Migrations au Portugal
le dernier quart de siécle
Maria Beatriz Rocha-Trindade
Centro de Estudos das Migragdes e das
Relagdes Interculturais/ CEMRI - Universidade Aberta
(Portugal)
La référence constitutionnelle
¢ début du dernier quart de sidcle du millénaire (1976) est marqué
‘au Portugal par 'indicateur maximum du changement de régime +
entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, issue d’un processus
Glectoral libre et démocratique. Parmi ses nombreux chapitres, il en est
un qui se détache pour importance et a rigueur de sa formulation =
celui consacré aux Droits, Libertés et Garanties de la Personne (Titre
TI, Chapitre 1), qui traduit mieux que tout autre le profondeur et I’éten-
due du changement politique opéré au Portugal.
Nous pensons que c'est de cette matrice constitutionnelle qu’émanent
Jes deux principes majeurs qui orientent toutes les politiques et es a=
tions applicables aux problématiques de ’émigration et de V'immign’:
tion. La liberté de partir du pays et d’y revenir, consacrée al’Article 44
(Droit de Déplacement et @’ Emigration) ', résume aelle seule tout ce
Gq'ily ade nouveau et - nous 'espérons -de permanent, en mate de
éplacements des Portugais vers lextérieur et vers Pintérieur du ter
toire de leur nationalité. D'une maniére moins concentrée, | ‘ensemble
tds dispositions sur les droits et les devoirs appicables & ensemble
ddes citoyens résidents, qui englobe également les personnes d'autres
rnationalités aux termes de I'Article 15, n° 1° — hormis quelques ex-
ceptions qui ne portent en rien atteinte aux Droits de I’ Homme (n° 2 du
méme Article) — établissent le cadre d’action de I Etat en ce qui con-
‘come les immigrés, leurs cultures et les groupes ou les communautés
qu'ils peuvent constituer.
paarCependant, la générosité des principes ne suffit pas pour qu'il en
sulte des normes, des lois et des réglements s'avérant emtidrement sa-
tisfaisants quant au respect effectif des premiers. Aussi certains cou-
rants d’ opinion politique défendent-ils la nécessité d'un “approfondis-
sement de la démocratie” destiné & parfaire la convergence (dans tous
Jes domaines de la vie et de Vactivité humaines) entre le rée et idal,
enire la circonstance et la structure, entre la pratigue et la théorie et,
enfin, entre l'ensemble de la loi et de la praxis et les principes qui les
déterminent
Cotte flexion vise soutenit opinion selon laquelle, en mate d'éni-
ration et immigration, méme si beaucoup a dg eg fait quant au
perfectionnement progressif ds instruments Iégaux et églementairs,
il este encore beaucoup A fare dans ce domaine. Mais ce processis
sera toujours imparfait, 6am donné ta dynamique méme des phéno-
mens migratoires, natutllement en Evolution permanente résullant
Gu parcours du progés lume, dela mexification des relaons, des
forces et des équilibres enre Eas et entre régions du monde, impli
quant un nombre démesuréde variables qui rendent peu eréibles tu
tes tentatives de prévision& long terme
Nous nous en tiendrons done au court terme, en postulant également
que Vactuel statu quo du pays et de la communauté internationale qui
interagit avec Tui ne subira aucune mutation brusque, mais sera plulot
«déterming pat le maintien des tendances vérifiges actuellement.
Par conséquent, nous proposons une réflexion sur les politiques et les
actions mises en oeuvre au cours de ce dernier quart de sidele, en ma:
tigre d’émigration et d” immigration, ainsi que sur celles préconisées
fen ce moment pour le Portugal dans ces domaines.
Un dilemme conceptuet
essence du phénoméne migratoire posséde une linéarté factuelle qui
n permet une description simple : quelgu’un réside dans ua pays et,
prs avoir soupesé toutes les raisons qui y condduisent, décide d’ex
cer son travail et d’établir sa résidence ailleurs, 4 I'étranger; il s'y
installe et s'y établit pour une durée indéterminés, qui pourra étre in-
{errompue par un retour, défintif ou temporaire, dans son pays dort-
ain.
