VINCENT THERRIEN 1935 Tans il Ol. KerneKheck Ps aivobicti Sern SOY anal en owtioua, CieroT re" ic over ¢ capi sexe scien Paes um vaca? Zar) LA METHODE PSYCHANALYTIQUE BACHELARDIENNE, «Si ta prychanalyse veut des fexleg faut au moins que trate, comme un probleme parler, le probleme de'Texpression potique. > (Bacneraro, préface & Rimbaud Tenfant, de Hackett) Malgré ses qualités de premier ordre (clarté par suite d'une limitation des perspectives adoptées et dégagement d'horizons nouveaux), indispensables a l'esprit chercheur, In méthode classi- ficatrice, employée seule, n’aurait certes pu conduire Bachelard | ses phis profondes découvertes sur la psychologie de Vimagina- tion. Bien qu’elle soit en effet & la fois analytique et synthétique, cette méthode apparait néanmoins trop extérieure pour combler Tesprit tendu dans un désir de connaltre, de « pénétrer ». D'ail- leurs, méme Ia méthode dite mathématique od elle est appelée A sachever ne saurait, dans ce cas, le satisfaire Si je ne connais que ce que je construis, je ne connais pas vetre meme ear Jerne consris pas Tete, mais des signes de Tere ; et fa connaissance vise l'etre. Ce que je construis — des systimes de signes tendant & soumettre le monde aux équations mathématiques — est un artifice d'interprétation, une traduc- tion eymbatique; et les symbols de Tete ne sont pat ete e'. Et Bachelard affirme Iui-méme que Ia « tiche de géométisa- tion qui semble souvent réalisée — soit aprés le succ’s du carté- 1, Jounh, Viauarous, Ltwenton phiorphiqu, Par, PF, 196, cok lection Tniation philosophique 5262 LA METHODE PSYCHANALYTIQUE sianisme, soit aprés le suécés de Ia mécanique newtonienne, soit encore avec Yoptique de Fresnel — en vient toujours & révéler ‘une insuffisance* >. La véritable connaissance est en effet finalement communion dans ce but, elle appelle vite le recours & quelque procédé complé- ‘mentaire et exige une compréhension plus profonde. Crest dans la ligne de cette exigence que se situe pour la critique de Bachelard le recours & la psychanalyse, & Ia phénoménologie (Conscience de la « conscience »...), & 1a métaphysique, c’est-a-dire & quelque autre méthode d'approche « convertie de lextériorité du monde vers l'intériorité de Vétre spirituel* ». Aussi bien extce parce que la méthode classificatrice fut associée, chez Bachelard, & autres procédés de recherches que ses défauts (tendance & Ja juxtaposition, bilan et limitation des points de vue) se sont atténués et que ses qualités de clarté et dordre, désormais com- plétées par la profondeur de la vision, ont pris tout leur relief. Sans Je souci, venu d'abord des mathématiques, de chercher et Etablir des cohérences, et sans la clairvoyance de la psychana- lyse, on peut tenir pour certain que Ia critique littéraire de Bachelard ‘edt jamais atteint le sommet ni la profondeur qu'on Ii connait. PaféMINENCE DE LA METHODE PSYCHANALYTIQUE DANS L'ECONOMIE DE LA CRITIQUE BACHELARDIENNE Crest ailleurs sous le double signe des mathématiques et de la psychanalyse que Bachelard, avec tous ses réflexes intellectuels homme marqué par les méthodes scientifiques, aborde en litté- rature. Le godt de la rigueur mathématique se conjugue, dans ses premiers écrits relatifs a la critique littéraire, au souci, nous Yavons vu, de psychanalyser Ia connaissance ou Ia culture, et, en général, de repérer chez homme, pour Ten exorciser, ct i trop souvent retient son psychisme dans Venfance ou Pado- Tescence de Ia pensée ou de Tétre, Rendre ainsi, s'était écrié Bachelard, oui rendre & esprit sa liberté fougueuse et eréattice ‘! oer PEE noe, oot ee prs et Son wns wa oil ata Seas perctales 2 mo i tepaicmear trae sole revere», et imagination Gchappe tux. dterminiames” Je ln pay: eee at Se ea feos, MS “eh x Gee a pat eat Hess gees a is gel RA Mia ree Te oe PREEMINENCE DE LA PSYCHANALYSE 263 faire ici — ce nest pas notre propos — le tableau ou Fhistoite de Tinfluence tres profonde que la psychanalyse a eve sur In pensée de Bachelard ni méme établic tout ce qu'il doit 2 Freud, Jung, Binswanger, Kuhn, Brachfeld, Baudouin, Rank, Bonaparte, Desoille (auprés de qui il a assisté @ une séance de thérapie en compagnie de Marie Bonaparte, de Mme Favez~ Boutonier et d'autres), etc., indiquons seulement quelques points de reptre qui résument la situation, et voyons surtout la concep- tion spécifique de Bachelard en ce qui regarde la psychanalyse puis la manidre dont il Ya utilisée. i Les sciences avaient déja appris & Bachelard & franchir, In frontidre de apparent pour accéder & 1a Joi dont un fait n'est qu'un indice, et & découvrir ainsi, au-dela du donné, une coherence interne, qui unifie des phénoménes. Ainsi, pour homme science actuel, < le monde caché sous le phénoméne est plus Clair que le monde apparent’ ». « La pensée scientifique contem- poraine essaie de lire le complexe réel sous T'apparence simple Fournie par des phénoménes compensés ; elle stefforce de trouver le pluralisme sous Tidentité par-delA Texpérience immédiate trop tot résumée dans un aspect ensemble‘, » Mais, pour