. vin . e\ce|)lo X\I. ti'. (i'-it. sans imlicalion des Mss
234 REVUE BIBLIQUE.
B
Bibliothèque Xationale, Paris
.35a-
30 (fin)
C
Antres collections
V, lab*
vil, 12a*, 12b-37b*
BMC 7 - : Z. 8 {!) V, 8b*, 9-24b* (Sch. 2)
SER 13
236 REVUE BIBLIQUE.
BN 130-^ fol. 137 = Z. 4 XXI, T)*, G*, 7a*, 7b-9b*, 10-12b*, (Lemm 3)
13b% 14*, 15a-
XXVII, 1
21a*b (fin;
MELAÎNGES. 23:
xxiii-xxvi. 10b*
XXVIII, (1-6)', (9-12)*, 14a*, 14b-
20b*, 21ab*, 22a*, 22b-
28, 29-, 30-36a-, 36b-
45a*, 45b-57a*, 57b-59a*,
59b-63a-, 63b-68b*
XXIX, la*, lb-7b*,8a*,8b-14, 15*,
16*, 17a*, 17b-21, 22*,
23a*, 23b-28a*, 28b, 29*
XXX, 1*, 2-5b*, 6, 7*, 8*, 9a',
9b-14, 15*, 16a*, 16b-
19a-, 19b-20b*
XXXI. la*, Ib-2a*, 2b-6b*, T
8a*b, 9*, 10a*, 12*, 13*,
14% 16b*, 17-19a*, 19b,
20*, 21a*, 21b-24b*, 25-
SER 27d = Z. 32
238 REVUE BIBLIQUE.
JOSUE
A
Collection Borgia{\)
Z. 99 CA V, 10-l-2a (Ci. I)
xvi-xviii, Ib"
Z. Vi XXIV. 31a*b, 29, 30A, 32. 33,
33A, 33Ba
B
Bibliothèque Nationale, Paris
BN I, 1-7 (Masp. 1)
xx-xxi. la*
BN 129'fol. 100:r=Z. U xxi, 27-40a- »
C
Autres collections : Brilixh Muséum
(1) Édité aussi par Ainélineau (op. cit., vmj, à l'exception de xv-xvi, sans indication des Mss.
MÉLANGES. 23î>
Vienne. Saint-Pelersf)ou?^{/
JUGES
A
(loUectio)i Borgia (1)
B
Bibliothèque Nationale, Paris
XIV (complet)
xv, la, lb*,2a*.2b-9b*. 10-llb*.
12-14a-
G
Autres collections : British Muséum
(fin)
VIII, l-10b-.20-27a*
IX. 9a'. 9b-57 (fin)
vl) Édite aussi par Amélineau (op. cit., vin) sans indication des Mss.
2t0 REVUE BIBLIQUE.
RITH
A
CoUeclion Ihtrgia (1)
B
Bibliothèque Xalionale. Paris
C
Autres collections: : Brilish Muséum, etc.
(fin du livre)
SER III, 14b*, 15-I6a, ISa', 18b-iv, (Krall)
la*
T. Texts 1 IV, 5b*, 6*, 7', 8a'. 9a*l), 10* (Crum 5)
1 ROIS
A
Collecliou Boniid
xvui, 6-14
XIX, l-5a*
(I) Édile aussi par Amélineau op. cit., \\\\ sans indicalion des Mss.
MELANGES. 241
vii-xi, lia*
XI, 23a% 23b-27 fin)
xii-xv, 2a*
XVIII, l-12a*
xxi, 14a*, I4b-21
XXII, l-Ua*
B
Bibliothèque Nalionale, Paris
C
Autres collections
III ROIS
A
Collection Bari/ia
H
Bibliothèque Nationale, Pans
3X. 20b-21
X, 1-Oa
>^>^i- "ïb*, 8-15
BN 129' fol. 119
128-131 ^^"' 'a*, 7lD-8a*, 8b-12a*, 12b-
BN 129' ff".
C
Autres collections
IV ROIS
B (1)
N H, l-8:i (Masp. 1)
C
Autres collections
[A suivre
A. \a>chalde.
R.'0 63
détail
de l'mscripîion
en mossiaue
FrdgmeJil de
coionneUe J 6àse
hexagonal».
-- 0,00 *
meires.
suppose, avec assez de raison, avoir été une église. A l'est, la tranchée
creusée dans le roc pour recevoir les fondations, ainsi que l'extension
de la mosaïque blanche encore visible ne permettent pas de conclure
à l'existence d'une abside semi-circulaire (fîg. 1). On s'est arrêté à
l'hypothèse d'une exèdre rectangulaire, hypothèse que justifie à la
rigueur le plan de plusieurs chapelles byzantines de la Syrie. Ce
bèma à angles droits se trouvait exhaussé de 0'",36 au-dessus du niveau
général. En avant s'étendait la plate-forme de la solea dont le sol,
actuellement à sept centimètres plus bas que celui du bêma, devait
rtre primitivement recouvert de dalles en marbre. Du chœur ainsi
constitué on descendait dans la nef centrale par un degré de 0'",15
de hauteur. Au sud, c'était un gradin de O"",!?, recouvert de mo-
saïques blanches, qui donnait accès à la nef latérale. La répartition
en trois nefs est rendue en effet plausible par la présence de trois
bases appartenant à la colonnade du sud (1\ Aussi bien la nef méri-
dionale est-elle à peu près la seule portion de l'édifice qui puisse être
restaurée avec certitude. Une porte la terminait à l'occident, tandis
qu'à son extrémité orientale la pioche des fouilleurs a mis à découvert
une base de roc, de 0'",T5 de côté, taillée régulièrement, que l'on
regarde comme le vestige du pied d'un autel. Une lacune laissée
entre la mosaïque et cette base pour l'insertion d'un placage por-
terait à croire que le socle de l'autel était revêtu de marbre. Sa
position est celle de la table sainte du diaconicon. On serait tenté de
le mettre en relation avec les deux tombeaux A et B situés l'un à l'est,
l'autre à l'ouest de la base rocheuse en question. Mais, semble-t-il,
lintention de l'architecte a été d'utiliser une saillie du roc qui séparait
les deux installations funéraires fig. 2). Celle de l'est (A), exiguë, mal
taillée, avait jusqu au déblaiement son entrée masquée par la maçon-
taille s'y trouve construit afin de consolider le roc sur lequel reposait
une colonne de Ce tombeau a son entrée dans l'une des
l'église.
annexes dont les fouilles ont révélé les traces au sud de l'édifice prin-
cipal. Cette première annexe (C) qui jouait probablement le rôle de
în £ l r e 5
concision, nous laisse au moins supposer que l'éghse était dédiée aux
célèbres martyrs égyptiens Cyr et Jean, dont nous possédons un éloge
prononcé par Sophrone. patriarche de- .Térusalem 3 Le fragment .
F. .M. Abel. ô. p.
IL — l'églisk dk getbsémam.
(1) Voir le schéma topograpbique de Jérusalem nouvelle, p. 335, fig. 147 iv.
CHRONIQUE. 249
GETHSEMAN
bien trouver ici l'hommage de notre vive gratitude. Tandis que les
travaux se poursuivent, prématuré de spéculer sur les infor-
il serait
mations complémentaires qui en résultent. Le but modeste de la pré-
sente note est seulement d'enregistrer quelques détails nouveaux
qui auront leur intérêt pour la connaissance plus approfondie du
vénérable sanctuaire. •
<{ue l'extrémité du
vieux sépulcre a été
coupée par les fon- Coupe,
dations de l'abside
du xii" siècle. Tn blo-
cage compact a été
substitué à la cloison
rocheuse dont la ré-
F. H. VlNCKNT. 0. P.
RECENSIONS »)
Die Entstehung der neuen Testaments und die -wichtigsten Folgen der
neuen Schopfung, von AdoH" vou Harnack, 8° de vni-152 pp. Leipzig, Hinrichs,
1914.
C'est le mérite de M. Harnack d'avoir renouvelé le sujet, d'en avoir fait un traité
vivant, parce qu'il est animé de la vie de l'Eglise. L'Écriture et la Tradition se dis-
putant pour ainsi dire et se partageant l'influence, c'est l'évolution de l'Église primi-
tive, son acheminement vers ce qu'elle n'a pas cessé d'être. Peu de textes, seule-
ment ceux qui représentent les courants d'un mouvement si fécond en conséquences.
Avant tout les discussions de principes, et plutôt que d'insister sur des débats vides
d'idées, une fois les idées mises en lumière, un coup d'œil sur les conséquences
qu'elles renfermaient et qui devaient se développer logiquement.
Cette manière, qu'on reconnaît déjà dans la discussion fort vive qui mit aux prises
Zahn et Harnack, domine le petit livre dans lequel le professeur de Berlin exprime
sans doute ses résultats définitifs. A juger par certains traits, c'est toujours le libéral
qui combat encore le conservateur d'Erlangen. IMais nous sommes habitués à trouver
de tout dans M. Harnack, l'excellent et le pire. Une étude très minutieuse ne serait
pas de trop pour faire le départ. Si seulement nous pouvions dissiper l'équivoque qui
gâte tout !
Hâtons-nous de dire que mot de Canon est évité, et avec raison, puisqu'il n'a
îe
son sens propre quau De plus le nombre précis des écrits enfermés dans
iv^ siècle.
le Nouveau Testament importe peu, puisque l'enquête de M. Harnack s'arrête au seuil
(1) Le plus grand nombre des ouvrages indiqués dans les recensions et le builetin ont été
envoyés à Jérusalem en 1»14. L'Iioniiêteté exige qu'on en parle, même avec un retard c'était :
la guerre
.'
256 REVUE BIBLIQUE.
nack prétend qu'il n'y a pas entre eux une divergence d'un siècle, comme on le dit.
mais seulement de quelques années. Il est tout prêt à concéder qu'on lisait de bonne
heure dans les Églises les quatre évangiles et les treize épîtres pauliniennes, mais
cela ne suffit pas. La lecture publique dans le service divin des communautés n'est
pas une preuve que le Nouveau Testament avait la dignité de l'Ancien : or tout est
là. C'est vers l'an 170 au plus tôt que l'Église a eu conscience de posséder un Nou-
veau Testament, collection d'écrits inspirés comme ceux de l'Ancien.
Et c'est là ou une équivoque, ou bien une contradiction intime dans le
que git
système de Harnack. Veut-il dire que c'est seulement après 170 qu'apparaît le nom
de iNouveau Testament: qu'alors seulement les rouleaux, groupés dans une même
boîte, ont été regardés comme Faisant pendant à l'Ancien Testament qu'on a précisé ;
alors le principe qui permettait d'éliminer quelques ouvrages, plus ou moins admis
dans la lecture publique: que vers ce temps. l'Église romaine — et c'est ici la partie la
rien là qui puisse étonner un catholique. Tandis que M. Loisy 1 intitulait son (
Mais ce n'est pas seulement cela que soutient M. Harnack. Il a des propositions
qui auraient donné à Luther plus que de la nausée : « Paul avec ses épîtres aurait
été en l'air, du strict point de vue traditionnel, » sans les Actes des Apôtres (p. 37).
C'est grâce à ce livre qu'il fut enfin installé dans le concept d'Apôtre, après quoi
ce n'était plus qu'une question de temps d'élever ses écrits à la hauteur d'écrits
ecclésiastiques (p. 42;. Quel papiste aurait osé écrire rien d'aussi monstrueux? Et
c'est bien la pensée du moderne professeur évangélique qu'avec la création par
l'Église, et vraisemblablement par l'Eglise romaine, du Nouveau Testament, il a passé
désormais pour écriture inspirée, une écriture, fille de l'Eglise, qui. pour un peu
aurait voulu aussitôt remplacer sa mère (p. 77;. Elle n'aurait guère réussi, si ce n'est
à la diète de \\ omis !
Et de quel droit, dans cette crise fameuse, Luther pouvait-il opposer la Parole de
Dieu à l'autorité de l'Eglise, si le Nouveau Testament, si S. Paul, n'avait été élevé
que tardivement à la hauteur de livre ecclésiastique? Mais nous ne sommes point
disposés à presser contre le protestantisme luthérien cette exagération du rôle de la
tradition dans l'Eglise, cette confusion du concept de la canonicité avec celui de
l'inspiration, et nous trouvons dans Harnack tout ce qu'il nous faut pour rétablir le
juste équilibre.
N'insistons pas, puisque la question est posée autrement, sur le concept d'inspira-
tion, ni sur celui d'Écriture, ni sur la façon dont est cité le N. T. On conçoit très
bien que le temps ait été nécessaire pour établir un nouveau Corpus en face de ce
Corpus qu'était l'A. T. Demandons-nous simplement, avec M, Harnack, quand l'Eglise
Fan tôO le pont nécessaire entre l'Évangile et les Épîtres pauliniennes. Pourtant
c'est l'évidence même que la doctrine de Paul a prévalu dans toute l'Église, que la
controverse de principe entre Paul et les Judéo-chrétiens était terminée avant sa
mort, et, comme il triomphe fut dû à l'Épilre aux Galates
n'a pas prêché partout, ce
et à l'Epître aux Piomains. Les premiers chrétiens, surtout ceux qui venaient du
paganisme, avaient conscience d'appartenir à une religion nouvelle. Ils ont été con-
firmés par les épitres de Paul. Apparemment ces lettres qui déclaraient ahrogée l'an-
cienne alliance avaient au moins l'autorité des écrits de cette ancienne alliance.
Dans ses lettres Paul se donnait comme Apôtre, et on l'a tenu pour Apôtre. Or
c'est un des mérites de M. Harnack d'avoir reconnu pleine authenticité à la forma-
tion des disciples par Jésus. Une critique sceptique, dit-il. s'est permis de rejeter
comme une projection des faits ultérieurs tout ce qui pourrait s'expliquer de la
sorte. Elle a tort. Les Douze ont donc été choisis par Jésus, le texte de Luc 22, 29 s.
(p. 32 . — Mais nous ignorons tant de choses! I^es apôtres formés par Jésus sont
les héritiers de sa pensée, et le célèbre texte de Clément romain (i, 42) en fait aussi
les héritiers de son pouvoir. Comment n'aurait-on pas attribué à leurs écrits une
autorité égale à celle de l'A. T.? — Surtout lorsqu'ils reproduisaient les paroles du
Seigneur, du chef, du Sauveur, du Maître des fidèles ! Cela est dit en termes excel-
lents par Harnack. On disait : les Ecritures et le Seigneur, aî ypasal /.al ô y.jy.o;,
écritures », w? /.al ta; Xo'.-à; que la II-' Pétri est de l'an 170? Nos
YP*'-?*-:- Serait-ce
auteurs ont certes cité ce texte important, mais ils avouent qu'il ne tranche pas la
question du nombre des lettres paulines, et c'est toujours sous cet angle que le Canon
est étudié. Mais M. Harnack se demande seulement quand le N. T. a été constitué
en principe (ideell), comme ayant une dignité égale à l'A. T. Nous disons que c'est
aussitôt que les chrétiens se sont avisés qu'ils étaient chrétiens, c'est-à-dire quand
ils ont demandé aux apôtres de leur dire, de vive voix ou par écrit, ce qu'il fallait
penser de l'ancienne loi elle-même.
(^
Nous pouvons maintenant analyser le Uvre de M. Harnack. Il se compose delà
réponse à cinq questions, et de l'exposé de onze résultats sur la du
constitution
N. T. Le tout est d'une clarté parfaite, ingénieux, suggestif.
Première question : Comment est-on arrivé à une seconde collection autorisée à
côté de l'A. T.? Car on pouvait être tenté de se contenter de ce dernier, ou de
l'enrichir, ou même de le rejeter.
C'est à cause de l'autorité souveraine des paroles de Jésus, parce qu'on voulait
connaître les actions du Christ, réalisant les prophéties, et de pins une nouvelle
alliancene devait-elle pas être écrite? —
Ce sont là, en effet, des raisons plausibles,
mais on regrette de ne pas rencontrer la raison décisive c'est que des écrits ont :
paru, en partie pour répondre aux désirs indiqués, en partie à cause d'autres cir-
constances, telles que les prétentions des judaïsants. Ces écrits se sont présentés
avec une autorité qui était, pour les premiers cliréticns, régulatrice. — C'est ce qui
rend inutile la question subsidiaire de M. Harnack : Puisqu'on devait aboutir à ce
N. T.. pourquoi pas tout de suite? La réponse de H., c'est que l'A. T. suffisait,
avec l'Église. C'est seulement au milieu du ii<= siècle tju'on a éprouvé le besoin d'op-
poser aux hérésies une barrière, une règle écrite. On pouvait le faire, car on avait
l'autorité pour cela. En effet ip. 1.5 : « tout cercle de chrétiens qui était rassemblé
au nom de Jésus-Christ et qui donnait une instruction ou prenait une décision
savait qu'il avait pour guide et assistance la force de notre Seigneur Jésus » (I Cor.
5, 4). La preuve est dans les formules : a Le Saint-Esprit et nous avons décidé »
(A.ct. 15, 28), ou « ce que nous avons dit. Dieu l'a dit par nous » (I Clem. ad Cor.
59), ou '< nous vous avons parlé ou écrit dans l'Esprit-Saint (I Clem. ad Cor. 63^;. »
Il faudrait seulement ajouter que dans ces textes il ne s'agit pas de l'autorité de
tout cercle de chrétiens, mais des chefs de la communauté, spécialement dans la
lettre de Clément qui met dans un jour si net la succession apostolique. Non,
l'Église primitive n'est pas l'Église des soviets. Mais ce n'est pas la question. Notons
bien plutôt cette position très juste : au deuxième siècle, on ne décide pas au sens
propre de trancher une question nouvelle : on constate (p. 18). On ne se croyait
donc nullement le pouvoir de donner le caractère sacré à des ouvrages qui en eussent
été dépourvus. On croyait donc posséder déjà des écrits de la nouvelle alliance au
moins égaux à ceux de l'ancienne. C'est ce que M. Zahn a cru pouvoir prouver par
saint Justin, et de fait Justin a parlé de « nos écrits » [Apol. r, 28). Mais il ne dit
moyen de le faire une douzaine de fois dans sa lutte contre l'Eglise. M. Harnack —
a ce point particulièrement à cœur. Il y revient (p. 12 et p. 151) comme à un bon
argument, et c'est une étrange aberration. Car enfin Tryphon était juif, et le seul
moyen de le convaincre, c'était de lui montrer que les prophéties de sa Bible avaient
été réalisées dans les faits évangéliques. Lui citer Paul eut été l'inviter à rompre la
conversation.Le N. T. existait-il au moyen âge? On ne s'en douterait pas à lire le
Pugio Fidei de Raymond Martin. Quand Justin dit qu'on lisait dans le service divin
les memorabUia ou les prophéties, il met à tout le moins les évangiles sur le même
rang que les prophéties 'Apol. i, (57). Il n'ajoute pas, ce qui allait de soi, que les
prophéties étaient là, non pas comme faisant partie d'une Loi abrogée comme J'en-
seignait saint Paul, mais comme l'aurore de la lumière de Jésus-Christ.
Il est vrai que la lecture ne conduisait pas par elle-même à l'unité. Marcion y est
arrivé parce que, comme d'autres gnostiques, mais avec des notions plus arrêtées
et plus nettes, il tentait de se faire une arme du N. ï. contre l'Ancien, dont il ne
voulait plus. C'était, d'après H., faire de même, ne fut-ce
suggérer à l'Eglise de
que pour s'opposer à lui, Marcion, auteur d'une collection fixée.
exemple. Mais voici une nouvelle hérésie, qui ne prétend pas non plus attaquer les
écrits dictés par l'Esprit de Jésus. Elle prétend plutôt que le nombre n'en est pas
arrêté, que l'Esprit agit encore, et qu'il n'y a pas de raison pour qu'il n'agisse pas
toujours de la même façon. Cette fois nous sommes au point, et nous savons gré à
M. Harnack d'avoir si bien expliqué comment une église de tradition et d'autorité
ne pouvait s'accommoder de l'excitation montaniste. Il devenait urgent d'intervenir,
non pour posséder un corps d'écritures sacrées, mais pour préserver celles qu'on
possédait des intrusions étrangères. M. Ilarnack nous dit que la formation du N. T.
aboutit à ne conserver qu'un résidu. C'est fort exagéré; mais comment ne voit-il
pas que cette opération n'ajoute rien à l'autorité des Écritures du N. T., si ce n'est
de les placer plus clairement dans un rang à part et inaccessible? Cette distinction
faite, pourquoi ne pas dire avec M. Harnack que la détermination d'une clôture est
Tertiillien lui-même Spiritum quidem dei etiam fidèles habent, sed non omnes
:
fidelex apostoli... proprie enim apos(x)li spiritum sanclum habent, qui plene habent
in opcribus prophetiae... non ex parte, qiiod ceteri (De exhort. 4. cité p. 26, note).
Le principe de la clôture a dû exister aussitôt qu'on a mis une différence entre les
écrits qui avaient une garantie apostolique el les autres. L'accord substantiel des
églises sur les livres du Canon prouve que ce fut de très bonne heure.
L'insistance de Paul à poser ensemble l'autorité de ses révélations et son titre
d'apôtre est une indication très claire dans ce sens.
Venons enfin à la deuxième question de M. Harnack : Pourquoi d'autres écrits à
côté des Evangiles, et pourquoi le N. T. fût-il partagé en « Évangile » et « Apôtre » ?
C'est ici que l'auteur aborde d'excellents éclaircissements — qui nous sont familiers
— sur l'autorité des Apôtres, formés par le Christ, et garants de son enseignement.
Que l'exemple de Marcion ait contribué à répandre la division du N. ï. en deux
parties, il se peut. Et il se peut aussi que les Pères de l'église catholique, Irénée et
le Tertullien catholique, aient été bien aises de s'appuyer sur les Actes des Apôtres,
que ce livre ait pris alors une grande notoriété. Mais que Paul ait été légitimé par
les Actes! que ce soit l'opinion de saint Irénée! Je ne sais où H. a tenté de le prou-
ver, mais comment cela s'accorderait-il avec le soin d'Irénée de légitimer Luc par
l'autorité des Apôtres, maxime Pauli (m, 14, 1)? — Cette fois encore, la meil-
leure réponse à la question posée, c'est que des écrits d'un ordre spécial existaient
dans l'Eglise, entourés de sa vénération. Les évangiles contenaient les paroles du
Seigneur, mais rapportées par des Apôtres ou par des disciples que l'ancienne église
avait crus aussi dii^nes de foi : les lettres qui émanaient des Apôtres ne pouvaient
avoir moins pour une raison semblable que les Actes
d'autorité. Et c'est sans doute
de Luc, auteur du troisième évangile, furent classés au même rang, avec les Épîtres,
les évangiles gardant un rang à part.
Jude a cité Hénoch, ce n'est tout de même pas comme un livre de la nouvelle
alliance. La seule difficulté est tirée du Muratorianum. De ce
Ainsi des autres.
qu'il exclut énergiquement Hermas, H. conclut qu'Hermas faisait partie du N. T.
ou plutôt de ce qui allait le devenir. C'est trop dire. De plus, dans son texte actuel,
le Muratorianum reçoit l'Apocalypse de Pierre, mais il sait que d'autres ne la reçoi-
vent pas. ]\'entrons pas dans le maquis. Suggérons seulement que si l'Apocalypse
de Pierre avait eu à la fois l'antiquité et l'étiquette apostolique, elle serait difficile-
les aurait pas exclues sans une révolution-, on ne peut prouver qu'on les lisait régu-
lièrement à l'Eglise (p. Gl). — Alors? Alors l'Apocalypse de saint Jean est demeurée
comme apostolique, — et sans doute aussi parce qu'aucune autre n'avait les mêmes
racines dans la tradition. La réaction contre le Montanisme n'a donc pas été aveu-
gle et n'a pas tout emporté.
La cinquième question provoque la réponse la plus originale, peut-être inattendue,
sûrement désagréable mémoire de Luther. Le N. T. est-il une création cons-
à la
ciente, et comment les églises sont-elles arrivées à un même {einheitlig) N. T.? Car
elles y sont arrivées entre 170 et 200. La clôture n'est pas absolue; tel ou tel livre
est encore incertain. Mais le choix est partout le même, la structure est la même
avec les Actes entre les évangiles et les épîtres paulines, les titres des ouvrages sont
les mêmes. Chacun de ces indices a sa valeur; les trois réunis prouvent une inten-
tion, un dessein conçu et exécuté. Mais où? L'Egypte est hors de cause, car son
N. T. était alors plus compréhensif. ses principes moins fermes.
Le mouvement semble partir d'Asie Mineure, où avait éclaté l'hérésie des Monta-
nistes, et, d'Éphèse Smyrne, en passant par Corinthe, il aboutit à Rome. Et
et de
voici qui est précieux : de l'Eglise montre que, sans faire tort à l'auto-
« L'histoire
apostolique de la fin du ii" siècle, règle de foi, groupement d'écrits, succession apos-
d'aller jusque-là. Si l'Église romaine a donné une direction, ce qui est possible, ce
qui est probable, elle n'a sûrement pas rédigé un original exactement conforme au
RECENSIONS. '261
texte du Muratorionum. Car elle n"a pas coutume de se déjuger. Et si elle avait
jugé dans ces termes, tout en ne fermant pas complètement la porte, elle n'aurait
pas abouti au Canon de 408, même sous Tinfluence de saint Athanase et d'Alexan-
drie.
Le Nouveau Testament, ainsi créé par l'Église romaine, d'après un concept simple
et grand, se répandit partout, non sans amener dans la vie de l'Église de graves
conséquences.
Ces résultats forment la seconde partie du livre, et s'étendent jusqu'à la Réforme.
Il a plu à M. Harnack de déployer tout son esprit et ses connaissanoes si variées
dans une sorte d'exposé en onze points où il plaide successivement le pour et le
contre : les avantages et les inconvénients pour une église de posséder une écriture
ayant force de loi. De ce fait, de
l'Eglise a risqué se donner un maître, car « aussi-
tôt que le N. T. fut dans la forme romaine, on le considéra presque comme un
Livre tombé du ciel; l'Esprit-Saint Ta fait et l'a donné à l'Église » (p. 77). — Très
vulgaire équivoque entre les Livres et leur collection. — Subitement l'Église se
trouve transformée : « La substance, le contenu (Inhalt) doctrinal et littéral des
deux Testaments est le contenu de la Religion » (p. 82). — Et pourtant Luther a
tant reproché à l'Église d'avoir mis la Bible sous le boisseau! Nous ne suivrons pas
l'auteur dans cet élégant jeu de bascule :... le N. T. a assuré la conservation des
vingt-sept écrits — mais précipité la disparition d"es autres. Il a coupé court à la
prétention d'écrire des livres inspirés — mais il a développé les études d'exégèse. Il
dignité d'écriture ecclésiastique, le seul chemin pour arriver au niveau de l'A. T.?
Nous ne le lui demandons pas...
Quoi qu'il en soit des réserves que l'on ne manquerait pas de faire, on ne saurait
lire ces dernières pages sans bénir Dieu d'avoir accompli ce miracle d'une Église oii
I. Der Hebraerbrief. erkiàrt von Lie. Dr. Hans Windisch, Privatdozent an der
Universitàt Leipzig, in-8'' de iv, 122 pp. Tùbingen, iMohr, 1913. Dans le Handbuch
I. M. Windisch est peut-être le premier commentateur qui ait scindé en deux son
introduction. En tête ce qui conserve le nom d'introduction : la tradition ecclé-
siastique sur l'épître aux Hébreux (Hebr. -, le titre -oh:; 'ESpoHOj;; le manque d'une
adresse aux destinataires; la disposition de Hebr. En queue, c'est-à-dire après le
teur-, la date: les destinataires; B) la relation de Hebr. avec Paul et la théologie pau-
linlenne; les rapports de Hebr. avec les évangiles : la trame hellénistique. On ne voit
pas très bien pourquoi Tauteur a inauguré cette nouvelle partition. Nous savons tous
que l'Introduction est essentiellement le résultat de l'analyse qu'est le commentaire.
On la compose la dernière et on la place au premier rang pour l'étudiant qui, lui. a
des âmes séduites par le judaïsme ou près de l'être. De même que. dans l'épître aux
Romains (7j, le sujet est la vertu du christianisme, l'abrogation de la Loi ne formant
que l'aspect négatif de la vie nouvelle, ainsi dans l'épître aux Hébreux, la foi et l'es-
pérance se portent vers le Christ, prêtre définitif, hostie ofi'erte pour le salut, et le
culte lévitique n'apparaît que comme l'ombre qui fait ressortir la lumière. Sortons
du crimp ne peut signifier sortons du judaïsme, où les destinataires n'étaient pas,
mais sortons par la pensée et le désir de ce monde périssable. M. Windisch cite un
passage parallèle de Philon {ï)e gig. -34 p. 270) : Ojt'o; xx't M'ojafj: Vzro tt;: t.xz.iil-
ooX^ç xai Toij owaaT'.zou Tiavrôç stoaTO-s'ooj T:JÎ;a: Tr)v Îtjzoù T/.r|VT)v. Cette idée était
familière aux premiers chrétiens : le monde n'était qu'un séjour de passage (Il Cieni. v,
la crainte d'une chute ou d'une rechute dans le Judaïsme, il n'y a pas lieu de croire
que l'épître aux Hébreux ait été écrite à des Judéo-Chrétiens. Elle est dans le cas de
l'épître aux Romains. Elle fait allusion à la catéchèse des gentils (6, 1) et les pas-
sages où l'on voit une allusion à des Juifs de naissance (1. 1; 2, 16 s.-. 7, 17; 9, 15;
13, 12) ne sont pas plus décisifs que ceux qu'on a cités au même elTet dans Rom.
Seulement dans le cas de Hebr. il y a le titre, extérieur à l'ouvrage, mais connu de
Pantène, qui disait l'épître de Paul, comme de Tertullien. qui l'attribuait à Barnabe,
le litre qui figure dans les manuscrits les plus anciens. Il est bien difficile de rejeter
une pareille tradition. On a proposé de l'entendre au sens typique : les Hébreux sont
ceux qui passent en cherchant la patrie (1;, les chrétiens aspirant au ciel. AV. objecte
que c'est un peu cherché, que l'épître devrait faire allusion à ce titre symbolique :
n'est-ce pas le cas de 11. 14 de 13, 13? Si Rom. nomme les chrétiens le véritable
Israël, ne pouvaient-ils aussi être les véritables Hébreux? Quoi qu'il en soit, le doute
qui demeure sur l'origine du titre ne doit point faire négliger le résultat solide ob-
tenu. Il est confirmé par l'impossibilité de supposer qu'une épître telle que Hebr. ait
c'est Jérusalem. Outre qu'une épître écrite en grec y aurait rencontré un public res-
treint, on ne conçoit pas qu'on ait écrit à la communauté de s. Jacques dans ce
style, et enOn — c'est ce qui touche surtout \V ., — en supposant si tranquillement
résolue question des observances légales qui devait, plus qu'ailleurs, y passionner
la
et sans doute n'y en eut-il aucune assez considérable pour qu'on lui écrivît une telle
homélie. L'auteur aurait-il visé une partie seulement d'une communauté, les seuls
Judéo-Chrétiens? mais il eût dû le dire, car cela n'est pas naturel. S'adressait-il à
tous les Judéo-chrétiens dans l'Église? Non, car il a en vue une communauté parti-
culière (5, 11 s.; 6. 10; 10, 32-34: 13, 7-18 S. Tout concourt à éliminer la
23;.
portée qu'on serait tenté de donner an titre pour aiguiller autrement le but que l'au-
teur s'est proposé.
Cet auteur ne serait-il pas saint Paul? ^yindisch allègue 2, 3^ « qui suffirait à
l'exclure ». Et il est certain que l'argument n'est pas sans force, puisqu'il avait déjà
décidé QEcuménius et bien d'autres . « le salut, d'abord annoncé par le Seigneur, a
été confirmé pour nous par ceux qui ont entendu. » L'auteur n'est donc point un
des Douze; et Paul, si soucieux d'appuyer son autorité sur la révélation directe de
Jésus-Christ (Gai. 1. 1 s., Il s.} aurait-il tenu ce langage? Notons cependant que
l'auteur se donne, avec sa génération, comme un auditeur immédiat des Apôtres —
quoi qu'en dise W'., — et notons aussi qu'il parle ici des paroles prononcées par le
Seigneur, paroles décisives : Novissime, diebus istis locutus est nobis in Filio (1, 2),
et qui ne pouvaient avoir été transmises que par des témoins auriculaires. Notons
enfin que dans le texte cité (1, 2), l'auteur dit v,a'v, se range parmi ceux auxquels
le Fils a parlé, ce qui nous permettra de dire que su f,aà: est un terme très général,
dans lequel la personnalité de Paul pouvait être confondue avec celle de ses corres-
(i) SCHiELE. Harnack's ProbabiUa • concerning Ihe address and Ihc author of Ihe ep. to the
«
Hebrews, dans American journal of theology, IX (1905). 2iXl-308; cf. Gen. 14, 13 LXX "Aooaa 6 :
TtEpâTTi;; I Regn. 13, 7 LXX oî ôiaoaîvovTs; oi£6Y)(7av, Philos de migr. Abr., XX s. p. 439;
:
CXLI, p. 4o8.
264 REVUE BIBLIQUE.
pondants. A tout prendre, est vrai, il la phrase est plus naturelle sous la plume d'un
écrivain comme saint Luc (cf. Le. 1, 2), et nous ne sommes pas obligés de dire que
saint Paul a tenu la plume dans cette circonstance, ni même qu'il a dicté. La ques-
tion qui nous importe est de savoir s'il est vraiment l'auteur de Tépître, et M. Win-
disch n'a pas prouvé que la position théologique soit accorde un obstacle. D'abord il
que les points de contact sont nombreux et dans les choses importantes comme dans
le détail. N'insistons pas (1), et venons aux difficultés. Le point fondamental manque
dans Paul, à savoir que le (Christ par sa mort et par sou ascension est devenu notre
véritable grand prêtre. D'autre part les doctrines maîtresses de Paul manquent dans
Hebr. Aucune allusion n'y est faite à la doctrine de la justification, ni à l'union mys-
tique avec le Christ spirituel transfiguré, guère plus à la vie dans l'Esprit. A ces
lacunes W. mêlé des nuances disharmoniques. Hebr. attache moins d'impor-
a déjà
tance à la résurrection qu'à l'Ascension, le résultat de l'œuvre du Christ est moins
pour lui notre réconciliation avec Dieu que notre purification et notre perfection ;
voulait considérer Hebr. comme le complément de Rom. Aux Romains Paul avait
parlé de la vie chrétienne, donc de la réconciliation avec Dieu, de la justification,
de la vie spirituelle en Jésus-Christ. Il n'excluait pas, tant s'en faut, les espérances
de l'au-delà, mais il paraissait tellement saisi de la grandeur incomparable "du don
divin, que la vie éternelle était déjà commencée; il avait parlé de l'abrogation de la
loi, mais non du culte ni des sacrifices, tout en les supposant remplacés par la vie
de l'Esprit. Maintenant c'est vers le ciel qu'il porte ses regards. Tout en marquant
fortement l'énormité de la faute à mépriser le salut déjà obtenu, il exhorte les
fidèles — qui ont été persécutés, et qui le sont encore — par la perspective du salut
céleste, et Jésus lui apparaît comme le grand prêtre qui a ouvert le ciel. Mais il a
ouvert le ciel par son sang, eu résistant lui aussi aux épreuves et à la tentation, et
c'est pourquoi sa carrière mortelle est proposée en exemple, et non pas seulement
l'Incarnation, point de départ de la grâce. Vraiment il ne paraît pas malaisé de con-
cilier ainsi les ditiérences décQulaut du choix d'un sujet différent, qui était comme
l'achèvement du premier dessein. Et où W. a-t-il vu que la Loi était une malédic-
tion? Elle exposait les transgresseurs à la malédiction (Gai. 3, 13), ce qui est bien
autre chose. Il nous a paru d'ailleurs que Rom. 7, 12 o [jiv vojjicç ayio;, xa! rj èvi^Xt)
àyia /.al Ô!/.a(a de nature à rassurer ceux qui auraient été mal impres-
xat àyaôr; était
sionnés par les expressions assez dures des Galates. Voudrait-on que Rom. et Gai.
W. n'insiste pas (2), qui peuvent être résolues en supposant un rédacteur distinct.
(1) On lit, p. H7 : « Parmi les écrivains du N. T., c'est Paul qui est théologiquement le plus
près de Hebr. »
(-2) Voici comment il caractérise la manière de l'auteur « Hebr. n'est pas coniposé d'après
:
un plan pense d'avance jusque dans le détail, mais les pensées se sont présentées à l'auteur
RECENSIONS. 26o
Rome sont fortes. Les mots 'AaTcâÇovxat Oixaç o\ knà i:î)ç '[raXi'aç (13, 24) ne sont
équivoques qu'en apparence. Sans doute ol àivb peut signifier : « ceux qui sont venus
d'Italie vous saluent », ou bien >' ceux qui sont en Italie vous saluent ». Mais il y a
qui l'accompagnent et qui ont connu les destinataires. Donc ici ceux d'Italie qui :
sont avec moi vous saluent, vous qu'ils ont connus, vous qui êtes une communauté
d'Italie. Parmi ces communautés, Rome était au premier rang, et précisément Hebr.
fi connue avant 96 de Clément romain qui fait allusion dans 36, 2-5 à Hebr. 1,
été
3. 4. 7. 5. 18. Timothée était connu des Romains-, cf. Rom. 16, 23; Phil. 1, 1 2, ;
19; Col. 1, 1, et la persécution pourrait être celle de Néron. Tout cela séduit W.,
mais il s'étonne que Paul n'ait pas parlé des martyrs sanglants, si même il ne les
a pas exclus (12, 4). —
L'argument le frappe sans doute parce qu'il ne place Hebr.
que vers l'an 80. Mais si l'auteur avait écrit au moment où la persécution de Néron
était seulement menaçante? Et pour ce qui est de la date, chacun sait que Hebr.
parle des sacrifices au présent. Il est vrai que son croquis est plus scripturaire que
tracé d'après la réalité, et que le tabernacle, plutôt que le temple hérodien, sert de
base à sa démonstration. Mais eût-il passé sous silence la catastrophe de l'an 70? Il
faudrait, pour franchir la date fatale de cette année, des raisons très graves, qui
font défaut.
Peut-être, sans bien s'en rendre compte, W. a-t-il retardé la composition de Hebr.
pour donner temps d'apparaître au mythe du Christ, succédant à la vie du Jésus
le
pendant qu'il écrivait, et il est seulement demeuré toujours Terme sur le but général de dé-
crire la perfection de l'œuvre du Christ comme grand prêtre • (p. 10). Ce jugement est sévère,
mais a-t-on ensuite le droit d'opposer la belle ordonnance de liebr. à la façon si)ontanée de Paul.'
'
parle que du humanisé dans un sens plus ou moins émanatiste, nullement d'une
vo-jç
de perfection, d'illumination, silence sur les mystères. C'est bon signe. Et Win-
disch s'est gardé également de ces synthèses qui ressemblent un peu trop à de
l'alchimie. Avec M. Harris Lachlan Mac Neill, nous savons le secret de ces pré-
parations. « La christologie de l'épître aux Hébreux n'est pas strictement une
unité. C'est un composé formé dans l'atmosphère des religions à mystères par
l'union des vues de la primitive église chrétienne avec les vues alexandrines de l'au-
teur sur le Logos (1), la vue proprement paulinienne formant un troisième ordre,
mais subordonné » 'p. 143% Quant à la christologie Johannine, « elle présente for-
mellement une fusion de la Christologie de Paul, qui io.siste sur le divin et l'éternel
dans le Christ aux dépens de l'élément terrestre et historique, avec la christologie»
réactionnaire d'écrits tels que Hébreux et les évangiles synoptiques » (p. 141).
Les évangiles étant une réaction sont donc aussi une nous arrivons à fusion, et
Jésus. Personne n'ignorera désormais comment
divinité. Mais il il est parvenu à la
n'y est pas encore dans l'épître aux Hébreux. Tandis que Windisch parle couram-
ment de la divinité du Christ et de sa nature divine, M. Mac Neill éprouve plus
de scrupules et regarde les termes, trop forts selon lui, comme métaphoriques; au
fond c'est une « illusion d'optique ». Probablement rien ne serait sorti de toutes les
combinaisons imaginables, sans le précieux élément des religions à mystères. Depuis
quelque temps on nous oblige aussi à choisir Hermès trismégiste pour notre livre
de chevet. M. Mac >>eill ne semble pas avoir pris la peine de le consulter puisqu'il
se contente de renvois à l'ouvrage de M. Cumout sur les religions orientales dans
l'empire romain, et aux deux ouvrages de Reitzenstem, Poimandres et Die hellenis-
tischen Mysterien religionen. Là nous voyons figurer la sanctification, «Yiaaad;,
nécessaire pour approcher d'un lieu saint; elle porte « la marque des religions à
mystères » (p. 109), où sans doute on se déchaussait comme Moïse près du Buisson
ardent !
« La vision de Dieu est salut », dit fort posément M. Mac Neill, et il cite 11, 27
et 12, 14! Le mot de connaissance ou de gnose évoquait à lui seul tout un monde
de mystères orientaux. Hebr. emploie ç'^jt^eiv qui « est le terme technique des cuites
orientaux » (p. 110). Technique? Dans quel sens? Renvoi à Reitzenstein, qui lui-
même cite Corp. Herm. i, 32, où çcoT'tlstv a le sens banal d'éclairer. L'auteur croit
savoir que dans les mystères, la foi est « intuitive et philosophique, plutôt que
personnelle et morale comme chez les Juifs » 'p. 111*. >'ous voulons bien l'en
croire, mais quand il ajoute : « La Foi voit le Dieu invisible » et qu'il cite pour
(1; Notez que Hebr. emploie douze fois le mot làyo; au sens de parole, discours, sans jamais
l'appliquer au Christ.
RECENSIONS. 267
cela Hebr. 11, 1; 11, 27, nous le prions de relire le texte qui dit justement le
Die Entstehung der AVeisheit Salomos, Ein Beitrag zur Geschichte des
jiidischen Helleaismus, von Friedrich Focke, Dr. phil. ; in-S° de 132 pp. Giittingen,
Les Biblistes professionnels ne doivent pas se plaindre qu'un thème comme celui
de l'origine du livre de la Sagesse soit abordé par un philologue de profession. Cela
peut avoir des avantages pour tous les livres de la Bible, mais surtout pour un ouvrage
qui le premier marque clairement le contact du judaïsme avec la culture grecque.
Le philologue indépendant s'écartera peut-être sans hésiter des opinions régnantes
dans la critique moderne. Peut-être sera-ce à son dam- peut-être sera-t-il ramené,
par une étude dégagée de préjugés, vers des opinions traditionnelles.
La brochure est divisée en deux parties, la première analytique, ou comme nous
dirions de critique littéraire, et c'est la plus importante. La seconde devrait être
un exposé doctrinal il est fort écourté.
:
conséquent auraient été écrits en hébreu. Le reste serait l'œuvre d'un Grec. La plu-
part des modernes qui distinguent deux auteurs — ou plus — dans la Sagesse, se
sont arrêtés à l'opinion d'Eichhorn qui met la barre de séparation après 11,1. C'est
encore l'opinion de M. Holmes, dans la grande édition de M. Charles (1). D'autres
font un petit livret à part de la digression sur les idoles (13, 1-15, 17). Et, pour
commencer par ce dernier point, il est certain que ces pages sur l'absurdité et les
origines de l'idolâtrie paraissent se distinguer aisément de reste. M. Focke y a re-
connu, lui aussi, une sorte de lieu commun de l'apologétique juive, qui pouvait être
traité séparément, mais qui est, dans la Sagesse, très adroitement lié à ce qui pré-
cède et à ce qui suit. donc l'œuvre du même auteur. Mais pourquoi les
Tout est
modernes font-ils commencer une section à 11, 2? M, Focke n'a pas de peine à
démontrer que le v. 11, 1 n'est point le dernier mot d'une partie. Il propose même,
et avec raison, de le terminer par deux points, et non par un point final; car le sujet
de 11, 2 est précisément indiqué dans 11,1 (a-JTwv). Et surtout le chap. 10 n'est
l'histoire d'Israël. Déjà au ch. 10 nous en sommes à l'Exode, les plaies d'Egypte
s'y rattachent naturellement. D'où vient donc, encore une fois, le scrupule de la
critique? C'est que la Sagesse ne paraît plus à partir de 11, 2, si ce n'est dans un
endroit douteux. Qu'à cela ne tienne! dit M. Focke. Il eût été fastidieux de répéter
sans cesse que c'est elle qui a tout fait. L'auteur le dit (11, 1), et c'est comme un
titre qui commande tout ce quit suit. — La réponse n'est pas mauvaise, nous aurons
lieu de la rappeler à F. Va-t-il conclure à l'unité? Non, car les chapitres 1-5 forment
bien, eux, un tout complet. C'est la première partie de la Sagesse, écrite en hébreu,
puis traduite du grec par l'auteur de la seconde partie. L'auteur hébreu écrivait eu
Palestine, sous le règne d'Alexandre Jannée .vers 88 avant Jésus-Christ,' ; le traducteur
étaitun Égyptien dont l'œuvre est postérieure de très peu.
Voyons les preuves. Ce sont les mêmes qu'invoquaient les critiques pour séparer
1-11, 1 du reste différences dans les conceptions et dans le style.
:
(1) The Apocrypha and pseudepigrapha of the Old Testament in english, Oxford, 1913.
268 REVUE BIBLIQUE.
n'y a pas de termes de philosophie grecque, et il n'y est question de la Sagesse que
deux fois (1, 4 et 3, 11). — Ne serait-ce pas que l'auteur a réservé l'éloge de la
Sagesse pour la partie centrale de son livre, puisqu'il n'en parle pas non plus de
11. 2 à la fln, sans que F. s'en étonne? Quant aux expressions philosophiques, on
ne peut guère demander mieux que -h ajvé/ov tx -avia (1). Je pa.sse çtXâv6p'jjj:ov
(1, 6! que F. déclare ajouté par l'auteur égyptien, et tant d'autres expressions dont
il naturellement honneur au traducteur.
ferait
Deuxième argument, dont les critiques antérieurs n'ont pas moius uséet abusé :
distingués qu'ils soient, que leur sens subjectif ne doit point trancher ici pour les an-
ciens. Qu'il n'y ait pas place dans leur esprit pour le concept d'un Dieu transcendant
qui ait fait d'Israël son peuple particulier, il est possible, et c'est ce que nous consta-
tons depuis Voltaire. Mais nous devons constater aussi que les .luifs contemporains
de Jésus unissaient tous ces deux idées. Et voici qui est plus étonnant. A l'argument
des modernes, F. en ajoute un autre. Le Dieu de I est un Dieu jaloux, qui juge avec
sévérité. Le Dieu de II est bon pour tout le monde : Iàee"; oï nav-a; 11. 23 s.
Mais alors oii est son nationalisme intransigeant? Et si II parle avec emphase de
la Toute-Puissance de Dieu, dont I ne souille mot, où est la transcendance de I?
Autre Dans I la rétribution est dans l'au-delà, dans II ici-bas. Mais
dififérence :
puisque dans II il s'agit du peuple d'Israël, comment parler de ses destinées dans
l'au-delà? Et dans I il est assez longuement parlé de la justice de Dieu en ce
monde, sur les pécheurs et sur leur race, et de sa bonté pour les justes (3, 10-4, 6).
C'est une considération secondaire, assurément, mais qui rattache l'auteur de I à la
Ce n'est pas seulement le concept de Dieu qui diffère entre I et II. Chacun a son
eschatologie particulière. C'est un lieu commun de la « critique », de dire que
la Sagesse, sans distinction de parties, nie la résurrection. Ce n'est pas l'avis
de F. D'après lui, tandis que I croit en même
à un jugement particulier et à temps
un jugement général, qui comporte à tout h- moins la résurrection des justes (p. :33),
II n'envisage que l'immortalité de l'àme à la façon des Grecs, et sa félicité immé-
diate après la mort. On voit ici encore ce que cette critique a d'étrange. Car
aurait-on attendu la prédomiuance d'une idée grecque et non juive, de la part d'un
écrivain assez nationaliste pour confisquer Dieu au profit d'Israël? Le fait est que
l'eschatologie du livre de la Sagesse (2) n'est pas très précise, mais elle est partout
la même, retenant de la doctrine juive le jugement général, idée absolument étran-
gère aux Grecs, mais qui peut se concilier avec le jugement particulier. Qu'il
manque de clarté sur le sort de l'âme après la mort, on n'en sera pas étonné si l'on
songe aux controverses qui se sont prolongées jusque daus le moyen âge chrétien.
Nous savons bon gré à F. de ce qu'il avance sur la loi de l'auteur en la résurrec-
tion. Il nous suffit de noter qu'elle est en harmonie avec sa doctrine; il la suppose,
plutôt qu'il ne l'expose.
ijiaXXov Si dtyaOb; wv
rjXâov v.i; aôiaa ia-'avrov.
L'alternative du nom divin, Oeéc ou xûptoç, xûpto; étant plus fréquent dans I, ne
prouve pas non plus graud'chose. Quant à l'emploi de certaines conjonctions ou des
particules, même d'après les tableaux de F., il prouverait plutôt l'unité. Elle
résulte d'ailleurs avec éclat de l'emploi des noms composés et de certaines acceptions
rares, qui se trouvent dans les deux parties, si bien que F. déclare nettement que,
dans sa forme actuelle, la Sagesse est l'œuvre d'une seule main. Mais il veut que
cette main soit, pour la partie 1, celle d'un traducteur, qui était l'auteur de la II-.
Y a-t-il donc des indications pour I d'un original hébreu? On sait quel est le pro-
cédé usité en pareil cas. Un passage qui n'a pas de sens en grec ne serait-il pas
le résultat d'une erreur du traducteur? Un mot hébreu équivoque est allégué, donne
la clef de l'énigme et fait foi d'un original hébreu. Avec un peu d'esprit on trouve
aisément des cas semblables. F. en propose trois. Nous ne les discuterons pas, parce
que cette méthode, toujours hasardeuse, n'a chance d'aboutir qu'avec une traduc-
tion littérale. \ qui fera-t-on croire que la partie I, avec ses expressions d'un grec
choisi, soit l'œuvre d'un traducteur qui aurait consenti à dire des choses absurdes
— car il faut qu'elles le soient — pour ne pas s'écarter du texte? En pareil cas
l'hypothèse d'une altération du texte est beaucoup plus probable. Pour prouver que
le passage n'a pas de sens, F. met en scène les copistes s'ingéniant à en trouver
un par des variantes; ils ont donc compris la difficulté. Alors pourquoi l'auteur ne
l'aurait-il pas sentie? Était-il plus esclave du texte qu'il avait à traduire que les
copistes de celui qu'ils avaient à copier? Non, on ne saurait le dire de celui qui
aurait su égaler sa traduction à son œuvre propre. Ce n'est peint là du grec de tra-
Qu'il y ait des différences entre I et II, on ne le nie pas; mais nous ne
sommes pas acculés à une solution unique et forcée. Il suffit de supposer que l'au-
teur s'est de plus en plus affranchi de ses habitudes de style juives. Et d'autre part,
pourquoi l'auteur alexandrin aurait-il été plus nationaliste que le palestinien?
Pour fixer la date, F. s'appuie, avons-nous dit, sur le caractère palestinien de I.
La seconde partie aurait été écrite aussitôt après, lors de la persécution contre les
Juifs qui éclata au retour de Ptolemée VIII, Lathyre. Nous ne sentons pas dans II,
pas plus que dans L le fanatisme brûlant, l'émotion ardente qui permet à F. de
comparer la Sagesse à Hénoch. Et c'est pourquoi nous ne saurions y voir une menace
dirigée contre la populace égyptienne. Hénoch, oui, est un appel violent à la justice
de Dieu, dans presque toutes ses parties; mais quel contraste avec le sentiment
de miséricorde qui attendrit même les pages les plus nationalistes de la Sagesse !
II. Il nous sera plus aisé d'être d'accord avec M. Focke dans sa généralisation
que dans son analyse littéraire. Il insiste fort justement, et, à ce qu'il semble avec
l'opinion commune, sur le caractère assez vague de la culture grecque de l'auteur.
Celui-ci n'adhère à aucun système philosophique; il prend plutôt des termes qu'il
ne s'assimile des théories; ses réminiscences ne supposent pas une étude appro-
fondie : il est resté juif, quoique non pas juif encroûté, slochjùdisch (p. 90). — Mais
sa doctrine de la préexistence de l'âme si clairement, si nettement exprimée? —
F. sent la contradiction et essaye de s'en tirer. L'auteur en parlant d'abord selon
l'opiniondu judaïsme, se serait aperçu de sa distraction et l'aurait corrigée. Mais
qu'estdevenu ce don très remarquable, cette individualité qu'on est tenté de nom-
mer géniale pour la sûreté et l'habileté dans la mise en œuvre de la langue (p. 62)?
(1) Sans parler de 2, 12, emprunté aux LXX d'Isaïe 3, 10, emprunt que F. s'eflbrce en vain de
nier.
RECENSIONS. 271
Aussi est-il fort imprudent de dire avec M. Bois (2) : « Pseudo-Salomon est par
excellence le représentant du philonisme avant Phiion ». Il n'y eut pas de philo-
nisme avant Phiion, c'est-à-dire qu'il n'y eut pas une école judéo-grecque qui
aurait préparé l'œuvre de Philoa. A la vérité on est mal informé sur le temps qui
l'a précédé. Mais on sait qu'il n'a exercé aucune influence sur ses compatriotes :
romain, semble s'être mis dans l'esprit de prouver que l'auteur du livre de la Sagesse n'a rien
enseigné qui fut en contradiction avec la foi héritée de ses pères » (p. 534^ Siegfried n'est pas
un catholique romain et il a écrit que l'auteur de la Sagesse ne se sent nullement gêné par son
judaïsme, comme le seront Phiion et Josèphe.
(2) Essai sur les origines de la Philosopliie JuUéo-Alexandrine, 1890.
272 REVUE BIBLIQUE.
Les légendes épiques, recherches sur la formation des chansons de geste, par
.Joseph Bkdikh, professeur au Collège de France. 4 vol. Paris, Champion, 1912.
Un livre sur les chansons de geste, annoncé dans la Revue biblique... La Bible
est-elle donc une chanson.' Non certes, mais on l'a dit, ou à peu près, et il n'est
pas sans intérêt pour nous de savoir les attaches d'une théorie exégétique avec une
grande théorie littéraire. Ce qui fait la fortune de certains systèmes en vogue,,
contre lesquels nous avons à lutter, c'est qu'ils font partie de systèmes plus vastes,
généralement admis. Si nous nous confinons dans nos études spéciales, nous ne
saurons jamais d'où partent les coups. Sortons-en une fois pour voir comment
disparait une opinion tellement assise qu'on ne la discutait même plus. Depuis
longtemps nous soutenons que les livres ne se font pas tout seuls (I). C'est un
plaisir de voir comment M. Bédier le prouve.
Au surplus, nous n'avons pas la prétention de porter un jugement sur l'admirable
eusemble de ses quatre volumes. Ce qui nous intéresse le plus, c'est la discussion
du problème des origines, examiné ex professa à propos de la Chanson de Roland (2).
Et s'il est une chanson qu'on puisse nommer à propos de la Bible, c'est bien ce
fier poème, si chrétien, si enllammé d'héroïsme français.
quoi il croyait bien donner ù la plus belle chose la plus noble origine, celle que
tout le monde savant d'alors attribuait à l'épopée nationale. M. Bédier n'a pas omis
de citer Renan parmi les plus fervents adeptes de la théorie de Herder et des frères
Grimm. « Le poète nest que l'écho harmonieux, je dirais presque le scribe qui
écrit sous la dictée du peuple, qui lui raconte de toutes parts ses beaux rêves.
Et comme toutes ces poésies primitives se ressemblent! Comparez, par exemple,
le chant des Eseualdunàc sur leur victoire à Roncevaux c'est absolument le can- :
tique de Débora, pour le dramatique, l'enthousiasme, », etc. (4). Ce serait tant pis
pour Débora, car le chant des Eseualdunàc n'est qu'une mauvaise plaisanterie
lancée par un certain Garay, « un obscur aventurier de lettres ». Que R^enan s'y
soit trompé, cela est excusable pour un jeune homme. W. Grimm était lui aussi
tombé dans le piège, n'exerçant sa critique que pour soupçonner une strophe d'être
interpolée (1) ! L'erreur de tous deux, l'erreur de toute cette élite intellectuelle,
avait été de postuler pour les origines de l'épopée une cause mystérieuse, presque
mystique, et qui, dans le domaine bibli(jue, devait remplacer l'inspiration de l'Esprit-
Saint. Les textes des frères Grimm ne sont pas sans poésie, et l'on s'explique leur
f que l'on puisse nommer par leur nom elle a jailli du peuple même ». « Cette
:
p. 279 s.). Le critère d'antiquité était une plus grande simplicité. On a reconnu le Proto-Marc!
REVUE BIBLIQUE 1919. —
N. S.. T. XVI. 18
274 REVUE BIBLIQUE.
pénétré plus avant dans l'intelligence de ce qu'il conte, ait vécu plus intimement
avec les personnages qu'il met en scène, qu'un critique, même attentif (1). Loin
de triompher de la contradiction qu'on relève et d'en rechercher avidement d'autres,
il faut s'efforcer de la concilier, employer à cet effort toute sa prudence et toute sa
Suit luie admirable analyse de la Chanson de Roland qui met dans un relief singulier
la profonde psychologie du poète, psychologie qui n'a sans doute pas eu conscience
d'elle-même, mais qui a su créer ces âmes également belles de Roland et d'Olivier
M. Bédier n'est donc en somme que justice. Ne pouvons-nous pas exiger qu'on
traite s. Marc ou s. Luc avec la même pénétration, si l'on peut, ou du moins avec
s'arrêtaient. Il a rencontré sur les routes allant de France en Espagne par Ronce-
vaux des croisés français et des pèlerins, et ces derniers surtout curieux d'observer
sur le chemin, ou plutôt de faire plusieurs pèlerinages d'un coup, de prier dans
un très grand nombre de sanctuaires, de vénérer des corps saints, de s'informer
des reliques et des gestes. Et en lisant cette el'florescence de toponymie carolin-
gienne, le v;il de Charles, la Croix de Charles, etc., il nous semblait être ramenés
à ces sanctuaires palestiniens où Ton a vénéré tant de reliques mises en houneur par
sainte Hélène. Seulement l'Orient n'a pas eu la verve créatrice de l'Occident, ses
légendes ne sont point devenues des épopées. Ce n'est pas que tout soit clair dans
la formation de la tradition relative à Roncevaux. Pourquoi, des trois personnages
cités par Einhart, Roland a-t-il été choisi pour porter le poids de tant de gloire?
Et s'il la partage, pourquoi est-ce avec Olivier, plutôt qu'avec Eggihard ou avec
Anselme, ses authentiques compagnons? L'éclat du nom de Roland n'est-il pas une
preuve que son corps reposait vraiment à Blaye, comme M. Bédier paraît disposé
à le croire? Ou son titre de Comte de la marche de Bretagne a-t-il excité l'imagi-
nation d'un Breton, car les Bretons ne cèdent qu'à contre-cœur S. Michel au
péril de mer Normandie? Le nom d'Olivier a-t-il une saveur bretonne?
(3) à la
Un ignorant des choses du moyen âge est peut-être excusable de poser des questions
qui sont sans doute peu pertinentes. En tout cas, un palestinien ne peut que suivre
avec intérêt ces itinéraires de pèlerins. L'intervention des gardiens des sanctuaires
dans l'élaboration des légendes lui paraîtra incontestable. Mais ce ne sont sûrement
pas des clercs qui ont autorisé les déviations de la tradition, puisqu'ils avaient le
texte authentique eu mains, si ce n'est peut-être pour transformer les héros dont
ils gardaient ou croyaient garder les tombes en martyrs de la foi. Il faut, bon gré
mal gré, une marge inconnue aux caprices de la tradition orale, et c'est ici
laisser
que M. Bédier retrouve, cette fois à bon droit, le rôle du peuple.
Cela d'ailleurs n'a guère de portée pour la critique des évangiles. Mais ne pour-
rait-on pas retourner contre nous l'autorité de M. Bédier s'il s'agissait par exemple
de la Genèse? On serait tenté de comparer les autels près de Béthel ou d'Hébrou.
d'observation bien vérifié, c'est celui-là. Qu'il s'agisse des « traditions orales » des
paysans de France ou de celles des sauvages d'Australie, que trouve-t-on dans ces
recueils? Des contes merveilleux, des contes à rire, des contes d'animaux, des
fables ethnogéniques ou cosmogoniques, etc. ; mais des traditions historiques, non
pas » (1). Cependant M. Bédier n'a pas été sans donner à cette loi la restriction
nécessaire : « Sauf le cas des légendes locales, quand le souvenir de tel homme,
de tel fait, un champ de bataille, à un monument, à une tombe, à un
s'attache à
culte, les plus grands événements de l'histoire, guerres, invasions, changements
de dynasties, ne laissent bientôt dans les mémoires qu'un informe résidu (2) .».
Mais ces monuments," ces tombes, ces cultes, c'est beaucoup, surtout dans un pays
où un monument, un tombeau se détachent dans le ciel bleu sur un horizon parfai-
tement net. en France, ni,M je pense, en Australie, il n'y a rien de comparable
aux ouélys de Palestine, qui donnent à chaque colline comme une personnalité. Les
confusions de la tradition y sont extrêmes, mais dans le cas d'un culte elles se
transmettent mieux. M. Bédier en appelle à notre ignorance : « sans papiers de
famille, nous ne saurions même plus dire les noms de nos quatre bisaïeuls (3) ».
Hélas! mais les Arabes se targuaient de savoir leur généalogie jusqu'au temps
les plus reculés. Vantardise, sans doute, mais enfm ils s'y appliquaient de toutes
leurs forces. Quand ou a écrit ses dépenses, on les oublie; tant qu'elles ne sont pas
inscrites dans un carnet, on en garde la mémoire. Les parents ne prennent aucun
souci de raconter l'histoire générale; ils savent qu'on l'apprend dans les classes.
Peut-être eut-on jadis le secret de suppléer d'avance, — si l'on peut dire — à
l'absence de l'écriture. Cela soit dit sans prétendre rien exagérer, et sans aucune
intention de polémique contre M. Bédier, qui s'est limité à son champ d'études.
Nous serions bien plutôt disposé à le remercier cordialement de la lumière qu'il
répand même sur le nôtre.
Jérusalem.
Fr. m. J. Lagbange.
(1) L. p. 26-
l., I
(2) L. L, p. 267.
(3) L. L, p. 268.
BULLETIN
yij 11. vo.N SoDL.N, Aiisijabc des Neue Testaments. Die drei He/ensionen, dans la '/.citxrlirifl
fait connaître, d'après lès Actes 21, 25, qui sont doue eu contradiction avec eux-
mêmes. — Et c'est ce deruier point, le plus étonnant, qui met en doute la valeur
de cette argumentation. Jacques pouvait très bien dire « nous avons », d'un décret
qu'il avait proposé et fait admettre; il pouvait rappeler à Paul que ce point était
réglé. Les deux autres arguments sont négatifs. Car M. Weiss a lui-même débar-
rassé le système de la conciliation de l'objection la plus grave. On traduit ordinai-
rement Gai. 2, 6 TrpoaavâÔîvTo « ils ne m'ont rien imposé ». Alors que penser du
:
décret? J. Weiss traduit ils n'ont rien eu à objecter en sens contraire (relativement
:
à àv£9É;j.T,v 2, 2) quand j'eus terminé ma relation, dirait Paul, les anciens Apôtres
:
ont reconnu l'action de Dieu il n'y avait rien dans leur doctrine qui leur indiquât
:
Mais en admettant un instant que l'exégèse n'ait pas encore trouvé une solution
suffisante, quelle est celle que J. W. tient en réserve? Elle ne propose pas, comme
M. Weber, que lépître aux Galates soit antérieure au concik^ mais il y aurait eu
deux conciles. Dans le premier, les choses se sont passées à peu près comme Paul
l'a raconté. A peu près, car il faut tenir compte de deux éléments. D'abord son
exposé suppose — quoi qu'on en ait dit — que les Galates étaient au courant.
L'Apôtre prétend seulement mettre les faits sous leur vrai jour par des allusions
qu'eux comprenaient, mais que nous ne saisissons pas très bien, ce quf nous expose
à voir les choses sous un jour faux. Et de plus cette mise au point est personnelle,
passionnée, et par conséquent suspecte d'exagération et de parti pris. Ces précau-
tions sont d'ailleurs article de luxe, ou scrupule de critique, car elles ne conduisent
à rien de précis. Il n'est pas question du tout de sacrifier l'épître aux Galates au
texte des Actes, car les Actes au sujet de ce premier concile ne disent que ce qui
est contenu dans Actes 15. 1-4, 12, c'est-à-dire qu'ils ne parlent que du début.
