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COLLECTION FORMATION DES MAÎTRES EN

MATHÉMATIQUE

Directeur : Maurice GLAYMANN

1. LA LOGIQUE A L'ÉCOLE
M. Glaymann - P.C. Rosenbloom
2. LA MATHÉMATIQUE ET SES APPLICATIONS
Troisième Séminaire International -E. Galion
3. L'ALGÈBRE LINÉAIRE PAR SES APPLICATIONS
T. J. Fletcher

4. LE LIVRE DU PROBLÈME
– Pédagogie de l'exercice et du problème
– Exercices élémentaires de géométrie affine
– La parité
– La convexité
I.R.E.M. de STRASBOURG
5 ADDITION DANS N
M. Robert
6 MODÈLES FINIS
A. Myx
7 LA GÉOMÉTRIE AUTOUR D'UN CARRE
P. Gagnaire

8 LE LANGAGE DES CATÉGORIES


P. J. Hilton

9 LES PROBABILITÉS A L'ÉCOLE


M. Glaymann et T. Varga
10 ACTIVITÉS SUR QUELQUES THÈMES D'ALGÈBRE
L. Jeremy
11 OPÉRATEURS A L'ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE
F. Je rente
Ce volume porte les numéros : ISBN-2-7124-0103-4 (édition complète)
ISBN-2-7124-0117-4 (vol. 4)
© CEDIC 1974
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite.
Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, photo-
graphie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre, constitue
sine contrefaçon passible des peines prévues par la loi du
'
11 mars 1957 sur la protection des droits d auteurs.

Imprimé en France
Nous n'oublierons pas Jean FRENKEL
(1923, 1974) qui fut directeur-fondateur de
l'I.R.E.M. de Strasbourg.
SOMMAIRE

Préface .....................................................................................9

Chapitre I
Entrée en matière ................................................................. 15

Chapitre 2
Propriétés affines .................................................................. 25

Chapitre 3
La convexité, outil d'initiation à la topologie ............................ 39

Chapitre 4
Géométrie de disposition ....................................................... 55

Chapitre 5
Propriétés métriques ............................................................. 67

Chapitre 6
Applications de la convexité .................................................. 77

Solutions .......................................................................... 87

Bibliographie ................................................................... 107


PRÉFACE

Ce fascicule illustre, grâce à des exemples précis, une conception


active de la pédagogie des mathématiques, où la gymnastique de
l'esprit prime l'ingurgitation passive de connaissances.
Pour l'écrire, on a constamment imaginé ou observé de jeunes
élèves aux prises avec chacun des thèmes mathématiques proposés.
Et on a essayé de préciser ce que peut être l'attitude d'un professeur
qui veut favoriser la recherche active de sa classe.
Avant d'exposer les diverses innovations pédagogiques mises en
œuvre dans l'ouvrage, il faut bien justifier le choix du thème: la
convexité. Ce thème peut paraître paradoxal pour un document
destiné à la formation des maîtres de l'enseignement secondaire.
Le professeur, lié par des horaires et des programmes contrai-
gnants, s'étonnera que l'on consacre un fascicule à un sujet à peine
mentionné dans les programmes officiels: pour faire assimiler la
définition et les quelques banalités qui sont "obligatoires", le para-
graphe 1 du Chapitre I de la présente brochure est amplement
suffisant.
On répondra que pour développer la pédagogie de l'exercice et du
problème, il faut se placer en dehors, mais pas trop loin, des
programmes. Il convient d'éviter à tout prix les thèmes susceptibles de
devenir des questions de cours, des questions d'examen "bien
connues" que tout bon candidat devrait connaître. Sinon, le
professeur est tenté de transmettre coûte que coûte ces connais-
sances dans le cours magistral. Il n'est plus question de faire réflé-
chir les élèves d'une façon indépendante: il ne leur reste plus qu'à
digérer jusqu'à l'indigestion ...!

SOMMAIRE 9
PRÉFACE

Le développement de la curiosité, de l'imagination, de l'ingé-


niosité, de la minutie, est la principale finalité de l'enseignement
mathématique. Si on veut y contribuer, il faut renoncer à transfor-
mer les thèmes de réflexion en exercices de mémoire: l'élève ne
retiendra des problèmes sur la convexité que ce qui se sera sponta-
nément gravé dans la mémoire: aucune obligation ne doit lui être faite
de mémoriser davantage.

Mais la convexité est un domaine très proche de ce que l'on


enseigne dans les classes secondaires. On y côtoie les géométries
affines et métriques, l'algèbre linéaire, le calcul barycentrique, le
calcul numérique et algébrique, la statique, etc... etc... La théorie
utilise constamment le maniement de R.

En exerçant sa sagacité sur l'étude de figures convexes, l'élève ne


disperse pas ses efforts : au contraire, il assimile les quelques
notions essentielles du noyau des connaissances exigées.

Le maître n'aura pas de peine à trier la documentation rassem-


blée ici, et à décider lui-même de l'usage qu'il pourra en faire. Un
petit nombre d'exercices, convenablement présentés dans un langa-
ge familier, peut s'adresser à des écoliers. D'autres sont particuliè-
rement adaptés à des élèves de classes préparatoires ou à des
étudiants. On trouvera des énoncés qui conviennent particuliè-
rement à des élèves-professeurs qui préparent un concours de
recrutement. Mais l'essentiel s'adresse aux élèves de l'enseignement
secondaire, classique ou technique, des premier et second cycles.

Le mathématicien professionnel s'étonnera du choix d'une


branche difficile et récente de la mathématique (si l'on excepte les
travaux de Minkovski, qui inaugurait vers 1 890 l'étude de la
convexité par des applications à l'arithmétique, la théorie des corps
convexes ne prend son essor que vers 1 910. Après avoir donné
l'impression de s'épuiser, elle a subitement rebondi pendant les
dernières décennies, stimulée par les besoins de la programma-

SOMMAIRE 10
PRÉFACE

tion linéaire ou convexe). De plus, c'est en analyse fonctionnelle,


dans des espaces vectoriels topologiques de dimension infinie, que
la convexité se montre particulièrement féconde.

On s'interroge alors avec effroi ... Est-ce cela que l'on propose à
des lycéens débutants ? Ou bien va-t-on distiller une matière édul-
corée qui aura perdu tout son sel ?

Notre souci, en rédigeant ce fascicule, n'était pas mathématique,


mais pédagogique. Le choix des sujets ne s'est pas effectué en
fonction de l'intérêt mathématique, mais des vertus pédagogiques
de chaque question. Nous avons essentiellement visé à écrire un
outil de formation des maîtres.

Il est bien connu que la théorie de la convexité ne prend sa véri-


table dimension que lorsqu'on y fait intervenir la topologie. No-
tre document pédagogique n'aborde ni la compacité, ni le théo-
rème de séparation de Hahn-Banach. Il effleure à peine, vers la fin,
quelques sujets (par exemple les espaces normés) qui se trouvent
être au départ de tout ouvrage mathématique sur la convexité. On
est cependant émerveillé de constater la variété des questions
substantielles - peut-être triviales pour le mathématicien profes-
sionnel - que l'on peut soumettre à la sagacité de jeunes élèves qui
s'initient à la recherche des problèmes.

La seule concession que nous avons été obligés de faire à la


topologie est l'introduction de la notion d'ensembles convexes
ouverts ou fermés. Mais dans le cas convexe, on parvient à présen-
ter très simplement la question en admettant un seul résultat
"transcendant" (bien anodin): c'est la liste des sous-ensembles
convexes de R, qui figure au chapitre III, paragraphe 2 et qui évite,
lorsqu'on l'admet, de faire intervenir la notion de borne supé-
rieure.

Notre souci pédagogique nous conduit à adopter un mode de


rédaction qui n'est pas celui du mathématicien professionnel :

SOMMAIRE 11
PRÉFACE

celui-ci essaie de présenter chaque théorème dans "sa généralité la


plus féconde" ("in its most useful generality" selon l'heureuse
formule du mathématicien américain Moore). Dans notre fascicule,
nous nous maintenons au niveau où se situent les difficultés qui
peuvent stimuler nos jeunes élèves: nous présentons, par exemple,
une version bi-dimensionnelle d'un résultat lorsque le passage à la
dimension n n'offre aucun attrait heuristique. De même, nous pré-
sentons de nombreux "demi-théorèmes" où l'élève est invité à
prouver une partie d'un résultat classique. Ainsi, le théorème de
Jordan n'est proposé que dans sa version polygonale, l'inégalité
isopérimétrique pour les polygones plans, le théorème de Jung
pour la recherche des couvercles des seuls ensembles finis, etc...
Lorsqu'un élève voudra, par la suite, étudier ces questions, il trou-
vera dans la littérature des exposés où le résultat aura été replacé
dans son véritable cadre. Mais, entre temps, il aura résolu lui-
même une partie substantielle de la difficulté.

Mais le pédagogue pourra aussi nous interroger: quelle vertu


pédagogique spécifique peut-on attribuer à une étude de la conve-
xité ?

Une comparaison avec la géométrie euclidienne élémentaire


dans sa présentation traditionnelle tourne nettement à l'avantage
de la convexité lorsqu'on vise à une première initiation au raison-
nement mathématique.

D'abord, il faut donner aux jeunes le goût de la déduction. Il est


bien difficile de faire admettre la nécessité des démonstrations en
présence des propriétés du triangle isocèle et du parallélogramme,
dont l'évidence expérimentale apparaît sur un bon dessin.

Par contre, on notera que certaines questions parmi les plus


simples de ce recueil sont "ouvertes": les énoncés les plus plausi-
bles risquent d'être faux, et il y a matière à recherche de contre-
exemple à presque toutes les pages. De plus, ces contre-exemples

SOMMAIRE 12
PRÉFACE

ne résultent pas de constructions compliquées et artificielles.


Par exemple, demandez à un jeune enfant ce qu'il pense des
deux affirmations suivantes:

"Je me trouve à l'intérieur d'un champ carré et je marche tout


droit. Au milieu de mon trajet, je rencontre la frontière du
champ. Par conséquent, je me retrouve à l'extérieur du
champ".

"Je me trouve à l'extérieur du champ carré et je marche tout


droit. Au milieu de mon trajet, je rencontre la frontière du
champ. Par conséquent, je me retrouve à l'intérieur du
champ".

Si la question est bien comprise, l'enfant est en mesure de trou-


ver le contre-exemple qui intervient dans l'exercice III, 4.1. Et il
est fondamental d'exercer tous nos élèves à ne pas prendre pour
argent comptant des affirmations péremptoires, lorsqu'elles expri-
ment des contre-vérités.

Ensuite, la théorie de la convexité abonde en questions "quali-


tatives", où il s'agit de démontrer une inclusion plutôt qu'une
égalité, une implication plutôt qu'une équivalence, une inégalité
géométrique plutôt qu'une isométrie. Ces questions qualitatives
sont, dans les applications courantes, très importantes. La convexi-
té permet de les populariser aisément. On notera, par exemple,
un chapitre de "Géométrie de situation" qui porte sur des points
très importants, que la tradition négligeait...

Le fascicule comporte aussi une critique du "corrigé-type tradi-


tionnel". Lorsque l'intérêt de l'élève porte surtout sur la justesse
d'une réponse, on est tenté de dicter la solution sous la forme
qu'elle devrait revêtir dans une bonne copie.

Mais nous n'attachons pas grand intérêt à la réponse juste, si


ce n'est pas l'élève lui-même qui l'a cherchée et trouvée. Ce qui im-

SOMMAIRE 13
PRÉFACE

porte, ce n'est pas le stade final reflété par la copie, mais plutôt
toutes les démarches intellectuelles qui permettent la recherche.

Plusieurs problèmes sont présentés ici, accompagnés d'un corri-


gé-heuristique, avec la description de diverses tentatives, y compris
celles qui aboutissent à un échec ou à un détour inutile. Nous
voulons, à la longue, convaincre chaque élève qu'il peut trouver la
solution de son problème en entreprenant lui-même une recherche
active. Il doit savoir préparer la recherche proprement dite par du
"bricolage" et des manipulations diverses, qu'il devrait entrepren-

dre spontanément. En attendant, le fascicule lui suggère quelques


activités de ce genre.

SOMMAIRE 14
CHAPITRE 1

ENTRÉE EN MATIÈRE

Tous les espaces affines (ou vectoriels) considérés dans ce fasci-


cule sont définis (sauf mention du contraire) sur le corps R des
réels.

I. Quelques banalités

Définition: On dit qu'une partie X d'un espace affine E est


convexe si et seulement si avec toute paire de points {A, B }, elle
contient aussi le segment [AB] .

1.1 Exercice de contemplation


Dans ces dessins, un point frontière est représenté en gras ( ) ou
en fin ( ___ ) selon qu'il appartient ou non à l'ensemble représenté.

SOMMAIRE 15
ENTRÉE EN MATIÈRE

Quels sont les dessins ci-dessous qui représentent des ensembles


convexes ?

Commentaire pédagogique
La contemplation ne doit pas rester passive. Pour éveiller les
esprits endormis, nous avons volontairement glissé des questions
ambiguës: il faut que les élèves prennent conscience eux-mêmes de
ce que les questions précédentes sont mal posées :

SOMMAIRE 16
ENTRÉE EN MATIÈRE

Par exemple, la figure ci-contre est convexe (ou


non) selon que l'on exclut (ou non) les
extrémités A et B. Ici, la convexité ne se voit pas
sur la figure ! Le remède est facile à trouver: il
convient d'utiliser un langage précis.

Par exemple:

1.2
L'ensemble de R2 défini par le système d'inégalités suivant
est-il convexe ?
{0 ≤ x et 0 ≤ y et {{x + y < 3} ou {x + y = 3 et1 < x ≤ 2}}}
Décrire de façon analogue quelques-uns des exemples ambigus pré-
cédents.

On peut aussi utiliser les conventions graphiques de Papy qui des-


sine en vert les points ajoutés explicitement et en rouge les points
explicitement enlevés [9] .

Commentaire pédagogique

L'objectif de (1.1) est de fournir une motivation à la rigueur, (et


en particulier à la formulation 1.2 qui pourrait paraître pédante
à des élèves qui n'en auraient pas senti la nécessité).

E.D 1.3
L'ensemble vide est-il convexe ? Quels sont les ensembles finis qui
sont convexes ? Un ensemble convexe est-il connexe ? Un ensem-
ble connexe est-il convexe ?

E.D 1.4
a) L'intersection d'une famille de parties convexes est convexe.
b) Pour qu'un ensemble soit convexe, il faut et il suffit que son

SOMMAIRE 17
ENTRÉE EN MATIÈRE

intersection avec toute droite soit convexe.


c) La réunion de deux ensembles convexes est-elle toujours (par-
fois) convexe ?
Utiliser ce qui précède pour rédiger des démonstrations de conve-
xité de certaines des figures de 1.1.

ED 1.5
Limage d'un ensemble convexe par une application affine est
convexe.
Énumérer quelques cas particuliers.
Une projection cylindrique d'ensemble convexe est convexe. En
est-il de même pour une projection conique ? (Cf IV, 1.5 ).