A Fapparente simplicité de ce processus s oppose Ia complexité dese:
causes et, plus encore de ses conséquences. Les causes de nature éeo
nomique et degré de permanence variable se mélentad’auires causes
aqui déooulent de relations affetives ou de 'acc’s des sources in
formation et dinfluence plus ow moins qualifiges ; es causes politi
{ques et Tes motivations intllectueles peuvent c6toyer des raisons ties
Ades catastrophes telles que, par exemple, ls éruptons voleaniques
cues séquelles dela guerre. Les conséquences pourl'émigréli-méme,
pour sa famille, pour la communauté oi it sinsére avant de partir et
pour celle oi il sinstrera dans le pays de destination présentent en
moyenne un bilan post courte échéance, dans In mesure ot es pro
jets individues soient accompls. A tongue échéance, les conséquen
es peuvent étre positives ou négatves, selon le deg 'iniggration de
ta communauté immigrée dans le pays d'accueil et la nature des liens
avec le pays ’origne. Si l'on mukiplie ces conséquences individu!
Tes par les grands nombres d'un flax migratoire elles revétent alors un
caractoe et un effet macroscopicues dans les pays Concernés par ce
phénomene
Pour cette raison (et pas seulemert par curiosté intellectuelle) les ét
des sur les migrations sont "une importance considérable, aussi bien
pour les pays émetteurs que pour les pays récepteurs.
Or, selon fe point de vue suivant lequel elles sont analy
personnes sont vues comme émigrées dun c6té de leur parcours, et
comme immigrées de é, Aussi es chercheurs tendentils &
préférer le terme dual de migrations pour couvrir les deux facettes du
méme phéonomne (Rocha-Trindade, 1995, pp. 31-33).
Cependant, ce terme général peut s’avérer trompeur quand, dans un
‘méme pays (comme c'est le cas dt Portugal) coexistent les phénom-
nes de I'émigration et de Mimmigration, en se référant évidemment 2
«des populations distinctes. En effet, en termes de production législa
tive et réglementaite ou dans le contexte de son application, il s’agit de
deux corps normatifs absolument distinets, incompatibles avec le champ
cconceptuel général du terme migrations.
D’oi la nécessité pragmatique de traiter séparément I’émigration et
immigration, encore que leurs concepts respectifS confluent en un
seul,
124Cependant, la générosité des principes ne sulfit pas pour qu'il en né-
salte des normes, des lois et des rglements s‘avérant entitrement sa.
tisfaisants quant au respect effectif des premiers, Aussi certains cou-
rants d'opinion politique défendent ils la nécessité d'un “approfondis
sement de la démocratie" desting & parfaire la convergence (dats tous
les domaines de la vie et de l'activité humaines) entre le réel et Pidal,
centee la citconstance et la structure, entre la pratique et la théorie et,
afin ene Yensernble de Ia loi et de la praxis et es principes qui les
déterminent
(Cette flexion vise & soutenir opinion selon laquelle, en matigre d'éini=
aration et d'immigration, méme si beaucoup a déja été fait quant au
Pperfectionnement progressif des instruments légaux et réglementaires,
il reste encore beaueoup a faire dans ce domaine. Mais ce processus
Sera toujours imparfat, tant donné la dynamique méme des phéno-
-ménes migratoires, naturellement en évolution permanente résultant
‘du parcours du progrés lui-méme, de la modification des relations, des
forces et des équilibres entre Etats et entre régions du monde, impli-
quant un nombre démesuré de variables qui rendemt peu crédibles tou
tes tentatives de prévision & long terme,
Nous nous en tiendrons done au court terme, en postulant également
‘que Pactuel stara quo du pays et de la communauté internationale qui
interagit avec lui ne subira aucune mutation brusque, mais sera plutot
«éterminé par le maintien des tendances vérifiges actuellement.
Par conséquent, nous proposons une réflexion sur les politiques et les
actions mises en oeuvre au cours de ce dernier quart de si8cle, en ma-
(dere démigration et d'immigration, ainsi que sur celles préconisées
en ce moment pour le Portugal dans ces domaines.
Un ditemme conceptuet
essence du phiénoméne migratoire posséde une linéartéfactuelle qui
€en permet une description simple : quelqu'un réside dans un pays et,
apres avoir soupes¢ toutes les raisons qui y conduisent, décide dexer.
