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ARISTÓTELES
TRATADO DA ALMA.
RESERVE PRIMEIRO.
texto grego
PRIMEIRO CAPÍTULO.
corpo, causado por tal coisa e tendo § 10. Qui lui soit spécialement propre. Le
tal fim. . afecções violentas e texte semble incliner à la négative, malgré ce
perfeitamente claras, não se sente qu'en dit saint Thomas, soutenant que , selon
Aristote, le propre de l'âme, c'est de penser,
nem excitação nem medo, às vezes de comprendre (intelligere), et que l'âme est
une substance, une forme substantielle et sans
também fica-se bastante comovido matière. Voir plus loin la théorie de
por afecções fracas e obscuras, l'intelligence active, Iiv. III, chap. 5. Philopon
quando o corpo está irritado e atteste que, dès l'antiquité, ce passage avait
embarrassé beaucoup les péripatéticiens ; et
quando está no estado em que a les commentateurs attiques avaient fait de
cólera o põe. O que pode tornar isso grands efforts pour l'expliquer dans un sens
ainda mais evidente é que, muitas favorable. - C'est ainsi que le droit en tant
que droit. Droit n'est pas pris ici deux fois
vezes, sem nenhum motivo real para dans le même sens; il signifie d'abord le droit
temer, cai-se completamente nas abstrait, la droiture, s'il est permis d'employer
emoções de um homem arrebatado ce mot; puis le droit concret, le droit tel qu'on
pelo medo; e, se isso for verdade, le découvre dans un corps matériel ; et c'est
seulement en ce dernier sens qu'on peut dire
evidentemente pode-se afirmar que que le droit touche en un point à une sphère
as afeições da alma são razões d'airain. - Le droit séparé d'un corps
materiais. Conseqüentemente, quelconque, la droiture abstraite. - C'est que
le droit n'existe pas à part. La pensée
expressões como estas: Ficar com d'Aristote est ici parfaitement claire : L'âme
raiva significam um movimento do ne peut pas être isolée du corps. La
corpo que está em tal estado, ou um comparaison qu'il choisit est décisive à ses
yeux. - Les affections de l'âme sont des
movimento de tal parte do corpo, de raisons matérielles. J'aurais voulu trouver un
tal faculdade do corpo, causado por mot un peu moins vague que celui de raison;
tal coisa e tendo tal fim. . afecções mais le mot correspondant de l'original ne
l'est pas moins. - Matérielle. Le texte dit plus
violentas e perfeitamente claras, não positivement : « Qui sont dans la matière, ou
se sente nem excitação nem medo, às dans une matière. »
vezes também fica-se bastante
§ 11. C'est au physicien. J'ai conservé le mot
comovido por afecções fracas e
de physicien, qui a en grec un sens beaucoup
obscuras, quando o corpo está plus étendu qu'en français. Ce qui suit rend
irritado e quando está no estado em d'ailleurs la pensée parfaitement nette. -
que a cólera o põe. O que pode D'étudier l'âme. Il répète la même pensée
dans la Métaphysique, liv. VI, chap. I. p.
tornar isso ainda mais evidente é 1026. a, 6. édit. de Berlin, mais avec celte
que, muitas vezes, sem nenhum restriction, que le physicien ne doit s'occuper
motivo real para temer, cai-se que de l'âme, qui est mêlée à la matière. Il
semblerait donc ôter à la physiologie l'étude
completamente nas emoções de um de l'âme active, de l'intelligence active. Voir
homem arrebatado pelo medo; e, se liv. III. ch 5. - Le naturaliste, ou le physicien,
isso for verdade, evidentemente ou même, si l'on veut, le physiologiste. - Le
dialecticien. Il faut se rappeler le sens
pode-se afirmar que as afeições da défavorable donné un peu plus haut aux
alma são razões materiais. recherches de la dialectique, § 8. - Où est ici
Conseqüentemente, expressões como le naturaliste? Est-ce celui, etc. Il semblerait,
d'après les commentaires de Simplicius et de
estas: Ficar com raiva significam um Philopon, qu'il faudrait entendre ceci, non du
movimento do corpo que está em tal physicien et du dialecticien, mais des
estado, ou um movimento de tal définitions qui conviennent soit à l'un, soit à
l'autre. Et alors il faudrait traduire : « Où est
parte do corpo, de tal faculdade do
la définition adoptée par le physicien? Est-ce
corpo, causado por tal coisa e tendo celle , etc. » Je n'ai rien trouvé dans les textes
tal fim. . às vezes também a pessoa ni dans les variantes qui motivât
fica bastante comovida por afeições nécessairement ce changement. Le texte peut
se prêter d'ailleurs à ces deux interprétations.
