Soyes ce que vous voudriez avoir fair d'etre, Ne vous imagines pas
fre diferent de ce qu edt pa sembler a autru que vous fussiez ~ ou
eussiez pu etre ~ en restant identique a ce que vous fares, sans
jamais paatre autre que ce que vous nevis (avant dete devenu ce
‘que vous ee),
Lewis Carol
Pour Anric, Carmen, Clete, Hisabeth,
Franca, Francoise, Myriam, Stephane et Thirise
rea Muses, mais Apollon?
Comer Sey parm eh
cob SPADE 985
STRAVINSKY
Marcel Marnat
Ala memoiredAlain Petit
Solfeges
SEUILDE RIMSKI-KORSAKONVSoenttsboug
wd pot Tea
gree de
Sede
‘ogee vv
de spc pts
‘ancenne Moscow
I foime cba
Senora do Par,
Tame cate gece
fpuscitde ia
bord te
aig do
aoa rile os
lam» Acca
Pauchlne. (ar,
Ses a
cor)
feneire sur TEurope ». Pour les «vi russe i
isquer, plus que jamais la contagion des idées occ
deetales tren fut rien: non seulement le genie rus
recut a ces infrations mais encore en tira un dis
cernement pls aig et sen troava pus for, plus vehe
tment, pus ctique. Sans Peersbourg, Tart russe aurait
Des lors, Moscou newt plus qua senfermer dans la
tradition, se vouer & Tacademisme, au totatarsme
dans Finconscient collect, Moscow et som Kremlin es:
tent antés par han le Tetble ou Stale. Peersbourg,
chiquement: ce fat aussi bien Catherine Il et Diderot
Diaghilev. Y
que Kout
uirent deux des plus grands musicien
roe sigele: Stravinsky puis Chostakovitch.. « Mot
ui dans la banlcue », pr
‘de Lady Macheth
um petit garcon qui fast des signes aux pensionnain
de la grande bitisse den face la prison. A cote hab
Napravnik, le chef dorehestre qu, en 1874, ea Bors
Govcunow apres quelques representations, le ole prin
pal a
ampagne de la famille, sur le golte
plus grande parte de Pannge se pase pourant Saint
Petersbourg atl santé fag de ce premier fils encou
age es parents ale claustrer. La maison est requentee
par divers n
aucoup, Presque
rd, Robert Cra
esa personnal vd ou de jung, de
cravil
ou de Schanberg, de Dosiolevsk oa de Tol:
eats
ie Sat Parsberg sea ps bie pour eClacr es
cio Ua OU pou ds tntbe eco
Seraigance Gus x Cove dc Beiter ad wi
ae
Fs
vers 1858ete period ur de Scheer
que Rin
ski demeurait un orchestisteur sans précédent et que
(et désormais entachée d'académiste) par une venue 8
rnulle autre comparable. Rimsk, ailleurs, eat
sent de ses hoites et Cest dans les formes libres
a quil garde toute sa fralcheur et
aller de Sflada (1890)
propostes pat Top
libgre détonnamtes audaces: le
préfiguent les passages les pls hurleurs du Sacre du
Printemps. Letrange est qn tel matte at suscite des
fy patens Glazounoy, sins compter dinnombrable
‘oubliés et quelques émigré!