En d'autres termes, W. suppose que le récit des Actes se compose de deux sources,
dont chacune racontait un concile, et qui ont été fondues en uue seule teneur. Les
raisons de cette dissection? ,Te n'eu vois vraiment qu'une, c'est qu'au v. .5 com-
mence une seconde histoire. Ce n'est pas sérieux (1). Puisque les judaïsants de
Jérusalem sont allés relancer les missionnaires jusqu'à Antioche, il serait bien
étrange qu'ils n'aient pas soutenu leur opposition sur place. Il est très facile d'en-
lever le V, 12, mais cette violence arbitraire est la négation même de la critique.
J'ai déjà reconnu que Weiss. exposant les faits d'après PauL a donné
d'ailleurs
une explication très satisfaisante de l'épître aux Galates, surtout de 2. 7-10. Les
anciens Apôtres s'inclinent devant les faits, c'est-à-dire le succès de la mission chez
les gentils, confirmé par les grâces du Saint-Esprit, et ils n'ont aucune répugnance
à cela, car la question avait été précédemment résolue en fait (2). On traitait les
gentils convertis comme des frères, et on les croyait assurés du salut (p. 198). De
plus les anciens Apôtres furent parfaitement sincères, et Paul ne doute pas de leur
bonne foi. Enfin, et cela est à noter chez un critique aussi indépendant que J. W.,
on n'eut pas l'intention de partager absolument les domaines, d'exclure Paul des
pays juifs, ou Pierre du monde des gentils. On reconnut simplement l'unité de
l'œuvre de Dieu selon des voies différentes.
H) Même insuffisance de critérium pour distinguer deux sources dans le discours de saint
Etienne. Il eut dû ne rien dire qui ne se rapportât strictement à l'accusation de rejeter le
Temple. Comme si son zèle eût pu se taire au sujet de Jésus! d'autant que le vrai grief était là
et que tout dépendait de ce qu'on pensait do .lésus.
(2) On peut comparer Le xens du christianisme, p. 18-2. J'aurais volontiers cité M. Weiss à
l'appui, si j'avais alors connu son ouvrage.
278 REVUE BIBLIQUE.
L'exégèse de Weiss est moins ferme quand il s'agit de GaL 2, 2-6 ; aussi faut-il
reconnaître que la phrase est difficile. Sans se prononcer d'une façon trop tran-
chante, il préfère le texte que cette fois on peut bien dire occidental (1); il en
résulte que Paul a cédé, non pas sur les principes, mais sur le cas de Tite. ^t que
c'est justement pour cela que ses adversaires l'ont accusé d'inconséquence. Mais la
circoncision de Timothée suffit à expliquer ce grief, et doit-on faire tant de cas
d'une tradition manuscrite aussi étroite?
Quoi qu'il en soit de ce point, relativement secondaire, puisque ni les principes
ni la dignité morale de Paul ne sont en jeu, nous ne pouvons accepter la solution
de W. sur les deux conciles, même eu la prenant pour une manière de concilier les
textes entre eux. Si le premier concile avait rendu le décret sur les viandes étouffées,
immolées aux idoles, et sur le sang, l'incident dAntioche n'aurait pas été possible
(Gai. 2, 11-21), répète toujours une vieille objection, car les chrétiens l'auraient
observé, et il eût été possible de manger en commun. A cela répondu que la
on a
difficulté n'était pas entièrement résolue, puisque le concile n'imposait pas aux
gentils de s'abstenir des viandes impures. J. Weiss réplique : ce n'est pas la même
chdse. I^e Juif invité chez un chrétien voulait être eu sûreté sur Vorigine des
viandes, qu'il ne pouvait vérifier; quant à leur nature, elle se décelait sur la table,
et rien ne l'obligeait à manger des aliments prohibés (p. 236).
La réponse est ingénieuse, mais une maîtresse de maison n'accepterait pas volontiers
de réunir à la même table des personnes qui ne mangent pas les mêmes aliments.
L'incident d'Antioche eût donc dû naître même après le décret de Jérusalem. Au
contraire le système de Weiss suppose que les judaisants extrêmes, après avoir été
vaincus dans la première occasion, ont soulevé de nouveau à Jérusalem la question
de la circoncision, devant les mêmes personnes. Pierre et Jacques auraient dû leur
dire simplement que la question était tranchée parleur accord avec Paul, si sérieux,
si cordial, d'après Weiss. 11 pourrait nous répondre que la seconde source n'en
savait rien. Elle était donc bien mal informée! Et que le rédacteur des Actes ait
manqué à ce point de clairvoyance et de conscience! D'autant que, d'après W.,
Paul a eu le dessous dans l'incident d'Antioche. 11 donc conclure encore
faudrait
que c'est Pierre lui-même qui s'est corrigé. Rieu de plus honorable pour le prince
des Apôtres, mais c'est avouer que l'argumentation de Paul avait eu ses fruits. Et
enfin, puisque le décret rendu eu l'absence de Paul a existé, comment se fait-il qu'il
ait échappé à sa connaissance? Ne s'est-il trouvé personne pour s'en faire une arme
contre la liberté dont on jouissait dans ses communautés? On voit que la nouvelle
hypothèse ne supprime pas les difficultés; les fluctuations qu'elle suppose ne sont pas
plus vraisemblables que le développement marqué par la tradition, c'est-à-dire par
un auteur très sérieux qui pouvait connaître les faits.
D'autre part J. Weiss a raison de croire que les judaisants extrêmes n'ont pas
renoncé à leurs prétentions après le concile de Jérusalem. Mais au lieu de les sou-
mettre de nouveau aux Apôtres, poiu" essuyer un second échec, ils sont venus
(1) D' d'Iren. Tert. Vict. Ambrosiasler su])|)riment oT; r.jSi (2, 5). Soden ajoute syriaque pa-
lestinien; Weiss a suivi Zalin.
('Il L'inscriiHioii relative à Galiion n'est pas citée à propos de ce proconsul; sans doute est
elle réservée pour un chapitre de chronologie.
BULLETIN. 279
d'ailleurs le cachet de tout l'ouvrage. L'auteur a étudié à fond les textes du Nouveau
Testament, et leurs commentateurs. Mais on ne le voit pas assez soucieux de jeter les
veux sur le monde gréco-romain, institutions ou idées. Son œuvre est la plus remar-
quable peut-être d'une école en train de disparaître : la synthèse des textes d'après une
conception personnelle donnée. On se demande si les étudiants liront ce livre, qui
vient trop tard. ,T. Weiss est un novateur débordé par le flux toujours croissant des
comparaisons tirées de l'ambiance. Il lui arrive — rarement — de citer Norden et
Reitzenstein, c'est orienter ses lecteurs vers une nouvelle école. Pourtant on ne
saurait nier que cette intelligence du christianisme par lui-même peut servir de
contrepoids aux fantaisies de l'histoire des religions. Elle est fort éloignée de nos
croyances — et, disons-le aussi, de celles de Luther, quoique l'auteur se rattache à
la Réforme. L'épitre aux Galates contient « l'expression classique de l'Evangile,
telle que la Réforme l'a fait trioraplier. Elle renferme le sens propre non seulement
du christianisme, mais de la religion en général sous sa forme la plus haute et la
plus pure : Dieu ne s'ouvre pas à celui qui veut d'abord le conquérir par des œuvres
et des pratiques, par le culte et l'action morale, mais seulement à celui qui s'aban-
donne à lui, qui ouvre son cœur à son action, et qui agit en vertu de cette intimité
avec Dieu c'est l'essence de la foi, qui « opère dans la charité » (5, 6). Qu'il faille
:
commencer par là, personne ne le nie. et, dans un sens, c'est ainsi qu'il faut finir.
Mais la foi de Paul —
et même celle de Luther comprenait tout de même le nom —
de Jésus-Christ, et s'il ne faut pas conquérir d'abord Dieu par des œuvres, prétend-
on que les œuvres soient indiflérenles.^ Mais laissons nos théologiens sourire de cet
exposé un peu sommaire, et respectons l'évidente bonne volonté d'un homme qui a
si sincèrement appliqué ses forces à la parole de Dieu.
bien à sa manière qui pèse le pour et le contre "avec beaucoup de soin, une appa-
rence même de scrupule, et assurément un désir très sincère d'atteindre ou de ne
pas dépasser le juste point. Cependant si la forme est presque voisine de l'irrésolu-
tion, fort éloignée du ton tranchant de certains critiques, on ne saurait dissimuler
ici que les conclusions préférées ou du moins suggérées, sont assez radicales. De
Jean, fils de Zébédée, il ne saurait être question, pour bien des raisons, et pour un
motif qui dispenserait de tous les autres, car M. Jackson penche très délibérément
vers l'opinion du martyre du fils de Zébédéé. Si la tradition est en déroute sur ce
point, même si l'on n'associe pas Jean au martyre de son frère Jacques, on ne peut
plus lui faire crédit sur l'authenticité de l'Évangile. Il y a le disciple bien-aimé.
Mais si c'est un personnage réel, ce qui n'est pas certain, on ne sait pas si l'auteur
s'est désigné lui-même, ou s'il a été désigné ainsi par un autre qui aurait achevé son
dit tout au long dans une Geschichle Jésus {Noack en 1876). On a cru dépister
encore Nathanaël, Lazare, le Jean de Act. 4, 5, le jeune homme de Me. 14, -51,
(1) The problem of the fourth Gospel, by H. I.aliir.er Jackson, D. D., 8" de xvi-170, pp. Cam-
bridge al llie Universily Press, 1918.
280 REVUE BIBLIQUE.
Aristion, le jeune riche (Me. 10, 17 et parai.). Taut il est vrai que la critique se dé-
lecte dans Finconnaissable Mais comment le disciple bien-aimé a-t-il pu recevoir ce
!
nom charmant d'un autre? C'est que M. Jackson se range assez nettement parmi
ceux qui n'attribuent pas le quatrième Evangile à un seul auteur. Et il ne se contente
pas d'éliminer la femme adultère, quelques lignes sur l'ange de la piscine et le
ch. 21. C'est toute une série de passages qui lui paraissent dénoter une autre pen-
sée, d'autres vues et une autre main que celles de l'auteur principal, le disciple
bien-aimé. Mais en somme M. J., car
cette analyse est secondaire dans la pensée de
elle ne le conduit pas à discerner des sources importantes, mais seulement une revi-
sion qu'il laisse dans le vague. Le gros du quatrième évangile demeure avec sa
valeur propre.
Le une comparaison avec les synoptiques. M. Jackson la pour-
sujet traité exigeait
suit en tenant compte de
la chronologie, de la scène du ministère, de la personne
de Jean-Baptiste, des miracles et des discours. Ce sont les loci communes du thème.
Le quatrième évangile a tort sur la date de l'expulsion des vendeurs, mais il aurait
raison sur celle du jour de la mort du Christ, etc. Les miracles sont envisagés par
l'évangile comme des signes, mais ne sont point des allégories inventées de toutes
pièces. L'auteur était un Juif, mais de culture hellénique. On ne peut le prendre en
défaut sur la topographie de la Palestine. — C'est quelque chose pour un Juif hel-
lénisé, habitant à Ephèse, Mais on devait ajouter, en pesant la difficulté d'obtenir
de la critique ce verdict d'absolution, que l'auteur de l'évangile connaissait parfai-
tement le pays. D'ailleurs oîi sont les preuves qu'il n'a pas été témoin oculaire?
Une manière difl'érente de présenter les faits, même une élaboration de la doctrine,
prouveraient-elles quoi que ce soit contre la réalité des choses? La culture grecque
de l'auteur n'est pas niable, mais il eût fallu énumérer distinctement les connais-
sances philosophiques si généreusement. Encore est-il que
qu'on lui attribue
M. Jackson ne le fait pas tributaire de Philon sur la doctrine du Logos.
Le quatrième évangile est de ces ouvrages qui ne passent pas. Quelle est encore
sa portée pour les âmes modernes? C'est le chapitre intitulé Alors et maintenant.
Le quatrième évangile a résolu la question de la personne de Jésus en confessant
sa divinité. Cette solution ne paraît plus acceptable à M. Jackson. Il rêve cependant
d'unir tous les chrétiens dans la résistance à la marée montante de l'incrédulité.
Mais qui a ouvert les digues à cette marée, si ce n'est ceux qui ont déchiré l'unité
de l'Eglise? Parce que l'évêque anglican Gore s'est opposé à la consécration épis-
copale du Docteur Hensley Henson, il a essayé de faire « de l'église anglicane —
la seule église catholique qui existe — un peculium de lui-même et de son parti (1) ».
critique doit se soumettre aux faits? A moins qu'église catholique ne signifie indiflfé-
rence dogmatique... Mais qu'en auraient pensé les Pères de l'église catholique du
que penserait l'église anglicane elle-méoie de cette définition?
lie siècle, et
L'ouvrage présente un exposé très clair delà question Johannine. L'auteur a beau-
coup lu, surtout les ouvrages récents. Il ne semble pas qu'il ait tenu le moindre
compte de Renan. Le commentaire du P. Calmes est très souvent cité, et avec
sympathie.
M. le Docteur Hans Helmut Mayer, qui a écrit sur les l'pitres ixistorales (2). n'a
sans doute pas jugé digne dun critique de discuter la question de savoir si elles
n'émaneraient pas de Fauteur qu'elles prétendent avoir, c'est-à-dire de TApôtre
Paul. Apparemment c'est là une question jugée. Cependant il n'a pas négligé^ chemin
faisant, de fournir des raisons contre l'authenticité. L'examen porte sur huit points.
La langue des Pastorales est examinée avec soin, mais sans être comparée à celle
des autres épîtres pauliniennes, ce qui eût rendu cette étude beaucoup plus utile.
La « question de l'auteur » doit s'entendre ainsi les Pastorales n'ont-elles eu qu'un :
seul auteur? Elle est résolue affirmativement après examen des nuances qui pour-
raient suggérer deux personnalités distinctes. Suit lemorceau principal, l'examen
des ordinations ecclésiastiques sur la prière liturgique, les évêques et les diacres, etc.
M. Mayer n'a pas eu de peine à constater que les Pastorales n'exigent aucun régime
particulier d'ascétisme pour le salut oflert aux chrétiens. Mais il en tire cette con-
clusion, qui paraîtra surprenante, que les Pastorales sont postérieures aux Acta
Pauli. Polémique contre la deuxième captivité romaine de Paul qu'on a voulu voir
des institutions et des hérésies d'une part, et sur la fin de la vie de Paul d'autre
part, pour être autorisés à regarder les Pastorales comme des écrits pseudonymes.
M. Mayer ne l'a pas montré. Certaines expressions ressemblent à celles de Paul, avec
moins d'énergie. Il dit : imitation. Pourquoi pas : répétition, avec le cachet moins
ferme qui est le propre des répétitions? D'ailleurs il le reconnaît : « Le style s'élève
de temps en temps à une force et uoe élévation telles qu'il nous rappelle celui de
Paul » (p. 2'j. Est-il plus vraisemblable qu'un écrivain sans autorité personnelle se
soit élevé à cette hauteur ou que Paul vieillissant ait donné ses avis à des disciples
avec moins de force? Pour tout dire, ou a produit des argumentations plus redou-
tables. Mais il est vrai que M. Mayer s'en tient à la chose jugée...
A propos du très distingué article dû R. P. Buzy {Revue Biblique, 1917, p. 184 ss.)
on nous a communiqué les réflexions suivantes sur l'interprétation de Luc 7, 47.
Deux systèmes sont vivement controversés; il faut choisir entre une application con-
séquente de la parabole et un verdict sur la situation, i; « Aussi je te déclare que ses
nombreux péchés lui ont été remis, et tu aurais du comprendre a l'amour qu'elle
le
vient de témoigner », ou. comme dit le R. P. Buzy faut que de très nombreux
: « Il
péchés lui aient été remis, puisqu'elle vient de témoigner un tel amour. » Le sens est,
dit-on, en parfaite harmonie avec la parabole : celui auquel il a été remis davantage,
aime davantage. Il est eu harmonie avec ce qui suit : celui auquel il est peu remis
aime peu. Il a donc une certaine probabilité. Mais d'autre part il n'est pas en harmo-
nie avec la situation réelle. Car il en résulte incontestablement, comme le concèdent
Pluramer, Zahn etc., que les témoignages d'amour de la pécheresse doivent être
regardés comme des témoignages de gratitude, qu'elle était déjà assurée de son par-
don, ce qui suppose encore que Jésus le lui avait déjà notifié. Or ces points enlè-
vent à la scène tout son caractère. L'humilité de la pécheresse, ses larmes, son atti-
tude sont d'une personne qui vient implorer son pardon, et ce qui est encore plus
.clair, il lui est accordé séance tenante, et par deux fois, v. 48 et v. 50. Il faut donc
choisir entre une application exacte de la parabole et une expression conforme à la
situation. Et même, si l'on veut pousser jusqu'au bout la rigidité de l'explication
282 REVUE BIBLIQUE.
parabolique, il faudrait conclure non pas directement que les péchés ont été par-
donnes, mais que les péchés, qui ont été pardonnes, étaient nombreux, ce que Simon
savait de reste. De plus, le mot 8ti signifie naturellement « parce que », et on est
obligé dans ce système de l'interpréter comme un signe : « tu aurais dû conclure
que de nombreux péchés lui sont pardonnes, puisque tu as pu voir qu'elle a beau-
coup aimé. » Jésus lui-même semblerait se guider dans sa déclaration d'après une
conjecture plausible.
'2) Il faut donc s'en tenir à l'ancienne explication, toujours soutenue par l'immense
majorité des catholiques. .Tésus déclare à Simon non pas que beaucoup de péchés
ont été pardonnes à la pécheresse, mais que ses péchés lui sont pardonnes, ces
fameux et nombreux péchés dont Simon se scandalisait (aî -oXXaî en rejet), parce
qu'elle abeaucoup aimé. Cette explication ne rentre pas dans le cadre précis de la
parabole, mais elle explique la conduite de la pécheresse tous ses actes, que Jésus a :
énumérés avec complaisance, étaient des actes d'amour. Mais ce qui importe davan-
tage, et qui est amené avec solennité, c'est la déclaration de Jésus que les péchés
sont remis, au tribunal de Dieu qui tient compte de l'amour si généreux dont avait
paru animée la pécheresse. Si elle a déjà tant aimé, elle aimera encore davantage,
conclusion exigée par la parabole, et qui sortait naturellement aussi de la situation.
Dans celte seconde manière on a coutume de regarder Xéyf.) aot comme une paren-
thèse, comme si le but de Jésus était précisément d'enseigner que le pardon vient de
la charité. Mais si cette doctrine catholique est en accord avec les termes du verset,
ces ternies doivent être expliqués par la situation historique, ou /apiv peut très bien
s'entendre de ce qui précède, non pas précisément de la parabole, mais des actes de
la pécheresse et du pharisien en tant qu'occasion du verdict qui va être prononcé,
comme dans la Vg. propter quod dico tibi, et non pas : si ses péchés lui sont remis,
c'est, je te le dis, parce qu'elle a beaucoup aimé. La déclaration porte sur la rémission
des péchés, et non point sur sa cause (contre Knah.). Le relatif ou lie à ce qui pré-
cède (comme dans TOUTOU 7'iptv Eph. 3. l)au lieu de se rapportera ce qui suit (comme
dans toiStou •/_apiv Tit. 1, 5). Zaho qui cite ou yaptv el'prjtai (Plat. Theaet. 208 D) et
yaptv ou [j-iX^M li^iiv (Plat. Rep. V, 4,51 A) reconnaît que l'analogie est toute superfi-
cielle. — àcpÉwvTat, Jésus déclare qu'actuellement les péchés sont remis. Ils ont pu
l'être avant que la pécheresse en soit assurée, donc avant le moment présent, et
l'espérance du pardon a dû faire grandir son amour, dans le sens de la parabole.
Mais le parfait n'oblige pas à considérer la rémission comme antérieure. Ce qui
importe, c'est la déclaration. L'aor. ri-^-x.Kr^'jc.M semble faire allusion à cette série de
démonstrations que Jésus vient de rappeler.
47'' est le point fort du système moderne. La preuve que Jésus n'a point perdu de
vue laparabole, c'est qu'il y revient « Celui auquel on a peu remis, aime peu ».
:
—
]\Iais alors il faudrait être conséquent, et voir dans ces mots une con6rmation ou une
contre-épreuve de ce qui précède. La preuve que beaucoup de péchés ont été par-
donnés à cette femme, c'est qu'elle a montré beaucoup d'amour, car on n'en témoi-
gne pas beaucoup, Jorsqu'on a reçu un petit pardon. De sorte que Jésus jugerait tou-
jours de la situation selon les conjectures de la sagesse humaine, et non point au
nom de Dieu, qui juge au fond. De plus la comparaison, poursuivie si minutieuse-
ment entre femme
Simon, n'aboutirait à rien par rapport à ce dernier. Or il
la et
semble bien que Jésus a pris dès le début du v. 47 l'attitude du prophète par la solen-
nité du ton et l'assurance d'un verdict qui étonnera les assistants. Et, après avoir pro-
noncé sur la pécheresse, il devait donner à ses remarques sur la conduite de Simon
leur conclusion : elle a beaucoup aimé, il aime peu, sans doute parce qu'il estime
BULLETIN. 283
qu'on ne lui a pas fait grande faveur. Il était de ceux qui comptaient sur leurs
œuvres. Cependant les termes demeurent généraux, par un scrupule de courtoisie,
et l'applicaliou personnelle est remise à Simon lui-même. Il conclura ce que sa
conscience lui dictera ou ce que sa clairvoyance imposera à sa conscience superbe.
que le R. P Lagrange (Revue biblique, I9I7, p. 44.5 sq. et 1918, p. 255 sq.), sur
l'interprétation substantielle à donner à la seconde partie de cette lettre (2). Le
contexte, en particulier la Gnale concernant Isaïe, démontrent (sic) qu'il ne s'agit
plus de la traduction de Jérôme, mais des dispositions de ses adversaires On re-
marquera, en elfet, que les trois textes choisis visent tous les critiques auxquels
Jérôme a fait allusion immédiatement auparavant, à savoir la trop grande liberté de
mœurs qu'il a blâmée. Voilà pourquoi c'est « à son de trompe » plutôt que de
« cithare » qu'il leur crie : Lisez, si vous voulez : spe gaudentes tempori serrientes
(non à Vantiquitè, comme comprend le P. Lagrange '3;, mais à l'actualité, vous
asservissant au temps présent, aux circonstances), lisons-nous [sic) spe gaudentes
domino ser^ientes » etc. c( On le voit, toutes ces citations ont un but précis et con-
tinuent la polémique directe contre ceux que les critiques de Jérôme ont fâchés.
Il justifie celles-ci par le texte authentique de l'Ecriture, leur laissant la leçon
frelatée dont ils se prévalent (4) pour persévérer dans leur fausse direction.
L'emploi du subjonctif dans tout ce développement exclut plutôt la réalité d'une
traduction déjà existante des Epîtres de saint Paul, de la main de Jérôme. En tout
cas il n'y a rien là qui l'implique. Dès lors, le texte est à rayer de la controverse.
11 ne reste que la première partie de la lettre avec ses allusions très nettes à la
seule version des évangiles. On peut en conclure, — et c'est la seule conclusion que
je retiens, — que seuls les Évangiles, à ce moment-là (384), étaient revisés. »
Aucune adhésion ne pouvait nous être plus agréable que celle d'un spécialiste
aussi autorisé que le R. P. Cavallera, d'autant qu'elle est indépendante. Donc
vctus error abiit, mais c'était une erreur commune, pour laquelle IM. Mangenot a
pu citer récemment Griitzmacher et H. J. ^Yhite. Le R. P. Cavallera semble avoir
encore d'autres conclusions en vue; nous souhaitons vivement qu'il vienne encore
en aide aux biblistes sans attendre qu'ils aient fait des incursions sur son terrain.
la critique littéraire qui prétend reconnaître dans le Peutateuque des sources dis-
tinctes. Selon un peu partout un changement dans les idées. En
lui il se produit
Allemagne M. Gunkel propose des atténuations, M. Sellin se réserve, M. Gressmann
se demande si on est bien en droit de parler de Jahviste et d'Élohiste; déjà en
1908, M. Ivrâutlein (1) ne croyait pas que la langue suffit pour distinguer J et E;
MM. Redpath et Nestlé souhaiteraient qu'on fît plus de cas des Septante. En Hol-
lande, M. Eerdmans
(2; est entré en lice par de nombreux ouvrages, où il brûle ce
qu'il avaitd'abord adoré; d'autres hésitent; M. Troelstra admet l'authenticité du
Pentateuque, etc. L'Angleterre, qui s'est donnée tardivement aux sources, ne revient
pas encore : toutefois deux personnes en particulier soutiennent l'authenticité mo-
saïque dans les pays de langue anglaise. M. Wiener (3), homme de loi, en Angleterre,
et aux Etats-Unis M. Magonn, sanscritiste. Aucun catholique n'est nommé; appa-
remment ils ne comptent pas pour M. Dakse. Mais sa haine poursuit la critique
moderne jusque dans la personne de son premier initiateur, Astruc, dont le père
avait quitté le protestantisme pour se faire catholique, et qui ne valait pas mieux
que son père, n'étant pas plus sincère en médecine qu'en exégèse et en religion.
Ce ne sont là évidemment que des préambules pour préparer l'esprit du lecteur.
Allons aux arguments. Ils sont surtout négatifs. La critique littéraire ne peut s'exer-
cer solidement qu'après que la critique textuelle a fait son œuvre. 11 faut consulter
les Septante et le texte samaritain. — C'est l'évidence même, mais il ne faudrait pas
non plus refuser d'admettre une distinction de documents bien appuyée simplement
à cause d'une divergence dans les textes. La différence entre Élohim et lahvé peut
être atténuée en plusieurs cas par la critique textuelle. Elle est cependant fonda-
mentale, compare Ex. 3 et Gen. 4, 2G. Sait-on comment M. Dakse rétablit
si l'on
l'harmonie.^ Dans Gen. 4, 26'', le texte ne se rapporte pas à Euos, flls de Seth, mais
à toute la race de Caïn. « C'est dans le pays de Gain que l'on commença à invoquer
.lahvé. Cela est en parfait accord avec la donnée de l'Exode, d'après laquelle Moïse
a appris à connaître le nom de lahvé auprès des Kénites, chez Jéthro en Madian. »
naître des compléments dans le Pentateuque. D'aucuns ont même estimé que c'était
une manière de défendre Tauthenticité mosaïque, par exemple eu regardant comme
une addition tardive " les Cananéens étaient alors dans le pays. » Mais ce n'est
:
pas ainsi que l'entend Dakse. Et voici l'exemple qu'il donne de l'utilité de la cri-
tique textuelle pour sauvegarder l'unité du texte. On lit : « Abram traversa le pays
jusqu'au lieu nommé Sichem, jusqu'au chêne de More. Les Cananéens, etc. » (Gen.
12, 6). Lisez : « Et Abraham alla jusqu'au pays de Sichem, et au bois de Mamré,
mais Cananéens habitaient alors dans le pays. » Sichem est
les un homme, parce
que les LXX
ont Ss/^ij. et non i];x;;j.a, Mamré remplace More sur l'autorité de
Symmaque, du syriaque et de l'arabe, et c'est eux qui sont les Cananéens! N'insistez
pas sur le contexte, sur l'éloignement de Sichem par rapport à Mamré, près d'Hé-
bron; vous seriez suspect d'attachement à Wellhausen qui, avouons-le, n'a jamais
pousse aussi loin l'arbitraire.
Plus tôt encore un remaniement théocratique a bien pu donner naissance à des récits
qu'on regarde comme des doublets. Peut-être encore faut-il discerner une relouche
plus ancienne, qui correspondrait, ou peu s'en faut, avec ce que la critique nomme
J-. Que reste-t-il pour Moïse? « Une bonne partie de la Loi », mais D. ne saurait
dire si elle était pourvue d'introductions historiques. D'ailleurs il n'exclut pas des
morceaux plus anciens, même
que Moïse, qui auraient été remaniés.
Que conclure? que les beaux jours de l'école de Wellhausen sont passés, comme
la Revue le dit depuis longtemps, mais que l'authenticité mosaïque est loin de gagner
du terrain, même parmi les adversaires des sources, et qu'il serait sans doute à
propos que les catholiques abordassent la question sur le terrain où la critique s'est
placée récemment.
Pentateuque est une compilation qui suppose au moins quatre écrits distincts. Dans
la Genèse, il ne peut être question que de J E et P. « Comparé à J et à E, P est
(I) r/ie BooL of Genesis. in tlie Révisée! Version, with Introduction and notes, by Herbert
E. Ryle. U. D.Dean ol Westminster, sometime Bisliop of Exeter, and ol Winchester; in- 12 de
LXVIII-477 pp.
286 REVUE BIBLIQUE.
points. Quelquefois de longs extraits ont été transcrits presque littéralement comme
dans le cas du récit de la création (1, 1-2, 4^), la généalogie des Sethites (5). etc.
Quelquefois un document a été abrégé, ainsi la Cosmogonie de J (2, 4. 5), dont le
début est omis parce que le récit plus complet de P (1. 1-2, 4=') suffisait. Quelque-
fols des récits parallèles, mais pas nécessairement identiques, ont été retenus côte à
côte-, ainsi le chap. 27, de J et 28, 1-9 de P, la double explication des noms d'Issa-
char, Zabulon et Joseph (30, 16-24). Quelquefois, quand les récits étaient iden-
tiques dans les grandes lignes, le compilateur les a combinés, prenant tantôt dans
l'un et tantôt dans l'autre, par exemple dans les récits du Déluge. Quelquefois, des
changements ont été opérés par l'éditeur pour assurer l'harmonie et la continuité
des récits, ainsi dans 39, 1 le nom de Putiphar a été introduit pour harmoniser le
thème de J, où le maître de Joseph était un Égyptien innommé, avec E qui donnait
le nom de Putiphar. Quelquefois enfin des notes ou gloses, qui peuvent venir d'une
main tardive, ont été ajoutées dans le texte, comme dans 14, 2. 3. 7. 8: 20, 18:
37, 47: 35, G. 1!).
Si l'oQ trouve étrange cette façon de compiler des documents, on n'a qu'à ouvrir
le Diatessaron deTatien, tel que nous le possédons en arabe, pour y retrouver tous
ces divers procédés. La règle est l'insertion littérale, mais dans le récit de la tenta-
tion, par exemple, ni Mt. ni Le. ni même Me. ne sont extraits complètement; le
compilateur a mis souvent les récits parallèles côte à côte, mais il en a composé un
en prenant tantôt à l'un, tantôt à l'autre, comme dans ce même récit de la tentation,
et s'il a peu ajouté de son cru pour harmoniser les récits (l), ses omissions, com-
prenant deux généalogies de Jésus, ne sont pas médiocres, sans parler des petites
les
gloses de copistes qu'on peut trouver partout. Chacun sait d'ailleurs que l'œuvre de
Tatien, reconnue pour ce quelle est, a plus d'autorité, est plus voisine des évan
giles, que si Tatien avait composé librement un cinquième évangile.
Aussi M. Ryle n'a point vu dans la distinction des sources une raison pour nier
leur valeur historique. II réfute ceux qui ont voulu faire des patriarches soit des
personnifications de peuples, soit d'anciennes divinités, soit des emblèmes astraux.
Ce qui ne veut pas dire que les récits de la Genèse 12-50 aient le même caractère
que les aventures de David ou la révolte d'Absalom. Les patriarches sont des per-
sonnes qui ont existé, mais les faits, la poésie, le symbolisme se mêlent dans ce que
l'auteur en rapporte. Exception est faite pour le ch. 14, qui nous met en contact
avec les nations voisines, car Amraphel peut très bien être Hammourabi. — Cela soit
dit pour faire connaître les opinions de M. Ryle; il y aurait évidemment intérêt à
discuter ces points à fond.
L'obligation de commenter le texte anglais officiellement revisé oblige le com-
mentateur à préférer telle traduction contraire à son texte, par exemple pour Shiloh
(p. 431).Le commentaire, aussi soigné que s'il s'adressait à des maîtres, est réduit à
une forme qui le rend accessible à tout le monde du moins à l'âge heureux où —
l'on. peut lire sans ellort des caractères aussi fins... c'est bien une Bible for schools
and collèges!
Sur Vépître de Jérémie ont paru en même temps, en 1913, deux études que l'on
peut qualifier de réactionnaires dans un bon sens. M. Bail dans les Apocryphes de
(1) C'est par un artifice de traduction que Me. 6, 7 est concilié avec Mt. 10, 10 une verge :
mais pas de bâton. Mais l'addition de « Marie » dans le texte de Me. 14, S"* est exactement le
même casque pour Putiphar.
BULLETIN. 287
M. Charles, et M. ^yeigand Naumann. dans une brochure particulière (1), n'out pas
hésité à conclure à un original hébreu. Cette opinion n'était plus soutenue que par
des théologiens catholiques, dans l'intérêt, pensait-on, de rauthenticité. et seul
.Nestlé n'avait pas craint de leur prêter son appui. La question n'était-elle pas tran-
chée par l'accord de la critique, à laquelle Schiirer (2i avait donné son suflfrage :
Dans son commentaire très soigné, M. Bail a relevé les sémitismes et les confu-
sions du traducteur qui rendent certaine l'origine hébraïque. M. Naumann a donné
quelques indications dans le même sens 3) et quelques observations sur le grec du
traducteur (4\ Mais le morceau principal de sa brochure est une étude de l'idolâtrie
décrite dans l'épître : images des dieux, prêtres, culte, impuissance des dieux. Plu-
sieurs critiques y reconnaissaient des cultes égyptiens, d'autres Tidolàtrie hellénique
si bien quon faisait descendre la composition jusqu'après la ruine de .Jérusalem (5;.
D'après M. ?saumann, qui a comparé au texte de l'épître les principales sources sur
la Babylonie, tout est babylonien et suppose une connaissance personnelle, qui est
même qualifiée d'autopsie. Tout — sauf les chats! — qui ont pu être ajoutés en
Egypte, car M. Naumann
doute de leur existence en Babylonie, et ils n'auraient pu
pénétrer dans les temples bien fermés. Mais n'y avait-il pas Ki de rats, er les rats
n'appelaient-ils pas les chats? De toute façon le cas n'est pas grave.
Mais alors pourquoi ne pas admettre l'authenticité? C'est, dit l'auteur, parce que
dans le Jéréraie authentique, le ch. 10, contient une prédication contre les idoles
et le ch. 29 une lettre. C'était inviter un écrivain de loisir à écrire une autre lettre
de Jérémie sur les idoles. —
Mais pourquoi Jérémie lui-même n'aurait-il pas écrit
une seconde lettre? Ln autre argument de M. Naumann suppose une ignorance assez
coquette de l'Ancien Testament. « La foi en ange (der Engelglaube qui s'exprime
au V. 6, est caractéristique pour le Judaïsme tardif, tandis qu'aux temps préexi-
liens elle ne joue aucun rôle » (p. 1). Suit un renvoi à Bousset. — On a vu mon
embarras pour traduire Engelglaube. S'agit-il d'un ou de plusieurs anges? Quoi qu'il
connu dans l'Exode, et même dans la Genèse. Ce qui est tardif dans le judaïsme,
c'est une angélologie développée. Si M. Naumann croit que l'ange de lahvé vient
d'une retouche des textes anciens, comme on l'a proposé dans cette Pvevue (6), il eût
fallu s'expliquer: en tout cas, si retouche ily a, elle est très ancienne.
Une difficulté plus grave, c'est le texte de v. 2 : « Vous resterez à Babylone de
nombreuses années un long temps, jusqu'à sept générations ». Si c'est Jérémie
et
qui a écrit cette ligne, a-t-il donc oublié les soixante-dix années prédites par lui
(29, 10 ? De prétendre que les générations ne représentent rien de fixe, ce n'est pas
une solution, car la phrase telle qu'elle est conçue indique un temps plus long que
soixante-dix années. Mais la difficulté n'est-elle pas la même si quelqu'un a mis
cette lettre sous le nom de Jérémie? Son premier soin eût dû être d'adopter la
même date que lui. Cependant nous estimons en somme plus vraisemblable que
quelqu'un ait voulu allonger le temps indiqué par Jérémie. Seulement, puisqu'il
s'agit d'une traduction, ne serait-ce pas le traducteur qui aurait ajouté : i'co; yEVîôjv
(1) Untersuchungen ûber den apocryphen Jeremiasbrief von Weigand Naisiann, Dr. phil. in
Giessen,8» de 33 pp. Giessen, Tôpelmann, 1013.
(2) Geschichte d. J. V.. i' éd., m, 407.
(31 Elles ont été notées aussi par Bail.
i-ia? Les sept générations à quarante ans l'une font 280 ans. qui nous amènent
en 306. si Ton part de 686 av. J.-C. C'est l'époque d'Alexandre, le moment où
une traduction grecque a pu paraître souhaitable. Tandis qu'on ne voit pas qu'à ce
moment le danger de l'idolâtrie babylonienne ait été plus grave pour les Juifs.
M. >'aumann concède que sous les Perses il y avait peu à craindre, mais il rappelle
la renaissance de l'idolâtrie babylonnienne après la chute de leur empire. Les Juifs
étaient-ils encore à ce moment exposés à la séduction? C'est au moment du triomphe
de Nabuchodonosor que le péril fut extrême. Une nouvelle difficulté, que M. jVau-
mann ne soulève pas, pourrait naître de l'appui même qu'il a donné à l'affirmation
de l'épître sur la nationalité de cette idolâtrie, car il va jusqu'à dire que l'auteur a
dû être témoin oculaire, et Jérémie n'est pas allé à Babylone. Mais il est dans notre
cas malaisé de distinguer une connaissance bien informée dune vue immédiate.
de Panammou. Puisque ce concept a pris cette forme chez les Hébreux, qu'il
l'avait déjà chez des voisins, c'est un signe vraisemblable que l'ancienne conception
aurait abouti à ce point, même sans l'inOuence des Grecs (2).
(1) Der liffjriff der nefcs in den heiligen Schn'flen des Allen Testaments, ein Beitrag zur
altjùdisclien Religioiisgescliiclite, Inaugural-Dissertation... vorgelegt von Joliann SctinAB, 8° de
x-103 ])p. Borna-I.cipzig, Noske, d'il.'i.
{-2) A la p. rJO, l'auieur prétend que certains auteurs supposent comme une chose acquise et
qui s'entend de soi, que le nefech est ce qui survit et vit dans le royaume des morts. Natu-
rellement il s'agit de l'.\. T. En tête une citation du P. Lagrange « Le nom le plus remarquable:
donné à ce qui survit du mort est celui d'âme • (Éludes sur le rel. sém.. p. .{19.) M. Schwab a
du prendre une liclie et l'insérer sans plus penser au contexte car il ne s'agit là que du cas ;
M. Schwab est trop prudent pour lire dans les textes que la nefech
D'ailleurs
disparaît complètement à la mort; il se borne à constater que Ton n'en parle plus
lorsque la vie présente n'est plus dans la perspective. Les ombres étaient des
refa''im. L'auteur s'est abstenu de nous rien dire sur ces êtres mystérieux.
Une voie aussi droite —
conduisant, selon nous, à la survivance de la nefech —
n'est point le fait derouah. Elle est l'apanage des hommes, mais aussi des animaux
la
(contra le Diction, de Vigouroux, L p. 4.34^ elle est quelque chose de distinct de la;
monde, et c'est quelquefois comme un principe étranger. Ce n'est donc pas avec le
corps un troisième principe de l'être humain, pas de trichotomie. L'exposition de
Schwab n'est pas très claire, mais il faut convenir qu'on ne saurait à la fois être
net et exact en pareille matière. La philosophie, avec ses catégories, ne viendra
que plus tard. Elle apparaît, comme on sait, dans le livre de la Sagesse, mais de
loin, et sans qu'on puisse parfaitement préciser son influence. .T'avoue que la posi-
tion de M. Schwab me paraît embarrassée sur le thème de la préexistence de l'àme.
On dirait d'abord qu'il en veut à ceux qui n'ont pas su la reconnaître dans le
célèbre passage 8, 19.20. Il conclut en soulignant : « Ainsi donc ce passage a été
influencé par la doctrine platonico-philonienne de la préexistence de l'àme » 'p. 89,\
On se demande d'abord ce que Philon vient faire ici, et si l'auteur estime que ses
œuvres ont influé sur la Sagesse ? Et une conception platonico-philonienne de la
versée que le P. I.agrange se bornait à signaler, .M. Schwab a raison d'interpréter le m/'eclt met
d'un mort quelcon(|ue. C'est le sens reçu de tous et fourni par le dictionnaire manuel de
•iesenius. Pour le sens de • personne ou de « moi •. même dans le ps. 16. m. cl". flB.. VM:,,
>.
p. 190.
(1) On peut voir RH.. 1!»07, p. 89. d'autant que l.agrange est cité pour un système du P. H. Wies-
mann, proposé eu 19I1 p. «K) :
Et saint Jérôme savait ce qu'il disait: mais quand il mourut, les temps étaient déjà
changés. Le R. P. Vaccari suppose que le texte d'Antioolie l'emporta peu ù peu par
l'influence des moines. Les principaux higoumènes des environs de Jérusalem étaient
en eftet des Cappadociens. Ils avaient apporté leurs manuscrits avec eux et conti-
nuaient à les lire dans
Cette explication n'a rien d'invraisemblable. Mais
la solitude.
ne faut-il pas tenir compte aussi des polémiques anti-origénistes, et plus encore de
l'autorité croissante du grand exégète d'Antioche, saint Jean Chrysostome? Le
P. Vaccari a très ingénieusement cité (p. 41 — en faveur du fait allégué par saint
Jérôme! — un texte qui. selon nous, expliquerait le chansiement. Un commentaire
d'Isaïe attribué à tort ou à raison à Chrysostome, contient dans le texte arménien à
propos de Is. 9, 6 : < L'édition de Lucien n'est donc pas mauvaise, et même elle est
meilleure et plus exacte que le texte des Palestiniens. » C'est que, fait à peine
croyable, Lucien contenait un complément ajouté d'après l'hébreu qui demeurait
absent de l'édition hexaplaire. Lucien devait l'emporter comme plus complet, dit le
P. Vaccari, à quoi il faut probablement ajouter : Comme plus semblable à. l'hébreu.
Ily aurait même lieu de se demander si telle ne fut pas la règle dHésychius, sinon
pour faire une traduction nouvelle, du moins pour choisir entre celles qui existaient
déjà. Par exemple le P. Vaccari cite les cas (p. 40) où le commentateur de Job
s'écarte du ms., A représentant pour ce livre la recension d'Antioche. Il se trouve
que ce sont en général les leçons du cod. B, mais qui devaient paraître plus con-
formes à l'hébreu. Hésychius dans son explication quoi qu'il en soit du texte armé- —
nien cité —
a très bien compris l'hébreu de Job 9, 12. Les amis de Job répandent de
la poussière ou de la cendre du fumier sur leur tête ils la jettent aussi « dans la ;
direction du ciel » ; ce que tel ou tel grec n'a cru pouvoir conserver qu'en ajoutant :
(1) Jewùh and Christian Apocalypses, by F. Grawlord Bihkitt, M. A., D. I)., The Sdnveich
Lectures 1913, 1.ondon, Published by the British Acadeiny, By Humplirey Milford, Oxford Iniver-
sity Press, 191t.
BULLETIN. 291
si elle a influé sur l'évangile, et c'est pour cela que M. Burkitt a insisté surtout sur
le livre d'Hénoch, antérieur à l'ère chrétienBe.
L'auteur nous dit d'abord que thème de l'apocalyptique juive est le dernier
le
jamais dans les Apocalypses, tandis qu'elle est si fréquente dans l'Évangile? Aussi
M. Burkitt lui-mêu>e beaucoup moins sur le règne de Dieu que sur le
a-t-il insisté
jugement, qui est plutôt thème des voyants. Comme il dit très bien en
en effet le
linissant (p. 49), ils sont convaincus que le jugement approche, et que Dieu ne
permettra pas que son peuple choisi périsse dans sa lutte contre la civilisation du
monde païen. Cette idée de la lutte contre l'hellénisme est mise très en relief par
M. Burkitt: sur le point spécial des fins dernières, il a élégamment comparé
( Hénoch » à Posidonius (il est fort à la mode!\ En présence d'une doctrine -cosmo-
polite, fusion de la pensée grecque avec le sentiment religieux de l'Orient, envahis-
sant tout, se servant même de la force, menaçant sa foi traditionnelle. le judaïsme
s'est ressaisi avec les Macchabées, il a exprimé son espoir invincible dans des livres
comme celui d'Hénoch. Pour être à la hauteur de l'envahisseur, il s'élève, lui aussi,
à des conceptions universelles, apprend à penser imperiaUi/. Mais tandis que la
il
monde païen. On le voit, toujours le jugement I Et en effet, c'est par là surtout que
l'apocalyptique se distingue du paganisme transformé. Le point capital d'après
M. Burkitt, c'est que Posidonius n'admettait qu'un monde, tandis que les apoca-
lypses en comptaient deux (p. 32). Ce n'est pas tout à fait le joint, puisque, sous des
influences que M. Cumont dégage de plus en plus, les païens qui croyaient aux des-
tinées heureuses des âmes leur assignaient un séjour dans les régions astrales, ce
qui faisait bien deux mondes.
Or cette prédominance exclusive du jugement universel avait des conséquences
fâcheuses, qui ont entraîné l'apocalyptique en dehors des voies tracées par la révé-
lation. Qui jugement universel insinue jugement définitif, après quoi l'histoire est
dit
avec complaisance (2). Et comme il est peu d'hommes qui osent appeler sur eux-
mêmes le jugenaent de Dieu, l'idée du salut individuel préoccupe peu « Hénoch et
ne reparaît qiie dans les apocalypses d'Esdras et de Baruch, fortement empreintes
d'esprit rabbinique. C'est en groupe qu'on se sent fort devant Dieu le groupe des :
voyants, ou dirait presque la secte, ce sont les justes dans Israël, et c'est le plus
souvent Israël lui-même, opposé aux païens. De sorte qu'au lieu d'appeler le règne
de Dieu, le salut par la pénitence, y compris les païens, la miséricorde et le pardon,
Hénoch ne parle guère que de jugement, de condamnation de tous les païens, et de
tortures.
Ce sont autant de déviations par rapport à l'Ancien Testament : que dire de
l'Evangile? Mais avant d'en venir à ce point, le plus grave assurément, il faut se
demander si cet esprit farouche d'exclusivisme national, de foi ardente dans le juge-
ment prochain et dans la condamnation du monde des gentils était l'état d'âme de
tout Israël? L'apocalyptique, ignorée il n'y a pas cent ans. n'est-elle pas devenue un
peu trop envahissante.'
Où sait qu'après la prise de .lérusalem par Titus, et définitivement après le catas-
trophe de Bar-Cochébas, le judaïsme s'est replié sur lui-même, a renohcé à l'espoir
à fait. L'image dont il se sert est celle d'un fond de tableau formé par les livres
d'Hénoch, et qui permet de mieux comprendre les évangiles. Il va plus loin cepen-
dant, et jusqu'à regarder quelques paroles de Jésus comme un midrash, c'est-à-dire,
je pense, un développement exégétique de paroles et de conceptions qui se trouvent
dans « Hénoch ». Il fallait donner des exemples. M. Burkitt en a choisi deux. Le
premier est relatif à l'esprit impur qui revient au logis d'où il a été chassé (Mt.
12, 43-4Ô; Le. 11, 24-26). La comparaison n'a rien de fâcheux pour l'évangile,
mais le mot de midrash ne paraît pas applicable, car tout se réduit à des idées
communes sur les démons et sur leurs pérégrinations. C'est un fond de tableau
[backg round) commun, mais il appartient à toute la croyance juive. Dans un second
cas, M. Burkitt conclut même à une dépendance littéraire, c'est le jugement dans
saint Matthieu 25, 31-46; et dans les paraboles d'Hénoch v'LXII). Pour rapprocher
les points de comparaison, il faut d'abord adopter l'exégèse de certains critiques
modernes : dans Mt. les gentils seuls seraient jugés, et d'après leurs procédés envers
les disciples de .lésus; il faut aussi tenir peu de compte de l'esprit différent qui anime
les deux scènes. M. Burkitt reconnaît bien dans l'évangile une morale particulière,
mais il croit que la scène d'Hénoch lui a servi de cadre. La ressemblance n'est point
si étroite, et se borne à des traits généraux qu'on imagine facilement à propos d'un
jugement. L'hypothèse d'une imitation par Mt. n'est guère compatible avec la supé-
riorité littéraire que M. Burkitt lui reconnaît.
BULLETIN. 293
Jésus avait autre chose à l'aire que de commenter Hénoch. Les voies n'étaient pas
les mêmes. Si les voyants d'Apocalypse n'avaient voulu qu'annoncer l'intervention
prochaine de Dieu, son triomphe sur le paganisme, ils ne se seraient pas trompés.
Dieu allait agir, par Israël, mais non pas dans l'intérêt exclusif d'Israël et de ses
vengeances. Or c'est cette note qu'accentuent les apocalypses, et c'est contre quoi
.lésus dut réagir. L'évangile est dans un sens l'opposé exact de l'apocalyptique,
puisque le jugement dont il parle doit frapper Israël. Et si l'annonce du jugement
prochain était de nature à tenir les esprits en éveil, elle risquait de lancer des esprits
surexcités dans les aventures. A tout prendre les apocalypses anciennes étaient un
terrain moins favorable à l'évangile qu'aux Zélotes. Et c'est pourquoi les prudents
rabbins les ont mises à l'index.
Il eût été contraire au but de M. Burkitt de rechercher dans les apocalypses les
vues divergentes qui font conclure à la pluralité d'auteurs. S'il a raison d'admettre
l'unité d'Esdras et de Baruch. on ne saurait en dire autant d'Hénoch. La différence
ne lui a pas échappé, aussi il parle du livre ou des livres d'Hénoch, mais pour les
traiter ensuite comme une unité littéraire, ce qu'il est difficile d'admettre. Il lui
semble que les rois et les puissants des Paraboles d'Hénoch ne sont pas les princes
Asmonéens, mais les gentils [p. 37, note 1). C'est très bien vu; mais alors il n'y a
plus de raison de placer ce livre avant l'an 40 av. J.-C. Sur les douze Testaments,
l'auteuç a émis une hypothèse que je crois originale, et très heureuse. Après les
conquêtes des Asmonéens en des pays où les Israélites (idèles étaient peu nom-
breux, c'était une trouvaille de faire entendre la voix des Pères des douze tribus
pour grouper tous les Israélites dans un idéal commun, autour des Asmonéens,
figurés par Lévi (p. 36). Il n'est rien dit de l'antériorité d'Esdras IV ou de Baruch.
L'influence des Perses n'est pas exclue, mais la propriété des apocalypses de leurs
doctrines est revendiquée pour Israël, ce qui est incontestable. Enfin, pour montrer
qu'il n'avait pas procédé à sa brillante généralisation sans une étude minutieuse des
détails, — personne n'eût fait cette supposition à propos de M. Burkitt, il a groupé —
dans des appendices quelques observations tendant à prouver la supériorité du texte
grec de Gizeh sur l'éthiopien et les extraits de Georges le Syncelle, et examiné cer-
tains autres points relatifs au livre d'Hénoch. Le livre serait originaire de Palestine
et aurait été écrit en araméen plutôt qu'en hébreu.
(1) Le palais de Darius I" à Suse, %"= siècle avant J.-Ch. Simple notice par M. L. Pillet. archi-
tecte diplômé par le gouvernement, petit in-8°, 106 pp. Paris, Geutiiner, mai 191 1.
294 REVUE BIBLIQUE.
stupéfaits d'apprendre que la célèbre cité de Suze, (]ui faisait Tadrairation des
Grecs et que les Juifs avaient représentée, comme une merveille, sur la porte orien-
tale du Temple, que cette cité, dis-je, navait que 4.200 mètres de pourtour!
Grâce à rarchéologie, nous prenons avec les réalités anciennes un contact qu'une
littérature emphatique fait perdre plus d'une fois. Le petit livre, si élégamment
illustré, de M. Pillet, en fournit un exemple nouveau.
demeure sépulcrale ù. il montre bien que même « chez les peuples classiques
l'évolution des conceptions religieuses ou philosophiques se rattachant à la survie
de humain ne modifia jamais essentiellement les coutumes primitives relatives
l'être
(1) Voy. K.'B;, 100*, p. 03-2 9., à propos du tome I : Prè/nstoire : 19H, p. 135 à proiios de la
1'^' partie du t. II : Protohistoire: 1913, p. t!3ti, à i)ropos de a i" partie du t. II.
K-i:- In-8\ de la p. OM a la p. i<j92, lig. 38a-73«, cinq planches '«cartes et un tableau synop-
tique. Paris, Picard, lai't.
BULLETIN. 29:.
1UX dimensions des objets, non plus qu'à leur caractère artistique », il estime
que « les plus précieux documents sont encore ceux qui se rattachent au domaine
des idées morales » (1293). C'est pour essayer de pénétrer autant que possible les
conceptions religieuses et les superstitions populaires des Celtes primitifs qu'à
dt^faut de monuments plastiques et de scènes figurées il s'attache, en un remar-
quable chapitre, à l'étude des amulettes, talismans, pendeloques humbles objets :
duits par groupes de trois dans le décor céramique, sur les armes, les bijoux ou la
priétés mystiques que les Celtes, sous l'inlluence de superstitions importées du sud,
ont attribuées au nombre trois » (p. 1-527 ss.)-
On se détache avec peine de cet admirable livre. Il a paru vers le milieu de 1914
et, quelques mois plus tard. Déchelette trouvait une mort glorieuse en défendant
héroïquement la Patrie envahie, quelque part dans les plaines de Champagne. La
troisième partie de son œuvre, cette archéologie gallo-romaine dont les deux parties
antérieures n'étaient en quelque sorte qu'une préparation, ne devait pas tarder à
paraître. Le savant qui par ses travaux honorait la France s'est honoré pour jamais
demeure néanmoins partout facile et attrayante 1}. L'intérêt est beaucoup plus
général dès qu'on aborde les arts plastiques et ornementaux. L'apport oriental est
spécialement bien défini quand il s'agit du panthéon romain, de l'évolution du
portrait en sculpture, ou des reliefs décoratifs, des scènes de mystères « héritage
de la Grèce, de l'Asie, de l'Egypte », que Rome a « amplifié, sous l'influence
du syncrétisme impérial si complaisant » (p. .381 , des symboles sépulcraux ou des
sujets de genre.
Un second volume traitera prochainement de la Pelnlure, de Mosdique et des
la
(1)Bien rares sont les cas où serait prise en dcf;iut rinforniation merveilleusement érudile
ilu Manuel. Notons-en cej)endantun au passage. Dans » la liste des « arcs de triomphe », existant
encore en tout ou en partie, dont la date i^eut être fixée d'une façon certaine ou approxhnativc »
(p. 80 ss.) pourraient figurer ceux d'Aelia Capitolina, de l'époque d'Hadrien (cf. ViNCKNxet Auei.,
Jérusalem 'nouvelle, p. 24 ss., 71 ss., fig. (> ss., 42, etc. .
(i) La Cliiesa del Sanlo Sepolcro in G'erusnlenime, dans les Atti délia pontificia Arcadeviia
rom. d'Archeologia.
BULLETIN. 297
qu'un, en n'ayant garde « de passer sous silence la trace » que lui-même vient de
frayer, s'attelle au livre dont il a indiqué l'esprit.
Evidemment la longue monographie du Saint-Sépulcre dans Jf'nisalcm nowelle
ne réalise pas vœu de M. Rivoira, qui la passe tranquillement sous silence,
le
quoiqu'elle ait pu d'autant plus difficilement échapper à son érudition qu'il cite un
article complémentaire de cette monographie, sur Quelques repn'fientations anti-
ques du Saint-Sépulcre constantinien {{). Peut-être cependant l'utilisation de ce
livre eût-elle permis à M. Rivoira d'étolVer quelque peu sa maigre et peu originale
dissertation académique.
Quem Juppiter vult perdere, dementat prius. M. S. Chabert (2) en trouve la pre-
mière trace dans ÏMarmoni/ de John Lightfoot, en 1647, en ces termes . Perdere
quos vult Deus, dementat, à propos de I Reg. xxii. 37. Son origine est-elle donc
biblique? Non.M. Chabert opine que Juppiter est ici plus ancien que Beus. Un
passage anonyme grec est sûrement l'original : "Orav ô' ô 07.(;j.œv àvop\ ^lopTjVTj
xaxdl I
-bv voyv £6XaJ*£ -pûTov. Un autre Anglais de Cambridge
le traduit ou le glose :
reprises m'entretenir du sujet avec M. W., durant le séjour de (|uelques mois qu'il
fit en Palestine en 1912-1913. il ne m'était pas indifférent de constater, en revenant
à l'archéologie après quatre ans et demi de préoccupations tout autres, qu'il avait
eu, en 1915, le loisir d'écrire une monographie nouvelle sur L'église Constantin lenne
de la Nativité à Bethléem (5;. J'espérais y trouver d'autant plus d'intérêt qu'elle
s'annonçait comme une enquête réitérée et fondamentale sur l'édifice (G), en vue de
soumettre nos relevés au contrôle technique dont nous avons vivement manifesté le
désir.
La lecture minutieuse de ce factum impose la constatation décevante que le jeune
maître allemand est beaucoup moins apte à l'investigation archéologique loyale et
désintéressée qu'à la diatribe dépourvue de circonspection. Aussi me serais-je abs-
tenu même d'une stérile allusion, si ce batailleur n'avait prétendu découvrir, dans
les déductions et les relevés de Vincent, une série pas minime d'inexactitudes et de
contradictions stupéfiantes (7). dont je dois compte aux lecteurs de Bethléem.
Vovons d'abord les contradictions. Ou en allègue dans le texte et dans les dessins.
Celles du texte sont tapageusement constituées à l'aide de petits lambeaux de
phrases détachés ^de tout contexte et mis en bataille les uns contre les autres. Il
s'agit invariablement de cas ou j'émettais la possibilité de plusieurs hypothèses, sans
avoir à prendre un parti concret. Si M. W. ne s'est pas laissé aveugler par son acerbe
mauvaise humeur et s'il a vraiment cru trouver là des < contradictions » ruineuses,
il faut déplorer que cet ardent controversiste soit à peu près aussi gêné par la lecture
découvre que les portes ne sont pas symétriquement dessinées ^ZDPV. 191-5, p. 111 .
Je lui rends grâce de l'honneur qu'il a bien voulu faire à ce schéma, établi avec
quelques traits de crayon, sans nul souci d'échelle, pour concrétiser un raisonne-
dans un verbiage creux le gène dans les plans, il pense pouvoir froidement l'éliminer
avec une petite sentence olympienne « ceci n'est pas établi avec une suffisante
:
(1) Je ne comprends pas exactement en quoi consiste l'erreur que M. w. ;p. 137J signale, sans
la préciser, dans un profil d'entablement {Bethléem, pi. XI, 3). C'eût été le cas de présenter un
graphique rectiflcatif.
{•2, Quiue à ne pas toujours
copier très exactement les chiffres inscrits sur nos plans^; par
exemple ,p. 108), où il copie 0"'..'î-2 x O'^M) ou notre pi. Vf porte —
correctement je espère 1
—
0'",3-2 X 0'",'i6.
BULLETIN. 290
simple que de constater si. oui ou non, mon placement de ce débris est correct;
s'il eût pu faire la preuve qu'il ne l'est pas, il s'épargnaitle pédantisme de sa res-
pas toujours la prudence de s'en tenir, devant ce qui le gêne, à une indiscrète mais
toujours facile mise eu doute. \ propos du mauvais raccord de cette partie haute
du transept avec la muraille primitive (,voy. Bethléem, p. 60 ss., lig. 19, 20 et pi. VIF
l'assembleur de nuages se lance dans un brouillamini de considérations pour conclure
à je ne sais quelle réparation d'un affaissement du mur ou d'une faille qui égaiera
les gens du métier 2 . Libre à Ce qui l'est moins, c'est d'essayer de pallier la
lui.
réalité en écrivant : « Par une comparaison attentive des ligures 19 et 20 [de Bethléem]
on découvrira facilement que, sur la figure 20, quelque retouche a été pratiquée dans
les joints pour une meilleure mise en évidence » iojt. c, p. 119, n. 1). Trop de
l-ersjjicacité cette fois! La figure 20 est une photographie qui donne à plus grande
échelle un détail de la photographie reproduite dans la fii:ure (O. L'une et l'autre sont
scrupuleusement indemnes de la plus minime retouche. Combien il était aisé au jeune
maître allemand de s'épargner la goujaterie de son imputation prétentieuse et de
me confondre en présentant une photographie de son cru, puisqu'il prétend avoir
interrogé avec tant de soin l'édifice! La pénétration stupéfiante de son coup d'œil.
qui lui a lait découvrir des retouches sur une des photographies de Bethléem, me laisse
rêveur sur les mauvais tours quelle .peut lui jouer, car elle s'exerce, sans doute
avec le même bonheur, sur le détail archéologique direct. M. W. laisse entrevoir
Le lecteur pensera évidemment qu'après sou acerbe critique des plans •ontra-
dictoirea et inexacts qu'il s'était d'abord donné la tâche de contrôler, le docte
Allemand ne pouvait manquer d'en présenter de sa façon. Qu'on se détrompe. Le
crayon et les instruments d'un relevé archéologique paraissent si peu famiUers à
cet intrépide batailleur, qu'il préférera p. 127 par exemple accumuler presque une
page d'un texte alourdi d'expressions techniques pour décrire des entablements que
deux simples profils eussent limpidement exprimés pour les lecteurs le moins spé-
cialisés. Pour traduire la basilique et éclairer sa controverse, le plan de Harvey
ments des uefs dans le transept postérieur, en alléguant que le soffite des archilraves. sculpt.-
sur place » pour l'adapter aux entrecolonnements. exclut toute possibilité de déplacement des
colonnes. Ce sol'fite est sculpté sur des pièces de bois indépendantes du corps de 1 entablement,
•juelle dilficultc y avait-il à scier les pièces à la demande, pour les adapter avec précision aux
entrecolonnements nouveaux, beaucoup plus espacés.'
3 U ne peut guère y avoir, en ellet. qu'une jonglerie à l'usage des badauds à présenter —
pi. Il —
la pliot. d'une porte romaine de Ganawàt comme pendant de la porte de façade de
Bethléem —
dont la photographie minuscule est gravée à l'envers: ou encore à expliquer —
— pl. V —
les chapiteaux de Bethléem par deux chapiteaux de Damas et du Caire. Avec cette
même rigueur de rapprochements un autre maître <le <iermanie expliquait naguère certains
éléments décor du mvcènien par des nmiifs chinois...
300 REVUE BIBLIQUE.
Sophrone a surtout cherché à faire de beaux vers et une strophe émouvante. Son
TcTpdiaToov exprimant très convenablement la « quadruble colonnade » des nefs, qui
imposer une fausse précision technique. Ajoutons que ce fameux texte est d'ailleurs
Tunique argument littéraire produit et qu'il demeure impuissant à compenser l'ex-
trême pénurie de l'argumentation archéologique.
A l'appui de la restauration proposée de la basilique constantinienne de Bethléem,
j'avais allégué, en terminant, ses étroites analogies avec les basiliques constanti-
niennes du Saint-Sépulcre et de l'Éléona. Le jeune docteur allemand élimine d'un
mot le Saint-Sépulcre, pour lequel nous n'aurions pas jusqu'ici connaissance de
vestiges monumentaux ,1). Quant à l'Éléona, quelques phrases saugre-
subsistants
nues doivent que ses analogies avec Bethléem n'existent que dans
suffire à établir
les restaurations de Vincent. Les troupes germano-turques qui ont campé récemment
trouve une parfaite unité structurale et si la docte revue qui accueille, comme
démonstration technique, ses maladroites élucubrations en est satisfaite, tant pis.
En dehors de certains écolâtres de Germanie, l'archéologie se traite avec des réa-
(1) Op. c, p. 132 et on veut bien citer en note Jérusalem, t. II, cli. v. Merci du peu! Voilà
encore un monument que M. W. fera l)ien d' l'interroger avec soin, avant de l'éliminer avec cette
désinvolture.
BLil.LETlN. 301
lités, pas avec des phrases s'évertuant à embrouiller les faits. Le monument de
Bethléem est toujours pour rendre témoignage, à qui voudra loyalement Tinter-
là
l'Angleterre! très bon résumé de la légende du saint. .T. Offord JSotes archéol. — :
sur dex antiquités juives; la route de l'Exode-, la propriété dans la Palestine antique
et en Egypte et l'année jubilaire; les Capitoles dans la Palestine romaine.