fracas e obscuras, quando o corpo J'ai préféré celle qui se rapporte directement
está irritado e quando está no estado aux personnes et aux définitions. L'aurais
em que a raiva o coloca. O que pode peut-être dû, avec saint Thomas, conserver
celle des commentateurs grecs; mais il me
tornar isso ainda mais evidente é semble que la netteté de la pensée y aurait un
que, muitas vezes, sem nenhum peu perdu. - Non séparées d'elle et en tant
motivo real para temer, cai-se qu'elles n'en sont pas séparées. Voir un
passage tout-à-fait analogue dans la
completamente nas emoções de um Métaphysique, liv. XI, chap. 3, p. 1081. a, 28,
édit. de Berlin. - L'objet de la philosophie
homem arrebatado pelo medo; e, se première, de la métaphysique. - Comme la
isso for verdade, evidentemente ligne et la surface, qui peuvent être
pode-se afirmar que as afeições da considérées d'une manière abstraite, comme
elles le sont par les mathématiques. Les
alma são razões materiais. passions de l'âme, au contraire, doivent
Conseqüentemente, expressões como toujours être considérées dans ses rapports
estas: Ficar com raiva significam um avec le corps, dont elle n'est jamais séparée.
C'est ainsi que les considère Descartes. - C'est
movimento do corpo que está em tal
l'affaire du mathématicien. On peut voir une
estado, ou um movimento de tal discussion tout-à-fait analogue à celle-ci,
parte do corpo, de tal faculdade do mais plus développée , dans les Leçons de
corpo, causado por tal coisa e tendo Physique, liv. II, chap. 2, pag. 193, a, 22, éd.
de Berlin. Aristote s'y attache surtout à
tal fim. . às vezes também a pessoa comparer le physicien et le mathématicien, et
fica bastante comovida por afeições ses pensées y sont plus claires et plus
fracas e obscuras, quando o corpo complètes.
bien fallu, puisque Dieu a voulu que § 21. Timée ne dit pas non plus que le
l'âme se mût circulairement, qu'il fût mouvement soit un état meilleur, cela est vrai;
meilleur pour elle de se mouvoir que mais Dieu, ayant voulu faire, selon Timée. un
monde vivant, une âme vivante, a dû
de rester en repos, et de se mouvoir nécessairement lui donner le mouvement -
ainsi plutôt que tout autrement. Mais Dieu a voulu que l'âme se mût circulairement.
comme ces considérations Timée dit positivement que si Dieu n'a laissé
au monde que le mouvement de rotation, c'est
appartiennent plus spécialement à qu'il n'a pas voulu que le monde errât au gré
une autre étude, nous les laissons de des six autres mouvements moins réguliers.
côté pour le moment. Voir la trad. de M. Cousin, p. 124. Ici encore
la critique d'Aristote ne serait pas
§ 22. Du reste, cette théorie de parfaitement exacte. On peul trouver, du
Timée est erronée aussi bien que la reste, qu'il a donné, en général, beaucoup trop
plupart de celles qu'on a données sur d'importance à ces opinions étranges du
Timée, et qu'il aurait peut-être bien fait de ne
l'âme, en ce qu'on unit l'âme au corps pas négliger les théories exposées sur la
dans lequel on la place, sans avoir eu question de l'âme, dans plusieurs autres
outre déterminé comment est le dialogues non moins graves que celui-là. - A
corps et pour quelle cause il est ainsi une autre étude. Peut-être l'étude générale du
mouvement dans les Leçons de physique.
fait. C'est là cependant un point très C'est ce que croyaient Alexandre d'Aphrodise
nécessaire; car cette association est et Plutarque le grand ; mais Simplicius pense
cause que l'un agit et l'autre souffre, qu'il s'agit plutôt de la Métaphysique.
que l'un est mû et que l'autre meut, § 22. Du reste, cette théorie de Timée. Ce
rapports de réciprocité qui ne se paragraphe semble faire double emploi avec
trouvent point du tout entre les celui qui suit. - Un point très nécessaire. Ceci
est parfaitement vrai: mais, dans le Timée,
premiers êtres venus. Platon s'est arrêté fort longuement à décrire le
corps du monde, avant d'y placer l'âme. Il
§ 23. D'autres aussi bornent leurs semblerait donc que cette objection ne
efforts à dire ce qu'est l'âme, sans l'atteint pas, à moins qu'Aristote ne veuille
dire un mot du corps qui la doit parler du corps humain. Mais Timée en a
parlé aussi tout au long.