Simultanement, Moscou ses ms ous lt bann
Tehatkovsk. Au depart soupconne de cosmapolsme
Tauteur dEagine Onagune avait fini par convalncee du
russisme », sinon de sa technique, du moins de ses
lima et de son inspiration, Pls de cent ans apres st
mort, le debat reste ouvert mats i est patent que pl
sieurs générations de musicens russes souhaiteront
a de Rims
Stravinsky tout le premier qui debuta par des « poemes
avoir Veassictte » de Tchatkovski et le
symphoniques , sulsamment informes pour etre de
Tehutkovsk, mais si bnilans quils ne relevent, en defi
nitive, que de Rimsk... Toujours dialectique, Stra
ey expliquera plus tard son amour de Tehatkovsks
cen celebrant son don melodique, le plus genereux, en
Russie, depuis Glink, Ainsi, des ses sept ans, Stra
vinsky avalcil decide dune carere musicale en ass:
tanta une representation de La
An
eau bois dormant
sn i regut ses premieres legans de piano,
spement « hourgeols sins intentions pat
heres (Mendelsoln, Clement, Mozart, Haydn, Bi
ven, Schubert, Schumann... Stravinsky dita de son
prolesseur, bien qiancienne eléve dAnton Rubinstein
quelle netat qu’ une cruche » dont le seul prinipe
valable eta de proseite toute pedaleet de soutenr les
censeignement de routine nen fat pas moins eotfe par
des lecons dharmonie puis de contrepoint. Stravinsky
meme s'l laisse une ceuvre de piano relativement
pave, composera au clavier
Mais Papprentisage musical se ft surtout en ass
tant, au Theatre Mane, aux repetitions des spectacles
Carte nl do
les fabuttos oppels
form dacee
(Pore but do
Opie}‘04 se produist son pére, interessant melange ot se
cotoient Rossini et Meyerbeer, Gounod et Vera, sans
parler des Russes: Ghinka mais ausst Seeew, Boroine
Tehaikovsk, Rimskt et meme Moussorgskt, en vote de
marginalisation (contraizement a Chestakoviteh, Str
vinsky ne Tamera jamais) Ce est que plus tard, ado
lescent, quill initia, apres d'un alne, a ce quan
appelait ln « musique francaise» = Debibes, Bizet, Offen-
bach et Chabrier, compositeuts dont il appréciera
toute 2 vie, la racheur et les dors mélodiques
ew enclins le voi sabandonner la enusigue, les
paients de Stravinsky ne Te powssnent gure dans cette
‘oie. Pourtan, des études, sans élan, poursuivies au
Iyoee lulvalurent de cotoyer, par hasta, Tan des fils
de Risk, ataquant, comme fgor, une licence de dro
A Tuniverste de Saint-Petershourg. Soudan dissident,
Stravinsky sintroduist alors (€€ 1902, if avait vingt
ns) supres du views sorcer de la musigue...Un cahier
esquisses ne sul conquent le matte: y manquat op
le moindre soue de Tharmonie et du contrepoi.
ing mors plus tard, Fédor Stvinsky mourat d'un
cancer. Igor en profita pour sémanciper. Fuyant le
Canal Krak il sinsalle a son compte et Dientot f=
quente aussi bien le cercle musical de Belaev (de plus
en plus retrograde: son host iss-vs des msiques
allemandes et ancases fu son comble lorsque com:
renctrent 4 ete connves les aves de Richard Sass
et de Debussy) que les mieux avant-garde au sein
eequels om sartachait la récente revue lancée par an
certain Diaghilev Mir shot (« Le Monde de Fat»)
Une tense actone de concerts cimentat le ut et cet
8 Sain-Pétersbourg que Stravinsky entend, pele-mele
Brahms, Reger et Strauss, Franck, d'Indy, Dukas,
Debussy et Ravel (quatuors et méladies) mais ausst
‘Monteverdi, Couperin et Bach, +en quanti». Cest
sous & routes ees influences que Stravinsky esqusse
une grande Sonate pour plano dont il tra (ete 1903)
reso les problemes de forme aupres de Rimsk-Kor-
sakoy. Simplante alors dans son esprit Tigee selon
laquelle «les formes musicales les plus developpees. De
trouvent leur plus ample expression dans le complexe MRLSHAKCY
orchestral» (Chronique de ma ve). Fnalement, Rimski 8021916
prend «la place du pee», Tais ans duran, Sitavinsky