Ger som travail et d'établir sa résidence ailleurs, & V'6uranger ; il s'y
installe et s'y établit pour une durée indéterminée, qui pourra étre in
{etrompue par un retour, définitif ou temporaire, dans son pays dori
sine.
A.apparente simplicité de ce processus s'oppose la complexité de es
causes et plus encore, de ses consequences, Les causes de nature 6
nomigue et degré de permanence variable e mglent id’ autres causes
aqui découlent de relations afecives ou de acces a des sources din.
formation et dinfluenc, plus ou moins qualifies ; ls causes polit
4ques et les motivations intlletuelles peuvent cOtoyer des raisons ties
8 des catastrophes tells que, par exemple, es éruptions voleaniques
ou es squelles de la guerre, Les conséquences pour émigré li-méme,
pour sa famille, pour la communauté oi il sinsere avant de parti et
pour celle oi il s"instrera dans le pays de destination présenent en
moyenne un bilan post & courte échéance, dans la mesure od les pro-
jets individuels soient accomplis. A longue échéance, ls eonséquen-
ces peuvent dre positives ou négaives, selon le degréWinkégration de
Ja communauté immigrée dans le pays d'ecveil et la nature des
avec le pays dorigine, Si 'on multiple ces conséquencesindividuel-
Jesparles grands nombres wa flux migratoite elles revéent alors un
caractre et un effet macroscopiques dans les pays concernés par ce
phénomiene
Pour cette raison (et pas seulement par curiosié intellectuetle) les ét
des sur les migrations sont d'une importance considérable, aussi bien
pour les pays émetteurs que pour les pays récepteurs.
Or, selon fe point de vue suivant lequel elles sont analysées, les mém
personnes sont vues comme émigrées d'un cOté de leur parcours, et
‘comme immigrées de l'autre cO1é, Aussi les chercheurs tendent-ils &
prétérer le terme dual de migrations pour couvrir les deux facettes du
méme phéonomene (Rocha-Trindade, 1995, pp. 31-33).
ce terme général peut s‘avérertrompeur quand, dans un
imme pays (comme c'est fe cas du Portugal coexistent les phénome:
ies de I émigration et de l'immigration, en se référant évidemment &
des populations distinctes. En effet, en termes de production légisha-
tive et réglementaie ou dans e contexte de son application, i s'agit de
‘deux corps normatits absolument distinets, incompatibes avec le champ
conceptuel général du terme migrations
D’oi la nécessité pragmatique de traiter séparément I'émigration et
immigration, encore que leurs concepts respectifs confluent en un
seul
131Emigration e1 sous-développement
Le volume de I’émigration portugaise du troisitme quart du XXe sit-
cle, en déséquilibre total avec la dimension de la population et du terri-
toire, traduisait une grave crise économique et sociale au Portugal, qui
S était déja manifestée & des époques antérieures (Almeida e Barreto,
1970 : Serrio, 1972 ; Godinho, 1977 et 1978 ; Arroteia, 1983 ; Rocha
‘Trindade 1995). Pour une population d'eaviron dix millions @habi-
ants, plus de 1 300 000 avaient quitté le pays entre 1950 et 1975,
La petite dimension moyenne et fa faible rentabilité des exploitations
agricoles, 'industralisation encore balbutiante et le volume réduit des
activités de services se traduisaient par un revenu per capita extréme-
‘ment bas (490 dollars par habitant en 1967), qui rendait encore plus
visible la disparité avec les salaires offers dans les pays récepteurs (en
particulier européens) aux travailleurs migrants, méme pour des pro-
fessions peu qualifies. La guerre coloniale et opposition au régime
de Salazar fournissaient des motivations supplémentaires & l'exode de
population survenu & cette époque.
La situation change & partir de 1974, avec Pinstauration dun régime
«démocratique au Portugal, qui fait cesser les raisons d’ordre politique
et idéologique qui avaient motivé une partie des flux de départ et dont
résulte un mouvement significatif de retours
En méme temps, un certain nombre «obstacles administraifs au dé-
part des personnes sont levés, en wwe de stimuler les mouvements vers
Pextérieur,
Par aileurs, le pays a encore soutiert, pendant de longues années, des
séqueltes évonomiques de la Revolution davril 1974 elle-méme, en.