E.D 1.6
Si X et Y sont des ensembles convexes, respectivement inclus dans
deux espaces affines E et F, l'ensemble produit cartésien X × Y est
une partie convexe de l'espace affine E × F .

II. Diverses exploitations pédagogiques d'un même thème

Enoncé 2.1

Soit X et Y deux ensembles convexes d'un espace affine E.


Démontrer que l'ensemble Z des milieux des segments qui
joignent un point de X à un point de Y est convexe.

Commentaire pédagogique:

a) Pour des novices en géométrie, cet énoncé, restreint au cas où


E est un plan, constitue un excellent problème :
L'élève pourra commencer par formuler la question ainsi :

SOMMAIRE 18
ENTRÉE EN MATIÈRE

Si I et I' sont des points de Z, le segment [II'] est-il contenu dans


Z?

On se convainc qu'aucune modification de la figure qui n'affecte


pas les segments [AA'] et [BB'] n'influe sur la réponse. Il suffit
donc de résoudre le problème dans le cas particulier où X et Y
sont des segments.
Or ce problème est traité au fascicule 2 du Livre du Problème,
page 62. Nous y renvoyons notre lecteur. On trouve que dans ce
cas Z est un domaine limité par un parallélogramme: intersection
de deux bandes (1.4 ), il est convexe.

b) Voici maintenant un raisonnement beaucoup plus expéditif,


basé sur une idée typiquement moderne, dont la portée est très
générale.
Solution:
D'après 1.6, X × Y est une partie convexe de E X E.
Or l'application de E × E dans É qui associe à (A, B) ∈ E × E le
milieu du segment [AB] est affine. Donc (1,5) l'image Z de X × Y
est convexe.
Les obstacles pédagogiques à l'emploi de cette méthode tien-
nent d'abord aux connaissances des élèves (maîtrise de la notion
d'application affine, usage d'un espace E X É dont la dimension
dépasse généralement 3). Mais surtout, il faut une certaine matu

SOMMAIRE 19
ENTRÉE EN MATIÈRE

rité d'esprit, avec l'habitude de l'abstraction, pour apprécier l'élé-


gance et la simplicité de l'argument b), comparé à la méthode
"artisanale" de la solution a).
Le professeur pourra déjà utiliser cet exemple dans les classes du
second cycle pour illustrer un exposé méthodologique.
Il s'agit de l'idée pédagogique suivante, mise à la mode par
Bourbaki:
"Lorsqu'on expose une notion nouvelle, on énumère sitôt que

possible les diverses constructions et transformations sim-


ples qui conservent cette notion. Et on apprend à combiner
systématiquement ces constructions".
Ce mode de pensée intervient dans toutes les branches des ma-
thématiques et trouve son application tout au long de l'ensei-
gnement secondaire.
c) Évidemment, le raisonnement a) admet maintes variantes. Si-
gnalons celle qui utilise le calcul barycentrique. (Voir fascicule 5).

III. Fonctions convexes :


3.1 Définition
On dit qu'une fonction numérique f, définie sur un intervalle I
(borné ou non) de R est convexe (resp. concave) si et seulement
si l'ensemble, des points de R2 défini par
{( x, y ) ∈ I × R | x ∈ I et y ≥ f ( x )}

est convexe.
(resp. : {( x, y ) ∈ I × R | y ≤ f ( x )} est convexe).

E.D 3.2
Pour qu'unefonction f soit convexe, il faut et il suffit que
toute corde du graphe de la fonction se trouve "au-dessus"
de son graphe.

SOMMAIRE 20
ENTRÉE EN MATIÈRE

Remarque pédagogique:
Des fanatiques de la pédagogie de l'exposition feront remarquer
que l'expression "se trouver au-dessus d'un graphe" n'a pas été
définie. "Qu'est-ce que cela veut dire ? " demanderont-ils au pro-
fesseur. Il est important d'apprendre aux élèves à trouver eux-
mêmes la bonne formulation. (Voir E.E 3.4 )

E.D 3.3
Une fonction qui est à la fois convexe et concave est affine.

E.E 3.4
1) Une fonction numérique f définie sur I est convexe si et seule-
ment si pour tout couple (x1 , x2) ∈ I × I et pour tout réel λ
compris entre 0 et 1 on a:
f ( λ x1 + (1 − λ ) x 2 ) ≤ λ f ( x1 ) + (1 − λ )f ( x 2 )

2) Vérifier que si
x ∈ I , x + h ∈ I et 0 < λ < 1 ,
alors la fonction convexe f satisfait à
f ( x + λ h) − f ( x ) f ( x + h) − f ( x )

λh h

3) Démontrer que si f admet une dérivée en chaque point de


l'intervalle I, la fonction dérivée f' est croissante au sens large.
Inversement, si f' est croissante, alors la fonction f est convexe.
(Appliquer le théorème des accroissements finis ou le théorème
de la moyenne).
4) Démontrer que si f admet une dérivée seconde, pour que f
soit convexe, il faut et il suffit que f" soit positive ou nulle.

SOMMAIRE 21
ENTRÉE EN MATIÈRE

P 3.5
Quelles sont les propriétés suivantes qui sont vraies ? Donner soit
une démonstration, soit un contre-exemple.
Si f et g sont convexes et X réel (resp. réel positif) alors f + g,
f × g, f O g, λ f sont convexes.
Pour trouver ces contre-exemples, on pourra combiner des poly-
nômes simples. On pourra aussi faire intervenir la fonction
t → |t| .

IV. Prétexte à calcul


Etant donné deux points
A = (x, y) , et A' = (x', y')
de R2 , on sait que le segment fermé [AA'] est l'ensemble des
points dont les coordonnées sont:
(λ x + (1–λ)x' , λ y + (1–λ) y')
avec 0≤λ ≤1.
On définit de même le segment ouvert ]AA'[ , et les
deux segments semi-ouverts [AA'[ et ]AA'] , en n'envi-
sageant que des X satisfaisant respectivement à
0< λ <1 , 0 ≤ λ <1 et 0 < λ ≤ 1 .
Les exercices qui suivent constituent un bon entraînement au cal-
cul et au maniement des inégalités.

T. T 4.1
Vérifier par le calcul (ou infirmer) que les ensembles de R2 définis
par les systèmes d'inégalités suivants sont convexes :
a) {(x, y) ∈ R2 | ax + by + c ≥ 0 et x<0} a, b, c donnés
b) {(x, y) ∈ R2 | |x| <1 }

SOMMAIRE 22
ENTRÉE EN MATIÈRE

c) {(x, y) ∈ R2 | |x| ≥ 1 }
d) {(x, y) ∈ R2 | |x| ≤ 1 et |y| ≤ 1 }
e) {(x, y) ∈ R2 | |x| ≤ 1 ou |y| ≤ 1 }
f) {(x, y) ∈ R2 | |x| + |y| ≤ 1 }
g) {(x, y) ∈ R2 | y – x2 ≥ 0 }
h) {(x, y) ∈ R2 | xy ≥ 1 et x > 0 }
(Solution page 87)

E.E 4.2
a) Montrer par récurrence que si f est convexe sur un intervalle I
alors:

⎛ x +" + xn ⎞ f ( x1 ) + " + f ( x n )
∀ ( x 1 " , x n ) ∈ In , f⎜ 1 ⎟≤
⎝ n ⎠ n

Quel résultat peut-on énoncer dans le cas où f est concave ?


b) Comparer les moyennes quadratique, harmonique et géomé-
trique de n nombres xl , ..., xn strictement positifs à leur moyenne
arithmétique.
c) Comparer la moyenne harmonique et la moyenne géométrique
de n nombres xl , ..., xn strictement positifs.

Commentaire:
On peut donner l'indication suivante: on sera amené à étudier
(pour s'en servir) la convexité (ou concavité) sur R *+ de la fonction

→ Log 1 = −Log x
x ⎯⎯
x

SOMMAIRE 23
ENTRÉE EN MATIÈRE

Variante:
a) En étudiant le signe du polynôme
f(x) = (a + x a')2 + (b + x b')2 + ... + (k + xk')2
démontrer l'inégalité: V (a, a', ..., k, k') ,
(aa'+bb'+...+kk')2 – (a2 + b2 + ... + k2) (a'2 + b'2 + ... +k'2) ≤ 0 .
b) Cas particulier: Montrer que le carré de la moyenne arithmé-
tique de n nombres est au plus égal à la moyenne arithmétique
de leurs carrés.

E.E 4.3
a) Une automobile parcourt 1 km à la vitesse horaire v, puis 1 km
à la vitesse horaire v'. Quelle est sa vitesse moyenne ?
b) Une automobile roule pendant une heure à la vitesse horaire v,
puis, pendant une heure, à la vitesse horaire v'. Quelle est sa
vitesse moyenne ?

V. L'oeuf de Christophe Colomb


P 5.1
a) Soit E un sous-ensemble fini du plan possédant la propriété
suivante:
"Quels que soient les trois points distincts A, B, C de E, ces
trois points ne sont pas alignés".
Montrer qu'on peut lui ajouter un point M tel que É ∪ { M } ait la
même propriété (Trivial).
b) Cette conclusion reste-t-elle vraie si E est un ensemble infini ?
Commentaire:
C'est très simple. Tout le monde peut le trouver, -il suffit d'y
penser !
[Problème posé dans KBAHT, numéro 11 (1973)].

SOMMAIRE 24
CHAPITRE 2

PROPRIÉTÉS AFFINES

I. Enveloppe convexe

1.1 Définition
Si X est une partie d'un espace affine E, l'enveloppe convexe Γ(X)
de X est l'intersection de tous les ensembles convexes qui contien-
nent X. (C'est "le plus petit" ensemble convexe qui contient X).

E.D 1.2
Quelle est l'enveloppe convexe des diverses parties du plan
qui font l'objet de (I, 1.1.) ?

E.D 1.3
L'enveloppe convexe d'un nombre fini de points A1 , A2, ..., Ap
est l'ensemble Γ des barycentres des points massifs (λ1, A1 ), ...,

SOMMAIRE 25
PROPRIÉTÉS AFFINES

(λp , Ap) où les masses λi. satisfont à:


p
∀i λi ≥ 0 et ∑λ
i =1
i =1

(Solution page 88)

E.D 1.4
L'enveloppe convexe de la réunion de deux ensembles convexes
X1 et X2 est la réunion des segments [A1 A2] où A1 ∈ Xi et
A2 ∈ X2 . (S'inspirer de I, 2.1.).

E.D 1.5
Quelle est l'enveloppe convexe de la réunion d'une droite D
et d'un point O n'appartenant pas à D ?
Georges Papy, qui a eu souvent l'occasion de poser cet exercice
facile en classe, a constaté que les élèves très doués commençaient
généralement par fournir une réponse fausse. Des élèves moyens,
ayant moins d'assurance, fournissaient d'emblée la bonne réponse.
Expliquer psychologiquement cette situation.

P 1.6
Soit X l'ensemble des points du cercle trigonométrique dont l'abs-
cisse curviligne est q n où q E Q . Quelle est l'enveloppe convexe
de X?
(Résumé de la solution page 89)

E.E 1.7
Soit P(E) et K(E) l'ensemble des parties et l'ensemble des parties
convexes de l'espace affine E. Étudier l'application Γ qui associe
à tout X ∈ P(R) son enveloppe convexe Γ(X) ∈ K(E) .

SOMMAIRE 26
PROPRIÉTÉS AFFINES

1) Montrer que r o T = r et que pour tout X, X C r(X) .


2) L'application Γ est "croissante": pour tout couple (X, Y) d'élé-
ments de P(E)

X ⊂ Y ⇒ Γ(X) ⊂ Γ (Y)
3) Quelles sont les relations d'inclusion ou d'égalité qui sont satis-
faites, pour tout X ∈ P(E) et tout Y ∈ P(E) , entre les ensembles
Γ(X ∪ Y) , Γ(X ∩ Y) , Γ(X) ∪ Γ(Y) ,
Γ(X) ∩ Γ(Y) , Γ(Γ(X) ∪ Γ(Y)) , Γ[CX) , (Γ(CX) ?
On fournira des contre-exemples simples (avec X et Y comprenant
peu de points) aux relations plausibles qui sont fausses.
(Solution et commentaires page 89)
E.E 1.8
On dira qu'un ensemble X d'un espace euclidien a un diamètre
égal à 1, si:
a) la distance de deux points arbitraires de X est inférieure ou
égale à 1.
b) il existe deux points de X dont la distance est effectivement
égale à 1.
Démontrer que si X a un diamètre égal à 1, alors l'enveloppe
convexe [(X) a un diamètre égal à 1* .
Pour cela, on étudiera d'abord l'intersection de toutes les
boules fermées de rayon 1, centrées en un point de X, puis
l'intersection de toutes les boules fermées de rayon 1, centrées
en un point de r(X). On montrera que cette dernière
intersection contient X, donc r(X).
E.E 1.9
Soit α une fonction numérique, définie sur I = [0, 1] , positive,
croissante, continue à l'origine. Montrer qu'il existe une fonction β.

*
Attention ! Ce n'est pas la définition habituelle. Cette définition
suffisante ici, évite d'invoquer la borne supérieure

SOMMAIRE 27
PROPRIÉTÉS AFFINES

ayant les mêmes propriétés, mais qui en outre est concave et satis-
fait à β ≥ α .
On pourra obtenir une telle fonction en construisant l'enveloppe
convexe de l'ensemble des points de I × R qui ont une ordonnée
positive, et qui sont -dessous du graphe de α .
Pour prouver la continuité de β l'origine, on enfermera cette
enveloppe convexe dans un polygone tracé en trait fort sur le
dessin ci-dessous, et pour lequel h peut être choisi aussi petit
que l'on veut. De telles fonctions e sont d'un emploi courant en
analyse sous le nom de module de continuité.

P 1.10
Soit S un ensemble de 3n points du plan, tels que trois quelcon-
ques d'entre eux ne soient pas alignés.
Montrer qu'il existe dans le plan n simplexes disjoints dont les
sommets appartiennent à S . (Cf. III, E.E 1.2)

(Question soumise, parmi d'autres. à une épreuve britannique de


présélection en vue des Olympiades Internationales de Mathéma-
tiques).
(Commentaire page 90)

SOMMAIRE 28
PROPRIÉTÉS AFFINES

II. Le théorème de Carathéodory

M 2.1
Étant donné un ensemble X ⊂ P (E) , on désigne par H(X) la
réunion des segments [AB] où (A, B) ∈ X × X. L'ensemble
H(X) est-il convexe ?
L'ensemble H (H(X)) est-il convexe ?
On pourra expérimenter sur des ensembles finis dans un
espace affine à 3 dimensions.

E.E 2.2
1) Démontrer que l'enveloppe convexe Γ(X) d'un ensemble
l des enveloppes convexes de toutes les
X ⊂ E est la réunion X
parties finies incluses dans X.
2) Si E est à n dimensions, Γ(X) est la réunion des enveloppes
convexes de toutes les parties finies comprenant n + 1 points,
au plus.

Démonstration de ce théorème de Carathéodory


l ⊂ Γ(X)
1) D'après 1.3 ) et (1.7 , 2), X ⊂ X

Il suffit de prouver que X l est convexe.