Avril. —
Masterman Hygiène... D. Mackenzie
:
—
Le port de Gaza et les :
— Lieut. Drake Une mosaïque grecque du vi" siècle à Oumm Djerur, plan d'une
:
au point qu'on eût pu le croire inditîérent, alors qu'il était au contraire si passionné
pour la solution de nos petits problèmes! Mais il savait aussi qu'ils ne valent pas
Ja peine d'altérer la charité.
D'un abord aimable, poète à ses heures, le P. Germer possédait au plus haut
degré les dons d'un esprit aussi élevé que fin, et d'une âme très noble, animée de
la piété la plus cordiale et la plus communicative. sans apparence d'affectation. Il a
était le volontaire le plus âgé, — et a été tué à soixante-dix ans, le 9 avril 1917.
M. von Soden senior est mort en 1914, d'un accident, peu après avoir achevé sa
grande édition du N. T. grec.
Et comme si les principaux maîtres de la critique textuelle devaient tous dispa-
raître en même temps, ÏM. mort le 9 mars 1913, avant d'avoir
Eberhard Xestle est
CN. D. L. R.)
ÉCOLE BIBLIQUE ET ARCBÉOLOGIQLE
AU COUVENT DOMINICAIN DE SAINT-É TIENNE. A .lÉRUSALEIM
R. P. Raphaë-i Savicxac.
R. P. Bertrand CARRitiRE.
R. P. M. Abel.
R. P. Hugues Vincent.
R. P. Antonin Jaussen.
R. P. Raphaël Savig.\ac.
R. P. Paul Dhokmi:.
R. P. Raphaël Savigxac.
I
Langue arabe. — Mardi et samedi, à 11 h. m.
h. P. Antonin Jaussen.
•
R. P. M. Abel.
Le Gcrunt : J. Gabalda.
saires, comment décider entre eux où est l'Église de Dieu? Tel est
en effet le fond du débat. Saint Augustin l'exprime au mieux quand
il écrit à un évêque donatiste : « Quaei'itur iilrum vestra an nostra
sit Ecclesia Dei » (1).
Sans doute, on peut dire aux Donatistes Vous n'êtes pas l'Église :
de Dieu, parce que vous êtes hérétiques, du fait que vous niez la
validité du baptême de vos adversaires, et que vous les rebaptisez
quand ils se font Donatistes. Augustin n'a pas négligé cette considé-
ration, nous l'avons vu
nous le verrons encore. Il a cependant
et
n êtes pas l'Église de Dieu, parce que l'Église de Dieu est catholique,
et que vous êtes des dissidents cantonnés en Afrique. L'argument a
(1) Auc, Bpistul. i.xxxvn, 10. Cf. Epistul. xciii, 27. Contra lift. Petil. ii. i64.
Sermo xlvii, 19.
RKVUE RIBUQUE 1919. — N. S., T. XVI. 20
306 RKVUE BIBLIQUE.
(1) Cette appellation, dont TertuUien est un des premiers témoins [De praescr. 30), et
qui se retrouve dans le Miiratorianum, (19, est employée par le pape Cornélius écrivant à
saint Cyprien et par un des évêques du concile de Carthage de 256, sinon par saint Cyprien.
Je ne vois pas que saint Ambroise l'ait employée. Dom Roltmanner la retrouve dans une
loi de Constantin (321), dans une loi de Gratien (377), dans une loi d'Honorius (412).
En Espagne, Pacien en Gaule, Kaustus de Riez à Rome, l'Ambrosiaster, le pape
; ;
D. N. Coitstantino. L'empire romain est adéquat à Yorbis déjà chez Terlullien, Apo-
loget. 30. —
Le concile de Rimini écrivant à Constance II (lettre lubente Deo)
énonce que le prince a reçu de Dieu le gouvernement de l'univers « ...pietas tua a Deo :
pâtre per Deum et D. N. lesuin Chrislum regeniJi orbis (potestatem) accepit ». Harduin,
t. 1, p. 715. Saint Ambroise disant que Constantinople attendait le retour de Théodose
pour assister à son triomphe, écrit « Exspectabal lolius orbis imperatorem slipatum
:
exercitu gallicano et totius orbis subnixum viribus. » De obilu Theodosii, 56. Ibid.
48 « ...clavus romani imperii qui lotum régit orbem... »
:
(4) De vera relig. 12 « Velint nolint enim, ipsi quoque haeretici et schismatum alumni,
:
quando non cum suis, sed cura extraneis loquuntur, Calholicam nihil aliud quam Catlio-
licam vocant. Non enim possunt intellegi nisi hoc eam noraine discernant quo ab universo
orbe nuncupatur. » Rapprocher Sermo xlm, 31.
(5) Ai3G. Epistul. Lxxxvni, 2. En 314, le donatisie Maximus qui soutient l'accusation
contre Félix, évéque d'Aplonge, déclare en prenant la parole : « Loquor. nomine seniorum
christiani populi catholicae legis. » Acla purgat. Feiicis, éd. d'Oplat de Ziwsa,
p. 198. Cf. D'autres exemples sont cités par Monceaux, t. IV, p. 169. Cf. Auc. Tractât.
SYNTHÈSE ANTIDONATISTE DE SAINT AUGUSTIN. 307
inédit, xxviii, 4 (éd. Morin, p. 112) : « (Haeretici) se ab ecclesia catholica sépara verunt,
et cotidie se séparant, et falso se catholicos vocant. )>
(4) Enarr. i.iv, 22 « Ex haerelicis asserta est Catiiolica, et ex bis qui maie sentiunt
:
probati sont qui bene sentiunt. Multa enim latebant in Scripturis, et cum praecisi essent
haeretici quaestionibus agitaverunt Ecclesiam Dei, aperta sunt quae latebant et intellecta
est voluntas Dei... Numquid enim perfecte de Trinitate tractatum est antequam oblatrarent
Ariani? Numquid perfecte de paenitenlia tractatum est anlequam obsisterent Novatiani?
Sic non perfecte de baptismale tractatum est antequam contradicerent foris positi Hebap-
tizatores. Nec de ipsa unitate Christi enucleate dicta erant quae dicta sunt, nisi postquam
separatio illa urgere coepit fratres infirmos... » Pareil thème. Ennrr. i,xvii, 39.
308 REVUE BIBLIQUE.
(1) Civ. Dei, xvin, 54 (p. 359-361). Cf. In ep. loan. ii, 3. De Gen. ad. litt. imp. lib. 4.
— Nous laissons de côté l'investiture de saint Pierre par le Tu es Petrus, que nous re-
trouverons plus tard. — En tant qu'elle est nombre des rachetés,
l'Eglise date de la
le
passion du Sauveur. De Gen. contra Manich. Et ipse soporatus est dormitione
n, 37 : «
(6) Epistul. CXI., 36. Allusion à Gai. ii, 9. — Ce qui n'empêchera pas Augustin de taire
SYNTHÈSE AMIDONATISTE DE SALNT AUGUSTIN. 309
|p^ Le texte Pro patribus tiiis natl siint tihi filii{Ps. xliv, 17) s'entend
des évêques, qui nous ont été donnés pour tenir la place des apôtres.
Les apôtres ont été envoyés, les apôtres ont prêché, ils sont nos pères,
leur foi est notre foi. xMais pouvaient-ils demeurer au milieu de
nous toujours? L'Église allait-elle être abandonnée, eux partis? Non,
car à la place des apôtres nous avons les évoques; à la place des
pères, les fils. L'Église appelle les évêques du nom de pères, mais
c'est elle qui les a enfantés, ils sont ses fils, elle les fait asseoir sur les
sièges des apôtres, et, comme son domaine s'étend à toute la terre,
elle fait des évêques les princes de toute la terre. Constitues eos prin-
cipes super omnem terram. Église, ne t'inquiète pas de ne plus voir
l'apôtre Pierre, ou l'apôtre Paul, ou les autres apôtres à qui tu dois
d'être : tes pères sont morts, mais des fils te sont nés, qui siègent à la
place des apôtres et prolongent leur paternité 1).
du Christ le fondement de l'Église Enarr. ; CIII, ii, 5. — Il explique ailleurs que le Christ
est le fondement des fondements, comme il esl le saint des saints et le pasteur des pas-
teurs « Si fabricam cogites, Christus fundamentum fundamentorum ». Enarr. Lxxxn, 3.
:
Enarr. xliv, 32 « Genuerunt te apostoli ipsi missi sunt, ipsi praedicaverunt, ipsi
(1) : :
patres. Sed numquid nobiscura corporaliter semper esse potuerunt?... Ergo illorum
abscessu déserta est Ecclesia? Absit... Patres missi sunt apostoli, pro apostolis lilii nali
sunt tibi, constituti sunt episcopi... Ipsa Ecclesia patres illos appellat, ipsa illos genuit, et
ipsa illos constituit in sedibus patrum. Non ergo te putes desertam, quia non vides
Petrum, quia non vides Paulum, quia non vides illos per quos nafa es de proie tua tibi :
crevit paternitas... Haec est catholica Ecclesia filii eius constituti sunt principes super :
(2) Contra Faushnn, xxviii, 2 (p. 739) : « ...universa Ecclesia ab apostolicis sedibus
usque ad praesentes episcopos certa successione perducta ». Et encore : « ...non interrupta
série Icniporuin Ecclesia certa conexionis successione usque ad tempora ista... » Et
encore : « ...illa Ecclesia ab ipso Christo inchoata per apostolos provecta certa succes-
sionum série usque ad haec tempora, toto terrarum orbe dilatata... » Rapprocher xi, 2
(p. 315) : H Videbis in hac re quid Ecclesiae catholicae valeat aucloritas, quae ab ipsis
fundatissimis sedibus apostolorum usque ad hodiernum diem succedentium sibimet epis-
coporum série... finnalur. » — Cf. Episttil. ccxxxn, 3; Contra Crescon. m, 21; Contra
adv. leg. et proph. i, 39; etc.
3J0 REVUE BIBLIQUE.
cula Ecclesia est, mare saeculiim est ». Le Sauveur a marché sur les
flots, oui, sur la crête des flots écumants. Qu'est-ce à dire? Les
empereurs se sont convertis et soumis au Christ (6). Augustin
n'est pas orateur à négliger l'antithèse de l'Église persécutée jadis
et maintenant maîtresse :
Crevit Ecclesia, crediderunt gaules. Victi siiut terrae principes sub nomiue Christi
ut essent victores in orbe terrarum. Posituni est collum eorum sub iugo Christi.
Persequebantur ante christianos propter idola, persequuntur idola propter Christum.
Enarr. .\xxix, 1
(1) « Sparsus est sanguis iustus, et illo sanguine, tamquam seinina-
:
tione per totum mundum facla, sejjes surrexit Ecclesiae ». Enarr. iviii, 5 « Efl'usus :
est inafinus et imillus niaityrum sanguis. quo effuso tamquatn seminata seges Ecclesiae
fertilius puUulavit et totum nuindura, sicut nunc conspiciinus, octupavil». £««/;•. CXVIII,
xxAU, 6. Sermo xxu, 4.
agnoscimus. Purpurata est universa terra sanguine martyrum.... ornatae sunt Ecclesiae
memoriis martyrum, insignita sunt tempora natalibus martyrum... Agnosciuius et gratias
agimus Domino Deo nostro ».
(3) De catech. rud. 44. Rapprocher Enarr. i.v, 3, la belle comparaison du pressoir :
Unde haec tanla pulchritudo.? De nescio qua radiée surrexit, et ista pulchritudo
in magna gloria est. Quaeramus radicem. Consputus est, huniiliatus est, flagellatus
est, crucifixas est, vulnerdtus est, contemptus est
ecce hic species non est, sed in :
(1) Senno xliv, 2. Cf. Enarr. i.iv, 12 : « Attende salteiii gioriain cruels ipsius. Tarn in
fronte reguni crux illa fixa est cul iniraici insultaverunt. Eflectus probavit virtutem :
domuit orbein, non ferro, sed ligne ". Ibid. CI. ii. 5 : >< ...ut esset nostris temporlbus
Ecclesia in tanta gloria quam videinus, ut iarn régna quae persequebantur ipsa serviant
Domino. »
ou recluses : les puissances du siècle, qui pour servir ces idoles per-
sécutèrent les chrétiens, ont été vaincues et subjuguées par leurs
victimes, et l'on voit aujourd'hui le chef de l'empire le plus noble
incliner son diadème au tombeau du pêcheur Pierre, « imperii
et prier
dit-il, on doit croire aux riches, voyez que de riches dans les filets
de l'Église! Si on doit croire aux pauvres, combien de milliers de
pauvres Si on doit croire aux nobles, elle a quasi toute la noblesse.
!
Si on doit croire aux rois, ils lui sont soumis. Si on doit croire
aux plus éloquents, aux plus doctes, aux plus judicieux, voyez que
d'orateurs, que de gens compétents, que de philosophes! L'Église a
pris ainsi dans ses filets tout ce qui a une autorité, « intra relia sua
omne genus auctoritatis inclusit » (3). N'oublions pas cependant que
pareille considération est pour Augustin une concession à l'opinion.
Car sa foi préfère opposer l'infirmité des convertisseurs à la dignité
des convertis. Dieu n'a pas choisi des sénateurs pour premiers con-
vertis, mais des pêcheurs, « noluit prius eligere senaio?'es, sed pisca-
tores, magna artificis misericordia ». Car Dieu savait que s'il avait
pris d'abord un sénateur, ce sénateur aurait dit : J'ai été choisi
pour ma De même, le riche aurait dit J'ai été choisi pour
dignité. :
choisi pour ma sagesse. Dieu s'est dit Les superbes attendront (4).
:
Dieu a voulu cette réussite historique de son Église, parce qu'il vou-
lait que son Église frappât en ce monde tous les regards, « ut nemi-
Ubi nunc regnum Caelestis? » La « Céleste », identifiée avec Junon, est l'ancienne
est
Tanit Astarlé des Phéniciens, très en renom à Carthage.
(2) Enarr. XXX, u, 2 « Missis retibus, inultiplicala est Ecclesia, et capti sunl innu-
:
merabiles de quibus praedictum erat... Per pascha sic referciuntor ecclesiae, ut turbas
ipsorura parietum recuset angustia. »
(3) Sermo u, 4.
(4) Sermo lxxxvii, 12.
(.5) Sermo xxxvii, 2 « Ergo
: describatur, laudetur, commendetur, amanda ab omnibus
SYNTHÈSE ANTIDONATISTE DE SAINT AUGUSTIN. 313
toute la surface de la terre (1). Elle est la cité bâtie sur la montagne
et dont Sauveur dit dans l'Évangile qu'elle ne peut être cachée
le :
nul ne la peut ignorer, abscondi non potest. Elle est la lumière pla-
cée sur le candélabre nul dans la maison ne peut n'être pas éclairé
:
par elle (2). Le texte scripturaire s'applique à elle, qui parle de Dieu
plantant sa tente au soleil « lam in sole, hoc est in manifestalione :
posmt tabernaculum suiwi quod est Ecclesia ipsius » (3). Il faut être
aveugle volontaire et brùlé du feu des concupiscences mauvaises,
pour ne pas voir le soleil (4).
nobis ut mater... Muliereni islam tara forlein quis non videt? Seil iam inventam, iain
eminentem, iam conspicuam, iam gloriosam, iam ornatam. iam lucidam, iam, ut cito
explicem, loto lerrarum orbe diffusam. >>
(4) Inep. loa. n, 2 « ...quam caecus qui tam magnum montem non
Enarr. lvu, 20. :
videt, qui contra lucernam in candélabre positam oculos claudil? » Enarr. CIII, m, 19 :
« Ista quando obscura eiat Ecclesia? Quando nondum apparebat, nondum eminebal, sedu-
cebantur homine&, et dicebatur Haec est Ecclesia, hic est Christus, ut sagittarent in
:
obscura luna rectos corde. Modo quam caecus est qui plena luna errât ! »
(6) Enarr. XXXIV, ii, 8 : « Ubicunque inveneri - christianum. soient insultare, exagi-
tare, irridere, vocare hebetem, insulsura, nullius cordis, nullius peritiae ».
(7) Enarr. xxxix, 26 : « Magnus vir, bonus vir, litteratus, doctus, sed quare chris-
lianus.' » Ibid. cxl, 17 : « Magnus vir ille, verbi gratia, Gaius Seius, magnus, doctus,
sapiens, sed quare chrislianus? Nam magna doctrina, et magnae litterae et magna,
sapientia ». Seraient-ce des propos tenus sur Augustin lui-même?
(8) Enarr. liv, 12. Epistul. ad. Rom. incfioat. expos. 1.5. De catech. rud. 11. — Au-
314 REVUE BIBLIQUE.
ceux qui se battent le fer à la main, se sont ouvertes à qui n'a d'au-
tre arme que la croix (8).
Dieu appelle à l'Église tout ce qu'il a créé de terre « Qtd terrain :
gustin note ailleurs que cette opposition doctrinaire est devenue très timide, devant le
succès grandissant de l'Église. />e cons. euangel. i, 10 et 13.
(1) Enarr. lxix, 2 : « ...Ecce fiant omnes
numquid et diabolus christianus
christiani,
erit?... Fremunt dentés impiorum adversus dignitalem Ecclesiae et pacem christianorum,
et, quia non habent quid agant saeviendo, sallando blasphemando luxuriando... lacérant
animas Christianorum. » Rapprocher EpisiuL cxi, 2 Attendunt quanta celeritate euan-
: <>
usque in Persas et Indos aliasque barbaras génies funiculos porrigat... » Rapprochez Epis-
iuL xciii, 23.
(7) Enarr. lxxi, 12.
(9) Enarr. xlix, 3. Dans le {Brevissimus liber] de baplisrno, publié par Dom Wilmart,
SYNTHÈSE AiNTIDONATISïE DE SAINT AUGUSTIN. 315
gile a été porté jusqu'à ces îles donc toute la terre créée que : c'est
Dieu a voulu conquérir à l'Église, quand il a prédit qu'elle dominerait
d'une mer à l'autre, Dominabitur a mari usque ad mare {Ps. lxxi, 8),
et que la prédication de rÉvangile serait portée jusqu'aux limites
orbis. Voyez G. Marinelli, La geografîa dei Padri délia Chiesa (18831. que je regrette
))
(2) Enarr. vu, 7; lxv. 2; CIII, i, 3. Cf. In loan. tract, viu, 2 : « Atlendite univer-
sum orbem terrarum ordinatuin in ipsa humana republica... « Ibid. lxv, 1 « Haeo dilec-
lio... innovât gentes, et ex universo génère hiiniano quod dififunditur toto orbe terrarum
populum novum. »
facit et colligit
Enarr. cxi\, 7. Cf. Sermo cclii, 10
(3) « Per quatuor enim cardines perrexit Euan- :
gelium, quod in tempore dispensatur, et ipsa est catholica Ecclesia <|uae quatuor partes
orbis oblinnit. «Rapprocher Enarr. OUI, m, 2. In loa. tract, ix, 15. De consetisu euang.
l, 3.
(4) Epistul. CXCIX, 4(i : « Sunt apud nos, hoc est in Africa, barbarae innumerabiles
gentes. in quibus nondum esse praedicatum Euangelium ex iis qui ducuntur inde captivi,
et Romanoruin servitiis iam miscentur, cotidie nobis addiscere in promptu est... » Je
pense à des génies établies au sud du limes romain eu Afri(|ue. Voyez S. Gseil, Hist.
ancienne de l'Afrique du Nord, t. I (1914), p. 302.
[b). Enarr. xcv, 2. Cf. Epistul. cxerx, 48, oii Augustin marque que toutes les nations se
convertiront, mais non pour autant tous les hommes « Oiiines enim gentes promissae :
en 415, quand il écrit « Non desunt adhuc ultimae gentes, licet ut perhibetur paucissimae,
:
quibus hoc nondum fuerit praedicatuui ». De nat. et grat. 2. El ailleurs : « Quo per-
venit (Ecclesiaj.' Ad omnes gentes. Paucae remaaserunt, omaes tenebit ». In ep. loa, n, 2.
316 REVUE BIBLIQUE.
prêche chaque jour l'Évangile, sont une preuve que l'Église a encore
du temps devant elle et que les desseins de Dieu sur elle ne sont pas
encore accomplis (1), —
quoique, à vrai dire, le monde approche de
sa fin et que l'Église touche à la vieillesse, vieillesse bénie et destinée
en finir en joie (2).
des apôtres, elles portent le nom du Christ seul. Kome est fille des
rois, Carthage est fille des rois, des villes et des villes sont filles des
rois, toutes ensemble elles sont une seule reine, « ex o?nmbîis fit iina
quaedatn recjina [%) ». Nombreuses sont les Églises, une est l'Église :
veste imitas commendata est (7) ». Elle est le vêtement d'Aaron sanc-
par l'onction qui descend de
tifié la tête du grand prêtre jusqu'à la
frange de son vêtement (8).
L'orgueil humain a fait aux pieds de la tour de Babel la confusion
des langues : qui cherche l'unité de langue la retrouvera refaite par
le saint Esprit dans l'Église, où la foi donne à tous les cœurs le même
langage : « Volunt iinam linguam, veniant ad Ecclesiam, quia et in
(1) De agone chr. 31. Enarr. cxlvii, 19 : « lani totiiru corpus Christi loquitur omnium
linguis, et quibus nondum loquitur loquetur. Crescet enim Ecclesia donec occupet
omnes linguas. »
(2) Enarr. xxxvi, 4 « Dominus ipse in corpore suo quod est Ecclesia iunior fuit prirais
:
temporibus, et ecce iam senuit... Corpus auteni Christi quod est Ecclesia tamquam unus
quidam homo primo iunior fuit et ecce iam in fine saeculi est in senecta pingui... »
Rapprocher xci, 11, et cxxviii, 3.
(3) Enarr. xxxix, 20.
Antea gentes, multae gentes, modo una gens. Quare una gens? Quia una fldes,
quia una spes, quia una caritas, quia una expectatio... Patria caelestis est..., quisquis
autem iade clvis est in una gente Dei est. Et iiaec gens ab oriente in occideutem ab
aquilone et mari distenditur per quatuor partes totius orbis (3;.
L'unité est celle d'un édifice : ces nations qui viennent l'une après
l'autre dans l'Eglise, sont des pierres vivantes, des pierres saintes,
qui entrent dans la construction d'un édifice qui ne s'achèvera qu'avec
le monde : « Quam magna donms! (i). » La charité est ce qui lie
ces pierres les unes aux autres : « Domwn Domini non faciunt, nisi
quando caritale compaginantw (5). » La charité est la paix « Pax, :
(1) Enarr. liv, 11. — In loa. tract, vi. 10. Serm. cclxvi, 2: cclxvii, 3; ccLxvin, 1;
CCLXIX, 1.
Enarr. cxlix, 7
(2) « Chorus Christi iam totus mundus est. Chorus Christi ab oriente
:
l'unité des âmes. Augustin insiste à maintes reprises sur celle unité dans la prière, les
jeûnes, les chants. Voyez Enarr. XXI, ii, 24; xLvni, 2; lxxv, 10; xcix, 12; cvi, 13;
cxxv, 9; CXLIX, 2. Serm. ccix, 1; ccx, 8. De vera relig. 5. Epistul. clxxxvii, 20-21.
(3) Enarr. lxxxv, 14. Cf. Enarr. xxxvu, 6 « Et nos : in corpore ipsius sumus, si tamen
fides nostra sincera sit in illo, et spes certa, et caritas accensa. » /« loa. tract, xxix, 6 :
« Credendo amare, credendo diligere, credendo in eura ire, et eius membris incorporari. »
(6) Enarr. cxux, 2. Epistul. cxl, 43; cxlii, 1 et 2. — N'oublions pas que l'unité de
l'Église a pour armature l'autorité enseignante et disciplinaire des pasteurs, « quibas
populorura congregatio regenda commissa est ». Epistul. xxxvi, 32. Cf. Epistul. ccxxvm,
11. Civ. Dei, IX, 9. Serm. cxlvi, 1 et cccxl. Enarr. cixvi, 3; cvi, 7.
divisés (1)! Toute hérésie est éphémère, semblable en cela aux tor-
rents d'hiver, débordants, retentissants, et bientôt à sec (2). Le Sabel-
lianisme n'existe plus, il était trop vieux pour une hérésie, il s'est peu
à peu vidé; l'Arianisme fait encore quelques mouvements, comme un
cadavre en putréfaction, ou du moins comme un homme qui n'a pas
encore rendu l'âme (3). Si on rencontre des hérétiques sur toute la
surface de la terre, aucune secte ne s'étend à toute la terre telle :
II
Mondiale et une dé fait (Gi, l'Église est telle parce que Dieu l'a
(1) Sermo iv, 34 : « Qui se dividunt ipsi Uabenl gladium divisionis et in gladio suo
nioriuntur et in gladio suo vivunt... Videte fratres mei, qui se ab unitate praeci-
illos,
derunt, in quot frusta praecisi sunt. » Aufiustin observe ailleurs que ces dissidents ont
entre eux cela seul de commun qu'ils ne veulent pas de l'unité. Sermo xlvii, 27 : « Dlssen-
tiunt inter se, contra unitateni oriines consentiunt. »
(5) In loa. tract, x, 8 : « Si Christi unica Ecclesia est, et una est... Vae bis qui prae-
cidunturt nam illa intégra permanebit. » Ibid. xii, 10 : « Vae illis qui oderunt unitatem,4
et partes sibi faciunt in bominibus. » Rapprochez Sermo xlvii, 28 : « ...Gentiles pagani
qui remanserunt, non babentes quid dicant contra nomen Christi, dissensionem Chrlstia-
norum obiciunt. «
(6) Cette unité mondiale n'est pas affectée par le fait que l'on parle d'une Ecclesia
occidentalis ou d'une Ecclesia orientalis, expressions qui sont, au temps d'Augustin,
purement géographiques. Augustin pourra écrire contre les Pélagiens « (Orientis antistites) :
et ipsi utique christiani sunt, et utriusque partis terrarum fides ista una est, quia et
fides ista christiana est. » Contra Iulian. i, 14. L'unité ne sera pas davantage aft'ectée par
les diversités de rites et de pratiques. Ce point est traité ex professo par A. dans ses
Epistul. i.n et lv.
(7) De catech. rud. 8 : « In veteri Testamento est occultatio novi, in novo Testamento
est raanifestatlo veteris. » Enarr. lxxii, 1 « ...quo tempore novum Teslamentum
• occul-
SYNTHÈSE ANTIDONATISTE DE SAINT AUGUSTIN. 3d0
les litiges que soulèveraient de- mauvais fils, il a tenu à ce que ses
volontés fussent incontestables (i2). Qu'on ne vienne donc pas nous
dire le Christ est ici, ou
: le Christ est là. Nous ne voulons entendre
:
que le Seigneur.
-Dicit unus ex uno angulo : Ecce liic est. Alius ex alio angulo : Non. sed ecce hic
est. Tu, Domine, die. Tu assere quam rederaisti, ostende quam dilexisti. Ad nuptias
tuas invitati sumus, ostende sponsam tuam, ne vota tua litigando turbemus...
Dicit discipulis suis, et non quaerentibus dicit... Hoc ab apostolis nondum quae-
rebatur, quia grex Cliristi nondum a latronibus dividebatiir : nos experti dolores
divisionis, studiose coagulum quaeramus unitatis. Apostoii quaerunt tempus iudicii.
et Dominus respondet locum Ecclesiae. Non respondit quod quaesierunt, sed nostros
praevidebat dolores.
Eritis, inquit, mihi testes in lerusalem. Parum est. Non pro hoc tantum prelium
dedisti, ut hoc solum emeres. In lerusalem, die adhuc : Et usque in fines terme...
Nerao mihi dical iam : Ecce hic est. Non, sed ecce hic. Sileat humana prae-
suraptio, audiatur divina praedicatio, teneatur vera promissio : In lerusalem... et'
usque in fines terrae. His dictis, nubes suscepit eum. Iam non opus erat ut aliquid
adderetur ne aliunde cogitaretur (3).
testimonia de Ecclesia toto terrarum orbe diffusa? Quis numerat? Non sunt toi haereses
contra Ecclesiam, quoi sunt testimonia legis pro Ecclesia. Quae pagina non hoc sonat?
Quis versus non hoc loquitur? » Sermo xlvi, 33. In loa. tract, vi, 24. Civ. Dei, xvi, 2
(p. 127); xvn, 16 (p. 247). De catech. rud. 6. Contra Faustum, xvui, 7; xxii, 24.
« Eritis mihi testes. Ubi tempora dicere noluit, loca tacere noluit... itoria! bibité;
ructate.Ecce in Jérusalem, ibi plantata est Ecclesia... Distendit palmites, et inplevit
universam terrara... » Itoria, le coup de l'étrier qu'on donne aux amis qu'on va
quitter.
320 RlîVUE BIBLIQUE.
« Orienlis et occidentis nomlne lolum orbem voluit significare, per quem futura erat
Ecclesia, incipienle euangelio ab lerusalem... Convenienler enim Ecclesiam nunc fulgur
nominavit [Mat. xxiv, 27), quod maxime solet emicare de nubibus. »
(4) De sancta virginit. 24 « Quid aliud islis restai, nisi ut ipsum regnum caelorum ad
:
banc lemporalem vitam in qua nunc sumus asserant pertinere!"... Et quid hac assertione
furiosius? Nam elsi regnum caelorum aliquando Ecclesia eliam quae hoc tempore est
appellatur, ad hoc utique sic appellatur quia futurae vilae sempiternaeque colligitur. »
(5) Civ. Dei, xx, 9 (p. 450) : « El nunc Ecclesia regnum Christi est regnumque caelorum.
Régnant ilaque cum illo etiam nunc sancli eius, aliter quidem quam tune regnabunt; nec
tamen cum illo régnant zizania, quamvis in Ecclesia cum trilico crescant... »
(6) Reutek, p. 150-151. Harnack, Dogmeng., t. IIF, p. 137.
SVNTIIKSE ANTIDONAÏISTE DR SAINT AUGISTIX. 321
apôtres et les disciples assemblés eii une même maison, leur commu-
nique le don des langues. Est-ce à dire que chacun reçoit le don
d'une langue? Nullement, mais cliacun parle les langues de toutes
les nations. Voilà le miracle du don, et en même temps le symbole
de rimité catholique qui doit s'étendre à toute la terre :
Loquebatiir imus liomo linguis omnium gentium : imitas Ecclesiae in linguis oninium
gentium. Ecce et hic imitas Ecclesiae catliolicae commeudatur toto orbe diffusae (1).
(I; Sermo cclvxvui, 1. Cf. Serm. clxw. 3; cclxv, 12; cclxvi, 2. fn Ina. tract, xxxii,
7. Civ. Dei, xviii, 40.
(2) Sermo cxr.ix, 6. Même thème dans Scrmc cci.xvi, 6; Enarr. X\X, ii, .ï.
dtcat, quod Ecclesia Christo dicat. nec nos dubitamus, nec illi ». Ibid. 36.
REVUE BIBUQUE 191f'. —
N. S., T. \vl. 21
322 REVUE BIBLIQUE.
ou que les sables de la mer, et qu'en elle seront bénies toutes les
nations de la terre, Beyiedicentur in semine luo omnes gentes terrai-
[Gen. XXII, 16) cette promesse est une prédiction du Christ, une
:
tant ils abondent, « copia quam inopia magis impedior », En faire une
sélection n'est pas plus aisé, parce qu'ils tiennent à la trame de
chaque psaume et qu'il faut les prendre avec tout le psaume, si on no
veut pas altérer la si.^nification des versets que l'on cite. Mais les
psaumes ainsi interprétés, quelle lumière prophétique en jaillit '2)!
Augustio complu, avec une ingéniosité et une richesse sans
s'est
10), ne pensons pas que cette parole de David soit de David, elle
est de David personnifiant le Christ. De quelle Église peut donc par-
(1) Enarr. XXX, ii, 9 : « Chrisluin figiirato, piaedicabat, Ecclesiam aperle praedicavit.
Ait eniia... » Cf. ihid. xxxix, 15.
nibus gentibus. Quare in onmibus gentibus? Quia semen est Abrahae in quo bene-
tlicenlor omnes gentes. Quare in omnibus gentibus? Quia in oranem terram exivit soaus
coruin. «
diffunde per miuidum vide iam hereditatem usque ad terrainos orbis terrae. Vide
:
iam impleri qiiod dictutn est Adovahant eum omnes re<jes terrae, omnes gentes
:
servient illi {Ps. l\xi, 11). Vide impletimi esse quod dictum est Exaltare super :
caelos, Deus, et super omnem terram gloriû tua [Ps. cvii, 0) ,1).
Qui videbant me, foras fugeriint a me xxx, 13), ils savaient par
[Ps.
l'Écriture ce qu'était l'Église, « cognrjverunt quid esset Ecclesia », et
ils lui ont tourné le dos (i).
(2j De Oinnia quae nunc vides in Ecclesia Dei et 3ub Cliristi notniue
catech. nul. 53 : (
per totmn orbem terrarum geri, ante saecula iam praedicta sunt, et sicut ea legimus ita
et videmus, et inde aeelificaimir in lidem. »
(3) Enarr. liv, 20 « Quoinodo in haeresi
: remanebit ad tantarn evidentiam sanctae
C'atholicae, quani difFudit Deus per totum orbem terrarum, quam anfcequam diftunderet
l>ronùsit, praenuntiavit, sic exhibait ut promisit? » Voyez Sermo xi.vi, 35-40, la
vigoureuse discussion des deux textes prophétiques ;du Canti([ue des cantiques el
d'Habacuc) où les Donatistes pensent trouver au moyen de deux calembours une pré-
diction du schisme De même, Sermo cxxxvm, ;». Dans le Sermo xl\i, 3;!, Augustin
africain.
délie les Donatistes de produire un seul
mot de l'Écriture qui le? justifie Exeat : (
mihi una vox pro parte Donali. Quid inagnum est quod quaero ? »
(4) Enarr. XXX, ii. 8. Ibid. 9 o Et peiie ubique Christus aliquo involucro
:
sacramenti
324 REVLE BIBLIQUE.
sévisse, qu'il multiplie les scandales et les pièges, l'Église ne peut être
vaincue : « Non vincetur Ecclcsia,non ('radicahitur,nec cedet qii'ibus-
(un symbolisme enveloppé) praedicatus est a prophetis, Ecclesia aoerte. » Cf. liv, 16;
i.\i, i;{; cxLVir, 16.
(1) De agone christiano, ;>1 : « Dlcunt iam isla orania fuisse coin])leta antequam essel
pars Donali, sed postea totam Ecclesiam périsse, et in sola Donati parte reliquias eius
remansisse contendunt. « Enarr. CI, ii, 8 « Dicunt Fuit et iam non est... Dicunl
: : :
Iinpletae sunt Scripturae, crediderunt omnes gentes, sed apostatavit et periit Ecclesia de
omnibus genlibus... Hoc dicunt qui in illa non sunt. » Ibid. XXI. ii, 24 et 28. Scnno
LXXXVIII, 21-2j!.
(2) Enarr. XXI, ii, 2 «Africa sola bene olet, tolus mundus putet! » Ibid. CI, it, 8
: « .
(3) Enarr. xlvii, 7. Ibid. ClII, ii, 5 : « Firmavil Ecclesiam super fundamentura Christum.
Nutabit Ecclesia fundamentum sed unde nutabit Christus?... Ubi sunt qui
si nutaverit :
dicunt périsse de mundo Ecclesiam, quando nec inclinari potest? » xc.ii, 8 « Domus :
Oomini forlis erit, per totum orbem terrarura eril; multi cadenl, sed domus illa stat;
muUi turbabuntur, sed domus illa non movebitur. Domum tuam decet sanctificatio,
Domine. Nnmquid parvo tempore? Absit. In longitudinem dierum. »
(4) Sermo xi vi, 33.
(5) Enarr. i.x, 6. Rapprodiez Enarr. LXX, ii, 4 et Expos, in Gai- 24. Augustin vise de
prétendues prédictions païennes qui vaticinent la fin du christianisme. Enarr. \l, i. Civ.
Dei, xvm, 54
SYNTHESE A.NTIDONATISÏE DE SAINT AL(;L">T1N. 325
qui ne sont pas les vôtres, pas même les fautes des vôtres, je ne
retiens que votre fait personnel, je vous accuse d'être sortis de l'Église :
votre péché est votre schisme (^6). Cai* le schisme est un péché, un
péché comme l'adultère, l'homicide ou l'apostasie, un mortiferum
peccatum (7). Il n'est pas de faute plus grave que le sacrilège du
schisme, assure .\ugustin, car il n'est pas de juste nécessité de briser
l'unité (8).
2) Sermo \x\vii, 6 -. • Invenis alium dicenlein tilii ; SuflBcit inihi in ooiiscientia Deum
colère, Deum quid mihi opus est aut in ecclesiam
adorare : ire aut visibiliter misceri
chrislianis? Lineam vull habere sine tunica lanea. >
attendo, quod foris es argue, exitum tuum arguo... x Cf. Epistul. \uu, 2.
iT) Serm. lVi, 12; lxxi, 7.
(S) Contra epist. Parmen. ii, 25 « Haec de Scripturis sant tis documenta proferimus,
:
ut appareat facile non esse quidquam gravius sacrilegio schismatis, quia praei idendae
unitatis iiulla est iusta nécessitas. »
320 REYUE BIBLIQUE.
lil
Tant que nous vivons, tant que nous sommes en santé, nos membres
remplissent leur fonction respective. Si un membre soufire, tous les
membres compatissent. Parce qu'il est partie intégrante du corps,
le membre peut souÔVir, il ne peut pas expirer, « Quid est enim
exspirare nisi spiritum ami Itère? >^'
Qu'un membre vienne à être
(2) Sermo ccixvn, 4. Même théorie, Sermo ( clxviii, '}. In loa. Intel, xwi. 13. Enorr
LXIV, 7.
SYNTHÈSE xVNTIDO.NATlSTK \)E SAIM AUGUSTIN. 327
rÉgiise, son symbole est celui de l'Église, mais il n'a pas la vie,' If
saint Esprit (1).
Aux hérétiques, qui voudraient que l'Esprit fût un don immédiat,
Augustin oppose cet axiome que l'Esprit est un don auquel nous
participons dans i'Égiise, l'unique Ég-iise étant la Catholica (2). Aiott
le non-baptisé appartient par sa naissance à la masse de l'humanité
perdue : il est transféré par la grâce baptismale dans l'humanité
sauvée, il membre du corps du Christ, il entre dans la com-
devient
pago de ce corps comme dans la structure vivante du temple de
Dieu qu'est l'Église. Hors de cet édifice qui s'élève pour devenir
l'éternelle demeure de Dieu, toute vie d'homme est malheur et doit
être appelée mort plutôt que vie. Quiconque donc ne veut pas que
la colère de Dieu reste sur lui, ne doit pas être étranger à ce corps,
à ce temple, à cette cité, et celui-^là est étranger qui n'est pas rené
par le On n'excepte de cette condition que les martyrs
baptême (3).
qui ont souffert martyre avant d'avoir reçu le baptême, parce que
le
leur passion leur tient lieu de baptême (Y). Les catéchumènes ont
la foi, nous les appelons nos frères, ils sont sanctifiés par les rites
propres du catéchuménat, ils ont parfois une éminente charité ils :
(1) Sermo cclxmii, 2. Rapprocher Serm. i.xxi, 32; cclxix, 3 et In loan. tract, xxvii, 6.
(2) Sermo i.xxi, 5.
Rapprocher De bapt. iv, 'iSi « ...invenio non tantuni passionein pro nomine Christi id
:
quod ex haptismo dcerat .posse supplere, sed etiam fidem conversionemque cordis, si forte
ad celebrandum mysterium haptismi in angustiis leniporuni succurri non potesl. « Et tel
est le cas du bon larron. —
Tel était mieux encore le cas du jeune Valentien II, assassiné
en 302 sans avoir encore étc baplisé, et du salut duquel saint Ambroise s'était porté
3:>8 REVUE BLBLIQUE.
Ecciesia catliolica sola corpus est Clirisli... Extra hoc corpus neininein viviJicat
Spiritnssanctus... Non habent itaque Spirituni sanctura qui sunt extra Ecelesiam (1;.
Ne parlons plus des non-baptisés, soit païens, soit juifs, qui sont
évidemment hors de l'Église dont ils n'ont pas franchi le seuil hors :
de l'Église sont en outre les baptisés qui par leur faute sont séparés
délie, les hérétiques, les schismatiques, les excommuniés.
pour que l'erreur soit une hérésie, que l'erreur commise aille contre
la régula fidei, et comme la régula fidei n'est définie et expresse que
pour une part, on comprend qu il puisse être difficile parfois de
prononcer si telle erreur est ou n'est pas une hérésie *2). Le plus
sauvent, les hérésies se sont accusées elles-mêmes en défendant
ouvertement leur erreur contre l'autorité de l'Église qui la réprou-
vait, en se donnant une dénomination particulière, en faisant spon-
tanément sécession, sans laisser d'avoir parfois en tout le reste le
même culte que la Catholica i3). L'hérésie est alors collective et d'au-
tant mieux reconnaissable. Mais l'hérésie peut chercher « se dissi-
muler à l'intérieur du Catholicisme tel a été le cas du Priscillia- :
nisme (4). Enfin on devra, pour être juste, distinguer les hérétiques
de bonne foi et les autres. Celui qui défend son opinion, encore
qu'elle soit erronée et perverse, mais qui la défend sans s'y obstiner,
et qui cherche la vérité avec scrupule, prêt à se rendre à elle quand
il la connaîtra, celui-là, fut-il né dans l'hérésie, n'est pas à lenir pour
garant, dans son célèbre discours De obilu Valentinia ni Voyez 30, 51-53, 75). .\uguslin se
sera incliné devant le sentiment d .\mbrolse.
(1) Epislul. CLXxxv, 50. CL In loan. tract. \\\n, 7. Sermo lxxi, 28, 3o, 33.
("2) De haer. prooein. : « Quid ergo faciat hacreticuin, regulari quadam delinitione com-
l>rehendi, sicut ego exislimo, aut (iinnino non potest, aut ditricillime potest. >'
foi que telle est la foi catholique : celui-là ne sera pas non plus
hérétique, à moins que, la doctrine cathohque authentique lui étant
présentée, il ne lui résiste et s'opiniàtre dans l'erreur qu'il s'est
peisuadée (1).
Le schisme est une sécession amenée dans une communauté par un
dissentiment : u Dlcitur sc/iisma esse recens congregationis ex aliqua
». Aucun schisme sans un dissenti-
sententiarum diversilate dissensio
ment préalable. Si le schisme persévère, il devient une hérésie :
sont donc de la semence d'Abraham, oui. mais ils n'ont droit à l'héri-
(1) De bapt. IV, 23 : « Isluni nondiiia haeretkum dico, nisi inanifeslala sibi doctrina
catholicae Hdei resistere maluerit, et illud quod tenebat elpgerit. »
(2) Contra Crescon. 11,9. —
Cresconius n'accepte pas la définition d'Augustin et ([ue tout
schisme dégénère nécessairement en hérésie. Cresconius dit ibid. 4) « Inter nos, quibus :
idem Christus iialus raortuus et resurgens, una religio, eadem sacramenta, nihil in chris-
tiana observatione diversum, schisma factum, non haeresis dicilur. Siquidem haeresis est
diversa sequentium secta : scbisma vero eadem sequentium separatio. »
(3) Contra Crescon. ii, 10.
(4) De fille et sijmb. 21. Civ. Dei, xmii, 51. Enarr. cwi, G. Serm. xlm, 37; ci.xxxi, 3 el
/>; CCLII, 4.
(5) De catccli. rud. ifi : ' ...de unitate Ecclesiae, velut putata vile, praecisos qui haere-
tici vel schismatici dicuntur... »Enarr. i.\\', 5; LXVIII, i, il.
(6) De patienlia, 25 ...filil concubinarum, quibus ludaei carnales et «chismatiti vel
haeretici comparantur. »
330 REVUE BIBLIQUE.
(1) Seriiio iM ...Eodem verbo nasceris, eodem sacratnento, sed ad eaindeiii heredi-
: «
episcopale iudiciuni, qua poena in Ecclesia nulla maior est... » Le pécheur notoire qui ne
se soumet pas à la pénitence, peut être excommunié. In loa. tract, xlvi, 8 Ecce nescio : <•
(3) De Gen. ad. litt. \i, 54 k ...tamquam excoinmunicatus :sicut etiam in hoc paradiso, :
removeri. «
mysteriis Christi quae in vestra pravitale depravala non sunt sacrilegam i'aciamus iniu-
riam. » xciii, 'i6 « Nobîscnm estis in baptismo, in symbolo, in ceteris domiuicis sacra-
:
nobiscum non eslis >. lxi, 2 « ...agnoscentes in els bona Dei, sive sanctum baptismurn,
:
proderant, quando caritas non erat. » Âugustiu naurait pas écrit comme .\mbroise {De
paenitenlia, I, 7) « Recte igitur hoc (le droit de lier et de délier) Ecclesia vindicat, quae
:
veros sacerdoles habet haeresis vindicare non potest, quae sacerdotes Dei jjon babet.
.-
>>
hauts cris « Noli clamarc », celui-là n'a pas la charité qui divise
:
l'unité (3).
Le chrétien qui prend part à l'eucharistie hors de l'Église, c'est-à-
dire dans le schisme ou l'hérésie, ne bénéticie pas de la vertu de
l'eucharistie : loin même
que l'eucharistie lui soit profitable, elle lui
est nocive, étant sa condamnation :
quod aocipimus, et nemo dicit non esse sanctum. Et quid ait apostolus Qui uutem :
manducat et Mbit indigne, iudicium sibi manducat et bibit [I Cor. xi, 29). Non
ait quia illa res mala est, sed quia ille malus, maie accipiendo, ad iudicium accipit
(1) Scrmo ccLxix, 2 : « ...recte intellegitur, ((uainvis ipso.s baptisrauiu CUristi liabere
faleamur, haerelicos non accipere vel schismalicos Spiritum sanctum, nisi dum compagini
adhaeserint unitatis per consortium caritatls. > Augustin, dans le contexte, s'applique à
justifier par des faits tirés des Actes des apôtres sa distinction de la réception du bap-
tême et de la réception de 1 Esprit. — On s'élonne qu'Augustin n'ait pas tenu compte que
Vobex qui suspend l'efficacité ne peut être que personnel. Il s'ensuit que le baptême,
administré par un Donatiste à un petit enfant, ne peut pas ne pas être eflicace. Augustin
est ailleurs amené à en convenir « ...parvulus, qui, etiain si fidem nondum babeat in
:
cogitatione, non ei tartien obicem contrariae cogilalionis opponit. unde sacramentum eius
salubriter percipit. » Epislut. xcvni, 10.
(2) Ibid. A et 4.
(3) In loa. tract. \i, \\ et 21. Cf. Enarr. Clll. i, 'J. — A. donne à sa pensée une pré-
cision absolue dans le De baptisino, m, 18 : « Si fit illic remissio debitorum per bap-
tismi sanctilatem, rursus débita redeunt per haeresis aut schismalis obstinationem. »
Ibid. I, 19; iv, 17. — Sur celte erreur d'A.. la reviviscence de péchés un i^|stant remis,
(4) In loa. tract, vi. i:.. Cf. Cii\ Dei, xxi, 25.
332 REVUE BIBLIQUE.
[la Ecclesia] remittimtur ipsa peccata, extra eatn qiiippe non remitluntur. Ipsa
uamque proprie Spiritura sanctum pignus accepit, sine quo non remittunlur ulla
peccata, ita ut quibiis remiltuntur consequantur vitam aeternam {\ .
prie hors du temple ne sera pas exaucé dans l'ordre du salut, alors
même qu'il le serait dans l'ordre des biens de ce monde que Dieu
ne refuse pas aux païens. Celui-là seul prie dans le temple, <{ui prie
dans la paix de l'Église, dans l'unité du corps du Christ, ce corps
du Christ qui est fait des croyants répandus dans l'univers entier (V).
D'un mot, quiconque est séparé de l'Église catholique, quelque
louable qu'il estime qu'est sa vie, a la colère de Dieu sur sa tcte et
n'aura pas la vie éternelle, pour le seul crime d'être en rupture avec
mons eius saacta Ecclesia eius... Quisquis praeter i.stum inontom orat, non sesc speret
exauiUri ad vitam aeternam. »
(4) Enarr. cxxx, l » ...ExauJiri ad vitam aeternam aliud est, ncc conceditur nisi ci
:
([ui in templo Dei orat. Hle autem in templo Dei orat, qui orat in ace Eccle.'-iae, in unitate
j
corporis Christl, quod corpus Christi constat ex rnultis credentibus in toto orbe ter-
rarum ». Augustin introduit donc ici une distinction Dieu accueille les prières des
:
païens, mais seulement dans l'ordre des biens temporels, pas du salut « Audivit te ad
:
temporalia, non le audit ad aelerna, nisi in monte sancto eius adoraveris. » Enarr,
xcviii, 14.
SV.NTHtSE ANTIDONATISTE OE SAINT AUGUSTIN. 333
damnation un chrétien qui n'est pas de l'Église (2). Celui qui n'aime
pas l'unité de l'Église n'a pas la charité de Dieu : « Nofi liabent Dei
taritatem qui Ecclesiae non diligiint unilatem » Aimer l'Église (3 .
(1 1 Kpistul. cxLi, 6.
(2) Epislul. CLxxni, 6 : < l-oiis ab Ecclesia constitulus et separalus a covnpage unitalis
et vinculo caritatis, aeterno supplicio punireris, etiarnsi pro Chrisli nomine vlvus incen-
dereris. » Augustin pense aux martyrs que les Donatisles se flattent d'avoir, martyrs qui
ont souft'erl persécution pour une autre cause que la justice. Epistul. xiiv, 4 et 7. Sermo
(Axxviii, 2. Ce qu'il dit du martyre, il le dit des miracles. In loa. tract, xiii, 17 : « Nemo
vobis fabulas vendat : et Pontius fecit miraculum, et Donatus oravit et respondit ei Deus
de caelo. Primo aut falluntur aut fallunt... Teneamus ergo unitatem, fratres mei : praeter
unitalem et qui facit miracula nihil est. »
(3 De bapt. m, 21. Epistul. lxi, 2 : « Quis vere dicit se habere Chrisli caritatem,
quando eius non amplectitur unitatem? »
quis semé! per baptismum susceptus a Christo ex eius décidât corpore, hoc est excutiatur
ab Ecflesia ipsa est enim morlis ruina perpetuae.
:
>
33i REVUE BIBLIQUE.
« Rarnm hoc videtur genus, secl tamen exempla noïi destini, immo
plura sunt quani crcdi potest » (3). Il peut donc se rencontrer des
que la nation juive, qui ont été de de vrais Israélites et des citoyens
témoin Job,
la patrie céleste, « no7i terrena, sed caelesti societate ».
qui était iduméen. Cet exemple prouve que, en dehors du peuple
visible de Dieu, le peuple juif, des hommes ont vécu selon Dieu, ont
plu à Dieu, ont appartenu à la céleste Jérusalem, étant bien entendu
(1) De baptismo, i, 3. — Je ne fais pas entrer en ligne de compte les prédestinés qui
ne sont pas encore baptisés, ou les prédestinés qui ayant été baptisés sont dévoyés un
temps De corrept. 21 et 23. Ni les uns, ni les autres, dans l'hypothèse posée par
:
Augustin, ne seront sauvés sans l'Église. C'est de ces prédestinés qu'Augustin a élit ;
>< Secundum istam praescientiam Dei et praedestinationem, quam niullae oves forisl •
qu'à ces hommes aura été accordé par Dieu de conuaitrc le seul
médiateur de Dieu et des hommes, le Christ, pour que ce soit la
même foi qui conduise les prédestinés à Dieu (1). Augustin met la
Sibylle de Cumesau nomhre de ceux qui appartiennent à la cité de
<
munia sacramentorum
IV
(2) Ibid. 23. .lob et la Sibylle sont, j'en ai peur, pour Aujiustin des exceptions raris-
simes. IN'ouliHons pas qu'Augustin professera, contre les Pélagiens, l'erreur que les païens
n'ont pas de vertus. Contra Iulian. iv, t6-25. KpistuL ccxvii, 10. Civ. Dei, xix, 25.
(4) Specut, p. 63. Mais (p. 39) Specht a tort de dire que le terme " âme de l'Eglise » est
augustinien.
(5) L. Capéran, Le problème du saint des infidèles (1912), p. 85-8'3.
H36 REVUE BIBLIQUE.
Et in Spti'îtum sanctuin
sit nclam Ecclerilam,
rcmUsionem peccatorvm,
carnis resutrectionem.
(1) Scrm. ccxni, 6-8, et (:c\i\, 10-12. De ficle et op. 14. De symb. 21. Enchiri-
/ide et
dion, XV. Tractât, inédit, i, 8 (éd. Momx, p. 6). — Même du symbole dans de
texte
symb. ad calech. 13 ^P. L., t. .\L, p. 668), attribué à l'évêque de Carlhage Quodvult-
deus (v siècle'.; Revue bénédictine, 1911, p. 157.— Pour saint Aiobroise, Hahn, Biblio-
thek der Symbole (1891], p. 36-37.
(2) BuRN, An introduction ta the creeds (1899), p. 240.
être comparée à l'union d'Adam et d'Eve, dont il est écrit Erunt duo :
In carne una [Gen. ii, 21). Le Christ est l'époux, l'Église l'épouse, et les
deux ne sont qu'un (2). Les baptisés seront les enfants de cette union.
Tandis que Adam et Eve nous ont enfantés pour la mort, le Christ et
l'Église nous enfantent pour la vie éternelle ;îi. Eve a été par Adam
appelée Vie, parce qu'elle est la mère de tous les vivants ce nom :
Donec veniat ad amplexus illos spiritales ubi secure perfruatur eo quem dilexit
et cui suspiravit in ista diutiirna peregrinatione, sponsa est : et accepit arrham
magnam, sangiiinem spoQsi. cui secura suspirat. >'ec illi dicitur Noli amare. :
alius est qui Christo praeponatur, secura amet ista et antequaai illi iungatur dniet. ;
(1) Sermo cccxxxvi, 5. Enarr. CIII, iv, 6; (wvi. 7. In loa. tract. c\x, 2. De Gen.
contra Man. ii, 37. Civ. Dei. xxn. 17.
L'Église est vierge et mère comme Marie. Mais, tandis que la virgi-
nité de Marie une virginité préservée, celle de lÉglise est une
est
virginité retrouvée, une virginité de cœur, de foi (2). La virginité de la
chair est la gloire du petit nombre : tous doivent avoir la virginité
de cœur, c'est-à-dire une foi sans défaillance (3). Va\ ce sens, l'Église
est vierge et compte des milliers de saints.
dans cette virginité elle
Vierge, elle enfante les baptisés, donc les membres du Christ, mater-
nité virginale qui parfait sa ressemblance avec Marie [k). Nouveaux
baptisés, vous êtes les fils nouveau-nés de la chaste mère, les fils
de la vierge mère, v< o novelli filil castae matris,... filii virgihis
matris » (5)
Die Deo tuo : SancUis sum, quia sanctificasti me-, quia accepi, nou quia habui;
quia Ui dedisti, non quia ego merul...
[am vide ubi sis. et de capite tuo dignitatem cape (6).
Ecclesia ex génère humano... Gaudeat spoasa amata a Deo. Quando amala.-' Duin adliuc
foeda... Amata est foeda ne remaneret foeda... Evertit foeditateni, formavit pulchritu-
dinem... Summa et vera pulchritudo iustitia est. »
(3) Enarr. cxlvii, 10. De sancta virginil. 2, 5, 6, 7, II. In loan. tract, viu, 8.
((j) Enarr. lxxxv, 4. Cf. Sermo clxxiv, 9 : .( In parvulis natis et non<luni baplizatis
as^noscitur Adam : in parvulis natis et baptizatis et ob hoc renatis agnoscitur Christus. »
retiir cor meum [P.s. lx, 3), on n'entendra pas de David ce cri et cette
(1) Enarr. lv, 3. Sermo ccclxi, 14. Rapprocher In loa. tract, cvi, 2, sur la présence
spirituelle du Christ dans l'Église en ce monde.
(2) De doctr. chr. in, 44.
{^) Enarr. i.iv, 17 : ( Corpus Christi et unitas Christi in angore, in taedio, in raolestia,
in conturbatione exercitationis suae... Et ipse unus, non in une loco unus, sed a ûnibus
terrae clamât unus. » In lou. tract, xxt, 8 Ergo gratulemur et agamus gratias, non
: <
soluui nos christianos factos esse, sed Christum. Intellegitis, fratres? (Irntiam Dei super
nos capitis? Admiramini, gaudete, Ciiristus facti sumus. Si enim caput ille, nos membra,
totushomo ille et nos... Pleniludo ergo Christi caput et membra. Quid est caput et
membra? Christus et Ecclesia. » Cf. Sermo xl\, 5 et (.ccxi.i, 13. Enarr. cxxvii, 3. —
L'Eucharistie parfait et aussi représente l'unio^ des fidèles au Christ, le corps mystique du
Christ. Voyez Dorner, p. 263-270, et P. B. L'Eucharistie (1913), p. 426-428 et 451.
(4) .\ugustin n'ignore rien de l'édihcation ((u'inspirent les saints qui sont dans l'Église
de son temps et dont les vertus frappent tous les regards. De moribus Ecclesiae catho-
licae, I, 65-73; Contra Fanstum, v, 9; De sancta virginit. 37; Tractât, inédit, xmii, 2
(p. 70); etc. On ne peut cependant douter qu'Augustin ait été sévère pour les Catholiques :
340
lîEVLE 13IBL1QUE.
Il dénonce pis encore, car il montre les mauvais chétiens installés sans
o'ène dans l'Église, assistant avec les bons chrétiens aux saints
mystères, disant avec eux loraison dominicale, s'approchant de l'au-
tel comme eux, sans qu'il soit possible aux évèques de séparer des
bons chrétiens ceux pour qui il faut gémir et qui sont l'opprobre de
l'Église [\).
D'autre part, l'Église, corps mystique du Christ, est dans les saints :
« Mater Ecclesia quae in sanctis est... » ^5). Les saints constituent
il croit le nombre des saints est petit parmi eux, par contraste avec la multitude des
que
pécheurs Contra Fouslum, mu. 16; xx, 23. On sait qu'Augustin croit pareillement au
:
hic sumus. qui me modo auditis. Quotquot hic suraus, Deo propitio, chrisliani fidèles in
hac ecclesia, id est in ista civilatc, quotquoi sunt in ista regione, quotquot sunt in ista
provincia, quotquot sunt et trans inare. quotquot sunt et in toto orbe terrarurn (quoniam
a solis ortu usque al occasum laudatur nomen
Domini) sic se habet Ecclesia catholica :
{2) Enarr. x, 1.
ecclesiae plenae sunt... » Voyez encore l.narr. vn, 9; xl, 8; xlvi, 5; ixi, 10; De fide rf
(4) Enarr. m, 3. Voyez entre iden d'autres Sermo ccxxviii, 1, sur les
X\.\,
scandales que nouveau baptisé doit être averti qu'il découvrira dans l'Église quand
le
il y sera entré.
—
Sur les hypocrites qui sont ficlo cordr dans la Catholica, voyez Sermo
i.xxi, 32 et De doctr. chr. m. 45.
Abel Ecclesia erat, et expugnatus est a fratre raalo et perdito Gain. Aliquando in solo
Enoch Ecclesia erat. et translatus est ab iniquis. Aliquando in sola doiiio Xoe Eccle-
sia erat, et pertulit omnes qui diluvio perierunt, et sola arca natavit in fluctibus et
evasit ad siccuni. Aliquando in solo Abraham Ecclesia erat, et quanta pertulit ab
iniquis novimus... Coepit esse et in populo Israël Ecclesia : pertulit Pharaonem et
Aegyptios. Coepit et in ipsa Ecclesia id est in populo Israël numerus esse sancloruni :
Moyses et ceteri sancti pertulerunt iniquos ludaeos... Ideo ne... quisquam miraretur
in Ecclesia volens esse membrum bonum Ecclesiae, audiat et ipsam Ecclesiam
matrem suam dicentem sibi : Xoli mirari ad ista. fili, Saepe expugnaverimt mr a
ii'vcntute mea (1).
(2) Enarr. r.xxxi, 1: lxwii. 3. Epistul. ad lUnn. inrhoat. expos. 2. Eipos. epistul. od
Gai. 24.
(3) Enchiridion, lvi. Rapprocliez Epistul. ci.wxmi. 41 : >( Cum hubitatiouem eius cogitas,
unitatem cogita congregationeraque sanctorum, maxime ia caelis...,deinde in terra... »
'4) Sermo cccxu, 11 : Adiungitur ista Ecdosia qiiae nunc peregrina est illi caelesli
Kcclesiae ubi angelos cives habeinus,... et fituna Ecclesia civiles régis magni ». Epistvl.
\ci, 1 : « Unde supernae cuiusdam patriae. in cuius sancto amore... periclitamur et labo-
rainus, talem etiam teipsum civem habere vellernus, ut eius portiunculae in hac terra
peregrinanti nullura consulendi niodum linemque censeres. » (Cette lettre est adressée à
un païen de Calama, Nectarius;.
(5) En tant qu'elle est l'Église du ciel, elle compte les anges dans sa société. Enarr.
t.xxxvir, k. Cir. DeU xi, 9.
342 RE\UE BIBLIQUE.
qui parlent d\me Eglise sans tache et sans ride Epn. v. 25-27), doi-
Haec est Ecclesia sanctorum, Ecclesia friimentorum toto terrarum orbe diffuso-
rum. per agrurn Domini seminata, quod est hic mundus. ipso Domino exponente
cura de seminante diceret, quia homo seminavit boniitn semen in agro suo... \um-
quid in parte triticura. et in parte zizania? Per totiim triticum, et per totiim zizania.
Ager Domini mundus est, non Africa... Ergo Ecclesia sanctorum Ecclesia catholica.
Ecclesia sanctorum non est Ecclesia haereticorum.
Ecclesia sanctorum illa est quara praesignavit Deus antequam videretur. et exhi-
buit ut videretur. Ecclesia sanctorum erat antea in codicibus, modo in geutibus.
Ecclesia sanctorum antea tantummodo legebatur, nunc et legitur et videtur. Quando
solum legebatur, credebatur modo videtur et contradicitur! Laus eius in Ecclesia
:
sanctorum (2)!
Ecclesiam non liabentem niaculara aut rugam, non sic accipiendum est quasi iam sit.
sed quae praeparatur ut sit, quando apparebil eliam gloriosa. » Même doctrine dans De
doclr. christ, i, 15, De virgin. 24. De continent. 25. Sermo clxxxi. 7.
(4) /n loa. tract, xxvii, Il : .< Modo enim corpus Christi mixtum est tan<|uam in arca.
SYNTHÈSE ANTIDONATISTE DE SAINT AUGUSTIN. 343
peut pas ne pas compter desbreliis et des boucs... L'Église mêlée est
rÉglise du temps « Area est Ecclesia liuius temporis, saepe diii/tius,
:
Saint Cyprien l'avait dit déjà, les bons chrétiens n'ont pas le droit
de prendre prétexte des mauvais chrétiens pour se retirer de l'Église
[loc. cit.). Augustin, fidèle à cette doctrine, la complète en montrant
que peut être mêlée de pécheurs sans qu'on ait à redouter
l'Église
que présence des pécheurs contamine les saints. Le traité Contra
la
Ne ascendat iii cor Dostruin impia et perniciosa praesumptio, qua existimemus nos
ab his esse separandos ut peccatis eorum non inquinemur, atque ita post nos trahere
sed novit Dominus qui sunt eius... Certi suraus, fratres, quia oinnes qiii sumus in corpoie
Domini... in hoc saeculo necesse liabemus usque in tinem inter malos vivere. Non inter
illos dico malos qui blasphémant Chrislum, rari enim iam inveniuntur qui lingua blas-
phémant, sed multi qui vita. ) De doct. christ, m, 45, Augustin rappelle que Tichonius
iivait accepté le principe de l'Eglise mêlée, qu'il appelait Doniini corpus bipartitum.
Augustin critique l'expression : « Poterat ista régula et sic appellari ut diceretur de pcr-
mixta Ecclesia. »
(t) De mor. Eccl. cath. '(S.
(2) Enarr. XXV, ii, 5. Rapprochez LXVII, 39 « Quam multi (Scripturarum sensus asserli
:
sunt) de calholica Ecclesia loto orbe dillusa, et de raalorura commixtione usque in linein
saeculi, quod bonis in sacramenlorum eius societale non obsint, adversus Donatistas et
Lutiferianos aliosque si qui sunt qui simili errore a veritate dissentiunt! » Voyez Specht,
p. 69-75.
(3) Retract, u, 1.7.
344 REVLE BIBLIQUE.
Nous (lirons donc que la Catholica est sainte dans les saints, autre- \
ment dit dans ceux de ses membres qui sont saints et que, à ce titre,
Dieu seul discerne (2). Mais nous dirons aussi que ces saints ont en
commun avec les pécheurs l'unité visible ou societas sacramentorum,
en entendant par sacramenta aussi bien la règle de foi que les sacre-
ments proprement dits.