va suive aupres du mative de vertables cours parc
Hers analyse des ceuvres du pass, orchestration de
sonates et de quatuorsen vue dadapier forme et sono-
rte, Un an pis tard i enteprend une Symphonic ev mi
bbemal environ 40, terminée fin 1906, pew apres son
mariage. Durant la ssison 1907-1908 on chanta Le
Fane et a Bergere aux concerts de Beaiev: Stravinsky,
lance, eabore alors une ceuvre dorcheste, le Scher20
famasiqu, ainsi qu'un opera, Le Rasignl, apres le
conte dAndersen. Une legende tenace et aussi epi
raphe dela partion suggeeent que le Scherap fara
tigte (16° environ) fat inspire par La Vie des abies de
‘Maeterinl; devant Robert Cra, Siavinsky écatera de
rte: « Quel eleve du compasiteur du Vol di Fourdon se
‘squerait a faire une chose pareille?!»... On dit que
Rimski apprécia (sur parton cat Torute ne ft erése
‘quapres sa mor, aux Concerts Zio, en levrier 1905)
Diaghiley, present dans Ie slle, fut Frappe par le bio
instrumental et nota le nom de Stravinsky aupres de
ceux de Teherepnite et Liadov parm les orchestateurs
don il pourrait vote besoin pout les adaptations dont i
‘ourisait ses tout nouveaux Ballets Russes. Cest ainsi
que Stravinsky instromenta deux des pites de Chopin
composant le ballet Ls Syipides le « Nocturne initial
tn » Grande Valse brilame» en ai bémal qui sert de
finale. Cetefaveur soudaine canne de nos jours car le
Scherzo antatique semble déployer son superbe orches-
‘re sur un materia musical bien impersonnel
Debut 1908, Rimski declina brusquement et fut
femporté par une ense cardiaque durant Pete. Stra-
vinsky terminal juste Few d'Artjie qui emporcera un
cereain succes, & nouveau aux concerts dAlexande
ilo, deux ns plus tard (4 environ. 22 janvier 1910)
(On regrete pourtant quit exe perdu (mais ans doute
1a fin du regime sovietique permetra--elle des recher-9¢ ches plus approfondies dans les archives de Saint oF
imskeCoreanOY Petershourg) le Chant fncire que Stravinsky ecrvi tian cotsacay
ten"1#10 pour oxcheste dinstruments 8 ven, 2 la memoite de haestteie
son maitre (Concerts Beltey, automne 1908). Sie
vinsky lui-méme en pale comme de «la meilevre de
Ises} euvres avant LOkeau de eu et la plus avancee
‘quant a Tharmoniechromatique».. Peut-tre en est-ce
le souvenir qut retemit de fagon st frappamte dans le
choral dedie, en 1920, a la mémoire de Debussy
(aujourdhut dernier episode des Symphonies dinsin-
ments vent)?
Le parcours plate aeeidentéauguel nous soumertent
les premicres ceuvres de Stravinsky oblige faire une
pause, Notons dabord a que pointe rest pas un genie
musical precoce et combien ces debuts adherent sans
vergogne aux msques a la mode. Il ne stbandonne
fps pour autant a une inspiration sormnambulique, 2 la
Seriabine, mais cheisit son milieu et sy insére avec
talent, voure quelque astice : peutetre fautell voir La
annonce des distances que Stravinsky prendea vis
vs de tout ce quil aborde, Plus tad le compostteur
brocardera volontiers les milieux artistiques fin de
siecle mais e'est pour les avoir @abord singes avec
quelque cynisme. I nest donc pas surprenant que ses
‘uvres les plus riches daveni €chappent tx souplts
e Tepoque: ainsi peut-on y prefer elegance de se
premigre melodie (Nuage, 140, 1902) au tchatkov
skisme ehonte du Faune ct la Bergere (10°, 1906): y
apprécer la chanson populaire style (Pastoral, 2
1907; sensiblement influencée par Grieg), vote les
romances insprées par Goredetzki (Deux Melos, 6
1908), plutor que Tes premieres ceuvees Gorchestre
émonsiatives avant tout... Ainsi la Symphonie en mi
bemol apparat-elleessentillement comme une gree
de « Moscou (sentimentalité appayée du lang) sur
esprit de Satnt-Petersbourg, un zeste din
Franckise brouilant oppontunément les pists
eee
Des 1906, Diaghier ava conqus Pars en pesenant Dog or
au Sion dautomae une gntengueexpstion muta. Reswe,6V7.