{ainées par le démanttlement issu du changement de régime, de ver-
taines macro-structures et de certains groupes économiques ou finan-
cers. L*instabilité économique, traduite par des taux inflation a deux
chiffres au cours des premidres années, n'a done pas permis de faire
cesser ia compulsion aux nouveaux départs.
Contrariant ce mouvement, la crise mondiale déclenchée par 'aug-
‘mentation brusque des prix du pétcole brut oblige les pays récepteurs
«immigrésd freiner les nouvelles entrées de main-d oeuvre étrangere,
voire & stimuler le départ volontaire de ceux qui y résidaient dj.
Liannée 1985 marque le début d'un nouveau cycle poitico-économi-
4ue pour le Portugal, par son adhésion & la Communauté Economique
Européenne. La stabilisation du systéme preducifet financier portu-
ais, ainsi que"immense volume accumulé des virements des émiarés
avaient contribus & surmonter la erise de croissance de I’économie
portugaise, en attEnuant les causes les plus impératives de I'émigration
Economique.
lation des travailleurs
LLenirge en vigueur de a norme de libre circa
(Géfinie par Vartcle 48 du Teaité CEE et par le REglement 161268) et
delaliberté dl établissement dans espace de Union Européenne vient
imtroduire une conséquence génante il est désormais plus difficile
pour les pays émeteurs de deter statstiquement la dimension des
<éplacemen itracommunautaires, qui ne peuvent plus étre considé-
és comme des migrations au sen strctemen juridique du terme.
Le panorama émigratoire portugais résumé au Tableau n® 1 réslie de
VPéqulibre de tutes ces forces contradictoires.de a liberté d'établisse-
ment dans "espace de I'Union Européenne vient introduire une consé-
quence génante il est désormais pls difficile pour les pays émeteurs
‘de détecter statistiquement la dimension des déplacements,
intracommunautaires, qui ne peuvent plus 8 considérés comme des
iigrations au sens strictement juridique du terme .
LLepanorama émigratoire portugas résumé dans le Tableau n* 1 ésulte
dle équlibre de toutes ces forces contradictoires.
433Tableau m1
Panorama émigratoire portugais
1981 - 1998,
Années Emigration Totale
1981 [33692
1982 31587
1983 19 962
1984 20340
1985 22 899
1986 28 114
1987 35 548
1988 31578
1989 40 920
1990 45.159
1991 46 459
1992 AO 162
1993 30 383
1994 2
1995 2
1996 32 848
1997 2
1998 31.000
Source : Baganha et al, 1997; SOPEMI
Les chiffres présentés dans le tableau n° 1, obtenus par un croisement
de sources liges aux pays de destination, ne sont pas exempts de con-
lwoverse et peuvent inclure des éléments (correspondant & différents
Pays) qui peuvent avoir été détermings selon des criteres distinct.
La confrontation de ces données pour la période 1981-1993 avec cel-
es qui ont été publiges dans les années 70 et au début des années 80
parle Secréarat d'Ftat aux Communautés Portugaises montre que
ces demitres sont bien moindres, la difference se taduisant_ pat un
facteur qui peut atin es 40 fois
Les arguments présentés par les auteurs de étude mentionnée comme
source du tableau n° 1 s’avérent convainquants et nous considérons
{que leurs données sont fiables.
Les données relatives & la période 1993-1998 ont une origine diffé-
rente (SOPEMI) et ne suscitent aucun commentaire de notre part.
Les retours des Portugais
Les années 1975 et 1976 se caractérisent par un immense mouvement
de retour de citoyens nationaux provenant des territoires africains qui,
a partir de septembre 1974°, ont obtenu lindépendance dans le cadre
dun processus qui a rapidement évolué vers une instabilité sociale
profonde. En l'espace de quelques mois, ce mouvement d'arrivées a
atteint plus d'un demi-million de personnes, pour la plupart destituées
de tous biens autres que ceux qu’elles transportaient avee elles, dans
des conditions voisines de celles de réfugiés.