Car l'Esprit saint opère dans la Catholica et il fait ce qu'il fait même
par les mains de ministres, non seulement simples et ignorants, mais
indignes, damnables (i). Le ministre visible nest qu'un instrument :
bons sont, dans nos églises, séparésdes méchants par leurs sentiments,
(2) Civ. Dei, \\, 7 (p. 442) : >< Occulluni esse voluit qui pertineanl ad parteui diaboli,
et qui non pertineant. Hoc quippe in saeculo isto prorsus lalet... «
(3) In loa. tract, v, 19 « Quod sacramenlum tam sanctura est, ut nec homicida minis-
:
trante polluatur. « Sermo lxxi, 37 « ... etiamisi per inalum clericum, sed tamen catho-
:
*
licum niinistrum, reprobum et fictuni... »
(4) L'p/stiil. \cvni, 5 « Spiritus ille sanctus (jui liabitat in sanctis, ex quibus una illa
;
columba deargentata carilalis igné conflatur. agit quod agit eliam per servitutem aliquando
non solum simpliciter ignorantium, verum etiara datnnabiliter indignorum. »
(5) Contra Crcacon. ii, 26 « Baptizant ergo, ([uantutn attinet ad visibile ministeriuin.
:
et boni et raaii : invisibiliter aulein per eos ille baptizat cuius est et invisibile baplisma
et invisibilis gralia. <> In loa. tract, vi, 8 : < Quomodo ergo cuni baptizat iionus et me-
lior, non ideo iste bonum accipit et ille melius,... sic et cuui baptizat malus ex aliqua
vel ignorantia Ecclesiac, vel tolerantia,... iilud quod datuin est unuin est, nec impar propter
irapares ministros, sed par et aequale propter Hic est qui baptizat [loa. i, 33) ».
(6) Contra litt. Petit, ii, 247. J)e bapt. ii, 26. Contra Crescon. ii, 26. Civ. Dei, i, 35;
XXI, 25. Quaest. evancj. n, 48. In loa. tract, xxvii. Il a. Enarr. xxsix, 12.
SY.MÎIKSE ANTIDONATISTE DE SAINT AKiLSTIN. 3't..
non par leur place (1). Dieu souiïre la présence des méchants dans
cette unité comme il a souffert .ludas à la cène, jusqu'à le communier
de première eucharistie en même temps que les autres apôtres (-2).
la
Tous les pécheurs ne sont d'ailleurs pas, tant s'en faut, assimilables à
Judas.
L'apôtre saint Jean a écrit : Si nous disons que nous n'avons pas de
péché, nous nous trompons nous-mêmes, la vérité n'est pas en nous
[I loa. 1, 8). Les saints mêmes pèchent chaque jour, mais leurs péchés
sont sans gravité, et il sufht pour les effacer chaque jour de la prière
quotidienne : Remettez-nous nos dettes. Toute l'Kglise dit chaque jour
à Dieu dans loraison dominicale Remettez-nous nos dettes, et Dieu :
ratae sanitatis est : qiiod autem praeciswn fuerit, nec ciirari, nec
sanari potest » (6). Encore est-ce trop dire, car des pécheurs qui ont
été retranchés de l'Église peuvent revenir à résipiscence, solliciter
fût-ce tardivement, fût-ce à l'heure de la mort, leur réconciliation, et
recouvrer ainsi ce qu'ils avaient perdu (7). Il n'y a de désespéré que
rimpénitence finale, qui est proprement le péché contre le saint
Ksprit,
Cependant l'Église ne retranche pas du corps du Christ tous les
(1) Enarr. viii, l; XXV, n, 10. Scnno iaxui, i : Dico sane caritati veslrae, et in
apsidis sunl frumenta, sunt zizania. •
('.>) Knarr. \, 6; XXXIV, i, 10. Epistul. \i.iu, 2;;. //( loa. tract, i., 10.
(7) De vera relig. 10 : <( Exclus! auteiu aut paenilendo redeunl. aut in nequitiam niale
liberi detluunt. » De mor. Eccl. catfi. i, 7G » (Juod aniiserant peccando. paenitemlo
:
récupérant.
346 REVLE BIBLIQUE.
Ces pécheurs, qui sont dans l'Église en tant quelle est societas
sacramentorwn, sans appartenir pour autant au corps mystique du
Christ, doivent être tolérés par nous. La discipline de l'Église ne doit
pas se relâcher, ni sa vigilance s'endormir, ni ses évêques se taire
et fermer les yeux, en présence des scandales. Mais, p(mr le reste,
ergo bonos iinitare, malos toléra, omnes ama » (3). L'Eglise fait
confiance à toutes les bonnes volontés et n'abandonne que les con-
tempteurs de ses soins. Elle est l'hôtellerie où le bon Samaritain
porte le blessé relevé (juasi mort sur le chemin, l'hôtellerie où se
refont les voyageurs en route vers réternelle patrie nous avons :
tous besoin de nous refaire dans l'hôtellerie i^V). Souffrons les pécheurs,
parce que peut-être nous avons été souffert nous-môme Si tu as :
(1) Serino ccxxiii, 2. Cf. l'.pistul. cxux, ;> : « Separaiilur iniilti ab Ecclesia, sed cum
moriuntur, qui taroen cum vivunt per sacramenlorurn cornmunionem unitatisque caUiolicae
videntur Ecclesiae copulati. »
van dans ses mains, le grain qui ne sera pas trouvé dans Taire ne
sera pas recueilli dans le grenier « Quod in area non invenerit ad :
sumus, angeli messores sunt » (2). La Catholica vous dit (tardez- vous :
nimis est... lunge cor tiium aeternitati Dei » (7). Augustin est revenu
constamment à ce thème que la discrimination infaillible et définitive
(1) Sermo ccxui, 2. Même thème dans Enarr. X.W, ii, 5; cxi\, 9. Epistul. ccvni, ;> et 4.
(2) Sermo i.\xiii, 4.
(3) Enarr. cxix, 9 : « lustos vos dicitis. Sed si iusti essetis, inter paleam grana geine-
retis... Catholica dicit : Non est dimittenda unitas, non est praecidenda Ecclesia Dei. »
Dieu sait qu'ils feront leur salut, et pour lui en puissance ils sont ce
(1) Sermo \, \.
(Ij De bapt. v, 3, 8 : la illa ineft'abili praescientia Dei. mulli ijui foris videntur inlus
sunt, et multi qui intus videntur foris sunt ». Ibid. i\ , 4, même doctrine. — Rapproclier
la lou. tract, xlv, 12 ; < Quam multae oves foris.' Quam mulli modo luxuriantur, casli
futuri; quam multi blasphémant Christum, credituri in Cliristum... Item quam mulli
intus laudant, blasphematuri ; casti sunt, fornicaturi... Non sunt oves. De praedestinalis
enim loquimur. »
(jue les documents ont été mieux groupés et catalogués que précé-
demment. Parmi les volumes parus depuis 191 V^ il en est deux qui
ont retenu Tattention non seulement fies assyriologues, mais encore
(les exégètes de l'Ancien Testament le volume V, intitulé His torical :
bref sur les temps ténébreux qui ont précédé l'histoire proprement
dite. Si, pour les textes connus avant 1907, nous renvoyons, de
p. 616 ss. et 1917, p.de Langdon cf. RB. 1917, p. :{14}, dWlbright, Sotne cruces
604 ss. ,
in the Langdon Epic, daoe Journat of the american oriental Society, xxxix, 2, avril
19!9, p. 65 ss., de Scheil (Comptes rendus de VAcadétnie des Inscriptions, 1915,
p. 526 ss.). Nous n'avons pas sous la main l'article de Fossey {Revue Critique, 1917,
{i) Transcription et traduction dans notre Choix de taies religieux assyro-baby Io-
niens (1907), p. 1 ss. Les travaux antérieurs sont cités, ibid., p. 2. Depuis lors, traduction
allemande (par Ungnad) dans Gkessmann, AltorienlaUsche Texte und Rilder zum A. T.,
1, p. 5 ss. transcription et traduction anglaise par Rogers, Cuneiform parallels io thc
;
o. T., p. 3 ss.
(2) Publiée par nous dans la Revue d Assyriologic, Vlll 1911», p. 41 ss.
(6) Cf. L.4.GRANGE, htudes siir les 7-eligious sémitiques t2« éd.), p. 377.
l.tS TRADITIONS BABYLONIENNES SLH LES ORIGINES. 353
« Que seule elle tienne les rênes du ciel et de la terre : qu'elle soit
nous » Mais, tandis que la déesse atteint
la plus puissante d'entre !
le rang suprême par son mariage avec Anou [Q), c'est en tant que
vengeur des dieux et vainqueur dans la lutte pour l'organisation
du monde que MardouJv supplantera Anou et les autres personnages
du panthéon babylonien. Il est extrêmement intéressant de cons-
tater que le rival de Mardouk, à savoir
le dieu Kingou, a été exalté,
comme Istar, par un mariage
Lorsque Tiamat lui donne la
(7).
(6) Ibid.
Choix de textes..., p. \9, etc..
(7)
(9) Dans le mythe de Nergal et d'Éreskigal, le roi des enfers acquiert aussi sa royauté par
(1) Texte dans '.\jopîai /.ai /.Jasiç -zcl ':^fi^M^M\^&i^\ ^*P- ^^â, édil. Kopp 1826},
p. 384. Le passage eSt reprocRPR dansTtAGRANiîfi, Etnme^s ur les reUgions sémiti'/ues.
2' éd., p. 3v<). en note.
LES TI;AI»1TI0.Ns IIABYLOMEN.XES SL1\ l.tS ORIGINES. 35o
mer (3 >. Bérose dira qu'il y eut « un temps où tout était obscUiTité et
eau (V) ». Dajis Gea. i, 2, nous avans « les ténèbres au-dessus du Tehom
^= Tiamat, la mer primordiale) et l'esprit de Dieu planant. au-dessus
(2) Ibid., p. 3, 1. 1 ss. Nous avons rectifié notre première trailuction .jui rendait apsù par
l'océan et faisait de restù une apposition apsu. Les trois personnages apsii, inummu
à
et tiamat, sont juxtaposés dés les premières lignes. Aussi nous ne pouvous plus voir dans
mum/iiu un (jualificatif de tiamat. Le texte de Damascius montre que le jfète, la mère et
lenfant apparaissent au début de la théogonie. A la 1. 6, le sens de jiparu « haie » semble
le plus probable (cf. Thlreai-Da>gin, Xouvelles fouilles de Telloh, p. 174, n. i).
©aXâxO, en grec ©iXa^aa. » Nous n'avons pas ici à revenir sur les noms
attribués par Bérose à Tiamat. 11 est clair que la lecture 0aXa-:O (due
du grec HâXaT-rai est une déformation quel-
peut-être à l'influence
conque du mot qui reproduisait Tiamat (probablement (è(X]}-t :
=
6AAAT0 0AMTE). Tout ce que nous apprend Bérose, c'est que
Tiamat est une femme et qu'elle doit marcher on tête des monstres
(lu Nous verrons qu'elle est, en eliet, celle qui enfantera
chaos.
ces monstres et les organisera en une véritable armée. La tradi-
tion mythologique ne s'y trompera pas. Dans la légende du roi de
Koutha, on nous décrit « des gens au corps d'oiseau-des-cavernes,
des hommes dont la face est celle d'un carbeau » et l'on ajoute :
(( Les dieux grands les ont créés et sur terre les dieux ont construit
leur ville, Tiamat les a allaités (5 . » Tiamat enfante ou allaite les
p. 142-143.
(6) Epithète d'un roi d'Élam, dans Martin, Texfes religieux..., \. \k 49.
LKS TRADITIONS BABYLONIENNES SUR LES ORIGINES. 337
Yapsù afin d'habiter avec son seigneur le dieu É-a ^^2;. Or, dans
•>
deux textes prouve bien que la mer, maison d'É-a, pouvait s'iden-
tifier avec Yapsù. De même que, chez les Grecs, le nom du fleuve
de Yapsù \). » Or, on nous dit aussi qu" « ils ont été enfantés à la
montagne du coucher du soleil » et qu" ils ont grandi à la mon- <
(1) Oa employait tàintu elhitiu mer supérieure » pour la Méditerranée, tûnitu saplilu
« mer inférieure ) pour le Golfe Persique. C'est ainsi qu'il faut entendre tiamhnn et/tum
u sapiltum dans' le texte >ï Anubanini 'cf. Tiiuri:al-Dan<;i\, Les Sumer
inscriptions de
et d'Alikad^ p. 247;.
(2) Choix de te.rles..., p. 105.
« 'Que É-a 'déli\Te, lui le roi de Yapsù, que Vapsii délivre, lui la
II, i ss.
p. 256-257.
sages explique pourquoi son nom peut être attribué au < seigneur
de la sagesse », ou à Mardouk usurpant les
c'est-à-dire à É-a,
épithètes d'É-a (1). Si l'on songe que E-a, dont le nom signifie
« maison de l'eau j), est, par excellence, le roi du monde aqueux,
(1) Choix de textes..., p. 75, n. Contrairement à notre première hypotlit-se. nous id<în-
tilions les dififérents noms de Mummu.
(2) Le son même de mummu pourrait avoir donné lieu à une onomatopée, ]>our expri-
mer le bruit de l'eau mugissante.
(3) Mijthen und Epen, p. 302 s.
(9) Ils remplacent le sèdic et le Uimassu, les gardiens chargés d'einp-cher les démon-
hostiles d'entrer dans le temple : texte de Nabonide cité ci-dessus.
(10) Sliri)u \iii. 19 ZniMERX. op. cit., y. 42- i3).
362 REVUE BIBLIQUE.
Choit de textes.... p. .). Le sens du mol adù est mieux rendu jiar « période
Il » ([ë&
par temps h moins précis. De même, il vaut mieux donner à rnbù sa signification
« litté-
rale « grandir, croître, s augmenter > ((ue celle de « s'écouler ".
(5) Cf. Thureai -D,v!N(.o, Recherches sur l'origine de l écriture cunéiforme, 1, n"" 476
ei 489.
(6) Choir de textes..., p. 57.
(7) Le verbe hcùii a le sens de « franchir » une montagne. Ge sens est dérivé de la
signification originelle <( voir, considérer «.Le ])rocessus est le suivant : regarder un
ennemi, le dominer, et. en parlant d'un obstacle, le francliir : cf. les exemples recueillis
par Stieck, dans Bobyloniaca, II, p. 46 ss. Le mot asrâti, littéralement « les lieux •>.
(8) L'expression mihrat apsi est la même que celle employée dans l'inscription de
Nabuchodonosor II, que nous avons citée à propos de l'apsù souterrain La^cdon. op. cit.,
p. 86). La traduction k il s'avança « pour ustamhir est plus littérale que « il se plaça
vis-à-vis ».
i
LES TRADITIONS BARYLOMENNES SUR LES ORIGINES. 3G3
FÉ-sar-ra que j'ai bàti, moi,... au-dessous des espaces ^que j'ai] con-
solidés..., je ferai un temple, demeure de..., j'y fonderai sa ville... »
En comparant les deux descriptions, on s'aperçoit qu« les mots ont
été choisis à dessein. \.'E-mr-ra est localisé entre Vaps/'f et les
a!<?'àti, que nous avons traduit par « espaces » : ce sont les
« endroits » entre les cieux et la terre. Le palais, dont les dimen-
sions correspondent à Vapsù et où se trouvent les cités de la tnade
suprême, simplement le Ciel, mais la partie du ciel qui, à
n'est pas
l'horizon, s'appuie sur Yapsà. Sa forme circulaire lui a valu le nom
d'E-sar-ra « maison ronde » et il est très probable que le temple
d'Asour avait la même physionomie.
Le dieu An-sar, dieu de YÉ-mr-ra, n'est autre que la persoTinifica-
tion du « du ciel ». C'est par une interprétation théologique et
cercle
en traduisant brutalement sar par son sens de kissatii c totalité »
qu'on aboutit à en faire le dieu du monde céles'te. Si nous avons bien
analysé le nom dL'An-mi\ il est nécessaire que sa parèdre Ki-mr
exprime non pas c la totalité de la terre », mais la circonférence qui
entoure la terre. Or, nous relevons dans le cylindre A de Gù-de-a le
passage suivant (iv, 22) hahbar ki-sar-ra ma-ta-è que M. Tbureau-
:
que grande liste des dieux accompagne son nom d'une g-lose qui
la
le faitprononcer Art-/.*« (1). Les Babyloniens avaient une tendance à
remplacer la consonne k par un g (2). Il semble donc que la lecture
primitive était ka-ka, ce qui rend vraisemblable l'identification de ce
dieu avec le dieu Kakka, qui figure dans le nom d'un personnag'e du
pays de Hana(3). Or, il est assez remarquable que, parmi les dieux
composant l'armée levée contre Tiamat, le dieu Hani est présent aussi
bien que Gagra (i). Ce dieu Hani était certainement le dieu du pays
de Hana, qu'on écrivait aussi Hani et dont la capitale se trouvait sur
l'Euphrate, au sud de l'embouchure du Habur (5). Il existait donc
un rapport entre le dieu Ga-ga et le pays de Hani. C'est que, d'après
(2 On disait (/asid pour kasid, gali pour liali, Ewjklu pour En/ndu. galunium ])our
halumum, masgan pour mashan, etc..
(3) Ungnad, dans Orientallslische Literattir-Zeitung, 191î, 151 s.
(4) Dans la description faite par Sennachérib Meissner-Rost, Die Hauinschrifte»
Sanheribs, taf. .XVI), 1. 27 et 28.
{h) Meyer, Geschichte des Altcrtums vl" éd.), i, 2, p. ôio s.
(1, l,e dieu Ca-ga ligure dans une série de dieux étrangers {surpu vm, 1. 15 . Le dieu
/Aa-«i semble faire partie des dieux infernaux {surpuU, 1. 175).
(2) Sur Il-abrat messager d'Anou. Choix de textes..., p. 153. Identité avec Nin-xubur :'
Revue d'Assyriologie, XI, p. 148, I. 2:> avec Ga-ga, Cunciform tests..., X.XIV. pi. 20,
:
1. 21.
û'est que par une usurpation que Mardouk, grâce à l'influence ties
sacerdoces de Babylone, devint le seul démiurge. En ce qui concerne
allusion, insiste sur cette idée (3) : u Dans les éternels fondements
du ciel et de la ferre,, dans les immuables figures iusuràt) des dieux,
au commencemeut, Anou, Enlil et Éa ont fait des parts pour les :
j'habiterai avec mon maître Éa (5) » Cest par une véritable abdication .
que les trois grands dieux déposeut leurs pouvoirs créateurs entre
les mains de Mardouk. Le dieu Éa. dont nous verrons l'action per-
sonnelle dans la création de l'humanité, gardera ses titres; de « créa-
teur de tout », « auteur des gens », « aiuteur de tout l'ensemble (6) »,
mais il donnera à Mardouk son propre nom « Que lui, comme moi, :
terre ou des I(/(gi \dieux du cieli. Même le dieu des enfers, Xergal,
était considéré comme lils d'Enlil 10). Les divinités astrales n'hési-
taient pas à s'affilier aussi à l'un ou à l'autre des coryphées du panthéon
babylonien. Le dieu-lune, Sin, sous ses noms d"EN-Zr ou de Nannar,
(6) Hi.N'KE, op. cit., p. 53. L'épithéte pdtù/u hal giniri n auteur de tout l'ensemble est
ai)pliquée à (ilu) Nin-igi-azag, c'est-à-dire Éa, dans une inscription de Sari:on (W wcRi-En-
ÂBEL, II, pi. 49, 3 B).
(7) Choix de textes..., p. 79.
(9) Ibid., p. 43 s.
(lOi Nergal est appelé " premier-né de .\a-nam-nir ». cest-à-dire d'En-lil dans Kmc.
Babylonian magie and sorcery, n" 27.
:i68 REVUE BIBLIQUE.
était invoqué par les plus anciens textes comme fils d'Enlil il]. La
planète Vénus, Istar du soir, était d'Anou (2). Comme étoile fille
— Bel 1^= Mardouk,. Nous arrivons enfin à celui qui sera démiurge. le
— de Vapsù,
est le roi dieu Éa. Celui-ci avait pour déesse parèdre
le
(3) Ibid.
(M Keilinschriftliche Bibliothek, m. 1, p. 150-151.
(5) Citations dans Mcss-Arnolt, op. cit.-\}. 989,
s. v. restù.
les ténèbres et traverser les cieux (1). Mardouk n'rtait pas le soleil.
La personnalité très accusée de Samas symbolisait l'astre du jour.
Mais le nom de Mardouk, AMAR-L't), voulait dire c rejeton du jour ».
père est le dieu Éa. Or, dans la litanie qui explique les cinquante
noms_de^Iardouk, le troisième nom est expliqué par « lumière du
père qui Ta engendré (8) ». Si Ton songe que l'épouse du dieu n'est
généralement qu'un dédoublement de son époux, on n'aura pas de
peine à retrouver la vraie nature de Mardouk dans le nom de sa
parèdre Sarpanitii u l'argentée », qui est aussi une déesse de la
lumière et peut prendre lépitbète de « dame de Vaps/i (9) », Le
temple qu'ils habitent tous deux s'appellera É-ud-dù maison du «.
(4) C'est sous la forme Asari que Mardouk a|iparait dans les textes archaïques : cl.
FoKTscii, Mittheilungen der vorderas. Gesellcftaft, 191'(, t, p. 50 et p. 83. Lire nùr ih-
et non pas nùr NINI dans Meissner, Seltene ussyrische Idéogramme, n- 557.
f5) L\i\GDO\, Xeubabylonische Konigsinschriften, p. (30-61 et p. 214-215.
(6j Choix de textes..., p. 42-43. Le sens de maijaris est plutôt « en avant, en tête « que
« en présence ».
liabité par Mardouk et Sarpanit cf. Ili:fi.\. Hijmnen mid Gebete an Marduk,
:
n" ïhv
1. 1 et 14.
forts (2) ». Son œil, par lequel il voit toutes choses (3 , c'est l'œil de
l'aurore qui dissipe les ombres de la nuit « Qu'elle la nuit) attende :
(1) C'est peut-être une allusion à l'aurore ^r\Xj, 'Ji'i se retrouve dans l'un des noms de
Mardouk, Ishuru 'Meissner, op. cit., n° ô57). A côté de îièru (= inu?) " naatin », on
conservait le synonyme sehiru (Delitzsch, Ass. Handuorterbuch p. 635, s. v. sérii). La
,
[A suivre.)
P. DflORME.
Jérusalem. 22 juillet 1919.
La belle description du dieu Bel insiste sur son caractère de vent et de tempête {Choix d<-
textes..., p. 347).
/
RETOUCHES LUCIANIQUES
SUR QUELQUES TEXTCS DE LA VIEILLE VERSION LATINE
I et II SAMUEL).
(1) II. Barclay Sweii;, Introduction lo tlic old Testament in Greek, Cambridge, 1H02,
pp. 'J2-93.
RETOUCHES F,UCIANIQUES. 373
(1) BuRKiTT, The Rules of Tijconius ^Texts and Sludies, tome III), Cambridge, 1895,
pp. cxvi svv. et The old Latin and the Ilala (Tests and Studies, tome IV). ainbridge, (
« revisée pour certains livres plus que pour d'autres et pour quel-
Nous doim.ons tout d'abord le relev»- des documents qui nous ont
conservé, pour ces livres, le texte de la version latine préhiérony-
mienne.
i Samuel, ch. ix, 1-8; ch. xv. 10-18. II Samuel, ch. ii. 29-iii 5. —
Les deux premiers furent publiés par Schum, Theologische Studien
und Cintiken, 1876, pp. 123 sv. et tous les trois par Weissbrodt, Index
Lectionuni Bruïubergensis, 1887, p. 11 sv. Ils appartiennent vraisem-
blablement au même ms.
\. Veteris anlehieronymianae versionis H Regnorwn cap. X,
libri
1 Sam. ch. i, li — n, —
15; ch. m. 10 iv. 18: ch. vi, 3 — vi, 15;
ch. IX, 21. 13; ch. xiv, 12-3i.
XI,
11 Sam. ch. iv, 10 — 25; cb. x, 13 —
v, xi, 18; ch, xiii, 13 — xiv, \\
Carthage vers le milieu du iir siècle. C'eût été le point de départ tout
indiqué pour une étude comparative. De plus, les quelques versets
qui nous sont parvenus ne sont pas parmi les plus caractéristiques.
Les citations de Tertullien ne sont pas plus nombreuses et sont
beaucoup plus libres ; et nous devons descendre jusqu'à S. Augustin et
Lucifer de Cagliaripour trouver des points d'appui un peu consistants.
(1) Cf. p. CORSSEN, Bericht iiber die lateinisc/ien Bibelubevsetzuncjen dans le Jahres-
Les copieux extraits de la Vieille Latine que nous lisons dans les
œuvres de Lucifer de Cagliari méritent de retenir particulièrement
notre attention.
Relégué en Orient par l'empereur Constance, il lui adressa durant
son exil (35G 361) toute une série d'écrits où il cite abondamment
les livres de Samuel et des Rois, et on peut relever dans ces citations
de nombreux points de contact avec Lucien.
Rahifs a examiné cinq séries de citations des Rois puisées dans les
divers ouvrages de Lucifer et conclut son analyse en disant Lucifer : <'
bertihrt sich in allen fûnf zitaten mit L. und nur die Stiirke der Beriili-
rung- ist in den einzelnen Fallen verschieden » (L).
Le savant critique se demande si nous avons en l'occurrence, chez
Lucifer, un texte lucianique avant la lettre, antérieur à la re vision de
l'illustre martyr et estime que cela n'est pas du tout certain, mais
qu'au contraire le texte de Lucifer peut avoir été retouché et corrigé
d'après Lucien. En effet, dit-il, les relations étaient actives entre les
différentes provinces de l'empire, Lucifer écrivait à peu près 4-5 ans
après la mort de Lucien dont l'œuvre avait du reste pu entrer en
circulation déjà de son vivant. Il aurait également pu faire remar-
quer que Lucifer avait pu subir d'autant plus facilement l'influence
de la recension d'Antiochc qu'il avait passé plusieurs années dans
l'Asie Mineure où cette recension avait supplanté laocien texte.
Nous estimons avoir pour les citations de Samuel des raisons déci-
sives de considérer le texte de Lucifer non comme primitif mais
comme remanié d'après Lucien.
Voici tout d'abord la liste des principales leçons lucianiques qu'on
lit dans les œuvres de Tèvêque de Cagliari, nous verrons ensuite
quelle conclusion s'en dégage (2).
(2) Nous citons Lucifer d'après le texte de l'édition de G. Hartel dans le Corpus de
Vienne, t. XIV.
Pour retrouver les passages des divers traités auxquels sont empruntés <es textes, il
sufflra de consulter l'index des citations bibliques qui se trouve à la fin du t. XIV.
pp. 334-335.
Le texte grec qui suit immédiatement le lalin est la leçon lucianique que nous retrou-
vons dans le groupe de minuscules bien connu 19, 82, 93, 108 de l'apparatus criticus
de Holmes et Parsons; parfois ces leçons sont appuyées par Théodoret ou Cbrysostome.
Après le trait, on a le texte de la masse des mss. autres que le groupe lucianique, nous
désignons cette autre forme de texte par le sigle G.
RETOUCHES LUCIAMQUES. 377
I Samuel. Ch. II. 28. tribubus] = -fuÀwv 19. 82, 93, 108. — axr)::Tpo)v G.
ibkl. et nunc non est sic] = xa: vjv ou/ ojt'oc 19. 82, 93. 108, 158, Théodorer
(nisi ouTw). — ora. ou-/_ out'ocG.
30. qui spernit me ad nihilum redigetur] oi H;oj9£vojvT:tc [ah £^ouOsvwOr,7ov:at 19,
3. Amalec] =
AaaÂrjx 82, 93, 108. ÂpaXrjz 4- /.%'. l£p'.;j. G. —
ibid. aliqiiid] =
ouOsv 19, 82, 93, 108, 158. om. ouOîv G. —
6. qnoniam] =
s-eiBt) 19, 82, 93, 108. xai G. —
8. popuhim ejus] =
-ov Xaov auTOu 19, 82, 93, 108. -rov Àaov — -|- xa- hp'.fj. G.
11. Slatiiit] = ZQV(\'Zi 82, 93, 108. 123. — STr]pr,7ï G. — rfuXaÇs 52, 64. 92, 121,
144, 247.
23. pro quibus] = avO'ojv 19, 82, 93, 108. Théodoret. — oti G.
ibid. ne règnes] xou aY) pastXsjsiv 19, 82, 93, 108, Théodoret. -- -ou ;j.ïi
etvSt
^ajtXax G.
Ch. XVI, 1. expelio] (bis) = aT:wc7aa'. 19, 82. 93, 108. — s^ouôsvwza G.
ibid. filiis Jesse] (bis) = uioïc G.
haaat 82, 108. — u-oïc autou
auxoc G.
ibid. et occidit illa die] = xai a:î£XT£tv£V £v ir, r,a£pa £X£t>;rj 82, 93, 108, 158 et 19
TtpoawTCOV Saôoa£ia G.
5. quae placita sunt] = to apEiTov 19, 82. 93. 108. (Ihrysoslome. — wc ayaOov G.
378 REVUE BIBLIQUE.
9. post Saulj := o-'.z'ji IlaouX 93, 108. 158 Chrysostome. — ojiitw a-jtoj G.
15. dixit] = £t7t£ 82. 93, 108. — st-e-f-SaouÀ G.
Ch. XXVI, 2. desertum opacum, = 3pr|[j.ov ty^v ax/y-oor^ .36, 82, 93, 108, 1.58. 246, 19-
|j.£ T'.c £1 C7J 19, 82, 93 (nisi (jltJ, 108. — om. rtc st au 2d'' G.
16. non est bonuin] = ou/. ayaOov 19. 44, 82, 108. — /.at ou/, ay. G.
ibid. qui non custodistis] c. ;«, çu'J.aaaovTcC 19, 82, 93, 108, 245, Théodoret. —
01 wuÀaajovTEC G.
ibid. dominum regeni vestrumj = tov xuptov u|xwv -ov [îaa-.Xsa 19, 93, 108, Théo-
doret. — t. pa<j'.À. T. xup. u[x. G.
ibid. vide ubi est lancea] = ;3; -ou jaTt to oopu 19, 82, 93, 108. — to; ôr, 70
oopu G.
ibid. et lentis aquae^ = za; o oa/oc tou uSsctoc 19, 82, 93. 108. — addit -ou saTi G.
18. adjecit David; = z\.t.i Aau;o 19, 82, 93, 108, 119. 242. — om. Aauio G.
ibid. malitiaj = /.a/.ia 19, 82, 93, 108, Théodoret. — aot/.ï)[jia G.
20. puliceni unum] r^- iuXXov sva 19, 82, 93, 108. — Au/rjv [xo'j G.
21. iu te jam] = as i-.i .52, 82, 92, 93, 108, 123, 236. 247. — om. ext G.
24. abripiat' = ôza-aaa; 19, 82, 93, 108. — c/.snacia: G.
so)C y.sYocAC'J y. ai zr. y.~ y.zzv yj^uC eiC ~y.C zzpxC auTtov y.y.'. cTTOir^^av c
Vtbyioi îa'JTCiC copaC.
Lucien présente une leçon sensiblement dillerente :
Kx'. zizy-y^z. tc'jC y.')zpy.C -:r,C ttgaewC az: [i.'.y.po'j cwC [j.t'^yXzj S'.C taC
7. 'J t l C [J.JZC .
19, 82, 93, 108, omettent tous la répétition : y,xt sTraTarsv auTijC et
Cil. II, 27. — Et venit homo Dei et Et venit home Dei ad Heli, et dixit :
sic
(1) Nous citons Augustin d'après P. Sabatiei;, Bibliorum sucrorum lalinae vej'siones
antiquae. Comme les citations sont disposées, dans cet ouvrage, d'après l'ordre des
cbapitres et des versets, il est très aisé de les retrouver et nous nous dispensons de
donner chaque fois une référence superflue.
380 REVUE BIBLIQUE.
Lucifer. Avgu-lin.
Un fait qui saute aux yeux, c'est Tabsence dans la citation d'Augustin
des six leçons lucianiques que nous lisons dans Lucifer.
31. — Et ^
=: Lucien;
ecce] /.a; Aug. == om.
tôou G. ora. et xa;
Les mss. lucianiques portent : Ky.<. vjv cjy cjtwc, i^r,Gi. v.jpioç. \j.r,cy.[M<)C
Trois autres mss. grecs Qï, 92. J Vi dont les deux premiers sont
certainement hexaplaires lisent de leur côté : Ka-. vjv :;-/;a'. y.jp-.cc,
(1) Le texte de Lucifer paraît ici remanié à la fois d'après Lucien et directement d'a-
près les llexaples.
Comme la recen>ion lucianiqiio était elle-même fortement influencée par les Hexaples
voir plus loin page 15 — la correction hexaplaire faite par Origène aura donc eu sur le
vieux texte latin une action médiate par l'intermédiaire de la recension d'Anlioelie.
Le vieux texte latin a-t-il parfois été corrigé directement d'après la recension hexa-
plaire et est-il vis-à-vis d'elle en dépendance immédiate? La leçon du v. 30 le laisse
supposer.
Mais c'est là une question délicate qu(> nous ne pomons élucider pour le moment.
lŒTOLCHES LUCIAMQLKS. 381
Lucifer. Quedlinbour;/.
l Sam. ch. xv, 10. — Et factum est ver- Et factum est verbum donaini ad Samuel
bura Domini ad Sa- dicens : paenitet me qiioniam constitui
muhelem dicens Saul legera quoniam a versus est a me
paenitet me quod et verba meanon s^rti^tY. Et constristatus
constituerim regem est Sarauliel et clamavit ad dominum
Saul, quoniam aver- tota nocte et ante lucem Samuhel abiit
antelucem etSamuhel
abiit in obviam Israël.
13. — Et venit Samuhel Et venit Samuel ad Saul et ecce Saul
ad Saul et ecce Saul offerebat holocaustum domino initia
otVerebatholocaustum praedarum quae adtulit Amalech et
e\"
382 REVUE BIBLIQUE.
(1) Lucifer cite en un seul bloc les versets 13-28, l'omission du v. 16'' est due 1res
vraisemblablement à l'homoeoteleulon dixit Samuel ad Saul. :
RETOUCHES LUCIAMQLE.s. 38.3
II
CODEX LEGIOXEXSIS.
nales du Cad. legionends pour les deux livres des Rois rejette l'opi-
A, V Ces notes n'ont pas été traduites directement du Grec, car dans
plusieurs passages où la comparaison est possible, nous conslatons
que ces leçons marginales correspondent trop exactement au texte
que nous retrouvons dans d'autres témoins de la vieille version latine
de l'A. T.
Ch. II, 10. — >'on glorietur sapiens in Non glorietur sapiens in sapientia sua.
sapientiasua. et non glorietur neque glorietur potens in virtute sua.
fortis in virtute sua. et non neque glorietur dives in divitiis suis; sed
glorietur dives la divitiis suis : in hoc glorietur qui gloriatur, scire et
niandavit dominus
libi queniadmodum nunc paraverat dominus
queniadmodum nunc para- regnum tuum usque in aeternuQi super
verat doniious regnum Israël.
tuum usque in aeternum
super Israël.
14. — Sed nunc reeuuni tuum Et nunc re^nuai tuum non stabit tibi,
(1) Cf. A. Rahi.fs, Lucia?is Rezension der Konigsbilcher, p. 159-160 et Driver, Note
on the Hebremo text of the hoohs of Samuel, Oxford, 1913, p. i.xxvi.
Driver donne quelques spécimens de variantes lucianiques de la Vieille Lallne qu'il
emprunte au Legionensis, au l'alimpsestus Vindobonemis (J'ind-) et au fragment publié
par Haupt [Vind ;.
(2) Nous cilons le texte du Cad. Legionensis d'après Vekcello.ne, \ariae lectioncs
ulgata e Latinae, etc. ad locum.
HETOLCIIES LLCIANIQUES. 38t
Ch. w. 2. — Haec dicit dominus omnl- Hnec dicit dominus omnipotem : nunc
polf-ns : Nunc defendam quae defendam quae fecit Amalec tibi Israël,
•
fecit Amaleclî huie [?) Israël :
quemadmodum obviavit tibi in via...
quemadmodiim obviavit tibi
in via...
3. — >on concupisces ex illius Et non concupisces ex illis aliquid, sed
aliquid sed exterminabis illum exterminabis illum et anathematizabis
et anathematizabis illum. illum.
Ibid. Ibid.
Con. Legionensis.
A) ch. II, 30. — Et quia pro uihilo habebaut me, ad nihiluin redigenlur.
31. — Et ecce dies veniunt disperdam seiuen tuum semen domus
et et
patris tui.
32. — Et attendit fideliter manens in omnibus quibus henefacit Israël :
(1) Voici par exemple ce que nous lisons dans la marge du Cod. Legionensis :
Ka-. t-i'^'Kzàz.i 'Apy-yMj)\j.y. :7 sv t.j.'jV/ z\C y.';y.^-x)v. tov Ijpa-/;/.. y.a'. ij/,
Cod. Legionensis.
B) ch. ir, o3. — Et viriun disperdaiu tibi a sacrario nieo et faciam ut deficianl
oculi ejus et distillet anima ejus; et omnis qui superest de domo tua
décidât in gladio virorum.
après superest ;
C ch. IV, 18. — Cecidit de sella snpi- Cecidit supinus de sella juxta portam,
nus juxta porlam; et et contribulatum est dorsum ejus, et
contribulatum est doisum mortuus est, quoniam senex erat et gra-
ejus,et mortuus est •. vis liorao.
D) ch. XV, 17. — Nonne minimus eras Nonne minimus eras in conspectu dux
in conspectu tuo. dux sceptrorum de tribu Israël, et unxit te
sceptrorum Benjamin dominus in regem.
de minima tribu Israël
et unxit te dominus in
resem
QUEDLIXBOURG.
G. = axr):i-pou '^u)./,C lapar.X] v/. ';/'.r,ztpo'j Bîviaijiiv Tr,c îÀaytaTOTepaC ^J'Krfi toj lapar,).
— 93, 108; fere sic xi, 19 et 82.
civitatis.
et tympana feriebat
ostiatim per civitatem,
et differebalur in raani-
bus suis et irruebat in
januas portae vel et
cecidit ad ostia civitatis.)
Et salivae ejus decur- Et salivae ejus decurrebant, super
rebant in barbara ejus. barbani ejus.
G. = ipiaxoa'.ojc xai Tivt-i avopac] TptaxoaioJC nsvTr/.ovTx avèpac 82. 93, 108 et 19
sauf inversion des mots.
O) Cil. xxiv, 3. —Et abiit quaerere Da- Et abiit quaerere David et viros ejus
vid et viros ejus secundum ante faciem venationis cervorum.
faciem hestiae cervorum.
390 REVL'E BIBLIQUE.
Tous deux ont ici la leçon lucianique -.r^c fir,py.c t(.)v sXasojv 19, 82,
93, 108 (G =
1y.ocv.ij). Mais la leçon est comprise et traduite de façon
difïérente. Ceci laisse plutôt supposer que cette leron a été intercalée
de paît et d'autre de façon indépendante dans le texte latin préexis-
tant.
très en vogue des leçons qui manquaient dans l'ancien texte latin ait
été amené à compléter celui-ci.
Nous pouvons donc relever dans les vieux textes latins des livres de
Samuel une retouche double degré.
;i
I Sam. ch. i. 18. invealat] = s-jooi. 19. 74. 82, 93, lOG, 108, 120. 134. — suoav G.
19. SUrrexeruut] =r ofôpisav-îC 93, 108. 82 (oisi opOp-.aavTOC) — opôpiirojaiG.
ibid. adoraverimt] = -poaExuvTioav 19. 82, 93, 108. — G.
-poaxuvoua-.
oit G.
ibid. doQiino deo sabaot omuipoteatCj = li-jy.ou ^aSawO Oeoj -x^-o/.ox-
-opoc 82. 93. 108. y.-j;-. 6:. ffa,3. et om. racvTOx-paTopoe G. — Kjp-.oj 75'.ox'o6
Twv XaXT)9£vi:o)v ev to'.c wat aou 19. 108; sic 93 'uisi om. twv Xoywv — om.
cXKavtwv usque ad finem G.
ibid. si absconderis a me] = aa-/ /.pul/rjc a::' b^lo-j 19, 93. 108. — addit hic
-j- prjiAa £/. 7C3CVTWV tojv Âoywv Ttoy XaXïiOcVTiov ooi £V Toic loai aou G.
Ch. IV, 2. commiserunt = TJvsSaXov
et declinavit] /.ai s/.Xtvs 19, 82 (nisi ojvs-
(îaXXov), 93, 108. — om. ajvsSaXov G.
3. percussit] — sOpajJsv 19, 82, 93. 108. — E—aïasv G.
4. ubi sedebat ia chenibim] = oj iKz7.aQr-.o -.% /£po'j6'.;jL 82, 93. 108, 19
(nisi /cpo'jSrijjL^. — /.aOriaEVOU yspo'joifx, G.
Ch. VI, 3. pro tormento donum] := •^r.z^ Tr,c îa^avou ô'opa 19, 44, 82. 93, 106.
108, 1-58. — tr.c ^aaavoj et om. owpa G.
14. Stetit] = E3Tr) 19, 82. 93, 108. — siir.aav G.
/6<V/. circa lapidera] := Jiapa X-.eov 82, 93. 108, 1-58, 236, 242. 245 — -ap'
aut/; (auTiriv) Ài&ov G.
Ch. IX. 21. etcognatio mea minima est omnibus cognationibus cognatio benja-
min] = xat t; jwaTp'.a jxûj oXi^oix») Tcapa iroaaC watpiac Tou BEviaij.iv 19,
108. 82 (nisi j-ec -aTac tac TOcip'.ac), 93 (nisi B«'.viajitv), Théodoret (nisi
zapa -aaac). — /-a: -rfi ©vÀt.c Tr,c hÀx/icttt^c e, oXou a/.r,nTpoj j^Evtaa-.v G.
23. et dixi] = Ka: v.-vt 19, 82, 93. 108, 247 (nisi ivzi). — r.v s-.-a G.
27. in loco summo] = Eie a/pov 19. 82, 93. — Eté aEooc G.
Ch. X, 2. invenies] = £upr,(Tîcc 82, 93. 108. := Kai êupïjasic G.
ibid. finibusj = tocc op.oïc 19, -Se, 82, 93, 108, 246. — t'o opiw 71.
158. T'o OOE'. G.
392 REVLE BIBLIQUE.
ibid. SoUicitus est] [Jiïpttxva t!J, 82, 93, 108; ^povT-.rei 55, 50, 216. —
cSa'j'îXî'jjaTO G.
3. ïhabor alectae] = -r,c ivli/.-r^ç, 19. 82, 93; v/j.ty.-.r^c l<t8 — Ôap'.o Cl.
A[jLijLwv 0-'. Supoc £T:Ta.(j£v = 19. 82, 93 nisi om. o-.i, 108 (nisi om. 0'.
TOU noXsjjLOU G.
RETOUCHES LUCJANIQIES. 393
Ibid. Et dixit Urias oinnes rectae sunt Ka-. tir.v^ JYia'.vc'. 19, 71. 82,
X'o '^'jÀaaiciv G.
ifttV/. locum pessimumj totov -ov -ovojv-ra 82, 108. — om. tov novouvra
G.
17. secundum praeceptum] /.a-ca tov Xovov 19, 82, 93. 108. — e/. -tov
oovÀwv G.
Ch. xiir, 24. ad servum suum] Tipoc tov oojàov auTOj 19, 82, 93, 108 (nisi
93, 108, 82 ;nisi APîaaX'.ou.). — o~i î-i OToaaTOC A,3£aaaX'.);j. rjV -/.îiiiemoc G.
Cil. XVII, 12. turbaviinus eura et inruimus super eum] e/.^7.ix[ir]m\i.zv auTov
-Y,v iojÀriv T/jV A^sa^jaXwv 19, 108; sic 82 et 93 (nisi om. t/;/ 3°). —
om. /a: T/jV 3ojXy|V xr|V A j:aaaÀoj;j. G.
16. noiile proQcisci] ur, -opsuoj 19, 82, 93, 108. — [J-r] auX-.aOr.c G.
ibid. ad occidentem] /.a-a ôuîaac, 82, 93, 108, 19 (uisi ojtjiwvi. — sv
ApafJojO G.
ibid. transiens transi] ôtaSatvov o:x}rfii -x jôaia 19, 82, P3. 108. —
oiapatv'ov -j-jutov G.
Xaoc 19, 82, 93, 108. — zaTaj::/; XI, 29. 119, 1.58, 245, \
Ka-:ft-£ijr, G et omnes,
xaTa7;atr,a£i 106, 242, 44 inisi — TTjar,',
Cil. XVIII, 2. tripartitimi fecit.] î-oiiav^m 82, 93, 108. 19 nisi sTp'.aeuTEi.
— a7:£3"c;Xe G.
ibid. rex Davit] o [JacriÀsuc 82, 93, 108. — G.
A.rjiJ
Yijjiwv y, yr, OEx.a yiXiao; 82, 93, 108, Théodoret; 19 et 245 fere. — ^u wc
rjij.£iC 0£za /^iXiaÔîC G.
6. campum] lo -£oiov 19, 82, 93, 108. — tov ôoujaov G.
8. gladius et omet la traduction de £v tw Xaoj om. £v xw Xaoj 19, 82,
Lucifer. Vind.
et facta est plaga magna tui mortui sunt et arca Dei capta est.
capta est, cecidit supinus contritum est dorsum ejus et mortuus est
de sella juxta portai» et quia bomo senex et gravis...
contribulatura etdorsum
ejus, et mortuus est,
quoniam senex erat et
gravis bomo, et ipse
judicabat in Israël vi-
ginti annis.
pas dans nos deux textes ialins. Xous ue relevons guère comme
lucianisme commun à Lucifer et au Vind. que ch. iv, i : l'In sedebat
chérubin [in chérubin : Vind. qui semble traduire : :j v/.y.hr-z
-y. yspcji'i'.y. de Lucien. Le Vind. est seul à lire, ch. ni. 13 : faciam
l' indicta : v/.l'./.r,-:^ = Lucien) — Ulciscor = v/.1<.-/.m G.
De plus, le pprcussit nos du Viiid. ch. iv, 3 traduit mieux sOpaj^sv
Lucien) que e-txuîv G.
Cela ramèoe donc à deux les lucianismes propres au Vi7id. et cette
constatation nous suggère à nouveau l'hypothèse d'un remanieaient
d'après la recension de Lucien de l'ancien texte latin dont dépendent
à la fois et Lucifer et le ]'ind.
a I Saïu. ch. i\, 27 io loco sunmio (= ;ic a/.pov = L) = Hi'pz — l'.c [xi^oc G.
Ch. X, 2. m fi7iibus C= ='' "'>'C op'.o-.c = L] répond mieii.x à : S"m2 que
l'i Tto ocei = G.
II Sam. ch. iv, 12. in chebron 2*'(£v = L) est
/.a.'jpcov omis par G bien qu'on
le Use dans l'Hébreu. — Lucien l'ajoute.
Ch. X. 19. disposuerunt testamentum (ouôavTo oia9rjxr,v = L) est une
meilleure traduction de T2"'w,*1 que r)jTo;jLoÀrjaav rj.£Ta loçar.X = G.
Ch. wiir, 6. campum '-.o tîîc.ov = L = nTUJn — tov opujAov = G.
II Sam. ch. xi, 7. Et dixit Vrias omnes rectae (sic) sunt (xat s'.r.i^ uyiaivji = L).
ou un sujet qui éclaircit le sens.
sifie l'expression :
II Sam. ch. v. Le mot aÀXosuXojc revient quatre fois au cours des versets 19 et
Ch. XI, 17. G lit : y.7.'. s-Eoav -./. toj Xaou s/. T')V oojXwv.
Le Vind. et Lucien remplacent s/, twv SouXwv par secundum proecep-
tum ixaTa tov àoyov) ce qui au point de vue stylistique est évidem-
ment plus satisfaisant.
Or, ces quelques particularités que nous relevons dans les leçons
RETOUCHES LUCIANIQLES. 399
Mais ce fait n'infirme en rien notre argument; que le Vind. ait lui-
même constitué son texte aggloméré ou l'ait déjà emprunté au 246,
la leçon composite trahit une retouche.
b H Sam. ch. xvii, 1*2. G lit : £yp(.);j.3v aj-cv tv.tl /.y.'. -y.zt[j.cyMZ'j\j.t^f
ir. a'JT:v.
. IXRUEMUS SCPER El M.
Il est difficile de désirer un cas plus décisif.
C'est plus qu'il n'en faut pour nous autoriser à conclure sans hési-
ter que le texte du Vind. a grecque
été retouché d'après la recension
de Lucien.
IV
II Sam. cil. X, 19. Et viderunt omnes Et viderunt omnes reges qui convene-
reges, qui convenenott ad Adra- runt cum Adrazar, quoniam occiderunt
zarem ,
quoniam caeciderunt conspectum
(sic) in Israël et disposuerunt
coram Israël, et disposiœrunt testamentum cum Israël, et servierunt
testamentum coram li^rael, et Israeli tribus. Et timuerunt Syri libe-
Les variantes lucianiques que nous avons soulignées sont pour ces
[uelques versets relativement abondantes.
La plupart se retrouvent dans les deux documents.
Le Vind. n'en a aucune qui lui soit propre.
Le fragment de Haupt en a deux qui ne se lisent pas dans le Vind. :
(1) Le doublet n'apparaît pas ici aussi clairement que dans les cas précédents, mais il
nous semble que si le latin avait voulu traduire vrfi Ziù.rfi qui suit îv t(o x.aipw il aurait
plutôt employé le génitif; la construction ad vesperum rappelle la forme Trpoc caTcspav (G).
D'autre part in eo tempore représente manifestement tm zaïpo) de Lucien. sv
Le correcteur qui emprunte à Lucien sv tw zatpw aura naturellement omis de traduiro
T/ic SeO.Yic. ce qui eut constitué une répétition trop llagrante de ad vesperum.
^
Halpt. Légion.
Ch. XI, 2. [Et factum est] in eo Icnq^ure in eodem fempore ad vesperum et sur- i
g;i[ae].
L. Dieu.
Louvain.
SAINT PAUL FUT-IL CAPTIF A EPHESE
PENDANT SON THOISIÈME VOYAGE APOSTOLlQrE?
scpéffaç {Rom., v, 6). Le récit des Actes nous renseigne sur quelques
lippes (xvi, 22-39), une détention assez courte à Jérusalem (xxii, 30-
xxiii, 22) suivie d'une captivité de deux ans à Césarée de Palestine
(1) Les essais lentes par Zi:li.eii {Theologische Jahrbucher, 1848, p. &30) et Bi.vss
{Neue Kirckliche Zeitschrift, 1895. p. 721) pour retrouver dans les Actes et les Épitres
ces « sept captivités « n'ont convaincu personne. Voir Ziim, Elnleitung I, p. 447.
SAIiNT PAlf. FL'T-ir. CAPTIF A ÉPHFSE? 405
(1) Quelques indications bibliograpliiques ne seront pas inutiles. — Déjà Pierre Lombard.
Lanfranc et Érasme admettaient la captivité d'Ephése et attribuaient à cette période de
la vie de saint Paul la composition de l'épitre aux. Colossiens. 11 n'est pas difficile de
trouver l'origine de cette opinion. Elle dérive évidemment des anciens prologues très
répandus au moyen âge et qui doivent être d'origine marcionite. Ces prologues afBrmaient.
à propos de la lettre aux Colossiens, la captivité éphésienne et la composition de cette
épitre durant cette détention. Nous en parlerons plus loin. Ce n'est qu'en ces derniers
temps que cette opinion a été ressuscitée, et actuellement, il faut bien le dire, elle jouit
dune vogue croissante. Pour être complet il faudrait commencer par signaler les études (? )
révolutionnaires de tl. Lisco : Vincula Sanctorinn. ilin Bellrag ziir Er/cldrung der
(refangenschaftsbriefe des AposMs Paulus, Voir Revue. 1901,
Berlin, Schneider, 1900. —
p. 30.5-307 — et Rojiia
Peregrina. Ein Veberblick ueber die Enlwicldung des Chrislen-
tums in den ersten Jahrhunderten. Ib. id. 1W»1. —
Le port d'Ephèse s'appelait Rome :
c'est là que prêchèrent Paul et Pierre et Jean, et Clément et Ignace!!! Mais il vaut —
mieux ne mentionner que les auteurs qui suivent la méthode ordinaire de démonstration
historique et dont on peut suivre, critiquer, réfuter les conclusions d'après les règles
rerues entre historiens.
Le premier critique qui a préconisé une captivité éphésienne pour la solution de cer-
taines difficultés au sujet des épîtrcs de la captivité est A. Deissma>n (Licht vom Osten
(!• Mobr, 1908, p. 165, et Paulus, ib., 1911, p. 11 et 149). M. Deissmann n'a
éd.) Tiibingen,
pas fait valoir ses raisons, mais la suggestion fut reprise et défendue par B. W. Robinson
[An Ephesian imprisonment of Paul, Journal of Bibtical Lilerature, 1911,' p. 181-188),
qui place à Éphèse la composition des trois épitres aux Colossiens, aux Ephésiens, à Phi-
lémon, peut-être aussi la lettre aux Philippiens, mais il est beaucoup moins afBrmatif
pour cette dernière. Nous ne connaissons cette étude que par un résumé de V Expository
Times, t. XXII, p. 148-150.
D'autres auteurs nient carrément la provenance éphésienne du groupe des trois lettres de
mais l'affirment non moins énergiquement pour l'épître aux Philippiens •
la captivité,
A. Albertz, Ueber die Abfassung des Philipperbriefes des Paulus zu Ephesus, Studien
und Kritiken, 1910, 551-594; M. Goglei., La date et le lieu de composition de l'épitre
aux Philippiens, Rfvue de l'Histoire des Religions, 1913. p. 330-342; K. Lvke, The cri-
406 REVUE BIBLIQUE.
II" siècle (2). A cette date on croyait donc dans la région dÉphèse à
lical Problems of the Epistle'to the Philippians, Kxpositor, June, 1914, p, 481-'i9.{. En
réponse à cette étude voir Gérard Ball, The hpistle lu the. Philippians : a Reply, Expo-
sitor, August 1914. —
A cette date fatale cessent nos informatioos bibliographiques!
(1) Die Griechischen C'hristlichen Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderle. Hii--
POLVT. Kommentar zum Bûche Daniel... herausgegeben von G. N. Boîhwetsch, Leipzig.
Hinrichs, 1897. In Dan. m, 29.
(2) L'excellente édition de cet apocryphe précédée d'une longue introduction par
L. VouAux [Les Actes de Paul et ses lettres apocryphes dans la collection de J. Bousqlet
et E. Amann Les Apocryphes du Nouveau Testament). Paris, Letouzey, 1913) nous dis-
pensent d'autres détails sur cette œuvre. On pourra y trouver tacilement des renseigne-
ments très complets. Voici le texte tel nu'il est traduit par Vouaux : « Ceux qui ont
arrangé les pérégrinations de Paul ont raconté qu'il avait souffert et en même temps fait
un très grand nombre d'autres choses, mais en particulier ceci, quand il élait à Éplièse :
le gouverneur Jérôme affirmait que Paul s'exprimait selon la vérité, et que lui-même trou-
vait du bien à ce qu'il disait, mais que le" moment n était pas opportun pour de tels dis-
cours. Quant au peuple de la ville, en fureur, il entoura les pieds de I*aul d'une puis-
sante entrave de fer et l'enferma en prison, en attendant qu'il fût exposé en proie aux
lions. Eubule et .\rtémille, femmes d'Éphésiens illustres, instruites par lui, vinrent pen-
dant la nuit et lui demandèrent la grâce du divin baptême. Alors, par la force divine, des
anges, porteurs de lances, illuminant les ténèbres de la nuit de l'éclat de la lumière qui
^tait en eux, Paul fut délivré de ses liens de fer; il les fit chrétiennes par le saint bap-
tême, sur le bord de la mer où ils étaient parvenus; puis, sans qu'aucun des surveillants
de la prison s'en aperçût, il reprit ses liens et attendit d'être jeté en proie aux lions. Un
lion d'une taille énorme et d'une force irrésistible fut lâché contre lui, mais traversant en
courant le stade, il vint se coucher à ses pieds. Beaucoup d'autres bêtes féroces furent
lâchées; il ne fut permis à aucune de toucher au corps du saint, dressé comraeune colonne
dans la prière. Après cela, une grêle excessivement violente s'abattant, très compacte, avee
un grand bruit, broya les têtes de beaucoup d'hommes, non moins que des hôtes, et même
un des premiers gréions déchira l'oreille de Jérôme; aussi celui-ci, avec ses gens, venant
au Dieu de Paul, reçut-il le baptême sauveur. Quant au lion, il s'enfuit dans les mon-
tagnes. » P. 25-26.
Voir la vignette du commentaire de Direlils sur l'Épîtreaux Éphésiens dans le
(3) Haml-
buch de H. Lietzmann, Tùbingen, Mohr. 1912, p. 95.
SAINT PAUL FUT-ll, <:APTIF A ÉPHÉSE? 407
lois jamais fait partie dune prison; elles n'en attestent pas moins la
persistance et la force de la tradition sur la captivité éphésienne.
,1e ne saurais dire à quelle époque la légende de la tour s'est créée.
!l vraisemblable que cette légende doive son origine à la
est très
vogue des Actes de Paul. Tout porte à croire que l'information d'Hip-
polyte dérive aussi de ces Actes. La question se réduit donc à exa-
miner la valeur historique de ce témoignage (1).
^ M. Robinson raisonne comme suit. Dans les Actes de Paul les détails
locaux (the local détails) sont généralement historiques; le fait
qu'une captivité éphésienne n'est pas mentionnée dans les Actes ou
les Épitres augmente, plutôt qu'elle ne diminue, la valeur de cette
attestation. Il y avait en effet assez de captivités dans la vie de l'Apô-
tre pour qu'on fût dispensé d'en imaginer. Ces considérations paraî-
une valeur historique sans devoir placer cette captivité pendant le séjour de trois ans qu'y
fit l'Apôtre. En eti'el, certains indices de II Tim. (p. ex. i, 15) pourraient suggérer un em-
torique de l'apocryphe.
(3) Prologues bibliques d'origine marcionite. Bévue bénédictine, 1907, p. 1-1(3. Les
arguments du savant bénédictin sont si forts qu'on s'est rallié à cette brillante démonstra-
tion. Nous citons le texte d'après l'édilion des Prologues qui y est ajoutée.
408 REVUE BIBLIQUE.
quent leur très haute antiquité. On peut les dater du milieu du second
siècle;on ne dépassera pas le commencement du troisième. Voici le
texte du prologue de Fépitrc aux Golossiens. V
i.e témoignage est formel. Ligatus ne peut être pris au figuré dans
le sens de Act., xx. 22; alligatus ego spiritu. Il est évident qu'il
s'agit d'une captivité réelle. Mais l'on ne doit pas s'exagérer la portée
ni la valeur historique de ce témoignage. Voici la preuve. L'épître à
Philémon dans le prologue de cette épître, a
fut écrite, est-il dit
Roma de carccre. Or s'il est une chose certaine, c'est que l'épitre à
Philémon et l'épitre aux Golossiens furent composées dans les mêmes
circonstances et expédiées par le même courrier. Tychicjue portait
Tune {Col., i\\ T-9); Onésime, son compagnon de voyage, portait
l'autre [Col., iv. 7-9; cfr P/iilem., 11). Le marcionite qui a composé
ces prologues, par le seul fait qu'il donne à ces deux lettres des cir-
constances de composition diverses, montre qu'il ne possède pas de
renseignements de bonne source. Il se trompe encore en faisant com-
poser If Cor. à Troas, alors que d'après ii, 13, Paul avait déjà quitté
Troas et passé en Macédoine. Très probablement il se trompe aussi
pour de composition des épitresaux Thessaloniciens. Quoi qu'il
le lieu
nous mettre sur nos gardes pour ne point accepter trop facilement les
solutions qu'il propose. Il n'y a donc rien de décisif en faveur d'une
captivité à Éphèse, ni dans les Actes apocryphes de Paul, ni dans les
prologues marcionites.
SAINT* PAUL FUT-ll. CAPTIF A EPlltSE? 409
25-29) et son appel à l'Empereur ib., xxv, 11-12) nous sont un sur
garant de la conduite que l'Apôtre aurait tenue dans l'éventualité
d'une telle condamnation. Et l'auteur des Actes n'aurait pas manqué
de relater sa protestation ni l'atiitude illégale de l'autorité négligeant
les droits du citoyen romain, toutes choses que saint Luc n'aurait pu
ignorer. On ne résout pas toutes les difficultés en admettant avec
K. Lake que l'Apôtre n'a peut-être pas su prouver son caractère de
citoyen romain devant les magistrats d'Éphèse (1). Un autre argu-
ment, non moins solide, bien qui! soit négatif lui aussi, est tiré du
silence des épitres pauliniennes sur cette condamnation. On ne con-
çoit guère comment l'Apôtre, énumérant plus tard {H Cor., xi, 23
toutes les souffrances endurées dans la prédication de l'Évangile, eût
pu omettre un fait d'une telle importance et qui aurait été comme
la grande épreuve de sa vie apostolique jusqu'alors. D'ailleurs le
V. 31 y.aO' r.y.Épav à-cOvY;7/,(o montre que l'Apôtre, dans ce contexte,
abandonne le sens propre, pour se servir d'une métaphore d'ailleurs
facilement intelligible. C'est donc au sens métaphorique qu'il faudra
prendre la Hr,p'.o'^.7.yiy. ['2). Sur cette condamnation aux bêtes, ou, en
'ÀTtô S-jpîa; u^î/.p'- 'Pw[i-/:; 6r,pio[ia-/û) oià yv^: y.al Oa/iacr,;. .. ôîS^jjlevo; ôéxa /Eo-âpôot;, 5 Èttiv
(TTpariwTixQv TàYtxx Ron:., v, 1. On pourrait citer d'autres exemples où cette expression est
employée au sen>; métaphorique. La plupart des commentateurs se prononcent en faveur
de cette interprétation. Pour ne citer que les modernes, nommons le P. Cornelv, V. Uose
E. Belser, Robinson-Plvmmer, Schmiedei., Bachmanx, IIeinrici, Lietzmxnn, etc. Il n'y a
guère que W. Boisset (dans J. "VSeiss, Die Scliriflen des neiien Testaments, Gottingen,
Vandenhoeck, 1908, p. 881 qui défend l'interprétation littérale.
410 REVUE BIBUQUE.
la ILaux Corinthiens qui parle ii, 8-10, d'une épreuve (OXî-V.;) extraor-
dinaire endurée en Asie /.aO' JxspcsÀYjv ii-ïp oyvajx'.v
: èoapr/Jr.tjLsv,
w(7TS Iça7:cp-/;0^v3(i r,\j.y.^ y.x: -cj Zçf : " son poids (de cette tribulation)
était fort au-dessus de nos forces, tellement que nous désespérions
même de conserver la vie Ce danger pressant ne peut pas avoir
».
(1) M. L\KE croit l€> arguments (|ue nous avons indiqués par des con-
pouvoir atléiuier
sidérations très subtiles : condamnation aux bètes n'aurait pas été prononcée, elle
la
fiurait été envisagée simplement comme possible, et par conséquent une arrestation et
une incarcération sont présupposés. « t'nless 1 am quite wrong, the exact meaning of
the phrase in Corinthians is not that he did ligbt with beasts, but Ihat there ^vas a pos-
sibility of bis doing so. It is obscure; but à witb the aorist indicative often implies an
unlulfilled condition. But ligliting with beasts is in anj' case not a possibility unless the
lighter has first been arresled and is in prison, and if the possibility existed it must imply
the iraprisonment of Paul. {Edpositor, 1. c, p. 492). Sans examiner ici la question gram-
<>
maticale suscitée par ces paroles, il me semble que le contexte exclut absolument cette
interprétation. Ce n'est point de possibilités (|ue parle saint Paul dans ce contexte après :
les vv. 30-31 la mention d'une épreuve possible, mais non réelle, serait presque une plai-
santerie. Il paraîtra évident, je pense, que, voulant prouver la résurrection des justes par
ies souffrances qu'ils endurent, Paul doit parler de souffrances réelles.
SAl.NÏ PAUL FUT-IL CAPTIF A ÉPIIÉSE? 411
« qui, pour sauver sa vie, ont exposé leur tête ». Seulement, ce der-
nier texte est manifestement trop vague, car rien ne prouve que le
danger encouru par lApôtre ait été doublé d'un emprisonnement et
il faudrait de plus pouvoir établir que le fait en question s'est passé
triotes,... Tarsiens? —
peuvent avoir habité en bien des endroits et
avoir été associés au sort de leur concitoyen ou parent illustre en plus
d'une ville. Ce serait en vain qu'on voudrait en savoir plus. Et la
seule conclusion terme à tirer de tous ces textes, c'est qu'ils ne prouvent
pas la captivité de l' Apôtre à Éphèse dans le cours de son troisième
voyage apostolique.