recevoir, comme s'il était possible , § 23 Sans dire un mot du corps. Ceci ne
ainsi que le veulent les fables semble être qu'une répétition de ce qui
pythagoriciennes, que la première précède. Plus loin, liv. Il, chap. 2, § 14,
Aristote revient encore sur cette pensée, qui
âme venue entrât au hasard dans le
d'ailleurs est très juste. On pourrait lui
premier corps venu. Chaque chose, objecter que lui-même, dans ses théories sur
au contraire, paraît avoir une espèce l'âme, s'est peu occupé du corps, bien qu'il ait
et une forme qui lui sont propres ; et défini l'âme « la forme du corps, » voir plus
loin, liv. II, chap. II et suiv. - Le veulent les
c'est absolument comme si l'on fables pythagoriciennes, la métempsycose,
prétendait que l'architecture peut se admise aussi par Empédocle, comme le
mêler de fabriquer des instruments remarque Philopon. - L'architecture peut faire
des instruments de musique. M.
de musique; loin de là, il faut que Trendelenbourg trouve quelque obscurité
l'art se serve de ses instruments dans ce passage; en prenant une expression un
propres, et que l'âme se serve du peu générale, comme je l'ai fait dans ma
traduction, toute obscurité disparaît, et
corps. l'opposition que veut établir Aristote est
parfaitement claire. - Et que l'âme se serve du
corps. II semble qu'il manque ici quelque
chose pour compléter la pensée ; mais je n'ai
rien voulu ajouter, préférant rester fidèle au
texte, qui n'est pas plus explicite. - Du corps,
conformé de certaine façon.
CHAPITRE IV.
d'ailleurs dans les ivresses et les § 15. Que l'âme ne saurait avoir de
maladies. mouvement. Conclusion de toute la digression
§ 14. La pensée, la réflexion se commencée au § 9.
flétrissent, parce que quelque autre § 16. L'âme est un nombre qui se meut lui-
même. C'est l'opinion de Xénocrate, comme
chose vient à se détruire à l'intérieur; l'indiquent tous les commentateurs. Plusieurs
mais le principe même est fois dans les Topiques Aristote lui-même
impassible. Penser, aimer ou haïr ne rappelle cette définition pour la combattre,
sans dire précisément de qui elle est. Voir les
sont pas des modifications qui soient Topiques, liv. III , ch. 6, § 13, et liv. 6, ch, 3, §
à lui. Ce sont seulement des 2, et aussi Derniers Analytiques, liv. 2, ch. 4,
modifications de la chose qui le § 3, où cette définition est attaquée.
Andronicus de Rhodes et Porphyre avaient
possède, en tant qu'elle le possède. prétendu qu'Aristote dénaturait ici la pensée
Aussi cette chose étant détruite, le de Xénocrate. Thémistius s'efforce au
principe ne peut ni se souvenir ni contraire de prouver que la réfutation
aimer; car aimer, se souvenir n'était d'Aristote porte sur une basse parfaitement
solide ; et il nous apprend que cette théorie
pas de lui, c'était de cette chose avait été soutenue par Xénocrate dans le
commune qui a péri. Mais cinquième livre de son ouvrage intitulé : de la
l'intelligence est peut-être quelque Nature.- Qui résultent de l'idée de
mouvement, déjà combattue plus haut. - Si
chose de plus divin, quelque chose elle est moteur et mobile. Voir plus bas, § 19.
d'impassible.
§ 15. Tout ceci nous prouve donc § 17. Les mouvements des unités seront aussi
des lignes. La suite du raisonnement n'est pas
clairement que l'âme ne saurait avoir très évidente. Voici comment il faut le
de mouvement; et si elle n'a pas de comprendre avec Philopon. L'âme est une
mouvement, il est évident qu'elle unité, un nombre : l'unité et le point se
confondent à bien des égards: et, comme le
n'en a pas non plus par elle-même. mouvement d'un point engendre des lignes, il
§ 16. Au milieu de tant d'autres faut admettre aussi que les mouvements de
assertions, la plus déraisonnable de l'unité, en tant qu'âme, engendreront des
lignes ; et que ces lignes seront les
beaucoup, c'est de prétendre que mouvements mêmes de l'âme, colère, joie,
l'âme est un nombre qui se meut lui- tristesse, etc. - Car le point est une unité qui a
même. Il y a ici bien des une position. Voir pour cette définition les
impossibilités: celles d'abord qui Catégories, ch. 6, § 10 et suiv. - Qui est déjà
quelque part et qui a une position. Ce qu'on
résultent de l'idée de mouvement, et ne peut pas dire aussi précisément de l'âme.
