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“Não sou índio, sou yanomami do Brasil” diz Davi Kopenawa após alguns
minutos de discurso, “e vocês não querem ser amigos da gente”.
Foi dia 19 de abril (dia do índio no Brasil) quando nós, alunos da terminale
ES/L (3o ano do ensino médio econômico-social e literário do Liceu
Molière), tivemos a chance de testemunhar uma emocionante fala dessa
grande personalidade que é Davi Kopenawa, no espaço cultural BNDES, no
Centro do Rio de Janeiro. No contexto de nossa saída escolar organizada
por nosso professor de filosofia (Julien Pallotta), nós estudamos trechos da
obra de Kopenawa com o antropólogo Bruce Albert, A Queda do Céu,
estudo que nos preparou para essa fascinante “contra-antropologia” que é
para nós, brancos, a visão do mundo através dos olhos do índio.
Bate-papo
Qual é o papel dos pajés para o céu não cair?
A escola é a floresta. A gente não tem escola igual os brancos, não. Quando
a criança cresce, a gente não ensina. A escola é nossa experiência,
conhecimento tradicional. Professor é pai, mãe e irmão. Com uns dois
anos, a gente ensina [a criança], com cuidado, a começar a andar, conhecer
a mata. Com quatorze anos, o filho tem que saber andar longe, sozinho,
saber caminhar, caçar, pescar. É assim que yanomami continua sendo
yanomami: pai ensina o caminho certo.
Agora eu estou longe, tenho que tomar mais. Eu tô com muita saudade da
yãkõana, ela tá guardada lá esperando.
Você disse no seu livro que homem branco não sabe sonhar.
Como sonhar ajuda a saber, e como pode ajudar no processo de
cura da vida e da Terra?
A floresta tá ligada com a gente pelos sonhos. Se você não sonha nada, você
não sabe sonhar. Tem que sonhar pra ser homem inteligente. Sonhar traz
conhecimento, sabedoria, pra passar para os outros. Sonho ruim também.
Eu também sonho, sonho bom e sonho ruim. Mas tem que saber escolher
pra saber qual sonho é o melhor para a gente. Homem branco não sabe
sonhar.
Tem mulher pajé, mas menos do que homem. É quase sempre mulher filha
de pajé. O pai passa pra filha. Tem pouco, não é muito não.
Como você acha que a gente pode impedir que o céu caia de
novo, na sociedade atual? Como podemos romper a bolha que
faz com que as pessoas não vejam o outro como irmão?
Não precisa ficar com medo não, índio é brasileiro, índio é guardião da
floresta. Escrevam carta.
Aqui, é tipo aldeia. Quem tá dirigindo? Político público nacional, gente que
quer riquezas. O nosso inimigo, são os garimpeiros. O rico tá aqui,
querendo ouro, enquanto nós brigamos, e os garimpeiros querem matar
nós.
[risos] Deus é nosso tudo. Teoria faz bem pra nós, até. Deus é tudo, a
floresta, a chuva, a claridade. Eu conheço Omama. Deus é nome ruim de
longe - Omama é a floresta. Eu nunca o vi, mas eu sonhei. Ele é bom. É
difícil entrar em contato ele, ele ajuda só quando ele quer. Quando ele quer
ele ajuda, quando ele não quer ele não ajuda. Omama dá tudo para nós.
Cada pessoa que nasce perto da floresta conhece - vocês, jovens, que
nasceram todos na cidade não conhecem Omama.
Como eu sonhei, viram certo pra chamar a atenção de vocês, mostrar que
tá destruindo nossas cachoeiras, pedir para não fazer mais. Ninguém
nasceu sabendo, vamos aprender juntos, com arte, com xapiri, com
professor.
Vocês na cidade, quando morrem enterram. Eu não acho bom, não, mas é
o costume de vocês. A gente pajé volta, em outra forma.
Esse livro foi pensado para contar como aconteceu, setenta anos passados.
Para mim, esse livro é divulgar problemas, doenças, invasão de estrada,
exército… esse livro foi elaborado para andar, e é por isso que ele é tão
importante aqui no Brasil e fora. É um livro importante, e triste. Ele tá
andando para o Brasil e para fora, divulgando os problemas, para você ler e
achar bonito, estar interessado. É importante você continuar sempre lendo
e se perguntando. Auê?
Julien Pallotta e alguns membros do Coletivo Amador (da esquerda para
direita: Julien Pallotta, Tomaz Lamego, Bruna Sathler, Miguel Boisseleau e
Luca Szaniecki). Fotografia por Suzana Piscitello
“Je ne suis pas indien, je suis Yanomami du Brésil”, dit Davi Kopenawa,
après quelques minutes de discours, “et vous ne voulez pas être amis avec
nous”.
Le chamane du peuple amazonien Yanomami est en effet un grand
défenseur des droits indigènes dans le pays: ex-traducteur de la FUNAI
(Fondation Nationale de l’Indien) et dirigeant de l’Association Hutukara,
consacrée à la promotion et à la défense de la culture de son peuple, Davi
Kopenawa ne cesse, depuis les années 1980, de faire le lien entre le monde
indigène et le monde blanc, attirant des regards aussi bien nationaux
qu’internationaux sur les menaces que le “peuple de la marchandise” fait
peser sur les “peuples de la forêt”.
L’entretien
Quel est le rôle des pajés [chamanes] pour que le ciel ne tombe
pas ?
Montrer ce qui s’est passé quand j'étais petit, c’est le rôle des xapiri (les
esprits de la forêt) dans la communauté. Tenir le ciel pour qu’il ne tombe
pas à nouveau ‒ il est déjà tombé et Omama (démiurge yanomami) en a
fait un autre. C’est cela, le travail des xapiri, procurer la santé et tenir le
ciel.