(2) Cette hypothèse, insinuée par Schulz, développée par Renan, a trouvé d assez nom-
breux partisans on en trouvera la liste dans l'Introduction du Commentaire de Sanday-
:
plaçant la cooiposition du groupe des trois lettres à Césarée, celle aux Philippiens à
Rome. Il n'a pas spécifié. Mais on peut lui opposer que le style et les idées de l'épitre
aux Philippiens se rapprochent des lettres du troisième voyage et qu'il devient par con-
séquent assez difficile, pour quelqu'un (jui n'admet pas la mobilité du style de saint Paul,
de placer entre les grandes épilres et la lettre aux Philippiens les trois autres lettres de
la captivité.
SAINT l'Alïï. FLT-II. CAITIF A EPHKSE?* 413
(1) Les rapprocluMnents lexicographiques et stylistiques entre Hom. et Pliil. ont été le
mieux exposés par Lilhitoot dans son commentaire Philippians, p. 4.3 svv. il en : a
conclu à l'antériorilé de Philip, par rapport aux trois lettres. Ai.bertz et Goouei. 1. c.
P. Prat (2) : <.< Ces variations peuvent tenir au sujet traité, au temps
et aux circonstances, aux scribes recueillant la dictée de l'Apôtre, à
d'auti-es causes encore; mais la raison principale est à chercher dans
le tempérament nerveux et impressionnable de l'auteur, comme aussi
(1) A critical and eregetical Commentary to tke Epistle to the Romans, Edinburgh.
Clark, 1902 (fifth édition), p. Liv-Lïn.
(2) LaThéologie de saint Paul, 1 vol. Paris, Beauchesne, 1908, p. 103.
(3) Nous jugeons inutile de rapporter les considérations de M. Gogielsui- la facilité des
relations entre Éphése et Philippes et d'autres renaarques générales sur la situation de
l'Apôtre au momeat où la lettre aux Philippiens fut écrite. Il est manifeste qu'elles ne
renferment pas un argument en faveur de la captivité d'Éphèse.
.
conviendrait pas. Ensuite, il n'est pas certain que dans Tépitre aux
maison de César » (iv, 22). De plus, si l'on place la lettre aux Philip-
piens au début du séjour d'Ephèse de fa ton à la rapprocher consi-
dérablement de la fondation de 1 Église de Philippes, il sera impos-
sible de faire concorder cette opinion avec iv, 10; si Ion retarde
(juelque peu la composition de PJiil. la conciliation sera encore très
difficile
son qui prétendent trouver dans ces épitres des indices en faveur
d'une origine éphésienne et par conséquent d'un emprisonnement à
Éphèse. M. Deissmann n'ayant à notre connaissance pas encore exposé
ses raisons, nous nous bornons à examiner les arguments donnés par
B. W. Robinson. Il en fournit trois.
(1) Il y a ici toutefois des difricultés : car Philém., 23, c'est Épapliras qui est « concap-
tivus » et Aristarque est rangé parmi les coopérateurs de l'Apôtre. La raison de ce clian-
geraent est difficile à indiquer.
SAINT PAUL FUT-II. CAl'ÏIF A ÉPIIKSE? il7
H. COPPIETERS.
(1) Même en admettant la caplivilé éphésienne de saint Paul, on n'aurait rien gagné
pour fixer le lieu de composition et la date des lettres de la captivité. Il est certain,
d'abord, qu'on ne pourrait placer pendant cet emprisonnement la i omposition des trois
épîtres expédiées simultanément, savoir les lettres aux Éphésiens, aux Colossiens et à
l'iiilémon. En eftét, ces lettres nous donnent assez de renseignements sur compa-
les
gnons de l'Apôtre au moment de leur composition. Timothée {Col., i. 1; Philem., 1), Luc
(Co/.. IV, 14; Philem., l'i\ .Uistarque [CoL.iv. 10; Philem., 2'i], Épaphras (Co/., iv, 12;
Philem.. Tychique {Eph., vi, 21; Col., iv, 7), Dénias [Col., iv, 14; Philem., 24), Marc
2'A),
[Col., IV, 10: Philem., 24 et Jésus le Juste {Col., iv, 11) sont avec lui. «ir, il nous semble
impossible d'admettre un séjour de saint Luc à Éphè.se pendant les trois ans que l'Apôtre
y demeura. Le récit des Actes parait l'exclure clairement. Saint Luc, en elTet, abandonne
la première personne au cours du récit des événements survenus à Philippe pendant le
second voyage {Act., xvi. 17), pour la reprendre {Act., xx, 5) à la fin du troisième voyage
quand saint Paul quitte la Macédoine pour passer en Asie. Dans la description des événe-
ments d'Éphèse, au début de la troisième mission, il n'y a aucune trace de la présence de
saint Luc et tout est raconté à la troisième personne (/Ici., xix, 1-40). Ce n'est pas ainsi
([u'aurait procédé l'auteur des Actes s'il avait été à Éphèse au moment des événements
qu'il raconte. Et quant a Marc, ce que nous savons sur sa carrière rend un séjour à
Kphèse, au début de la troisième mission, très peu probable. Ce n'est donc pas à Épiiése
([u'on pourrait placer la composition de ces trois épîtres. —
La lettre aux Philippiens. ne
nous renseignant que sur la présence de Tiraotiiée auprès de l'Apôtre captif {Phil., i, Ij,
pourrait de ce chef être datée d'Éphèse; mais d'autres passages, comme nous l'avons vu,
rendent cette solution très peu probable, sinon impossible. 11 reste donc que l'hypothèse
de la captivité éphésienne ne répond pas au but pour lequel on l'a patronnée, savoir pour
fixer avec plus de vraisemblance la date et le lieu de composition des épîtres de la cap-
tivité.
MÉLANGES
ATTIS ET LE CHRISTLVMSME
Attis, son mythe, son culte, ses mystères, ont été souvent rappro-
chés de Jésus-Christ et du christianisme (1). C'est, dit-on, un type de
Iheu souit'rant, mort et ressuscité; ses tidèles espéraient le salut en
sunissant à ses soutt'rances et à sa résurrection. Les tauroboles étaient
une initiation semblaJjle au baptême, qui purifiait le pécheur par la
vertu du sang-, et la ressemblance était telle que le taurobolié était
lui aussi né à une vie nouvelle et éternelle, /// aeternum renatus.
L'initié devait en effet mourir aVant d'être complètement admis aux
mystères, après quoi on lui faisait goûter du lait, et cela rappelle
la parole de saint Pierre :
<f
Comme des enfants nouvellement nés,
désirez ardemment le pur lait spirituel » \\ Pet. ii, 2i. Enfin on était
initié par la communion du pain et du vin.
Et il faut avouer que
si ces traits étaient exacts, fixant au premier
article était écrit quand noas avons eu connaissance de l'ouvrage de M. Henri Graillot,
Le Culte de Cybèle mère des Dieux à Rome et dans l'Empire romain, in-S" de 600 pages:
Paris. 1912,
420 IIKVUE BIBLIQUE.
Les Phrygiens avaient pour divinité suprême une déesse que les
Grecs ont nommée Cybèle (KAr,\r,) ou Cybebe '
Kjor.or^), et qu'ils ont
grande déesse de la Crète. C'était avec raison,
identifiée avec flhéa, la
car Cybele était la reine de la montagne, comme Rhéa, dont le
nom même semble indiquer l'attribut il). Une empreinte d'argile de
Cnossos, qui doit remonter au deuxième millénaire avant J.-C, la
représente dans une attitude dominatrice, debout, au sommet dune
montagne, flanquée de deux lions 1^*2). Les lions sont constamment
l'attribut de Cybèle, et la déesse" d'Hiérapolis, syrienne dont le culte
a été contaminé par celui des Phrygiens ou des Hétéens, est aussi
une déesse aux lions.
L'exégèse stoïcienne a considéré cette Mère des dieux comme une
personnification de la terre féconde, contresens qui a encore droit
de cité dans la science moderne. Cybèle, — à l'origine, quoi et qu'il
en soit des confusions du syncrétisme, — n'avait rien d'une Déméter.
Ce n'était point la personnification ^car les peuples anciens ne con-
[\) peir,. "oeir,, opeir^, fi la montagnarde » (Rapp, art. Cybele, dans Roscher, Lexicon).
(2j Lacrangf:, La Crète ancienne, p. ôO et 67; cf. p. 98 pour le caractère de la déesse.
i22 REVUE BIBLIQUE.
(1) Et ils citent Montan et ses deux prophétesses, venus de Phrygie, types d'illuminés.
(2) Études sur les religions sémitiques, 2' éd., p. 241.
(3) Eod. loc, p. 130.
(4)De dea Syria, 32. Mais on sait combien le culte de Hiérapolis de Syrie représente
mal une pure religion sémitique Les Galles doivent bien plutôt lui venir de la Mère.
MELANGES. 42:5
(1) M. Frazer mérne une convenance spéciale a mettre des eunuques en contact
voit
avec les déesses fécondes Thèse féminine deities required to receive froin their maie
:
ministers, who personated the divine lovers, the means of discharging their heneficent
lunctions ; they had themselves to be irapregnated by the life-giving energy before they
could transmit it to the world (Adonis, Atds, Osiris. p. 224). —
Tout de môme!
(!) Ilepiiing, Cumont, etc., d'après Lydis, De mensibns, iv, 59 tt, rpô 5£xa(tiâ; Ka).£v6âiv
:
'h.T.où.iijyi oÉvopov -i--^; uapà ràiv oîvôposopwv i^ipîTo i' -<•> lIa/aT:w Le Paialin). Tr,v Zï
iopTr,v KXa-jO'.o; 6 [iacOeù; /.aT£7TY;<7aTo.
i
L'entrée du roseau ne peut guère être conçue que comme une pro-
cession au cours de laquelle des hommes et des femmes portent des
roseaux en guise de palmes. Et en effet il existait des congrégations
de cannophores, hommes (3j et femmes (4). Il est très malaisé d'ex—
pliquer ce rite. M. Cumont pense qu'il reproduit la légende de l'expo-
sition et de l'invention du jeune Attis aux bords du fleuve Gallos. A
cette explication, M. Loisy objecte que le rite doit être bien plutôt
l'origine du mythe. Le principe est incontestable, mais il peut souf-
frir des exceptions. Un trait du rite a pu être introduit eu souvenir du
mythe, et ce doit être le cas s'il s'agit d'un rite relativement récent et
limité. Or, M. Cumont n'a trouvé de cannophores qu'en Italie, et
était assez naturel de coupei' des roseaux pour faire une procession,
comme à Jérusalem de couper des rameaux d'olivier, et l'usage tra-
de renaissance, parallèle au rite du pin coupé qui est Attis (1). Nous
retrouverons le pin. Notons seulement que les roseaux doivent être
rangés parmi les végétaux oîi l'influence du printemps se fait le
moins sentir. On les coupe pour s'en servir, on ne les coupe pas pour
les faire renaître.
(1) Cybèle et Atlis, dans la Revue d liistoire et de lUl. religieuse, 1913, p. 292.
(2) Lydus, iv, 49 : hpâieuov Se xat Taùpov i\ivr\ ûnèp to)v èv roï; ôpsTiv àypwv, /jYO'jjxévov
Toù àpxiepsw; /.al t«v xavr^oopcov tr;: MiQTpô;. Il faut, d'après ce que nous avons vu, lire
y.avvotpôpwv.
On sait quel fut, un peu partout dans le monde, mais surtout dans
le monde sémitique, le lien, qui allait jusqu'à une sorte d'identiti-
cation de la déesse avec un arbre qui la représentait. On ne con-
cevait point de lieu sacré sans un arbre. Un arbre, ou un tronc
d'arbre ébranché était laccompagnement nécessaire de la pierre
sacrée (1). Rien de plus primitif.
Dans les sanctuaires sémitiques, il était de règle que la déesse
s'associât un dieu. Nous serions portés à regarder la pierre comme
l'habitation du dieu, larbre comme celle de la déesse. Mais dans des
cas très nombreux le symbole de la déesse était au contraire la pierre
conique. Très authentiquement Cybèleétait représentée par une
pierre. Il donc naturel d'attribuer l'arbre à un compagnon de la
était
déesse. C'était Attis. Le pin était donc Attis, plus ou moins, suivant
qu'on se représentait comme plus ou moins intime la relation du dieu
avec l'arbre. L'aventure d'Attis, l'émasculation du clergé phrygien,
purent contribuer à appeler l'attention sur le fait de couper l'arbre.
Peut-être même cet acte devint-il religieux, spécialement dans ce
culte (2). Mais ce n'est pas une raison pour le faire passer au premier
.rang. Et coupe de l'arbre comme l'imitation du
quand on regarda la
mythe, ce fut l'émasculation d'Attis et non point sa mort qu'elle fut
censée représenter. Il est vrai, comme le dit M. Loisy, que « le tronc
du pin était entouré de bandelettes c<jmme un cadavre » 3), mais
on croyait imiter la Mère qui avait enveloppé des habits d'Attis non
point son corps, mais « le débris » de sa mutilation. On ornait
l'arbre de violettes; elles étaient nées de son sang. Assurément ce
rite nous parait étrange, et nous trouverions plus naturel qu'on
en faut penser à propos des vires. Plus le pin était censé représenter
Attis, plus le rite du pin a dû être compris comme une imitation
cymbales de la déesse.
Lorsqu'Arnobe nous montre l'arbre devenu une divinité dans le
sanctuaire de la Mère (5), il ne le regarde pas comme le symbole
(4) Isaïe, LVi, 3 : « Que l'eunuque ne dise pas " Je suis un arbre sec ».
:
(5) Arn., V, 17 : Cnr ad uUimuin pinus ip.sa paulo ante in dnmis inertissiniuiii
MELANGES. 427
les grains qui meurent pour renaître. Mais la fête d'Attis se célébrant
constituatur in sedihus ?
(1) De err., xxvu, 2 : et illa a lia ligna, (luae dixi, similis /lanima consutnil
.Serf :
ne pas souiller les dons de Cérès, ils ne s'interdisent pas les faisans et
les tourterelles 1). A Jovinien qui prétend que les chrétiens ne doi-
vent pas pratiquer l'abstinence pour ne pas imiter la superstition des
dévots à la Mère et à Isis (2), Jérôme répond que si la virginité qui
vient du diable ne saurait faire méconnaître les mérites de la vraie
virginité, de même le Castum d'Isis et de Cybèle, et l'abstinence per-
pétuelle de certains mets n'établit pas un préjugé contre les vrais
jeûnes, d'autant plus que si les dévots de ces divinités s'abstiennent
de pain, ils se gorgent de viandes (3). D'après ce texte l'abstinence
était perpétuelle.
D'autre part, le philosophe Proclus affectait de s'associer au Castimi
des Phrygiens chaque mois li , sans doute parce qu'il voulait partici-
per à leur rite sans s'y donner tout à fait.
(3) 7. Cf. Tekt. de ieiunio adversus psyehicos, 10. Celle fois encore un
Adv. Jov. u,
jeûne rigoureux était Tenu de Plirygie avec Montan sed bene quod tti noslris xeropha-
:
fjiis blaspheinias ingerens casto Jsidis et Cybeles eas adaequas. Admitto testimoninlem
(j.r(VÔ; ^lY^-""'^-
(5) Or. V, 174 A ss. Cf. Grlppe. Grieeh. Myth., 1545, note.
MÉF.ANGES. 429
(1) L. l. p. 29G.
(2) Fragin. Philos, gvaçc. m, p. 33 : -/.al TtpwTov ij.èv xotl aOTOl r.ziôi-.tc il oùpavoù xat tyj
vûayT) ç-jvôvi;; i-i xaTr,-f£i(x âffjxàv i7;to-j te /xi xf,; xXat); Tia^îiaî xai d-jTiapd; tpo??,; àite/&.
(isôa... cira oivopo'j to(ji«( xat viQffTîîa,..
430 REV.UE BIBLIQUE.
point pour représenter une mort, ni pour tuer celui qui va devenir
Attis; c'est plutôt dans l'intérêt du peuple, désormais plus assuré
de se multiplier, c'est pour donner au mutilé le privilège du sacer-
doce, en échange de l'énergie vitale à laquelle il a renoncé. C'est
le débris qui est bien mort et qui n'est plus à même de donner la vie
-fi ~^-''-~r, oï -iii-ii-xi TQ Ispbv xal à-6çpr,T0v Oépo; tov 0îoj FàX/oy. La métaphore de la
moisson coupée ne serait-elle pas empruntée au culte d'Adonis?
Après avoir expliqué l'arbre coupé rà XotTrà, Ta [lï-i ôiâ -roy: av-yrizoù: /.ai zp-^yio-^:
:
(3) Perist., X, I0t;6 ss. Àst hic metenda dedicat genilalia, Numen reciso mitigans
ab iiujuine : Offert pudendum semivir donum deae : Illam révulsa masculini ger-
minis Vena elfluenti pnscit auctam sanguine.
(\) Citée par Hepdlng, p. 72 lu cuius (idoli) sacris excisas corporum vires castrati
:
ipse sententia condemnavisset se sua. in gremiuin proicit [et iacit] hos (testiculoS;
pius.
432 REVUE BIRLIOLT.
saient dans ces chambres la nuit sacrée du '2Ï au '25 mars. C'était
la nuit de leurs tristes noces avec la grande Mère, dont sans doute
ils étaient censés partager la couche (2 ». Tristes noces, en eflet, et
que le réalisme des anciens n'aurait pas imaginées. Les auteurs chré-
tiens se sont moqués de l'affection stérile de Cybèle pour son amant.
C'était leur droit, puisque Cybèle avait aimé Attis. Mais il ne pouvait
venir à l'idée de personne de les unir et de parler des fruits de leur
union. C'est pourtant ce qu'on imagine, lorsqu'on regarde les cires
Qa/ÂiJ.r, n'a pas tout à fait le sens de ()y.\y.ij.z:. Euripide emploie pré-
(1) Scholion sur Nicaadke, Alexipharmacon : Aoêpivr,: Oa>7.ua.- tôtto; Uooi iir.oyiUA,
àvay,îi(A£vot t^ 'Péa oitovi èktïiji.vôu.îvo'. ri (ir.ô-a zaT3T:6îvTO, o: -îû "Attsi xa'; '.r, Pc'a
(Il p. 160. L'arbitraire de la conjecture n'est pas dissimulé : Wir werden daher wohl
auch l'iir diesen Tag — le jour du sang — irgend eine Cérémonie anzuselzen haben, die
die Bestattung des toten Gotles darstellte.
(2) Loc. laud., p. 308.
(7) Salluste, l. l.
tum Kal. quo Romae Matri deorum pompae celebrantur antiales, carpentum quo vehi-
liir simulacrum Altnonis undis ablui perhibetur. Il y a là une sorte de tradition impé-
riale; aussi la fête que célébrait Alexandre Sévère et qu'on qualifie de résurrection
d'Attis, était probablement la même.
(4) M. Cuinont (et après lui M. Loisy) parle de la statue d'argent de Cybèle, je ne sais
d'après quelle autorité. Prudence, Peristeph. x, 156 parle expressément de la pierre
noire.
(l)-PRUr>. /. /.
yt Idaeos iam non reminiscilur amnis; cf. Ov. Fast. iv, lors de l'arrivée de Cybèle :
purifiés comme les hommes pour être dignes d'appartenir aux dieux.
Après la fête du sacrifice des Galles, on célébrait donc une fête de
dédicace qui avait pris à Rome Je caractère d'une translation. Cy])è]e
a désormais les prêtres qui lui conviennent; sa statue est purifiée et
trône dans son sanctuaire. Tout est en ordre pour une année.
Les fêtes d'Attis dont nous avons parlé sont celles du rite phrygo-
romain, qui se répandirent dans tout l'empire, mais très peu en pays
grec. On ne signale son culte à cùté de celui de la Mère qu'à Dymé
et à Patras. où Pompée et Auguste avaient installé des colons étran-
gers (1). Les Grecs ont eu, semble-t-il. une aversion spéciale pour
l'Attis mutilé.
On n'en que plus étonné do retrouver son culte, et même en
est
CuMONT, article Altis, dans Pauly-Wissowa, citant Pals., mi, 17, ri; 20, 2.
(1)
Démostliène parle de ces mystères étrangers avec le mépris d'un homme d'État
(2)
athénien très cultivé, mais c'étaient bien déjà les mystères, destinés à une si grande
ditFusion, avec des prétentions religieuses, comme le prouvent les mots des initiés,
Ëç-jyov xa/ôv, sùoov «ixeivov... et avec tout l'attirail sauvage qui causait sans doute la
répugnance des gens polis èv Sa -raîc yjixÉpa'.; -ov; za>o'j; O'.â«7oj; i-^wi oià -rwv ôôwv xoù;
:
îiTTEipavwjiévouc T(^ (xapà6o) /.ai tî) Àeûxifi, xoi? ôçet; toù; Tcapsîa; ôÀt'êwv xaî ÙTtèp x^; xeça/Ti;
aîwpwv y.al Potov « eùoî ffa6oï » xat ÈTtopxo'Jtxevoç « 'jyiç à.^zrr^z a-ty); vt); »...* Les SCOliastes
et lexicographes ne semblent pas avoir vu ici l'Attis phrygien. Anecd. Bekk., p. 202 :
At-y); vri;, to (xev -jr,; ^lô;, tô 6è otTT;; 6îô; laêi^to:. Souvent on met ûr.; en relation avec
la pluie, c'est le Zeus de la pluie, etc. Cf. Lokecr, Aglaophamos, p. 1041 ss. et Grlppe,
Griech. Myth., p. t428. M. Graillot (p. 358) est tenté d'identifler Hyès-Altis à Hyagnis,
père de Marsyas.
(3) Théopompe dans les Kx-r]"/:5E: : xo/à^oua; t' r/ô) za-. tov <7ov "Attiv, cité par Hepding,
p, 6.
(4) CIA, II, 622 : ï'y-oùyrsî oÈ xai y.).;'vr,v £t: àjj.îÔTïoa ri '.\TTiÔ£ia.
MELANGES. 4:n
dans les deux légendes. Et si les Galles ont emprunté les mutilations
aux Sémites, comment se fait-il que le culte du sémite Adonis n'en
ait pas de trace, et quelles soient si importantes dans celui du dieu
phrygien ?
H est plus légitime de conclure que les anciens Grecs n'ont pas
connu le culte propre d'Attis, ou qu'ils ne l'ont adopté qu'en le
réduisant à n'être plus qu'un doublet d'Adonis.
Quoi qu'il en nous n'avons pas à nous arrêter sur cette époque
soit,
sécration.
Nous insisterons d'autant plus sur ce texte 1) qu'on a affecté d'en
faire peu de cas.
A peine Attis a-t-il pénétré dans la forêt phrygienne qu'il est saisi
d'un transport furieux; égaré il se coupe les pondéra avec une pierre
aiguë, puis prend le tympanon, tua, mater, initia, c'est-à-dire l'objet
par lequel on est initié aux mystères de Cybèle. Dès lors il ne figure
plus dans le poème qu'au féminin; il a vraiment pris la nature
féminine, ce qui exclut toute idée d'union avec Cybèle, terre féconde !
Il est impossible que cet HUarate ne soit pas une allusion aux
Hilaria (2). Les beaux vers qui suivent nous donnent donc une idée
d^s Hilaria :
(1) Teut. ad nat. i, 10 : vidimus saepe caslratum Altin deum a Pessinunle, et qui
vivus cremabatur, Herculem indueral.
(2) Fastes, v, 225J s. Hune sua templa txieii, Et dixit : « semper
siln servari roluit,
fac puer esse velis > . Il lui-même de son infidélité les Galles ne font que l'imiter
se punit ;
•
la déesse (1).
Les explications fort alambiquées de .lulien s'attaquent au même
mythe. Il n'est point question de la mort, mais de l'excision (2 On .
s'en tenant lui aussi au fait de la mutilation (7). Mais d'autres con-
fondirent. Attis dut aussi passer pour mort, et le rite lugubre de
sa castration conduisait à la même exégèse, racontée comme une
histoire."
(2) Or. V, 168 k Kxi ÈTTavâyïTai r:a>t/ èîti rr.v >[r,T£f a TÔiv Oewv [i£Tà fr,v è-/iTO(i.r,v.
13) Or. V, 168 C aura; to-j êaTi/sw: "Att-.ooî al Opr,vo'J|JLiva'. tÉ(o; ç-jvac xai xpû'i/£'.; /.a;
;4) -E. l, 111 èïravâvei koo; éa-jrriv r, 6£o; àr7[i£'vw;. iiàz/ov oï îy^zi nao' i'x-j'zr,.
5 De sacrif. vu, Cybèle promène >ur un cliar traîné par des lions, son Attis. qui ne
peu! plus lui servir à rien.
(6) De dea sijriâ, xv.
(7) Dans Eosèbe, Praep. evangel. m, 11, \'l : "X-.-.'.z tï /.ai 'Aowvt; rr, tôjv /.ap-wv tWvi
çOaidvrto/
y.apzwv
è>.8eîv Twv xap7C«5v si; ttv Tirîptj.aT'.zr.v t£>.£;'w'7'.v. ô Ô£ "Aow>^'.; -.r\<i t£)e;(o-/
442 REVUE BIBLIQUE.
nias (1). D'après la première, n«»us l'avons vu, Attis a été tué par un
sanglier envoyé par Zeus. Le trait est évidemment emprunté à l'his-
toire d'Adonis. Mais comme la mort remplace ici la castration vio-
lente et qu Attis est par détiiiition un eunuque, on disait qu'il était né
tel. Et c'est avant sa mort qu'il était le prêtre de la Mère, chez les
Lydiens (2). Point de résurrection.
D'après une autre légende, Attis sémascule et en meurt; il ne
TVJ/.Eo-Oai.
(4) ÂRNOBE, V, 5 ss. Ce Timothée es! l'Athénien qui organisa à Alexandrie .sous Ptolé-
inée I" le culte de Sarapis.
(5) Voilà donc le thème de fécondation, si cher aux modernes. On voit comhien elle est
indirecte. Un certain pouvoir fécondateur existe dans le sang au moment où il coule; cesl
une suppléance pour leunuque, privé de fécondité.
MELANGES. 443
tout ce qu'il peut obtenir c'est que, pour éviter la putréfaction, les
cheveux croissent toujours et que le petit doigt soit toujours en mou-
vement. Agdestis organise le culte d'Attis à Pessinonte il va sans dire :
^1) H y a une lacune dans le texte, mais cf. 14, sur lequel u»us reviendrons.
(2) V, 14 : errjone deum mater genUalia
cum /luoribus ipsa per se mae-
illa desecta
rem sonctù manibus. ipsa divinis contrcctacit av.
officiosa sedulitate collegit, ipsa
sustulit flagitiosi opcris instrumenta foedique, abscondenda etiam mandavit terrae,
ac ne nuda in gremio diljluerent scilicet soli, priusquum veste lelaret ac tegerct,
lavit utique, batsamis atqiie unrit? Ce passage complète ce qui était ditdans le récit du
mythe (v, 7) or dans cet endroit, Arnobe ajoutait inde natuin et ortum est mine etiam
: :
sacras velarier et coronarier pinos. Le pin représente donc le débris avant de représen-
ter Attis.
(3) V, 16.
(4) nonne illum Attin Phnjgem abscisum et spoliatum vivo magnae tnatris in
I, 41 :
matrimonium magna cuius tennerit Mater, quidnam spei. quid rotuptatis specioso
ab Attide conceperit...
4i4 REVUE BIBLIQUE.
(1) DiOD. 111, ."i9 : iiiÔTtcf. TO'J; <ï>pûya: ôtà tov ypôvov r,iavi(T(i£vo-j çoû CMp-aTo; sïôfoXov xara-
TXEvâTai TO'j |j.eipay.îo-j, Trpô: (J>
6pr]vovvTa; zxXi oîzEiat: TtjJLat; toû TràOo-j; èçrAâixSTÔa'. Trjv toO
Trapavojir/Jivio; (jl-^viv.
(2) P/injx puer... faite spectabilis. puer speciosus, pulcher adolescens, puer forma-
sissimus, almus amans [Thés.].
(3) CIL., VI, 512 •
Dis magnis Matri Deum et Attidi <&ïi 376); 502 : Diis omnipolenli-
bus M. D. et Atti (en 383).
(4) CIL,, VI, 409 : Matri Deum... et Attidi menotyranno invicto (en 374); cf. 5<iS ei(
(7) Rel. or. p. 94. Sur tout ce syncrétisme, cf. Graillot, p. 208-222, qui attribue beau-
coup k l'intlilence du culte de Millira pour introduire dans la religion d'Attis des idées mo-
rales : elles n'y seraient dom pas très anciennes, et c'est bien ce que nous dirons.
MÉLANGES. 44o
(1) Très bien compris par saint Augustin, de civ. Dei, vu, 25 Porphytius Alijn flores
:
significare perhibuit; et ideo abscisum, quia /los decidit anle fructum. Non ergo
ipsum hominem, vel quasi hominem, qui vocatus est Aiys, sed virilia dus flori
comparaverunt.
{i'i Arnobe, I, 42; Carm. contra pag. 109. Attiii castratum subito praedicere soltnt.
;3) Macrobe, Sat., i, 21, 9 praecipuara autera solis in his caerimoniis verti rationem
;
hinc etiam potest colligi, quod ritu eorum catabasi finita siraulationeque luctus peracta
«•elebratur laetitiae exordium, a. d. octavum Kalendas .\prilis. quem dleni Hilaria appelr
lant, quo primum tempore sol diem longiorem nocte protendil. La catabasis n'est pas
Puis celui qui les représente cherche le sens profond d'un hymne
en l'honneur d'Attis, chanté, paraît-il, au théâtre, quoiqu'il contint
de grands mystères (3) :
blanchis, remplis, dit-il, au dedans d'os de morts » (cf. Mt. xxiii, 27),
parce que l'homme n'est pas vivant en vous. Et encore, dit-il « Les :
morts sortiront des tombeaux » (cf. iMt. xxvii, 52 s.), c'est-à-dire des
corps matériels les spirituels qui seront nés de nouveau, non les
tune a sacerdote omnium qui flebant fauces ungucntur. quibus perunctis sacerdos
hoc lento murmuro susurrât :
résurrection. Mais ce n'est pas dans une description du culte, c'est dans
une argumentation où il a tout brouillé. La thèse païenne, celle qu'il
s'appliquait à réfuter, c'était l'explication stoïcienne naturaliste, et
non pas celle de Porphyre, qui savait distinguer Attis la fleur, d'Adonis
le grain, mais celle qui expliquait le deuil d'Attis de la semence jetée
en terre, sa mutilation de la moisson, et sa vie récupérée de la re-
naissance des semences. On voit s'il était possible d'aboutir à un
ordre rituel quelconque avec ce thème! Cybèle était la terre comme
toujours (V) a)/iare terram voliint fnige<, Attin rero hoc ipsiim
:
(1) XXI, 1.
(2) II, 9.
(3) xxu, 3.
(4) m, 2.
(5) Reconduntur est la leron du ms., M. Hepding lit redduniur; l'éditeur Halm avait
songé à renascuntur
(6) m, 3. Le sens n'est pas : tu hurles pour rendre grâce ensuite, mais tu hurles |>our
témoigner ta reconnaissance, ce qui est absurde.
MÉLAiNGES. 449
mais rappellent le deuil d'un mortel. Le mythe qu'il adopte n'est pas
celui des païens, de Minucius Félix, d'après laquelle
mais la version
Gybèle elle-même vengée du mépris de son amant. Mais tandis
s'est
Phryges, qui Pessinunta incolunt circa Galli flumiois ripas, terrae ceterorum
elepaentorum tribuunt principatum et hanc volunt omnium esse matrem. deinde ut
et ipsi annuum sibi sacrorum ordinem facerent, mulieris divitis ac reginae suae
aniorem, quae fastus ainati adulescentis tyrannice voluit ulcisci, cum luctibus
annuis consecrariint, et ut satis iratae mulieri facerent aut ut paenitenti solacium
quaererent, quem paulo ante sepelierant revixisse iactarunt, et cum mulieris animus
ex impatientia nimii amoris arderet, mortuo aduiescenti templa fecerunt (2).
(1) Octav. XXII, 4; (le même saint Paulin de Nole, Carm. xxxii, 80 s. et Fulgence,
Mitol. m, 5. Textes cités par Hepding.
(2) m, 1.
Les extraits de Photius (Bibliothèque] ont été édités séparément, par exemple dans
(3) la
collection Didot des auteurs grecs, après les œuvres de Diogène Laërce, p. 119 ss.
REVUE lilBLIOUE 1919. N. S., T. XVI. — 29
450 REVUE BIBLIQUE.
(1) AéyEt 8' ô oyyyP*^^^'' '•*' a'Jtô; ts xal Awpo; 6 çi/ôaoço;, Otiô 7tpo6u|x{ai; èxvtxriOivTsç
xaxeSïidâv te xaî àicaOei; xaxwv àvÉériTav. Aévet oè ô cr-jyypapEu;, ôxi t6t£ xr\ McpanôAst èyxa-
ÔE'jSTjffcrç èôôxouv ôvap ô 'A-ririç yaveirôai, xat iiot ÈmTeXsïffÔai Ttapà -îfiC, \yf\içoi -zd/ Oewv Tf|V to)v
'Dapitov xaAûvfxÉvwv éopTrjV ôitep èSriXou -TiV i% aSo-j yeyovjîav r||iwv irwtïipt'av. Ainsi la fêle
est comme une consécration d'Attis par la Mère!
(2) Cohort. ad Gentes, i, 2; cf. P. G., VIH, C. 76 : Ta aû|j.êo>a xyjç [iut.ctew; TajTr,ç, éx
TtepiouCTi'a; TcapaTeÔévia, oTô' o-ri xivriaei yéltà'za, xàv (X-?) ysXàTai êitsiaiv û(iïv, ôià toùc èXéy-
3(oui;* 'Ex T-jjiuâvoy Içayov, êx xu[i.6à>,ou ëitiov* èxepvo<p6pifi<Ta' ûtto tov Ttaoràv Otcéôuov. TaOra
oùx wêpi; ta (TÛ[i.6o)ia; où x^^^^ 't* [i-jffxripta;
MELANGES. 4îil
sont pas les mêmes en latin et en grec, c'est pent-être parce que,
mettant mot de passe dans la bouche d'un myste au moment de
le
bloquer les deux textes. Firmicus introduit une idée spéciale avec
moriturus. Ce mot est remplacé par introitunis dans l'édition de
Vienne. C'est plus naturel, mais trop naturel, et Dieterich (1) a eu
sans doute raison d'interpréter ce moriturus d'une mort mystique (2).
Nous avons vu que d'après Salluste, les mystes buvaient du lait
comme étant nés de nouveau. Us étaient donc censés morts aupara-
vant. Peut-être aussi, Firmicus pensait-il en chrétien à la mort spiri-
tuelle qu'encourait tout initié à ces mystères du démon : moriturus
serait parallèle àvitam semper fugias, morlem requiras (3). Quoi qu'il
en ne vaut que pour son époque, et si ce début a obligé
soit, le texte
(4) Le scoliaste de Platon (Gorgias 497 c) a entendu la formule des mystères d'Eleusis.
C'est une erreur. Mais il est assez probable que la formule d'Eleusis a servi de modèle
aux mystes d'Attis.
(5) L. L, p. 314.
452 REVUE BIBLIQUE.
un sens, Attis même qui, dans sa liturgie, était qualifié « épi moissonné
vert », de même que Firmicus l'assimile au grain moissonné, et
Porphyre aux fleurs du printemps. —
Mais nous avons déjà vu qu'At-
tis dans la liturgie mais dans une invocation
n'est pas l'épi vert
chantée au théâtre, cantilène du syncrétisme le plus extravagant;
l'explication stoïcienne de Firmicus est assez isolée, et ne concorde
pas avec celle de Porphyre.
Troisième raison. Il ne faut pas oublier qu'on s'abstenait de pain et
de vin pendant le jeûne de mars et que « sans doute la participation
au pain et au vin devait avoir une signification particulière dans les
cérémonies des Hilaria, le jour de la résurrection d'Attis; qu'elle
marquait et opérait la communion à Attis vivant » Quoi qu'il en soit
. —
de la résurrection d'Attis, nous attendons toujours la preuve qu'on
consommait du pain et du vin solennellement le jour des Hilaria.
Est-ce parce qu'on s'en privait auparavant, comme nous faisons pour
les œufs de Pàque? Mais nous avons établi, semble-t-il, que, outre le
jeûne de mars, les Galles pratiquaient une abstinence perpétuelle de
certains aliments, parmi lesquels en premier lieu le pain. 11 n'y a
donc aucune raison de croire qu'on initiât les mystes à leur culte par
un repas de pain. M. Loisy ne veut pas « considérer comme certain
que le symbolisme des rites phrygiens était aussi nettement conçu et
exprimé que celui des rites chrétiens ». Il faut lui savoir gré de cette
modération. Mais c'est encore beaucoup trop de dire « qu'il existait :
N'est-il pas très naturel de conclure que c'étaient des herbes qu'on
mangeait sur et du lait qu'on buvait dans la cymbale?
le tympanon,
au repas de la déesse, s'initier à son culte, selon les
C'était participer
idées normales de l'antiquité. Il est vrai que cela ne va pas jusqu'au
caractère sacramentel, ni surtout jusqu'à l'idée de consommer le
dieu..., et que cela n'a aucun rapport avec sa « Passion »..., mais il
faut prendre les choses comme elles sont, au risque de ne pas les
partie centrale, et, dans les petits godets, des échantillons des prin-
cipaux produits du sol, miel, huile, vin, lait, froment, orge, sauge,
pavot, pois, lentilles, etc. (2).
Mais un scoliaste, à propos du culte de Rhéa ou de la Mère, définit
le kernos comme un cratère mystique on l'on plaçait des lampes (3).
Rien de plus naturel que de supposer de petites lampes placées dans
les godets, l'intérieur du vase étant réservé pour un autre objet (4).
Dans le culte de la Mère etd'Attis, comme dans les mystères d'Eleusis,
le kernos était porté et sûrement sur la tête. On connaît des kemo-
(3) Schol. de Nicandre, Alexiph., 217 : xepvoipôpo;' V) xoù; xpaTïjpaç çspouaa îépEia.
xÉpvouç ^aTc Toùc jX'^TTixoyç xpatr.pa;, È9' wv Xu^^vojç Ti0£a<Ttv.
(2) Anfh., VII, 709. Si J'étais né à SarJes : zépvaç yjv ti; âv rj paxÉXa:.
(3) CIL. II. 179 : malri,.. Ideae Phrii(ine) Fl{nvia) Tyche cernopkorla.) . et CIL. x, 1803
Heriae Victorinae <c> aernophoro M. Herlus Valerianus filiae dulcissimae.
(4) CIL., X, 6423.
(5) C'est tout ce que signifie Anthoi. Pal., vi, 220, 3 : 'Ayvô; "Attj;, KjoûXt); 6a).a-
(j.y)7t6>,o;.
Attis (2) ».
M. Cumont distingue deux époques. Primitivement, en répandant
sur sa personne le sang du taureau égorgé, « l'officiant croyait trans-
fuser dans ses membres la force de la bête redoutable ». Puis, sous
l'influence du mazdéisme, « qui fait d'un taureau mythique l'auteur
de la création et de la résurrection, la vieille pratique sauvage prit
une signification plus spirituelle ». Le sang, principe de vie, fut censé
communiquer une renaissance soit temporaire, soit même éternelle
de Tàme. La descente dans la fosse est conçue comme une inhuma-
«
v3) Bel. orient., p. 102 s. — Ce vieil homme, cette vie nouvelle rappellent-ils vraiment
le mazdéisme plus (jue le christianisme?
MÉLANGES. 4S7
(1) C'est aussi le butmarqué par lauteur du Carmen contra paganos, qu'on croit
dirigé contre Nicomaque Flavien (consul en 394). Voici ce qu'il dit du taurobole :
éd. de Mommsen
dans Hermès, 4, p. 350-363, vers 57 ss., cité dan? Rosch. Lex. mtjth..
Il, 2, Dans cette description, conforme pour le rite à cell de Prudence, on voit
C. 2915.
que le grand seigneur devait, pour recevoir le taurobole, se mettre dans la tenue d'un
mendiant, comtne les accusés chargés de crimes.
(2) Heb., n, 22.
(3) Rel. orient., p. 100.
(4) Donec cruorem totus atrum combibat. Noter totus et non totum.
(5) Études sur les religions sémitiques, 2' éd., p. 260; Hér., m, 8.
458 REVUE BIBLIQUE.
est incorporé au Christ, il meurt avec lui et ressuscite avec lui. Mais
le sang" n'est pas versé dans le baptême. Ce qui purifie le fidèle,
j secondaire ?
Il est donc très arbitraire et même contraire au sens avéré des rites
de voir dans le taurobole l'union à Attis mort et ressuscité. Et nous
pouvons bien rappeler ici le peu de crédit qu'on doit faire, du moins
pour les deux ou trois premiers siècles, au dogme de la mort et de
la résurrection d'Attis. Si l'on note encore que la mystique de M. Loisy
est moins une exégèse du rite que du mythe sous une forme spéciale,
de l'idée que nous nous faisons d'une initiation personnelle aux mys-
tères « Suivant une coutume répandue à l'époque primitive dans
:
(1) « Le taurobole est en soi un rite privé, d'objet personnel, et il appartient aux rites
de l'initiation » [l. L, p. 311).
(2) Rel. orient., p. 101 s.
460 REVUE BIBLIQUE.
doce que les Romains ont assimilée à Bellone, et qu'il n'a fait partie
du culte de la Mère qu'au ii" siècle après J.-C. Cette partie de sa
thèse paraît moins solide. Peut-être le taurobole a-t-il été pratiqué
en l'honneur de Ma parce qu'on l'identifiait plus ou moins avec la
grande Mère des dieux. C'est du moins ainsi que je comprends les
textes allégués par M. Cumont. Il résulte de deux inscriptions
latines (5) dont l'une a été mise au jour en 1887 à Kastel près de
A, p. 29.
(2) tûv véwv aùioO xal xaXXteprjôÉvToç (Insc. 1. 27).
y.paTTiÔévTO? ûtio
Die Inschriften von Pergamon, Berlin, 1895; n° 554. Les éditeurs ont montré que
(3)
cette inscription est antérieure à celle de l'an 134, la plus ancienne alors connue, car elle
est du temps de C. Aulus Iulius Quadratus, après l'an 105, mais sûrement avant 134,
car ce personnage (déjà Arvale en 72) n'a pas dû vivre jusqu'à cette époque.
(4) La grande Mère avait passé ou séjourné à Pergame en se rendant à Rome, mais
son culte ou diminua considérablement, ou se transforma, car c'est elle probablement
qui est désignée comme la Mère Reine cf. n"' 481-484 et n" 334 (n« siècle ap. J.-Cl
: :
(5) Cu'MONT, Le taurobole et le culte de Bellone, dans la Revue d'hut. et de litl. rel.,
1901, p. 98 ss.
MÉLANGES. 461
(1) Steph. Byz. sub v° MiTTavpa i/.x'/v.-o oè xal f, 'Pia Ma xa't ta^ço: xjty) lôySTO napà
AûSot;.
(2) CIL, IX, 1538 à Béaévent, en 228; cf. ix, 1539, 154u et 1541. On serait porté à assi-
miler cette Minerva Berecinti ou Paracentra grande Mère. Mais une identification
à la
complète est exclue parce que dans les quatre cas Attis est nommé le premier, et parce
que la Mère des dieux est nommée dans le corps de l'inscription n°' 1538 et 1540 comme
une personne différente.
3) CIL, X, 1595 ecitium (pour aegitium, sacrifice d'une chèvre.' crioiïole.') iaurobolium
:
Veneris Caelestae et pantelium, Herennia Fortunata, imperio deae, per Ti. Claudium
Felicem sacerdotem, iterata est.
(4) Des deux inscriptions citées par M. Espérandieu, art. Taurobole dans le Dictionnaire
de Saglio, l'une CIL, vi, 509 est expressément dédiée dans le grec à la Mère des dieux et à
Attis, l'autre CIL, vi, 736 est fausse. Dessau revendique dubitativement pour Mithra ses
numéros 4158 et 4159 (CIL, v, 6961 et 6962), mais sans donner de raisons.
462 REVUE BIBLIQUE.
sexto Kalendarum aprilium, ArchigaUus ille sanctissimus, die nono Kalend. earum-
dem, quo sanyuinem impurum, lacertos quoque castrando libabat, pro salute impera-
toris Marci iam intercepH solita aeque iinperia mandavil. Ces derniers mots doivent
s'entendre il donne quand même
: les ordres accoutunaés au nom de la déesse, en lui
cognovii...
MÉLANGES. 463
(1) CIL, XII, 4321 : Matfi deum tauroboUum iussu ipsiiis ex stipe conlata celebrarunt
publiée Narbon.
(2) La distinction dont il vue par Gaston Boissier, La religion
est ici question a été
romaine d'Auguste aux Antonins, 1. Parlant de la fin du iv siècle, Paul
I, p. 368, note
Allard [Julien l'Apostat, l, p. 32 s.), cité et approuvé par Hepding, s'exprime ainsi « A :
cette époque, il n'est plus question de tauroboles oiferts, dans un but patriotique, pour le
salut des empereurs et de leur famille, comme on en rencontre aux siècles précédents : la
pensée de purification individuelle, l'espoir du salut de l'âme, paraissent seuls dans les
(3) CIL, vui, 8203^ à Milève, pour Alexandre Sévère et la maison divine : ... [taurobo-
lium et]... criobolium fecerunt et ipsi suscef^erunt...
(4) xui, 504, le prem.ier cas à Lectoure, 505-509 en 176 ou environ; fecit. Le n" 510 est
de 239; nous retrouverons à propos des vires; 511 fecit pour Gordien, en 241; à partir
le
du a" 512-519, en 241, accepit ou même acceperunt. 520 a fecit, mais est probablement
de 176; 523, 524 f., sans date; 522 et 525 sont relatifs aux vires. 521, acceperunt, sans
date.
464 REVUE BIBLIQUE.
Cependant une autre inscription, une seule (5), mais qui est citée
souvent comme si elle avait toujours été la loi du taurobole, donne le
taurobolié comme m aetermun renatus. C'est Aedesius, qui, en 376,
avait déjà accompli une longue carrière. L'expression in aeternum
peut signifiera à jamais », c'est-à-dire que le dédicant n'aurait plus
besoin de taurobole. Était-ce parce qu'il n'espérait pas vivre encore
vingt années? on penserait plutôt que les cérémonies avaient été
telles qu'il n'y avait plus lieu d'y revenir. Ou bien était-ce un troi-
sième taurobole qui aurait été regardé comme définitif? Mais le mot
de ré-Aïa^ws suggère un autre sens. C'est l'expression employée par les
chrétiens pour le baptême, contenue déjà dans l'évangile de S. Jean
III, 5). A ce moment on peut qualifier le taurobole de baptême san-
glant. Mais l'inscription se place treize ans après la mort de Julien
l'Apostat. 11 que l'empereur a voulu effacer les
est très vraisemblable
traces de son baptême en recourant au taurobole. S. Grégoire de
Xazianze l'insinue assez clairement (6). Le mot de renatus semble
donc ici —
quoi qu'il en soit des mystères d'Isis avoir été emprunté —
au christianisme. Et alors le sens de in aeternum devient clair par :
(1) X, 1596 iterala est. A moins qu'on ne lise lauroboli vi... iterata est, auquel cas c'est
Herennia qui aurait été renouvelée par le taurobole; mais que faire de ecilium et de pan-
teliu[m]'i
(2) VI, 50i : Vota Faoentiiius bis déni suscipit orbis. Ut maclet repelens aurata
fi'onte bicornes.
(3) VI, 512 -.ilerato, viginli annis expletis (awobolii sui, arain constituit et consecra-
vU. L'inscription vi, 502, de 383 ne précise pas le temps : laurobolio criobolioqne repelito.
(4) Vers 63.
(5) CIL, VI, 736 est une lalsilication; il reste donc vi. 510.
(6) Or. contra lui. IV, 52 : xxi xà (ièv TipÛTov aùtM Tôiv To).[j.r][iàtwv w; ol toïç àTro^^ritoi;
i/.v.^o-j xï),>,o)iti!^ô[AîV0'... ai'jxaTt [/.èv oox ô'^îu tb XouTpôv àTiopp-jTTTSTat, tr) xa6' :?i[i.â; TîAîtûffei
Tr|V xe/,îcw(Tiv ToO (i,û(Tou; àvTiTiOec'ç (cité par Allard, op. cit., ii, 219).
REVUE BIRLIQUE 1919. — N. S., T. XVI. 30
406 REVUE BIBLIQUE.
(1) Même accumulation d initiations avec les plus hauts lilres de la l'ait de Prélexlat
(IV, Kamenius (Dessai', 12f)4).
1779} et de
(2) CIL, VI, 499 Mairi deum magnae Idaee sumniae parenti, Hcnnae et Allidi
:
taurobole ou vingt ans aprt'S. M. Hepdinjj; (p. 198^ (|ui jiarle du natalicium tauriboli sui
ne s'est pas préoccupé de reconstruire la ]ihrase bâtir l'autel du jour de naissance!
:
MELANGES. 467
Sancla (1).
L'autel serait consacré aux forces mystiques du natallcium, c'est-à-
dire du taurobole qui serait un natallcium. Encore une expression
fort obscure. Les dédicaces aux vires sont assez nombreuses. Ordinaire-
ment il s'agit des vertus des eaux, de Neptune ou des nymphes (2;.
On ne trouve pas viribus taurobolii, qui serait la transition nécessaire
pour accepter lïdentité de taurobolium et de nataliciuin, mais seule-
ment :
I (5) Le taurobole — sans parler des autres victimes — exigea trois taureaux ; il y eut
468 REVUE BIBLIQUE.
avait eu lieu le taurobole. Dans un autre cas, les vires sont trans-
trois dé'lianls, pour le salut de trois personnes augustes, par le ministère des prêtres de
trois cités. A la lin de l'inscription : Loco vires conditae, puis la date, 30 sept. 245. —
CIL. XII, 1567.
(1) CIL, xui, 1751 : vires excepit et a. Vaticano transtuUt, ara et hucranium suo
inpendio consacravit... en 160.
(2) CuMONT, Revue d'histoire et de littér. relig. 1901.
(3) CIL, xin, 510 : S. M. d. Val. Gemina vires escepit Euti/clielis Vllll Kal. April.
sacerdote Iraiano Nundinio, d. n. Gordiatio et Aviola cos. (en 239). La même personne
recul un taurobole du même prêtre, le 8 déc. 241.
(4) Lucien, De dea Syria, 51.
(5) Textes d'après M. Espérandieu, tirés de Inscriptions roma,ines de Bordeaux,
I, p. 35, par M. Jullian.
I
MELAiNGES. 460
Serait-ce donc enfin que les vires étaient placées dans les kernoi?
C'est ce qu'ont pensé MM. Hepding et Loisy. Cette hypothèse, très
vraisemblable, le^ serait tout à fait, s'il était avéré que porter sur la
tête une partie de l'animal sacrifié c'était pour ainsi dire recevoir un
tant de l'initiation.
Toutefois, n'oublions pas que Valeria Gemina avait reçu les vires
d'Eutychès, qui était sans doute un homme. Rien n'empêchait de les
mettre dans le kernos, et ce rite est peut-être le plus ancien des deux.
L'initiation était ainsi plus directe. Par la castration, le Galle se con-
sacrait à la Mère. Le candidat qui obtenait la faveur d'en porter le
débris, les vires, dans le kernos, était lui aussi, par communication
des privilèges, consacré au service de la Mère, initié à ses mystères.
Le taurobole, qui fut à l'origine un sacrifice, ne devint probablement
un rite d'initiation que quand les vires du taureau remplacèrent les
vires des Galles, dont le sacrifice n'était pas si aisé à obtenir.
(1) M. Cuiuont {Rev. arch., 1905 A, 29, note 3) cile M. Kohlbach, dans Berlin. Phil.
Woch., 1904, p. 1230, à propos des mystères des Cabires Die Einfiihrung in die Myste-
:
rien des Kabirencultes leitete ein Widderopfer eiu. Der Adept selzte sich den Widderkopf
auf das Haupl iind nahni se die symbolische Widderblutlaufe.
(2) CIL, viii, 8203 : fecerunt et ipsi susceperunl.
MÉLANGES. 4'i
de Cybèle nous parait, au premier siècle de notre ère, une des plus
grossières et des plus sauvages,dénuée de tout élément spirituel.
Comment donc une religion à mystères? Simplement parce
était-ce
que c'était, à Rome
surtout, une religion étrangère. Tandis que les
religions de l'État avaient leurs rites officiels et dominaient tous les
actes de la cité, celle-là demeurait dans l'ombre. Ouand il fut per-
mis aux Romains de s'y affilier, s'y affilia qui voulut, mais sans
doute à la condition de ne point profaner les rites par ses indiscrétions.
Les mystères par excellence, ceux d'Eleusis, fournirent sans doute, en
cela du moins, un principe aux religions plus ou moins obligées à la
réserve, dans des milieux étrangers.
Pourtant, si la religion d'Attis ne possédait aucun élément moral ou
religieux d'une haute allure, elle ne pouvait se soustraire ni à ce
qu'exigeait le concept même de religion, ni au mouvement qui entraî-
nait les esprits. Par définition, une religion attend le salut des divi-
nités qu'elle adore, et à mesure que les perspectives du salut se trans-
portaient davantage dans l'au-delà, toute religion devait élever ses
prétentions à conférer des privilèges pour l'immortalité.
Le principe est simple; il est très malaisé déjuger quels ressorts
chaque religion faisait agir, et quelle fut l'action du temps, c'est-à-
christianisme, sont ceux dans lesquels celui qui s'acquitte des obli-
«
tion primitive du culte de Cybèle et d'Attis; elles n'en sont pas sor-
ties par le développement de la donnée première (4). »
(1) Se'rappeler le cas qu'en faisaient non seulement Lucien, mais Apulée.
(2) Loisy, l. l., p. 326.
(1) Bulletin de correspond, hellén. XIX (1895), p. 334. Ce volume est à peu près introu-
vable. J'emprunte. la citation à Roscmer, Lex. art. Meter, c. 2906 s.
MELANGES. 475
ne portant jamais de llambeau, se rapprochent des dadophores par leur immobilité et par
leur nombre on les trouve en efl'et souvent par paires, un do chaque côté de la pierre
:
lumulaire. «
(3 CIL, ui, 6384 près Je Salone. Au temps de Dioclétien(?). Le Corpus n'indique aucune
date. iam l rhrimis, miscri
Parcite soliq{uc) parentes.... Corpus liabcnt cineres;
aniinam sacer abstulit aer.
(4) bas-relief d'Ouchak, Rev. des études anciennes, 1906, p. 185, cité par M. Cumont
(Rel. orient., p. 330).
(5) Cf. plus haut à propos de CIL, vi, 199.
476 REVUE BIBLIQUE.
lydiens des chanteurs qui portent la mitre (1) . Tout naturellement les
des Galles sur leur personne avait plus d efficacité quand ils se tailla-
daient les bras :
(l)Prop. 7, 61 ss. Mulcet iibi Ehjsias aura beata rosas, Qua numerosa
V, /ides,
quaque aéra rulunda Cybebes Milralisque sonant Lydia plectra cfioris.
{'2) Hepding a cité C[L, vi. 10098 qui est l'inscription funéraire d'un phrygien ou d'un
dévot d'Attis, mais sans aucune mention des espérances doutre-lombe Qui coiilis Cybeien:
et qui Phryga plangilis AUin, dum vacat et tacita Dinduma nocte silent, llele meos ciiieres...
L'inscription pourrait être du i^' siècle finissant. De la même époque CIL, vi, 2l.î21. Le
défunt a été reçu parmi les dieux, grâce à Venus Nam me .«ancla Venus sedes non nosse
:
silentum iussit et in caeli lucida templa tulit. Reçu parmi les dieux, il y rencontrera Cybèle
|
et Attis (suppléé avec raison par Buecheler), mais parmi tant d'autres.
(3) CIL, VI, 499. Celle où Hermès parait entre la Mère et Attis, peut-être comme patron
du dédiant, Hermogenianus ; il élève un autel taurobolique diis animae sxiae mentisque
custodibus.
(4) AiG. De cir. vu, lympanum, turres, Galli, iaclalio insuna membrorum,
24, 2 :
vivat béate, quibus consecratus anle mortein honesle non potest vivere, tain foedis
superstitionibus subditas et invuundis daemonibus obligatur.
(6i Perist. x, 1065.
MÉLANGES. 477
Fragm. phil. graec. III, 33 intioii xal iràaa te/.stt, Tipôi; tov •/.6ff(J.ov fi[xâ; y.al Tipb; toù;
(1) :
Stace, Théb. xii, 226; Tert. adv, Marc. i. 13; Aunobe, v. 17; Prld, Perist. x, 1061,1083;
Pailin de Nole, XIX, 87.
CuMONT, La polémique de l'Ambrosiasier contre les païens, dans la Revue d'Iiist.
(4)
ipsa observatio ab his custodilur, ita ut etiam per sanguinem dicant expiationem fieri,
sicut et nos per crucem Iiac versulia paganos delinet in errore ul putent veritatem
-.
478 REVUE BIBLIQUE.
gion nouvelle.
Peu de chrétiens voudraient aujourd'hui soutenir ce système. Mais
la controverse prouve que des deux côtés on était disposé à accentuer
la ressemblance entre les rites. Les initiés d'Attis avaient avantage à
s'emparer d'expressions chrétiennes, et ils pouvaient s'imaginer
qu'elles rendaient bien leurs antiques usages. Rien de plus naturel
dans cette voie que de comparer le taurobole à un baptême qui efîace
les péchés, et qui par conséquent donne, comme le baptême, une nou-
velle naissance, et une naissance qui vaut pour l'éternité (1).
Les deux doctrines d'expiation et de rémission des péchés se sont
rencontrées sur une expression d'origine chrétienne, mais il y avait
entre elles une différence. Les initiés d'Attis avaient porté à l'extrême
le principe ancien de la vertu du sang pour expier, et maintenu pour
l'homme la nécessité de verser son propre sang, celui des animaux
ne conférant qu'une initiation laïque. Mais leur doctrine n'avait pas
fait un pas, même au contact du christianisme elle ne fit aucun pas,
vers l'idée que le cjiristianisme avait proclamée de premier jet, que
le sang du Fils de Diea dispensait du sang des victimes (2). Plus la
dévotion des initiés augmente, plus le saug des taureaux et des béliers
coule à flots. Comment donc peut-on prétendre que la passion d'Attis
noslram imitationem potius videri quam veritatem, quasi per aemulationem supers-
titione quadaininventam ; iiec enim verum esse passe, aiunt, quod postea inveniuni.
(Ij S. Augustin, comme S. Justin, a accepté l'origine diabolique des cultes comme une
de la déesse?
Mais à côté de l'hypothèse de l'origiae démoniaque des cultes, Augustin constate un fait
qui était de notoriété publique, c'est que les cultes païens essayaient d'attirer à eux par
des emprunts faits au christianisme : l'sque adeo... ut illi ipsi qui seducant per ligatu-
ras, per praecantaliones, per machina m enta inimici, misceant praecantalionibus suis
nomen Christi. Et c'est dans ce sens qu'il rapporte le mot d'un prêtre d'Attis qui essayait
de donner à son dieu un faux air de christianisme usque adeo ut ego noverim aliquo
:
tempore illius Pileati sacerdolem solere dicere : et ipse Pilleatus christianus est. Ut
quid hoc, fratres, nisi quia aliter non possunt seduci Christiani? — Il était certes
moins audacieux de dire : le taurobole produit les effets du baptême, c'est un baptême
sanglant. Et c'est la définition tardive qu'on en donne aujourd hui !
MELANGES. 479
cette espérance ne fut jamais fondée sur la Passion d'un dieu que le
Personne ne prétend que l'idée d'expiation ait été empruntée par les
initiés d'Attis au mystère chrétien. Mais on n'y voit nulle part une
régénération par un sang divin. Et si le terme de renaissance n'y
parait que tardivement, il est assez naturel de l'expliquer par l'in-
II
Ci)La question de savoir si ce Jacques est identique au fils d'Alphée (cf. Lagrange,
S. Marc, p. 78 ss.) n'entre pas dans notre sujet.
MhXANGES. 481
breuses qu'il opère parmi les .luifs, les Scribes et les Pharisiens
l'invitent à dissuader lepeuple de croire à la qualité messianique de
Jésus, le sentiment de leur impuissance les portant à faire appel à
l'autorité de Jacques pour détruire ce qu'il a édifié lui-même. Celui-ci
devra donc parler dans ce but aux Juifs et aux gentils que la fête de
Pâque amènera en foule au Temple de Jérusalem, et, afin d'être
mieux entendu, il est convenu que l'apôtre se tiendra sur le pinacle
de l'enceinte sacrée [hiéron], c'est-à-dire sur le faîte d'un des por-
tiques crénelés qui bordaient l'esplanade de la maison de Dieu (1).
L'expression employée ici par l'historien est identique à celle des
Évangiles dans le récit de la tentation qui nous représente Jésus
transporté sur le pinacle du
hiéroii, ïr\ -z zxtpù-y.z^^ -o'j '.-zoXt (2), d'où
Satan l'engage à se jeter en bas afin de prouver qu'il est le Fils
de Dieu. Le moment venu, les Scribes et les Pharisiens placent
S. Jacques à l'endroit indiqué, quoique le narrateur varie sa formule.
Le frère du Seigneur est conduit au pinacle du Temple [naos], èz- -l
rrTEpjYiov -zoxi vasj (3). Si nous admettions dans l'occurrence la stricte
ierminologie de Josèphe, nous devrions penser au fronton du pylône
ou au faite (à-/.pa)r(^pi;v) hérissé de pointes de métal qui couronnait le
non plus à quelque point particulier de l'enceinte. Il est
sanctuaire et
cependant des auteurs qui, malgré les observations des scoliastes,
n'ont pas toujours fait la distinction entre hiéron et naos, ce qui se
présente dans le cas d'Hégésippe, et l'usage chrétien a bien pu
appliquer terme de naos au péribole du lieu sacré, à l'imitation
le
(1) St?,6'. ovv £7:1 To TTepJytov -oj Upoj, traduit par Rufin : asce?ide itaque in excelsutn
locum pinnx templi. Dans les LXX, wTôpûyiov équivaut à ''^22, le bord (d'un vête-
ment, etc..) et à nvp, l'extrémité. Il a pour répondant en latin dans le domaine de l'ar-
parvis intérieurs leur étaient interdits sous peine de mort, à plus forte
raison les abords immédiats du sanctuaire. Conjecturer que le saint,
monté sur le pylône du Temple, se faisait eutendre de toute l'esplanade
porterait atteinte à la Araisemblance de l'histoire.
Du haut de la terrasse où ses ennemis l'ont juché, Jacques confesse
le retour du Christ sur les nuées. Sa voix forte parvient aux oreilles
des auditeurs dont un grand nombre répond par « Hosanna au fils :
sur son siège explique la divinité de Jésus à des Juifs qui espéraient
l'entendre dire qu'il était son frère. Leur déception tourne en fureur.
« Ils le firent descendre de son siège et le flagellèrent fort. Ln d'entre
eux arriva avec un bois de lavoir; il lui frappa la tète avec ce bois:
saint Jacques rendit son âme... Quand il fut mort, on l'enterra à côté
du sanctuaire (3i. » Si nous revenons à la narration d'Hégésippe qui
offre des garanties de véracité plus sérieuses que ces diverses élucu-
brations, nous voyons quelle se termine par l'ensevelissement du
martyr au lieu même de sa mort, près du Temple, tr.\ tm tî-w Trxpi tw
(l) Cf. André de Crète, /. L, àvaéâvTs; o-jv £;:• to îr-reoûyiov toC iepoû xaT£oa>,ov avTÔv.
Ménologe de Basile., P. G-, 117, 121 : êppi'I/av â-6 toO à/.poj toO îepoj, 429 : ôi->j roû
hpoj y.âT(i), Les Act. mythol. Apost. publiés par A. S. Lewis, f. 150'', placent Jacques
JkX^^'' Js. V . ce qui équivaut à è-l tô à/.pôv toù Upoù (toû vaoO;. Passio sancti Jacobi
du cod. hagiogr. 144 de Chartres [Anal. Bolland., VIIT, p. 137) Tune ascendenies ad eum :
pharisaei... praecipitaverunt eum ex alto. Le saint avait été placé supra pinnam templi.