L'insertion de ces nationaux (irs souvent nés dans les anciennes colo-
nies) s'est réalisée, contre toute attente, de fagon positive, dans la me-
sure oi elle s'est opérée sans agitation sociale significative et sur un
court espace de temps‘,
Par rapport ce flux, de grandes dimensions et concentré dans le temps,
les retours d’émignés survenus a’époque n'ont pris aucune proportion
dramatique. En effet, les prévisions alarmistes d'un retour massif des
‘Smigrés portugais - en raison de la “crise du pétrole”, des effets des
Politiques de la stimulation au retour par les pays européens réceptcurs
de main-d’ oeuvre étrangére, ainsi que du retour des exilés politiques
apres la Révolution de 1974 - ont échoué.
Dans l'ensemble, le nombre des retours ne doit pas avoir dépassé la
trentaine de milliers par an‘ dans la phase de plus forte influence de ces
conditions, chiffre qui s'est stabilisé autourd’une vingtaine de milliers
et qui s'est maintenu jusqu’a la décennie actuelle.
1 faut également signaler que, surtout dans le cas de I’émigration por-
tugaise vers I'Europe, & la situation des retours définitifs vient s'en
135,ajouter une autre que nous appelons, a défaut de termes meilleurs, les
tetours pendulaires, Cette eatégorie comprend ls eas de double résr
dence (au Portugal et dans le pays récepteurprécéent), de vsites tes
prolongées aux membres de la famille résidant dans un pays ou dans
autre, et méme de double éablissement d'une activité économique
dans les deux pays, "
etfs pos es pls vibes del migration omate de cedeae
unde ice L2 premier ext cele de imperancedes rowent dg
émigrés* (Voir tableau n° 2), qui se sont maintenus & un niveau annuel
chaque année au Potgal: Le deusiome, eomuenee nce dren
nie, conere la modiicaon pafone de Papel de egies
tons de popuaion dans Ia plpar des ones ruses patopes ee
Vell deamodersaton ode expuniond lee as habe
dans la majeure partie des eas imputable aux nouvelles maisons des
émigré,
Tableau a” 2
Solde des virements unilatéraux vers le Portugal en Euros
Annés Virements des émigrés roe
Comminautales
=55 TEE
Ts Er rama
TE st feat
1997 2830,78 FIS129
aH BT Sine
Source : Bulletins Statistiques de la Banque du Portugal
L’immigration au Portugal
immigration ne prend une expression significative au Portugal qua
notre époque, aprés le changement de régime de 1974 et le processus
de constitution des nouveaux Etats afticains qu Ia suivi’. En effet,
‘malgré Ia présence d'un nombre visible de personnes provenant du
Cap-Vert et de I'ancien Etat Portugais de Inde, il s'agissait de ci-
toyens portugais, auxquels ne s'appliquaient pas e statu et la désigna-
tion ¢'immigrés
Durant la période de transition située aussitét apres l'indépendance
des anciennes colonies africaines, les personnes provenant de ces pays
ont été tacitement considérées comme étant de nationalité portugaise
présumeée, étant donné Vimpossibilité d’ obvenir la confirmation des re-
sistres d’idemtité ou de naissance, quand ils n’étaient pas présentés aux
autorités portugaises ou qu’ils éveillaient des soupgons quant & leur
authenticié
En outre, ces candidats &I'entrée dans le pays invoquaient souvent des
raisons relatives & leur sécurité personnelle, ce qui laissait entendre
tune possible situation de réfugié politique.
Nous engloberons par conséquent tous ces cas dans fa situation dja
décrite du “retour de nationaux” qui a eu liew entre 1974 et, semble-t-
il, 1978,
Parallélement ces retours, un nombre indéterming d’étrangers arrive
‘au Portugal aprés avril 1974, avec le statut ambigu de “collaborate
de la Révolution Portugaise, notamment de France, d’Espagne, d° Al-
lemagne, des pays de I’Europe de I'Estet de Amérique Latine (sur-
tout du Chili). lls se réclament de I'idéologie révolutionnaire et inter-
viennent dane une soi disant Réforme Agere, la constitution dunit
révolutionnaires de base et, en nombre significatf, dans les groupes
consaerés& la “dynamisation culturelie” du pays, ainsi que dans I'en-
seignement supérieur, comme professeurs init.