tee Dex icles cut ras (alate fat des cones on
du ava avant-garde, représemtee par Vroubel et
Larionoy, juste debutant). 1907 confirma son implan:
tation occidentale avee an Festival de- musique russe
{qui deplaga Rimski-Korsakov, Chaliapin et Richman
nov (acctelldesastreu dit 2° Concern). L008 margua
pourtan le coup dlenvo! avec deux soiees de bales et
trois operas dont I premiere representation integra,
fen France, de Boris Gedounov (mais dans la révision de
Rima), Mal inspire, Diaghilev expat aust Tassom
mante Judith de Seroy et La Pskovtaine de Rimski
(ebaptsee, commercialememt, Ivan le Ternble, pour
tier uo meilleur parti du renom recent de Chaliapine)Histoire, pourtam, n'a vtaiment retenu que la nai
sance des Ballets Russes, alors que les programmes
relevaient de Timprovisation: Le Pavillon d'Armide de
‘Nicolas Teherepnine, es « Danses» du Prince Igor de
Borodine (decors de Roerich,tutur colaborateur du
Sagre) et un salmigondis dextaits du Cog dor, de Rus-
Tan et Ludmilla, de La Belle au bos dormant, de La Fire
de Sortchinsy, de La Vie pour le Tear, de Case-Noisete,
de la Raimonda de Glazounow, le tout couronne pat
Taffigeant finale de a 2 Symphonie de Tehatkovsk, Ce
cauchemar etait imtule Le Festin et ne « passa + que
sgrdce aux decors de Léon Bakst, que Pats découvnit &
‘ete occsion, Le second spectacle etait tout aussi dis
ccuable avec la scene du mariage de Ruslan e Ludmila,
lus Syphides (orchestration de pitces diverses de Cho-
pin par Glazounoy, Liadov, Tcherepnine, Sokolo et,
done, Stravinsky) et un nouveau patchwork rap:
prochant des pages de Taneiev, le 3 acte de la Mlada
de Rimski, un extrait des Saisons de Glazounoy, les
‘Danses de Khovanchin, le ile ayant ete spciale-
rent compose par Tcherepnine,. La salade en ques
tion etait censée evoquer Cleopdre, incamée par Ida
Rubinstein... Si Ton insiste sur de tels programmes
‘est parce que Tindigeste legende de Diaghilev a op
tendance a idésier des entepmses ui ne furent que
rarementindiscutables. Les musicens,dailleurs,frent
rise mine mais on n'écouta que les balettomanes, ste
efits par les performances des danseurs russes (pre
riers appartions de Karsavina et Nijnsa). Diagle,
surtout, sut epater la masse indécise des amateurs,
seduits par des musiques faciles (on etait loin de
Wagner-Franck- Debussy) et plus encore par Vopu:
lence des decors et des costumes, parés toujours des
couleurs les plus llamboyantes, Semblsient dénonctes,
sou, les timidites poussireuses de [Opéra ou de
POpéra-Comique et est ainsi que sembla simposer un
certain syle, propulse, entre autres, par Jean Coctea
Diaghilev pur vivre deux salsons selon ces formules
‘mais il Tu flu admecre quia pays de Faure-Debussy-
Ravel son point faible estat Ia musique, Dés 1909, 2 oy
force fu fut donc, pour eonguerirdefiniivement une
reconnaissance solide, de commander @ des musiciens
de renom des partitions onginales pours sison 1910.
Debussy, Faure, Ravel furent evidemment contaciés
ainsi que Reynaldo Habn. Fauré et Debussy ne se
sentient pas inspires par ce quils avaient vu. Hahn
«oncaca, va Cocteau, un Diew ew a Thindouisme ni
cule. Ravel, au début de sa caer dorchestateur, se
Tasca séduire parle projet un Daphris et Chloe. Rap
ddement, pourant, il déchant, la platitude du iveet qui
Tas etaie impose sugmentane dautant les pretentions dix
choregraphe Michel Fokine Si bien que rien de Peeuvre
(revue pour juin 1910) etait presentable lorsque, six
mois plus tard, Diaghilev demanda des nouvelles
Devantremplacer un spectacle depres dune heures se
tourna vers ses eollaborateurs, pein, entiques,écr-
vains pour obenir vite un livet des plus convention:
nels, inspire de legendes russes. Diaghilev dont la mane
sera de sollciter Tes gens &eontre-emplorélama ds
lors les quarante minutes de musique nécessaires &
Teacellent Anatole adow. Cat assurément le meilleur
disciple de Rimski mais une remarquable pudeur [avait
jusquators cantonne toujours dans des erations ext
‘mement breves. adov eonsenti mals, werroist, ne fit
rien, Decouverte quelques semaines plus tard, cette
inhibition alfola le matre des Ballets Russ. Tcherep-
rine, appelé au secours, refs. 1 fall, des lor, trou-
ver quelqu'un de sulfsammencorveabe pour ratraper
le retard, En desespoir de cause, on ta Tauteur di
Scherzo fanuastique...Ainsi la rogne de Ravel donate
ss chance a igor Stravinsky.