{2) Lib. I, 70, P. G., 1, 1245 ille ininiicus homo Jacobum aggressus, de summis gra-
:
dibus prœcipitem dédit. Migne, Diction, des Apocryphes, 277 ss. « Jacques eut un pied
brisé par cette chute et depuis il boita beaucoup. »
vaw. L'auteur se sert encore ici du mot naos, mais il est évident qu'il
ne peut être question de Vœdes sacra, du sanctuaire, comme l'ont
interprété les notices byzantines faussement attribuées à Dorothée de
Tyr (1). On conçoit difficilement une sépulture dans les parvis, sur
l'esplanade sacrée. Ésséchiel (xliii, 9) proclame assez hautement que
même les cadavres royaux ne souilleront plus le lieu saint.
Nous devons donc laisser encore ici à naos une large acception
et localiser le supplice comme la sépulture à proximité de l'enceinte,
(Ij LiPsiLS, Die apocr. AposteUjesch. und Apostelleg., H-, p. 248, Cod. Vindob. hist.
gr. 40 : i-/.o:\xT,^ri xal èxeï ÈTâfr) âv tw vaiô TtXïjdîov rwv lEpitov. Lat. :
iv avTfj t-^ 'lôfio^ffa/riu-
'apidibus ibi a Judœis adobrnlus occubuit atque in templo prope allure sepultus est.
2 F. 151 b. , LC-/J' .ILoi. O'O:-' y3^. S. JÉRÔME, De liris inl., eu : juxta
{'inplum ubi et prsecipilaïus fuerat, sepultus est.
(3) 'QgXîa:, ô èutiv 'E)'/.r,vt(7Tl TiEpio/r, toO )aoj, traduit par Rutin, quod est interpréta-
lum înunimentutn populi. Voir
: la note 97 de Noël Valois, P. G., 20, 193 et H. Vincent,
Jérusalem Antique, p. 195.
(4) Papad.-Kekamecs, Analecta, I, p. 12 : Kal '/aSo'vTc; aJTov êSa-l/av s'v to-u x5t).oj[iévt|)
iSin). Mais, quels que soient les rapports entre la narration d'Hégé-
sippe et les textes prophétiques, tout cela offre peu de secours dans
la question de la sépulture du premier évêque de Jérusalem.
L'endroit était marqué par une stèle dont Hégésippe, 120 ans
après les événements, mentionne l'existence à proximité de l'enceinte
du Temple (2). La stèle aurait donc passé indemne les bouleverse-
ments de la ville sous Titus et Hadrien pour disparaître dans le cours
du iir siècle traversé par de sanglantes persécutions. Ce monument
funéraire, quel qu'il fût, jouit d'une grande notoriété, écrit S. Jérôme,
jusqu'au siège de Titus et même jusqu'à celui d'Hadrien (3). Cette
date ultime semblerait indiquer que la mention de la stèle aurait
été empruntée par l'auteur des Mémoires à une source judéo-
chrétienne restreinte à la période où Jérusalem avait à sa tête des
évoques venus de la Circoncision, période que termine la fondation
d'Aelia. La réflexion mise au compte de cette source, on serait porté
à conclure avec assez de vraisemlîlance que la construction de la
colonie romaine en 135 fut fatale au monument de S. Jacques et
amena chez les évoques et les fidèles incii'concis d'origine qui vinrent
(.3) De Viris inlustribiis, P. L., 23, 613Juxta templum ubi et pr.ccipitaius fiierat,
:
Mais alors s'était déjà fait jour, comme nous allons le constater,
une tradition locale qui s'opposait à la tradition littéraire dépendante
d'Hégésippe. Pour les concilier, nous devrions supposer qu'au
moment de la disparition du mémorial de l'Ophel, le corps de
S. Jacques fut transféré en un lieu plus sûr et moins exposé à
(1) C'est ce (lui ressort également de la notice de S. Jérôme qui ne iaan(iue pas de
signaler le titulus d'Absalom, qui usque hodie permanet m
dedecus et testimonium
parricidse. Anecd. Maredsol. III, in. ps. xv, p. 12.
(2) Cod. sign. n. 125. En tête du codex on lit cette note du x' siècle : Hic est liber
vit le saint de Dieu, Jacques, debout, qui lui adressait ces paroles : « Courage. I-lpi-
phane, et sois rassuré, car tu as trouvé grâce devant Dieu et tes péchés te sont remis.
Mais lève-toi, entre dans la ville et présente-toi en personne à l'évêque de la cité.
sommes cachés sous terre et livrés à l'oubh, depuis que nous avons comparu devant
le prince des prêtres Afin que tu saches à qui tu as affaire, je suis Jacques, frère
!
du Seigneur; les autres qui sont avec moi sont le prêtre Siméon et Zacharie. »
Tandis que le saint parlait, Epiphane s'assoupit, se demandant quelle était cette
vision. « C'est une révélation redoutable, pensait-il, qui m'arrive cette nuit et je ne
sais trop comment la prendre. Le démon doit me tenter pour que je sorte de ma
cette révélation. La nuit venue, Epiphane s'étant endormi, voici que S. Jacques lui
apparut de nouveau « Epiphane, lui disait-il, je te le dis et te le répète, lève-toi,
:
entre dans la ville et engage l'évêque de la cité, comme je te l'ai déjà dit, à venir
creuser ici pour nous enlever de cet endroit. C'est pour la seconde fois. Ne te laisse
pas aller au doute ni à l'idée que ce sont là imaginations ou illusions des démons.
Ce que je dis, c'est la vérité dont je fus le héraut. » Telles furent les paroles du
saint, et, en Epiphane se disait en lui-même « En vérité il y a
se levant, le matin, :
là non une illusion de l'imagination, mais une vision de Dieu, et S. Jacques m'est
bien apparu. Je vais aller tout de suite chez l'évêque pour lui transmettre toutes les
injonctions du saint de Dieu. »
Sur ces réflexions, il sortit de sa cellule et s'introduisant auprès de l'évêque Cyrille,
il lui fit part des ordres du saint de Dieu. Au récit de ce vieillard qui lui était incon-
nu et à la vue de son accoutreiïient composé d'un sac et d'un très vieux manteau,
l'évêque crut avoir affaire à un imposteur qui venait lui conter de fausses visions en
vue d'extorquer une aumône. Aussi lui répondit-il en lui glissant quelque argent :
« Nous n'avons jamais entendu dire que Jacques ait été enseveli en cet endroit ri j;
je connais les dispositions de l'évêque qui n'a pas cru à ta parole. Lève-toi donc, et
va à Eleuthéropolis, tu y trouveras quelqu'un que j'aurai averti (2), Paul, le pre-
golha au sujet de Iat[uelle S. Cyrille écrivit à Constance {(«(àttov) Ltpyio-j xal Kiypiviavoû,
:
(2) Texte : etibide me invenies docente ad Paulum. Peut-être faut-il lire : et ibidem
inverties me ducente ?...
MÉLANGES. 487
mier notable de la cité. Fais-lui part de toutes les recommandations que je t'ai déjà
faites. » A son lever, Épiphane prit son bâton et descendit à Éleuthéropolis. Durant
son sommeil, Paul, le premier notable de la ville, avait eu une apparition de S. Jacques
qui lui avait dit : « Celui que je te montre venant à toi, reçois-le dans ta maison, et
tout ce qu'il te dira exécute-le an plus tôt et sans traîner. » et il lui avait montré en
songe Epiphane comme en plein jour. Paul, à son réveil, raconta tout à sa femme
qui rendit grcàces à Dieu, et, le matin venu, donna l'ordre à ses serviteurs de recevoir
le moine qu'ils verraient se diriger ici, sans avoir à l'annoncer. Les sernteurs furent
fidèles à la consigne. Voici qu'Épiphane arrivait, sous la conduite du saint, jusqu'aux
aires de Paul (1). Aussitôt aperçu, ceux-ci l'accueillirent et l'introduisirent chez leur
maître qui s'écria en le voyant : « C'est celui que j'ai vu cette nuit! » Et Paul de
raconter sa vision à Epiphane. Et, de son côté. Epiphane de à Paul communiquer
les injonctionsdu saint. Paul, enchanté, entoura le moine de toutes sortes d'atten-
tions, et mandant le serviteur chargé de l'intendance de la maison, nommé Anastase,
il lui donna un vase d'argent de quarante livres « Va le vendre, dit-il; tu emploieras
:
la somme à fouiller (2} le lieu que t'indiquera ce vieillard et tu trouveras le corps des
saints. Fais-moi signe alors pour que j'aille les adorer, » et ce disant, il l'envoya avec
le vieillard.
Ils arrivèrent à Jérusalem. Dès qu'ils eurent atteint les abords de la grotte, Épi-
déposés, des saints Jacques, Zacharie et Siméon. Il alla annoncer le fait à l'évêque
de la cité. L'évêque descendit avec joie, enleva les corps des saints le premier décembre
et les ayant enfermés dans un coffre il les déposa dans le lieu qui est appelé mont
Sion. Aussitôt du tonnerre, des éclairs et de violentes averses, de sorte que tout
il fit
le monde glorifiait Dieu de ce qui s'était passé. Sans retard Paul fut avertie Éleuthé-
ropolis. Étant monté, il bâtit une maison près de la grotte où les saints avaient reposé
jusque-là. Une fois la maison achevée 1^3), il déposa les corps des saints là même sous
l'autel, le 2.5 mai, pour la gloire de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit qui vit et règne
maintenant et toujours et dans les siècles infinis des siècles. Amen.
1 ! Nous pensons que usque adreas Pauli est une mauvaise lecture de usque ad areas
Pau IL
.2) Nous avons corrigé l'inconipréhensible venumda et pretio eodem loco quod... en
venumda et pretio fode locum.
;'3) Cette maison « domas » ne peut être qu'un oratoire, O'xo; sO/.Tr.p'.o;. comme lin-
dique la présence de l'autel.
488 REVUE BIBLIQUE.
(1) Cf. J. Chapman, Zacharias, slain between the Temple and the Allnr. The Journal
of theological studies, XIII, p. 398. Grégoire de Nysse se fait l'écho de cette même tradi-
tion, Cramer, Catenx Gncc. pair, in Luc, xi, 50.
(2) Edit. DiERAMP, II, p. 2, : ev Toi yàp lepareÛEiv aÙTÔv xarà xh s'xo; XiÔo&oArjCravTe; aOtov
xat xpoTaçîcravTEç àTTÉXTSivxv, xat (yjpavTe; £xpÉ|j.vYi(Tav aùxôv sic Tr,v xotXâôa toû 'IwaaçaT.
(3) Toujours daprès la source de la Chronique d'Hippolyte de Thèbes, op. /., p. 7 s.
(5) In Mat., 1. IV, c. xxiii, 35, 36 Alii Zachariam patrem Joannis intelUgt volunt. ex
:
quibusdam apocryphorum somniis approbantes, qiiud propterea occisus sit quia Sal-
tiatoris prgedicarit advenHm. Hoc quia de Scripturis non habet auctoritatem, eadem
facilitate contemnitur, qua probatnr.
MÉLANGES. 489
Zacharie dans les évangiles se trouve dans un contexte qui fait allu-
sion aux tombeaux que les Juifs du siècle hérodien élevaient aux
prophètes et aux ornements dont ils décoraient les mémoires des
justes. Parmi les monuments, expiatoires en quelque sorte, de la
vallée du Cédron sur lesquels l'enceinte sacrée projette son ombre au
déclin du jour, il pouvait s'en trouver un dédié à la victime de
Joas, dont les Juifs voulaient détourner la malédiction qu'ils sen-
taient toujours planer sur leurs têtes. A l'imprécation de Zacharie
mourant « Que Jahveh voie et fasse justice! » les Babbins donnaient
:
[i] Mt., xxiii, 35; Le, w, 51. et. l'excellent article de J. Chapman cité plus haut.
L'habitude de lire ou d'écrire Zacharie fils de Barachie
ic à propos du prophète a intro-
>>
duit u Barachie » au lieu de « Joïada dans le texte de Mt. Une confusion née d'une
formule stéréotypée se produit aussi chez de nombreux pèlerins à propos de Jacques fils
de Zébédée qu'ils appellent jiar habitude 'li/.tcSo; 'AcEX^ôecOî sans parler des Latins qui
ne sont pas indemnes d'une erreur analogue.
;2) lu Mat. 1. IV, c. xxm : Simpliciores fratres inter ruinas templi et attaris, sive in
portarum exitibus, qu;(^Siloam ducunt, rubra saxa monstrantes, Zachariœ sanguine
putant esse polluta. Non condcmnamus errorem. qui de odio Jndxorum, et fidei
pietate descendit. P. L., 26, 174. Cf. Jérusalem, t. II, p. K!, note 4.
490 REVUE BIBLIQUE.
(1) P. G.,43, 397. 412, 413, 418, 420, 426. Sur l'invention de Zacharie le prophète (qui
se double du prêtre) aux environs d'Éleuthéropolis, voir Sozomène, ix, 17. C'est la genèse
d'un sanctuaire fameux.
(2) Tisc.nE.\D0RF, Evangelia Apocnjplia, pp. 48, 389. La Vie des prophètes du pseudo-
Epiphane place sa sépulture près (du tombeau) des prêtres Iu;jlecôv 6 îspîO;. .. 'Azéôavs
:
(c'est une façon de désigner les moinesi ont pensé que Jacques était
enterré au mont des Oliviers, mais leur opinion est fausse 1]. » Par
le mont des Oliviers, S. Jérôme comme ses contemporains entend
[\) P. L., 23. 615 : u Quidam e nostris in monte Oliveti eum putaverunt conditum
sed falsa eonim opinio est.
[2] Cf. Onomaslicon (Klostermann), p. 119 Coelas, id est vatlis. Josafat inter Jéru-
:
salem etmontent Oliveti., p. 175 CMmarrus. id est torrens, Cédron... inter montera
:
templi spelunca antrum sistebat maxima in qua infra vir... Epiplianius nomine die
ac nocte preces ad Deum fundebat... » Prae medio pourrait être, à notre avis, la tra-
duction de àvà(X£(Tov. Quant à spelunca antrum sistebat maxima on le traduirait litté-
ralement un antre constituait une très grande caverne
>c en tenant compte de la désin-
>
a-JTr,; 6 aOto; Jiao'O.cù; àvrjyEi^ev, èvôa î'.Ttv vi cyopoïç >.î!'l/ava twv âyiiov vr,-t(ov xai to-j x^io-j
X'jjiïwv To-j ôsoSo/ou, Toù 'Korj-:fr\-z''i-j Za/apîo-j x«t 'laxwêo-j tovj àSs/.soÔéo-j. La présence de la
chevelure de S. Jean-Baptiste porte à croire qu'il s'agit ici de Zacharie. père de ce dernier
etnon du prophète, erreur explicable chez Codinus.
Gever, Itin. Uieros., p. 142 Sanctus Jacobus, quem Dominus manu sua episco-
'3; :
pum oïdinavit post ascensum Domini de pinna templi prxcipitatus est et nihil et
nocuit, sed fullo eum de vecte, in quo res porlare consueverat (Cf. le texte Dorothée-
Hippolyte publié par Lagarde. Const. ap. 283, Lipsius, II-, p. 248, note 3 nx-âl'x; tm :
Eû>.to, (ic6' o'j koi'jxxZz Ta •.jxàxia) occidit et positus est in monte Oliveti. Ipse sanctus
Jacobus et sanctus Zacharias et sanctus Symeon in una memoria posi'i sunt, quatn
MELANGES. 493
memoriam ipse sanclus Jacobus fahricavil, corpora eorum ipse ibi recondidit et se
cum eis prxcipit poni.
ibi
{!) Miraculorum lib. I, c. 27, P. L., 71, 728 : de pinnatempli privcipitatus, alliditur,
effiisoque fullonis fuste cerebro, spiritum reddidit, sepultnsqiie est in monte Oliveti,
in inemoria, quant sibi ipse prius fabricaverat, ei in qua Zachaviam ac Simeonem
sepelierat.
i'2) Antiochos Stratégios, "A/wri; tt;; 'leoo-j'7y.'/r,'j. (éd. Calliste;, p. '»8 : iv tm g-tîvw toO
ày:'oj 'laxwêoj. Le texte arabe porte : u dans la maison de S. .lacques ». S. Cyriaque,
d'après le Commemoratoriinn, parait appartenir aussi à la vallée de Josapliat.
[3) Arcliices de l Orient Latin, II, B, p. 396.
494 REVUE BIBLIQUE.
l'on peut inférer d'une Passio sancti Jacobi contenue dans un manus-
crit du x'' siècle de la bibliothèque de Chartres et dont la conclusion
(1) Kekelidze, Jerousalimskii Kanonar, pp. 114, 144. Archim. Calliste, '\zyj'j'jt.\,\t.:-
Tixôv Kavovdtpiov, (Jérusalem, 1914), pp. «2-94, 119 s. Le 18 mai, il se fait encore mémoire
de l'apôtre Jacques, de Siméon et du prêtre Zacharie. Après avoir pris connaissance du
récit de VApparitioti, il nous est impossible de maintenir l'interprétation que, sous
l'influence des éditeurs, nous avions adoptée, RB., 1914, p. 460, n. 33.
(2) Acta SS., 1" mai, p. 28. Ce martyrologe doit dépendre d'une source palestinienne.
1'' mai proviendrait, d'aprcs Tili.emont, Mémoires... I, p. 380, de
(3) La fête latine du
la dédicace d'une église de Rome dédiée aux SS. Philippe et Jacques, apôtres. Le mar-
tyrologe hiéionymien [Anal. Bolland., II, p. 17) met la passion de S. Jacques, le 25 mars.
Les Orientaux en font généralement le 23 octobre, date provenant peut-être de la dédi-
cace de l'église de CP consacrée au frère du Seigneur. La fête du 28 décembre commémore
la consécration épiscopale de Jacques dont le trône, au temps d'Eusèbe, était conservé à
G., 117, 121, 429. P. 0., x, .36, 64, 69, 98, 109, 235, 257.
la Sainte-Sion. P.
Anal. Bolland., VIII, p. 137
(4) Populi autem cum omni honore sepelierunt eum
:
ibijuxta templum, credentes in Christum filium Dei vivi : in quo loco colilur sancta
passio ejus usque in hodiermim diem.
(5) Commémorât, de Casis Dei, Tobler-Molinier, p. 302 In valle Josaphat... in :
florissante dans
de Josaphat à l'époque byzantine reprit,
la vallée
au xii*" siècle, un nouvel essor grâce à la domination franque, après
avoir subi sous le règne des califes une forte diminution qui n'était
pas allée jusqu'à une complète suppression, car Mouqaddasi signale
•
encore, en 985, dans cette vallée, des jardins, des vignes, des églises,
des cellules d'anachorètes et des tombeaux (1), description qui reste
vraie dans ses grandes lignes. Seulement les ermitages ne sont plus
que des alvéoles vides et contre l'escarpement des grottes dites « des
Vierges » s'est accroché le village arabe de Selwàn ou Siloé. Au
vi*^ siècle, Théodosius était frappé de l'existence singulière ,de ces
moniales sur qui les portes du monastère s'étaient refermées pour
jamais et qui trouvaient leur sépulture à l'intérieur de cette clôture
éternelle, probablement dans quelque ancien hypogée dissimulé der-
rière une façade sommairement bâtie (2). Elles étaient une centaine,
selon une relation postérieure, et un stylite les dirigeait à travers une
lucarne (3). Les grottes « des Vierges » se peuplèrent, au xii" siècle,
et quando aliqua earum de sxculo transierit, ibi intus in monasterio ipso deponitur.
et a quo illuc intraverint, usque dum vivunt, inde non exeunt... nam semper clausae
sutit...
Kai eU tôv a-JTÔv TÔTtov elcrlv ézatôv ËY/.XstiïTai xt),. Près de là est la tourelle, fjiâyyavov,
pierre contre laquelle fut tué Jacques Adelphothéos. Ce (jLâyyavov n'est autre que le Tom-
beau dit d'Absalom où plus tard Poggibonsi {Libro d'Oltramare, p. 162) placera le mar-
tyre de S. Jacques e gittarolo per lo muro del tempio, e si andù rotolone, infino al luogo
:
a Manus Assalonis.
(4) PhocaS ('Apj^aïa... ôoo'.tt., p. 451) : Kai ij-STà Ta-jia iaiX (jl£y*1 ô/6o;, ei; civ Tî-/vriTà
S'.ocsopa •ff^o'i'xc^. (7-iî/.ata, à Tâv TrapÔiviov TïpoffayopEÛovTai, £Î; à xaToixoùdiv ô/.t'yoi [jièv
dpôôSo^ot, tcXecove; 5è 'ApaÉvio-. xa't 'laxwêï-rai (x.ova-/o:'. Perdiccas [eod. op., p. 467), après
avoir parlé du lieu qui reçut le frère du Seigneur, mentionne encore au-dessus de Siloé
dix retraites abritant dis vierges : /a't ôÉxa çpovTi-rr^pia Tiapôî'vwv liapiôixwv. Theodorici
libellus, Sepulchntm vero Josaphat in vallis ipsius medio quadrato opère in
p. 7 :
modum pyramidis est erectum, circa quod habitacula servitorum Dei seu reclu-
sorum plurima insunt, qux omnia sub cura abbatis beatse Mariée constiluta sunt...
(5) ZDPV., XIV, pi. 4. La Citez... § 24 En Val de Josaflfas avoit herrnites et rendus :
(1) 'Apyata... 66o(ic., p. 451. D'après Nàsir-i-Kliusrau (Le Strance, op. /.. p. 219), ce
monument son admiration, lors de son voyage en 1047, était appelé par les
qui excite
indigènes Maison de Pharaon, d'après une tradition qui s'est perpétuée jusqu'à nos
jours où les Arabes nomment encore Tantour FirûUma ce que les Juifs du moyen âge
regardaient déjà comme la Main d'Absalom. Be>jamin de Tldkle, Jeir. Quart. Review,
1904, p. 137.
(2) TiiÉODORic (Tobler), p. 42, 50. Jean de Wurtzbolrc (Tobleri, p. 124, décrit la coupole
comme oratoire de S. Jacques, sans faire allusion à la sépulture, parce qu'il reste fidèle à
la tradition byzantine, tandis que Théodoric, partisan de la localisation du Haram,
passe sous silence le souvenir de S. Jacques dans sa description de la vallée de Josaphat.
Anonyme VII (Tobler), p. 102. On considérait aussi cette chapelle comme le lieu du mar-
tyre. La Citez, g 13 : Devers solel levant, tenant al Moustier del Temple, a une Capele
de monsigneur saint Jake le Meneur. Pour ce est illuec celle capele k'il 1 fu martyriés,
quant li Juif le ieterent de deseure le Temple aval.
MÉLANGES. 49:
(Ij J. de WïiitTZBOi ri:., p. 167. AnoiNvmi; H, (Tlieodorici libel.). p. 12j : Infra vallem
Josaphat sunt aqu.r Siloe. Ibi etiam, ubi reclusi habitant, est capella in honore sancti
Jacobi.Hig. Dami-i. Khitrowo), p. 2'i. De situ... (De Vogiié, Les Églises de T. S.,
i
tum Constantinapolim. Cf. Riant., E ruvix sacrœ constantinop., II, p. 211-217, 224.
(2) Micfii;i.ANT-RvY.v\rD, Itinér. français,p. 1G9. Anonymc VH, p, 104 Juxta qnem :
locum est sepulchrmn Josaphat rerjis, per qu»m dieihir rallis Josaphat. Et ibi est
ecclesia, ubi Jacobus et sanctus Siineon scnex et Zacharias fuerunt sepulli.
REVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XVI. 32
I
498 REVUE BIBLIQUE.
(1) NiccoLO cla PoGGiBONsi, Lihro d'Oltramare, c. lxjli, p. 163 s. Jacôues de Vkhone.
ROL., III, p. 199 s. dont les descriptions sont confirmées par Jkan Poloner (Tobler),
p. 237. Louis de Rocuecholakï, ROL., I, p. 240 s. 'Ap^oita... ôSotirop., p. 513, n" •".?.,
de ce fait,on imagina que sa maison était à proximité du jardin, ou, tout au moins, dans
la vallée du Cédron.
fl) Le Temple de Jérusalem, p. 4:>.
(2; Cf. RB., 1913, p. 262 ss.
B
III
UB., 1912, p. 4S1-503 et 1919, p. 89-105. Ce manuscrit porte le n" 40(i dans la liste
(1)
dressée par Rahlfs A. Raulks, Verzeichnis der Griechischen Hamhcliriflen des Alten
:
404 [420].
(3) Biblical Fragments from Moimt Sinai, Londres, 1890, p. 11-14. Ce ms. de l'Ecclé-
siastique est désigné par Ralilfs sous le n" 929, tandis que le texte supérieur (Octateuque
et Prophètes en minuscule du ix.° siècle i est appelé • u - par Brooke et Mac Lean et 407
par Rahlfs.
(4) P. 389 [405 c( Bei diesen (die von Eug. ïisserant noch nicht gelesenen Blatter) aber
mehrlen sich die schon beim Sirach-Pallnipseste oft nicht geringen Schwierigkeiten in
einer Weise, dass die Lesung dieser Ilandschrift 'zu einer fast lloffnungslosen Arbeit
wïirde. Flashar selbst berichtet dariiber von der Schrlft war vielfach kaum eine Spur zu
sehen. Ich war infolgedessen last ausschliesslich darauf angewiesen mit Schwefelammo-
nium zu Aber auch das versagt an vielen Stellen, namlich wenn die jiingere
arbeiten.
Es ist ausserdem ein so zeitraubendes Verfahren, dass
Schrift genau iiber den alten liegt.
nian slundenlanc an einer einzigeaZeilen sitzt.' « Flashar expose aussi les difllcultés qu'il a
MliLANGES. -iOl
F. 164, 1. 6 = XV, 19. Fl. v^oj-s-.? (2) avec la note < suv.e-.ç (B) steht
sicher nicht da; aber auch die Lesart 7j vc-rj^stç (A) schwerlich. Auf
das z folgt ein Buchstabe, der j oder : oder i sein kônnte. » Rahlfs
suggère jj v:;:-.;, leçon tolérable du ms. 254 de Holmes-Parsons, dont
l'accord avec notre palimpseste est assez fréquent. Ayant des doutes
en ce point sur une série de huit lettres, je ne saurais me prononcer.
L. 12 = XV, 11. Fl. lit Y;[^,aprr,y.3:ç sans aucun signe de doute. Je
n'ai proposé de lire r,î^.apTr,7a; qu'après un examen prolongé et après
TTCTO)] (1). Plus bas, Rahlfs n'a noté qu'une ligne non lue avant -la
L. 12-13. =: XV, 20. FI. a lu lia; = ,i'.;; a^sfiLiov svj'i spîvT'.si: je main-
tiensma lecture de sv ^povT'.oi à la 1. 13; aïs^wv de 1. 12 m'est resté
complètement indéchilïrable,
F. 200, 1. 3. = XV, 35. Fi. r;7^-z'. 'kr,[j/jz\~.y.'.: lire Xr/^ivTa-,, la place
ne permettant pas de restituer \j..
L. 8 = XV, 35. FI. co>,;v sans aucun signe de doute; j'ai la zsvcv.
L. XX,
i = 2. FI. c-'jv'.c TS:; je maintiens ^jv'.svx'..
L. 7-8 = XIV, 13. Fl. r.y:j rr^ ,|tx',; j'ai transcrit -y:j\rr-.y.<. et n'ai aucun
indice d'hésitation sur ma copie.
L. 15 = XIV, \\. Fl. \r,z\j.v)iù\ stoç où Rahlfs annote « Flashar
setzt hinter eo); keine Punkte; raan soUte aber eigentlich erwarten,
dass die Zeile noch nicht mit ew; schloss. » J'ai lu Yzct^.svtoaa' èwç x»
E7:'.-To;j.'.ov i\-'. avec annotation « à vérifier >>. Fl. lit ensuite to)v !ji.r,p wv
aj-cjj. J'ai annoté ma copie comme suit : il ne semble pas possible
que ce soit to)v ixr^pwv : on lirait plutôt -x. (la troisième lettre étant une
lettre étroite) ; après ;;, peut-être un e : une lettre étroite ou un a après
y.-j-zj. OÙ j'ai même noté un esprit, je considère twv ;rr,:o)v comme très
douteux jusqu'à nouvel examen, sans avoir d'ailleurs aucune leçon
en vue.
F. :r. l. 5 =z XV, 31. FI. KL5vaj j'ai Ka-vx. ;
7.7.', cj ::pC70"r;7c'..
L. 3-i = XX, 9. Fl. Ky.'. zjv.i-'. -pz7-/:r,zi:\ xj-z-j z -zt.z: 3:'jt:v Ij/.ît». ;
certaine.
L. 7-8 = XX, 10. Fl. note au sujet de la ligne 8 : - Am Anfang
scheint ein à zu stehen; das wïirde auf die Lesart •lir,'Kuzr,7ZJ7Vf (A) liin-
deuten; mehr ist nicht zu erkenneti. Rahlfs ajoute avec raison :
Or,A3:7£'.£V.
s'y.acTOç
I
'{xp iauj-ro) àX/,' z'j\y. xkkm 'Cf,.
IV
I
5U(; KEVL'E BIBLIQUE.
une réelle arme de combat, cette lame est néanmoins une arme
évidente. Les spécialistes sauront tout de suite y discerner une dériva-
tion peu ti'ansformée de l'épée de La ïène et de llallstatt, dont les
prototypes en bronze sont fort archaïques en Europe (1 et qui se
perpétua fort tard, en Gaule surtout, malgré des inconvénients plus
nomljrcuxque ses avantages. On n'est d'ailleurs pas réduit aux seules
ressources de l'archéologie comparative pour dater cette pièce, puis-
qu'elle se présente sous une forme très bien connue dans l'armement
romain celle du parazo?iiu?n, avec les éléments d'une détermination
:
pouvait le rêver. Car un joli texte s'étale en deux longues lignes sur
le revers de notre lame. Il n'est que de prendre le temps de résoudre
(1) Voir J.DÉciîEiETTE, Manuel d'arc-hèol. celtique..., II, ii, p. 723 ss. ; II, m. p. 1100 ss.
Am
'///,y
^.
TRIB-POT-XI-COS-IIII- IMPVIIII-PATP-
II. — GN DOMITIOGRBVLorJLEG AVG^PROPR T AVRELIO
• • • •
FVLVOLEG •
A/G •
LEG •
III • GAL •
Il n'y a pas la moindre trace de R dans Germanicus. —E et :M, l'un et Tautre fort
clairs, se suivent avec l'intervalle normal sans ombre de ligature. Dans le 4'' sigie, au
contraire, on croit bien discerner la fusion des trois lettres AM. — L'A. dans
maximus, est probablement aussi indiqué en lii:ature avec M. — On attendrait sur
XI la barre horizontale qui accompagne tous les autres chiffres. La répétition du
titre iinperator s'explique peut-être par le fait que le graveur l'ayant inséré plus ou
(1) Sur ce compiit des puissances tribunices de Néron, voir Goyau, Chronologie de
l'empire romain, p. 119, et Gagnât, Cours d'épigr. latine, 3* éd., p. 183.
(3) Voir le portrait e>;quissé de lui par Dion Cassius (lxii. 19. éd. Boissevain, III, 57 s.).
(1) Orient XXXII, 31^ éd. Sceçk, p. G7 s. L'histoire de la légion est résinnéo par M. Caijnat
dans son arlicle L'agio du Diction, des anliq. gr, et roiit., III, 108o.
MÉLANGES. • ol3
Jérusalem.
L. H. VmcENT, 0. P.
[Suite]
PSAUMES
A
Collection Borgia
V, 4ab*
17 vir, 17b*, 18-i.\. Ub*
.xri, 4-6 »
XIV (complet) »
XVI. 11 -12a «
Lmbre à son portrait si élogieux de Corbulon (LXII, 19) Sur un point seulement le héros
:
ivait déçu des espérances unanimes à savoir en conservant jusqu'au bout sa fidélité
:
loyale à Néron. -
UEVUE BIBLIQUE 1919. — N. S , T. XVI. 33
314 , REVUE BIBLIQUE.
Z. W C'A
Z. l.S
Z. 99 C'A
Z. 18
Z. 94
Z. 99 C'A
Z. 18
Z.
MÉLANGES. RIS
z.
.
Vienne
cviii-CL\, 3a*
ex, lOo*
CXI-CXH
cxiii, 1-12, 13b, 14a, 134a, (i
8a*b, 9* *
cxxv. la*
Freer
10bc*,lla*,13b,14*,15*
VIII, 3b*, 6b*, 7a*, 10*
IX, r, 4b*, 5*, 8*, 11b*,
12a*, 15*, 16*, 17a*, 19*,
20*, 22*, 23-, 2Da*b-c ,
7a*bc*,8a*, 8b-10,ir,
12ab*, 13-, 14a*b-cdef.
15*
xMi, l-3b*,3c-5a*,5b*,5c-6i;fin)
xxiii, r, •2-4b*, 4c -7c*. 8a*.
8b-10b*
XXIV, 1-3, 4', 5-7a*, 7b-10a*.
10b-13b*, 14-16b*. 17-
*
518 REVUE BIBLIQUE.
20-22a*,22b-25b-,25c*,
26-28C*, 28d-30, 3\\
32-34C*, 35*, 36-37.
38*. 39a*, 39b-40 (fin)
XXX vu, 1, 2*. 3-5b*, 6b*, 7-9b*.
10*, ll-13b*, 13c-15b-,
16*,17-19a*,20a*,20b-
21, 22-, 23 (fin)
xxxviu, l-2c*, 3a*, 3b-5b, 6b',
6c-7c*, 8a-,9',10-12b'.
12c-, 13a-,13b-14(fin)
xxxix, lab', 2a*, 2b-4b, .5a", 5b-
7a*, 7c*,8-10b', Uab",
lie- 13a*, 13b-c-, 13d
15b', 16b-, 17-18a
XL, la', lb-2,3-, 4', 5-7a', 7c-
10a*,lla',llb-12, 14a*
xLi, la*, lb-3b*, 4', 5-6a*,
6c',7-8b*, 9b',10,ir,
12 (fin)
xLii, r, 2a', 2bc, 3', 4, 5"
MELANGES. 519
19--20b',21b*,22a;22b-
24a-, 25b-, 26-27 (fini
XLiv, hib',2b'c* 3abc',Da',
.
5b-6a\ 0c',7b*,8abt\
10a'. lOb-lla-, ISa".
13b-14b-, 16b-, I7-18a'
•XLv, Ib-, 2-3a-, 4b-, 5-6a, 8b-,
Berlin
V, (3-6a)*, (llb-13)-
VI, (3b-4a -, 4b-6b-, 7ab-c-.
(8-1 la)-
vil, (1-8)*. 11*. 12ab, 13a-.
13b-14b-. (15-18)-
VIII. r. 4b*, 5*. 6-7b*. 8-, 9",
10*
7ab% (8-11)*
XVI. 1-, 2% 3a*b. 4', 5, 7',
,
8*. 9*. ir, 12a-b, 13'.
14*, 15-
M-,15',16abc*,17ab*c',
(I8-22)*,24b'c',25-,2(>
27b*, (270-30)*
XXII, lab', 2ab*, 3. 4a*bc', 5',
6*
6*, (7b-9a)*
MÉLANGES. y21
.\.\.\. 1. (Sh-U}\
2ab-, 3', 4a*,
ir, 17b-, 18ab-, 19,
20a-bcd, 21'
xxxi. (i-4a,.-, 5a-, 8*, 9', 10", 11
xxxii. r. 7a-, 7b-8a-, 8b-9a*
9bl0a*,10bc*,ir,12a-[
17b-, 18a-, 18b- 19a* ^
19b-20b*, 21-, 22*
XXXIII. lab*, 6b-7a-, 7b-8, 9',
10*, llab-, I7b-, 18a-,
(18b--23a)*
x.\xi\ . 4b*, Sa*, 5b-7a-, 7b-8a'.
8b*c,9ab*,14b-,15a'bc.
16a'b, 17*, 18-. 19a-,
25a*b, 26-,27a-b-.27c-
28b'
-xxxv, (6b-ll/
xxxvi, 3bc*, 4ab*, 5a. (5b-9a)'
(14-18)*. 24a*, 24b-25'
26*,27,28ab*. 33-,34-,
35a*b, 36*, 37-, 38a-
XXXVII. 3*, 4*, 5*, 6-7b*, 8*. 9a-.
13c-19ar, 23-
XXXVIII, lab', 2a-bc-, 3', 4ab\',
5-, (8b-13|-
i 12-15)
XL, la, lb-6 -, 12-, 13-, 14'
9ab*. 10-
XLVii, la'b. 2', 3'. 4a'. 7-14
xLviii, 2b, 3-, 4-, 5-, 6a*, 6b-7b-,
^8-11)-, (13-20a)*
XLix. (1-7)*, (10-18)*, 22b-, •23'
Lxvi. r,2*
Lxvii. 1*. 2-, 3*, (9-1 Ij*. 17b*,
18*, 19*, 25b*, 26-29b-,
33b*, 34*.35a'b.36a-b-
c, 37a*b
Lxix. l-2a*. 2b-3b*, 6*
Lxx. l-3c', 4-. 5*, (8-12)*,
13ab-. 14a', 17b*, 18*,
19ab-, 20, 21*, 22*
Lxxi. Ibc", 2', 3*. 4. 5*, 6*, 7*,
8a*. llb*, 12a*b. 13.
14a'b.l5a*b*c,16a*bc*.
17*. 19b-, 20
Lxxii, 1, 2'. 3a-b. 4-. 5". 6*.
10-, ll-13a*, 13b, (14-
17)*, 22*, 23a*, 23b-
24, (25-28)*
Lxxiii. 2b*c-, 3a*. 3b4b*, (5-8a)*,
11-, 12ab*, 13a*b, (14-
32, 3:r,34*.3sd•,3Se-
40a•, 40b-42, 43*, 44-,
49c*, 50a'bc*, 51ab*,
52 -53a*, 53b -54b*,
60a*b, or. 62ab*, 63*,
64ab', Oô', &y, r>7a*,
71b*c*, 72*
LX.Wiii, 1, 2*, 3*. Sb'c", 9ab'c*,
lOabc*, 11*
Lxxi.x, lb*,2ab*,2c-4b*,5ab*,6*,
7*, 11*, 12a, (12b-17a)*
Lxxx. l-4b*, 5-6b*, 6c*, 7a*,
10b*, llab'c, 12*, 13-
14a*, 14b, 15*, 16*
Lxxxi. 4a*, 4b-5a*, 5b-6b*,7*, 8*
Lxxxii. lab*. 2% 7*, 8*,9a*b, (10-
13r. 19*
Lxxxiii. l-2a. 3ab*. 4ab*c*. 5a*.
9b*, 10a*b, ir, 12-.
13*
Lxxxiv, r
Lxxxv. 9b*. 9c-10a*, lOb-llb*.
12ab*, 13*, 14*, 17b*c*
Lxxxvi, lab*, 2a*b, 3*, 4*. 5*
24-26, 27a'b,(28-30a)*,
34*, 35*, 36a* b, 37ab*.
38*, 39*, 40*, 45*, 46-
47b*, 48*, 49*
Lxxxix, Ib*, 2ab', 3ab*, (4-6a)*,
20b*, 20c-22c*
cm, r. 2*. 7b', 8a, (8b-13)*,
<lolleclion!< diverses
IV. l-3a
Golen V. 10a-. lob-lib-.llcd-. 12- (Leinm 3)
13a-, 13b
VI, l-3b*,4-6b- »
11 (fin)
SER KG 99-24 CG vi, 1', 10*. 11* (Wess. ô)
SER 222 VII, 1. 2', 3b*, 7abc*, Sa'b, (Wess. 4)
9a-bcM0a*bc*, ll-12a*,
12b-14a*,14b-17a-,17b',
18ab*
MÉLANGES.
BMC 367 vu, 2-7, 12-17 (PS)
Leide 43 vu. 7c-9a, 12a (PB)
SER KG9934+9*J47CG ix. 22b-, 23a-b. 24*. 25a-b', (^^'ess. 5)
32b-, 33a-b. 34*. 35an)'
SER •222 IX. 25b*. 26a*c, 27', 28*, (Wess. 4)
29abc*, 30a-c, Slab'.
32a- b. M\ .35 36b-. 37-
39b-
X. 1-. 2a*be*. 3-, 4a*bc*d.
5", 6ab'. 7a-b
XI. 1. 2-. 3ab-, 4ab-. .">*.
6;r
SER 177 XIV. 1-3. 4*. 5ab-c*
(We.ss. 3)
SER 17S XV. 8-11 (fini
>>
11b-
T. Texts 2 xxviii. s-
(Crum 5)
BMC 367 XXIX. 2-4. llb-12
(PS)
SER 9907-72 CG XXIX, 24, 5ab-. 6abc-d-.i7-ll i'
(Wess. 5^^
14b*, 15b-16c-,î7-,18a*.
20b*c*d-. 21', 22a-. 23-.
^a*
BMC 367 XXXI. 1
(PS)
SER 9907-72 CG XXXI, 1-2. 3*. 4*
(Wess. 5)
SER 179 XXXII, 5b- 11
(Wess. 3)
BN xxxiii, 12a', 12b-16
vBour. 1)
BMC 367 XXXIV, (complet) (PS)
Leide 46 xxxiv. 13- 14a
(PB)
BN XXXIV, 19-22, 27-.30 (Masp. 2
BN XXXV, 1-2 >
13b, 14*
Leide 43 XLVii, 5b-6a, 9a, 15
Leide 49 xLvir, 14*, 15
SER 9907-72 CG XLVIII, (3-11)*
SER 257 CG XLviii, 15c*, (16-20a)*
Leide 49 XLVIII, 15a', 15b-16a*
Golen. = Z. 21 XLix, 14b-L, 13a
SER 9907-72 CG L, l-2b', 3', 4', .5'. 6-13b-
BMC 367 L, 3-4a, 5b, 6bc
T. Texts 2 L, 9*, 10', 11*
BN L, 9
BMC 367 Li, 3-11 (fin)
SER 225 Li", 3-5b*
SER 9907-72 CG LU, 3b*, 4*, 5a*, 5b-7
LUI, l-4b*, 5ab*c*
Liv, 22*, 23b*, 24*
Lv. 3b-5, 6*, 7ab*, 8*. 9',
10', ll-l'2b', 1.3*. 14*
Berl. MI 178 Lxi. 8-13 (fin)
528 REVUE BIBLIQUE.
BN
SER 165
T. Texts 2
BM or. 702«J
SER 83 CG
BMC 367
SER 17CG
Tiir. ME
SER 182
Leide 44
BMC 367
SER 180
OC 513
SER K9858
Gilmore
Leide 44
SER 259
SER K9864-7
SER 259
MÉLANGES. 529
cxxxvi, 8', 9*
Citations
[A suivre.)
CHROÎVIOXIE
1. Le 3I0NUMEXT ET LA MOSAÏQUE.
(1) Il semble qu'elle ait été déjà signalée à M. Clennont-Ganneau, qui en aurait fait
l'objetd'une communication à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, si j'ai bien
compris naguère la très laconique indication d'un compte rendu de séance publié par
le Journal des Débats. Je regrette que les conditions actuellement imposées à nos rela-
tions avec la France ne me laissent aucun espoir de pouvoir être documenté, d'ici long-
temps, sur la teneur de cette communication. [Voir ci-dessous.]
CHRONIQUE. o3o
(1) On voudra bien ne pas chercher dans la figure 1 la représentation exacte de cette
composition sobre et élégante. Ce diagranuue, établi sur quelques rapides mesures et
tracé à vue, sans essayer le laborieux nettoyage nécessaire pour enregistrer avec préci-
•
sion le dessin du mosaïste, n'a d'autre prétention que de donner, avec une approximation
telle quelle, l'ordonnance iiénérale de 'l'édifice et de sa décoration^ en attendant le relevé
précis qui suivra le déblaiement complet.
CHRONIQUE. 537
2. LlXSCRIPTION HÉBRÉO-ARAMÉENNE.
/>
irh iid[-]
CHRO.MQUE. 541
L. 2, —
'j'^>:'';''2, lecture claire grâce à la prodigalité des maires lectionis
et à la
forme finale du second ^. On notera la triple nuance du i, qui ne paraît cepen-
dant douteux en aucune des syllabes. —
La lettre suivante ne peut guère être
qu'un E, car elle est trop largement bouclée et sa haste inférieure trop nettement
recourbée pour qu'on la considère comme un i copulatif dont la présence serait
pourtant assez attendue. A la suite un \ malgré son galbe différent des trois pré-
cédents et la possibilité d'y voir un 1 en le comparant à celui qui doit s'imposer
«PtvEr); et <I>'.v££ç {Ant. jud. IV 6, li>, éd. Niese, §§ 152, 15-1, etc.; v, 10, 1, 11, 2,
Mese, §§ 338 s., 354, 360;, Otvaiar,; (vill, 1, 3, Niese, § 11), ou Oavv^a;, ^avvhr.ç,
«I>»5va(jo;, a>avaao; etc. [Guerre..., IV, 3, 8, Niese, § 155; cf. Ant.,
xx, 10, 1, Niese,
§ 227). finsah, pour Pinehas ou Phinehas, serait donc à considérer comme un
double nom complétant la spécification de Benjamin (2 dont l'ascendance est ,
fort commune pour « Joseph », vocable porté par trop de Juifs de tout rang, à
toutes les époques, pour qu'il laisse reconnaître d'emblée l'identité historique du
personnage en cause. Le double nom n'étant usuel que dans le cas d'un appellatif
sémitique à côté d'un nom grec, au lieu du nom hébreu zr\i>Z accolé au •j**2':'2
tout aussi nettement hébreu, on attendrait évidemment beaucoup plutôt un quali-
ficatif, un gentilice ou un surnom. Les savants résoudront aisément sans doute
ce qui demeure pour moi une petite énigme (3). Le fait toutefois qu'une seule filiation
son déchiffrement et de son interprétation. Pour ue rien enlever à l'intérêt de cette inter-
prétation, qu'on lira en son temps, je m'abstiens de toute modification à la forme primi-
tive de mes notes. Je signalerai seulement en son lieu le cas évident où ma lecture hési-
tante de Phinéès, à la fin de la 1. 2, est à remplacer par la lecture certaine nrj"!E de
l'éminent maître, que je remercie pour sa bienveillance. — 31 juillet. — V.].
(1) On alignerait sans trop de peine des exemples de telles méprises en des inscrip-
tions beaucoup plus monumentales. Il suffira d'en emprunter un seul, fort caractéristique,
à un texte assez analogue au nôtre. Dans l'inscr. gravée sur le linteau de la principale
synagogue de Kefr Bir'im, l'artiste a écrit w*'i"""*2 pour 1"'w"''*2 « ses œuvres )>!
(2) Les déformations de ce nom dans la littérature talmudique sont très suggestives
est indiquée, comme aussi la formule "fw" au sing., au lieu de "i^Tij";, rendent plus
vraisemblable qu'il s'agit bien d'un seul et unique personnage ainsi mis en vedette,
apparemment parce que son rôle a été prépondérant, ou que sa situation le distin-
guait entre tous dans l'événement que l'inscription entend commémorer. Lui men-
tionné, le texte va s'y reprendre à frais nouveaux pour faire mémoire de ceux qui
sont intervenus avec lui.
L. 4. —
La restitution du T est sûre. Les deux de "ji'iijl sont encore d'un "i
galbe nouveau et c'est probablement par quelque inconsciente influence des formes
arrondies de ces et du 3 précédent que le mosaïste a donné un peu la même
*i
allure au "i, qu'il trace plus, correctement d'ordinaire avec deux hastes sensiblement
perpendiculaires; il manifeste même la tendance à incliner quelque peu vers la
tanément au contexte; on énumère ceux qui ont donné leur adhésion à l'entreprise,
ceux qui y ont coopéré' par des largesses, ceux qui ont fourni la collaboration de
leurs mains, qui ont peiné à la tâche. —
':ir\2 peut être contracté de la prépos.
est en effet une sorte de titre consacré désignant l'administrateur, le curateur d'une
communauté juive ; sens excellent et on ne peut mieux en situation ici. — 31 juillet. — V.J.
CHROiMQUE. 543
l'espace disponible. 1*12^2, apocope de Nm:2î2, attesté d'ailleurs sous cette forme
brève dans les Targunis (1), n'a pas seulement le sens de « supplication, mais aussi
celui d' « inclination, bienveillance, amitié ». Ces « fils de sympathie », ou « amis n
sont discernés des gens riches qui ont patronné l'entreprise. Un parallélisme étroit
appellerait mieux, en cette situation, l'idée de pauvreté, par opposition à 2m p,
ou de collaboration personnelle répondant au terme ZM*! (ou 2ml) comme
l'idée
initial N^i, complété en xinf'^N], et. emphatique d'un plur. de majesté correspon-
dant à l'hébr. '?nSN. Dans l'étroite lacune, au bout de laquelle on discerne proba-
blement un ": final plutôt que la seconde haste d'un n ou d'un n, se logerait alors
la restitution "jfn"'], aboutissant à la tournure acceptable vaille que vaille « Que :
Dieu accorde leur part », pour « leur accorde une participation ». Non moins
insolite serait une exclamation, relativement facile à adapter, il est vrai, dans les
lacunes, qui donnerait à peu près "'n \[Th ."î]ni "[S] « combien belle pour eux
:
entre les groupes infn] et ^[inS], car l'espace disponible laisse fort peu de jeu.
(2) La plus séduisante, ""n '[[''ajN"' r\\^i(\, que Dieu affermisse leur îwssession, ne
se justice pas suffisamment.
544 REVUE BIBLIQUE.
(1) A ces éléments de comparaison facilement accessibles dans les recueils de textes et
les manuels d'épigraphie sémitique pourrait s'ajouter la série des amulettes judéo-ara-
méennes, malheureusement fort difficiles à dater pour la plupart. Telle pièce de cette série.,
par exemple l'amulette d"Amwàs [R. B., 1908, p. 382), présente cependant certaines analogies
paléographiques utiles à signaler.
CHRONIQUE. 545
(1) Recueil d'archéol. orientale, IV, pp. 345-360 et p. 372 s., pi. II. Voir aussi l'inscr.
hébr. de Séphoris dans R. P. Viaud, Nazareth..., p. 179 ss.
(3) On serait enclin à l'hypothèse d'un alphabet calligraphique courant, très bien fixé,
interprété à peu près dans le mtMne temps par un sculpteur probablement juif à Jérusalem
et par un mosaïste étranger mais très artiste dans le monument d"Aïa Douq.
RKVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XM. 35
546 REVUE BIBLIQUE.
Insc7\, p. 341 s. Chwolson, Corpus inscr. hebr., col. 64 ss. Bibliographie détaillée dans
;
d"Aïn Douq?
On penserait de suite à une synagogue, impliquant en ce lieu
l'existence d'une agglomération juive. A proximité immédiate du site
depuis longtemps reconnu comme ou
celui de la forteresse de Ao'r/.
tion très marquée de mettre bien en relief ici le « lieu saint )>,
équivalent stéréotypé du ^J^'!p mpa biblique [ï), ne saurait être
fortuite et doit donc être envisagée de plus près.
Le P. Lagrange a défini naguère le mp
aipa hébreu « un endroit :
(1) Voir par exemple Séjourné, RB., 1895, p. 611 ; van Kasteren, RB., 1897, pp. 99-104.
Le nom moderne paraît bien s'articuler (^j-* ij/^' ^^^'^ "" 'I^f ^^ P^"* communément
sans article.
(2) Voir Fretté, RB., 1892, p. 137; SchUrer, Gesch. des jiid. Volkes, II*, pp. 517 ss.,
ou les articles « synagogues » dans les diverses encyclopédies récentes.
(3) DMSn n^l;
Peut-être aussi cf. D. Kaufmann, Rev. îles et. juives, XIII, 1886, p. 57.
(4) Cf. Ex. 29, 31; Lév. 6, 9, 19 s.; 7, 6; 10, 13: 16, 24; 24, 9; Ez. 42, 13; Eccl.
8, 10.
(5) Études sur les relig. sémitiq.-, p. 183, n. 3 et p. 185.
us REVUE BIBLIQUE.
religieuse.
Un cycle fort développé de légendes toujours vivantes dans la
et, par une abréviation beaucoup plus commune Ard cl- Maqâm. :
lence, c'est le lieu saint où l'Imâm 'Aly a voulu reposer après que
(1) JjLjÎ A^y tîst une orthographe du Survey rendant iniparfaiteinent l'articulation
(2) Jos. 5, 15. Voir Cl.-Gaîvneau, Arch. Res., II, 47 et dans le Survey of West. Palest.
Spécial Papers, p. 328.
(3) Cf. Lagrange, RB., 1897, p. 170 s. et pi.
530 REVUE BIBLIQUE.
(1) Deul. 11, 29; 27, 4, 12 s.; Jos. 8, 30, 33; Ju(j. 9, 7.
(2) Onom., s. v° TaigiX, éd. Klosterman, p. 64.
£a|j.ap£ÏTat ôè ?Tef.a osixvûo'jcriv ^à t^ "Siol tioXïi 7iapaxct[xeva, (7q)a),).ô|Ji.£vot, ôti ôr, u/.eîfftov
ôiEffTYjxaaiv àXXioXwv ûw' aÙTÛv Seixvûtieva, «b; (xr, 50va(T6at à'ûrÇt.uyi àxoOeiv toùç éxaTspwOev
Poûvraç. Cf. S. V roXyw),.
(3) PG. 41, col. 225 et 43, col. 352 s.
(4) PG. 87a, col. 905. Je dois au P. .\bel l'indication de ces textes.
CHRONIQUE. 531
(1) Sur le caractère précaire des informations que V Onomasticon introduit par les rubri-
ques H on montre », ou « on dit », il faut toujours s'en tenir aux remarques très motivées
du P. La(;range, A la recherche des sites bibli<jues, dans Conférences de Saint-
Étienne. V.ni. pp. 13-17.
(2) Àiitiq. iV, 8, 44, éd. Niese, g 305 s., où les noms sont déformés en TpiÇeiv et po-jAT).
V, 1, 19, Niese, g 69, avec les orthographes meilleures Tapiîleî et 'H6^Xo;.
552 REVUE BIBLIQUE.
que rabbi Éléazar. Serait-ce enfin par une détermination de son cru
ou de pur hasard que le mosaïste de Mâdaba aurait localisé son doublet
onomastique Tzcy'/.-Tyip'Zivf^ entre Archélaïset Jéricho, si Von-dit relaté
par Eusèbe avait flotté en l'air, sans aucune attache avec le sol? Si
cette localisation eût été ainsi pratiquée à la cantonade, on peut se
demander si le mosaïste n'eût pas trouvé le biais de mentionner les
saintes montagnes en relation plus immédiate avec FaAYxXa, en s'ins-
pirant toujours de sa source, Eusèbe, au lieu de s'imposer la com-
plication d'entasser les deux noms de part et d'autre de la fontaine
d'Elisée. Mais ici interviennent très opportunément la mosaïque juive
des environs à' Win Douq et son inscription.
Bien que nous n'en puissions dès maintenant préciser minutieu-
sement le site, la localisation générale indiquée permet de saisir
l'évidente relation de notre monument avec l'Ébal-Garizim de la
tradition subsidiaire qui vient d'être examinée. Pour la mieux conce-
voir, on voudra bien se remettre en mémoire que, depuis le retour
de l'Exil, une communauté juive avait repris possession de Jéricho
et de la contrée environnante. Les « gens de Jéricho » collaborèrent
libéralement à la restauration du Temple, au témoignage de Néh.
III, 2 et leur loyalisme religieux tout à fait bon teint a été attesté
par de humbles, mais suggestives trouvailles, au cours des
très
récentes fouilles du tertre à'' Ain es-Soiiltdn (1). Sous l'influence de
causes diverses, l'hellénisme pénétra de bonne heure au sein des
communautés qui ne pouvaient manquer de prospérer en cette
plantureuse contrée, « région divine », ainsi que proclamait un
(1) Cf. RB., t909, p. 275 ss. et 1910, p. 412 s., à propos des anses d'amphores estam-
pillées au chiffre divin r\> et IHV
(2) Guerre, iv, 8, 3, éd. Niese, g 469 : 6eïov... tb x^piov. Sur le caractère de la religion
juive et l'inQuence de Ihellcnisrae en particulier, à partir du second siècle, voir Lagrange,
Le Messianisme..., pp. 52-57.
554 REVUE BIBLIQUE.
(2) Celte opinion est attribuée à Buchler dans la Jewish Encyclop., s. V Jéricho.
(3) J., Sofah, IX, 12 et 16, tr. Schwab, p. 338 et p. 344.
(4) Voir la peinture de cette évolution du Judaïsme dans LAfiRANCE, Le Messianisme
(6) èv tût... TapiÇsiv (Teffuxo^avTYiiiévto; xaXojjiéva)..., comme dira plus tard Épiphane
(P. G., 41, c. 225).
CHRONIQUE. 55b
(2) On me permettra de rappeler que cette expression est adoptée par une approxima-
tion commode et suffisante, sans aucune intention de lier ce sanctuaire h la localisation
de l'antique forteresse Aojx-Aaytôv et de sa bourgade.
(3) Cf. HB., 1910, p. 417 et le diagramme de localisation.
556 REVLE BIBLIQUE. •
(1) Voir SÉJOURNÉ, RB., 1895, pp. 613 ss Abel, RB., 1913, pp. 227 ss.
;
d'un édifice chrétien bâti par un juif converti, M. Clermont-Ganneau n'a pas manqué
de faire (p. 358) les plus justes réserves sur la nature chrétienne de « l'édifice primitif »
dont on lui signalait les ruines comme celles d'une vaste église. Rien en effet, dans l'état
présent des fouilles, n'autorise cette conjecture. Jusqu'à plus ample informé, on aura
donc tout bonnement l'impression d'une synagogue quelconque, antérieure à toute véné-
ration chrétienne de ce site. La "1212 « bain lustral » si ingénieusement interprétée
par le maître désignerait quelque dispositif pour les purifications rituelles dans le genre
de ce que nous a fait connaître la synagogue de Délos; voir RB., 1914, pp. 525 s., 531.
CHRONIQUE. 357
(1) Probablement compromise déjà par les mosaïques à inscriptions hébraïques de Cana
et de Séphoris.
(2) Je n'ai pas sous la main la Rev. archéologique des années 1883 et 1884 où a été
publiée intégralement la belle découverte de Hammùm Lif; mais diverses publications
ultérieures, tellesla monographie de D. Kvufmann, Rev.
que et. juives, XIII, 1886
pp. 46-61 avec une bonne planche, les notes de S. Reinach, ibid., pp. 217-223, ou la
description de P. Monceaux, Rev. et. j., XLEV, 1902, pp. 11-13, permettent de se faire
une idée correcte du monument. On ne doute plus aujourd'hui qu'il s'agisse d'une syna-
gogue juive, malgré les nombreuses représentations animées, voire même un buste humain,
qui figurent dans le pavement. Voir la bibliographie dans ScniiRER, Geschichte des J. V..
II*, pp. 510 n. 28, 517, n. 58, 521 s.; cf. 65 s. M. D. Kaufmnan aurait même affirmé {Jew.
Quart. Rev., IX, 1897, p. 255 que le lion en particulier aurait été « admis à toutes les
époques dans synagogues juives ». Schùrer, à qui cette citation est empruntée, obser-
les
vait (II *, p. que cet usage serait « dilhcilement valable en Judée au temps da
622, n. 70)
Christ ». La mosaïque d' \Un Douq parait bien ruiner sa restriction. Le Targ. de Jérus.
sur Lév. 26, 1, cité dans le diction, de Lévy (II, 155 s. v^ Ti"OD) autorise clairement \e»
figures dans des pavements historiés, même au Temple. Voir d'ailleurs l'article Art, dans
Jew. Eneyclop., II, 141 ss.
558 , REVTJE BIBLIQUE.
(1) Voir par exemple Kitcbener, Synagogues of Galilée, dans QS., 1878, p. 128, ou le
vol. Spécial Papers...,p. 304 « It seems... alraost a certainty that... thèse synagogues...
:
were built by Roman labour... The Jews themselves... were unable to perform work
of this sort, and by using Roman workmen obtained rauch finer results than... they
would themselves hâve been capable of ». On trouvera des remarques analogues, quoique
sous une forme plus correctement nuancée, dans Renan, Mission de Phe'nicie, pp. 761 ss,
765, 786 etc. Naguère encore MM. Thiersch et Hoischer [Mitteilungen der deut. Orient-
GeseUschaft, n" 23, 1904, pp. 17 ss.) attribuaient l'ensemble des synagogues de Galilée
à l'époque romaine probablement postérieure à l'an 200. Je n'ai pu encore me procurer le
grand ouvrage que MM. Kohi et Watzinger ont publié pendant la guerre sur ces synagogues.
CHRONIQUE. 559
Pséphina —
sans que l'on puisse songer à quelque jeu de mots
onomastique —
a malheureusement disparu presque aussitôt après sa
découverte et il n'en subsiste qu'un fragment d'estampage colorié, dû
au zèle archéologique du regretté P. Germer-Durand; l'autre, plus
considérable et par malchance redevenu également inaccessible, a
été trouvé précisément dans la région où se développa le palais
d'Hérode et la Revue (3) a fait connaître du moins quelques-uns des
fragments qui avaient pu être examinés. Si difficile que soit en géné-
Car c'est bien d'un « sanctuaire » qu'il s'agit, et non d'un lieu de
culte usuel, synagogue ou de quelque nom qu'on désigne. Ce que les
le
(1) Voir à ce sujet les remarques de M. Gauckleh, op. L, \k 2089 s.; cf. A. Blanchet,
Étude sur la décoration des édif. de la Gaule romaine... La Mosaïque, pp. 119-132.
(2) Jos., 5, 13-15. L'araméeu mn»S*, mieux orlliograpbié KIDX, répondant strictement à
l'inscription d"Arn Douq, le P. Lagrange me fait observer que celte donnée nouvelle
paraîtrait de nature à rappeler l'attention sur deux passages demeurés obscurs dans les
papyrus judéo-araméens d'Élépbantine. Il est question en etïet, dans le Pap. B, 1. 2 s.
{Aramaic Papyri... éd. by Sayce, Cowi.ey, etc.), de « Dargman fils de Kharchin ^QTin
NFlT'i 2*^2 mrN ^"î
», que les savants éditeurs ont traduit : « le Khorazmien du temple
du feu qui est à Yeb la forteresse », en rapprochant hypolhétiquement mriN* du terme
persan analogue qui signifie « le feu ». Dans le Pap. E, 19, intervient le témoignage d'un
« Barbarî fils de Dargi tSDD N'^riN *!"
», interprété comme « l'orfèvre du temple du feu ».
Le P. Lagrange a noté dès le premier moment {RB., 1907, p. 259, n. 6 et 263, n. 1) que
'
« temple du feu » n'est pas très linipidement introduite par la particule ''"î.
Caspiens et
Khorazmiens d'Élépbantine, qui qualifient des personnages aux noms d'excellente physio-
nomie perse, pouvaient fort bien être originaires d'une même localité de Athra tombée
pour nous dans l'oubli, car elle serai-t manifestement sans lien possible avec Axpai =
Hatra dans la Basse Mésopotamie, mais d'où serait dérivé le vocable d' Athropatène ou
d'Athrapatène usité dans les sources hellénistiques et (jui pourrait même n'être pas sans
quelque attache avec le nom "IlSHriN du Pap. B, 9. L'interprétation du P. Lagrange se
renforce du lait ([ue les listes de témoins, dans les documents d'Élépbantine, paraissent
bien, réserve faitedu "iSOD qui détermine doux noms dans E, 18 s., ne mentionner nulle
part la profession des témoins, tandis que nous y trouvons au moins un cas évident de
détermination ethnique, ce N"" ;23. babylonien si bien en situation après le nom "IIUTIH,
dans B, 19. Comme on ne voit, d'autre part, aucune possibilité de ramener ''D'nn à quel-
que désignation professionnelle telle que l'exigerait l'analogie avec 1SD3 entendu au sens
d'« orfèvre « — the silversmith —
fin ne pouvant comporter aucune
, la racine araméenne
formation de cette nature, il faut donc apparemment conserver les ethniques Khoraz- :
expliquées par la nature même du temple des Juifs d'Éléphantine tel que le P. Lagrange
proposait naguère de le concevoir [R. B., 1908, pp. 337 ss.). La solution de l'énigme est
donc, en fin de compte, laissée à de plus habiles; mais la donnée nouvelle fournie par
l'inscription d"Aln Douq sur le sens concret de ""inx pourrait bien ne pas demeurer
sans valeur.
(1) Recueil, d'arch. or. V, p. 334.
REVUE BIBLIQUE 1919. — N. S., T. XVI. 36
^62 REVUE BIBLIQUE.