Or si (I, J) ∈ Γ(X1) × Γ(X2 )
où X1 et X2 sont des parties finies de X, alors
[IJ] ⊂ Γ(X1 ∪ X2)
(d'après (1.7 , 2) )
2) Il suffit (à cause du 1)) de démontrer ce 2) dans le cas où X
est un ensemble fini de cardinal p > n + 1.
Ainsi: X = {A1 ,A2 ,...,Ap }

SOMMAIRE 29
PROPRIÉTÉS AFFINES

Pour tout M ∈ Γ(X) il existe des réels αi > 0 tels que :


p p

∑α
i =1
i = 1 et M = ∑ α i A i
i =1

Mais comme p points de E (p ≥ n + 1) ne sont pas indépendants,


il existe des réels βi, non tous nuls, tels que

∑β i = 0 et ∑β A
i i =0

Si k est un indice tel que βk ≠ 0 , il suffit de faire la combinaison


p
⎛ α ⎞
M = ∑ ⎜ αi − k βi ⎟ Ai
i =1 ⎝ β k ⎠
pour que le coefficient de Ak soit nul : on diminue ainsi le cardinal
p d'au moins une unité.

⎛ α ⎞
Mais l'on exige que les coefficients ⎜ α i − k β i ⎟ soient tous posi-
⎝ βk ⎠
tifs, ce qui ne peut se produire que si k est choisi convenablement.
Comment ?
Lorsque le problème est ainsi posé, les élèves devraient pouvoir
αk α
trouver qu'il suffit de choisir comme le plus petit des i
βk βi
strictement positifs.
En diminuant successivement le cardinal de X, on trouve que M
appartient à l'enveloppe convexe d'une partie de X comprenant
n + 1 points au plus.

E.D 2.3
Les notations étant celles de M , 2.1 , montrer que dans un
espace affine à n + 1 dimensions, la suite des itérés
H(X) , H(H(X)) , H(H(H(X))) , etc...
fournit l'enveloppe convexe au bout d'un nombre fini d'opéra-
tions. Combien ?

SOMMAIRE 30
PROPRIÉTÉS AFFINES

III. Le théorème de Helly

M 3.1
Peut-on dessiner dans le plan trois ensembles convexes d'intersec-
tion vide, qui se coupent deux à deux ? Peut-on trouver trois
entiers qui sont étrangers ou premiers dans leur ensemble, mais
qui ne sont pas étrangers deux à deux ?

P 3.2
Voici l'énoncé du théorème de Helly :
"Soit E un ensemble fini de parties convexes d'un espace affine
à n dimensions. On suppose que l'intersection de tout p-uple de
convexes appartenant à E n'est pas vide. Alors si p ≥ n + 1
l'intersection de tous les convexes de E n'est pas vide".
Montrer, par des contre-exemples, que l'abandon de chacune
des expressions encadrées conduit à des énoncés faux.

E.E 3.3
Soit E un ensemble de p + 1 parties convexes d'un espace affine à
n dimensions avec p ≥ n + 1 . On suppose que les convexes
de E se coupent p à p. En déduire que les p + 1 éléments de E ont
un point commun. En déduire le théorème de Helly par
récurrence sur p, à partir de n + 1 .
Solution
Si E = {X1, X2,.............. Xp+1}
soit Ak un point de l'intersection de tous les Xi, sauf Xk . (Il
existe un tel point par hypothèse).
Les p + 1 points Ai ne sont pas indépendants dans E.

SOMMAIRE 31
PROPRIÉTÉS AFFINES

On peut donc trouver des réels non tous nuls ai tels que
∑αi = 0 et ∑α i A i = 0
Désignons αi par

⎧ β i si α i est strictement positif



⎩δ i si α i est strictement négatif
On peut alors écrire les conditions
p
∀i , α i ≥ 0 et ∑α
i =1
i =1

sous la forme:
∑β A ∑δ A
∑β ≠0 , ∑δ = ∑ β et
i i
=
i i
i i i
∑β i ∑δ i

Montrer que les deux membres de cette dernière égalité représen-


tent un point qui appartient à tous les Xi.

IV. Noyau convexe

4.1 Définition
On dit qu'un ensemble X C E est étoilé par rapport à un point
O E X si et seulement si, pour tout point M E X, le segment
[OM] est inclus dans X.
On appelle noyau convexe de X l'ensemble -1(X) des points par
rapport auxquels X est étoilé.

4.2 Exercices de contemplation


Trouver les noyaux convexes des ensembles suivants (Voir I, 1.1.) :

SOMMAIRE 32
PROPRIÉTÉS AFFINES

P 4.3
Le noyau convexe de la réunion de deux ensembles convexes
est-il l'intersection de ces ensembles ?
(Commentaire page 90)

P 4.4
Démontrer que le noyau convexe d'un ensemble est convexe.
Commentaire pédagogique
Ce théorème (découvert par Brünn) est le type même du petit
problème pour débutants: il peut servir à initier à la recherche des
enfants qui n'ont pas encore abordé l'étude déductive de la géo-
métrie. Les seules connaissances exigées tiennent au vocabulaire:
"segment" , "convexe". Le problème même peut être posé en
langage ordinaire: "Une chambre, de forme compliquée, est éclai-
rée par une seule lampe. Où peut-on placer la lampe pour que
tous les murs soient éclairés" ? Ou encore: "Dans une salle de
musée, où doit-on poster le gardien pour qu'il puisse surveiller
tous les tableaux" ?
La conclusion du théorème de Brünn n'est pas a priori évidente:
la nécessité d'apporter une preuve est suffisamment motivée.

SOMMAIRE 33
PROPRIÉTÉS AFFINES

Enfin, la démonstration, sans être difficile, nécessite un petit en-


chaînement d'arguments.

Solution
Si X est étoilé par rapport à deux points 01 et 02, pour tout M ∈
X [01 M] ⊂ X . De plus, X contient tous les segments qui
joignent 02 à un point de [01 M] . X contient donc le triangle
0102M . Alors si I ∈ [0102 ] , [IM] ⊂ X . Ainsi X est étoilé par
rapport à n'importe quel point du segment [0102 ] , et ¬(X) est
convexe.
Bien entendu, proposé à des élèves plus avancés, ce n'est
qu'un exercice didactique banal.

E.E 4.5
Avec les notations de l'exercice (1.7 ) étudier l'application ¬ .
Questions analogues à celles de (1.7 ).

E.D 4.6
Dans un espace vectoriel E, on appelle cône toute partie C ⊂ E
telle que, si le vecteur V appartient à C, alors pour tout scalaire
λ > 0, λV ∈ C.
a) Toute intersection de cônes est-elle un cône ?
b) Tout cône est-il une réunion de demi-droites ?
Cette "question orale" comporte le petit piège suivant : l'ensemble
réduit à l'origine est un cône, conformément à la définition !
La réponse à a) (resp. b)) est donc oui (resp. non).

P 4.7
1) Pour qu'un cône C soit convexe, il faut et il suffit que pour
tout couple de points A et B de C le milieu du segment [AB] ap-

SOMMAIRE 34
PROPRIÉTÉS AFFINES

partienne à C.
2) Un ensemble X étoilé par rapport à o, tel que, pour tout
couple (A, B) de X × X, le milieu du segment [AB] appartient à X,
n'est pas nécessairement convexe.
(Solution page 90)

M 4.8 Le "Shaddock à six becs" de Douady


1) Soit A0A1 ....... Ap (avec A0 = Ap) la frontière d'un polygone P
étoilé par rapport à un point O. Montrer que l'on peut trouver
sur chacune des demi-droites OAi un point Bi tel que le polygone
BoBi …. BP soit convexe.
B B

2) Le résultat précédent n'est plus vrai pour un polyèdre étoilé.


Un contre-exemple a été imaginé par Douady (Bulletin de
l'A.P.M.E.P., numéro 281, page 699, décembre 1971). (Nous y
renvoyons le lecteur).

SOMMAIRE 35
PROPRIÉTÉS AFFINES

La figure est réalisable en carton. Dans le modèle dont nous vous


fournissons la photographie ci-dessous, les rayons OAi sont réalisés
en bois Les arêtes AiAj sont matérialisées par des élastiques et les
sommets peuvent coulisser sur les tiges en bois.

On constate que lorsqu'on veut écarter un des sommets A. de


façon à combler un des creux du polyèdre initial, on aggrave un
creux ailleurs: impossible de faire disparaître toutes les bosses à
la fois.
Voilà donc un thème de concertation entre l'enseignement des
mathématiques et le travail d'atelier, dans les écoles techniques.

P 4.9 L'anti-musée
a) Imaginer le plan d'une salle qui ne puisse pas être utilisée sim-
plement comme salle de musée: il existe un point O de la salle,
d'où un gardien ne peut voir aucun des murs n sa totalité.
b) Imaginer un polygone plan et un point O, n'appartenant pas
au polygone, d'où l'on ne puisse voir aucun des côtés du
polygone dans sa totalité.

SOMMAIRE 36
PROPRIÉTÉS AFFINES

V. Applications

M 5.1.
Matériel: un fromage de Brie de rayon unité et une cloche à froma-
ge de diamètre 1.
Démontrer que si une part de Brie en forme de secteur n'excède
pas le sixième du fromage, son diamètre (1,8) est inférieur à 1.
Montrer qu'il est impossible de couvrir entièrement la part de
Brie avec la cloche, à moins de l'écorner.

E.E 5.2 Le théorème de Jung (1901): couvercle optimal


Quel est le plus petit rayon p d'un disque susceptible de recouvrir
dans le plan euclidien tout ensemble fini X tel que les distances
mutuelles de ses points n'excèdent pas 1 ?
(Résumé de la solution page 90)

E.E 5.3
Application à l'Analyse. Le théorème d'Edouard Lucas (1874)
Soit P un polynôme à coefficients complexes de degré n (n > 2).
Montrer que les racines complexes du polynôme dérivé P' appar-
tiennent à l'enveloppe convexe de l'ensemble des racines du poly-
nôme P.
1) La propriété étant évidente pour les racines multiples de P, se
ramener au cas où P n'a que dus racines simples.
2) Vérifier, pour un polynôme n'ayant que des racines simples:
α1, α2 , ..., αn, l'identité :
P '(Z) n 1
P (Z) ∑
=
i =1 z − α i

SOMMAIRE 37
PROPRIÉTÉS AFFINES

3) En déduire que si R est une racine simple du polynôme dérivé

0 = ∑ ( β − αi ) 1
| β − α i |2

4) Conclure, en appliquant (1.3 ).

Remarque:
La notion de dérivée d'un polynôme complexe apparaît ici sous
son aspect le plus formel: on peut, si on le désire, prendre l'iden-
tité (*) comme définition de P'(Z).

SOMMAIRE 38
CHAPITRE 3

LA CONVEXITÉ,
OUTIL D'INITIATION À LA TOPOLOGIE

I. Dimension d'une partie convexe de E

E.E 1.1
Si X est un ensemble convexe, non vide, de l'espace affine E à
n dimensions, il existe un entier r (avec 0 ≤ r ≤ n) appelé dimension
de X caractérisé par chacune des propriétés suivantes :
a) L'entier r est la dimension du plus petit sous-espace affine E'
tel que
X ⊂ E' ⊂ E
b) Il existe une partie libre de cardinal r + 1 formée de points
de X.
Il n'en existe pas de cardinal r + 2 .

SOMMAIRE 39
OUTIL A LA TOPOLOGIE

Solution
Soit l = {x0, x1 , ..... xr }
une telle partie libre maximale, et soit E" le sous-espace affine
qu'elle engendre.
Soit E' le sous-espace affine engendré par X.
Comme l ⊂ X , on a E" ⊂ E' .
D'autre part, on peut affirmer que X ⊂ E" , car s'il existait
xr+1 ∈ X – E"
l'ensemble l ∪ {xr+l } serait encore libre et formé de points de
X. Ainsi l ne serait pas maximale:
Il en résulte E' ⊂ E"
Par conséquent
E' = E' et dim E' = dim E"
Donc l'entier r considéré dans a) est égal à l'entier r considéré
dans b).
On notera l'analogie de ce raisonnement avec diverses démonstra-
tions d'algèbre linéaire. (Cf. aussi l'exercice suivant).

Remarque:
Pour la définition de r, l'hypothèse de convexité n'a pas été néces-
saire, mais dans le cas non convexe, la notion de dimension
ainsi définie ne coïncide pas avec celle qui s'est avérée utile en topolo-
gie. (Voir théorie de la dimension) .

EE 1.2 Simplexe à r dimensions


Soit I une partie libre non vide
I = {x0,x1 ,...... xr}
de E. On appelle simplexe de sommets x0, x1 , ..., xr l'ensemble
convexe Sr(l) défini par chacune des deux propriétés suivantes,
dont on démontrera l'équivalence.

SOMMAIRE 40
OUTIL A LA TOPOLOGIE

a) Sr(1) est l'intersection de tous les ensembles convexes qui


contiennent l.
b) Sr(l) est l'ensemble des barycentres des sommets affectés
de tous les systèmes de masses {λ 0 , λ1 , … ,λ r } satisfaisant à 0 ≤ λ i
pour i = 0, 1,..., r et ∑ λ i = 1

Exercice de contemplation 1.3


Exemples de simplexes à 0, 1, 2 ou 3 dimensions. Quels sont les
simplexes engendrés par une partie (stricte et non vide) de l'ensem-
ble des sommets d'un simplexe à 3 dimensions (faces, arêtes, som-
mets) ?

1.4 Définition
On appelle intérieur d'un simplexe Sr(l) l'ensemble des barycentres
des sommets affectés de tous les systèmes de masses
{λ0 , λ1 ,"", λr } satisfaisant à 0 < λ i. pour i = 0, ….. , r et
∑λ i =1 .

Remarque
On notera que, dans le cas d'un simplexe, les notions topologiques
de dimension, intérieur, frontière, peuvent se définir par voie
purement algébrique.

E.D 1.5
Tout convexe X à r dimensions contient un simplexe à r dimen-
sions.

II. Parties convexes de R


Pour aborder ce chapitre, les élèves doivent être familiarisés
avec le résultat suivant:

SOMMAIRE 41
OUTIL A LA TOPOLOGIE

2.1
Voici la liste de toutes les parties convexes de R :
La droite réelle R
Les demi-droites (fermées ou ouvertes)
Les intervalles bornés (fermés, semi-ouverts ou ouverts)
Les singletons
L'ensemble vide.
Tout lycéen (dès la quatrième) devrait être capable de deviner
cette liste. Pour démontrer la réciproque, qui affirme que cette
liste est exhaustive, il semble qu'il soit indispensable de savoir
que "toute partie majorée (resp. minorée) de R admet une
borne supérieure (resp. inférieure)".

2.2
On peut définir les points frontières des ensembles précédents:
Pour une demi-droite, c'est son origine.
Pour un intervalle borné, ce sont les deux extrémités.
Pour un ensemble réduit à un point, c'est ce point lui-
même.
La droite R et l'ensemble vide n'ont pas de point frontière .
On dit d'un ensemble convexe de R qu'il est fermé s'il contient
ses points-frontières.
Voici la liste exhaustive des ensembles convexes fermés de R :
La droite R
Les demi-droites fermées (i.e. contenant l'origine)
Les intervalles bornés fermés (i.e. contenant les extrémités)
Les singletons
L'ensemble vide.