le philo- sophe, transcender ainsi les frontitres de observation immeédiate, Cest (bt ou tard découvrir la profondeur métaphysique du monde objectif. Aussi peut-on dire que la pensée scientifique contem- poraine est profonde et d'allure métaphysique : « L’atomisme Eee ay caret = SO en Sin cat Pear da mit see spas ranire de rendre 4 fa raverie sa connate reposante > (45, See reer ic tye Sas Hb Got mar ye ek Sane ht eel atest ela Ss dete Se ete eects oe se ee re nar. Srehatne seer nce ceo a ene Rec cat See (Bijpeeae cre an ay eho te apres cts Supe at Si Roe cineca ame Rleouatieg kode arabe e aie tees ae mae ebeeiaiacenhiee fey ete tne wi cotinn aye meni: a maa od eh Soe at ine cases ne ene far seme ees Ss She a ar témologique », dans les Actes du 8 Congrés international de Philosophie, eas264 LA METHODE PSYCHANALYTIQUE contemporain est la plus prodigis Sen eee eles, prodigieuse des métaphysiques », La psychanalyse vint évidemment contirmer chez lui tude erique, ea renfrcer au point de la ends presiee ga De ham nne mg po in ae sat le rate ee Sea ai ne Et, empruntant les mots de Nietzsche, il poursuivi Alc ons ie dt ee na cea a se A ee se fagesl wn Sid ean eae ‘Si done la méthode psychanalytique bachelardi e 4 point de we pistémotogique: I ethene Precious Parce qu'elle plonge plus profondément que celles-ci dans ies Guvies litteraires. Ne découvre-telle pas, de par sa nature meme derritre ce qui est dit, Yimmense réalité révée qui n'a pas encore articulé son nom, en un mot : ce qu'on veut dite ? Dis lors Slee adeptée d la lnérature, mulle méthode mieux que la psycharalyen Peutétre, ne servira cet art : car « dans ordre literaire, toot gst revé avant d'ére vu, fAt-ce la plus simple des descriptions” ». Cette supériorité de ta psychanalyse appliquée en eritique lite raire, par rapport aux traditionnelles investigations ‘de* surface, Sean peandue de {rapper Bachelad, einsi que nous Tavons vu. etude de ce phénomine. Et cesta ‘Rous la trouvons associée aux méthodes inspirées d'autres ce (méthode clasiicatice et méthode mathématique), Car nee, affirmation juste de Moritz Schlick, tandis que la physique étudie les phénoménes « dans leur ordre extensif spatio-temporel, le sychologue les considére d'un tout autre point de vue, a savoir prés leur ressemblance intensive », C'est en dépassant de cette facon, suivant Taxe de In profondeur, la méthode classifies, ts p. 155, RA. B68 ER. p. 185, 10, Moriiz Scinicx : « De Is relation ent tes notions paychologlques et tex not tes >, done Revue i_tations physiques », dans Retwe de syntiese, Para, worocaneet w93E, PREEMINENCE DE LA PSYCHANALYSE 265 trice ou géométriquement organisatrice, que Bachelard réussit & nous suggérer une critique litéraire vraiment dynamique (le pro- pre de Ia psychanalyse étant justement de s‘intéresser a cette sorte Giintensité qu’est le dynamisme du fonctionnement psychique). Déja ce que les méthodes précédentes avaient de dynamique, elles, le devaient surtout & la psychanalyse discréte dont elles sont tou- jours un peu colorées. Mais le dynamisme psychique, s'il est inten- sité d°8tre relative, neeud d'énergie, ne pouvait se manifester, c'est-& dire étre saisi et exprimé d’emblée, par un simple dessin de cohé- rences claires. Bachelard I'a bien not : Lintensité psychologique s'attache non pas & ce qui est clair fen nous, mais & ce qui est ténébreux et caché ; a ce qui est inconscient. Dés lors on ne peut en prendre une intuition. On ne peut Ia détermier que par ses conséquences ". Crest d’ailleurs pourquoi le philosophe a tenu un jour a félici- yer Marie Delcourt pour Tune de ses études Mine Marie Delcourt, ail affirmé dans une note peu connue, donne jistement do besoin de comprendre a Ta modcme qui pousse certains heleistes a accomuler les legos clares Trop souvent, ils Cae Ia logique: ee gut sa a hologque. I faudra du tempr et un dur tavall, pour efacer camouflage rationalise, Il sera ensuite nvessire d'etlacer le camouflage wae Mais sil est réservé a la psychanalyse de travailler dans cette perspective, encore faut-il que T'nterprétation philosophique vienne achever ses recherches empiriques. Telle apparait juste- ment Ia psychanalyse bachelardienne : elle pousse 'étude des pro- blames jusqu'a leur niveau métaphysique. Et elle met alors bien cen relief, indirectement, la place de la psychologie parmi les autres leurs en cela ce jugement tres juste 4’Aron Gurwitch qui ta situe « & (leur) base ». Sa tiche principale ne consiste pas a entichir notre connais- sance du réel de In méme fagon que le font les sciences physi- {Ques et chimiques, mais d prendre conscience de la connaissance du réel elle-méme, Par Ia, elle s'approche de la philosophic, ce ‘qui revient & dire que pousser les probltmes psychologiques assez Join, c'est les poser en philosophic ", « Paychanaiys dete connsluance objective», dant An- 0 pares Eades Gand, n° 3, 1939, p. 5. Siete tyatrieen” et ealuanees damn a WRFLIB39, 0°33, Dp 493- smalgiques dane Fantgun clamav ‘in pince de ta peyeholorie "rar, aviocohre 133%,