toe
est san illusions que le 15 juin 1910, le Tout-Panis
se rendic a FOpera pour Fouverture de la nouvelle sar
son des Ballets Russe, Il faut songer que cete année
(qt avait debute par des inondations sans précédent
semblitrésolue & poursuivre dans le sensationnelnées parla « Danse de Katsche!», Celut que Chosako- o¢
‘atch designers comme « itllectul slave pltar que. {/MEKLRQ4SAKOY
‘usicien russe» se revee cout a coup, portant un coup "#821910
foi) roma sur cet cuisine pase et op pee, pt
Himsk{eQttAeO¥ ant voloniers de st boullabass » Si la maturité
y882""910 acquis sondain (par rapport st Schera fatatique et
Feu dAraice) llse pantos, on ne peut qa saspecter,
Pourtant, le pathos répandu de bout en bout. Sans
doute exemple de Tehatkovsks pese-til encore loutd
sur ce condensé de ballet romantique
“Tout se passe, des lors, comme si Stravinsky avait
attendu le jugement de Paris pour sexteaire des
conventions pittoresques attachees & la musique ruse.
Er Tadmirable est que es musiciens francais apergurent
emblee la lcidite qui, soudain, avait dict cette
‘musique, Vauteur, i est vrai, savit qui se presenta
devant un public qu, depuis rente ans, stat montré
exceptionnellement permeable 4 I's orchestre russe
Tout le probleme etait done Wafer, par-dla le coup
de chance d'une promotion par Diaghilev, qu’on pou-
ait Sevader du sie Rimski ~ dont, pounant, le mare
des Ballets Russes ne songeait guere 4 Salfranchit.
Comme la musique de Chopin, UO\seau de eu cachat
done « des canons sous des roses » et cette veture
quelque peu pesane d'un énigme conte oriental propo-
sat deja une manire de reflexion critique concernant
son environnement musical: comment échapper al
‘russisme» de Saint-Pétersbourg, si enivrant et si
apprécié, comment ateindre & une musique née des
spécifiites russes mals de porte universelle, échap-
pant du meme coup aux vulgsrités dun pittoresque
trompeut, tout cela sans renoncer aux possibiltes de
Toreheste lege par Rimski?,. Pls tatd, dans st Poe
tigue musicale (1938), Stavinsky dénoncera le sacro-
saint nationalisme, si cantrate, en definitive, la
naissance d'une musique aux résonances planetaies
En 1909-1910, au moins pose-il le probleme en toute
ane.