‘Toutes ces situations sont objet d’une connaissance directe de nom-
breux cas conerets et de leur mémoire, mas il n’existe aucun registre
formel a leur sujet.
BtA mesure que la démocratie portgaise se stabilise, Ventre des éran-
es qui veulenty travail ety resider commence a faite Pbjet de
imcsures de conte et d'un enepstrement rigours
Cependant, les cas détrangers qui entrent avec un passeport de tou
risme et qui profongent indéfiniment leur sour eomme résidents clan-
destins (ce qui n'est pas une nouveauté) peuvent échapper & ces con.
oles.
Paralitlement & cete forme déguisée dimmigration, le Portugal con-
Fait une augmentation constante de immigration Iégale, c'esta-dire
assortie d'un contrat de travail et d'une autorisation de résidence. Par
ailleurs, les processus extraordinaires de légalisation déja mentionnés
‘ugmentent considérablement le nombre d’étrangers en situation lé
fale, ce qui permet de tracer le tableau de I’évolution de immigration
‘ay Portugal, entre 1988 et 1998 (Voir tableau n° 3),
‘Tableau n? 3
Résidents érangers au Portugal - Evolution globale
1988 - 1998
Années Résidents Croissance %
1988) 94 694, 35
1989) 101011 6.7
1990) 1017767 67
1991) 113978 57
1992 123612 7.0
1993 136932 10.7
1994 157073, 14.7
1995 168316 72
1996) 172912 27
1997 175263 13
1998 177774, 14
Source: Ministre de IInrieur PontugaiService des Etrangers et
des Frontires/Rappot Statistique, 1998 (Division de Panton)
Quant aux provenances et& la répartition par sexes de ces étrangers, le
tableau n° 4 présente un résumé de la situation, pour Vannée 1998,
Tableau n’4
Origine de Ia population étrangdre résidant au Portugal
onint |
re jaw
LL ue
Tae
| Cres ye
baw pe
ot we =
| 98
Source : Ministre de IIntieur PortugasService des Ktrangers et
des FromtgrevRappont Statistique, 1998 Division de Panfiation)
férentes situations peuvent étre distinguées
~ immigrés provenant de pays de langue officielle portugaise,
que et en Amérique du Su
“immigrés” provenant des pays de I" Union Européenne;
~ autres situations,
en Alri.
Comme le montre ce tableau, c'est la premire de ces catégories que
correspond la majeure partie de immigration au Portugal, en particu-
lier les Cap-Verdiens, suivis des Brésiliens,
En ce qui concerne les ressortissants de pays de l'Union Européenne,
‘nous les avons appelés immigrés entre guillemets puisque, du point de
‘vue juridique, il ne le sont pas tout a fait en raison de leur citoyenneté
européenne, D'ailleurs, une parti indéterminse do ces derniers n’exerce
aucune activité professionnelle car ils vivent de leurs retraites et des
revenus divers, comme c'est le cas de la colonie britannique résidant
cen Algarve.Quant aux autres, ils sot essentellement cadres supérieur dentrpti-
s Grangres ou mulnatirls, nena
fessions libérales. ° mais
Dans tose cage dere, carte sie snsrentdeun
régions de provenance sige ql faut soaignss ie eas
Gt spas environnans Pakistan, dom les reverses Gages
verse Fuga par dentanemon dienes cee
entre le Portugal et les tetires de Goa, Daman, Bie nt
(Macafsta Malheiros, 1997), wee
Dans ce demier eas, "effet d'entrainement est encore plus prononeéen
raison du mouvement de venue vers le Portugal actuellement en cours,
Tetvé Pat Te transfert de I' Administration de ce Terttoire la Répu.
blique de Chine Polupaire le 20 décembre 1999,
Excel concerne migration clandestine, on a pu détecterrécem-
iment Ia présence au Portugal de ressortissants de pays de I'Evr
nays rope
Centrale, inroduits au Portugal par des réseaux de recrutement de tee
{ail a noir, avec Ia connivence probable de certains employeurs, Ces
rangers restent dans le pays 3 insu des autorités portugases et font
done souvent l'objet de pratiques ‘exploitation,
Les médias (en particulirs la télévision) jouent un r6le considérable
dans Ia dénonciation et I'éventuelle correction de ces situations, on
‘demtfiant et en responsabilisant les employeurs iimpliqués,
C'implantation des immigrés sur le terrtoire est prédominante dans les
districts du litioral (Lisbonne, Porto, Setibal, Faro) et tout particlid.