P 2.3
a) Soit X une partie convexe d'un espace vectoriel, et I un inter-
valle de R . On demande si l'ensemble des vecteurs λ V (où λ
décrit I et V décrit X) est convexe.

SOMMAIRE 42
OUTIL A LA TOPOLOGIE

b) En est-il de même si l'on suppose que l'intervalle I n'est


formé que de nombres réels de même signe ?
Commentaire pédagogique
On ne posera d'abord que la question a). Lorsque les élèves auront
trouvé les contre-exemples qui prouvent que la réponse à a) est
négative, il est naturel qu'ils se posent eux-mêmes la question b).
Pour résoudre celle-ci on peut, comme dans I. 2.1, se ramener au
cas où X est un segment. S'il ne passe pas par l'origine, l'ensemble
des λ V est un trapèze ... il est convexe.

III. Introduction des notions fondamentales de topologie

3.1 Définition
On dit qu'un point A est point frontière d'un ensemble convexe
X ⊂ E s'il est point frontière de l'intersection de X avec au
moins une droite passant par A.

3.2
On dit qu'un point A d'un convexe X à r dimensions est interne
s'il est intérieur à un simplexe à r dimensions inclus dans X (Cf.
III. 1.1 et III. 1.2).
Si la dimension de l'espace affine est n, on dira qu'un point interne
de X est intérieur dans le seul cas où la dimension de X est n.

ED 3.3
a) Si r < n , quels sont les points frontières d'un ensemble
convexe X de dimension r ?
b) Montrer que l'ensemble des points frontières et l'ensemble
des points internes sont disjoints si et seulement si r = n .
c) Tout point de X qui n'est pas interne est un point frontière.

SOMMAIRE 43
OUTIL A LA TOPOLOGIE

E.E 3.4
Un point A ∈ X est intérieur à X s'il est interne à toute inter-
section de X avec une droite passant par A.
Indication: il suffit de faire passer par A n droites constituant
un système d'axes de coordonnées et de considérer l'enveloppe
convexe des intervalles portés par ces droites.

E.E 3.5
a) Si X est un convexe de dimension > 0 , si A est un point
interne à x et B (≠ A) un point quelconque de X, alors le segment
semi-ouvert [ AB[ ne comporte que des points internes à X.
b) La même conclusion subsiste lorsque B est un point frontière
de X, avec B ∉ X .
(Solution page 91)

E.D 3.6
a) Soit X un convexe de E et F sa frontière, (i.e. l'ensemble de
ses points frontières). Montrer que X - F (qui peut être vide ! )
est un ensemble convexe dont tous les points sont internes.
b) Montrer que X ∪ F est un convexe fermé.

IV Un sujet d'étude facile


L'énoncé qui suit pourrait être formulé sous forme d'un exercice
d'exposition; il se réduirait alors à une succession d'exercices
didactiques triviaux. Il devient beaucoup plus éducatif si les ques-
tions sont fournies "en vrac" et que l'on demande à l'élève de
trouver lui-même l'ordre dans lequel les diverses questions doivent
être abordées. C'est sous cette version améliorée que nous le
rédigeons. Le thème est déjà présenté dans la préface, page 13, à
propos d'un champ carré.

SOMMAIRE 44
OUTIL A LA TOPOLOGIE

E.E 4.1
Soit E un espace affine, X un convexe de E qui ne comprend que
des points intérieurs (3.2), F la frontière de X et Y le complé-
mentaire E – (X ∪ F). Soit A et B deux points appartenant à
X ∪ Y.
1) On envisage les trois cas suivants:
a) A ∈ X et B ∈ X
b) A ∈ X et B ∈ Y
c) A ∈ Y et B ∈ Y
Que peut-on conclure, dans chacun de ces trois cas, au
sujet de [ AB] ∩ F ?
2) On suppose que ⎧A ∈ X

⎨ou bien
⎪A ∈ Y

et que [AB] ∩ F ⎧est vide,



⎨est un singleton,
⎪est un doubleton.

Peut-on conclure que B ∈ X (ou que B ∈ Y) dans chacun de
ces six cas ?
Commentaire pédagogique
L'élève doit être invité à parcourir rapidement les diverses ques-
tions et à résoudre celles qui sont faciles; puis il essaiera de
déduire les autres à partir de celles qu'il a déjà démontrées.
Par exemple, s'il démontre :
(*) Si A ∈ X , pour que B ∈ Y il faut et il suffit que [ AB ] ∩ F se
réduise à un singleton.
Il pourra en déduire quelques-unes des questions posées par
contraposition, alors que leur étude directe est moins aisée.
De même, si A ∈ Y et [AB] ∩ F se réduit à une paire {I, J } , il
suffit de choisir C entre I et J, et appliquer (*) pour en déduire
que B ∈ Y.

SOMMAIRE 45
OUTIL A LA TOPOLOGIE

Enfin, l'élève doit parvenir, en cours de recherche, à collectionner


les divers exemples et contre-exemples qui sont réunis sur la
figure suivante :

Il doit trouver lui-même que l'une des six éventualités envisagées


dans la deuxième question de 4.1 ne peut pas se présenter, et
que, par contre, il y a une éventualité qui a été omise: celle où le
segment [AB] contient un segment appartenant à la frontière. Il
pourra démontrer que A et B appartiennent alors à Y (en utilisant
3.5).

V. Une longue étude

E.D 5.1
Trouver toutes les partitions de la droite en deux parties convexes.
Réponse immédiate en consultant la liste 1.1. On trouve les parti-
tions en deux demi-droites, l'une ouverte, l'autre fermée.

P 5.2
Trouver toutes les partitions du plan en deux parties convexes.
Commentaire
La recherche de la solution ressemble à une longue enquête poli-
cière : le détective se pose de nombreuses questions auxiliaires, sans

SOMMAIRE 46
OUTIL A LA TOPOLOGIE

savoir a priori si elles serviront à dénouer l'énigme ou si elles


conduisent à une impasse.
Lorsque l'élève aura résolu le problème, on l'invitera à rédiger la
solution, en omettant de mentionner tous les tâtonnements inuti-
les, et en dégageant les arguments essentiels. Le texte obtenu
devra donc être concis. Mais il n'y a que des désavantages
pédagogiques à infliger une telle solution concise à des élèves qui
n'auraient' pas suffisamment cherché le problème.
En leur dissimulant la démarche d'esprit qui a conduit à la solu-
tion, on ne leur apprend pas à résoudre des difficultés. Au contrai-
re on leur suggère qu'ils ne seront jamais capables de trouver
eux-mêmes, ce qui est la pire des erreurs pédagogiques.
Pour armer le professeur qui veut initier ses élèves à la résolution
d'un problème, nous allons au contraire essayer de raconter la
recherche. Nous énumérerons ci-dessous une longue liste de
questions qui peuvent se poser naturellement; certaines resteront
provisoirement sans réponse.
On arrive ainsi à un corrigé heuristique dont on notera le contraste
avec les corrigés dogmatiques usuels, ainsi qu'avec le texte que l'on
devrait exiger d'un élève dans une rédaction définitive.

Première étape : la conjecture


Il est facile d'imaginer une partition du plan E en deux ensembles
convexes non vides X et Y.
On pense immédiatement à deux demi-plans et l'on remarque
qu'il y aura lieu de répartir les points frontières. Ainsi X pourra
être un demi-plan fermé et Y le demi-plan ouvert complémentaire.

Question 1
Existe-t-il d'autres exemples de partitions ?

SOMMAIRE 47
OUTIL A LA TOPOLOGIE

Question 2
Que peuvent être les traces de X et Y sur une droite A quel-
conque ?
Si ni X ∩ Δ, ni Y ∩ Δ ne sont vides, les ensembles X ∩ Δ et
Y ∩ Δ sont constitués par deux demi-droites complémentaires
(5.1).
Cela suggère un autre modèle de partition: soit une partition d'une
droite Δ en deux demi-droites X' et Y'. Si l'on désigne par X" et
Y" les deux demi-plans limités par A , on pose
X = X' ∪ X" et Y = Y' ∪ Y"
Après de longs tâtonnements destinés à trouver d'autres exemples,
on formule
La conjecture : Les seuls exemples de partitions du plan E
s'obtiennent en posant
X = X' ∪ X" et Y = Y' ∪ Y"
où X" et Y" sont deux demi-plans ouverts limités par une droite
Δ , et où X' et Y' sont deux parties convexes de A satisfaisant à
X' ∪ Y'=A , X' ∩ Y'=0
Plus précisément, ou bien l'un des ensembles X' ou Y' est vide, ou
bien X' et Y' sont deux demi-droites (l'une ouverte, l'autre fer-
mée) complémentaires.

Deuxième étape
Pour essayer de démontrer cette conjecture, nous partirons
d'une partition de E en deux parties convexes X et Y non vides.
Et nous allons essayer de reconstituer la situation suggérée
par la conjecture. Autrement dit, il faut commencer par
prouver l'existence de la droite Δ .
Question 3
Quelle est la frontière commune à x et Y ?
Question 3 bis
Un point frontière A de X est-il aussi point frontière de Y ?

SOMMAIRE 48
OUTIL A LA TOPOLOGIE

Oui, car il existe par définition une droite D passant par A telle
que X ∩ D et Y ∩ D soient deux demi-droites complémentaires
d'origine A.
On a donc bien le droit de parler de frontière commune à X et à Y.

Question 4
Y a-t-il toujours au moins un point frontière commun à X et Y ?
Par hypothèse, ni X ni Y ne sont vides. En joignant un point
A ∈ X à un point B ∈ Y, on obtient une droite AB qui découpe sur
X et Y deux demi-droites complémentaires, dont l'origine commu-
ne est un point frontière commun à X et Y.

Question 5
Y a-t-il toujours plusieurs points frontières communs à X et Y ?
Réponse partielle
Pour en trouver d'autres, on a envie de "bouger" légèrement les
points A et B précédemment utilisés. Pour que le procédé
marche, il faut que l'on n'obtienne pas toujours la même droite
AB ! On est alors amené à se poser la

Question 6
Les ensembles X et Y sont-ils nécessairement de dimension 2 ?
Réponse
Oui. Sinon l'un des deux ensembles X (ou Y) serait un convexe
non vide contenu dans une droite (I. 3.1, a)), (Cf. liste 1.1). Le
complémentaire par rapport au plan d'un tel ensemble n'est
pas convexe, alors que Y (ou X) l'est. Contradiction.
Par conséquent X et Y possèdent chacun des points internes
A ∈ Sx ⊂ X et B ∈ Sy ⊂ C(Y)
où Sx et S y sont des simplexes à deux dimensions.
Nous sommes en mesure de répondre à la question 5.
On peut toujours choisir A' ∈ Sx et B' ∈ S y de façon que la droite

SOMMAIRE 49
OUTIL A LA TOPOLOGIE

A'B' ne passe pas par l'unique point frontière situé sur la droite
AB. On obtient ainsi des points frontières I1 , I2 , I3 , etc.

Chaque point frontière appartient à un seul des ensembles X,


Y. Mais il est certain que l'un des deux ensembles X ou Y
contient au moins deux des points I1 , I2 , I3 .
Supposons donc pour fixer les idées que c'est X qui contient
deux points frontières distincts xi et x2 . Soit Δ la droite qui
joint xi et x2 .
Guidé par la conjecture, il est naturel de se poser la

Question 7
Tous les points de Δ ∩ X (resp. Δ ∩ Y) sont-ils des points fron-
tières ?

Réponse
Oui. Si la droite contenait un point y interne à y, les segments
]x1 y] et ]x2 y] ne contiendraient que des points (internes) de Y
(d'après 2.5, b)). Or le segment [xi x2 ] est entièrement contenu
dans X et puisque y [xi x2 ] , l'un des points xi (resp. x2) serait
contenu dans [yx2 [ (resp. [yx1 [ ). Contradiction.
De même, si Δ contenait un point x interne à X, sachant que
Δ ∩ X est soit une demi-droite, soit la droite à elle-même, on
pourrait trouver, dans chaque cas de figure concernant x, xi et x2,
un point x' ∈ Δ ∩ X tel que xi ou x2 appartienne au segment
]x'x]. L'un des points xi ou x2 serait interne à x, ensemble à
deux dimensions. Ainsi ce point ne serait pas un point frontière de X
(2.3, b)).

Conclusion
La droite Δ n'est constituée que de points frontières. Nous som-
mes en mesure de reconstituer X et Y.

SOMMAIRE 50
OUTIL A LA TOPOLOGIE

Posons
X' = X ∩ Δ et Y' = Y ∩ Δ
(Y' peut éventuellement être vide).

Désignons par X" (resp. Y") la réunion de toutes les demi-droites


ouvertes dont l'origine est sur à et qui rencontrent l'intérieur de Sx
(resp. de S, ). X" et Y" sont des demi-plans ouverts, d'arête Δ
inclus respectivement dans X et Y et
X = X' ∪ X" Y = Y' ∪ Y"
comme il a été conjecturé.

Il ne suffit pas de considérer les demi-droites dont l'origine est sur


Δ et passant par un point donné de SX (resp. Sy ). Pourquoi ?

Exercice de rédaction 5.3

Rédiger la solution du P 5.2 en éliminant toutes les consi-


dérations heuristiques pour ne laisser subsister que ce qui est indis-
pensable du point de vue de la rigueur.

SOMMAIRE 51
OUTIL A LA TOPOLOGIE

VI. Points extrémaux

6.1 Définition
On dit qu'un point M ∈ X est un point extrémal du convexe X si
l'ensemble X – {M } est convexe.

E.D 6.2
a) Pour qu'un point M soit extrémal dans X, il faut et il suffit
que, pour tout segment [AB] tel que
M ∈ [AB] ⊂ X
le point M soit une extrémité de [AB].
b) Pour que M soit extrémal dans X, il faut et il suffit que toute
décomposition
M = tA + (1–t)B
avec A∈X , B∈X et 0< t < 1
implique que
A=B=M

E.D 6.3
Trouver les points extrémaux des diverses parties convexes de
R (2.1).

E.D 6.4
Quels sont les points extrémaux de ceux des ensembles de l'exer-
cice (L, 1.1) qui sont convexes ?
Quels sont les points extrémaux d'un simplexe ? Quels sont les
points extrémaux des polyèdres convexes de R3 ?

SOMMAIRE 52
OUTIL A LA TOPOLOGIE

M 6.5
Trouver les points extrémaux de l'ensemble fermé suivant,
réunion d'un rectangle ABCD et de deux demi-disques.

M 6.6
Trouver les points extrémaux des deux solides suivants, en
forme de double cône. Le milieu du segment SS' est le centre
(resp. un point de la frontière) du disque de base .