de plus les impossibilités
particulières qui tiennent à ce qu'on §18. Mais les plantes et beaucoup d'animaux
vivent encore. Voir plus loin la même pensée
dit 409a que l'âme est un nombre. plus développée, ch. 5. § 26. Ceci est
Comment, en effet, faut-il d'ailleurs une question fort grave et fort
comprendre une unité qui se meut? curieuse que débat encore la science
contemporaine. C'est une des premières
Par quoi et comment est-elle mue, qu'agite M. Muller dans son Manuel de
elle qui est sans parties et sans physiologie, tom. I, p. 16, de la traduction
différence? Mais si elle est à la fois française. - Avoir spécifiquement la même
âme, ou si l'on veut : « une âme qui
moteur et mobile, il faut de toute spécifiquement est identique.» Les animaux
nécessité qu'elle ait des différences. dont il est ici question sont les polypes en
§ 17. Toutefois, puisqu'on dit bien général et les zoophytes. Dans les plantes, la
chose est de toute certitude. Aristote, comme
qu'une ligue qui se meut engendre la on le verra plus loin, liv. Il, ch. 2, § 3, et ch. 4,
surface, que le point engendre la donne une âme aux plantes, l'âme nutritive.
ligne, les mouvements des unités Voir M. Muller. Manuel de physiologie, tom.
seront aussi des lignes; car le point I. § 17, trad. française.
est une unité qui a une position. § 19. Qu'il n'y a aucune différence. Philopon
Ainsi donc voilà le nombre de l'âme trouve avec raison que c'est exagérer
qui déjà est quelque part et qui a une beaucoup que de vouloir confondre
entièrement la doctrine de Xénocrate et celle
position. de Démocrite. - Ou de petits corpuscules. Des
§ 18. D'un autre côté , si d'un atomes qui, n'ayant point de grandeur, sont
nombre vous enlevez un nombre ou des véritables unités, ou plutôt peuvent être
assimilés aux unités et aux points. - Et que la
une unité, il reste toujours un autre quantité seule subsiste. Les atomes en effet
sont nécessairement en nombre infini. - Dans
nombre. Mais les plantes, ainsi que cette quantité même. J'ai rendu encore la
beaucoup d'animaux, vivent encore pensée du texte d'une manière un peu plus
après qu'elles sont divisées, et précise. Aristote veut dire uns doute que, dans
cette quantité purement numérique qui reste
paraissent avoir spécifiquement la aux atomes, il faudra distinguer encore, tout
même âme. comme on pourrait le faire dans une quantité
§ 19. On pourrait croire qu'il n'y a continue, une partie qui meut et une partie qui
est mue. - La théorie dont on parle ici. Celle
aucune différence à dire que l'âme de Xénocrate assimilée à celle de Démocrite.
est formée d'unités ou de petits - Elle est seulement le moteur, contre ce qu'on
corpuscules; car si les petites sphères a dit plus haut, § 16.
de Démocrite deviennent des points,
§ 20. Mais admettons... Thémistius donne à
et que la quantité seule subsiste, il y cette phrase la forme interrogative, et
aura dans cette quantité même une Philopon semblerait accepter aussi cette
partie qui meut et une partie qui est nuance. Les éditions ordinaires adoptent le
texte tel que je l'ai traduit, et je ne crois pas
mue, comme dans le continu. La nécessaire de le changer. - Un point pris
théorie, en effet, dont on parle ici, comme unité. Le texte dit mot à mot : « Un
regarde, non pas à la grandeur ou à point unitaire. » - Si ce n'est la position. Un
point ne peut différer d'un point que par sa
la petitesse, mais seulement à la position. Or, il est absurde de dire qu'une
quantité. Voilà ce qui fait qu'il faudra unité numérique diffère ainsi d'une autre unité
nécessairement qu'il y ait encore numérique, puisque le nombre n'a pas de
position. Mais le nombre qui forme l'âme,
quelque chose qui mette les unités en suivant Xénocrate, n'est plus qu'un point,
mouvement. Mais si, dans l'animal, suivant la réfutation d'Aristote. - Les unités...
c'est l'âme qui est ce moteur, ce sera qui sont dans le corps. Les unités matérielles
dont la réunion forme le corps. - Et les points
elle aussi dans le nombre, de telle qui forment l'âme présente à toutes les parties
sorte que l'âme n'est pas en même du corps. - Les unités matérielles. - Que les
temps le moteur et la chose mue, elle points qui constituent l'âme.
est seulement le moteur.