Res., II, 22). En conformité avec cette vue très juste, quand on reprendra d'ensemble
l'examen de la question lopographique, il y aura lieu de serrer de plus près les coordonnées
de la Bible de Josèphe et de l'hagiographie chrétienne tendant à situer l'antique ""iV-,
riche en eau, dans la région ou de considérables ruines d'installations hydrauliques attestent
l'utilisation des eaux copieuses de Douq et de Nou*ei7neh. La dissertation récente de
M. le prof. Guthe [ZDPV., XXXVIII, 1915, pp. 41-49) est loin d'avoir résolu ce petit
problème topographique, et beaucoup moins encore les spéculations mythologiques du
prof. S. Krauss [ibid., 1916, pp. 94-97 sur ce Na'arah.
CHRONIQUE. 563
(I) Peut-être même se demandera-t-on si certaine légende d'inscription sur une longue
pierre avec un corps Iiuinain dans des caisses dorées, enregistrée naguère par M. Clermont-
Ganneau [Arch. Res., Il, 23) dans la région du Maqàm, ne serait pas quelque réminiscence
déformée de linscription en mosaïques et du sujet dans lequel elle était encadrée.
RECENSIONS
The Book of Deuteronomy iu the Revised Version with Introduction and notes
by sir George Adam Smith, Principal and Vice-Cliancellor, University d'Aber-
deen, etc.; in-16 de cxxii-396 pp. Cambridge, at tlie University Press, 1918.
C'est une preuve de grande activité biblique qu'une collection destinée aux écoles
et aux collèges soit entre les mains de savants du premier rang. Si M. G. A. Smitb
a étudié le Deutéronome dans l'esprit du regretté Driver, son œuvre n'en est pas
moins parfaitement originale, et les questions sont traitées à fond, de telle sorte que
plus d'un professeur aurait peine à y pénétrer. Celle de l'unité du Deutéronome est
entrée dans une nouvelle phase. Le livre lui-même se présente comme composé de
plusieurs parties. Après un titre, le premier discours servant d'introduction aux
lois (1, 6-4, 40) subdivisé en partie historique (1, G- 3, 29) et exhortation (4, 1-40),
suivi d'un fragment sur les cités d'asile. Après un second titre (4, 44-49), le second
discours d'introduction, divisé en Prologue (5), et exhortation (6-11), comprenant
une revue historique (9, 7^-10, 11). Un troisième tilre (12, 1) précède les lois, ou
corps du Deutéronome, le colleclaneum du R. P. de Huramelauer (12-26). Viennent
enfin les discours de conclusion (27-30), et les derniers jours et discours de Moïse,
avec les deux poèmes (31-34).
Sur ces bases, on disputait il y a quelques années de l'unité entre ces diverses
parties. Pour la fin (31-34), on était, et on est encore d'accord qu'elle n'appartient
pas à la même plume. Quant au reste, et sous réserve de quelques gloses ou notes
d'éditeurs subséquents, les uns n'admettaient qu'un auteur, d'autres deux, d'autres
trois: un bon nombre de critiques pensaient que le Deutéronome, c'esl-à-dire le
corps des lois, avait été enrichi d'une première, puis d'une seconde introduction.
Pour M. Smith la question ne se pose plus de la sorte. Il a admirablement dépeint
le caractère du Deutéronome, constamment oratoire, constamment passionné pour
la loi, dont il inculque l'observance, animé, connue nul autre livre de l'Ancien
tantôt à une génération censée nouvelle. Mais ce peut être un effet de rhétorique, et
ilne juge pas à propos d'insister. En second lieu, il note que chaque discours préli-
minaire se divise en partie historique et en exhortation, avec cette particularité que
le premier discours parle des événements plus récents, le second de ce qui s'est
passé à l'Horeb. Cet arrangement est assez déconcertant pour nos habitudes, mais
qu'en déduire? Qu'il y ait de plus des doublets dans les lois, cela indiquerait plutôt
des compléments que des éditions différentes. Le quatrième indice contre l'unité est
le plus important. Tantôt Moïse s'adresse aux Israélites au pluriel, tantôt au peuple
au singulier. Mais M. Smith sait très bien que ce passage n'a rien d'extraordinaire
en hébreu, qu'il peut s'expliquer par différentes raisons, et finalement il n'ose con-
clure àdeux auteurs dont l'un emploierait le pluriel et l'autre le singulier, quoique
dans certains cas on puisse voir là l'indice d'un changement de main. Le cinquième
argument, la présence d'additions, serait plutôt une explication différente des diver-
gences notées. Si bien qu'enfin M. Smith aboutit à une solution très mitigée. Le Deu-
téronome (1-30) serait une compilation de différentes éditions, mais qui pourraient
être du même auteur, et il faut renoncer à définir exactement les limites et le con-
tenu de ces éditions séparées. C'est ainsi que M. Blass a distingué deux éditions des
Actes des Apôtres, émanant toutes deux de saint Luc. Seulement il a eu l'imprudence
de rééditer lui-même la première, et chacun a pu constater l'arbitraire d'une pareille
restitution. Après l'analyse diligente de M. Smith, il ne reste qu'à considérer le
Deutéronome comme l'œuvre d'un seul auteur, sauf, encore une fois, les additions
qu'il a pu recevoir au cours des âges.
Les dernières études ne l'ont donc que mettre davantage en relief la personnalité,
si l'on peut dire, de ce livre admirable, dont le style est si original et le sentiment si
à faire, c'est une comparaison avec ce qu'on nomme P, le Code sacerdotal, compre-
nant dans cette vue H (le code de sainteté), et les autres éléments de TExode, du
Lévitique et des Nombres, ou si l'on veut JE. Cette comparaison s'impose à tout le
monde, surtout en ce qui regarde les codes de loi, puisque dans le texte sacré lui-
même ils se présentent dans un état distinct. Si les changements avec le Code
de l'alliance (Ex. 20, 23-23, 19) supposaient un très long laps de temps, une évolu-
tion considérable, on ne pourrait pas dire que les deux codes ont le même auteur.
C'est bien ainsi que raisonne M. Smith, mais il faut bien convenir que ce raisonne-
ment n'a aucune portée dans le système des critiques qui font naître J et E au ix"
ou au Mil*" siècle. On nous dit par exemple que dans le Deutéronome la législation
permet de prendre l'intérêt de l'argent à l'étranger (15 3; 23, 20), qu'elle interdit de
déplacer les bornes (19, 14;, qu'elle fait allusion au roi ^17, 14-20) et au prophète
(18, 9-22), avec une administration détaillée de la justice (16, 18-20; 17, 8-13 oh!
bien rudimentaire!), que tout cela suppose qu'on est établi dans la terre promise...
mais n'y était-on pas au au viii« siècle, et à l'époque plus tardive où l'on a
ix** et
réuni J et E? Notre argument, on le voit, n'est purement que ad hominem. Mais ce
serait beaucoup de réduire à peu de choses l'évolution entre JE et D. Car nous
aurions recours ensuite à un autre argument, encore ad hominem, mais avec un
appui sur les réalités. Voici qu'aujourd'hui on est d'accord sur la pérennité de la
pourquoi leurs coutumes n'auraient-elles pas prévu les rapports avec les étrangers,
les bornes des champs, en un mot ce qui est relatif à l'agriculture? Cela ad
hominem.
D'ailleurs on peut raisonner d'après la tradition comme dans l'hypothèse de la
critique. La tradition ne représente pas les Israélitescomme de purs nomades,
surtout à leur sortie d'Egypte, où ils s'étaient forcément vus en contact avec des
civilisés. 11 n'y donc aucune raison de ne pas regarder le Code de l'alliance comme
a
aussi ancien que Moïse, et si le Deutéronome ne marque pas, dans ses parties propres
et essentielles, une évolution considérable de la législation, on ne saurait l'assigner
à une date récente pour cela seulement qu'il prévoit que les Israélites pourraient
avoir un roi et qu'ils auraient un ou des prophètes dans le genre de Moïse lui-même
(Os. 13, 14).
Mais il y, comme on sait, le gros obstacle de l'unité d'autel, prescrite par D, au
lieu de du Code de l'Alliance. Encore est-il que dans D cette unité regarde
la liberté
l'avenir. M. Smith est un modéré. Il écrit « Dans toute l'histoire d'Israël, il n'est
:
rien de plus certain que ce point l'unité d'Israël a dû commencer par une unité
:
religieuse et Moïse a été son médiateur » (p. cx.iii). Mais alors Moïse a dû com-
prendre l'importance de l'unité d'autel pour tout Israël, et pourquoi ne l'aurait-il
pas décrétée pour un avenir, abandonné d'ailleurs à la Providence de Dieu? Car les
termes sont très vagues : « au lieu que lahweh votre Dieu, choisira parmi toutes vos
tribuspour y mettre son nom et en faire sa demeure » (Dt. 12, 5 et passim). Au
lieude dire avec M. Smith que « la loi deutéronomique de l'unique autel n'était pas
prophétique mais expérimentale » (p. cix), je dirais plutôt que c'était une prophétie,
une loi prophétique, dont l'exécution devait être « le fruit d'une expérience graduelle,
mais à la fin si convaincante qu'elle remplaça la bonne foi avec laquelle les chefs
d'Israël bâtissaient des autels et y sacrifiaient, conformément à l'ancienne loi de
l'Exode 21, 24, par un sentiment plus fort des dangers que cette liberté faisait
courir aux éléments spirituels de la religion d'Israël » {p. cix). L'autel du Temple
de Jérusalem avait été bâti sur l'ordre du prophète Gad (Il Sam. 24. 18), mais,
sans parler des lieux consacrés par la présence des patriarches, on pouvait penser
que Samuel n'avait pas sacrifié en divers lieux sans une autorisation divine. C'est
seulement après la ruine du royaume du nord, lorsque Jérusalem eut été miracu-
leusement protégée, que le choix de Dieu parut avec évidence. Nous ne contestons
nullement cette expérience graduelle, mais si, sous Josias, en 621, elle devint une
loi absolue, c'est parce qu'elle avait été prédite dans un texte fort ancien, oîi parlait
Moïse, et qui répondait exactement au rôle de iMoïse et à ce qui dut être sa pensée.
Assurément les simples vraisemblances historiques n'excluent pas que quelqu'un
se soit fait alors l'interprète de cette pensée, mais enfin le Deutéronome fut
reçu comme l'œuvre de Moïse. Y a-t-il des raisons décisives de lui en refuser la
paternité ?
mais le Deutéionome ne renferme aucun indice spécial relatif à cette époque. Donc
M. Smith se contente d'une approximation Le Deutéronome : a composé après
été
Ézéchias (725 av. J.-C), mais avant Josias. « La critique moderne n'a aucun verre,
de télescope ou de microscope, pour préciser plus exactement » (p. cvi). C'est à se
demander si ses verres lui permettent d'indiquer le siècle. L'hypothèse^ de la fraude
est brutale, mais va droit au but. Tandis que si D. avait peut-être une centaine
d'années lors de sa découverte, a-t-on le droit de lui refuser un siècle ou deux de
plus, et peut-être cinqou six? On le fixe au vif siècle parce qu'il suppose la prédi-
cation des prophètes, mais certaines omissions sont plus caractéristiques que la
prédication courante et fort ancienne des attributs de lahvé. Le D. ne le nomme
pas « Saint », ce que font Osée et Isaïe. L'interdiction de la consultation des morts
(18, 11 s.) est dans Isaïe (8, 9 s.), mais Saûl avait-il été bien inspiré en consultant
la pythonisse d'Eador? Le culte de l'armée des cieux (Dt. 4, 19: 17, 3) date surtout
d'Achaz (II Reg. 23, 12), et le rite de passer les enfants au feu (Dt. 12, 31: 18,
9 s.) battait son plein à cette Reg. 16, 3; 17, 17). Il faut concéder ces
époque (II
points. Mais la loi contre Amaleq (25, 17-19) convient si peu au vii« siècle que des
critiques plus radicaux y voient une haggada récente. D'ailleurs M. Smith reconnaît
que l'auteur s'est bien mis à la place de Moïse. Il n'insiste pas, comme on l'a fait, sur
la désignation de la Palestine orientale comme étant au delà du Jourdain, parce que
ces passages (1, 1. .5: 4, 46 s. 49: 3. 8-, 4, 41) peuvent être secondaires, tandis que
dans 3, 20. 11, 30 l'au-delà du Jourdain est bien la Palestine occidentale. Mais
2-5;
cette méthode ne peut-elle pas être appliquée dans d'autres cas encore?
>'e pourrait-on pas voir une preuve de l'antiquité du Deutéronome dans la façon
dont il traite des prêtres-lévites? D'après M. Mangeoot « Dans le Deutéronome au :
{Le sacerdoce Irvitique dans la loi et dans l'histoire, p. 174). J'avoue d'ailleurs que
ces formules me satisfont plus que celle de M. Smith : « Pour le Deutéronome tous
les hommes de la tribu de Lévi sont prêtres » (1) (p. xxiii). même en ajoutant.
(1) M. Smith s'appuie surtout sur Dl. 18, Les prêtres lévites, toute la tribu de Lévi
l ss. «
n'aura pas de part ni d'héritage avec Israël; les sacrifices passés au feu [luJx]
ils mangeront
de lalivé et son héritage. 2 Et il n'y aura pas pour lui d'héritage, etc. ». Or il faut noter que
l'incise « toute la tribu de Lévi • ne signiûe pas « qui sont toute la tribu de Lévi », mais
:
« même toute la tribu de Lévi », ce que concède M. Smith en traduisant « ecen ail the tribe of
Levi »; et il faut entendre « ni d'uue manière générale toute la tribu de Lévi », de même que
15, 21 « Si l'animal est boiteux ou s'il a un défaut quelconque • ou 16, -21 « tu ne planteras ni
:
achéra, ni un bois (juelconque ». Donc ni les prêtres lévites, ni personne de la tribu, n'a d'autre
part que le Seigneur. On objecte que le texte parle ensuite des sacrifices, qui sont donc la
part de tous les lévites, lesc|uels sont dune tous prêtres. Oui, mais M. Smith note avec raison
que ny?K est du style de P; c'est donc une addition postérieure. Gomment peut-on s'en servir
pour déduire la pensée de I).' De plus, comment P aurait-il eu la pensée de remanier un texte
pour lui faire dire expressément que tous les lévites sont i)rêlres? Dans le texte primitif de D.
<m disait seulement ici que lahve est la jiart de tous les lévites; rien à conclure pour leur
caractère sacerdotal. Après la revision de P, il faut lire le texte comme les LXX, car jamais
n^nj ne signifie les sacrifices qui sont la part de lahvé. Le texte était donc mnl V^x
DT^DN* In^ni "/-otptwfjiaTa K-jpîoy ô x).y5poc a-JTwv, çâyovTat aOïà, cf. Ez. 44, -29. Dans la pensée
du dernier rédacteur, cela s'entendait des i>rétres; la phrase suivante (v. 2 qui est au singulier
reprend ce qui regarde toute la tribu de I,évi. Pour qu'il n'y ait pas de doute eu ce qui regarde
o68 REVUE BIBLIQUE.
que les sanctuaires n'aient pas été administrés par des familles sacerdotales, jalouses
de leurs privilèges. Les lévites qui n'avaient pas pu mettre la main sur un sanc-
tuaire devaient être nettement distincts des prêtres qui y offraient des sacrifices.
Dans ce cas-là, ils constituaient bien en fait un ordre inférieur parmi les prêtres-
lévites. Tout cela, avouons-le, a au premier abord un fort relent de schisme. Mais
les catholiques qui ont admis avec M. Vigouroux que la loi d'unité n'est devenue
obligatoire qu'assez tard, ne peuvent s'étonner de rencontrer des prêtres dans les
sanctuaires qui passaient pour légitimes, et rien n'oblige à croire qu'ils devaient
être de la race d'Aaron, ce qui eût rehaussé £es sanctuaires au détriment de celui de
l'arche et ensuite de Jérusalem. Le Deutéronome ne nie pas le privilège d'Aaron,
mais il est très logique en ne s'en occupant pas, puisqu'il ne prévoit l'unité que
dans l'avenir. 11 lui suffisait d'obliger les prêtres de son sanctuaire unique à recevoir
tous les lévites, au titrede serviteurs du culte de lahvé, mais dans des termes
vagues à dessein et qui ne parlent pas des sacrifices (Dt. 18, 7).
Mais si D eût été l'œuvre d'un groupe prophético-sacerdotal décidé à faire pré-
valoir le sanctuah'e de Jérusalem, ce groupe se serait-il contenté d'insister sur la
nécessité pour les prêtres d'appartenir à la tribu de Lévi? Aurait-il laissé dans
l'ombre le lieu du sanctuaire unique? n'aurait-il rien dit des droits de son sacerdoce?
M. Smith a bien raison d'estimer qu'une semblable législation ne pouvait émaner du
grand prêtre Heicias. On peut en dire autant des représentants du sanctuaire de
Jérusalem cent ans plus tôt. Et encore faudrait-il expliquer comment l'ardente pré-
dication du Deutéronome en faveur de la loi a dû son expression à une coalition
des prêtres et des prophètes, car le livre découvert a été découvert par Heicias,
On voit que tout n'est pas net dans le système des critiques. Malheureusement
les exégètes catholiques ne se décident pas Le R. P. de Huramelauer
à traiter ce sujet.
la partdans les sacrifices, les prêtres seuls sont nommés au v. 3. Qu'un texte remanié ne soit
pas parfaitement limpide, cela est assez naturel; mais 11 n'est pas permis, après avoir distingué
deux rédactions, de raisonner du sens de la première en tenant compte de la seconde.
RECENSIONS. 569
The Book of Judges. with introduction and notes (ajoutez des cartes et des
illustrations tirées des monuments., edited bv the Rev. C. F. Rlrney, D. Litt.
Oriel professer of the interprétation of Holy Seripture in the University of Ox-
ford, etc., in-S" de cxxviii-528 pp. Rivingtons, London, 1918. Prix net 21 */(. —
blèmes, l'informant assez soigneusement pour qu'il puisse se former une opinion, —
à tout le moins pour qu'il se rende compte de l'immensité du champ ouvert par les
études, et qu'il faut avoir parcouru pour comprendre le texte sacré. Cette justice
rendue à l'auteur, à propos d'un ouvrage si nettement supérieur à la moyenne des
productions exégétiques, nous sera permis d'indiquer quelques réserves.
il
La critique textuelle est d'un maître. Peu de livres de l'A. T. donnent plus d'oc-
casions de s'exercer au tact critique. Deux recensions grecques fort différentes sont
une difficulté de plus, en même temps qu'une ressource. Et le cantique (le Débora.
si beau, offre encore tant d'énigmes! Je profite de l'occasion pour rétracter la tra-
duction que j'ai donnée de 5, 21 « a foulé les cadavres des forts », reposant sur
une restitution invraisemblable et qui n'était proposée dans le commentaire qu'en
second lieu (encore avec ^£2 et non v^^-r;, qui serait bien un barbarisme, comme
dit M. Burney" . Mais je ne voudrais pas introduire dans cette ardente poésie les vers
« restaurés » : « Que ceux qui chevauchent sur des ânesses brillantes le repassent
(revieiv it), que ceux qui cheminent le rappellent à leur pensée. Ecoutez les jeunes
filles rire auprès du puits » iv. 10 De même au v. 9 « Venez, chefs
s.). : », est bien
prosaïque et de quel droit remplace-t-il « Mou cœur va aux nobles d'Israël »?
M. Burney suit volontiers M.
suggéré de vive voix des correc-
Bail, qui lui a même
tions. Elles sont toujours rationnelles, mais trop prodiguées. Mettre des mots cou-
rants à la place de mots rares et résoudre un style trop concis en style de prose, ce
n'est pas améliorer la situation mieux vaudrait dire non liquet. Je 'rangerais encore
:
situation. Mais les hésitations attribuées à Ruben par le cantique ne supposent pas
nécessairement des factions. C'est plutôt de la paresse qu'on lui reproche. Et de
quel droit introduire « la reine » au v. 30.' Mais si la part de la conjecture est trop
large, M. Burney sait aussi maintenir les droits du texte en s'appuyant sur les
encore plus dans la critique littéraire. Certes je pense toujours qu'on peut voir dans
lesJuges des marques d'une double rédaction ancienne (J et E\ d'un remaniement
deutéronomique et de passages plus récents dépendant de P. M. Burney attribue
des passages à D-, E-, H {Hotiness, loi de sainteté), plusieurs autres combinaisons,
comme K^-, et une source innomée pour les chapitres 20 et 21. De la sorte il
réduit le texte en petits fragments, jusqu'à reconnaître quatre coupures toutes d'un
570 REYUE BIBLIQUE.
caractère secondaire dans un seul verset (10, 6). Or si ces passages ont un caractère
secondaire, il est naturellement plus difQcile de les distinguer. Quant à la distinction
Chapp. 17, 18 dans The American Journal of Semitic langunges (1913-14), p. 261-
283). La thèse de l'unité a été reprise encore par M. H. Segal {The text of Judges
xvii-xviii dans Journal of the Manchester egyptian and Oriental Society, 1916-
1917, 38-48), lequel ne semble pas se douter que ses arguments ne sont pas tous
nouveaux. Dans l'histoire de Samson, M. Burney attribue le chap. 13 à J- et les
chapitres 14-16 à J'. Cette notation est d'autant plus étrange que le distingué cri-
tique ne reconnaît pas dans 14-16 « la grâce littéraire et le 6ni qui distingue les
plus belles parties de J et de E » )p. 337). Qu'est donc ce J, s'il est distinct de .T'
et de J- aussi bien que de JE, et. s'il est le même que J- dans l'histoire de Samson,
comment appliquer ce critérium aux autres histoires? Enfm je demeure sceptique
sur la part attribuée à J dans le ch. 19, et je ne serais pas aisément convaincu par
une analyse comme celle-ci : « [E] Et l'homme se leva pour partir, [J] lui et sa
concubine et son serviteur, [E] et son beau-père [J] le père de la jeune femme, [E]
lui dit : [J] Voici que le jour penche vers son coucher, je vous prie, passez ici la
nuit » (19, 9 ss.j, etc. Aussi bien, d'après M. Burney il u'y a en somme qu'un récit
ancien dans cet épisode; mais tandis qu'avec Moore il l'attribue à J, je pense toujours
qu'il est de E. Les raisons qui font pencher M. B. pour J sont les ressemblances
avec l'histoire de Lot, mais précisément dans des passages de la Genèse que j'attribue
à E... Les deux opinions sont donc logiques, mais ce n'est pas le lieu de reprendre
ici ce gros problème. Quant à l'ensemble du récit ancien dans 20, 21, il doit être
de la même main que l'histoire des Dauites (17-18), c'est-à-dire de E. Dans le récit
du M. Burney attribue encore de nombreux passages à J, et n'hésite
siège de Gibéa,
pas à attribuer les gros chiffres à un document ancien.
La critique historique ouvre un horizon plus étendu. Informé comme il l'est,
M. B. devait recourir à toutes les ressources nouvelles pour étudier la période des
Juges du dehors. Et c'est bien à ce point qu'il a consacré le paragraphe le plus
important de son introduction.
Avouons-le franchement avec lui, le gain positif est presque nul. Le livre des Juges
ne met nulle part Israël en lutte avec l'Egypte ni avec l'Assyrie, et l'histoire de ces
deux pays montre qu'en effet leur influence en Palestine, leurs tentatives pour la con-
quérir ont subi alors un temps d'arrêt. C'est un résultat très favorable à la tradition,
mais une con(irmation plutôt négative. Tous les renseignements positifs sont relatifs
à l'époque antérieure; néanmoins M. Burney lésa dépouillés soigneusement et avec
raison, puisque toute période historique dépend de celle qui la précède, et que cela
est surtout vrai de la prise de possession du pays de Canaan par les tribus d'Israël,
tenue par la tradition. pour un retour au pays des patriarches. On sait que la critique
moderne s'est beaucoup exercée sur ces ancêtres d'Israël. Quelques-uns les regardent
comme d'anciens dieux déchus, d'autres comme une personniûcation des clans
d'Israël.
M. Burney fait une part au premier système, car d'après lui Gad, Aser et même
RECENSIONS. 571
Dan sont des noms divins. Que Gad soit le nom de la Fortune, il n'y a pas à le nier,
mais la tribu de Gad a-t-elle regardé son ancêtre comme un dieu? C'est autre chose.
De même que pour Aser. dépend du sens qu'on donne aux petites histoires de
cela
la Genèse ,'30. 9 ss.): or scabreux de lire entre les lignes ce que
il est toujours
l'auteur u'a sûrement pas voulu dire. Quant à Dan, il serait le soleil, parce que le
Soleil est le juge par excellence; argument assez précaire. D'ailleurs, ce. que
xM. Burney cherche surtout dans les histoires des patriarches, c'est l'histoire des
clans d'Israël, non point dans le dessein de trouver la Bible en défaut, encore moins
de Taccuser de mensouiie, mais parce qu'il estime retrouver son véritable sens,
moyennant lequel elle concorderait avec les renseignements épigraphiques. Il est
trop sage pour traiter l'histoire des patriarches comme une histoire chiffrée dont
tous les détails auraient un sens cryptographique relatif aux aventures des tribus,
cependant nous croyons qu'il fait encore beaucoup trop large la part de l'interpré-
tation : les détails de la vie de famille sont à prendre pour ce
Regarder qu'ils sont.
Rébecca comme une tribu araméenne, c'est attribuer aux femmes plus d'importance
que ne faisaient les Sémites. 11 est vrai que. parmi les tribus citées par les généalo-
gistes arabes, quelques-unes ont pour souche un nom féminin; mais M. Nœldeke
lui-même a pensé (ZDMG, 1886, p. Ifi9), qu'il n'y en a probablement pas une d'his-
torique, et que ce féminin représente, au moins dans certains cas, un collectif expri-
mant une action de la tribu, selon le génie particulier de l'arabe qu'on ne peut pas
aisément appliquer à l'hébreu. Ce qui est certain, c'est que si la Bible emploie
indifféremment le même nom pour un homme et pour une tribu, elle ne généalogise
pas par les femmes, et que les noms des femmes des patriarches ne sont jamais des
noms de Mais puisque nous ne pouvons aborder cette question délicate, cette
tribus.
réserve de principe une fois faite, indiquons les points d'accord que M. Burney
trouve entre les renseignements épigraphiques et la tradition hébraïque telle qu'il
l'entend.
Les Habirou sont les Hébreux, mais dans un sens très large, celui de nomades
araméens.^Ces^ premiers Araméens qui pénètrent en Palestine sont groupés autour
^u nom d'Abraham, personne réelle ou conception idéale, vers les temps de Ham-
mourabi. Le séjour d'Abraham en Egypte peut correspondre à l'entrée en Egypte
"^"(ï'un clan araméen au temps des Hycsos. C'est après l'expulsion des Hycsos, et vers
l'an 14.3-5 que des tribus araméennes de même origine se sont installées en Egypte.
Les Égyptiens étant alors les maîtres de la Syrie devaient tolérer facilement cette
pénétration. Quel rapport avaient ces tribus avec celles qui ont conquis plus tard
Canaan? Le clan araméen d'Abraham était retourné en pays araméen, où il avait
fusionné avec le clan Rébecca; puis avec les clans des femmes de Jacob.
L'ensemble portait alors le nom de Jacob, et il se trouve précisément qu'un
scarabée du temps des Hycsos porte le nom du capitaine Jacob-el, et que Touth-
mes III se vante d'avoir conquis le pays ou la ville de Jacob-el. Rentré en Pales-
tine, Jacob y prend le nom d'Israël, et précisément Minephtah se vantera d'avoir
détruit Israël. Cette coïncidence frappe M. Burney. Il ne s'étonne pas non plus que
Séti L'"" ait donné tant d'importance à Aser, parce que cet Aser avant la lettre se
trouverait situé où fut plus lard l'Aser biblique. Une partie de ces tribus, déjà forte-
ment installées en Canaan, serait descendue en Egypte. C'est sûrement la maison
de Joseph, peut-être aussi Siméon, Lévi. et même une partie de Juda. L'Exode eut
lieu sous Minephtah. Juda pénétra dans Canaan par le sud, et la maison de Joseph
par Jéricho.
On estimera sans doute que l'avantage de rattacher la tradition hébraïque à quel-
072 REVUE BIBLIQUE.
ques indications de l'histoire des peuples voisins ne vaut pas les sacriflces qu'on
impose de la sorte à cette tradition. Est-ce bien la tribu d'Aser qui sous Séti I" et
sous Ramsès II était si puissante?
M. Sethe {OLZ, 190-5 col. 78 citant GoU. gel. Anzeigen, 1904], a pensé que ce
prétendu Aser était Assur, et Ed. Meyer regarde Aser comme le nom primitif d'Assur
(Gesch. 2« éd. 1, ii, p. .538). L'hypothèse de IMax Millier serait à peine plausible si
l'Exode avait eu lieu sous la XVIII<^ dynastie. Mais s'explique-t-on l'essor extraor-
dinaire d'une tribu araméenne contiguë à la Phénicie, sa déchéance aussi complète
que rapide, les Israélites la reconnaissant pour apparentée, mais lui construisant
une généalogie modeste à cause de ses infortunes? N'est-il pas plus vraisemblable
que la tribu, venant avec les autres, n'a jamais eu des destinées prospères parce
qu'elle s'est heurtée aux villes puissantes de la côte? La tradition interprétée à la
lettre a moins de difûcultés que l'hypothèse. A faire fond sur l'identification de
M. Millier on s'écarterait moins de la vraisemblance en supposant que la tribu a
pris dans le pays son nom d'Aser {Steuernagel}. Et il en est de même des destinées
de Juda. La tradition hébraïque nous dit bien haut ses attaches avec le sud de la
Palestine. Tout porte à croire qu'elle a entrepris d'y pénétrer par le Negeb. Mais
c'est aussi ce que la tradition afflrme expressément. Seulement elle ajoute que la
tentative a échoué (Num. 14, -44 s.}. Le plus sage est de l'en croire sur cette
défaite retentissante d'Israël.
D'ailleurs M. Burney lui donne les meilleures armes en plaidant l'ancienneté de
l'écriture.Les belles inscriptions de Mésa, de Panammou, etc., ne remontent pas au
delà du IX' siècle. Mais cette apparition de l'alphabet sur tant de points a derrière
elle un long usage, et l'existence des tablettes cunéiformes d'el-Amarna n'est point
une preuve que l'on ne savait pas écrire autrement la langue de Canaan, d'autant qu'à
Boghaz-Keùi l'écriture hétéeune et l'écriture cunéiforme sont contemporaines.
Par une série de déductions ingénieuses. M. Burney voit même dans l'écriture cunéi-
forme des lettres du pays de Canaan l'indice de l'existence de l'alphabet. C'est
parce qu'ils étaient habitués à une écriture syllabique, que les scribes, et peut-être
même le secrétaire du roi d'Egypte pour la Palestine, évitaient idéogrammes et
les
multipliaient les signes simples. Au début, en eflet, l'alphabet fut conçu comme une
écriture de syllabes ouvertes, avec une voyelle libre. De fil en aiguille, M. Burney
en vient à l'origine de l'alphabet qu'il rattache suméro-accadienne.
à l'écriture
Celte fois encore il nous semble que l'influence de M. Bail n'a pas" été heureuse,
car l'hypothèse est tout à fait en l'air. Il est plus solide de constater que le pays
de Canaan était un pays d'écriture (cf. RB. 1899, 481, 1901, 318); ne lit-on pas
dans le papyrus Golénichefl" que le roi des Zakkari à Dor faisait vers l'an 1114
av. J.-C. d'importantes commandes de papyrus? Or le papyrus, en Palestine, était
condamné à la destruction. Tout cela est très bien déduit en même temps quingé-
nieux. Mais ce serait enrichir une bonne thèse d'un mauvais argument que d'ap-
porter encore comme preuve positive les caractères relevés dans les fouilles de
'Pell-Mutesellim ou de Tell-el-Hesy. D'après le P. Vincent ils ne datent guère que
du huitième siècle.
Les questions religieuses ne sont point oubliées. Dans l'histoire de Samson,
M. B. reconnaît des traces d'un ancien mythe solaire, mais qui n'étaient plus com-
prises de l'auteurquand il écrivait. C'est avouer que la conjecture joue ici un grand
rôle.En revanche, nous ne voyons pas comment on pourrait nier le ciilte d'un dieu
Yaou au pays d'Amourrou, En l'identifiant au dieu d'Israël, le Rév. Burney fait
des réserves théologiqnes. Connu avant Moïse, le nom divin a pris avec lui un sens
RECENSIONS. 573
nouveau avec une révélation morale et spirituelle. Cela sauvegarde bien des choses.
Néanmoins il nous paraît très prématuré d'admettre une déesse féminine réelle
Ya-tou, qui aurait été la compagne de Yuou. Il faut se défier des surprises de l'écri-
ture cunéiforme. Et de regarder mni comme cette forme féminine, c'est une fantaisie
qu'il eût fallu laisser à M. Sayce (1).
La question de l'éphod est discutée à propos de l'éphod de Gédéon ; M. Burney
n'y voit pas une idole.
Et que dire de tant d'autres notes, chronologiques, géographiques, etc.?
On retrouve la même abondance d'informations, la même érudition aussi étendue
que précise dans les trois Scluveick Lectures que M. Burney a données sur l'établis-
sement d'Israël en Canaan (2). Elles ont naturellement pour base le commentaire
des Juges que l'auteur était en train de faire imprimer-, il le dit très loyalement
dans sa préface. Mais pu dans les lectures insister encore davantage sur les
il a
antécédents de la conquête de Canaan, spécialement sur le livre de la Genèse. Et il
va de soi que nous aurions à faire les mêmes réserves sur des combinaisons et des
conjectures que d'ailleurs l'auteur ne propose que comme des suggestions, plutôt
que comme des résultats acquis. Mais les auditeurs et les lecteurs observent-ils
cette sorte de nuance?
Fr. M.-J. LagraxCiE.
Jérusalem.
(i) On voit qu'une riuestioii, qui paraissait relativement simple il y a i|uelques années, de-
vient {ilus obscure à mesure <|ue les documents se multiplient. Voici une nouvelle explication
de M. Kœnis [Zeitschrifl far die altest. Wissenschafl, 1915, p. 4,"> Ja-u uuil Jahu)
: Ja-u est :
bien devenu un nom divin, mais c'est le pronom » un quelconque », pris dans le sens de
« Lui », et <|ui a pu représenter la divinité. On s'expliquerait ainsi que l'indication d'un nom
divin fait défaut le plus souvent dans l'écriture cunéiforme. Ce Jn-u n'a rien à faire directement
avec le Tétragrammae, niH'' qui est chez les Hébreux la forme la plus ancienne du nom divin,
abrégé ensuite dans les noms propres et dans l'usage populaire. Cependant M. Kœuig ajoute ;
• Mais si l'on suppose ([ue les Hébreux antérieurs à Moïse ont connu cet exposant (c'est-à-dire
cette manière de caractériser la divinité par Ja-u au sens de Lui) et qu'on le regarde comme le
jilus ancien fondement du Tétragramme. on donne d'après moi satisfaction à tout ce que
nous pouvons savoir de la tradition » \\). 47).
(2) Israel's Setllemcnt in Canaan, The biblical tradition and ils Hiatorical Background, by
tlie Rev. C. F. Burney, D; Lill. etc., The Schweicli-J.ectures, 1917, in-S" de x-104 pp. avec 6 cartes,
London, British Academy, 1918.
374 REVUE BIBLIQUE.
que douze de ces feuillets, écrits en une belle onciale droite du vi® siècle (1 repré- ,
sentent,une fois dépliés, cinq feuillets et deux demi-feuillets d'un manuscrit des
prophètes, analogue, par sa disposition au Zuqninensis''K Les fragments conservés
contiennent Ézéchiel, 4, 9-5. 12; 21. 6. 7. 9-17 (lacune en 14-15); 28, 25-29, 19:
39. 8-lS; 40, 13-25.
L'état général du manuscrit devait être assez mauvais lorsqu'il a été mis en pièces
et son parchemin lavé pour le remploi; l'encre du m" siècle avait déjà corrodé le
parchemin à un point tel que le copiste de Philon a du plusieurs fois couper des mots
en raison des trous (2). C'est probablement à cause cette circonstance que les
feuillets ont été utilisés de préférence dans un manuscrit de petit format, et deux
d'entre eux comme feuillets simples. Quoi qu'il en soit, les marges primitives ont été
sérieusement réduites, et les dimensions anciennes ne peuvent être précisées: l'écri-
ture, disposée surdeux colonnes de 26 lignes chacune, couvre un espace de 210 mm.
sur un peu plus de 160, entre-colonnement compris.
Le P. V. a essayé de reconstituer le schéma du manuscrit primitif, c'est-à-dire de
déterminer la place des feuillets conseryés dans les cahiers auxquels ils apparte-
naient; c'est une tentative bien audacieuse, ét;mt donné le petit nombre des feuillets
restant et cette circonstance qu'ils ont été. avant le remploi, séparés les uns des
autres. La reconstitution du cahier II est peu probable. La règle posée par Grégory
pour la composition des cahiers, — suivant laquelle les feuilles de parchemin doivent
être disposées de telle façon que le livre présente toujours en face l'une de l'autre
deux pages analogues côté du poil ou côté de la chair), a pu être observée sans —
que ce cahier un quinion. L'argumentation du P. V. suppose que le folio 1-2
ait été
et le folio 3-4, qui se suivent, ont formé paire dans le manuscrit primitif, mais ce
n'est aucunement prouvé: bien plus, le fait que ces deux feuillets ont été réutilisés,
l'un comme feuille double, l'autre comme feuillet simple, alors qu'il y avait encore
planches, qui sont d'une bonne exécution, complètent parfaitement au point de vue
paléographique la documentation du lecteur (5). Mais l'auteur ne semble pas avoir
U Aucune date u'est expressément proposée dans le texte, mais les rass. auxquels est com-
paré leMelphiclensis sont du vi" siècle, on peut y voir l'indication du sentiment de l'auteur.
(-2) Voir plusieurs cas sur la planche lit, notamment les coupures Xapaxxii [ ]
pa à la 1. 17
du -2i<
f. (pagination du ms.- actuel), et xe/.ap[ [xe/wv à la 1. 10 du f. 29'.
(3) L'autre feuillet ancien usé comme feuillet simple dans le ms. actuel est isolé, les quatre
autres feuillets forment deux paires.
(4) Voir ce qui est dit à propos de Z" dans Codex Zw/ninensis rescriptus V. T. Rome mil.
)). Lxxxii et ihid., note l. Au cas du Sarravianus allégué en cet endroit, il serait facile d'ajouter
(5i Le P. V. écrit p. it; <• fragmenta).... magnam similitudinem gerunt cum Zuqninensi vi... »
Ceci peut être dit de l'apparence généraledu manuscrit, mais serait faux au pnjnt de vue de
l'écriture dans Z" les traits horizontaux sont extrêmement tenus et les liastes elles-mêmes,
:
plus minces que dans le Melphiclensis ; les apices de A, 11, T, au lieu d'être formés par un
trait du calame sont réduits à un point, centré sur la ligne qu'ils terminent, comme si le
scribe avait redressé son calame pour en imprimer la pointe dans le parchemin.
RECENSIONS. o75
été très heureux dans les observations qu'il a groupées sous le titre Signa
lectionis (1). Frappé de la présence dans son manuscrit d'un signe, semblable par sa
forme à un esprit rude, ou à un accent grave, écrit de première main sur certaines
voyelles sans qu'une règle évidente ait présidé à sa distribution, il propose d'y recon-
naitieun si-gne spécial, destiné à séparer les syllabes entre elles, et l'intitule divisor
syllabarum (2). Le P. V. n'a pas pris garde que le divisor syllabarum, auquel il
fait allusion, n'est pas écrit sur des voyelles dans les onciaux cités, mais bien entre
les lettres, et presque toujours après des consonnes.
Voici d'ailleurs l'analyse des cas où le P. V. a reconnu la présence du signe en
question :
1° Dans 165 cas sur 180, l'explication est infiniment simple chaque fois que le :
signe est sur la voyelle initiale du mot, il n'est autre que l'esprit. Le scribe ne
connaît qu'une forme d'esprit, conformément à la plus ancienne tradition, et il s'en
sert indifféremment pour indiquer l'esprit rude et l'esprit faible (.3). Aux 150 cas
indiqués dans la table du P. V. sous la rubrique initio vocis, il convient d'ajouter
les 9 in diphtongis et les (3 citations du mot JtE, écrit j-.e ou Ou.
2" Il s'agit encore d'esprit dans le cas de stcjfjxYrjV, ainsi qu'il arrive souvent dans
les mots composés, dont la deuxième partie commence par une voyelle (4 .
Dans 13 cas où il se trouve sur la dernière voyelle dun groupe de deux ou trois
3°
Un dernier cas (-5) reste sans explication, c'est xay.ov\ (sic) de 4, 12, mais ce mot
5°
est une erreur pour laquelle aucune explication n"a été proposée, dans un verset où
le Melphictensis a deux leçons dépourvues de sens, et pour lesquelles il est seul /.ai :
evzpuotav xaxovt oaYîaat ajTa £v ^oXotTO'.; voain xotisoj au lieu de B /.a\ £v/.cj^;'av y.p:Otvov :
point, qui est censé diviser d'après le sens, et l'apostrophe, qui, dans les manuscrits
onciaux, signale la fin de certains mots, et à laquelle conviendrait alors le terme
ci-dessus nommé de diiisor syllabarum (6).
1) p. 13- IN.
{2) Figura simile est spiritui aspero, prouti scribitur in recenlioribiis codicibus et in librls
impressis; at longe alio muiiere fungitur. Invenitur enim in niedio vocabulo et (|uidein pluries
extra sedem accentus. Quare nec cum spiritu nec cum accentu confundendum est. A doctis
viris non inepte vocatum est divisor syllabarum, eo quod ad syllabas distinguendas invectum
sit. Occurrit in multis codd. saec. vi, quanquam non ubique eadem ligura gaudet... >
(3i Cette confusion est normale dans les mss. onciaux.
{i) Cf. V. Gahdtualsex. Griechische Palaeographie, -2" éd. tome II, Leipzig, 1913, p. 383 s. Éditions
de mss. onciaux, passim, cf. col. 104-16.S dans la préface par C. Wessely a l'édition phototypique
du Dioscuride de Vienne.
(;>) La différence entre le total de mes chiffres 185 et celui du P. Y. ~180 vient sans doute =
de ce qu'un accent a été casse au cours du tirage et man(|iie dans mon exem[)laire.
(6) L'apostrophe est souvent réduite à un point (E. >I. Thompson, .4/( Introduction lo greek
and latin Palaeograplnj, Oxford l!M->, p. a-i). De même le point peut ressembler plus ou moins à
.
L'apostrophe, nous disent les manuels de paléographie, s'écrit après les mots
terminés par /., y., ?, -i, quelquefois p, après les noms étrangers, et principalement
après ceux qui n'ont pas une terminaison grecque (1). Il est donc normal d'écrire, con-
formément à cette règle : tl^ (4, 16} ^~ (5. 4; 29. 16; 39, 9.11.13) la/.wg' (28.
26) vxÊouyooovoaop' (29, 18.19) ywy' (39, 11) y,£tp' (29, -7) peut être aussi atyjTtTOj'
texte imprimé avec la planche I m'a donné l'impression que parfois le signe du
doute aurait pu être omis, ainsi en 4. 9, col. 1, 1. 5, il me semble que je vois nette-
ment ToYç à la fin de la ligne, ainsi qu'à la ligne 1 1 le koppa. Je crois aussi discerner
quelques si[/na lectionis qui ne sont pas enregistrés : col. 1, 1. 9 rjixspx;; 1. 12 uSwp'
iv; 1. 22 £tv'; col. 2, 1. 5 aurwv /.a:. Ailleurs je n'ai relevé qu'une leçon suspecte y.[^'.]
f.(v) Ez. 5, 6, p. 26, col. 2, 1,4. L'abréviation de /.at et l'écriture proposée pour sv,
qui seraient normales en (in de ligne sont tout à fait insolites au milieu d'une
ligne (4).
Enfin l'auteur a étudié la nature de texte et s'est donné la peine, pour mieux
documenter le lecteur, de rassembler les principales variantes du texte hébreu, des
manuscrits grecs et des versions anciennes d'Ézéchiel. Sa conclusion est que le
xa-cco.
Eugène Tissebaxt.
Rome, le 22 juin 1919.
une apostrophe; dans le ms. il semble que ces deux signes s'équivalent et que l'on trouverait
pour chacun d'eux la double signilication.
(1) Thompson. Ibid.
(2) Cf. s. sur les divers usages de l'apostrophe.
V. G\iiDTiiALSEN, op. cit., p. 397
(3) Il rechercher ici une explication pour tous les cas où se trouve le
n'y a pas d'intérêt à
point en haut; des deux cas cites par le P. V. et ()ui n'ont pas été discutés ci-dessus, l'un
YY)' [îta] ôouprj (2i», 14) requerrait l'exameu du manuscrit, car le point peut être la trace de la
lettre qui suit yri, l'autre [xktOo;' oux, auquel il serait facile de trouver des répondants dans
des mss. de bonne époque, est abusif.
(4) L'auteur donne d'ailleurs t~ comme douteux.
RECENSIONS. .•;:7
Le second fascicule forme une monographie détaillée du haut lieu de Sceia, la ruine
actuelle de Si', dont le regretté marquis de Vogué avait mis en relief toute l'im-
portance. Au mérite de réunir en un corpus monumental les dé- et épigraphique
couvertes antérieures, la publication américaine joint l'avantage de fournir des plans
et des relevés nouveaux, de précieuses photographies de détail, d'ingénieuses res-
taurations, un ample exposé de la matière, quelques testes inédits ou améliorés.
Dans le fascicule consacré au Djebel Halaqah, région située entre Cheikh Barakât
et la voieromaine d'AutiÔche à Alep. on trouvera un assez grand nombre de mo-
numents et d'inscriptions publiés pour la première fois.
Le préhistorique, offrant à peine de l'architecture, n'a pas attiré l'attention spéciale
des explorateurs, qui se sont bornés à reproduire le mur en gros blocs arrondis de
Sa'adeh, au pays de Basan. Mais les temples ont été traités avec beaucoup de soin.
M. Butler n'a pas craint de reprendre en détail l'étude du Tychaeon de Sanamén,
œuvre remarquable, en plus grande conformité avec la renaissance classique du
ii*= siècle que n'importe quel monument de l'architecture contemporaine à Rome.
La nouvelle restauration de ce sanctuaire païen, établie sur les constatations du
voyage de 1909, marque un progrès réel par rapport au travail de M. Cummings
publié dans V American Journal of Archaeology 1909, p. 417), avec les notes et la
documentation de M. Butler. Elle permet de se rendre compte combien diffère du
Tych<con, et comme plan et comme décoration, le temple distyle in antis de Hebràn
dans montagpe des Druses.
la
du temple de Zeus a fourni l'occasion de dre^ er un plan complet, et l'on peut dire
définitif, de ce monument et d'y reconnaître tous les éléuieuts qui en font comme
le prototype d'une des grandes branches de l'architecture chrétienne : sanctuaire
flanqué de deux chambres latérales, naos divisé en trois nefs par une double colon-
nade, couverture de dalles en basalte posée sur une série d'arcs transversaux. Les
relevés du temenos de Deir Smêdj ne sont pas pour nous d'un moindre intérêt.
C'est déjà l'atrium de la basilique chrétienne avec son enceinte et sa colonnade
quadrangulaires. Nous y retrouvons même à l'intersection des galeries ces piliers
d'angle à double colonne, avec des dimensions à peu près pareilles, qui sont ;m
REVUE BIBLIQUE 1919. — \. S., T. XVI. ^1
iTs RtVUE BIBLIQUE.
achever les fouilles commencées et compléter les informations fournies par ce curieux
monument. L'expédition de Princeton n'a pas eu les loisirs ni les moyens puissants
exigés par une entreprise de ce genre pour répondre pleinement au désir de l'il-
lustre maître français. Mais il faut reconnaître que son passage a été fécond en
résultats appréciables. L'exploitation des ruines par les Druses du voisinage, tout
en faisant disparaître des vestiges encore visibles en 1862, a conduit les savants
américains à des constatations nouvelles, au remaniement du plan du sanctuaire de
Ba'al Samîn, à la découverte de deux autres temples jusque-là inconnus, dont l'un
est dédié à Dhousara et le second, d'un caractère plus nabatéen, demeure anonyme.
à la restauration enfin de la porte nabatéenne (début du i'^"" sièclei et de la porte
romaine, baies monumentales donnant accès aux deux parvis extérieurs. Pour
couronner cet ensemble, la trouvaille de l'inscription concernant la déesse qui per-
sonnifiait ce haut lieu au sommet aplani : Sssia -/.ol-'x y^v Aùpavc?T.v isTr.x.jîa {Seeic
dominunl la terre ifn Heur nui), suivie de ces mots nabatéens : TJ'Ti! "T N'n*2"'j; NT
(Ceci est l'image de ^'>e"i) ['2).
Les témoins du paganisme sont moins abondants dans la Haute-Syrie qu'à travers
rAuraoitide, tandis que les vestiges chrétiens s'y rencontrent à chaque pas. L'un
des plus importants du Djebel Halaqah est, sans contredit, la ruine dite Qasr el-
Benàt dont les relevés réussissent à donner une idée exacte d'un grand établissement
monastique au tournant du iv au v siècle. Son église devait être vraiment remar-
quable si l'on en juge par ce qui reste debout. L'architecte, dont la sépulture a été
retrouvée à proximité, s'était déjà fait la main en élevant quelques basiliques dans
les environs. Là il se révèle, outre technicien consommé, esprit original et génie
indépendant. Il n'a pas échappé M. Butler que ce Marcien Cyrus puisqu'il faut
à
l'appeler par son noun. fut. comme tous les créateurs, plagié un siècle et plus par
des compétences moindres. La particularité à noter dans l'église de TelTAdeh est
que, sans avoir eu de coupole, son vaisseau présente une largeur un peu supérieure
à sa longueur. Il une certaine analogie entre cet édifice et le Tychicon de
existe
Sanamên ,'3). L'église de Nimreh sur les pentes nord du Djebel Hauràn soulève
également la question des rapports entre l'œuvre chrétienne et l'architecture du
paganisme, à cause de sa similitude avec la basilique païenne de Chaqqà que M. de
BelhUmn. Le sancttiaire de la Nalivité, pp. !)l, 'M>. \û. XI, coupe des demi-colonnes accou-
(1)
plées jointes à un pilier.
(-2) M. LiUmann a déjà lait remarquer dans le Florilerjium de M. Vogué, que "''";i/* en ara-
nicen signifiait un espace nivelé, correspondant à rj îôpà TrXaxeïa ou à :^ TrXàuoç UpaTixr, des
textes épigraphiques. Ge texte appartenait au soubassement d'une statue représentant Si'.
'3) Le rapprocliemeut du Tycha;on et de plusieurs petites églises de Syrie a déjà fait l'objet
d'un article très suggestif de M. Butler dans la Revue Arcnéologiquc, iv série, t. VIII, d!>OG,
p. 't\'à.
RKCEISSIONS. oig
villa de Djemarrin à une lieue à peine de Bosra, ou l'on trouve un curieux emploi
de l'œil-de-bœuf. le palais de Inkhil, la maison de Flavios Seos à el-Haiyât. tout un
quartier de Busàn. sans compter la forteresse romaine de ed-Diyâteh, la tour à
échauguette de Kfellusîn. montrent bien que la savante équipe n'a négligé ni l'ar-
chitecture civile ni la militaire. L'art funéraire a aussi sa part dans oette étude. Au
mausolée de 'Atamàa. qui est une mauière de petit temple, déjà publié par Schu-
macher, viennent s'ajouter les tombes circulaires du Kh. el-Kbizzin et de Si', sortes
de tourelles bâties en blocs assez frustes à l'extérieur, mais soigneusement appa-
reillés au dedans, ainsi que le podium triangulaire de Si' destiné à porter trois
triomphe de Titus.
Si l'on a la curiosité de parcourir les inscriptions on retrouvera cette population
mélangée dans laquelle l'élément arabe semble dominer, surtout dans le Hauràn.
comme il ressort des noms sémitiques plus ou moins habilement habdiés a la
grecque Aziz, Asad. Taim.
: Abdallah, Aude. Ouardé, Hanouu. Garm'el.
Nàsir, etc. Une dédicace inédite sur un linteau de Sanamên date de la .5' année
de l'empereur Claude 4-3 ap. J.-C. ; c'est la plus ancienne inscription portant le
nom d'un césar romain trouvée à l'est de l'Anti-Liban. Une construction a été
élevée, nous dit un te.xte de 'Ormàn, ^i-t. 7r,v ?-/ ;j.aXoj-:xv tou Ilip-oj, après la
rcptivit'' du Perse, c'est-à-dire, après l'incursion des Perses. S'appuvant sur la
basse grécité, les éditeurs préfèrent cette ti-aduetion : « bâtie avec le produit des
dépouilles ou des captifs pris aux Perses », qui me parait un peu trop recherchée.
L'épitaphe du vétéran Valerius RomuUus, nous ramène à l'année 310; son nom
semble se retrouver sur une brique militaire découverte en Dacie. Ce qui autorise
ce rapprochement, c'est la mention même, sur l'épitaphe. de l'enrôlement de ce soldat
en Pannonie Supérieure. Très instructive aussi au point de vue du grec populaire
de Syrie la lecture de ces textes. Ici, on lit -.saoov, r,;a'îov pour îitooov, eçooov. ail-
leurs Br,o;, Xp'.Tcr,, ^josôt. ikott^, ;j.îvo:, xr,. exemples qui montrent que n'avait pas r,
encore le son i, mais qu'il était regardé comme équivalent de ;, conclusion qui se
tire aussi des papyrus où il y o de fréquentes contusions entre i. /„ z-.. L'équivalence
(Il Mission archéol. ea Arabie, 11, pi. XXVllI. Cl. R.li.. X^MK p. :m.
,2 A comparer aussi avec les reliels de la nécropole de Hereibeh, Pi..B.. I'hh». p. :,->.).
580 REVUE BIBLIUUE.
de. iç-io; dans les finales des noms propres notées dans d'autres inscriptions de
Palestine et de Syrie se retrouve naturellement à travers ce nouvel apport à
répigraphie gréco-orientale (1).
pour conclure, contre toute la tradition ancienne, à la Galatie méridionale. Les lec-
teurs savent que, dans son nouveau commentaire aux Galates, le P. Lagrange s'esl
fait le défenseur convaincu de la Galatie du Nord (2).
M. Boenders croit découvrir cette influence des mœurs celtiques au ch. 4 de
l'épître aux Galates. Presque tout ce chapitre est consacré aux rapports juridiques
élevés en dehors de la maison paternelle, qu'ils restent sous tutelle jusqu'à l'âge
militaire.
A propos des Gaulois César écrit : //; reliquis vitae inalitntis hoc ferc ab reliquis
differunt qiiod suos liberos nisi cum adoleverunt, ut munus militiac smiinere possint,
mac foesma = fils de protection, tout comme l'esclave et toutes les autres personnes
se trouvant in alicnn potestate.
Si nous supposons, continue M. Boenders, que les Galates pratiquaient ces mêmes
(1) EueieSiç,A"J{)ri>,ii;, ra-jôïVTi;. Cf. R.B., I8!»3, p. -ÎOS; 1901, p. .'^80; 190r;, p. 250; 1910, p. «o7.
(2) Colleclion Études Bibliques: Épître aux Galales pp. lxxmv, 170, (1918) cfr. p. xiii et sv.
(3) Institutiones, i, ri').
(-4) Op. laud. p. 97.
(5) De bello Gallico, vi, 18, 3.
RECENSIONS. 581
coutumes eu eommuii avec leurs frères de race, les Gaulois et les Irlandais, tout
devient clair dans l'Épître aux Gai. 4, 1-7. Et en effet dans l'état de tutelle, dont
nous avons parlé, le fils ne diffère en rien de l'esclave, le fils reste dans la maisou
du tuteur jusqu'au jour fi.xé par son père (Gai. 4, 1-2 .
Il est utile de lire ici l'application de saint Paul : « Ainsi de nous, lorsque nous
étions enfants, nous étions en servitude sous les élémentsdu monde. Mais quand le
temps fut révolu. Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sous
la dépendance
d'une Loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la dépendance d'une Loi. afin que
nous reçussions l'adoption. Et [la preuve) que vous êtes des fils, Dieu a envoyé
l'Esprit de son Fils dans vos cœurs, criant : « Abba ! Père ! » Don c tu n'es plus
esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu. » (Gai. 4, 3-7;
trad. P. Lafjvaagc.)
Résumons en un mot le raisonnement de M. Boenders : la comparaison de
l'Apôtre suppose que les enfants sont placés sous tutelle du vivant même du père,
or cela n'arrive que d'après le droit familial et les mœurs des Celtes: d'après le
droit romain et grec, au contraire, les tuteurs n'entrent en scène qu'après la mort
du père; donc, seules les idées celtiques donnent ici une explication naturelle de lii
ment, raisonnement de saint Paul suppose une simple comparaison, une espèce
le
de parabole, où tous les détails n'exigent pas nécessairement une application comme
dans l'allégorie : toute comparaison cloche. Or dans notre cas saint Paul ne considère
formellement que les temps passés de tutelle, et le passage à l'état, je dirais, cons-
cient de filiation et à l'exercice de ses droits par la Rédemption. Ce point particulier
de la mort ou de la vie du père est en dehors de la question. Si l'on pouvait prouver
que un point formel du raisonnement de l'apôtre, alors on devrait recourir
c'est là
aux mœurs celtiques: mais cela ne se prouve pas. Le raisonnement de M. Boenders
nous semble donc pécher par la base. —
.Secondement, même en supposant que
le point particulier de la vie ou de la mort du père doive entrer en ligne de considé-
ration, « le passage (en question) de l'épître aux Galates... est conforme aux usages
des Romains au temps où saint Paul l'a écrite », c'est M. Cuq lui-même, la plus
grande autorité sur la matière, qui l'affirme et le prouve dans une lettre écrite
au P. Lagrange. Ces deux propositions sont exactes, continue M. Cuq 1' L'impu-
( :
bère suijuris est maître de son patrimoine; mais il ne peut exercer ses droits sans
Vauctoritas de son tuteur. 2' Le père, en nommant un tuteur à son fils impubère,
peut fixer la durée de la tutelle 2". » Il est plus probable a priori que saint Paul se
réfère aux coutumes plus connues du droit gréco-romain, qu'aux mœurs particulières
d'une peuplade étrangère, à moins de prouver d'une manière péremptoire que le
droit romain est inapplicable dans le cas et que par conséquent la coutume celtique
s'impose; or. nous le répétons, cela n'a pas été fait.
Dans la même étude très condensée et pleine d'érudition, M. Boenders allègue
encore quelques autres parallèles supposés entre l'épître aux Galates et les coutumes
des Circassiens. qui, d'après Rarasay, rappellent sous beaucoup d'aspects les Gau-
lois. En particulier le passage de l'état de tutelle à l'admission dans la maisou
1) Loco cit. p. lU : Ik gel«'Ol dat alleen liet Keltische redit en de Keltische zedeii hier eeii
ongedwongen verklaring gcxen san Paulus" vcigelijking.
(-2) Ejjitre aux Gai., p. OT.
582 REVUE BIBLIQUE.
r
Réphaïm. — Avant la guerre, M. Paul Karge a fait uu séjour de trois ans
(1909-1911) eu Terre Sainte où il s'est occupé des monuments qui se rapportent
à la préhistoire du pays. Les résultats de ses études viennent de paraître dans un
ample volume qui a pour titre Rephcim, la Civilisatiun prchistorique de la Pales-
:
étudiants de l'A. T... On sait, en ellet, que les Israélites ont beaucoup appris de
leurs devanciers en Terre Promise et que ceux-ci à leur tour ont été les héritiers
des populations préhistoriques. « Nous savons maintenant >, écrit M. karge. « que
la Palestine et la Phénicie possédaient à la lin de l'époque préhistorique une culture
assez développée où l'on trouve déjà tout ce qu'on a l'habitude de considérer connue
l'apport cananéen à la civilisation générale. » (p. 2). L'ouvrage de M. Karge a
pour but d'attirer davantage ratteution sur ces matières (<V/,j. L'auteur reconnaît
que les données recueillies jusqu'ici ne sont pas suflisantes pour qu'on puisse essayer
une synthèse délinitive sur le sujet. En attendant des découvertes ultérieures, il
désire oUrir au lecteur une vue d'ensemble des éléments acquis et proposer une
synthèse provisoire (//v.j. Voici le contenu de son livre fort intéressant.
Après un chapitre où l'on trouve un recueil des passages de l'A. T. qui ont un
rapport avec les Ages de la pierre et une indication sommaire des travaux plus
récents qui touchent à son sujet tpp. MO}, et un second qui traite de la première
apparition de l'homme en Palestine avec les conditions géologiques qu'elle présup-
pose (pp. 16-o7), l'auteur passe en revue les restes de la civilisation paléolithique
aux chapitres ii-iii (pp. 37-114). Les six chapitres qui suivent sont consacrés à
l'époque de la pierre polie. Ch. v : Caractère général de l'époque avec liste des
stations néolithiques se trouvant en Palestine et en Phénicie. Ch. vi : Groupement des
RECENSIONS. o83
néolithique d'après les résultats des fouilles de Gézer, Jéricho, Megiddo. Ch. \iii :
La plus ancienne céramique. Ch. ix : Description des cavernes, des dolmens et des
autres monuments méjialithiques à l'ouest du lac de Génésareth et à Kurun Hattin.
Le ch. X 'de 3.30 pages!, traite des dolmens dans la Palestine orientale et occiden-
tale; de leur origine, développement, signification religieuse et de ceux qui les ont
construits. Plusieurs tables complètent le volume et en facilitent l'usage.
Dans un ouvrage qlii vise surtout à recueillir des données acquises on ne s'attend
pas à trouver de l'inédit. Le volume, pourtant, de M. Rarge en contient. On doit
même dire que l'auteur a commencé sa publication dans l'intention de faire part
pas notablement de son prédécesseur dans ses conclusions principales. Autant dire
que le jugement porté sur le volume par les éditeurs de la société Gôrres est exagéré.
Us écrivent « Par cet ouvrage l'histoire ancienne de la Palestine est mise sur des
:
dans ce volume que les découvertes déjà signalées et on ne voit pas en quoi
celles-là sont capables de changer les bases reçues de la préhistoire palestinienne.
Pour être tout à fait juste il faut ajouter que nous ne trouvons point chez M. Karge
une semblable prétention. Il se contente d'exprimer le vœu auquel nous nous
associons volontiers que son ouvrage attire un plus grand nombre d'étudiants à
:
Mil" siècle près du mont Sinaï. Les sigles des deux mss. sont A et A'/. M. Sanders
donne de chacun une description soignée, y compris les particularités d'écriture et
de langue. Le ms. A lui paraît se rattacher pour la qualité du texte moins aux
anciens mss. de Bible entière qu'aux psautiers, dont il est le plus ancien exemple.
la
que rarement ailleurs. La conclusion c'est que ce ms. donne un très bon tableau du
psautier chrétien primitif. Le m?. \" a les mêmes caractéristiques, mais moins
accusées.
Malheureusement il n'a pas été possible de recouvrer tout le texte. M. Sanders
a encadré ce qui reste dans le texte de Swete. excepté lorsque l'espace manquant
paraissait suggérer une variante. Les variantes de Swete sont indiquées au bas des
pages. Quelques beaux fac-similés donnent une idée des mss.
Le dernier ras. édité est un fragment des épîtres de saint Paul (2). C'était le moins
bien conservé des quatre. A l'origine, joint au ms. des quatre évangiles, il formait
avec lui un Nouveau Testament complet, sauf l'Apocalypse. Actuellement il com-
mence à I Cor. 10, 29 et contient quelques parcelles de toutes les autres épîtres de
Paul. L'épître aux Hébreux suit la seconde aux Thessaloiiiciens. Le ms., désigné
par la lettre L a été écrit en Egypte au vr* siècle. D'après M. Sanders il appartient
The old Testament manuscripls in t/ie Freer collection. Part II The Washinglon manus-
(1)
cript ol Uie Psalms, by Henry A. .'^A^•DF.r.s, university of Micliipan. In^", pp. vin -t- 105-357; New
York, The Macraillan Companj-, loi". Prix —
2 dollars net. :
(-2) Vol. IX. Part II. The Washinfiton fragments tuf thc Epistles
of Paul... In^" pp. vu, 249-315.
— Prix . 1 dollar 23 net.
