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Introduction
La structure de la croûte océanique est déterminée essentiellement par des investigations
sismiques, i.e., sismique réflection ou réfraction des ondes P et S, dispersion des ondes L. Les
variations latérales sont négligeables par rapport aux variations verticales, celles-ci confèrent
à la croûte une stratification mise en évidence par l’évolution des ondes P. On distingue 4
couches :
- La couche 1 se compose de sédiments non consolidés en surface puis indurés en
profondeur. Son épaisseur est nulle au niveau des rides, puis s’épaissit en s’éloignant
de celles-ci pour atteindre environ 500m d’épaisseur. Elle présente des discontinuités
internes correspondant aux différentes strates qui jouent un rôle de réflecteur.
- La couche 2 s’étend sur près de 1700 m d’épaisseur. Elle est caractérisée par un fort
gradient des ondes P. Sa composition est basaltique. Elle présente une surface
irrégulière en contact direct avec l’eau de mer au niveau de la ride ou surmontée de
sédiments.
- La couche 3 (5000m d’épaisseur) est marquée par un changement dans le gradient des
vitesses des ondes P. L’augmentation des vitesses devient plus faible avec la
profondeur. Elle constitue avec la couche 2 la croûte océanique.
- La couche 4 correspond à la partie supérieure du manteau séparée de la croûte
océanique sus-jacente par la discontinuité de Moho, i.e., discontinuité sismique nette
sauf au niveau des dorsales océaniques.
Nature de la croûte
Les caractéristiques de la croûte océanique sont principalement obtenues par des méthodes
indirectes. Seule la nature de la couche 1 et du sommet de la couche 2 sont connues grâce aux
forages océaniques. En fait, de nombreuses hypothèses ont été émises sur la nature de la
couche 3 :
(1) Des arguments sont basés sur l’analyse d’échantillons dragués au niveau des failles
transformantes. Les échantillons récoltés sont des gabbros, des amphibolites ou des
gabbros métamorphisés et des serpentinites. La relation entre les roches n’est pas
connue mais elles sont caractérisées par des vitesses des ondes P compatibles avec la
couche 3. Les trois modèles qui ont été proposés sont présentés à la figure X.
(2) Des observations de panneaux océaniques anormaux ont été effectuées ponctuellement
par submersibles, par exemple le Banc de Gorrige entre le Portugal et les Açores dans
l’Atlantique. A cet endroit, la lithosphère océanique a été basculée, ce qui permet
l’observation en coupe de sa structure. La série montre une succession de sédiments,
basaltes en coussins, gabbros recoupés par des filons avec des zones déformées où les
gabbros sont transformés en amphibolites (vers 500-600°C), et des serpentinites. Selon
ce modèle, les filons constitueraient la base de la couche 2, les gabbros la couche 3 et
les serpentinites1 la couche 4.
Formation de la croûte
Les couches 2, 3, 4 sont faites de roches basiques à ultrabasiques, mises en place au
niveau des dorsales. Des dorsales sont émergées en uniquement deux points du globe : en
Islande (Atlantique Nord) et dans la région de l’Afar (NE Afrique). Le volcanisme fissural
apporte à la surface des magmas tholéitiques qui par refroidissement donnent des basaltes. La
formation peut s’expliquer par une différenciation en 2 étapes (Fig) :
(1) une étape de fusion partielle d’un matériel mantéllique (lherzolites) est responsable de
l’appauvrissement du manteau en éléments compatibles ;
(2) une seconde étape de cristallisation fractionnée du magma, les premiers minéraux
s’accumulent à la base des chambres magmatiques tandis que les liquides s’injectent
en filons au sommet de la chambre ou s’épanchent en surface sous forme de coulées
basaltiques ou forment des roches grenues de plus en plus différenciées.
1
Pour information, les serpentinites sont des roches du manteau, de composition très riche en
minéraux ferro-magnésiens (roches ultrabasiques ou péridotites) qui ont été transformées,
altérées au contact de l’eau de mer.
ride sont moins denses. Le manteau chaud se comporte comme un fluide, il remonte au niveau
de la ride puis se refroidit pour constituer la plaque lithosphérique. Au fur et à mesure de
l’expansion, la plaque continue à se refroidir par conduction, les températures plus froides se
retrouvent plus profondément et la plaque s’épaissit. Comme la chaleur doit traverser une
épaisseur importante, le gradient de température diminue et donc le flux de chaleur diminue
également. Lorsque le matériel de la plaque se refroidit, il se contracte ce qui explique
pourquoi la surface de la plaque s’abaisse depuis la ride.
La morphologie des dorsales varie selon la vitesse d’expansion. Les dorsales lentes
(vitesse d’expansion de 0.5 à 4 cm/an) présentent une vallée axiale large (e.g., ride médio-
Atlantique). Les dorsales dites rapides (> 5 cm/an) ne comportent pas de vallées axiales ou
sont peu marquées (e.g., est Pacifique). Seules les dorsales rapides sont caractérisées par des
chambres magmatiques. Ces chambres sont mises en évidence par une atténuation locale des
ondes sismiques. Elles sont généralement larges de 4 à 5 km (voire 10 à 15 km) et se situent à
3 km sous le plancher océanique.
Au niveau des rides lentes, il n’y a pas de zone de faible vitesse décelable par
investigation sismique. De petits séismes sont observés jusqu’à près de 8 km de profondeur.
Ces deux observations suggèrent qu’il n’y a pas de chambre magmatique permanente sous les
rides lentes. Le magma serait injecté directement depuis le manteau. La présence d’anomalies
de gravité suggère qu’il y aurait plutôt une accumulation temporaire dans des zones peu
étendues. Au contraire, au niveau des rides rapides, un réflecteur important, proche de
l’horizontal est décelé à 1-2 km sous la ride. Cette forte réflexion suggère la présence d’un
fluide. La présence d’un fluide et le ralentissement des vitesses de propagation des ondes
sismiques révèlent la présence d’une chambre magmatique permanente.