E.D 6.7
Montrer que tout point extrémal d'un convexe est un point fron-
tière (3.1).
La réciproque est-elle vraie ?
P 6.8
Soit Mn l'espace vectoriel des matrices carrées à termes réels à
n lignes et n colonnes (notées A = (aij.), 1 ≤ i ≤ n et 1 ≤ j ≤ n). On

SOMMAIRE 53
OUTIL A LA TOPOLOGIE

dit qu'une matrice est bistochastique si:


a) tous ses termes sont positifs ou nuls,
b) la somme des termes de toute ligne vaut 1,
c) la somme des termes de toute colonne vaut 1.
1) Vérifier que l'ensemble B S n ⊂ Mn des matrices n × n
bistochastiques est un convexe de Mn à (n - 1)2 dimensions.
2) Trouver l'ensemble des points extrémaux de B Sn

(Le cas n = 2 est facile. On pourra se borner à proposer le


cas n = 3)
(Résumé de la solution page 92)

SOMMAIRE 54
CHAPITRE 4

GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

I. Le principe de Pasch
Soit ABC simplexe à deux dimensions du plan. (Le mot triangle
est moins précis, car il désigne usuellement soit un ensemble de
3 sommets, soit la réunion des trois côtés, soit l'intérieur du sim-
plexe, soit le simplexe lui-même).

E.E 1.1
Toute droite 0 qui ne passe par aucun des sommets A, B, C
rencontre la réunion des arêtes [AB] ∪ [BC] ∪ [CA] en 0 ou 2
points.

SOMMAIRE 55
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

En effet, un simplexe est un convexe borné. L'intersection avec


la frontière ne serait réduite à un singleton ou à un intervalle
borné que si A passait par un sommet au moins.
Remarque
Cet énoncé a été adopté par Pasch, puis par Hilbert, parmi les
axiomes de la géométrie: il permet de démontrer la plupart des
propriétés de "disposition" concernant des points alignés. En par-
ticulier, il est utile pour prouver que deux segments se coupent.

E.D 1.2
Soit A' et B' deux points respectivement internes aux côtés
[BC] et [AC] du simplexe ABC. Démontrer que les segments
[AA'] et [BB'] se coupent. (Cf. Fascicule 2, Problème 1.3.1,
page 35).
Il suffit d'appliquer le principe de Pasch au simplexe AA'C.

E.D 1.3
Étant donné quatre points distincts A, B, C, D, montrer que
si les segments [AB] et [CD] se coupent, alors ni [AC] et [BD] ,
ni [AD] et [CB] ne se coupent.

Science-fiction 1.4
Un cosmonaute aperçoit deux objets célestes d'aspect
convexe, l'un bleuâtre B, l'autre jaunâtre J. Au bout de
quelques jours il signale un curieux phénomène de "double-
éclipse": une certaine région de B semble cachée par une
partie de J et une certaine région de J semble cachée par une
partie de B. L'équipe au sol est perplexe. Pourquoi ?
(Solution page 94)

SOMMAIRE 56
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

P 1.5
Soit D l'arête d'un demi-plan et S un point de D. Soit D' une
droite parallèle à D et X un convexe, D' et X étant situés dans
le même demi-plan.
Démontrer que la projection conique de X sur D' à partir de S
est convexe.
(Comparer avec I, 1.5)
(Solution page 94)
II. Démonstration "géométrique" de quelques propriétés de R

E.E 2.1
Soit O, A, B, C quatre points distincts alignés sur une droite
Δ . On suppose:
O n'est pas entre A et B
et O n'est pas entre B et C.
Démontrer que O n'est pas entre A et C.

Voici une démonstration ingénieuse qui s'appuie sur le


principe de Pasch, sans supposer une connaissance préalable
des propriétés de R.

On choisit un point S hors de 0 et un point I entre S et A. On


conclut en appliquant successivement le principe de Pasch aux
triangles SAB, SBC et SAC coupés par la droite 0I.

Autre formulation 2.2 Définition des demi-droites


Soit O un point de A ; la relation définie sur Δ – {O } par "0 n'est
pas entre ... et ... " est une relation d'équivalence, qui ne com-
porte que deux classes d'équivalence que l'on appelle les deux
demi-droites ouvertes d'origine O.

SOMMAIRE 57
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

E.E 2.3 Définition des deux orientations d'une droite


Sur l'ensemble des demi-droites ouvertes portées par une droite
Δ on définit la relation R : deux demi-droites sont reliées par R.
si et seulement si leur intersection est une demi-droite.
a) Montrer que R est une relation d'équivalence.
b) Les deux demi-droites ouvertes ayant une origine donnée ne
sont pas reliées par R, .
c) Les demi-droites se répartissent en deux classes d'équivalence :
chacune d'elles s'appelle une orientation de Δ .

Définition
Étant donné une suite finie de points {Ao, A1 , A2, ..., Ak } , on
appelle ligne polygonale de sommets Ao , ..., Ak la réunion des
segments [Ap Ap+1 ] où p = 0, 1, ..., k -1 , (ce sont les côtés de la
ligne. Les sommets Ao et Ak sont appelés les extrémités de la
ligne).
On dit que la ligne est fermée (resp. ouverte) si Ao = Ak (resp.
Ao ≠ Ak).
(Attention: voici encore un nouveau sens des mots ouvert et fer-
mé ! ).

E.E 2.4 Définition des demi-plans ouverts


Sur le complémentaire Ω d'une droite Δ d'un plan on définit la
relation R suivante:
A R B signifie que le segment [AB] ne coupe pas 0 .
a) Démontrer que R, est une relation d'équivalence qui ne com-
porte que deux classes d'équivalence, que l'on appelle les deux
demi-plans ouverts d'arête Δ .

SOMMAIRE 58
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

b) Si A et B sont deux points de W , le nombre de points d'inter-


section de toute ligne polygonale d'extrémités A et B avec A est
pair ou impair selon que A et B sont dans un même demi-plan
ouvert d'arête 0, ou dans les demi-plans complémentaires.

III. Régionnement

E.E 3.1
Dans un plan E, soit F la réunion de deux demi-droites fermées
distinctes Ox et Oy de même origine. Si A et B sont deux points
de E – F, nous dirons qu'une ligne polygonale est une bonne
jonction de A et B si ses extrémités sont A et B, si aucun de ses
sommets n'appartient à F, et si aucun de ses côtés ne passe par O.
1) Démontrer que la parité du nombre de points d'intersection
d'une "bonne" jonction de A et B avec F ne dépend pas du choix
de cette jonction.
2) La relation définie sur E – F par "toute bonne jonction de
... à ... coupe F en un nombre pair de points" est une relation
d'équivalence.
3) Soit P une ligne polygonale fermée dans E. Si O ∈ E – P,
montrer que la parité du nombre de points d'intersection d'une
demi-droite d'origine O, ne passant par aucun des sommets de P ,
est indépendante du choix de la demi-droite. Cette parité s'appel-
lera l'index de O par rapport à P .
L'index par rapport à P n'est pas défini pour les points de P .
4) Soit O' un autre point de E – F. S'il existe un ligne polygonale
joignant O à O' sans passer par aucun sommet de P , dont aucun
côté ne contient un côté de P , et qui recoupe P en un nombre
pair (resp. impair) de points, alors O et O' ont même index (resp.
des index différents).
(Résumé de la solution page 95)

SOMMAIRE 59
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

P 3.2
Soit F la frontière d'un convexe ouvert X du plan, et soient A et B
deux points qui n'appartiennent pas à X ∪ F. Démontrer ou infir-
mer les deux assertions suivantes:
a) Toute ligne polygonale qui joint A à B en ne coupant F qu'en
un nombre fini de points la coupe en un nombre pair de points.
b) Il existe une ligne polygonale qui joint A à B sans rencontrer F.
(Commentaire et solution page 96)

3.3 Définition
Une ligne polygonale de Jordan est une ligne polygonale Ao Al
... Ak telle que deux de ses côtés ne se coupent que dans les
cas triviaux suivants:
a) Les côtés sont consécutifs et le point commun est le sommet
commun.
b) La ligne polygonale est fermée. Alors [A° Al ] et [Ak Ak ] se
coupent en Ao = Ak .

M 3.4 Le théorème de Jordan


Toute ligne polygonale de Jordan fermée J partage É - a en
deux régions: l'ensemble des points d'index impair (resp. pair)
(Cf. 3.1).
Si deux points appartiennent à la même région, on peut les
joindre par une ligne polygonale qui ne rencontre pas J.

En construisant des lignes polygonales de Jordan assez compli-


quées, on cherchera à joindre deux points de même index par
une ligne polygonale qui ne rencontre pas J .

L'élève pourra découvrir la stratégie suivante: soient O et O'


deux points de même index. On choisit sur le segment [ OO'] deux

SOMMAIRE 60
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

points I et J dont la distance à a est égale à J , "suffisamment


petit", et tels que ni [0I] ni [O'J] ne rencontrent J. Ainsi I et J
ont même index que O et O'.
Pour joindre I à J on se déplace à la distance ε de J . Lorsqu'on
est parvenu "à côté" de J, il se pourrait a priori que l'on aboutisse
au point J' symétrique de J par rapport au point le plus proche sur
J. Mais J et J' n'ont pas le même index (3.1 4)). On arrive donc
nécessairement en J (et non en J').
Évidemment, si ces explications heuristiques éclairent parfaite-
ment la façon de manipuler, on est confronté à un problème de
rédaction ardu si l'on veut mettre ce raisonnement en forme.
(Choix de ε ; construction de la "ligne parallèle" à un arc
de J qui joint I à J).

O'
J'
J
O I

Le théorème de Jordan permet de résoudre de nombreuses ques-


tions de géométrie de disposition. A titre d'exemple:

E.E 3.5 Le théorème du θ


Soit J1 (i = 1, 2, 3) trois lignes polygonales de Jordan du plan
E, d'extrémités I et J, et telles que l'intersection de deux quelcon-
ques d'entre elles se réduit à {I, J }.
Désignons par Ω 1 (resp. Ω2 ; resp. Ω 3) le sous-ensemble de E
formé des points dont l'index par rapport à la ligne de Jordan

SOMMAIRE 61
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

fermée J 2 ∪ J 3 (resp. J 3 ∪ J 3'; resp. J 1 ∪ J 2) est impair.

1) Montrer que tout point de E – ( J 1 ∪ J 2 ∪ J 3 ) appar-


tient à 0 ou 2 des ensembles Ω1 , Ω2, Ω3.
2) Montrer que l'intersection de C(Ω1) , C(Ω2) et C(Ω 3) n'est
pas vide.
3) Montrer que deux des ensembles Ω i sont disjoints.
Si Ω1 ∩ Ω2 = ∅ , démontrer que
Ω3 = Ω1 ∪ Ω2 ∪ (J 3 - {I,J})

Solution
1) Soit O ∈ E – (J 1 ∪ J 2 ∪ J 3 ). Une demi-droite d'origine O,
qui ne passe par aucun des sommets des lignes Ji coupe la
ligne J i en ni points (i = 1, 2, 3).

Alors l'index de 0 par rapport à J 1 ∪ J 2 est la parité de


n1 + n2 .

SOMMAIRE 62
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

(Remarque analogue pour J 2 ∪ J 3 et J 3 ∪ J 1 ). Comme la


somme (n1 + n2) + (n2 + n3) + (n3 + n1) est paire, il y a 0 ou 2 de
ces index qui peuvent être impairs.

2) Une droite qui ne passe par aucun des sommets coupe


J1 ∪ J 2 ∪ J 3 en un nombre fini de points. On peut donc trouver
des demi-droites OX qui ne rencontrent pas J 1 ∪ J 2 ∪ J 3 .
L'origine O a donc un index pair par rapport aux Ω1 , et elle
appartient à l'intersection des C(Ω i).

3) Deux points de a 3 distincts des extrémités I et J sont joints


par une ligne polygonale qui ne rencontre pas J 1 ∪ J 2, frontière
de Ω 3 . Ils ont donc même index par rapport à J 1 ∪ J 2. Deux
cas sont possibles :

Premier cas: J2 ∈ C(Ω3)

(Faire une figure correspondant à ce cas).


Soit alors 0 ∈ Ω 3 . D'après 1), le point O appartient à un seul
des ensembles Ω1 et Ω2 . Supposons, pour fixer les idées, que
O ∈ Ω1 et O ∉ Ω 2 . Dans ce cas, Ω 3 ⊂ Ω 1 . En effet, si O' ∈ Ω 3 ,
il existe (théorème de Jordan) une ligne £ qui joint 00'
entièrement contenue dans Ω 3 . Alors £ ne coupe pas J3, par
hypothèse. On en déduit que O' a même index que O par
rapport à chacune des trois lignes J 1 ∪ J 2, J 2 ∪ J 3 , J 1 ∪ J 3 Il en
résulte que O' ∈ Ω1 . On a bien Ω 3 ⊂ Ω1 .
D'après 1), tout point de Ω 3 , qui appartient à Ω1 , ne peut enco-
re appartenir à Ω2, donc Ω3 et Ω2 sont disjoints. Et tout point de
Ω2, qui ne peut appartenir à Ω3, appartient à Ω1 .

Par conséquent:
Ω 2 ∪ Ω 3 ⊂ Ω1 et Ω 2∩ Ω 3 =∅

SOMMAIRE 63
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

Plus généralement, si J1 ⊂ C(Ω 2) , alors Ω i est inclus dans l'un


des ensembles Ωj tels que j ≠ i , et disjoint de l'autre.

Considérons alors la ligne J1 . Cette ligne n'est pas incluse


dans C(Ω 1) , sinon Ω1 serait disjoint de l'un des ensembles Ω2 ,
Ω3, ce qui contredirait notre résultat Ω2 ∪ Ω3 ⊂ Ω1 .
Nous en déduisons
J1 – {I, J} ⊂ Ω1

Finalement:
Ω2 ∪ Ω3 ∪ ( J1 – {I ,J}) = Ω1

Deuxième cas : (Faire une figure)


J3 – {I,J} ⊂ Ω3

Montrons que Ω1 ∪ Ω2 ⊂ Ω3 . Cela revient à montrer que


C(Ω3) ⊂ C(Ω1) ∩ C(Ω2)
D'après 2), il existe un point O' n'appartenant à aucun des ensem-
bles Ω.i .
Soit O ∈ C(Ω3 ). Les points O et O' appartenant à C(Ω3) , on peut
les joindre par une ligne de Jordan £ qui ne rencontre pas
J1 ∪ J2 (théorème de Jordan).

Donc £ est entièrement contenue dans C(Ω3) et ne rencontre


pas J3

Il en résulte que O et O' ont même index par rapport à chacune


des lignes J1 ∪ J3 et J2 ∪ J3

Par suite O ∈ C(Ω1) ∩ C(Ω2)


On a bien Ω1 ∪ Ω2 ⊂ Ω3

SOMMAIRE 64
GÉOMÉTRIE DE DISPOSITION

Ce résultat étant acquis, on en déduit, comme clans le premier cas,


que
Ω1 ∩ Ω2 = ∅
En conclusion:
Ω3 =Ω1 ∪ Ω2 ∪ ( J3 –{I,J} )

SOMMAIRE 65
CHAPITRE 5

PROPRIÉTES MÉTRIQUES

(Dans ce chapitre tous les espaces affines sont munis d'une struc-
ture euclidienne).

1. Lignes enveloppantes

P 1.1
Soit S et S' deux simplexes à deux dimensions du plan, tels que
l'intérieur de S' soit contenu dans l'intérieur de S. Montrer que
le périmètre de S' est inférieur ou égal à celui de S.