Elles sont nombreuses, les églises des blancs. Les pasteurs, les prêtres,
arrivent au village et disent que c’est parce que c’est Dieu qui les envoie. Ils
parlent bien, deviennent amis. Mais quand ils construisent une église, ils
changent d’idée. Les religieux veulent en finir avec nos xapiri, disent qu’ils
sont l’oeuvre de Satan. Les pasteurs veulent en finir avec notre langue,
pour rendre tout le monde croyant. Pasteur parle durement avec
l’indigène, il dit: “Regardez, vous avez tort. Ceci est l’oeuvre de Satan, vous
irez en Enfer”.
L’école est la forêt. On n’a pas d’école comme celle des blancs, non. Quand
l’enfant grandit, on ne lui enseigne pas [de savoirs livresques]. L’école est
notre expérience, notre savoir traditionnel. Le professeur est le père, la
mère, le frère. A 2 ans, on apprend à l’enfant avec prudence, à commencer
à marcher, à connaître la forêt. A 14 ans, l’enfant doit savoir marcher loin
tout seul, savoir marcher, chasser, pêcher. C’est comme cela que le
yanomami continue à être yanomami: le père enseigne le droit chemin.
Vous dites dans votre livre que l’homme blanc ne sait pas rêver.
Comment rêver contribue au savoir, et comment est-ce que cela
peut contribuer au processus de guérison de la vie et de la
Terre ?
La forêt est liée à nous par les rêves. Si tu ne rêves pas, tu ne sais pas rêver.
Il faut rêver pour être un homme intelligent. Rêver nous apporte la
connaissance, la sagesse, pour la transmettre aux autres. Les cauchemars
aussi.
Je rêve moi aussi, j’ai de bons et de mauvais rêves. Mais il faut savoir
choisir pour savoir quel rêve est le meilleur pour nous. L’homme blanc ne
sait pas rêver.
Rêver, c’est la forêt, et le napë (l’homme blanc) ne veut pas la forêt, il veut
la ville. Le peuple de la marchandise dort dans le lit, sans hamac. Nous,
nous dormons dans le hamac. C’est comme une antenne. Sans antenne, la
radio ne parle pas. Avec un arbre de chaque côté pour tenir le hamac, il y a
une antenne. C’est alors que le rêve vient, vient de loin et arrive là. Dans un
lit, rêver est impossible car le lit n’est lié à rien.
Je pense que si les napë ont l’habitude d’en faire, ils doivent continuer à
consulter, commencer par demander. Les touristes sont des ingrats, des
envahisseurs. Je pense qu’il faut discuter avant. Qu’est-ce que vous voulez,
aider ou récolter des plantes ?
Vous devez nous aider, nous les yanomamis. Manifestez, vous de la ville
vous êtes nombreux. Il faut se réunir pour attirer l’attention de celui qui
nous maltraite.
Il ne faut pas avoir peur, l’indien est brésilien, il est le gardien de la forêt.
Écrivez des lettres.
Les causes sociales sont attaquées ici à Rio. Qu’est-ce qui vous
menace ?
Ici c’est comme un village. Qui dirige ? Les hommes politiques publics
nationaux, ceux qui veulent les richesses. Nos ennemis sont les orpailleurs.
Le riche se trouve ici, veut de l’or, pendant que nous nous battons, et les
orpailleurs veulent nous tuer.
[rires] Dieu est notre tout. La théorie nous fait même du bien. Dieu est
tout, la forêt, la pluie, la clarté. Je connais Omama. Dieu est un mauvais
nom venu de loin - Omama est la forêt. Je ne l’ai jamais vu, mais j’ai rêvé.
Il est bon. C’est difficile d’entrer en contact avec lui, il aide seulement
lorsqu’il le veut. Quand il veut aider, il aide; quand il ne le veut pas, il
n’aide pas. Omama nous donne tout. Chaque personne qui naît près de la
forêt connaît - vous, jeunes, nés en ville, vous ne connaissez pas Omama.
Quand je suis arrivé, j’ai rencontré cet oeuf-bombe. Ma vision que j’ai eue
en rêvant de cet oeuf en premier, en tant que pajé, en tant que yanomami,
est un oeuf de jaguar. Oeuf de jaguar est le début du monde. Quand j’ai eu
le rêve, il y avait un oeuf de jaguar sous la chute d’eau, et on a trouvé l’oeuf
en train de grogner. On a dit “c’est un oeuf de jaguar, rapportons-le à la
maison”. Le pajé a dit: “cet oeuf est du jaguar, il faut donc le préparer pour
le cuisiner pour que je puisse le manger, cet oeuf de jaguar”. Derrière la
coquille, un jaguar s’est formé.
Quand j’ai eu le rêve, ils [les esprits de la forêt] les ont vu correctement
pour appeler votre attention, pour vous montrer la destruction des chutes
d’eau, pour demander d’arrêter. Personne n’a le savoir dès la naissance,
apprenons ensemble, avec de l’art, avec les xapiri [les esprits de la forêt],
avec des professeurs.
Croyez-vous en la réincarnation ?
Dans la culture yanomami, ce n’est pas comme chez les napë. Quand un
yanomami meurt, il ne vas pas dans la terre, non. Notre coutume est faire
une crémation pour qu’il puisse aller là en haut. Son âme s’en va, pour
ailleurs, où vit Omama, dans une autre planète. Le pajé qui meurt s’en va
et puis revient, pour continuer à protéger les yanomami et vous aussi, pour
continuer à travailler comme lorsqu’il était en vie.