§ 21. Mais si les points... sont le nombre de
§ 20. Mais admettons qu'elle puisse l'âme. Seconde partie de l'alternative, dont la
être de façon ou d'autre une unité, il première partie a été exposée dans le
faut toujours qu'elle ait une certaine paragraphe précédent: 1° les points matériels
du corps sont différents des points qui
différence relativement aux autres forment l'âme: 2° les points du corps sont
unités. Or, quelle petit être la identiques à ceux de l'âme. C'est à cette
différence qu'offre un point pris seconde opinion que répond le présent
paragraphe. - Tous les corps sans exception.
comme unité, si ce n'est la position? Le texte dit seulement : « Tous les corps. »
Si donc les unités et les points qui
sont dans le corps sont différents, les § 22. Enfin, comment est-il possible. Dans
l'école dont Xénocrate était le chef, après
unités seront dans le même lieu que Platon, on croyait que l'âme peut se séparer
les points; car l'unité occupera la du corps. Mais alors, objecte Aristote, si vous
place du point; et alors qui faites de l'âme un nombre, qui se réduit lui-
même à un point, comment l'âme pourra-t-
empêchera qu'il n'y en ait aussi une
elle se séparer du corps, puisque le point ne se
infinité dans le même lieu, si une sépare pas de la ligne, dont il est seulement
fois il y en a deux, puisque les l'extrémité? - Puisque les lignes ne se divisent
choses dont le lieu est indivisible pas en points. J'ai traduit fidèlement le texte;
mais la pensée pouvait être rendue d'une
sont elles-mêmes indivisibles? manière plus claire, et l'expression d'Aristote
§ 21. Mais si les points qui sont dans n'est peut-être pas ici tout-à-fait suffisante. -
le corps sont le nombre de l'âme, ou J'ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour
rendre cette exposition et celte réfutation de la
bien si le nombre formé des points doctrine de Xénocrate parfaitement
qui sont dans le corps est l'âme, intelligibles; mais je ne me flatte pas d'y avoir
pourquoi tous les corps, sans réussi. Le style de l'original est fort concis, et
nous aurions besoin, pour bien comprendre
exception, n'ont-ils pas une âme? aujourd'hui ces théories, et la force des
Dans tous, il y a, ce semble, des objections, de développements qui sans doute
étaient moins nécessaires pour des
points, et en nombre infini. contemporains. On peut trouver aussi
§ 22. Enfin , comment est-il possible qu'Aristote a donné déjà trop d'attention à une
que les âmes se séparent et se doctrine qu'il qualifie lui-même de
déraisonnable. Voir plus haut, § 18. Mais cette
délivrent des corps, puisque les réfutation n'est pu même finie avec ce
lignes ne se divisent pas en points? chapitre, et elle continue encore au suivant.
CHAPITRE V.
Suite de la réfutation de cette théories que l'âme est un nombre qui se
meut lui-même.
Réfutation de cette autre théorie « que l'âme est formée des éléments, et
qu'elle ne peut connaître les choses qu'à la condition de leur être
semblable. » - L'âme n'est pas non plus répandue dans l'Univers entier.
L'âme agit-elle dans tous les cas tout entière? ou chacune de ses fonctions
correspond-elle à une partie spéciale?
§ 1. L'erreur spéciale dont nous § 1. L'erreur spéciale dont nous acons parlé.
avons parlé a lieu, d'une part, en ce Au chapitre précédent, § 16, il a divisé les
objections qu'il comptait faire à la théorie de
qu'on reproduit l'opinion de ceux qui Xénocrate en deux parties, selon qu'elles
supposent que l'âme est un corps à s'adressaient à l'idée de mouvement et l'idée
parties ténues; et, d'autre part, en ce de nombre. II a présenté d'abord les
objections relatives du second point : ici, il va
qu'on admet, au sens de 409b exposer les objections relatives au premier; et
Démocrite, que le corps est mû par il commence dans ce paragraphe par résumer
l'âme. Si l'âme est dans le corps ce qu'il a dit auparavant, contre la
comparaison qui assimile l'âme à un nombre.
entier quand il sent, il faut - Qu'il y ail deux corps dans le même lieu.
nécessairement qu'il y ait deux corps C'est l'objection présentée au chapitre
dans le même lieu, l'âme étant un précédent, § 20 - Ou que tout corps a une
âme. Voir le chapitre précédent, § 21.
corps. Quand on prétend que l'âme
est un nombre, il faut supposer que § 2. Tout comme Démocrite le faisait mouvoir
plusieurs points sont eu un seul par les atomes sphériques. Voir plus haut, ch.