E.E 1.2
On considère dans le plan une ligne polygonale fermée de Jor-
dan £ ; soit Ω la région des points d'index impair qu'elle déli-

SOMMAIRE 67
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

mite. Soit Ω' un convexe ouvert de dimension 2, inclus dans


Ω, dont la frontière est une ligne polygonale de Jordan K .
Montrer que le périmètre de K est inférieur ou égal à celui
de £ en utilisant la méthode suivante:
S'il existe un côté [AB] de K qui ne soit pas inclus dans un
côté de £ , on peut trouver deux points I, J de £ tels que
]IJ[ ⊂ Ω et [AB] ⊂ [IJ]
Utilisant le théorème du θ, on peut découper Ω en deux régions
disjointes, séparées par [IJ] , dont une seule Ω 1 contient Ω '.
On peut construire ainsi une suite de lignes polygonales £ ,
£1 , £2 ... de périmètres décroissants, délimitant des régions
Ω, Ω 1, Ω2, ... emboîtées qui contiennent Ω' .
Montrer que si K a k côtés, on peut conclure au bout de k – 1
opérations au plus.

SOMMAIRE 68
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

E.D 1.3
Après avoir expliqué oralement la solution de 1.2 (à des élèves
qui auraient résolu 1.1), faire rédiger cette solution. On pourra
se borner d'abord au cas où Ω est convexe, ce qui n'exige pas le
théorème du θ (car Ω 1 est alors l'intersection de Ω et d'un demi-
plan). Le même argument est faux si Ω n'est pas convexe
(Cf. figure).

P 1.4
Généraliser l'exercice précédent à l'espace à 3 dimensions. L'aire
d'un polyèdre convexe est inférieure à l'aire de tout polyèdre
enveloppant.

Remarque
L'exercice 1.2 figurait encore aux programmes de géométrie de
quatrième avant la dernière guerre mondiale. Le professeur est
invité à lire les exposés qui se trouvaient dans les manuels de
l'époque (par exemple dans la "Géométrie" de Jacques Hada-
mard). Il constatera que la notion de "démonstration rigoureuse"
a évolué depuis ce temps. Faute d'utiliser des résultats de géomé-
trie de disposition ou de topologie (analogue au théorème du θ),
les arguments semblent peu convaincants aujourd'hui.

E.E 1.5
a) Si M est un point intérieur au simplexe ABC,
|AB| < |MA| + |MB| < |CA| + |CB|
(|AB| désigne la distance euclidienne de A à B).
b) Montrer que
1 (|AB|+|BC|+|CA|) < |MA|+|MB|+|MC| < |AB|+|BC|+|CA|
2

SOMMAIRE 69
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

c) Est-il toujours exact que


|MA|² + |MB|² < |CA|² + |CB|²

P 1.6
Soit une droite Δ et deux points A et B non situés sur Δ ;
montrer que la fonction numérique définie sur Δ par
M → |MA| + |MB|
atteint son minimum m > 0 en un point I ∈ Δ , et croît stric-
tement de m à l'infini sur chacune des demi-droites d'origine I.

La question est une conséquence triviale de (1.5) dans le cas de


figure où Δ, A et B sont dans un même plan, et où A et B sont
de part et d'autre de Δ .
On se ramène à ce cas en remplaçant A par un point A' satisfaisant
aux conditions du cas de figure trivial, et tel que pour tout M ∈ Δ ,
|MA| = |MA'|
Cet artifice est "bien connu", spécialement en géométrie plane:
sa découverte est cependant un "petit problème" pour celui qui
n'en a jamais entendu parler !
On fera remarquer que si A et B sont, dans le plan contenant Δ
d'un même côté de A, le point I pour lequel |AM| + |BM|
prend sa valeur minimum obéit à la loi de la réflexion de
l'optique géométrique ; Δ est la bissectrice extérieure de AÎB.
D'ailleurs, une des voies de découverte susceptibles de faire trou-
ver à un novice l'artifice qui livre la solution est d'interpréter le
problème de géométrie comme un problème d'optique: ce chan-
gement de contexte ou transfert est un des comportements heuris-
tiques les plus féconds. Dans le cas envisagé il est naturel de cher-
cher à côté du trajet de la lumière, depuis la source A jusqu'à l'œil
B, en passant par le miroir, le trajet de la lumière "fictive" depuis
l'image de la source A', jusqu'à l'œil B !

SOMMAIRE 70
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

E.D 1.7
Soit FI et F2 deux points du plan euclidien tels que
|F1F2| = 2c et soit a>c.
On appelle disque elliptique de foyers F1 et F2 et de grand axe
2a, l'ensemble des points M du plan satisfaisant à
|MF1 | + |MF2 | < 2a
Montrer qu'un disque elliptique est convexe.
(Solution page 97)

II. La symétrisation de Steiner


2.1 Définition
On donne dans un plan E un ensemble convexe fermé borné K et
une droite D: la symétrisation de Steiner de K par rapport à D est
une application s de K dans E définie de la façon suivante:

Si Δ est une droite variable perpendiculaire à D qui coupe K, sui-


vant l'intervalle [AB] , la restriction de s à [AB] est la translation
sur un segment [A'B'] porté par Δ et dont D est la médiatrice.
Si Δ coupe K en un seul point C, alors s(C) est la projection
orthogonale de C sur D.

SOMMAIRE 71
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

P 2.2
Démontrer que le symétrisé de Steiner d'un convexe fermé bor-
né K, par rapport à D est un convexe, symétrique par rapport à D.

Commentaire heuristique
Lorsqu'on observe la démarche de celui qui parvient à résoudre ce
problème, on constate qu'il commence par manipuler sur de nom-
breux cas particuliers. Il se pose de nombreuses questions (parmi
lesquelles peuvent figurer celles qui font l'objet des exercices di-
dactiques qui suivent) et formule des conjectures plausibles, qui
s'avèrent souvent être fausses (recherche d'un contre-exemple).
Finalement, il découvre dans ce travail préparatoire deux argu-
ments très simples dont la conjonction fournit une démonstration de
quelques lignes.
Présenter à des élèves cette courte solution, juste après la formu-
lation de l'énoncé, ou encore éviter les tâtonnements en rédigeant
l'énoncé sous forme d'exercice d'exposition est une démarche
pédagogiquement nocive. Elle risque de donner au lecteur l'illusion
qu'il a compris. En réalité, on ne domine cette question que si l'on
est conscient du décalage entre la brièveté de la solution et la
longueur des investigations naturelles. On n'a vraiment compris
que si l'on s'explique l'échec des autres tentatives !

M 2.3
Dessiner les symétrisés de Steiner d'un segment, d'un simplexe,
de divers domaines polygonaux, d'un disque, etc... par rapport à
diverses droites du plan.

E.D 2.4
Dans quel cas l'application de Steiner est-elle la restriction d'une
application affine ? d'une application affine par morceaux ?
(Solution page 97)

SOMMAIRE 72
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

E.D 2.5
Dans quel cas l'application de Steiner transforme-t-elle tout seg-
ment inclus dans K en un segment ?
(Solution page 97)

E.D 2.6
Montrer que le symétrisé de Steiner d'un polygone de n sommets
est un polygone dont le nombre de sommets, est compris entre n
et 2n – 2.

E.D 2.7
Soit K et H deux convexes tels que H ⊂ K, et soit g (resp. f) la
symétrisation de Steiner de H (resp. K, ) par rapport à une
même droite D.
Vérifier que g ( H) ⊂ f ( K)
Dans quel cas g est-elle la restriction de f à H ?
(Réponse p. 97, solution de P 2.2 p. 98)

E.D 2.8
Si K, est délimité par une ligne polygonale, l'aire de s( K ) est égale
à celle de K et le périmètre de s( K ) est plus court que celui de
K. (Il est strictement plus court, si K, n'a pas d'axe de symé-
trie parallèle à D).
(Solution page 99)

P 2.9
Considérons l'ensemble E de tous les polygones convexes du
plan ayant la même aire S. Soit π la fonction numérique qui
associe à tout K ∈ E son périmètre π (K) . Montrer que la fonction
π n'atteint pas son minimum sur E .

SOMMAIRE 73
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

Commentaire pédagogique
La seule réponse à cette question est très facile, lorsqu'on connaît
2.8. Mais on ne peut se contenter de cette sèche réponse: il faut
absolument chercher à comprendre ce qui se passe ! Le résultat invite
à manipuler ! A partir d'un polygone convexe, on construit par
symétrisations de Steiner successives une suite de polygones de
même aire, mais de périmètres strictement décroissants.
La formulation mathématique du phénomène dépasse nettement
le cadre des connaissances que suppose ce fascicule: (définition
d'une topologie sur g , compacité, etc...). Mais rien n'empêche de
contempler le "passage à la limite" (sans le formuler), et de devi-
ner que l'ensemble g n'est pas "complet". Il faudrait lui adjoin-
dre d'autres figures convexes, pour pouvoir énoncer le:

Théorème des isopérimètres


De toutes les figures convexes planes d'aire do 'née S, c'est le
disque circulaire qui a le plus petit périmètre. Pour toute figure
convexe plane, on a l'inégalité isopérimétrique (où L est le périmè-
tre)
4π S ≤ L2
Remarque
L'énoncé (2.9) fournit aussi un modèle sur la façon d'utiliser un
résultat qui dépasse un certain niveau de connaissances, pour en
tirer un énoncé élémentaire.
On notera que l'énoncé (2.9) évite de parler de la longueur d'une
courbe non polygonale. II fournit une introduction à une intéres-
sante question de topologie qu'il n'aborde pas encore.

III. Sport complet


L'exercice qui suit met simultanément en jeu de nombreuses apti-
tudes: raisonnement, manipulation, calcul numérique, heuristique,

SOMMAIRE 74
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

etc... Il se relie à l'analyse, le calcul barycentrique, l'algèbre linéai-


re, en dehors de la géométrie euclidienne. Il peut servir
d'exemple de limite, de modèle d'introduction à la notion de
longueur d'une courbe ou à la définition des aires.
Le professeur pourra donc en faire des usages très variés.

3.1
Sur l'ensemble E des polygones convexes, on définit les deux
opérations Σ et S suivantes:
Au polygone convexe K ∈ E , Σ associe le polygone (convexe ! )
Σ(K) dont les sommets sont les milieux des côtés de K .
Associons à chaque côté de K les deux points qui partagent ce
côté en trois segments de même longueur. S( K ) est le polygone
(convexe ! ) dont tous les sommets sont ces points.
Partant d'un quadrilatère convexe K0 d'aire S, on construit les
suites
Kn+1 = S( Kn ) et Hn = Σ( Kn )

Étudier les suites numériques Sn, et Σn qui représentent les aires


de Kn et Hn ainsi que les suites sn et σn qui représentent les
périmètres des mêmes polygones.
Étudier l'intersection des K n et la réunion des Hn .

SOMMAIRE 75
PROPRIÉTÉS MÉTRIQUES

Signalons simplement que


5Sn + 4Σn Sn + Σn
Sn +1 = , Σ n+1 =
9 2

et que Sn tend vers la limite 3 S .


4

E.E 3.2
On considère un triangle ABC, les milieux M et N des côtés AB
et AC, le milieu I de NM. A partir du trapèze CNMB, noté P1 , on
construit une famille de polygones convexes {Pn , n ≥ 1 } de la
façon suivante: les sommets du polygone Pn sont B, C, I et les
milieux des côtés de la ligne polygonale d'extrémités C et I
(resp. I et B) portée par les côtés du polygone Pn–1 . Étudier
l'intersection des polygones Pn .
(Commentaire page 99)
P 3.3
A tout pentagone convexe d'aire s on associe le pentagone d'aire
S dont les sommets sont les milieux des côtés du précédent.
Trouver des inégalités entre s et S .
(Réponse page 99)

P 3.4
Soit P1 un pentagone convexe de sommets A1 , ..., A5 . On appelle
Pi (i = 2, ..., 5) le pentagone déduit de P1 par une translation de
JJJJJG
vecteur A1 A i . Démontrer que deux des pentagones Pi (i = 1, ..., 5)
au moins ont des points intérieurs communs.
(Commentaire page 99)

SOMMAIRE 76
CHAPITRE 6

APPLICATIONS DE LA CONVEXITÉ

I. Statique

E.E 1.1
Considérons un corps solide posé sans frottement sur le plan hori-
zontal.
Soit X l'ensemble des points de contact du solide et de son sup-
port. On sait que, pour que le solide soit en équilibre, il faut et il
suffit qu'il existe un système de forces verticales ascendantes,
appliquées en des points de X, dont le torseur équilibre le poids
du solide.
Démontrer qu'une condition nécessaire et suffisante d'équilibre
est que la verticale du centre de gravité du solide coupe le plan d'ap-
pui à l'intérieur de l'enveloppe convexe de X.
Cette enveloppe convexe est appelée polygone de sustentation par
les physiciens (sans doute parce que ce n'est pas toujours un poly-
gone ... ! ).

SOMMAIRE 77
APPLICATIONS

E.E 1.2
Un support, dont la face supérieure est une portion de plan hori-
zontal, est posé en équilibre sur le sol horizontal. Un solide est
posé sur le support de façon que son centre de gravité se projette
sur son "polygone de sustentation". Le système est-il nécessaire-
ment en équilibre ?
(Solution page 100)
P 1.3
Soit O un point appartenant à un polyèdre dont toutes les faces
sont convexes. Est-il certain que la projection orthogonale de O
sur le plan d'au moins une face du polyèdre s'effectue en un
point de la face ?
La réponse est affirmative lorsqu'on suppose en outre que le po-
lyèdre est convexe. En effet, on peut toujours trouver une répar-
tition des densités d'un solide non homogène matériel, ayant la
forme du polyèdre donné, en sorte que O soit son centre de gra-
vité.
Posons alors ce solide sur un plan horizontal, en sorte que le
centre de gravité O soit le plus bas possible. La verticale de O
rencontrera alors la face de sustentation.
L'argument n'est plus valable lorsque le polyèdre n'est pas con-
vexe: on peut faire reposer un tel solide sur un plan sans que le
contact s'effectue le long d'une face.
Des contre-exemples peuvent être cherchés parmi des polyèdres
étoilés. Par exemple, construisons 6 pyramides régulières isomé-
triques, à l'extérieur d'un cube, en prenant les faces comme bases. En
posant ce "hérisson" sur le sol, le contact s'effectuera par trois
piquants. De plus, en choisissant convenablement les dimensions
de ces pyramides, on peut faire en sorte que la projection du centre
du cube sur chacun des plans des faces triangulaires s'effec-
tue en dehors de cette face.

SOMMAIRE 78
APPLICATIONS

Ce problème présente un cas peu fréquent où le transfert d'un


énoncé géométrique dans un contexte de statique fournit la solu-
tion. Il serait intéressant de trouver une démonstration purement
géométrique de la propriété (dans le cas du polyèdre convexe).