‘Aussi, a pine engrange le succes paisien, cet Osea
de feu vail ee impitoyablement plume et condense
cn une premigre «Suite dorchesise » qui extraira de
leur gangue narrative cing pages essentilles,couren:
decisf au fatras descrip, trant ee torrent d'images
vets Yabstacton et les raslances dune musique pure
de simple apotheose, dans le ballet, le finale (qui sera
recupere dans une seconde « Suite», plus elle, pro-
posee en 1919) deviem quasiment parodie elegamte du
ompierisme. Ceres, Vorchestation en a eve allegée
mais il y # la une premiere affirmation de cette
refine que le musicien noursre de plus en plus vis:
ais de Fexpressvté ou plus exactement de Fexpresst
vue univoque. Obscurément, Stravinsky accede ains 2
tune conception plus depouilée et plus absteite du
geste musical, 3 Ja nécesste quil fasse penser plutot
que resent I fallait que L'Otseau de feu at écles pour
pouvoir entamer ainsi une guerre ouverte cone Fete
Tomantique, impressionnist ou symbolise, contte les
pollutions Sentimentales ou nazeatives. Ce regard cri-
tique, dores et deja pore sur Is jeune tradition ruse,
rest que Tanonce de ces innombrables «la maniere
de dont Stravinsky nourria son oeuvre: il ny a deja
plus de période russe mais dé une (néo?) classcist
tion de Ia musique russe sur laquelle on invite desor-
‘mais le mélomane a se pencher. Dorénavant,Taudlteur
sera de moins en moins passif: il n'a plus a etre
englouti dans des «soruileges » (debussystes, wagne-
Fens) mais au contrat il sera loyalementconvié fire
siennes les téfleions d'un attiste, superieurement
eee
A peine Stravinsky terminaltil Oiseau de feu quum
reve Tobseda
Layasion dun gad epee weap assem
cere observant une oe file qui sare pot
rendre propces les dieox du printers, et qt doi
diner sq mr. Changes dma te)Avant meme de se rendre a Panis, le compositeur en
surat esquisse la demiere scene. Ains Le Sacre du prin:
temps esl congu des 1910. Le theme ne doit pas sur-
prendte: le prehistonsme etait ala mode aussi bien en
Russie (Gorodetzkt) quien France (les frere Rosny se
sont fit une speciale des « ages farouches », veine ot
lriomphe justement La Guerre du fou, en 1911). Dia-
ghilev a Beau vouloir Mater les mulleux symbolites
Darisiens en projeant un ballet d'aprés Edgar Poe,
idee de Stravinsky le sedut asez pour quil mette le
‘compositeur en rapport avec le pentre Nicolas Roerich
{qui poursutvait de son edt route une imager prehis-
torique.
Le choc de Paris, sur ces songeries primitives, oven
fut pas moins rude” Du jour au lendemain, Stravinsky
est entralne dans un tourbillon au sein duquel,
ailleurs, il se revele etonnamment apte faire som
chemin, selon des codes qui, pourtant,n'appartennent
aqua bu: Cocteau Te dessinera ebaisant la main des
dluchessesen leur marcha Sut ls ped», ast que le
deertseverement Debussy, debut 1916, Jacques-Emile
Blanche, excellent peintre mondain, vale moniter avec
ses gourments, ses guetes de golfeur, sa verure de ras-
taquauere, plus adapcee aux champs de courses qu‘aux
sslons de ce Pars qui Sabstine & porter du noir. Il ne
sen ie pas moins, péle-mele, avec Debussy, Ravel et
Schmitt, Satie et Puceim, Casella et Falla. I'ne eraint
pas de faire allgeance a Sarah Bernhardt, expedic
Proust assee acrimonieusement, se laisse aceaparer,
Finalement, dans ce qu sera plus ou moins le «clan
Cocteau +, de Paul Morand a Giraudoux, parallele 3
‘axe supreme : Saint-John Perse et Claudel... Suivront
des vacances hien gagners @ La Baule (ot il éert Dew
Meladtes «apres Verlaine) puis en Suisse, pres de
Vevey, ou naltra, en 1910, son second fils, Soulima,
promis a étre pianiste (Ialné, Theodore, qui sera
Peintre, etait né a Saint-Petersbourg en 1907). Cest la
Aue, revenant de Venise, Diaghilev et Njinsk le trou
vent plonge non point dans la composition « juras-
sique» esperée mais dans celle d'un Konzerstack pour
piano et orchestre, peutete plus conforme aux appe-
tts parsiens
Avan dborde Sard preps don a ahs
thon eannongat longue et aboreuse e voulus me
Avera ie sre ore ot pan overs un
role preponderant (| Jase la vison us pan
subtementdéchaine qi, pr se cacades erpepes
dtliue, exept a pence de Freese [1
ensuite werbl Bagae [gu ermine par
erolement plan da pure ain [| J cerhs
pendant des heures [1 ete gu expemerat enon
Sul mot le crate de ma masque et, consequer:
ret a igue de mon prsnnage Un our urs de
Joie Peechha!Teerel malheoesx de tutes es
eves de tse pay (rons deme vi)
Le Daphnis de Ravel retan iraprobable, Diaghilev,
speculant sur le souvenir laisse par LOseau de feu,
povssa Stravinsky 9 elnpir son projet et ay ifltes
toute une dramatinge amour de Petrov pour une
poupée de son, vale implacable du « Maure», pou
és de bois qui jongle ave des noix de coco et ser Te
Dretendant avec son cimeter..A Claens pls a Beau-
le, prs de Nice, Teeue nouvelle ouvaFessetel de
sa forme, mals ees 8 Rome (les Ballets Ruses se
produisent dans le cadre de Exposition universli)
ue Pavouhka ft ment a ben 26 mai 1811), La pre-
tire et Lie uois semaines pls rd (Chatlt, Pai,
13 juin, direction Pare Mosteus 40" environ.