2, § 3. Dans le chapitre précédent, § 19, il a
point, ou que tout corps a une âme, à encore assimilé les unités de Xénocrate aux
moins qu'on ne fasse de l'âme un corpuscules de Démocrite.
nombre différent, un nombre tout
§ 3. Ce n'en est pas même l'accident. J'ai
autre que les points qui sont dans le conservé la concision du texte ; peut-être
corps. aurait-il mieux valu traduire : « Ce n'est pas
§ 2. Il en résulte aussi que l'animal même la définition de l'un de ses accidents. »
est mû par un nombre, tout comme -rapporte Car ainsi que nous l'avons dit. Ceci se
à ce qui a été dit plus haut, chap. 4, §
Démocrite le faisait mouvoir, ainsi 4. Mais. dans ce dernier passage, Aristote
que nous l'avons dit. Car quelle réfutait l'opinion qui fait de l'âme une
différence y a-t-il à dire que ce sont harmonie; et il montrait combien cette
métaphore est insuffisante, quand on veut
de petites sphères ou de grandes entrer dans l'explication exacte et détaillée
unités, ou simplement que ce sont des phénomènes particuliers et de tous les
des unités qui sont en mouvement? actes de l'âme : ici sa pensée est un peu
différente, et peut-être cette différence
De part et d'autre, il faut toujours devrait-elle être plus marquée qu'elle ne l'est.
nécessairement que l'animal se
meuve, parce qu'elles aussi sont en § 4. Trois manières nous ayant été transmises.
Il a, en effet, signalé plus haut, chap. 2, § 20,
mouvement. trois définitions de l'âme : 1° d'après le
§ 3. Ainsi donc, quand on combine et mouvement, 2° d'après la sensibilité, 3°
qu'on identifie le mouvement et le d'après l'immatérialité. II rappelle bien ici
nombre, voilà les objections qu'on trois caractères de la définition; mais ces
caractères ne sont plus les mêmes, et la
soulève, et beaucoup d'autres sensibilité n'y figure plus. J'ai déjà remarqué
plus haut, dans la note sur le § 20 du chap. 2,
analogues. qui Aristote n'avait d'abord distingué que
Mais il est non seulement impossible deux caractères au lieu de trois. Ce sont là
que ce soit là la définition essentielle sans doute des négligences de rédaction qui
sembleraient indiquer que le Traité de l'âme
de l'âme; j'ajoute que ce n'en est pas n'a pas reçu de l'auteur tous les soins
même l'accident. On s'en convaincra nécessaires. Peut-être n'aura-t-il pas pu y
facilement si l'on essaie de définir mettre la dernière main. - A peu près. II a
raison d'exprimer cette réserve; car
d'après cette assertion les affections
certainement il n'a parcouru qu'une faible
et les actes de l'âme : raisonnements, partie des difficultés.
sensations, plaisirs, peines, et toutes § 5. L'âme est composée des éléments. Voir
les autres affections de même genre; plus haut, chap. 2, § 14 et suiv., les théories
exposées sur ce point. - En effet, on l'a dit. J'ai
on verra, comme nous l'avons dit conservé la concision du texte : la pensée
auparavant, qu'il n'est pas chose pouvait être plus développée, mais elle est
facile d'en tirer aucune explication. suffisamment claire. - Que le semblable
connaît le semblable. Voir plus haut , chap. 2,
§ 4. Trois manières nous ayant été § 6 et 16. - Et, par exemple, les composés
transmises de définir l'âme, d'abord qu'elles forment, soit les composés matériels,
qu'elle est l'être le plus mobile, parce soit surtout les rapports que les choses ont
entre elles, rapports si variés, si nombreux, et
qu'elle se meut elle-même; puis qui ne sont plus les choses elles-mêmes.
ensuite qu'elle est le corps aux
parties les plus ténues; enfin qu'elle § 6. Connaisse et sente tous les principes, à
savoir les quatre éléments dont tout est formé,
est le plus incorporel de tous; nous suivant la supposition des philosophes
avons parcouru toutes les difficultés qu'Aristote combat. - Et de même pour tout
à peu près et toutes les autre composé. Dans la traduction latine du
commentaire de Simplicius, on a omis du
contradictions que ces opinions texte tout ce qui suit, jusqu'à la fin de ce
soulèvent. paragraphe qui se termine par les mêmes
§ 5. Il ne nous reste plus qu'à voir mots. L'identité aura causé cette faute
comment on peut soutenir que l'âme typographique. - Ainsi que le dit Empédocle
pour les os. Cette opinion d'Empédocle sur la
est composée des éléments. composition des os, qui tient surtout à la
En effet, on l'a dit, en vue proportion, a été rappelée dans la
d'expliquer comment l'âme peut Métaphysique, liv. 1, chap. 10, p. 993, a, 17,
édit. de Berlin. - La terre immense, dans ses
sentir et connaître toutes choses; vastes creusets. Ces trois vers d'Empédocle
mais il y a nécessairement dans cette sont rapportés par Alexandre d'Aphrodise
opinion bien des impossibilités dans son commentaire sur la Métaphysique,
au passage qui vient d'être cité. Ils offrent
insurmontables. Supposer, en effet, dans le texte des difficultés de mots assez
que le semblable connaît le graves. Voir la note de MM. Pierron et
semblable, c'est prétendre aussi que Zévort, dans leur traduction de la
Métaphysique. t. I , p. 55.