P 1.4
Existe-t-il un polyèdre convexe pesant qui, posé sur une table,
ne peut rester en équilibre que sur une face ?
(Solution page 100)

II. Programmation linéaire


C'est l'application pratique la plus répandue de la théorie des
ensembles convexes.
Voici un exemple "numérique", emprunté à "The mathematics
Teacher" Vol. L III, n° 3, mars 1960.

Application 2.1
On fabrique deux produits pharmaceutiques A et B sur deux ma-
chines I et II.
Pour fabriquer un kilogramme de produit A la machine I doit
fonctionner 1 heure, et la machine II doit fonctionner 2 heures 15
minutes. Pour fabriquer un kilogramme de B, la machine I doit
fonctionner pendant 3 heures et la machine II pendant 45 minu-
tes. Les machines ne peuvent être utilisées plus de 12 heures par
jour.
Le bénéfice sur 1 kg de A est de 100 F, sur 1 kg de B de 150 F.
Combien de kilogrammes de chaque espèce faut-il fabriquer par
jour pour obtenir un bénéfice maximum ?
Si x1 (resp. x2) est le nombre de kilogrammes de produit A
(resp. B) fabriqués quotidiennement, il s'agit d'étudier le
vecteur de coordonnées (x1, x2) soumis aux contraintes
suivantes :

SOMMAIRE 79
APPLICATIONS

⎧ x1 + 3x 2 ≤ 12
⎪9 3
⎪ x1 + x 2 ≤ 12
⎨4 4
⎪ x1 ≥ 0

⎪⎩ x 2 ≥ 0

On définit ainsi un quadrilatère convexe dans R2


Soit f la "fonction économique"
(xl , x2) → 100 x1 + 150 x2
Il s'agit de trouver le vecteur (x1 , x2) soumis aux contraintes pré-
cédentes pour lequel f prend la valeur maximale.
On dessinera alors le faisceau des droites d'équation
100 x1 + 150 x2 = λ
et on cherchera le plus grand λ pour lequel cette droite rencontre
le quadrilatère.
On constate que cela ne peut avoir lieu que si cette droite passe
par un sommet (un point extrémal) du convexe.

( )( )
Ces points extrémaux ont pour coordonnées (0, 0), 16 , 0 , 9 , 5
3 2 2
et (0, 4). On calcule la valeur de f en ces points et on choisit la
plus grande; on trouve :

( )
f 9 , 5 = 825
2 2

Réponse
En fabriquant 4,5 kg de produit A et 2,5 kg de produit B on
obtient le bénéfice maximum, égal à 825 F.

Remarque:
La programmation linéaire n'offre d'intérêt pratique que dans des
situations dépendant d'un grand nombre de paramètres soumis à

SOMMAIRE 80
APPLICATIONS

de nombreuses contraintes: la théorie est facile, mais le traitement


numérique ne peut être effectué qu'avec l'assistance d'un ordina-
teur.
Néanmoins, il est utile, dans un but pédagogique, de faire traiter
aux élèves quelques exemples simplistes comme le précédent.
On trouvera d'autres énoncés de cette sorte dans "The mathe-
matics Teacher " (loc. cit.) dont certains sont reproduits dans
la revue belge [7] , ainsi que dans [1] et [10] .

Exercice de contemplation 2.2


On reprend l'énoncé précédent en modifiant légèrement les don-
nées relatives aux bénéfices. Comment évolue la réponse ?
(Réponse page 101)

Applications 2.3
On donne 9 coefficients réels Cij.. (où i ≤ 3 et j ≤ 3). On considère
alors sur l'espace vectoriel M3 des matrices 3 × 3 la forme
linéaire
A = (a ij ) 6 ∑ Cija ij
i ≤ 3, j≤ 3

Trouver une matrice bistochastique (III, 6.8) pour laquelle f prend


la plus grande valeur possible.
(Solution page 101)

III. Applications à l'analyse


La théorie de la convexité s'est montrée particulièrement féconde
en analyse dans l'étude des espaces fonctionnels.
Dans un espace vectoriel normé, la boule unité est un ensemble
convexe. Une étude minutieuse de cette boule unité permet de
déceler de nombreuses propriétés des éléments de l'espace.

SOMMAIRE 81
APPLICATIONS

Il n'est pas question d'aborder systématiquement ici de telles situa-


tions, qui obligeraient à traiter des espaces vectoriels de dimension
infinie. Nous nous bornons à présenter quelques exemples qui peu-
vent donner au lycéen avancé un avant-goût de cette branche pas-
sionnante des mathématiques.

E.E 3.1
a) Considérons, dans l'espace R°, la norme qui au vecteur
x = (xl ,x2,...,x„)
associe le nombre n

|| x || = Max | x i |
i∈N*

Décrire la boule unité.


Trouver les points extrémaux de cette boule unité. (S'inspirer de
III,6.8)
b) On considère l'espace vectoriel de dimension infinie l1, dont
les éléments sont des séries. absolument convergentes :
x = (x1, x2, ..., xn, … .)
normé grâce à

|| x ||A1 = ∑ | x i |
i =1

Montrer que la boule unité de cet espace est un ensemble convexe


dont les points extrémaux sont les séries Ui dont tous les termes
sont nuls, sauf le i ème, qui vaut 1, ainsi que les séries – Ui .
Pour établir la réciproque, il suffit de montrer que si x ∈ l1 satis-
fait à || x || = 1 , et possède au moins deux termes xi et xj non
nuls, il est possible de trouver un nombre réel ε tel que toutes
les séries obtenues à partir de x, en substituant xi + tε et xi – tε ,

SOMMAIRE 82
APPLICATIONS

au i ème et j ième termes, pour – 1 ≤ t ≤ + 1 , appartiennent


aussi à la boule unité de l1 .

E.E 3.2
Soit m l'espace vectoriel des suites bornées, normé, pour
x = (x1 , x2, x3,...) ∈ m ,
par :
|| x ||m = Max | x i |
i∈N*

Montrer que la boule unité de m est un ensemble convexe dont les


éléments extrémaux sont les suites dont tous les termes ne pren-
nent que les valeurs +1 et –1
On pourra poser la question sous forme de problème en deman-
dant de trouver les points extrémaux. Pour cela, il sera bon d'inci-
ter les élèves à étudier d'abord R° , comme pour l'exercice 3.1.

P 3.3
Soit C(I) l'espace vectoriel des fonctions numériques continues,
définies sur l'intervalle I = [– 1 , + 1] , normé par
|| f || = Max | f ( x ) |
x ∈I

Montrer que la boule unité est un ensemble convexe qui ne


comporte que deux éléments extrémaux triviaux.
(Résumé de la solution page 101)

T.T 3.4
Dans l'espace vectoriel P2 des polynômes à une indéterminée t,
à coefficients réels, de degré ≤ 2, on considère l'ensemble B,
défini par
P ∈ B ⇔ { ∀ t ∈ [–1, + 1] , –1 ≤ P (t) ≤ +1 }

SOMMAIRE 83
APPLICATIONS

On représente chaque polynôme de P2 , xt2 + yt + z , par le


point (x, y, z) de R3 .

On demande de dessiner soigneusement l'ensemble B . Réaliser


un modèle en carton de cet ensemble convexe.

Commentaire pédagogique
Cet exercice représente une tâche technique (Cf. fascicule I, chapi-
tre 4) très instructive pour les élèves.
Sans présenter de difficulté réelle, elle demande cependant un
effort soutenu, et aboutit à un résultat non dénué d'intérêt (Cf.
l'exercice suivant).
De plus, le professeur incitera les élèves à passer constamment de
la représentation géométrique de R3 au langage des polynômes et
vice versa. Cet entraînement au transfert est une aptitude très
importante pour celui qui veut réussir dans la recherche des pro-
blèmes.
(Solution page 102)

M 3.5
Interpréter tous les points remarquables du solide convexe qui
vient d'être construit.
(Solution page 104)

M 3.6
a) Trouver, parmi les polynômes P représentés par un point de
B , ceux pour lesquels P(O) est le plus petit possible, (resp. pour
lesquels P'(0) est le plus grand possible, resp. P"(0) le plus grand
possible).
b) Soit α un nombre réel, tel que α > 1 ; trouver, parmi les poly-
nômes P représentés par un point de B , celui pour lequel P(a) est

SOMMAIRE 84
APPLICATIONS

le plus grand possible.


(Résumé de la solution page 105)

P 3.7
Soit J un ensemble fini, et pour tout i ∈ J un nombre réel xi
et un intervalle Ii ⊂ R .
On cherche un polynôme P à coefficients réels, de degré ≤ n ,
satisfaisant aux conditions
∀i∈J P(xi) ∈ Ii
(Ce problème est évidemment important dans les sciences expéri-
mentales, où l'on cherche souvent à interpoler des données numé-
riques qui ne sont connues que d'une façon approchée).
Démontrer que, pour que ce problème admette une solution, il
faut et il suffit qu'il en soit ainsi pour les problèmes analogues, où
J est remplacé par n'importe quelle partie J' C J comprenant n + 2
éléments au plus.
(Solution page106)

SOMMAIRE 85
SOLUTIONS

CHAPITRE 1

Solution de T.T 4.1


Nous ne détaillons ici que les deux derniers calculs, juste pour que
le professeur puisse se rendre compte des aptitudes qu'un tel exer-
cice peut développer chez les élèves.
g) Sachant que
y – x2 ≥ 0 , y' – x'2 ≥ 0 et 0≤λ ≤1
il s'agit de savoir si
λy + (1 – λ) y' – (λ x + (1 – λ) x')2
est positif.
Compte tenu des trois hypothèses (et en particulier du fait que
λ et 1 – λ sont positifs), on minore cette expression par:
2
λx2 + (1 – λ)x'2 - (λx + (1 – λ)x')2

SOMMAIRE 87
SOLUTIONS

qui est identique à


λ(1 – λ)(x – x')2
On obtient bien un résultat positif et l'ensemble (un des domaines
limités par une parabole) est bien convexe.
h) Sachant que
xy ≥ 1 , x'y' ≥ 1 , x > 0 , x' > 0 et 0≤λ≤1
il s'agit de savoir si
[λx + (1 – λ)x'] × [λy + (1 – λ)y']
est supérieur à 1.
Par un calcul analogue au précédent, on est ramené à étudier si:

(*) (x' x )
λ 2 + (1 − λ ) 2 + λ (1 − λ ) x + x '

est supérieur à 1.

Examinons d'abord l'expression x ' + x : on sait que la somme


x x'
de deux nombres positifs inverses est un nombre ≥ 2 .
L'expression (*) est donc supérieure à
λ2 + (1 – λ)2 + 2λ (1 – λ) = 1
L'ensemble (h) est donc convexe.

CHAPITRE 2

Solution de E.D 1.3


Il suffit de vérifier que:
a) chaque point Ai appartient à Γ (choix convenable des λi),
b) l'enveloppe convexe d'un ensemble qui contient p points doit
contenir tous les barycentres à masses positives (récurrence
sur p),

SOMMAIRE 88
SOLUTIONS

c) enfin, I' est convexe. En effet, c'est l'image, par une


application affine, du simplexe à p – 1 dimensions, plongé
dans Rp , défini par les relations (*) .

Solution de P 1.6
On montrera que tout point M du disque ouvert est intérieur à un
simplexe OAB où A et B appartiennent à X, et O est le centre.
On montrera en outre que la réunion du disque ouvert et de X
est convexe.
Cette réunion est Γ(X) .

Solution de E.E 1.7


Bornons-nous à démontrer l'égalité:
Γ (X ∪ Y) = Γ(Γ(X) ∪ Γ(Y))
a) l'inclusion X ∪ Y ⊂ Γ(X) ∪ Γ(Y) implique que
Γ(X ∪ Y) ⊂ Γ (Γ(X) ∪ Γ(Y))
b) Γ(X) ⊂ Γ(X ∪ Y) et Γ(Y) ⊂ Γ(X ∪ Y)
(conséquence de X ⊂ X ∪ Y) entraînent que
Γ(X) ∪ Γ(Y) ⊂ Γ(X ∪ Y)
puis
Γ (Γ(X) ∪ Γ(Y)) ⊂ Γ (Γ(X ∪ Y)) .
ce qui achève la démonstration, compte tenu de
Γo Γ = Γ

Remarques
Voilà un exemple de bon algorithme (notations commodes assor-
ties d'un jeu suffisant de formules) qui permet d'"algébriser" cer-
tains raisonnements géométriques.

SOMMAIRE 89
SOLUTIONS

Solution de E.E 1.10

On peut projeter injectivement S sur une droite (il suffit de choi-


sir une direction de projection non-parallèle aux C3n2
droites qui
joignent les points de S deux à deux).
On en déduit n bandes ouvertes disjointes qui contiennent chacune
exactement trois points de S . Les triplets ainsi séparés fournis-
sent les sommets des simplexes répondant à la question.

Commentaire de P 4.3

Chercher soigneusement le noyau convexe de la réunion des deux


disques de 4.1.
Attention aux nombreux cas de figure !

Solution de P 4.7

La réunion dans R2 du demi-plan ouvert des points d'ordonnée


strictement inférieure à 1 et de l'ensemble des points d'ordonnée
égale à 1 et d'abscisse rationnelle fournit un contre-exemple à 2).

Résumé de la solution de E.E 5.2

1° Commencer par déterminer les rayons des couvercles suscepti-


bles de recouvrir tout triplet de points A, B, C tels que les distan-
ces mutuelles de ces trois points n'excèdent pas l . (On
distinguera deux cas selon que le triangle ABC a un angle obtus ou
non).

On trouve r≥A 3
3
(Cf. fascicule 5).

SOMMAIRE 90
SOLUTIONS

2° Appliquer le théorème de Helly à l'ensemble des disques de


3
rayon A centrés sur X pour prouver que X peut être
3
3
recouvert par un disque de rayon A .
3

CHAPITRE 3

Solution de E.E 3.5


a) Par définition A est intérieur à un simplexe Sr ⊂ X .
Faisons subir à Sr des homothéties de centre B et de rapport t avec
0 < t ≤ 1.
Par raison de convexité, les images de Sr sont des simplexes
inclus dans X.
La réunion de leurs intérieurs recouvre l'intervalle [AB[
(figure 1).
Si B est un point frontière de X avec B ∉ X , il existe une droite
Δ, passant par B, qui coupe X selon un intervalle (ou une
demi-droite) dont B est une extrémité (resp. l'origine). Pour
tout point M ∈ [AB[ , on peut trouver deux points B' et A' tels
que B' ∈ Δ ∩ X , A' appartient à l'intérieur de Sr et M ∈ [A'B'] ,
en utilisant l'homothétie de centre M qui applique A sur B.
Mais, d'après a), tous les points de [A'B'| sont internes à X, et
c'est le cas en particulier pour le point M arbitrairement choisi
sur [AB[ (figure 2).

SOMMAIRE 91
SOLUTIONS

Indication de solution de P 6.8


a) Une matrice bistochastique est entièrement déterminée par
(n – 1)2 coefficients convenablement choisis. Ainsi, dans le cas
n = 2 , la connaissance de al1 = t détermine
⎛ t 1− t ⎞ ⎛1 0⎞ ⎛0 1⎞
A=⎜ ⎟ = t⎜ ⎟ + (1 − t ) ⎜ ⎟
⎝1 − t t ⎠ ⎝0 1⎠ ⎝1 0⎠
0 ≤ t ≤ 1.
BS2 est donc un segment.

