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L
e sol est un milieu de vie extraordinaire ! Une simple cuillère à • protozoaires et nématodes : 50 à 100,
café contient plus d’un million d’organismes microscopiques. Les • vers et mollusques : 100 à 500.
intéractions entre espèces sont nombreuses et toute cette activité C’est aussi 500 mètres de racines de plantes !
biologique assure la fertilité des sols, la nutrition des plantes, la protec- à noter que le sol est encore peu connu, surtout
tion des cultures, ou encore la filtration de l’eau. Un sol en bon état de en ce qui concerne les micro-organismes.
fonctionnement, c’est un sol qui permet à un maximum d’organismes Les scientifiques découvrent chaque année de
de se maintenir, d’être actifs et d’interagir. nouvelles espèces et on estime qu’il y aurait plus
d’un million d’individus par gramme de sol !
}
équivalente à un terrain de foot. 2,5 % MO minéralisable
énergie et nutrition MO minéralisable
2,5 % MO vivante (biomasse microbienne)
MO libre
10 %
effet : surtout biologique et
chimique, un peu physique COURT TERME
MO liée
85 %
effet : structure, stabilité,
rétention en eau LONG TERME
©P. Faverot
© P. Lebeaux
et un diplopode, chacun
non d’un bloc, les morceaux seront faciles à briser. observable facilement.
Observer la couleur de la terre : elle varie
beaucoup selon le substrat et le contexte pédo-
climatique mais la présence de matière organique
Parmi les petits êtres du
assombrit le sol.
sol, Neanura muscorum,
Pour aller plus loin dans l’analyse biologique un collembole très
commun dans la litière,
des sols, le projet Agrinnov (www.ofsv.org) pro- en forêt ou jardin, encore
pose des formations pour les agriculteurs et des reconnaissable à l’œil nu !
analyses biologiques des sols pour améliorer Contrairement à d’autres
© P. Lebeaux
la gestion de ses sols et de leur fertilité. espèces, il ne saute pas en
l’air en cas de danger.
EN PRATIQUE
Le Mot du technicien
Comment fait-on pour favoriser LE LABOUR, OUI ou NON ?
la vie du sol ?
Il n’y a guère de solutions universelles et d’itinéraires techniques précis. La vie Un labour trop profond et trop
du sol dépend fortement du type pédo-climatique et l’impact des pratiques fréquent entraîne des perturbations
agricoles est variable. Certaines peuvent se compenser, se compléter, ou de la vie de sol, mais les micro-organismes
interagir au point que deux itinéraires techniques très différents pourront restent présents et peuvent recoloniser
avoir un impact semblable. Les cas extrêmes sont connus : une prairie per- le milieu assez rapidement.
manente en gestion extensive est très favorable à la vie du sol alors qu’une Il semble d’ailleurs, pour le moment, très
monoculture de maïs sans rotation et avec un labour agressif et profond est compliqué de cultiver en bio sans labour :
très défavorable. Mais entre ces extrêmes comment répondra la biodiversité celui-ci s’avère nécessaire pour lutter contre
du sol aux différents itinéraires techniques ? les adventices et le non-labour entraîne
d’autres itinéraires techniques qui contrai-
Cependant, pour aiguiller les pratiques, il faut garder en tête deux grands
gnent à l’utilisation de produits
principes : fournir aux organismes du sol de quoi manger, de la matière
phytosanitaires.
organique, et de quoi se loger, une bonne structure de sol.
Il n’y a pas de recette miracle, la clé du
L’écosystème autour succès est de s’adapter au contexte local,
des racines de plantes a en pratiquant les rotations, en testant les
les traitements phytosanitaires ? beaucoup été étudié ces cultures sous couvert ou l’utilisation de
Ils ont forcément un impact sur la vie du sol, trente dernières années
matériel combiné pour que le labour ne
même lorsque la cible reste aérienne. Ils n’af- mais recèle encore de
nombreux secrets telle- soit pas obligatoire chaque année. Sinon,
fecteront jamais l’intégralité des organismes
ment son fonctionnement un labour moins profond (20 à 30 cm maxi
du sol mais pourront engendrer des dysfonc-
tionnements. Ainsi, un usage raisonné de ces
est complexe ! au lieu de 50 cm) sera préférable. »
produits sera toujours préférable, l’objectif
étant d’en réduire au maximum l’usage voire
de s’en passer.
Même les apports de cuivre, utilisés en
© P. Lebeaux
© CENRA
Des bactéries travaillent en symbiose avec des plantes
en développant des nudoles sur les racines. Elles ont
la capacité de fixer l'azote de l'air et rapportent ainsi Par exemple :
au sol une ressource gratuite. C’est surtout le cas pour - apporter de l’azote fermentescible sur une terre de défriche relance la vie
les légumineuses (trèfles, luzerne, pois...).
microbienne ;
- apporter du compost sous une serre reconstitue le stock de matière
Réfléchir la fertilisation : organique dégradée ;
nourrir le sol ou nourrir la plante ? - apporter du carbone (paille, bois) sur des terres lessivables fertilisées
L’apport de matière organique va à la fois struc- en éléments solubles entretient la vie et freine les lessivages directs.
turer le sol (complexe argilo-humique) et nourrir
les organismes présents qui vont la « digérer». C’est
Maintenir le plus longtemps possible
ce qu’on appelle la minéralisation, qui va rendre les
éléments minéraux disponibles pour la plante. La
un couvert végétal
réponse est donc de nourrir le sol, lequel nourrira La présence d’une rhizosphère (les racines d’une plante) permet la nutrition
la plante ! des micro-organismes qui se nourrissent de substances sécrétées par les
racines.
On distingue plusieurs types de matières
organiques qui n’ont pas toutes les mêmes Sur les sols nus, l’absence de plantes en surface et donc de rhizosphère ne
caractéristiques : permet pas d’assurer cette nutrition et engendre une forte baisse de la bio-
masse microbienne. On rentre alors dans le phénomène de « fatigue des
- la matière organique vivante (MOV) repré- sols », où la productivité baisse malgré l’apport d’intrants.
sente les organismes eux-mêmes (biomasse) ;
N’oublions pas que les sols nus subissent également plus fortement l’érosion
- la matière organique fraîche (MOF) repré- que des sols couverts ! Pour limiter les sols nus, on peut penser aux cultures
sentée par exemple par les résidus de culture ; intermédiaires et aux cultures sous couvert.
- la matière organique transformée (MOT)
représentée par exemple par les composts.
On peut ensuite jouer sur la forme des apports Le mot du technicien
de matières organiques et les modalités d’apports
(périodes, enfouissement ou non, quantité…) pour Les cultures intermédiaires permettent d’assurer la couverture
stimuler tel ou tel organisme du sol et donc telle du sol et la présence d’une rhizosphère pendant la période
ou telle fonction. végétative. Elles apporteront de la matière organique qui stimulera
encore la vie du sol lors de leur incorporation superficielle. L’intérêt
est double ! »
© P. Lebeaux
© P. Lebeaux
La grande famille des « vers de terre » est un bon indi-
cateur des pratiques agricoles. Une étude menée par
l’ISARA sur 4 ans montrait que leur biomasse variait
de 1 à 8 entre un labour traditionnel et un travail très
superficiel du sol sur une parcelle de maïs et de 1 à 5
sur un blé d’hiver.
© P. Lebeaux