l'âme est en quelque sorte les choses
elles-mêmes. Mais les choses ne sont § 7. Telle autre des catégories selon les
pas seules ; il y a bien autre chose divisions admises. Cette expression se trouve
déjà plus haut, chap. 1, § 3. Voir le traité
encore avec elles ; et, par exemple, spécial des Catégories, chap. 4. - Mais il ne
les composés qu'elles forment sont, paraît pas qu'il y ait des éléments communs.
on peut dire, en nombre infini. La doctrine bien connue d'Aristote sur les
§ 6. Toutefois admettons que l'âme catégories, c'est qu'elles n'ont entre elles rien
de commun, et qu'elles ne peuvent être
connaisse et sente tous les principes réduites à un genre unique. - Alors elle sera
d'où vient chaque chose à part ; mais donc quantité, qualité, et alors que deviendra
comment connaitra-t-elle l'ensemble son unité, sans laquelle, cependant, on ne peut
pas même la concevoir ?
d'une chose? comment sentira-t-elle,
par exemple, ce que c'est que Dieu, § 8. Il est tout aussi absurde. Cette opinion,
l'homme, la chair, les os ? Et de prêtée indistinctement à tous les philosophes,
Démocrite excepté, est discutée tout au long
même 410a pour tout autre composé. dans le traité de la Génération et de la
Corruption , liv. 1, chap. 7, p. 323, b. édit. de
Car ce n'est pas d'une façon Berlin. Aristote la rappelle plus loin, dans le
quelconque que les éléments peuvent Traité de l'âme, Ilv. Il, chap. 4, § 10. - Suivant
former chaque chose; c'est par eux. Les philosophes, qui ne sont pas désignés
plus précisément dans le traité de la
quelque rapport, c'est par quelque Génération et de la Corruption. - Sentir, c'est
combinaison, ainsi que le dit souffrir ; mais c'est agir aussi, comme Plotin
Empédocle pour les os: l'a parfaitement démontré. Voir les morceaux
de Plotin dans mon ouvrage sur l'école
« La terre immense, dans ses vastes d'Alexandrie, p. 242. 4e Ennéade, liv. VI. ch
creusets, 2. - Et de même pour penser. C'est assimiler
« Reçut deux des huit parties de la la sensation et la pensée, ce qu'Aristote
combat.
splendeur liquide;
« Quatre furent attribuées à Vulcain, § 9. Mais voici. J'ai cru devoir adopter ce sens
et les os devinrent blancs. » d'après les commentaires de Simplicius et de
Philopon, et surtout d'après le contexte. Mais
Ce ne serait donc point assez que les le verbe dont se sert Aristote est au passé,
éléments fussent dans l'âme, il tandis qu'au contraire il devrait être au futur. -
faudrait que les rapports et les Comme Empédocle. Voir plus haut, chap. 2, §
6, les vers où ces principes sont établis. - Tout
combinaisons des éléments y fussent ce qu'il y a de terre dans le corps des
également. Pour chaque élément, le animaux. Voir la même pensée reproduite et
semblable connaîtra le semblable; développée plus loin, liv. III, chap. 13, § 1, à
mais rien dans l'âme ne connaîtra ni la fin; elle est aussi dans Platon, Timée, p.
186, trad. de M. Cousin. - Nerfs. Simplicius
l'os ni l'homme, à moins que ces s'étonne qu'Aristote ait placé les nerfs,
choses ne soient aussi en elle. Or, organes de la sensibilité, parmi les parties
est-il besoin de dire que cela est de insensibles du corps. II est possible d'abord
que Nerfs soit pris ici pour Muscles: d'un
toute impossibilité? Qui pourrait se autre côté, il est reconnu aujourd'hui par la
demander sérieusement si dans l'âme physiologie que les nerfs n'ont par eux-
il y a la pierre ou l'homme? Et de mêmes aucune sensibilité. II se trouve donc
qu'Aristote a raison au sens de la science
même pour ce qui est bien et ce qui moderne, bien qu'il n'ait pas connu très
n'est pas bien; de même aussi pour certainement la véritable nature des nerfs. -
tout le reste. Selon cette théorie. J'ai cru pouvoir ajouter
ces mots pour être parfaitement clair.