Ces (n – 1)2 coefficients ne sont soumis qu'a des contraintes


données par des inégalités.
b) On cherche à décomposer une matrice bistochastique sous
la forme (6.2).
On met en évidence l'argument suivant: pour que la somme de
deux nombres 0 soit nulle, il faut et il suffit que ces nombres
soient nuls. Bref, si une matrice stochastique a des termes
nuls, les matrices A et B de la décomposition (6.2) doivent
avoir des termes nuls aux mêmes endroits.

SOMMAIRE 92
SOLUTIONS

c) On en déduit que les matrices de permutations (celles qui


ont un 1 par ligne et par colonne et des 0 ailleurs) sont des
éléments extrémaux de 3 8 n .

d) Il reste à voir si ce sont les seuls éléments extrémaux. Il


suffit de montrer qu'à toute matrice bistochastique A qui n'est
pas une matrice de permutation, on peut associer une matrice
non nulle g , à termes réels, et telle que, pour - 1 < t 1 , la
matrice A + t E soit bistochastique. C'est délicat pour n
quelconque.

Dans le cas n = 3 , on montrera qu'il est toujours possible d'adop-


ter une matrice E d'un des types suivants (avec ε suffisamment
petit):
a) Une matrice ayant une ligne et une colonne nulles, telle que:

⎛0 0 0 ⎞
⎜ ⎟
⎜0 ε −ε ⎟
⎜ 0 −ε ε ⎟⎠

b) Une matrice ayant trois termes nuls, dont deux quelconques
ne soient ni sur une même ligne ni sur une même colonne,
telle que:

⎛ 0 ε −ε ⎞

⎜ −ε 0 ε ⎟⎟
⎜ε −ε 0 ⎟⎠

Commentaire
Il faut que l'élève qui cherche prenne conscience du fait que les
difficultés résultent de la présence de zéros dans la matrice don-
née, que dès qu'une matrice bistochastique a plus de 4 zéros, elle
est de permutation, et que les matrices indiquées permettent de
traiter les autres cas.

SOMMAIRE 93
SOLUTIONS

CHAPITRE 4

Solution de Science-fiction 1.4


Si les objets B et J sont solides et convexes c'est impossible. En
effet, s'il existait un point B de B , éclipsé par un point J de J
pour le cosmonaute C, et un point J' ∈ J éclipsé par B' ∈ J, ,
alors B et J auraient un point commun I d'après le principe de
Pasch.

On peut imaginer que l'un des corps célestes n'était pas


convexe. Ou encore qu'il s'agit de "nuages de poussières"
susceptibles de se pénétrer l'un l'autre et suffisamment
opaques pour s'éclipser mutuellement.

Solution de P 1.5
On se ramène, comme dans le problème I. 2.1, a), au cas où X
se réduit à un segment [AB] dont la projection est [A'B'] . Pour

SOMMAIRE 94
SOLUTIONS

prouver que tout point I' ∈ [A'B'] est la projection d'un point I
de [AB] , on applique le principe de Pasch aux triangles A'B'B et
AA'B.

Résumé de la solution de E.E 3.1


On désignera par X l'intersection des deux demi-plans ouverts dont
l'arête porte Ox (resp. Oy) et qui contient la demi-droite ouverte
Oy (resp. Ox). Alors la question 1), dans le cas où la "bonne"
jonction de AB ne comporte qu'un seul côté, est un cas très parti-
culier simplifié de III. 4.1. On achève par une récurrence sur le
nombre des côtés de la "bonne" jonction.
Le même raisonnement s'applique en remplaçant la réunion
Ox ∪ Oy par une frontière d'ensemble convexe, réunion des
deux demi-droites Ox et 0'y complétée par le segment 00'. On
peut ainsi comparer les index de O et O' par récurrence sur le
nombre de côtés d'une ligne polygonale qui joint O à O'.

SOMMAIRE 95
SOLUTIONS

Commentaire de P 3.2

Des contre-exemples à ces deux énoncés sont suggérés par des


dessins reproduits dans ce fascicule. Un problème intéressant est
de savoir si le contre-exemple très simple à b) est "essentielle-
ment" unique, ou bien si le phénomène peut encore se produire
dans des cas plus compliqués.
Solution: ce contre-exemple est une bande de R2 .

SOMMAIRE 96
SOLUTIONS

CHAPITRE 5

Solution de E.D 1.7


Conséquence facile de 1.5 et de I, 1.4 b).

Réponse à E.D 2.4


Pour que la symétrisation soit affine, il faut et il suffit que l'en-
semble des milieux des segments, intersections des perpendicu-
laires à D avec K , (appelé encore "ensemble diamétral de K dans
la direction A") soit un segment. En particulier, c'est le cas lors-
que K est un triangle ou un trapèze de base parallèle à 0 .

Pour que la symétrisation soit affine par morceaux il faut et il


suffit que l'ensemble diamétral soit une ligne polygonale. En parti-
culier, il en est ainsi lorsque K est un polygone .

Réponse à E.D 2.7


Si et seulement si K et H ont le même ensemble diamétral par
rapport à la direction des perpendiculaires à D.

SOMMAIRE 97
SOLUTIONS

Solution de P 2.2
Soit I' et J' deux points appartenant à s(K).

Construisons les trapèzes A'B'N'M' et ABNM dont les bases


sont les intersections des perpendiculaires à D passant par I'
et J' avec s(K) et K respectivement.
Désignons par H , ABNM ( H ⊂ K ) ; si g est la symétrisation de
Steiner de H ,
g( H ) = A'B'N'M'

Mais d'après 2.5 et 2.4, [I'J'] est l'image par g d'un segment [IJ]
de K.
Mais
H⊂K

donc d'après (2.7) :


[I'J'] = g ( [IJ] ) ⊂ g(H) ⊂ s(K)

Remarque
Les exercices didactiques précédents montrent pourquoi l'idée
naturelle qui consiste à étudier l'image réciproque par s de [I'J']
est vouée à l'échec. Cette image réciproque n'est pas en général
un segment et il est impossible de conclure en n'utilisant ici
que la convexité de K . L'utilisation du trapèze H et de la
symétrisation g (au lieu de s) est essentielle.

SOMMAIRE 98
SOLUTIONS

Solution de E.D 2.8

Grâce à un découpage en tranches, il suffit d'examiner le cas


où K est un trapèze dont les bases sont perpendiculaires à D.
La conservation de l'aire est triviale. Le raccourcissement du péri-
mètre est une conséquence de 1.5, énoncé sous la forme
suivante: parmi les triangles de même base et de même hauteur,
c'est le triangle isocèle qui a le plus petit périmètre.

Commentaire de E.E 3.2

On retrouve ainsi la méthode employée par Archimède pour cal-


culer l'aire d'un segment de parabole deux millénaires avant l'in-
vention du calcul intégral.

Réponse de E.E 3.3

L'aire du second est comprise entre la moitié et les trois quarts de


l'aire du premier. En fixant quatre des sommets on pourra défor-
mer le premier pentagone; en conservant S et en observant les
variations de Σ on sera ramené à examiner uniquement des penta-
gones dégénérés.

Commentaire de E.E 3.4

Ce problème est une version plane d'un énoncé proposé aux Olym-
piades Internationales de Mathématiques de 1968. Nous n'en don-
nons pas la solution. Nous nous bornons à dire qu'il se résout par
une méthode qui convient à la résolution des exercices suivants:
a) Peut-on placer 9 boules disjointes de rayon 1 dans une
boule de rayon 2 ?

SOMMAIRE 99
SOLUTIONS

b) On peint une partie de la surface d'une sphère. L'aire de la


partie peinte est inférieure aux 7/15 de l'aire de la sphère. Montrer
qu'il existe deux points diamétralement opposés non peints.

CHAPITRE 6

Solution de E.D 1.2


Voici un contre-exemple:

La planche à repasser, non chargée, est en équilibre.


Le poids est en équilibre sur la planche maintenue horizontale.
Mais le système complet va basculer si on cesse de le
maintenir.

Solution de P 1.4

Voir [7].
1) Le problème plan se résout en considérant une plaque poly-
gonale sans masse, lestée en un seul point près d'un côté.
2) Un polyèdre s'obtient à l'aide d'un prisme oblique dont une
section droite convenable est la solution plane précédente.

SOMMAIRE 100
SOLUTIONS

Autre solution:
Nous sommes parvenus à construire un modèle répondant à la
question: c'est un polyèdre à sept faces dont la photographie pa-
raîtra dans le Livre du Problème fascicule 5, calcul
barycentrique.

Solution de E.C 2.2


On constate que l'ensemble convexe présente une pointe au point

( )
extrémal 9 , 5 . Ainsi une droite d'appui peut pivoter légè-
2 2
rement autour de cette pointe.
Si la forme linéaire f est très peu perturbée la solution

( )
extrémale reste toujours égale à 9 , 5
2 2

Solution de l'Application 2.3


Dans la mesure où l'on sait (III, 6.8) que les éléments extrémaux
de BS3 sont les 6 matrices de permutations, il suffit de faire 6
essais pour trouver la réponse.

Solution de P 3.3
Si f est une fonction non constante sur I appartenant à cette
boule unité, on peut trouver un intervalle I' ⊂ I et un nombre ε
> 0 tel que, pour x ∈ I' ,
–1 + ε ≤ f(x) ≤ 1 – ε
On peut ainsi construire une fonction continue
x → α(x) ,
non nulle qui ne prend que des valeurs nulles en dehors de I et
satisfait à
||α || = ε

SOMMAIRE 101
SOLUTIONS

On vérifie alors que, pour –1 ≤ t ≤ + 1 , la fonction f + t α


appartient à la boule unité de C (I).

Donc aucune fonction non constante n'est un élément extrémal


de la boule unité de C (I) .

Solution de T.T 3.4


On remarque d'abord que si (x, y, z) appartient à B , il en est de
même pour (–x, –y, –z) et pour (x, –y, z).
Ainsi, il suffit de représenter la partie B* de B qui se trouve dans
le dièdre x ≥ 0 , y ≥ 0 , puis de reconstruire B grâce à une symé-
trie par rapport au plan xOy, suivie d'une symétrie par rapport à
l'origine. On trouve que B* est la réunion de trois ensembles;

• Le premier correspond aux polynômes de degré ≤ 1


(i.e. x = 0).

• Le second correspond aux polynômes de degré 2, monotones


dans l'intervalle [–1 , +1] . Il est défini par le système d'inéga-
lités
⎧x > 0
⎪y ≥ 0

⎪ y
⎨− 2 x ≤ −1

⎪P (1) = x + y + z ≤ 1
⎪P (−1) = x − y + z ≥ −1
⎪⎩

C'est un polyèdre.

• Le troisième correspond aux polynômes dont la dérivée s'annule


dans l'intervalle [–1 , +1 ] .

SOMMAIRE 102
SOLUTIONS

Il est défini par ⎧x > 0


⎪y ≥ 0

⎪ y
⎪−1 ≤ −
⎨ 2x

⎪−1 ≤ − y − 4 xz
2

⎪ 4x
⎪⎩ x + y + z ≤ 1

La frontière de ce dernier ensemble comporte une portion de


surface, d'équation y2 – 4 xz – 4x = 0 , qui est un cône de
sommet D (Cf. figure), construit sur l'ellipse de grand axe AS,
de petit axe parallèle à Oy et de demi-longueur 1.
(Pour identifier cette surface on écrit son équation sous la for-
me y2 – 4x (z + 1) = 0 ).
Le plan d'équation x + y + z = 1 coupe ce cône selon une
parabole d'axe RC.
Le plan d'équation x – y + z = – 1 touche le cône selon la
droite DR.
Le plan d'équation y = 2x coupe le cône suivant les droites
DR et DA.
Ces indications doivent permettre de faire exécuter les dessins
ci-dessous.
A (0, 0, 1)
B (0, 1, 0)
C (1, 0, 0)
D (0,0,-1)
R ( 1 ,1 , − 1 )
2 2
S (2, 0, -1)
Plan ABS : x + y + z = 1
Plan DBR : x - y + z = -1
Plan ADR : y = 2x

SOMMAIRE 103
SOLUTIONS

Commentaire de M 3.5
Par exemple, l'arête RT est constituée par tous les polynômes
croissants sur [– 1 , + 1] qui satisfont à
P (–1) = – 1 et P (+ 1) = + 1

En particulier R (resp. T) sont les polynômes 1 [(t + 1)2 – 2 ]


2
1
(resp. − [(t – 1)2 – 2] ) atteignant leur extremum à l'une des
2
extrémités de l'intervalle [ – 1 , + 1 ] .
Les points A et D sont des pointes du solide, correspondant aux
polynômes constants, égaux à 1 et – 1 . Et enfin, la pointe S

SOMMAIRE 104
SOLUTIONS

représente le polynôme 2t2 – 1 , qui joue un rôle très important


dans cette question (c'est le polynôme de Tchebycheff du second
degré, cf. exercice suivant).

Solution de M 3.6
II suffit d' appliquer la technique de programmation linéaire
(Cf. 2.1 et 2.2) pour trouver les polynômes optimum.
Par exemple, on construit le plan d'équation P(O) = λ (c'est-à-dire
z = λ) et l'on cherche le plus petit λ pour lequel ce plan coupe B .

On trouve que c'est le plan tangent horizontal au cône de sommet


D: le contact se fait le long de la génératrice DS (interpréter en
langage de polynômes).
De même, à la forme
P → P'(0) = y
correspondent les polynômes représentés par l'arête RT
Pour P"(0) = 2x on trouve le polynôme représenté par S.
Pour la forme linéaire
P → P(α) = x α2 + y α+ z
un dessin soigné montre que le maximum se réalise indépendam-
ment de la valeur de α , au point S correspondant au polynôme de
Tchebycheff.

Remarque
On explique ainsi la signification géométrique d'un curieux résul-
tat d'analyse.
En 1889, le chimiste Mendeleieff, (célèbre par sa classification
périodique) posait le problème suivant:
"Quelles sont les valeurs absolues maxima des coefficients ao,
a1 , ..., an d'un polynôme P de degré n, borné en module par 1
sur [-1,+ 1] ? "

SOMMAIRE 105
SOLUTIONS

La réponse a été fournie par Serge Bernstein et elle repose sur le


fait particulier suivant : c'est le même polynôme (appelé polynôme
de Tchébycheff) qui réalise l'extremum de chacun des n + 1. coef-
ficients.
Ce polynôme est représenté par une pointe dans la boule uni-
té Bn .

Solution de P 3.7
Démonstration
Dans l'espace vectoriel P n des polynômes de degré ≤ n , l'ensem-
ble des polynômes P satisfaisant pour x, a, b réels donnés à
a ≤ P(x) ≤ b
est convexe.
Le résultat est donc une jolie application du théorème de Helly.

SOMMAIRE 106
BIBLIOGRAPHIE

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SOMMAIRE 108
EDITIONS CEDIC
o
N d'éditeur : 274.11
Dépôt légal 2ème Trim. 1974
Imp ri m e ri e U DR E Y - L YO N

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