Pardla une chatoyance qu fscna le publ, null
rmusigue mal, mien qua Pais, promise un succes
aussi profond, aussi fraternl. Synthese domince
Gorchesrea ln Risks, daffirmation rythmique pe
Sonnele et dune harmonic hee des admiraions
frangaies concues des Sain-Perersbou, la musique
de Petrouchks semblaitapprouver, dans un idiome
Imprevu, le soueis quavat la France de Faure
Debussy-Ravel de ne plus composer selon les relesAvant tejeté la
notre avant-garde sexalta done au produit de ce
poly nonalste
Moussorgsk
remporia un sucets dastant plas déciil por Stra
vinsky que si afimat sans detour st personnal pre
rice: un an apres Lean de fe, il s'est soumis tous
les parametres sre, le proil general (irois parties et
ada, parodie dun plan de sonae) et surtout Torches
tration. Celle-et, par-dela Teclat traditionnel des
\ personne: Stravinsky saffirme & hi se comme tn
nouvel
plus tard,
avatar de la musique russe
se contentera de dsclarer
Pvt ern sb
Paris newt goete le temps dy medter car Diaghiley
ava reuse fire inviter parm es 5
pour le couronnement de George V, a Lonxes.. Pr
dente
deux ceuvres rece
manifestations mondaines, sans aucune des
es, allendues par Timtelligentsia.
peut-tre boudeur) rene en Russie: ily
le listet defintive
travail au Sarre avec Roerich qu
‘ment etabll, esquisse les decors
persuade que le toisieme element de ce que certains
Le musicien reste
onsiderent comme sa tilogie tise sera presente at
hut de Fete 1012. Mais Diaghilew prefers tiver part
fe a reputation interationae gil Set acquis et pro
longe ses toures vers Berlin, Dresde, Vienne et Bud
pest (a Berlin, Guillaume IL preferera Cleopaire &
Osco de Je). Ravel, pourant, ott par Petrouchha,
a decide dachever som Daphne trouve enfin Tins
tion de son prodigeux finale, Naturellement, Diaght
ley wen veut plus: apres Petrouchia, Vruvre « date »
(alors qutelleauraitconsttné un pendant apprécié aux
ahs a
Fa ter
ome ag VBR
tm exteme fn de saison. Ravel, dont [asc
Jusque-la constante, debouche sut une
vincky (Poemes
aoe
en profite
Ta demniere main a divers projets plu
sm Montour de
teste puto
roe
‘anche Boris
Tab. orb
de "OperaIu, dfinitiverent, un élément sonore dont sl dédat
gra le eens desormais («les mots en étaent bons, et
ce sont des mets qui me fallait, non des significa
tions», afirmera-til devant Robert Craft). Zvexdalik
fun compose en Russie mais dedie a Debussy @ qu le
rmanuserit fot offer... Accueil plutot embsrrasse
‘Cher vieus Stravinsky, excusez mon retard @ vous
remercier d'un envoi que la dédiace fait précewx entre
tous! [1 La musique pour Le Ro des Eze reste extar
ordinate... Cest probablementI"harmanie des spheres
fernelles dont parle Platon (ne me demande2 pas 8
‘quelle page). Et je ne vois que dans Sirius ou Aldeba-
ran une exécution possible de cetecantate pour "mon-
des"! Quant & notte plus madeste planet, jose dire
aquielle resteratelle une gaulre a Taudition de cette
eruvre 1» (18 a00t 1913.)