'
'<•
BULLETIN. 585
versions se rangent en diverses familles. Il est clair que le Vaticanus (B) et le Sinaiti-
cus (N) forment un groupe distinct des textes que tout le monde qualifie d'antio-
chiens, l'ancien lextvs r'^ceptus. et des textes qu'il ne faudrait plus nommer occiden-
taux, quoique Westcott et Hort aient conservé ce nom dont ils savaient l'inexactitude,
et que Gregory n'hésite pas à qualifier de retouchés {ubevarbeiteter Text). On dira
que ce nom préjuge la question. Elle est en elfet jugée pour tous ceux qui sont mis
au pied du mur, c'est-à-dire qui ont à éditer un Nouveau Test-mient grec. Les
exégètes amateurs ou friands de nouveautés iront longtemps encore chercher des
leçons dans l'ensemble des textes retouchés. Mais aucun éditeur n'a osé les prendre
pour guides. Et la raison en est simple. Ces textes, — ce sont surtout les textes latins
anciens et les mss. syriens de Cureton et de Mrs. Lewis — ont bien un trait commun,
le sans-géne vis-à-vis de l'original et ils se rencontrent assez souvent: mais enfin
4) The catkoUc student's Aid.f > lo tlie xludy of llte liible. hy Hugli Popf. 0. P., S. T. M.,
I). Late prnfessor of ncnv Testament exegesis in tlie coUegio angelico, Rome. Willi préface
S. Scr.
!)> Cardinal Gisuukt, O. .''. P. Vol. II, The Xcw TcsUimcnt The liospels^. In-16 do xiv-WS pp.
^vashhourne. r.ondon, t9IS.
•j8G REVUE BIBLIQUE.
on ne saurait en tirer uu texte qui soit celui de tous. A ceux qui se contenteraient
d'une raison d'autorité, assurément valable puisqu'il faut bien s'en rapporter eu
pareille matière à ceux qui pratiquent les mss.. nous dirions (]ue l'accord de von
Soden — malgré sa méthode détestable — avec Tischendorf et AN estcott-Hort est
d'autant plus frappant qu'il a construit d'après un système tout différent et que ses
explications ne sont pas les mêmes. Soden attribue les ressemblances fâcheuses à
l'influence de Tatien. L'explication nous paraît fausse; mais ce n'est pas l'explica-
tion quila décidé quant au caractère inférieur du texte retouché. Il est juste de
dire comme on connaît les saints, on les honore. Il est moins prudent de prononcer
:
condamnant un ipeners. Mais enfin quand on a pris les mss. Sjrcur. et Syrsin. si
introduits par le Codex Bezae (1), quand on sait bon gré à saint Jérôme d'avoir rap-
proché l'ancienne latine d'Europe des meilleurs mss. de lui connus, on éprouve
une défiance bien justifiée envers cette tradition, si ancienne qu'elle soit. Et lorsqu'on
sont précisément quelques cas exceptionnels qui ont rehaussé l'autorité de cet ancien
texte, disons de ces anciennes versions. Mais si l'on parcourt les textes d'un bout à
l'autre, encore une fois leur infériorité n'est pas douteuse.
Cette question tranchée, et elle doit être présentée comme tranchée aux étudiants;
on pourra se livier aux conjectures sur l'origine des faits, opposer la polygénie qui
attribue les mêmes elïets aux mêmes causes, au monogenisme qui recherche une
autorité positive agissant partout, ïatien, par exemple.
Le recenseur opine qu'on doit unir les deux explications, étant d'ailleurs bien
entendu que le sans-gêne était inspiré par bon motif d'avoir un texte plus com-
le
plet, plus clair, exempt de écrit. Dire que le sens importe plus
difficultés, mieux
que la lettre, c'est naturellement un non-sens pour le critique moderne; car qui
prétendrait améliorer le sens en sacrifiant la lettre? Mais des traducteurs poursui-
vaient le sens comme ils pouvaient, et une fois que le doute planait sur les textes, il
leur paraissait naturel de préférer les plus clairs et les plus coulants. Mais nous avons
décidé de ne pas confondre la constatation du fait et son explication. L'essentiel est
de fermer la porte à ceux qui préteudent reviser une chose jugée dans l'ensemble
sous prétexte (\\iff-\e condamné n'a pas toujours eu tort. Et il en est de même de
l'autre cause engagée entre B avec N et le gros des mss. antiochiens. Le P. Pope a
l'impression que Westcott et Hort font une pétition de principe (p. 144). Le tort de
ces savants a été de ne pas s'expliquer assez. H eût fallu un apparat continuel et
une série de notes pour prouver le bien-fondé de leur choix. C'est à létude qu'on
s'aperçoit de leur tact. Quand le ms. B a fourni maintes fois des preuves palpables
de sa supériorité, on est incliné à donner raison quand les choses sont moins
lui
claires. Au premier abord il semble que von Soden l'ait dépouillé (lui et son cama-
rade n) de son caractère de neutral, que nous traduirions volontiers par primitif.
Mais la réaction en faveur du texte reçu se réduit à peu de choses. Le recenseur
(1) Le p. Pope parait peu sympathique à la latiiiisaiion de ce nis., si bien établie pur M. Uendei
Barris et acceptée par M. von Soden. Et voici que M^"^ Mercati étahlit, d'après ses caractères
comme ms., son origine latine On the non grcek origin ol ihe Codex Ikzae {Tlie Jovin. of thcol.
:
estime qu'en eUet le goût de W H pour B les a eutraînés trop loin. Uue lois ou
l'autre ils ont eu tort de le soutenir contre la presque unanimité des témoins. Il est
cependant certain que dans l'ensemble Soden est venu joindre son suffrage à celui
de Tischendorf et de W II contre le texte reçu. La cause a été jugée de la même
manière. Que si von Soden représente cependant une légère réaction en faveur des
textes S3Tiens, c'est le plus souvent en préférant des leçons plus coulantes, plus
correctes, et s'il fallait deux éditions, von Soden obtiendrait-il la
choisir entre les
majorité des suffrages, même
en Allemagne? Le suffrage de Gregory, que le P. Pope
ne nomme pas, en faveur des savants anglais, est bien notable de la part d'un critique
qui s'est fait tuer à soixaute-dix ans dans l'armée allemande. L'opposition du Dean
Burgon n'a plus qu'un intérêt rétrospectif. Le Textus receptus est certainement un
texte « amélioré », c'est-à-dire éloigné de la pureté primitive, et comme la tradition
antiochienne est beaucoup plus ferme que celle du texte dit occidental, on a conclu,
on doit conclure à une revision. Le silence de l'histoire sur ce fait n'est pas une
raison pour le nier.
Autre point certain. La version syriaque Peschitta est par rapport à la version
contenue dans les mss. Cureton et Lewis ce qu'est la Vulgate hiéronymienne par
rapport à l'ancienne latine d'Europe. Il est beaucoup moins sur qu'elle soit l'œuvre
de Rabboula, évêque d'Édesse i412-435'. dont la date paraît bien tardive. Et l'on
discutera longtemps encore sur l'antériorité de Tatien ou de la version syrsin.-cur.
Ainsi nous continuerons à distinguer les points solidement établis des hypothèses
qui s'y greffent ou qui prétendent les expliquer.
Dirons-nous encore que le P. Pope nous paraît trop réservé aussi sur les résultats
obtenus dans la critique littéraire des Évangiles? Mais il faudrait entrer dans une
discussion qu'il a voulu éviter, non sans sagesse, dans un manuel. Et vraiment les
étudiants auront assez à faire pour se pénétrer de ses leçons, et il les aura bien
préparés pour aborder d'autres problèmes.
Les Études ''langéliques i^] de M. l'abbé Many sont surtout relatives à l'enfance
du Sauveur. Ce sont des tableaux plutôt que des enquêtes, mais placés dans le cadre
de l'histoire. M?"^ Gauthier a .marqué dans sa préface " qu'elles sont remplies d'une
onction et d'une poésie qui éveillent de bien douces émotions ». Si bien qu'on serait
tenté de donner à ces « études » le nom de Méditations, mais de méditations qui
reposent sur une exégèse sérieuse. Sans discuter, et regardant donc ce point
comme acquis, M. Many distingue Marie-Madeleine de la pécheresse de Luc, et ne
dit pas un mot qui permette de voir en elle 3Iarie de Béthanie. \ous voilà bien loin
de M. Paillon.
Dans un appendice, M. Many étudie d'un peu plus près la date de la naissance
de Jésus-Christ. 11 conclut pour l'an 749 de Rome, et il n'y a rien à objecter à la
conclusion, quoique les arguments ne soient pas tous de même valeur. Qu'Hérode
soit mort au printemps de 750, c'est un point si généralement admis qu'on s'étonne
de lire qu'il « a échappe à la diligence d'un grand nombre d'auteurs » (p. 280
.si .
Ne serait-ce pas que M. Many ne lit guère certains auteurs récents? On s'en dou-
terait d'après ses citations ordinaires. 11 date les années de Tibère de sa puissance
tribunitienoe, conjecture sans fondement. Et s'il a très bien compris que Macrobe
{Sat. II, 4) a mêlé le cas d'Antipater, fils d'Hérode. à celui des Innocents qu'il
connaît par saint Mattlûeii. il ne lui est vraiment pas permis de tirer argumeut de
cette confusion pour fixer la date du massacre. Par ailleurs il est d'une bonne
critique de regarder comme « une hypothèse gratuite » la complicité d'Antipater
dans ce fait, d'après le P. Patrizzi.
11 n'est pas très aisé de se rendre compte de la méthode suivie par M. Ejarque
dans sa brochure sur la « Fraction du pain (1 ». Une première section est consacrée
à la fractiondu pain chez les exégètes, une deuxième passe en revue les auteurs
noa catholiques, enfin la troisième section revient sur le Nouveau Testament et la
tradition chrétienne primitive. On ne peut qu'approuver l'auteur de voir dans la
a seulement fait des réserves (RB. 1898, 305) sur un argument relatif à la date. Il
ne lui semble pas que la fresque doive se traduire expressément fractio panis, mais
simplement Eucharistie au moment de la fraction du pain [L'Eachnrhtie, 5 éd.,
p. 18*)). M. Ejarque cite plusieurs auteurs allemands et beaucoup de grec; mais
combien mal a-l-il été servi par les imprimeurs! Ce serait à renoncer non seulement
à l'accentuation, mais même au grec. La multiplication des sigles S. J. après certains
noms, à l'exclusion d'autres analogues, et accompagnés des épithètes de sahio,
oruditisùno, célèbre, cclehrrr'uuo, a quelque chose d'assez puéril.
d'alliance (2) pour sujet de sa thèse de doctorat en théologie. L'ouvrage est divisé en
trois chapitres d'inégale importance description de larche, histoire de l'arche, :
est moins attaquée que la présence des tables du Décalogue dans l'arche. On a voulu
(1) La « Fraccion dcl pan • en los jirinieros temiios del Ciistianismo, por D. Uamon Ejahole,
Pbro, Doclor en Sagrada Teologia y profesor de Sagrada Escritura por el Pont, instituto l)iblico
(aujourd'hui Professeur d'Écriture Sainte au séminaire conciliaire de Tortosa (ïarragona*. In-8
de 101 pp.. narccloiia. Estableciemento Tipogràfico de Mariano Galvc, 1!M6.
(-2) De Arca foedcris, Dissertatio arcliaeologlco-liistorica Veteris Testament! delineationibus
cinata pro gradu doctoratus in facultate theologlca Friburgcnsi oblinendo, a P. C.audentio Oiuxi i
9, S et II Pcir. 5, 10.* On a supposé que l'épître aux Hôbreux aurait voulu décrire
précisément la situation au temps du désert, situation qui aurait été changée plus
tard, et cette solution agrée au K. P. parce qu'elle pruf se concilier avec Nura.
17, 23 et Ex. 16, 33. Pourtant " en face du témoignage « (Nura. 17, 25 et non 23'
ne peut signifier « dans l'arche », et il serait bien étrange que l'épître au.x Hébreux
se soit préoccupée de dire exactement ce qu'il y avait dans l'arche à une époque
donnée, d'autant qu'elle parle du culte ancien non pas tel qu'on le pratiquait réelle-
ment à telle ou telle période, mais selon sa portée scripturaire d'ordonnance ancienne.
Pour cela il lui suffisait de classer les objets selon un ordre de sainteté et elle Ta fait
avec une approximation suffisante. A propos des Chérubins, le P. Orfali discute les
diflerentes solutions assyriennes. Il n'a pas mentionné la plus vraisemblable, les
Ka-ri-ba-u-li retrouvés par le P. SclieTTa' côte'' des la-ina-az-Z'i-a-ti {Textes élamfti'S-
sémitiques, If, p. 167 , non plus que rétymologie la plus naturelle de koràbu, en
assyrien « protéger, être sémitique du nom
favorable ». D'ailleurs l'origine
n'emporte pas une traduction plastique assyrienne à propos de l'arche. Le P. Orfali
pouvait donc mettre en relief les analogies égyptiennes, et il se pourrait très bien que
les Chérubins de l'arche aient été en effet des figures d'hommes avec des ailes,
comme celles qu'on voit aux coffres égyptiens. C'est l'expression de l'auteur : qaoles
apud Aeguptios <:onspicimiis ip. 44 ,
quoiqu'il tienne à ajouter que ce n'était pas une
reproduction pure et simple. Il voit en effet un grave inconvénient à ce que ces
images aient été empruntées à un culte idolàtrique, quoiqu'il ajoute aussitôt, avec
saint Chrysostome, que des emprunts matériels n'empêchent pas un sens plus relevé.
Le R. P. Orfali rencontre sur son chemin la question de l'écriture au temps de
l'arche était-elle présente chaque fois qu'on offrait un sacrifice? Pour éviter de la
faire voyager, >L Poels Le sanctuaire de Kariath-Ieorim, Louvain, 1894; avait
imaginé de fondre plusieurs sanctuaires en un seul. Le P. Orfali se tient sagement
en garde contre une simplification qui eût causé tant de bouleversements sur le
terrain. A propos de iMaspha, il ne cite pas l'identification assez vraisemblable avec
Tell-Nasbeh. Mais du moins il tient >ob, Maspha. Gibe'ah, Gibe on et même Gibea
pour des lieux distincts. Il lui faut donc conclure que les sacrifices pouvaient être
offerts en divers lieux, parce que la loi du Deutéronome ne s'appliquait pas avant
la construction du Temple, et que si elles'appliquait, on pouvait s'en dispenser.
Quant à celle du Lévitique (17, 3 s.), il a pensé sans doute qu'elle n'était applicable
qu'au désert. C'est l'explication de M. Vigouroux. TJne dernière difficulté vient du
texte de II Macch. 2, 1-8, sur le sort futur de l'arche. D'après le P. Orfali, l'auteur
du fivre donnerait ces mots comme extraits des écrits de Jérémie. En réalité l'auteur
sacré laisse la parole à la lettre des Juifs sans garantir leurs appréciations littérai-
de Bel en Éiymaïde en 187; les indigènes fondent sur lui et le Tnassacrent. Eu 164.
Antiocbos IV Épipiianès entreprend de piller en Eiymaïde le temple d'A.rtémis: il
échoue, et pendant sa retraite il meurt misérablement à Tabai. Dans son Histoire des
Séleucides, M. Bouehé-Leolercq n'a pas résisté à la tentation de regarder la seconde
histoire comme surchargée au moyen de la première. Et les auteurs responsables
de cette erreur historique seraient les chroniqueurs juifs, en particulier les auteurs
des deux premiers livres des Macchabées... c< Rencontrant le nom dWntiochos mêlé
I diverses histoires de sacrilèges punis, de l'aveu même des païens, par une mort
prématurée, [les Juifsj y ont reconnu à première vue et sans s'informer davantage,
non pas Antiochos le Grand, qui avait été leur bienfaiteur, mais leur tyran abhorré,
l'Impie par excellence. Antiochos Épiphane frappé par lahveh. Ils ont été ainsi
amenés à lui imputer, outre ses propres crimes, le méfait de son père ». « L'opi- —
nion, une fois Gxée et répandue dans le monde par les Juifs, a pris peu à peu la
valeur des assertions qui n'ont pas été réfutées à temps (D... y
M. Maurice Holleaux a examiné ce système. Il est bien éloigné de se scandaliser
de la critique radicale d'une tradition reçue, et il n'est certes pas apologiste des
Livres Saints, puisquil entend procéder abstraction faite des « fantasmagories » des
écrivains Israélites. Il se tient sur le terrain de l'histoire profane, il se sert de ses
témoignages pour établir solidement la réalité des deux faits 2). Il n'en aboutit pas
moins à ceci, que les deux premiers livres des Macchabées « semblent apporter à la
tradition profane une conlirmation qui. bien qu'indirecte, n'est pas négligeable »
et, de plus, ce hors-d'œuvre ne laisse pas d'être assez fâcheux... Il a tort de faire
naître quelque doute sur l'origine du châtiment divin dont Épiphanès est la victime.
Est-ce bien lahveh qui l'a puni? JNe serait-ce pas, d'aventure, ce faux dieu pour
lequel, comme dit saint Jérôme, les barbares professaient une vénération singu-
lière?... Aussi n'est-il pas croyable que les chroniqueurs juifs aient emprunté à la
biographie d'Antiochos III, pour le transporter dans cell.e de son fils, ce qu'ils
relatent de la conduite de celui-ci en Eiymaïde ou en Perse. On n'imagine pas qu'ils
se soient donné la peine d'être si sottement maladroits. Si l'outrage fait à la divinité
du pays barbare dans leur
a place récit, je n'en puis trouver d'autre raison, sinon
qu'il avait place auparavant dans la biographie authentique d'Épiphanès. L'événe-
ment était connu, célèbre, solidement attesté; c'est pourquoi l'on ne pouvait se
dispenser d'en foire mention ", etc. (/. /., p. 96 ss.).
ont remarquer que ce passage est extrait d'une lettre des Juifs, citée dans un
Fait
livre inspire,mais qui n'est pas pour cela revêtue de l'inerrance attachée à l'inspi-
ration. Car il est vraiment impossible de résoudre la difficulté comme le Manuel
biblique, par la supposition que les Juifs parlaient d'Antiochos le Grand.
ijions, et tome P' a paru (1). On sait qu'en France les savants catholiques se
déjà le
sont partagé le travail; M?"^ Valbuena n'a pas hésité à assumer seul une aussi lourde
tache. D'ailleurs il ne se donne point comme spécialiste dans tant de sphères, et il
indique soigneusement ses autorités. Les travaux de l'École biblique de Jérusalem
sont constamment en bonne place: c'est une consolation pour nous de penser qu'ils
n'ont pas été sans quelque utilité pour un théologien aussi traditionnel. Dans le
premier volume, trois livres : La religion primitive, les religions chamites, les reli-
gions sémitiques. Ne pouvant ici suivre l'illustre auteur dans le détail de son expo-
sition, nous nous arrêterons à cette partition elle-même. Quel avantage y a-t-il à
mettre sous la même rubrique la religion du pays de Canaan et celle des Égyptiens?
Il est évident pour tout le monde que les Ba'al et les Astartés ressortissent à la
même religion que Bel et Ichtar, qui appartiennent d'après M='' Valbuena aux
religions sémitiques. C'est-à-dire qu'il faudrait s'occuper des religions sémitiques
sans prétendre savoir de quelle souche étaient issus leurs adhérents. Les religions
sémitiques ne sont pas celles qu'ont professées les descendants d'un homme nommé
Sera, mais celles qui régnaient dans un groupement de peuples parlant des langues
apparentées. Il y a dans un certain rayon des langues semblables, des religions
semblables, des usages semblables. Les langues sont dites sémitiques, les habitants
sont nommés Sémites, comme les Français et les Espagnols peuvent d'une certaine
manière être nommés latins, par la langue et par la profession de la religion catho-
lique romaine. Ce sont les Français et les îiSpagnols qui sont responsables de certains
usages religieux, quoi qu'il en soit des races qui ont occupé les deux pays. Or on ne
Mo'" Le Roy. L'ouvrage de l'évêque d'Alinda sur La reluiiou des primilifs a certes
été mis très à proQt, et cependant il lui est reproché assez durement de partager
les vues de M. S. Reinach sur les peuples primitifs, car « il admet avec le Juif que
c'est parmi les sauvages que doit se chercher et se rencontrer la religion primitive,
ce qui est réellement trop fort et nullement conforme ni aux enseignements catho-
liques, ni à la science historique » (p. Gl). Ms'' Le Roy est même formellement
ne se sont pas développés dans l'ordre du savoir-, c'est pourquoi on les nomme
primitifs. Quant à la révélation primitive, comment fut-elle conservée après la
religion des anciens Arabes, un tableau beaucoup trop flatte. Mais, encore une fois,
temps n'y sont pas conçus comme en grec, cela suppose donc qu'il y a quand même
des temps construits sur un autre type, et ajouter Seiisu>: sempcr ex contextu inres-
tif/ari débet, c'est renoncer à faire office de grammairien sur ce point délicat. Si
bien qu'il n'est proposé aucune distinction de l'usage copulalif du waiv et de son
usage dit consécutif, et que l'exemple donné d'une proposition copulative est en
réalité une proposition consécutive ^p. 73 Au surplus on peut se demander si .
l'hébreu moderne sera en état de maintenir cette nuance délicate, qui distinguait
autrefois l'hébreu des autres langues sémitiques. Acceptons donc le plan d'une
grammaire pratique. Les étudiants sauront bon gré au R. P. d'avoir colligé pour
eux ces séries et d'avoir énoncé l'essentiel des règles de la syntaxe clairement et
exactement (2).
qu'il traduit liligavil, V'I iudicavil, etc. traduisant ainsi l'infinitif par le parfait; il eùl mieux
valu mettre l'infinitif en latin, comme dans le cas de riT2 etc. C~N (p. !)3) est plutôt ru/us
<iue rubiiit, d'autant que l'infinitif n'existe pas en hébreu biblique. Comme l'auteur renvoie
constamment à la Bible, on se demande où il a pris D''7''rî "ittJiN (p. 3). La Bible n'emploie
jamais ces deux mots, et avec "iTw. ^*111rf, '• > a toujours l'article .levant D'iSTI- — P- '"'' '• ^^
lire n^M au lieu de NQ". On sait d'ailleurs combien il est difficile d'aboutir à un hcbreu
ponctue très correct, et il faut féliciter le R. P. du résultat qu'il a obtenu.
(3) Florilegii hebraici lexicon quo illius vocal)ula latine et ijeriîianioe versa conlineutur,
BULLETIN. 593
sera fort utile aux lecteurs du Florilège. Mais coniprendroDt-ils que. le même mot
'anah puisse signifier respondit etc. eipassiis est? Pourquoi ne pas distinguer deux
racines?
Nouvelles Revues. —
Il existe aux États-Unis depuis longtemps une American
Oriental Society. Eu 191 7 on y a fondé une nouvelle société du même genre, The
Society of Oriental Research, avec un organe spécial (1). Le Recteur de la Société est
le Rev. Professeur Samuel A. B. Mercer. Les membres sont recrutés parmi les
of king Teumman of Elam (Haupt); Syriac si fui, lip, and sâwpâ, end (Haupt);
Reviews.
Le même Rev. Samuel A. B. Mercer est à la tête d'une nouvelle revue, Angli-
can theological Revieiv (2). L'église épiscopalienne d'Amérique, consciente de sa
vitalité, a voulu avoir un organe théologique à elle, et cependant elle a préféré le
nom d'Anglican à celui d'Episcopal. Elle se rattache ainsi très ouvertement « à
cette partie et à ce type de la chrétienté dont le centre peut être dit à Cantorbéry ».
Les questions bibliques seront naturellement souvent abordées.
Voici le sommaire du premier numéro. The problem of Evil in the Présent State
of the World (Dickinson S. Miller); Morals of Israël, I. Pre-prophetic Morals
(Mercer); Troeltsch es. Ritschl A study in Epochs (Leicester C. Lewis);
: A New
Testament Bibliography for 1914 to 1917 Inclusive (Frederick G. Grant); Critieal
Notes (John A. Maynard). Reviews. Notes and Comments.
cipal, de ce que l'auteur nomme l'école large en exégèse. Mais l'équité exige d'abord
que cet article soit complété. Cuiqne sumn.
Dans le n'^ du 21 février 1903, la Civilià publiait un article intitulé i{i66ïa t'</ « alta
critica ». Sou but était de distinguer jusqu'où s'étendent les droits de la critique,
et par conséquent ses devoirs, car, sous l'impulsion des Lettres apostoliques Vigi-
lantiae, l'auteur poussait résolument les catholiques à l'emploi de la critique. Il va
sans dire que le principe catholique était maintenu :
— Ogni qualvolta un testo
ispirato afferma alcuna cosa circa l'autore od altra cosa simlle di questo o quel
libro ispirato, la sua testimonianza dev' essere ricevuta indubitamente per vera
edidii Dr Hubertus Lim)i:m\nn, professor iii symuasin (rium Rcsuin Coloiiieiisi, iii-8'^' de 82 pp.
Fribourg-en-Brisgau, llerder, 1914.
yi) Journal nf llw Socicli/ i>f OriciUal Research, Ediled l)y Samuel A. U. iMEiieiiK Professor in
llie Western Theological Seiuinaiy, Chicago. —
The Society of Oriental Research, 273S Washing
ton Boulevard, Chicago, Illinois.
(-2) Edited by Samuel A. \i. MracKR and Leicester C. f,Ewis, l'rofessors in the Western Theolo-
gical seminary. Chicago, iii Collaboration with Représentative Scholars throughout the Cliurch,
vol. 1, niay 191S number, I. l'iiblished by the Columbia Iniversity Press, Columbia Universily,
New York. Trimestriel, quatre dollars.
REVUE lUULIQUF. 1919. — N. S., T. \VI. .38
594 REVUE BIBLIQUE.
(p. 399). Mais ce principe était accompagné de restrictions : il fallait qu'il fût
certain que le texte est authentique; de plus : che il testo sia fuor d'ogni dubbio
inspirato, ed è bene notare subito che non si tengono per ispirati i titoli dei sacri
libri, tanto greci che ebraici, enfin —
che certamente non abbia luogo alcuna
:
pseudonimia. Suit un examen de la doctrine des plus grands docteurs. Tutti ripu-
tavano che la questione intorno gli autori dei libri sacri fosse non teologica, ma
storica; dovesse quindi definirsi secondo i canoni délia storia e délia critica. Appli-
cations : Wè gli antichi Padri si sentivano comechessia impediti da questa tradizione
cristiana. Come pel simpliee motivo délia proprietà dello stile dubitavano di Salo-
mone, quale autore délia Sopienza, cosi dubitavano, precipuamente per tal ragione,
se S. Paolo fosse autore dell' Epistola agli Ebrei. Il quai fatto è per noi argomento
certissimo, ch'essi tenevano quella tradizione non già per divina od apostolica, ma
per luiiana soltanto. Tutti sentiamo intimamente che cosi è e dev' essere (p- 400).
Qui sont ces tutti? Toute la rédaction? Tous les exégètes de la Compagnie? Il doit
y avoir là quelque exagération. Autres questions qui doivent être remises agli
studiosi periti nella critica e nella storia : .. 1) La questione, se uno scritto, accolto
nel canone come un libro solo, sia di un solo o di lùu autori; ad esempio se il
Pentateuco, come ora l'abbiamo, contenga tùttavia il ludicium régis che dice si esservi
stato inserito da Samuele (I Savi. 10, 25) La questione, se lo scritto, dato nel
2). 2)
canone come un libro solo, non si componga invece di due ben distinti; ad esempio,
se quanto corre sotto il nome d'isaia, non siano inve,ro duc libri, detti poscia Pro-
toisaia e Deuteroisaia, etc. (p. 407)... Tutti questi problemi sono per se medesimi
storici e non teologici. Saranno teologici e storici insieme solo nel caso, già indicato
pin sopra, che cioè quaiche testo genuino ed ispirato lo allermi apertamente (p. 408).
De plus, pour accorder la Bible e la rosidetia alla critica, il faut : Soiogliersi pron-
tamente délia stima esagerata délie tradizioni giudaiche, propria non dei cattolici,
ma dei vecchi protestanti. Par exemple Chiedi a S. Girolamo, se
: la forma présente
dei Pentateuco debba con miglior diritto a Mosè autore, overo ad Esdra
attribuirsi
compilatore e dira :
— Non euro. Chiedi a S. Gregorio Nazianzeno intorno al tempo
in cui furono scritti i Salmi, ed affermera Non se ne occupa punto Jo Spirito Sanfo.
:
La même Civiltà avait mis hors de cause les expressions qui pourraient paraître
inexactes en matière scientifique {Tradizione e progressa neWEsegesi. La Bibbia e le
scienze; 16 août 1902). Après avoir traité la question dès jours de la création, qu'on
peut qualifier en effet de scientifique, plutôt que d'historique, l'auteur ajoute : Cosi
anche per il diluvio, per il quadro etnografico dei Genesi, per la confusione délie
lingue : cosi quasi tutti gli esegeti contemporanei convengono che il cataclisma non
ha avuto il suo raggio di azione in tutta la superficie délia terra, che l'elenco dei
popoli enuraerati al capitolo X dei Genesi non comprende tutta l'umana famiglia,
che la confusione délia torre babelica non si estese a tutti gli uomini allora viventi,
insomma che la parola tutti, in questi luoghi e altri simili, deve intendersi d'una
universalité relativa, determinata dalla conoscenza attuale dello scritlore ispi-
rato (1) (p. 427). Assurément les exemples choisis sont peu compromettants. On
évite de dire que ce tutti, qui n'en est pas un, pourrait s'appliquer aux hommes au
temps du déluge. Enfin le principe est posé de raisonner pour l'histoire comme
pour les sciences, Cosi, parce que telles étaient les connaissances de l'auteur
inspiré.
sione del testo non la fecero ne potevano larla i Padri i più de' quali anzi né anco
ebbero in inano il testo priiuigenio dell' antico Testamento ne pure la potevano ;
tare i primi esegeti cattolici clie liorirono ne' prinii tempi dopo la Riforma, la
maggior parte de' quali si puô dire con verità clie illustrarono i libri sacri di annota-
zioni anzichè di commentarii seguiti, ma degli apici critici nessuno ebbe conos-
cenza (1) (p. 584). Et ces apici ne se réduisent pas à la critique textuelle : Corne
anche uella scienza biblica una più esatta osscrvazione
nelle altre scienze positive,
dei faiti ha condotto ad una più esalta cognizione delV argomento (2). Quel fatti
s'aggirano intorno alla forma esterna de' libri sacri, non escono dal campo critico
e storico, non entrauo in question! di fede e di costumi ma forse che par via délia :
forma esteriore non si manifesta il senso interno e il carattere proprio délie cose ?
Sicchè il melodo critico non puo altro che promuovere l'intelligenza de' libri sacri.
Che se linora in questo génère faticarono soprattutto scritori non cattolici, etc.
(p. 585). Aussi l'auteur ne s'étonne-t-il pas de la méthode employée par M. Scerbo
{Il vecchio Testamento e la critica odierna, 1902) Venendo alla seconda maniera
:
di critica, cioè la storica, il ch. autore a ragione non condanna principii, ma gli i
abusi. Per es. egli (p. 12 ss.) è persuaso che red- il testo del Genesi dall' autore o
datore ispirato tu composto in base a due documenti... In particolare, col confronto
délia versione Greca, dimostra che furono intrecciate due narrazioni dello stesso
fatto Gen. 43, (3) 1-7 (Vulg. 47).
Enfin la Civiltà laissait paraître que le dictionnaire de M. Vigourou.v lui paraissait
un peu arriéré. Elle le défendait charitablement, parce un diction- que tel doit être
naire, et à cause du degré de préparation du public catholique Che la sollecitudine :
per la tradizione non tempérasse talvolla le esigenze délia critica, era difficile ad
evitare, atteso il grado di preparazioae del pubblico cattolico (6 juin 1903, p. 581).
Aussi l'auteur de l'article Judith a-t-il sagement agi en n'abandonnant pas résolu-
ment rh'storicité, d'autant qu'il s'est gardé dal far credere che fino ad ora si sia
trovata una soluzione soddisfacente (p. 581).
J'avoue que le zèle de la Civiltà pour
la critique nouvelle ne va pas plus loin
que cette date d'août 1903. Mais la Civiltà de 1919 qui donne des échantillons du
P. Lagrange aurait pu en trouver d'aussi savoureux dans un livre du R. P. de
Hummelauer. il est vrai, son opuscule Exegctisches zuv Inspirationsfrage
Elle cite,
qui a exposé in modo
più sistematico la théorie des genres littéraires elaborata e
perfezionata dalla Revue biblique e dal suo direttore (p. 285j, mais ne convenait-il
pas de réfuter cette théorie d'après celui qui en a fourni l'exposé le plus systéma-
tique? D'autant que les premiers linéaments du système du R. P. de Hummelauer,
et spécialement sa contribution propre, destinée à perfectionner, même après la
Revue biblique, la théorie des genres littéraires, se trouvent — dans la Civiltà
du 17 janv. 1903! Je
cattolica fais allusion à sa théorie du raidrach qu'il définit ;
(1) Temps que l'on nomme aujourd'hui « l'âge d'or de l'exégèse catholique », ce qui peut
être vrai pai- comparaison.
(2) Souligné par l'auleur.
C3) Il doit y avoir une faute d'impression pour ce ciiiffre. Sur cet exemple, cf. RB. 1898, p. ir,.
596 REVUE BIBLIQUE.
cité est le livre des Jubilés, qui n'est point canonique, mais l'intention de l'auteur
n'était-elle pas de nous avertir qu'il y a dans la Bible quelque chose de semblable et
qu'on doit interpréter de la même manière? D'autant qu'il conclut : Ghi poi vuol
formarsi un sicuro giudizio intorno al génère di verità dei singoli documenti del
Vecchio Testamento, tenga anzitutto bene a mente, che egli dovrà pensare, parlare,
giudicare, corne pensava, parlava, giudicava un antico Ebreo (p. 221).
Nous apprenons ainsi que la Cirillà, résolue en 1902-1903 à faire son évolution
dans le sens de la critique, avait confié ce soin au R. P. de Hummelauer, au
moment où il avait déjà publié son commentaire du Deutéronome (1901) avec l'in-
troduction sur le Pentateuque, si ferme contre l'authenticité mosaïque au sens
propre, au moment où il mettait au net les idées qui ont paru en 1904 sous le titre
Exegetisches zur Inspirationsfraye (i), {Biblische Studien, IX, iv) qu'on pourrait
peut-être traduire : conceptions exégétiques utiles dans la question de l'inspiration.
Dans l'Avant-propos, l'auteur déclarait que sa brochure « ne contient aucune con-
cession au rationalisme; elle tire des conséquences des lois immuables de la con-
naissance du style, des conséquences de l'encycliéfue P/ovidentmimus, des consé-
quences de la doctrine de l'antiquité chrétienne » (p. vu). On ne se charge pas ici
doctrina quam vult exponere (Duo lihri Machabacorum, 1907, p. 59 s.). Voici encore
un cas précis. Ce n'est pas celui de l'opinion que Judas et les Juifs pourraient avoir
des Romains ou de leur propre parenté avec les Spartiates, car on voit, dans le
texte même que c'étaient des opinions. Mais dans I Mach. 1, 7, l'auteur, en son
nom propre, dit qu'Alexandre a partagé son empire de son vivant. Or si itaque :
erat opinio pervulgata Alexandrum reguum divisisse inter duces, sacer auctor eam
referre poterat sine ullius erroris culpa vel suspicione (p. 29).
Ce qui est vrai de l'abréviateur de Jason, de l'auteur du premier livre des
Machabées peut se dire à plus forte raison des deux lettres des Juifs qui précèdent le
second livre. S'ils ne racontent pas exactement la mort d'Aotiochus Épiphane, c'est
(1) Lt qui ont été en partie mises en œuvre dans le coumientaire des l'aralipoméues (1903,
cl. p. 323 et passim).
BULLETIN. :)07
cependant bien de lui qu'ils parlaient, dumraodo concédas ludaeis primo de ipso
mortis eius génère falsura esse runiorem allatum (p. 285). C'est bien un des cas oîi
posset? (p. 29). De même la seconde lettre, avec son espérance du retour de l'arche
qu'elle prétend appuyer sur des écrits de Jérémie (II Mach. 2, 4), montre seule-
ment combien peu ils avaient compris les oracles des Prophètes (p. 298). La Civiltà
nous répondra peut-être que cette opinion du P. Knabeubauer est irréprochable du
point de vue de l'inspiration, puisque ces lettres sont citées comme l'œuvre des
Juifs par l'auteur sacré qui n'en prend pas la responsabilité. Est-on bien sur que
cette opinion large soit sans conséquence? Car si les lettres ne sont pas authentiques,
pourquoi l'auteur sacré les reproduit-il comme si elles l'étaient? Et si elles sont
authentiques, les hagiographes étaient-ils souvent dans une condition plus favorable
pour écrire l'histoire que lorsqu'ils possédaient de pareils documents, émanant
officiellement de la communauté? Nemo postulabit... undenam id praestare
posset?
le R. P. Christian Pesch, un théolo-
Sans prétendre être complet, citons encore
gien, et dans uu gros livre spécial de Inspiratione Sacrae Scripturae. Il expose
:
ingreditur fere F, Prat (p. 358), mais cela ne paraît pas être un blâme dans sa
bouche, car il déclare nettement : Quia parabola potest esse fieta, patet etiam
fictas narrationes posse inspirari (1), Si hoc valet de brevioribus narrationibus,
potest etiam valerede longloribiis... Brevitas vel longitudo non videtur ratione inspi-
rationis constituere essentialem dillerentiam, modo res ne ita proponatur, ut homines
in errorem nkgessario (2) inducautur, putantes se teneri obiigatione habendi pro
historicis, quae historica non sunt. Tota veritas talis libri consisteret in declaratione
veritatis religiosae, cui singulae partes et ornatus narrationis ut média fini subor-
diuarentur et servirent. Possibilitate taliuni narrationum inspiratarura concessa,
ex ipso conceptu iuspiratioais discerni nequit, utrum in Scriptura sint libri, qui sub
specie historica sint narrationes fictae, necne. Récentes quidam Catholici volunt
taies esse e. g. libros ludilh et Tobiae, qui non référant res historiée gestas, sed
sint sub externa forma historica Ex iuspirationis
libri prophetici et didactici.
dogmate haec opinio refutari nequit, sed quaeritur, quoraodo se habeat ad testi-
monia Scripturae et traditionis » (p. 503). Et le R. P. met en note la décision de la
Commission biblique du 23 juin 1905, (/e narrationibus specietenus tantum historicis,
que sans doute il ne regardait pas comme contraire à sa doctrine. Il est vrai que le
P. Pesch se montre beaucoup plus strict quand il parle de la Genèse; encore est-il
qu'une fausse étymologie peut avoir pénétré dans la Bible par la tradition populaire
Cp. 551), et dans toute cette discussion il suppose toujours que l'auteur sacré a
entendu affirmer les faits. Mais la Revue biblique n'a jamais omis cette distinction.
Posons donc encore une fois le principe : Scriptores inspiratos nihil affirmasse ut
verum, quod faisum sit-, nihil negasse ut falsum, quod verum sit. Aussitôt le R. P.
ajoute : cum hoc principio non pugnat. quod non semper constat, quid scriptor
voluerit affirmare, et quod interdum dubium est, ubi sint fines inter res affirmatas
et formas locutiouum (p. 552). Et qu'il n'ait pas hésité à pousser assez loin cette
possibilité d'éuouciatious non affirmées, c'est ce que prouve une dernière citation :
Potest etiani auctor inspiratus habere opiniones falsas; immo potest accidere. ut
ex eius loquendi modo conjici possit, quas opiniones veras vel falsas in mente liabeat.
Sed quamdiu ea. quae cogitât, verbis non affirmât, tamdiu sunt eius privati conceptus,
nullo modo Dei dicta.
Je m'abstiendrai de citer le R. P. Prat, puisque la Chiltù de 1919 le prend à partie,
mais je ne puis omettre le R. P. Brucker. qu'on regardait volontiers en France
comme le représentant du plus extrême conservatisme, d'après le R. P. Pesch (1).
En 1903, année fatidique, il se montrait très courtois envers le P. Lagrange. A
propos de son « intéressante étude sur Vhmoceiice et le Péché, » il ne faisait qu'une
réserve : « Je crois qu'il donne à l'allégorie beaucoup plus que ne permet je ne —
dis pas la tradition, qui laisse vraiment beaucoup de liberté en cette matière, mais
la signification naturelle des textes (2). » Il ajoutait : « Les livres de Ruth, de Judith,
d'Esther, de Tobie sont-ils proprement et strictement historiques dans l'intention de
lenrs auteurs? C'est là un problème ou plutôt quatre problèmes, souvent débattus,
mais qui, selon toute apparence, ne seront jamais définitivement tranchés. Il n'est
nullement nécessaire qu'ils le soient... Il résulte de ces conditions qu'on ne doit
pas demander à ces livres une rigoureuse vérité historique, dont vraisemblablement
leurs auteurs ne se sont jamais préoccupés » {Etudes, 20 janv. 1903).
Encore une fois, Cuiqve suum.
Les attaques ouvertes de la Civiltà et aussi ses insinuations contre la Revue
biblique ont trait d'abord à l'enseignement de Léon XIII. On reproche au P. Lagrange
d'avoir mal interprété une phrase de l'Encyclique Pvovidenlissimus : haec ipsn deinde
ad cognalas discipliiws, ad historiam praesertim, iuvabit transfcrri. Je lui donnais
un sens déterminé par le contexte antécédent, où il est question de la manière de
résoudre les oppositions prétendues entre la Bible et les sciences naturelles, et je
concluais que le même critérium devait s'appliquer à l'histoire. Outre ce contexte
antécédent, je faisais cas, peut-être trop de cas, d'un rapprochement avec quelques
expressions du R. P. Cornely, auquel on attribuait alors une grande part dans la
suis trompé, ce qui n'aurait rien de surprenant, nul ne peut méconnaître l'esprit
qui animait Léon XIII au moment où il écrivit les lettres Vii/iluntiae. La Cirillà de
19!9, oubliant avec quel entrain elle a suivi cette impulsion en 1902 et en 1903,
insinue, mais clairement, que le grand Pontife avait voulu nous désigner en dénon-
çant le « pericolose temerità » « di quegli scrittori cattolici che, col pretesto specioso
di strappare agli avversari délia parola rivelata certi argomenti stimati irrefutabili
contro la veracità dei sacri libri, se li facevano proprii, lavorando cosi con le stesse
loro mani ad aprire la breccia in quelle mura délia santa ciltà che dovevano difen-
dere ». En efifet la Civiltà ajoute : E facile scorgere sotio il trasparente vélo di
queste parole a chi voglia alludere il sapiente Pontifice (290). Transparent, certes,
ce voile l'est assez pour qui lit la Civiltà, après que le nom du P. Lagrange a été
cité six fois, et toujours en mauvaise part. C'est plus loin qu'il sera question ex
professa de M. Loisy, et la Cviltà néglige de dire que ses nombreux pseudonymes,
sans parler de quelques noms authentiques, donnaient l'impression d'une école
nombreuse et active. Il serait bien étonnant que le Saint-Père n'ait pas aussi songé
à eux. Mais a-t-il vrain^nt compris la Revue biblu^ue dans cette condamnation
sévère? S'il en était ainsi, comment juger sa conduite lorsqu'il instituait la Commis-
sion biblique, dans le sein de laquelle il faisait entrer le Père Lagrange et d'autres
représentants de ce que la CivUlà nomme Técole large? Est-ce que lui aussi tra-
vaillait de ses mains à ouvrir la brèche dans les murs de la Cité sainte que plus
que personne, certes, il devait défendre?
Léon XIII a fait plus. Il a voulu appeler à Rome la Revue biblique et son directeur,
auquel il entendait laisser la direction de la Revue, qui devenait l'organe de la
Commission biblique. Les Révérends Pères Delattre, Schiftini, Murillo, Fonck, etc.
m'ont attaqué avec la passion que leur inspirait leur zèle. Livres et brochures sont
demeurés sans réponse. J'ai gardé le silence assez longtemps pour qu'il me soit
permis de me défendre contre une nouvelle agression, qui ne ressasse que d'anciens
griefs.Cependant je n'aborde qu'avec émotion et en tremblant l'auguste mémoire
du grand Pontife, le souvenir vénéré du savant et pieux Cardinal RampoUa. Je ne
dirai que le nécessaire. Je n'avais pas recherché la faveur j'avoue qu'elle me causait ;
puisse être proposée dans tel cas particulier, non pas par dilettantisme, cela va
sans dire, mais avec des raisons sérieuses. Or c'est bien ce qu'accorde la Commis-
sion. Relisons encore sou texte : Négative, excepto tamen casu, non facile nec
temere admiltendo, in quo, Ecclesiae sensu non refraganle, eiusque salvo iudicio,
solidis argumenlis probetur Hagiographum voluisse non vcram et proprie dictam
historiam tradere, sed, sub specie et forma historiae, parabolam, allegoriau), uel
sensum aliquem a proprie littéral! seu historica verborum significatione remotum
(300 REVUE BIBLIQUE.
propouere (23 juin li>05). Ce qu'il y a de nouveau ici, c'est suB specie et forma
HisTORiAE, et c'est aussi qu'après la parabole et l'allégorie la Commission ajoute un
smmm aliquem qui ouvre la porte aux qualifications de la critique. Qu'il ne faille
admettre ce sens nec facile nec temere, c'est-à-dire ni aisément ni à la légère, c'est
une règle que doit s'imposer à lui-même tout exégète soucieux de son devoir, c'était
la norme même de la Revue biblique. Cela ne veut pas dire assurément que les
raisons qu'elle estimait graves le fussent aux yeux de tous.
Il faut en dire autant des citations implicites. Sur ce point aussi la Ciriltà met en
avant le nom du P. Lagrange, qui ne l'a pas touché c.c professa, car les passages
cités de la Revue {\) se rapportent plutôt aux sources combinées. C'est donc le
P. Prat qui supporte le poids de la discussion, mais il n'était pas sans doute derrière
le voile transparent, car on a soin de reconnaître qu'il a condamné d'avance les
excès auxquels on pourrait se porter en appliquant son système. La Civiltà qui fait
ici montre de connaissances dialectiques est bien obligée de confesser que la Com-
mission biblique admet qu'on ait recours aux citations implicites, naturellement
sous certaines conditions. L'article tient à dire que la doctrine du P. Prat se
distingue profondément de celle de la Commission, parce que la Commission traite
la question de possibilité, sans rien affirmer du fait. Mais est-ce là une divergence
Palestine. —
Erratum. A propos de la basilique de Belhlrem, la Revue a rendu
compte ci-dessus (pp. 297-301) d'une monographie de guerre. Ces pages écrites à
Jérusalem et imprimées à Paris ont dû, par suite des circonstances fâcheuses, être
Une déplorable coquille typographique a défi-
publiées sans correction d'épreuves.
guré avec persévérance, d'un bout à l'autre de ces notes, le nom de l'archéologue
allemand, auteur de la monographie analysée. Ou voudra bien substituer le nom
de M. Weigand à la fatidique coquille Weigaud. [V.]
P.E.Fund, Quart Stat., 1919. —Janvier. — Cap. F.W. Stephen, du Génie royal:
Notes sur l' approvisio)inement de Jéricsalem en eau; mémoire technique sur la capta-
tioD des sources d"A//o»6 et Tinstallation du canal réalisée avec une admirable
célérité au lendemain de l'occupation anglaise. —Dr. Masterman Hygiène et mala- :
dies en Palestine, aux tempu modernes et biblitjnes, fin. — J. Offord : iVb/es arch-o-
logiques sur des anti'iuiti-s juives; nouvelle lumière sur la guerre juive sous Hadrien -.
sur un éclat de calcaire dans les ruines hellénistiques de Marésa; c'est l'occasion
d'érudites notes techniques, mais il y a lieu de craindre que la pièce ne soit de date
beaucoup plus récente. — Reproduction d'un art. anonyme {Times du ô février 1919)
sur les projets de restauration de Jérusalem. — J. OtTord : Une inscription nabatéenne
concernant Philippe (II) tétrarque de Hauranitide ; il s'agit d'un texte nabatéen trouvé
par la Mission américaine de Princeton University dans les ruines de Si'a. Ce
Philippe II, fils d'Hérode par Cléopàtre la hiérosolymitaine, était marié à Salomé la
j.-C. — J. OfTord : Notes arch...; Sanaballat dans Josèphe et dans les papyrus d'Élé-
phantlne.
Juillet. — Vincent :
— Dr. Masterman Une
Améliorations anglaises à Jérusalem. :
polis dans une inscription sémitique gilgals masséboth de Palestine. —et les et
commandement du général Sir Edm. Allenby, de juillet 1917 à octobre 1918 (1) »
(1) .-1 brief Record of the Advance of Egyplian Expeditionary Force under the Command of
General Sir Edinund H. U. Allexby..., july 1917 lo october 1018. Grand in-i" de 113 pp. avec
36 cartes accompagnées de légendes détaillées. Cairo, (iovernement Press, 19U>.
602 REVUE BIBLIQUE.
el-Onàd et Liftn et des passes de Bethoron montre bien la marche imposée par la
nature à toute armée assaillante, puisque ce sont pratiquement les routes suivies par
les envahisseurs Philistins aux premiers temps du royaume Israélite, par les troupes
de Sennachérib aux jours d'Ezéchias et par les armées syriennes à l'époque des
Macchabées. Le premier contact entre un officier général anglais et les parlemen-
taires abrités derrière deux « tremulous white (lags », sur la colline de Llftà, au
matin du 9 décembre 1917, évoque l'écrasement des Philistins par David en ce
même haut lieu de Baal Perasim oii l'orgueilleux envahisseur abandonna jusqu'à
ses » dieux » dans la soudaineté de sa déroute (II Sam. 5). Ily a une grandeur
émouvante dans les lignes très sobres qui racontent la libération de Jérusalem et
l'etfond rement d'une domination oppressive et odieuse dont l'ambitieux appui ger-
manique avait trop longtemps retardé la ruine. On saura trouver en certaine manœu-
vre géniale qui devait, eu septembre 1918, assurer si radicalement la victoire défi-
nitive du général Allenby, quelque réplique d'opération hardie qui sauva naguère
d'un désastre immiuent une armée croisée en marche le long de la côte, près des
rives de V'Aoudjeh. Cinquante-six cartes limpides concrétisent à souhait et font
vibrer chaque phrase laconique du compte reudu. On y suit vraiment au jour le
jour et presque pas à pas la marche de l'armée libératrice.
''pOynn:u;i;y, qui serait le Narcissus TazzelUi. Dans le Gant 2, (e/70 ^los Cdmpi 1
et lilium convallium). ni l'hébreu ni les Septante n'ont la copule et; cependant l'ap-
position n'impose pas l'identité absolue ; la comparaison porte sur une fleur, ou
plutôt sur deux: la seconde revient plus d'ime fois, tandis qui! n'est plus question
de la première dans le cantique. Il faut souhaiter que M. Roubinovitch développe ses
affirmations en dissertations sur les points importants, et expose même ses doutes,
car telmot, par exemple dardar est omis dans le Lexique, parce que l'auteur ne
lui connaît pas d'équivalent moderne.
Correspondance.
Monsieur le Directeur.
chap. XIII et xvii » (p. ,368). et, d'autre part, qu'il a tort de penser que ces deux
chapitres « n'ont pas une valeur bien déterminante dans la question » de l'antiquité,
sinon du livre entier, du moins de la portion du livre à laquelle ils appartiennent.
Je me Oatte. en effet, d'avoir démontré depuis longtemps que l'hypothèse du
retour de Xéron (dans l'Apocalypse^ repose sur une série de contresens exégétiques.
Ces deux chapitres ont évidemment pour but de décrire l'Empire romaiu. le premier
dans le passé et le présent, le second dans l'avenir, un avenir prochain.
Tout le monde reconnaît que les sept tètes de la première Béte représentent les
sept premiers empereurs. Mais faut-il commencer la série avec Jules César ou avec
Auguste? Les partisans de l'hypothèse du retour de Néron veulent que l'on com-
mence avec Auguste. Ils ont leurs raisons pour cela! Mais il s'agit de savoir si cette
opinion s'accorde avec la description qui est faite de ces divers empereurs.
H est dit du premier let non du cinquième) que cette tète fut égorgée [el mise) ({
mort, que par là le monstre, l'empire romain, rerut une blessure terrible, que
cependant sa blessure fut cuèrie et qu'il devint encore plus puissant qu'il n'était
auparavant (xiii. 3 et 4V De quoi s'agit-il là.' De la mort de Néron et de sa résur-
rection future (!), suivie d'un retour, à la suite duquel l'Empire redeviendrait encore
plus puissant qu'il n'était? Comment, en présence du texte, a-t-on jamais pu avoir
une pareille pensée? La blessure guérie (1 n'est pas celle de la tète ixssaXr,) c'est-à-
dire celle d'un des sept empereurs, mais celle du monstre (9t,c;ov\ c'est-à dire celle
de l'Empire. La prétendue résurrection de Néron n'a absolument rien de commun
avec une ^«lle description. Et d'ailleurs, a-t-on l'habitude de commencer une descrip-
tion par la hn et de passer immédiatement à celle de l'avenir ? Qui ne sent que la
tête égorgée ne peut représenter que le premier empereur 'en tout cas l'un des pre-
miers), c'est-à-dire Jules César?
Par son-assassinat l'Empire reçut une blessure; cependant elle fut guérie par l'a-
vènement d'Auguste, sous le règne duquel il devint plus glorieux et plus puissant
encore qu'il n'était sous son vrai fondateur.
Telle est l'explication que j'ai donnée de ce passage il y a bientôt quarante ans
(1880). Vingt ans après, Clemen la donnée aussi, mais sans prononcer mon nom
.M. :
cinq premiers, qui sont déjà tombés, d'après xvii, 10, sont : J. César. Auguste, Tibère.
Caligula et Claude, et que le sixième, qui existe encore, d'après le même passage,
c'est Néron! L'auteur de cette portion du livre écrivait donc avant la mort de Néron
et après la persécution de l'an 64, à laquelle il fait si souvent allusion ailleurs.
iMais il n'en résulte pas nécessairement que le livre tout entier ait été écrit à la
même époque. Qui ne sait que plusieurs livres apocalyptiques, celui d'Hénok en
particulier.se composent de plusieurs éléments d'origines et d'époques différentes.?
Pourquoi n'eu serait-il pas de même de l'Apocalypse de Jean? Pourquoi le dernier
auteur ou le dernier rédacteur de l'ouvrage n'aurait-il pas combiné en un seul
deux (peut-être même
livres du même genre, mais d'époques et peut-être
trois)
aussi d'auteurs différents? La rédaction d'un de ces livres, celui ,de Jean, celui
auquel appartiennent les sept petites épltres. peut fort bien dater du règne de Domi-
tien, comme le dit Irénée. Cela n'empêche nullement les chapitres xiii. xvii et
quelques autres fragments d'être d'une époque antérieure '1).
2. Je me demande aussi pourquoi i\t. Allô dit que, « suivant la tradition. Pierre
et Paul subirent le martyre en l'an non 64? Puisque
67 » (p. 369). Pourquoi 67, et
Clément de Rome mentionne leur martyre (§ 5) la grande multitude avant celui de
d'clus qui fut rassemblée avec eux (§ C) et qui est évidemment celle des martyrs de
l'an 64. qu'est-ce qui autorise à penser que la mort des deux apôtres (ou de l'un des
deux) n'eut lieu que trois ans après ?
C'est sans doute la question des épîtres pastorales qui a engagé un si grand nom-
bre de critiques à repousser jusque-là la mort de Paul (et celle de Pierre). Mais une
telle nécessité ne résulte nullement du contenu de ces trois épîtres, dont je ne vois
aucun motif sérieux de mettre l'authenticité eu doute. C'est ce que j'ai essayé de
montrer, il n'y a pas bien longtemps, dans la Reçue de théologie de Montauban (1913),
en traitant des dernières épltres de saint Paul pendant et après sa captivité.
Paul retourna bien à Rome, puisqu'il y subit le martyre, mais non comme prison-
nier. La seconde épitre à Timothée, qui est antérieure à la première, date de la pre-
mière et unique captivité de l'apôtre à Rome. On peut en voir les raisons dans l'étude
dont je viens d'indiquer le titre (2).
a été question du Logos aux v. 1-4; il en sera question de nouveau aux v. 14-18. Mais
entre les v. 4 et 10, il n'est parlé que de la lumière {neutre en grec) et des ténèbres
{féminin)^ puis de Jean-Baptiste, puis de nouveau de la lumière neutre). Alors pour-
quoi les pronoms masculins des v. 10-12 se rapporteraient -ils au Logos et pourquoi
le verbe il vint (v. 11) aurait-il le Logos pour sujet? D'autant plus que ce même
verbe vient d'être employé (v. 7) en parlant de Jean-Baptiste! De quel droit, avec
(1) V. Les origines de l'Apocalypse, 1888, ou les Études sur Daniel et l'Apoc. éd. complétée'
1908, par Ch. Bkcston. '
(3) V. p. 3.-i9.
CHRONIQUE. . 603
quelle vraisemblance enlève-ton tout cela au personnage qui vient d'être men-
tionné (v. 6 et 7,, pour le transporter au Z-ogos c'est-à dire à la Raison divine, dont
Ch. Bruston,
Doyen honoraire de l'Université de Toulouse.
ANNÉE 1919
Pages.
IV. MÉLANGES. —1" Un (''pisode d'un Évangile syriaque et les coûtes de l'Inde.
VI. RECENSIONS. —
Adolf von Ilarnack, Die Entslehung der neuen Teslamenls
und die tvichiigsten Fnlgen der neuen Sckopfung. —
Dr. Hans \\'indisch,
Der Hebraerbrief. —
H. L. Mac Neill. The Chrisiology of the Epislle
lu Ihe Hebreivs. — F. Focke, Die Eatstehung der Weisheit Salornos. —
J. Bédier, Les légendes épiques (R. P. Lagrange) 255
V. MÉLANGES. — 1° R. P. Lagrange.
Attis et le christianisme, La — 2°
Corbulon, R. P. L. H. Vincent. —
5° Ce qui a été publié des versions
Djebel Halakah, par M. C. Butler. Divis. 111 —Greek and Latin hiscr.;
:
Le Gérant : J. Gabalda.
1919
Sanders (H. A.). The Old Testament mss. in the Freer collection. 584
The Washington fragments of the Epistles of Paul. 585
Schwab (J.). Der Begriff der nefes iii den heil. Sclir. des A. T. 288
Smith (G. A.)- The Book of Deuteronomy. 564
Stuart. Voir Butler.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIERES PRINCIPALES.
Abstinence dans le culte de Cybèle, 128. Arche d'alliance, son histoire, 588.
Agonie, église de 1', 218-252.' Archéologie préhistorique, -iiH, 582; —
'Aïn-Douq, sanctuaire juif, 532-503. romaine, 295; —
païenne et chrétienne
Ame juive aux temps des Perses, 5 ss." en Syrie, 578.
Ansar, 302. Ard el-5Iaqâm près d'Aïn Douq. 518.
Antiochus IV, sa mort, 590. . Asur, 362.
Antum, 300, 302. Attis et le christianisme, 419 ss.; — sa
Anu, 353, 36i), 362, 365 s. mort, 441; — sa prétendue résurrection,
Apocalypse, xiii et xvii, 003; — a]ioc. 133, 417; — sa castration, 439. sym- —
juives, 201-293. bolisé par le pin, 426, 443; — ses repré-
Apologie de Pamphile par Origène et cita- sentations, 474; — ses mystères, 477;
•
lions bibliques, 107 s. — ses fêtes, 12 1 ss.
TABLE Ar.PHABÉTIOUE DES MATIÈRES PRINCIPALES.
Cercle de la terre et du ciel chez les Ba- 310 ss.; — unité, 316; — sainteté, 335 s.
Chaldéens et le siège de .Jérusalem. 15. innuence dans les mystères grecs, 16(3-
174.
Chaudière d'Ézéchiel, 8.
Chemin de la-croix, modifié, 254. Eleusis, lieu sacré, 193-195; — mj'^stères,
tensis, 573.
Épitre de Jérémie, 287 s.
.531.
Esarra, 362 s.
Critique textuelle de l'A. T., 283; — du Eunuques dans le culte de Cybèle, 122,
Cyr et Jean, leur culte en Palestine, Exégèse, genres littéraires. 593 ss.
247.
Exilés, action de Dieu envers les, 38, 42.
Cyrus d'après la légende, 152.
Ézéchiel, fragm. grecsdu c. Melphicten-
Dadouquès, 177. sis, .573; —
analyse de xxxin, 36 s.; —
Damasclus et les origines babyloniennes, symbolisme, 8; —
son action dans l'exil,
354. 60; — sa notion de la providence, 16-
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PRINCIPALES.
49 ;
_ et le Code sacerdotal, 86 ss. ;
— et Jérôme S., sens de la lettre à Marceila,
la Loi de Sainteté, 86 ss.: — et le Temple, 283; — ad Avitum, 116, 124, 130; —
62-67; — et l'Egypte, 10, 15; — et Tyr, lettre cvi, 129.
17. Jérusalem, renouvelée après la captivité,
— 30 s.; —
centre du culte juif, 85; —
Fêtes juives dans
—
Ézéchiel, 82-84;
concile apostolique, 278; inscription —
d'Eleusis, 192; de Cybèle et d'Attis, des Benê-Khézir, 499, 515; — -Sépul-
S.
421 ss.
cre vaguement étudié, 296; — église de
Fils d'homme dans Ézéchiel, 49.
Gethsémani, 248-252; — tombeau au
Flore palestinienne, 602. chevet de cette église, 251 chapolle ;
—
Foucart identifie Déméter et Isis, 161-167.
médiévale à l'Antonia, 253 s.; sépul- —
Fractio panis, 588.
ture de S. Jacques le Mineur, 482-499;
Fulvo, légat romain, 508 ss.
— tombeau de Zacharie, ibid. laure ;
—
Gaga, 363 s. de la vallée de Josaphat, 495; trans- —
Galates, adoption et tutelle chez les, 580 s.
fert de la 2' station du chemin de la
Gog identique à Gaga, 364; et iMagog, — Jeûne dans le culte de Cybèle, 161.
55 ss.
Job, fragments du palimpseste Hieros.
Grégory, R. G., nécrologie, 302. S. Crucis n° 36 : des ch. xiv, xv, xvi,
XIX, XX, xxvii, XXIX, XL, XLii, 94-105; —
Hani, Hanigalbat, 364. note additionnelle, .500-505.
Harnack et le canon du N. T. 2.55 ss. Josué, son souvenir dans la vallée du
Haupt, fragm. de II Sam. latin, 4fX). Jourdain, 518.
Hébraïque, langue, 592. Jour de Jahveh, 25, 57.
Hébreux, ép. aux, 262 ss. Juda, restauration de, 28 s.
Lucien, son texte reçu en Palestine, 290. Philocalie d'Origène et cit. bibl., 116 ss.
— syrienne, 377; voir archéologie, Jéru- Résurrection et mythe d'Attis, 446 ss.,
salem. 4.50.
Mosaïque, avec inscription juive à 'Aïn Rituel du Code Sacerdotal et celui d'Ézé-
Douq, 538 s.; fragment byzantin à chiel, 79 ss.
B. el-Djemâl, 244. Rome, son rôle dans la formation du canon
Mummu, 3.55, 359. du N. T., 256, 260; destinataire de —
Mystères d'Eleusis, origine, 173 s. ;
— l'ép. aux Hébreux, 265.
petits, 180; grands, 182;— but, 207- — Roseau dans le culte de Cybèle, 424.
217; — et le christianisme, 266. Rouah, concept de la, 289.
Mythe de Déméter, 158-161 ;
— de Cybole Rufin et le De principiis, 106, 11.5, 134.
et d'Attis, 438 ss. Ruisseau du Temple dans Ézéchiel, 85.
Philocalie, 106 ss., 116 ss. Salomon dans la légende, 149, 153.
Origines du monde selon les Babyloniens, Samuel, 1 et 11, passages retouchés d'après
352 ss. ;
—
de l'àme juive, 5 ss. Lucien, 377 ss.
Oumm er-Roùs, mosaïque avec inscrip- Sépulcre S., d'après Rivoira, 296.
tion, 247. Serpent ingrat, conte populaire, 1-39 ss.
Siméon, vieillard, son tombeau, 485, 490.
Païens abattus par Jahveh, 52-60. Soden von H., nécrologie, 302.
Palimpseste de Job, Hieros. S. Crucis n. 36, Sodome dans Ézéchiel, 50 s.
89-105, 500-505; —
Vindobonensis, texte Sources de la Genèse et du Pentateuque,
latin de Samuel, odO s.
283 ss.
Papias, 218 s.
Suse, palais de Darius 1", 293.
Pasteur, attribut de Jahveh, 38. Synagogues, leur décoration, 545 s 557.
,
manuscrits, palimpseste.
Thesmophories, 165. Versions, coptes de la Bible, 220 ss., 513
Tiamat, 353-357. ss. ;
— ancienne v. latine, 372 ss.
ERRATA
Ttp'V.
(77x600).
— spriritus.
— atwv.
— OTtoppoîa.
— àitoppôix.
— xaTa6oAriv.
— a-jTwv.
— ôixaTÛixara.
— gaeco.
— pradestinatus.
— xpûou
— (7)v.
— eelui.
— Foucard.
— Aïoov,
TABLE DES INSCRIPTIONS. VI
V. 28
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