§ 7. En outre, l'être étant pris dans
plusieurs sens, puisqu'il exprime § 10. Que de compréhension, ou
d'abord telle chose réelle, puis la d'intelligence. - Chaque chose connaîtra une
chose. Un principe ne connaîtra qu'un
quantité ou la qualité, ou telle autre
principe, celui qui lui ressemble et dont il est
des catégories selon les divisions lui-même composé; il ignorera tous les autres.
admises, l'âme sera-t-elle ou ne sera- - Le dieu d'Empédocle est le plus
telle pas formée de toutes? Mais il ne déraisonnable des êtres. Cette objection
contre le dieu d'Empédocle, le Sphérus, est
parait pas qu'il y ait des éléments répétée dans la Métaphysique, l. III, chap. 4.
communs de toutes ces catégories. p. 1000, b, 4, édit. de Berlin. - Un des
L'âme ne sera-t-elle donc formée que éléments, et le plus important dans le système
d'Empédocle, ou du moins, l'un des deux plus
de ces catégories qui appartiennent importants.
aux substances? Mais alors comment
connaîtra-t-elle chacune des autres? § 11. Pourquoi tous les êtres n'ont-ils pas une
âme? II présente une objection analogue
Dira-t-on qu'il y a, pour chaque contre les théories du Timée, voir plus haut,
genre, des éléments et des principes chap. 4, § 11; et dans ce même ch. 4, § 6.
propres dont rame se compose? contre les théories qui font de l'âme une
harmonie.
Alors elle sera donc quantité, qualité,
substance? Mais il est impossible § 12. Toutes les autres à l'unité. Quel est
que, des éléments de la quantité, il l'élément qui donne aux autres éléments la
force de rester unis, et fuit de leur assemblage
résulte une substance et non point des êtres Individuels et séparés? - Les
une quantité. éléments ressemblent à la matière, tandis que
c'est l'âme ou la forme qui les réunit et en fait
Ainsi, voilà les difficultés et autres un tout. Voir plus loin, liv. II, chap. 1, la
analogues que l'on soulève, quand on définition de l'âme prise comme la forme du
prétend que l'âme est formée de tous corps. - Pour l'intelligence. Voir liv. III, chap.
4 et suiv., la théorie de l'intelligence, et la
les éléments. place supérieure que lui donne Aristote dans
§ 8. Il est tout aussi absurde de dire l'âme. - La première en genre. On pourrait
que le semblable ne peut pas être entendre aussi, et peut-être serait-ce le vrai
sens :. « la première née, antérieure par sa
passivement affecté par le naissance à tout le reste. » Philopon insiste
semblable, quand on soutient que le sur ce passage pour prouver que, dans les
semblable petit sentir le semblable, théories d'Aristote, l'intelligence est séparable
que le semblable peut connaître le du corps.
semblable; car, suivant eux, sentir, § 13. D'un autre côté. Cette objection
c'est souffrir quelque chose, c'est être s'adresse et à Empédocle dont il vient de
mû par exemple; penser et connaître parler, et aux philosophes dont il a discuté
plus haut les opinions sur le mouvement
, c'est également souffrir. attribué à l'âme. Voir ci-dessus, chap. 3 et
§ 9. Mais voici qui doit nous prouver suiv. - Ne parlent pas de toutes les âmes.
encore toute la difficulté et Aristote, au contraire, a essayé d'embrasser la
question dans toute son étendue. et c'est en
l'embarras de soutenir, comme étudiant la série entière des êtres qu'il a lâché
Empédocle, que l'on connaît les de fonder sa théorie. - Il y a certains animaux,
choses par les éléments corporels, les zoophytes, par exemple. Il faut se rappeler
que, pour Aristote, ce qui distingue l'animal
sous le rapport du semblable; c'est de tous les autres êtres, c'est la sensibilité; la
que tout ce qu'il y a de terre dans le locomotion, l'intelligence, ne viennent
corps des animaux, 410b os, nerfs, qu'après elle. Voir la théorie de la sensibilité,
liv. Il, chap. 3, et chap. 5 et passim. - L'usage
poils, tout cela ne paraît pas du tout
de l'intelligence. Je n'ai pas voulu traduire : «
sentir; et par suite, ces parties ne la pensée, » afin de me rapprocher davantage
sentent pas non plus les semblables; du texte, qui emploie un mot dérivé de celui
et pourtant il le faudrait selon cette qui, plus haut, a exprimé l'intelligence.