Frible écho, donc, & une tele allegeance mats des
copies circulerent et Ravel se démena pour qu'inghel-
boecht en donne la premiere audition 8 ses cancers de
la SMI. (Beecham eut le meme Souci, en Angleterte).
aril sagt dun cheld'ruste auquel, une fis encore,
sa brieveté fit du tor. La vision apocalypique de Bal
‘mont lgitime en effet bien des audaces harmomiques ct
le eheeur dhommes sea dvise en deus groupes chan-
tant & quatre voix @ Lexeeption de quelques mots els
més a Tunisson). Stravinsky mele ici melismes et
syllabisme mais, surout, subvertit (comme dans le
Sacre) les fonctions tonales afin dobtenir les mémes
eles, quasi paniques.. La difieulte d'ntonation qu en
decoule a donne a Teeuvte la reputation dete injous
ble. En fait, elle ne put etre applaudie quuun quart de
siecle plus tard (Radio belge, 1039, direction Franz
Andee) et reste 185 rarement jouse de nos jours. Un
tues vase orehestte contrbue ala dificult, equel n'est
pourtant use qu'avee discretion et ne saccorde qu'un
puissant mactoso central, confié aux vents (les cordes
{estant muetes). Chev et chest jouent en général
ddans des tonalite dillerentes 'oa une extreme sensi.
tion de tension, tout au long, tension accusée par une
fest precede, comme jadis les lamentations, par une
exclamation a cappella des quate sllabes du tie, vic-
Jemment eissonantes. Zvezdolt durera quatre minutes
ete terminera brasquement, das la nuance plansimo
la plus menacamte (Stravinsky aura parfos recours a ce
type de fins abruptes et quasi frusirantes, sans doute
par souel dechapper a tout bouclage steréauypé qui
prévenant Fauditeur, le degage delicatement de
Temprice musicale avee ces brasques ares, Stravins-
key soulgne au contaire combien Tabsence de musique
cet atroce et done valoise le dscours anteneur ay lew
de Misoler poliment). Le stravinskyen erédite surtout
Zueadolhi de sonorites et accords inouts qui trouve
‘ont leur plein épanouissement dans toute la musique
sacrée du composteut, de la Symphonic de psaumes a
Threni en pasant par la Messe de 1944-1947,
Ge giamisme instrumental et vocal, Strvinsky sen
derourne aussitot en projlant un peti eyele de melo-
dies pour soprano et accompagnement de petit
orchestre. Il agit de renouveler les principes de la
haute musique et de rag cone I pishore (pos-wag-
nérienne, tout prendre) tant prisée par les Ballets
uses, Ainsi Sexerga-il une eure minuscule et abs-
conse, soutenve par un petit ensemble: ce seront les
Trois Posies de la Iyrique japonase (1912-1013). Il ne
faut pas crindze dy vot le reflec es influences fran
‘eises sur Fauteur, et notamment de Maurice Delage,
disciple de Ravel, qui venait de produire ses Quatre
Poemes hindous. Reste qu’a Vorientalisme savant du
rmusicien franal, Stravinsky va subsivuer son langage
propre (t notamment un syllabisme presque constant),
Sans aucune complaisance pour Vexotsme.. Ces hats
se chancent dailleurs en russe. Ce nest sans doute pas
‘un asad, non plus, si ces tois poémes eélebrent, sur
‘un ton plot dramatiqu, Farivee du pritemps.
La premiere de ces pices, « Alahito» 48°), termine
(iano et chant) le 9 octobre 1912, sera tout naturelle
‘ment dedite & Delage, travinsy trouve Tequlvalent au
sméerique régulire (64) et un tempo lent. Lensemble
Bagg xorsarorDiary, 1963). Le
B decernbre,
tion di Ph
donc la quatreme representa
Tmt