rement dans I"Agglomération de Lisbonne,
Dans presque tous les ca
implantation dans les autres districts est
"anifiante, sauf dans le cas des Brésiiens que Mon retrouve un pew
Partout dans le pays. En effet, les migrants de cette provenance se con.
1
sacrent surtout & des activités de services, nécessairement disponibles
dans tous les centres urbains, quelle que soit leur dimension’ (Desmet,
1998).
Bien qu'il ne s’agisse pas d'une question central, il faut citer une autre
ceatggorie de migrants - les demandeurs d'asile ~ qui, méme s'ils ne
peuvent pas étre considérés comme immigrés sur le plan juridique,
affrontent des probiémes et assument des comportements proches de
‘ceux qui sont caractéristiques de ces demiers et constiwent ainsi une
Population guére différente du point de vue sociologique.
En conséquence de I'évolution politique de certains pays afticains et
‘européens et de la crise économique quien advient, les demandes d’asile
ne cessent d’augmenterau Portugal, t tout particuligrement celles pro-
venant de certaines régions de l'Afrique lusophone et de pays voisins,
‘notamment I'Angola et le Zaire, la Guinée Bissau et le Sénégal, mais
aussi de pays de I’Europe de l'Est”,
1 faut préciser que le nombre de demandeurs d'asile est toujours supé-
tieur au nombre de décisions favorables et que la variation des origines
des demandeurs est visible d’année en année et est directement lige &
Ja modification ainsi qu’a la gravité des situations vécues dans leurs
espaces W’origine respectifs (Barra da Costa, 1996),
Encadrements légaux de émigration et de Vimmigration'*
La Révolution de 1974 a introduit une nouvelle perspective quant &
encadrement légal du processus émigratoire,jusqu’alors sous-estimé
dans I'espace de I'administration portugaise, avec le Secrétariat Natio-
nal de Emigration (1970). Celui-ci. qui devient Secrétariat d°Etat,
abord rattaché au Ministére du Travail (1974), puis au Ministére des
‘Affaires Etrang2res (1975)!, gagne un plus grand degré d autonomic
et de visibilits
La conscience de I'importance politique des communautés de Portu-
is tabs &I’étranger, dans toutes les régions du monde, en nombre
tits significatf, se dévetoppe pew A peu, presque comme une sorte de
récanisme de substitution par rapport a la présence antérieure durant
époque coloniale. Cette prise de conscience débouche sur I'élection
dde 4 deputés & l’Assemblée de la République pour les deux circons-criptions électorales de I'émigration “Europa e Resto do Mundo” (Eu-
rope et Hors Europe), 2 partir de 1978,
La nouvelle designation atibuge & la Féte Nationale portugase “Dia
de Portugal, de Camdes e das Comunidades Portuguesas" (our di
Portugal de Condes et des Communaités Portugases), dont la pe.
imigre commemoration a eu few le 10 juin 1977, I création du
Congress das Comunidades Porwguesas" (Congres des Commun
‘és Pornugises- 1978), da “Secretaria de Esta da Emigragoe des
Comunidades Portuguesas” Seerdtaria d'Etat a U'Emigration et aus
Commaratés Porgases- 1930) et i "Constho das Comunidades
Portusuesas" (Conseil des Communautés Portugaises- 1980) consol
Gent intention politique de metre en valeur les éléments dela dias
ora portugis.
Cette tendance est soulignée définitivement par la nouvelle désigna-
tion et la nouvelle structure de I’actuel Secrétariat d’Etat aux Commu-
rnautés Portugaises et accentuée par Ia création de la Direction Géné-
tale des Affaires Consulaires et des Communautés Portugaises (1994),
‘mettant ainsi fin & toute mention un département spécifique pour
Pémigration,
ne s'agit pas, & notre avis, d'une simple opération de cosmétique de